Centre d’Art de la ville de Nouméa FONDS DOCUMENTAIRE ASSISE Appel à projet / exposition du 9 octobre au 6 novembre 2014 Centre d’Art de la Ville de Nouméa 6, boulevard extérieur- Faubourg Blanchot 98800 Nouméa www.noumea.nc/le-centre-dart - 25.07.50
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FONDS DOCUMENTAIRE
ASSISE Appel à projet / exposition du 9 octobre au 6 novembre 2014
Le rapport de l’homme à l’objet Malgré la profusion de définitions qui se rattache au terme « assise », ce dossier présente ce qui
relève de l’objet permettant de s’asseoir, abordant ainsi les problématiques inhérentes entre l’art et
l’objet.
Le dictionnaire Le Robert définit l’objet en ces termes :
« Objet : XIVes., du latin objectum, proprement « ce qui est placé devant »,
d’où « chose qui affecte les sens ».
Toute chose qui affecte les sens et particulièrement la vue. Qualités sensibles,
forme, grandeur, matière des objets, d’un objet…
Se dit de tout ce qui est doté d’existence matérielle et répond à une certaine
destination.
L’objet a de tous temps fait partie de l’histoire humaine et c’est d’ailleurs un des éléments qui le
caractérise puisque l’homme, grâce à ses mains et à son pouce, peut tenir, fabriquer, manipuler
l’objet.
Il est un miroir de notre culture, de notre histoire et de nos sociétés. La connaissance des
civilisations passées repose en partie sur la découverte et l’étude de ces objets anciens qui sont
aujourd’hui édifiés et sacralisés dans les musées.
D’abord fabriqués de façon artisanale, les outils se sont de plus en plus sophistiqués jusqu’à ce que
l’industrialisation révolutionne la fabrication de l’objet désormais reproduit à grande échelle, en peu
de temps et à moindre coût.
Aujourd’hui, l’objet est omniprésent, il prolonge nos gestes et développe nos facultés sans que l’on
s’aperçoive de sa présence et de son importance dans notre quotidien. Mais l’objet, au-delà de son
utilité, a depuis toujours constitué une réflexion artistique.
L’objet dans l’art L’objet a toujours eu une place importante dans l’atelier de l’artiste. Véritable répertoire de formes,
de couleurs et de textures, il est autant de portes ouvertes sur l’imaginaire.
« Je ne suis pas collectionneur, mais l’objet…j’aime beaucoup les objets en fer
– j’aime le fer comme matériau, les vieux mortiers en fonte, j’aime le fer forgé,
je ne sais pas pourquoi, ça a un côté un petit peu…comment dire : païen. Je
les ramène chez moi et je les regarde, j’ai beaucoup de ferrailles africaines qui
sont très, très drôles, aussi – j’aime le verre, j’ai acheté beaucoup de verre
l’année dernière. Chaque matin je regarde ces objets en allant d’une pièce à
l’autre – c’est dix fois mieux que de parler à quelqu’un au téléphone. C’est mon
petit dialogue et alors je ne suis jamais seul ».
Erik Dietman, Monographie, édition du Centre Georges Pompidou, 1914
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Au-delà de sa force créatrice, l’objet est une problématique sans cesse amenée par l’art. Quand
l’artiste réinterprète l’objet, il donne au spectateur un autre regard de ce qu’il connait, source de
redécouverte à partir d’une autre sensibilité. C’est l’appropriation de l’artiste qui donne un sens
nouveau à l’objet. On pense à Francis Ponge qui, dans son recueil Le parti pris des choses de 1942,
redonne vie aux objets les plus banals en soulignant leur singularité.
Le Cageot
« A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à
claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr
une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas
deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il
enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du
bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la
voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort
duquel il convient toutefois de ne s'appesantir longuement ».
Francis Ponge, « Le cageot », Le parti pris des choses, coll. « Métamorphoses », Paris, NRF-Gallimard, 1942 ; rééd. in Œuvres complètes, NRF, tome 1, 1999
L’objet dans l’art comprend plusieurs variables :
Il peut jouer sur la forme, la couleur, les matériaux, la taille, l’équilibre, la position, le poids, le
volume, la technologie utilisée, la valeur marchande, etc.
Il sollicite les sens : l’odeur, le toucher, l’ouïe, le goût ou la vue.
Il a différentes fonctions :
Usuelle - l’objet est utilisé pour sa fonction première.
Affective - l’objet transmet un sentiment personnel, lié à l’histoire de l’objet.
Rituelle - l’objet cristallise une essence divine, il a un caractère sacré.
Esthétique - l’objet est contemplé pour sa fonction décorative.
Fantasmatique - l’objet véhicule une force poétique, propice à l’imagination.
Symbolique - l’objet véhicule un message intrinsèque reconnu par un ensemble de
population.
Il peut engendrer différents comportements de l’usager envers l’objet trouvé ou perdu, l’objet
détruit, déconstruit ou encore détourné de son usage premier.
Depuis Nature morte à la chaise cannée peint en 1912 par Pablo Picasso, les artistes ont
continuellement questionné la place de l’objet dans l’art qu’il soit présenté, incorporé, symbolisé ou
représenté. C’est une problématique que pose notamment Marcel Duchamps avec les ready-made
qu’il crée au début du XXe siècle que ce soit le porte-bouteille en 1914 ou Fontaine en 1917.
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Ainsi, quand l’art s’investit de l’objet plusieurs problématiques peuvent être abordées :
Le contexte de la découverte de l’objet : L’objet ramassé au hasard perd sa fonction
première, il est empreint d’une autre énergie et devient un moyen de porter un autre
regard sur le monde. Souvent, il devient un objet fétiche pour l’artiste ;
Les différentes représentations que l’usager peut avoir de l’objet selon son âge, son
vécu, la mémoire de l’objet ;
L’usage qui peut être fait de ces objets ;
L’esthétique ;
Le rapport de l’homme à l’objet : les objets du quotidien sont tellement usités, familiers
qu’ils en deviennent invisibles, camouflés dans notre quotidien ;
Les limites entre l’artisanat, l’industrialisation et l’œuvre.
Autant de questions qui marquent la création des sièges tout au long de l’histoire.
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III. Histoire du siège
« C’est une chaise qui a créé le monde : au commencement, il n’y avait que des
chaises. Elles s’ennuyaient. Faisons un homme dit une chaise, un homme qui posera
son séant sur notre siège, qui s’appuiera contre notre dossier, qui nous changera de
place, qui nous polira, nous cirera, nous caressera. Cette chaise-là pensa l’homme si
fortement que l’homme fut. Et l’homme, enfant de la chaise, vit de plus en plus assis ».
Extrait de Norge, Géo, Les cerveaux brûlés, Paris, Flammarion, 1969
L’histoire du siège commence à l’aube de notre civilisation et traverse les époques comme une
empreinte de notre histoire, de nos croyances, de l’organisation politique et sociale et de nos goûts.
Symbole de pouvoir et de savoir, le siège a cette double fonction de mobilier d’apparat d’une part et
de mobilier d’usage d’autre part.
Mésopotamie On trouve au Musée du Louvre des modèles réduits de tabourets de
Mésopotamie, datés de la première moitié du IIe millénaire avant JC.
Découverts en abondance dans les temples, les habitations et les tombes,
on ne connait pas aujourd’hui leur fonction exacte mais des motifs de
décorations évoquent une religion populaire.
Egypte C’est dans les tombes égyptiennes que les sièges les plus anciens ont été
retrouvés témoignant du grand raffinement de leurs mobiliers. Pendant
longtemps la chaise sera empreinte d’une connotation divine car les dieux
trônent au-dessus des humains.
Le plus connu aujourd’hui est le Trône de la tombe de Toutankhamon
conservé au Musée Egyptien du Caire. Le siège
en bois est recouvert de feuilles d’or et incrusté
de matériaux précieux : argent, faïence, verre,
pierres de nombreuses couleurs et les pieds
imitent les pattes de lion. Ce trône symbolise le
rang social et le pouvoir. Peu confortable, ce
siège ne répond pas au confort d’un siège usuel
étant donné la rigidité de l’assise et la verticalité
du dossier.
Plusieurs sièges étaient également utilisés pour
des usages courants : tabourets légers en
papyrus et en bois ployé, banc doubles, fauteuils
peu usuels avec un dossier rigide et de hauts
accoudoirs, sièges bas ne s’élevant qu’à une vingtaine de centimètres.
3 Inconnu, Trône de Toutankhamon, bois recouvert de feuilles d’or et d’argent, incrustation de pâte de verre, faïence et de pierres précieuses, 102x54x60cm, Musée égyptien du Caire, vers v. 1335 av JC
2 Inconnu, Chaise basse, bois, fibre, ivoire, 59.7 cm, British Museum, 16e av.JC - 11e siècle av JC
1 Inconnu, Modèle réduit de tabouret, kish, terre cuite, 1.3 x3 x 2.6cm, Musée du Louvre, Première moitié du IIe millénaire av JC
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Antiquité grecque et romaine Nous connaissons le mobilier grec à travers la littérature, ses représentations sur les poteries, les
bas-reliefs, les ornementations. Ces sièges peuvent être décorés, sobres, sans dossier ou avec un
haut dossier, employant une grande variété de formes sculptées et une iconographie animale et
végétale avec des volutes en forme de têtes de cygnes ou de serpents.
En Grèce antique, un type de chaise appelé klismos évoque un modèle constitué d’un siège tressé,
de pieds évasés et d’un siège incurvé constitué de trois montants. Léger, confortable, maniable et
facilement transportable, il est utilisé dans la vie des mortels et des dieux. Ici (fig.4), le vase grec
représente un personnage assis sur un siège de type klismos dans l’univers d’un tombeau
monumental. C’est un modèle qui ressurgit au XIXe en Europe, comme en témoigne la figure 5.
D’autres formes de sièges sont également représentées. La figure 6 représente un diphros, tabouret
à quatre pieds utilisé pour représenter les dieux et les hommes importants. Le repose pied illustre le
confort et la dignité des personnages, ici, de la déesse Déméter. Le Diphros okldias, est quant à lui
un tabouret pliant dont les pieds sont souvent en griffes ou sabots d’animaux, il évoluera en tabouret
en X.
Sous l’antiquité romaine, le tabouret à piétement en X est le plus répandu. Il peut se plier et se
déplacer facilement, permettant un usage fréquent et confortable. Des exemplaires en bronze et en
fer ont été retrouvés. On mentionne également des sièges en vannerie avec un dossier arrondi
facilitant l’allaitement ou la toilette des femmes tandis que les hommes utilisent des sièges rigides
constitués de panneaux latéraux.
Une de ces assises, la Sella curulis (chaise curule) est le siège officiel de plusieurs magistrats
romains sur lequel se prennent les décisions de justice, levée des troupes, prise des auspices et
autres. Il doit être maniable et déplaçable car les démarches pouvaient
être réalisées n’importe où. Des coussins ou peaux d’animaux rendaient
8 Inconnu, Trône en ivoire byzantin ou Trône de Maximien, ivoire sculpté, dimensions non renseignées, Musée archiépiscopal de Ravenne, VIe siècle
Moyen âge Après les invasions barbares du Ve siècle, de nombreux styles et techniques ne sont plus utilisés : le
galbe, les dossiers incurvés ou les pieds sculptés. Sont privilégiées les formes simples, sobres et
rudimentaires.
À cette époque les chaises et les trônes sont monumentaux et empruntent les codes de
l’architecture en utilisant des bois massifs. On trouve également les chaises et tabourets issus du
modèle en X en métal ou en bois avec une assise en cuir tendu et une décoration de têtes animales
(surtout de lion) et les extrémités des pieds en griffes. Les bancs et les tabourets sont aussi
couramment utilisés.
Le Trône en ivoire byzantin (fig. 8) ou « trône de Maximien » date du VIe siècle. Il témoigne de la
qualité technique des artisans de cette époque car malgré la fragilité du matériau, 26 feuillets d'ivoire
sculptés racontent l’histoire du Nouveau et de l’Ancien Testament. Cette chaise trop fragile pour
servir d’assise aurait servi de support aux saintes écritures.
Le siège garde un rôle important, empreint d’une forte symbolique dans la cérémonie sacrée ou
profane, toujours utilisé par les hommes d’un rang supérieur et jamais par les femmes et les invités.
C’est alors le mobilier le plus travaillé et décoré dans l’artisanat (le bois étant généralement
recouvert de polychromie) et il devait se transporter facilement puisque les hommes de l’époque
voyagent constamment.
Tout au long du moyen âge, le banc, le trône, et le faudesteuil (évolution du tabouret en X et ancêtre
du fauteuil) sont véritablement utilisés en tant que sièges d’apparats pour les rois, seigneur et le
prélat. Ils sont généralement richement ornementés (ivoire, or, argent, cuivre, pierre précieuses,
étoffes luxueuses) et la rigidité du dossier est adoucie pour des formes plus arrondies et
confortables.
Le Trône du roi Dagobert (fig. 9) est l’exemplaire le plus ancien de faudesteuil. Bien qu’il ne soit pas
sûr que Dagobert ait été couronné dessus, il est certain que les rois avaient la coutume de s'asseoir
pour leurs cérémonies. Le faudesteuil est un tabouret qui peut entièrement se plier et les accoudoirs
et le dossier, rajoutés ultérieurement, peuvent également se rabattre.
Puis, la production de l’époque gothique fait une référence constante à l’architecture que ce soit
dans la forme ou l’ornementation. Alors que le coffre devient le mobilier le plus travaillé, le siège
garde une importance capitale. Beaucoup de modèles de tabourets apparaissent avec trois pieds,
une forme triangulaire et parfois une planche de bois associant ces tabourets à des chaises. Le
tabouret à dosse reprend la construction architecturale des arcs boutants et motifs en ogives. On a
également des chaires très ouvragées, trop lourdes à déplacer. D’autres mobiliers d’usages sont
mentionnés : la bancelle, le banc, le banc-coffre, la chayère, la selle, l'escabeau, la scabelle, le
9 Inconnu, Le trône de Dagobert, bronze en partie doré, 135x78 cm, BnF, VIIe ou VIIIe
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12 Inconnu, Sgabello à décor de masques et corbeilles de fruits, bois peint et doré, dimensions non renseignées, Les arts décoratifs, XVIe
11 Inconnu, Sedia Savonarola, bois, soie, 98,2x64x55,2cm, The Metropolitan Museum of Art, XVe
placet, etc. Le banc-tournis (fig. 10) permet par exemple de basculer le dossier d’un côté ou de
l’autre.
Renaissance Un véritable changement s’opère à la Renaissance. Le siège devient peu à peu un exercice de style
avec des décors empruntés à la renaissance italienne : rosaces, cornes d’abondances, médaillons,
têtes de bélier, entrelacs, etc. Les courbes s’adoucissent, les accotoirs, pieds
et traverses s’affinent et on procède à de plus en plus d’ornementation. Le
noyer remplace le chêne longtemps utilisé et la mode est donnée à la
marqueterie.
Le mobilier souligne toujours la richesse mais également le savoir et la
sagesse des propriétaires à travers la virtuosité des créateurs. De nouveaux
fauteuils apparaissent avec notamment la chaire à haut dossier qui est une
chaise monumentale avec un fronton et un coffre sous l’assise, celle-ci va
progressivement devenir la chaire à bras puis la chaise que l’on connait.
Dans l’usage courant on utilise aussi des chaises brisées, à tenailles ou
ployantes, qui se plient et se transportent facilement. La sieda dantesca,
fauteuil en X constitué de 4 montants, puis, la sieda savonarola constitué de
huit montants, font leur apparition. La figure 12 est un Sgabello, siège mobile
typique de la renaissance italienne qui apparait au XVe siècle.
La renaissance apporte un grand renouvellement des formes et des décorations
dans l’histoire du siège. Au XVIe siècle, les sièges prennent d’autres fonctions
plus sociales : la caquetoire ou caqueteuse permet aux dames de faire la
conversation ; la chauffeuse permet de se reposer au coin de la cheminée, la
fumeuse pour assister aux jeux de société. Puis les guerres de religions
affaiblissent économiquement le pays, et inhibent la créativité et l’émergence
des styles.
Epoque Moderne Le XVIIe est le siècle des grandes manufactures quand les artisans sont protégés par les grands. La
mention « menuisier en ébène » - futurs ébénistes – apparaissent dans les statuts de corporations.
De nouvelles techniques sont utilisées : le tournage (style Louis XIII), la mouluration déjà bien
maîtrisée au XVIe, le mobilier d’étoffe (la tapisserie prend de plus en plus d’importance) et le
placage d’ébène venu des Pays-Bas. Sous Louis XIV on centralise les arts décoratifs et l’on crée en
1667 la Manufacture royale des meubles de la couronne des Gobelins, alors confiée à Le Brun. Elle
doit fournir un mobilier aux princes et créer un style national. Au XVIIe et au début du XVIIIe c’est
l’architecte qui pense le mobilier comme étant une partie d’un tout équilibré, dans un thème
architectural pour mettre en valeur la puissance du roi. Les chaises, sculptées et ornées, remplacent
les peintures et fresques décoratives pour faire office de sculptures. Versailles devient le lieu de l’art
officiel.
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13 Inconnu, Chaise percée de Mme de Pompadour, bois, tissus, dimensions non renseignées, Versailles, XVIIIe
La mode également influence la forme des assises. Les grandes robes du XVII et XVIIIe élargissent
le siège et la chaise à vertugadin d’époque Louis XIII, plaçait par exemple un bourrelet pour rendre
les robes bouffantes.
Le XVIII, siècle de la Révolution, témoigne d’une véritable émulation sociale.
Les sièges meublant, disposés le long des murs, ne suffisent plus à
l’aménagement des intérieurs. C’est l’essor d’une bourgeoisie fortunée qui fait
d’autres commandes, avec d’autres besoins et spécificités. Ils construisent de
nombreux châteaux en campagne et hôtels à Paris et, fatigués de l’austérité
de la fin du règne de Louis XIV, chacun s’évertue à copier et créer à son tour,
participant à une véritable éclosion de styles et d’inventivité. Les salons,
boudoirs et chambres demandent un mobilier adapté, plus léger et petit
répondant aux besoins des particuliers. Désormais on veut des meubles
neufs, propices à son époque. C’est le lieu de l’exubérance : les sièges
peuvent changer les étoffes en fonction des saisons.
Puis, la Révolution change la clientèle contre une nouvelle bourgeoisie qui
préfère utiliser le mobilier de l’ancien régime. Les styles vont se succéder
selon le climat politique : style Régence, style Louis XV, style Transition, style
Louis XVI, style Directoire. Se créent de nombreux modèles : « fauteuil en
cabriolet » qui donne une place prépondérante au confort avec cette forme enveloppante, fauteuil de
bureau, fauteuil de toilette (ou fauteuil à coiffer), bergères aux accotoirs avec des coussins épais,
duchesse brisée, veilleuse, marquise, canapé à confident, sultane, sopha, tabourets et banquettes.
Les courants artistiques vont également se faire ressentir avec l’influence artistique : l’époque
baroque par exemple sous Louis XV, apporte de la rocaille dans le mobilier afin de rappeler les
grottes rococo qui envahissent alors les jardins de l’époque.
En 1791, la corporation des menuisiers-ébénistes est radiée et la Révolution, avec le régime de la
terreur, inhibe là encore, la créativité des artisans et artistes de l’époque.
Epoque Contemporaine Au XIXe la révolution industrielle modifie l’esthétique, les procédés de fabrication et la qualité. La
chaise n’est plus un symbole de pouvoir, elle se généralise et il s’agit désormais de produire à
grande échelle et à moindre coût. N’ayant plus de commandes royales et influencé par les multiples
expositions universelles de l’époque, le meuble se commercialise au public et s’ouvre à la
concurrence.
Le XIXe siècle va se chercher un style : Le Consulat (1799-1804) instaure un retour vers la sobriété
de l’antiquité tandis que l’Empire (1804-1815) - période de rigueur architecturale - sera un coup
d’éclat pour le mobilier français en lui donnant une grande postérité. Se succède ensuite la fantaisie
des années 1830-1840 et entre 1830-1850 s’exprime le romantisme, le naturalisme, l’orientalisme et
un retour également à l’esthétique du Moyen-Age.
En 1830, Michael Thonet (fig. 15) invente la technique du bois courbé à la vapeur et la chaise créée
dans ce procédé devient l’une des plus populaires. Elégante dans ses formes, c’est la première
chaise légère, à moindre prix, vendue en kit de 6 éléments, qui se monte, se démonte et se déplace
facilement.
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14 Inconnu, Méridienne, bois, 93,6x151,5x79,5cm, Les arts décoratifs de Paris, 1830
17 Hector Guimard, Chaise, bois, tissus, 110x45x44cm, Les Arts Décoratifs, vers 1903
16 Les frères Pénon, Indiscret, graphite,19,6x31cm, Les arts décoratifs de Paris, 1860
Pour la riche société du 2d Empire, le modèle de fauteuil de la figure 14, dit indiscret, était
également très apprécié, notamment pour son atmosphère calfeutrée.
Le passage du XVIIIe au XIXe se fait avec l’Art nouveau (1870-1900) « L’union centrale des arts
décoratifs » qui veut rapprocher l’artiste et l’industriel, le créateur et le fabricant dans un programme
social et utilitaire. L’Art nouveau apporte un autre répertoire de formes et cherche une unité entre
l’architecture extérieure, la décoration intérieure, le mobilier, les luminaires (fig. 17).
15 Michael Thonet, chaise n°14, bois courbé, 84x43 x52 cm, Collection particulière, 1859
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IV. Le design d’objet
Contexte Ainsi, le design nait au début du XIXe siècle, dans cette période de forte industrialisation qui
développe de nouveaux procédés de fabrication avec de nouveaux matériaux. L’objet est désormais
reproduit en masse, imposant une simplification des formes et d’assemblage.
Mais, c’est au lendemain de la seconde guerre mondiale que le design prend de l’ampleur quand, en
Allemagne, il faut reconstruire les logements alors que le pays est ruiné. Le mouvement nait à l’école
d’architecture le Bauhaus, dans l’objectif de trouver des solutions pour renouveler l’architecture et
l’aménagement intérieur à prix réduits. C’est la période du Corbusier en France et de Charlotte
Perriand. Ces réflexions portent sur la reconstruction d’un monde nouveau, sorte d’habitat idéal, en
construisant de nouveaux bâtiments, sains, avec des matériaux nouveaux.
Le design pose trois problématiques principales :
Quel est le rôle et la place que prend la technologie et le processus industriel dans la
conception d’objet ?
Doit-on s’adresser aux besoins du plus grand nombre ou créer pour une élite éclairée ?
L’objet doit-il être d’abord fonctionnel ou d’abord esthétique ?
Fonctionnalités et usages Le siège doit avant tout répondre à la fonctionnalité première qui est de s’asseoir. Il s’agit donc de
prendre en considération le poids, la hauteur de jambes, le repos de la tête, le soutien du dos et des
bras. Une position assise qui devient au bout d’un moment inconfortable étant donné la pression
exercée sur le fessier et qui impose un changement de position toutes les dix à quinze minutes. Il
faut que le siège soit adapté au corps et à toutes les morphologies. La grande diversité de création
des sièges à partir du milieu du XIXe montre bien qu’il n’existe pas de siège idéal étant donné
l’unicité de chaque individu et les différents usages de l’assise permettant de se détendre, manger,
s’allonger, travailler, attendre, etc.
L’image du siège et la manière de s’asseoir renvoie également aux codes sociaux et aux
conventions d’une société et les créations des sièges changent avec l’évolution de la société :
évolution des goûts, des besoins, des usages.
Aujourd’hui, le design de sièges comprend trois marchés principaux. Le plus important est le marché
d’entreprise puisque beaucoup des actifs travaillent dans un bureau. Le procédé de fabrication de
ces sièges, proches de l’industrie automobile, utilise une haute technologie pour obtenir la meilleure
ergonomie.
Viennent ensuite le marché des sièges courants, peu innovants et qui priorisent le coût. Les sièges
sont évalués par les consommateurs selon des critères de prix, fonction, qualité, durabilité,
polyvalence, performance, esthétique, entretien, etc.
Enfin la production avant-gardiste qui produit peu, a quant à elle d’importantes répercussions dans le
milieu du design, de l’architecture et des nouvelles-technologies. La diffusion de ces modèles se fait
via les magazines, les expositions ou les commandes pour des bâtiments publics provoquant
beaucoup d’imitations dans le marché courant.
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19 Alvar Aalto, Paimio n°41, bois, 61x91.4cm, The Metropolitan Museum of Art, 1931-1932
18 Marcel Breuer, Fauteuil club B3 Wassily, acie et toile, 72.5x76.5x69.5cm, Deutsches Historisches Museum, 1927
20 Charles et Ray Eames, Chaise LCW, bois, 68x56x62cm, Vitra Design Design Museum, 1945
21 Joe Colombo, modèle 4860, Acrilonibrilstirol (ABS), 72x 43cm, Les Arts Décoratifs, 1965
Architecture et nouvelles-technologies Au XXe siècle le confort devient accessible à tous. L’industrie développe de nouveaux matériaux
(tubes et multiplex acier notamment) qui induisent de nouveaux procédés de fabrication. On
mélange les styles, les genres et les disciplines donnant ainsi de multiples possibilités.
Selon Charlotte et Peter Fiell1, ces quatre sièges (fig. 18, 19, 20, 21) marquent un tournant dans
l’évolution du design notamment dans l’utilisation de nouveaux matériaux avec les tubes de métal,
de contre-plaqués moulés, de plastiques thermoformés ou des plastiques moulés par injection. Le
design de siège est le secteur le plus créatif après celui de l’automobile. C’est d’ailleurs ce que dit
George Nelson en 1953 : « toute idée authentique originale – toute innovation en matière de design,
toute nouvelle utilisation de matériaux, toute nouvelle invention technique destinée au mobilier –
semble trouver son expression la plus forte dans un siège »2.
Ces sièges résolvent le problème de la structure pour chercher à établir des « connexions ». En
réalité, le milieu du design est très proche du milieu de l’architecture et des nouvelles-technologies.
C’est pour les architectes un outil simple, en trois dimensions, peu coûteux et diffusé en grande série
qui permet de communiquer sur leurs théories architecturales.
Charlotte et Peter Fiell3 citent les propos de Brucchäuser qui explique en 1986 cette association du
design au milieu de l’architecture : « On peut dire que lorsque nous créons un siège, nous créons
une société et une ville en miniature. Ceci n’a certainement jamais été aussi vrai qu’au cours de ce
siècle. Nous avons une idée parfaitement claire du type de ville et du type de société envisagés par
Mies Van der Rohe même s’il ne s’est jamais exprimé sur ce sujet. Il n’est pas exagéré de prétendre
que la cité de Mies est implicite dans le fauteuil de Mies »4.
1 Charlotte Fiell, Peter Fiell : 1000 chairs, ln : Taschen, 2001, introduction.
2 George Nelson, Chairs, Whitney publications Inc., New York, 1953, p.9.
3 Charlotte et Peter Fiell, op.cit, introduction.
4 A. Bruchhäuser, Der Kragstuhl, Stuhlmuseum Burg Beverungen, Alexander Verlag, Berlin 1986, p.86.
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Créer des connexions Le siège n’est pas une simple création utile, il est le regard que porte le créateur sur la société. En
lien avec les théories sociales, économiques et les théories de fabrication, le siège pose un dialogue
entre l’utilisateur et le créateur qui, fabriqué en de multiples exemplaires, s’adresse à un ensemble
de la population.
« Lorsque nous considérons la conscience que nous avons d’un siège, nous nous
apercevons que nous sommes confrontés à un double processus.
L’inventeur/designer/réalisateur lui a donné une forme qui le rend utilisable, mais qui sera
également vu et pensé par le spectateur/utilisateur. En tant que spectateurs et
utilisateurs, nous apprenons quelque chose de l’objet en question et sommes conscients
que sa forme n’est pas la conséquence d’une évolution inéluctable, mais le résultat de
décisions humaines volontaires. Nous sommes en contact non seulement avec l’objet
mais aussi avec son créateur »5.
C’est un objet facile et courant qui a cette singularité de créer du lien – des « connexions » - avec
ce qui l’entoure. Le siège est un objet qui établit un lien fort avec l’individu en entretenant avec lui
une dimension physique et psychologique, que ce soit sur le plan fonctionnel (matériaux, formes),
sensitif ou symbolique.
Charlotte et Peter Fiell présentent la théorie de Buchanan sur la rhétorique du design qui permet
d’analyser la qualité des connexions d’un siège : « Buchanan nous suggère que, plutôt que
simplement fabriquer un objet appelé siège, un designer […] crée en fait un argument de persuasion
qui se déclenche dès qu’un utilisateur observe l’objet ou s’en sert »6. Le design serait donc un art de
la rhétorique qui persuade par la communication pour modifier un jugement, des valeurs, une
attitude. Cette rhétorique passe par trois éléments : la technologie, le caractère et l’émotion.
1. La technologie utilisée doit répondre aux besoins de ses usagers en utilisant un langage clair,
compris par tous ;
2. Le caractère donné au siège doit persuader le spectateur par sa prestance. Selon Buchanan, un
siège a de l’autorité s’il témoigne d’intelligence, de mérite et d’honnêteté ;
3. L’émotion provient du contact visuel ou physique du siège avec le spectateur, pendant ou après
l’expérience. Plus l’individu s’associe au siège, plus il réduit la distance entre lui et l’objet et plus
l’argumentation émotionnelle a de la force.
5 John Pile, Furniture : Moderne & Postmodern / Design & Technology, John Wiley & Sons, Inc., New York,
1990, p.21.
6 Charlotte et Peter Fiell, op.cit, introduction.
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22 Gaetano Pesce, La Donna, mousse de polyuréthane, mousse moulée, nylon, 92 x 117 x 137cm, Vitra Design Museum, 1969
24 Frank Gehry, Wiggle Side, carton, panneau de fibre, bois, 85 x 42,5 x 60cm, Vitra Design Museum, 1972
23 Joe Colombo, Tube Chair, PVC, Arex Lasckina Softalon, métal, caoutchouc, 60x47cm, Les Arts Décoratifs, 1969
Evolutions Suite aux deux guerres mondiales, on assiste dans les années 60 à une nouvelle prospérité ainsi
qu’à de nouvelles revendications sociales.
Gaetano Pesce avec sa création La Donna (fig. 22) est un exemple de ces créateurs engagés. Son
siège, de par ses formes rondes, dénonce la condition de la femme vue ici comme une prisonnière
du foyer : le repose-pied en forme de boulet est attaché au fauteuil par une corde. Une œuvre datée
de 1969 mais qui est toujours d’actualité.
Le plastique a également été fortement exploitée jusqu’à la crise pétrolière de 1973, comme en
témoigne le Tube Chair de Joe colombo de 1969 (fig. 23).
Dans les années 70, c’est la critique du capitalisme et de la société de consommation. Le siège
Wiggle Side en 1972, conçu par l'architecte américain Frank Gehry, révolutionne le milieu avec une
idée originale de conception en carton nécessitant peu de matériel (fig. 24).
Vers 1980, l'approche postmoderne domine la scène artistique tandis que vers les années 1990 on
assiste à un retour vers la simplicité et une réflexion davantage tournée vers la conception dans une
atmosphère chaleureuse et naturelle. Récemment, la généralisation des nouvelles-technologies et
les méthodes numériques de conception prennent de plus en plus d’importance dans la création
avec l’utilisation notamment, de prototypes 3D.
Mais au-delà de l’utilité première de ces assises, les œuvres créées par les designers jouent de la
limite entre design et création artistique, une frontière poreuse qui enrichit davantage encore la place
du siège et sa signification dans nos sociétés.
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25 Robert Rauschenberg, Pilgrim, peinture sur toile, chaise, 200x143x 45cm, Musée national centre d’art Reina Sofía, 1960
27 Tadashi awamata, Le passage des chaises, 4000 chaises, Œuvre éphémère à la chapelle Saint-Louis de L'hôpital Pitié Salpêtrière, dimensions non renseignées, 1997
26 Joseph Kosuth, One and Three Chairs, bois, épreuve gélatino-argentique, 118 x 271 x 44 cm, Centre Pompidou, 1965
V. La chaise dans l’art
L’art se joue des qualités intrinsèques de l’objet qui diffèrent selon le lieu où le siège est utilisé
(école, justice, maison, jardin, cuisine), ses matériaux (bois, acier, fibre), son usage (étudier,
travailler, se reposer, attendre), son usure, son histoire, son style de création, les procédés de
fabrication (collé, vissé, accumulé), la position de la chaise (debout, couchée, à l’envers) ou encore
la personne désignée par le siège (le juge, le roi).
Ainsi, la chaise a une émotion qui lui est propre selon que ce soit une ancienne chaise d’écolier, un
banc de salle d’attente, un siège pour bébé ou une chaire d’église. C’est un objet qui sollicite
l’imagination, la mémoire et les sens avec le contact de la surface.
Comme le montre Joseph Kosuth avec One and Three Chairs, de
1965 l’usager crée un contact singulier avec le siège de par l’objet,
son concept et les représentations propres à l’individu vis-à-vis de
l’objet.
De nombreux artistes ont travaillé la place de la chaise dans la
création artistique sollicitant ainsi plusieurs réflexions.
Rauschenberg utilise dans Pilgrim (fig. 25) la technique de
l’assemblage qui consiste à associer des éléments hétérogènes
entre eux. Cette chaise, pourtant objet matériel fonctionnel, est ici
dénudée de ses usages pour compléter la peinture abstraite de
l’artiste. Elle permet à l’œuvre de passer de la deuxième dimension
à la troisième dimension, en incluant plusieurs plans successifs
entre l’œuvre et l’œil du visiteur.
L’œuvre de Joseph Kosuth, One and
three chairs, 1965 (fig.26) privilégie
quant à elle l’idée de l’objet plutôt que sa matérialité. Il s'agit
d'une chaise qui présente trois façons de concevoir la chaise : le
signifié (le concept), le signifiant (face matérielle perçue) et le
référant (réalité physique de l’objet). L’œuvre serait un quatrième
élément qui réside dans l’association des trois concepts.
Dans Le passage des chaises (fig.27) Tadashi Kawamata, utilise
la technique de l’accumulation
pour redonner du sens à des
espaces collectifs. Ici l’artiste a créé un passage dans le transept
de la Chapelle Saint-Louis de l'Hôpital de la Salpêtrière comme
étant un espace de socialisation où se rencontrent patients et
médecins qui se rendent à l’hôpital. Le siège est utilisé comme une
métaphore idéale qui évoque le corps humain de par sa présence
ou son absence et l’arche de chaises est conçue « comme une
grande prière qui s'élèverait vers le ciel ».
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La question du siège soulève donc plusieurs problématiques :
La création de chaises relève-t-elle de l’art, du design, de l’artisanat ?
Quel usage doit être fait de la chaise créée? Doit-elle servir, être vendue, être sacralisée,
popularisée ? Comment exposer un objet qui ne peut pas être utilisé ? Quelle est la place du
socle ?
Quel lien peut entretenir une chaise avec son usager : confort, dégoût, intimité ?
Quel est le rapport établit entre l’objet avec le langage ?
Quels processus de fabrication utiliser : tradition, industrialisation, nouvelles-technologies ?
Quel rapport le créateur doit-il entretenir avec l’usager (le geste de création doit-il être visible) ?
L’objet est-il l’assise de problématiques capitalistes, sociales, écologiques, politiques ?
Quel rapport entretien l’objet avec l’espace public / l’espace privé, le collectif / l’individuel, le
rapport à soi / le rapport aux autres ?
Quelle place accorder à l’esthétique ou à la fonctionnalité ?
Qu’est-ce qui fait l’œuvre : l’idée, la conception ou sa réalisation ?
Quelles sont les images que renvoie le siège au public ?
Quelle est le rôle donné à l’usager ?
Etc.
Ce premier aperçu rend compte d’un héritage occidental. Mais il est intéressant de regarder ailleurs
pour considérer les variations du siège dans sa forme, sa fonction et son usage.
28 Philippe Ramette, Lévitation chaise, bronze peint, 170x150x150cm, Collection particulière de la Société Générale, 2005
29 Arman, Le Fauteuil d'Ulysse, Fauteuil brûlé et cassé, enduit de plastique, 81x81x106cm, lieu de conservation non renseigné, 1965
30 Vlad & Alina, Do not touch (incomplete™), chaise, dimensions non renseignées, propriété de l’artiste, 2008
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VI. La chaise sur d’autres territoires
En Chine Ce n’est qu’à partir du Xe siècle que les chaises ont commencé à être populaires en Chine,
développant alors une grande technique et maîtrise du bois, selon une exécution subtile et sobre.
Le siège était un mobilier honorifique réservé aux hommes, les femmes étant assises sur des
tabourets à l’époque Song (960-1279). Deux époques ont marqué l’apogée du meuble chinois, la
dynastie Ming (1368 – 1644) et la dynastie Qing (1644 – 1911). La première est marquée par
l’harmonie, la sobriété et l’élégance tandis que la seconde est plus complexe et ornementée.
Les meubles laqués décoraient les palais, temples et maisons des
puissants. On utilisait la technique de la laque gravée ou laque
peinte pour recouvrir des meubles décorés de nacre, de jades, de
corne, etc. Les chaises en bois dur – et notamment le santal rouge,
essence de bois précieuse - ornaient quant à elles les maisons des
hauts responsables et des riches familles.
Trois formes de sièges étaient principalement
utilisées : le siège rigide sur forme de base carrée, une forme avec dossier
incurvé appelé « fauteuil d’abbé » et le fauteuil pliant avec un dossier arrondi ou
droit réservé aux personnes les plus importantes, telles que des fonctionnaires ou
des universitaires.
Le bambou et la technique de la marqueterie sont aussi massivement utilisés pour
construire des meubles astucieux. Le mobilier chinois se caractérise par l’absence
totale de clous remplacés par tenons et mortaises ; et l’utilisation minimale de
colle permettait de démonter le mobilier et d’obtenir une esthétique pure.
En Afrique Le mobilier africain est d’une forte inventivité comme en témoigne les créations tout à fait
passionnantes de l’exposition DESIGN EN AFRIQUE, S'asseoir, se coucher et rêver organisée du
10 octobre 2012 au 14 juillet 2013, au Musée Drapper (images ci-dessous). On découvre que le
siège est là encore un symbole de pouvoir et de prestige qui a sollicité des créations
contemporaines étonnantes.
Quelques photos sur l’adresse : http://www.spectacles-selection.com/archives/expositions/fiche_expo_D/design-afrique/design-en-
afrique.htm
32 Inconnu, Chaise, bois, dimensions non renseignées, Shangai Museum, Dynastie Ming
31 Inconnu, Chaise, bois, 83x57.7x46cm, Ming Boston Museum of Fine Art, dynastie Qing