i Université d’Etat d’Haïti (UEH) Faculté D’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV) Département d’Economie et de Développement Rural (EDR) Mémoire Présenté par LETANG Gardy Pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur-Agronome Option : Economie et Développement Rural Janvier, 2007 Effets de la Dépréciation de la Gourde par rapport au Dollar Américain sur les Prix des Produits Alimentaires Distribués sur le Marché Haïtien Cas du Riz, Maïs, Poulet et Haricot sec (Période : 1990-2004)
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Faculté D’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV ... · Cas du Riz, Maïs, Poulet et Haricot sec ... l’IHSI, la FAMV et le MARNDR qui, par leur collaboration, m’ont
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Transcript
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Université d’Etat d’Haïti
(UEH)
Faculté D’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV)
Département d’Economie et de Développement Rural (EDR)
Mémoire
Présenté par LETANG Gardy
Pour l’obtention du diplôme d’Ingénieur-Agronome
Option : Economie et Développement Rural
Janvier, 2007
Effets de la Dépréciation de la Gourde par rapport au Dollar Américain
sur les Prix des Produits Alimentaires Distribués sur le Marché Haïtien
Cas du Riz, Maïs, Poulet et Haricot sec
(Période : 1990-2004)
i
Effets de la Dépréciation de la Gourde par rapport au Dollar Américain sur
les Prix des Produits Alimentaires Distribués sur le Marché Haïtien
Cas du Riz, Maïs, Poulet et Haricot sec
(Période : 1990-2004)
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DÉDICACES
A
Ma maman Erèse BORGELLAS LETANG pour son courage, sa rigueur, son
amour immense et irréprochable en ma faveur ;
Mon amie inoubliable MAIGNAN Nancie pour son support affectif ;
Aux paysannes, force motrice de l’économie haïtienne, particulièrement celles
qui ont accepté de m’héberger chez elles durant mes stages en exploitations
agricoles.
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Remerciements
Ce travail de recherche a été rendu possible grâce à l’encouragement de mes
collègues de la promotion Référence, de ma famille et de mes amis. Par leurs
remarques combien importantes, j’ai dû souvent me remettre au travail avec ardeur.
Ce travail est le fruit de l’effort de mes professeurs à la FAMV qui m’ont initiés dans
l’agronomie.
Je remercie avec toute gratitude :
• Dieu qui n’a jamais cessé de me bénir et m’envahir d’intelligence et de
compréhension ;
• VINCENT Nemours Ing-Agr., le conseiller scientifique de l’étude, qui a
contribué inlassablement à sa réussite, son intérêt pour ce sujet d’étude
macroéconomique, sa rigueur scientifique, ses remarques pertinentes et
constructives m’ont beaucoup catalysés ;
• Les responsables du Bureau des Prix de l’IHSI, les bibliothécaires de l’UNIQ,
l’IHSI, la FAMV et le MARNDR qui, par leur collaboration, m’ont permis de
travailler avec efficacité. Qu’ils sachent combien m’a été précieux, utile et
bénéfique leur soutien et qu’ils mériteraient d’être gratifiés ;
• Tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à ma formation.
Mes remerciements pleins de sincérité vont spécialement à l’endroit de :
• DAMEUS Alix Dr., Directeur du Département de l’Economie et du
Développement Rural et au corps professoral dudit département;
• L’Etat haïtien en général et la FAMV en particulier ;
• La famille LETANG toute entière, particulièrement mes frères Jacques,
Daniel, Jean Donès, Jonas, Léonès et mes sœurs Rose Claire et Magarette;
• Mon cousin BOISGUENE Rogavil et mes amis LUNDY K. P. Pascal Ing-
Agr, AUGUSTIN Rosenite, DESTILUS Carline, EXUME P. Marcelle,
JEAN BAPTISTE Nancy;
• Mes collègues JOSEPH J. Washington, SIMON Rodrigue, LOUIS
JACQUES J. Ulrick et ALCINDOR Ewald.
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Résumé
De 1990 à 2004, une hausse significative a été enregistrée au niveau des prix à la
consommation des produits alimentaires de base de la consommation des ménages
haïtiens: riz, maïs, poulet et haricot sec. Cette situation a débouché sur l’inflation
alimentaire variable avec le produit en question parallèle à une dépréciation de la
gourde par rapport au dollar. Cette situation minant le pouvoir d’achat et contribuant à
aggraver la vulnérabilité alimentaire surtout chez les catégories sociales à bas revenu a
incité la conduite de la présente étude ayant comme objectif global : " Isoler certains
facteurs faisant varier périodiquement les prix du riz, du maïs, du poulet et du haricot
sec sur le marché haïtien tout en mettant en évidence les incidences sur l’évolution
continuelle des prix de ces produits de 1990 à 2004 de la dépréciation de la gourde
par rapport au dollar américain de même que la relation causale entre ces deux
variables".
La méthodologie adoptée consistait à effectuer des recherches
bibliographiques, collecter les données sur les prix et taux de change moyens annuels,
des volumes d’importations des produits et la consommation alimentaire locale. Ces
deux derniers ont été utilisés pour calculer la part de la consommation de ces produits
satisfaite par leurs importations.
Les coefficients d’élasticité calculés ont permis de constater que les
consommateurs substituent ces produits l’un à l’autre pour réagir aux tendances
haussières de leurs prix à l’alimentation, à un niveau plus élevé pour le riz - maïs que
le poulet - haricot sec.
Les prix moyens des produits ont été soumis à un test d’analyse de variance.
Ceci a permis de voir que les prix du riz et du maïs, deux produits substituts, suivent
une même tendance centrale contrairement ceux du poulet et le haricot sec.
Les indices simples de prix des produits et du taux de change une fois calculés
ont été soumis à une analyse économétrique pour l’estimation d’un modèle pour
chaque produit. Ensuite, l’analyse économétrique utilisant l’indice de prix des
produits (riz, maïs, poulet et haricot sec) et l’indice du taux de change gourde/USD
respectivement comme variable endogène et exogène a permis d’estimer le modèle
suivant de régression linéaire simple pour chaque produit :
Graphique 12 : Evolution comparée de l’indice de prix des produits et de l’indice du
taux de change ...................................................................................................... 48
Graphique 13 : Evolution de l’indice du taux de change en points et en pourcentage 50
Liste des figures
Figure 1 : Cercle vicieux de paupérisation de l’économie par la libéralisation........... 32
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Liste des annexes
Annexe A : Glossaire
Annexe B : Circuits de distribution du riz, maïs, poulet et haricot sec
Annexe C : La dévaluation monétaire et la balance commerciale : effets et facteurs
Annexe D : Evolution tendancielle de certaines variables pour le riz, maïs, poulet et
haricot sec
Annexe D-1 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et indice de
prix du riz
Annexe D-2 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et indice de
prix du maïs
Annexe D-3 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et indice de
prix du poulet
Annexe D-4 : Production, importation, consommation alimentaire, prix et indice de
prix du haricot sec
Annexe E : Evolution du taux de change nominal gourde par rapport au dollar
américain sur le marché de change haïtien
Annexe F : Résultats de l’analyse de régression obtenus sur SPSS pour les produits
Annexe F-1 : Résultats de l’analyse de régression pour le riz
Annexe F-2 : Résultats de l’analyse de régression pour le maïs
Annexe F-3 : Résultats de l’analyse de régression pour le poulet
Annexe F-4 : Résultats de l’analyse de régression pour le haricot sec
Annexe G : Les Tables Statistiques
Annexe G-1 : Table de la loi de Student
Annexe G-2 : Table de la loi de Fisher Snedecor
Annexe G-3 : Table du Chi-deux
Annexe G-4 : Table de la Statistique de Durbin et Watson
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Liste des sigles et abréviations
AGD : Administration Générale des Douanes
AHPEL : Association Haïtienne pour la Promotion de l’élevage
BC : Banque Centrale
BNRH : Banque Nationale de la République d'Haïti
BRH : Banque de la République d'Haïti
CA : Consommation Alimentaire
CAF : Coûts Assurances Frets
CE : Communauté Européenne
CNSA : Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire
EBCM : Enquête Budget Consommation des Ménages
EDR : Economie et Développement Rural
EMMUS : Enquête Mortalité, Morbidité et Utilisation des Services
FAMV : Faculté d'Agronomie et de Médecine Vétérinaire
FAO : Food and Agricultural Organization
FMI : Fonds Monétaire International
FOB : Free on Board
IDE : Investissement Direct Etranger
IRE : Indice de Restriction des Echanges
IDH : Indice de Développement Humain
IGSM : Indices Globaux de Sécurité Alimentaire
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique
IPA : Indice de Prix à l’Alimentation
IPC : Indice des Prix à la Consommation
M : Millions
MARNDR : Ministère de l'Agriculture des Ressources Naturelles et du
Développement Rural
MCI : Ministère du Commerce et de l'Industrie
PAPDA : Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement
Alternatif
PIB : Produit Intérieur Brut
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PIB /ha : Produit Intérieur Brut par habitant
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
PVD : Pays en Voie de Développement
PPi : Part du Produit importé
SMI : Système Monétaire International
SPSS : Statistical Package for the Social Sciences
TC : Taux de Change
TEC : Tonne Equivalent – Céréale
TM : Tonne Métrique
UEH : Université d'Etat d'Haïti
UNIQ : Université Quisqueya
US : United States
USA : United States of America
USD : United States Dollar
USDA : Département de l’Agriculture des Etats-Unis
VPi : Volume du Produit Importé
Var. IP. Glis. Ann. Maïs : Variation de l'Indice de Prix du maïs en Glissement
Annuel
Var. IP. Glis. Ann. Haricot sec : Variation de l'Indice du Prix du haricot sec en
Glissement Annuel
Var. IP. Glis. Ann. Poulet : Variation de l'Indice du Prix du poulet en Glissement
Annuel
Var. IP. Glis. Ann. Riz : Variation de l'Indice du Prix du riz en Glissement
Annuel
Var. ITC. Gliss. Ann. : Variation de l'Indice du Taux de Change Gourde/USD
en Glissement Annuel
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I. INTRODUCTION Le marché de change est le lieu où s’échangent les monnaies des nations les unes
contre les autres. Le système qui régit les transactions est désigné sous le nom de
système de taux de change. La conversion d’une monnaie nationale contre une devise
étrangère est régie par le taux de change. Ce dernier constitue le prix de la monnaie et
représente du même coup la quantité de monnaie nationale nécessaire à l’acquisition
d’une unité de cette devise. Cette conversion a une importance capitale du fait qu’elle
permet les échanges commerciaux entre nations et confère un pouvoir libératoire aux
monnaies de leurs partenaires commerciaux comme la gourde dont la valeur d’échange
ne réside que dans des transactions à l’échelle nationale. De cette manière, la gourde peut
être transformée en dollar afin de régler les transactions internationales lorsque celles-ci
se font en cette dernière monnaie.
La politique monétaire varie d’un pays à l’autre. Selon l’approche monétariste
traditionnelle, les variations des taux de change sont des phénomènes monétaires. Un
pays, selon sa politique monétaire, peut adopter l’un ou l’autre des deux systèmes de
change suivants pour réagir aux déséquilibres monétaires: le système de taux de change
fixe et le système de taux de change flottant. Dans ce dernier cas, deux situations sont
possibles à savoir un flottement pur et un flottement impur. C’est le premier qui est en
vigueur officiellement sur le marché de change haïtien depuis les années 90.
La monnaie en tant que moyen d’échange a une valeur réelle. Celle-ci exprime son
pouvoir d’achat c’est-à-dire la quantité de biens et services qu’une unité de cette
monnaie peut acquérir. Elle varie inversement par rapport à l’IPC (Indice Général des
prix à la Consommation). Dans les PVD (Pays en Voie de Développement), caractérisés
surtout par de faibles capacités productives, leur monnaie est convertie en USD ou autre
pour participer aux échanges commerciaux internationaux. Ceux-ci concernent les biens
échangeables parmi lesquels on classe les produits alimentaires importés et exportés.
Parfois, pour acquérir certains biens dans l’espace économique international, on est
obligé de se procurer une certaine quantité de devises comme le USD. A noter que plus
le cours du USD augmente face à la monnaie nationale, plus le pouvoir d’achat de celle-
ci à l’étranger se détériore. D’où l’émergence du concept de dépréciation de monnaie en
économie.
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Toutes les fois que la gourde demeure la monnaie utilisée pour acheter les biens sur
le marché local et le USD pour ceux échangés sur le marché international, la dépréciation
de la gourde par rapport au dollar se répercutera directement sur les prix des biens
importés et aura un impact sur les prix des biens produits localement. En effet, la
production de biens et services sur le marché national n’est possible sans l’utilisation de
produits importés tels que carburant, machines etc. Cette dépendance peut être
accompagnée d’une part d’une hausse continue et durable du niveau général des prix et
d’autre part, le taux d’inflation (s’il y en a un) des pays qui exportent vers Haïti peut
contribuer aussi à alimenter la hausse des prix en Haïti.
L’inflation a donc deux sources, une qui est importée et l’autre qui est la résultante
du faible niveau de productivité de l’économie nationale affectant la valeur relative de la
monnaie nationale.
Selon Milton Friedman, chef de file de l’École de Chicago, l’inflation est, si on
ose donner une explication assez simpliste, un état de déséquilibre entre la quantité de
monnaie en circulation dans une économie donnée et le niveau de production de cette
économie c’est-à-dire c’est la résultante de l’inadaptation de la masse monétaire à la
productivité. Pour les keynésiens, il existe une inflation par la demande globale si dans
des accroissements de dépenses se heurtent à une offre rigide. En Haïti, pays à économie
dualiste, elle affecte beaucoup plus les agents du secteur traditionnel peu productif que
ceux du secteur moderne à haute productivité, les portant à anticiper certaines décisions
financières.
En Haïti, la plupart des individus sont victimes d’un déficit quantitatif et qualitatif
dans leur alimentation. Le coût élevé sur le marché des principaux produits de
consommation tels que riz, maïs, sucre, légumes, viandes, fruits, poulet et haricot sec
rend leur accès difficile aux petites bourses. Face à cette situation les céréales surtout le
riz et le maïs s’arrangent comme la principale source d’énergie alimentaire. D’un autre
côté, le prix du haricot sec, relativement faible par rapport à celui des viandes, le place
comme la principale source de protéine des ménages. Face à cette situation, nombreux
sont les ménages qui utilisent souvent dans leur consommation les abats de poulets
importés vendus sous forme de cuisses, d’ailes et autres. Sa consommation sans cesse
croissante est déterminée de plus en plus par les importations. Elle est passée de 6.35 TM
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en 1990 à 25.71 TM en 20041. Le riz, aliment de base de la population haïtienne, ajouté
aux haricots et sauce de viande, constitue le plat national d’Haïti. Selon le USDA cité par
JEAN BAPTISTE (2005)2, la consommation annuelle de riz passe de 36.000 tonnes
métriques en 1961 à 360.000 en 2002 soit un accroissement de 5.64% pour la période,
celle du maïs de 139.32 TM en 1990 à 159.44 en 2004. Selon IHSI (1994) cité par
BONHEUR (1996), le haricot et le pois congo constitue 40% de la production des
légumineuses dans le pays. Le haricot sec bien qu’il soit produit partout dans le pays, sa
consommation malgré complétée par des importations a connu une baisse passant de
90.53 TM en 1990 à 75.67 en 2004.
1-1-. Problématique L’inflation est définie comme une érosion du pouvoir d’achat de l’unité monétaire,
de sa valeur en termes de biens et services se manifestant sous la forme d’une hausse
générale, cumulative et durable des prix dans l’économie (DOURA, 2003). Toutefois,
l’augmentation du niveau général des prix ne s’accompagne nécessairement pas d’une
augmentation des prix de tous les produits sur le marché. Selon CAMPBELL, BRUE et
TREMBLAY (1994) dans toutes les économies, même en période d’hyperinflation, les
prix ne suivent pas le même rythme d’évolution pour tous les biens et services. Il en
résulte une modification des prix relatifs.
L’inflation peut être expliquée par plusieurs variables. L’école monétariste la
considère comme la conséquence d’une création monétaire excessive. Cette approche
repose sur la théorie quantitative de la monnaie3 mettant en évidence la vitesse de
circulation de la monnaie et le niveau de stabilité des transactions qui s’opèrent au niveau
de l’économie. Ce déséquilibre économique se manifeste lorsque la diminution de la
quantité de biens affectée à la vente n’est pas compensée par une diminution de la
quantité de monnaie affectée aux achats.
Le contexte macroéconomique haïtien est marqué par un taux d’inflation élevé
depuis plus d’une décennie, une relative stagnation de l’offre locale dont le taux moyen
annuel de croissance de 1,28% (PNUD, 2000) entre 1970-1999 est insuffisant pour
accommoder un taux de 2,2% de croissance démographique (IHSI, 2003). L’agriculture, 1 Disponible sur http://faostat.fao.org/faostat/collections?version=ext.&hasbulk=o&subset=agriculture 2 Disponible sur http://www.indexmundi.com/en/commodities/agricultural/rice_milled/ 3 Cette théorie a été énoncée par I. Fischer en 1907
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principale base de l’économie nationale est en chute libre et cela tend à provoquer une
criante paupérisation. Sa part dans le PIB ne cesse de diminuer au profit de celle du
secteur tertiaire et pour une moindre part de celle du secondaire. Elle résulte de
l’instabilité politique et institutionnelle, des substitutions, de l’inefficience et des
distorsions économiques imputables aux réformes économiques entreprises depuis 1986-
87. Dès lors, l’offre alimentaire globale est déterminée à plus de 50% par les
importations et le système de change flottant est adopté depuis le début des années 90.
L’adoption par les autorités monétaires du système de change flottant mettant fin
à la parité fixe n’a fait que connaître au taux de change nominal gourde-USD de fortes
variabilités par suite de l’accentuation des déséquilibres internes et externes. La
fluctuation à la hausse de ce taux de change induit la dépréciation de la gourde par
rapport au USD. Ce phénomène engendre une modification importante des prix relatifs.
Ainsi, est constaté un renchérissement des prix des produits alimentaires distribués sur le
marché haïtien par suite de l’incorporation du taux de change gourde/USD dans ces prix.
Ce phénomène en touchant à priori les variétés importées se répercutent par conséquent
sur les variétés locales. Toutefois, les modifications de l’IPA (Indice des Prix à
l’alimentation) pour les dits produits sont opérées suivant un rythme d’évolution
spécifique d’un groupe à un autre.
En régime de change flexible, les désajustements monétaires se répercutent sur la
variation des taux de change. Par suite d’un déséquilibre monétaire, le mécanisme des
prix et des flux d’espèces entraîne une demande de devises favorable aux importations
des biens et services. Un excès de la demande de devise sur l’offre s’accompagne d’une
hausse des taux de change. Un accroissement de l’offre de la gourde par suite d’une
augmentation de la demande de dollar américain entraîne une appréciation de ce dernier.
La dépréciation de la gourde est un élément déterminant de l’inflation alimentaire
d’Haïti, pays à déficit vivrier et alimentaire fortement dépendant des importations.
L’offre locale étant faible par rapport aux importations alimentaires, la gourde se révèle
un instrument important dans les échanges et la détérioration de sa valeur par rapport au
USD, monnaie utilisée pour l’acquisition des produits importés sur le marché
international, se répercute de façon négative sur le pouvoir d’achat alimentaire des
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consommateurs locaux. Face à cette situation, les consommateurs locaux sont victimes
de la vulnérabilité alimentaire compromettant sa sécurité alimentaire.
Cette vulnérabilité afflige tous les ménages haïtiens particulièrement ceux à bas
revenus détenteurs d’un pouvoir d’achat faible ou instable. Elle devrait se révéler
préoccupante puisque l’alimentation demeure l’un des aspects les plus essentiels des
droits de l’homme. Cette préoccupation est partagée par tous (nutritionnistes, organismes
internationaux de développement à caractère humanitaire, cadres techniques de
l’agriculture, économistes, etc…). Elle est posée en termes d’inaccessibilité aux produits
alimentaires de base par suite de la faiblesse du pouvoir d’achat de la gourde et de la
déficience du secteur productif. De tout ce qui précède, il est nécessaire de faire une
analyse judicieuse et objective de ces questions:
1. Une variation à la hausse du taux de change gourde/USD provoque t-elle une
variation significative du prix des produits considérés ?
2. Pour les produits riz, maïs, poulet et haricot sec, dans quel ordre varie le niveau de
sensibilité du prix par rapport au taux de change?
1-2-. Objectifs 1-2-1-. Objectif général
Isoler certains facteurs faisant varier périodiquement les prix du riz, du maïs, du
poulet et du haricot sec sur le marché haïtien tout en mettant en évidence les incidences
sur l’évolution continuelle des prix de ces produits de 1990 à 2004 de la dépréciation de
la gourde par rapport au USD de même que la relation causale entre ces deux variables.
1-2-2-. Objectifs spécifiques
1. Étudier le comportement des prix de chacun de ces produits alimentaires à partir
de la série temporelle considérée;
2. Présenter l’évolution du taux de change de la gourde par rapport au USD sur la
période ;
3. Présenter l’évolution de la consommation alimentaire de chacun de ces produits et
calculer la part annuelle de celle-ci satisfaite par les importations;
4. Calculer les élasticités d’arc et croisées de la demande - prix de ces produits dans
la série temporelle considérée ;
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5. Calculer l’indice de prix à l’alimentation pour ces produits et celui du taux de
change de la gourde par rapport au USD
6. Déterminer le niveau de corrélation existant entre ce taux de change et les prix
pratiqués sur le marché local pour les dits produits.
1-3-. Hypothèses de l’étude
H1 : En se basant sur les données d’une série temporelle allant de 1990 à 2004, les
prix des principaux produits de consommation alimentaire locale en l’occurrence
riz, maïs, poulet et haricot sec ont augmenté de façon significative sur le marché
local. Les prix des substituts : riz et maïs, poulet et haricot sec suivent la même
tendance.
H2 : Caeteris paribus, les fluctuations à la hausse du taux de change gourde par
rapport au dollar américain sont la variable explicative qui détermine de façon
significative la hausse incessante des prix de ces produits alimentaires.
1-4-. Cadre théorique de l’étude
Cette étude s’inspire des théories de l’économie internationale, de la
microéconomie et de l’économie agro-alimentaire. En économie internationale, plusieurs
théories ont été développées :
• Selon cette branche de l’économie, la dépréciation de la monnaie d’une nation
rend ses exportations meilleur marché pour les pays étrangers et ses importations plus
coûteuses pour ses résidents.
• La théorie de la courbe en J mettant en évidence l’ajustement dans le temps de la
balance courante d’un pays suite à une dépréciation réelle de sa monnaie aboutissant
à la baisse de la compétitivité de l’économie. La condition de Marshall-Lerner ou
théorèmes des élasticités critiques tient compte des élasticités prix de l’offre
d’exportation et de la demande d’importation.
• Aux côtés de ces théories, il y a la nouvelle théorie du comportement du
consommateur développée par Kelvin LANCASTER vers les 1970 et les théories de
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l’économie agro-alimentaire relatives aux substitutions des produits par suite d’une
variation de leur prix.
1-5-.Justification et limites de l’étude
Les mesures prises par les autorités monétaires et le gouvernement en libérant les
échanges au niveau de l’économie ont été à la base des distorsions qui ont émergé. La
substitution du système de change flottant au système de change fixe engendre une
dégringolade sans précédent de la gourde face au dollar dans l’espace de moins de deux
décennies et avec comme effet pervers le plein épanouissement du marché parallèle de
change. L’augmentation du taux de change de la gourde par rapport au dollar renforce le
renchérissement des prix des produits alimentaires de base : riz, maïs, poulet et haricot
sec. Ainsi, depuis la rentrée en vigueur de ce système de change et la libéralisation des
échanges commerciaux opérés en deux étapes 1987 et en 1995, les prix compétitifs des
produits alimentaires importés ont fortement influencé les prix à la consommation
affectant directement la compétitivité de l’économie locale. Une approche d’indice de
prix à l’alimentation et de celui du taux de change gourde/USD permet d’apprécier cette
situation.
Cette étude s’avère nécessaire car elle permet de déceler les relations de causalité
entre le taux de change et les prix à la consommation prévalant respectivement sur le
marché monétaire et alimentaire pour le riz, maïs, poulet et haricot sec rentrant dans la
catégorie des aliments de base.
Quoique justifiée, cette étude ne saurait être considérée comme parfaite. D’une
part, elle ne permet pas de comprendre l’influence des variables sociales dans
l’explication du phénomène et d’autre part elle se révèle limitée par le manque de
fiabilité des données statistiques.
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II : REVUE DE LITTERATURE
2-1-. Le marché des changes 2-1-1-. Système monétaire international et les régimes de change
Ce système a beaucoup évolué dans le temps. Son évolution historique est divisée
en quatre (4) périodes. La première (1870-1914) marquée par l’instauration de l’étalon-
or correspondait à un ensemble de parités fixes et axée sur la convertibilité en or des
monnaies. En second lieu, suite à la conférence de Gênes en 1922, l’on a assisté à
l’établissement progressif du système alternatif "étalon de change or ". Celui-ci
permettait aux banques centrales de garantir la convertibilité de leur monnaie à la
détention d’or ou de réserve de monnaie en or. La troisième période s’étendait de 1944 à
1971 et est marquée par la création du FMI. L’étalon de change or est maintenu mais
assoupli. La variation de plus ou moins 1% était définie pour chaque devise au USD.
Enfin, dès 1971 le système de change flottant entériné par les accords de Kingston en
1976 est entré en vigueur.
2-1-2-. Importance quantitative des marchés de change
Les marchés de change sont de loin les plus importants en termes de volumes
échangés. Selon la dernière enquête de la Banque des Règlements Internationaux (BRI,
2001)4, le volume moyen échangé sur les marchés de change traditionnel atteint 1 200
milliards de USD/jour soit environ le PIB annuel de la France ou 200 $US/jour/habitant
de la planète. Ensuite, ce chiffre doit être complété de 875 milliards $ US/jour, montant
échangé des produits dérivés du dit marché.
2-1-3-. Fonctionnement du marché de change
Le marché de change fonctionne quotidiennement de façon continue en termes de
conclusion d’actes d’achat ou de vente de devises. C’est un marché de gré à gré en
d’autres termes, les opérations qui y sont conclues ne sont pas officiellement
standardisées, centralisées ou garanties par une quelconque autorité.
4 Rapporté sur le site de la FMI
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2-1-4. Typologies des acteurs du marché de change et leur motivation
Selon KRUGMAN et OBSTFELD (2001), les principaux types d’acteurs intervenant sur
le marché de change sont :
Les banques commerciales qui constituent le centre du marché. Elles y
interviennent par leur activité de market making qui consiste à proposer un cours de
change à l’achat et à la vente et à se porter contrepartie dans des transactions initiées par
d’autres acteurs soit pour leur propre compte ou celui de leurs clients. Par l’intermédiaire
des grandes banques commerciales s’effectuent les opérations de base sur instructions
des importateurs et exportateurs, des instituts d’investissement, des assurances, des fonds
de pension ainsi que des investisseurs privés.
Les sociétés commerciales qui de leur côté, opèrent dans plusieurs pays et font ou
reçoivent des paiements en devises autres que la monnaie en cours dans le pays de leur
siège social.
Les institutions financières non bancaires qui offrent un large éventail de services
à leurs clients dont la plupart sont offertes aussi par les banques.
Les courtiers qui sont des participants actifs au marché. En tant
qu’intermédiaires entre les nombreuses banques, les fonds, les places de bourses etc, leur
rôle consiste à trouver des contreparties aux demandes qui leur sont adressées,
moyennant une commission.
Les banques centrales, bien qu’en nombre réduit, interviennent sur le marché
suivant un volume de transactions pouvant exercer un impact important sur ce dernier.
Elles y interviennent suivant un schéma régulateur, soit pour corriger une distorsion de la
valeur de leur monnaie par rapport aux autres, soit pour influencer la compétitivité de
l’économie nationale, soit pour augmenter leurs réserves monétaires.
Motivations des acteurs du marché
Celles-ci sont au nombre de cinq qui sont : la spéculation, la couverture, l’arbitrage,
la transaction et la constitution de réserves monétaires en devises jugées fortes.
2-1-4-1-. Typologie de Frankel et Froot
Sur le marché de change, FRANKEL et FROOT (1988) distinguent deux types
d’agents : les chartistes et les fondamentalistes. Les chartistes obéissent à une règle de
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décision mécanique axée sur l’évolution passée du taux de change. Leur activité est
manifestée en période calme. De leur côté, les fondamentalistes dont la règle de décision
reflète les modifications de la situation macroéconomique, dominent le marché en
période agitée.
2-1-4-2-.Typologie de BAILLIU et KING
Ils sont parvenus à distinguer trois types d’agents sur le marché de change :
1) Les teneurs de marché qui oeuvrent généralement au sein des grandes banques
commerciales et d’investissement. Ils proposent un prix acheteur et un prix vendeur pour
les quantités de monnaie qu’ils sont disposés à échanger. Selon LYONS (2005) rapporté
par BAILLIU et KING (2005), ces agents sont dépeints comme neutres au risque ou peu
enclins au risque obtenant surtout leurs gains des écarts entre cours acheteur et vendeur.
2) Les courtiers n’ont pas une fonction de tenue de marché. Ils sont plutôt des
facilitateurs des transactions anonymes entre les contreparties.
3) Les clients finaux desquels EVANS ET LYONS (2005) cité par BAILLIU et KING
(2005) distinguent les clients non financiers, les institutions financières sans levier
financier et les institutions à levier financier. Ces agents sont les plus significatifs du
marché à l’échelle macroéconomique. Ils constituent les principaux fournisseurs de
liquidité sur le marché sous base journalière. Selon ces mêmes auteurs, le flux d’ordre de
ces clients reflète fidèlement l’évolution du taux de change à de faibles fréquences en
matière d’opération de change.
2-1-5-. Les modèles de détermination des taux de change
1-. Le modèle monétaire
Selon BAILLIU et KING (2005), il s’est révélé le plus pertinent vers 1970. Liant
le taux de change aux offre et demande relatives de deux monnaies échangées, le modèle
repose sur : a) la parfaite flexibilité des prix b) la parfaite substituabilité des actifs
nationaux et étrangers c) la parité des pouvoirs d’achat et d) la parité des taux d’intérêt
sans couverture. Selon ce modèle, les taux de change et les taux d’intérêt contrebalancent
la rigidité des prix et permettent une surréaction du taux de change par rapport à son
niveau d’équilibre de long terme.
11
2-. Le modèle de porte feuille
Selon BAILLIU et King (2005), ce modèle rejette l’hypothèse de parfaite
substituabilité entre actifs nationaux et étrangers. Le taux de change est déterminé
par l’offre et la demande de tous les actifs nationaux et étrangers et non uniquement par
l’offre et la demande de monnaie.
3-. Les modèles centrés sur les écarts de productivité
Ils visent à expliquer les mouvements du taux de change réel. Ils sont issus des
travaux de BALASSA (1964) et de SAMUELSON (1964). Selon eux, le taux de change
réel dépend du prix relatif des biens non échangeables qui, de son côté, est fonction des
écarts de productivité.
4-. Les modèles microstructurels
Ils sont apparus pour corriger les imperfections des modèles précités qui ne
permettaient d’expliquer que les tendances à long terme. Ces modèles présentant un
grand intérêt pour les macro économistes permettent d’expliquer la dynamique de court
terme des taux de change et d’aider à mieux prévoir l’évolution des variables
macroéconomiques déterminantes pour l’activité économique.
2-2-. Le système de change flottant 2-2-1. Mécanisme du système
Dans ledit système de change, les taux de change fluctuent librement en fonction
du libre jeu de l'offre et de la demande ou, à tout le moins, ils fluctuent dans les limites
de marges fort larges. Toutefois, les banques centrales peuvent en effet être amenées à
intervenir dans le cadre de fluctuations trop importantes.
2-2-2-. Détermination graphique du taux de change
Dans un tel système, le taux de change, laissé à lui-même sans interventions
compensatrices des autorités monétaires, se détermine conformément à la loi de l'offre et
de la demande. Par l'ajustement du taux de change, la quantité demandée de devises doit
être égale à la quantité offerte.
Le graphique ci-après illustre le mécanisme de fixation du taux de change dans
un système à taux de change flexibles. Le taux de change d'équilibre est le prix T1, qui
permet d'égaler les quantités offerte et demandée de devises.
12
Graphique 1: Détermination du taux de change en système de change flottant
Dans le cas d’une demande excédentaire de devises (D0) sur les marchés par
rapport à l'offre (O0), la valeur de la devise a tendance à s'apprécier et inversement.
Théoriquement, il y a appréciation de la devise ou dépréciation selon que la balance des
paiements est excédentaire ou déficitaire.
2-2-2-1-. Rôle économique des taux de change
Les taux de change agissent sur les prix à l'importation et à l'exportation, et sur le
sens des flux de capitaux entre zones économiques. Ainsi, le taux de change exerce un
rôle prépondérant dans le processus de développement d'une économie en déterminant
l'équilibre des comptes extérieurs et la compétitivité de l'économie, en influençant la
capacité à exporter, à importer et à attirer les capitaux étrangers dans un pays. De ce fait,
les pays et zones économiques manipulent les taux de change dans le but d'influencer: la
compétitivité de leurs produits et services et leur attractivité en matière de flux de
capitaux.
2-2-3. Avantages et inconvénients du système de change flottant
Les avantages qu’offre le régime de change flottant sont les suivants :
• Un ajustement constant et plus rapide aux chocs externes;
• Une plus grande flexibilité des politiques monétaire et fiscale des pays qui
l’appliquent.
13
• Les Banques Centrales n'ont plus besoin de conserver des réserves importantes de
devises pour défendre le cours de la monnaie.
Par contre, les principaux inconvénients dudit régime de changes sont :
• Une plus grande volatilité des cours de change pouvant entraîner une influence
négative sur le commerce international ;
• Un tel système peut être inflationniste dans la mesure où il entraîne moins de
contraintes dans les politiques monétaires des pays ;
• Importantes fluctuations dues aux mouvements de capitaux à court terme;
• La devise du pays peut inspirer moins de confiance qu'une devise à taux de
changes fixes.
2-2-4-. La description du phénomène de la courbe en J
Elle montre que la balance courante d'un pays se détériore immédiatement après la
dépréciation réelle de sa monnaie. Elle ne commence à s'améliorer que quelques mois à un
an plus tard. L'illustration du graphique suivant permet de mieux saisir l'effet de la courbe en
J. Le niveau de la balance courante est placé en ordonné. Le temps écoulé est en abscisse. On
se place dans la situation d'une dépréciation réelle brutale engendrée par une dépréciation
nominale instantanée de la monnaie locale.
Graphique 2 : Effet de la courbe en J
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14
Au moment de la dépréciation réelle, la balance courante se détériore brusquement
(déplacement de A à B), puis met un certain temps à se rétablir jusqu'à son ancien niveau
(déplacement de B à C) avant de connaître une amélioration. Ce phénomène a plusieurs
causes.
Le déplacement de A à B est une conséquence mécanique de la dépréciation
monétaire. La majeure partie des exportations et des importations étant effectuée d’avance
sous commande, la dépréciation va donc accroître automatiquement la valeur des
importations et réduire la balance courante. C'est l'effet-prix de la dépréciation.
Par ailleurs, le redressement de la balance commerciale commandé par la
dépréciation des termes de l'échange nécessite un certain délai malgré l’exécution des
contrats antérieurs de commande. Les exportateurs doivent mettre en place de nouvelles
capacités de production et embaucher pour faire face à l'excédent de demande étrangère pour
leurs produits. De même, la réduction de consommation des produits importés devenus plus
coûteux oblige les producteurs locaux à accroître leur offre de produits substituts et à
trouver des techniques plus économes en biens intermédiaires importés. Cette réallocation
des ressources productives aboutit à l'effet-volume de la dépréciation.
2-3-. La situation monétaire haïtienne 2-3-1-. La monnaie haïtienne : nature et rôle
Par définition, la monnaie est tout objet accepté et utilisé pour régler des
transactions financières ou pour échanger des biens et des services. En Haïti, la gourde
est l’unité monétaire nationale. Elle est définie par les trois principales fonctions qu’elle
remplit au niveau de l’économie : moyen d’échange, étalon, réserve de valeur. Etant
considéré comme moyen d’échange, la gourde sert à l’achat et à la vente des biens et des
services, comme étalon ou unité de compte, elle est utilisée pour évaluer les prix des
biens et services et enregistrer les dettes. Enfin, par sa fonction de réserve de valeur, elle
permet de conserver la valeur et transférer le pouvoir d’achat du présent au futur. Selon
COHEN (Alter Eco., Hors Série # 45) rapporté par DOURA (2003), la monnaie est un
jeu à somme négative; personne n’y gagne. Servant de pouvoir d’achat, la gourde
contribue à lier socialement les haïtiens et est très influencée par la politique monétaire
de la Banque Centrale quand son acceptation est contestée.
15
2-3-2. La Banque Centrale et le contrôle de change
Selon CHATELAIN (1954) rapporté par DOURA (2003), la Convention de 1919
stipulait, l’obligation faite à la Banque Nationale de la République d’Haïti (BNRH) de
maintenir en contrepartie de son émission une couverture de 100% composée pour le
tiers, en monnaie légale des Etats-Unis et pour le solde des effets de commerce à court
terme et présentant des garanties certaines de remboursement à échéance. D’où le rôle de
régulation conféré à la Banque Centrale qui, par son intervention sur le marché,
contrôlera et maintiendra fixe ce taux de change. Cette convention faisait de la gourde
une monnaie forte à l’instar du dollar américain.
La constitution de 1987 à travers son article 226 confère à la Banque Centrale le
pouvoir exclusif d’émission du papier monnaie et des pièces métalliques selon le titre, le
poids, la description, le chiffre et l’emploi sur tout le territoire national. Le cours forcé de
la gourde est ainsi institué.
2-3-3. Historique de l’adoption du système de change flottant
Par la convention monétaire du 12 avril 1919, la gourde a été définie par rapport
à l’étalon dollar (TCO : 1/5 c’est-à-dire 1 USD = 5 gdes). La gourde était émise selon
une stricte réglementation de manière à assurer cette parité officielle. Ce taux de change
fixe a perduré plusieurs décennies mais la persistance des déficits structurels de la
balance commerciale ont porté la BC à adopter le système de taux de change fluctuant en
1991. Cette mesure a mis fin au segment officiel du marché de change et a augmenté
considérablement la part du marché de change parallèle.
2-3-4. Dilemme gourde/dollar américain
La dualité gourde / dollar USD n’est pas une pratique nouvelle en Haïti. Plus
d’un demi siècle, soit en décembre 1919, cité par Châtelain (1954) et rapporté par
DOURA (2003), le gouvernement haïtien accordait le pouvoir libératoire illimité sur le
territoire de la République à la monnaie des USA. D’où son statut de monnaie nationale.
Désormais, l’accès au dollar paraît difficile car la gourde dépréciée éclipse le
dollar. Ce qui est en conformité avec la loi de Gresham5 selon laquelle lorsque dans
5 Tiré de G. GUISLAIN, P. LE PAUTREMAT et J. M. LE TALLEC, 500 Citations de Culture Générale
16
l’économie d’un pays donné, deux monnaies ont droit de cité, l’une étant considérée
comme bonne et l’autre comme mauvaise, la mauvaise monnaie chasse la bonne celle qui
n’est pas dépréciée.
Graphique 3 : Évolution du taux de change nominal6 gourde-USD
(Nombre de gourdes pour 1 USD)
Source: COUHARDE, 2005 Depuis l’adoption par la BRH du système de change flottant en 1991, le taux de
change a connu de très fortes variabilités à la hausse dues aux effets d’annonce et à
l’accentuation des anticipations pessimistes qu’alimentait la cascade d`événements
politiques de la période de crise. Entre 1991-1994, la gourde se dépréciait
progressivement par rapport au dollar. Le taux de change de référence passait de 7,45
gdes en 1991 à 10.18 gdes en 1992, 12.40 gdes en 1993 et 15.10 en 1994 pour des taux
d’inflation de 22.8% et 40% respectivement en 1991 et 1994. Entre 1994-1999 la
stabilité du taux de change a entraîné une faible appréciation de la gourde
comparativement à 1991-1994. Cette situation peut être due à la reprise timide des
activités économiques dans le pays et à l’assistance économique externe après les trois
ans de marasme économique.
6 Taux de référence de la BRH, une hausse de ce taux de change correspond à une dépréciation de la gourde vis-à-vis du dollar américain.
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17
De 1999 à 2003 le taux de change gourde -USD a cru de façon
exponentielle. Selon BOYER (2004), la rentrée en vigueur dudit système de change a fait
flotter la gourde pour enfin couler en octobre 2002. Le taux record de 1 USD = 50
gourdes a été enregistré le 11 février 2003, du jamais vu dans l’histoire monétaire
haïtienne depuis le 12 Avril 1919. Cette période de crise politique et économique a été
animée par les débats "de la nécessité de dollariser l’économie haïtienne comme mesure
palliative". Cette dégringolade de la valeur de la gourde face au dollar est liée au déficit
du commerce extérieur et au volume des transactions internes effectué en dollar.
2-4-. Le marché des produits alimentaires de l’étude7 2-4-1-. La situation dans le cas du riz 2-4-1-1-. La production locale de riz
Elle est faite sous régime pluvial, en terres irriguées et en terres inondées dans
différents départements du pays8. Selon IHSI (1994 :34) cité par BONHEUR (1996), la
vallée de l’Artibonite, la zone avec le meilleur potentiel de production fournit à elle seule
entre 60 et 80% de la production locale soit à peu près 18% de la consommation locale
sur une superficie de 20-30.000 ha de terres irriguées. Cette production connaît
d’énormes fluctuations inter annuelles. Cette situation alarmante est surtout liée aux
mesures prises par Haïti visant le passage des taxes douanières sur le riz de 35 à 3 % en
1995 suite aux pressions du FMI favorisant l’écoulement du riz du dumping américain.
2-4-1-2-. Importance commerciale et alimentaire du riz en Haïti
Le riz est préféré aux céréales traditionnelles. Désormais, le riz est la céréale la plus
consommée dans le pays par les différentes couches sociales. Sa consommation
augmente avec l’augmentation de la population parallèlement à une baisse de sa
production et une hausse de son importation. La pénétration d’un grand volume
d’importation influe le commerce des variétés produites en Haïti en créant une
7 Le circuit de distribution de chaque produit présenté est donné en annexe B 8 60.000 has de terre sont exploitées par (70-80.000) producteurs dont 50.000 soit 60% Artibonitiens et 20-30.000 des autres régions, ouvriers agricoles (28.000), marchands (8.000) et autres
18
compétitivité accrue. Ce faisant, le prix à la consommation des variétés locales est en
quelque sorte déterminé par le comportement des prix de celles qui sont importées.
Le riz constitue la denrée alimentaire la plus importante en Haïti bien que sa
production représente environ 20% de sa consommation. Son poids dans l’IPA en
témoigne. Vu son importance commerciale, le développement de sa filière commerciale
peut largement contribuer à améliorer les conditions de vie des paysans démunis.
2-4-1-3-. Les axes et les circuits de distribution du riz local
Le riz local est commercialisé suivant deux principaux circuits de
commercialisation. Il s’agit d’un circuit court ayant comme agents : les producteurs, les
sara locales, les détaillants, les consommateurs, et d’un circuit long mettant en
interaction en plus les agents susmentionnés, les sara régionales et les sara urbaines.
Dans le circuit court, le producteur remplit la fonction de production du riz,
ensuite procède au stockage pour enfin offrir le produit sur le marché par sac. La Sara
locale achète des producteurs du riz paddy, procède à sa transformation pour enfin
revendre le produit fini aux détaillants qui le distribuent aux consommateurs tout en
réalisant une marge commerciale.
2-4-1-4-. Axes et circuits de distribution du riz importé
Le riz importé distribué sur le marché local arrive par sept (7) grands ports du
pays, ouverts au commerce extérieur. Il s’agit des ports de : Port-au-Prince, Petit Goave,
Miragoâne, Gonaïves, Cap Haïtien, Fort Liberté et Port de Paix. Le volume importé est
d’abord stocké pour enfin livrer à l’échelle régionale. Les axes sont nombreux.
Toutefois, les principaux axes sont: de Port-au-Prince il est acheminé vers Jacmel,
Jérémie, Mirebalais, Hinche et Cayes ; de Miragoâne vers Cayes, Port-au-Prince ; de
Petit-Goâve vers Aquin et Jacmel, du Cap-Haïtien vers Ouanaminthe et Capotille ; de
Port-de-Paix vers Jean-Rabel
Le riz importé est commercialisé suivant un circuit long. Les principaux agents
qui y interviennent sont les importateurs, les grossistes, les sara régionales, les sara
locales, les détaillants et les consommateurs.
Les importateurs effectuent une demande d’importation. Le riz une fois arrivé au
pays est entreposé puis offert sur le marché. Les grossistes achètent des importateurs,
19
après un court entreposage, revendent aux sara régionales et /ou urbaines. Ces dernières
revendent généralement aux sara locales parfois directement aux consommateurs tandis
que les détaillants achètent des sara locales pour revendre directement aux
consommateurs. A chaque maillon de la filière, le prix du produit est formulé de façon à
permettre aux agents de générer leur marge commerciale.
2-4-2-. La situation dans le cas du maïs Axes et Circuits de distribution du maïs
Le maïs est la céréale de base produite en Haïti. Sa production varie
significativement d’une région à une autre et d’une saison à une autre. Ces fluctuations
du volume produit entraînent le recours à l’importation pour combler l’offre déficitaire.
Les importations arrivent sous deux formes : commerce et aide alimentaire. La
production locale circule suivant de nombreux axes pour atteindre les marchés de
consommation. Quatorze axes principaux sont identifiés9.
Les circuits de commercialisation du maïs sont nombreux. Parfois, ils traversent
les frontières, cas du maïs produit dans les zones frontalières, en ce sens sont intégrées
du circuit les sara dominicaines. Toutefois, le circuit le mieux structuré et le plus
retrouvé est un circuit court (cf. annexe B).
2-4-3-. La situation dans le cas du poulet 2-4-3-1. Evolution de la production de poulet de chair
L’élevage traditionnel de poulet est pratiqué sur la quasi-totalité des exploitations
agricoles. Selon PNUD/FAO (1996) cité par CHANCY (2005 a) cet élevage est fait par
95% des 800.000 exploitations familiales paysannes. Selon AHPEL (2004), cité par
CHANCY (2005a) le volume de production se situe entre 100 à 125 000 poulets par
mois, soit 1 200 000 à 1 500 000 poulets par an. Cette production est fortement
influencée par le climat. Elle fluctue à la hausse en période fraîche et à la baisse en
période sèche.
L’industrialisation du dit élevage remonte à 1976-1978 avec l’apparition
successive d’un couvoir à la HANASA et d’une usine d’aliment pour bétail, la
9 Disponible sur www.cnsahaiti.org
20
SONUAM. Il a fallu attendre la fin de la première moitié des années 1980 pour voir
l’expansion de cet élevage en terme d’infrastructures et volume de production. Toujours
selon CHANCY, le volume de production passe d’une moyenne mensuelle de 300 000
poulets entre 1980-1985 à 500 000 à la fin des années 90.
Depuis l’année 1991, la production avicole a connu un véritable déclin. Actuellement, le
maximum de production mensuelle est de 125000 poulets et le secteur retombe donc à
son niveau de production obtenue en 1976.
2-4-3-2. Evolution de la production de poulet créole
La production moyenne annuelle est estimée à 6,500.000 de têtes de poules
(BRH, 2001 et 2002). La production de poules en Haïti a peu varié pour la période allant
de 1985-2002, elle gravite autour de 5.000.000 têtes, avec une baisse au cours des années
1996 et 1997 où l’on comptait 3.800.000 têtes de poules dans le pays (CHANCY,
2005b).Ce faisant, pour la dite période (1985-2002), la production de viande de poulet a
augmenté en passant de 7 985 TM à 8 646 TM avec une baisse importante en 1996 et
1997 (CHANCY, 2005b).
2-4-3-3-. Evolution des importations de poulet
Selon CHANCY (2005), pour combler le déficit de la production locale pendant
la période 1990-2000, les importations de viande de poulets (cuisses, ailes, pattes et dos)
ont été, au moment de l'embargo commercial, estimées à 120 TM en moyenne entre 1990
et 1994. Pour la seconde moitié de la période 1994-2000, elles ont été de 15 946,67 TM
en moyenne annuelle.
2-4-3-4-. Axes et Circuits de distribution des poulets
Les poulets fermiers sont majoritairement élevés dans les départements de
l’Ouest et du Centre. La consommation est surtout locale et dépasse rarement les limites
départementales. Les zones potentielles de production (Plateau Central, Cornillon et Petit
Goâve) écoulent leur production sur le marché de Port-au-Prince.
Ce produit est commercialisé suivant un circuit mettant en relation les éleveurs,
les sara locales et les consommateurs. Les poulets industriels sont produits à petite
21
échelle sur des fermes spécialisées de Port-au-Prince et sont commercialisés sous deux
formes :
• D’une part, les consommateurs s’approvisionnement en poulets congelés vendus
en détail par livre au niveau des super-marchés ;
• D’autre part, des poulets sur pattes sont vendus par unité dans les marchés de
consommation par des détaillantes s’approvisionnant des fermes précitées.
Une simple relation fait interagir ces différents acteurs10. Généralement, le
producteur vend au négociant/vendeur de poulets vivants et parfois aux vendeurs de
poulets abattus. Le négociant/vendeur revend les poulets vivants aux petits
marchands/détaillants et le vendeur de poulets abattus revend la viande de poulet aux
super-marchés. Les petits marchands/détaillants et les super-marchés, quant à eux,
revendent au consommateur final les poulets vivants ou la viande de poulets.
2-4-4-. La situation dans le cas du haricot sec
Axes et Circuits de distribution du haricot sec
Le haricot sec est produit partout sur le territoire. En fonction du volume de
production, il convient de citer les principales zones de production suivantes : Sud (Les
Anglais, Rendel, Camp Perrin, Ducis et Chantal), Grand’Anse (Anse-d’Hainault, Dame-
Marie, Chambellan, Moron, Abricot, Pestel et Beaumont), Sud Est (La Vallée de Jacmel,
Marbial, Peredo) et Nord Est (Capotille et Acul des Pins). La plus grande part de la
production de toutes ces zones transitent au marché de production, un marché de
regroupement pour enfin atteindre Port-au-Prince.
De tous ces produits, le haricot sec présente la plus grande variabilité en termes
de circuit de commercialisation allant du plus court au plus long.
Le producteur assure deux fonctions principales : la production et la mise en
marché. Les sara locales acquièrent des producteurs pour revendre aux sara régionales et
ou urbaines. Ces dernières une fois approvisionnées supportent des frais de transport
pour revendre aux détaillants qui, de leur côté, revendent directement aux
consommateurs.
10 CHANCY, Septembre 2005 b
22
III : CADRE MACROÉCONOMIQUE DE LA PRODUCTION
AGRICOLE HAÏTIENNE
3-1-. La situation alimentaire du pays Au cours de ces deux dernières décennies, la situation alimentaire du pays
marquée par le déséquilibre soutenu entre croissance démographique et croissance de la
production a détérioré progressivement tenant compte de l’évolution de la structure des
disponibilités alimentaires internes. Cette situation peut être élucidée par une analyse
tridimensionnelle : politique, économique et sociale (VINCENT, 2003).
3-1-1-. Dimension politique
De tous les pays du continent américain, Haïti est le plus instable sur le plan
politique au cours de ces deux dernières décennies. La chute en 1986, des régimes
dictatoriaux apparus dans le pays en 1957 et qui ont régné pendant environ trente ans,
constituait le point de départ d’une période sombre dans la situation politique haïtienne.
Celle-ci a été surtout marquée par le départ forcé de la plupart des gouvernements lequel
a débouché sur l’embargo économique de (1991-1994) et à deux occupations étrangères
en moins de 10 ans. Cette instabilité qui a perduré deux décennies a eu des retombées
négatives dans l’économie nationale telles que : l’insécurité sociale et alimentaire, le
blocage économique (la cessation de l’aide externe), la baisse drastique des
investissements privés, l’arrêt des IDE, le déficit chronique de la balance commerciale
suite à la crise du système productif haïtien, le non contrôle des changes et une
augmentation exacerbée du coût de la vie causant de graves difficultés à la population.
Cette crise politique a eu des répercussions négatives sur la production nationale
se traduisant par la dépendance accrue du pays vis-à-vis de l’extérieur particulièrement
sur le plan alimentaire. Les besoins de consommation alimentaire sont pour la plupart
satisfaits par les importations (importations commerciales et non commerciales) suite à
une baisse incessante de la production nationale des principaux produits alimentaires de
base : riz, maïs, poulet et haricot sec.
3-1-2-. Dimension économique
Haïti, le 1/3 de l’île d’Hispaniola situé sur le passage direct des cyclones s’étend
sur une superficie de 27.750 km². Seulement 2% de la superficie totale sont irriguées soit
23
70.000 ha. Il reste le plus pauvre de l’hémisphère occidental et est classé parmi les pays à
faible revenu et à déficit vivrier. Selon PNUD (2003), Haïti est classée au 150ème rang sur
175 pays selon l’Indicateur de Développement Humain (IDH) avec un PIB/ha de 361
USD.
Force est de constater qu’en dépit de tout, l’économie haïtienne évolue dans une
situation de quasi stagnation. De 1960 à nos jours, le pays se paupérise progressivement
suite à une chute du PIB/ha. Les gens, en particulier les ruraux, vivent pour la plupart à
partir d’un pouvoir d’achat misérable ne leur permettant pas de satisfaire certains besoins
primaires. Selon IHSI (1999-2000), 48% de la population haïtienne soit 3,8 M
d’habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté de moins de 1 USD / jour / personne11.
3-1-3-. Dimension sociale
Haïti est l’un des pays du continent américain où les inégalités sont les plus
marquantes. Facteur important dans l’analyse de la situation économique nationale, elles
engendrent une lutte perpétuelle entre les classes sociales. Les thèmes �nèg anwo� et �nèg
anba� en sont des indicateurs. Ces contradictions sociales scindent la société en une
minorité riche de 2% de la population détenteur de 44% du revenu national12 et une
majorité constituée de pauvres et d’extrêmement pauvres.
De 1986 à nos jours, les grands changements opérés dans le système économique
haïtien marchent de pair avec la détérioration de la situation alimentaire. Celle-ci
s’apprécie par l’évolution des Indices Globaux de Sécurité Alimentaire (IGSM) passant
de 67,50 en 1988-90 à 26,50 en 1991-93. Ce faisant, les catégories sociales les plus
vulnérables victimes des problèmes de faible revenu, de malnutrition, de mauvaises
conditions sanitaires et d’analphabétisme sont les plus exposées et sont marginalisées
davantage.
Selon EMMUS III (2000) cité par CNSA (2002), 20 % des enfants de moins de 5
ans sont victimes de malnutrition chronique, 5% émaciés et 17% accusent une
insuffisance pondérale par rapport à leur âge, 12% des femmes ont une déficience
11 Seuil défini par la Banque Mondiale (BM) 12 www.agora.qc.ca/mot.nf/dossiers/haiti
énergétique chronique (21% chez les femmes de 15 à 19 ans). Le taux de malnutrition
chronique13 est d’environ deux fois plus élevé en milieu rural qu’en milieu urbain.
Face aux effets négatifs de la détérioration progressive des conditions de vie,
nombreux sont les gens qui migrent. D’un côté, les paysans, force motrice des activités
agricoles se détachent de l’agriculture, de l’autre côté, bon nombre de cadres dudit
secteur migrent vers l’étranger. En conséquence, l’on assiste à une réduction des
capacités productives du pays et l’accroissement de sa dépendance externe.
3-2-. La crise du secteur agricole haïtien et ses origines 3-2-1-. Importance économique du secteur
En Haïti, 2/3 des ménages résident en milieu rural où l’agriculture occupe un actif
sur deux, mais la plupart ont également d’autres sources de revenus. L’agriculture
représente 26% du PIB, 7% des exportations en 2003-04 (BRH, 2004). Elle a permis la
survie de ses dépendants et à favoriser la rentrée de devises dans le pays via exportations.
Graphique 4 : Contribution du secteur agricole au PIB réel
Source : COUHARDE, 2005 d’après BRH, 2004
13 La malnutrition chronique contribue à des taux de mortalité infantile et infanto-juvénile. Les déficiences en micro nutriments (fer et l’acide folique) entraînent des anémies par carence et des anémies sévères aux taux respectifs de 75% et 2% chez les enfants de moins de cinq (5) ans.
25
3-2-2-. Les origines de la crise du secteur
3-2-2-1-. L’environnement physique des exploitations
Le secteur agricole constitué essentiellement de petites exploitations agricoles
absorbe près de 45% de la population active. Ces exploitations évoluent dans un
environnement caractérisé par de multiples contraintes (PNUD, 2005) telles que la
mauvaise organisation du travail, la non protection du droit de propriété, l’émiettement
du foncier14, l’utilisation des techniques culturales rudimentaires, le déficit
d’infrastructure, la déforestation accélérée, la quasi inexistence de crédit agricole, les
aléas climatiques etc. Tout ceci est à la base de la faible productivité du secteur
connaissant une contraction de l’ordre de 1,5% (BRH, 2001). Malgré tout, son poids
dans le PIB réel reste important, environ 25% en 2002-03 (BRH, 2004).
3-2-2-2-. Baisse des prix aux producteurs et baisse d’intérêt
Une forte part de la population rurale active se caractérise par de petits revenus,
un taux élevé de sous-emploi et de chômage déguisé. Plus de 1.2 millions d’actifs
évoluent dans l’agriculture, où l’on enregistre une baisse notable de productivité due à
une baisse d’intérêt, conséquence d’une baisse des prix réels aux producteurs. Face à
cette situation, les producteurs ont tendance à réduire l’intensification des cultures de riz,
maïs et haricot sec aussi bien que l’élevage de poulet. La valeur ajoutée des producteurs
est à la baisse, et l’offre locale de ces produits a connu sur la période 1980-1998 un
fléchissement sensible (CNSA, 2001). Parallèlement, on assiste à un accroissement de la
dépendance alimentaire vis-à-vis de l’extérieur.
3-2-2-3-. Libéralisation des importations alimentaires
Les causes de cette récession sont aussi liées aux mesures de politique commerciale
entreprises et qui ont conduit à la mise à la casse de nombreuses entreprises, contracter la
demande locale et réduire tout intérêt à produire ou à rechercher la productivité agricole.
De ces mesures, l’ouverture aveugle de l’économie joue un rôle prépondérant.
14 75% des exploitations ont une superficie de moins de 2 ha, d’où la limitation de l’économie d’échelle
26
Conséquemment, elle favorise la contrebande quasi-légale et oriente l’économie
nationale vers la priorité de la consommation alimentaire.
Le démantèlement des barrières tarifaires dans le secteur agricole a été rapide et de
grande ampleur15 (IRAM, 1998). La libéralisation des échanges a changé la rentabilité
des divers actifs du secteur agricole et livre les producteurs locaux à une concurrence
accrue. Malgré la suppression des taxes à l'exportation, ils n'ont pas pu profiter de
nouveaux créneaux. Cette incapacité à s'ajuster à l'accroissement de la concurrence et à
pouvoir profiter des opportunités actuelles est imputable en grande partie à l’handicap de
la compétitivité dont souffre le secteur agricole.
Graphique 5 : Compétitivité du secteur agricole haïtien relativement aux USA
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Source : COUHARDE, 2005 ; d’après OCDE et BRH
Mécanisme de la libéralisation des importations alimentaires
Vu la vitesse de la libéralisation des échanges, Haïti est classé dans le groupe des
pays champions de la libéralisation des importations et parmi ceux ayant libéralisé le
plus rapidement leur économie. Suivant l'indice de restriction aux échanges (IRE)16,
l’économie haïtienne est quatre fois plus ouverte que celle des Etats-Unis et du Canada.
Ce phénomène a été déroulé en deux périodes : la prise de certaines mesures en 1986-87
15 / IRAM ; tarification des produits agricoles en Haïti ; 1998. 16 Cet indice calculé par le FMI porte ce dernier et la Banque mondiale à citer Haïti comme un exemple d’excellent réformateur.
27
puis la révision de la structure tarifaire et des protections non tarifaires en 1995-96.
Ainsi, l'élimination des restrictions quantitatives17 à l'importation et des taxes à
l'exportation, le remplacement des droits de douane spécifiques par des droits ad valorem
et l'abaissement du niveau général de protection ont été adoptés.
Graphique 6 : Valeur des importations alimentaires par habitant en USD
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Source: COUHARDE, 2005 d'après BRH et FAO
3-2-2-4-. La tertiarisation de l’économie
Elle constitue un second phénomène à la base de la dégradation de la situation
économique locale.
Graphique 7 : Évolution de la part des différents secteurs dans le PIB
Source : IHSI, Comptes Nationaux
17 Les tarifs douaniers sur les produits agricoles ont été réduits; ils avoisinent 5,9% en moyenne dont 3% pour le riz, avec un taux de droit maximal de 15%.
0%5%
10%15%20%25%30%35%40%45%50%
1975
/76
1980
/81
1985
/86
1990
/91
1997
/98
Primaire
Secondaire
Tertiaire
28
La part du secteur tertiaire dans le PIB a crû au détriment de celle des secteurs
primaire et secondaire. Elle a augmenté de 11% entre 1975/76 et 1997/98 contre une
diminution de 10,3% et d’environ 1% respectivement pour celle des secteurs primaire et
3-2-3-2-. La dollarisation de l’économie haïtienne
La substitution du dollar américain à la gourde est croissante. Elle renforce la
dollarisation de l’économie et sa dépendance vis-à-vis de l’économie américaine. Les
facteurs de l’eurodollarisation de l’économie sont : le ratio des prêts en dollar / dépôts en
dollar, la part des dépôts en dollar par rapport aux dépôts en gourde et le ratio des dépôts
en dollar par rapport à M3 et l’utilisation du dollar comme instrument d’échange à
l’intérieur du pays. La part des dépôts et le ratio de ces derniers en dollar accuse une
tendance croissante.
Graphique 10 : Evolution des dépôts en dollar par rapport à ceux en gourde
Source : BRH, 2005
0
5000
10000
15000
20000
25000
30000
35000
91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05
Dépôts en dollars
Dépôts en gourdes
31
D’après BRH (2001), la part des dépôts en dollar par rapport à ceux en gourde est
passée de 29,34% en 1998 à environ 40% en juin 2001, le ratio des dépôts en dollar de
31% en juin 2000 à 33% en juin 2001 en glissement annuel. Selon DOURA (2003), les
dépôts en USD comptaient pour 47,5 % du total des dépôts en janvier 2003 contre 38%
en juin 2000 alors qu’en juin 2003, 52,5 % des prêts consentis par les banques
commerciales au secteur privé étaient libellés en USD contre 41% en juin 2000.
Les principaux facteurs responsables dudit phénomène sont l’incertitude relative
à la situation politico-économique, l’utilisation de certains instruments de politique
monétaire, l’imposition d’un coefficient obligatoire de réserve particulièrement élevé sur
les dépôts en gourdes par rapport à ceux en devises (DOURA, 2003).
Le USD remplit actuellement le rôle que devrait jouer la gourde. Il est à la fois
vecteur d’échange, unité de compte et réserve de valeur. Cette substitution progressive
du dollar à la gourde traduit déjà une dollarisation partielle de l’économie haïtienne.
Conséquences d'une éventuelle dollarisation intégrale de l’économie
Une éventuelle dollarisation intégrale engendrait des effets positifs et négatifs au
niveau de l’économie haïtienne à l’instar de l’Argentine vers les années 1990.
Effets positifs d’une éventuelle dollarisation
• Elle évite la dévaluation de la gourde par rapport au dollar due à la stabilité
monétaire générée au niveau du pays favorable aux IDE (Investissements Directs
Etrangers) ;
• Elle entraîne un accroissement des dépôts dans les banques locales accompagné
de taux d’intérêt plus faible sur les investissements ;
• Une diminution du risque d’inflation car les déficits publics ne pourraient plus se
financer par création monétaire
Effets négatifs d’une éventuelle dollarisation
Elle réduit l’autonomie monétaire conduisant à la perte de l’indépendance de la
politique monétaire d’Haïti. Les autorités monétaires nationales seraient dans
l’impossibilité de se servir du taux de change pour amortir les chocs externes. De Bernis
considère la dollarisation comme le cas pathologique d’une nation dominée et
désarticulée au point que sur son espace géographique circule une monnaie étrangère qui
32
y sert de moyen d’échange. Enfin, la dollarisation induirait une vassalisation de
l’économie haïtienne à celle des USA.
3-2-3-3-. Cercle vicieux de la libéralisation de l’économie
Il est retenu dans cette étude comme la troisième conséquence de cette crise. Ce
cercle vicieux de marginalisation et de vulnérabilité croissante érodant les atouts socio-
économiques, infrastructuraux et environnementaux provient des tensions sociales et
politiques croissantes ajoutées aux mesures fiscales et douanières. Plus de 3,8 millions
d’individus, en majorité les ruraux, souffrent de la faim. La prévalence de cette crise
contribue à amplifier les tensions inflationnistes au niveau de l’économie nationale.
Figure 1 : Cercle vicieux de paupérisation de l’économie par la libéralisation
Source : Conception de l’auteur, 2006, d’après PNUD, 2002
3-3. La disponibilité globale Le pays connaît une détérioration progressive des capacités de ses exportations à
financer ses importations19. Cela augmente l’insécurité alimentaire du pays surtout si l’on
se réfère au rapport entre importations alimentaires et le total des exportations comme
19 Ce niveau de financement varie de 70% en 1970 à 54% en 1991, 35% en 1996 et 47% en 1998 et en 1998 le total des importations était de USD 640M soit USD 234M en produits alimentaires contre des exportations de USD 299M (BRH, 1999).
A ugm entation produits im portés
Ferm eture usines, petits ateliers puis baisse productivité agrico le
Perte d’em ploi, baisse de revenus et m igration m assive
E conom ie de consom m ation
D épréciation de la gourde
Inflation, taux d’intérêt élevé
L ibéralisation aveugle de l’économ ie
Pauvreté de m asse
D éséquilibre accéléré
N on incitation à la production et à l’exportation, port lib re
A rrêt des investissem ents privés
D éficit du com m erce extérieur
33
mesure du degré de cette insécurité. Les importations de produits alimentaires
absorberaient 78% des devises (hormis les narcodollars) produites par les exportations.
3-3-1-. Disponibilité alimentaire
La situation alimentaire haïtienne est caractérisée par une disponibilité
alimentaire insuffisante. Pour nourrir convenablement la population locale de 8 millions
d’habitants en l’an 2000 et répondre aux normes de la FAO (2260 calories/ personne/
jour), il fallait un total de 1,8 millions de tonnes d’équivalent-céréale (TEC) soit 225
kg/personne/an. La production nationale contribuait à environ 980.000 TEC (CNSA,
1996), soit un peu plus de 50% des calories requises, les importations commerciales
500.000 TEC, et l’aide alimentaire entre 100.000-150.000 TEC. La disponibilité
alimentaire est instable dans l’espace et dans le temps, avec un déficit structurel
chronique qui se situe autour de 200.000 TEC suite à la limitation de la production
alimentaire locale due à nombreux facteurs20.
3-3-1-1. Les importations commerciales
Les importations alimentaires et les exportations agricoles ont évolué en sens
inverse. En moins de vingt ans (1981-1999), ces importations ont plus que triplé pendant
que les exportations continuent de baisser. Il n'a donc eu aucun effet multiplicateur pour
les exportations agricoles. Ces dernières ont drastiquement baissé au profit des
importations alimentaires qui désormais occupent une part importante dans les
importations totales (cf. graphe 8).
Depuis 1995, les importations alimentaires excèdent les exportations agricoles
totales qui n'arrivent à couvrir parfois qu’entre 75% et 90% de ces importations. Suite à
la seconde baisse générale des tarifs dans le cadre du programme d'ajustement structurel,
les importations alimentaires occupent le tiers des importations totales. La baisse
croissante de la production céréalière (plus de 30% de la production par habitant 1992-
2001), amplifie la dépendance alimentaire du pays et rend difficile sa sortie de cette
situation d'asphyxie des importations.
20 http://www.50years.org/factsheets/haiti.html, ces facteurs sont : surface cultivée (déclivité des pentes, eau, situation foncière), main d’œuvre agricole, microclimats, intrants agricoles, mécanisation agricole, politiques fiscales et douanières, absence de politique de soutien-stabilisation des prix aux producteurs et de soutien à la demande.
34
3-3-1-2. L’aide alimentaire
Le volume d’aide alimentaire subit des fluctuations inter annuelles. Selon le tableau
ci-dessous, il passe de 68.000 TM en 1991 à 159.000 TM en 1994. Cette aide est fournie
principalement par les USA, La Communauté Européenne (CE), le Japon, le Canada et la
France.
Tableau 1: Évolution de l’Aide alimentaire livrée en Haïti (en TM)
Source: CNSA, 1999 d’après Système International d’Information sur l’Aide Alimentaire, PAM, Juin 1998,
Pour la décade, selon la CNSA (1999), les Etats-Unis ont contribué à un taux allant
de 42% à 85% soit 70% du total pour la décade, celle de la CE représente 9% du total et
dépasse les 10,000 TM par an depuis 1992. De leur côté, le Japon, le Canada et la France
ont fourni respectivement 7%, 6% et 4% du total de l’aide de la décade.
35
IV : METHODOLOGIE
Pour atteindre les objectifs poursuivis dans la présente étude, la méthodologie suivante a
été adoptée:
4-1-. Revue bibliographique Elle consiste en la collecte et la consultation des documents relatifs au travail.
Divers documents ont été sélectionnés et consultés à cet effet. La revue bibliographique a
permis de collecter des données quantitatives sur les marchés des produits alimentaires
et de change, données qui étaient nécessaires pour les analyses statistiques et
économétriques. De plus, elle a permis dans une large mesure d’aborder la problématique
et grâce aux données qualitatives de rédiger la revue de littérature.
4-2-. Choix de la période et des produits La période s’étendant de 1990 à 2004 pourrait être considérée comme une
période de crise macroéconomique en Haïti. De tous les secteurs vitaux de l’économie
frappés par cette situation alarmante, le secteur alimentaire a été l’un des plus affectés.
La détérioration croissante de la situation alimentaire est un facteur clef de la
marginalisation des haïtiens. Cette période a été marquée par l’accroissement de la part
des importations alimentaires dans l’offre alimentaire locale, des bouleversements
d’ordre social, politique et économique : coups d’état politique, embargo économique,
flambée des prix des produits alimentaires et la rentrée en vigueur du système de change
fluctuant21.
Quant aux produits alimentaires considérés, le choix a été fait de façon
exhaustive sur la base de leur poids respectif dans le calcul de l’Indice de Prix à
l’Alimentation (IPA). Soixante onze (71) produits composent le groupe « Alimentation,
Boissons et Tabacs » et sont retenus par l’IHSI (Institut Haïtien de Statistique et
d’Informatique) pour le calcul de l’IPA. Ce dernier c’est-à-dire l’IPA a un poids de
49,42% dans l’Indice de Prix à la Consommation (IPC). De ces 49,42%, la pondération
est de 4,84%, 1,64%, 5,65% et 1,09% respectivement pour le riz, le maïs, le poulet et le
haricot sec. Ainsi, deux facteurs ont motivé le choix de ces produits: leur coefficient de
21 Mesure de politique monétaire prise par la BRH depuis 1991
36
pondération dans l’IPA et leur importance nutritionnelle dans la diète alimentaire de la
population.
4-3-. Collecte des données Les données collectées pour la réalisation de l’étude sont :
• Les données de prix moyens annuels à la consommation des produits
alimentaires : riz, maïs, poulet, haricot sec. Les séries de données utilisées sont
celles suivies par l’IHSI.
• Le taux de change nominal moyen gourde - USD suivi par la BRH ;
• Les données sur le volume annuel des importations alimentaires, des productions
locales, de la consommation alimentaire pour les dits produits suivies par la FAO
(Food Agricultural Organization) et celles relatives aux aides alimentaires suivies
par la CNSA.
Ces données quantitatives ont été amplement utilisées et interviennent dans les analyses
statistiques et économétriques. Elles ont été collectées sur la série chronologique 1990-
2004.
Par contre, les données qualitatives ont été utilisées pour rédiger la revue de littérature.
4-4-. Traitement des données Les données collectées ont été soumises à une analyse en fonction des objectifs
poursuivis dans la présente étude ou pour confirmer ou infirmer les hypothèses émises.
Pour parvenir à cette fin, des outils statistiques et économétriques ont été utilisés. Les
analyses économétriques sont réalisées avec SPSS puis vérifiées avec Eviews. Par
ailleurs, Excel a été utilisé pour les calculs de base dans les analyses économiques.
Les résultats sont présentés sous forme d’équations obtenues à partir des analyses
régressives résumant la situation qui a prévalu au cours de la période considérée. Pour
chaque produit, des modèles de régression simple ont été construits expliquant la relation
existant entre l’indice de prix du produit (riz, maïs, poulet et haricot) et le taux de change
gourde/USD.
37
4-5-. Méthodes d’analyse des données et procédés de calcul 4-5-1. Part du produit importé dans la consommation alimentaire locale
La connaissance de la part des produits alimentaires importés dans la
consommation alimentaire locale est un outil important dans toute analyse de la situation
alimentaire. Elle a permis de se renseigner sur le niveau de dépendance alimentaire
nationale vis-à-vis de l’extérieur laquelle est importante dans la détermination du prix
intérieur. Elle est calculée sur une base annuelle pour chaque produit considéré par la
formule suivante :
CAV
Ppi pi 100×=
Avec : Ppi : part du produit importé en pourcentage
Vpi : volume du produit importé par année par Haïti en TM
CA : consommation alimentaire par année en TM de ce produit
4-5-2. Analyse de variance Elle a été réalisée pour tester l’égalité des moyennes des prix des produits
substituables en considérant les populations normales et les variances inconnues
avec 30<n . Le rapport critique a été calculé puis comparé au t de la table de Student au
seuil de 5% pour les produits pris deux à deux riz - maïs, poulet - haricot sec.
2121
222
211
21
__
2
__
1
n1
n1
2nns)1n(s)1n(
)()XX(t
++++−−−−++++
−−−−++++−−−−
−−−−−−−−−−−−====µµµµµµµµ
avec n1+ n2-2 degrés de liberté.
Le critère de décision est de rejeter 0H si 2; 212/ −+< nntt α ou 2; 212/ −+−< nntt α
sinon ne pas rejeter 0H .
4-5-3. Les indices de prix à l’alimentation et de taux de change
Dans le travail, l’indice de prix à l’alimentation calculé pour chaque produit est
un indice simple22. Il permet d’apprécier l’inflation alimentaire. La formule utilisée pour
calculer cet indice est la suivante : 100produitduprixdeIndice basedeanneeixPrcoursenanneeixPr ××××==== 23
22 Indice simple ou élémentaire est égal à (valeur courante/valeur de base)*100 selon TRUDEL et ANTONIUS (1991) 23 Cet indice est calculé séparément pour le riz, le maïs, le poulet et le haricot sec
38
Par ailleurs, l’indice taux de change gourde par rapport au USD est une mesure
du niveau d’appréciation et / ou de dépréciation de la gourde par rapport au dollar. Il
varie en fonction du taux de change nominal de ces deux monnaies et est calculé ainsi :
Source : FAOSTAT, FAO 2006, Bureau des Prix de l’IHSI 2005 et BRH 2005 Annexe D-2) Production, importation, consommation alimentaire, prix et Indice de prix du maïs
(Année 1990=100 pour le calcul de l’Indice de prix)
Source : FAOSTAT, FAO 2006, Bureau des Prix de l’IHSI 2005 Annexe D-4) Production, importation, consommation alimentaire, prix et Indice de prix du haricot sec
(Année 1990=100 pour le calcul de l’Indice de prix) Année Production en