Facteurs socio-économiques déterminant l’adoption et la diffusion des nouvelles variétés NERICA du riz au Bénin
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République du Bénin
&&&&&&&&&&
Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP)
&&&&&&&&
Association pour le Développement de la riziculture en Afrique de
l’Ouest (ADRAO) &&&&&&&&&&
Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB)
2.1. Analyse des perceptions paysannes................................................................................. 6 2.2. Déterminants de l’adoption des technologies émergentes .............................................. 7 2.3. Courbe de diffusion et taux d’adoption........................................................................... 9
3. APPROCHE EMPIRIQUE .......................................................................................... 10 4. RESULTATS ET DISCUSSIONS............................................................................. 13
4.1. Perceptions paysannes des nouvelles variétés du riz .................................................... 13 4.2. Déterminant de l’adoption des nouvelles variétés NERICA......................................... 17 4.3. Diffusion des nouvelles variétés NERICA.................................................................... 19
En observant le tableau 4 des indices d’offre, le premier résultat intéressant est la grande
variation de la valeur de ces indices entre les différentes variétés. Par exemple, l’indice
d’offre pour le rendement varie entre 0,38 et 0,80 et entre –0,40 à 0,82 pour la durée du cycle.
Ces résultats montrent effectivement que par les perceptions qui peuvent être subjectives, les
producteurs font belle et bien une différence entre les variétés de riz. De cette perception, il
ressort qu’en matière de rendement et de la durée du cycle, les nouvelles variétés NERICA
sont supérieures à la variété traditionnellement cultivée qui est le Gambiaca. Ceci n’est pas
étonnant en ce sens que ces deux critères sont les critères de bases dans la plupart des
programmes de sélection variétale. De plus, les producteurs sont unanimes sur le fait que le
Gambiaca ne donne pas de bons résultats vis-à-vis de ces deux critères. En effet, le Gambiaca
est une variété à cycle long (5 mois). De plus, de part sa grande taille cette variété est très
sensible à la verse ce qui l’expose à de forte attaque des rongeurs et à la pourriture. Par
conséquent, le rendement chute. Cependant, cette variété possède de fortes valeurs d’indices
de demande pour d’autres caractéristiques telles que le prix de vente, le goût et le gonflement
à la cuisson (Tableau, 4). Avec ces fortes valeurs, la variété traditionnelle est supérieure à
toutes les variétés NERICA en prenant en compte ces trois critères. Ces critères étant parmi
les critères prioritaires de choix des variétés (Voir indices de demande), il convient comme
cela a été dit plus haut de réorienter les actions de sélection variétale dans ce sens même si
cela ne semble pas être facile. Nous y reviendrons plus en détail en abordant les indices de
réalisations.
En fin, les indices de réalisation expriment les perceptions paysannes sur comment les
préférences des producteurs en matières de caractéristiques variétales sont satisfaites par
l’offre (Tableau 5). Il ressort de ce tableau comme précédemment qu’en prenant les cinq
critères de demande les plus importants, les variétés NERICA satisfont bien aux attentes des
producteurs seulement pour les critères rendement et durée du cycle. Tenant compte donc de
ces deux critères les variétés NERICA seraient plus cultivées que le Gambiaca. Par contre,
cette variété traditionnelle remplit bien les préférences des producteurs pour les trois autres
critères importants qui sont le prix de vente, le goût et le gonflement à la cuisson. Le
Gambiaca est supérieur aux NERICAs par rapport à ces trois critères. En prenant le prix de
vente, la supériorité de Gambiaca est liée au fait que les commerçantes connaissent déjà cette
variété et sont réticentes à l’égard des NERICAs qui sont encore nouvelles. Donc le prix bas
des NERICAs et aussi de la plupart des autres variétés améliorées ne serait donc pas lié à la
qualité mais surtout à un manque d’information. Une promotion de ces variétés auprès des
autres acteurs à savoir les commerçantes et les consommateurs s’avèrent indispensable. Du
17
côté des critères de goût et du gonflement à la cuisson, des travaux de recherche méritent
d’être poursuivis. En effet, l’habitude alimentaire est un facteur socio-culturel difficilement
modifiable et il convient de rechercher des variétés NERICA ayant un goût proche de
Gambiaca. De plus, ces NERICAs doivent bien gonflé à la cuisson et comment l’expriment
les producteurs « en prenant un peu, il faut que la casserole se remplissent ». En prenant les
NERICAs entre eux, le NERICA 43 semble mieux satisfaire aux différentes préférences les
importantes des producteurs. Vient ensuite le NERICA 1 et le NERICA 5. Par contre, le
NERICA 2 qui donne de rendement très bien satisfaisant mais son goût et son degré de
gonflement à la cuisson ne sont pas du tout ce que souhaitent les producteurs. Le NERICA 5
semble par contre présenté des caractéristiques en opposition directe avec le NERICAs 2. On
conclut donc que toutes les variétés NERICA n’arrivent pas à contenir ensemble toutes les
importantes préférences des producteurs. Voilà justement l’axe d’investigation qui restent à
explorer pour promouvoir une meilleure adoption des nouvelles variétés NERICA. Pour y
parvenir, le NERICA 43 pourrait selon les perceptions paysannes être un bon point de départ.
4.2. Déterminants socio-économiques de l’adoption des nouvelles variétés NERICA
Les résultats du modèle de sélection sont présentés dans le tableau 6. Il ressort de ce tableau
que ce modèle de sélection est bien indiqué pour la détermination des facteurs déterminant
l’adoption des nouvelles variétés NERICA. En effet, les résultats permettent de rejeter
clairement au seuil de 10% l’hypothèse nulle Ho : θ (coefficient de λ ) et conditionnent
le modèle de sélection. Alors, l’utilisation de tout modèle binaire simple donnerait des
résultats biaisés et inconsistants. Le test de est hautement significatif au seuil de 1% pour
le modèle d’information et d’adoption. De plus, le pourcentage de prédiction correcte est de
81,84% pour l’équation et de 60,87% pour l’équation d’adoption. Ce qui montre en que ce
modèle possède d’assez bonnes qualités prédictives.
0=A A
2χ
Quatre variables sont hautement significatives au seuil de 1% dans l’équation d’information.
Il s’agit du nombre de variétés NERICA connues dans le village, la participation du
producteur à une expérimentation ou formation sur le riz ces 5 dernières, le volume de
production du riz du village et l’introduction des nouvelles variétés NERICA dans le village.
Comme on pourrait l’espérer, il ressort de ces variables que les producteurs sont informés des
variétés NERICA dans les villages où elles sont introduites et également cette information se
diffuse mieux encore lorsque le nombre de variétés NERICA introduites augmente. Un autre
résultat intéressant est que l’importance de la production du riz dans le village a un effet
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positif sur la probabilité d’information sur les variétés NERICA. En effet, les villages à
grande production du riz sont souvent orientés vers le marché. Les producteurs de ces villages
sont donc en quête permanente des nouvelles variétés pour satisfaire la demande du marché.
Tableau 6. Résultats de l’estimation des déterminants de l’information et de l’adoption des
variétés NERICA au Bénin
Description des variables indépendantes (Nom des variables) Equation
d’information 1 Equation
d’adoption 2 Constante -3,42 (-5,45)*** -0,44 (-1,56) Sexe (SEXE) 0,03 (0,16) -0,05 (-0,55) Nombre d’années d’expérience dans la riziculture (EXPERIZ) 0,12 (0,81) __ Nombre de variétés NERICAs connues dans le village (NVNENV) 0,33 (6,58)*** __ Participation à une expérimentation ou formation sur le riz ces 5 dernières (1999 à 2004) (FORIZ) 0,52 (2,98)*** __
Volume de production du riz du village (VOPMAV) 0,83 (3,78)*** __ Village d’introduction des NERICAs (VILNERI) 0,75 (3,18)*** 0,25 (1,73)* Superficie disponible pour la riziculture (SUDISP) __ 0,03 (1,89)* Nombre de variétés améliorées (sans les NERICAs) connues dans le village (NVAANV) __ -0,04 (-2,81)***
Nombre de NERICAs cultivées en 2004 (NECULT) __ 0,21 (4,82)*** Disponibilité des intrants du riz (semences et engrais) dans le village (DISPO) __ 0,15 (1,57)
Accès au crédit pour la riziculture (ACRED) __ -0,14 (-1,39) Disponibilité de terre propice à la riziculture dans le village (DITERV) __ 0,16 (1,76)* Importance du goût dans le choix des variétés du riz (GOUT) __ 0,16 (1,71)* Importance du prix de vente dans le choix des variétés du riz (PRIV) __ 0,14 (1,65)* Importance du rendement dans le choix des variétés du riz (REND) __ 0,25 (1,49) Nombre d’observations 347 92 % de Prédiction correcte 81,84 60,87
2χ 112,81 (ddl=6)***
48,35 (ddl=11)***
Aλ __ 0,20 (1,71)*
Source : Résultats des modèles, ADRAO/PAPA, 2005. Note : Les valeurs entre parenthèses sont les valeurs du test t de Student. * ; ** et *** représentent respectivement le seuil de signification de 10%, 5% et 1%. L’hypothèse nulle selon laquelle tous les coefficients à l’exception de la constante sont égaux à zéro est testée avec le test . 2χ1 La variable dépendante prend la valeur 1 si le producteur est informé (connaît) au moins une variété NERICA et 0 si non. 2 La variable dépendante prend la valeur 1 si le producteur a adopté au moins une des variétés NERICA et 0 si non. Dans le modèle d’adoption, sept variables sont significatives et possèdent pour la plupart des
signes prédits. Le nombre des autres variétés améliorées connues dans le village a un effet
négatif sur la probabilité d’adoption des NERICAs. Autrement dit, les producteurs adoptent
ces nouvelles variétés dans les villages où peu de variétés améliorées existaient. Ceci
constitue donc des axes à prendre en compte pour la vulgarisation de ces nouvelles variétés
NERICA. De plus, la variable superficie disponible aussi bien au niveau individuel qu’au
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niveau village est un facteur déterminant l’adoption des variétés NERICA. Ceci montre que
lorsque la terre est disponible les producteurs de la zone d’étude vont adopter les NERICAs.
En effet, avec la conjoncture actuelle du coton, les producteurs sont en train de rechercher une
culture de rente en substitution. Dans ce sens, les terres nouvelles sont mises en culture avec
les variétés NERICA.
Par ailleurs, deux des trois variables de perception incluses dans le modèle sont significatives
avec des signes attendus. Les variables goût et prix ont donc un effet positif sur la probabilité
d’adoption des variétés NERICA. Ce qui montre que plus les nouvelles variétés vont remplir
les attentes des producteurs par rapport à ces critères plus elles seront adoptées. Ceci confirme
les résultats de la section précédente sur les indices calculés. Par contre, le coefficient de la
variable importance du critère rendement dans le choix des variétés du riz n’est pas
significatif mais a le signe attendu. En réalité, de façon unanime tous les producteurs
reconnaissent que ce critère est le premier critère de choix des variétés. C’est donc une
variable presque constante (93% des informés des nouvelles variétés NERICA estime que ce
critère est un critère important (Voir Tableau 2)). On conclut donc comme précédemment que
ces critères doivent être mieux visés dans le cadre des activités d’amélioration variétale.
4.3. Diffusion des nouvelles variétés NERICA
L’estimation de l’équation 8 a permis d’avoir la courbe de diffusion logistique des nouvelles
variétés NERICA au Bénin (Figure 1). Cette figure montre que le pourcentage des adoptants
des NERICAs est passé de 3,3% en 1997 à 26,4% en 2001. Ce qui correspond à un
accroissement de près de 23% en cinq années. Cet accroissement est proche de celui obtenu
pour les mêmes variétés en Côte d’Ivoire pour la période de 1996 à 2000 (Diagne, 2004). En
effet, le pourcentage des adoptants des NERICAs en Côte d’Ivoire est passé de 14% en 1996
à 38% en 2000. Par la suite, le pourcentage des adoptants des nouvelles variétés NERICA au
Bénin a rapidement augmenté en atteignant un niveau de 67,8% en 2004. En réalité, il s’agit
ici du pourcentage des adoptants à l’intérieur de la population des informés. En effet, on
obtient des valeurs extrêmement plus faibles lorsque l’on considère le pourcentage des
adoptants par rapport à toute la population (informé et non informé). Ce pourcentage ne serait
que de 18% (63/347*100) en 2004. Ce pourcentage des adoptants rapporté toute la population
est faible parce qu’il souffle de façon substantielle de biais d’information résultant du faible
niveau de diffusion de ces nouvelles variétés. En effet, ce biais résulte du fait que le
pourcentage des adoptants par rapport à toute la population compte parmi les non adoptants
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les producteurs non informés qui auraient adopté s’ils avaient l’information.
Comparativement au pourcentage des adoptants dans la population, le pourcentage des
adoptants à l’intérieur de la population des informés est donc un bon estimateur du vrai
pourcentage des adoptants de la population (Diagne, 2004).
0,00
20,00
40,00
60,00
80,00
100,00
120,00
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
Années
Taux
d'a
dopt
ion
cum
ulé
Figure 1. Courbe logistique de diffusion des nouvelles variétés NERICA au Bénin.
5. CONCLUSION
Au Bénin, les nouvelles variétés NERICA du riz ont été introduites en 1997 par les essais
« Sélection Variétale Participative » (PVS). Cette étude a utilisé un modèle de sélection pour
analyser les facteurs déterminant l’adoption et la diffusion de ces nouvelles au Bénin. Il
ressort des résultats que le rendement, la durée du cycle, le goût, le gonflement à la cuisson et
le prix sont les critères les plus importants dans le choix des nouvelles variétés du riz.
L’analyse des indices d’offre et de réalisation montre que parmi ces cinq principaux critères
de demande, les variétés NERICA satisfont bien aux attentes des producteurs en ce qui
concerne le rendement et la durée du cycle. Tenant compte donc de ces deux critères, les
variétés NERICA seraient plus cultivées que le Gambiaca. Par contre, cette variété
traditionnelle remplit bien les préférences des producteurs pour les trois autres importants
critères que sont le prix de vente, le goût et le gonflement à la cuisson. Toutes les variétés
NERICA n’arrivent pas à contenir ensemble toutes les importantes préférences des
producteurs. Il convient à l’avenir que plus d’attention leur soit accordée par les institutions
de recherche sur le riz telles que l’INRAB, l’ADRAO, l’IITA, etc. Ces résultats des indices
pour l’analyse des perceptions paysannes ont été confirmés par le modèle de régression. Deux
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des trois variables de perception incluses dans le modèle de sélection sont significative avec
des signes prédits. Les variables goût et prix ont donc un effet positif sur la probabilité
d’adoption des variétés NERICA. Ce qui montre que plus les nouvelles variétés vont
rencontrer les attentes des producteurs par rapport à ces critères plus elles seront adoptées.
Par ailleurs, le nombre d’autres variétés améliorées connues dans le village a un effet négatif
sur l’adoption des NERICAs. Autrement dit, les producteurs adoptent ces nouvelles variétés
dans les villages où peu de variétés améliorées existaient. Ceci constitue donc des axes à
prendre en compte pour la vulgarisation de ces nouvelles variétés NERICA. De plus, la
variable superficie disponible est un facteur déterminant l’adoption des variétés NERICA. En
effet, avec la conjoncture actuelle du coton, les producteurs sont en train de rechercher une
culture de rente en substitution et dans ce cadre les terres nouvelles propices à la riziculture
sont mises en culture avec les variétés NERICA.
La courbe de diffusion logistique des nouvelles variétés NERICA au Bénin a montré que le
pourcentage des adoptants à l’intérieur de la population des informés a connu un
accroissement de 23% en cinq années (en passant de 3,3% en 1997 à 26,4% en 2001). Par la
suite, ce pourcentage des adoptants des nouvelles variétés NERICA à l’intérieur de la
population des informés a rapidement augmenté en atteignant un niveau de 67,8% en 2004.
L’étude a montré qu’on obtient des valeurs extrêmement plus faibles lorsque l’on considère le
pourcentage des adoptants de toute la population (informé et non informé). Ce pourcentage
biaisé et inconsistant ne serait que de 18% en 2004.
En fin, au vu des résultats obtenus, l’étude suggère :
étendre cette recherche sur l’adoption et la diffusion des NERICA dans les autres
départements du Bénin où ces variétés ont été introduites ; et
des travaux soient entrepris pour estimer l’impact de ses nouvelles variétés NERICA
sur la pauvreté en milieu rural au Bénin.
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Références bibliographiques
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