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Fables De Fées
Fables De Fées
Écrit parNathalie Viel
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INTRODUCTION
En ce temps-là vivaient le Roi Charmant,Serpentin-Vert et Florine ma-mie,
Et, dans sa tour pour cent ans endormie,Dormait encore la Belle-au-Bois-Dormant.
C'était le temps des palais de féerie,De l'oiseau Bleu et des Pantoufles de verre,Des longs récits dans les longs soirs d'hiver:
Moins sots que nous y croyaient, je vous le dit.
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Table des matièresLe rosier enchanté . . . . . . . . . . . . . . .
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Belle-Mignonne . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Sauge-Fleurie. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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LE ROSIER ENCHANTÉ
Jeannot, un soir, cheminait dans le bois
Et regagnait la maison d'un pied leste,
Lorsqu'une Voix, qui lui parut céleste,L'arrêta net:
«Jeannot!» disait la Voix.Qui fut surpris? Hé Oui! ce fut notre homme.
Il ne s'était aucunement doutéQu'il cheminait dans le Bois Enchanté.
S'il n'avait peur, ma foi! c'était tout comme.
Il demeura tout transi.«Jeannot, mon bon Jeannot!» redisait-elle.
Ce n'était pas, une voix mortelleMais plutôt une assez charmante pour supplier ainsi.
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Or, en ce lieu, poussait plus haut qu'un ormeUn Rosier d'or aux roses de rubis.
Le paysan se serait enrichiD'une seule fleur de ce rosier énorme.
La Voix partait de ces rameaux touffus,Dans lequel il y vit une gentille Fée,
De diamants et de perles coiffée.Jeannot tira son bonnet, tout confus.
«Jeannot, je veux te conter ma misère,»Dit-elle; «écoute et remets ton bonnet.
Je te demande une chose qui estQue trop plaisante à tout amant sincère.»
Le jeune homme écarquillait les yeux,D'extase, et restait tout oreille.
Il n'avait vu jamais beauté pareille,Ni de fichu d'argent aussi soyeux.
La Fée était belle et parfaite,Rare, en effet, et mignonne à ravir,
Si pour toujours je devais l'aimer et la chérir,J'en voudrais une qui comme elle faite!
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«Mon bon Jeannot, aime-moi seulement,»Reprit la Fée; «il n'est point de tendresses
Et de baisers ainsi que de bonnes caresses,Que je ne fasse à mon fidèle amant.Aime-moi bien, puisque je suis jolie,Aime-moi bien aussi, pour ma bonté.Car je suis liée à cet arbre enchanté:
Romps, en m'aimant, le charme qui m'y lie.»
«Je ne dis pas non,» fit l'homme, «et je m'en vaisTout droit conter ce cas à ma mère.
Conseil ne nuit: on ne cueille pomme amèreQue sans pour autant le pommier en soit mauvais.»
Il parti conter la chose telle quelle,Riant, pleurant, amoureux et dispos.
Du coup, sa Mère en laissa échappé deux potsQu'elle tenait.
«Eh! mon gars,» lui dit-elle,«Fais à ton gré. Elle nous fait un grand honneur.
Va, mon garçon, et pousse l'aventure.Car il y aura des gens, qui malgré notre roture,
Nous donnera bientôt du Monseigneur!»
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Elle rêvait déjà vaisselle plate,Plus de viande salée, mais belle venaison,
Vin en tonneaux et le linge à foison,Cotte de soie et robe d'écarlate.
Jeannot courut.L'aurore descendait des cieux
Et avait poussé sa lueur roselée.La Fée était bel et bien envolée
Et tout le Bois rose et silencieux.
MORALITÉ
Ne tardez pas, quand l'heure heureuse sonne,Gentils amants. Aimez-vous sans façon.
Le bel Amour n'a besoin de leçon,Le bel Amour ne consulte personne.
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Aime-moi seulement
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BELLE-MIGNONNE
CHAPITRE UN
La jeune fille avait seize printemps,Celle dont je veux vous raconter la vie.
La légende que j'ai suivieÀ fait régner son père du temps
Que l'histoire n'était pas encore écrite.Peu importe. Mais je voudrais
Quand même faire aimer ses gentils attraitsSelon leur grâce et leur mérite.
Belle-Mignonne était son nom.Ce nom, s'il faut que je raisonne,
Venait de ce que sa personneN'avait de trait qui ne fut pas mignon.
Parmi les plus belles merveilles,Il n'y avait de telle beauté,
Tant que chaque Prince invitéN'avait plus que soucis et veilles.
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Ils amenaient de grands présentsEn or, joyaux et haquenées,En étoffes bien façonnées,
En santal, myrrhe et grains d'encens,Ce qui faisait bien mieux l'affaireDu Roi que les maigres cadeaux
En sonnettes, dizains et rondeaux,Que les Poètes venaient lui faire.
Parmi tous ces beaux fils de Roi,tait un pauvre petit pageÉ
Qui n'avait aucun équipage,ni joyaux, ni palefroi.
Le rang ne vaut pas l'âme bien faite.Il se nommait Parfait,
Et même son âme, en effet,Comme sa mine, était parfaite.
La jeune fille l'aimait en secret,Bien qu'encore aucune parole,
De bouquet parlant ou banderoleEût rassuré l'amant discret.
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Et notre amant, mélancolique,D'autre part, ne pouvait oser
A cette grande Dame, exposerSa très amoureuse supplique.
Ils faisaient pourtant de grands vœux,Ne voulant qu'être unis ensemble.
Tout en n'avouant rien, il me semble,Ils pouvaient compter pour aveux
Rougeur et trouble dans leur attitudeQui ne trompait pas le bien-aimé,
Ainsi que leur coup d'œil à point nomméEt leur bienheureuse inquiétude?
CHAPITRE DEUX
Sachez, sans aller plus avant,Que Mignonne eut à sa naissance,
D'une Fée, puissante,En magie et charme savant,Le joli don de faire naître,
Sous ses pas, des fleurs à foison,En tout temps et toute saison,
Quand Amour se ferait connaître.
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Notre Marraine avait étéMalicieuse autant que bonne,
En cela contraire à la Fée Sorbonne,Qui avait ni malice ni bonté.
Il advint, je pense,Qu'à ce fait, petit à petit,Leur même désir aboutit,
Et que l'amour eut sa récompense.Le page reçut, un beau jour,Un message de sa maîtresse,
Qui lui demandait, par lettre expresse,De l'attendre au pied de sa tour,
Qu'elle descendrait à sa vue,Et que le soir même elle irait,
Avec le Page, où Dieu voudrait.Alors de son seul amour pourvue.
Dans un linge de satin légerLa jeune fille enferma son message,
Et quelque enfant de passageFut au Page son messager.
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La rencontre eut lieu, j'imagine.Et, cette nuit-là, par les champs
Il se dirent bien des mots touchants,Et bien des baiser que désiraient leurs mines.
Laissons-les, où qu'ils soient allés:Car dès l'aube, une route fleurie
Vers nos amants, comme une féerie,Nous conduisait, vous le pensiez.
Car le don que sa MarraineDonna à Belle-Mignonne en naissant
Fit que ses pieds allaient traçantUn beau chemin de fleurs, sans graine.
Chacun de ses pas amoureuxAvait fait naître œillets, pervenches,
Roses roses, rouges et blanches.Pavots divers et lys nombreux,Et naître mauves, pâquerettes,
Herbe aux perles, reines des prés,Hyacinthes, glaïeuls pourprés,
Folle avoine aux folles aigrettes,Et naître encore serpolets,
Muguets, sauges et véroniques,
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Pivoines aux rouges tuniques,Soleils d'or, iris violets,Et roselettes centaurées,
Basilics aux parfums troublants,Menthes, liserons bleus ou blancs
Et belles-de-nuit azurées,Et, s'il fallait dire en tout point
Les fleurs qu'elle avait fait éclore,Pas plus que les jardins de Flore,Mon jardin n'y suffirait point.
CHAPITRE TROIS
Quand les servantes éveilléesVirent jusqu'aux horizons bleus
Ce beau chemin miraculeux,Du haut des tours ensoleillées,
En hâte, elle allèrent voir les Dames du palaisLeur conter la chose,
Et les Princes, pour même cause,Furent cherchés par leurs valets.
Alors ce fut un grand remue-ménageDans le château, jusqu'au point
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Où ayant mis son plus beau pourpoint,Le Roi fut du pèlerinage.
La Cour entière par les présMarchait en ordre à sa suite,
Suivant nos amants et leur fuiteDans tous les détours que ce chemin avait drapés.
La surprise était infinieQue ce nouveau printemps
Foisonnât de fleurs dans un tempsOù il n'y avait aux champs qu'herbe jaunie.
Or cet admirable cheminMenait à la forêt prochaine.
Il n'était charme, orme, if ou chêneQui ne fût tendu de jasmin,
De chèvre-feuille, de glycine,De vigne vierge et d'autres fleurs,Mêlant et tramant leurs couleurs,D'une branche à l'autre voisine.Tant et si bien, qu'en ces lieux
Ce n'était plus, comme dans l'entourage,D'une forêt d'automne sans ombrage,
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Mais plutôt dans celui d'un palais merveilleux,Aux murs faits de branches taillées,
Et bâtis de fleurs en arceauxOù chantaient de rares Oiseaux,
Sur des corniches de feuillées.
De leurs cent voix, l'écho chanteurSalua le Roi dès l'entrée,
Dont l'âme encore fut pénétréeD'une fraiche senteur.
Laquelle était si bien forméeDe tant de parfums différents,
Qu'à mon embarras je comprendsQu'aucun auteur ne l'ait nommée.
Le Roi avançait pas à pasEt poussa jusqu'aux galeriesOù figuraient ses armoiries
De lys sur lesquelles était écrit ne-m'oubliez-pas.Il fut touché de cet hommage
De la Fée, d'autantQue les Oiseaux allaient chantant
Ses hauts faits en ramage.
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CHAPITRE QUATRE
Les Oiseaux avaient leur secretQui le précédaient de leurs volées,
Le menant d'allée en allée,De salon en grotte et en retrait.
Toute la noble multitudeCueillait des fleurs, chemin faisant,
Et l'on arriva, en discutantDe solitude en solitude,
Jusqu'à l'antre d'or où, parmiDes fleurs plus blanches que nature,
Mignonne, cette belle créature,Dormait près du Page endormi.
Le Roi qui contint sa colèreDevant ce spectacle nouveau,
Qu'un tel cas à son royal cerveauNe pouvait, vraiment, que déplaire.Et surtout, qu'au premier moment,
En voyant ce tableau coupable.Il aurait bien été capable
D'ordonner qu'on pendît l'amant.
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C'était vraiment un pauvre sire,N'ayant ni de sou, ni cotte de maille, ou de nom,
Si mince et petit compagnonQu'un écuyer eut daigné l'occire!
Ils étaient pourtant beaux ainsi,Tête contre tête penchée,
Chevelure en blonde jonchée,Et bras enlacés à merci.
Ils souriaient, et dans leur rêve,Aussi charmant qu'eux et léger,Ils semblaient encore prolonger
L'heure des amants toujours trop brève;Car ils balbutiaient entre eux
Des mots si doux avec des voix si tendre,Qu'aux bois il n'est plus doux d'entendre
Ensemble rameaux amoureux.«Je vous aime, Belle-Mignonne;»
«Je vous aime, Page-Parfait;»Redisaient-ils. Amour de fait
Autrement plus qu'ils ne jargonnent.
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Le bel Amour n'a jamais tort.Le Roi pouvait-il d'aventure
Empêcher que, contre nature,Amant aimé fût le plus fort?
Contre ouragan, feu, fer et flamme,Contre vent, marée et fureurs,
Poisons, serpents, rois, empereurs,Prévaut la force aimante de l'âme.Notre Roi donc, bien qu'à regretEt bien qu'il perdit l'assurance
Des grands présents dont il avait espéranceChaque Prince à sa fille offrirait(Ce dont il faisait le décompte),
Consentit bien à les unir,Ainsi qu'il devait advenir
De la façon que je vous raconte.Tout bon courtisan approuva,
Quoiqu'il en eût qui était vert de jalousie.Il n'est royale fantaisie
Qu'on ne suive comme elle va.
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Aussi fut-ce chants d'hyménée,Fleurs en bouquets et compliments
Lorsqu'au réveil des amantsEt de leur grande joie étonnée.Les noces durèrent trois mois:
Il faudrait pour les conter tellesLes belles Muses immortelles
De Ronsard, le grand Vendomois.Sachez seulement que la Reine
Et le Roi n'oublièrent pasDe faire prier au repas
La malicieuse Marraine.
MORALITÉ
Ce chemin de fleurs peut montrer,Si ma fable vous embarrasse,
Que l'amour laisse après soi sa trace.Aussi je veux encore expliquerQue l'amour est chose si fleurie.
Qu'il ne peut longtemps se cacher,Ni ses belles fleurs empêcherD'être telles qu'on est bâtie.
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Le don reçu par la Fée
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SAUGE-FLEURIE
CHAPITRE UN
Alors vivait sans crédit ni richesseUne Fée humble et seule; car il y avait
Des rangs parmi ces Dames, s'il vous plaît,Comme, chez nous, de servante à duchesse.
Bien qu'elle n'eût ni renom ni pouvoirEt qu'elle fut pauvre dans sa confrérie,
Pauvre pour toujours avoir besoin, Sauge-Fleurie--Tel est son nom--était charmante à voir.Au bord d'un lac tout fleuri de jonquilles,
Elle habitait le tronc d'un saule creuxEt ne quittait son réduit ténébreux
Pas plus que ne font les perles avec leurs coquilles.Mais un beau jour que, chassant dans le bois
Avec sa meute et un superbe équipage,Le fils du Roi menait alors grand tapage
Du bois au lac un cors aux abois,Pour voir les chiens et une belle poursuite
Ainsi que les pourpoints brillants des cavaliers,
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Elle quitta son arbre, par curiositésEt regardait passer le Prince avec sa suite.
Le Fils du Roi, qui saluait déjà(Car c'est de Fée à Prince assez l'usage)
En voyant mieux un si charmant visage,S'arrêta court et la dévisagea.
Sauge, sans plus se cacher dans les branches,En le voyant si beau, de son côtéLe regardait devant elle arrêté,
Droit dans les yeux de ses prunelles franches.
Naïf amour qui par pudeur s'enhardit.Le Fils du Roi baissa les yeux par contre;Chacun s'en fut méditant la rencontre:
Tous deux s'aimaient et ne s'étaient rien dit.
CHAPITRE DEUX
Or tout se sait: une Maîtresse-FéeFit donc venir Sauge à son tribunal.
Vêtue de la couleur de l'oiseau cardinal,La Vieille d'aspects ébouriffée.
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Elle était vieille, et par cela j'entendsQue de jeunesse elle était ennemie.
Elle dit donc. «Je veux, Sauge, ma mie,«Te corriger, s'il en est encore temps,»
Car sans mon zèle,Vous alliez nous donner belle à ravir
Et ma foi vous alliez nous servirUn joli plat d'amour, Mademoiselle.
Passe un beau Sire et, sans plus de façons,Voilà mes gens amoureux face à face!Pardieu! plutôt que la chose se fasse
Je ferai pendre ici dix beaux garçons.»Et ce disant elle parut si méchante
Qu'elle eût fait peur même au Roi Très Chrétien.Par sa beauté, sa grâce et son maintien,Sauge-Fleurie était pourtant touchante.
Mais rien ne fait lorsqu'il y a haine et pouvoir.«Il faudra bien que ta bouche me réponde,Car, sans chanter, il n'est poule qui ponde,
Sauge ma mie et je vais y pourvoir!»
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Je vous dirai, sans tarder davantage,Si votre cœur s'intéresse à son sort,
Qu'aimer un homme était un cas de mortPour Sauge, qui n'avait pris aucune chair en partage.
Ce que prouva la Vieille en ce matinQui dépassait l'intellect en puissance,Et distingua des cas de quintessence
A dérouter Sauge et l'abbé Cotin.
Sauge, pourtant, demeurait bouche closeEt de cela ne voulait seulement
Qu'aimer le Prince et mourir en l'aimantComme disait la Vieille avec sa glose.Sans moi déjà vous avez pu songer
Que cette affaire devant la loi formelleEt des aveux, notre juge femelle
Condamna Sauge sans la ménager.Et pensez bien que la Fée amoureuse
Qui marchanda son immortalité,Et donc du coup, comme on me l'a conté,Elle s'en fut-plus que vivante heureuse!
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CHAPITRE TROIS
Or nul pouvoir ne pouvait s'opposer,Malgré l'arrêt de notre Vieille en rage,Au libre emploi de son gentil courage
Non plus qu'au choix de son premier baiser.Sauge, à pied donc comme lors d'un pèlerinage,
Alla trouver le Prince en son château,Et tout le long de la route porta un manteauRude et grossier qui cacha son personnage.
Elle arriva par la pluie et le vent,Qui sur elle laissa sa crue;
Et, si les gens ne l'eût pas reconnue,Elle ne surprit point le Prince en arrivant.
«Mon cœur, dit-il, je vous attendait, Princesse;Du bois au lac, je vous cherchais, ma Fleur,
Et je fatiguais du cri de ma douleurL'onde et le ciel, n'ayant repos ni cesse.»
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Et ce disant, il se prit à baiserA deux genoux sa main mignonne et fine,Et puis voulut sur l'heure à la Dauphine
Présenter Sauge avant de l'épouser:Il lui fit faire dans l'âtre une belle flamme
Pour sécher d'abord tant de beauté,De naturel et de simplicité
Et cet état le touchait jusqu'à l'âme.Il fit venir perles, saphirs, rubis,
Bijoux montés et beaux luths de Vérone.Il fit même apporter la couronneEt préparer de merveilleux habits.
CHAPITRE QUATRE
Sauge admira ces objets sans envieEt dit:
«Seigneur, mes beaux jours sont comptés.Aimez-moi bien, et jamais ne doutezDu bel amour dont j'ai eu l'âme ravie.
Est-il pour moi besoin de tant d'apprêt?N'aimez-vous point la belle solitude?
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Et des amants n'est-ce plus l'habitudeDe mieux s'aimer quand l'amour est secret?
Restons ici sans plus, si bon vous semble.Nos yeux pourront se parler à loisir,
Et nous n'aurons de plus charmant plaisirQue seul à seul à demeurer ensemble.
Auprès de vous, je sens mon cœur léger.Légère est l'heure aussi qui me convieEt là, tout beau! je vous donne ma vie.
Prenez-la donc, mais sans m'interroger.»
Elle lui fit un généreux sourireJamais ne regrettant ce qu'elle avait fait,
N'y songeant même. Et son bonheur parfaitEn mots humains ne pouvait se décrire.
Amour et Mort sont toujours à l'affût.Ne croyez pas que celle que je pleure
Fut épargnée. Car elle sécha sur l'heure
Comme la fleur de sauge qu'elle fut.
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MORALITÉ
Je compte peu qu'une femme ainsi m'aimeJusqu'à mourir: ceci montre, pourtant,
Que pour aimer, ne fût-ce qu'un instant,L'on brave tout, Madame, et la Mort même.
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