REPUBLIQUE DU BENIN MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ELEVAGE ET DE LA PECHE COOPERATION DANOISE DANIDA PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT PNUD PROFIL DE LA PAUVRETE RURALE ET CARACTERISTIQUES SOCIO- ECONOMIQUES DES MENAGES RURAUX SYNTHESE DES DEPARTEMENTS Novembre 2001 ____________________________________________________________ PROJET BEN/96/001 PROGRAMME - CADRE DE RENFORCEMENT DES CAPACITES INSTITUTIONNELLES ET DE GESTION (PRCIG) ETUDE SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES RURAUX (ECVR2) Edition 1999-2000
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ETUDE SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MENAGES RURAUX …
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REPUBLIQUE DU BENIN
MINISTERE DEL’AGRICULTURE, DEL’ELEVAGE ET DE LA
PECHE
COOPERATIONDANOISE
DANIDA
PROGRAMME DESNATIONS UNIES POURLE DEVELOPPEMENT
PNUD
PROFIL DE LA PAUVRETE RURALE ET CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DES MENAGES RURAUX
SYNTHESE DES DEPARTEMENTS
Novembre 2001____________________________________________________________
PROJET BEN/96/001PROGRAMME - CADRE DE RENFORCEMENT DES CAPACITES
INSTITUTIONNELLES ET DE GESTION (PRCIG)
ETUDE SUR LES CONDITIONS DE VIEDES MENAGES RURAUX
(ECVR2)
Edition 1999-2000
ii
AVANT-PROPOS
L’étude sur le profil de la pauvreté et les caractéristiques socio-économiques des ménages ruraux s’inscritdans le cadre des activités de l’Observatoire des ménages ruraux. L’Enquête sur les Conditions de Vie des MénagesRuraux (ECVR) a pour objectif de fournir aux décideurs des éléments de base nécessaires à la connaissance et à laquantification du phénomène de pauvreté en milieu rural. Elle se veut, un outil précieux dans la mise en œuvre depolitiques en matière de lutte contre la pauvreté au Bénin.
Le présent document présente, pour la deuxième édition de l’ECVR réalisée entre Mars 1999 et février2000, la version révisée de la synthèse des résultats des départements suivant le nouveau découpage administratif. Ila été rédigé en version préliminaire par Monsieur Yves AJAVON puis finalisé par Monsieur Cosme VODOUNOUavec la collaboration de Monsieur Ambroise AGBOTA qui a rédigé l’introduction. Le traitement informatique desdonnées a été effectué par Monsieur Félix SESSOU puis repris par les consultants nationaux Cosme VODOUNOU,Epiphane ADJOVI et Assogba HODONOU.
Le document est le fruit des réflexions et concertations régulières et périodiques de nombreux cadres desdirections techniques et des Directions de la Programmation, du Suivi et de l'Evaluation (DPSE) des six CARDERdu Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et la Pêche (MAEP), des cadres de la cellule technique de la DimensionSociale du Développement (DSD) et de l'INSAE, du Ministère Chargé de la Coordination de l’ActionGouvernementale, de la Prospective et du Développement (MCCAG-PD), des consultants internationaux etnationaux avec le soutien technique et financier du PNUD et de la DANIDA.
Ont participé à ces séances de travail, de revue à mi-parcours et d'analyse des résultats de chacun desquatre passages :
- Messieurs les auteurs de ce document;
- Messieurs Soulé Manigui, Yves Ajavon, Edgard Didavi, Nazaire Ehoumi, Emmanuel Foudah, Luc Kpoffon etSossou Biadja Grégoire de la DPP/MDR; Messieurs Pierre Basso et Roger N’kouei du CARDER Atacora;Messieurs Tabé Bio Séko, Taïrou Gnan Arouna Salifou du CARDER Atlantique; Messieurs Frédéric Biaou etGaston Agossou du CARDER Borgou; Messieurs Nestor Gomido et Donatien Zola du CARDER Mono;Messieurs Séïdi Sahabi, Honoré Grimaud et Jean Kocou Tossa du CARDER Ouémé; Messieurs HilaireKotomalè et Jacques Davo du CARDER Zou;
- Messieurs Martin Gibril, Moussiliou Moustapha, de l'INSAE; Messieurs Ignace Allagnon et Ayi Padonou duMCCAG-PD;
Les auteurs tiennent à remercier Mesdames Rosine Coulibaly, Yvette Houngbo et Messieurs Eric MartinCorréa, Maurice Bankolé, Evariste Vigan, Eric Tossou et Eric Dadjo pour leurs commentaires et apports qui ontpermis d'améliorer le contenu du document. Les remerciements vont également vers les nombreux enquêteurs etcontrôleurs, le personnel du projet BEN/96/001 "Programme-Cadre de Renforcement des Capacités Institutionnelleset de Gestion" PRCIG du PNUD et tous les membres des nombreux ménages ruraux qui se sont prêtés àl'investigation.
iii
TABLE DES MATIERES
PagesAvant-propos iiListe des tableaux. VListe des graphiques et figures. ViiiListes des abréviations et sigles ViiiIndicateurs de base de la pauvreté en milieu rural IxFaits saillants Xi
0. INTRODUCTION 10.1. Contexte de l’ECVR.. …. 10.2. Objectifs ….. 20.3. Présentation du document 2
1. BREF APERÇU SUR LE BENIN …. 31.1. Délimitations.. 31.2. Caractéristiques démographiques 31.3. Caractéristiques agro-écologiques 31.4. Organisation administrative et vie économique. 4
2. INDICATEURS DE MESURE DE LA PAUVRETE EN MILIEURURAL….. 42.1. RAPPEL METHODOLOGIQUE.. 42.1.1. Période de référence et Echantillon…. 42.1.2. Outils d’analyse.. 6
2.2. SEUILS DE PAUVRETE RURALE.. 72.2.1. Seuil de pauvreté alimentaire. 72.2.2. Seuil de pauvreté global. 11
2.3. INCIDENCE, PROFONDEUR ET SEVERITE DE LAPAUVRETE …..
15
2.3.1. Incidence de pauvreté rurale selon le SPA………………….……………..
15
2.3.2. Incidence de pauvreté rurale selon le SPG 202.3.3. Ratio du déficit des dépenses : Profondeur de la pauvreté. 242.3.4. Coefficient de contribution de chaque département à la pauvreté
nationale 252.3.5. Montant total de ressources nécessaires pour éliminer la pauvreté
282.3.6. Pauvreté structurelle et pauvreté conjoncturelle sur la période
d’étude. 29
3. PROFIL DE PAUVRETE EN MILIEU RURAL ETCARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES DES MENAGESAU REGARD DE LA PAUVRETE. 32
3.1. PROFIL DE PAUVRETE 323.1.1. Sexe du Chef de ménage 323.1.2. Taille du ménage 333.1.3. Age du chef de ménage 333.1.4. Statut de profession et branche d’activité du chef de ménage 34
iv
3.1.5. Niveau d’instruction du chef de ménage . 35
3.2. CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DESMENAGES AU REGARD DE LA PAUVRETE 36
3.2.1. Caractéristiques démographiques 363.2.2. Emploi des ménages ruraux 463.2.3. Revenus des ménages ruraux 483.2.4. Dépenses de consommation des ménages ruraux 49
4. ETATS NUTRITIONNEL ET SANITAIRE ET ACCES AUX SOINS DESANTE DES MEMBRES DES MENAGES RURAUX 53
4.1. Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon laclassification de Waterlow 53
4.2. Etat sanitaire des membres des ménages ruraux 604.3. Accès à l’eau potable et participation à la gestion et l’entretien des
infrastructures hydrauliques. 62
5. NIVEAU D’INSTRUCTION ET DE SCOLARISATION DESMEMBRES DES MENAGES RURAUX 68
6. CONCLUSION 70
v
LISTE DES TABLEAUXPages
Tableau 2.1 Seuils de pauvreté alimentaire annuel par département et par passage(FCFA, valeur nominale)
9
Tableau 2.2 Seuils de pauvreté global annuel par département et par passage (FCFA,valeur nominale)
12
Tableau 2.3 Variation du seuil de pauvreté global entre 1994/95 et 1999/2000 pardépartement
15
Tableau 2.4 Incidence de la pauvreté alimentaire par département et par passage 16
Tableau 2.5 Evolution de l’incidence de pauvreté selon le SPA entre 1994/1995 et1999/00
17
Tableau 2.6 Taux d’accroissement de l’incidence de la pauvreté alimentaire entre1994/95 et 1999/00
18
Tableau 2.7 Vulnérabilité à la pauvreté alimentaire par département et par passage 19Tableau 2.8 Variation saisonnière de la vulnérabilité entre les deux périodes
d’édition de l’ECVR20
Tableau 2.9 Incidence de la pauvreté globale par département et par passage 21
Tableau 2.10 Evolution de l’incidence de la pauvreté selon le SPG entre 1994/95 et1999/00
22
Tableau 2.11 Taux d’accroissement de l’incidence de la pauvreté entre 1994/95 et1999/00
23
Tableau 2.12 Ratio du déficit des dépenses des pauvres par département et parpassage
24
Tableau 2.13 Comparaison du ratio de déficit des dépenses entre 1994/95 et 1999/00 25Tableau 2.14 Pauvreté, poids démographique et coefficient annuel moyen de
contribution du département à la pauvreté rurale globale26
Tableau 2.15 Montant du déficit total à combler pour éliminer la pauvreté 29Tableau 2.16 Pourcentage de ménages pauvres au cours d’un ou de plusieurs passages
par département30
Tableau 2.17 Evolution de la pauvreté entre 1994 et 1999 pour les ménages retrouvés 31Tableau 2.18 Dynamique de la profondeur de la pauvreté entre 1994 et 1999 pour les
ménages retrouvés31
Tableau 3.1 Indices de pauvreté selon le sexe du chef de ménage 32Tableau 3.2 Indices de pauvreté selon la taille du ménage 33Tableau 3.3 Indices de pauvreté selon l’âge du chef de ménage 34Tableau 3.4 Indices de pauvreté selon le statut de profession du chef de ménage 34Tableau 3.5 Indices de pauvreté selon la branche d’activité du chef de ménage 35Tableau 3.6 Indices de pauvreté selon le niveau d’instruction du chef de ménage 35Tableau 3.7 Taille moyenne du ménage dans les départements selon la catégorie du
ménage36
Tableau 3.8 Profil socio-démographique selon la taille au regard de la pauvreté 37Tableau 3.9 Profil socio-démographique selon l’âge au regard de la pauvreté 39Tableau 3.10 Nombre moyen d’actifs et d’inactifs et rapport de dépendance par
département selon la catégorie de ménage41
Tableau 3.11 Comparaison des rapports de dépendance entre 1994 et 1999 42Tableau 3.12 Profil socio-démographique selon le sexe du chef de ménage au regard
de la pauvreté43
Tableau 3.13 Profil socio-démographique selon le niveau d’instruction du chef deménage au regard d la pauvreté
45
Tableau 3.14 Répartition des membres de ménage de 8 ans et plus selon l’activitéprincipale et les diverses catégories socio-économiques
46
Tableau 3.15 Principales activités et temps hebdomadaire moyen y consacré par lesmembres des ménages selon le département (en heure)
77
vi
Tableau 3.16 Revenu net annuel (FCFA nominal) par ménage et par équivalent -adulte selon le département
71
Tableau 3.17 Principales sources de revenu en milieu rural 73Tableau 3.18 Dépenses globales trimestrielles (FCFA nominal) par équivalent -
adulte et par département75
Tableau 3.19 Variation de la composition des dépenses globales de consommationentre 1994 et 1999 selon les catégories socio-économiques
50
Tableau 3.20 Niveau et composition des dépenses globales de consommation paréquivalent – adulte selon les catégories socio-économiques
76
Tableau 3.21 Niveau et structure des dépenses de consommation non-alimentaire paréquivalent-adulte des ménages ruraux
52
Tableau 3.22 Niveau et structure des dépenses de consommation non-alimentaire paréquivalent-adulte selon les catégories socio-économiques des ménagesruraux
52
Tableau 3.23 Variation de la structure des dépenses de consommation non-alimentaire entre 1994/95 et 1999/2000 selon les catégories socio-économiques de ménage
53
Tableau 4.1(a)
Tableau 4.1(b)
Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon la classification deWaterlowVariation de l’état nutritionnel des enfants selon la classification deWaterlow entre 1994/1995 et 1999/2000 par département
55
57
Tableau 4.2 Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans par le sexe et pardépartement
59
Tableau 4.3 Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon les catégoriessocio-économiques du ménage par département
59
Tableau 4.4 Pourcentage des membres des ménages ruraux ayant déclaré avoir étémalades selon la catégorie socio-économique
61
Tableau 4.5 Recours aux soins en cas de maladie : type de choix de traitement 78Tableau 4.6 Existence d’au moins un point d’eau public au village par département 63Tableau 4.7 Sources d’approvisionnement en eau par catégorie de ménage selon la
saison en milieu rural64
Tableau 4.8 Pourcentage de ménage selon l’utilisation de l’eau par catégorie socio-économique et par département (saison des pluies)
64
Tableau 4.9 Pourcentage de ménage selon l’utilisation de l’eau par catégorie socio-économique et par département (saison sèche)
65
Tableau 4.10 Contribution de la population dans la mise en place des infrastructureshydrauliques
66
Tableau 4.11 Principales raisons de non contribution de la population à la mise enplace de l’infrastructure hydraulique
66
Tableau 4.12 Taux de participation des ménages dans l’entretien des infrastructureshydrauliques
67
Tableau 4.13 Principales raisons de non contribution de la population à l’entretien del’ infrastructure hydraulique
67
Tableau 5.1 Niveau d’instruction des membres des ménages ruraux selon le sexe etpar département
80
Tableau 5.2 Variation du niveau d’instruction des membres des ménages rurauxentre 1994/95 et 1999/00 selon la catégorie de ménage
68
Tableau 5.3 Taux de scolarisation des enfants de 5 à 14 ans des ménages ruraux 82Tableau 5.4 Niveau de scolarisation des enfants de 5 à 14 ans des ménages ruraux
selon la catégorie socio-économique83
Tableau 5.5 Niveau de scolarisation des membres de 5 à 14 ans des ménages rurauxselon la catégorie socio-économique
84
Tableau 5.6 Principales raisons de non scolarisation des enfants par sexe 85Tableau 5.7 Principales raisons de non scolarisation des enfants selon la catégorie
socio-économique du ménage86
vii
LISTE DES GRAPHIQUES ET FIGURESPages
Graphique 2.1 (a)
Graphique 2.1 (b)
Graphique 2.1 (c)
Graphique 2.1 (d)
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Nord-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Sud-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Centre-Bénin
9
9
10
11
Graphique 2.2 (a)
Graphique 2.2 (b)
Graphique 2.2 (c)
Graphique 2.2 (d)
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Nord-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Centre-Bénin
Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Sud-Bénin
12
12
13
13
Graphique 2.3 Evolution comparée de l’incidence de la pauvreté alimentaire entre1994/95 et 1999/00
17
Graphique 2.4
Figure 2.1 (a)
Figure 2.1 (b)
Figure 2.1 (c)
Evolution comparée de l’incidence de la pauvreté globale entre 1994/95et 1999/00
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sacontribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P0
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sacontribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P1
Positionnement relatif de chaque département par rapport à sacontribution à la pauvreté rurale nationale fondée sur P2
22
26
26
27
viii
LISTE DES ABREVIATIONS ET SIGLES
EBC Enquête Budget ConsommationECVR Enquête sur les Conditions de Vie des Ménages RurauxELAM Enquête Légère Auprès des MénagesFAO Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’AgricultureINSAE Institut National de la Statistique et de l’Analyse EconomiqueMAEP Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la PêchePNUD Programme des Nations Unies pour le DéveloppementSPA Seuil de Pauvreté AlimentaireSPG Seuil de Pauvreté GlobalSPNA Seuil de Pauvreté Non AlimentaireUNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance
ix
INDICATEURS DE BASE SUR LA PAUVRETE EN MILIEURURAL
1. Profil de pauvreté
Seuil de pauvreté alimentaire national 49257 FCFA/équivalent – adulteIncidence nationale de la pauvreté alimentaire 18.6%Départements les plus touchés Borgou, Atlantique, Plateau, CouffoDépartements les moins touchés Zou, MonoPériode critique : Septembre-Novembre 26.5%
Seuil de pauvreté global national 74297 FCFA/équivalent - adulteIncidence nationale de la pauvreté globale 31.2%Départements les plus touchés Couffo, Atlantique, Borgou, Plateau,
DongaDépartements les moins touchés Mono, Zou, AtacoraPériode critique : Septembre-Novembre 51.6%
Ratio du déficit des dépenses 27.3%Départements ayant une forte profondeur de pauvreté Borgou, Couffo, CollinesDépartements contribuant plus à la pauvreté nationale Couffo, Borgou, AliboriRessources nécessaires pour amener les pauvres au niveau duseuil de pauvreté global
58.1 milliards de FCFA
2. Démographie
Taille du ménage rural 7 personnesTaille moyenne du ménage rural non-pauvre 6 personnesTaille moyenne du ménage rural pauvre 8 personnesTaux de dépendance (proportion d’enfants de moins de 10 ansà charge/actif du ménage)
51.4%
Taux de dépendance du ménage non-pauvre 48.0%Taux de dépendance du ménage pauvre 53.0%
3. Emploi des ménages
Nombre moyen d’heures de travail dans un ménage rural 35 heures/seMaine par équivalent-adulte
Principales activités Par ordre décroissant : Agriculture(80% de ménages), Commerce (5%),Artisanat (4%)
4. Revenu net
Revenu net moyen dans le ménage rural 125491 FCFA/équivalent – adulteDépartement ayant le plus faible revenu net Donga (73393 FCFA/ équiv. Adulte)Département ayant le revenu net le plus élevé Atlantique (247498 FCFA/ equiv.
Adulte)Sources du revenu net Activités agricoles (41%), activités
non – agricoles (53%), autres sources(6%)
x
5. Dépenses des ménages
Dépense moyenne dans le ménage rural 100340 FCFA/équivalent-adultePostes et importance des dépenses Dépenses alimentaires (70%)
Dépenses non alimentaires (30%)
6. Santé
Pauvre Non -pauvre
Moyenne
Proportion nationale de malades utilisant l’automédication(médecine moderne)
20% 19% 19%
Proportion nationale de malades utilisant l’automédication (plantes médicinales)
14% 14% 14%
7. EducationTaux général d’analphabétisme 71% -Hommes 61% -Femmes 80%Proportion de la population ayant le niveau primaire 23% -Hommes 30% -Femmes 17%
Pauvre Non-pauvre Moyenne
Taux d’inscription des enfants dans l’enseignement primaire 41.5% 42.9% 42% -Garçons 49% -Filles 34%Raisons de non scolarisation des enfants -nécessité de travailler 27% -enfant jugé trop jeune pour aller à l’école 27% -Coût trop élevé des études 7% -Pas d’avenir 6%
xi
FAITS SAILLANTS
Evolution des seuils de pauvreté : le seuil de pauvreté global a augmenté plus vite dans les départements du Sud que dans ceux du Nord et du Centre
• En milieu rural, le seuil de pauvreté global (SPG) est estimé à 74297 FCFA par an paréquivalent adulte. Il représente 1.51 fois le SPA.
• Dans les départements du Centre (Collines, Zou) , le SPG est en moyenne de 76987 FCFA,presqu’identique à la moyenne de ceux du Sud (Plateau, Ouémé, Mono, Couffo, Atlantique), etreprésente 1.21 fois celui du Nord (Alibori, Borgou, Donga, Atacora).
• Entre 1994/1995 et 1999/2000, le SPG a augmenté en moyenne de 15.5% ; l’accroissement duSPG est plus prononcé au Sud (22.7%) qu’au Centre (6.4%) et au Nord (5.1%). Le SPG aaugmenté moins vite que le SPA. Celui-ci a augmenté de 24.3%.
Indices de pauvreté rurale : une stabilité tant de l’incidence, de la profondeur que de lasévérité de la pauvreté
• L’incidence de la pauvreté est restée stable sur la période 1994-1999. Le taux de pauvreté fondésur le SPG est passé de 30.4% en 1994 à 31.2% en 1999. Les départements du Borgou et duCouffo sont les plus affectés avec une incidence voisine de 48%. Les populations du Zou, duMono et de l’Atacora sont les moins touchées par le phénomène.
• Contrairement à la pauvreté globale, l’incidence de la pauvreté alimentaire s’est accruesignificativement de 14.1% passant de 16.3% en 1994 à 18.6% en 1999. En moyenne, lesménages des départements du Nord ont plus de difficulté pour faire face à leurs dépensesalimentaires. En 1999, le taux de pauvreté alimentaire y est de 21.0%. Dans les départementsdu Centre et du Sud, il est estimé à 14.6% et 18.5% respectivement.
• Quant à la profondeur et la sévérité, les indices y afférents sont respectivement de 0.076 et0.028 en 1994 et de 0.085 et 0.034 en 1999 avec des taux d’accroissement statistiquement nonsignificatifs.
Incidence de la pauvreté rurale par département : 5 départements sur 11 (sans le Littoral) sont des zones de forte concentration de pauvreté
• Les départements du Borgou, du Couffo, de l’Alibori, des Collines et de l’Ouémé constituentles principales zones géographiques dans lesquelles se concentrent la pauvreté. Leurcontribution est évaluée à 70%. En revanche, le Zou, le Mono et l’Atacora sont considéréscomme des zones de faible concentration.
• En général, l’aspect conjoncturel de la pauvreté prime sur l’aspect structurel, la pauvretéstructurelle étant définie par référence aux ménages pauvres au cours de 3 ou 4 passages et lapauvreté conjoncturelle en rapport à ceux identifiés comme pauvres au cours d’un ou de deuxpassages. Le taux de pauvreté est de 23.3% en moyenne sur un ou deux passages et de 10.8%sur trois ou quatre passages pour l’ensemble du milieu rural.
xii
Pauvreté rurale et taille du ménage : le phénomène de pauvreté est davantage intense etsévère lorsque la taille du ménage augmente.
• L’incidence de pauvreté des ménages de moins de trois personnes est de 22% contre 37% pourles ménages de six personnes et plus. L’effet de la taille du ménage est très significatif sur lestrois indices de pauvreté retenus dans les départements de l’Atlantique, des Collines, de laDonga, et du Plateau. Du point de vue des indices de pauvreté, l’effet de la taille restecependant globalement faible.
• La grande taille est donc une caractéristique des ménages pauvres ruraux avec un effet – régiondominant : taille très élevée dans les départements du Nord avec une moyenne de 10 personnescontre 7 dans ceux du Sud et du Centre. Entre les éditions 1994/95 et 1999/2000, la taille desménages, en particulier des ménages pauvres est restée relativement constante.
• Les ménages pauvres du Borgou, de l’Alibori et de l’Atacora sont de très grande taille avecrespectivement 11, 10 et 9 personnes. En revanche, ceux de l’Ouémé, du Plateau et des Collinessont de taille relativement réduite (6 personnes).
• Chez les pauvres, le rapport de dépendance est de 53% en 1999 contre 51% pour l’ensemble dela population.
Pauvreté rurale et sexe du chef de ménage : Le sexe du chef de ménage n’est pas undéterminant significatif de la pauvreté en milieu rural
• Les ménages ruraux sont majoritairement dirigés par les hommes. Le phénomène est plusperceptible au Nord qu’au Sud et au Centre. En moyenne, 82% des ménages du Sud sontdirigés par les hommes ; la proportion est de 85% au Centre contre 91% au Nord. La moyennenationale (86%) est restée constante de 1994 à 1999.
• Le sexe du chef de ménage n’a pas d’effet significatif sur la pauvreté en milieu rural.L’incidence de la pauvreté des ménages dirigés par les hommes est de 31.7% contre 26.4%pour les ménages dirigés par une femme. La différence entre ces deux taux n’est passtatistiquement significative. Trois départements ont rompu avec cette tendance et présententune opposition très nette : d’une part l’Atacora et la Donga caractérisée par la prédominancede l’incidence de pauvreté masculine et d’autre l’Ouémé où le taux de pauvreté des ménagesdirigés par une femme est 1.75 fois celui des ménages dirigés par un homme.
Pauvreté rurale et niveau d’instruction du chef de ménage : l’analphabétisme rime avec la pauvreté
• L’analphabétisme est une caractéristique du milieu rural. En moyenne deux ménages sur troissont dirigés par un chef qui n’a aucun niveau d’instruction. Le niveau le plus souvent atteintparmi ceux qui sont alphabétisés est celui du cours primaire.
• Le niveau d’instruction du Chef de ménage a un effet faible sur la pauvreté en milieu rural. Auniveau régional, la relation est bien typée et laisse apparaître des profils de pauvreté
xiii
hétérogènes du sud au nord. Dans les départements du Sud (Couffo), les ménages dont le chefn’a que le niveau du primaire affichent le taux de pauvreté le plus élevé (68%) ; Viennentensuite ceux dont le chef est alphabétisé en langue locale ou n’a aucun niveau d’instruction(entre 32% et 45%). Dans les départements du Centre, le primaire ou le lycée estcaractéristique du niveau d’instruction des chefs des ménages les plus pauvres. Enfin au Nord(Alibori), c’est l’analphabétisme qui caractérise le niveau d’instruction des ménages les pluspauvres.
Pauvreté rurale et emploi des membres des ménages : Le commerce et l’artisanat sont l’apanage des ménages non-pauvres ou vulnérables
• L’agriculture est l’activité principale dominante des membres des ménages ruraux. Elle occupe80% des membres des ménages. Le commerce et l’artisanat constituent les deux autresprincipales activités ; ils occupent respectivement 5% et 4% des membres des ménages. Parrapport à 1994, la proportion de la population exerçant dans l’agriculture est en baisse de 6points du fait de l’exode rural.
• La catégorie socio-économique du ménage n’a pas d’influence sur l’exercice d’une activitéagricole. Cependant le choix d’exercer dans le commerce ou l’artisanat est lié à la catégoriesocio-économique. Ces activités caractérisent les ménages non-pauvres ou vulnérables. Le lienentre l’exercice d’une activité commerciale ou artisanale et la catégorie socio-économiquedes ménages s’explique par le besoin de fonds de roulement ou d’investissement nécessaire audémarrage puis à la survie de telles activités.
• En milieu rural, le nombre moyen d’heures de travail est estimé à 35 heures par semaine en1999 contre 27 heures en 1994. Les membres des ménages consacrent en moyenne le tiers deleur temps à l’agriculture et les 48% aux prestations de services. Les départements du Nord-Est, Alibori et Borgou sont caractérisés par un nombre moyen d’heures de travailhebdomadaires réduit (entre 25 et 31 heures) par rapport à la moyenne nationale. Dans chacunde ces départements, le temps est différemment alloué à l’agriculture et aux prestations deservices. Les départements dont les ménages totalisent des heures de travail hebdomadairestrès élevées (supérieures à 41 heures), consacrent au moins 49% de leur temps aux prestationsde services. C’est le cas du département du Mono, zone de pêcherie par excellence, dudépartement du Plateau caractérisé par la zone de terre de barre et de dépression où laproduction agricole ne constitue pas la principale source de revenu et enfin, du département duZou dominé par la zone des terres de barre dans laquelle les revenus du commerce, destransformations agro-alimentaires et des petits métiers ont pris le pas sur ceux des culturesagricoles.
• Dans l’Atlantique et l’Ouémé, la prédominance du temps consacré aux prestations de servicesest plus accentuée du fait de la proximité d’une part, des villes de Cotonou, Porto-novo etOuidah et d’autre part, du Nigeria pour l’Ouémé notamment ; proximité qui favorise ledéveloppement du commerce et des petits métiers au détriment de l'activité culturale.
xiv
Pauvreté rurale et revenu net du ménage : les transferts constituent une source non négligeable de revenu pour les ménages pauvres du Couffo
• En milieu rural, le revenu net annuel des ménages est en moyenne de 125491 Fcfa. Chez lesménages pauvres, il est évalué à 74055 Fcfa contre 150610 Fcfa pour les ménages non –pauvres. Les revenus les plus élevés sont observés dans l’Atlantique, l’Ouémé et le Zou. Ilsreprésentent respectivement 2 fois, 1.5 fois et 1,4 fois le revenu net moyen du milieu rural.
• A l’opposé, les revenus les plus faibles représentent entre 0.50 et 0.70 fois le revenu moyen etsont observés dans les départements de la Donga, du Couffo, du Borgou et de l’Atacora. Lerevenu observé dans la Donga représente le tiers du revenu le plus élevé observé dansl’Atlantique. Les départements du Nord apparaissent ainsi typés du point de vue de leurfaiblesse de revenu et de leur forte incidence de pauvreté. Il en est ainsi aussi du Couffo,département du Sud, identifié comme zone de forte concentration de pauvreté et prioritairedans le cadre de la lutte contre la pauvreté.
• Les revenus proviennent principalement de trois sources : activités non agricoles (53%),activités agricoles (41%) et transferts reçus en nature ou en argent (4%). Cette structuremoyenne nationale masque les caractéristiques régionales fort différentes les unes des autres. Al’extrême – Nord (Alibori, Atacora), par exemple, les revenus proviennent essentiellement desactivités agricoles (80%) et des activités non agricoles (entre 15% et 18%) ; les activitésagricoles concernent les cultures de rente, les cultures vivrières et l’élévage. Dans le Borgou etla Donga, les activités non agricoles ont pris de l’importance et constituent notamment dans laDonga, la première source de revenu avec 49% (contre 28% dans le Borgou où elles occupentle second rang) ; suivent les activités agricoles avec 47%.
• Dans les départements du Centre, on observe comme au niveau de l’emploi des schémasdifférents entre la structure des revenus des ménages des Collines et ceux du Zou. Dans le Zou,près des 2/3 des revenus proviennent des activités non agricoles . En revanche, dans lesCollines, ce sont les revenus agricoles qui dominent la structure des revenus avec uneimportance relative de 55%. Du point de vue de la catégorie socio-économique, les activitésnon – agricoles constituent au moins les 60% des revenus des ménages pauvres dans les deuxdépartements. Chez les ménages non-pauvres par contre, les activités agricoles et non-agricolesreprésentent respectivement 52% et 44% des revenus des ménages des collines contre 38% et56% pour les ménages du Zou.
• Au Sud, la proximité des grandes villes favorisent le développement du commerce et des petitsmétiers. Ainsi dans tous les départements, à l’exception du Couffo, les revenus des activités nonagricoles représentent au moins les 70% du revenu total des ménages ruraux. Dans le mono, lesrevenus des activités agricoles et non agricoles se talonnent avec respectivement 45.7% et46.2%. Dans le Couffo, zone de forte concentration de la pauvreté, les revenus proviennent desactivités agricoles 57 fois sur 100, des activités non-agricoles 27 fois sur 100 et des transfertsen nature ou en argent dans 15% des cas.
xv
Pauvreté rurale et dépenses globales des ménages : les pauvres consacrent une part plus importante des dépenses aux céréales et aux poissons et fruits de mer
• Un ménage rural dépense en moyenne par an 100340 FCFA par équivalent adulte ; ce quireprésente 80% de ses revenus nets disponibles. La répartition spatiale montre que les ménagesles plus dépensiers sont ceux du Zou avec 128185 FCFA par équivalent-adulte par an. Enqueue de liste se placent les ménages de l’Alibori et de la Donga dont les dépenses représententen moyenne les 2/3 de celles du Zou.
• Les dépenses alimentaires représentent 70% des dépenses globales. La structure des dépensesdes ménages pauvres diffèrent significativement de celle des ménages non pauvres. Ceux-ciconsacrent en moyenne 66% de leurs dépenses totales à l’alimentation contre 76% pour lesménages pauvres. L’écart de 10 points est significatif et met en évidence la première loi d’Engelselon laquelle les pauvres consacreraient une part importante de leur budget à l’alimentation.
• Les structures régionales de consommation entre produits alimentaires et non alimentairesrelativement constantes depuis 1994 sont peu dispersées chez les pauvres. Les structuresmoyennes des grandes zones géographiques (Nord, Centre, Sud) ne sont donc passignificativement différentes de la structure nationale selon laquelle les ménages pauvresconsacrent 76% de leurs dépenses à l’alimentation. Sur le plan départemental, on notecependant que quatre départements (Atacora, Atlantique, Ouémé, Couffo) présentent desstructures atypiques. Pour les ménages pauvres des trois premiers, les dépenses alimentairesreprésentent 78% des dépenses totales contre 70% dans le Couffo.
• Au niveau national, les groupes de produits les plus importants dans les dépenses alimentairessont par ordre décroissant les céréales (35.5%), les racines et tubercules (14.1%), les fruits etlégumes (12.6%), les huiles et oléagineux (8.9%), les poissons et fruits de mer (8.9%) et lesviandes (5.2%). Sur les quatre passages, les parts des groupes de produits ont connu très peu devariation du fait des habitudes alimentaires. La comparaison des structures obtenues pour lesdeux éditions confirment aussi la rigidité des habitudes alimentaires.
• Pour certains groupes de produits, les ménages apparaissent typés selon la catégorie socio-économique. Les pauvres consacrent une part plus importante des dépenses aux céréales et auxpoissons et fruits de mer. Les ménages non – pauvres accordent des poids plus importants auxracines et tubercules, aux viandes et aux fruits et légumes.
• S’agissant des dépenses non-alimentaires, les postes les plus importants sont par ordredécroissant le logement (36.8%), l’habillement (32.4%), la santé (16.5%), le transport (8.4%).Les postes « éducation » et « obligations sociales » sont relativement de faible importance. Surles quatre passages, les principaux postes sont restés stables Mais leur importance relative aconnu de substantielle variation. Ainsi les dépenses relatives au poste logement ont atteint leurmaximum sur la période Septembre – Novembre, celles relatives au poste habillement enDécembre-Février, période des fêtes. Les dépenses relatives à l’éducation ont pris deux foisplus d’importance en période de rentrée scolaire (Septembre – Novembre). En 1994 et 1999,les comportements vis-à-vis des dépenses non – alimentaires sont relativement constants.
xvi
Pauvreté rurale et état sanitaire des membres des ménages : les ménages pauvres ont plus de préférence pour la médecine traditionnelle• En cas de maladie, les membres des ménages ruraux ont principalement recours à la médecine
moderne et à l’automédication pour se soigner. Le recours à la médecine moderne se fait 30fois sur 100 et l’automédication 33 fois sur 100. L’automédication par la médecine moderne sefait en proportion de 19% et celle faite par les plantes médicinales de 14%. Les ménagesutilisent dans une faible proportion la double thérapie médecine moderne et médecinetraditionnelle (2,8%) ou l’association de la médecine moderne (respectivement médecinetraditionnelle) avec l’automédication moderne (3,3%). L’association de l’automédication parles plantes médicinales avec la médecine moderne constitue un mode de traitement nonnégligeable (8,3%) au même titre que le recours à la médecine traditionnelle seule (7,7%).
• Le mode de traitement choisi est influencé par la catégorie socio-économique des membres desménages. En effet, en dehors du recours courant à la médecine moderne, les ménages pauvresont aussi une préférence pour la médecine traditionnelle (11.2% de ceux-ci ont déclaré y avoirrecours contre 4,5 des non- pauvres). En revanche, ils associent moins la médecine moderne etl’automédication par les plantes médicinales.
• Sur le plan régional, on observe qu’en moyenne les ménages de l’extrême Nord ont unepréférence pour la médecine traditionnelle et à l’automédication alors que ceux du Sud ont leplus souvent recours à la médecine moderne et l’automédication.
Pauvreté rurale et scolarisation des enfants : le taux de scolarisation des enfants est plus faible dans les ménages pauvres ou vulnérables que dans les ménages non-pauvres
• Le taux de scolarisation des garçons est nettement supérieur à celui des filles (32% contre 23%)et s’est aussi accru plus vite de 1994 à 1999 (le taux de croissance du taux de scolarisation desgarçons est de 54% contre 47% chez les filles). Le même phénomène s’observe dans tous lesdépartements mais d’ampleur variable. Les taux les plus faibles sont observés au Nord (Aliboriet Atacora en particulier) à l’exception de la Donga. Ceux–ci s’opposent à l’Atlantique, auMono et à l’Ouémé qui affichent des taux de scolarisation relativement élevés.
• Le poids des enfants non-scolarisés croît du Sud au Nord. Il est de 11.2% dans le Mono contre58.5% dans l’Alibori, la moyenne nationale étant estimée à 36.4%. Celui des enfantsdéscolarisés est relativement faible (moins de 5%).
• L’analyse du lien entre niveau de scolarisation des enfants et catégorie socio-économiquemontre que dans la plupart des départements, le taux de scolarisation des enfants est plus faibledans les ménages pauvres ou vulnérables que dans les ménages non-pauvres. La relations’inverse dans la Donga, les Collines et le Zou.
• Deux principales justifications sont données pour expliquer la non-scolarisation et ladéscolarisation des enfants de 5 à 14 ans en milieu rural. Il s’agit de la nécessité de travailler(27%) et de l’âge trop jeune des enfants (27%). Le coût trop élevé de l’inscription etl’incertitude de l’avenir sont aussi des raisons évoquées, mais moins fréquemment ( 7%) .
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Accès à l’eau potable : L’approvisionnement en eau potable exclusivement est faible quelle que soit la saison dans les départements du Zou, du Plateau et du Couffo
• Sur un échantillon de 165 villages, 89% ont au moins un point d’eau public. Sur le plangéographique, la totalité des villages de l’échantillon se situant au Nord (69) ont au moins unpoint d’eau. Dans le Centre et le Sud, les proportions des villages de l’échantillon ayant aumoins un point d’eau sont respectivement de 73% et 83%
• Les sources d’approvisionnement en eau sont diversifiées et varient selon les saisons. En saisonsèche, 80% des ménages utilisent l’eau potable (puits, robinet, fontaine, forage) et 13% l’eaunon potable (marigot, eau de pluie). Dans les ménages pauvres, ces proportions sont 77% et15% contre 80% et 13% dans les ménages non pauvres. En saison des pluies, la proportion desménages qui utilisent exclusivement de l’eau potable tombe à 52%. En fonction de la catégoriesocioéconomique, on observe 49% des ménages pauvres et 54% des ménages non pauvres.L’utilisation de l’eau non potable s’accroît au cours de cette saison : 24% des pauvres (au lieude 15% en saison sèche) s’approvisionnent au marigot ou en eau de pluie contre 19% ( au lieude 13% en saison sèche) des ménages non pauvres.
• En saison des pluies, l’utilisation exclusive de l’eau potable concerne 52% des ménages contre80% en saison sèche. L’approvisionnement en eau potable exclusivement est faible quelle quesoit la saison dans les départements du Zou, du Plateau et du Couffo : en saison des pluies, lesproportions de ménages observées sont respectivement 24%, 35% et 30% contre 66%, 60% et79% en saison sèche.
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Encadré : Indice de Pauvreté de la Classe de Foster et al. (1984)
Soit P la classe des indices décomposables de pauvreté. Si X est un indicateur du niveau devie (dépense ou revenu par équivalent adulte par exemple), alors P s’écrit pour une ligne depauvreté z
)(1)/1(1
1
zxzxn
P i
n
ii <−= ∑
=
αα
où a s’interprète comme le coefficient d’aversion à la pauvreté.
Si, α =0, P0 est l’incidence de pauvreté ; c’est-à-dire la proportion des pauvres ;Si α =1, alors P1=P0 I où I désigne l’intensité ou la profondeur de la pauvreté ;Si α =2, P2 est l’indice de sévérité de la pauvreté ; il sert à mesurer l’inégalité parmi lespauvres.
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0. INTRODUCTION
0.1. Contexte de l’ECVR2
L’évolution rapide du contexte socio-économique au Bénin, caractérisé par undésengagement progressif de l'Etat des secteurs de la production et de la commercialisation, aconduit le gouvernement et ses partenaires au développement à porter une attentionparticulière aux groupes démunis. Un des problèmes auxquels ils font face pour définir leursinterventions est le manque de connaissances sur les conditions de vie des ménages. C’estdans ce cadre que le Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) etl’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) ont réalisé, entre1994 et 1995 pour le milieu rural et 1996 pour le milieu urbain, le premier profil de pauvretéau Bénin avec le soutien financier et technique du Programme des Nations Unies pour leDéveloppement (PNUD) et la collaboration de l’UNICEF pour les volets nutritionnel etsanitaire en milieu rural.
Le gouvernement et ses partenaires au développement ont ainsi initié depuis le milieudes années 90 plusieurs programmes ciblés de lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, suite à lapublication des résultats de la première édition du profil national de pauvreté dont les donnéesont constitué l’essentiel des informations du premier Rapport national sur le développementhumain du Bénin (1997), le dernier plan triennal d’orientation du Bénin (1998 –2001) a axéses interventions sur la lutte contre la pauvreté. Les mesures préconisées par les programmesaffectent les conditions de vie des individus, notamment celles des ménages vulnérables etpauvres des milieux urbain et rural. Il apparaît donc pertinent d’évaluer les effets engendréspar la réorientation des politiques et des programmes d’aide en faveur des plus démunis surleurs conditions de vie et, proposer au besoin des correctifs aux actions et aux politiques encours.
C’est dans ce contexte, qu’une fois encore le MAEP et l’INSAE avec l’appui duPNUD et de la Coopération danoise ont convenu de réaliser une deuxième édition du profilnational de pauvreté au Bénin. L’objectif principal de cette étude est d’analyser l’évolutiondes conditions de vie des ménages au cours des dernières années, d’identifier et dehiérarchiser les causes et les pistes de solutions qui permettraient de réduire de manièredurable la pauvreté et, d’évaluer l’impact des programmes et des politiques de développementmis en place pour lutter contre la pauvreté.
Une deuxième édition du profil national de pauvreté s’avère indispensable pour aumoins quatre raisons :
• La nécessité de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse selon laquelle il y aurait cestrois dernières années un effet de déplacement du phénomène de la pauvreté dumilieu rural vers le milieu urbain. En effet, certains observateurs pensent à tortou à raison que la pauvreté s’accentue en milieu urbain au détriment du milieurural.
• Dans le cadre de la décentralisation et du nouveau découpage territorial, il seraitutile d’établir le profil de la pauvreté pour chacun des douze (12) nouveauxdépartements afin d’aider les autorités locales à mieux formuler leur politique delutte contre la pauvreté.
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• La première édition a eu lieu tout juste au lendemain du changement de parité dufranc CFA par rapport au franc français (dévaluation du franc CFA de 50%) enun moment de perturbation du marché et de fluctuation des prix des produits. Unnouveau profil de pauvreté, dans des conditions actuelles plus stables, permettrad’être fixé sur le phénomène et sa manifestation spatiale.
• Le besoin d’actualiser les données sur le phénomène de la pauvreté au Bénin.
0.2. Objectifs de l’ECVR2
La deuxième édition de l’ECVR poursuit plusieurs objectifs. Au nombre de ceux-ci,on mentionne principalement :
a) la connaissance du taux actuel de pauvreté rurale au Bénin.b) la détermination des zones de concentration de cette pauvreté ainsi que son
intensité.c) l’étude de l'évolution de la pauvreté rurale de 1994 à 1999.d) l’identification des périodes ou saisons agricoles les plus critiques de la campagne 1999-2000.e) l’analyse des caractéristiques des pauvres ruraux par des facteurs démographiques et socio-économiques.g) l’appréciation du patrimoine des ménages au regard des diverses catégories socio-économiques.
h) l’identification des pauvres à travers l'étude exploratoire de l'ensemble des variablespar une méthode multivariée de type analyse des correspondances multiples.i) l’étude de l'évolution des conditions de vie des ménages ruraux entre les deux
éditions de l'ECVR.j) l’appréciation de l’impact de divers programmes ou projets mis en œuvre en milieurural dans le cadre de la lutte contre la pauvreté ; ce qui permettra de proposer des
stratégies d’action en vue d’améliorer les conditions de vie des pauvres.
0.3. Présentation du document
Ce document présente la synthèse des résultats des 11 départements (non compris leLittoral). Il est subdivisé en cinq grandes parties.
La première partie présente un bref aperçu sur le Bénin. La deuxième partie aborde lesindicateurs de mesure de pauvreté ; rappel de la méthodologie est d’abord fait ; ensuite lesseuils de pauvreté, les incidences de la pauvreté selon les seuils de pauvreté alimentaire etglobal ont été présentés de même que les divers indicateurs analysés pour mieux apprécierl'importance, la profondeur et la dynamique de la pauvreté.
La troisième analyse le profil de pauvreté en milieu rural et les caractéristiques socio-démographiques des ménages au regard de la pauvreté. On y présente les indices de pauvretéselon le sexe du chef de ménage, la taille du ménage, l’âge du chef de ménage, le niveaud’instruction du chef de ménage, le statut de profession et la branche d’activité du chef deménage. Pour la caractérisation des pauvres par rapport aux autres catégories socio-économiques, on a comparé les diverses catégories de ménages en ce qui concerne:
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• leurs caractéristiques démographiques (taille du ménage, le ratio de dépendance, le sexedu chef de ménage);
• leurs caractéristiques économiques ( niveau de leur emploi et sa décomposition enactivités; le niveau de leur revenu et sa décomposition par source ; le niveau de leursdépenses globales et leur décomposition en dépenses alimentaires et non alimentaires ;
La quatrième partie analyse les états nutritionnel et sanitaire des membres des ménagesruraux. On y étudie l’état nutritionnel des enfants de 5 ans selon la classification de Waterlowet l’accès à l’eau potable. La dernière partie du document aborde les questions relatives auniveau d’instruction et à la scolarisation des membres des ménages.
1.0. BREF APERÇU SUR LE BENIN
1.1 . Délimitations
Situé en Afrique Occidentale, la République du Bénin s’étend sur une superficie de 114763 km². Elle entretient des rapports très étroits avec ses voisins immédiats que sont leNigeria, à l’Est et le Togo à l’Ouest. Limitée au Sud par une bande côtière de 125 kilomètres,elle constitue une précieuse ouverture sur la mer pour ses voisins du Nord que sont le BurkinaFaso et le Niger.
1.2 . Caractéristiques démographiques
Le Recensement Général de la Population et de l’Habitation de Février 1992 a dénombré4 915 550 habitants dont 51% de sexe féminin, 4% d’enfants de moins d’un an et 18%d’enfants de moins de 5 ans. Les femmes en âge de procréer (15-49 ans) constituent 44% dela population féminine totale.
Avec 48% des moins de 15 ans, la population du Bénin est très jeune. Le tauxd’accroissement naturel (3.2%) est très élevé par rapport à la moyenne du groupe des pays lesmoins avancés (2%) dont fait partie le Bénin. En 2000, la population du Bénin est estimée à 6169 084 habitants.
Le Bénin se situe dans une zone de fécondité élevée de l’Afrique subsaharienne avec untaux de natalité et un taux de fécondité générale estimés respectivement à 47.2%0 et 202%0
selon le recensement de 1992. L’indice synthétique de fécondité (ISF) des femmes est estiméà 6.1 enfants selon la même source.
1.3 . Caractéristiques agro-écologiques
Le relief du Bénin est constitué d’une bande côtière sablonneuse et de deux zones deplateau. La chaîne de l’Atacora dans le Nord est le lieu où les trois principaux fleuves du paysprennent leur source. L’Ouémé, le plus long des fleuves irrigue le territoire du Nord au Sud.
Deux types de climat sont observés au Bénin.
- au Sud, un climat subéquatorial qui permet d’enregistrer deux saisons despluies dans l’année (avril à juillet et octobre à novembre) ;
- au nord, un climat tropical avec une saison des pluies (Mai à octobre).
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1.4 . Organisation administrative et vie économique
Administrativement, le Bénin compte douze départements (Alibori, Atacora, Atlantique,Borgou, Collines, Couffo, Donga, Littoral, Mono, Ouémé, Plateau, Zou) divisés en 77Communes, elles-mêmes subdivisées en 569 arrondissements ayant des villages et desquartiers de villes.
Le Bénin est entré, depuis 1990, dans un processus démocratique et de libéralisationéconomique. Trois Programmes d’Ajustement Structurels successifs ont mis la priorité surl’assainissement de la situation au niveau macro-économique et négligé les secteurs sociauxdont la situation s’est aggravée avec la dévaluation du F CFA par rapport au Franc français de50% intervenue en Janvier 1994 et qui a pour conséquence la baisse du pouvoir d’achat desconsommateurs.
L’économie béninoise décolle de façon timide en raison d’une agriculture aux techniquesculturales encore archaïques, d’une industrie encore embryonnaire et d’un secteur tertiairehypertrophié et peu contrôlable.
Face aux mesures d’austérité observée par le gouvernement sous les divers Programmesd’Ajustement Structurels et à ses difficultés pour créer des emplois nouveaux, les Béninoisont réagi en développant un tant soit peu le secteur privé, notamment dans les domainessanitaire et éducatif. Bien que fonctionnels depuis seulement quelques années, ces deuxsecteurs témoignent d’un dynamisme tel qu’on ne peut plus passer sous silence leurs activités.
De la même manière, le secteur informel s’est trouvé gonflé de personnes installées àleurs propres comptes, et leurs activités sur le plan économique ne sont pas des moindres,malgré les difficultés réelles qu’il y a à les saisir avec précision.
2. INDICATEURS DE MESURE DE LA PAUVRETE
2.1. RAPPEL METHODOLOGIQUE
2.1.1. Période de référence et échantillon
La deuxième édition de l’Etude sur les conditions de vie des ménages ruraux(ECVR2) a suivi non seulement le découpage en zones agro-écologiques élaboré par leMAEP pour tenir compte de la diversité des situations des ménages ruraux et mener desanalyses sur des ensembles géographiques relativement homogènes mais également lenouveau découpage du Bénin en douze départements.
Huit zones agro-écologiques sont ainsi constituées du Nord au Sud. Il s’agit :
• Zone 1 : Zone de l’Extrême nord Bénin• Zone 2 : Zone cotonnière du nord Bénin• Zone 3 : Zone vivrière du sud Borgou• Zone 4 : Zone Ouest Atacora• Zone 5 : Zone cotonnière du centre Bénin• Zone 6 : Zone des terres de barre• Zone 7 : Zone de la dépression
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• Zone 8 : Zone des pêcheries.
Les onze départements comportant un milieu rural sont reconstitués comme il suit :
• Le département de l’Alibori (zones 1, 2) ;• Le département de l’Atacora (zones 2, 3, 4) ;• Le département de l’Atlantique (zones 6, 7, 8) ;• Le département du Borgou (zones 3, 5) ;• Le département des Collines (zone 5) ;• Le département du Couffo (zones 5, 6, 7) ;• Le département de la Donga (zones 4, 5) ;• Le département du Mono (zones 6, 8) ;• Le département de l’Ouémé (zones 6, 8) ;• Le département du Plateau (zones 5,6,7) ;• Le département du Zou (zones 5,6,7,8).
Le présent rapport ne prend en compte que le découpage en 11 départements, le 12ème
(Littoral) étant exclu des 12 départements que compte le Bénin en raison de son caractèreexclusivement urbain.
Tout comme à la première édition, les données de la deuxième édition de l’ECVR2ont été collectées en quatre passages pendant les mêmes périodicités que l’ECVR1 afind’avoir les mêmes repères de temps pour l’analyse des évolutions. Il s’agit :
• De la période Mars – Mai correspondant à la période de soudure au sud et depaiement des ristournes aux producteurs de coton au nord. La collecte desdonnées a été effectuée en fin Mai début Juin 1999.
• De la période Juin – Août correspondant à la période de soudure au nord et desrécoltes pour la première saison au sud. La collecte des données a été effectuée enfin Août début Septembre 1999.
• De la période Septembre à Novembre correspondant à la période de récolte aunord et à la récolte de la petite saison au sud. La collecte des données a étéeffectuée en fin Novembre début Décembre 1999.
• De la période Décembre – Février correspondant à la période de la post-récolte dela petite saison au sud et de commercialisation du coton au nord. La collecte desdonnées a été effectuée en fin Février début Mars 2000.
L’échantillon de l’ECVR2 est constitué de 2325 ménages. Il y a eu donc par rapport àl’ECVR1 une augmentation de la taille de l’échantillon (de 1350 à 2325) afin de s’assurer dela représentativité de l’ensemble des départements issus du nouveau découpage territorial. Ilest important de mentionner que cet échantillon comprend l’échantillon de l’ECVR1 aucomplet sauf cas de déperdition – ce qui a permis d’avoir un échantillon de suivi.
En moyenne sur l’ensemble des quatre passages de l’ECVR2, environ 70% desménages de l’ECVR1 ont été retrouvés. En effet, il a été retrouvé dans l’échantillon del’ECVR2, 865 ménages de l’ECVR1 au premier passage (64,1%), 819 ménages de l’ECVR1au deuxième passage (60,7%), 1115 ménages de l’ECVR1 au troisième passage (82,6%) et1052 ménages de l’ECVR1 au quatrième passage (77,9%). C’est sur ces anciens ménages del’ECVR1 retrouvés à l’ECVR2 que l’analyse de la dynamique de la pauvreté a été effectuée.
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2.1.2. Outils d’analyse
Du point de vue méthodologie d’appréciation de la pauvreté, la dépense globale duménage, incluant la valorisation de l'autoconsommation, a été choisie comme indicateur deniveau de vie. Trois seuils de pauvreté ont été considérés :
• Le seuil de pauvreté alimentaire (SPA) fait référence à la dépense minimalenécessaire à un individu ou à un ménage pour se procurer un panier de biensalimentaires qui respecte à la fois les normes nutritionnelles d'un régimealimentaire équilibré et les habitudes de consommation de la population ruraleconsidérée.
• Le seuil de pauvreté non-alimentaire (SPNA) fait référence à la dépenseminimale nécessaire pour acquérir les biens non-alimentaires et les servicespublics essentiels à la population.
• Le seuil de pauvreté global (SPG) est obtenu simplement en faisant la sommedes seuils de pauvreté alimentaire et non-alimentaire (SPA et SPNA).
En raison de la rigidité (changement très lent) des habitudes de consommationalimentaire des populations, les paniers alimentaires déterminés pour les diverses zones agro-écologiques à la première édition ont été maintenus. Les changements qui seront constatésdans le niveau des seuils de pauvreté alimentaires sont donc exclusivement liés aux prix desproduits alimentaires sur les marchés. Tous les marchés de collecte des prix des produitsalimentaires et non alimentaires de la première édition ont été maintenus. Il y a eu, certes,quelques ajouts pour tenir compte de certains marchés représentatifs de certains départementsissus du nouveau découpage territorial du pays. Enfin, il est à noter que tout comme àl’ECVR1, les seuils ont été calculés par équivalent adulte et non par individu afin d’avoir unemême base de comparaison des ménages quelles que soient la taille et la composition de cesderniers.
Trois catégories de ménages ont aussi été définies :
• la première catégorie, les Non pauvres, regroupe les ménages qui ont enregistrédes dépenses moyennes supérieures à 100% du seuil de pauvreté considéré;
• la deuxième catégorie, les Vulnérables, regroupe les ménages non pauvres dontles dépenses réelles moyennes sont comprises entre 100 et 150% du seuil depauvreté considéré;
• la troisième catégorie, les Pauvres, regroupe les ménages dont les dépensesréelles moyennes sont en dessous du seuil de pauvreté considéré.
Plusieurs indicateurs ont été calculés pour mesurer la pauvreté rurale1, soit :
• l' incidence de la pauvreté alimentaire , c'est à dire le pourcentage de lapopulation rurale en dessous du seuil de pauvreté alimentaire ;
• l' incidence de la pauvreté globale, c'est à dire le pourcentage de lapopulation rurale en dessous du seuil de pauvreté global ;
1Ces indicateurs sont basés sur la méthodologie proposée par Foster, Greer et Thorbecke (1984) "A Class ofDecomposable Poverty Measures" Econometrica et utilisés par exemple dans les profils de pauvreté réalisésen Côte d'Ivoire et au Ghana par Boateng, Ewusi, Kabour et McKay (1992) Un profil de pauvreté au GhanaDocument de travail n° 5, Projet Dimensions Sociales de l'Ajustement, Banque mondiale, Washington, D.C.
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• le ratio du déficit de dépenses, indicateur de profondeur de la pauvreté,défini par le quotient de l'écart entre les dépenses moyennes des pauvres et leseuil de pauvreté sur le seuil de pauvreté en question ;
• le coefficient de contribution de chaque département à la pauvreté ruralenationale. Ce coefficient est calculé pour un département donné enmultipliant la part de ce département dans la population totale par le ratio del'incidence de pauvreté dans le département sur l'incidence nationale depauvreté ;
• l’indicateur de sévérité de la pauvreté estimé par l’indice P2 de Foster[voir encadré ci-après].
• le montant total des ressources nécessaires pour éliminer la pauvretérurale si le ciblage sur les pauvres était parfait. Ce montant est calculé enmultipliant l'écart entre la dépense moyenne des pauvres et le seuil depauvreté par le nombre de pauvres.
• l'incidence de la pauvreté structurelle et de la pauvreté conjoncturelle. La pauvreté structurelle est définie en considérant les ménages pauvres aucours de 3 ou 4 passages et la pauvreté conjoncturelle en rapport à ceux identifiéscomme pauvres au cours d’un ou de deux passages. L’incidence de la pauvretéstructurelle et de la pauvreté conjoncturelle permet d’étudier la dynamique de lapauvreté.
2.2. SEUILS DE PAUVRETE RURALE
. En vue d’étudier les indices de pauvreté, trois seuils de pauvreté sont retenus : leseuil de pauvreté alimentaire (SPA), le seuil de pauvreté non-alimentaire (SPNA) et le seuilde pauvreté global2 (SPG) qui résulte de la somme des deux premiers.
Dans cette section, on s’intéresse aux seuils de pauvreté alimentaire et global pardépartement et par passage. On y analyse leur dynamique en les comparant à ceux calculéspour la première édition de l’ECVR en 1994/1995.
2.2.1. Seuils de pauvreté alimentaire
Pour les ménages ruraux, le seuil de pauvreté alimentaire est en moyenne de 49257FCFA par an et par équivalent-adulte en 1999. Il fluctue tant dans la dimension spatiale quedans la dimension temporelle. Sur la période allant de février 1999 à Mars 2000, le tableau2.1 présente dans l’ordre décroissant des SPA un classement Centre-Sud-Nord des zonesgéographiques et indique que le SPA des départements du Centre est en moyenne 1,26 foiscelui du Nord et 1,03 fois celui du Sud. Il en résulte qu’il faut pour un ménage du Centre,1.26 fois la somme nécessaire à un ménage du Nord pour satisfaire à ses besoinsalimentaires.
Sur les quatre passages, le SPA connaît des fluctuations dont l’ampleur varie d’unezone géographique à une autre. Les départements du Nord ont connu en moyenne unaccroissement de 2.5% par rapport au premier passage. Ceux du Centre et du Sud ont, par 2 Le SPG est la somme du SPA et du SPNA. Il est aussi défini comme le rapport du SPA et de la part de ladépense alimentaire dans la dépense totale des ménages situés en dessous de la médiane des dépenses totales.
8
contre, connu en moyenne des baisses respectives de 1.5% et 2.2% en raison notamment deschutes importantes de SPA enregistrées au 4ème passage [tableau 2.1].
Deux effets expliquent les variations observées. En premier lieu, l’effet-volume quiprovient des différences des habitudes alimentaires entre les départements du Nord et ceuxdu Centre et du Sud. En second lieu, l’effet-prix résultant entre autres, de la loi économiqueclassique de l’offre et de la demande, des effets saisonniers et des marges de transport. Pourl’effet-prix en particulier, il est facile de constater que dans les zones agro-écologiques 1, 2,3, 4 caractéristiques des départements du Nord, le prix du sorgho a augmenté en moyenne de0.2% sur les quatre passages, celui du mil, du maïs, du haricot, de l’arachide et de l’ignamerespectivement de -0.8%, 0.9%, 23.4%, 19.7% et 3.9%.
Dans la zone 5 caractéristique du département des Collines, le prix de l’huile de palmea augmenté en moyenne sur les quatre passages de 6.9%, le manioc de 23.1%, le poisson et lemaïs respectivement de –7.1% et –2.8%. La hausse du prix du manioc dans les collinesrésulte du renchérissement des coûts de production de ce produit lequel s’inscrit dans le cadredu projet FAES (Femmes et Activités Economiques et Sociales) qui fait la promotion dumanioc en vue de la fabrication du gari de qualité supérieure. Dans le même temps, l’effet-revenu dû à la vente de l’anacarde (produit de rente) fait jouer à la loi de l’offre et de lademande le rôle qui lui est dévolu. Il en résulte des prix élevés qui fluctuent en fonction despériodes.
A l’intérieur des grandes zones géographiques, les fluctuations du SPA sont essentiellementdues à l’effet-prix. C’est le cas des départements de l’Alibori, de l’Atacora et ceux du Sud etdu Centre. Bien entendu, cet effet-prix n’est pas dissocié des caractéristiques agro-écologiques des zones qui constituent ces départements. A cet égard, le graphique 2.1 quiprésente l’évolution par grande zone géographique du SPA de chaque département montre desallures différentes selon les zones. Au Centre, la courbe est concave dans les collinesindiquant la période Septembre-Novembre ( période de récolte) comme le point culminant duSPA. Au Nord et au Sud, la courbe retraçant l’évolution du SPA est en général d’abordconvexe puis concave. Dans ces zones et notamment dans les départements du Borgou, del’Alibori, de l’Atlantique et des plateaux, le SPA atteint un minimum relatif entre Juin et Aoûtet un maximum entre Septembre et Novembre. L’étude du prix de certains produits (mil,sorgho, igname) dans la zone agro-écologique n° 1 par exemple confirme pour l’Alibori latendance qui vient d’être décrite.
9
Tableau 2.1 : Seuil de pauvreté alimentaire annuel par département et par passage(FCFA, valeur nominale)
Département Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00 Mars99-Fév.00 Rang
La comparaison des seuils de pauvreté alimentaires calculés pour les deux éditions del’ECVR indique que le SPA a augmenté plus vite dans le Sud (25.1%) que dans le Nord(23.6%) et le Centre ( 23.5%). L’évolution des SPA est liée à celle des prix et du niveau devie des ménages ruraux. De 1994 à 1999, le niveau de vie dont l’indicateur est les dépensespar équivalent-adulte, a augmenté de 3.9%.
Graphique 2.1(a) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Bénin et zonesgéographiques
SPA: Bénin et zones géographiques
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
En
FC
FA
Nord Centre Sud Bénin
10
Graphique 2.1(b) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Nord Bénin
Graphique 2.1 (c) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Sud Bénin
SPA: NORD
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
En
FC
FA
Alibori Borgou Atacora Donga
SPA : Sud
47000
48000
49000
50000
51000
52000
53000
54000
55000
56000
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
En
FC
FA
Atlantique Couffo Mono Ouémé Plateau
11
Graphique 2.1 (d) : Evolution du seuil de pauvreté alimentaire dans le temps : Centre Bénin
Sur les deux périodes on note des tendances quasi-similaires dans toutes les zonesgéographiques, avec toutefois une nette différence entre le Nord et les zones du Sud et duCentre. Au sud et au Centre, les tendances indiquent la période Juin-Août comme unminimum relatif du SPA et Septembre-Novembre comme un pic relatif. La période Juin-Aoûtcorrespond à la période de récolte de la grande saison des pluies au Sud et Septembre-Novembre, la période de récolte de petite saison. Pour le Nord, on obtient une allure inverse,le SPA atteint son maximum relatif en Septembre-Novembre.
2.2.2. Seuil de pauvreté global
Le seuil de pauvreté globale (SPG) est la somme du SPA et SPNA. Il indique ladépense minimale nécessaire à un adulte pour satisfaire ses besoins alimentaires et nonalimentaires. En 1999, le SPG est évalué en moyenne à 74297 FCFA par an pour un adultedu milieu rural. Il représente 1.51 fois le SPA. Dans les départements du Centre (Collines,Zou) , le SPG est en moyenne de 76987 FCFA, presqu’identique à la moyenne de ceux duSud (Plateau, Ouémé, Mono, Couffo, Atlantique), et représente 1.21 fois celui du Nord(Alibori, Borgou, Donga, Atacora). On obtient suivant l’ordre décroissant des SPG unclassement Sud-Centre-Nord quasi-analogue à celui obtenu pour le SPA.
Les départements du Centre et du Sud apparaissent comme des départements à fortsseuils de pauvreté. La corrélation positive entre niveau de vie et seuil de pauvreté laisseprésager que le niveau de vie des ménages ruraux du Sud et du Centre serait plus élevé quecelui des ménages du Nord.
SPA : Centre
46000
48000
50000
52000
54000
56000
58000
60000
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
En
FC
FA
Collines Zou
12
Le SPG a connu sur les quatre passages, une faible variation pour l’ensemble dumilieu rural (0.42%). Cependant deux contrastes sont relevés dans deux départements :Atacora et Atlantique avec pour le premier une baisse moyenne de 2.5% et une hausse de2.6% pour le second. Dans tous les autres départements la variation est restée faible.
Tableau 2.2 : Seuil de pauvreté globale annuel par département et par passage(FCFA, valeur nominale)
Département Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
Les fluctuations du SPG sont attribuables à celles du SPA et du SPNA. L’évolution dece dernier indicateur est liée à celle du niveau de vie. Le seuil de pauvreté non alimentaires’est en moyenne fortement accru sur les quatre passages dans les départements du Centre(22.3%) et du Sud (7.0%) et a baissé en moyenne au Nord (-3.0%).
L’analyse des taux de croissance moyens qui vient d’être faite voile les périodescaractéristiques de l’évolution temporelle du SPG. Pour mettre en lumière celles-ci, legraphique 2.2 présente par zone géographique et pour l’ensemble du Bénin l’évolution dans letemps du SPG. Il fait ressortir deux périodes critiques sur les quatre passages : Juin-Août etDécembre –Février. La période Juin-Août correspond à un pic dans tous les départements àl’exception de l’Alibori et de l’Atacora. Celle allant de Décembre à Février correspond selonles départements à une période de hausse ou à une période de baisse du SPG.
13
Graphique 2.2 (a) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Bénin
Graphique 2.2 (b) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Nord-Bénin
SPG : Bénin
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
90000
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
En
F
CF
A
NORD CENTRE SUD BENIN
SPG: Nord
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
En
FCFA
Alibori Borgou Atacora Donga
14
Graphique 2.2 (c) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps : Centre-Bénin
Graphique 2.2 (d) : Evolution du seuil de pauvreté global dans le temps
SPG : Sud
64000
66000
68000
70000
72000
74000
76000
78000
80000
82000
84000
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
En
FCFA
Atlantique Couffo Mono Ouémé Plateau
SPG: Centre
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
80000
90000
100000
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99-Fév.00
En
FC
FA
Collines Zou
15
Entre 1994/1995 et 1999/2000, le SPG a augmenté en moyenne de 15.5% ; ce quisignifie que les ménages ruraux doivent dépenser un peu plus pour satisfaire leurs besoinsalimentaires et non alimentaires en considérant comme référence leur situation de 1994/1995[tableau 2.3]. L’accroissement du SPG est plus prononcé au Sud (22.7%) qu’au Nord (5.2%)et au Centre (6.4%). Le SPG a augmenté moins vite que le SPA. Celui-ci a augmentérespectivement de 24.3%.
Tableau 2.3 : Variation du seuil global de pauvreté entre 1994/95 et 1999/2000 pardépartement
2.3. INCIDENCE, PROFONDEUR ET SEVERITE DE LA PAUVRETE
L’incidence, la profondeur et la sévérité de la pauvreté sont analysées à travers cinqprincipaux indicateurs : le seuil de pauvreté global (SPG), le seuil de pauvreté alimentaire(SPA), le ratio du déficit des dépenses qui est un indicateur de profondeur ou d’intensité depauvreté, les indices synthétiques de Foster (P0, P1, P2) et le coefficient de contribution dudépartement à la pauvreté rurale nationale.
2.3.1. Incidence de la pauvreté rurale selon le SPA
L’incidence de la pauvreté fondée sur le SPA mesure la proportion de la populationrurale qui n’arrive pas à subvenir à ses dépenses alimentaires. En 1999, elle est de 18.6%contre 16.3% en 1994. En moyenne, les départements du Nord (21.0%) sont plus affectés parla pauvreté alimentaire. Ceux du centre le sont moins avec 14.6%. L’incidence dans lesdépartements du Sud correspond à la moyenne nationale.
16
Ces tendances moyennes cachent les disparités intra-zones. En effet, le tableau 2.4montre qu’au Nord, les départements les plus affectés par la pauvreté alimentaire sont leBorgou et la Donga avec respectivement des taux de 26.8% et 21.3% se situant au dessus dela moyenne nationale, le taux le plus faible (15.8%) étant observé dans l’Alibori. Au Centre,le département des Collines contraste avec celui du Zou avec respectivement 20.8% et 8.7%.De la même façon, au Sud, les départements de l’Atlantique, du Plateau, du Couffocontrastent avec celui du Mono. Dans les zones géographiques du Sud et du Centre, les tauxde pauvreté faibles s’observent au sud contrairement au Nord. En somme, les départementsles plus affectés par la pauvreté alimentaire sont le Borgou, l’Atlantique, le Plateau et leCouffo. Les départements du Zou et du Mono apparaissent comme ceux qui sont les moinstouchés en terme de pauvreté alimentaire.
Tableau 2.4 : Incidence de la pauvreté alimentaire par département et par passage (en %)
Comme le SPA, l’incidence de la pauvreté alimentaire varie d’un passage à l’autre. Lapériode de forte incidence est Septembre-Novembre dans tous les départements à l’exception
17
du Plateau où elle se situe entre Juin et Août. La période de faible incidence varie enfonction des zones géographiques : au nord, elle correspond à Décembre-Février dansl’Atacora et la Donga, à Juin-Août dans l’Alibori et Mars-Mai dans le Borgou. Dans la zonedu centre, la faible incidence est observée entre Mars et Mai dans les Collines et Décembre-Février dans le Zou. Dans le Sud, elle correspond à Juin – Août dans l’Ouémé, à Décembre-Février dans le Couffo et à Mars-Mai dans l’Atlantique et le Plateau.
Les caractéristiques des périodes citées ci-dessus couplées avec la forte corrélationentre zones agro-écologiques et départements offrent quelques explications sur l’évolution del’incidence de la pauvreté alimentaire. Ainsi, la forte incidence observée dans lesdépartements du nord entre Septembre-Novembre (période idéale de récolte) serait due àl’effet prolongé de la période de soudure de Juin-Août, lequel effet provient des arrivéestardives des pluies qui ont in fine empêché la récolte. Il s’ensuit une hausse des prix quipermet d’ajuster l’excès de demande à l’offre. Au Sud, la forte incidence s’explique par lemanque de disponibilités alimentaires caractéristique de la petite période de soudure. Lemanque de disponibilité engendre aussi une augmentation de prix suivant le schéma décritprécédemment.
S’agissant des périodes de faible incidence, elles s’expliquent par les disponibilitésalimentaires consécutives à la récolte et ou l’effet de richesse chez les producteurs de produitsde rente. Ainsi la commercialisation du coton en Décembre-Février dans l’Atacora et laDonga, les récolte en Juin-Août dans le sud et le paiement des ristournes aux producteurs decotons en Mars-Mai dans le Borgou génèrent aux paysans des ressources qui leur permettentde faire face à leurs besoins alimentaires.
Entre les deux éditions, l’incidence de la pauvreté alimentaire a augmenté de 14.1%.Cette augmentation est significativement non nulle au niveau de 10% ; ce qui signifie qu’il y aen 1999 plus de populations qui n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins alimentaires qu’en1994. Au niveau conventionnel de 5%, l’incidence de la pauvreté alimentaire est jugée stabledepuis 1994. Si l’on considère le niveau de 10%, l’aggravation de la pauvreté alimentaire estplus marquée au Nord et au Sud contrairement au Centre où la réduction de la pauvretéalimentaire est nette . Dans cette zone le taux d’accroissement de l’incidence est de -25.1%contre respectivement 32.1% et 22.5% au Nord et au Sud.
Tableau 2.5 : Evolution de l'incidence de la pauvreté selon le SPA entre 1994/95et 1999/00
Afin de cerner les départements qui ont une aggravation marquée de la pauvretéalimentaire, on a comparé passage par passage les incidences des deux périodesd’investigation. Le tableau 2.6 (voir aussi graphique 2.3) montre qu’en dehors desdépartements du Centre (Collines et Zou) et du Mono, tout le reste des départements constitue
18
des populations cibles à l’endroit desquelles des actions doivent être menées en vue de laréduction de la pauvreté alimentaire. En fonction de l’ampleur de l’aggravation de la pauvreté,la priorité pourrait être accordée d’ une part, au Borgou, à l’Atacora et à l’Alibori au Nord, etd’autre part à l’Atlantique, au Plateau, à l’Ouémé et au Couffo.
Tableau 2.6 : Taux d’accroissement de l’incidence de la pauvreté alimentaireentre 1994/95 et 1999/00
Département Mars - Mai Juin-Août Sept.-Nov. Déc.-Fév. Mars-Fév. RangAlibori 110,8 -46,9 20,8 13,8 15,1 7ème
Graphique 2.3 : Evolution comparée de l’incidence de la pauvreté alimentaire entre 1994/95et 1999/00
Les ménages vulnérables sont définis comme des ménages dont les dépensesalimentaires représentent entre 100 et 150% du seuil de pauvreté alimentaire. Le taux de
-10,0
-8,0
-6,0
-4,0
-2,0
0,0
2,0
4,0
6,0
8,0
10,0
Mars - Mai Juin-Août Sept . -Nov. Déc.99-Fév.
Var
iatio
n de
s in
cide
nces
ent
re 1
994
et 1
999
en p
oint
s de
%
Nord Centre Sud Bénin
19
vulnérabilité mesure la proportion de la population qui pourrait avoir des difficultés poursubvenir à ses besoins alimentaires. Pour l’ensemble des ménages ruraux, il est en moyennede 20.8% en 1999 sensiblement égal à celui calculé en 1994. Le taux de vulnérabilité est demême ampleur entre le Nord et le Centre (20%) et apparaît un peu plus prononcé au Sud(21.7%).
Le taux de vulnérabilité, combiné avec l’incidence de la pauvreté alimentaire, neremet pas en cause le classement initial des zones fondé sur l’importance relative du taux depauvreté. On a toujours au premier rang le Nord (41%) suivi du Sud (40.2%) et du Centre(34.6%).
Une analyse plus fine des taux de vulnérabilité par département, révèle desoppositions entre les départements d’une même zone. Au Nord, l’Alibori et la Dongas’opposent au Borgou et à l’Atacora. Au Sud, on a l’opposition entre l’Atlantique , le Couffoet le Plateau. En général, les oppositions relevées sont compatibles avec la hiérarchisationentre les zones de forte et de faible incidences.
Tableau 2.7 : Vulnérabilité à la pauvreté alimentaire par département et par passage
Département Mars – Mai99
Juin-Août 99 Sept.-Nov.99
Déc.99-Fév.00
Mars99-Fév.00
Rang
Alibori 15,2 16,8 31,2 20,3 20,8 6ème
Borgou 19,3 19,2 16,1 14,0 17,1 11ème
Atacora 13,8 19,1 24,8 18,6 19,1 7ème
Donga 26,0 20,2 28,4 32,0 26,6 1er
NORD 17,7 18,7 24,1 19,4 20,0
Collines 16,4 18,7 25,3 14,1 18,6 8ème
Zou 16,1 15,3 29,3 25,2 21,5 5ème
CENTRE 16,2 16,9 27,4 19,8 20,1
Atlantique 25,8 16,6 25,2 28,2 24,0 3ème
Couffo 22,8 22,0 28,6 25,2 24,6 2ème
Mono 18,9 10,3 24,8 18,4 18,1 10ème
Ouémé 12,5 21,9 19,5 20,6 18,6 9ème
Plateau 25,9 18,2 25,5 17,6 21,8 4ème
SUD 19,8 18,0 26,4 22,8 21,7
BENIN 18,3 18,0 25,8 21,0 20,8
Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR2 1999 – 2000.
En moyenne, le taux de vulnérabilité a connu de faibles variations entre les deuxpériodes d’édition de l’ECVR : l’écart en points de pourcentage est de 1.2 pour l’ensemble duBénin sur les quatre passages. Cette tendance cache des disparités entre les zonesgéographiques. Au Sud, on observe [tableau 2.8] une forte variation de la moyenne des tauxde vulnérabilité (écart de 3.1 points de pourcentage) attribuable aux importantes fluctuationsenregistrées sur les périodes Mars-Mai et Décembre-Février. A l’opposé, le taux de pauvretéa connu en moyenne une baisse substantielle dans les départements du Centre résultant desdiminutions importantes de proportion de vulnérables observées sur tous les passages àl’exception de la période Septembre-Novembre.
20
Tableau 2.8 : Variation saisonnière de la vulnérabilité entre les deux périodes d'éditionde l'ECVR.
2.3.2. Incidence de la pauvreté rurale selon le seuil de pauvreté global
L’incidence de la pauvreté fondée sur le SPG mesure la proportion de la populationrurale qui n’arrive pas à subvenir à ses dépenses alimentaires et non-alimentaires. Depuis1994, l’incidence de la pauvreté est restée stable en milieu rural ; en effet elle est passé de30.4% en 1994 à 31.2% en 1999 et la différence entre ces deux taux n’est pas statistiquementsignificative au niveau de 5% [tableau 2.9].
Les départements les plus affectés par le phénomène de pauvreté sont le Borgou et leCouffo avec une incidence voisine de 48% ; ceux qui sont moins affectés sont le Zou (16.2%),le Mono (17.5%) et l’ Atacora (23.4%). En dehors de ces cinq départements, tous les autresdépartements ont des incidences de pauvreté statistiquement très peu différentes de celle de lamoyenne du milieu rural.
21
Tableau 2.9 : Incidence de la pauvreté globale par département et par passage (en %)
(3,52) (3,58) (3,78) (3,71 (3,45)Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR2 1999 – 2000. Entre parenthèses figurent les écarts types
Comme tous les indicateurs déjà analysés, l’incidence de la pauvreté a connud’importantes fluctuations. La période de forte incidence se situe dans tous les départementsentre Septembre et Novembre. Celle correspondant à une faible incidence varie du Nord auSud. Au Nord, elle se situe entre Décembre et Février pour l’Alibori, l’Atacora et la Donga,Mars et Mai pour le Borgou. Au Centre et au Sud, elle correspond à Mars-Mai dans lesdépartements des Collines, du Zou, de l’Ouémé, du Plateau et de l’Atlantique et à Décembre-Février dans le département du Couffo.
Entre les deux éditions, l’incidence de la pauvreté globale est restée stable, ladifférence n’étant pas significative entre les deux indices de pauvreté calculés [tableau 3.7].La même tendance est observée dans les cinq départements ( Alibori, Atlantique, Collines,Couffo, Plateau). Dans les départements de l’Atacora, du Mono et du Zou, l’incidence abaissé de façon significative et s’est accrue par contre dans le Borgou, la Donga et l’Ouémé.
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Tableau 2.10 : Evolution des indices de pauvreté selon le SPG entre 1994/95et 1999/00
Mars 94 - Févr 95 Mars 99 - Févr 00 Test de comparaison desindices des 2 périodes
(1,38) (0,45) (0,23) (3,45) (1,22) (0,64)Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR1, 1994/95 ECVR2 1999 – 2000.Entre parenthèses figurent les écarts-types ; (*) différence significative à 5% et (**) à 10%Lecture : La valeur –0.93 de la statistique du test de comparaison implique qu’il n’y a pas de différence significative entre lesincidences de la pauvreté de 1994 et celles de 1999. Par contre pour la valeur 3.45, on dira que l’incidence de pauvreté a baissé defaçon significative au niveau de 5%.
Afin de mieux cerner l’évolution de la pauvreté globale, on a comparé passage parpassage les incidences des deux périodes d’investigation. Les tableaux 2.10 et 2.11 montrentque les départements les moins affectés en 1999 (Atacora, Mono, Zou) ont connu soit unebaisse significative soit une stabilité du taux d’accroissement de l’incidence en 1994 et 1999.Dans les départements les plus affectés (Borgou, Couffo), le Borgou affiche une augmentationsignificative de l’incidence de pauvreté de Juin à Février. Dans le Couffo, la baissesignificative des taux de croissance de Septembre à Février conjuguée à la stabilité observéesur la période Mars-Août, a maintenu stable son indice au niveau élevé de 1994.
23
Tableau 2.11 : Taux d’accroissement de l’incidence de la pauvreté entre 1994/95et 1999/00
Département Mars - Mai Juin-Août Sept.-Nov. Déc.-Fév.
Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR1, 1994/95 ECVR2 1999 – 2000. (*) pourcentage significatif à 5% et (**) à 10%Lecture : La valeur 47.76 marquée d’une étoile suggère qu’entre 1994 et 1999, l’incidence depauvreté s’est accrue fortement pour le premier passage (Mars-Mai) dans l’Alibori ; pour le second parcontre, l’accroissement est négligeable car la différence entre les incidences est non significative.
Graphique 2.4 : Evolution comparée de l'incidence de la pauvreté globaleentre 1994/95 et 1999/00
2.3.3. Ratio du déficit des dépenses : profondeur de la pauvreté rurale
L’intensité ou la profondeur de la pauvreté correspond à l’écart entre la dépensemoyenne des pauvres et le seuil de pauvreté (SPG) : la pauvreté est deux fois plus intense si ladépense des pauvres se situe en moyenne à 80% du seuil (écart 0,2) que s’il se situe enmoyenne à 90% du seuil (écart 0,1).
D’après le tableau 2.12 ci-après, la dépense moyenne des pauvres du milieu ruralreprésente 72.8% du seuil de pauvreté global (SPG), ce qui correspond à un rapport du déficitdes dépenses de 0,27. Sur le plan régional, la pauvreté est plus intense dans les départementsles plus affectés. En particulier, la pauvreté est deux fois plus intense dans le Borgou que dansl’Alibori et 2,4 fois plus intense dans les Collines que dans le Zou. Dans le Couffo, elle est 1.6fois plus que dans le Mono.
Tableau 2.12 : Ratio du déficit des dépenses des pauvres (en %) par département et parpassage
Département Mars - Mai Juin-Août Sept.-Nov. Déc.-Fév. Mars 99 - Févr 00Alibori 35,69 27,50 28,47 33,69 19,37
Sur la période 1994-1999, la profondeur de la pauvreté est restée stable au niveaunational [tableau 2.13]. Sur le plan géographique, le phénomène de pauvreté s’est aggravé tantdu point de vue de l’incidence que de la profondeur dans le Borgou. Dans le Zou et l’Alibori,la stabilité de l’incidence s’est accompagnée d’une réduction de l’intensité de la pauvreté. En
25
revanche dans l’Atacora, on a observé à la fois, une baisse significative du taux de pauvreté(P0) et de l’intensité.
Tableau 2.13 : Comparaison du ratio du déficit des dépenses entre 1994/95 et1999/00
Ratio du déficit des dépensesDépartement Mars 99 - Févr
00 Mars 94 - Févr 95Statistique Z decomparaison
Alibori 19,37 30,85 -3,99*(2,71) (0,97)
Atacora 17,75 28,81 -2,94*(3,74) (0,39)
Atlantique 24,99 27,24 -0,54(4,08) (0,74)
Borgou 34,42 27,23 1,67**(4,23) (0,79)
Collines 36,01 24,18 1,54(7,67) (0,26)
Couffo 29,14 22,92 1,46(4,25) (0,11)
Donga 20,19 11,19 1,33(5,13) (4,40)
Mono 18,43 18,46 0,00(6,38) (0,21)
Ouémé 26,85 26,93 -0,01(5,41) (0,72)
Plateau 27,52 22,02 0,98(5,61) (0,28)
Zou 15,14 27,28 -3,13*(3,85) 0,42)
Ensemble MilieuRural 27,25 24,88 0,48
(4,93) (0,04) (*) significatif à 5%, (**) significatif à 10%
2.3.4. Coefficient de contribution de chaque département à la pauvretérurale nationale
Dans cette section, on analyse la contribution3 de chaque département à la pauvretérurale nationale fondée sur les indices4 de pauvreté P0, P1 et P2. On considère d’abord P0 ,l’incidence de la pauvreté fondée sur le SPG et on calcule les contributions de chaquedépartement. D’après le tableau 2.14 ci-après les départements du Borgou et du Couffo
3 La contribution Cj du sous-groupe j est déterminée par le rapport xjPαj/Pα avec xj, la proportion du sous-groupej dans la population totale, Pαj l’indice de pauvreté du sous-groupe j et Pα l’indice national de pauvreté.4 Foster, Greer et Thorbecke (1984) définissent l’indice de pauvreté Pα par Pα=Σq
i=1[(z-yi)/z]α / n avec n lenombre de ménages, z le seuil de pauvreté, yi la dépense la dépense par équivalent – adulte du ménage, q lenombre de ménages pauvres et α un indice d’aversion pour la pauvreté.
26
contribuent à eux seuls à plus de 43% de la pauvreté rurale et sont de ce fait les plus affectés.L’Atacora, la Donga et le Mono y contribuent faiblement avec moins de 5%.
Tableau 2.14 : Pauvreté, poids démographique et coefficient annuel moyen de contributionde chaque région à la pauvreté rurale globale en 1999/00
Indices de pauvretéMars 99 - Févr 00 Contributions en % selon l’indice
(3,45) (1,22) (0,64)Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR1, 1994/95 ECVR2 1999 – 2000. Entre parenthèses figurent les écarts-types ;
L’effet-taille couplé avec le taux de pauvreté conduit à un positionnement desdépartements présenté dans le tableau 2.14. Aux extrémités Nord-Ouest et Sud-Est dudittableau, on trouve respectivement le Mono et, le Borgou et le Couffo. Le premierdépartement a une faible population et une faible incidence. Pour le Borgou et le Couffo c’estl’inverse : forte population et forte incidence. Le positionnement des départements estcohérent avec les contributions de ceux-ci.
Le tableau 2.14 offre l’avantage de servir de guide pour la détermination de zonesprioritaires en matière de lutte contre la pauvreté. Par exemple si l’on se fixe comme objectifde toucher un grand nombre de population dans ce cadre, le Couffo et le Borgou constituenten premier lieu, deux départements dans lesquels des actions doivent être envisagées. Ensecond lieu, l’Atlantique puis le Plateau ou les Collines et l’Ouémé…. La robustesse d’unetelle analyse tient fondamentalement à l’invariance du positionnement obtenu par rapport auchoix de l’indice de pauvreté.
27
Figure 2.1 (a) : Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution àla pauvreté rurale nationale fondée sur P0
Incidence de la pauvreté globaleFaible Moyenne Forte
2.50. Pour tenir compte du problème de robustesse que l’on pourrait être amené à poser ausujet de l’analyse découlant du positionnement ci-dessus, on a calculé les contributions dechaque département selon les indices de pauvreté P1 et P2 qui permettent de capter laprofondeur et la sévérité du phénomène. A travers celles-ci, il apparaît en premier lieu que lechoix du département du Couffo comme zone de concentration de la pauvreté ne dépend pasde l’indice de pauvreté. En second lieu, la stabilité des rangs obtenus pour tous lesdépartements sauf la Donga, le Mono et le Plateau montre clairement que le Couffo, leBorgou, les Collines, l’Ouémé et l’Atlantique constituent les principaux départementscontribuant fortement à la pauvreté rurale [tableau 2.14].
Figure 2.1 (b) : Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution àla pauvreté rurale nationale fondée sur P1
Indice de pauvreté P1Faible Moyenne Forte
Taille de laFaible Plateau
MonoDonga
PopulationMoyenne Zou
AliboriAtacora
AtlantiqueOuéméCollines
Forte CouffoBorgou
Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR2 1999 – 2000.
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Figure 2.1 (c) : Positionnement relatif de chaque département par rapport à sa contribution àla pauvreté rurale nationale fondée sur P2
Incidence de la pauvreté globaleFaible Moyenne Forte
Taille de laFaible Donga Mono
Plateau
PopulationMoyenne Alibori
AtacoraZou
AtlantiqueOuéméCollines
Forte Borgou Couffo
Source: PNUD/DANIDA – MAEP, ECVR2 1999 – 2000.
2.3.5. Montant total des ressources nécessaires pour amener la dépense globale despauvres au niveau du seuil de pauvreté global
Si l’on se fixe comme objectif de réduire considérablement ou d’éliminer la pauvreté,la détermination des ressources à engager est une nécessité. Dans cette optique, on a calculédans le tableau 2.15 ci-après, le montant du déficit à combler par trimestre et pour l’ensemblede la période de 12 mois visée par l’enquête.
Quel que soit le département, les périodes médianes (Juin-Août, Septembre-Novembre) sont celles où le déficit à combler est plus important. Ce sont des périodes surlesquelles le phénomène de pauvreté s’est intensifié. En moyenne, le déficit à combler est15.9 milliards de FCFA sur la période Juin-Août et 14.9 milliards de FCFA pour Septembre-Novembre contre 58.1 milliards pour l’ensemble des quatre périodes. Bien entendu sur le plandépartemental, les déficits du Couffo, du Borgou et des Collines représentent une partimportante du déficit total soit 44.4%.
Ces chiffres doivent être utilisés évidemment avec prudence compte tenu du fait qu’ilssont estimés sur la base des dépenses observées sur la période allant de Mars 1999 à février2000, lesquelles sont influencées par le niveau des prix et celui des revenus des ménages.Même si l’on suppose que le niveau de ceux-ci est relativement stable en milieu rural, leniveau des prix connaît par contre de nombreuses fluctuations compte tenu de l’intensité deséchanges entre le milieu urbain et le milieu rural.
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Tableau 2.15 : Montant du déficit total à combler par département et par trimestre
Montant par trimestre en millions de FCFA Total du montant nécessairesur la périodeDépartement Mars - Mai 99 Juin-Août
2.3.6. Pauvreté structurelle et pauvreté conjoncturelle sur la période d'étude
Après l’étude de l’incidence, de l’intensité, des indices synthétiques de pauvreté ainsique celle relative à la détermination des zones prioritaires dans un contexte de lutte contre lapauvreté, on s’intéresse à la pauvreté structurelle et conjoncturelle. Pour ce faire, la démarcheretenue vise d’abord, à analyser les taux de pauvreté calculés pour les ménages déclaréspauvres au cours d’un ou de plusieurs passages ; puis à étudier la dynamique de pauvreté enconsidérant les ménages retrouvés entre la première édition de 1994 et la présente édition(1999/2000).
Si l’on définit la pauvreté structurelle en se référant aux ménages pauvres au cours de3 ou 4 passages et la pauvreté conjoncturelle en rapport à ceux identifiés comme pauvres aucours d’un ou de deux passages, on se rend bien compte que l’aspect conjoncturel de lapauvreté prime sur l’aspect structurel en général: en moyenne le taux de pauvreté est de23.3% sur un ou deux passages et de 10.8% sur trois ou quatre passages pour l’ensemble duBénin [tableau 2.16].
30
Tableau 2.16 : Pourcentage des ménages pauvres au cours d'un ou de plusieurs passages pardépartement
% de ménages pauvres àDépartement % de ménages non-pauvresou
Sur le plan géographique cependant, on a une opposition entre d’un côté le Nord et del’autre, le Centre et le Sud. Le Nord est caractérisé par la prédominance de la pauvretéconjoncturelle avec des valeurs moyennes supérieures à celles de l’ensemble du Bénin(27.0% contre 25.1% pour les pauvres à 1 passage et 24.1% contre 21.5% pour les pauvres à 2passages). Au Centre et au Sud, la pauvreté structurelle est légion : le taux de pauvreté à 3passages par exemple varie entre 14 et 15% dans ces deux régions contre 13.7% pour lamoyenne nationale et 12% pour le Nord.
Sur le plan départemental et corrélativement avec ce qui vient d’être dit, le Borgouidentifié comme le département ayant une forte sévérité en pauvreté au Nord est caractérisé àla fois par une pauvreté structurelle et conjoncturelle. Par contre au sud, le Couffo etl’Atlantique sont caractérisés par une pauvreté structurelle.
Pour re-étudier l’évolution de la pauvreté entre 1994 et 1999, les taux de pauvretésont calculés passage par passage pour les ménages retrouvés au cours des deux éditions. Uneanalyse de ces taux montre pour l’ensemble des ménages retrouvés, une aggravation de lapauvreté sur tous les passages avec un point culminant au 3ème passage (Septembre-Novembre). Le taux de pauvreté national calculé sur les quatre passages est passé de 29.8%en 1994 à 39.0% en 1999. Les zones du Nord et du Sud sont les plus affectées (accroissementmoyen du taux de pauvreté 38%). En moyenne, on observe une stabilité du taux de pauvretédans la zone du Centre (taux de 31%), les hausses des 1er et 2ème passages étant compenséespar les baisses du 3ème et 4ème passages.
L’étude de la dynamique de la pauvreté et de la vulnérabilité permet d’apporter deséléments d’explication à l’aggravation observée. Au Nord, l’augmentation du taux depauvreté entre 1994 et 1999 semble être le fait de nouveaux pauvres. Ce sont des vulnérablesou des non pauvres de 1994 qui sont devenus pauvres en 1999. Ces changements de situation
31
s’observent davantage au premier et au 3ème trimestres [tableaux 2.17 et 2.18] Au Sud,l’accroissement de l’incidence de pauvreté entre 1994 et 1999 est dû fondamentalement auxpauvres de 1994 qui n’ont pas changé de situation et avec moins d’acuité aux nouveauxpauvres.
Enfin, il est utile de souligner que la stabilité de la profondeur de pauvreté observéeentre 1994 et 1999 avec un faux panel est compatible avec les résultats obtenus au niveau dupanel des ménages retrouvés en 1999 [voir tableau 2.18].
Tableau 2.17 : Évolution de la pauvreté entre 1994 et 1999 pour les ménages retrouvés (%)
Non pauvres et vulnérables Pauvres1994 1999 1994 1999
3. PROFIL DE PAUVRETE EN MILIEU RURAL ET CARACTERISTIQUESSOCIO-DEMOGRAPHIQUES DES MENAGES RURAUX AU REGARD DE LA
PAUVRETE
Dans cette troisième partie du rapport, on aborde le profil de pauvreté et lescaractéristiques socio-économiques des ménages ruraux en mettant l’accent sur les relationsentre celles-ci et la pauvreté. On étudiera dans cette perspective, la taille moyenne desménages, les principales activités selon les périodes de l’année, le sous emploi en milieu rural,le niveau et les sources de revenu, les dépenses de consommation et leur structure.
3.1. PROFIL DE PAUVRETE EN MILIEU RURAL
3.1.1. Sexe du Chef de ménage
L’analyse du taux de pauvreté en fonction du sexe du chef de ménage permet demettre en évidence la relation entre celui-ci et le phénomène de pauvreté. En général, l’effetdu sexe du chef est faible sur la pauvreté. En effet, l’incidence de la pauvreté des ménagesdirigés par les hommes est de 31.7% contre 26.4% pour les ménages dirigés par une femme.La différence entre ces deux taux n’est pas statistiquement significative au niveau de 5%[tableau 3.1].
Trois départements ont rompu avec cette tendance générale avec une opposition trèsnette : d’une part l’Atacora et la Donga caractérisée par la prédominance de l’incidence depauvreté masculine et d’autre l’Ouémé où le taux de pauvreté des ménages dirigés par lesfemmes est 1.75 fois celui des ménages dirigés par un homme.
Tableau 3.1 : Indices de pauvreté selon le sexe du chef de ménage
(*) significatif à 5%, entre parenthèses figurent les écarts types
33
3.1.2. Taille du ménage
Les indices de pauvreté augmentent avec la taille du ménage. En milieu rural,l’incidence de pauvreté dans les ménages de moins de 3 personnes est 21.7% contre 36.6%pour les ménages de 6 personnes et plus ; la différence entre ces deux indices est trèssignificative [tableau 3.2]. La même tendance croissante s’observe avec le ratio du déficit dedépense et l’indice de sévérité. Mais pour ces deux indices, l’effet de la taille du ménage estfaible au niveau national.
Tableau 3.2 : Indices de pauvreté en % selon la taille du ménage
Ensemble milieu ruralMars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99 - Fév.00 Mars 99 - Févr 00Taille de
(*) significatif à 5% ; (**) significatif à 20% ; entre parenthèses figurent les écarts types
L’effet de la taille du ménage est très significatif sur les trois indices de pauvretéretenus dans les départements de l’Atlantique, des Collines, de la Donga et du Plateau. Ils’ensuit que le phénomène de pauvreté est davantage intense et sévère lorsque la taille duménage augmente.
3.1.3. Age du chef de ménage
Le test d’égalité des indices de pauvreté calculé pour les différentes modalités de l’âgene rejette pas au niveau conventionnel de 5% l’égalité entre ces indices. Ce qui suggère quel’effet de l’âge est faible sur la pauvreté lorsqu’on considère l’ensemble du milieu rural. Cerésultat mérite d’être nuancé car il émane d’une analyse unidimensionnelle qui ne tient pascompte des effets d’autres variables telles que le niveau d’instruction, le revenu…
Une analyse plus fine montre qu’au niveau des départements, l’importance de l’effetde l’âge dépend du niveau choisi pour le test. Au niveau conventionnel de 5%, l’effet de l’âgeest significatif dans l’Alibori. Quand on passe à 10%, le champ s’élargit. L’effet de l’âgedevient significatif dans les départements du Borgou, des Collines, du Plateau et du Zou avecdes schémas différents. Dans le Borgou, le Plateau et le Zou le taux de pauvreté augmenteavec l’âge. Dans l’Alibori et les Collines, il croît, atteint un maximum entre [35 ; 45[ ou[45 ;60[ puis décroît.
34
Tableau 3.3 : Indices de pauvreté en % selon l’âge du chef de ménage
Ensemble milieu ruralMars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99 - Fév.00 Mars 99 - Févr 00Age du CM
3.1.4 Statut de profession et branche d’activité du Chef de Ménage
Le statut de profession et la branche d’activité du chef de ménage ont des effetsfaibles sur la pauvreté en milieu rural. L’effet de ces variables est marqué dans au plus 5départements : l’Atacora et le Zou lorsqu’on considère la branche d’activité ; on y ajoute leBorgou, le Couffo et la Donga s’agissant du statut de profession.
Dans l’Atacora, l’incidence de pauvreté des ménages dont le chef exerce dans lecommerce, le transport et l’artisanat est significativement inférieure à celle des ménages dontle chef a une activité dans l’agriculture, l’élevage ou la pêche. L’incidence de ceux-ci est28.9% contre 20.8% chez les premiers. Dans le Zou, le phénomène contraire est observé avec25.7% dans les ménages dont le chef exerce dans le commerce contre 11.9% pour ceux dontle chef est dans l’agriculture.
Corrélativement à ce qui vient d’être dit, l’incidence de pauvreté des agriculteurs etexploitants est significativement supérieure à celle de ceux qui sont salariés ou travailleursindépendants non agricoles dans l’Atacora.
Tableau 3.4 : Indices de pauvreté en % selon le statut de profession du chef de ménage
Ensemble milieu ruralMars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99 - Fév.00 Mars 99 - Févr 00Statut de
(*) significatif à 5% ; (**) significatif à 10% ; entre parenthèses figurent les écarts types
3.1.5. Niveau d’instruction du CM
Le niveau d’instruction du Chef de ménage a un effet faible sur la pauvreté en milieurural. Ce résultat n’est pas surprenant car 3 chefs de ménage sur 4 n’ont aucun niveaud’instruction et 14 sur 100 seulement n’ont que le niveau du primaire.
Au niveau régional, la relation est bien typée et laisse apparaître des profils depauvreté hétérogènes du sud au nord. Dans les départements du Sud (Couffo), les ménagesdont le chef n’a que le niveau du primaire affichent le taux de pauvreté le plus élevé (68%) ;viennent ensuite ceux dont le chef est alphabétisé en langue locale ou n’a aucun niveaud’instruction (entre 32% et 45%). Dans les départements du Centre, le primaire ou le lycéeest caractéristique du niveau d’instruction des chefs des ménages les plus pauvres. Enfin auNord (Alibori), c’est l’analphabétisme qui caractérise le niveau d’instruction des ménages lesplus pauvres.
Tableau 3.6 : Indices de pauvreté en % selon le niveau d’instruction du chef de ménage
Ensemble milieu rural
Mars - Mai 99 Juin-Août 99 Sept.-Nov. 99 Déc.99 - Fév.00 Mars 99 - Févr 00Niveaud’instruction du
3.2. Caractéristiques socio-démographiques des ménages au regard de la pauvreté
3.2.1. Caractéristiques socio-démographiques
3.2.1.1. Taille des ménages ruraux
En milieu rural, on compte en moyenne 7 personnes par ménage. Ce sont les ménagespauvres ou vulnérables qui sont de grande taille : ils comptent respectivement en moyenne 8et 7 personnes contre 6 personnes pour les ménages non pauvres. Sur le plan régional, c’estdans les départements du Nord qu’on observe les ménages de très grande taille (taillemoyenne 8 avec 10 pour le Borgou , 8 pour l’Alibori contre 7 pour la Donga et l’Atacora).Les départements du Centre reflètent la tendance moyenne de l’ensemble du milieu rural. Lesménages du Sud ont des tailles plus réduites mais importantes aussi : 6 pour l’ensemble desménages du Sud avec néanmoins une taille moyenne plus élevée que celle du Couffo (7personnes).
L’analyse de la taille en fonction des catégories socio-économiques est cohérente avecles tendances régionales. On a toujours d’une part, une opposition Nord-Sud : Au Nord lesménages pauvres, vulnérables et non – pauvres comptent respectivement en moyenne 10, 8 et7 personnes contre 7, 6 et 5 au Sud. Le Borgou et l’Alibori viennent en tête. A l’opposé setrouvent l’Atlantique, l’Ouémé et le Plateau avec des tailles réduites pour chaque catégorie deménage [tableau 3.7]. D’autre part, une opposition Pauvres et Non-Pauvres au niveau dechaque région : grande taille pour les premiers et taille réduite pour les autres.
Tableau 3.7 : Taille moyenne du ménage dans les départements selon la catégoriede ménage
Département Non - pauvres Vulnérables Pauvres Ensemble desménages
La répartition des ménages selon le nombre de membres habituels renforce lesoppositions observées. Elle montre en particulier qu’au moins 70% des ménages pauvres duNord comptent 6 membres et plus, et moins de 6% seulement ont au plus 2 personnes. Cestaux sont respectivement de 60% et 9% au Sud et au Centre.
37
Tableau 3.8: Profil socio-démographique selon la taille des ménages au regard de lapauvreté
Catégorie socio-économique du ménageDépartement
Taille du ménage Non pauvre Vulnérable Pauvre
Total
Alibori Moins de 3 personnes 5,56 2,74 1,75 3,263 à moins de 6 personnes 29,63 20,55 14,04 21,206 personnes et plus 64,81 76,71 84,21 75,54Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Atacora Moins de 3 personnes 14,63 6,25 4,00 8,773 à moins de 6 personnes 34,15 27,08 20,00 28,076 personnes et plus 51,22 66,67 76,00 63,16Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Atlantique Moins de 3 personnes 20,00 17,65 11,90 15,843 à moins de 6 personnes 40,00 35,29 47,62 41,586 personnes et plus 40,00 47,06 40,48 42,57Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Borgou Moins de 3 personnes 4,17 1,61 0,99 1,903 à moins de 6 personnes 22,92 30,65 14,85 21,336 personnes et plus 72,92 67,74 84,16 76,78Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Collines Moins de 3 personnes 15,79 11,11 8,33 12,023 à moins de 6 personnes 30,26 31,94 30,00 30,776 personnes et plus 53,95 56,94 61,67 57,21Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Couffo Moins de 3 personnes 9,76 4,88 7,34 7,013 à moins de 6 personnes 48,78 34,15 27,52 35,676 personnes et plus 41,46 60,98 65,14 57,32Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Donga Moins de 3 personnes 21,05 3,70 5,26 9,233 à moins de 6 personnes 36,84 44,44 26,32 36,926 personnes et plus 42,11 51,85 68,42 53,85Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Mono Moins de 3 personnes 15,94 16,46 13,16 15,593 à moins de 6 personnes 52,17 43,04 26,32 43,016 personnes et plus 31,88 40,51 60,53 41,40Total 100,00 100,00 100,00 100,00
38
Tableau 3.8: Profil socio-démographique selon la taille des ménages au regard de lapauvreté (suite)
Catégorie socio-économique du ménageDépartement
Taille du ménage Non pauvre Vulnérable Pauvre
Total
Ouémé Moins de 3 personnes 27,14 12,86 10,94 17,163 à moins de 6 personnes 34,29 41,43 39,06 38,246 personnes et plus 38,57 45,71 50,00 44,61Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Plateau Moins de 3 personnes 26,19 22,03 10,91 19,233 à moins de 6 personnes 42,86 32,20 34,55 35,906 personnes et plus 30,95 45,76 54,55 44,87Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Zou Moins de 3 personnes 17,60 13,04 7,14 14,293 à moins de 6 personnes 37,60 27,17 33,33 33,206 personnes et plus 44,80 59,78 59,52 52,51Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Ensemblemilieu rural
Moins de 3 personnes 15,79 9,40 6,08 10,45
3 à moins de 6 personnes 36,07 30,74 27,59 31,506 personnes et plus 48,14 59,87 66,34 58,05Total 100,00 100,00 100,00 100,00
En somme, la grande taille apparaît une caractéristique des ménages pauvres rurauxavec un effet – région dominant : taille très élevée dans les départements du Nord avec unemoyenne de 10 personnes contre 7 dans ceux du Sud et du Centre. Entre les éditions 1994/95et 1999/2000, la taille des ménages et en particulier des ménages pauvres est restéerelativement constante.
3.2.1.2. Age du Chef de ménage
La répartition des ménages selon la catégorie socioéconomique et l’âge du chef deménage révèle la prépondérance des chefs de ménage de 45 ans et plus au détriment desmoins de 45 ans chez les pauvres et les vulnérables. Dans ces deux types de ménages, ondénombre respectivement 60% et 56% de ménages dont le chef est âgé de 45 ans au moinscontre 49% dans la classe des ménages non pauvres. Ceci suggère qu’en milieu rural lesménages les plus défavorisés sont ceux dont le chef a au moins 45 ans.
Cette tendance générale est compatible avec le profil obtenu dans les départements del’Alibori, de l’Atacora, du Borgou, de la Donga, du Mono, du Plateau, de l’Ouémé et du Zou.En revanche elle s’est inversée en faveur des moins de 45 ans dans les départements del’Atlantique, du Couffo et des Collines.
En somme, l’effet de l’âge diffère selon l’ampleur du phénomène de pauvreté dans lesdépartements et la zone géographique. En effet dans le Borgou, ce sont les ménages dont le
39
chef est âgé d’au moins 45 ans qui sont les plus touchés. Par contre dans le Couffo, ce sont lesjeunes de moins de 45 ans.
Tableau 3.9: Profil socio-démographique selon l'âge du chef de ménage au regard de lapauvreté
Catégorie socio-économique du ménageDépartement
Age du Chef de ménage Non pauvre Vulnérabl
e PauvreTotal
Alibori Moins de 35 ans 23,21 18,92 12,28 18,1835 à moins de 45 ans 33,93 29,73 24,56 29,4145 à moins de 60 ans 21,43 29,73 36,84 29,4160 ans et plus 21,43 21,62 26,32 22,99Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Atacora Moins de 35 ans 20,00 10,42 8,00 13,2735 à moins de 45 ans 25,00 22,92 20,00 23,0145 à moins de 60 ans 35,00 39,58 40,00 38,0560 ans et plus 20,00 27,08 32,00 25,66Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Atlantique Moins de 35 ans 26,92 23,53 16,67 21,5735 à moins de 45 ans 23,08 14,71 38,10 26,4745 à moins de 60 ans 19,23 20,59 26,19 22,5560 ans et plusTotal
30,77100,00
41,18100,00
19,05100,00
29,41100,00
Borgou Moins de 35 ans 14,89 20,97 11,88 15,2435 à moins de 45 ans 34,04 17,74 20,79 22,8645 à moins de 60 ans 31,91 40,32 34,65 35,7160 ans et plusTotal
19,15100,00
20,97100,00
32,67100,00
26,19100,00
Collines Moins de 35 ans 27,27 26,03 23,33 25,7135 à moins de 45 ans 19,48 15,07 31,67 21,4345 à moins de 60 ans 20,78 28,77 20,00 23,3360 ans et plusTotal
32,47100,00
30,14100,00
25,00100,00
29,52100,00
Couffo Moins de 35 ans 32,10 37,40 34,86 35,1435 à moins de 45 ans 14,81 22,76 19,27 19,4945 à moins de 60 ans 19,75 16,26 14,68 16,6160 ans et plus 33,33 23,58 31,19 28,75Total 100,00 100,00 100,00 100,00
40
Tableau 3.9: Profil socio-démographique selon l'âge du chef de ménage au regard de lapauvreté (suite)
Catégorie socio-économique du ménageDépartement
Age du Chef de ménage Non pauvre Vulnérabl
e PauvreTotal
Donga Moins de 35 ans 22,22 3,70 21,05 14,0635 à moins de 45 ans 27,78 25,93 15,79 23,4445 à moins de 60 ans 27,78 25,93 31,58 28,1360 ans et plus 22,22 44,44 31,58 34,38Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Mono Moins de 35 ans 22,86 27,85 13,51 23,1235 à moins de 45 ans 25,71 12,66 13,51 17,7445 à moins de 60 ans 20,00 34,18 48,65 31,7260 ans et plus 31,43 25,32 24,32 27,42Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Ouémé Moins de 35 ans 27,14 22,86 26,56 25,4935 à moins de 45 ans 22,86 25,71 18,75 22,5545 à moins de 60 ans 28,57 35,71 31,25 31,8660 ans et plus 21,43 15,71 23,44 20,10Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Plateau Moins de 35 ans 28,57 16,95 5,56 16,1335 à moins de 45 ans 30,95 35,59 18,52 28,3945 à moins de 60 ans 30,95 23,73 40,74 31,6160 ans et plus 9,52 23,73 35,19 23,87Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Zou Moins de 35 ans 30,89 21,74 12,20 24,6135 à moins de 45 ans 21,14 19,57 17,07 19,9245 à moins de 60 ans 27,64 23,91 21,95 25,3960 ans et plus 20,33 34,78 48,78 30,08Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Ensemble Milieurural
Moins de 35 ans 25,85 20,00 17,08 21,0035 à moins de 45 ans 25,08 23,76 23,32 24,0545 à moins de 60 ans 26,01 29,93 31,53 29,1560 ans et plus 23,07 26,31 28,08 25,80Total 100,00 100,00 100,00 100,00
3.2.1.3. Taux de dépendance des ménages ruraux
Le taux de dépendance est défini comme le rapport des inactifs (enfants et vieillards)au nombre d’actifs du ménage. Il mesure donc le nombre d’individus à la charge d’un actif.En milieu rural, une personne active supporte en moyenne 0.51 personne inactive. Ce tauxest de 0.53 chez les pauvres contre 0.48 chez les non pauvres et 0.51 chez les vulnérables. Il
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ne semble pas avoir une différence nette entre ces différents taux au niveau national.Toutefois, un effet –région est présent.
En effet, en comparant les régions, on observe qu’en général les actifs pauvres desdépartements du Centre et du Sud supportent en moyenne plus de charge que ceux du Nordavec respectivement des rapports de dépendance de 0.53 et 0.51 contre 0.47 au Nord. Lacomparaison entre le Sud et le Nord va dans le même sens que celle des taux de pauvreté.Ainsi, dans le Couffo et le Borgou, zones de forte concentration de pauvreté, on obtient uneopposition Sud-Nord ; le taux de dépendance des pauvres du Couffo est 0.65 contre 0.53 dansle Borgou.
Le fort taux de dépendance en milieu rural (pas forcément chez les pauvres) peuts’expliquer sous l’angle sociologique et économique. En effet, avoir beaucoup d’enfantssatisfait le besoin de main d’œuvre agricole et garantit à long terme les soins à apporter auxparents plus âgés.
Tableau 3.10: Nombre moyen d'actifs et d'inactifs par ménage et rapport dedépendance par département
En général, la relation entre taux de dépendance et taux de pauvreté est mitigée.Certains départements (Couffo, Borgou) à forte incidence de pauvreté ont enregistré des tauxde dépendance élevés. D’autres (Plateau, Donga) ont présenté un schéma contraire. Il en estainsi aussi pour certains départements à faible taux de pauvreté comme le Mono et le Zou.
S’agissant de l’évolution temporelle, le rapport de dépendance a augmenté de 42%pour l’ensemble des ménages entre 1994 et 1999. L’accroissement a été plus lent chez lespauvres : 36% contre 47% dans les ménages non pauvres. La même tendance s’observe auniveau régional, comme le montre le tableau 3.10 ci-après. Cependant le rapport dedépendance a augmenté en moyenne plus vite (47% contre 43% au Sud et 41% au Nord) auCentre malgré une réduction de la pauvreté de 28.5%.
Tableau 3.11 : Comparaison des rapports de dépendance en % entre 1994 et 1999
Les ménages ruraux sont majoritairement dirigés par les hommes et ce dans uneproportion de 86%. Ce taux est resté constant sur la période 1994-1999. La présence desménages dirigés par les hommes est très marquée au Nord qu’au Sud et au Centre. Dansl’Alibori 93% des ménages sont dirigés par les hommes ; dans le Zou, on dénombre 79 sur100. Les chefs de ménages hommes du centre et du sud migrent généralement vers le Gabon,la Côte d’Ivoire… ou vers les centres urbains en particulier Cotonou où ils vont travailler dansle port. D’autres vont vers le nord du pays (à la recherche de terre cultivable) où ils sontutilisés comme des ouvriers agricoles.
L’ effet faible du sexe du chef de ménage sur la catégorie socio-économique obtenuavec les tests réalisés sur les indices de pauvreté est compatible avec l’analyse de la structureselon le sexe du chef de ménage et la catégorie socio-économique du ménage. En effet, auniveau national il y a très peu de différence entre les structures obtenues [tableau 3.12].Cependant comme pour les indices de pauvreté, l’effet du sexe est fortement marqué dans lesdépartements de la Donga et de l’Ouémé.
Tableau 3.12: Profil socio-démographique selon le sexe du chef de ménageau regard de la pauvreté
Catégorie socio-économiquedu ménageDépartement Sexe du Chef de
3.2.1.5. Niveau d’instruction du Chef de ménage et pauvreté
L’analphabétisme est une caractéristique du milieu rural. En moyenne deux ménagessur trois sont dirigés par un chef qui n’a aucun niveau d’instruction. Le niveau le plussouvent atteint parmi ceux qui sont alphabétisés est celui du cours primaire [tableau 3.13].
Du point de vue de la relation entre niveau d’instruction et pauvreté, on note sur leplan national que parmi les ménages pauvres le chef n'a aucun niveau d’instruction dans 75%des cas. Dans 14 cas sur 100, il atteint le niveau du primaire. Dans les ménages non pauvres,on note une proportion plus élevé de chef de ménages ayant atteint le niveau du primaire oudu secondaire.
Puisqu’il s’agit ici d’une pauvreté monétaire, le lien entre niveau d’instruction etpauvreté ne peut s’expliquer qu’avec l’activité principale du Chef de ménage en conjonctionavec les dépenses et revenus du ménage. L’emploi est examiné dans la section suivante.L’analyse des revenus et des dépenses sera abordée plus loin.
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Tableau 3.13: Profil socio-démographique selon le niveau d'instruction du chef de ménage auregard de la pauvreté
Catégorie socio-économique duménageDépartement Niveau d'instruction du chef
Zou Aucun 60,48 64,13 85,00 65,63alphabétisé 2,42 5,43 2,50 3,52primaire 25,81 25,00 7,50 22,66secondaire ou plus 11,29 5,43 5,00 8,20Total 100,00 100,00 100,00 100,00
Ensemble milieu rural Aucun 63,62 69,66 74,71 69,25alphabétisé 4,80 7,38 6,57 6,30primaire 21,21 17,99 14,12 17,85secondaire ou plus 10,37 4,97 4,60 6,60Total 100,00 100,00 100,00 100,00
3.2.2. Emploi des ménages ruraux
L’agriculture est l’activité principale dominante des membres des ménages ruraux.Elle occupe 80% des membres des ménages. Les autres activités principales sont constituéespar le commerce et l’artisanat ; elles occupent respectivement 5% et 4% des membres desménages. Par rapport à 1994, la proportion de la population exerçant dans l’agriculture est enbaisse de 6 points du fait de l’exode rural. Les actifs ruraux désertent les champs etsubstituent aux travaux agricoles, les emplois urbains jugés plus lucratifs.
La catégorie socio-économique du ménage n’a pas d’influence sur l’exercice d’uneactivité agricole (il n’y a pas de différence significative entre la part des pauvres exerçant dansl’agriculture et celle des vulnérables et non-pauvres). Cependant le choix d’exercer dans lecommerce ou l’artisanat est liée à la catégorie socio-économique. Ces activités caractérisentles ménages non-pauvres ou vulnérables.
Le lien entre l’exercice d’une activité commerciale ou artisanale et la catégorie socio-économique des ménages s’explique par le besoin de fonds de roulement ou d’investissementnécessaire au démarrage puis à la survie de telles activités. Ceci n’est pas le cas d’une activitéagricole de subsistance orientée vers les cultures vivrières.
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Tableau 3.14 : Répartition (en %) des membres de ménage de 8 ans et plus selon l'activitéprincipale et les diverses catégories socio-économiques
Ensemble du BéninCatégorie socio-économique des ménagesActivité principale
du CM Non - pauvres Vulnérables PauvresEnsemble des
Pour l’étude de l’emploi, on s’est aussi intéressé au nombre moyen d’heures detravail par membre du ménage rural en équivalent-adulte. La détermination de cet indicateurne tient pas compte des tâches domestiques des femmes. Au niveau national, le nombremoyen d’heures de travail est estimé à 35 heures par semaine soit une moyenne de 5,8heures par jour sous l’hypothèse de six jours de travail par semaine. En 1994, il était estimé à4.5 heures par jour. Les membres des ménages consacrent en moyenne le tiers de leur temps àl’agriculture et les 48% aux prestations de services.
Les départements du Nord-Est, Alibori et Borgou sont caractérisés par un nombremoyen d’heures de travail hebdomadaires réduit (entre 25 et 31 heures) par rapport à lamoyenne nationale. Cela peut être lié à l’utilisation marquée de la culture attelée. Danschacun de ces départements, le temps est différemment alloué à l’agriculture et auxprestations de services. Dans l’Alibori, ce sont les prestations de services qui viennent en têteavec 43% contre 40% pour l’agriculture. Dans le Borgou, on a l’inverse : 50% pourl’agriculture et 32% pour les services. L’importance du temps consacré à l’agriculture dansce département s’explique par le fait que la grande partie de la zone-vivrière se trouve dans leSud-Borgou.
Les départements dont les ménages totalisent des heures de travail hebdomadaires trèsélevées (supérieures à 41 heures), consacrent au moins 49% de leur temps aux prestations deservices. C’est le cas du département du Mono, zone de pêcherie par excellence, dudépartement du Plateau caractérisé par la zone de terre de barre et de dépression où laproduction agricole ne constitue pas la principale source de revenu et enfin, du départementdu Zou dominé par la zone des terres de barre dans laquelle les revenus du commerce, destransformations agroalimentaires et des petits métiers ont pris le pas sur ceux des culturesagricoles.
Dans l’Atlantique et l’Ouémé la prédominance du temps consacré aux prestations deservices est plus accentuée du fait de la proximité d’une part, des villes de Cotonou, Porto-novo et Ouidah et d’autre part, du Nigeria pour l’Ouémé notamment ; proximité qui favorisele développement du commerce et des petits métiers au détriment de l'activité culturale.
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Le temps de travail connaît des variations saisonnières qui dépendent de celles destravaux agricoles. Au niveau national, les périodes d’intense activité correspondent àSeptembre – Novembre et Décembre – Février. Celle allant de Juin à Août correspond à unepériode d’activité moyenne. Les périodes d’intense activité varient d’une zone géographique àune autre. Dans l’Alibori, zone cotonnière et zone de production des cultures de contre saison(oignon, pomme de terre), les périodes d’intense activité sont celles des récoltes (Septembre –Novembre) et de commercialisation de coton (Décembre - février). C’est aussi le cas del’Atacora et du Borgou.
Dans les départements du centre, les collines et le zou présentent des schémasdifférents. Pour les actifs des collines, il n’y pas de différence significative dans le temps detravail entre la période de soudure (Mars-Mai) et les périodes de récoltes (Juin-Août etSeptembre-Novembre). La période de la post-récolte apparaît comme celle d’intense activitéchampêtre entrant dans le cadre des préparatifs des prochaines semences. Dans le zou, lesactifs ruraux sont très bousculés dans les périodes de récolte et de post-récolte.
Finalement, les départements du Sud peuvent être classés en deux groupes. Ceux dontle nombre hebdomadaire d’heures de travail est inférieur à la moyenne nationale (Atlantique,Couffo, Ouémé) et ceux pour lesquels il lui est largement supérieur. Dans ce groupe figurent,le Mono et le Plateau caractérisés par des périodes d’intenses activités qui sont celles desrécoltes de première saison (Juin-Août) et de post-récolte Décembre – Février). Les mêmespériodes s’observent dans le premier groupe pour les départements de l’Ouémé et del’Atlantique. Dans le Couffo, c’est la période de soudure qui se place en tête.
3.2.3. Revenus des ménages ruraux
En milieu rural, le revenu net annuel des ménages est en moyenne de 125491 Fcfa.Chez les ménages pauvres, il est évalué à 74055 Fcfa contre 150610 Fcfa pour les ménagesnon – pauvres. Les revenus les plus élevés sont observés dans l’Atlantique, l’Ouémé et leZou. Ils représentent respectivement 2 fois, 1.5 fois et 1.4 fois le revenu net moyen du milieurural. A l’opposé, les revenus les plus faibles représentent entre 0.50 et 0.70 fois le revenumoyen et sont observés dans les départements de la Donga, du Couffo, du Borgou et del’Atacora. A titre de comparaison, le revenu le plus faible observé dans la Donga représentele tiers du revenu le plus élevé observé dans l’Atlantique.
Les départements du Nord apparaissent ainsi typés du point de vue de leur faiblesse derevenu et de leur forte incidence de pauvreté. Il en est ainsi aussi du Couffo, département duSud, identifié comme zone de forte concentration de pauvreté, prioritaire dans le cadre de lalutte contre la pauvreté.
Du point de vue de leur structure, les revenus proviennent principalement de troissources : activités non agricoles (53%), activités agricoles (41%) et transferts reçus en natureou en argent (4%). Cette structure moyenne nationale masque les caractéristiques régionalesfort différentes les unes des autres. A l’extrême – Nord (Alibori, Atacora), par exemple, lesrevenus proviennent essentiellement des activités agricoles (80%) et des activités nonagricoles (entre 15% et 18%) ; les activités agricoles concernent les cultures de rente, lescultures vivrières et l’élévage. Dans le Borgou et la Donga, les activités non agricoles ont prisde l’importance et constituent notamment dans la Donga, la première source de revenu avec
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49% (contre 28% dans le Borgou où elles occupent le second rang) ; suivent les activitésagricoles avec 47% [tableaux 3.16 et 3.17 voir annexe].
Dans les départements du Centre, on observe comme au niveau de l’emploi desschémas différents entre la structure des revenus des ménages des Collines et ceux du Zou.Dans le Zou, près des 2/3 des revenus proviennent des activités non agricoles . En revanche,dans les Collines, ce sont les revenus agricoles qui dominent la structure des revenus avec uneimportance relative de 55%. Du point de vue de la catégorie socio-économique, les activitésnon – agricoles constituent au moins les 60% des revenus des ménages pauvres dans les deuxdépartements. Chez les ménages non-pauvres par contre, les activités agricoles et non-agricoles représentent respectivement 52% et 44% des revenus des ménages des collinescontre 38% et 56% pour les ménages du Zou.
Au Sud, la proximité des grandes villes favorisent le développement du commerce etdes petits métiers. Ainsi dans tous les départements, à l’exception du Couffo, les revenus desactivités non agricoles représentent au moins les 70% du revenu total des ménages ruraux.Dans le Mono, les revenus des activités agricoles et non agricoles se talonnent avecrespectivement 45.7% et 46.2%. Dans le Couffo, zone de forte concentration de la pauvreté,les revenus proviennent des activités agricoles 57 fois sur 100, des activités non-agricoles 27fois sur 100 et des transferts en nature ou en argent dans 15% des cas.
Une analyse plus fine de la structure des revenus et spécifiquement des revenusagricoles selon les catégories socio-économiques révèle l’hétérogénéité de la pauvreté enmilieu rural. Dans les départements du Nord (Alibori, Atacora, Borgou) à l’exception de laDonga, les revenus des cultures de rente constituent au moins les 70% des revenus agricolesdes pauvres. Dans les Collines, ces revenus proviennent à 60% des cultures vivrières et 22%de l’élevage, de la pêche et de la chasse Alors que dans le Zou, ils proviennent des cultures derente (49%) et des cultures vivrières (44%). Dans les départements du Sud, l’Ouémé,l’Atlantique et le Mono se distinguent du Plateau et du Couffo. Dans les trois premiersdépartements, les pauvres tirent leur revenu agricole des cultures vivrières, de l’élevage et dela pêche. Dans le plateau, les revenus agricoles proviennent des cultures vivrières et descultures de rente. Enfin, dans le Couffo, les revenus des cultures vivrières constituent lameilleure source des revenus agricoles des pauvres avec 58%.
3.2.4. Dépenses de consommation des ménages ruraux
Un ménage rural dépense en moyenne par an 100340 FCFA par équivalent adulte ; cequi représente 80% de ses revenus nets disponibles. La répartition spatiale montre que lesménages les plus dépensiers sont ceux du Zou avec 128185 FCFA par équivalent-adulte paran. En queue de liste se placent les ménages de l’Alibori et de la Donga dont les dépensesreprésentent en moyenne les 2/3 de celles du Zou.[ tableau 20 voir annexe]
Dans l’Atacora, le Borgou, les Collines et le Couffo, les revenus des ménages rurauxsont insuffisants pour couvrir les dépenses. En revanche, dans les départements où lesménages apparaissent plus riches, les taux d’épargne sont élevés : dans l’Atlantique, lesdépenses représentent les 37% des revenus nets disponibles, dans l’Ouémé, elles représentent62% et dans le Zou 74%.
Les dépenses alimentaires représentent 70% des dépenses globales. La structure desdépenses des ménages pauvres diffèrent significativement de celle des ménages non pauvres.
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Ceux-ci consacrent en moyenne 66% de leurs dépenses totales à l’alimentation contre 76%pour les ménages pauvres. L’écart de 10 points est significatif et met en évidence la premièreloi d’Engel selon laquelle les pauvres consacreraient une part importante de leur budget àl’alimentation.
Depuis 1994, la structure nationale des dépenses entre produits alimentaires et nonalimentaires est restée constante quelle que soit la catégorie socio-économique du ménage[tableau 3.19]. Mais le niveau de vie dont un indicateur est les dépenses par équivalent-adulte,a augmenté de 3.9% contre 10.2% pour le seuil de pauvreté globale. Dans les régions, seulsles départements du Centre s’en sortent en moyenne : le niveau de vie de leurs ménages aaugmenté de 17.6% hors effet-prix. Celui des départements du Nord est resté stable enmoyenne. En revanche, les ménages du Sud ont vu leur niveau de vie considérablementbaisser de 14.7% du fait de la transmission des effets de la baisse du pouvoir d’achat enmilieu urbain.
Tableau 3.19: Variation de la composition des dépenses globales de consommation entre1994 et 1999 selon les catégories socio-économiques
Type Non-pauvres Pauvres Ensemble des ménagesde dépenses ECVR1 ECVR2 ECVR1 ECVR2 ECVR1 ECVR2
Les structures régionales de consommation entre produits alimentaires et nonalimentaires sont peu dispersées chez les pauvres. Les structures moyennes des grandes zonesgéographiques (Nord, Centre, Sud) ne sont donc pas significativement différentes de lastructure nationale selon laquelle les ménages pauvres consacrent 76% de leurs dépenses àl’alimentation. Sur le plan départemental cependant, on note que quatre départements(Atacora, Atlantique, Ouémé, Couffo) présentent des structures atypiques. Pour les ménagespauvres des trois premiers, les dépenses alimentaires représentent 78% des dépenses totalescontre 70% dans le Couffo.
Dans les ménages non-pauvres, la structure moyenne des départements du Sudcorrespond à la structure nationale (66% des dépenses sont consacrées à l’alimentation). Lesménages non – pauvres du Nord consacrent une part plus importante de leurs dépenses auxproduits alimentaires (68%) contre 64% pour ceux du Centre. En somme, les ménagespauvres dépensent en proportion plus pour l’alimentation que les ménages non pauvres danstous les départements.
S’agissant des dépenses non-alimentaires, les postes les plus importants sont par ordredécroissant le logement (36.8%), l’habillement (32.4%), la santé (16.5%), le transport (8.4%).Les postes « éducation » et « obligations sociales » sont relativement de faible importance.Sur les quatre passages, les principaux postes sont restés stables Mais leur importance relativea connu de substantielle variation. Ainsi les dépenses relatives au poste logement ont atteintleur maximum sur la période Septembre – Novembre, celles relatives au poste habillement
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en Décembre-Février, période des fêtes. Les dépenses relatives à l’éducation ont pris deuxfois plus d’importance en période de rentrée scolaire (Septembre – Novembre). En 1994 et1999, les comportements vis-à-vis des dépenses non – alimentaires sont relativementconstants.
Tableau 3.21 : Niveau et Structure des dépenses de consommation non-alimentaires paréquivalent-adulte des ménages ruraux
Postes de dépenseMars-Mai 99 Juin-Août 99 Sept-Nov 99 Déc.99-Fév 00 Mars 99-Fév. 00
Comme la structure des dépenses alimentaires, celle des dépenses non – alimentairesest typée selon la catégorie socio-économique du ménage. Les ménages pauvres consacrentune part importante des dépenses au poste logement et au poste santé. Pour les ménages non –pauvres, ce sont l’habillement, le transport et les obligations sociales qui ont pris plusd’importance par rapport à la structure moyenne.
Tableau 3.22 : Niveau et Structure des dépenses de consommation non-alimentaires paréquivalent-adulte selon les catégories socio-économiques
Tableau 3.23 : Variation de la structure des dépenses de consommation non-alimentaireentre 1994/95 et 1999/00 selon les catégories socio-économiques de ménage
4. ETATS NUTRITIONNEL ET SANITAIRE ET ACCES AUX SOINS DESANTE DES MEMBRES DES MENAGES RURAUX
4.1 Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon la classification deWaterlow
L’appréciation de l’état nutritionnel des enfants de moins de 5 ans s’est faite grâce àl’anthropométrie, c’est à dire la mesure de certaines dimensions somatiques du corps à traversla collecte des données comme le poids, la taille et l’âge. Il s’agit d’une méthode directed’évaluation de l’état nutritionnel qui permet d’apprécier les différentes formes demalnutrition qui frappent les enfants. A partir de ces trois variables, l’Organisation Mondialede la Santé5 recommande l’utilisation de trois indicateurs à savoir le Poids/Age; la Taille/Ageet le Poids/Taille car renseignant différemment sur l’état nutritionnel des enfants.
Dans le cadre de ce document de synthèse des résultats, comme il a été fait au niveaude la première édition de l’ECVR, nous étudierons une forme combinée d’utilisation de cesindicateurs grâce à la classification de Waterlow6. Sur la période de l’étude, en moyenne par
5 LAVOIPIERRE G. J., KELLER W., DIXON M. H. et al. - Mesures des modifications de l’étatnutritionnel. OMS, Genève, 1983, 104 p.6 WATERLOW C., BUZINA R., KELLER W. et al.- The Presentation and Use of Height and WeightData For Comparing the Nutritional Status of Groups of Children Under the Age of 10 Years. In: Bulletin ofWorld Health Organization, 1977, 55, n°4. Cette classification utilise les deux indicateurs à savoir Taille/Age(T/A) et le Poids/Taille (P/T) exprimés en valeur Z (c’est à dire utilisant l’écart-type comme unité) au seuil de - 2écarts types (cas grave de malnutrition) dans un tableau croisé à deux entrées. Ainsi, elle permet d’identifier parrapport à la population de référence du National Center for Health Statistics des Etats-Unis :• les enfants normaux car ayant les deux indicateurs au-dessus de la médiane - 2 écarts types• les enfants souffrant d’un retard de croissance car ayant l’indicateur Taille/Age au-dessous de la médiane - 2
écarts types et l’indicateur Poids/Taille au-dessus de la médiane -2 écarts types
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passage, 2368 enfants de moins de 5 ans sont examinés. Un minimum de 200 enfants ont étéainsi suivis par passage au niveau de chaque zone agro-écologique. Cet échantillon estcomposé globalement de 51% de garçons contre 49% de filles. La classe de moins de 2 ansreprésente 38,6% de l’échantillon contre 61,4% d’enfants de 2 à 5 ans.
D’après les données de la deuxième édition de l’ECVR, seuls 49,7 % des enfants demoins de 5 ans jouissent d’un état nutritionnel satisfaisant. Ainsi, 50,3% des enfants du milieurural souffrent de l’une ou l’autre forme de malnutrition. Cette prévalence de la malnutritionapparaît très élevée par rapport aux données de la première édition de 1994/95. En effet, oncomptait seulement 36% de cas de malnutrition globale. Entre les données de 1994 et cellesde 1999 le grand écart se situe au niveau de la malnutrition chronique. On est passé d’environ29% de cas de retard de croissance en 1994 à plus de 40% en 1999. En se référant à Martorell,qui établit un lien entre environnement et croissance des enfants, on pourrait penser à unedégradation des conditions de vie au niveau des ménages ruraux car le retard de croissancerenseigne sur des problèmes nutritionnels chroniques c’est-à-dire datant de plusieurs jours,plusieurs semaines voire des mois ou des années. Les enfants du fait des déficiencesalimentaires continues ou des épisodes répétés de sous alimentation retardent leur croissanceet ont finalement une taille très petite pour leur âge. De nombreux arguments résumés par R.Martorell plaident, en effet, en faveur de l'influence primordiale de l'environnement sur lataille des individus, par rapport à l'influence génétique7.
Au sein d'une même population, selon le niveau socio-économique familial, la tailledes enfants et des adultes varie très largement. Donc avec un même capital génétique il existedes différences de taille qui sont liées à la diversité du niveau de vie et de la qualité del'environnement. La forte prévalence de la malnutrition chronique c'est-à-dire du retard decroissance observée en 1999/ 2000 par rapport à il y a 5 ans ne peut donc être imputée enpriorité qu'à une dégradation des conditions de vie des ménages entre les deux éditions. Dansl'ensemble, les ménages ruraux vivaient relativement mieux, il y a 5 ans que par rapport à lapériode 1999/2000.
L’émaciation traduisant un problème de malnutrition aiguë, qui est la partie visible del’iceberg en ce qui concerne l'observation clinique des enfants atteints de la malnutrition nefrappe que 7,6% des enfants de moins de 5 ans. Les enfants à la fois émaciés et ayant accuséun retard de croissance représentent 2,2% de l’échantillon total.
• les enfants émaciés car ayant l’indicateur Taille/Age au-dessus de la médiane -2 écarts types et l’indicateur
Poids/Taille au-dessous de la médiane - 2 écarts types• les enfants à la fois émaciés et ayant accusé un retard de croissance car ayant les deux indicateurs au-dessous
de la médiane - 2 écarts types.Le fait de ne pas étudier l’indicateur Poids/Age n’enlève rien à la pertinence de l’analyse puisque Keller
en 1983 faisait remarquer que dans une analyse collective, les renseignements fournis par l’indicateur Poids/Agefont double emploi avec ceux apportés par la combinaison Taille/Age et Poids/Taille. Il montre, en effet, que lesdeux indices T/A et P/T sont indépendants et mesurent des grandeurs complètement différentes et que les écartspar rapport au poids médian pour l’âge s’expliquent à concurrence de 95 à 98% par les écarts par rapport aupoids médian pour la taille et par rapport à la taille médiane pour l’âge.
7 MARTORELL R., MENDOZA F., CASTILLO R. – Poverty and stature in children. In : WATERLOW J.C. –Linear growth retardation in less developed countries. New York, Raven Press, Nestlé Nutrition WorkshopSeries, 1988, vol. 14, pp. 57-73.
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Ces proportions d’enfants malnutris sont comparables à celles des enfants africainssitués au sud du Sahara (41% de retard de croissance des enfants et 9% d’émaciation) selon lerapport de l'UNICEF8 sur la situation des enfants dans le monde 2000.
Tout comme à la première édition de l'ECVR, on constate ainsi, un grand écart entre laprévalence du retard de croissance et celle de l’émaciation aussi bien au niveau du milieurural béninois que de l’Afrique au sud du Sahara. C’est un fait classique au niveau des pays envoie de développement. C’est un phénomène apparemment banal mais en réalité assezpréoccupant par rapport à ses conséquences sur la qualité des ressources humaines futures dela nation car ces épisodes répétés de malnutrition sévère pourraient émousser les facultésintellectuelles de l’enfant. On sait, en effet, que le crétinisme causé par la déficience en iodeentraîne non seulement le retard de croissance mais a également un effet néfaste sur lecoefficient intellectuel de l'enfant atteint de cette forme de malnutrition.
En considérant le pourcentage total d’enfants de moins de 5 ans souffrant demalnutrition selon la classification de Waterlow, on constate que les départements les plustouchés sont respectivement dans l’ordre de gravité décroissante la Donga, l’Atacora,l’Alibori et les Collines. Ils correspondent aux zones agro-écologiques 4, 1, 5 et 2. Lesconditions agro-écologiques, les systèmes de culture et le mode d’alimentation des enfantsdans ces zones pourraient être à la base de ces résultats.
Tableau 4.1 (a) : Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon la classificationde Waterlow par département en 1999/ 2000
En effet, la zone ouest – Atacora ou Zone 4 a été de tout temps une zone d'insécuritéalimentaire et donc sujette de façon cyclique à un risque de malnutrition des enfants. Elle a été 8 UNICEF – La situation des enfants dans le Monde 2000, New York, NY 10017 Etats – Unis d'Amérique, p. 91
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maintes fois identifiée par la Direction de l'Alimentation et de la Nutrition Appliquée(DANA) du Ministère du Développement Rural, le Projet Pilote de Sécurité Alimentaire, etpar différentes études dans le cadre de la recherche fondamentale universitaire comme unezone à risque pour laquelle des interventions ont été mises en œuvre ( DANA – Groupe LaïcsTiers Monde à Matéri et à Boukoumbé) ou sont en cours d'exécution (Projet PILSA financépar le crédit IDA et la DANIDA). C'est une zone enclavée avec des terres assez dégradées etdifficiles à travailler à cause des pierres. Seulement, il est à remarquer qu'en 1994/95 au coursde la première édition de l'ECVR, cette zone avait une situation relativement meilleure à celled'autres zones et on avait lié cette amélioration par rapport à des années antérieures à l'impactpositif des actions du projet Bénino -Italien d'Assistance en Nutrition qui étaient mises enœuvre entre 1989 et 1994. On est tenté de dire qu'avec la fin de ce projet la situation estdevenue comme elle était avant les années 90. Cela pose un véritable problème depérennisation des actions des projets de lutte contre la pauvreté en général. Il y a eu par lasuite, certes les actions des Agents communautaires de Nutrition du Projet d'InterventionsLocales pour la Sécurité Alimentaire (PILSA) mais comme on peut le constater les actions deces derniers n'ont pas permis d'améliorer ou même de maintenir le niveau atteint au cours desannées 1994 et 1995. Par ailleurs, la situation particulière de la zone ouest Atacora et engénéral celle de l'ensemble du milieu rural en ce qui concerne le niveau de la malnutritioninfantile est aussi imputable aux effets néfastes de la mise en œuvre du Projet deRestructuration des Services Agricoles (PRSA). La mise en œuvre de ce projet a pratiquementdépouillé tous les services chargés de l'Alimentation et de la Nutrition Appliquée desCARDER du personnel de terrain, ceux-là mêmes qui étaient chargés d'animer les séances dedémonstration culinaire, des visites à domicile et de la récupération nutritionnelle des enfantsatteints de malnutrition.
Les départements de l’Atacora et de la Donga sont les plus affectés par la malnutritioninfantile avec respectivement 55.4 et 57.9% de proportion d’enfants souffrant de malnutritionchronique. Ils recouvrent les territoires des zones 2 (zone cotonnière du nord Bénin avec50,3%) et 4 (zone ouest Atacora avec 59,5%) qui sont dans le peloton de tête. La zone 2 esttoujours classée parmi le peloton de tête depuis la première édition de l'ECVR certainement àcause du fait qu'il y a une allocation excessive des terres à la culture du coton réduisantconsidérablement le niveau de la production vivrière destinée à assurer l’autosuffisancealimentaire. Ici également les enfants sont nourris presque exclusivement à la bouillie légèrede mil/sorgho.
Le département de l’Alibori contenant la zone de l'Extrême Nord Bénin (zone1 : sous-préfectures de Karimama et Malanville), avec 52,2% de cas de malnutrition dont 10,9%d’émaciation, dispose de peu de terres cultivables du fait des forêts classées, des zonescynégétiques et du surpâturage. La transhumance et la désertification ont eu pourconséquences de réduire la productivité des sols. Le peu de terres disponibles au niveau desberges du fleuve Niger et de ses affluents est alloué en priorité à la culture d’oignon et depomme de terre d’où une production assez limitée de cultures vivrières entrant dans laconsommation des ménages. C’est une zone d’insécurité alimentaire mise en exergue par laplupart des études sur la sécurité alimentaire au Bénin. L’alimentation est basée presqueexclusivement sur la consommation d’un genre de bouillie très légère à base de mil/sorgho. Ala première édition de l'ECVR, elle était la zone la plus touchée de la malnutrition infantile.
Le département des Collines occupe le quatrième rang en terme de proportiond’enfants malnutris (50,8%). A première vue, la situation de ce département des Collines sousensemble de la zone cotonnière du centre Bénin (Zone 5) apparaît surprenante étant donné
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que la zone 5 constituait malgré sa forte production cotonnière une zone grenier de culturesvivrières pour le reste du pays et même pour les pays frontaliers du Bénin. Mais comme ils'agit d'une zone d'abord cotonnière, peut-être que l'euphorie suscitée par l'augmentation entretemps (1996 puis 1998) du prix du coton aux producteurs a dû avoir un effet désastreux surles superficies allouées aux cultures vivrières. Il faut aussi remarquer qu'actuellement leregain d'intérêt des populations de cette zone à la production des noix d'anacarde acertainement induit la réduction les superficies allouées aux cultures vivrières entrant dans lerégime alimentaire de la population.
En comparant les taux de malnutrition globale de la première édition (1994/1996) avecceux obtenus en 1999/2000, on observe que la situation nutritionnelle des enfants s’estdégradée dans tous les départements [tableau 4.1 (b)]. La même comparaison faite au niveaudes zones agro-écologiques révèle une tendance similaire. Le département de l’Alibori estresté dans le peloton des zones à risque de malnutrition. Les départements du Couffo et duZou ont connu aussi une dégradation de la situation nutritionnelle des enfants. Cesdépartements contiennent respectivement les sous-préfectures de Lalo et de Zogbodomey quiont été identifiées comme zones à risque d’insécurité alimentaire ou de malnutrition par laDirection de l’Alimentation et de la Nutrition Appliquée et l’Office National d’Appui à laSécurité Alimentaire. Du point de vue agro-écologique, la zone 7 fait partie de cesdépartements. C’est la zone des terres noires de Tchi – Ahomadégbé dans le Mono et d'Issabadans l'Ouémé. Sur ces terres noires, les producteurs font de façon cyclique des pertes énormesde la production maraîchère à cause des vertisols pratiquement impraticables en saison despluies. Cela engendre naturellement des difficultés d'écoulement de la forte production descultures maraîchères notamment de la tomate – culture qui mobilise l’essentiel du temps detravail des producteurs de la zone de dépression. Cette perte a donc un effet négatif nonseulement sur le revenu des ménages mais également sur l’autosuffisance alimentaire.
Tableau 4.1 (b) : Variation de l'état nutritionnel des enfants selon la classification deWaterlow entre 1994/95 et 1999/00 par département (en % du nombre de cas)
Tout comme à la première édition de l'ECVR, les données collectées sur la périodeMars 1999 – Février 2000 indiquent que les garçons sont relativement plus touchés par la
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malnutrition que les filles. En effet, selon les données du tableau 4.2, en moyenne pourl'ensemble du milieu rural, 53% environ des garçons sont malnutris contre 48% des filles.L'écart entre les valeurs des deux sexes est encore plus grand et en faveur des garçons dans lesdépartements de l’Alibori, de l’Atacora et de la Donga. Ces départements sont des zones lesplus touchées par la malnutrition infantile. En recoupant les résultats des deux éditions, onpourrait sans risque de se tromper conclure effectivement que le phénomène del’écosensitivité des femmes se vérifie au niveau du milieu rural béninois depuis le jeune âge[voir aussi Skibinska et al. (1979), Wolansky (1984), Rosetta (1985) sur les Serere duSénégal]. L’écosensitivité des femmes est le fait que ces dernières résistent souvent mieuxaux mauvaises conditions environnementales que les hommes. Des observations au niveaudes centres d'accouchement semblent aussi confirmer cette assertion. En effet, il est souventconstaté que les cas de dystocie au moment des accouchements suivis de décès du nouveau-nésont plus fréquents avec les garçons que les filles.
Tableau 4.2 : Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon Waterlowpar sexe et par département
Globalement au niveau de l'ensemble du milieu rural on constate une augmentation dunombre d'enfants malnutris selon le niveau de pauvreté. Les enfants des ménages non pauvressont relativement moins touchés par la malnutrition que ceux des ménages vulnérables etsurtout les enfants des ménages pauvres. En effet, selon les résultats du tableau 4.3, 54,1% desenfants de moins de 5 ans des ménages pauvres sont malnutris contre 47,8% de ceux desménages non - pauvres.
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Tableau 4.3 :Etat nutritionnel des enfants de moins de 5 ans selon les catégoriessocio-économiques des ménages par département
Il est important de souligner que, si dans la plupart des départements, cette relation estvraie, par contre, au niveau de la plupart des départements du nord du Bénin (Alibori,Atacora, Donga) la relation n'est pas vérifiée. On constate, en effet, que les enfants desménages pauvres de ces zones se portent relativement mieux par rapport à ceux des ménagesnon pauvres. Ainsi, quel que soit le niveau de richesse ou de pauvreté autrement dit desconditions de vie, on n'observe pas de différence fondamentale entre le mode d'alimentation etles soins particuliers accordés aux enfants par les membres actifs des ménages ruraux de ceszones. Ce constat majeur pose deux problèmes fondamentaux à savoir :
• le manque de connaissance sur les principes de base en matière d'alimentation des enfants(le régime alimentaire équilibré, les besoins nutritionnels spécifiques des enfants etl'utilisation judicieuse des aliments localement disponibles pour une bonne alimentation )tant par les membres actifs des ménages pauvres que par les non pauvres ;
• la mauvaise allocation ou utilisation des revenus procurés par la culture du coton enparticulier au niveau de la zone cotonnière du nord Bénin (la première zone de productioncotonnière du Bénin où chaque année plusieurs millions de franc sont perçus par lesproducteurs de cette zone).
Par ailleurs, ce constat souligne la précarité de la disponibilité ou la mauvaise utilisationdes aliments disponibles au niveau de ces zones et donne une indication forte sur le niveau dela pauvreté humaine.
A cette deuxième édition également, il est à noter que bien qu’il y ait un lien entre pauvretéet malnutrition infantile, on n’aboutit pas au même classement des départements lorsqu’onprend en compte les incidences de la pauvreté et le taux de malnutrition infantile. Cela n’est
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guère surprenant car selon Alan Berg9: « les effets de la carence énergétique ne peuvent pass’expliquer de façon satisfaisante par les insuffisances de revenu, des précautions sanitaires oude l’instruction ». Pour cet auteur, la malnutrition est plus qu’une question de pauvreté. Si, enfait, tous ceux qui souffrent d’une carence de la ration énergétique alimentaire sont despauvres, tous les pauvres ne souffrent pas d’insuffisance, énergétique ou autre, de la rationalimentaire.
4.2. Etat sanitaire des membres des ménages ruraux
En moyenne 14,3% des membres des ménages ruraux ont déclaré avoir été malades aucours des quatre dernières semaines ayant précédé la collecte des données du quatrièmepassage. Le tableau 4.4 montre que les ménages des départements du nord, des collines ainsique ceux de l’Atlantique , de l’Ouémé et du plateau ont enregistré moins de cas de maladies.Les membres des ménages des départements du Zou, du Couffo, et du Mono semblent avoirété les plus affectés avec respectivement 22,7%, 18,1% et 23,5%.
Les résultats indiquent que les membres des ménages pauvres ou vulnérables ontenregistré en moyenne moins de cas de maladies ; en moyenne 11,4% des membres desménages pauvres et 13,5% des membres des ménages vulnérables ont déclaré avoir étémalades contre 18,6% pour les ménages non pauvres. Cette tendance moyenne cache desdisparités entre les départements. Dans l’Atlantique et le Mono en particulier, l’influence de lacatégorie socio-économique sur le fait de tomber malade n’est pas significative.
Tableau 4.4 : Pourcentage des membres des ménages ruraux ayant déclaré avoir été maladesselon la catégorie socio-économique
Pour se soigner les membres des ménages ruraux ont principalement recours à lamédecine moderne et à l’automédication. Le recours à la médecine moderne se fait 30 fois sur
9 ALAN Berg. - Les mal nourris étude d’ensemble. Série: Pauvreté et besoins essentiels, Juin 1981, pp. 5-30.
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100 et l’automédication 33 fois sur 100. L’automédication par la médecine moderne se fait enproportion de 19% et celle faite par les plantes médicinales de 14%. Les ménages utilisentdans une faible proportion la double thérapie médecine moderne et médecine traditionnelle(2,8%) ou l’association de la médecine moderne (respectivement médecine traditionnelle)avec l’automédication moderne (3,3%). L’association de l’automédication par les plantesmédicinales avec la médecine moderne constitue un mode de traitement non négligeable(8,3%) au même titre que le recours à la médecine traditionnelle seule (7,7%).
Si le fait d’être ou non malade est indépendant de la catégorie socio-économique desmembres des ménages, le mode de traitement choisi est influencé par celle-ci. En effet, endehors du recours courant à la médecine moderne, les ménages pauvres ont plus depréférence pour la médecine traditionnelle (11.2% de ceux-ci ont déclaré y avoir recourscontre 4,5 des non- pauvres). En revanche, ils associent moins la médecine moderne etl’automédication par les plantes médicinales. Bien entendu, il s’agit là de comportementmoyen qui voile les disparités départementales des membres des ménages vis-à-vis du modede traitement des maladies.
Dans les deux départements d’extrême nord (Alibori et Atacora), la médecinemoderne, l’automédication par la médecine moderne et la médecine traditionnelle constituentun ordre de priorité du mode de traitement choisi par les membres des ménages en cas demaladie. Dans la partie méridionale du Nord, les comportements sont différents. Les ménagesde la Donga placent en tête l’automédication par les plantes médicinales (29% des cas) suiviede la médecine traditionnelle (23% des cas). Le recours à la médecine moderne est cité 20 foissur 100 et vient en troisième position. Dans le Borgou par contre, c’est le mode detraitement dominant (31%) suivi de l’automédication par les plantes (24%) et de celleutilisant les produits de la médecine moderne (15%).
En proportion, les membres des ménages pauvres de l’Alibori et de l’Atacora ont leplus recours à la médecine traditionnelle et à l’une ou l’autre forme de l’automédication(automédication basée sur la médecine moderne et automédication par les plantesmédicinales). Dans le Borgou, ils choisissent plus en proportion la médecine moderne(médecine moderne strict et automédication fondée sur elle) alors que dans la Donga, lerecours à la médecine moderne et la médecine traditionnelle est plus fréquent.
Dans les Collines et le Zou, les membres des ménages ont le plus souvent recours à lamédecine moderne et l’automédication. Selon la catégorie socio-économique, le mode detraitement choisi varie. Chez les membres des ménages pauvres, la médecine moderne et sonassociation à la médecine traditionnelle constituent la thérapie la plus utilisée pour se soignerdans les Collines. En revanche, dans le Zou, c’est l’automédication (automédication basée surla médecine moderne et automédication par les plantes médicinales) qui prend le dessus surles autres formes de traitement.
Les membres des ménages des départements du Sud, ont la particularité d’êtrenombreux (au moins 13%) à avoir recours à des modes de traitement non explicités ( i.e lamodalité autres). Lorsqu’on analyse les modes de traitement cités, on note que les ménagesont principalement recours à la médecine moderne, à l’automédication ( l’une ou l’autreforme) et à l’association de celle-ci à la médecine moderne. Comme dans les autres régions, lacatégorie socio-économique influence le choix de la thérapie. Dans le Plateau, les pauvres onten proportion plus recours à l’automédication par les plantes médicinales. Dans l’Ouémé, leCouffo et le Mono, ils ont le plus recours à l’automédication par les plantes médicinales et la
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médecine traditionnelle. Ce dernier mode de traitement est aussi le plus souvent utilisé chezles pauvres de l’Atlantique.
4.3. Accès à l’eau potable et participation des populations à la gestion et à l’entretiendes infrastructures hydrauliques
Cette section du rapport présente les résultats concernant les sourcesd’approvisionnement en eau des ménages ruraux et leur participation à la mise en place et àl’entretien des points d’eau publics. L’analyse des données est faite par département, par zoneagro-écologique et au niveau national. Lorsque les données le permettent, des comparaisonssont faites entre les trois catégories socio-économiques retenues, à savoir les ménagespauvres, vulnérables et non pauvres.
Le tableau 4.6 présente le nombre de villages dans l’échantillon qui ont au moins unpoint d’eau public ainsi que le nombre de villages qui n’en ont pas, mais qui ont fait unedemande pour la construction d’un point d’eau.
Les données indiquent que 89 % des villages échantillonnés ont au moins un pointd’eau public. La majorité des villages qui n’en ont pas, ont cependant fait une demande pourl’aménagement d’un point d’eau. Seulement deux villages de l’échantillon n’avaient pas faitune demande au moment de l’enquête. Ces deux villages sont dans le département du Zou.Par ailleurs, on note que la proportion de villages qui n’a pas encore au moins un point d’eaupublic est beaucoup plus élevée dans les départements de l’Atlantique et du Zou.
Les données de l’enquête ne permettent pas d’apprécier la distance minimale du pointd’eau public par rapport au lieu de résidence du répondant. Pour mieux comprendre lesrésultats, il convient de rappeler qu’il a été accepté l’existence d’un point d’eau public dans levillage lorsqu’au moins un chef de ménage de ce village a répondu « oui » à la question del’existence d’un point d’eau public au village. Cela implique que le point d’eau public existemais qu’il n’est pas nécessairement à une distance raisonnable de tous les ménages du village.Si on suppose que la plupart des villages ne s’étalent pas au-delà de cinq kilomètres de rayon(en dehors de certains villages du Nord, notamment dans le département de l’Atacora oùl’habitat est très dispersé), on peut conclure que 147 des 165 villages étudiés ont un pointd’eau dans un rayon de 5 km par rapport au lieu de résidence des ménages les plus éloignés.
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Tableau 4.6 : Existence d’au moins un point d’eau public au village par département
Département Nombre de villagesdans l’échantillon
Nombre de villagesayant au moins unpoint d’eau public
BENIN 165 147 16Source: PNUD/DANIDA - MAEP, ECVR2, 1999 – 2000 troisième passage, Septembre – novembre 1999.
Il faut souligner que tous les villages échantillonnés de la zone nord-Bénin ont aumoins un point d’eau public. Ces résultats s’expliquent par le fait que le gouvernement et laplupart de ses partenaires au développement se sont consacrés à la résolution du problème demanque d’eau potable au Nord (anciens départements de l’Atacora et du Borgou) et dans leZou nord correspondant à l’actuel département des Collines qui est une zone réputée de ver deguinée. Les villages des zones agro-écologiques du sud-Bénin sont donc moins bien satisfaitssur le plan de l’accès à un point d’eau public.
Les données relatives aux sources d’approvisionnement en eau indiquent qu’en saisonsèche environ 80 % des ménages utilisent exclusivement l’eau potable. Par contre, en saisondes pluies, ces mêmes ménages utilisent davantage les sources d’eau non potable sans faire dedistinction quant à l’origine de l’eau pour satisfaire leurs besoins. En effet, la proportion desménages qui utilisent exclusivement de l’eau potable tombe à autour de 50 % en saison despluies. La proportion relativement élevée de ménages qui utilisent des sourcesd’approvisionnement non potables en saison des pluies indique que même s’ils ont accès à dessources potables, ils peuvent s’en priver. Cette pratique s’explique, soit par la distance moinsgrande de ces sources d’approvisionnement en saison des pluies, soit par la méconnaissancedes effets sur la santé de l’utilisation de l’eau non potable. Par ailleurs, il est possible que laredevance limite l’accès à l’eau potable d’une partie des ménages pauvres. On note en effetune proportion plus élevée de ménages pauvres qui utilise exclusivement de l’eau nonpotable.
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Tableau 4.7: Sources d’approvisionnement en eau par catégorie de ménage selon lasaison en milieu rural (en %)
Pauvres((N = 904)
Vulnérables(N = 592)
Non pauvres(N = 665)
Ensemble desménages
(N = 2161)
Sourcesd’approvisionnement
en eauSS SP SS SP SS SP SS SP
Eau potable Puits Robinet Fontaine Forage Autre potable
Eau non potable Marigot Eau de pluie
Autre non potableUtilisation sansdistinction de l’eau
7733090425061514010
08
49240603130424130803
27
8437080527081009010
06
55290303150520081002
26
803708052010131300
07
54290404140419090802
27
8035080424081312010
07
52270403140421100902
27
TOTAL 100 100 100 100 100 100 100 100Source: PNUD/DANIDA - MAEP, ECVR2, 1999 - 2000 troisième passage, Septembre – novembre 1999.
SS : Saison Sèche ; SP : Saison des Pluies.
Le tableau 4.8 présente l’utilisation de l’eau selon le type d’approvisionnement pardépartement et par catégorie de ménage en saison des pluies. On note que le taux d’utilisationexclusive de l’eau potable est particulièrement faible et largement inférieur à la moyennenationale dans les départements du Zou et de Couffo.
Les données indiquent qu’une forte proportion de ménages utilise exclusivement l’eaunon potable dans les départements du Plateau et du Zou situés dans la zone Sud Bénin. Cetteproportion est également élevée dans le département de l’Atacora. Enfin, le taux d’utilisationsans distinction des sources d’approvisionnement en eau est plus élevé dans les départementsdes Collines et de l’Atlantique.
Tableau 4.8: Pourcentage des ménages selon l’utilisation de l’eau par catégorie socio-économique et par département (saison des pluies)
Source: PNUD/DANIDA - MAEP, ECVR2, 1999 – 2000 troisième passage, Septembre – novembre 1999.P : Pauvres ; V : Vulnérables ; NP : Non pauvres.
De l’analyse de l’utilisation des sources d’approvisionnement en eau des ménages aucours des deux saisons, il ressort que ce sont toujours les départements du Plateau et du Zouqui enregistrent les taux les plus faibles d’utilisation exclusive de l’eau potable (tableaux 4.8et 4.9).
Cette section analyse la participation des ménages ruraux à la mise en place et àl’entretien des infrastructures hydrauliques ainsi que les raisons de la non participation decertains ménages. Le tableau 4.10 présente les résultats par rapport à l’existence d’un comitéd’eau au village et à la contribution financière du village à la mise en place de l’infrastructurehydraulique. Pour l’ensemble du Bénin, on estime à environ 75 % la proportion de villagesqui ont un comité d’eau. On note cependant une forte variation entre les départements. Cesont surtout les départements du Mono, du Couffo et du Plateau qui enregistrent desdéficiences à ce niveau.
Par contre, lorsqu’on regarde la contribution des villages au financement desinfrastructures hydrauliques, on note que même si le département du Mono semble moins bienorganisé sur le plan de la gestion de l’eau, la proportion des villages qui a contribué aufinancement des infrastructures est supérieure à la moyenne nationale.
On note en effet une très forte participation des villages au financement desinfrastructures hydrauliques témoignant d’une part, de la grande importance de l’accès à l’eaupotable pour les ménages ruraux et d’autre part, de l’effet positif de la politique du partage descoûts en matière d’aménagement de point d’eau public.
Les données indiquent cependant un faible taux de participation des villages aufinancement des infrastructures hydrauliques dans le département du Plateau. Ce départementenregistre également un manque d’organisation sur le plan de la gestion des ouvrageshydrauliques. Il constitue à ce titre le département dans lequel les ménages semblent les moinsimpliqués dans la gestion et la mise en place des infrastructures hydrauliques.
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Tableau 4.10 : Contribution de la population dans la mise en place des infrastructureshydrauliques d’après la déclaration du chef de ménage par département.
DépartementsDéclaration positive sur l’existence d’un
comité d’eau au villageDéclaration affirmative de la
contribution du village aufinancement de la mise en place
Bénin 76 83Source: PNUD/DANIDA - MAEP, ECVR2, 1999 - 2000 troisième passage, Septembre – novembre 1999.
Le tableau 4.11 identifie les raisons de la non contribution financière des ménages à lamise en place des infrastructures hydrauliques par catégorie socio-économique. Mises à partdes raisons personnelles non spécifiées, la raison la plus fréquemment citée par les ménagessur leur non contribution financière est le fait que cette contribution n’avait pas été prévue aumoment de la construction. Cela est vrai pour toutes les catégories de ménages. Par ailleurs,on note peu de différence entre les catégories de ménages concernant les autres raisonsévoquées.
Tableau 4.11 : Principales raisons de non contribution de la population à la mise en place desinfrastructures hydrauliques
Proportion de chefs de ménage n’ayant pas contribué à la miseen place de l’infrastructurePrincipales raisons évoquées
TOTAL 100 100 100 100Source: PNUD/DANIDA - MAEP, ECVR2, 1999 – 2000 troisième passage, Septembre – novembre 1999.
(1) Incluant contribution jugée trop élevée.
Le tableau 4.12 donne les résultats sur la proportion des ménages qui participent àl’entretien des points d’eau publics par catégorie de ménages et par département . Cetteparticipation peut, par exemple, être sous forme de redevance ou de main d’œuvre. Il ressortde ce tableau que pour l’ensemble du Bénin, environ quatre ménages sur cinq participent àl’entretien d’un point d’eau public. On constate cependant une tendance des ménages non
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pauvres à moins participer à cet entretien. Au niveau des départements, on trouve le taux departicipation le plus faible dans les départements du Mono et de l’Atlantique.
Tableau 4.12 : Taux de participation des ménages dans l’entretien des infrastructureshydrauliques par catégorie socio-économique et par département.
Bénin 81 84 77 81Source: PNUD/DANIDA - MAEP, ECVR2, 1999 – 2000 troisième passage, Septembre – novembre 1999.
Le tableau 4.13 présente les raisons de la non participation des ménages à l’entretiendes infrastructures hydrauliques par catégorie socio-économique. Encore une fois, mises àpart des raisons personnelles non spécifiées qui sont malheureusement relativementimportantes pour toutes les catégories de ménages, la raison la plus fréquemment citée par lesménages est la non fréquentation du point d’eau en question. Cela est vrai pour toutes lescatégories de ménages. On note par ailleurs peu de différence entre les catégories de ménagesconcernant la plupart des autres raisons évoquées.
Tableau 4.13 : Principales raisons de non participation de la population à l’entretien desinfrastructures hydrauliques
Proportion des chefs de ménage n’ayant pas contribué àl’entretien de l’infrastructurePrincipales raisons évoquées
TOTAL 100 100 100 100Source: PNUD/DANIDA - MAEP, ECVR2, 1999 – 2000 troisième passage, Septembre – novembre 1999.
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5. NIVEAU D’INSTRUCTION ET DE SCOLARISATION DES MEMBRES DES
MENAGES RURAUX
On avait déjà souligné l’importance marquée de l’analphabétisme qui caractérisait leschefs de ménage du milieu rural. L’analyse du niveau d’instruction des membres des ménagesne tranche pas avec ce résultat. Il confirme qu’en moyenne 7 personnes sur 10 n’ont suiviaucune éducation formelle dans les ménages et que l’école primaire reste le niveau le plussouvent atteint par ceux qui sont alphabétisés. Sur le plan régional, c’est dans lesdépartements du Nord que la proportion moyenne des membres ayant déclaré n’avoir aucuneéducation formelle est plus forte (78% contre 62% au Centre et 65% au Sud) et celle de ceuxqui ont le niveau du primaire plus faible (17% contre 31% au Centre et 30% au Sud). Dans lesdépartements du Centre et du Sud, on note l’importance non négligeable (au moins 5% contre2% au Nord) des populations ayant atteint le niveau du secondaire [voir annexe des tableaux].
En général, l’alphabétisation en langue locale ou en arabe n’a pas touché grand mondeen proportion en milieu rural. La part des populations qui y sont alphabétisées ne représenteque 1% de la population totale de l’échantillon. Cependant, il y aurait un effet marqué de lareligion islamique, notamment dans le Borgou où la proportion des populations alphabétiséesen arabe est de 4.4% contre 1.4% au niveau national.
Du point de vue du genre, la population féminine est la plus importante à n’avoiraucune éducation formelle : la part des non-instruits y est de 80% contre 61% pour leshommes. Une autre caractéristique importante en matière d’éducation est le faible taux desmembres féminins ayant atteint le niveau du primaire (17% contre 30% pour les hommes) oudu secondaire (1.4% contre 5.4% pour les hommes). La faiblesse des poids observés surl’échantillon au niveau de l’éducation formelle traduit aussi celle des taux de scolarisation desfilles au niveau national. S’il est reconnu que l’éducation des filles a un impact positif sur leniveau de vie en milieu rural, ces maigres résultats interpellent les pouvoirs publics sur lanécessité de privilégier la formation dans le contexte de lutte contre la pauvreté en milieurural.
En relation avec la pauvreté, la répartition de la population selon la catégorie socio-économique et le niveau d’instruction montre que les pauvres représentent au moins 35% despersonnes n’ayant reçu aucune éducation formelle dans certains départements identifiéscomme zones de forte ou moyenne concentration de pauvreté. C’est le cas du Couffo (35%),de l’Alibori (42%), du Plateau (42%), de l’Ouémé (50%), du Borgou (46%) et de l’Atlantique(56%).
Tableau 5.2 : Variation du niveau d’instruction des membres des ménages ruraux entre1994/95 et 1999/2000 selon la catégorie de ménage (en %)
L’accès actuel à l’éducation est un indicateur du taux net de scolarisation des enfants.Au niveau national, ce taux est estimé à 42% et est en augmentation de 31% par rapport à1994/1995. Le taux de scolarisation des garçons est nettement supérieur à celui des filles(32% contre 23%) et s’est aussi accru plus vite de 1994 à 1999 (le taux de croissance du tauxde scolarisation des garçons est de 54% contre 47% chez les filles). Le même phénomènes’observe dans tous les départements mais d’ampleur variable. En effet, les taux les plusfaibles sont observés au Nord (Alibori et Atacora en particulier) à l’exception de la Donga.Ceux–ci s’opposent à l’Atlantique, au Mono et à l’Ouémé qui affichent des taux descolarisation relativement élevés.
Le poids des enfants non-scolarisés croît du Sud au Nord. Il est de 11.2% dans leMono contre 58.5% dans l’Alibori, la moyenne nationale étant estimée à 36.4%. Celui desenfants déscolarisé est relativement faible (moins de 5%).
La catégorie socio-économique du ménage et le niveau d’instruction du Chef deménage influencent le niveau de scolarisation des enfants. Le tableau 5.3 (voir annexe)analyse le lien entre niveau de scolarisation des enfants et catégorie socio-économique etmontre que dans la plupart des départements, le taux de scolarisation des enfants est plusfaible dans les ménages pauvres ou vulnérables que dans les ménages non-pauvres. Larelation s’inverse dans la Donga, les Collines et le Zou.
En dehors des raisons non explicitées, deux principales justifications sont donnéespour expliquer la non-scolarisation et la déscolarisation des enfants de 5 à 14 ans en milieurural. Il s’agit de la nécessité de travailler (27%) et de ″ l’âge trop jeune″ des enfants (27%).Le coût trop élevé de l’inscription et l’incertitude de l’avenir sont aussi des raisons évoquées,mais moins fréquemment ( 7%) . Les raisons ayant trait au manque de place et aux grossessesprématurées de jeune ont été rarement ou pas du tout citées et ont été associées à la modalité″autres″. Globalement le sexe de l’enfant n’a pas eu d’impact sur l’importance relative desraisons évoquées.
Sur le plan régional, les raisons peuvent êtres classées selon leur importance relativedans des ordres différents. Dans les départements du Nord, la raison économique prend le passur les autres. En particulier, la nécessité de travailler justifie la déscolarisation ou la nonscolarisation des enfants. Cette raison est plus marquée pour les garçons comparativement auxfilles ( en moyenne, elle est citée dans 42% des cas pour les garçons contre 40% pour lesfilles). Dans les départements du Centre, ″ l’âge trop jeune″ des enfants est la raison la plusdominante (37% pour les garçons et 27% pour les filles). L’échec scolaire, le coût trop élevéde l’inscription, la nécessité de travailler et l’incertitude du futur ont la même importance(entre 7 et 9% en moyenne). Dans les départements du Sud, trois principales raisons sontévoquées avec un effet marqué du sexe. En premier lieu, la jeunesse des enfants plus souventévoquée pour les garçons (42% en moyenne contre 33% pour les filles) ; en second lieu, lecoût trop élevé de l’inscription scolaire et l’incertitude du futur plus prononcés chez les filles(respectivement 13 % et 12% contre 12% et 7% pour les garçons).
Les différentes raisons relevées ci-dessus sont analysées en fonction de la catégoriesocio-économique du ménage. A cet égard, on note dans la plupart des départements quel’échec scolaire, le coût élevé des inscriptions et la nécessité de travailler sont des raisons qui
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justifient la non scolarisation ou la déscolarisation des enfants des ménages pauvres. Cesraisons sont citées aussi bien dans les zones à forte concentration de pauvreté (Couffo,Atacora) qu’à faible concentration comme la Donga.
6. CONCLUSION
Au terme de cette étude, on retient en premier lieu que les incidences de pauvretéalimentaire et de pauvreté globale sont restées stables de 1994 à 1999. Cependant la pauvretéa été plus marquée dans certains départements. Les départements les plus touchés par lephénomène sont ceux du Borgou et du Couffo.
En second lieu, les principales caractéristiques des ménages pauvres révélées par lesdonnées collectées sont : la très grande taille, l’analphabétisme des chefs de ménage, le faibleniveau de revenu et le faible taux de scolarisation des enfants. Elles permettent de dresser desprofils hétérogènes des pauvres.
Dans un contexte de lutte contre la pauvreté, les résultats obtenus permettentd’orienter les politiques dans plusieurs directions :
i) Intensifier les actions de planning familial afin de sensibiliser les ménages sur lesavantages de la parenté responsable ;
ii) Développer l’alphabétisation pour les jeunes et les adultes des campagnes ;iii) Etudier la possibilité d’intensifier les actions d’information et de sensibilisation en
matière de santé et d’éducation ;iv) Renforcer les actions en cours visant à la promotion des projets générateurs
d’emplois et de ressources et ce, en partenariat avec les ONG et la société civile.
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ANNEXE DES TABLEAUX
Tableau 3.16 : Revenu net annuel (FCFA nominal) par ménage et par équivalent-adulte selonle département
Source : ECVR2, 1999/2000MM = Médecine moderne ; MT = Médecine traditionnelle ; AM = Automédication médecine moderne ;AT = automédication médecine moderne ou plantes médicinales ; Au = Autres
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Tableau 5.1. : Niveau d’instruction des membres des ménages rurauxselon le sexe et par département