Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef CNEA / Rapport de la 3 ème phase Liste des abréviations ACTA : Aménagement et conservation du territoire agricole API : Approche Participative et Intégrée AFA : Agence Foncière Agricole AVFA : Agence de Vulgarisation et de Formation Agricole AIC : Association d’intérêts collectifs AEP : Alimentation en eau potable AOC : Appellation d’origine contrôlée BNA : Banque Nationale Agricole BTS : Banque Tunisienne de Solidarité CNEA : Centre National d’Etudes Agricoles CTC : Centre technique des céréales CTV : Cellule Territoriale de Vulgarisation CRA : Centre de Rayonnement Agricole CUPS/CUP : Comité Unique de Pilotage des Stratégies CRDA : Commissariat Régionale au Développement Agricole CSA : Coopérative de services agricoles (actuellement SMSA) CES : Conservation des eaux et du sol COR : Contrats avec des Obligations de Résultats DIMGE : Développement intégré de la moyenne & de la grande exploitation DT : Dinar Tunisien ESAK : Ecole Supérieure d’Agriculture du Kef ESAM : Ecole Supérieure d’Agriculture de Mograne ESSAS : Exploitations à solutions et à stratégie d’adaptation similaires FIDA : Fonds international pour le développement agricole FIOP : Financement des investissements et organismes professionnels FOSDAP : Fonds de Développement de l’Agriculture et de la Pêche GDAP/GDA : Groupement de développement de l’agriculture et de la pêche GIC : Groupement d’intérêt collectif GIS : Système d’informations géografiques GTZ : Coopération Technique Allemande Ha : Hectare IRESA : Institution de la recherche et des études scientifiques agricoles
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Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
Liste des abréviations
ACTA : Aménagement et conservation du territoire agricole
API : Approche Participative et Intégrée
AFA : Agence Foncière Agricole
AVFA : Agence de Vulgarisation et de Formation Agricole
AIC : Association d’intérêts collectifs
AEP : Alimentation en eau potable
AOC : Appellation d’origine contrôlée
BNA : Banque Nationale Agricole
BTS : Banque Tunisienne de Solidarité
CNEA : Centre National d’Etudes Agricoles
CTC : Centre technique des céréales
CTV : Cellule Territoriale de Vulgarisation
CRA : Centre de Rayonnement Agricole
CUPS/CUP : Comité Unique de Pilotage des Stratégies
CRDA : Commissariat Régionale au Développement Agricole
CSA : Coopérative de services agricoles (actuellement SMSA)
CES : Conservation des eaux et du sol
COR : Contrats avec des Obligations de Résultats
DIMGE : Développement intégré de la moyenne & de la grande exploitation
DT : Dinar Tunisien
ESAK : Ecole Supérieure d’Agriculture du Kef
ESAM : Ecole Supérieure d’Agriculture de Mograne
ESSAS : Exploitations à solutions et à stratégie d’adaptation similaires
FIDA : Fonds international pour le développement agricole
FIOP : Financement des investissements et organismes professionnels
FOSDAP : Fonds de Développement de l’Agriculture et de la Pêche
GDAP/GDA : Groupement de développement de l’agriculture et de la pêche
GIC : Groupement d’intérêt collectif
GIS : Système d’informations géografiques
GTZ : Coopération Technique Allemande
Ha : Hectare
IRESA : Institution de la recherche et des études scientifiques agricoles
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
INGREF : Institut national de génie rural, d’eaux et des forêts
INRAT : Institut National de la Recherche Agronomique de Tunis
K. Snane : Kalâat Snane
K. Khasba : Kalâa Khasba
Km : Kilomètre
MARH : Ministère de l’Agriculture et des Ressources Hydrauliques
MEDD : Ministère de l’Environnement et du Développement Durable
m : Mètre
mm : Millimètre
OTD : Office des terres domaniales
ODESYPANO : Office de Développement Sylvo-Pastoral du Nord-Ouest
OEP : Office de l’Elevage et des Pâturages
ONG : Organisation non gouvernementale
OC : Office des céréales
OVOP : Modèle Japonais « Un Village - Un Produit »
PDAI : Projet de Développement Agricole Intégré
PPI : Périmètre Public Irrigué
PACFS : Petite Agriculture à Caractère Social et Familial
PDRI : Programme de développement rural intégré
PV/PA : Production végétale/Production animale
Q/Qx : Quintaux
SAU : Superficie agricole utile
SMSA : Société Mutuelle de Services Agricoles
SMAG : Salaire minimal agricole garanti
SMVDA : Société de mise en valeur et de développement agricole
UCPA : Unité coopérative de production agricole
UTAP : Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche
URAP : Union régional de l’Agriculture et de la Pêche
UGP : Unité de Gestion de Projet
UF : Unité fourragère
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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Résumé & conclusions
Contenu de la troisième phase de l’étude
Ce rapport constitue la troisième phase de l’étude stratégique sur le développement durable et
l’agriculture dans le Gouvernorat du Kef et se consacre, conformément aux termes de
référence, à l’élaboration d’un plan d’action prenant en compte à la fois la viabilité
économique et sociale des systèmes de production agricole et les besoins spécifiques de la
durabilité des ressources naturelles et des agro-systèmes. Par ailleurs et tel que proposé dans
la 2ème
phase de cette étude, un ajustement méthodologique basé sur la prise en considération
d’exploitations à solutions et à stratégie d’adaptation similaires (ESSAS) a permis un meilleur
ciblage du plan d’action.
Le rapport de cette troisième phase comprend trois parties : Une première partie de rappel de
la problématique et des répercussions de la libéralisation des échanges et du changement
climatique, ainsi que des stratégies mises en œuvre pour y faire face. Une seconde partie
portant sur les orientations stratégiques pour un développement agricole durable et une
troisième partie avec le plan d’action et des éléments de sa mise en œuvre.
Rappel de la problématique de durabilité dans le gouvernorat du Kef
Se référant au diagnostic déjà réalisé lors de la 2ème
phase de la présente étude, la
diversification des activités agricoles dans la région du Kef reste encore assez faible avec
toutefois une tendance récente vers l’extension de l’arboriculture et des périmètres irrigués.
L’activité agricole la plus dominante se base sur la pratique extensive des grandes cultures en
sec et de l’élevage ovin.
Les techniques culturales, de faible niveau et peu conservatrices, se matérialisent par une
productivité très moyenne voir médiocre par endroit (les régions Sud et Ouest du gouvernorat)
dans un contexte caractérisé notamment par un manque en vulgarisation, une faible
valorisation des acquis de la recherche, un endettement important des agriculteurs, des
problèmes foncier (dominance de la petite propriété qui peut être non viable et morcellement
des terres) et surtout des comportements où les besoins de l’exploitation agricole sont moins
prioritaires que celles de la famille. Parallèlement, dans la région du Kef (représentative des
zones intérieures de la Tunisie), la faible diversification de l’économie régionale n’a pas
permis de soulager la pression sur le secteur agricole qui constitue quasiment l’unique
alternative en matière de revenu et d’emploi. Actuellement, l’absence d’opportunité d’emploi
se matérialise, surtout pour les jeunes, par un exode rural vers les grandes villes limitrophes.
Les menaces les plus significatives au niveau des ressources naturelles sont observées au
niveau des sols par une érosion assez prononcée et des espaces forestiers et pastoraux qui
deviennent de plus en plus dégradés et surexploités. En ce qui concerne les ressources en eau,
les potentialités sont généralement sous-exploitées et offrent des possibilités réelles
d’intensification et de diversification de la production agricole.
Le contexte socio-économique dans lequel évoluent les activités agricoles du gouvernorat du
Kef, caractérisé par une certaine dynamique de développement et un besoin pressant
d’amélioration des revenues des agriculteurs par l’exploitation optimale des potentialités
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agronomiques sans protection suffisante des ressources naturelles, met en évidence les
menaces de durabilité de l’agriculture régionale.
La politique actuelle de l’Etat en matière de développement du potentiel productif agricole se
base sur des stratégiques de mobilisation et de protection des ressources naturelles, mises en
œuvre depuis le début des années 90, dans les domaines de l’eau, de la CES, des parcours et
des forêts. Tel que constaté, les efforts de l’Etat étaient soutenables mais n’ont pas enrayé la
dégradation des ressources naturelles et n’ont été que partiellement compatibles avec les
stratégies des agriculteurs : A titre d’exemple, l’absence de concertation se traduit par un
manque d’appropriation par les agriculteurs des actions de lutte contre l’érosion et une
réticence envers les opérations d’entretien même si les ouvrages relèvent de leurs
exploitations agricoles. A ce niveau, la démarche de mise en œuvre des projets d’envergure à
caractère participatif où l’agriculteur a été impliqué depuis la programmation des travaux et
où les actions sont intégrées, constitue un outil plus efficace que les interventions classiques
qui demeurent sectorielles (le programme national).
Sur le plan institutionnel, le manque de moyens humains et matériels des services techniques
de l’administration ne permet pas d’assurer, d’une part, un suivi efficace de l’utilisation des
techniques de production, de l’eau, des forêts et des parcours et, d’autre part, la mise en œuvre
d’une façon adéquate des stratégies. Le manque de capacités humaines s’aggravera
probablement dans le futur si les départs massifs à la retraite ne sont pas compensés. Du côté
des structures socioprofessionnelles de base (GDAP et SMSA), on note leur faible efficacité
eu égard à l’objectif pour lequel elles ont été créées et leur position relativement neutre vis-à-
vis du niveau de convergence entre les stratégies sectorielles de l’Etat et les stratégies
d’adaptation des agriculteurs.
A partir de ce constat, la problématique générale du développement durable dans le
gouvernorat du Kef se résume comme suit :
Faible productivité de l’agriculture en sec et en irrigué et climat contraignant ;
Persistance des systèmes de production extensifs et faible innovation technologique
pouvant s’adapter à l’aridité du climat.
Faible diversification de l’économie régionale et forte pression sur l’agriculture ;
Pression et dégradation des ressources naturelles (sols, parcours et forêts) ;
Sous-exploitation des ressources en eau ;
Comportement non conservateur des agriculteurs et contexte socio-économique
contraignant (endettement, fréquence de la petite propriété peu viable,
morcellement…) ;
Faible efficacité du tissu institutionnel et inadaptation de l’approche de planification ;
Faible efficacité des structures de base.
Ce diagnostic a permis en premier lieu de définir globalement la problématique de
développement régionale et en second lieu d’identifier les spécificités en focalisant l’analyse
sur les systèmes agraires présents : Ainsi, les menaces sur la durabilité et les tendances ont été
définies pour les cinq systèmes agraires.
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Les enjeux du forçage économique et climatique
La durabilité de l’agriculture régionale dans le Kef doit faire face aux menaces plus
importantes du futur proche à travers (i) une certaine dégradation de son environnement
écologique suite aux changements climatiques et (ii) à la libéralisation des échanges.
L’agriculture devra donc à la fois résoudre ses contraintes internes et faire face à des
changements en profondeur de son environnement qui sont, pour certains, porteurs de
menaces et de défis. Il s’agit de modifier les pratiques et les choix actuels tout en tenant
compte des conséquences des changements climatiques possibles qui devraient changer
quelques peu les conditions de développement du secteur agricole.
Sur le plan climatique, les changements se traduiraient dans les régions du Nord de la Tunisie
par des élévations des températures annuelles et saisonnières, des baisses de précipitations (les
plus faibles en Tunisie) ainsi qu’une diminution très légère des années extrêmes, mais aussi
par une « stabilité » de la variabilité des précipitations qui est déjà importante au Kef.
L’impact probable de ces changements sur le secteur agricole dans la région se traduirait
globalement par :
Une baisse et une plus grande variabilité de la production agricole (notamment
céréalière) en sec. Cette tendance pourrait être atténuée si des variétés plus
résistantes étaient utilisées pour la recherche.
Une aggravation du problème de l’eau compte tenu de la baisse des précipitations qui
devrait être corrigée par une conception différente de la distribution de l’eau, et le
remplacement des PI actuels par des périmètres à la demande qui envisagent une
utilisation préférentielle pour l’irrigation d’appoint et la recherche d’une plus grande
complémentarité sec/irrigué au sein de l’exploitation.
Une réduction de la production des parcours dans la couverture de besoins du cheptel,
se traduisant par une plus forte dépendance du marché des aliments de bétail en grande
partie importés, une plus forte pression sur les ressources pastorales et leur dégradation
et risque de désaffection envers l’élevage extensif qui occupe une population
importante dans le gouvernorat ;
En plus, et dans les conditions actuelles de marché des aliments de bétail et de la
dépendance du cheptel des aliments achetés, il faut s’attendre à une réduction
importante du cheptel et donc de la remise en cause de l’ensemble des systèmes de
production actuels.
Il devient ainsi urgent d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie cohérente à la fois au
niveau de la région et même au niveau national et programmer les actions à entreprendre sur
le plan institutionnel, agricole et économique, et revoir en particulier les « incitations
économiques » actuelles (prix, subventions, crédit, législation foncière, etc.), qui ne semblent
pas palpables au niveau de l’agriculteur et sont rarement perçues comme telles par lui.
Le forçage économique que connaîtra la Tunisie suite à l’ouverture de son économie sur
l’extérieure pourra mettre en difficulté les systèmes de production agricoles les moins
compétitifs. Selon l’étude « stratégie nationale d’adaptation de l’agriculture et des
écosystèmes aux changements climatiques », publiée en 2007, les effets négatifs se traduiront
par une baisse de 30% des emblavures céréalières au profit de la jachère et une diminution du
PIB agricole de 3% à 4% en 2016 et de 5% à 10% en 2030. Les petites exploitations seraient
les plus touchées par cette ouverture mais aussi celles pratiquant une agriculture extensive et
disposant de structures de production peu équilibrées. Pour le gouvernorat du Kef, la
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iv
dominance des agro-systèmes extensifs et de la petite propriété montre que la région pourrait
être classée parmi les plus sensibles aux forçages économiques.
Actuellement, les augmentations importantes du prix du pétrole, de la matière première et des
produits céréaliers sur le marché mondial se traduisent par une augmentation continue des
coûts de production. Cette situation a poussé l’Etat Tunisien (importateur net) à consolider la
sécurité alimentaire au niveau des denrées de base : Des incitations ont été accordées au
secteur céréalier moyennant des augmentations importantes des prix qui sont devenus
inférieurs à ceux observés sur le marché mondial offrant une protection à la production
locales contre les importations. A titre d’exemple et au cours de la campagne agricole
2007/2008, les prix à la production du blé dur est passé de 32,8 DT/Q à 40 DT/Q et puis à 55
DT/Q au cours de la même année traduisant une importante augmentation mais ce prix est
resté largement inférieur au prix international qui a dépassé les 80 dollars/Q.
Cette nouvelle réalité, dont la tendance est probablement durable (en liaison avec les
changements structurelles des besoins : Bioénergie et changement des habitudes alimentaires
des pays très peuplés), n’est pas prise en considération dans les études récentes sur le forçage
économique du fait qu’elle est survenue juste avant. Dans ce contexte, les évolutions avancées
en termes de diminution des emblavures céréalières n’est plus valable et doivent être révisées.
L’évaluation de la rentabilité des principales cultures pratiquées montre les dernières révisions
des prix sont favorables à la pratique de la céréaliculture et à l’extension de l’olivier à huile
alors que le coût de revient des fourrages de plus en plus élevé pourrait se traduire par une
diminution de leurs superficies et par un impact négatif sur l’élevage.
Orientations stratégiques et axes de développement
A la lumière des contraintes et des objectifs spécifiques aux systèmes agraires et du diagnostic
global réalisé pour l’ensemble du gouvernorat, le développement agricole et la gestion des
ressources naturelles devraient être basés sur les orientations stratégiques suivantes :
Amélioration de la productivité des activités agricoles : Tenant compte des menaces
climatiques et de la libéralisation des échanges, le secteur agricole actuellement peu
performant est appelé à être compétitif. L’amélioration des rendements est possible
surtout que les pratiques actuelles sont extensives.
Valorisation des ressources en eau largement sous-utilisées (excepté les deux nappes
phréatiques de bled Charène et Bled Abida) : La mobilisation de l’eau constitue un
atout pour diversifier l’agriculture et améliorer ses performances eu égard à certaine
région où l’irrigation a permis un développement spectaculaire des cultures
maraichères et une modernisation dans l’utilisation des facteurs de production.
Préservation des ressources naturelles dégradées : Il s’agit notamment de la ressource
sol qui reste soumis à l’effet néfaste de l’érosion et des pratiques peu conservatrices
qui ont mené à son appauvrissement. En plus de cette ressource, on note la dégradation
continue des parcours et des forêts et la convergence des intérêts individuelles des
agriculteurs – éleveurs (objectif basé sur la mobilisation) et des stratégies publics
(objectif basé sur la sauvegarde).
Renforcement du cadre institutionnel : Cette proposition concerne à la fois le
renforcement des capacités de l’administration et des organisations
socioprofessionnelles. L’objectif recherché étant une meilleure gouvernance des
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phase
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ressources naturelles et des filières par l’implication accrue de la population concernée
et la mise en place de structures de concertation et de négociation.
Soutien de l’agriculture dans les régions à climat difficile : La situation socio-
économique se caractérise par une structure productive généralement inadaptée à
l’innovation technique. L’endettement des agriculteurs, la dominance de la petite
propriété peu viable et le morcellement des terres sont autant de contraintes
structurelles que l’administration doit prendre en considération pour l’amélioration de
la productivité de l’activité agricole. Ainsi, des mesures de soutien doivent être
étudiées à travers des encouragements directs (politique de prix adaptée, subventions
spécifiques liées aux régions à climat difficile, système de crédit adapté aux risques et
à l’incertitude des précipitations…) et des encouragements indirects (organisation en
amont en aval des filières…).
Diversification de l’économie régionale : Le gouvernorat du Kef se caractérise par une
faible diversification de son économie régionale qui se répercute par une pression
accrue sur le secteur agricole. Parallèlement, les faibles performances de l’agriculture
du Kef ne permettent pas de réduire l’exode rural et l’ampleur du chômage.
Mise en cohérence des stratégies sectorielles de gestion des ressources naturelles : Il
s’agit d’apporter des correctifs permettant de concilier entre les besoins de la région et
le contenu des stratégies sectorielles. Ces corrections seront de nature à améliorer les
capacités de résilience des différents écosystèmes.
Mise en place de stratégies de réhabilitation et de mise à niveau de l’exploitation
agricole : L’objectif étant de compléter les stratégies sectorielles pour que les
interventions en matière de valorisation des ressources naturelles soient bénéfiques et
se traduisent réellement à l’échelle de l’exploitation agricole. Les stratégies doivent
permettre la mise à niveau des exploitations agricoles, la promotion sociale et
financière de l’exploitant, la restructuration foncière, le développement des structures
d’appui étatiques et professionnelles et le financement et le soutien de l’activité
agricole.
En outre, une visite sur le terrain, pour valider ces orientations, a été organisée le 24 et le 25
juin 2008 et a permis de recueillir l’avis d’un certain nombre de techniciens et d’agriculteurs
sur leurs contraintes et leurs vision d’avenir.
Tenant compte des orientations stratégiques, les axes d’un développement durable peuvent
être formulés comme suit :
Axe 1 : Développement du secteur agricole
Axe 2 : Gestion durable des ressources naturelles
Axe 3 : Convergence des stratégies sectorielles et mise à niveau de l’exploitation
agricole et de son environnement économique et social
Axe 4 : Renforcement institutionnel
Axe 5 : Diversification de l’économie locale et régionale
Les préalables à la mise en œuvre des axes d’orientation
Pour la mise en œuvre des axes d’orientation, la classification des groupes-cibles homogènes
par leurs contraintes et leurs solutions vis à vis des menaces a été proposée pour compléter la
démarche se référant aux systèmes agraires. Cette alternative permet de bien définir les
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vi
stratégies d’adaptation et le plan d’action préconisé. Ainsi, quatre groupes d’exploitations à
solutions et stratégies d’adaptation similaires (ESSAS) sont d’emblée identifiables à partir de
l’analyse de la situation et peuvent être ainsi caractérisés :
Groupe des ESSAS intensificatrices : Il s’agit d’exploitations qui présentent
aujourd’hui des indicateurs de durabilité satisfaisants, mais pour lesquels il reste des
marges de progrès possibles à réaliser dès à présent avant changements climatiques en
vue d’être mieux outillés justement devant ces menaces. L’objectif final est de faire de
ces exploitations des « locomotives » pour le secteur en produisant plus et en
contribuant à la diversification de l’économie régionale (genèse d’activités agricoles,
para-agricoles ou agroalimentaires intéressantes pour le développement durable de la
région et pour contribution à l’allègement de la demande d’emplois agricoles).
Groupe des ESSAS intensifiables : Ce sont les exploitations qui présentent des
indicateurs de durabilité insuffisants aujourd’hui et encore plus après des changements
climatiques éventuels, mais qui pourraient, avec de meilleurs choix technologiques,
une législation et des actions vigoureuses et concertées de l’administration, une
solution à mettre au point pour l’endettement des agriculteurs, des encouragements
bien ciblés, etc. trouver des possibilités d’intensification qui améliorera leur durabilité.
Groupe des ESSAS remodelables : Ce sont les exploitations qui présentent aujourd’hui
des indicateurs de non-durabilité (morcellement excessif, absentéisme, pluriactivité,
taille assez réduite, sols érodées…) et pour lesquels des actions de grande à très grande
envergure seraient nécessaires pour les remodeler et les remettre dans un circuit de
durabilité technique et économique à moyen et long termes. A ce niveau, la réforme
agraire est une solution qui permet d’extraire des lots viables et d’encourager certains
au départ par des incitations à la vente.
Groupe des ESSAS non durables : Ce sont les exploitations qui présentent des
indicateurs de non-durabilité et pour lesquels des actions de très grande envergure
seraient trop coûteuses et non justifiées en ce moment ; c’est le cas d’une grande partie
du système des plaines Ouest et Sud, et de tous les systèmes « remodelables » pour
lesquels il n’y aurait pas eu d’option pour un remodelage organisé à court ou moyen
terme.
Période transitoire pour la mise en œuvre des orientations stratégiques
Les retards enregistrés vers l’orientation du gouvernorat pour un développement durable
justifient la prise en considération d’une période transitoire au cours de laquelle on suppose
notamment :
La réalisation d’un certain nombre d’études de détail des stratégies qui seront
proposées surtout pour hiérarchiser les priorités en fonction des menaces et les
formuler sous forme de projets.
La mobilisation de moyens financiers nationaux publics et privés et la désignation des
maîtres d’œuvres.
Sachant que le budget 2009 (du MARH) est pratiquement bouclé en cette période de
l’année (Août 2008) et réexaminer dès l’achèvement des études, les transferts devront
être effectués de stratégie à stratégie pour démarrer l’application du plan d’action et
préparer, dès 2010 une budgétisation des interventions en fonction de ce plan d’action.
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phase
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Un suivi rigoureux sera nécessaire notamment pour les actions de recherche et de
développement.
Mise en cohérence des stratégies sectorielles
Les éléments d’une ébauche de réflexion permettant la mise en cohérence des stratégies
sectorielles de gestion des ressources naturelles, sont les suivants :
Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins de la région : Dans le but d’améliorer
la contribution des forêts dans le bilan fourrager, actuellement très défaillant, il
importe de planter plus d’espèces arbustives fourragères, d’introduire le ressemis en
sous bois et d’utiliser de la main d’œuvre, jeune notamment, au lieu des travaux
mécaniques, pour servir des salaires à la population et lui donner des moyens de
financer leurs campagnes agricoles sur les petites parcelles qu’ils cultivent.
Mise en cohérence de la stratégie de CES : Dans la conception et l’exécution de cette
stratégie de CES, il y a lieu de réaliser les interventions de CES après « l’étude du
plan foncier du bassin versant et la réalisation d’un remembrement » de sorte que
l’exploitant soit mis à la fin des travaux de CES en présence d’une exploitation
remembrée où il peut appliquer un système de production durable où se justifient de
nouveaux investissements.
Reformulation des objectifs régionaux de la stratégie de l’eau : L’amélioration de la
productivité de l’agriculture du Kef pourra se faire en privilégiant l’irrigation
d’appoint des grandes cultures plutôt que la création systématique de PPI pour
l’intensification des cultures de rente. Un effort de recherche d’autres systèmes de
distribution et de mobilisation de l’eau à moindre coût unitaire peut compléter
l’approche pour toucher le maximum de demandeurs motivés et les aidera dans la mise
à niveau de leurs exploitations. Les Grandes et Moyennes Exploitations - qui
pourraient disposer d’un appoint d’eau dans ce contexte - seraient mieux à même de
s’orienter vers des assolements céréalier/fourrager (quadriennal, triennal ou biennal)
avec élevage bovin ou ovin très rentables du fait même que l’exploitation, mise à
niveau, peut assurer sur place au troupeau la majeure partie de sa ration alimentaire.
Ainsi, peuvent être réalisés simultanément une plus grande autonomie alimentaire, une
nette amélioration des rendements des cultures et de la production animale, et une
grande réduction des importations de céréales et d’aliments du bétail… Il reste
entendu qu’une optimisation de l’approche, placerait ces interventions après le
remembrement que l’AFA réaliserait dans les exploitations concernées.
Eléments de stratégies de développement de la production
Le développement de la production nécessite des stratégies qui envisagent aussi bien les
aspects techniques tendant vers une optimisation de l’emploi des ressources (facteurs de
production) au sein de l’exploitation que les aspects humains (notamment la promotion
sociale de l’exploitant, organisation de la profession…) et financiers (gestion, crédits,
autofinancement et amélioration de son revenu amélioration du revenu de l’exploitant …) qui
concourent à cette optimisation et sans lesquels l’action risque de n’avoir qu’un impact très
partiel ou sans lendemain. En conséquence, cinq éléments doivent être menés en parallèle et
concerneront successivement :
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phase
viii
La Réhabilitation de l’Exploitation Agricole et sa Mise à Niveau : Le développement
de l’agriculture n’a cessé d’être conçu que comme la somme des développements des
différents sous-secteurs de l’agriculture (la céréaliculture, l’arboriculture, les cultures
maraîchères, l’élevage…), oubliant par la même le creuset commun où s’entremêlent
ces activités et les synergies qui pouvaient activer ou opposer les développements
respectifs de ces sous-secteurs, c’est-à-dire qu’on a omis « l’exploitation agricole », où
se réalise le développement. Il s’agit donc de réhabiliter le rôle de l’exploitation
agricole en tant qu’entreprise de base de l’économie agricole et d’essayer de cerner les
principes qui permettraient le démarrage d’un programme de mise à niveau et de
développement… Ce qui implique une approche innovante en matière de recherche,
de développement en fonction des ESSAS (notamment révolution fourragère,
intégration PV/PA et vulgarisation), de gestion de l’exploitation et de la nécessaire
mécanisation, afin de donner une durabilité satisfaisante aux actions à entreprendre
sous l’impact de la double urgence économique et climatique.
La promotion sociale et financière de l’exploitant : L’objectif étant de cibler
l’exploitant agricole comme moteur et moyen du développement de la production par
le biais de l’amélioration du revenu familial qu’il s’agisse d’un revenu garanti par une
meilleure gestion de l’exploitation seule ou d’un revenu provenant d’une pluriactivité
qui peut générer des réinvestissements dans l’agriculture. Il s’agit notamment de :
Trouver une voie pour surmonter l’endettement des petits exploitants et financer
les campagnes agricoles à travers notamment « des projets de crédit supervisés »
pour les ESSAS intensifiables & « la pluriactivité dans toutes sortes de grands
chantiers régionaux » pour les ESSAS remodelables.
Redonner plus d’importance à l’encadrement de l’exploitant pour améliorer sa
technicité & le préparer à son nouveau rôle.
Installer davantage d’ingénieurs diplômés des Ecoles d’Agriculture comme
exploitants, dans la région, ce qui suppose entre-autre la reconversion d’une partie
des exploitants en dehors de l’agriculture pour les ESSAS non durables, et
partiellement pour les ESSAS remodelables.
Favoriser, si possible, à titre pilote pour ce gouvernorat, la promulgation d’une
législation qui permet d’activer la relève des exploitants âgés par des jeunes grâce
à de fortes primes de départs pour les uns et des primes de 1ère
installation pour les
autres.
Faciliter la création d’un réseau de centres de machinisme agricole (de quelques
formes juridiques que ce soit) dirigés par des ingénieurs spécialisés pour la
fourniture de services de location des moyens mécaniques dont l’achat n’est même
plus à la portée des grands agriculteurs.
La restructuration foncière : La contrainte foncière assez fréquente favorise largement
les menaces encourues par l’exploitation. Vu les très faibles progrès faits dans ce sens,
les propositions relatives au niveau régional sont des actions partielles à tester pour
améliorer l’impact des autres axes et leur donner plus d’efficience. La restructuration
doit rechercher les solutions les plus adaptées pour résoudre le problème :
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phase
ix
des 1.800 exploitations qui ont une taille supérieure à 50 ha et qui souffrent pour la
plupart de morcellement pour en faire des ESSAS intensificatrices ;
pour les 5.700 exploitations de 10 à 50 ha et dont une bonne tranche forme des
ESSAS intensifiables qu’il s’agit de sauvegarder, elles souffrent également dans la
plupart des cas de morcellement ou d’insuffisance de superficie pour qu’une partie
au moins devienne durable avant l’échéance de 2024 ;
pour les 4.200 exploitations de 5 à 10 ha, une partie est formée d’exploitations
irriguées et intensifiables qui pourraient mettre à profit le plan d’action. Le reste,
cultivé en sec, doit être, en partie, remodelé ou mis sur le marché foncier par des
encouragements à déterminer ;
enfin sur les 6.800 exploitations inférieures à 5 ha et en dehors de l’irrigué, celles-
ci sont essentiellement des ESSAS non durables. La plus grosse partie est
également à mettre sur le marché foncier par le biais d’encouragements.
Les textes législatifs seraient à formuler et à mettre en application à travers des
mécanismes pour tester la meilleure formule d’intervention. Ils doivent être
suffisamment encourageants pour sortir du cercle vicieux du foncier et lutter contre la
poursuite du découpage des exploitations (favoriser le remembrement, la constitution
d’exploitations durables, l’encouragement au départ des agriculteurs âgés,
l’installation d’ingénieurs-exploitants…). Ainsi, le foncier doit se référer en plus de la
propriété de la terre à la définition de la notion « d’exploitation » qui tient compte de
la question de viabilité (superficie minimale, durée sécurisante pour le fermage…).
Le développement des structures d’appui étatiques et professionnelles : Les structures
d’appui visées sont la recherche et l’enseignement, la vulgarisation et les services à
mettre à la disposition de l’exploitant. L’orientation générale dans le pays étant de
passer des structures créées par l’Etat à des structures professionnelles. Les structures
d’appui à développer concernent :
La recherche et l’enseignement agricoles : Le développement de la recherche devra
notamment intégrer les principaux composants des systèmes agraires présents dans
la région et en examiner régulièrement l’aspect économique (rentabilité). Pour
l’enseignement agricole, une réorientation devra cibler la formation d’ingénieurs à
installer sur des exploitations en liaison avec l’AFA.
La vulgarisation agricole : Avec la décentralisation des CRDA, les CTV et CRA
sont devenues des cellules administratives très peu dotées en moyens humains et
matériels. Actuellement, la volonté de l’Administration de se désister de cette
activité au profit de la profession a été prise sans aucune préparation de celle-ci à
cette tâche et sans un calendrier logique à cette fin, ont fait rendu la vulgarisation
dans la plupart des CTV tout à fait inopérante. en dehors de quelques CTV, dotés
de bons ingénieurs qui ont essayé de maintenir leurs CTV à flot. Face à cette
situation, il y a un besoin urgent de redéfinition du rôle du vulgarisateur et de
l’approche de l’encadrement.
Les services à l’amont et à l’aval de la production : La structuration de la
profession, notamment par la création de structures de services, est un ancien vœu
même sur le plan national qui n’a pas pu être exhaussé. Trois types de
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phase
x
structurations sont à faire émaner : (i) Structuration à faire émaner de
l’agriculteur : Coopératives, groupements… sont à émaner des agriculteurs avec
l’appui d’une vulgarisation compétente à la condition que les réglementations et
les subventions prévues soient alléchantes, (ii) Structuration à provoquer à travers
l’emploi des jeunes diplômés spécialisés (agences des Offices de l’Etat, de l’OEP,
de coopératives centrales, de CSA, GDA…), et (iii) Structuration par essaimage :
L’OC et les Coopératives centrales possèdent des centres de collecte et
d’approvisionnement en engrais qui pourraient faire l’objet d’un essaimage sous
forme de coopératives ou de sociétés au profit des agriculteurs locaux et de la main
d’œuvre y travaillant.
Le financement et les soutiens financiers : Dans le contexte actuel, les sources de
financement concernées sont les suivantes :
Financement public et bancaire : Il est recommandé de confirmer les formules de
financement bancaires et encouragements publics aux besoins et spécificités
régionales (risques climatiques…) pour trouver entre-autres des remèdes à
l’endettement. Ainsi, il importe de réviser le calendrier de remboursement des
crédits, d’étudier l’opportunité de création d’une banque de proximité peu
exigeante en garanties, de diminuer voir annuler pendant les mauvaises années le
taux d’intérêts, de déterminer la participation de l’Etat dans la couverture des
pertes générées par les menaces climatiques, et de revoir la possibilité d’indexation
des prix des produits de l’élevage par rapport à ceux des céréales…
Financement par la profession : Il est actuellement handicapé par la faiblesse des
moyens de l’agriculteur et devra attendre que le programme de mise à niveau de
l’exploitation soit bien avancé pour qu’il puisse mieux contribuer à un
développement durable de l’exploitation. Le développement d’une « politique
progressive d’encouragement à l’autofinancement » pourrait se faire moyennant
une amélioration du revenu agricole ou du revenu extra-agricole de l’agriculteur :
(i) Amélioration du revenu par une compression des coûts de production par des
actions communes au niveau de groupes d’agriculteurs, l’adoption de technologies
nouvelles, et (ii) Amélioration des capacités d’autofinancement du petit agriculteur
par un revenu extra-agricole surtout dans le Centre et Sud-Ouest du gouvernorat
par une concentration des emplois saisonniers des chantiers ruraux durant les mois
d’août à décembre (financement du démarrage de la campagne agricole).
Plan d’action pour un développement durable
Les axes stratégiques proposés ne peuvent être traduits en actions séparées sous forme d’un
plan d’action sans courir le risque de rester théorique dans l’approche, et de les voir aboutir, à
nouveau, à une dispersion des efforts et au manque de complémentarité entre stratégies qui
caractérise la situation actuelle. Aussi, la complémentarité des actions à prévoir et la volonté
de les faire converger simultanément vers « l’exploitation agricole » nécessiteraient de les
assembler en projets intégrés aux objectifs bien déterminés et à exécuter par des équipes
pluridisciplinaires sous l’égide d’un Comité Unique de Pilotage (CUP). Les idées de projets
intégrés se rapportent aux aspects suivants :
Développement intégré de la moyenne et de la grande exploitation (destiné
essentiellement aux ESSAS intensificatrices) ;
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xi
Projet pilote de soutien et de financement de l’exploitation intensifiable ;
Programme de pluriactivité, d’aide et de financement du groupe des exploitations non
durables et de rajeunissement des exploitants ;
Développement des cultures de plantes médicinales et mellifères à l’Ouest et au Sud
du gouvernorat du Kef avec mise en place de projets sur le modèle japonais OVOP
« Un Village - Un Produit » ;
Projet de motivation des exploitants à une utilisation de l’eau en appoint sur
l’exploitation pour une stabilisation minimale de la production ;
Mise en place d’une stratégie de restructuration foncière de l’exploitation ;
Mise en place d’une stratégie de recherche intégrée « agriculture - élevage -
changements climatiques » adaptée à la région du Kef ; et
Mise en place d’une stratégie de développement des structures d’appui étatiques et
professionnelles.
Mise en place d’une stratégie de sauvegarde de l’environnement rural.
Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins fourragers et pastoraux de la région.
Intégration de la stratégie de CES dans les actions foncières.
Ces idées de projets qui doivent faire l’objet d’études de faisabilité, doivent être complétées
par des mesures d’accompagnement, notamment au niveau des structures de l’Etat qui devront
en prendre l’initiative, les financer en grande partie et les accompagner jusqu’à réalisation. Ce
plan complémentaire doit inclure notamment : (i) Le recrutement de spécialistes matière et de
vulgarisateurs pour accorder les besoins du CRDA du Kef avec les actions attendues et la
remise en place d’un réseau de relance de la vulgarisation pour les 10 prochaines années et la
préparation de la profession à la relève ; (ii) La réorientation partielle des programmes
d’enseignement à l’ESAK moyennant la création d’une section de formation d’ingénieurs à
installer sur des exploitations ; et (iii) La préparation de textes intérimaires pour le
gouvernorat, et à titre de test définissant :
L’approche à adopter et les moyens à réserver par l’AFA pour favoriser les départs
d’agriculteurs âgés, la reconversion de petits agriculteurs, l’acquisition d’ESSAS non
durables et d’ESSAS remodelables (par achat ou location à long terme) en vu
d’agrandissements à effectuer pour « durabiliser » d’autres ESSAS ;
L’approche à adopter et les moyens à réserver pour l’installation et la densification de la
présence d’ingénieurs-exploitants en liaison avec l’AFA et pour définir les nouvelles
voies à suivre par celle-ci dans la région ; la création d’un projet spécial au sein de
l’agence de l’AFA du Kef, spécifique à cette action pilote pourrait être une solution avant
de prendre des textes qui généralisent l’action au niveau d’autres gouvernorats ;
L’organe qui aura pour charge l’exécution de ces textes : soit une Unité renforcée
spéciale de l’AFA, soit une Société Régionale d’Aménagement Foncier.
Les effets/objectifs attendus du plan d’action
Les effets à attendre du plan d’action dépendent des moyens qui seront consentis, du temps
qui sera consacré pour la réalisation des études de faisabilité et de la date de démarrage du
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phase
xii
plan d’action. La présente étude s’achevant au courant de l’été 2008, si les crédits pour l’étude
de faisabilité sont prévus pour 2009, elle pourra être réalisée en 2010. Les demandes de
budgets se faisant en 2011, il y a lieu de penser que le démarrage de l’action serait pour la
campagne agricole 2012-2013. Ainsi, les effets possibles sont à espérer à partir de l’an 2024.
En plus des impacts technico-économiques et structurels, la mise en œuvre du Plan d’Action
se traduira notamment par un effet-objectif sur l’amélioration de la structure et de la viabilité
des exploitations agricoles.
Ainsi, parmi les 18.100 exploitations dénombrées au total en 2004, on peut s’attendre aux
résultats suivants :
Pour les 1.800 exploitations qui ont une taille supérieure à 50 ha, on pourrait atteindre
1.000 exploitations remembrées, effectuant un assolement suffisamment intensif,
intégrant les grandes cultures à l’élevage et dont 10% seraient dirigées par des
ingénieurs-exploitants ayant un grand rayonnement sur la région ; 20% pouvant être
Dans les 5.700 exploitations de 10 à 50 ha, il existe une bonne tranche des ESSAS
intensifiables qu’il s’agit de sauvegarder par de meilleures techniques, par des
remembrements ou agrandissements de la superficie…, l’effet-objectif à s’assigner, vu
la multiplicité des conditions à réunir dans ces petites exploitations et leur
éparpillement, pourrait être de 1.500 exploitations remodelées en fin de décennie ;
Pour les 4.200 exploitations de 5 à 10 ha (couvrant 34.900 ha), il s’agira d’abord pour
l’étude de faisabilité de tirer d’exploitations en irrigué qui feraient en grande partie des
ESSAS intensifiables, et pourront mettre à profit le plan d’action proposé. Pour le
reste, cultivé en sec, elles appartiennent, en partie aux ESSAS remodelables et en
partie aux ESSAS non durables ;
Enfin sur les 6.800 exploitations inférieures à 5 ha (couvrant 10.300 ha) et en dehors
de l’irrigué ces exploitations sont essentiellement des ESSAS non durables. L’effet-
objectif qu’on propose de s’assigner ne peut dépasser, si on veut être réaliste, 1.500
exploitations remodelées à partir des 11 mille exploitations < 10 ha.
Ainsi, en 2024 le total du nombre d’exploitants tournerait autour de 10 mille exploitations
dont quelques 6.000 auraient reçues des actions au profit d’une mise à niveau et d’une
meilleure durabilité. En contrepartie, une tranche d’exploitants sera reclassée socialement par
la création d’emploi ou par l’indemnisation de retraite.
Conformément à ce qui est déjà mentionné, la démarche suivie pour l’identification des
orientations stratégiques et du plan d’action s’est basée sur les problématiques de durabilité
analysées à l’échelle de chaque agro-système tout en prenant en considération les aspects
globaux relevant de l’échelle régionale (les stratégies sectorielles et de production, l’efficacité
d’intervention de l’administration…). Dans ce contexte, les orientations stratégiques et le plan
d’action déjà présenté sont spécifiés ci-dessous dans le tableau suivant pour chaque agro-
système. Au niveau de ce tableau, il importe de signaler que les mesures d’ordre général qui
concernent notamment la mise en cohérence des stratégies sectorielles et le développement
des structures d’appui étatiques et professionnelles ne sont pas mentionnées car ils concernent
toutes les exploitations agricoles.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
i
Synthèse des orientations stratégiques et du plan d’action par agro-système et tendances des exploitations agricoles
Agro-systèmes Caractérisation des agro-systèmes
Problématique /
Menace sur la
durabilité
Orientations stratégiques Plan d’action Tendances futures
des exploitations
Agro-système I :
Le système agro-
sylvicole de
montagne
- Monoculture céréalière en sec &
Elevage extensif
- Pluies abondantes & Sols riches
- Zones accidentées
- 50 % des exploitant ont un revenu
agricole < SMAG
- Erosion des sols (73%
des superficies)
- Envasement des
ouvrages hydrauliques
(Mellègue)
- Déficit fourrager
- Possibilité de diversification et
d’intensification (mobilisation de l’eau
d’irrigation).
- Amélioration de la productivité des
activités agricoles.
- Préservation des ressources naturelles
dégradées (CES, parcours et forêts).
- Préservation des ressources naturelles (CES,
parcours et forêts)
- Mise à niveau des exploitations agricoles
- Promotion sociale et financière de l’exploitant
- Restructuration foncière
- Soutien de l’activité agricole
- Programme de pluriactivité, d’aide et de
financement du groupe des exploitations non
durables (AGR et chantiers ruraux) et de
rajeunissement des exploitants.
- 50% Exploitations
intensificateurs et
exploitations
indentifiables
- 50% Exploitations
Remodelables et
Non durables
Agro-système II :
Système agro-
pastoral des
reliefs collinaires
- Monoculture céréalière en sec &
Elevage extensif
- Zones accidentées
- Absence de ressources en eau
- 70% des exploitations ont une
superficie inférieure à 10 ha
- Exode rural, absentéisme et
endettement important
- La quasi-totalité des exploitations
sont à la limite de la viabilité
- Dégradation des
ressources pastorales et
sylvicoles,
- Erosion importante
(82% des sols),
- Déficit fourrager
- Diversifier l’économie.
- Amélioration de la productivité des
activités agricoles.
- Préservation des ressources naturelles
dégradées (CES et parcours).
- Préservation des ressources naturelles (CES,
parcours et forêts)
- Mise à niveau des exploitations agricoles
- Promotion sociale et financière de l’exploitant
- Restructuration foncière
- Soutien de l’activité agricole
- Programme de pluriactivité, d’aide et de
financement du groupe des exploitations non
durables (AGR et chantiers ruraux) et de
rajeunissement des exploitants.
- Développement des cultures de plantes
médicinales et mellifères dans les zones Sud et
Ouest du gouvernorat.
Il s’agit surtout
d’exploitations
remodelages et non
durables
Agro-système
III :
Système agro-
pastoral des glacis
- Polyculture en sec (grandes
cultures + divers) & Elevage
extensif
- Absence de ressources en eau
- Endettement important
- Exode rural assez prononcé
- Erosion importante
(30% des terres)
- Déficit fourrager
- Problème de
transmissibilité de
l’activité agricole (zone
centrale)
- Possibilités de diversification dans les
zones Nord (meilleures conditions
climatiques). Pour la zone centrale,
miser surtout sur la diversification de
l’économie régionale.
- Amélioration de la productivité des
activités agricoles.
- Préservation des ressources naturelles
dégradées (CES et parcours).
- Préservation des ressources naturelles (CES,
parcours et forêts)
- Mise à niveau des exploitations agricoles
- Promotion sociale et financière de l’exploitant
- Restructuration foncière
- Soutien de l’activité agricole
- Programme de pluriactivité, d’aide et de
financement du groupe des exploitations non
durables (AGR et chantiers ruraux) et de
rajeunissement des exploitants.
Exploitations
intensifiables
surtout dans les
glacis du Nord et
exploitations
remodelables et
non durables pour
les glacis du Centre
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
ii
Synthèse des orientations stratégiques et du plan d’action par agro-système et tendances des exploitations agricoles
Agro-systèmes Caractérisation des agro-systèmes
Problématique /
Menace sur la
durabilité
Orientations stratégiques Plan d’action Tendances futures
des exploitations
Agro-système
IV.1 :
Système en sec
des hautes plaines
de l’Est
- Monoculture céréalière en sec &
Elevage extensif
- Pratiques culturales ne valorisant
pas le potentiel (sol et
pluviométrie) existant
(rendements très moyens)
- Approvisionnement
continu du sol suite aux
faibles restitutions
- Paquet technologique
peu valorisant
- Possibilités importantes de
diversification et d’intensification
(mobilisation de l’eau d’irrigation)
- Amélioration de la productivité des
activités agricoles.
- Implication supplémentaire et valorisation des
acquis de la recherche
- Mise à niveau des exploitations agricoles
- Promotion sociale et financière de l’exploitant
- Restructuration foncière
- Soutien de l’activité agricole
Il s’agit surtout
d’exploitations
intensificatrices et
intensifiables
Agro-système
IV.2 :
Système en sec
des plaines Ouest
et Sud
- Monocultures céréalières en sec &
Elevage extensif
- Zones frontalières
- Dominance de la petite propriété
- Morcellement excessif des terres
- Endettement généralisé
- Exode rural assez prononcé
- Approvisionnement
important des sols
- Déficit fourrager
important
- Diversifier l’économie.
- Amélioration de la productivité des
activités agricoles.
- Préservation des ressources naturelles
dégradées (CES et parcours).
- Mise à niveau des exploitations agricoles
- Promotion sociale et financière de l’exploitant
- Restructuration foncière
- Soutien de l’activité agricole
- Programme de pluriactivité, d’aide et de
financement du groupe des exploitations non
durables (AGR et chantiers ruraux) et de
rajeunissement des exploitants.
- Développement des cultures de plantes
médicinales et mellifères.
- 50% Exploitations
remodelables
- 50% Exploitations
non durables
Agro-système V :
Système conduit
en irrigué
- Ressources en eau sous exploitées
- Taux d’intensification de 77% dans
les PPI et 122% au niveau des
puits de surface
- Sous-exploitation des PPI
(absentéisme, faibles moyens
financiers, difficultés de gestion
des GIC…)
- Problème de
compétitivité régionale
- Problème de
commercialisation
- Amélioration de la productivité des
activités agricoles en irrigué.
- Amélioration de la contribution des
cultures irriguées dans la production
agricole.
- Mise à niveau des exploitations agricoles
- Promotion sociale et financière de l’exploitant
- Restructuration foncière
- Soutien de l’aval de l’activité agricole en
irrigué
- Renforcement des GDAP
- Vu les possibilités importantes du Kef en
matière de ressources en eau, étudier la
possibilité d’irrigation d’appoint des céréales
pour stabiliser et augmenter la production et la
productivité des facteurs.
- Instaurer un système de suivi des nappes
souterraines
Exploitations
intensificatrices
Exploitations
intensifiables
Exploitations
remodelables
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
1
Introduction
Selon les termes de référence, l’objectif de la troisième phase de cette l’étude stratégique sur
le développement durable et l’agriculture dans le Gouvernorat du Kef est consacrée à
l’élaboration d’une stratégie et d’un plan d’action prenant en compte à la fois la viabilité
économique et sociale des systèmes de production agricole et les besoins spécifiques de la
durabilité des ressources naturelles et des agro-systèmes.
Par ailleurs et partant des résultats de la 2ème
phase de l’étude qui concernait le diagnostic
global de la problématique de développement à l’échelle du gouvernorat et de celui réalisé
pour chaque système agraire en liaison avec les éventuels menaces exogènes pouvant
découler des changements climatiques et économiques, l’objectif prioritaire étant surtout :
(i) La mise à niveau de l’exploitation agricole ; et
(ii) La coordination des stratégies actuelles de gestion des ressources naturelles trop
« sectorialisées » dans le but de les faire converger avec les intérêts des agriculteurs
pour une meilleure prise en charge.
Tenant compte de ce diagnostic, des axes d’orientation stratégiques ont été proposés et
déclinés en plan d’action. Concrètement, ne pouvant être traduits en actions séparées sans
courir le risque de les voir aboutir (comme les stratégies sectorielles existantes) à une
dispersion des efforts très dommageables pour le gouvernorat, les axes d’orientation
stratégiques ont été assemblés en idées de projets intégrés.
Sur le plan méthodologique, ce travail se base sur une approche concertée qui a impliqué
différents acteurs. Ainsi et à l’instar du diagnostic participatif réalisé dans la deuxième phase
du projet et qui a intéressé des agriculteurs relevant des différents agro-systèmes et des
instances institutionnelle régionales, la troisième phase a connu deux niveau de concertation :
Le premier niveau de concertation qui prend en considération les propositions des
responsables régionaux, a été réalisé à l’occasion du travail de restitution au siège du
gouvernorat du Kef en mars 2008 (entre la 2ème
et la 3ème
phase de l’étude).
Le deuxième niveau de concertation, réalisé lors de la 3ème
phase de l’étude (juin
2008), s’est intéressé à un certain nombre d’agriculteurs en vu de vérifier le bien-
fondé de certaines actions envisagées (dans le plan d’action) et d’examiner leur
position et vision du développement agricole.
Le rapport de cette troisième phase comprend trois parties : Une première partie de rappel de
la problématique et des répercussions de la libéralisation des échanges et du changement
climatique, ainsi que des stratégies mises en œuvre pour y faire face. Une seconde partie
portant sur les orientations stratégiques pour un développement agricole durable et une
troisième partie avec le plan d’action et des éléments de sa mise en œuvre.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
2
1. Rappel de la problématique de durabilité de l’agriculture du Kef
1.1. Problématique de la durabilité du secteur agricole
1.1.1. Agriculture extensive et dominance de la petite exploitation
L’agriculture dans la région du Kef est dominée par les spéculations extensives de grandes
cultures et d’élevage avec l’émergence des noyaux d’irrigation encore peu significatifs en
superficie et devant les potentialités en eau. Elle se caractérise aussi par la présence de 18 110
exploitants dont 60% ont moins de 10 ha et 10% ont plus de 50 ha, en cohérence avec
l’orientation extensive de l’agriculture dans la région du Kef. L’éclatement de la propriété,
engendré par le phénomène d’héritage, a été relativement maîtrisé par la dynamique du
marché foncier qui a contribué à la diminution des exploitations de faible taille. La superficie
moyenne par exploitation a légèrement diminué en passant de 22,3 ha en 1994 à 21 ha en
2004. En plus de cette structure basée sur la dominance de la petite exploitation, le
morcellement des terres agricoles reste prépondérant (en moyenne 3,9 parcelle par
exploitation selon les statistiques de l’an 2004) malgré les efforts de l’agence foncière
agricole en matière de remembrement dont les procédures sont lentes.
De par le caractère extensif dominant de l’agriculture dans le gouvernorat du Kef, près de la
moitié des exploitants s’occupent à temps plein de leurs exploitations et environ le quart
s’adonne, en plus, à des activités lucratives non agricoles.
Avec 87% des terres labourables consacrées aux grandes cultures si l’on compte les jachères,
la structure de l’occupation du sol est cohérente avec les potentialités agronomiques de la
région. Cette structure n’a pas connu de changements profonds au cours de la dernière
décennie. Entre les IXème
et Xème
plan on note un léger changement au profit des cultures
fourragères, de l’olivier en sec et des légumes et des fruits en irrigué qui s’explique par la
tendance des producteurs à opter pour des cultures à plus haute valeur commerciale grâce à
l’extension des périmètres irrigués. Ceux-ci ont presque triplé en l’espace de quinze ans.
Analysée sur la campagne 2005/2006, l’occupation du sol montre la prépondérance des
grandes cultures, essentiellement la céréaliculture qui occupe 56% des terres cultivées.
L’olivier et secondairement les arbres fruitiers couvrent 9% et les cultures maraîchères 2%
des terres cultivées. La jachère pratiquée pour des raisons agronomiques ou forcée par des
conditions climatiques occupe généralement 20% à 25% de la superficie labourable.
En ce qui concerne l’élevage, on distingue un système à base d’ovin-caprin tirant profit des
ressources sylvo-pastorales dans le nord du gouvernorat, un système à dominance ovine dans
les délégations du sud du gouvernorat et un système d’élevage associant les ovins et les
bovins de race pure ou locale améliorée au niveau des plaines des périmètres irrigués.
L’importance de l’élevage est reflétée par le nombre d’agriculteurs éleveurs et par sa tendance
à l’augmentation malgré les pertes de cheptel consécutives aux années de sécheresse. En effet,
en l’espace de 16 ans (de 1990 à 2006), l’effectif des bovins, aussi bien de race pure que de
race locale améliorée, a augmenté de 28%, celui des ovins de 22% et des caprins de 7%. Le
bilan fourrager est structurellement déficitaire (en moyenne 22 à 86 millions d’UF) et le taux
de couverture des besoins n’est que de 78%.
Cette région est caractérisée par ses plaines et hauts plateaux consacrés aux grandes cultures
(principalement les céréales), l’importance des forêts et des maquis et de l’élevage ovin
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
3
extensif. Les céréales et les produits de l’élevage sont les principales productions de la région
et contribuent respectivement à hauteur de 29% et 31% de la production régionale.
Les changements opérés durant les deux derniers plans de développement ne témoignent pas
d’une transformation profonde des systèmes agraires qui sont observés depuis des décennies.
Le gouvernorat du Kef demeure une région céréalière et d’élevage ovin extensif et les appris
culturels et sauts technologiques n’ont pas aidé les agriculteurs à se surpasser des traditions.
La moyenne des rendements des céréales, par exemple, a oscillé entre 8 Qx/ha durant le VIème
plan et 17 Qx/ha durant le Xème
plan. On doit noter toutefois l’émergence des systèmes
relativement intensifs, représentés par les périmètres irrigués, l’installation de bovins laitiers,
l’extension de l’olivier, de l’arboriculture fruitière et du maraîchage irrigué qui ont été induits
par les différentes politiques de mobilisation des ressources en eau et d’encouragement à la
pratique d’activités agricoles plus rémunératrices. La politique de protection et de valorisation
des ressources en sol et forestières a eu ses effets positifs par la limitation des pertes en sol,
l’amélioration du taux de couverture végétale par des espèces sylvicoles et pastorales.
1.1.2. Conditions pédoclimatiques aléatoires et contraignantes
Appartenant à la grande région du Haut tell, le gouvernorat du Kef se caractérise par un relief
accidenté et compartimenté avec des hauts plateaux et des plaines alluviales souvent isolés
s’étendant entre les chaînes montagneuses. Entre ces plaines et les versants montagneux en
roches dures, existent des glacis encroûtés constituant des zones de transition très affectées
par l’érosion. L’altitude varie de 700 m à 1200 m pour les montagnes et de 450 m à 600 m
pour les plaines et les plateaux. Les spécificités agro-écologiques de ce relief lui donnent un
caractère particulièrement difficile et contraignant.
Sur le plan climatique, le gouvernorat du Kef appartient en grande partie à l’étage
bioclimatique semi-aride. Toutefois, certaines zones du sud-ouest du gouvernorat font partie
de l’étage bioclimatique aride supérieur et d’autres dans le nord appartiennent à l’étage
subhumide. Dans l’ensemble, il s’agit d’un climat continental à hiver froid et rigoureux avec
des minima parmi les plus basses de la Tunisie. En outre, pendant la période hivernale, les
chutes de neige sont assez fréquentes notamment sur les hauteurs et les gelés et la grêle sont
aussi fréquentes et tardives. Par contre en été, les grandes plaines céréalières sont soumises
aux vents chauds et desséchants (sirocco).
La pluviométrie accuse une variabilité spatiale assez importante. En effet, elle varie de 320
mm au niveau de la zone la moins arrosée située au Centre-ouest du gouvernorat, à 520 mm
au Nord-est.
Ces conditions pédoclimatiques, aléatoires pour la production et contraignantes pour la
diversification, se traduisent par des niveaux de rendements très moyens et en deçà des
moyennes nationales.
1.1.3. Pression sur les ressources naturelles
Quoique les changements dans les systèmes de production et des pratiques agricoles et
d’élevage ne soient pas assez perceptibles, le paysage agraire dans le gouvernorat du Kef subit
certaines mutations en réaction aux orientations et encouragements au développement de
l’agriculture arrêtés par l’Etat. Les réactions les plus manifestes concernent le développement
de l’irrigation, l’intensification des cultures de légumes et d’arbres fruitiers, le développement
de l’élevage bovin laitier et la tendance à l’amélioration des performances des populations
animales locales. Ce comportement des exploitants a été par ailleurs motivé par les besoins
d’améliorer leurs revenus et pour répondre aux besoins financiers croissants de leurs familles,
d’une part, et par une demande en produits alimentaires en augmentation constante en raison
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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du croit démographique et de l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, d’autre part.
Les ressources naturelles étant à la base de toutes les filières agricoles, les performances
atteintes par le secteur agricole dans la région ont eu lieu moyennant une utilisation intense de
ces ressources sans que des précautions suffisantes aient été prises pour assurer leur
durabilité. Les dégâts observés concernent surtout :
Les ressources en sols : Au niveau de ces ressources, les menaces d’érosion sont
favorisées par les pratiques culturales, la nature des sols en place et les phénomènes
climatiques. A noter aussi le faible niveau de restitution de la matière organique et
d’adoption de techniques conservatrices ;
Les ressources sylvicoles et pastorales : Elles sont mises à rudes épreuves de par la
pression de plus en plus importante de l’élevage, de la pratique de culture annuelle sur
des sols inappropriés et des prélèvements excessifs pratiqués par les populations
riveraines ou habitant les espaces forestiers. La dégradation qualitative et quantitative
des ces ressources (terres de cultures, parcours et forêt) se manifeste par l’érosion et la
perte de fertilité des sols, la diminution du couvert végétal et la baisse de sa qualité.
Les ressources en eau : Le gouvernorat du Kef jouit actuellement d’une position
confortable en matière de ressources en eau, avec un excédent transféré naturellement
vers les régions voisines. Toutefois, on doit noter le risque de surexploitation de
certaines nappes phréatiques et surtout l’état de dégradation de certaines
infrastructures hydrauliques (lacs et barrages collinaires envasés et colmatés) qui
auront des effets négatifs sur la durabilité des activités agricoles déjà entreprises par
les agriculteurs exploitant ces ouvrages.
Les pratiques culturales caractérisées par l’emploi fréquent d’outils à disques pour le travail
du sol, la dominance de la monoculture céréalière et l’augmentation spectaculaire des effectifs
des élevages bovin et ovin ont engendré une forte pression sur le couvert végétal et sont à
l’origine de la dégradation des terres et par suite de l’intensification du phénomène de
désertification. Cette situation est d’autant plus grave que le contexte climatique (les pluies
d’automne ont un caractère orageux), la nature du relief ondulé, la nature des substrats,
l’appauvrissement des sols en matière organique, associés à une occupation humaine
relativement ancienne, contribuent à fragiliser le milieu et le prédisposent à l’érosion.
Actuellement, le degré de vulnérabilité des sols à l’érosion est très élevé dans la région :
l’érosion hydrique moyenne à forte concerne 312 mille ha (62% de la superficie du
gouvernorat) et l’érosion éolienne touche 198 mille ha (39% de la superficie du gouvernorat).
Ces deux types d’érosion ont tendance à s’aggraver avec les changements climatiques où les
phénomènes extrêmes (abondance pluviométrique et sécheresse prolongée) seront plus
sévères. Les efforts d’aménagement des bassins versants entrepris depuis plus de deux
décennies ont porté sur le traitement intégral ou en partie de près de 73 mille ha, soit environ
le quart des superficies menacées.
D’autres facteurs de dégradation des sols ont été observés : Il s’agit en premier lieu de
l’appauvrissement du sol en matière organique et dans une moindre mesure de la salinisation
des sols au niveau des périmètres irrigués et de la présence de certaines zones halomorphes
inondables.
L’appauvrissement du sol en matière organique dans le gouvernorat du Kef a été mis en
évidence par les analyses de laboratoire effectuées durant la période 2000 – 2005. Les teneurs
les plus faibles, traduisant un état de dégradation avancé, ont été surtout observées dans les
délégations de Sakiet Sidi Youssef, de Kalâat Snane et de Jérissa. Dans l’ensemble, les
résultats des analyses montrent une pauvreté et un appauvrissement qui forment une menace
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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importante pour la durabilité des systèmes de production, notamment en cas de changements
climatiques ou d’absence d’adoption d’assolements et d’élevages capables de restituer
davantage de matière organique au sol. Les raisons principales de cette faiblesse de la teneur
en matière organique résident notamment dans :
La non application d’assolements équilibrés et la très faible charge en bétail des grandes
et moyennes exploitations céréalières (faible sinon absence d’intégration des grandes
cultures avec l’élevage),
L’utilisation de la charrue à disques et de l’offset surtout sur les sols léger ou en pente ; à
noter que l’introduction de cette charrue, après avoir été fortement limitée dans les années
80, s’est retrouvée largement présente sur le marché ;
Les emblavements qui envahissent de plus en plus les parcours naturels et qui limitent
leur superficie ;
Le labour dans le sens de la pente qui, à lui seul concerne au Kef quelques 100 mille ha ;
Le surpâturage qui a fortement réduit le couvert végétal, élément important de protection
de sa fertilité ; et
L’apparition de plus en plus remarquée d’éleveurs sans terre.
La pression exercée sur la forêt constitue un risque majeur pour la partie Nord-Ouest du
gouvernorat. La forêt connait une dégradation sévère, due au prélèvement excessif de bois
d’énergie, au défrichement, au surpâturage et à l’exploitation irrationnelle et souvent
anarchique de certaines espèces pour des fins domestiques ou industrielles. Cette dégradation
a des effets directs sur les écosystèmes et sur la diversité biologique. Elle conduit aussi à
terme, à l’appauvrissement et à l’exode des ruraux. La forêt constitue un espace de vie pour
pas moins de 34500 habitants, soit près de 26% de la population rurale du gouvernorat. Les
prélèvements illicites atteignent, pour le bois de chauffage, trois fois le potentiel de
renouvellement du massif forestier. Le défrichement et le déboisement qui ont tendance à
diminuer, ont touché, au cours des trois dernières années, 104 ha et 47 ha respectivement. Le
surpâturage, effectué par un cheptel composé d’environ 105000 têtes de petits ruminants et
1200 têtes bovins est aussi menaçant et devient effectif en années sèches. D’autres formes de
dégradation des ressources sylvicoles sont aussi constatées malgré la vigilance des
responsables concernés : Il s’agit des incendies qui sont de plus en plus maitrisées (moyenne
de 176 ha/an de 1987 à 1996 et 24 ha/an de 1997 à 2006). Les différentes formes de pression
sur la forêt qui joue dans la région un rôle économique, social et écologique important,
risquent de s’amplifier en l’absence de l’organisation des populations usagères,
d’actualisation des PV d’aménagement des massifs les plus importants et aussi faute de
moyens humains et financiers pour leur application.
Pour les ressources en eau, la région du Kef dispose encore d’une bonne marge de manœuvre
puisque le potentiel dont elle dispose est sous-exploité. Quoique partiellement mises à profit
dans la région, ces ressources ont permis de développer un secteur irrigué qui a connu une
importante évolution. En effet, les superficies aménagées sont passées de 2177 ha en 1987 à
13889 ha en 2005 dont 11716 en intensif et 2173 en semi-intensif. Cette superficie est répartie
entre 4151 ha de périmètres publics irrigués (représentés par 2337 ha de PPI, 363 à partir de
Barrage Mallègue, 1030 ha à partir de Barrages collinaires et 341 ha à partir de sources
naturelles) et 9738 ha de périmètres privés. Le diagnostic réalisé fait apparaître les constats
suivants :
Les eaux de surface, actuellement mobilisées par le barrage de Mallègue, 24 barrages
collinaires et 64 lacs collinaires ne sont exploitées qu’à hauteur de 6%. le potentiel qui
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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reste à mobiliser représente 52% du potentiel total mobilisable en eau de surface. La
région constitue, en outre, un fournisseur d’eau.
Les nappes souterraines sont aussi peu sollicitées, le niveau d’exploitation des nappes
phréatiques est de 87% et celui des nappes profondes de 27,3%. D’ailleurs, le suivi de
la piézométrie de la plupart des nappes souterraines ne signale pas de dangers réels
sauf pour deux nappes phréatiques, Bled Abida et Bled Charène, exploitées à 128% et
160% de leurs potentiels.
Si la pression sur les ressources en eau n’est pas encore déclarée, ces ressources subissent une
autre forme de dégradation, c’est celle de leur qualité. En effet, six nappes phréatiques (sur les
14 exploitées) présentent des teneurs en nitrate relativement élevées à cause de l’usage parfois
excessif des fertilisants.
Les dégâts observés au niveau des ressources naturelles auraient pu être mieux maîtrisés, si
une approche participative impliquant les populations bénéficiaires avait été mise en œuvre.
Durant des décennies, la conception et la mise en œuvre des programmes d’aménagement de
l’espace agricole se faisaient d’une façon unilatérale par l’Administration alors que les
usagers sont appelés à respecter un ensemble de règles qui, souvent, négligent leurs intérêts.
D’application relativement récente, l’approche participative n’est ni bien ancrée dans les
méthodologies d’intervention des gestionnaires de ressources ni appropriée par les utilisateurs
de ces ressources. Les structures mises en place pour la gestion collective, tout en conciliant
les stratégies individuelles et celles des collectivités, ne remplissent généralement pas leurs
fonctions et sont attentistes envers l’Administration.
1.1.4. Contexte socio-économique contraignant
Les aspects socio-économiques les plus significatives du contexte régional, se résument à
travers les faits suivants :
Exploitations agricoles à perspectives limitées : Les contraintes structurelles concernent
notamment l’endettement de la majorité des agriculteurs et la dominance de la petite
propriété extensive, peu diversifiée et conduite en sec qui est de nature à présenter des
problèmes de viabilité économique.
Exode rural et migration vers l’extérieur du gouvernorat du Kef : Ce phénomène qui a été
mis en évidence à travers un solde migratoire négatif (-11842 personnes durant la période
1999-2004), s’est traduit par une diminution de la population en âge actif et plus
particulièrement celle qualifiée ou diplômée. Cette population quitte le gouvernorat à la
recherche d’opportunités d’emploi dans les grandes métropoles côtières.
Taux de chômage assez élevé, estimé à 22,1% en 2004 contre 13,9% au niveau national.
Comparé aux statistiques de l’an 1994, la situation s’est légèrement améliorée. Cette
problématique de l’emploi est accentuée par le recul de l’offre générée par les différentes
branches d’activités agricoles, industrielles et minières dans la région du Kef.
Augmentation des besoins en termes d’emploi en raison de l’accroissement de la
population en âge actif dont le taux est passé de 57,5% en 1994 à 74,4% en 2004.
Epuisement des réserves minières situées au Sud du gouvernorat et détérioration du rôle
économique que jouent les centres de Jérissa et Kalâa El Khasba en tant que pôle de
rayonnement. Dans ces zones, les projets mis en œuvre comme alternative à cette
situation, ne pouvaient pas satisfaire les besoins existants.
Difficulté d’adéquation entre le caractère frontalier de certaines zones relevant des deux
délégations de Sakiet Sidi Youssef et de Kalâat Snane et des besoins de la population en
matière de développement. Dans ce contexte, le développement de ces régions doit tenir
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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compte de l’existence d’activités parallèles issues de transactions de différentes natures
avec l’Algérie, basées notamment sur les produits et les besoins de l’élevage ovin
(fourrages, mouton, articles artisanaux…) et de la nécessité de la fixation de la population
sur ces lieux en créant les conditions favorables surtout en améliorant l’infrastructure de
base.
Faible complémentarité et intégration à l’intérieure et entre les différentes branches
d’activités économiques limitant surtout les possibilités de diversification des activités de
services (industries de transformation agro-alimentaires).
Faible modernisation des infrastructures de désenclavement pour améliorer d’une part, les
liaisons entre les zones de production et les zones de consommation et constituer d’autre
part, une région attractive pour l’installation de pôles d’activités de nature à dynamiser
davantage l’emploi et améliorer la valeur ajoutée régionale. Cette modernisation des
infrastructures concerne notamment les axes routiers et les voies ferroviaires.
Faible niveau de l’investissement privé qui n’a pas suivi la cadence des réalisations
collectives, issues des divers plans quinquennaux (faible dynamisation du marché de
l’emploi).
Absence d’études sectorielles à l’échelle du gouvernorat du Kef permettant d’identifier
les opportunités d’investissement dans les différentes activités. Ces études sont de nature
à valoriser les acquis collectifs ainsi que les potentialités et le savoir-faire local en
fonction des spécificités des agro-systèmes.
Ces contraintes traduisent la faible diversification de l’économie régionale et la pression qui
pourrait être générée sur l’activité agricole et sur la gestion des ressources naturelles.
Parallèlement, le besoin pressant d’amélioration des revenus des agriculteurs pourra se
traduire par une exploitation minière des potentialités agronomiques sans protection suffisante
des ressources naturelles.
1.1.5. Tissus institutionnel dense mais peu efficace
Encore aujourd’hui et malgré la volonté politique pour une implication plus grande des
organisations professionnelle et de l’action collective, la conception et la mise en œuvre des
programmes d’aménagement de l’espace agricole, continuent d’être approché presque
unilatéralement par l’administration c'est-à-dire le CRDA, la Direction régionale de
L’ODESYPANO et la Direction régionale de l’OEP. Par ailleurs, les unités de gestion de
projet (UGP) mises en place à l’occasion de l’exécution des PDAI (Sud Ouest et Nord-Nord
Est du Kef) ont apporté leur concours dans la mise en œuvre des composantes des projets
considérés, en associant autant que possible les populations bénéficiaires.
Le tissu associatif est représenté par 44 GDA et 9 CSA, en plus de quelques ONG. Les GDA,
constitués par des exploitants des périmètres irrigués, n’ont pas réussi à atteindre les effets
attendus objet de leur existence. D’ailleurs, presque le quart (23%) d’entre eux est en état de
latence et, même les GDA fonctionnels se trouvent incapables de bien servir et gérer les
affaires et les problèmes de leurs adhérents et de bien répondre à leurs finalités. Les CSA ont
pour activités principales la collecte du lait, l’approvisionnement des agriculteurs en intrants
et matériels agricoles et le stockage des produits des adhérents. Le champ d’action de ces
coopératives commence à se rétrécir (la moitié des exploitants du gouvernorat du Kef au
départ et le tiers actuellement) suite au dysfonctionnement de 3 CSA. Ces coopératives sont
en manque de stratégies pouvant dynamiser leur rôle et diversifier leur champ d’activité.
Donc, en dehors des GDA spécialisés dans le domaine de l’eau et des CSA pour les services
de collecte de lait et d’approvisionnement en intrants, les associations forestières, pastorales et
de CES sont quasiment inexistantes au niveau du terrain. La transformation de la volonté
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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politique de privilégier l’approche participative et de renforcer le rôle des associations, types
GDA ou Société mutuelle de services, est un travail de longue haleine qui nécessite la mise en
place de nouvelles procédures des services techniques et dans le dispositif légal en vigueur et
surtout une adhésion, avec une réelle conviction, des agriculteurs, éleveurs et bénéficiaires de
services. L’interventionnisme des structures de l’Etat y est pour beaucoup dans le manque de
prise en charge de l’auto-développement des populations rurales et du faible dynamisme du
tissu associatif.
Pour l’avenir, aussi bien l’Administration que les exploitants agricoles devraient adopter des
politiques et des comportements qui tiennent compte de la durabilité de l’usage des ressources
naturelles pour que les acquis enregistrés ne deviennent pas éphémères. Ces stratégies
devraient tenir compte, d’ailleurs, des forçages exogènes : celui des changements climatiques
qui se traduiront plus spécialement par la sévérité et la récurrence des facteurs extrêmes
(sécheresse et inondation) et celui de l’ouverture de l’économie et des frontières qui aura un
impact sur la compétitivité des productions de la région et donc sur les revenus des
exploitants.
1.1.6. Conclusion : Problématique générale de la durabilité de l’agriculture
Se référant au diagnostic déjà réalisé lors de la 2ème
phase de la présente étude, la
diversification des activités agricoles dans la région du Kef reste encore assez faible avec
toutefois une tendance récente vers l’extension de l’arboriculture et des périmètres irrigués.
Les techniques culturales, de faible niveau et peu conservatrices, se matérialisent par une
productivité très moyenne voir médiocre par endroit (les régions Sud et Ouest du gouvernorat)
dans un contexte caractérisé notamment par un manque en vulgarisation, une faible
valorisation des acquis de la recherche, un endettement important des agriculteurs, des
problèmes foncier (dominance de la petite propriété qui peut être non viable et morcellement
des terres) et surtout des comportements où les besoins de l’exploitation agricole sont moins
prioritaires que celles de la famille. Parallèlement, dans la région du Kef (représentative des
zones intérieures de la Tunisie), la faible diversification de l’économie régionale n’a pas
permis de soulager la pression sur le secteur agricole qui constitue quasiment l’unique
alternative en matière de revenu et d’emploi. Actuellement, l’absence d’opportunité d’emploi
se matérialise, surtout pour les jeunes, par un exode rural vers les grandes villes limitrophes.
Les menaces les plus significatives au niveau des ressources naturelles sont observées au
niveau des sols par une érosion assez prononcée et des espaces forestiers et pastoraux qui
deviennent de plus en plus dégradés et surexploités. En ce qui concerne les ressources en eau,
les potentialités sont généralement sous-exploitées et offrent des possibilités réelles
d’intensification et de diversification de la production agricole.
Le contexte socio-économique dans lequel évoluent les activités agricoles du gouvernorat du
Kef, caractérisé par une certaine dynamique de développement et un besoin pressant
d’amélioration des revenues des agriculteurs par l’exploitation optimale des potentialités
agronomiques sans protection suffisante des ressources naturelles, met en évidence les
menaces de durabilité de l’agriculture régionale.
La politique actuelle de l’Etat en matière de développement du potentiel productif agricole se
base sur des stratégiques de mobilisation et de protection des ressources naturelles, mises en
œuvre depuis le début des années 90, dans les domaines de l’eau, de la CES, des parcours et
des forêts. Tel que constaté, les efforts de l’Etat étaient soutenus mais n’ont pas enrayé la
dégradation des ressources naturelles et n’ont été que partiellement compatibles avec les
stratégies des agriculteurs : A titre d’exemple, l’absence de concertation se traduit par un
manque d’appropriation par les agriculteurs des actions de lutte contre l’érosion et une
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phase
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réticence envers les opérations d’entretien même si les ouvrages relèvent de leurs
exploitations agricoles. A ce niveau, la démarche de mise en œuvre des projets d’envergure à
caractère participatif où l’agriculteur a été impliqué depuis la programmation des travaux et
où les actions sont intégrées, constitue un outil plus efficace que les interventions classiques
qui demeurent sectorielles (le programme national). La mise en œuvre de la planification par
objectifs qui se justifie pleinement, demeure couteuse et nécessite un renforcement important
des capacités humaines et un partenariat entre les services techniques du CRDA et même avec
d’autres acteurs régionaux.
Sur le plan institutionnel, le manque de moyens humains et matériels des services techniques
de l’administration ne permet pas d’assurer, d’une part, un suivi efficace de l’utilisation des
techniques de production, de l’eau, des forêts et des parcours et, d’autre part, la mise en œuvre
d’une façon adéquate des stratégies. Le manque de capacités humaines s’aggravera
probablement dans le futur si les départs massifs à la retraite ne sont pas compensés. A ce
niveau, et afin de garantir l’efficacité professionnelle requise, l’administration devra
développer des partenariats avec les secteurs associatifs et privés (y compris les organisations
professionnelles et les ONG). Aussi et pour le cas des forêts et parcours, l’Etat doit intervenir
pour réorganiser la gestion durable de ces ressources du fait que les conseils de gestion ou
autres structures de base existantes sont loin d’assurer leur fonction et restent surtout focalisés
sur les procédures d’appropriation des terres collectives. Du côté des structures
socioprofessionnelles de base (GDAP et SMSA), on note leur faible efficacité eu égard à
l’objectif pour lequel elles ont été créées et leur position relativement neutre vis-à-vis du
niveau de convergence entre les stratégies sectorielles de l’Etat et les stratégies d’adaptation
des agriculteurs.
A partir de ce constat, la problématique générale du développement durable dans le
gouvernorat du Kef se résume comme suit :
Faible productivité de l’agriculture en sec et en irrigué et climat contraignant ;
Persistance des systèmes de production extensifs et faible innovation technologique
pouvant s’adapter à l’aridité du climat.
Faible diversification de l’économie régionale et forte pression sur l’agriculture ;
Pression et dégradation des ressources naturelles (sols, parcours et forêts) ;
Sous-exploitation des ressources en eau ;
Comportement non conservateur des agriculteurs et contexte socio-économique
contraignant (endettement, fréquence de la petite propriété peu viable,
morcellement…) ;
Faible efficacité du tissu institutionnel et inadaptation de l’approche de planification ;
Faible efficacité des structures de base.
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phase
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1.2. Menaces sur la durabilité et tendances par système agraire
Dans cette partie, l’on rappelle le diagnostic sur la durabilité pour chaque système agraire. Ce
travail a permis de les caractériser en définissant les systèmes de production dominants, leurs
localisations, les menaces possibles sur la durabilité des ressources naturelles, les contraintes
socio-économiques et la viabilité des exploitations agricoles. Au terme de cette caractérisation
les tendances ont été décrites et représentent les potentialités valorisables et les orientations
entamées par les agriculteurs.
1.2.1. Données sur les systèmes agraires identifiés
Cinq systèmes agraires ont été identifiés en fonction du climat, du relief, du sol, de l’eau, de la
végétation et de la pratique d’élevage. Ils se présentent comme suit :
Système I (en sec) : Le système agro-sylvicole de montagne ;
Système II (en sec) : Le système agro-pastoral des reliefs collinaires ;
Système III (en sec) : Le système agropastoral des glacis ;
Système IV (en sec) : Le système agraire des hautes plaines ;
Système V (en irrigué) : Ce système représente les périmètres irrigués (privés et
publics) disséminés dans le gouvernorat et surtout dans les plaines de Zouarine et du
Sers.
Les agrégats de l’occupation du sol caractérisant les systèmes agraires sont présentés dans le
tableau suivant (les superficies du système V, estimées à 14485 ha, sont dissimulées dans les
autres systèmes).
Tableau 1: Occupation du sol dans les systèmes agraires
A ce niveau d’analyse, la problématique de durabilité s’est fait en se référant à la fois aux
systèmes agraires mais aussi aux systèmes de production respectifs. Dans ce qui suit, on
présente une caractérisation sommaire de chaque agro-système qui constitue la base d’analyse
de la durabilité de l’agriculture.
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1.2.2. Agro-système I : « Le système agro-sylvicole de montagne »
- Localisation et système de production :
Il s’agit d’un écosystème sylvicole situé au Nord et caractérisé par la présence d’une forêt
naturelle et d’une agriculture de clairières et de collines (zones les plus arrosées du
gouvernorat) combinée avec un élevage extensif.
L’activité végétale, basée surtout sur la monoculture céréalière en sec, est caractérisé par des
rendements plus élevés en liaison avec les pluies abondantes et avec les sols assez riches
issues des actions humaines anciennes de défrichement. En termes de pratiques techniques,
les opérations culturales sont très simplifiées même chez les exploitants disposant de moyens
financiers et de superficies de terres importantes.
- Menaces sur la durabilité :
En ce qui concerne l’érosion, les superficies les plus menacées, dans cet agro-système, sont
estimées à environ 78 mille ha. Les efforts de l’Etat en matière de CES, qui restent en deçà
des besoins, tentent à la fois d’aménager les bassins versants prioritaires mais aussi de
consolider les acquis moyennant l’appui du projet de développement agricole intégré du nord-
est du gouvernorat. Dans ces régions, il importe de signaler l’impact négatif de l’érosion sur
l’appauvrissement de la fertilité des sols par enlèvement continuel de la couche arable (35
mille ha sont des sols rendus superficiels) et de l’envasement des ouvrages hydrauliques en
place (à titre d’exemple, la capacité du barrage de Mellègue a été réduite de 52% depuis la
date de sa création en 1954).
En ce qui concerne les ressources sylvicoles qui s’étendent sur environ 50 mille hectares, ils
subissent surtout la pression du cheptel et la surexploitation du couvert ligneux. A ce niveau,
l’extension des clairières forestières par défrichement est de plus en plus maitrisée.
Sur le plan socio-économique, l’absence d’une agriculture attractive, l’étroitesse des
exploitations agricoles et la rareté des opportunités d’emploi (économie peu diversifiée) se
traduisent par un départ des jeunes ruraux vers les villes limitrophes ce qui pourrait engendrer
un problème de transmissibilité de l’activité agricole. De plus, l’endettement de la majorité
des exploitants agricoles limite l’accès aux crédits et l’œuvre du développement à travers
l’investissement privé.
- Viabilité économique :
L’analyse de la viabilité économique montre que près de la moitié des exploitations dont la
superficie est inférieure à 5 ha ont un revenu inférieur au SMAG : Sachant que l’hectare
moyen rapporte près de 580 dinars, la superficie minimale permettant d’assurer le SMAG est
de 4,7 ha.
- Tendances :
Favorisée par des conditions naturelles relativement clémentes, la tendance de ce système est
orientée vers la diversification et l’intensification des activités agricoles sous l’impulsion des
différents projets de développement. Dans ce sens et tel que constaté lors des visites de
terrain, les initiatives de plantation d’olivier à huile sont assez fréquentes surtout avec
l’amélioration récente de sa rentabilité. Parallèlement, l’abondance des ressources en eaux
sous-exploitées présente réellement un atout certain pour intensifier le système de production
et augmenter la productivité et le revenu issus de l’activité agricole.
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Cette tendance sera probablement renforcée par l’entrée en production du périmètre irrigué
Sidi Khiar et ses effets de rayonnement et d’entrainement probables. Toutefois, l’on doit noter
les freins à cette évolution en raison de la hausse des prix du carburant et des matières
premières ou ceux relatifs à l’insuffisance de l’organisation sociale ou des infrastructures en
pistes rurales facilement carrossables en temps pluvieux.
1.2.3. Agro-système II : « Le système agro-pastoral des reliefs collinaires »
- Localisation et système de production :
Ce système comprend les zones montagneuses à relief collinaire situées au Centre-est et au
Sud-ouest du gouvernorat. Ces zones accidentées se différencient du premier système par la
vocation pastorale des terres et par une dégradation avancée de la forêt qui est réduite à un
couvert végétal sous forme de maquis. Le système de production en sec et extensif est dominé
par la grande culture plus ou moins associée à l’élevage.
- Menaces sur la durabilité :
Une extension des cultures aux dépens des forêts et des parcours a été constatée, créant des
zones complètement déséquilibrées où l’érosion a dégradé certains espaces de façon
irréversible et a entrainé la présence de sols peu à très peu profonds sur plus de 2/3 de la
superficie : L’érosion hydrique affecte près de 88400 ha (80% de la superficie des zones
collinaires), l’érosion éolienne touche près de 31000 ha et la salinisation 2800 ha.
La dégradation des parcours et leur appropriation pour la mise en culture se traduisent par une
accentuation du déficit fourrager et un recours de plus en plus prononcé au complément
d’alimentation acheté sur le marché. Ce constat se justifie surtout que l’élevage n’est pas
toujours intégré à l’exploitation agricole.
Les aspects socio-économiques sont aussi assez contraignants et se caractérisent par la
dominance de la petite propriété morcelée (70% des exploitations ont une superficie inférieure
à 10 ha) et par la fréquence de l’absentéisme et de l’endettement des agriculteurs.
D’une façon générale, la faible dotation de la région en potentialités naturelles se traduit selon
les déclarations de la population interviewée par des départs massifs des jeunes ruraux vers
les grandes villes à la recherche d’emploi.
- Viabilité économique :
La majorité des exploitations relevant de ce système agraire sont à la limite de la viabilité
économique : Sachant que près de 70% des exploitations ont une taille inférieure à 10 ha et
que le seuil minimal permettant d’assurer le SMAG est de 8 ha, la situation est assez critique
et traduit, pour la plupart des exploitants, une agriculture très sensible aux aléas de son
environnement.
- Tendances :
En l’absence de ressources en eaux souterraines, la principale tendance observée est
l’amélioration du niveau de diversification culturale moyennant des plantations arboricoles
d’olivier à huile.
Pour cette région, la solution immédiate permettant d’assurer la durabilité des ressources
naturelles réside dans la réforme des structures foncières (remembrement), l’amélioration des
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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parcours naturels, l’organisation de leur exploitation et une meilleure intégration des
aménagements de CES existants dans l’exploitation.
1.2.4. Agro-système III : « Le système agro-pastoral des glacis »
- Localisation et système de production :
Ce système se confond avec les plateaux, les collines à pente moyenne (jusqu’à 25-30%) et
les micro-plaines. Dans le Nord du gouvernorat, les zones concernées sont celles localisées
entre les zones montagneuses et dans le Centre, l’agro-système III sépare la plaine de
Zaafrane (Le Kef) des deux plaines de Abida (Dahmani) et du Sers.
Ce système en sec a vu augmenter son niveau de diversification surtout avec les petites
extensions récentes (depuis la fin des années 80) de l’arboriculture à base d’olivier à huile.
Actuellement, les principales productions agricoles sont : La céréaliculture (blé dur en
premier lieu et orge en second lieu), les olives à huile et l’élevage ovin extensif (en moyenne
20 brebis par exploitation) et, à un degré moindre les légumineuses. L’élevage bovin reste
essentiellement pratiqué dans les régions du Nord (en moyenne une à deux vaches par
exploitation). La conduite technique, extensive, se matérialise par des itinéraires techniques
relativement sommaires pour toutes les cultures annuelles et des rendements très moyens.
- Menaces sur la durabilité :
Dans ces zones, l’érosion constitue l’un des facteurs de dégradations des ressources en sol :
L’érosion hydrique concerne 54700 ha (près des ¾ de la superficie sont touchés par une
érosion hydrique de forte intensité), l’érosion éolienne menace environ 32 mille ha et la
salinisation touche près de 2400 ha. A l’instar des régions collinaires, les glacis se
caractérisent aussi par la dégradation des parcours et l’accentuation du déficit fourrager.
L’absentéisme chez les grands exploitants et la dominance d’une agriculture pluviale et de
subsistance chez les autres se traduit actuellement par une pluriactivité assez prononcée et
procurant l’essentiel du revenu familial. Ce contexte est de nature à favoriser une agriculture
de plus en plus extensive et aléatoire qui pourrait engendrer des problèmes de successeur dans
les exploitations agricoles et des risques d’exode des jeunes. Ces menaces se justifient surtout
que le mode de faire valoir indirect qui est spécifiquement assez répondu, utilise des pratiques
culturales peu conservatrices : Ce mode concernent près de 35% des exploitations dont la
taille est supérieure à 50 ha.
La tenure foncière reste assez contraignante surtout dans les glacis du Centre du gouvernorat :
Dans ces zones, 90% des exploitations ont une taille inférieure à 10 ha et le problème de
morcellement de la propriété reste assez fréquent. L’endettement des agriculteurs reste assez
prononcé ce qui limite l’accès aux crédits et l’initiative d’investissement.
- Viabilité économique :
En termes de rentabilité, les résultats montrent que les régions du Nord du gouvernorat restent
favorisées même sur des terrains exposés à l’érosion hydrique et que les régions du Centre
sont pour la majorité économiquement non viables ou à la limite de la viabilité.
- Tendances :
Les ressources naturelles de faibles ou de moyennes potentialités n’offrent pas de conditions
favorables à l’intensification de l’agriculture pouvant assurer un revenu décent. Par ailleurs, il
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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semble que la relève par les jeunes des exploitants agriculteurs, relativement âgés et en
manque d’initiative, ne soit pas garantie du fait qu’ils sont contraints à l’exode faute
d’opportunités. Les possibilités de diversification des activités agricoles, bien qu’assez
limitées, pourraient se poursuivre par les plantations en sec d’olivier à huile. Parallèlement,
les solutions les plus urgentes concernent notamment l’amélioration des structures agraires,
des parcours et la conservation des eaux et des sols.
1.2.5. Agro-système IV : « Le système agraire des hautes plaines »
Vu son importance dans le gouvernorat (46% des superficies), les spécificités identifiées en
terme de différenciations pluviométriques ont été prises en considération et deux sous-
systèmes en sec sont mis en évidence. Il s’agit du sous-système des hautes plaines de l’Est où
la pluviométrie est plus importante (mais plus faible que celle de l’agro-système I) et du sous-
système des plaines de l’Ouest et du Sud. Parallèlement, un autre système moins important a
été identifié et représente les zones affectées par une hydromorphie temporaire.
1.2.5.1. Le sous-système des hautes plaine de l’Est
- Localisation et système de production :
C’est un agro-système constitué par les plaines du Zaafrane, du Sers et de Dahmani avec des
sols généralement lourds, un climat semi-aride inférieur à moyen marqué par l’irrégularité, et
la mauvaise répartition des pluies. Cet agro-système inclut les grands domaines de l’Etat,
actuellement convertis pour la plupart en SMVDA.
Parmi les occupations principales du sol, on distingue en particulier la monoculture céréalière
plus ou moins associée à l’élevage. La culture du blé dur prédomine dans ce système et forme
souvent une monoculture pour un très grand nombre d’agriculteurs. Dans ces plaines, l’olivier
à huile commence à se développer. Sur le plan technique, les opérations culturales sont mal
faites et près de 40% de la superficie assolable semblent rester en jachère.
- Menaces sur la durabilité :
La durabilité de ce type d’agriculture risque de devenir de plus en plus difficile :
Par suite de l’appauvrissement du sol en matière organique et l’apparition de
mauvaises herbes tel que le brome en l’absence d’assolements adéquats ;
Par suite de la vulnérabilité des sols à l’érosion, surtout sous sa forme hydrique, et
aussi à la salinisation ;
Du fait de l’irrégularité des pluies et leur mauvaise répartition, du morcellement et de
la taille réduite des parcelles et des exploitations.
Les rendements relativement moyens issus des pratiques culturales non valorisantes des
potentialités et l’importance de la jachère se traduisent par un manque à gagner important.
Devant cette situation, il est par contre recommandé de pratiquer aussi davantage de cultures
fourragères pour améliorer l’intégration de l’élevage et de légumineuses pour un meilleur
équilibre de l’assolement (autant de spéculations recommandées pour l’amélioration de la
fertilité des sols, pour la réduction des coûts de production et pour la création d’emplois).
Outre ces aspects, il est souvent signalé un faible niveau technique de l’agriculteur, une
contrainte financière insurmontable et un âge avancé des exploitants limitant l’accès aux
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phase
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crédits d’investissement. L’absentéisme forme également pour certains qui résident en ville,
une raison suffisante pour éviter des opérations qui leur semblent «supplémentaires».
- Viabilité économique :
Pour la viabilité économique, le problème ne se pose que pour une minorité qui possède de
très faibles superficies : Uniquement 20% des exploitations ont une superficie inférieure à 6,5
ha qui représente le seuil minimal équivalent au SMAG.
- Tendances :
La tendance vers la diversification et l’intensification est possible en liaison avec les
ressources en eau sous-exploitées et avec l’amélioration des techniques de production
(utilisation d’intrants et assolement…). Les tendances actuelles matérialisées par l’expansion
des plantations d’olivier à huile sont bénéfiques mais largement insuffisantes devant les
potentialités existantes.
1.2.5.2. Le sous-système des plaines de l’Ouest et du Sud
- Localisation et système de production :
Ce sous-système correspond aux régions frontalières situées au centre-ouest et aux régions du
Sud du gouvernorat. A dominance aride, ce système se situe à la limite de la vocation
céréalière suite à la faiblesse et à la rareté des précipitations : Ce système correspond aux plus
faibles rendements céréaliers en sec. Ainsi, les pratiques culturales sont très rudimentaires et
les agriculteurs ne supportent généralement pas le risque pour l’épandage d’engrais chimiques
par crainte de sécheresse.
Le système de production dominant est basé sur la céréaliculture et l’élevage du type ovin
extensif. La culture du blé dur laisse de plus en plus place à celle de l’orge dans ce système :
L’orge étant plus adaptée et plus tolérante à la sécheresse et forme souvent la spéculation
principale pour un très grand nombre d’agriculteurs à côté de l’élevage ovin.
- Menaces sur la durabilité :
Malgré les aléas climatiques contraignantes, une extension des zones de cultures aux dépens
des parcours a été constatée nuisant à l’équilibre des sols déjà précaire sur les versants où
l’érosion a dégradé certains espaces de façon irréversible, en plus du fait que ces parcours
perdus n’ont de substitut, pour le bétail et pour le pays, que l’achat d’aliments importés et de
plus en plus chers.
Sur le plan socio-économique, d’autres contraintes aggravent la situation : Il s’agit notamment
du morcellement de la propriété, de la dominance de la petite exploitation, de la faiblesse des
moyens financiers des agriculteurs et de l’endettement de pas moins de 90% d’entre-eux.
- Viabilité économique :
En ce qui concerne la viabilité du point de vue économique, la durabilité de l’agriculture
pluviale dans la région n’est considérée que pour les exploitations de superficie consistante :
Au moins 50% des exploitations ne sont pas économiquement viable. Ce constat découle du
fait que la superficie minimale permettant d’assurer le SMAG est de 16 ha et que 50% des
exploitations ont une taille inférieure à 10 ha. Malgré cette situation critique, ces exploitations
non viables continuent à exister et à produire moyennant des conduites très extensives et à
contribuer tant soit peu à la production de la région. Dans la réalité, l’intégration de la famille
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à l’exploitation et le caractère de subsistance se traduisent par une stratégie paysanne
privilégiant le côté social à la viabilité des exploitations. La stratégie d’exploitation familiale
en autosubsistance reste durable en raison aussi de la pluriactivité et de l’économie régionale
profitant des échanges frontaliers avec l’Algérie ; mais la tendance à l’exode reste très
importante chez les jeunes.
- Tendances :
La tendance vers la diversification (plantation d’olivier à huile) et l’intensification est possible
en liaison avec les ressources en eau sous-exploitées et avec l’amélioration des techniques de
production (utilisation d’intrants et assolement…).
La fréquence des petites exploitations familiales, économiquement non viables, représente des
menaces certaines pour la durabilité de cet sous-système et nécessite des mesures spécifiques
initiées à l’instar de l’expérience pilote du financement de la petite agriculture à caractère
familiale et sociale menée dans dix délégations depuis 2003.
1.2.5.3. Le sous-système des zones inondables
- Localisation et système de production :
Ce système couvre environ 9000 ha et concerne certains endroits des plaines du Kef, de
Dahmani et du Sers. Les zones concernées sont appelées « Merjas ».
Le système de production est assez diversifié et comprend la monoculture en sec et la
polyculture en irrigué. Ce niveau montre l’intérêt des agriculteurs en vers cette activité
moyennant les investissements privées mis en place (plantations, puits de surface,
équipements d’irrigation…) et les pratiques culturales assez maîtrisées.
- Menaces sur la durabilité :
Ces Merjas ont fait souvent l’objet de grands travaux de drainage ou de protection des villes
avoisinantes à la fin des années 60 et le début des années 70 ou même à des dates plus
récentes, mais suite au colmatage des drains et aux forts ruissellements des zones
environnantes, des inondations et des problèmes d’hydromorphie se sont manifestés avec plus
d’acuité qu’auparavant. Des études existent au CRDA du Kef en vu de lutter contre l’érosion
qui a causé les ruissellements importants et comblé les drains et l’hydromorphie qui en a
résulté.
En année pluvieuse, des étendues importantes de terres agricoles sont inondées par la
remontée de la nappe superficielle. Cette situation n’autorise pas la pratique régulière des
cultures maraichères d’hiver en raison du risque d’anéantissement des récoltes, en plus des
dégâts causés à certains vergers.
- Viabilité économique :
La viabilité économique des exploitations agricoles relevant de ce système a été évaluée en
comparant les deux situations avant et après remontée de la nappe phréatique traduisant
l’impact de l’hydromorphie. Les résultats des calculs montrent que la viabilité économique est
remise en question du fait que la superficie minimale permettant d’assurer la SMAG a évolué
de 4 ha en situation avant remontée de la nappe à 13 ha avec le problème d’hydromorphie.
Cette évolution se traduit par la des exploitations de plus en plus vulnérables surtout qu’au
moins 70% des fermes ont des superficies inférieures à ce nouveau seuil minimal.
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- Tendances :
Sur la base de l’interview de terrain (zone de Bou Meftah), la persistance de l’hydromorphie
durant ces dernières années s’est traduite par un abandon de la pratique de l’activité agricole
d’au moins 6 agriculteurs qui ont quitté la région.
L’impact économique est ainsi imminent sur le revenu agricole si les travaux d’aménagement
et de réhabilitation des drains existants ne sont pas programmés par le CRDA.
1.2.6. Agro-système V : « Le système agraire en irrigué »
Le secteur irrigué est assez jeune dans le gouvernorat du Kef : Il est passé de 2600 ha en 1987
à 14485 ha aujourd’hui avec un taux d’intensification moyen de 107% (122% pour les
périmètres privés et de 77% pour les PPI). L’objectif assigné à ce secteur étant d’atteindre 20
mille ha à l’horizon 2011 et d’augmenter le taux d’intensification à 130%.
(a) Les sous-systèmes conduits en irrigué :
Actuellement, quatre sous-systèmes en irrigué ont été identifiés en fonction du niveau
d’exploitation des ressources eau et en fonction des pratiques culturales imposées par les
spécificités du milieu naturel. Les principaux sous-systèmes conduits en irrigué sont les
suivants :
Sous-système des nappes phréatiques surexploitées : Selon les statistiques officielles,
les deux nappes surexploitées dans le gouvernorat du Kef correspondent à Bled Abida
dans la plaine de Dahmani et Bled Charène dans la plaine de Zaafrane : Les taux
d’exploitations sont respectivement de 160% et 128%. La solution préconisée par le
CRDA du Kef était la mise en place, depuis la fin des années 90, de périmètres publics
de sauvegarde à l’intérieur des puits de surface dans le but de les soulager. Ces efforts,
qui ont amélioré les potentialités en eau des puits, ont généré une nouvelle pression
suite à l’augmentation de la demande en eau d’irrigation pendant la saison estivale.
Le système de production en irrigué se base essentiellement sur la pratique de cultures
maraichères de saison.
Sous-système des puits de surface du Centre du gouvernorat alimentés par des nappes
sous-exploitées et basés sur la pratique des cultures maraichères de saison ;
Sous-système des puits de surface du Sud du gouvernorat alimentés par des nappes
sous-exploitées et basés sur la pratique des cultures maraichères d’arrière saison ;
Sous-système des PPI implantés sur des nappes profondes encore sous-exploitées.
(b) Les principales menaces sur la durabilité :
Dans l’ensemble, les contraintes identifiées ne concernent pas le potentiel en eau mais restent
axées essentiellement sur des considérations liées à la technicité des irrigants et à la
commercialisation des fruits et légumes. Tel que constaté, on remarque une faible en matière
de restitution
Les contraintes de commercialisation se manifestent comme suit :
Pour les producteurs de tomate, les conditions assez difficiles de paiement imposées
par l’usine de transformation Abida (quelques mois après la livraison de la
production), n’est pas en faveur des petits irrigants à faibles moyens financiers.
Actuellement, l’intégration régionale au niveau de la filière tomate n’est pas assurée
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du fait que l’essentiel des approvisionnements de l’usine de transformation se fait à
partir des gouvernorats limitrophes.
Pour les cultures maraichères, le problème de commercialisation apparait en termes
d’organisation du marché de gros et de compétitivité avec les autres régions. A ce
niveau, le marché de gros du Kef est pratiquement peu intégré à l’agriculture du
gouvernorat (uniquement 10% de l’offre est d’origine locale). Ainsi et contrairement à
ce qu’on pourra supposer sur la structure du marché, l’offre du gouvernorat du Kef en
produits maraîchers dépasse largement la demande mais subit rudement la
concurrence des autres pôles producteurs du pays. Dans la situation actuelle et compte
tenu de l’éloignement de la plupart des périmètres irrigués des marchés de la région et
des grands centres de consommation du pays et du niveau d’atomisation de la
production (rapportée aux producteurs), la négociation des termes de l'échange se fait
très souvent en faveur des commerçants venant de Sidi Bouzid et du Cap Bon qui
parcourent les périmètres.
Parallèlement, on note aussi que l’encadrement reste assez faible devant le manque de
technicité des irrigants. Le faible encadrement technique découle du manque de
l’administration en moyens humains et matériels.
Spécifiquement et selon la source d’irrigation, le constat est le suivant :
Pour les PPI, la sous-exploitation est due notamment aux problèmes de gestion des GIC
pour la couverture des charges de fonctionnement et aux faibles moyens financiers des
petits irrigants. D’autres contraintes non négligeables concernent l’absentéisme et
l’abandon de l’irrigation de certaines parcelles.
Pour les puits de surface, le problème se limite dans certains cas à l’absence d’électricité
ou à la présence d’un réseau monophasé. Cette contrainte est surtout observée au niveau
de la nappe de Sers.
(c) Les tendances et les principales orientations :
Au niveau des nappes surexploitées, le CRDA doit impérativement interdire les nouvelles
extensions de puits de surface et encourager davantage l’acquisition d’équipements
d’économie en eau. Parallèlement et au niveau des périmètres de sauvegarde, la forte
demande en eau d’irrigation pendant la saison estivale doit être maîtrisée surtout moyennant
le respect du schéma technique préconisés et une implication plus efficace de la vulgarisation
et des organisations socioprofessionnelles de base.
La durabilité des systèmes relevant des PPI dépendent surtout de la modernisation des réseaux
d’irrigation, du renforcement de l’administration en moyens humains et matériels pour un
meilleur suivi et encadrement technique des irrigants, de l’appui des GIC en difficulté et de
l’organisation des structures commerciales.
Parallèlement à ces orientations, des études sociales approfondies doivent être menées pour
identifier les terres non irriguées ou abandonnées autorisant leur exclusion des PPI. Dans ce
contexte et pour plus d’efficacité, l’administration doit tenir compte des possibilités d’une
mauvaise valorisation des PPI (parcelles équipées mais non irriguées) en étudiant diverses
variantes préconisant un schéma d’aménagement hydraulique à réseau partiellement fixe
pouvant s’adapter à la mobilité des parcelles à irriguer pour passer à une gestion à la
demande, capable d’offrir de l’eau sur un grand rayon pour les exploitants désirant effectuer
des irrigations d’appoint à leurs cultures et particulièrement les céréales.
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1.3. Eléments prospectifs du forçage climatique et économique
Les menaces auxquelles sont confrontés actuellement les systèmes agraires sont dues à des
considérations liées directement à la situation des exploitations agricoles (importance de la
petite propriété, morcellement des terres, endettement, faible moyens financiers des
exploitants…), au niveau de dégradation de l’environnement écologique (érosion, dégradation
de la fertilité des sols, surexploitation des parcours et des forêts…), à l’efficacité du tissu
institutionnel (approche d’intervention de l’administration, encadrement technique, cadre
juridique…) et au niveau de convergence des politiques et des stratégies adoptées aussi bien
par les pouvoirs publics que par l’agriculteur.
Le maintien de cette situation, caractérisée par les lourdes menaces en matière de durabilité de
l’agriculture régionale, ne pourraient qu’aggraver la pression et la dégradation des ressources
naturelles dans les systèmes peu performants. Pour certains exploitants, les échappatoires
trouvées pour améliorer le revenu étant le recours à la pluriactivité ou à l’exode temporaire.
Dans ce contexte, la durabilité de l’agriculture régionale dans le Kef doit faire face aux
menaces plus importantes du futur proche à travers une certaine dégradation de son
environnement écologique suite aux changements climatiques et à la libéralisation des
échanges. L’agriculture devra donc à la fois résoudre ses contraintes internes et faire face à
des changements en profondeur de son environnement qui sont, pour certains, porteurs de
menaces et de défis. Il s’agit de modifier les pratiques et les choix actuels tout en tenant
compte des conséquences des changements climatiques possibles qui devraient changer
quelques peu les conditions de développement du secteur agricole.
L’ensemble des ces changements devraient se traduire par des impacts différents sur les
différents systèmes de production énumérés.
1.3.1. Menaces dues aux changements climatiques
Selon l’étude réalisée par le MARH et la GTZ « Stratégie nationale d’adaptation de
l’agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques », les projections des
changements climatiques prévoient une variabilité et une saisonnalité prononcées des
éléments climatiques qui caractérisent le cycle climatique naturel de la Tunisie. Les éléments
climatiques verront des situations météorologiques extrêmes constituant autant d’aléas et de
risques supplémentaires pour l’agriculture. Cette étude prévoit notamment que la région du
Nord connaîtra en particulier :
Les élévations de températures annuelles et saisonnières et les baisses de précipitations
les plus faibles ;
Une stabilité de la variabilité des précipitations ; et
De faibles baisses de précipitations ainsi qu’une diminution très légères des années
extrêmes (qu’elles soient très humides ou très sèches).
Ces variations peuvent avoir des impacts plus ou moins importants sur les ressources en eau
disponibles, sur les rendements des productions et sur l’orientation de la production. Mais
c’est l’augmentation de la fréquence des extrêmes et notamment de la succession des années
sèches qui peuvent avoir des impacts importants sur les perspectives et sur les évolutions des
systèmes de production et notamment sur les cultures en sec, les parcours et l’élevage extensif
dont dépend en partie l’alimentation du cheptel. Cette situation remet en cause en partie le
modèle de développement de l’agriculture suivi dans la région basé sur :
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Des corrections à apporter aux superficies des différentes cultures sur la base d’une
carte agricole qui doit être, au préalable corrigée et affinée à une échelle plus
compatible avec ce rôle qu’on cherche à lui donner ;
Une situation foncière des plus difficiles et où prédomine une petite exploitation de
faible durabilité ;
Une tendance à l’augmentation des superficies d’arboriculture, ce qui réduirait
d’autant la superficie des parcours et augmenterait donc la pression sur les ressources
pastorales et la dépendance du cheptel du marché des aliments de bétail en grande
partie importés ;
Certains choix retenus par le XIème
Plan, risquent d’aggraver la pression sur les
ressources naturelles, notamment les ressources en sols dont la fertilité baisse
énormément, les ressources en eau dont l’utilisation devrait être revue et rationalisée
avant toute extension des superficies des périmètres irrigués ;
Il y a aussi l’encouragement des techniques d’économie d’eau qui n’aura qu’un effet
très réduit s’il n’est pas accompagné par une application stricte de productions
rationnelles et conservatrices des ressources en sols.
Ainsi, dans le cas où les tendances déjà observées et les orientations engagées dans le cadre
du XIème
Plan qui confirment ces tendances, les changements climatiques risquent d’aggraver
les menaces qui pèsent sur certains systèmes de production totalement ou partiellement,
notamment au niveau des exploitations les moins intégrées donc les plus fragiles ou dont la
production est faiblement diversifiée. Le XIème
Plan comprend également certaines mesures
de correction en matière de ressources naturelles, mais, il n’est pas certain qu’elles seraient
suffisantes pour corriger la situation actuelle et faire face aux menaces des changements
climatiques.
Les changements climatiques se traduiraient dans la région du Nord par des élévations des
températures annuelles et saisonnières, des baisses de précipitations les plus faibles en Tunisie
(mais quand même à impact certain) ainsi qu’une diminution très légère des années extrêmes
(qu’elles soient très humides ou très sèches), mais aussi par une « stabilité » de la variabilité
des précipitations qui est déjà importante au Kef.
L’impact probable de ces changements sur le secteur agricole dans la région se traduirait
globalement par :
Une baisse et une plus grande variabilité de la production agricole (notamment
céréalière) en sec, sauf si on utilise les années prochaines pour la recherche de variétés
plus résistantes ;
Une plus grande variabilité de la production céréalière en irrigué, sauf si on utilise les
années prochaines pour la recherche de variétés qui valorisent mieux l’irrigation ;
Une plus grande variabilité des autres productions agricoles en irrigué, une plus grande
maîtrise des marchés est alors d’une nécessité absolue ;
Une aggravation du problème de l'eau compte tenu de la baisse des précipitations qui
devrait être corrigée par une conception différente de la distribution de l’eau, et le
remplacement des PI actuels par des périmètres à la demande qui envisagent une
utilisation préférentielle pour l’irrigation d’appoint et la recherche d’une plus grande
complémentarité sec/irrigué au sein de l’exploitation ;
Une réduction de la production des parcours dans la couverture de besoins du cheptel se
traduisant par une plus forte dépendance du marché des aliments de bétail en grande
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partie importés, une plus forte pression sur les ressources pastorales et leur dégradation
et le risque de désaffection envers l’élevage extensif qui occupe une population
importante dans le gouvernorat ;
En plus, et dans les conditions actuelles de marché des aliments de bétail et de la
dépendance du cheptel des aliments achetés, il faut s’attendre à une réduction
importante du cheptel et donc de la remise en cause de l’ensemble des systèmes de
production actuels ;
L’augmentation des températures qui devraient se traduire par une baisse des journées
de froid dans l’année aura un impact sur la floraison de plusieurs espèces fruitières, la
perturbation de leurs cycles végétatifs et une baisse de la production de l’arboriculture
fruitière ;
Par ailleurs, l’augmentation de la succession de d’années successives sèches, devrait
conduire, d’une part, à la réduction globale de la production, mais surtout à la réduction
d’une proportion assez importante des plantations, notamment dans le sud du
gouvernorat ;
Les changements climatiques, en réduisant les ressources en eau disponibles, vont
aggraver la tendance à la surexploitation, inexistante actuellement au Kef et réorienter,
sous la pression, le développement agricole de la région si cette réorientation n’est pas
faite maintenant alors qu’on dispose du temps nécessaire à l’étude et la recherche de
solutions.
Il devient, ainsi, urgent d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie cohérente à la fois au
niveau de la région et même au niveau national et programmer les actions à entreprendre sur
le plan institutionnel, agricole et économique, et revoir en particulier les « incitations
économiques » actuelles (prix, subventions, crédit, législation foncière, etc.), qui ne semblent
pas palpables au niveau de l’agriculteur et sont rarement perçues comme telles par lui.
Ces « incitations économiques » devront comprendre et intégrer les motivations du monde
rural, ses difficultés de tous les jours, la faiblesse du revenu de l’agriculteur, et les aléas
climatiques qu’il supporte seul… et qui seront plus importants demain.
La loi de l’offre et de la demande des produits agricoles, si elle doit être revue, ce sera dans le
sens de garantir au pays le maintien et le développement de la production de la région pour
une contribution plus importante à l’économie nationale, toutes les strates de consommateurs
devant y contribuer.
La mise en place d’un système d’information étudié, pour fournir aux responsables les
données qui leur permettraient d’orienter la politique économique du pays dans le sens d’une
meilleure gestion des ressources, est indispensable à cet effet.
1.3.2. Menaces dues à la libéralisation des échanges
L’agriculture dans le gouvernorat du Kef reste encore peu diversifiée et se base
essentiellement sur la pratique d’activités extensives (céréaliculture et élevage ovin) à
rendement très moyen. Parallèlement, l’extension de l’arboriculture et des cultures
maraichères qui reste encore assez limitée devant les importantes ressources en eau encore
peu exploitées, est confrontée à une rude concurrence des autres régions limitrophes. La
problématique régionale, relative au secteur agricole, se définie aussi par des paramètres
intrinsèques aux exploitations tels que l’importance de la petite unité de production, le
morcellement de la propriété, l’endettement…
A côté de ces facteurs, le forçage économique que connaîtra la Tunisie suite à l’ouverture de
son économie sur l’extérieure pourra mettre en difficulté les systèmes de production agricoles
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
22
les moins compétitifs. Il s’agit de la libéralisation des échanges à travers l’élimination des
barrières douanières et l’imposition des prix réels issus des transactions sur le marché
international.
Selon l’étude sur les changements climatiques, les forçages économiques issus de la
libéralisation de l’économie Tunisienne se répercuteront notamment par une baisse de 30%
des emblavures céréalières à l’horizon 2030 et une diminution du revenu agricole. Selon cette
étude, les petites exploitations seraient les plus touchées par cette ouverture mais aussi celles
pratiquant une agriculture extensive et disposant de structures de production peu équilibrées.
L’étude sur la compétitivité du secteur agricole, confirme ce constat en classant le Kef parmi
les gouvernorats les plus sensibles aux forçages économiques.
S’appuyant sur la logique des systèmes agraires identifiés dans la présente étude, les zones qui
pourraient être plus concernées par la diminution des superficies mises en cultures sont ceux
relevant de l’Ouest et du Sud du gouvernorat caractérisées par la faiblesse des précipitations
(rendements bas), l’étroitesse des exploitations (problème de viabilité économique) et par des
sols assez dégradés.
Actuellement, les augmentations importantes du prix du pétrole, de la matière première et des
produits céréaliers sur le marché mondial se traduisent par une augmentation continue des
coûts de production. Cette situation a poussé l’Etat Tunisien (importateur net) à consolider la
sécurité alimentaire au niveau des denrées de base : Des incitations ont été accordées au
secteur céréalier moyennant des augmentations importantes des prix qui sont devenus
inférieurs à ceux observés sur le marché mondial offrant une protection à la production
locales contre les importations. A titre d’exemple et au cours de la campagne agricole
2007/2008, les prix à la production du blé dur est passé de 32,8 DT/Q à 40 DT/Q et puis à 55
DT/Q au cours de la même année traduisant une importante augmentation mais ce prix est
resté largement inférieur au prix international qui a dépassé les 80 dollars/Q.
Cette nouvelle réalité, dont la tendance est probablement durable (en liaison avec les
changements structurelles des besoins : Bioénergie et changement des habitudes alimentaires
des pays très peuplés), n’est pas prise en considération dans les études récentes sur le forçage
économique du fait qu’elle est survenue juste avant. Dans ce contexte, les évolutions avancées
en termes de diminution des emblavures céréalières n’est plus valable et doivent être révisées.
Au niveau de la deuxième phase de la présente étude, des simulations ont été réalisées pour
évaluer l’évolution de la rentabilité des principales cultures pratiquées dans le gouvernorat du
Kef en fonction des évolutions récentes des prix des intrants et des produits. Les résultats
obtenus montrent que les dernières révisions des prix sont favorables à la pratique de la
céréaliculture et à l’extension de l’olivier à huile. La diminution de la rentabilité concerne
plutôt les fourrages en sec dont les perspectives pourront se traduire par une diminution de
leurs superficies et par un impact négatif sur l’élevage.
Dans ce contexte, les dernières incitations accordées au secteur céréalier sont avantageuses et
de nature à inciter les agriculteurs à améliorer davantage les pratiques culturales pour assurer
une meilleure productivité et un revenu plus important. Parallèlement, des stratégies et des
mécanismes de mise en œuvre doivent être définis pour les produits de base (céréales,
élevages…) pour définir leur niveau de compétitivité en fonction des tendances prévisibles
des prix sur le marché international.
1.4. Les stratégies d’adaptation des acteurs
La mobilisation et l’optimisation de l’utilisation des ressources en eau, de la conservation des
eaux et du sol et la protection des ressources pastorales et forestières constituent l’essentiel
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
23
des stratégies sectorielles de l’Etat. Tenant compte des menaces et des pressions exercées par
les utilisateurs sur les ressources naturelles, l’objectif prioritaire des stratégies de l’Etat étant
la gestion durable et la sauvegarde des potentialités existantes : La mobilisation des ressources
naturelles est passée de la gestion de l’offre à la gestion de la demande.
A côté de ces stratégies de l’Etat, les utilisateurs (principalement les agriculteurs) mobilisent
les ressources naturelles et mettent en œuvre un schéma technique (le choix du système de
culture et d’élevage, des pratiques agricoles, et de l’affectation de la main d’œuvre
familiale…) permettant de dégager un revenu agricole qui doit satisfaire notamment les
besoins familiaux. En dehors d’une diversification de l’économie régionale, la pression des
exploitations agricoles sur les ressources naturelles devient de plus en plus importante pour
dégager un minimum de revenu. Cette situation risque de s’amplifier surtout avec les récentes
augmentations des prix des intrants et la quasi-stagnation des prix à la production (compte
non tenu des céréales).
Les stratégies de groupe, permettant de jouer le rôle de catalyseur entre l’intérêt public et les
intérêts individuels, restent encore peu dynamiques et loin de véhiculer les directives
stratégiques de l’Etat.
Dans ce qui suit, on présente un rappel des stratégies d’adaptation déjà analysées dans la
deuxième phase de l’étude.
1.4.1. Politiques et stratégies des pouvoirs publics
La politique actuelle de l’Etat en matière de développement du potentiel productif agricole se
base sur des stratégiques de mobilisation et de protection des ressources naturelles, mises en
œuvre depuis le début des années 90, dans les domaines de l’eau, de la CES, des parcours et
des forêts et financées presque intégralement sur le budget de l’Etat.
Les objectifs fixés pour la production agricole (l’irrigué, l’arboriculture, les grandes cultures
et l’élevage) restent dépourvues de mécanismes de mise en œuvre (absence de budget propre)
et sont, en majeure partie, concrétisés par un financement privé et un rythme peu maitrisé.
1.4.1.1. La stratégie des ressources en eau
Le gouvernorat du Kef continue à bénéficier d’une situation excédentaire en matière de
gestion des ressources en eau. Selon les dernières statistiques (2007), les ressources globales
en eaux sont estimées à 345 millions de m3 dont 275 millions de m
3 les eaux de surface (80%)
et 70 millions de m3 représentent les eaux souterraines (20%).
Pour les eaux de surface estimées à 275 millions de m3, le taux actuel d’utilisation n’est que
de 48% : Les capacités actuelles se répartissent entre le barrage d’Oued Mellègue (80,5
millions de m3), 24 barrages collinaires (44,9 millions de m
3) et 64 lacs collinaires (5,81
millions de m3).
Pour les eaux souterraines, la mobilisation concerne 88% du potentiel des nappes phréatiques
(25 millions de m3) et seulement 31% du potentiel des nappes profondes (45 millions de m
3).
L’exploitation des eaux souterraines dans le gouvernorat du Kef reste de ce fait largement en
dessous des niveaux potentiels à l’exception de deux nappes phréatiques considérées
surexploitées : Selon les données du CRDA du Kef, les nappes phréatiques de bled Charène et
de bled Abida présentent des taux de mobilisation évalués respectivement, en 2005, à 128%
et 160%. La mise en place de PPI de sauvegarde autour des puits de surface concernés a
permis de soulager la ressource tel que constaté sur le terrain.
Pour les nappes profondes, les utilisations concernent surtout l’alimentation en eau potable et
l’irrigation et dans une moindre mesure l’industrie : Actuellement sur les 195 forages
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CNEA / Rapport de la 3ème
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existants, 161 sont en service. Pour ces derniers, 52 sont des forages privés (32%), 38 sont
utilisés par la SONEDE (24%), 65 sont gérés par des GDAP (AEP et irrigation : 40%) et 6
mobilisés pour l’industrie (4%). L’examen de la valorisation des PPI montre des problèmes de
gestion au niveau des GDAP qui se traduisent le plus souvent par des taux d’intensification
assez faibles (88%).
Contrairement au constat national où le potentiel en eau est généralement surexploité et qui
traduit une nécessité de gérer la demande, la situation dans le gouvernorat du Kef offre encore
des atouts qui permettent encore la mobilisation de cette ressource rare. Par ailleurs,
l’expérience vécue montre toujours l’opportunité de sauvegarder et de rationaliser la
mobilisation des eaux même dans les gouvernorats excédentaires pour du moins retarder et
modérer les niveaux d’exploitation excessifs dans le futur.
Concrètement, la gestion de la demande reste d’actualité surtout pour les deux nappes
phréatiques de Bled Charène et Bled Abida et nécessite une prise en considération réelle dans
la stratégie régionale qui ne prévoit pas la consolidation des acquis institutionnels :
Consolidation des structures socioprofessionnelles (GDAP) pour mieux gérer l’eau (sur le
plan technique, financier et socio-économique) et mieux valoriser les PPI existant (taux
d’intensification assez faible : 77% contre 122% dans les périmètres privés). A ce niveau, une
attention particulière devrait être accordée au côté social pour éviter les éventuelles sous
utilisations des infrastructures hydrauliques.
Les objectifs globaux de la stratégie régionale inscrits dans le IXème
plan comprennent les
éléments suivants :
Construction de trois barrages : Oued Sarrat (21 millions de m3), Oued Mellègue 2 (70
millions de m3) et Oued Tassa (40 millions de m
3) ;
Etudes et création de forages ;
Extension des superficies irriguées à travers l’aménagement de périmètres publics à
partir de barrages et de forages : L’objectif étant d’atteindre 20 mille ha de périmètres
irrigués actuellement estimés à 14,485 mille ha (72% des objectifs) ;
Réhabilitation et modernisation des PPI existants ;
Optimisation de l’utilisation de l’eau d’irrigation au niveau des exploitations privées
par l’encouragement des exploitants à l’adoption des techniques d’économie d’eau ; et
Augmentation du taux de desserte en eau potable pour atteindre 91,7% à l’horizon
2011 (il est de 82,5% au 31/12/2006).
1.4.1.2. La stratégie de conservation des eaux et du sol
Le gouvernorat du Kef est classé parmi les régions les plus menacées par l’érosion : Selon les
données du CRDA du Kef, la superficie moyennement à fortement érodée est évaluée à
environ 300 mille ha dont 120 mille ha un degré d’érosion assez avancé : Près de 60% des
terres sont menacées par l’érosion ce qui traduit une situation assez critique pour la ressource
sol. Les interventions engagées, depuis la mise en œuvre de la stratégie de CES en 1990, ont
permis d’aménager près de 128 milles ha (CRDA du Kef - avril 2007), ce qui traduit un taux
d’aménagement de l’ordre de 43%. Selon la même source, Il reste donc près de 172 milles ha
à aménager dont 80 milles sont considérés prioritaires vu l’intensité forte de l’érosion qui les
affecte.
En absence d’un suivi sur l’état actuel des aménagements, une partie des superficies traitées
devrait être soit consolidée ou encore réhabilitée si les travaux ont totalement disparus. Dans
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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ce sens, le taux d’aménagement est nécessairement plus faible et l’urgence ne se limite pas
uniquement à la protection des terres non aménagées mais aussi à la consolidation des travaux
existants pour garantir leur durabilité. Au cours de la première stratégie, le taux d’entretien et
de sauvegarde des travaux est estimé à 46% de la superficie aménagée alors qu’au cours de la
deuxième stratégie (Décembre 2006), ce taux est de 53%. Ce taux est considéré comme faible
par rapport à l’envergure des travaux réalisés, ceci mettra en cause la fonctionnalité des
ouvrages et l’efficacité des investissements engagés.
Les investissements projetés dans le cadre de l’étude de planification des aménagements CES
ont été évalués à 78,8 millions de dinars correspondants à l’aménagement de 100 mille ha. La
deuxième stratégie de CES (2002-2011) a été dimensionnée pour un montant global de 30,3
millions de dinars, soit 38,5% des besoins prioritaires des investissements pour la réalisation
d’un plan d’action intégré. Ainsi, l’effort de l’Etat en matière de financement des actions de
lutte contre l’érosion doit être davantage renforcé et l’implication des agriculteurs doit aussi
s’élargir pour assurer une couverture plus importante des besoins.
En dehors des projets d’envergure, la programmation et la mise en œuvre de la stratégie
continue à se faire sans implication des agriculteurs, ce qui ne permet pas de prendre en
considération leurs priorités et besoins réels. L’absence de concertation se traduit par un
manque d’appropriation par les agriculteurs des actions de lutte contre l’érosion. L’absence
d’appropriation se traduit une réticence des agriculteurs envers l’entretien des ouvrages, ce
qui les rend vulnérables et non durable. Cette situation est particulièrement alarmante en
absence d’un budget pour l’entretien des interventions ou par l’insuffisance des fonds relatifs
aux travaux de consolidation.
1.4.1.3. La stratégie de développement forestier et pastoral
Selon les résultats du 2ème
inventaire forestier et pastoral réalisé en 2007, les terrains forestiers
s’étendent dans le gouvernorat du Kef sur une superficie de 133 324 ha (26% de la superficie
du gouvernorat). Les formations forestières, dominées par le pin d’Alep, l’eucalyptus,
l’acacia, et le cyprès, s’étalent sur 68744 ha : 37225 ha de couverture très dense (54%) et
15968 ha de couverture dense (23%). Les parcours, couvrant environ 22 mille ha et en
majorité privé, sont de type maquis ou de garrigues.
Les objectifs assignés à la stratégie de développement forestier et pastoral concernent la
réduction du rôle de l’Etat dans la gestion et le développement des ressources sylvo-pastorales
et la diversification et la promotion de structures d’intervention dans le secteur (ONG et
privés). L’intérêt porté au développement régional des forêts et des parcours est justifié aussi
bien par le planificateur dont l’objectif est surtout la sauvegarde du patrimoine que par les
usagers vu l’importance de l’élevage ovin extensif peu intégré à l’exploitation agricole mais
plutôt rattaché aux ressources sylvo-pastorales.
A côté des performances atteintes en matière de mise en œuvre de la 2ème
stratégie (4088 ha
de reboisement et 2204 ha de plantation pastorales durant la période 2002 - 2006), les
insuffisances identifiées concernent surtout l’entretien et la sauvegarde des travaux
anciens et la faible association des populations forestières. Etant donné leur niveau de
développement socio-économique et culturel, ces populations continuent à être fortement
dépendantes de l’utilisation des ressources forestières pour subvenir à leurs besoins (parcours
pour le bétail, bois de chauffage…). Ces prélèvements sont souvent effectués aux dépens de la
pérennité du couvert végétal. Cette situation n’est pas uniquement due à l’action physique des
populations mais elle provient aussi du fait que ces populations ont jusqu’à présent été tenues
à l’écart de la gestion et du développement des ressources forestières. Par ailleurs, les récents
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
26
groupements de développement (GDA Ain Fdhil, GDA Saâdine, GDA Ain Snane, GDA El
Kbouch) créés doivent être consolidés et juridiquement adapté aux activités forestières.
Parallèlement à l’effort produit par la direction des forêts au niveau des terres domaniales et
au terres soumises au régime forestier, l’Office de l’élevage et des pâturages (OEP) conduit
des actions de sensibilisation et d’encouragement à destination des privés afin d’améliorer la
production des parcours privés par l’introduction du cactus inermes et des arbustes fourragers.
L’intervention de l’arrondissement des forêts et de l’OEP a atteint des résultats assez probants
en termes de superficie traitées, mais malgré ces réalisations importantes en terme physique,
la dégradation semble se poursuivre du fait de l’absence d’une stratégie adaptée au contexte
local et qui prend en considération les spécificités de la région et surtout qui associe les
agriculteurs et les éleveurs à la définition des actions et à leur mise en œuvre. En effet, à
l’exception des interventions de l’OEP qui sont dans l’obligation d’avoir l’adhésion des
propriétaires, celles qui sont réalisées par l’arrondissement forêt n’ont pas encore adopté une
approche participative et donc n’associent pas les intéressés à la mise en œuvre des actions.
1.4.1.4. Les stratégies de développement de la production agricole
Contrairement aux stratégies de ressources naturelles financées presque intégralement sur le
budget de l’Etat, la notion de « stratégies sectorielles de développement de la production
agricole au niveau régional » est plutôt conçue comme un ensemble d’orientations globales et
de « vœux » pour les divers secteurs de la production sans actions précises à mener, avec un
encadrement de plus en plus léger et auxquels seuls certains types d’encouragements sont
prévus avec des investissements mis, en majeure partie, à la charge des « privés ». Les
objectifs globaux prévus pour les principales activités agricoles sont les suivants :
Les grandes cultures : La stratégie régionale de développement des grandes cultures
prévoit en outre de diminuer leur superficie à environ 217 mille ha, soit 23 mille ha de
moins comparés à la moyenne du Xème
plan. Ces 217 mille ha se composent de 179 mille
ha de céréales (dont 7000 ha en irrigué), 10 mille ha de légumineuses et 28 mille ha de
fourrages. Cette orientation vers la baisse est liée à la nécessité de respecter l’aptitude des
sols. Parallèlement à ces orientations, la stratégie prévoit de diminuer les superficies de
la jachère de 72 mille ha actuellement à 49 mille ha pour assurer un assolement équilibré.
Parallèlement, une augmentation de la productivité est prévue pour contrecarrer les
impacts liés à l’objectif relatif à la diminution des superficies : 18 Q/ha contre une
moyenne de 12,2 Q/ha pour les céréales en sec, 50 Q/ha contre une moyenne de 33,8
Q/ha pour les céréales en irrigué, 15 Q/ha contre une moyenne de 8,5 Q/ha pour les
légumineuses et 100 Q/ha contre une moyenne de 60 Q/ha pour les fourrages. A ce
niveau, une révision plus objective des rendements s’impose pour assurer leur
applicabilité compte tenu de l’insuffisance de la vulgarisation agricole et des éventuels
impacts négatifs des changements climatiques possibles.
Le secteur irrigué : L’objectif de la stratégie régionale de développement de l’irrigué
étant de porter la contribution des cultures irriguées à 50% de la valeur de la production
agricole du gouvernorat du Kef à l’horizon 2009. Cette stratégie souligne notamment
l’augmentation des superficies irriguées pour atteindre 20 mille ha à l’horizon 2011,
l’élévation du taux d’intensification de 107% actuellement à 130% et la généralisation de
la technique d’économie en eau pour une meilleure valorisation de la ressource.
L’arboriculture : Selon les objectifs de la stratégie régionale de développement de
l’arboriculture fruitière, les superficies des plantations peuvent encore augmenter de 41
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CNEA / Rapport de la 3ème
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mille hectares (fin 2006) pour atteindre une moyenne de 81 mille ha à l’horizon 2016,
soit le double de ce qui existe actuellement.
L’élevage : La stratégie régionale de développement de l’élevage vise notamment la
préservation et l’amélioration de la productivité du cheptel ovin et caprin ainsi que
l’augmentation du nombre de bovins de race pure et de race croisée en limitant
d’avantage la race locale qui demeure peu productive.
1.4.1.5. Les acquis de la recherche agronomique
Le pôle de recherche du Kef fait partie des 4 pôles de recherche que l’IRESA compte
transformer en centres de recherche financièrement autonomes. En attendant cette réforme, le
pôle du Kef comprend une station de recherche de l’INRAT, L’Ecole Supérieure d’agriculture
du Kef (ESAK) et L’Ecole Supérieure d’agriculture de Mograne (ESAM).
La station de recherche de l’INRAT dispose de 5 chercheurs, 4 techniciens et 1 contractuel.
Son programme de recherche porte surtout sur la création variétale de céréales et de
légumineuses. Les lignées obtenues par les croisements effectués à la station de Béja sont
envoyées au Kef, dès la F3, pour suivi et constat de leur comportement et de leur résistance
aux maladies dans le cadre des essais de lignées non avancées, comme c’est également le cas
pour les lignées qui arrivent d’ICARDA et de CIMMYT.
La station effectue ensuite, pour ces variétés les essais multi-sites pour les lignées avancées
jusqu’à leur évaluation au bout des 10 à 12 années d’essais que comporte la méthodologie
adoptée par l’INRAT dans son travail de sélection. 5 variétés, dont notamment des variétés
d’orge et de lentilles sont en cours de présentation à l’inscription.
Il reste alors la difficulté de leur trouver des multiplicateurs disposant des moyens d’assurer la
multiplication et de supporter de faire face aux nouveaux droits d’obtention imposés par les
nouvelles procédures qui sont devenues longues. Pour le moment, le temps que mettent ces
nouvelles variétés avant leur mise sur le marché est devenue très long et incompatible avec les
objectifs d’une recherche capable de catalyser un développement durable. Une réflexion est
nécessaire pour écourter ces délais et redonner à cette recherche sa compatibilité avec les
réalités du milieu agricole et ses facultés redynamisatrices du développement. Dans
l’ensemble, les résultats de ces recherches ont du mal à parvenir jusqu’aux agriculteurs car il
reste à la fois théoriques et éloignés des vrais problèmes de l’agriculture.
1.4.1.6. Concrétisation des stratégies : XIème plan relatif au gouvernorat du Kef
(i) Les objectifs du XIème
plan
Tel que rapporté dans les documents de préparation du XIème
plan du Kef, les objectifs
stratégiques pour assurer le développement durable reposent sur les éléments suivants :
Diminuer progressivement le taux de chômage en créant de l’emploi : Il s’agit surtout
d’inciter à la création de nouveaux projets privés et d’améliorer l’efficacité de ceux
déjà existants ;
Limiter l’exode rurale et sédentarisation de la population surtout dans les régions du
Sud du gouvernorat et des zones frontalières ;
Donner à la région les impulsions nécessaires pour plus de compétitivité et
d’intégration avec l’environnement national et international ;
Assurer le développement durable tout en gérant la pression sur les ressources
naturelles : Les conserver et les exploiter d’une façon rationnelle.
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CNEA / Rapport de la 3ème
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Augmentation du revenu des ménages et amélioration des conditions de vie.
Pour le volet lié au secteur agricole, les principales orientations en matière de développement
prise en considération lors de l’élaboration du XIème
plan prévoient :
Modernisation de l’agriculture conduite en irrigué moyennant l’amélioration de
l’exploitation des superficies aménagées (les 13 761 ha). A ce niveau, l’objectif étant
de généraliser l’économie en eau et d’améliorer le taux d’intensification des
périmètres irrigués.
Utiliser l’API en tant qu’approche de mise en œuvre des programmes de l’Etat et plus
particulièrement dans les domaines de la CES et des plantations arboricoles.
Mise en place des PPI programmés dans le but d’atteindre, au terme du XIème
plan, une
superficie irrigable de 20 000 ha. A l’instar ce l’orientation précédente, celle-ci
découle aussi de la stratégie régionale de développement du secteur de l’irrigué.
Accélérer le rythme de plantation arboricole et de l’olivier à huile surtout dans le Sud
du gouvernorat et en fonction des aptitudes des sols (carte agricole).
Adopter des mécanismes de financement appropriés pour réussir le programme de
plantation à travers l’instauration d’une ligne de financement spécifique pouvant
satisfaire les besoins de la région (accès au crédit et aux subventions).
Lutter contre l’érosion des terres agricoles sur une superficie de 120 mille hectares
fortement menacées.
Développer les zones forestières et pastorales en augmentant le rythme de plantation et
en assurant la promotion d’activités extra-agricoles (microprojets agricoles et non
agricoles). Dans ces zones, les microprojets auront un double objectif : D’une part
améliorer le revenu des ménages et d’autre part garantir l’adéquation entre l’économie
de l’agriculture familiale et la préservation des ressources écologiques.
Valorisation des acquis de la recherche à travers des programmes d’actions en liaison
avec les spécificités naturelles du gouvernorat du Kef. Les thèmes proposés
concernent surtout le développement de la céréaliculture irriguée dans le Sud du
gouvernorat, amélioration de la conduite alimentaire des ovins et la technique du semi
direct pour préserver la couche arable du sol.
Promouvoir des créneaux innovateurs moyennant la mise en place d’un centre
technique de l’agriculture biologique dont la mission est l’encadrement et la formation
des exploitants de ce domaine.
Mise en place d’une stratégie de développement des viandes rouges.
Encourager l’installation d’industries agro-alimentaires spécialisées dans le lait dans la
transformation de ses sous-produits.
Consolider la place de la femme rurale à travers la promotion des activités artisanales
pour d’une part valoriser les ressources et le savoir faire local et d’autre part créer des
sources de revenu et une dynamique économique supplémentaire.
Dynamiser davantage les organismes socioprofessionnels (CSA, GDA, UTAP,
groupement professionnels…) pour mieux identifier et satisfaire les besoins en matière
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CNEA / Rapport de la 3ème
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d’encadrement dans les diverses activités agricoles : Conduites techniques,
commercialisation et promotion de l’investissement privé.
Consolidation du tissu associatif en améliorant les capacités humaines et matérielles
pour mieux participer à l’œuvre du développement régional.
A côté de ces orientations sectorielles, l’amélioration de la qualité de la vie constitue un
facteur complémentaire important pour assurer la durabilité des acquis. A ce propos, les
documents préparatif du XIème
plan avaient insistés notamment sur la nécessité de :
Consolider les acquis mis en place à partir des diverses interventions de l’Etat.
Suivre l’état de la désertification dans les zones sensibles en faisant recours au GIS
pour un meilleur diagnostic des contraintes et la programmation d’un plan d’actions
intégré selon l’API.
Améliorer des conditions de vie de la population en procédant surtout à
l’électrification et à l’alimentation en eau potable des zones non encore desservies.
Pour l’AEP, l’objectif est d’atteindre un taux de desserte de 86% dans les zones
rurales.
Actualiser le schéma directeur d’aménagement de la région et élaboration d’une
stratégie à long terme visant la maîtrise des extensions urbaines et la protection des
terres agricoles limitrophes. Cette stratégie permettra aussi de constituer des réserves
pour la réalisation de projets de différentes natures (usines, équipements collectifs,
cités…).
(ii) Le contenu du XIème
plan
L’examen du contenu provisoire du XIème plan relatif au gouvernorat du Kef, montre que le
budget retenu pour la réalisation d’actions collectives s’élève à environ 114 millions de dinars
pour la période 2007 -2011, soit 22,8 millions de dinars par an.
Tableau 2: Budget prévisionnel du XIème
plan dans le gouvernorat du Kef
Composante Coût en
millions de
dinars
Importance
relative
Satisfaction
des besoins
régionaux 1. Mobilisation des ressources en eau 76,4 67,2% 26% Barrages (Sarrate, Mallègue supérieur et Eddire) 50,9
Aménagement de PPI à partir des barrages 11,3
Aménagement de PPI à partir des forages 2,7
Réhabilitation de PPI existants 3,2
Etudes et création de forages 0,9
Alimentation en eau potable 7,4
2. Forêts et parcours 13,5 11,9% 21%
3. CES 14,7 12,9% 40%
4. Projets agricoles intégrés 6,9 6,0%
PDAI du Sud du gouvernorat du Kef 1,9 Projet de développement intégré des zones frontalières 5,0
5. Activité élevage 1,9 1,7% 18%
6. Etudes, recherche et vulgarisation 0,3 0,3% 3%
Total budget du XIème plan 113,8 100% 27%
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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Ce budget représente en moyenne 27% des besoins en investissements estimés à travers les
propositions initiales lors de la discussion du XIème plan (423 millions de dinars). A ce
niveau, le taux de satisfaction le plus important est observé au niveau des composantes liées à
la CES, à la mobilisation des ressources en eau et à préservation des forêts et des parcours, ce
qui traduit l’intérêt porté à la gestion rationnelle des ressources naturelles : Selon les données
présentées dans le tableau ci-dessus, ce taux est respectivement de 40%, 26% et 21%.
Le XIème
plan privilégie en priorité la construction de barrages et la mobilisation des
ressources en eau surtout au profit de l’irrigation dans le secteur agricole : près de 70% des
fonds budgétaires sont réservés à la gestion de cette ressource. L’importance de cette
composante est liée aux potentialités en eau existante et plus particulièrement celles qui
concernent la mobilisation des eaux de surface pour des fins d’intensification agricole et de
protection des villes contre l’inondation (construction de barrages). En seconde position,
viennent les actions de CES et d’aménagement forestier et pastoral. Les actions liées aux
études, à la recherche et à la vulgarisation restent quant à eux à des niveaux assez limités eu
égard aux besoins de la région.
Comparés aux objectifs arrêtés en matière d’approche de mise en œuvre des investissements
et d’amélioration de la productivité de l’activité agricole à travers la mise à profit des acquis
de la recherche, la planification est restée encore fidèle aux anciennes pratiques sectorielles.
Selon les allocations budgétaires, les projets intégrés et participatifs ainsi que les études et la
recherche ne représentent que 6,3% des fonds réservés au XIème
plan.
1.4.2. Stratégies d’adaptation des agriculteurs
Les stratégies individuelles restent peu conservatrices des écosystèmes et traduisent à travers
les diverses pratiques des objectifs axés plutôt sur la maximisation de la mobilisation des
ressources que sur le renforcement de leur durabilité.
Dans ce contexte, l’organisation collective des usagers a été initiée par les pouvoirs publics
pour créer entre-autre un cadre de concertation et de sensibilisation des acteurs pour faire face
aux menaces de durabilité qui peuvent affecter les ressources naturelles et les systèmes
agraires. A ce niveau, ce cadre de concertation, permettant de mieux intégrer les stratégies
sectorielles de l’Etat, est loin d’être atteint surtout que le manque d’efficacité des
organisations de base est enregistré au niveau de la gestion de la mobilisation des ressources.
1.4.2.1. Les dispositions prises individuellement par les agriculteurs
Dans l’ensemble, les dispositions prises individuellement par les agriculteurs pour la
protection de la qualité chimique et physique du sol se présentent comme suit :
Restitution de la matière organique au sol : Il n’y a aucun effort pour améliorer les
assolements par des cultures riches en azote, pas de culture d’engrais vert, pas
d’enfouissement de chaumes et pas d’apport de fumier sauf pour certaines cultures
maraîchères (quand on trouve le fumier qui se fait rare). Seul le pacage des brebis sur
les chaumes donne lieu à une certaine restitution de matière organique. On constate
également que les services de vulgarisation et de développement n’insistent pas du
tout sur cet aspect d’appauvrissement des sols malgré son extrême gravité sous le
climat du Kef et en contradiction avec l’objectif d’amélioration des rendements inscrit
dans la stratégie régionale des grandes cultures.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
31
Lutte contre l’érosion et entretien des travaux de CES réalisés par l’administration :
Rares sont les prises de conscience individuelles et la position de l’agriculteur a été, en
général, de se tenir sur la réserve ou parfois même de s’opposer quand des travaux
risquent de concerner son « exploitation » même s’il n’en supporte pas les frais.
Labours en courbes de niveau : Seuls, les organismes comme l’OTD ou les SMVDA
et un certain nombre de gros agriculteurs effectuent les labours en courbes de niveau,
le petit agriculteur s’en préoccupe rarement, ce qui, bien entendu, favorise l’érosion.
Conservation de l’humidité du sol : Pour la réalisation précoce des labours (au
printemps), l’adoption de façons culturales sans retournement du sol… qui améliorent
la conservation de l’humidité du sol, on constate un effort certain par quelques gros
agriculteurs qui ont maintenu les techniques du labour de 18 mois, de cultivateurs à
dents…, mais il s’agit d’exploitants qui se sont bien équipés, qui ont de grandes
propriétés et qui louent des parcelles chez des voisins. La masse des petits agriculteurs
s’adresse, quant à elle, à la location du tracteur avec toujours l’idée de dépenser le
moins possible pour la préparation du sol.
1.4.2.2. Les dispositions prises par les agriculteurs organisés en groupes
L’agriculteur du Kef avait des traditions de travail en commun mais, sans pour autant que ces
traditions soient formalisée sous des formes organisées comme celles d’aujourd’hui. Ces
formes avaient leurs mérites et auraient pu moyennant un travail sociologique spécifique
donner lieu à des formes plus modernes : il s’agit de la « Mouaouana », de la « Chorka », de
la « Mougharsa », gestion des parcours par contrat verbal entre les collectivités et leur berger
pour la pâture du troupeau sur les parcours, le creusage et l’entretien collectif des Mgouds
pour l’épandage des eaux de crues…
Ainsi, la dégradation des parcours par exemple ne s’explique pas uniquement par les
raisons d’extension des cultures, des phénomènes d’héritage, etc. Elle provient aussi du fait
que les collectivités qui, dans le passé, géraient et organisaient l’utilisation collective de la
ressource se sont désorganisées depuis abandonnant leurs prérogatives à l’administration.
Et, à l’orée de l’indépendance et pour diverses raisons, cette administration n’a pas cherché
à reprendre avec ces traditions et n’a donc pas pu prendre la relève. Elle n’a pas pu
redynamiser les collectivités, ni les associer à la gestion des parcours, ni rétablir les
traditions de travail en commun. Elle s’est orientée vers la création des UCP, puis des CSA,
des chambres d’agriculture, puis des AIC, puis des GDA…, autant de formes
d’organisations, non négociées avec l’agriculteur avant leurs créations et conçues par les
fonctionnaires de l’administration selon des schémas un peu trop rigides et moins souples
que celles existantes dans les pays développés. Actuellement, le CRDA et les autorités
tentent de créer des GDA à partir des CSA et des AIC existantes ou dans des zones où il
n’y avait pas d’organisations du tout.
Ainsi, les GDA que nous avons rencontrés étaient soit en voie de formation, soit
fraîchement créés, et donc n’ont pas encore pu prendre de dispositions réelles dans ce
domaine nouveau qu’est la conservation des ressources naturelles, la lutte contre
l’érosion ou l’entretien des travaux de CES réalisés par l’administration….et, il est un peu
tôt de parler de contenu ou de portée des dispositions prises par des agriculteurs organisés
en groupes.
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1.4.2.3. Degré de prise en compte des incitations économiques
Pour ce qui est des « incitations économiques » actuelles (prix, subventions, crédit, législation
foncière, etc.), elles ne semblent pas palpables pour l’agriculteur et ne sont perçues comme
telles par lui.
Ces « incitations économiques » sont conçues également par des ingénieurs-fonctionnaires,
des financiers-responsables du fisc, des banquiers… qui ne comprennent pas toujours les
motivations du monde rural, ses difficultés de tous les jours, la faiblesse du revenu de
l’agriculteur, ni les aléas climatiques qu’il supporte seul…
A titre d’exemple : (1) les fixations des prix aux marchés de gros décidées, pour des produits
qui ne sont pas de première nécessité comme c’est le cas des tomates d’arrière-saison de Ain
Ksiba…, par le Ministère du commerce bouleversent complètement la conception de
l’exploitant de l’équilibre financier de son exploitation qui doit produire simultanément des
fourrages dont les produits se vendent moins chers, qui peut subir des orages de grêles qui
détruisent sa récolte… ou qui est obligé de garder une partie de l’exploitation en jachère pour
la laisser se reposer. La loi de l’offre et de la demande et la volonté de maintien d’un certain
indice des prix sont également faussées pour lui puisqu’on lui refuse une opportunité de
productions hors-saison destinées à des consommateurs aisés capables de les payer et qui n’a
rien à voir avec l’indice des prix , d’où un refus de comprendre ce genre de pénalité qui lui est
infligée. (2) les mesures de type « généralisation de l’exonération de la taxe unique sur
l’assurance » aux différentes compagnies d’assurances n’intéressent qu’une très faible frange
d’agriculteurs qui s’assurent auprès de ces compagnies, mais laisse indifférente la masse des
exploitants.
Cette situation ne provient pas seulement du fait qu’il n’y a pas de système d’information
étudié pour fournir aux responsables les données qui leur permettraient d’orienter la
politique économique du pays dans le sens d’une meilleure gestion des ressources, mais
provient également du fait souvent exprimé par les agriculteurs quand ils affirment à leurs
interlocuteurs de l’administration que les préoccupations des uns et des autres ne sont pas
les mêmes1. Ces « incitations économiques: prix et tarification, subvention … » gagneraient
beaucoup à être mieux étudiés avec la lorgnette de l’agriculteur et en fonction des réalités et
des habitus du monde rural.
Toutefois, il est important de signaler les réponses positives des agriculteurs éleveurs aux
décisions prises par les pouvoirs publics, en particulier en matière d’irrigation et
d’équipement d’économie d’eau, d’intensification de la production laitière, de mécanisation.
Quelques indicateurs, déjà évoqués ci-haut renseignent sur un certain degré de convergence
de ces stratégies publiques avec celles des agriculteurs.
Irrigation et économie d’eau : 2600 ha en 1987 et 14485 en 2007
Equipement d’économie d’eau : 9715 en 2005 et 12656 en 2005.
Arboriculture fruitière : 3762 en 1987 et 9460 en 2005.
Céréales irriguées : 1350 ha en 1995 et 3350 ha en 2005
Vaches laitières de race pure : 2400 en 1991 et 4060en 2006.
Parc de tracteurs : 2450 en 1995 et 23634 en 2005.
« إنتوما في واد و نحنا في واد » 1
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1.4.3. Efficacité des stratégies d’adaptation
a) Par rapport au contenu et à la portée des dispositions que peut prendre individuellement l’agriculteur
Les stratégies mises en œuvre, sectorielles par excellence, souffrent toutes d’une absence,
dans leur conception, du récipiendaire commun des actions qu’elles mènent sur le terrain
c’est-à-dire « l’exploitation agricole », et de leur ignorance presque magistrale du seul
pouvoir de décision dans cette exploitation : « L’EXPLOITANT AGRICOLE ». Elles restent
insuffisamment coordonnées entre elles, et, leurs actions ne sont que partiellement
compatibles avec les stratégies des agriculteurs et éleveurs.
Durant les dernières années, on a commencé seulement à parler de vulgarisation participative,
de développement participatif…, mais la décision arrive non seulement avec du retard et reste
incomplète du fait qu’elle concerne des actions techniques sans voir pour autant la valeur
ajoutée que ces actions apportent à l’exploitation et les moyens de la valoriser. Concrètement,
on peut dire : sur un bassin versant donné, à quoi sert le traitement en banquettes, par
exemple, d’une parcelle de 2 ha qui s’y trouve, et qui appartient à un agriculteur qui en a 5
autres dispersées à 5 ou 10 km à la ronde et disposées dans tous les sens, le tout faisant 8 ou 9
ha (près de 60% des exploitants ont une superficie inférieure ou égale à 10 ha et que plus de la
moitié ne dispose au plus que de 5 ha) ? Quel système de production peut adopter cet
agriculteur, quelle plus value va lui apporter cette parcelle traitée, comment va-t-il effectuer
les travaux pour cette parcelle et pour les autres, comment va-t-il s’assurer que ses parcelles
ne risquent pas de subir des délits de pacage par les animaux des voisins, comment va-t-il
nourrir ses propres animaux, sera-t-il capable de calculer la charge optimale en animaux, quel
équipement peut-t-il-acquérir et quel temps va-t-il consacrer au travail de cette
« exploitation » source principale du revenu familial ?
Aucune de ces stratégies ne peut l’aider dans ce sens, ni lui garantir de parvenir à un revenu
honorable après un temps donné. En plus, ces stratégies arrivent à un moment où
l’administration a décidé unilatéralement de se retirer et voit ses capacités d’action en termes
de qualification et d’effectif des ses compétences se réduire de plus en plus. Actuellement, un
grand vide d’encadrement s’est établi autour des 18.110 agriculteurs du Kef ; ce vide
s’ajoutant à leur endettement vis à vis de la banque, au renchérissement du coût des intrants,
au vieillissement des variétés de céréales mises à leur disposition, à l’absence sur le marché
des semences de vesces qui pourraient améliorer la qualité des fourrages qu’ils cultivent et,
remplacer en partie les aliments importés.
L’absence d’une stratégie de « Réhabilitation de l’Exploitation Agricole et de Mise à
Niveau » se fait durement ressentir en l’état actuel des choses. Ce qui fait que la durabilité des
ressources naturelles qui sont à la base de l’activité agricole de l’exploitation mais sans une
vision globale de développement durable, risque de devenir de plus en plus problématique.
b) Par rapport au contenu et à la portée des dispositions que peut prendre l’agriculteur « en groupes organisés »
On a vu plus haut que l’administration s’est orientée depuis les années 60 vers la création des
UCPA, puis des CSA, des chambres d’agriculture qu’elle a dissoute par la suite, puis des AIC,
puis des GDA… autant de formes d’organisations conçues par les fonctionnaires de
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l’administration selon des schémas un peu trop rigides et parfois même moins souples que
celles existantes dans les pays développés.
Les stratégies sectorielles décennales de l’administration prévoient quelquefois la création de
ces groupes en liaison avec les autorités régionales. Actuellement, des GDA sont ainsi créés et
des AIC sont entrain d’être transformés en GDA ; chacun de ces GDA, groupant parfois des
centaines d’adhérents. Les textes de ces GDA leur prévoient une activité très variée qui va de
la gestion d’un point d’eau à l’approvisionnement ou la commercialisation et même à la
fourniture de services mécaniques ou autres ; or ce grand nombre d’adhérents n’a pas les
mêmes centres d’intérêt, ses besoins et ses moyens ne se situent pas toujours à un même
niveau, ce qui rend difficiles la gestion et le succès de ces organisations.
Les changements successifs de formes des groupements montrent bien que le jeu n’a pas été
joué à fond pour chacune de ces formes ni par l’Administration ni par l’agriculteur. A chaque
fois, une grande partie de l’échec est due à une insuffisance d’encadrement et à une
insuffisance de formation de l’encadrement (y compris l’encadrement central pour cette
tâche).
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2. Orientations stratégiques et axes de développement
2.1. Rappel des propositions de la 2ème
phase de l’étude
Tel que mentionner dans le rapport de la deuxième phase de cette étude, les orientations
stratégiques tiendront compte des trois dimensions de la durabilité (économique, sociale et
environnementale) ainsi que du cadre institutionnel nécessaire à leur mise en œuvre
(réglementation, structures et mécanismes de concertation inter-institutions). Les orientations
proposées portent essentiellement sur :
L’adaptation des pratiques agricoles, au niveau des cultures et de la conduite de
l’élevage, aux impératifs de la préservation des ressources naturelles et de
l’amélioration de la rentabilité des activités agricoles et du revenu des exploitants.
L’objectif étant d’assurer la convergence des stratégies publiques, professionnelle et
individuelles (intégration/cohérence entre stratégies et mesures de concrétisation +
Compatibilité avec les attentes et les capacités des agriculteurs en individuel et en
groupe).
Les mesures techniques correctives et préventives complémentaires aux stratégies
sectorielles déjà mises en œuvre tout en privilégiant les actions urgentes et les
opérations des réhabilitations des travaux réalisés car moins coûteuses.
Les dispositions institutionnelles et organisationnelles régionales et celles en matière
de procédures à mettre en place pour une meilleure coordination entre les différents
intervenants et une meilleure efficacité des actions à entreprendre.
L’implication des usagers dans la conception des programmes des luttes contre la
dégradation des ressources naturelles et la fixation des priorités et leur
responsabilisation quand à la maintenance et au fonctionnement des infrastructures.
La dynamisation et la diversification de l’économie du Kef (typique des régions
intérieures de la Tunisie) pour soulager l’activité agricole qui constitue quasiment
l’unique alternative en matière de production et d’emploi…
Si l’on s’appuie sur les orientations à mettre en œuvre, notre schéma conceptuel devront en
particulier :
Eviter le caractère sectoriel dans leur conception d’ensemble, quitte à le reprendre au
niveau de l’exécution, pour tenir compte en premier lieu du récipiendaire commun des
actions qu’elles ciblent et mènent sur le terrain c’est-à-dire « l’exploitation agricole »
et partir du seul pouvoir de décision dans cette exploitation: l’exploitant agricole.
Les actions devront être compatibles avec les stratégies des agriculteurs et éleveurs.
Les aspects d’encadrement et de vulgarisation devront faire partie intégrante des
actions à prévoir.
Le revenu familial et de l’exploitation devra être le souci constant de l’étude et des
réalisations à programmer.
Ces stratégies arrivant à un moment où l’administration a décidé unilatéralement de se
retirer et réduit ses capacités d’action en termes de qualification et d’effectifs, il y a
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CNEA / Rapport de la 3ème
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lieu de prévoir un temps transitoire pour préparer l’agriculteur aux difficultés qui
attendent et à son nouveau rôle.
Des solutions sont à trouver pour surmonter les problèmes fonciers et d’endettement
actuels.
Enfin il y a nécessité pour une stratégie de Réhabilitation de l’Exploitation Agricole et
de sa Mise à Niveau pour un développement durable.
2.2. Orientations stratégiques
L’agriculture dans le gouvernorat du Kef continue à être extensive, peu diversifiée et dominée
par des exploitations de petite taille et endettée. Les analyses de viabilité économique ont
montré que les faiblesses des revenus agricoles concernent tous les systèmes agraires avec
toutefois des degrés différents.
Les menaces les plus significatives au niveau des ressources naturelles sont observées au
niveau des sols par une érosion assez prononcée et des espaces forestiers et pastoraux qui
deviennent de plus en plus dégradés et surexploités. Pour ce qui est des ressources en eau, les
potentialités sont généralement sous-exploitées et offrent des possibilités réelles
d’intensification et de diversification de la production agricole. Les efforts de l’Etat étaient
soutenables mais n’ont pas enrayé la dégradation des ressources naturelles et n’ont été que
partiellement compatibles avec les stratégies des agriculteurs.
Sur le plan institutionnel, le manque de moyens humains et matériels des services techniques
de l’administration ne permet pas d’assurer, d’une part, un suivi efficace de l’utilisation des
techniques de production, de l’eau, des forêts et des parcours et, d’autre part, la mise en œuvre
d’une façon adéquate des stratégies. Du côté des structures socioprofessionnelles de base
(GDAP et SMSA), on note leur faible efficacité eu égard à l’objectif pour lequel elles ont été
créées et leur position relativement neutre vis-à-vis du niveau de convergence entre les
stratégies sectorielles de l’Etat et les stratégies d’adaptation des agriculteurs.
A la lumière des contraintes et des objectifs spécifiques aux systèmes agraires et du diagnostic
global réalisé pour l’ensemble du gouvernorat, le développement agricole et la gestion des
ressources naturelles devraient être basés sur les orientations stratégiques suivantes :
Amélioration de la productivité des activités agricoles : Tenant compte des menaces
climatiques et de la libéralisation des échanges, le secteur agricole actuellement peu
performant est appelé à être compétitif. L’amélioration des rendements est possible
surtout que les pratiques actuelles sont extensives.
Valorisation des ressources en eau largement sous-utilisées (excepté les deux nappes
phréatiques de bled Charène et Bled Abida) : La mobilisation de l’eau constitue un
atout pour diversifier l’agriculture et améliorer ses performances eu égard à certaine
région où l’irrigation a permis un développement spectaculaire des cultures
maraichères et une modernisation dans l’utilisation des facteurs de production.
Préservation les ressources naturelles dégradées : Il s’agit notamment de la ressource
sol qui reste soumis à l’effet néfaste de l’érosion et des pratiques peu conservatrices
qui ont mené à son appauvrissement. En plus de cette ressource, on note la dégradation
continue des parcours et des forêts et la convergence des intérêts individuelles des
agriculteurs – éleveurs (objectif basé sur la mobilisation) et des stratégies publics
(objectif basé sur la sauvegarde).
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CNEA / Rapport de la 3ème
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Renforcement du cadre institutionnel : Cette proposition concerne à la fois le
renforcement des capacités de l’administration et des organisations
socioprofessionnelles. L’objectif recherché étant une meilleure gouvernance des
ressources naturelles et des filières par l’implication accrue de la population concernée
et la mise en place de structures de concertation et de négociation.
Soutien de l’agriculture dans les régions à climat difficile : La situation socio-
économique se caractérise par une structure productive généralement inadaptée à
l’innovation technique. L’endettement des agriculteurs, la dominance de la petite
propriété peu viable et le morcellement des terres sont autant de contraintes
structurelles que l’administration doit prendre en considération pour l’amélioration de
la productivité de l’activité agricole. Ainsi, des mesures de soutien doivent être
étudiées à travers des encouragements directs (politique de prix adaptée, subventions
spécifiques liées aux régions à climat difficile, système de crédit adapté aux risques et
à l’incertitude des précipitations…) et des encouragements indirects (organisation en
amont en aval des filières…).
Diversification de l’économie régionale : Le gouvernorat du Kef se caractérise par une
faible diversification de son économie régionale qui se répercute par une pression
accrue sur le secteur agricole. Parallèlement, les faibles performances de l’agriculture
du Kef ne permettent pas de réduire l’exode rural et l’ampleur du chômage.
Mise en cohérence des stratégies sectorielles de gestion des ressources naturelles : Il
s’agit d’apporter des correctifs permettant de concilier entre les besoins de la région et
le contenu des stratégies sectorielles. Ces corrections seront de nature à améliorer les
capacités de résilience des différents écosystèmes.
Mise en place de stratégies de réhabilitation et de mise à niveau de l’exploitation
agricole : L’objectif étant de compléter les stratégies sectorielles pour que les
interventions en matière de valorisation des ressources naturelles soient bénéfiques et
se traduisent réellement à l’échelle de l’exploitation agricole. Les stratégies doivent
permettre la mise à niveau des exploitations agricoles, la promotion sociale et
financière de l’exploitant, la restructuration foncière, le développement des structures
d’appui étatiques et professionnelles et le financement et le soutien de l’activité
agricole.
En outre, une visite sur le terrain, pour valider ces orientations, a été organisée le 24 et le 25
juin 2008 et a permis de recueillir l’avis d’un certain nombre de techniciens et d’agriculteurs
sur leurs contraintes et leurs vision d’avenir (annexe n°1).
Ces orientations stratégiques seront traduites par la suite en actions dont certaines concernent
l’activité agricole dans son ensemble et d’autres sont spécifiques à certains systèmes de
production et/ou systèmes agraires. Par ailleurs il est aussi important de signaler que certaines
orientations relèvent des pouvoirs régionaux et des acteurs de la société civile, mais que
d’autres relève de l’échelon national et leur réalisation reste importante et peut conditionner la
réussite de la stratégie en question.
2.3. Axes d’un développement durable et contenu
Tenant compte des orientations stratégiques, les axes d’un développement durable peuvent
être formulés comme suit :
Axe 1 : Développement du secteur agricole
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Axe 2 : Gestion durable des ressources naturelles
Axe 3 : Convergence des stratégies sectorielles et mise à niveau de l’exploitation
agricole et de son environnement économique et social
Axe 4 : Renforcement institutionnel
Axe 5 : Diversification de l’économie locale et régionale
2.3.1. Généralités : Capitalisation des expériences passées
La nécessité, pour les services de conception, de tirer la leçon de l’expérience passée qui s’est
caractérisée, entre autres, par :
La dispersion des efforts et l’absence de recherche de complémentarité entre les
différentes stratégies mises en présence.
L’absence d’une stratégie de production et de développement d’une agriculture intégrée
ou durable qui prévoient de moyens concrets d’action en fonction d’un timing déterminé.
Une priorité donnée parfois à des actions à « caractère social », à moyen & long termes et
à impact différé (voire peu sûr) au détriment d’actions à court terme et à « impact
économique certain » : ex. travaux de CES sur les pentes pour éviter leur érosion
hydrique avec une absence de programmes sur les plaines les plus riches à fort potentiel
productif et objet d’une érosion « chimique » qui réduit continuellement la fertilité de
leurs sols…. Or, si la priorité au « caractère social » est compréhensible, il n’en reste
pas moins difficile de comprendre l’absence d’adoption d’actions à plus grand impact
sur la production et l’allocation de moyens équivalents à ces travaux de CES.
Une priorité donnée parfois à des actions dites de « mobilisation de ressources
naturelles » : ex. création d’une infrastructure de périmètres irrigués mais réduction, en
parallèle, du nombre et des moyens de vulgarisation qui permettent la valorisation de ces
périmètres, alors que c’est la vulgarisation qui, avec les moyens financiers, permet de
valoriser ces lourds investissements.
Des contacts insuffisants entre les organismes de recherche (pôle & ESAK notamment) et
le CRDA.
Des contacts insuffisants au sein du CRDA entre les arrondissements qui exécutent divers
projets sectoriels et avec diverses autorités qui interviennent dans des études qui intègrent
le domaine agricole (ex. projet de lutte contre la désertification).
Des contacts qui sont actuellement très insuffisants, entre les organismes de recherche, le
CRDA et les services centraux du Ministère, devront être renforcés, par les moyens les
plus rapides, pour leur permettre de préparer - d’un commun accord - les programmes de
recherche, de vulgarisation des acquis les plus pertinents et concevoir les budgets annuels
indispensables à la réalisation des objectifs fixés par ces programmes; et surtout pour
préparer un avenir cohérent pour la lutte contre les menaces annoncées.
Enfin, dans la situation passée, on constate une absence de toute obligation de résultats
dans les actions entreprises par les agents de l’Etat quelque soit l’activité qui leur est
confiée. Pour l’avenir, il est recommandé que, dans le cadre des nécessaires
renforcements de l’encadrement qui devront se faire, les contrats de recrutements
prennent la forme de Contrats avec des Obligations de Résultats « COR », où il sera exigé
des jeunes recrues des résultats précis et qui leur donnent des avantages en contre partie
en guise d’encouragements en cas d’obtention de ces résultats dans des délais
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CNEA / Rapport de la 3ème
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acceptables. Ces délais devront être déterminés et contrôlés régulièrement par un comité
unique de pilotage des stratégies sectorielles (CUPS) dont on parlera plus bas ; de même
qu’on donnera plus de précisions sur les « COR » que nous suggérons.
2.3.2. Intensification de la recherche et ciblage de thèmes plus pointus
Mettre en place pour les diverses institutions implantées dans la région, et pour les 10
prochaines années, une stratégie de recherche pluridisciplinaire axée sur les problèmes de la
région, les contraintes du milieu physique et les systèmes agraires en place. Elle devra
intégrer les productions végétales, l’élevage et les aspects de changements climatiques les
plus plausibles compte tenu des particularités de la région ; et prenant en compte notamment
les problématiques et thèmes ci-après :
Thèmes de recherches pour le Nord du gouvernorat :
En grandes cultures :
o Recherche de variétés tardives adaptées au climat du gouvernorat (à l’instar
du Chili qui est encore cultivé à Ain Ksiba à la satisfaction des agriculteurs),
cette « tardivité » formant un atout pour la région par rapport au reste du
pays.
o Introduction de nouveaux germoplasmes de variétés de céréales résistantes au
froid hivernal du Kef et en même temps aux maladies et parasites qui risquent
de se développer sous changements climatiques ; il en va de même pour les
fourrages et légumineuses adaptées aux hivers froids qui caractérisent la
région.
o Introductions de variétés valorisant au mieux l’eau pour les grandes cultures
dans les périmètres d’irrigation.
o Recherche de rotations « techniquement » et « économiquement » acceptables
par l’agriculteur.
o Recherche d’itinéraires techniques conservateurs de la fertilité des sols moins
coûteux et adaptés aux différentes régions et aux différents sols (semis
direct…).
o Suivi des maladies fongiques et des parasites qui peuvent apparaître sur les
grandes cultures suite aux changements climatiques.
En horticulture : Recherche de l’impact de changements climatiques sur
l’arboriculture existante et recherche de variétés d’arbres fruitiers et de cultures
maraîchères qui s’adaptent aux hivers froids, à la tardivité de la région et aux
changements climatiques au point de vue physiologique et au point de vue
résistance.
Aspects structurels : Développer des programmes de recherche séparés pour la
petite et la grande exploitation.
Aspects climatiques : L’installation d’un réseau de stations météorologiques plus
dense et plus régulier est urgente pour suivre l’évolution de la situation.
Thèmes de recherche pour l’Ouest et le Sud du gouvernorat :
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
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Reprendre le programme d’introduction du médicago et de l’élevage ovin lié au
médicago.
Poursuivre & approfondir les travaux sur les plantes médicinales et mellifères.
Thèmes de recherches prioritaires pour la production animale :
Amélioration des performances des races ovines locales,
Réintroduction de bovins de races plus rustiques adaptées aux différentes régions,
la race Holstein devant être réservée aux exploitations les mieux dotées en
productions fourragères et en cadres zootechniciens.
2.3.3. Développement du secteur agricole
Les principales actions susceptibles d’amorcer le développement du secteur agricole sont
présentées comme suit :
Compte tenu de l’absence actuelle d’une stratégie de développement de la production,
la stratégie découlant du plan d’action devra prévoir des moyens matériels et
financiers concrets en fonction des objectifs de cette phase. La priorité qui était
donnée jusqu’à présent par les pouvoirs publics à des actions « à caractère social » à
moyen & long termes dont l’impact est différé laissant de côté des actions à court
terme dont l’impact économique est certain comme cité précédemment, se doit d’être
donnée, à l’avenir à une stratégie de développement d’une agriculture intégrée ou
durable et de production…. Ce qui ne contredit en rien une priorité aux actions à
« caractère social ». Il n’est plus, donc, permis de ne pas inclure et de ne pas donner
priorité, c’est-à-dire des moyens matériels et financiers concrets, à des actions à plus
grand impact sur la production.
Dans l’établissement des programmes de vulgarisation, il est nécessaire de prendre en
compte les résultats de la recherche existants les plus pertinents comme point de
départ, même si ces résultats datent de quelques années ou s’ils n’avaient pas été mis à
profit jusqu’à présent dans la région. Ainsi et en plus des résultats qu’auraient obtenus
l’ESAK & le Pôle de recherche du Kef, quatre travaux méritent notamment d’être mis
à profit dans ce but, il s’agit de :
Les résultats obtenus à la ferme modèle de Frétissa de Mateur avec la coopération
belge, résultats extrapolables pour la zone subhumide et les hautes plaines du Kef2.
Les résultats obtenus par l’INRAT & l’INRA/France à Zaghouan par le projet
« pour une approche régionale du développement agricole : Céréaliculture et
Dynamique des Systèmes Agraires en Tunisie » qui, entre autres, s’attache à une
nouvelle approche en matière de financement de l’agriculture dans le semi-aride et
à la nécessité d’introduire une approche du système « exploitation-famille » dans
l’exploitation de petite taille, souvent économiquement non viable au Kef3.
2 : Source : rapport final du projet Ferme modèle de Frétissa – Produire plus de grain et de lait en Afrique du
Nord. Cette proposition s’inspire de l’examen des résultats économiques, des conclusions et des
recommandations après 13 campagnes d’expérimentation (1969/70 à 1983/84) sous l’égide de la Faculté des
sciences agronomiques de Gembloux. 3 : Source : Annales de l’institut national de la recherche agronomique de Tunisie – Numéro spécial Vol.64 -
1991. Rapport du projet : « Pour une approche régionale du développement agricole : Céréaliculture et
dynamique des systèmes agraires en Tunisie ».
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
41
Les résultats du « Projet de développement de la petite & moyenne exploitation
dans les gouvernorats du Kef & Siliana pour l’établissement du médicago » &
financé par le FIDA4 et extrapolables pour la zone Sud et Sud-Ouest du Kef.
La thèse de Doctorat en Sciences Agronomiques soutenue à l’Institut National
Agronomique de Tunisie : « Etudes ethnobotanique et melissopalynologique de la
flore du Sud-Ouest du Kef » par Ben Haj Jilani - Février 2008. Cette thèse ouvrant
des horizons nouveaux en matière agricole pour le Sud-Ouest du Kef avec
développement d’une petite industrialisation et des possibilités d’exportation
dignes d’être intégrés dans ces propositions d’axes stratégiques.
Les résultats qu’auraient obtenus l’ESAK & le Pôle de recherche du Kef.
Donner une priorité dans le temps, dans l’espace et pour les investissements aux
actions à fort impact économique sur la production à court terme tout en mettant à la
disposition de l’exploitant plusieurs modèles opératoires de développement parmi
lesquels il peut choisir selon ses objectifs, ses contraintes et ses besoins réels.
La nécessité d’éveiller l’intérêt de l’agriculteur dès le début de l’action et donner une
priorité dans le temps et dans l’espace à des actions « de choc » à fort impact
économique sur la production à court terme tout en mettant à la disposition de
l’exploitant des encouragements économiques et financiers palpables ainsi que
plusieurs modèles opérationnels de développement parmi lesquels il peut choisir selon
ses objectifs, ses contraintes et ses besoins réels.
2.3.4. Amélioration de l’approche de l’administration
L’amélioration de l’approche d’intervention de l’administration est détaillée à travers les
points suivants :
La loi des cadres du CRDA n’étant pas adaptée aux besoins de l’activité menée
actuellement par celui-ci et se caractérisant par l’absence totale parfois de certaines
spécialités, risque de gêner encore plus ses activités futures et notamment celles
prescrites dans le cadre de cette étude avec la recherche continuelle d’une
complémentarité entre les stratégies existantes sur le terrain. Une révision de cette loi
des cadres est indispensable. Le recrutement d’agronomes, de zootechniciens, de
spécialistes de protection des végétaux (phytopathologie & entomologie) et
d’ingénieurs et de techniciens vulgarisateurs… revêt une importance extrême pour les
prochaines années.
Revoir l’approche de l’administration (le CRDA notamment et ses tutelles financières
et techniques) pour qu’elle adapte les moyens humains & financiers aux objectifs
fixés afin de parvenir :
A une adéquation entre les objectifs de développement de l’exploitation agricole
(= l’entreprise de production) et les différentes stratégies sectorielles financées sur
le budget ;
4 : Rapport du projet FIDA : Développement des petites & moyennes exploitations pour l’introduction du medic
dans le gouvernorat du Kef et de Siliana. Objectifs du projet, résumé et conclusion de la Mission de supervision
de novembre - décembre 1986.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
42
A éviter de réduire ses effectifs au moment où elle se fixe des objectifs élevés dans
le cadre de stratégies de production de céréales, de plantations fruitières, de
production animale… ou bien pour des périmètres irrigués qu’elle crée, non
seulement sans demander de moyens… mais en ne remplaçant pas les
vulgarisateurs qui partent à la retraite alors que c’est le seul moyen qu’elle a pour
réussir ces actions ;
A réussir la création de GDA en étudiant au préalable les centres d’intérêt qui
poussent les agriculteurs à s’unir & effectuer des actions en commun.
Organiser la transition dans les actions dans le temps, dans l’espace et pour le
financement.
Instaurer un pilotage unique pour coordonner les actions des stratégies existantes et
celles proposées. Pour assurer une synchronisation des actions inter-stratégies et
instaurer une synergie intra-stratégies (en faisant agir en parallèle les différents
acteurs : Administration, profession, exploitants, structures d’appui…) de sorte à
éviter au mieux les possibles « facteurs limitant » ; il est nécessaire de créer un Comité
Unique de Pilotage des Stratégies « CUPS » pour l’ensemble des stratégies
sectorielles,
Entrainer le staff du CRDA au « travail en équipe » entre les arrondissements
techniques pour rechercher une complémentarité entre les stratégies ainsi qu’entre les
spécialistes du CRDA et ceux de la recherche.
Charger le « CUPS » de préparer à l’intention des ingénieurs à recruter, des modèles
de Contrats de recrutement avec Obligations de Résultats « COR », précisant les
résultats attendus des contractuels, les avantages à leur allouer en cas d’obtention des
résultats, les délais impartis... Ces délais devant être contrôlés régulièrement par le
« CUPS ». Les normes de résultats attendus resteraient probablement discutables
durant les 1ères
années ; mais au vu de leur suivi, elles seront perfectionnées au fur et à
mesure de l’avancement de l’expérience, et deviendront ainsi un outil de mesure
précieux pour les progrès accomplis à travers le temps.
Prévoir les moyens humains, financiers et réglementaires nécessaires à l’adoption de
l’approche et à sa bonne exécution.
2.3.5. Chronologie des actions
Les retards enregistrés vers l’orientation du gouvernorat pour un développement durable qui
ressortent des précédentes analyses justifient la prise en considération d’une période
transitoire qui permet de « rattraper ces retards » tout en se préparant à une période de
« changements climatiques actifs » pour lesquelles des actions encore plus énergiques et
préparées à temps seront à envisager. On pense que cette période transitoire pourrait être
évaluée à une dizaine d’années.
Compte tenu du nombre d’actions à mener et des intervenants, il y a lieu de veiller à organiser
la transition dans toutes les actions en bien planifiant les phases dans le temps, dans l’espace
et en matière de financement entre le budget de l’Etat et les prises en charge progressives que
devra assurer la profession ou les individus notamment pour éviter toute erreur d’appréciation
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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par ex. l’erreur actuelle de mise en veilleuse de la vulgarisation étatique (par non
remplacement des vulgarisateurs) et la prise en charge supposée par une vulgarisation
professionnelle qui n’a pas encore vu le jour.
Il y a lieu d’agir simultanément sur 3 niveaux de temps :
Rattraper les retards enregistrés et prendre en considération la nécessité d’une période
transitoire (d’une dizaine d’années au moins) ;
Organiser la transition des actions dans le temps, dans l’espace et pour le
financement ;
Se préparer aux changements climatiques.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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3. Eléments de mise en œuvre des axes d’orientation
Les orientations stratégiques énumérées ci-haut seront traduites sur le terrain par des actions
qui pourraient donner au Gouvernorat du Kef un véritable rôle pilote pour les gouvernorats
avoisinants. Les systèmes agraires identifiés sont en effet représentatifs de l’ensemble des
gouvernorats du Nord-Ouest et en partie de ceux du Centre-Est, ce qui fait que les actions qui
seront proposées par l’ingénieur conseil peuvent en faire un Gouvernorat pilote et former un
test en « grandeur nature » extrapolable par la suite à ces gouvernorats. Ainsi :
Le système agro-sylvicole de montagnes du Nord du Kef (Agro-système I) se retrouve
en grande partie au Nord de Jendouba et de Béja ;
Le système agro-pastoral des reliefs collinaires (Agro-système II) se retrouve en partie
à Béja ;
Le système agro-pastoral des glacis (Agro-système III) se retrouve à l’Ouest du
gouvernorat de Jendouba et au Nord de Siliana ;
Le système agraire des hautes plaines (Agro-système IV) se retrouve dans la partie
Ouest du Gouvernorat de Béja pour ce qui est des hautes plaines de Zaafrane, le Kef et
le Sers ; alors que le système de Ksour, Kalâa Khasba… se retrouve aussi bien au Sud
de Siliana qu’au Nord de Kasserine ;
Le système irrigué (Agro-système V) représentant les périmètres d’irrigation
disséminés dans le gouvernorat et surtout dans les plaines de Zouarine et du Sers se
retrouve à Kasserine, au Gouvernorat de Siliana et au sud de Béja (Goubellat…).
Ce qui formera un atout supplémentaire aux autorités régionales qui auraient à négocier les
budgets annuels et pluriannuels avec les instances financières nationales ou internationales
pour défendre leurs demandes.
Une fois la problématique de non durabilité appréhendée et la plan d’action établi, la mise en
œuvre de ces orientations suppose notamment :
La réalisation d’un certain nombre d’études de détail des stratégies qui seront
proposées surtout pour hiérarchiser les priorités en fonction des menaces et les
formuler sous forme de projets à présenter aux sources de financement et à la
budgétisation ; les actions à impact économique rapide nous semblant prioritaires.
La mobilisation de moyens financiers nationaux publics et privés et la désignation des
maîtres d’œuvres.
Sachant que le budget 2009 (du MARH) est pratiquement bouclé en cette période de
l’année (Août 2008) et réexaminer dès l’achèvement des études, les transferts devront
être effectués de stratégie à stratégie pour démarrer l’application du plan d’action et
préparer, dès 2010 une budgétisation des interventions en fonction de ce plan d’action.
Un suivi rigoureux sera nécessaire notamment pour les actions de recherche et de
développement.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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A ce niveau et avant de présenter les éléments de mise en œuvre des orientations stratégiques,
l’étude aura à définir les aspects méthodologiques complémentaires à l’approche systèmes
agraires.
L’approche proposée dans les termes de référence se base sur les notions de systèmes agraires
et de système de production qui permettent de mieux cibler les interventions pour un
développement durable. Cette approche permet certes de regrouper les exploitations agricoles
selon les menaces sur les ressources naturelles mais les solutions à apporter, pour chaque
système agraire, restent variables et risquent de diluer la problématique du développement.
Dans la pratique, le ciblage basé sur les systèmes agraires présente des hétérogénéités liées
surtout à la viabilité des exploitations et à l’importance des potentialités naturelles qui
constituent des critères importants dans les décisions d’investissement et d’adoption des
technologies performantes. Sur cette base et partant des systèmes agraires identifiés, la prise
en considération des exploitations à solutions et à stratégie d’adaptation similaires (ESSAS)
est une condition nécessaire pour plus de précisions dans l’évaluation des perspectives de
développement dans le gouvernorat du Kef.
Par la suite, les éléments de mises en œuvre des axes de développement seront d’une part
calés par rapport à niveau stratégique partant de la mise en cohérence des stratégies
sectorielles et la définition de stratégies de réhabilitation et de mise à niveau des exploitations
et d’autre part en définissant les recommandations pour chaque systèmes agraires et des
objectifs spécifiques à chaque ESSAS.
3.1. Ajustement méthodologique : Ciblage des exploitations à orientations
similaires
Le ciblage des exploitations à orientations similaires est nécessaire du fait que les systèmes
agraires identifiés présentent des hétérogénéités quant aux solutions à apporter aux
exploitations dont les stratégies futures peuvent varier. En effet et à l’échelle d’un même
système agraire, la taille représente un indicateur assez significatif de différenciation entre les
exploitations non durables et celles ayant des marges et des perspectives d’amélioration.
Les agro-systèmes qui ont pu être identifiés dans la 2ème
phase de l’étude montrent de grandes
similitudes entre eux dans la problématique de la non durabilité de l’agriculture du
gouvernorat, sauf sur le plan climatique qui varie beaucoup d’un système à l’autre, de même
qu’ils montrent des marges de progrès certains que l’agriculture du gouvernorat n’a pu réalisé
jusqu’à présent.
Ainsi, on peut dire qu’en plus de la climatologie, la problématique de la durabilité (ou non
durabilité) dans sa forme actuelle et les principales menaces aux agro-systèmes et leur
synergie avec les ressources naturelles employées par l’agriculteur résulte de nombreux
indicateurs qui apparaissent sur le plan agro-écologique (disponibilité des ressources,
spécifications des sols, choix technologiques, érosion chimique, érosion hydrique…),
économique (coûts de production, coûts des équipements, prix de l’énergie, prix des intrants,
difficultés de commercialisation, prix des produits agricoles et revenu de l’exploitant au sein
de chaque système …), structurel (situation foncière, taille de l’exploitation, morcellement…)
et financier (endettement, faiblesse des moyens humains et financiers de l’agriculteur, crédit,
autofinancement, encadrement).
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phase
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Les axes stratégiques de durabilité de l’agriculture du Kef doivent à la fois résoudre ces
contraintes, qu’on retrouve et qui se recoupent dans les différents systèmes, et leur apporter
les changements en profondeur nécessaires pour remédier à sa problématique interne, et, en
même temps, faire face aux importantes menaces à travers la dégradation de l’environnement
agro-écologique suite aux changements climatiques.
D’où l’intérêt, dans l’élaboration des orientations stratégiques, de concevoir ces orientations
non pas contrainte par contrainte et système par système, mais plutôt en dégageant des
groupes-cibles assez homogènes pour leurs contraintes et pour leurs solutions vis à vis des
menaces ; c’est-à-dire élaborer des orientations stratégiques selon 2 possibilités :
soit selon les menaces qui régissent actuellement chaque système…., au risque de voir
les solutions se multiplier et diverger d’un système à l’autre du fait des nombreuses
contraintes qu’il subit; la problématique de la durabilité, par voie de conséquence, se
verra diluée dans une infinité d’orientations et de mesures à prendre…,
soit selon les possibilités techniques et économiques d’améliorations que renferment
les exploitations utilisatrices des ressources de chaque système tout en tenant compte
des menaces. Ceci permettra de faire ressortir des groupes d’exploitations à solutions
et stratégies d’adaptation similaires dans les divers systèmes qu’on dénommera dans
l’étude des groupes d’ESSAS.
Cette seconde alternative forme la meilleure approche pour définir aussi bien les orientations
à recommander, que les stratégies d’adaptation et qu’un plan d’action.
Quatre groupes d’ESSAS sont d’emblée identifiables à partir de l’analyse de la situation et
peuvent être ainsi caractérisés :
1. Le groupe des ESSAS intensificatrices ;
2. Le groupe des ESSAS intensifiables ;
3. Le groupe des ESSAS remodelables ; et
4. Le groupe des ESSAS non durables.
Nous adopterons donc cette approche par groupes d’exploitations à solutions et stratégies
d’adaptation similaires (ESSAS) d’égal potentiel dans la suite de l’étude.
3.1.1. Le groupe des ESSAS intensificatrices
Il s’agit du groupe d’exploitations à solutions et stratégies d’adaptation similaires dans les
différents systèmes et sous-systèmes qui présentent aujourd’hui des indicateurs de durabilité
satisfaisants, mais pour lesquels il reste des marges de progrès possibles à réaliser dès à
présent avant changements climatiques en vue d’être mieux outillés justement devant ces
menaces.
L’objectif final est de faire de ces ESSAS des « locomotives » pour le secteur, c’est-à-dire des
exploitations qui peuvent produire plus et générer en même temps des activités agricoles,
para-agricoles ou agroalimentaires intéressantes pour le développement durable de la région et
pour contribuer à alléger la demande régionale d’emplois agricoles. Cette demande d’emplois
agricoles devant, à son tour et en toute logique, se réduire dans le temps pour laisser place à
une mécanisation plus étudiée, capable de comprimer les coûts de production. Dans cette
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
47
catégorie, on peut classer notamment et moyennant des actions techniques, économiques ou
financières pour les améliorer, une partie des exploitations des systèmes dénommés:
Système des hautes plaines,
Système irrigué dont notamment le sous-système de K. Khasba et SK2,
Presque tous les systèmes adoptés par les exploitations de taille grande ou moyenne
(surtout celles en faire valoir direct ; les exploitations constituées en grande partie de
parcelles louées font plutôt partie du groupe des ESSAS intensifiables).
3.1.2. Le groupe des ESSAS intensifiables
Ce sont les systèmes et sous-systèmes qui présentent des indicateurs de durabilité insuffisants
aujourd’hui et encore plus après des changements climatiques éventuels, mais qui pourraient,
avec de meilleurs choix technologiques, une législation et des actions vigoureuses et
concertées de l’administration, une solution à mettre au point pour l’endettement des
agriculteurs, des encouragements bien ciblés, etc. trouver des possibilités d’intensification qui
améliorera leur durabilité. C’est le cas du :
Système agro-sylvo-pastoral du Nord
Système des reliefs collinaires Est
Système des glacis Nord
Sous-système d’agriculture intégrée sec/irrigué de Sidi A. Essalah
Système irrigué / Sous-système de Abida et périmètres similaires
3.1.3. Le groupe des ESSAS remodelables
Dans les différents systèmes et sous-systèmes qui présentent aujourd’hui des indicateurs de
non-durabilité, le groupe des ESSAS remodelables est représenté par les exploitations sujettes
à des menaces et pour lesquels des actions de grande à très grande envergure seraient
nécessaires pour les remodeler et les remettre dans un circuit de durabilité technique et
économique à moyen et long termes.
Il s’agit en fait d’exploitations occupant des situations extrêmes : Trop morcelées, trop
petites, occupant des sols érodés ou en cours d’érosion…, dont les ayant-droits sont souvent
absents pour des raisons de pluriactivité (ou autres) et dont la situation ne peut être améliorée
que par une réforme agraire qui essaiera, d’une part, d’extraire des lots viables à partir de ces
agrégats au profit des exploitants les mieux motivés et des jeunes dynamiques parmi la
population existante ; et d’autre part, d’encourager les autres au départ par des incitations à la
vente au profit des descendants ou des voisins, par des possibilités de reconversion, dans
l’agriculture ou en dehors de l’agriculture…. Ces possibilités n’existant pas toujours, seraient
à créer parfois de toutes pièces.
Il serait prétentieux et irraisonnable, de la part de l’ingénieur-conseil, de penser à proposer un
remodelage de l’ensemble des exploitations concernées aujourd’hui. Ce sont plutôt des
action-pilotes et des actions-tests qui peuvent être imaginées et proposées s’il y a une volonté
de financer et d’encadrer ce genre d’intervention. Les terres domaniales, pouvant dans
certaines situations, contribuer à la solution du problème.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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Dans le cas contraire, le remodelage devra attendre de longues années. La situation
pourrissant davantage, une prise de conscience suffisante parmi les populations concernées
permettrait alors une réanimation du marché foncier pour que ventes, achats des terrains, et
donc, reprise des investissements aient lieu dans le bon sens. La menace des changements
climatiques aurait sans doute aggravé les défis à surmonter…. Cette seconde hypothèse
demanderait nécessairement beaucoup plus de temps, et c’est ce qui nous a amené à faire ces
propositions. Les systèmes les plus concernés par ces ESSAS remodelables sont ceux qui
souffrent le plus de contraintes pédoclimatiques ou topographiques extrêmes tels :
Le système des reliefs collinaires Ouest & Sud-Ouest ;
Le système des glacis Ouest ;
Le système des glacis Centre-Est ;
Le système des plaines Ouest et Sud avec en particulier le sous-système de Kalâat
Snane (El Felta) ;
Dans le système irrigué c’est le sous-système d’El Ksour - Ain Ksiba et une partie du
sous-système des périmètres publics irrigués. Il s’agit des exploitants qui disposent de
parcelles éparpillées : Les unes sous régime pluvial et d’autres irriguées mais sans
intégration entre elles, et pour lesquelles, il est souhaitable de profiter de l’approche
des programmes de remodelage.
3.1.4. Le groupe des ESSAS non durables
Ce sont les systèmes et sous-systèmes qui présentent des indicateurs de non-durabilité et pour
lesquels des actions de très grande envergure seraient trop coûteuses et non justifiées en ce
moment ; c’est le cas d’une grande partie du système des plaines Ouest et Sud, et de tous les
systèmes « remodelables » pour lesquels il n’y aurait pas eu d’option pour un remodelage
organisé à court ou moyen terme.
3.2. Correctifs de mise en cohérence des stratégies sectorielles
Dans ce qui suit, on présente les éléments d’une ébauche de réflexion permettant la mise en
cohérence des stratégies sectorielles de gestion des ressources naturelles.
3.2.1. Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins de la région
Dans la conception de cette stratégie, il y a lieu d’introduire 3 idées nouvelles dans ses
priorités d’action qui viendront compléter la panoplie d’actions qu’on proposera par la suite
pour les stratégies de production et ce, dans le but d’améliorer la contribution des forêts dans
le bilan fourrager, actuellement très défaillant, à savoir :
Revoir le choix des espèces utilisées pour le reboisement et baser l’action sur des
reboisements comportant au moins 50% d’espèces arbustives fourragères (en dehors
de l’acacia dont les résultats ne semblent pas suffisamment performants) pour
améliorer l’alimentation animale…,
Introduire des techniques de ressemis, en sous bois, d’espèces fourragères et pastorales
herbacées de bonne valeur fourragère simultanément avec les programmes de
reboisement…,
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Utiliser seulement de la main d’œuvre, jeune notamment, au lieu des travaux
mécaniques, pour servir des salaires à la population et lui donner des moyens de
financer leurs campagnes agricoles sur les petites parcelles qu’ils cultivent.
3.2.2. Mise en cohérence de la stratégie de CES
Dans la conception et l’exécution de cette stratégie de CES, il y a lieu de réaliser les
interventions de CES après « l’étude du plan foncier du bassin versant et la réalisation d’un
remembrement » de sorte que l’exploitant soit mis à la fin des travaux de CES en présence
d’une exploitation remembrée où il peut appliquer un système de production durable où se
justifient de nouveaux investissements.
3.2.3. Reformulation des objectifs régionaux de la stratégie de l’eau
La pluviométrie irrégulière, et souvent insuffisante, qu’on retrouve dans les différents
systèmes agraires du gouvernorat invite à la recherche d’une approche qui permette une
meilleure adéquation entre les rotations, l’intégration de l’élevage, les facteurs de production
et les besoins en eau des cultures ou de l’exploitation ; d’où nécessité de voir pour chaque cas
les possibilités d’apporter un complément d’eau à ces systèmes sous régime pluvial partout où
cela est possible et partout où l’exploitant le demande.
La stratégie de l’eau, dans l’avenir, au lieu de rechercher systématiquement les possibilités de
créer des périmètres irrigués nouveaux quand il existe une ressource en eau, devra intégrer
dans sa conception :
des systèmes de distribution « à la demande » des eaux mobilisées dans des ouvrages
(barrages, lacs collinaires…) pour permettre aux agriculteurs avoisinants de bénéficier
de l’eau à la demande, soit pour pouvoir donner des irrigations d’appoint à un certain
nombre de parcelles, optimiser l’alimentation des cultures en eau et introduire un
facteur de stabilisation de la production de l’exploitation ; soit conduire une de leurs
parcelles en irrigué (par ex. pour le besoin en verdure du cheptel)… et permettre une
intégration rationnelle de l’élevage souhaitable pour l’amélioration de la productivité
des grandes cultures et de l’exploitation globalement.
Un encouragement systématique à l’exploitation des nappes existantes dans les
exploitations conduites en régime pluvial, et toujours dans le même but.
Tous types de récupération des eaux de ruissellement pour les cultures… au sein de
l’exploitation.
L’élément essentiel à introduire dans l’approche étant de rompre avec cette bicéphalie (sec
irrigué) et de développer toute opportunité de correction de la pluviométrie par l’irrigation,
chaque fois qu’il est possible d’adopter cet élément de Mise à Niveau : Les exploitations qui
recherchent un meilleur pilotage de leurs productions profiteraient d’un type de semi-
intensification qui assurerait aux exploitants une stabilisation minimale de leur revenu, un
genre de « Revenu Minimum Garanti malgré les Aléas ».
Un effort de recherche d’autres systèmes de distribution et de mobilisation de l’eau à moindre
coût unitaire peut compléter l’approche pour toucher le maximum de demandeurs motivés et
les aidera dans la mise à niveau de leurs exploitations. Les Grandes et Moyennes
Exploitations - qui pourraient disposer d’un appoint d’eau dans ce contexte - seraient mieux à
même de s’orienter vers des assolements céréalier/fourrager (quadriennal, triennal ou biennal)
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CNEA / Rapport de la 3ème
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avec élevage bovin ou ovin très rentables du fait même que l’exploitation, mise à niveau, peut
assurer sur place au troupeau la majeure partie de sa ration alimentaire. Ainsi, peuvent être
réalisés simultanément une plus grande autonomie alimentaire, une nette amélioration des
rendements des cultures et de la production animale, et une grande réduction des importations
de céréales et d’aliments du bétail… Il reste entendu qu’une optimisation de l’approche,
placerait ces interventions après le remembrement que l’AFA réaliserait dans les exploitations
concernées.
3.3. Eléments de stratégies de développement de la production
3.3.1. Principes de base
Les stratégies de développement de la production à mettre en place (1) s’inspireront des
acquis certains de la recherche dans ses aspects techniques et économiques pour tout ce qui
est développement, (2) présentent des propositions de solutions et d’actions pour tout ce qui a
un caractère social et (3) suggère, au vu de l’expérience passée, des action de structuration de
la profession à partir de la base avec un soutien de l’administration au démarrage et un lâcher
progressif au vu des résultats. On fera notamment la distinction entre :
des actions qui ciblent l’essor de l’exploitation économiquement viable et dont la
durabilité peut être acquise ou améliorée dès le court terme,
des actions à caractère structurel ou administratif qui sont de nature à améliorer et
pérenniser les actions proposées pour les 10 prochaines années au titre d’un rattrapage
des retards et qui serviront de préparation aux défis climatiques attendus par la suite.
des actions à caractère social qui ciblent les exploitations peu viables et non durables.
La disparition progressive et l’absorption de ces exploitations avec le départ ou la
reconversion des exploitants sont prévisibles à moyen terme. La prise en main de ces
actions par les autorités régionales est souhaitable, si celles-ci s’organisent pour une
coordination en profondeur et minutieuse des transformations complexes qu’aura à
subir le milieu rural surtout que ce milieu a été fortement urbanisé, et que cette
transformation risque d’être accompagnée d’un exode de jeunes et d’un certain
abandon de terres qui aggravent les menaces découlant de ces changements du fait de
la campagne déficitaire 2007-2008.
3.3.2. Stratégies de réhabilitation et l’exploitation agricole et de sa mise à niveau
pour un développement durable
Le développement à proprement parler de la production nécessite des stratégies qui
envisagent aussi bien les aspects techniques tendant vers une optimisation de l’emploi des
ressources (facteurs de production) au sein de l’exploitation que les aspects humains
(notamment la promotion sociale de l’exploitant, organisation de la profession…) et
financiers (gestion, crédits, autofinancement et amélioration de son revenu amélioration du
revenu de l’exploitant …) qui concourent à cette optimisation et sans lesquels l’action risque
de n’avoir qu’un impact très partiel ou sans lendemain.
En conséquence, on traitera ci-après de 5 volets qui doivent être menées en parallèle ; elles
concerneront successivement :
La Réhabilitation de l’Exploitation Agricole et sa Mise à Niveau,
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phase
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La promotion sociale et financière de l’exploitant,
La restructuration foncière,
Le développement des structures d’appui étatiques et professionnelles, et
Le financement et les soutiens financiers.
3.3.2.1. Volet 1 : « La réhabilitation et la mise à niveau de l’exploitation agricole »
Durant ces dernières décennies, le développement de l’agriculture n’a cessé d’être conçu dans
le gouvernorat du Kef, que comme la somme des développements des différents sous-secteurs
de l’agriculture (la céréaliculture, l’arboriculture, les cultures maraîchères, l’élevage…),
oubliant par la même le creuset commun où s’entremêlent ces activités et les synergies qui
pouvaient activer ou opposer les développements respectifs de ces sous-secteurs, c’est-à-dire
qu’on a omis l’entreprise, « = l’Exploitation agricole », où se réalise le développement.
Un seul exemple peut montrer jusqu’à quel point cette approche est discutable : Pour le Nord
de la Tunisie, on n’a pas cessé de fixer des objectifs d’occupation du sol par les céréales à 800
ou 850 mille ha/an, alors que cette superficie n’avait cessée d’être grignotée par
l’arboriculture (274 748 ha ont été plantés entre 1986 et 2005) et par les périmètres irrigués
créés (208 085 ha jusqu’en 2005) soit 482 813 ha prélevés pour ces spéculations.
Il s’agit donc de réhabiliter le rôle de l’exploitation agricole en tant qu’entreprise de base de
l’économie agricole et d’essayer de cerner les principes qui permettraient le démarrage d’un
programme de mise à niveau et de développement… Ce qui implique une approche innovante
en matière de recherche, de développement (notamment révolution fourragère, intégration
PV/PA et vulgarisation), de gestion de l’exploitation et de la nécessaire mécanisation, afin de
donner une durabilité satisfaisante aux actions à entreprendre sous l’impact de la double
urgence économique et climatique. Il y aura lieu en particulier de :
Orienter les programmes de recherche en fonction des strates d’exploitations à mettre
à niveau dans la région ;
Adopter des programmes de recherche multidisciplinaires « agriculture - élevage -
changements climatiques et économiques » adaptée à la région ;
Recruter des chercheurs pour les maladies fongiques et les parasites qui vont
augmenter avec les changements climatiques ;
Adopter des programmes de développement basés sur l’adoption d’assolements
équilibrés aux conditions du climat et du sol et intégrant les productions végétales et
les productions animales ;
Corriger l’option de diversification par l’arboriculture (y compris l’olivier) pour ne
conserver que les plantations rationnellement faites et gêner le moins possible le
développement des grandes cultures et de l’élevage ;
Sélectionner les groupes d’ESSAS où on peut recommander l’application de résultats
pertinents de la recherche sur la base de projets qui ont été performants à différents
niveaux dans la bonne gouvernance et la bonne gestion : à l’instar des projets « Ferme
Frétissa », « INRAT sur systèmes agraires », « FIDA pour médicago » ou de la « thèse
sur flore du Sud Ouest du Kef ».
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phase
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Favoriser une réorientation des investissements hydrauliques vers l’irrigation
d’appoint qui doit être développée partout où elle peut améliorer et stabiliser la
production des exploitations conduites en régime pluvial, et ce, notamment en lieu et
place de la création de PPI ou des investissements en économie d’eau.
3.3.2.2. Volet 2 : « La promotion sociale et financière de l’exploitant »
Ce volet, doit cibler l’exploitant agricole comme moteur et moyen du développement de la
production par le biais de l’amélioration du revenu familial qu’il s’agisse d’un revenu garanti
par une meilleure gestion de l’exploitation seule ou d’un revenu provenant d’une pluriactivité
qui peut générer des réinvestissements dans l’agriculture.
Il y aura lieu en particulier de :
Trouver une voie pour surmonter l’endettement des petits exploitants à travers
notamment « des projets de crédit supervisés » pour les ESSAS intensifiables & « la
pluriactivité dans toutes sortes de grands chantiers régionaux » pour les ESSAS
remodelables. Cette approche visant à trouver des moyens de financer les campagnes
et les investissements nécessaires aux grandes cultures et à l’élevage sans recours à un
crédit contraignant que l’exploitation reconnue non solvable ne peut supporter.
Redonner plus d’importance à l’encadrement de l’exploitant pour améliorer sa
technicité & le préparer à son nouveau rôle.
Installer davantage d’ingénieurs diplômés des Ecoles d’Agriculture comme
exploitants, dans la région, ce qui suppose entre-autre pour ce gouvernorat pilote, de
favoriser progressivement la reconversion d’une partie des exploitants en dehors de
l’agriculture pour les ESSAS non durables, et partiellement pour les ESSAS
remodelables.
Pousser les exploitants actuels à encourager les jeunes membres de leur famille à
recevoir une formation diplômante en agriculture et à s’intégrer dans le secteur.
Favoriser, si possible, à titre pilote pour ce gouvernorat, la promulgation d’une
législation qui permet d’activer la relève des exploitants âgés par des jeunes grâce à de
fortes primes de départs pour les uns et des primes de 1ère
installation pour les autres.
Faciliter la création d’un réseau de centres de machinisme agricole (de quelques
formes juridiques que ce soit) dirigés par des ingénieurs spécialisés pour la fourniture
de services de location des moyens mécaniques dont l’achat n’est même plus à la
portée des grands agriculteurs.
3.3.2.3. Volet 3 : « La restructuration foncière »
La contrainte foncière amplement évoquée dans l’étude favorise largement les menaces
encourues par l’exploitation, et malgré qu’elle relève dans la plupart des cas, de décisions au
niveau national, et vu les très faibles progrès faits dans ce sens, on essayera d’orienter le
niveau régional vers des actions partielles à tester pour améliorer l’impact des autres axes et
leur donner plus d’efficience.
En particulier, cette restructuration doit rechercher les solutions les plus adaptées pour
résoudre le problème :
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des 1.800 exploitations qui ont une taille supérieure à 50 ha et couvrant 212.000 ha qui
souffrent dans la plupart des cas de morcellement pour en faire des exploitations
réellement intensificatrices ;
pour les 5.700 exploitations de 10 à 50 ha qui couvrent 122.300 ha et dont une bonne
tranche forme des ESSAS intensifiables qu’il s’agit de sauvegarder, elles souffrent
également dans la plupart des cas de morcellement ou d’insuffisance de superficie
pour qu’une partie au moins devienne durable avant l’échéance de 2024 ;
pour les 4.200 exploitations de 5 à 10 ha (couvrant 34.900 ha), une partie est formée
d’exploitations irriguées et intensifiables qui pourraient mettre à profit le plan
d’action. Le reste – cultivé en sec – doit être, en partie, remodelé ou mis sur le marché
foncier par des encouragements à déterminer dans le cadre de cette idée de projet pour
permettre le remodelage souhaitable ;
enfin sur les 6.800 exploitations inférieures à 5 ha (couvrant 10.300 ha) et en dehors
de l’irrigué ces exploitations sont essentiellement des ESSAS non durables. La plus
grosse partie est également à mettre sur le marché foncier par des encouragements à
déterminer dans le cadre de cette idée de projet pour permettre le remodelage
souhaitable.
Aussi les textes qui seraient à prendre pour tester la meilleure formule d’intervention et donc
doivent être suffisamment encourageants pour sortir du cercle vicieux du foncier. Ils doivent
avoir pour objectifs non seulement de lutter contre la poursuite du découpage des
exploitations mais également de favoriser le remembrement, la constitution d’exploitations
durables, l’encouragement au départ des agriculteurs âgés, l’installation d’ingénieurs-
exploitants… d’une part, et d’autre part, il doivent s’attaquer à la définition de la notion
« d’exploitation » qui ne doit pas être forcément basée sur la propriété de la terre, mais qui
pourrait intégrer des terres en fermage ou en location sous une forme sécurisante pour un
certain temps à l’exploitant…
3.3.2.4. Volet 4 : « Le développement des structures d'appui étatiques et professionnelles »
Les structures d’appui visées dans ce paragraphe sont la recherche et l’enseignement, la
vulgarisation et les services à mettre à la disposition de l’exploitant. L’orientation générale
dans le pays étant de passer des structures créées par l’Etat à des structures professionnelles,
on traitera donc ci-après, pour ce qui est du Kef, de la recherche, de la vulgarisation et des
services d’appui, et on essaiera de voir pour chaque type de structure ce qui est étatique et
professionnel, et dans quelles conditions la stratégie peut préparer le passage de l’un à l’autre.
3.3.2.4.1. La recherche et l’enseignement agricoles comme structures d’appui
Appelée à jouer un rôle fondamental dans le développement de la région pour réussir les
objectifs de la période transitoire et pour préparer le secteur à ces changements, la nouvelle
stratégie à mettre en place pour le développement de la recherche devra notamment intégrer
les principaux composants des systèmes agraires présents dans la région, et en examiner
régulièrement l’aspect économique (rentabilité) : Soit les productions végétales dont
notamment les grandes cultures, l’élevage ovin d’abord et ensuite bovin, et enfin les
changements climatiques attendus. Alors que pour l’enseignement agricole, on peut dire
seulement qu’une réorientation est nécessaire et devra cibler la formation d’ingénieurs à
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installer sur des exploitations en liaison avec l’AFA et les nouvelles voies que celle-ci devra
mettre en place pour faire évoluer le nombre d’ingénieurs-exploitants installés dans la région.
Ainsi, l’ESAK et l’AFA sont-ils invités à préparer et installer en nombre suffisant des
ingénieurs-exploitants, alors qu’un programme décennal de recherche devra être préparé,
financé et voir le jour avant la période de transition. Il devra inclure notamment :
Pour le Nord du gouvernorat :
L’introduction de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés d’espèces
résistantes de grandes cultures adaptées aux hivers froids,
L’introduction de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés valorisant
l’irrigation,
La recherche de rotations riches en protéines et de développement du ley-farming
avec réintroduction du médicago,
La recherche d’itinéraires techniques plus économes en énergie et en intrants,
La recherche en génie rural de systèmes de mobilisation et de distribution de l’eau
moins onéreux,
L’adoption de programmes différenciés pour la petite et la grande exploitation ;
La mise en place d’un réseau plus dense pour les relevés météorologiques.
Pour l’Ouest et le Sud du gouvernorat :
La poursuite des travaux sur les plantes médicinales et mellifères, et
La mise en place d’un programme de recherche sur les parcours, espèces, écotypes
locaux et techniques d’exploitation.
Pour la production animale : L’absence d’un programme de sélection ovine est très
préjudiciable pour la région, et forme un défi à relever au plus vite pour l’amélioration
de l’adaptabilité et de la productivité du cheptel. Ainsi, on propose :
D’envisager la réintroduction du mérinos et d’établir un programme de recherche
et de croisements avec les races « queues fines »,
D’établir un programme de recherche sur l’alimentation bovine à partir de
composants locaux pour réduire les coûts de production, et
De doter, la recherche, de zootechniciens et de véritables spécialistes-matière en
élevage.
Ainsi, donc, la stratégie proposée pour la recherche reste essentiellement étatique durant la
période transitoire, et certainement bien après à l’exception du CTC qui a un rôle à jouer au
niveau du Kef. L’intéressement de la profession doit donc se faire à 2 niveaux :
Niveau 1 : Il y a lieu de prévoir la constitution (ou la révision de la composition) d’un
conseil régional de la recherche et d’y intégrer - en plus des représentants des
différentes institutions de recherche et des élus locaux - des agriculteurs (grands et
petits) des différents systèmes agraires identifiés et quelques sages nationaux ou
régionaux (anciens responsables de l’agriculture qui connaissent bien les problèmes de
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la région) ; Ces 2 types de membres nouveaux étant sélectionnés pour leurs
compétences individuelles.
Niveau 2 : Comme il faut redonner au CTC son caractère professionnel initial et de
structure d’adaptation des variétés et technologies nouvelles, gérée par la profession et
pour répondre aux soucis exprimés par la profession, le soutien à lui accorder ne doit
pas être sous forme de personnel administratif mais seulement financier pour couvrir
la totalité de son programme au début mais en allant crescendo peut être complètement
pris en charge par la profession au bout d’un délai logique avec les moyens de la
profession.
3.3.2.4.2. La vulgarisation agricole en tant que structure d’appui
La vulgarisation forme, avec la recherche, un outil fondamental pour communiquer tout
message à l’agriculteur. Par la création d’un réseau de CTV proche de l’exploitation, les
pouvoirs publics avaient ciblé, dans les années 70 de transmettre notamment le message
technique destiné à améliorer le rendement et la productivité des cultures. Dans les années 80,
la création de l’AVFA, et des CRA au sein de ces CTV, visait, en plus l’introduction de tous
autres messages de production animale, financiers, de pêche… et structurels ; mais, dans la
pratique et avec la décentralisation des CRDA, les CTV et CRA sont devenues des cellules
administratives, dans lesquelles l’occupation du « poste fonctionnel » et les tâches de
collectes de données avaient plus d’importance que la transmission de messages…
La situation s’est aggravée par la grande réduction des recrutements de cadres et les départs à
la retraite d’un grand nombre de vulgarisateurs, au point que certaines CTV et CRA ont été
fermés. L’absence de renouvellement de l’équipement, le contingentement du carburant et des
autres moyens de travail, la masse du travail administratif, le nombre de réunions…, auxquels
ces cellules sont aujourd’hui contraintes, ont entraîné un affaiblissement des services de
vulgarisation durant les décennies 90 et 2000.
La volonté de l’Administration qui est apparue entre-temps, de se désister de cette activité au
profit de la profession a été prise sans aucune préparation de celle-ci à cette tâche, et sans un
calendrier logique à cette fin, ont fait rendu la vulgarisation tout à fait inopérante en dehors de
quelques CTV, dotés de bons ingénieurs qui ont essayé de maintenir leurs CTV à flot.
Actuellement, il y a un besoin urgent de redéfinition du rôle du vulgarisateur (notamment
pour des thèmes nouveaux tels : encourager l’agrandissement & le remembrement de
l’exploitation, encourager le rajeunissement des exploitants & l’habitat sur place, réactiver le
marché foncier pour parvenir à ces deux fins, favoriser le dialogue et le travail en commun
entre agriculteurs comme 1ère
étape à la structuration de la profession…) et de l’approche de
la vulgarisation (conception, préparation et transmission du message…).
Il y a donc lieu de proposer les principes qui devront régir les solutions à tester au niveau du
gouvernorat pilote du Kef, et qui seront présentés dans le plan d’action, pour :
Redéfinir des rôles durant la période transitoire et réactiver la fonction
« vulgarisation » ;
Redéfinir l’approche de la vulgarisation (conception, préparation et transmission du
message…) ;
Préparer entre-temps la profession à ses nouvelles tâches ;
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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Prévoir un calendrier pour les étapes à suivre pour tous les acteurs concernés, en
parallèle avec les actions prévues ;
Prévoir une assistance financière importante pour la période transitoire en attendant
que l’ensemble des réformes ait lieu avant cette prise en charge ; et
Tenir compte du fait que ce genre d’activité ne peut être du ressort de l’URAP et que
de nouveaux acteurs sont indispensables.
3.3.2.4.3. Les services à l’amont et à l’aval de la production
La structuration de la profession, notamment par la création de structures de services, est un
ancien vœu même sur le plan national. Il n’a pu être exhaussé à ce jour. Les raisons
principales de ce retard, tels qu’on a pu les observer sur le terrain, reviennent à :
La rigidité des textes promulgués à cet effet, qui définissaient des modèles souvent
inadaptés aux vœux et aux centres d’intérêt des exploitants (car préparés en l’absence
de ceux-ci et sans dialogue préalable), et des taux d’autofinancement élevés par
rapport à leurs capacités,
La cadence trop rapide avec laquelle ces textes étaient modifiés,
L’absence d’une approche sur la façon de les présenter à l’agriculteur pour le
convaincre de leur utilité,
Une insuffisance de l’aide financière et humaine prévues, incompatibles avec le rôle
énorme qu’on cherche à leur donner et pour un décollage réel du système,
L’absence d’une liaison fonctionnelle entre la volonté de structuration de la profession
et les Offices de l’Etat et les anciennes coopératives centrales héritées de la
colonisation, qui pourraient, par un « essaimage » organisé, créer bon nombre de ces
structures,
L’absence d’une liaison fonctionnelle entre la volonté de structuration de la profession
et les programmes d’emploi et d’intégration des jeunes diplômés, et
La situation foncière des exploitations qui ne milite pas en faveur de toute
intensification ou structuration.
Toutefois et dans l’état actuel des choses, on ne peut plus raisonner seulement pour des
structures émanant des agriculteurs, mais également, de structures à caractère commercial
privées (notamment pour les travaux mécaniques pour surmonter les difficultés actuelles de
faire faire à temps les travaux « de bonne qualité » exigés par les cultures), même si cela doit
se traduire par une élévation des coûts de production, problème auquel on aura à s’attaquer
par ailleurs.
La présente stratégie traitera de 3 types de structuration (celle à faire émaner de l’agriculteur,
celle pouvant être provoquée pour l’emploi des jeunes diplômés spécialisés et celle émanant
d’organismes publics ou parapublics existants) :
Structuration à faire émaner de l’agriculteur :
Arriver à convaincre l’agriculteur de la nécessité de se doter de structures (coopératives,
groupements ou sociétés...) qui émanent de lui…, où il doit s’intégrer…, y prendre un
rôle actif… fait partie des tâches d’une vulgarisation compétente, à la condition que les
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phase
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réglementations et les subventions prévues soient alléchantes. Pour ce, il faudrait que
les textes promulgués soient préparés, après un dialogue préalable avec les exploitants
concernés, adaptés à leurs vœux et à leurs centres d’intérêt, qu’ils prévoient des taux
d’autofinancement plus faibles, en rapport avec leurs capacités financières réelles et,
enfin que ces textes ne soient pas modifiés trop rapidement.
Par ailleurs, l’approche - pour la création de cette structure - ne doit pas s’appuyer
seulement sur le bénévolat du bureau de la coopérative ou du groupement à créer…, mais
également sur des employés à motiver et à intéresser aux résultats de cette structure ; elle-
même, conçue comme une autre entreprise qui doit rendre compte de ses résultats.
En résumé, s’agissant donc de développer « l’esprit professionnel » dans le milieu
agricole où les notions de mutualité se sont perdus en vu de favoriser, ensuite, la création
de structures de base qui rencontrent l’intérêt et l’adhésion des exploitants…,
l’Administration qui a pour tâche de préparer et de défendre ces textes auprès des
pouvoirs publics, doit prévoir des mesures en conséquence qui allèchent réellement
l’agriculteur, c’est-à-dire des mesures d’encouragements financières, motivantes, directes
et non pas des mesures de non-imposition ou de défiscalisation… dont l’agriculteur ne
perçoit pas l’impact. Les services de vulgarisation devant agir par la suite dans le même
sens pour convaincre et attirer l’agriculteur vers l’adoption de ces textes et leur mise en
pratique.
C’est un travail à la chaîne, structuré, bien préparé qui doit prévaloir chez tous les
maillons de cette chaîne.
L’installation en nombre d’ingénieurs diplômés des Ecoles d’Agriculture comme
exploitants peut beaucoup aider à cette transformation des esprits ; ces diplômés
formeront le premier tissu de cadres capables d’engager la région sur de meilleures voies,
et rayonneront là où ils seront installés par la création de ces structures de base, et ensuite
par l’agrégation de ces structures en entités responsables de la profession pour aboutir
enfin à la formation d’une pyramide professionnelle : groupements professionnels,
chambres d’agriculture…
Structuration à provoquer à travers l’emploi des jeunes diplômés spécialisés :
Il existe actuellement quelques structures de services de diverses natures (agences des
Offices de l’Etat, de l’OEP, de coopératives centrales, de CSA, GDA…) dont l’existence
remonte à diverses périodes de l’histoire contemporaine du Kef. Il n’y a pas lieu, pour le
moment, de les remettre en cause pour proposer d’autres standards d’organisation….
Mais, compte tenu de l’insuffisance du matériel agricole dans la région, sa vétusté et la
nécessité de le remplacer par un matériel mieux adapté aux besoins du secteur, moins
énergivore et qui réduit les pertes après récolte…, et en attendant que des structures entre
agriculteurs puissent voir le jour, il est indispensable que du matériel soit acquis et mis en
service ; ce qui est difficile car ce matériel coûte cher, et les banques demandent des
garanties importantes pour financer son acquisition.
La solution résiderait dans l’intégration des diplômés de l’Ecole de machinisme de
Medjez El Bab dans une politique d’équipement & de mécanisation adaptés à la région.
Ce qui apportera à la région équipements et emplois et le développement d’un modèle de
structures d’appui privées fiables, car mises entre les mains d’experts…. Il s’agira donc
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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d’engager ces jeunes sur cette voie et de préparer une approche avec la BTS pour les
aider à s’installer rapidement.
Structuration par essaimage :
L’Office des céréales (OC) et les Coopératives centrales (et peut-être certains autres
Offices) possèdent certaines structures (centres de collecte et d’approvisionnement en
engrais notamment) qui pourraient faire l’objet d’un essaimage sous forme de
coopératives ou de sociétés au profit des agriculteurs locaux et de la main d’œuvre y
travaillant. L’opération sera faite par cession à un groupe d’agriculteurs de la localité
avec un ou deux ingénieurs sous forme d’un crédit payable selon des modalités
acceptables. La gestion sera sous le contrôle de l’Office ou de la coopérative-mère
jusqu’à règlement entier du prix d’achat. La Société ou Coopérative-Essaim sera alors
capable d’assumer ses responsabilités grâce aux ingénieurs qui font partie des
actionnaires ou des adhérents.
Le CRDA pourra lancer à cet effet une étude de faisabilité pour déterminer le potentiel
possible de groupements coopératifs, privés et ceux à essaimer qui peuvent être créés,
l’emploi que peut engendrer l’approche pour les diplômés, ainsi que les financements à
mobiliser sur le fonds 21/21 et sur les autres ressources pour les différents modèles qui
seront retenus, comme il aura un rôle de base pour passer, avec tact, aux actes.
3.3.2.5. Volet 5 : « Le financement et les soutiens financiers »
Les axes d’orientation relatifs au développement, que nous venons d’énumérer, sont destinés
à faire parvenir l’agriculture du gouvernorat à une mise à niveau qui peut lui permettre de se
préparer aux menaces économiques et climatiques comme annoncé précédemment. Leur
adoption pour la réalisation du plan d’action, que nous présenterons plus bas, exige la
mobilisation de moyens humains et financiers importants, et qui forment une condition
fondamentale sans laquelle ces orientations et ces stratégies ne risquent pas de voir le jour.
Pour ce faire, 3 ressources sont envisagées et recommandées dans le contexte actuel : (i) Le
financement public, (ii) Le financement par la profession, et (iii) Le financement bancaire
(type BNA).
3.3.2.5.1. Financement public et bancaire
Le contexte régional, national et international de la production agricole nécessite une prise en
main urgente de la situation sur la façon dont peut être financé tel ou tel programme ou pour
parvenir à tel ou tel objectif. Il ne permet plus de s’accommoder d’encouragements décidés
instantanément au gré de conjonctures régionales, mondiales économiques ou climatiques peu
maîtrisables… Ce genre de mesures conjoncturelles risquant même de provoquer un certain
attentisme chez l’agriculteur et une hypothèque de l’avenir (dans l’espoir d’obtention de
nouvelles mesures plus alléchantes !). Il importe donc que l’agriculteur sache sur quelles
bases il doit travailler à long terme et ce qu’il peut attendre d’une approche donnée pour
établir ses programmes et engager l’avenir de son exploitation.
Il y a donc lieu de mettre en place une approche réfléchie, calculée, définitive et compatible
avec les réorientations qu’on s’assigne pour la période transitoire.
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CNEA / Rapport de la 3ème
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Quatre questions se posent alors quant au mode de financement futur, compte tenu de
l’expérience passée et actuelle avec le système bancaire existant :
Est-ce que les rapports de l’agriculteur avec les banques durant les années passées sont
satisfaisants ? Si oui, pourquoi donc cette situation exacerbée d’endettement des
agriculteurs, et d’un nombre incommensurable d’agriculteurs dits « non solvables » ?
Est-ce que les taux d’intérêts et les délais de remboursement appliqués sont
compatibles avec les conditions de l’agriculture tunisienne ? ou même
méditerranéenne ?
Que peut attendre l’agriculture - et l’agriculteur du Kef qui veut bien suivre nos axes
d’orientation - des banques de la place dans l’avenir en l’absence d’un changement
d’attitude ? Dans la situation actuelle des conditions imposées par celles-ci…, dans la
situation d’endettement où ils se trouvent…, et après l’année sèche qui vient de
s’écouler et qui risquent de se solder par de nouveaux rééchelonnements…?
Est-ce que le contexte actuel de prix et de climat justifie le principe de subventionner
l’agriculture au Kef ?
Les réponses à ces questions étant évidentes, puisque décrites tout le long de cette étude ; on
pense qu’il y a lieu de reconsidérer l’approche en matière de financement et
d’encouragements pour le Kef afin de pouvoir bâtir un plan de travail aux résultats certains, et
en application des orientations présentées. Pour ce, l’orientation en la matière peut-être
dégagée comme suit :
i. L’approche des banques est basée sur les garanties matérielles fournies par l’agriculteur,
sans la « recherche » d’un coefficient de confiance dans ses compétences ou qualités
personnelles de gestionnaire : soit une tendance qui peut être qualifiée de rigide et sans
aucune « personnalisation ».
L’agriculteur, quant à lui, a besoin, plutôt, d’une banque qui l’escorte dans son aventure
continuelle avec des éléments naturels capricieux et des conditions économiques
fluctuantes, d’une banque qui travaille dans le sens d’un intérêt national bien compris…
D’où une difficulté fondamentale d’approche sur laquelle ne peut se fonder le programme
ambitieux aux objectifs précis envisagé par l’étude.
Une alternative peut être alors formulée au vu du fait que les principes qui ont prévalus
dans la création de la BTS semblent plus proches de ce que conçoit l’agriculteur, et, qui
pourraient aller dans le sens des orientations souhaitées ; il est proposé la création d’une
banque régionale sur des bases similaires de la BTS qui centraliserait sur place tous les
financements nécessaires au développement du gouvernorat (agricoles et non
agricoles), y compris les projets qui seront financés sur le Budget de l’Etat.
ii. La banque aura ainsi à satisfaire les besoins en investissements et en trésorerie de
l’agriculteur raisonnablement et selon des calendriers bien établis.
Ces calendriers seront à établir en plein accord avec le CRDA, les associations et une
élite d’agriculteurs avertis ; et ce, pour les « ESSAS intensificatrices et intensifiables »
qu’on peut qualifier - dans la terminologie actuelle - d’exploitations proches de la
solvabilité.
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En contre partie, l’agriculteur doit signer et s’engager selon un cahier des charges sur des
programmes de travail et d’investissements bien précis et d’appliquer les directives
techniques d’un business/plan préparé avec le CRDA et la banque.
Les autres ESSAS ne pourraient être justiciables de crédit du fait même de leur non
durabilité et devraient bénéficier d’aides et de subventions comme mentionné plus bas.
iii. Les risques et menaces encourus par l’agriculteur étant très importants, les cycles de
sécheresse et d’inondations étant élevés ; il importe que la collectivité nationale les
supporte avec l’agriculteur.
Pour ce, il est proposé que les taux d’intérêts de ces crédits soient remplacés, pour
l’agriculture, par une juste rémunération de la banque pour le travail accompli à prélever
sur le budget de l’Etat ;
Par ailleurs, les délais de remboursement appliqués doivent être révisés et rendus plus
compatibles avec les dates et la durée réelle de la récolte.
iv. En matière de prix à la production, il serait difficile d’isoler des actions pour
l’agriculture du Kef. Les orientations vont, au niveau national, dans le sens de :
Généraliser les encouragements donnés, et à donner, à la céréaliculture à
l’ensemble des grandes cultures.
Indexer les prix des produits de l’élevage sur ceux des céréales et créer un
parallélisme dans le développement des 2 spéculations.
v. En matière d’investissements :
Orienter, durant la période transitoire, une partie des investissements publics vers
la production et ce, compte tenu du pouvoir d’investissement actuel de
l’agriculteur et de l’expérience passée.
Cette orientation pouvant se faire à travers la formulation de projets bien
ciblés pour réaliser les actions recommandées notamment pour les idées de projets
N° 1 à 5 présentées dans la suite de l’étude.
A signaler toutefois, que, compte tenu des performances que ces projets doivent
accomplir, il est souhaitable que les études et la réalisation soient effectuées en
coopération avec des pays et des experts qui ont une expérience en la matière.
Donner une priorité aux actions à court terme et à impact rapide en plus des
encouragements financiers.
Donner une priorité à l’investissement en mécanisation, et avec une plus grande
participation du secteur public.
La faiblesse des montants affectés à la mécanisation agricole (2,993 MD pour le IXème
plan et 4,552 MD pour le Xème
plan pour toute la Tunisie) ayant une conséquence directe
sur la préparation des sols qui est mal exécutée, et qui se répercute sur les rendements
obtenus, aussi y a-t-il lieu pour le Kef, d’orienter davantage d’investissements pour cette
mécanisation, et de prévoir des encouragements spécifiques aux structures de
mécanisation à provoquer à travers l’emploi des jeunes diplômés spécialisés en
machinisme recommandées ci-dessus.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
61
vi. En matière de subvention :
Les risques et menaces encourus par les ESSAS remodelables et les ESSAS non durables
étant les mêmes que pour les autres les ESSAS, les cycles de sécheresse et d’inondations
étant élevés ; il importe que la collectivité nationale supporte ces risques avec
l’agriculteur. Ce soutien pourra s’exprimer par des subventions étudiées et orientées
vers :
Les ESSAS remodelables sous forme d’aides au financement des campagnes
agricoles. Ce moyen garantira en même temps une productivité minimale aux
terres ainsi occupées;
Les ESSAS non durables pour les accompagner, durant une période à déterminer,
vers :
Une intensification ou une reconversion organisées pour les jeunes ou,
Un système de retraite pour les plus âgés,
Moyennant dans les deux cas, la cession de l’exploitation pour son recyclage
économique vers les ESSAS remodelables.
3.3.2.5.2. Le financement par la profession
Durant les 2 dernières décennies, les Plans successifs ont laissé le financement des
investissements agricoles à la charge du « privé » et orientés les investissements publics vers
la mobilisation des ressources (eau, forêt et CES). Ce financement du développement dit
« privé » a été, en fait, légué en grande partie (sauf pour quelques SMVDA) au crédit bancaire
(investissements et crédits de campagne) ; mais le privé c’est-à-dire la profession n’a pu que
très peu financer, faute de revenu ré-investissable suffisant.
Actuellement et avec l’endettement très lourd de l’exploitant agricole (y compris dans les
SMVDA) qui s’est créé, et la très faible récolte 2007-2008, il sera encore plus difficile de
relancer de façon significative le développement agricole et le financement des campagnes
par le « privé » ! Les solutions que pourraient envisager les pouvoirs publics (l’étude se
faisant en juillet-août 2008, avant donc la prise de ce genre de mesure) vont probablement
s’étager entre l’effacement de la dette ou des intérêts bancaires… et des rééchelonnements de
cette dette… ; et sauf éventuellement une approche nouvelle pour la campagne 2008-2009, le
financement de cette nouvelle campagne risque de ne pas se faire dans les conditions
qu’imposent les menaces climatiques et économiques, le « privé » souffrant à nouveau d’une
absence de revenu et encore plus de liquidité.
En conséquence et, quelques soient les décisions conjoncturelles qui seront prises, le
développement d’une « politique progressive d’encouragement à l’autofinancement » pourrait
se faire moyennant une amélioration du revenu agricole ou du revenu extra-agricole de
l’agriculteur. Dans la crainte que l’absence de revenu et l’endettement n’aboutissent - non
seulement - à une baisse des investissements mais aussi au bon pilotage d’une démarche
novatrice et intensificatrice des campagnes de grandes cultures, différentes solutions peuvent
être envisagées.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
62
Pour l’avenir, et en tout cas, durant la phase transitoire, il y a lieu de voir sur quelle base
pourrait être conçu et encouragé le financement « privé », c’est-à-dire le financement par la
profession, pour sortir du cercle vicieux.
La démarche proposée comporte 2 types de solutions mais n’exclut pas d’autres éventuelles :
Amélioration du revenu par une compression progressive mais relativement rapide des
coûts de production :
Au niveau de tous les systèmes agraires étudiés et de toutes les tailles d’exploitations, il a
pu être constaté que la notion de compression des coûts de production, se traduit, au
niveau des faits chez l’agriculteur, par la suppression de certains travaux, par l’utilisation
de moins d’intrants, de la non-irrigation (pour ceux qui en ont en la possibilité), par
l’utilisation de semences de basse qualité…, autant d’attitudes négatives envers des
postes de dépenses, certainement chers, mais indispensables pour l’amélioration des
rendements et du revenu.
Il faut donc parvenir à une action de compression des coûts de la mécanisation et des
intrants autrement que par ces attitudes, et cela ne pourra se faire que par des actions
communes au niveau de groupes d’agriculteurs, d’achats groupés à travers les
coopératives, les GDA, Sociétés mutuelles… qui peuvent acquérir ces produits parfois
jusqu’à 50% moins cher en passant de l’achat au détail à l’achat en gros, et en
économisant en même temps des devises.
La densification des investissements en « machines agricoles adaptées, économes en
énergie et aux performances élevées », l’adoption de technologies nouvelles (tels la
réduction du nombre de passages du tracteur par le groupage de différentes machines lors
d’un seul passage ou le semis direct…) sont tributaires de l’installation d’ingénieurs
machinistes dans la région, en attendant les structures émanant des agriculteurs, et
peuvent entraîner des compressions importantes de coûts pour les agriculteurs de toutes
catégories.
Amélioration des capacités d’autofinancement du petit agriculteur par un revenu extra-
agricole :
La pluriactivité a été souvent source de financement de la campagne pour le petit
agriculteur comme l’élevage ovin a souvent constitué une ressource pour sa trésorerie. En
partant donc de la situation actuelle d’endettement aigu et de cette approche traditionnelle
de disposer d’une trésorerie « à portée de main », la stratégie propose l’amélioration des
capacités d’autofinancement de l’exploitant surtout dans le Centre et Sud-Ouest du
gouvernorat par une concentration des emplois saisonniers durant les mois d’Août à
Décembre et, en particulier, avec un ciblage des petits exploitants. Ceci va induire
indirectement un autofinancement des campagnes de grandes cultures sans risque de
générer de nouveaux endettements… et la région en profitera par suite des retombées de
la production qui en découlera. Les arrondissements des forêts, de l’ACTA, des Travaux
publics, les projets de PDRI et notamment les autorités régionales dans le cadre des
Projets Présidentiels et des grands projets de la région, pourront concentrer une partie de
ces chantiers sur cette cible en liaison avec le CRDA qui doit concentrer les efforts de
vulgarisation sur le bon emploi agricole de ce revenu supplémentaire.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
63
Pour le petit élevage ovin, le crédit en espèces ou en nature, avec en parallèle un
programme de formation pour les bergers, aideront beaucoup à la création de cette
ressource de trésorerie traditionnelle.
La mise en place de ces 2 actions sera grandement facilitée par les propositions qui sont
faites tout le long de l’étude pour réhabiliter l’exploitation et intensifier la structuration
du secteur.
En résumé, le financement par la profession est actuellement handicapé par la faiblesse des
moyens de l’agriculteur et devra attendre que le programme de mise à niveau de l’exploitation
soit bien avancé pour qu’il puisse mieux contribuer à un développement durable de
l’exploitation.
3.3.2.5.3. Le financement bancaire (type BNA)
Comme vu dans le paragraphe précédent et comme cela ressort de certaines études, les
conditions du financement bancaire ne semblent pas adaptées aux conditions climatiques et
foncières du Kef, et notamment aux conditions des étages semi-arides et arides qui présentent
beaucoup d’aléas, et pénalisent en conséquence, le revenu de l’agriculteur.
Bien entendu, ce type de crédit pourra rester à côté des autres modes de financement
proposés, mais ses conditions devront être profondément réexaminés, sous l’angle de l’intérêt
national plus que sous l’angle de l’orthodoxie bancaire ; sinon toute l’approche bancaire est
vouée à un surplus d’endettement et à de plus en plus d’agriculteurs « non solvables ».
3.4. Recommandations générales à l’échelle des systèmes agraires
A l’échelle des systèmes agraires, la problématique de développement a été examinée sous
l’angle des dimensions techniques, structurelles et économiques de la durabilité.
Ce niveau permet certes d’identifier et de cibler en détail les éléments de mise en œuvre des
axes de développement mais reste à l’écart de certaines propositions spécifiques en liaison
notamment avec la viabilité des exploitations.
Dans ce qui suit on présente un récapitulatif des stratégies d’actions qui a été formulé à partir
des analyses opérée pour chaque système agraire dont le principe renvoie à l’identification
pour chaque menace de durabilité de recommandations ciblées. Le détail de ces analyses est
mentionné en annexe.
3.4.1. Stratégies d’actions par rapport à la dimension structurelle de la durabilité
Pour cette dimension structurelle, les principales contraintes se rapportent aux problèmes de
transmissibilité de l’activité agricole, à une structure agraire contraignante, à la faible
pluviométrie, à la position en retrait de la vulgarisation et à la participation très réduite des
agriculteurs aux organisations professionnelles. Ces contraintes sont classées par système et
sous-système agraire.
Le tableau suivant représente les recommandations conséquentes aux contraintes d’ordre
structurel.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
64
Tableau n°3 : Recommandations conséquentes aux contraintes structurelles
systèmes
agraires Principales problématiques Recommandations
I, II & III
Problème de transmissibilité :
Manque d’opportunités locales
d’emploi des jeunes ce qui pourrait
engendrer dans le futur des
problèmes de successeurs. Ce fait
est probablement plus prononcé
dans l’agro-système III en raison de
l’importance de l’absentéisme des
agriculteurs et du mode de faire
valoir indirect (35% des
exploitations).
- Alléger la pression sur l’exploitation agricole en créant pour les
jeunes des activités génératrices de revenus et des possibilités
d’emploi en dehors de l’agriculture.
- Diversifier l’économie régionale
- Soutenir le coût de transport pour encourager l’installation
d’industries dans la région.
- Inciter à l’installation de projets d’écotourisme.
- Améliorer les conditions de vie dans la région.
- Mise au point d’une réglementation interdisant la non
exploitation des terres (par exemple paiement d’une taxe de non
exploitation…).
- Prendre les dispositions incitatrice nécessaires permettant de
modifier les effets négatifs du mode de faire valoir indirect vers
un développement durable pour justifier tout investissement et
maintenir la fertilité des sols (location de longue durée…).
I, II, III &
IV.2
Structure des exploitations
agricoles contraignante :
Dominance de la petite propriété et
morcellement des terres.
- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et
pour assurer un revenu minimal (la superficie minimale doit être
déterminée en fonction des ressources disponibles).
- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement,
subvention…).
- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement
en sec des terres.
II, III
(glacis du
Centre),
IV.1 & IV.2
Faible pluviométrie qui limite
l’intensification des systèmes de
production.
Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés
résistantes et capables de se développées dans les conditions de
faible pluviométrie. La banque de gènes créer récemment pourrait
apportait une aide précieuse à travers l’amélioration génétique du
patrimoine ancestral.
I, II, III,
IV.1, IV.2,
IV.3 & V
Faibles moyens humains et
matériels alloués à la
vulgarisation ayant un impact
négatif sur la diffusion de la
technologie et sur l’encadrement
technique.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et
matériels nécessaire.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes
de vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la
profession dans la vulgarisation à travers les conseils de gestion.
I, II, III,
IV.1, IV.2,
IV.3 & V
Faible participation des
agriculteurs aux organisations
professionnelles : Adhésion faible
aux CSA, absence d’organisation
de base pour la gestion des parcours
forestiers…
Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des
moyens financiers limités, la stratégie de groupe pour acheter ou
gérer en commun (à travers les formes existantes de SMSA et de
GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de fonctionnement.
Parallèlement, la gestion des parcours par les usagers et
l’implication de la population forestière pour préserver les
ressources sylvicoles sont absentes. La solution serait alors de
promouvoir la création de ce type de groupement dans le but de
concilier entre les besoins et la nécessité de la sauvegarde des
ressources (pour leur durabilité).
3.4.2. Stratégies d’actions par rapport à la dimension économique de la durabilité
Pour cette dimension économique, les principales contraintes se rapportent à la faible
diversification de l’économie régionale, à l’endettement de la majorité des exploitations, aux
problèmes de viabilité qui assez fréquent, aux contraintes de commercialisation de la
production de fruits et de légumes et à la sous-exploitation des PPI.
Le tableau suivant représente les recommandations conséquentes aux contraintes d’ordre
économique.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
65
Tableau n°4 : Recommandations conséquentes aux contraintes économiques
systèmes
agraires Principales problématiques Recommandations
II
Arrêt de l’exploitation des
ressources minières : Augmentation
de la pression sur le secteur agricole.
Encourager la diversification de l’économie régionale :
Subventions à l’installation de pôles industriels et aux coûts de
transport.
I, II, III,
IV.2 & V
Autonomie financière réduite : La
majorité des exploitations sont
endettées (surtout les agro-systèmes
I, II et III) et manque de moyens
financiers (surtout l’agro-système V)
- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas
pour identifier les capacités individuelles de remboursement.
- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la
limite de la viabilité économique, des mesures d’appui doivent
être initiés à l’instar des crédits de proximité (Associations,
ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à
caractère familiale et social. Ces crédits peuvent alloués en
nature.
- Assurer le suivi lors de l’utilisation du crédit et l’encadrement
nécessaire.
- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité
est difficile du fait que leur persistance est liée à leur stratégie
d’autosubsistance et au recours à la pluriactivité. Une réforme
agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie
minimale.
- Pour inciter les agriculteurs à investir, les primes
d’intéressement (liées aux régions intérieures du pays :
actuellement fixées par le code des investissements à 8%) doit
être appliquées.
I, II, III,
IV.2 &
IV.3
Problème de viabilité pour une
bonne partie des exploitations et
recours à la pluriactivité.
On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu
moyennant la disparition des exploitations concernées à travers le
marché foncier. Toutefois, on remarque la persistance de ce type
d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques
extensives et la stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette
stratégie ne permet probablement pas d’assurer l’améliorer de la
productivité et la solution serait plutôt la réforme agraire.
V
Problèmes de commercialisation
des fruits et des légumes :
Pour la tomate de saison, les
conditions assez difficiles de
paiement imposées par l’usine de
transformation Abida (quelques
mois après la livraison de la
production), n’est pas en faveur
des petits irrigants à faibles
moyens financiers. Actuellement,
l’essentiel des tomates
transformées proviennent des
gouvernorats limitrophes.
Pour les cultures maraichères, le
problème de commercialisation
apparait en termes d’organisation
du marché de gros et de
compétitivité avec les autres
régions. A ce niveau, uniquement
10% de l’offre dans le marché de
gros du Kef est d’origine locale
malgré que cette dernière couvre
largement la demande.
Le problème de commercialisation de fruits et de légumes relatif
au irrigant du Kef traduit un manque de compétitivité par rapport
aux autres régions limitrophes et qui ont plus d’expérience dans
le domaine de la conduites des cultures en irrigué.
A l’échelle du marché de gros du Kef, une meilleure organisation
des transactions et des relations entres les intermédiaires et les
irrigants s’impose pour soutenir la production locale.
V
Sous-exploitation des PPI :
Existence de parcelles équipées mais
non irriguées et difficultés de gestion
des GDAP pour la couverture des
- Procéder à des études techniques et socio-économiques pour
identifier pour chaque PPI un plan de développement mettant
en cohérence les études antérieures et les pratiques et
comportements actuels. L’objectif étant de définir les
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
66
systèmes
agraires Principales problématiques Recommandations
frais de fonctionnement (faibles
moyens financiers des petits
irrigants).
contraintes limitant le taux d’intensification au cas par cas pour
permettre au CRDA du Kef d’apporter les solutions
nécessaires.
- des études sociales doivent identifier les terres non irriguées ou
abandonnées autorisant leur exclusion des PPI.
- Pour les nouveaux PPI, étudier diverses variantes préconisant
un schéma hydraulique à réseau partiellement fixe pouvant
s’adapter à la mobilité des parcelles à irriguer.
- Subventionner l’eau d’irrigation destinée aux céréales pour
encourager leur pratique dans les PPI (sécurité alimentaire).
- Modernisation du réseau d’irrigation au niveau de certain PPI.
3.4.3. Stratégies d’actions par rapport à la dimension technique de la durabilité
Pour cette dimension technique, les principales contraintes se rapportent surtout au caractère
extensif des systèmes de productions, à l’érosion des terres agricoles, à l’appauvrissement du
sol en matière organique, aux problèmes d’aptitudes culturales, à l’envasement des ouvrages
hydrauliques, à la surexploitation des ressources sylvicoles et pastorales, à la non intégration
de l’élevage qui accuse un déficit fourrager et aux problèmes d’hydromorphie.
Le tableau suivant représente les recommandations conséquentes aux contraintes d’ordre
technique.
Tableau n°5 : Recommandations conséquentes aux contraintes techniques
systèmes
agraires Principales problématiques Recommandations
II & III
Absence de ressources en eau
souterraines, ce qui limite davantage
les possibilités de modernisation de
l’agriculture.
Diversifier l’économie régionale, mobiliser les autres ressources
disponibles tout en les sauvegardant (CES, amélioration pastorale,
mobilisation des eaux de surface, équilibre de l’assolement,
intégration de l’élevage, diversifier la production agricole par des
plantations…).
I, II, III,
IV.2 & V
Système de production extensif basé sur :
- La monoculture céréalière ;
- Des pratiques culturales précaires
(faible niveau technique des
agriculteurs) ; et
- Des rendements faibles
- L’amélioration de la productivité des cultures en sec doit se
faire moyennant une utilisation plus importante en intrants.
- Stratégies de développement de la production agricole
dépourvues de moyens financiers et de mécanismes de mise en
œuvre.
- La recherche agricole doit s’adapter davantage aux exigences
de l’agriculture en liaison avec les changements climatiques qui
imposent des variétés plus résistantes.
- Des mécanismes concrets doivent être mis en œuvre pour
mettre à profit les acquis de la recherche.
I, II & III
Erosion importante des terres :
73% des terres sont menacées par
l’érosion.
L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages
existants et l’adoption par les agriculteurs des pratiques
conservatrices sont nécessaire pour lutter contre l’érosion. La
conception doit être conçue exploitation par exploitation.
I
Envasement des ouvrages
hydrauliques : La capacité du
barrage de Mellègue a été réduite de
52% depuis la date de sa création en
1954.
L’aménagement intégré des bassins versants est nécessaire pour
éviter l’envasement rapide des barrages et des retenus collinaires
qui sont coûteux et qui permettent de mobiliser le potentiel
important des eaux de surface.
De plus, le dimensionnement d’un barrage doit tenir compte aussi
de son aval pour favoriser son exploitation. A ce niveau,
l’administration doit étudier la possibilité d’autres types de
mobilisation autre que les retenues importantes en liaison avec le
problème de valorisation.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
67
systèmes
agraires Principales problématiques Recommandations
IV.1, IV.2
& V
Appauvrissement du sol en matière
organique Corriger les pratiques culturales en utilisant davantage de
matière organique (fumier) de nature à améliorer la fertilité du
sol. Ainsi, l’intégration de l’élevage est recommandée.
Lutter contre les mauvaises herbes en faisant recours au
traitement chimique adéquat.
II, III &
IV.2
Problème d’aptitude culturale :
Extension des terres agricoles aux
dépens des parcours.
Les données officielles montrent qu’il n’a plus de parcours
collectifs qui pourraient être apurés. L’existant se limite aux
parcours privés qui sont actuellement labourés et posant un
problème d’aptitude. L’idéal sera d’envisager une amélioration
pastorale sur ce type de terres pour bien les valoriser et pour
améliorer le bilan fourrager déficitaire.
I, II, III &
IV.2
Surexploitation des ressources
sylvicoles et pastorales : Pression du
cheptel sur les parcours et
prélèvement continu du bois de
chauffe par la population locale.
- La stratégie de développement forestier et pastoral doit
s’adapter aux exigences des régions et focaliser les efforts sur
l’amélioration des parcours forestiers pour alléger la pression
du cheptel.
- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies
sectorielles en misant, comme objectif principal, sur les
plantations fourragères.
- Impliquer autant que possible la population usagères des
parcours et des forêts pour bien les gérer et assurer leur
durabilité.
- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant
le suivi pour sauvegarder l’état des parcours privés amélioré.
I, II, III &
IV.2
Elevage non intégré à l’exploitation
et déficit fourrager : La conduite
alimentaire se base sur les sous-
produits des céréales, les parcours
forestiers et les broussailles.
- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers
de l’élevage pour mieux maitriser le coût.
- Mettre au point une stratégie de développement des cultures
fourragères de nature à encourager sa pratique dans le but de
diminuer les quantités importées de mais, d’orge et de tourteau
de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des
flambées incontrôlables.
- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité
alimentaire.
IV.3
Problèmes d’hydromorphie :
- Anéantissement des récoltes et
dégâts souvent irrémédiables des
vergers.
- Absence d’entretien des travaux
existants (réseau de drainage
colmaté).
- Abandon de l’activité agricole par
quelques agriculteurs
- Réserver un budget pour l’entretien annuel du réseau
d’assainissement et étudier les possibilités d’implication des
agriculteurs concernés pour participer à ce type d’action
(moyennant la formule groupement de développement).
- Exécuter le contenu des études réalisées par le CRDA pour
lutter contre l’érosion et réhabiliter le réseau d’assainissement
existant en allouant le budget requis.
3.5. Objectifs de développement spécifiques aux ESSAS
La situation de l’agriculture ayant cumulé ces retards, les objectifs qu’on peut fixer pour cet
ensemble de stratégies relatives à son développement et à sa durabilité dépendent des moyens
qu’on mettra en branle pour les atteindre. Néanmoins, sachant les nouveaux défis qui se
posent aujourd’hui à l’économie agricole, on pense que ces objectifs ne sauraient être que
volontaristes et que les moyens mobilisés seraient en conséquence.
A ce niveau d’analyse, les objectifs de développent seront définis par groupe d’exploitation à
solutions et stratégies d’adaptation similaires.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
68
3.5.1. Groupe des systèmes intensificateurs
Avec ce groupe des ESSAS intensificatrices, groupe d’agriculteurs sensé être formé par
l’élite des professionnels, le contact à travers les services de vulgarisation a toujours été
difficile. Comme tout groupe d’élite, il se considère, à juste titre parfois, au-dessus des
messages vulgarisés par ces services et ne se laisserait convaincre que par des innovations
extrêmement rentables. Mais dans les faits, et vu qu’il s’agit d’exploitants qui gèrent des
superficies importantes, qu’ils ne résident pas sur leurs exploitations, c’est la monoculture
céréalière qui prime chez eux, ils y appliquent souvent tout le paquet technologique connu :
Engrais, désherbage, traitements… et parfois une bonne préparation du sol ! Il s’agit donc
« d’une agriculture minière » qui se solde souvent par des sols épuisés et deviennent sensibles
aux diverses menaces qui se profilent à l’horizon…
Pour impliquer ces agriculteurs et compter sur eux dans ces nouveaux objectifs, il faut adopter
une approche différente qui leur rapporte « gros », qu’il faudra répéter pendant quelques
années pour les en convaincre progressivement… D’où nécessité de mettre dans le circuit des
vulgarisateurs avertis et des soutiens alléchants… En fait, il faut reconnaître que le message
sera contraignant et qu’il demande un effort de présence à ce groupe auquel peu parmi eux
sont habitués : Il s’agira de prôner des actions d’intensification agricole permettant une plus
grande productivité, des spéculations nouvelles à entreprendre, des spéculations anciennes
auxquelles il faut revenir, des équipements à acquérir, des technologies à adopter, un
développement en amont ou en aval de la production permettant de comprimer les coûts de
production ou encore de garantir l’écoulement de la production par une transformation du
produit sur l’exploitation ou dans la région….
Ces objectifs ne ciblent pas, à chaque fois, tous les exploitants mais devront être intégrés dans
les messages à adresser à ces exploitants et à les faire valoir progressivement auprès d’eux,
selon les priorités qui s’imposent à chaque exploitation (y compris les fermes domaniales et
SMVDA).
3.5.1.1. Les objectifs techniques
Les objectifs techniques relatifs aux ESSAS intensificatrices sont les suivants :
Adopter des assolements équilibrés en fonction des conditions de la climatologie et du
sol. Et tout en laissant beaucoup de souplesse à l’exploitant de choisir ses cultures et
ses élevages, les assolements à recommander devront – au gré de l’exploitant - être
notamment du type :
Quadriennal au Nord en zones totalisant 450 à 500 mm : Légumineuse (fève,
fèverole, pois chiche, petit pois) / blé dur et (ou) blé tendre / céréale secondaire
vesce…) / intégré à un élevage bovin suivi d’ovins ramasse-miettes; des prairies
devant occuper en parallèle les parcelles pentues (notamment sulla…) de
l’exploitation.
Triennal dans les zones totalisant 400 à 450 mm : Légumineuse (fève, fèverole,
pois chiche, petit pois) / blé dur / céréale secondaire (orges, avoine, triticale) -
fourrage (vesce et avoine, orge-pois, bersim, vesce…) intégré à des élevages
bovins & ovins. Des prairies devant également occuper en parallèle les parcelles
pentues (notamment sulla…) de l’exploitation.
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CNEA / Rapport de la 3ème
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Biennal dans les zones de 350 à 400 mm (Kef Est, Sers, Dahmani) : Blé dur /
médicago + élevage ovin ou lentilles/ blé dur.
Biennal dans les zones < 350 mm : Orge / jachère (ou peut-être médicago dans
certaines micro-zone) + élevage ovin.
Quadriennal dans les périmètres irrigués (à revoir toutefois au cas par cas en
fonction du sol et de la technicité des exploitants) : 2 soles de cultures maraîchères
incluant des légumineuses – 1 sole de blé dur – 1 sole de fourrage ; le tout intégré à
un élevage bovin.
En parallèle, et pour lutter contre le développement d’un grand nombre de plantes
impalatables et des refus de parcours, les cultures de luzerne, de sulla… devront
occuper les parcelles les moins fertiles ; et des prairies de cultures fourragères
résistantes à l’hydromorphie (fétuque notamment) devront être également
vulgarisées pour occuper les bas-fonds dans toutes les exploitations.
Pousser à une intégration maximale des productions végétales et animales
pratiquement au sein de chaque exploitation, mais avec présentation d’un choix de
modèles pour l’exploitant selon ses besoins et ses désirs.
Revoir les pratiques culturales et remplacer le matériel agricole vétuste tout en
optimisant les puissances des tracteurs et les attachements à acquérir (les services de la
recherche devant s’entendre - entre temps - sur la place du semis direct dans les
pratiques à vulgariser).
Introduire l’irrigation d’appoint ou l’irrigation totale - selon le cas - dans l’exploitation
conduite en régime pluvial chaque fois que les ressources hydrauliques le permettent.
3.5.1.2. Les objectifs économiques
Les objectifs économiques relatifs aux ESSAS intensificatrices sont les suivants :
Réduire au maximum les besoins du cheptel en aliments de provenance extérieure à la
ferme ou importés.
Réduire la tendance de l’administration d’effectuer des investissements nouveaux en
équipements hydrauliques (bassins, conduites…) à chaque fois que des insuffisances
en ressources d’eau apparaissent dans les périmètres irrigués; revoir plutôt les
assolements pratiqués, les types d’élevage adoptés et l’équilibre entre cultures d’hiver
et cultures d’été.
Cibler la création de Centres de Gestion et de Coopératives ou Sociétés pilotes de
matériel agricole pour donner des exemples de structures qui comblent des vides
énormes existant actuellement dans la région.
Etudier les possibilités d’intégration verticale pour réduire les coûts de production,
notamment en aval de la production par des industries de transformation et de
conservation et de stockage des productions excédentaires.
3.5.1.3. Les objectifs structurels
Les objectifs structurels relatifs aux ESSAS intensificatrices sont les suivants :
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phase
70
Favoriser le dialogue et le travail en commun entre agriculteurs et aider à la création
formelle de groupes homogènes, premier jalon de la structuration de la profession et
de son organisation ; ces créations devant émaner de leurs souhaits pour réussir.
Prévoir des moyens concrets humains, financiers et réglementaires qui favorisent
l’adoption de l’approche.
Impliquer et consolider la Recherche et la Vulgarisation par des programmes adaptés à
ces objectifs «nationaux et locaux» et ceux des agriculteurs. Cette consolidation se
traduisant par la consolidation des moyens humains, et l’acquisition des moyens
matériels et l’adoption du travail en équipes.
S’inquiéter régulièrement de la relève au niveau de l’exploitation et pousser les
exploitants à encourager les jeunes membres de leur famille à recevoir une formation
agricole.
Réfléchir et élaborer les mesures réglementaires permettant l’adoption ou
l’encouragement de ces actions.
3.5.2. Groupe des systèmes intensifiables
Les principales menaces qu’on rencontre dans ces exploitations et qu’on doit prendre en
compte dans la détermination des objectifs à adopter sont de natures différentes, et varient
d’un système agraire où se localisent les exploitations à l’autre. Elles portent, comme pour le
groupe des ESSAS intensificatrices sur des aspects techniques, économiques (ou financiers)
ou structurels. Les objectifs devront donc porter également sur ces aspects là.
3.5.2.1. Les objectifs techniques
Les objectifs que nous avons recensés s’adressent aussi bien :
Aux exploitations qui souffrent d’une trop grande extensification ou d’un déséquilibre
entre les productions végétales et animales : Monoculture céréalière, jachères
importantes sans travaux préparatoires, sols épuisés, cultures fourragères insuffisantes
pour l’alimentation du cheptel…
Aux exploitations qui souffrent d’une superficie qui ne permet pas leur viabilité : taille
respectable mais insuffisante pour assurer un revenu minimal à l’exploitant,
morcellement qui interdit l’intensification….
Aux exploitations qui, tout en disposant d’une superficie convenable, souffrent de
difficultés pour assurer une mécanisation selon les besoins, de difficultés
d’approvisionnement ou de commercialisation de la production….
Pour ces différents cas de figures, les objectifs à déterminer vont rejoindre ceux déjà proposés
plus haut pour le groupe des ESSAS intensificatrices, mais en les traitant davantage au cas
par cas, ce qui suppose une densité plus forte d’encadrement et une méthodologie de travail
adaptée. Il s’agira en particulier de :
Adopter des assolements équilibrés en fonction des conditions de la climatologie et du
sol. Le choix des cultures, des élevages, et des assolements les plus productifs
possibles devront inclure notamment:
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phase
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La production de semences sélectionnées de légumineuses (vesce, féveroles…), de
céréales secondaires (avoine, triticale…), cette production étant insuffisante
actuellement dans la région et pour laquelle la demande ira crescendo avec les
assolements à vulgariser;
De l’engraissement de jeunes ovins ou bovins qui ne pourront être maintenus sur
les grosses exploitations, chez qui l’intensification proposée va introduire déjà une
panoplie de tâches nouvelles;
Des productions sans sol (ex. élevage apicole…) ;
Pousser à une intégration maximale des productions végétales et animales au sein de
chaque exploitation, mais en axant l’effort sur les spéculations précitées;
Améliorer la qualité du sol par l’utilisation de toutes les possibilités d’apport de
matière organique végétale et animale,
Introduire l’irrigation d’appoint sur le plus de cultures possibles pour stabiliser la
production annuelle de l’exploitation, si les ressources hydrauliques le permettent;
Essayer d’acquérir un minimum de matériel agricole en vue de donner une autonomie
à l’exploitation pour certains travaux, maximiser leur impact sur la production et
consolider le revenu de l’exploitant par des recettes provenant de la demande des
voisins en matériel.
3.5.2.2. Les objectifs économiques
Les objectifs économiques seront essentiellement concentrés sur :
La réduction maximale des coûts de production grâce à l’adoption du semis direct,
quand il est possible,
L’appel à un « crédit supervisé », évitant le retour à l’endettement de l’exploitant et lié
au conseil technique pour les opérations à exécuter,
La réduction au maximum des besoins du cheptel en aliments de provenance
extérieure à la ferme ou importés,
L’obtention des meilleurs prix possibles pour les produits de la ferme,
La réduction autant que faire se peut, de la tendance de l’administration qui supervise
l’action à recourir le moins possible à la solution des problèmes d’insuffisance d’eau
par des investissements nouveaux en équipements hydrauliques (bassins, conduites…)
à chaque fois que des insuffisances en ressources d’eau apparaissent dans les
périmètres irrigués; et ce par un plus grand recours à l’étude et des recommandations
sur les assolements pratiqués, les types d’élevage adoptés et l’équilibre entre cultures
d’hiver et cultures d’été ;
La création de groupements, coopératives ou sociétés de services… dans la limite des
besoins et des centres d’intérêts des agriculteurs concernés ; ces créations devant
émaner de leurs souhaits pour réussir.
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72
3.5.2.3. Les objectifs structurels
La prévision des moyens concrets humains (vulgarisateurs) et financiers
(fonctionnement) qui favorisent l’adoption de l’approche ;
L’intégration de ces exploitations dans les priorités de l’Agence Foncière Agricole
pour lutter contre le morcellement et procéder le plus rapidement possible à leur
remembrement.
3.5.3. Groupe des systèmes remodelables
S’agissant de zones climatiquement et topographiquement difficiles et menacées, les objectifs
vont cibler, en un premier temps, c’est-à-dire durant la période transitoire, des actions
conservatrices pour le milieu et pour les ressources naturelles…, mais tout en gardant dans
l’esprit la nécessité de mener ces actions au sein « d’exploitations » identifiées ou en cours
d’identification. Par la suite, il sera envisagé un passage progressif à des actions de
développement à proprement parler dès que des exploitations viables commencent à émerger.
Pour initier une action de remodelage sur ce type d’exploitations, on propose en particulier
d’adopter les objectifs suivants.
3.5.3.1. Les objectifs techniques
Les objectifs techniques relatifs aux ESSAS remodelables sont les suivants :
Comme pour les autres groupes d’exploitations, il importe de baser l’approche sur
l’adoption d’assolements appropriés en fonction des conditions de la climatologie et
du sol. Les systèmes agraires devront être corrigés dans le sens de comporter :
Davantage de légumineuses alimentaires et fourragères, davantage de fourrages
riches en protéines (vesce-avoine, orge-pois, sulla, luzerne…) ;
Des assolements triennaux ou biennaux selon les régions, et du blé dur ou orge/
médicago avec un élevage ovin dans les zones les moins pluvieuses ;
Des élevages intégrés aux productions végétales et calibrés sur la production
fourragère de l’exploitation.
Réhabiliter la vocation « parcours » dans les esprits et dans les pratiques, ce vocable
ayant été trop pris pendant longtemps dans un sens quelque peu péjoratif pour
exprimer « un genre d’exploitation d’un espace peu compatible avec les possibilités
de modernisation de l’agriculture » et de ce fait, aucune précaution n’a été prise pour
défendre efficacement les parcours, d’où la situation quasi généralisée aujourd’hui des
parcours qui ont été engloutis… dans les sols dits « labourables », même si leur
production reste négligeable. Cette réhabilitation devant être conçue non pas,
forcément, comme un abandon définitif de la mise en culture, mais comme un recours
plutôt à diverses formes de productions fourragères en fonction du pédo-climat, et
exploitables par une charge prédéterminée et contrôlée de cheptel. Cette réhabilitation
se fera sous différents aspects allant du ressemis en écotypes locaux adaptés, aux
plantations d’arbustes fourragers soumis à des techniques d’exploitation arrêtées d’un
commun accord avec la recherche… au semis sous forme de prairies pour de longues
périodes de 8 à 10 ans pour régénérer les sols, quitte à les soumettre, par la suite, à des
rotations compatibles avec le climat de la région (blé/jachère pâturée, blé/médicago,
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orge/médicago, prairie de médicago, céréale sous labour de 18 mois…), ou à des
rotations à mettre au point avec la recherche comme par exemple des rotations de
plantes aromatiques ou mellifères avec du médicago….
introduire dans les habitudes de l’exploitant la fauche régulière des refus et des plantes
impalatables qui occupent actuellement aussi bien parcours que les «terres cultivées»
et qui forment un concurrent peu souhaitable aux espèces végétales exploitables ;
adopter des assolements rénovateurs du sol sur une période de 8 à 10 ans en fonction
des conditions de la climatologie et du sol, et comportant notamment des luzernes, du
sulla…. Ces cultures fourragères devant être soumises à des programmes
d’exploitation scientifiquement établis et dont il faut convaincre préalablement les
exploitants.
ne conserver que de légères charges en cheptel ; un encouragement vers une
pluriactivité des exploitants devra leur permettre de trouver d’autres moyens de vivre
(ex. élevage apicole, élevage de lapins…) et les dissuader de tout surpâturage nocif ou
excessif;
3.5.3.2. Les objectifs économiques
Les objectifs économiques seront essentiellement concentrés sur :
les moyens à mettre en œuvre pour assurer un revenu temporaire à la population ciblée
durant la période d’intervention pour les encourager à se soumettre aux impératifs
recommandés pour le succès du remodelage souhaité,
favoriser le fonctionnement du marché foncier et faciliter la tâche entre acquéreurs et
vendeurs,
la mise en place d’un système de crédit sans intérêt adapté aux opérations à exécuter,
l’obtention des meilleurs prix possibles pour les productions envisagées par
l’exploitation à cours terme pour aider les exploitants à soutenir l’effort qui leur est
demandé, donc nécessité de promouvoir les groupements, sociétés, coopératives…
d’approvisionnement et d’écoulement dans la limite des besoins exprimés et des
centres d’intérêts des agriculteurs concernés ; ces créations devant émaner
obligatoirement de leurs désirs pour réussir.
3.5.3.3. Les objectifs structurels
Il s’agit du remodelage des exploitations en exploitations viables et de commencer un
encouragement « organisé » au départ des exploitants âgés « en tout honneur » et moyennant
un « moyen de subsistance acceptable » ou à la reconversion dans un autre métier pour
d’autres.
3.5.4. Groupe des systèmes non durables
Les objectifs seraient du même ordre que pour les groupe des ESSAS remodelables, mais
compte tenu des problèmes sociaux et financiers nécessaires ; même le démarrage d’actions
de remembrement devra être très léger et seulement à moyen terme, quand les résultats du
groupe des ESSAS remodelables commenceront à inspirer confiance et que de nouvelles
perspectives d’emplois pour les jeunes deviennent évidentes.
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Pour l’immédiat, c’est sur des actions à caractère social que pourront s’orienter les objectifs.
Des études pédologiques, notamment, pourront aider à reconnaître les sols aux meilleurs
potentiels pour certaines espèces arboricoles, aromatiques ou médicinales… qui pourraient
générer des revenus acceptables même sur de petites superficies (en sec ou en irrigué).
Cependant, on peut, dans l’état actuel des choses être sûr des résultats, et un projet de
recherche-développement devra concevoir, étudier et expérimenter au préalable toute solution
qui pourrait être conçue dans cette perspective
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4. Plan d’action et effets attendus
La position géographique du Gouvernorat du Kef et les systèmes agraires identifiés sont
représentatifs de l’ensemble des gouvernorats du Nord Ouest et en partie des gouvernorats du
Centre Est, ce qui fait que les actions qui sont proposées ci-après peuvent en faire un
Gouvernorat pilote pour ces gouvernorats et former un test en «grandeur nature»
extrapolable par la suite pour ces gouvernorats. Ainsi :
Le système agro-sylvicole de montagnes du Nord du Kef se retrouve en grande partie
au Nord de Jendouba et de Béja ;
Le système agro-pastoral des reliefs collinaires se retrouve en partie à Béja ;
Le système agropastoral des glacis se retrouve à l’Ouest du gouvernorat de Jendouba
et au Nord de Siliana ;
Le système agraire des hautes plaines se retrouve dans al partie Ouest du Gouvernorat
de Béja pour ce qui est des hautes plaines de Zaafrane, le Kef et le Sers; alors le
système de ksour, Kalâa Khasba… se retrouve aussi bien au Sud de Siliana qu’au
Nord de Kasserine ;
Enfin, le système irrigué représentant les périmètres d’irrigation disséminés dans le
gouvernorat et surtout dans les plaines de Zouarine et du Sers se retrouve à Kasserine,
au Sud du Gouvernorat de Siliana et celui de Béja (Goubellat…).
Ceci formera un atout supplémentaire, en plus des menaces économiques et climatiques, pour
les autorités et responsables régionaux qui auraient à négocier les budgets annuels et
pluriannuels avec les instances financières et bailleurs de fonds nationaux ou internationaux
pour défendre leurs demandes budgétaires.
Les axes stratégiques proposés plus haut pour les différents systèmes ne peuvent être traduits
en actions séparées sous forme d’un plan d’action sans courir le risque de rester théorique
dans l’approche, et de les voir aboutir, à nouveau, à une dispersion des efforts et au manque
de complémentarité entre stratégies qui caractérise la situation actuelle. Aussi, la
complémentarité des actions à prévoir et la volonté de les faire converger simultanément vers
« L’exploitation agricole » nécessiteraient de les assembler en projets intégrés aux objectifs
bien déterminés & à exécuter par des équipes pluridisciplinaires sous l’égide du Comité
Unique de Pilotage « CUP » annoncé plus haut.
Il est toutefois bien précisé qu’au niveau de la présente étude, on ne peut que donner les
grandes lignes de ces projets, et que des études de détail sont à prévoir avant de passer à
l’action.
Nous proposons ci-après un plan d’action sous forme d’idées de projets pour la mise en place
des stratégies de développement à adopter. Ces idées de projets constituent, à notre avis le
noyau de l’action à mener mais ne sont pas limitatives, et peuvent être éventuellement
complétées par d’autres projets.
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4.1. Idées de projets pour un plan d’action
4.1.1. Idée de Projet n°1 : Développement intégré de la moyenne et de la grande
exploitation « DIMGE »
Le premier objectif au niveau du groupe des « ESSAS » intensificatrices étant d’en faire un
groupe de tête grâce auquel on peut essayer d’introduire rapidement des progrès durant cette
période de conjoncture mondiale difficile et d’en faire un moteur de durabilité, chaque fois
que cela est possible soit par une intensification horizontale PV/PA, une compression des
coûts soit par une intégration verticale en générant des activités de transformation, de
services… dans la région, soit en intégrant verticalement et horizontalement à la fois.
Les actions menées par l’Etat jusqu’ici étaient notamment concentrées sur la petite
exploitation pour des raisons sociales, très justifiées d’ailleurs. Mais actuellement, et compte
tenu de la rareté des produits céréaliers, fourragers et animaux au niveau national et mondial,
et, l’augmentation de leurs cours, il est indispensable d’orienter également des actions vers la
moyenne & la grande exploitation où l’exploitant est plus perméable à une vulgarisation plus
pertinente comme elle est proposée ici et en faire, dans l’avenir le « noyau dur du
Développement Régional ». Le langage et les moyens à adopter dans ce projet devant être
sensiblement différents de ceux poursuivis jusqu’à présent avec la petite exploitation. En
retour, l’impact de ces actions sur la production, sur la vie rurale et sur l’émergence d’une
véritable profession sera conséquent, si aux niveaux politique et administratif on donne le
temps nécessaire à cette mutation de se faire.
Sur le plan physique, les objectifs de ce projet comportent une somme d’actions à inscrire
dans ce projet pour aboutir concrètement à une formule pratique pour initier un programme de
développement intégré de la moyenne & de la grande exploitation « DIMGE» ; ce projet
comportera notamment :
La sélection progressive d’exploitations moyennes & grandes à encadrer, notamment
au niveau du système agraire des hautes plaines. Cet encadrement devant porter sur le
plan technique (amélioration et intensification des technologies adoptées…),
économique (initiation et formation à un suivi comptable et financier de l’exploitation
en partant toutefois de l’approche présente de l’exploitant pour la gestion de sa
trésorerie) et professionnel (conviction progressive de la nécessité du travail en petits
groupes homogènes informels à « formaliser » par la suite en accord avec les
adhérents…).
La recherche des motivations, des objectifs, des règles de fonctionnement et des
tendances des exploitants selon les tenures foncières adoptées de leurs exploitations (le
propriétaire et le locataire ayant des motivations différentes…) et dans les systèmes
existants.
Cette recherche permettra une bonne compréhension des raisons qui régissent ces
exploitants et d’établir ainsi des « diagnostics individuels » ciblant l’introduction
d’une plus grande intégration dans leurs systèmes agraires respectifs (de production
végétale et animale), en vue d’en faire des systèmes plus intensifs et inspirés des
résultats de recherche réussis et tout en les adaptant aux nouvelles conditions
économiques et climatiques et aux moyens des agriculteurs.
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Sur un plan pratique, ces deux points devront aboutir notamment à la création de
« Centres de gestion » qui pourraient suivre et conseiller chacun de ces gros ou
moyens exploitants sur la façon d’améliorer les points faibles de son exploitation sur
la base des résultats obtenus par l’ensemble des adhérents.
La mise en place d’une vulgarisation efficiente dans laquelle l’agriculteur aura
confiance et acceptera de « prendre en charge financièrement à moyen terme ».
La mise en place d’un réseau de parcelles de références qui fourniront « au système de
vulgarisation » progressivement un référentiel régionalisé, précis et qui donnera plus
de pertinence aux conseils à vulgariser.
La création de structures de vulgarisation professionnelle autonomes à une échéance
de 7 à 10 ans pour prendre la relève de l’Etat.
Le recrutement et la formation rapide d’ingénieurs de l’administration pour encadrer
cette action.
Ce genre de projet, développé dans le gouvernorat de Bizerte par la Direction Générale de la
Production Végétale en coopération avec le gouvernement français et la Chambre
d’agriculture Rhône-Alpes sur la base des résultats technico-économiques de la « Ferme
modèle de Frétissa », a connu beaucoup de succès auprès des agriculteurs de Bizerte.
Aussi, on pense qu’il a toutes les chances, surtout s’il est réalisé en coopération avec un pays
ami qui pourrait contribuer par des experts où la Tunisie a peu d’expérience dans ce
domaine.
4.1.2. Idée de Projet n°2 : Projet pilote de soutien et de financement de
l’exploitation intensifiable
Le premier objectif au niveau du groupe des « ESSAS » intensifiables et du groupe des
« ESSAS » remodelables étant d’en faire des groupes qui donnent une chance à ces
exploitations de faire « le saut en avant » nécessaire pour atteindre une durabilité qui leur
permet de se défendre contre la double urgence économique et climatique.
Et comme il est irraisonnable de proposer un remodelage de l’ensemble des exploitations
concernées aujourd’hui, ce sont plutôt des actions-tests qui doivent être entreprises dans le
cadre de ce projet.
Il s’agit donc de faire rapprocher le groupe des « ESSAS » intensifiables sur le plan
économique notamment en augmentant le revenu de l’agriculteur, et ce, qu’il s’agisse :
d’exploitations trop extensives par rapport à leur potentiel technique ;
d’exploitations caractérisées par un déséquilibre entre les productions végétales et les
productions animales : monoculture céréalière, jachères importantes non travaillées ;
d’exploitations aux sols épuisés ;
d’exploitations à superficie insuffisante qui ne permet pas sa viabilité pour assurer un
revenu minimal à l’exploitant ;
d’exploitations dont le morcellement interdit toute intensification….,
d’exploitations qui, tout en disposant d’une superficie convenable, souffrent de
difficultés pour assurer une mécanisation selon les besoins ou qui a des difficultés
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d’approvisionnement ou de commercialisation de la production…. et qui se traduisent
par un surcoût de la production.
Pour le groupe des « ESSAS » remodelables, ce sont les exploitations d’une taille acceptable
mais qui sont morcelées qu’il faut cibler, un certain nombre de parcelles domaniales peuvent
être affectées pour améliorer soit la taille soit le morcellement pour améliorer la situation de
certaines exploitations et contribuer à la solution de leurs problèmes.
Contrairement à l’idée de Projet n°1, ce genre de projet n’a pas eu de précédent du même
type, aussi est-il proposé de le réaliser à moins grande échelle et à titre pilote pendant les 2 ou
3 premières années pour apprécier les difficultés éventuelles avant de le généraliser à
l’ensemble du gouvernorat.
Sur le plan physique, les interventions de ce projet va comporter une somme d’actions tout
comme pour le précédent projet de développement intégré de la moyenne & de la grande
exploitation « DIMGE» pour ce qui est des aspects techniques, mais avec des améliorations
foncières quand elles sont nécessaires (exploitation d’une ressource d’eau pour introduire de
l’irrigation, travaux de CES, de lutte contre l’hydromorphie, de ressemis de parcours ou de
parcelles trop pentues…) ; ce projet comportera notamment :
La sélection de 4 à 5 exploitations-pilotes présentant ces caractéristiques dans chacun
des systèmes agraires identifiés où sera testée cette approche d’actions intégrées
menant à une productivité et un revenu satisfaisants.
L’encadrement devant porter sur le plan technique (amélioration et intensification des
technologies adoptées…), économique (bénéfice d’un crédit supervisé si possible,
initiation et formation à un suivi comptable et financier de l’exploitation …), et
professionnel (conviction progressive de la nécessité du travail en petits groupes
homogènes informels à «formaliser» par la suite en accord avec les adhérents…).
Toutefois les encadreurs devront tenir compte de l’approche pratiquée par l’exploitant
pour la gestion de sa trésorerie sans chercher à lui forcer la main pour contacter des
crédits.
De même qu’ils devront bien étudier les motivations, les objectifs, les règles de
fonctionnement et les tendances des différents exploitants qui sont différentes selon les
tenures foncières de leurs exploitations (le propriétaire et le locataire ayant des
motivations différentes…) avant de formuler ou de proposer d’autres approches. Cette
recherche permettra une bonne compréhension des raisons qui prédominent chez
l’exploitant en vue d’établir des « diagnostics individuels » ciblant l’introduction
d’une plus grande intégration dans les systèmes agraires respectifs et d’induire des
systèmes plus intensifs inspirés des résultats de la recherche tout en les adaptant aux
nouvelles conditions économiques et climatiques et aux moyens de l’agriculteur.
En vu d’agir rapidement sur le revenu de l’exploitant et obtenir son adhésion aux
objectifs du projet, introduire progressivement des productions qui s’écoulent
facilement et aux prix rémunérateurs (ex. semences de nouvelles variétés de
légumineuses de vesce et de féveroles…, de céréales secondaires d’avoine et de
triticale…). Ces productions étant insuffisantes actuellement dans la région et pour
laquelle la demande ira crescendo avec les assolements à vulgariser ; introduire
également l’engraissement de jeunes ovins ou bovins, de l’élevage apicole…
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Introduire l’irrigation d’appoint sur le plus de cultures possibles pour stabiliser la
production annuelle de l’exploitation, si les ressources hydrauliques le permettent.
Améliorer la qualité du sol par l’utilisation de toutes les possibilités d’apport de
matière organique végétale et animale.
La mise en place d’un réseau de parcelles de références qui fourniront « au système de
vulgarisation » progressivement un référentiel pour ce genre d’exploitation est
également souhaitable dans ce projet.
Sur le plan économique une forte action est à trouver pour la réduction maximale des
coûts de production : ex. adoption du semis direct, groupage de certains travaux,
valorisation des produits de la ferme, quand cela est possible, équilibrer cultures
d’hiver et cultures d’été dans les périmètres irrigués.
La création de Coopératives ou Sociétés de services… dans la limite des besoins et des
centres d’intérêts des agriculteurs concernés.
Le maintien du contact entre ces exploitations et l’Agence Foncière Agricole pour le
remembrement de leurs exploitations.
Bien entendu, le projet devra bénéficier d’une juste appréciation des besoins en vulgarisateurs
et en moyens pour réussir ces actions, en ayant dans l’esprit que le rayonnement dans la
région de ce projet et son extension dans l’espace, sont liés à sa réussite auprès du premier
groupe pris en charge.
4.1.3. Idée de Projet n°3 : Programme de pluriactivité, d’aide et de financement
du groupe des exploitations non durables et de rajeunissement des
exploitants
Cette idée de projet est proposée pour le soutien temporaire et le financement du groupe des
exploitations non durables, dégager les plus dynamiques et les engager dans un processus de
développement plus durable.
Elle s’inspire :
des résultats obtenus à Zaghouan par la coopération INRAT/INRA France dans le
cadre du projet « Pour une approche régionale du Développement agricole :
Céréaliculture et Dynamique des systèmes agraires en Tunisie » qui avait analysé,
entre autres, le rôle de la pluriactivité dans le financement de l’agriculture du semi-
aride qui est, pour l’exploitation de petite taille, souvent familiale et économiquement
non viable.
de l’évaluation du projet pilote de Financement de la Petite Agriculture à Caractère
Social et Familial (PACFS) lancé en 1999 et qui visait les petits agriculteurs
moyennant un montage institutionnel et une coordination assez compliqués entre les
mécanismes de financement existants (BTS), les associations de microcrédit, le
FOSDAP et une liaison financement (crédit/subvention/don) et la formation / l’appui
technique / la consolidation de la propriété par aménagement foncier (Org. de
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CNEA / Rapport de la 3ème
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Cette récente expérience de (PACFS), menée dans 10 délégations de 10 gouvernorats
différents, dont le Kef ne fait pas partie, mais dont une évaluation récente effectuée par le
CNEA fait ressortir diverses observations qui méritent d’être prises en compte dans la
formulation de cette idée de projet tout en évitant la répétition des mêmes erreurs.
Cette idée de projet, s’inspire des résultats des deux projets mais introduit toutefois trois
modifications de taille dans l’approche par :
Un remplacement du crédit, les lourdes procédures qu’il implique et l’endettement qui
en a résulté avec un blocage du développement des exploitations concernées…, par un
travail rémunéré au sein de chantiers nationaux ou régionaux n’acceptant que les « très
petits exploitants » aux exploitations non viables.
En fait il s’agit du même type de bénéficiaires que pour le PACFS seulement avec une
élimination du recours au crédit par des exploitations réputées non viables mais tout en
maintenant les subventions annuelles qui parachèvent le financement des campagnes
et l’adoption des innovations souhaitées.
L’engagement d’un dialogue entre le bénéficiaire (employé dans le chantier) et un
vulgarisateur pour l’aider au bon emploi d’une partie de ce nouveau revenu pour le
financement de ses campagnes agricoles.
Eviter le problème de l’endettement, et, injecter des moyens pour favoriser, au sein du
groupe des exploitations non durables, les plus motivés, à relancer leurs agricultures
et améliorer sa durabilité, et engager les moins motivés à se désister, au profit des
premiers, de leurs terres moyennant finances.
Il s’agit donc d’initier un programme durable et répétitif de bonne gouvernance, de mise à
niveau et de développement d’un processus d’appui au groupe des « ESSAS » non durables
sur le plan économique pour en extraire des exploitations « durabilisées » d’une part, et
d’éclaircissage progressif et local des exploitations en surnombre non durables à travers la
création de possibilités de pluriactivité, d’autre part.
Ci-après les grandes lignes d’actions proposées :
Le principe de cette action est d’orienter la politique de l’emploi dans les chantiers de telle
sorte que, en lieu et place du recrutement actuel « tous horizons », on effectue un recrutement
sélectif des petits agriculteurs disposant d’ESSAS remodelables ou non durables. L’objectif
étant d’aider, à moyen terme, l’exploitant-ouvrier ainsi recruté d’obtenir un complément de
revenu par cette pluriactivité, de l’assister dans son ré-emploi sur son exploitation, et de
parvenir après un temps donné à faire évoluer cette exploitation vers une exploitation durable
et devenir éventuellement créatrice d’emploi…
Il est peut-être difficile aux autorités régionales d’accepter ce principe d’emblée, aussi est-il
proposé de ne l’accepter que sur quelques chantiers, d’effectuer un bon suivi, et de voir si la
formule peut aboutir à une résorption graduelle du nombre de chômeurs et à leur
réimplantation sur leurs terres grâce à un remodelage et une intensification.
Le point de départ de cette action comporte donc que, dans le cadre de la
programmation annuelle des chantiers nationaux ou régionaux pour le reboisement, les
travaux publics, les grands projets d’infrastructure (comme les grands projets dont on
parle actuellement : usine de câbles, cimenterie de Dahmani, projets agréés lors de la
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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journée de partenariat interrégional du 25 0ctobre 2007), projets de lutte contre le
chômage ou autres …, il soit réservé une partie de ces chantiers à des agriculteurs du
groupe des exploitations non durables que nous appellerons des « exploitants-
ouvriers », préalablement listés par les services de l’agriculture dont on connaît la
consistance exacte de l’exploitation et qu’on destine à une action qu’on appellera
« amélioration du revenu ré-investissable ».
Chantiers et exploitations devant faire partie du projet géré comme une entité unique
et qui bénéficie des services d’un vulgarisateur-développeur préparé à conseiller et
guider les « exploitants-ouvriers » les plus motivés dans l’orientation de leurs
exploitations vers une meilleure durabilité.
De même, ce vulgarisateur doit être préparé à engager le dialogue avec les exploitants
les moins motivés à se désister de leurs exploitations au profit des premiers soit
moyennant ventes, soit moyennant des locations sur de longues périodes (9 à 18 ans).
L’étude de faisabilité aura à définir un processus de sensibilisation aux fins projetées
par le projet et éviter toute amalgame chez les uns ou les autres ; de même qu’elle aura
à établir un cadre organisationnel formel et définir des modalités opérationnelles et le
rôle des différents acteurs pour la bonne exécution du projet ; une responsabilisation et
une grande autonomie de décision devant être données au responsable local ou
régional du projet sous l’autorité du chef de projet.
Le FOSDAP ou une ligne spéciale sont à intégrer dans le projet pour l’octroi des aides
annuelles en espèces ou en nature ; ces aides, prévues comme un mécanisme de
financement orienté vers les catégories les plus défavorisées, dont le revenu
d’exploitation n’excède pas 1000 dinars, forment un aspect social important
notamment quand le chantier productif ne peut assurer de revenu sur toute l’année. Un
suivi régulier doit mesurer l’impact de ces aides et dégager des rapports
aide/revenu/financement pour la campagne en question en vu de les exploiter pour
l’amélioration constante de l’approche.
L’aide et une partie de la rémunération doivent, préférentiellement, être regroupées
avec la demande de travaux agricoles aussi bien pour les cultures en sec, qu’irrigué ou
semi-irriguées en accord avec le vulgarisateur, de même que les coopératives de
services, groupements … doivent être obligatoirement impliquées dans le programme.
Elles doivent être toujours prêtes pour intervenir pour l’approvisionnement, la
commercialisation des produits…
4.1.4. Idée de Projet n°4 : Développement des cultures de plantes médicinales et
mellifères à l’Ouest et au Sud du gouvernorat du Kef avec mise en place de
projets sur le modèle japonais OVOP « Un Village - Un Produit »
En février 2008, une thèse de Doctorat a été soutenue à l’Institut National Agronomique de
Tunisie sur la flore du Sud et de l’Ouest du Kef ouvrant des horizons nouveaux en matière de
développement agricole et même agro-industriel pour le Sud et l’Ouest de ce gouvernorat,
intégrés dans ces propositions d’axes stratégiques.
En effet, dotées d’une richesse floristique et d’une diversification naturelles, le Sud et l’Ouest
du Kef, non seulement n’exploitent pas ce patrimoine qui se trouve aujourd’hui menacé par
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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suite de la pratique du surpâturage et de la mise en culture effectuée par la population dès
qu’il y a un peu de pluie dans ces régions, avec parfois même l’extinction de certaines espèces
qui possèdent des propriétés médicinales, aromatiques ou mellifères avantageuses pour ces
régions considérées parmi les plus pauvres du gouvernorat, comme il a pu être constaté tout le
long de la présente étude.
Le pollen qui entre dans la composition des miels analysés (dans le cadre de la thèse) a, en
outre, montré que cette flore est riche, diversifiée et montre qu’elle est principalement
spontanée. De même, et parmi le grand nombre de formes de pollens identifiées, il est
remarquable de constater l’abondance de l’espèce connue dans sous le nom commun arabe de
harmel (Peganum harmala L.), comme il est à remarquer que certaines plantes sont à la fois
médicinales et mellifères. Les miels produits à partir notamment du harmel, du romarin, du
thym, d’Om Erroubia s’étaient révélées caractéristiques de cette région du Sud et de l’Ouest
du Kef comme elles étaient connues traditionnellement par leurs vertus médicinales.
L’analyse et l’étude des propriétés physico-chimiques de 5 espèces ont permis, en outre, de
vérifier que les paramètres contrôlés répondent aux normes de la Directive Européenne et du
Codex Alimentarius pour l’appellation « miel » et sont conformes à ce qui est attendu pour
des miels de haute qualité en Europe, d’où d’éventuelles possibilités d’exportation non
négligeables sur ces pays et peut-être même sous des appellations d’origine contrôlées (AOC).
Mais, actuellement, la végétation spontanée et la végétation agricole réunies de ces régions ne
présentent pas un pâturage satisfaisant, équilibré et suffisamment étalé sur le plus grand
nombre de mois dans l’année aux abeilles, pour concevoir la création « d’exploitations
apicoles durables hors sol » qui permettraient de résorber une partie des « ESSAS »
remodelables et des « ESSAS » non durables alors que l’intérêt pour ces créneaux
prometteurs est certain, et, notamment pour quelques plantes médicinales et mellifères. L’idée
du projet n°4 est d’autant plus défendable, dans le cadre de la double urgence économique et
climatique, que ces créneaux s’avèrent prometteurs et que le développement de ces espèces et
leur transformation mérite de voir le jour, et formerait même le déclic pour le développement
de la région en général, et pour introduire une nouvelle vision de la notion de « produits de
terroir », élaborer des programmes de développement durable et engager en même temps des
recherches appliquées en particulier.
Cette idée de projet vise donc le développement de la culture de plantes médicinales telles que
le harmel, le romarin, le thym, Om Erroubia, Coridothymus capitatus et Ormenis africana, en
vue d’assurer une production agricole importante et régulière, de créer un nouveau créneau
d’emplois pour les jeunes diplômés d’écoles d’agriculture (et pour toute autre main d’œuvre),
améliorer les revenus des très petits exploitants, leur procurer des ressources financières,
apporter « l’amélioration du revenu ré-investissable » aux « ESSAS » remodelables comme
déjà avancé dans l’idée de projet n°3 ; et enfin de développer sur place la transformation plus
ou moins poussées de cette production agricole « spéciale » comme l’extraction des principes
actifs, des arômes ou des huiles essentielles…
Les grandes lignes d’actions proposées comportent :
Au départ l’action comporte la sélection de 5 délégations où on rencontre la flore
décrite ci-dessus dans le Sud et l’Ouest du Kef et où on peut opter pour ces
propositions d’axes stratégiques comme l’un des moteurs du développement : par
exemple Sakiet Sidi Youssef, Tajerouine, K. Snane, K. Khasba, Jérissa.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
83
Ensuite il y a lieu de définir pour chaque délégation, une des 5 espèces déjà étudiées
sur laquelle sera focalisée l’action à entamer, et procéder au recrutement de
l’encadrement du projet. Cet encadrement devant être de préférence originaire de la
région, et recevoir un complément de formation technique, agro-industrielle et
économique, dans le cadre du projet.
Sélectionner une dizaine d’exploitations-pilotes parmi les « ESSAS » remodelables ou
non durables décrites plus haut pour démarrer l’action durant les 3 premières années,
au vu desquelles 5 autres exploitations nouvelles seront introduites chaque année dans
le projet, le démarrage de l’action serait par la création d’une pépinière pour l’espèce
envisagée et d’un petit rucher aux fins d’initier l’exploitant « à se faire la main » en
matière d’élevage apicole.
L’encadrement devra porter sur le plan technique, économique, et professionnel.
Les encadreurs devront être bien informés que l’objectif du projet est d’encadrer ces
exploitants pour :
Créer des entreprises durables à partir d’«ESSAS» remodelables ou non durables
au bout d’un temps à déterminer,
Améliorer les productions fourragères de l’exploitant et calibrer son élevage en
fonction de cette production fourragère, le principe étant de ne pas bouleverser tout
en même temps, et de garder un minimum de revenu à l’exploitant en attendant les
améliorations qui vont suivre,
Préparer l’exploitation aux innovations-objectifs du projet soit:
o la culture d’une plante médicinale ou mellifère, recherche d’une alternance
de cette culture avec une jachère ou une culture fourragère (à déterminer
avec l’ESAK qui sera partie prenante dans le projet) ;
o un élevage apicole ; et
o une production de miel de qualité.
Introduction progressive de la notion de «produits de terroir», en vue de la mise en
place de projets sur le modèle japonais « Un Village, Un Produit » OVOP pour la
délégation concernée ; une coopération entre ce projet et ceux qui fonctionnent
déjà sur ce modèle au sein du gouvernorat ou dans un gouvernorat avoisinant est
souhaitable.
Engager l’AFA et les Autorités régionales, dès la 2ème ou 3ème
année du projet, à
favoriser les départs des agriculteurs âgés ou non intéressés par l’agriculture (on
expliquera par ailleurs comment l’ingénieur conseil conçoit ces départs organisé) et à
chercher à installer des diplômés de l’agriculture dans la région sur ces terres ou sur
des terres domaniales dans le but d’étendre l’action et créer des pôles de rayonnement
qui prendront la suite de l’administration qui devra se retirer à la fin de la période
transitoires.
Engager dès la 8ème
année, les procédures pour l’obtention des labels « appellation
d’origine contrôlée (AOC) » qui constituera une garantie de qualité liée au terroir ;
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
84
certifiera la traçabilité du produit et aidera dans l’obtention de meilleures
performances en matière d’exportation ;
Développer davantage et progressivement l’approche OVOP « Un Village - Un
Produit » aussi bien sur le plan production que sur le plan commercialisation.
4.1.5. Idée de Projet n°5 : Projet de motivation des exploitants à une utilisation
de l’eau en appoint sur l’exploitation pour une stabilisation minimale de la
production
Le gouvernorat du Kef étant caractérisé d’une part par l’irrégularité de la pluie, et par la sous-
exploitation de certains aquifères, d’autre part ; ce qui le rend très sensible aux moindres
sécheresses et donne à la production agricole un caractère en dents de scie fort néfaste au
revenu de l’agriculteur ; alors qu’on a vu - lors de campagnes très sèches comme celle de
l’année en cours (2007/2008) - de l’eau rester inutilisée dans des barrages collinaires (ou qui
est tout simplement dans le sol pour absence d’un puits et d’équipement d’irrigation) alors
que des parcelles limitrophes se desséchaient par suite de l’absence de pluie.
Cette situation étant essentiellement due à la conception, qui sévit chez certains, qu’il existe 2
types distincts d’agricultures : le pluvial et l’irrigué, et en fonction de quoi, on crée un
périmètre irrigué dès qu’il y a une ressource d’eau à mobiliser.
Cette idée de projet vise, pour transcender cette approche, d’encourager toutes les possibilités
d’apporter un complément d’eau aux cultures conduites sous régime pluvial partout où cela
est possible et partout où cela est demandé en jouant soit sur les systèmes de distribution des
eaux mobilisées dans des ouvrages, soit sur l’encouragement à une exploitation des nappes,
soit à des types de récupération des eaux de ruissellement pour les cultures… au sein de
l’exploitation. Donc aussi bien le concepteur que l’agriculteur sont invités à rompre cette
bicéphalie (sec-irrigué) et de développer toute opportunité de correction de la pluviométrie
chaque fois que possible.
Les grandes lignes d’actions proposées comportent :
Après étude des différentes nappes existantes dans le gouvernorat (en sachant bien que
plusieurs études existent déjà) et des exploitations en régime pluvial qui occupent
leurs territoires, une projection doit se faite sur le nombre de puits ou de sondages, les
débits moyens souhaitables, et donc définir les « ambitions éventuelles en eau »
possibles pour chaque exploitation.
Les exploitants de ce territoire (= zone dans la nappe occupe le sol ou le sous-sol)
seront encouragés à réfléchir ou étudier, s’ils le désirent, à faire évoluer leurs
exploitations en adoptant une certaine semi-intensification permettant de faire évoluer
le revenu de l’agriculteur vers un minimum garanti annuel même en cas d’aléas
climatiques.
La semi-intensification pour laquelle l’agriculteur devra se prononcer, s’il souhaite s’y
engager, restant un concept très souple, pouvant être par ex. l’adoption d’une irrigation
d’appoint d’un certain nombre de parcelles consommant un volume moyen annuel
d’eau défini (cas d’un système où on tient à avoir une production minimale de chaque
culture pour les besoins du producteur et du cheptel), ou l’irrigation en plein d’une
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CNEA / Rapport de la 3ème
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85
parcelle déterminée (cas d’une production de vert régulière pour un cheptel laitier ou
cas d’un multiplicateur de semences qui veut s’assurer un minimum annuel)… ;
Dans le cas où l’exploitation ciblant cette semi-intensification peut le faire à partir
d’un barrage (ou d’un sondage public à très haut débit) une liaison contractuelle peut
être conçue avec le gestionnaire de la ressource, sachant bien que ce genre de
demandeurs motivés est très important pour les pouvoirs publics qui cherchent à
stabiliser la production et à gagner les défis économiques et climatiques ;
Dans le cas où l’exploitation ciblant cette semi-intensification ne demande qu’une
autorisation de creusage et d’équipement de puits ou de sondage, la prise en
considération par les pouvoirs publics devrait l’encourager par une subvention qui va
être d’autant plus élevée que les problèmes des cours du pétrole, donc du coût de
production (surtout pour les céréales et l’alimentation du bétail….) vont se
perpétuer….
Cette approche de complémentarité sec/irrigué avec une semi-intensification et une
stabilisation de la production, qui devrait progressivement remplacer la création
systématique de nouveaux périmètres publics irrigués, et devant les problèmes
d’augmentation des coûts des ouvrages et installations hydrauliques et donc des coûts
de production va supposer - pour compenser ces augmentations de coûts - un effort de
la part des services de l’hydraulique et de la Recherche de Génie Rural - pour trouver
d’autres systèmes de mobilisation et de distribution de l’eau à un coût unitaire moindre
pour pouvoir toucher et encourager le maximum de demandeurs motivés possibles.
Une collaboration étroite est à établir entre le projet et la Recherche en Génie Rural ;
Enfin, il serait inutile de le redire que, comme pour les autres actions, la transmission
de messages complets et convaincant ne peut se faire que par une vulgarisation étoffée
et bien compétente dont il faut prévoir le recrutement.
4.1.6. Idée de Projet n°6 : Mise en place d’une stratégie de restructuration
foncière de l’exploitation
L’élaboration d’une stratégie de restructuration foncière commence par une étude à réaliser en
partant de la situation foncière des exploitations au Kef qui se caractérise en 2004 par les
points de faiblesses suivants :
Sur les 18.100 exploitations dénombrées, il y a seulement 1.800 qui ont une taille
supérieure à 50 ha et 5.700 exploitations qui ont entre 10 et 50 ha et qui ont donc une
chance d’être durables en régime pluvial, alors que sur le reste seules les exploitations
irriguées peuvent être durables.
Le morcellement des terres agricoles du gouvernorat est important avec une moyenne
de 3,9 parcelles par exploitation en 2004 contre 3,6 en 1994.
Les efforts de l’agence foncière agricole (AFA) en matière de remembrement n’ont
permis que de couvrir environ 20.000 hectares de terres conduites en sec et localisée
notamment dans les plaines du Kef, Zouaouine, El Marja et Sidi Mtir.
Que malgré les efforts importants de cette agence, dont l’action ne consiste que dans le
regroupement des parcelles d’un même propriétaire et sans pouvoir sur la taille et la
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CNEA / Rapport de la 3ème
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durabilité de l’exploitation pour la rendre tant soit peu durable, ne peut être vouées
qu’à l’échec, comme ces interventions ci-après :
à El Houdh (Tajerouine) : à partir de 310 exploitations d’une moyenne de 7,68
ha/exploitation et composées de 1.118 parcelles, elle a aménagé l’ensemble en
325 exploitations d’une moyenne de 7,32 ha/exploitation et composées de 583
parcelles ;
à Oued Zen (Sakiet Sidi Youssef) : à partir de 155 exploitations d’une moyenne de
1,38 ha/exploitation et composées de 539 parcelles, elle a aménagé l’ensemble en
155 exploitations d’une moyenne de 1,36 ha/exploitation et composées de 425
parcelles ;
à Oued Souani (Kef Est) : à partir de 113 exploitations d’une moyenne de 7,09
ha/exploitation et composées de 470 parcelles, elle a aménagé l’ensemble en 113
exploitations d’une moyenne de 7,00 ha/exploitation et composées de 224
parcelles.
Après cet effort très important de l’AFA sur ces petites exploitations, et en matière de
durabilité comme en matière économique, il n’en reste pas moins de 3 questions qui se
posent :
Quel est le revenu que peuvent assurer ces exploitations de 1,36 à 7,32 ha et assure-t-il
la durabilité de l’exploitation ?
Qu’adviendra-t-il de ces exploitations après le décès des exploitants pour la plupart
âgés en matière d’héritage ? ne seraient-elles pas encore une fois découpées ?
Est-ce que les textes qui régissent l’activité de l’AFA lui permettent d’aboutir à la
constitution d’exploitations durables pour répondre aux défis économique et
climatique ?
La réponse globale à ces questions a probablement un caractère national. Aussi, pour
détourner cette difficulté, il est proposé d’essayer de tester au Kef, pris comme gouvernorat
pilote pour cette action, une solution « locale », dont l’impact pourrait être extrapolé par la
suite à une échelle nationale.
Cette étude proposée, devra être suivie de l’adoption de textes réglementant les procédures,
les organes d’intervention (probablement l’AFA ou un projet spécial au sein de l’AFA) et les
financements appropriés conformément à l’étude.
La stratégie ainsi préparée par cette étude et les textes qui vont en découler va être mise en
application au Kef, toujours dans le cadre de cette même idée de projet.
Donc, en plus de l’étude et des textes, des moyens financiers et humains sont à mettre en
place pour démarrer l’action durant la période transitoire et réaliser les actions foncières
indispensables à :
L’adoption et la réalisation des idées de projets présentées ci-haut avec leurs
différentes composantes dans le gouvernorat, même si elles supposent un recours à des
financements extérieurs. Un financement extérieur est même souhaitable pour faire
bénéficier le gouvernorat de l’expertise et de la coopération de pays amis qui ont une
expérience en la matière.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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La poursuite des actions de l’AFA dans les zones déjà déterminées par le CRDA
comme zones prioritaires.
Engager l’AFA et les Autorités régionales, dès la 2ème
ou la 3ème
année du projet, à
favoriser les départs des agriculteurs âgés ou non intéressés par l’agriculture (on
expliquera par ailleurs comment l’ingénieur conseil conçoit ces départs organisés) et à
chercher à installer des diplômés de l’agriculture dans la région sur ces terres ou sur
des terres domaniales dans le but d’étendre l’action et créer des pôles de rayonnement
qui prendront la suite de l’administration qui devra se retirer à la fin de la période
transitoire.
Mettre en place une équipe spéciale suffisamment dotée en moyens matériels et
humains pour assurer une intervention rapide dans les plaines riches au niveau de
l’idée de Projet n°1 « DIMGE » et au niveau l’idée de Projet n°5 proposées ci-haut
par suite du fort impact qu’elles peuvent avoir sur la production et sur l’emploi pour la
décongestion des « ESSAS » non durables, et ce, à côté de la poursuite des actions de
l’AFA.
4.1.7. Idée de Projet n°7 : Mise en place d’une stratégie de recherche intégrée
« agriculture - élevage - changements climatiques » adaptée à la région du
Kef
Compte tenu des changements en cours et ceux attendus, la recherche est appelée à jouer un
rôle fondamental dans le développement de la région durant la période transitoire pour
préparer le secteur à ces changements.
Dans ce sens, nous proposons un projet de recherche intégrée pour les différents composants
des systèmes agraires : agriculture – élevage - changements climatiques adaptés à la région.
Ci-après, les principaux thèmes et démarches à inclure dans ce projet, et à adapter, en liaison
avec le « CUPS » au fur et à mesure des résultats obtenus :
a. Thèmes de recherches pour le Nord du gouvernorat :
Agronomiques :
1. Introduction urgente de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés de
céréales, de fourrages et de légumineuses adaptées aux hivers froids qui
caractérisent la région ;
2. Introduction urgente de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés
valorisant au mieux l’eau pour les périmètres d’irrigation avec des objectifs de
rendements très élevés (au-delà de 100 Qx/ha) ;
3. Recherche de rotations alliant le «technique» à l’«économique» valorisantes du rôle
des protéagineux et des fourrages riches en protéines ;
Relance d’un programme de recherche – accompagnement sur le ley-farming
australien pour le développement de la rotation médicago/blé et médicago/orge avec
introduction de nouvelles variétés et semences australiennes (les rares parcelles encore
existantes de médicago n’ont pas vu de renouvellement de leurs semences depuis plus
de 10 ans). Le pôle de recherche du Kef a présenté un projet dans ce sens depuis un
certain temps, un ré-examen de ce projet, sa mise à jour et son financement sont
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CNEA / Rapport de la 3ème
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nécessaires. Dans le réexamen de ce projet, un volet consistant doit y être introduit
pour la vulgarisation de cette technologie très adaptée au gouvernorat, avec un objectif
de réalisation d’au moins 500 ha/an de semis nouveau de médicago et les moyens pour
y parvenir.
4. Recherche d’itinéraires techniques de conservation de la fertilité des sols, moins
énergivores, moins coûteux et adaptables aux différents systèmes agraires et aux
différents sols (semis direct, réduction des temps de travaux…) ; et
5. Recherche en génie rural : pour pallier aux problèmes d’augmentation des coûts des
installations hydrauliques et leur impact sur les coûts de production, le pôle de
recherche, qui ne dispose pas d’ingénieur en génie rural, est appelé à sous-traiter avec
l’INGREF ou l’Institut des Zones Arides – un programme sur les systèmes de
mobilisation et de distribution de l’eau, à un coût unitaire moindre pour encourager le
maximum de céréaliers/fourragers à l’irrigation et à la semi-intensification.
Economiques :
L’application des résultats de recherche étant différente entre les grands et les petits
agriculteurs, il y a lieu de développer des programmes différenciés, dès leur
conception, pour la petite et la grande exploitation ;
Le pôle de recherche, ne disposant pas d’agro-économiste, il est indiqué de soumettre
les résultats techniques de la recherche (du pôle ou du CRDA) à un agro-économiste
pour les assortir d’éléments de coûts de revient avant de les communiquer aux
vulgarisateurs.
Climatiques :
Lors de la réalisation de la présente étude, il a été remarqué que la région dispose d’un
réseau de relevés climatiques très réduit, un réseau plus dense et plus régulier est
souhaitable ;
Avec le facteur climatique qui prend de l’ampleur et risque de plus en plus d’être
contraignant, la recherche agronomique, hydraulique et économique ont tout intérêt à
introduire des hypothèses de sécheresses prolongées ou des inondations aussi bien au
niveau des protocoles d’essais qu’au niveau de l’analyse des résultats.
b. Thèmes de recherches pour l’Ouest et le Sud du gouvernorat :
poursuivre & approfondir les travaux sur les plantes médicinales et mellifères
mettre en place un programme de recherche sur les parcours, les espèces et écotypes
les plus adaptés, les techniques de ressemis et d’exploitation.
c. Thèmes de recherches pour la production animale : Etablir un programme de
sélection des différentes races ovines de « queues fines » : Tadmit, Oued Jelal….(aucun
programme n’existe dans ce sens même à l’échelle nationale). Il s’agit notamment de :
Amélioration de ces races, et notamment par une réintroduction de la race mérinos.
Etablir un programme de recherche sur l’alimentation bovine à partir de composants
locaux (fourrages verts, fanés, déchets agricoles et industriels, graines de féveroles…)
pour l’établissement de rations avec les produits de la ferme, et réduire les coûts de
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
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production qui ont augmenté par suite de l’importation et la fabrication d’aliments
concentrés consommateurs d’énergie.
Le recrutement d’un zootechnicien, au moins, est indispensable pour ce programme et
pour doter cette région d’élevage d’un véritable spécialiste-matière en élevage.
4.1.8. Idée de Projet n°8 : Mise en place d’une stratégie de développement des
structures d’appui étatiques et professionnelles
A. Objectifs recherchés
Cette idée de projet de mise en place d’une stratégie de développement des structures
d’appui étatiques et professionnelles pour le Kef couvre 3 volets : la recherche, la
vulgarisation et les services à mettre à la disposition de l’exploitant.
Pour chaque type de structure étatique et professionnel, et pour des raisons de hiérarchisation
des urgences, on commencera par les services et en terminera par la recherche tout en
essayant de signaler les conditions de création de ces structures et de leur passage de la
structure d’appui étatique à la structure professionnelle. La structuration de la profession est
un ancien vœu même sur le plan national qui n’a pu être exhaussé à ce jour pour les raisons,
comme on l’a détaillé plus haut, d’une part de rigidité des textes promulgués à cet effet et la
cadence avec laquelle ces textes et le type de structure sont modifiés ; et d’autre part l’absence
d’une approche sur la façon de les présenter à l’agriculteur pour le convaincre de leur utilité et
l’aide financière et humaine à lui apporter pour faire décoller le système.
La Mise en place, aujourd’hui, d’une stratégie de développement des structures d’appui
étatiques et professionnelles pour le Kef, ne peut plus dans l’état actuel des choses, être
raisonnée seulement pour des structures émanant des agriculteurs, mais également, de
structures à caractère commercial privées (notamment pour les travaux mécaniques pour
surmonter les difficultés actuelles de faire faire à temps les travaux « de bonne qualité »
exigés par les cultures), même si cela doit se traduire par une élévation apparente des coûts de
production ; problème qu’on devra dépasser par des itinéraires techniques mieux finis. Cette
idée de projet, conformément à la stratégie conçue plus haut, devra essayer d’encourager en
parallèle les 3 types de structuration sus-mentionnées. Ci-après, les principales approches et
démarches à inclure dans la mise en place de la stratégie au fur et à mesure des résultats
obtenus :
i. Volet « Structures de services » :
Structuration à faire émaner de l’agriculteur : Il s’agit là d’une action prioritaire dans
l’activité de la vulgarisation et qui doit faire l’objet d’un suivi méticuleux de
l’arrondissement FIOP, encore faut-il qu’au préalable :
Un réseau de vulgarisateurs étoffé soit mis en place et reçoit la formation
nécessaire ;
Dialoguer avec les agriculteurs pour essayer de développer un esprit professionnel
dans le milieu et dégager des groupes homogènes ayant les mêmes centres
d’intérêts ; en partant du principe que la structuration de la profession, quoique
urgente, doit être progressive et non dictée par en haut, mais provenir de la base ;
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
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Convaincre ces groupes de la nécessité de se doter de structures conformes à leurs
centres d’intérêts, y prendre un rôle actif, et profiter des réglementations et
subventions prévues ;
Prévoir les budgets nécessaires, demander les financements et subventions prévus
pour recruter les employés (diplômés du supérieur de préférence) et les intéresser à
la structure ;
Les faire profiter à temps de toutes les mesures d’encouragements financières, et
les attirer vers l’adoption des textes et des pratiques pour lesquelles la structure a
été créée ;
Chercher, simultanément à favoriser l’installation en nombre d’ingénieurs
diplômés des Ecoles d’Agriculture comme exploitants et, intéresser à la structure
ceux qui sont déjà en place pour faire partie des dirigeants de la profession.
Structuration à provoquer à travers l’emploi des jeunes diplômés spécialisés :
Maintenir et encourager les structures de services existantes ;
Engager un dialogue avec les jeunes diplômés de l’Ecole de machinisme de
Medjez El Bab en vu de les intéresser à se créer un « projet d’emploi privé » dans
l’équipement et la mécanisation de la région (création d’un centre de location de
matériel ou de vente ou de réparation…) ;
S’employer à les convaincre que la rationalisation et l’intensification des
différents systèmes impliquent des choix de mécanisation qui devra répondre à
des impératifs de coûts, de qualité, de rapidité d’intervention et d’organisation
précis.
Qu’ils doivent bien choisir une mécanisation adaptée au développement du
secteur et à la durabilité des systèmes surtout en matière de : puissances des
tracteurs, choix des attachements, adaptation aux conditions pédologiques,
topographiques et climatiques de la région, réduction de la consommation
d’énergie à l’ha, réduction des pertes au champ pour les moissonneuses
batteuses.
Préparer une approche avec la BTS pour les aider à s’installer rapidement ;
Faire de même avec des diplômés du commerce pour créer des centres
d’approvisionnement ou de collecte…
Structuration des services par essaimage : Détecter avec l’Office des céréales et les
Coopératives centrales, les opportunités d’essaimage au profit d’un groupe
d’agriculteurs d’une localité donnée avec un ou deux ingénieurs sous forme d’un
crédit payable et des modalités acceptables en liaison avec la BTS.
ii. Volet « Structuration de la vulgarisation » :
L’idée à examiner et à développer couvre des propositions de solutions à tester au niveau du
gouvernorat du Kef, en tant que gouvernorat pilote, pour permettre à la vulgarisation de
reprendre un rôle actif dans le développement agricole durable et d’aider à la réalisation des
diverses idées de projets présentées dans ce document. Pour ce, il est proposé de :
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
91
Vu les conséquences de la tendance actuelle de laisser s’éteindre la vulgarisation
« étatique » en limitant ses moyens humains et matériels, pour passer à une
vulgarisation « professionnelle » qui, dans l’état actuel de l’agriculteur, ne peut être
que dans l’incapacité de se doter des moyens nécessaires pour en prendre la
responsabilité ; il est indispensable de réactiver temporairement la fonction
« vulgarisation » étatique (malgré ses défauts) et de la renforcer durant la période
transitoire, et, de concevoir en parallèle une meilleure approche pour tracer les
perspectives de création et de financement de cette « vulgarisation professionnelle »
ainsi que le passage progressif de l’une à l’autre.
L’approche de la vulgarisation (conception, préparation et transmission du message…)
doit être redéfinie, sachant bien que les thèmes anciens, conçus au coup par coup,
d’apport d’un peu plus d’engrais ou de désherber… , ne peuvent être de mise et de
s’orienter vers les véritables problèmes que ressent l’exploitation : âge avancé de
l’exploitant et succession possible ou impossible, exiguïté de l’exploitation, rentabilité
des différentes spéculations, indexage des prix des produits animaux sur les prix des
produits céréaliers, baisse de la fertilité des sols, coûts élevés de la mécanisation,
salaire et revenu de l’exploitant, adaptation des résultats de la recherche à la structure
de l’exploitation, possibilités de maîtrise de l’effet climatique annuel et pluriannuel,
approche bancaire pour le financement complètement inadaptée avec le contexte de
l’agriculture et de l’agriculteur…
L’identification de l’URAP, et donc de l’UTAP à la « profession », est à revoir ; car si
celles-ci représentent les agriculteurs, en tant que syndicat, elles ne peuvent être leur
organe de développement, de vulgarisation, de réforme foncière… ; il est donc
indispensable d’initier les agriculteurs, c’est-à-dire la véritable profession à
s’organiser à la base, volontairement, suivant leurs centres d’intérêt réels, à
subventionner fortement ces structures de bases pour leur permettre de recruter des
spécialistes et travailler leurs intérêts qui sont différents de ceux du consommateur ou
du fonctionnaire et de se rassembler au sein de Chambres d’agriculture, comme pour
l’Industrie ou le Commerce….
Cette tâche de préparation et de soutien de la profession à ses nouvelles responsabilités
ne peut être conçue, légiférée, financée et réalisée que par l’Administration et en
particulier par la vulgarisation officielle et en dialoguant avec quelques bons
agriculteurs et des connaisseurs du monde rural qui peuvent servir de références.
Ces travaux préparatoires devront aboutir à un calendrier qui définit les étapes à suivre
pour tous les acteurs concernés, en parallèle avec les actions prévues que notre étude
ne permet pas de mettre à un niveau national, peuvent être étudiés, simplifiés (étude de
faisabilité) et testés au niveau du gouvernorat.
Enfin, cette idée de projet, une fois acceptée et traduite dans la pratique {y compris la
remise en activité d’un réseau provisoire de relance de la vulgarisation (CTV & CRA)
pour les 10 prochaines années et préparation de la profession à la relève}, devra
disposer des moyens et subsides sur toute la période d’action et éviter les à-coups qui
perturbent toute action qui se veut continue.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
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phase
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iii. Volet « Structure de la recherche » :
Le volet « Structures de la recherche » ayant été traité avec l’idée de Projet n°7 : Mise en
place d’une stratégie de recherche intégrée « agriculture - élevage - changements
climatiques » adaptée à la région du Kef, il n’y a pas lieu d’en reparler ici.
B. Perspectives actuelles en rapport avec la mise en œuvre de la stratégie de
développement des structures d’appui étatiques et professionnelles
La création future d’une technopole dans le Nord-Ouest de la Tunisie (dont le site principale
serait à Jendouba) en tant que moteur de développement et d’innovation, aura les prérogatives
nécessaires pour la mise en œuvre de la stratégie de développement des structures d’appui
étatiques et professionnelles.
Actuellement, la technopole qui sera proposée pour étude, aura principalement à contribuer à
la réalisation des objectifs stratégiques suivants :
Renforcer les liens entre la recherche, la formation, le développement et les activités
économiques en vue d’améliorer la capacité compétitive des entreprises et des produits
et services de tous les secteurs économiques présents ou à développer dans la région
du Nord-Ouest,
Appuyer et encourager l’innovation en suscitant son développement au sein des
entreprises existantes, en favorisant l’incubation et la création d’entreprises
innovantes, notamment par la valorisation des acquis de la recherche, en soutenant et
stimulant les projets innovants et en promouvant l’esprit d’entreprise et la culture
technologique,
Favoriser l’investissement direct en partenariat avec des firmes étrangères intéressées
aux ressources et potentialités du Nord-Ouest, et
De manière générale, stimuler et contribuer à la création de nouvelles opportunités
d’emploi, tout en veillant à une bonne adéquation entre la demande et la formation,
notamment pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
Son domaine d’intervention touche à toutes les structures intervenantes des différents secteurs
économiques. Cette large couverture permettra d’assurer d’une part l’optimisation du
partenariat entre les acteurs et d’autre part l’élargissement des domaines d’activités agricoles
à travers leur intégration à l’industrie agro-alimentaire encore rudimentaire dans le
gouvernorat du Kef. Outre ces éléments stratégiques qui relèvent de la technopole, la
diversification de l’économie régionale aura nécessairement des avantages certains en matière
d’appui au financement du secteur agricole et en matière d’atténuation des pressions sur les
ressources naturelles.
4.1.9. Idée de Projet n°9 : Mise en place d’une stratégie de sauvegarde de
l’environnement rural
Cette idée de projet de mise en place d’une stratégie de sauvegarde de l’environnement rural
pour le Kef, notamment pour la teneur en nitrates des nappes, couvre 2 volets : (i) Les études
et la recherche d’une part et (ii) Les actions de terrain d’autre part.
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phase
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(i) Volet études et recherche :
Dans le document de l’étude présenté en phase 2, il avait été précisé que d’après l’annuaire de
la qualité des eaux souterraines de la Tunisie publié par le BIRH-DGRE, toutes les nappes
profondes avaient montré de teneurs en nitrates dans les normes de potabilité ou même
inférieure, et que par contre, les nappes phréatiques présentent des valeurs en NO3 plus
élevées que celles des nappes profondes résultant de l’utilisation des engrais chimiques
conformément au tableau ci-après :
Tableau n°6 : Qualité des nappes phréatiques dans le gouvernorat du Kef
Nappe Salinité Nitrates
Plaine du Kef Caractérisée par des zones à salinité forte au
Centre et au Sud Ouest de la plaine
Teneur assez élevée et variable suivant les saisons et
les années due à l’utilisation des produits fertilisants
en années pluvieuses
Bled Charène Caractérisée par une eau de bonne qualité
inférieure à 2 g/l reflétant la nature
lithologique du réservoir sable argileux
Moins chargée en nitrate que celle de la plaine du
Kef. La teneur est variable en fonction de l’utilisation
des produits fertilisants en années pluvieuses
Sers Caractérisée par une eau de bonne qualité
reflétant la nature lithologique des reliefs
constituants le bassin versant
Teneur assez élevée et variable suivant les saisons et
les années due à l’utilisation des produits fertilisants
en années pluvieuses. En 2003, cette teneur a varié de
28,5 à 219 mg/l
Zouarine Bonne qualité Teneur moyennement élevée et variable suivant les
saisons et les années due à l’utilisation des produits
fertilisants en années pluvieuses. En 2003, cette
teneur a varié de 0,62 à 122 mg/l
Sra Ouertaine Bonne qualité La teneur en nitrates est plus élevée que la norme de
potabilité.
Ouled
Boughanem
La teneur en nitrates reste dans la norme de potabilité.
Le maximum observé est de l’ordre de 63 mg/l.
Bled Abida Bonne qualité La teneur en nitrates est élevée au Nord Ouest de la
plaine (Ramlia) et moyennement chargée au Sud Est.
Cette teneur est variable en fonction de l’utilisation
des produits fertilisants en années pluvieuses
Les petites
structures
La teneur est plus élevée en années pluvieuses et varie
de 47 à 130 mg/l.
Kalâat
Khasba
Appelée fossé d’effondrement, la nature
lithologique du réservoir est formée par des
graviers, sables et argiles donnant une
qualité d’eau variable mais toujours
inférieure à 3,5 g/l
La teneur en nitrates reste toujours dans la norme de
potabilité.
Les teneurs énoncées dans ce tableau appellent les commentaires suivants :
Si dans les plaines de Bled Charène et du Sers, il existe des superficies assez
importantes qui sont irriguées et qui expliquent la « teneur assez élevée et variable
suivant les saisons et les années due à l’utilisation des produits fertilisants en années
pluvieuses », par contre dans la plaine du Kef où les superficies relativement réduites de
l’irrigué rendent l’explication plus difficile, et que davantage de suivi est nécessaire ;
A Bled Abida, la teneur variable constatée peut être causée effectivement par
l’utilisation des produits fertilisants en années pluvieuses
Cette idée de projet implique, pour ce volet, un suivi régulier de ces nappes mais aussi une
analyse régulière des sols des périmètres irrigués en vu de la détermination des apports azotés
annuels à effectuer en fonction de la teneur du sol et de l’eau d’irrigation et des besoins des
cultures et ainsi éviter tout accroissement de la teneur de la nappe en nitrates.
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Cette idée de projet se complète avec l’Idée de Projet n°4 « Développement des cultures de
plantes médicinales et mellifères à l’Ouest et au Sud du gouvernorat du Kef avec mise en
place de projets sur le modèle: Un Village - Un Produit » qui vise des recherches
approfondies et un développement de ces espèces spontanées de plantes, une extension de
leurs culture et, donc une réduction des superficies céréalières faites dans des zones non
appropriées.
(ii) Volet Action de terrain :
Dans tous les cas de figure cette idée de projet implique bien entendu un suivi, mais et
surtout une action à caractère agronomique d’encouragement aux assolements bien équilibrés.
La forte teneur en nitrates des nappes provenant des sols cultivés, il importe qu’on fasse
évoluer les itinéraires techniques adoptés pour ces cultures, basées sur des apports intensifs en
engrais chimiques, vers des itinéraires où l’apport azoté aux cultures se fasse davantage par
des voies organiques que chimiques. Or au Kef, si on reconnaît que la superficie occupée par
des sols en pente est importante et que les grands programmes de lutte pour la conservation de
ces terres, on relève par contre que les systèmes de cultures pratiqués même dans ces plaines
du Kef, de Bled Charène, du Sers ou de Bled Abida connaissent des chutes de rendements,
justement suite à l’épuisement de leurs réserves organo-minérales et la véritable érosion
chimio-organique engendrée par le choix inconscient de ces systèmes et l’intensification des
opérations culturales.
L’absence de restitution de matière organique et d’actions menées contre ce phénomène
forme à la fois un inconvénient majeur pour l’amélioration des rendements des cultures, et
contribue à la pollution des nappes par l’infiltration de certaines quantités de nitrates.
L’adoption d’assolements enrichissants pour le sol par l’introduction de légumineuses et de
fourrages est nécessaire et donne plus d’importance aux idées de projets n°1(Développement
intégré de la moyenne et de la grande exploitation et n°2 (Projet pilote de soutien et de
financement de l’exploitation intensifiable) qui de fait doivent insister sur l’introduction de ce
genre de rotations. De même, l’encouragement du ley-farming de type australien avec un
assolement blé-medic dans les zones les moins arrosées du gouvernorat réduira encore plus
l’infiltration des nitrates.
Par ailleurs, comparés aux périmètres collectifs, la situation des puits de surface du
gouvernorat se caractérisent par une intensification culturale élevée et se traduit par des
extensions des superficies irrigables souvent non maitrisées ; ceci concerne en particulier
les nappes de la plaine de Kalâa El Khasba, de Bled Abida, de la plaine du Kef et de Bled
Charène. Cette intensification se concrétise surtout par une extension des cultures d’été
grandes consommatrices de nitrates. Dans ces cas, il faut que les projets ne contournent pas
la difficulté par de nouvelles mobilisations de ressources en eau, mais doivent contrecarrer
cette solution de facilité et orienter les systèmes de production vers une plus grande
alternance de cultures d’hiver avec les cultures d’été.
4.1.10. Idée de Projet n°10 : Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins
fourragers et pastoraux de la région
La pression exercée actuellement sur la forêt constitue un risque majeur pour la partie Nord-
Ouest du gouvernorat. La forêt connait une dégradation sévère, due au prélèvement excessif
de bois d’énergie, au défrichement, à l’exploitation irrationnelle et souvent anarchique de
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certaines espèces pour des fins domestiques ou industrielles, et au surpâturage... Cette
dégradation a des effets indirects qui peut conduire à terme à l’appauvrissement et à l’exode
des ruraux. La forêt constitue un espace de vie pour pas moins de 34500 habitants, soit près de
26% de la population rurale du gouvernorat. Le surpâturage est effectué par un cheptel
composé d’environ 105.000 têtes de petits ruminants et 1.200 têtes bovins est considéré
maintenant comme menaçant et devient plus effectif en années sèches.
Les différentes formes de pression sur la forêt qui joue dans la région un rôle économique,
social et écologique important, risquent de s’amplifier en l’absence de l’organisation des
populations usagères et d’aménagement des massifs les plus importants.
Cette Idée de Projet forme l’ébauche d’une réflexion à inaugurer avant le démarrage du
projet et durant la préparation de son étude de faisabilité. Le but étant de permettre la mise
en cohérence de la stratégie des forêts avec les besoins fourragers et pastoraux du cheptel de
la région. Comme cela déjà été dit, les formes de pression sur la forêt risquant de s’amplifier
en l’absence d’aménagement des massifs les plus importants et de l’organisation des
populations usagères, 3 idées nouvelles sont à introduire dans les priorités d’action des forêts
et viendront compléter la panoplie d’actions déjà proposée pour les stratégies de production
dans le but d’améliorer la contribution des forêts dans le bilan fourrager, actuellement très
défaillant.
La stratégie des forêts et les études de faisabilité qui devront préparer les nouvelles
stratégies, devront comporter dans l’avenir 3 volets techniquement et financièrement
distincts. Chacun de ces volets sera entamé par un programme de recherche dans la mesure
où la technique à utiliser n’est pas connue.
A. Volet 1 : Revoir le choix des espèces utilisées pour le reboisement et baser l’action sur
des reboisements comportant au moins 50% d’espèces arbustives fourragères (en dehors
de l’acacia dont les résultats ne semblent pas suffisamment performants) pour améliorer
l’alimentation animale…,
A.1. La recherche : Malgré qu’il est doté d’une richesse floristique et d’une
diversification naturelle importantes, le Kef, non seulement n’exploite pas ce patrimoine
qui se trouve aujourd’hui menacé par suite de cette pratique du surpâturage et de la mise
en culture effectuée par la population dès qu’il y a un peu de pluie dans la région au
risque même de l’extinction de certaines espèces qui peuvent avoir une valeur fourragère
et environnementale certaines.
Et alors qu’actuellement, on ignore si la végétation spontanée réunie dans ces forêts
pourrait présenter un jour un pâturage satisfaisant, équilibré ou suffisamment étalé dans
l’année, un programme de recherches appliquées sur les espèces et écotypes palatables
doit être mis en place et engagé pour étudier la végétation arborée, arborescente ou
herbacée (comme le scolyme d’Espagne « bouholiba » ou le trèfle rouge du Dyr…) …
pour dégager celles qui peuvent avoir une valeur fourragère pour le cheptel et faire partie
des programmes de reboisement et autres. L’idée du projet n°10 est d’autant plus
défendable, dans le cadre de la double urgence économique et climatique, que ces
créneaux s’avèrent prometteurs et que le développement de ces espèces et écotypes
formerait un jour la base du développement de types d’élevages montagnards organisés
autour de productions animales de terroir et permettre d’élaborer des programmes de
développement durable.
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A.2. Développement d’une économie montagnarde incluant un élevage rationnel : En
attendant les résultats de ces recherches qui vont prendre le temps qu’il faut et à condition
qu’on leur réserve les moyens humains et financier au sein de cette stratégie des forêts,
un programme de développement d’une économie montagnarde incluant un élevage
rationnel pourrait être entamé, mais non improvisé. Il devra engager des zootechniciens et
des pastoralistes, leur prévoir un complément de formation par des stages dans des zones
comme le Massif Central en France ou le Jura en France ou en Suisse ou les Pré-Alpes en
Italie…pour maîtriser l’approche et les facteurs de réussite des habitants de ces zones…
pour mettre en place des exploitations s’inspirant de ces modèles et démarrer l’action
avec des races bovines rustiques importées de ces régions (comme la tarentaise ou la
brune des Alpes) et des races ovines locales pour lesquelles un travail de sélection sera
entamé. Le reboisement qui devra entre temps se continuer, inclura dans le choix des
espèces utilisées 40 ou 50% d’espèces arbustives fourragères (en dehors de l’acacia dont
les résultats ne semblent pas suffisamment performants) pour améliorer provisoirement
l’alimentation animale du cheptel existant, et pour être étudié pour le cheptel rustique à
introduire…
B. Volet 2 : Le volet 2 devra, selon la même approche en matière de recherche et de développement, introduire des techniques de ressemis, en sous bois, d’espèces fourragères et pastorales herbacées de bonne valeur fourragère simultanément avec les programmes de reboisement…,
C. Volet 3 : Le volet 3 formera la base de l’Idée de Projet n°3 (Programme de pluriactivité, d’aide et de financement du groupe des exploitations non durables et de
rajeunissement des exploitants) déjà présenté, qui par une utilisation de la main d’œuvre, jeune notamment, au lieu de faire appel aux travaux mécaniques, permettra de servir des salaires à la population et lui donner des moyens de financer leurs campagnes agricoles sur les petites parcelles qu’ils cultivent dans ces zones.
4.1.11. Idée de Projet n°11 : Intégration de la stratégie de CES dans les actions
foncières
Dans la conception de la stratégie de CES, il y a lieu de dégager deux profils d’exploitants
chez qui les interventions de CES doivent se faire.
i) D’une part réserver une partie de la stratégie des CES à des zones ou des groupes qu’on
appellera « zones ou groupes prioritaires » et qui sont :
les zones incluses dans les programmes d’intervention de l’AFA pour la réalisation
d’un remembrement effectuer une « étude des travaux de CES nécessaires dans les
zones incluses dans les programmes d’intervention de l’AFA pour la réalisation d’un
remembrement »,
Le groupe des «ESSAS» intensificatrices éligibles à l’Idée de Projet n°1 pour le
« Développement intégré de la moyenne et de la grande exploitation »,
Le groupe des «ESSAS» intensifiables et du groupe des «ESSAS» remodelables à qui
on veut donner une chance de faire «le saut en avant» nécessaire pour atteindre une
durabilité qui leur permet de se défendre contre la double urgence économique et
climatique, et éligibles à l’Idée de Projet n°2 (Projet pilote de soutien et de
financement de l’exploitation intensifiable) où les exploitations ont une superficie
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insuffisante pour parvenir à la viabilité et les exploitations dont le morcellement
interdit toute intensification…
ii) D’autre part réserver une partie de la stratégie à« étude du plan foncier du bassin versant
et la de sorte que l’exploitant soit mis à la fin des travaux de CES en présence d’une
exploitation remembrée où il peut appliquer un système de production durable où se
justifient de nouveaux investissements.
4.2. Plan d’action complémentaire
Ces idées de projets qui doivent faire l’objet d’études de faisabilité, se doivent d’être
complétées par des mesures d’accompagnement, notamment au niveau des structures de l’Etat
qui devront en prendre l’initiative, les financer en grande partie et les accompagner jusqu’à
réalisation.
Ce plan complémentaire ou mesures d’accompagnement, qui doit être pris en compte dans ces
études de faisabilité, doit inclure obligatoirement :
Le recrutement d’ingénieurs agronomes, de zootechniciens et de vulgarisateurs pour
accorder les besoins du CRDA avec les actions attendues et la remise en place d’un
réseau de relance de la vulgarisation (CTV & CRA) pour les 10 prochaines années et
la préparation de la profession à la relève ;
La préparation de textes intérimaires pour le gouvernorat, et à titre de test définissant :
L’approche à adopter et les moyens à réserver par l’AFA pour favoriser les départs
d’agriculteurs âgés, la reconversion de petits agriculteurs, l’acquisition d’ESSAS
non durables et d’ESSAS remodelables (par achat ou location à long terme) en vu
d’agrandissements à effectuer pour « durabiliser » d’autres ESSAS ;
L’approche à adopter et les moyens à réserver pour l’installation et la densification
de la présence d’ingénieurs-exploitants en liaison avec l’AFA et pour définir les
nouvelles voies à suivre par celle-ci dans la région ; la création d’un projet spécial
au sein de l’agence de l’AFA du Kef, spécifique à cette action pilote pourrait être
une solution avant de prendre des textes qui généralisent l’action au niveau
d’autres gouvernorats ;
L’organe qui aura pour charge l’exécution de ces textes : soit une Unité renforcée
spéciale de l’AFA, soit une Société Régionale d’Aménagement Foncier.
Au niveau de l’enseignement à l’ESAK, une réorientation partielle des programmes
est nécessaire pour créer une section de « formation d’ingénieurs à installer sur des
exploitations ».
4.3. Les effets attendus
4.3.1. Horizon des effets attendus
Pour diagnostiquer, les effets attendus, il faut qu’il soit déterminé au préalable les dates
auxquelles seront achevées les études de faisabilité des différentes idées de projets
présentées ; et les dates et volumes des actions qui seront entreprises.
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La présente étude s’achevant au courant de l’été 2008, si les crédits pour l’étude de faisabilité
sont prévus pour 2009, elle pourra être réalisée au courant 2009, sinon en 2010. Les demandes
de budgets se faisant en 2011, il y a lieu de penser que le démarrage de l’action serait pour la
campagne agricole 2012-2013 et les effets sont donc à attendre pour 2022-2023.
Cependant, la mauvaise récolte 2007-2008 qui est en cours, donc le faible revenu (ou
l’absence de revenu) de l’agriculteur, et l’endettement supplémentaire qui en résulteront pour
l’agriculteur, conjugués avec la montée des prix du carburant, du matériel agricole, des
aliments du bétail, des intrants et des salaires représentent déjà une difficulté immense pour le
démarrage de la campagne 2008-2009…, ce qui milite en faveur d’une intervention rapide du
budget de l’Etat pour améliorer la situation et les difficultés que rencontrera cette prochaine
campagne. Ce nouvel endettement venant à s’ajouter à l’endettement pré-existant qui est déjà
très élevé.
Compte tenu de ces impondérables, nous présentons ci-après, dans quels créneaux pourraient
se situer les effets possibles à attendre en 2024 pour surmonter ces menaces en grande partie
endogènes et pour lesquels, il n’y a pas eu de mesures d’ampleur suffisante en temps utile,
mais aussi exogènes qui résultent du double défi climatique et économique qui forme un
tournant pour l’agriculture du Kef aussi bien que pour l’agriculture nationale et mondiale.
4.3.2. Les effets-objectifs conditionnés par la mise en œuvre du plan d’action
Les effets à attendre d’un travail qui vise ces objectifs et à partir de la réalisation de ce plan
global d’action dépend des moyens qui seront consentis pour les entreprendre, du temps qui
sera consacré pour la réalisation du projet (une phase transitoire de 10 ans étant proposée)
et des études de faisabilité qui seront entreprises pour quantifier chaque objectif et les moyens
à lui impartir, et enfin de la date de démarrage du plan d’action. En sachant bien que la
pérennité de l’activité agricole impose la préservation des ressources naturelles de la
dégradation, et des cadres bien précis, ce qui nécessite l’implication de tous les partenaires.
Les usagers d’une même ressource, que sont les agriculteurs, devraient - sous l’initiative, la
supervision et le contrôle de l’administration - parvenir à définir et respecter des règles
d’exploitation harmonieuse de la ressource et assurer sa maintenance et le fonctionnement des
infrastructures collectives y afférentes initiées par les pouvoirs publics.
Toutefois, au vu de la situation foncière des exploitations citée plus haut en 2004, on pourrait
tenter, sur la base d’une application correcte du Plan d’Action proposé, la mise en place
de moyens suffisants par les pouvoirs publics sur le plan financier et sur le plan humain,
et compte tenu de la prudence routinière de l’exploitant qui attend de voir d’abord les
résultats chez son voisin, d’évaluer pour 2024 l’effet qui serait plutôt un « effet-objectif » à
s’assigner pour vaincre au mieux les menaces attendues :
i. Le premier effet-objectif serait déjà atteint par le passage de l’approche par secteur à une
approche centrée sur l’outil de production qu’est l’entreprise de production
(=l’exploitation agricole) comme entité à mettre à niveau pour parvenir à mettre en branle
le développement et la durabilité du secteur ;
ii. Et, simultanément, l’approche prend en compte l’entrepreneur, réel pouvoir de décision
au niveau de cette exploitation, qu’est l’exploitant par un ciblage de son revenu qui lui
permet dans le sens de la durabilité de son exploitation ;
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iii. Parmi les 18.100 exploitations dénombrées au total en 2004, on peut s’attendre aux
résultats suivants :
Pour les 1.800 exploitations qui ont une taille supérieure à 50 ha (couvrant 212.000
ha), on pourrait atteindre 1.000 exploitations remembrées (couvrant 100.000 ha),
effectuant un assolement suffisamment intensif, intégrant les grandes cultures à
l’élevage et dont 10% seraient dirigées par des ingénieurs-exploitants, ayant un grand
rayonnement sur la région ; 20% pouvant être qualifiées d’exploitations réellement
intensificatrices ;
Dans les 5.700 exploitations de 10 à 50 ha (couvrant 122.300 ha), il existe une bonne
tranche des ESSAS intensifiables qu’il s’agit de sauvegarder par de meilleures
techniques, par des remembrements ou agrandissements de la superficie…, l’effet-
objectif à s’assigner, vu la multiplicité des conditions à réunir dans ces petites
exploitations et leur éparpillement, pourrait être de 1.500 exploitations remodelées en
fin de décennie ;
Pour les 4.200 exploitations de 5 à 10 ha (couvrant 34.900 ha), il s’agira d’abord pour
l’étude de faisabilité de tirer d’exploitations en irrigué qui feraient en grande partie des
ESSAS intensifiables, et pourront mettre à profit le plan d’action proposé. Pour le
reste – cultivé en sec – elles appartiennent, en partie aux ESSAS remodelables et en
partie aux ESSAS non durables ;
Enfin sur les 6.800 exploitations inférieures à 5 ha (couvrant 10.300 ha) et en dehors
de l’irrigué ces exploitations sont essentiellement des ESSAS non durables. L’effet-
objectif qu’on propose de s’assigner ne peut dépasser, si on veut être réaliste, 1.500
exploitations remodelées à partir des 11 mille exploitations < 10 ha.
iv. Cette approche nous amène à extraire du lot des 18.100 exploitations du gouvernorat :
5.000 à 6.000 exploitations (1.000 de plus de 50 ha + 1.500 de 10 à 50 ha + un nombre
important d’exploitations irriguées viables à déterminer + 1.500 exploitations
remodelées) qui vont être concernées par le plan d’action et de mise à niveau,
auxquels vont s’ajouter
800 autres exploitations de plus de 50 ha, et qui feraient partie de programmes
ultérieurs et,
3.000 réfractaires de taille entre 10 et 50 ha, sachant que tous les agriculteurs de cette
strate d’exploitations ne pouvaient être touchés simultanément durant la phase
transitoire.
Ainsi, en 2024 le total du nombre d’exploitants tournerait autour de 10.000
exploitations dont quelques 6.000 auraient reçues des actions au profit d’une mise
à niveau et d’une meilleure durabilité. La structuration de la profession qui se
serait faite dans ce laps de temps permettra d’aborder, avec plus de facilité et une
grande expérience certaine, la décennie suivante.
v. En contrepartie, et sur les 18.100 exploitants agricoles de 2004 ; on va se retrouver
chaque année avec une tranche d’exploitants à « reclasser » socialement par création
d’emploi ou indemnisation de retraite. Le nombre de ces exploitants à « reclasser » sera
au total, sur les 10 ans, de :
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
100
Pour la taille supérieure à 50 ha : il n’y aurait pas d’exploitants-demandeurs
d’emplois ;
Pour la taille de 10 à 50 ha : avec les 1.500 exploitants bénéficiant de remodelage, il
resterait 3.000 réfractaires à toutes interventions durant cette période, et 1.200 seraient
favorables à une reconversion et seraient donc demandeurs d’emplois ;
Pour la taille < 10 ha :
Il va être falloir défalquer, encadrer et encourager les 1.500 exploitants
bénéficiaires d’un remodelage,
Comme on pourrait estimer et défalquer un nombre de 5.000 pluriactifs qui vont se
maintenir par leurs propres moyens,
Il resterait donc 1.900 exploitants parmi les plus âgés à encourager au départ. Il
s’agira notamment de les satisfaire par un régime de « retraite » ou de « rente
viagère » dont une partie serait à prendre en charge par le « repreneur » de
l’ESSAS remodelée.
Les procédures et formules de calculs des pensions ou retraites seraient à définir
dans les textes de restructuration foncière proposée plus haut.
Cette approche débouchera sur un total de demandeurs d’emplois s’élevant à :
1.200 parmi les exploitants de 10 à 50 ha candidats à une reconversion par vente
de leurs terres ; et
1.900 exploitants âgés à encourager au départ mais auxquels
950 (soit 50% de leurs fils aînés qui seraient aussi demandeurs d’emplois
également au départ de leurs parents), et qu’il faudrait satisfaire pour être réaliste.
Soit : 4.050 emplois nouveaux à créer sur 10 ans et à destiner à cette
restructuration foncière.
L’opération peut paraître compliquée, mais soigneusement menée, elle ne peut
que générer une plus grande durabilité de l’agriculture (sans créer de mouvements
sociaux puisque tout sera fait sur la base du volontariat), et formera un moyen de
lutte efficace contre les menaces objets de cette étude.
vi. Le morcellement des terres agricoles va pouvoir être jugulé et entrer dans un cycle de
réduction progressive ;
vii. Le revenu de l’exploitant va évoluer vers une stabilisation, et sa contribution aux
financements de ses campagnes et à ses investissements va s’accroître ;
viii. La succession de l’exploitant âgé ne sera plus soumise à un morcellement.
4.3.3. Effets techniques attendus à l’horizon 2024
Sur le plan technique, les effets attendus à l’horizon 2024, sont :
Implantations dans le gouvernorat d’ESSAS « locomotives » pour le secteur pouvant
produire plus, générer des activités agricoles, para-agricoles ou agroalimentaires
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101
intéressantes pour le développement durable de la région et contribuer à l’allégement
de la demande régionale d’emplois agricoles ;
Adoption d’assolements plus équilibrés en fonction des conditions de la climatologie
et du sol. Ces assolements incluant davantage de légumineuses et de fourrages ;
Création de prairies dont l’entretien est peu énergivore ; par implantation de luzerne,
de sulla… sur les parcelles les moins fertiles en vu d’améliorer leurs sols ;
Développement des prairies de cultures fourragères résistantes à l’hydromorphie,
notamment de la fétuque ;
Développement de la culture du médicago également peu énergivore et adapté aux
zones les plus pauvres de la région ;
Amélioration des sols par un meilleur équilibre et intégration maximale des
productions végétales et animales au sein de l’exploitation, et selon des modèles variés
répondant aux besoins de l’exploitant ; en plus d’une amélioration de la qualité du sol
par l’utilisation de toutes les possibilités d’apport de matière organique végétale et
animale ;
Introduction de cultures plus spécialisées (production de semences sélectionnées de
graminées et de légumineuses, engraissement de jeunes ovins ou bovins, productions
sans sol [élevage apicole] pour créer une complémentarité entre les différentes tailles
d’exploitations et favoriser l’emploi…) ;
Remplacement du matériel agricole vétuste - chez l’agriculteur et dans des structures
spécialisées - tout en optimisant les puissances des tracteurs et les attachements à
acquérir selon les normes techniques ;
Introduction de l’irrigation d’appoint ou l’irrigation totale – selon le cas - dans
l’exploitation conduite en régime pluvial chaque fois que les ressources hydrauliques
le permettent ;
la réduction maximale des coûts de production grâce à l’adoption d’une mécanisation
plus adaptée (semis direct…) chaque fois que cela est possible ;
Pour les zones sud et ouest, réhabilitation de la vocation «parcours» dans les esprits et
dans les pratiques.
4.3.4. Effets économiques attendus à l’horizon 2024
Sur le plan économique, les effets attendus à l’horizon 2024, sont :
Appel à de nouvelles formes de financement, évitant le retour à l’endettement de
l’exploitant et en liant davantage le financement au conseil technique et à
l’amélioration du revenu ;
Orientation partielle de la pluriactivité pour assurer un revenu temporaire à la
population ciblée pour les encourager à se soumettre aux impératifs recommandés
pour une meilleure durabilité de l’entreprise ;
Réduction maximale des besoins du cheptel en aliments de provenance étrangère ou
extérieure à la ferme ;
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phase
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Réduction de la tendance de l’administration d’effectuer des investissements nouveaux
en équipements hydrauliques (bassins, conduites…) à chaque fois que des
insuffisances en ressources d’eau apparaissent dans les périmètres irrigués ; et un
meilleur équilibre dans l’exploitation des ressources naturelles par des assolements
plus adaptés, des élevages qui consomment les produits de l’exploitation et une
recherche d’un plus grand équilibre entre cultures d’hiver et cultures d’été au profit
d’un Emploi plus stable… ;
Création de structures professionnelles à la base : Centres de Gestion, Coopératives ou
Sociétés pilotes de matériel agricole pour donner des exemples de structures qui
comblent des vides énormes existant actuellement dans la région ;
Essaimage à partir de structures étatiques et création d’autres modèles de structures
professionnelles;
Obtention de meilleurs prix possibles pour les produits de la ferme à travers ces
structures et à travers l’organisation par OVOP ;
Assurer à la région une mécanisation adaptée, ainsi que des structures
d’approvisionnement ou de commercialisation de la production privés et coopératifs
selon les besoins et selon l’évolution du milieu rural….
Création de possibilités d’intégration verticale pour réduire les coûts de production,
notamment en aval de la production par des industries de transformation et de
conservation et de stockage des productions excédentaires…
4.3.5. Effets structurels attendus à l’horizon 2024
Les effets attendus, à l’horizon 2024, sur le plan structurel sont :
Intégration et renforcement des activités de l’Agence Foncière Agricole au cœur du
plan d’action pour lutter contre les problèmes fonciers qui inhibent l’activité agricole,
meilleur fonctionnement du marché foncier et facilitation de la tâche entre acquéreurs
et vendeurs. Les terres domaniales, pouvant dans certaines situations, contribuer à la
solution des problèmes existants ;
Remodelage et aménagement du paysage agricole en exploitations viables et durables
et encouragement « organisé » au départ des exploitants âgés « en tout honneur »
moyennant des « moyens de subsistance acceptables » ou la reconversion dans
d’autres métiers ;
Développement du dialogue et du travail en commun entre agriculteurs en les
poussant, par la création informelle de groupes homogènes - premier jalon de la
structuration de la profession et de son organisation selon leurs souhaits - vers la
création formelle des structures qui leur seront utiles. On remplacera ainsi, par
exemple dans le domaine de l’eau, la dynamique de création des associations qui est
dictée par un choix politique qui s’inscrit dans le cadre du désengagement progressif
de l’Etat (CRDA) des missions de gestion des points des périmètres irrigués, par une
conviction à laquelle adhéreraient progressivement, les usagers des PPI de façon
volontaire ;
Formation des cadres de l’Administration à la prévision simultanée d’objectifs d’une
part, et des voies et moyens pour les réaliser d’autre part ;
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Implication et consolidation de la Recherche et de la Vulgarisation par des
programmes adaptés aux objectifs «nationaux et locaux» déterminés en accord selon
les besoins des agriculteurs;
Une introduction régulière du problème de la relève au niveau de l’exploitation en
poussant les exploitants à encourager les jeunes membres de leur famille à recevoir
une formation agricole.
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5. Conclusions
La présente étude s’est attaquée à l’établissement d’un diagnostic global concernant l’impact
éventuel des menaces exogènes pouvant découler des changements climatiques et
économiques attendus sur le gouvernorat du Kef. Mais ce diagnostic a dégagé un grand
nombre de menaces endogènes auxquels il faut s’attaquer en premier pour les surmonter dans
une première phase (transitoire) de mise à niveau de l’exploitation agricole, de coordination
des stratégies actuelles trop « sectorialisées » et de la préparer ainsi aux menaces exogènes.
A cet effet des axes d’orientation stratégiques ont été proposés, et ne pouvant être traduits en
actions séparées sans courir le risque de les voir aboutir - comme les stratégies sectorielles
existantes - à une dispersion des efforts très dommageable pour le gouvernorat ; ils ont été
refondus dans un plan d’action et assemblés en idées de projets intégrés, avec des objectifs
bien déterminés et à exécuter par des équipes pluridisciplinaires sous l’égide d’un Comité
Unique de Pilotage des Stratégies « CUPS ».
Etant bien précisé qu’au niveau de la présente étude, on ne peut que donner les grandes lignes
de ces projets, et que des études de détail sont à prévoir avant de passer à l’action ; il est
important de signaler que vu les retards accumulés par le passé, la stratégie présentée peut
sembler contraignante. Mais, on ne saurait retarder encore les échéances pour mener une
action énergique, sans que l’exploitation et l’exploitant agricoles ne finissent par disparaître et
laisser la place toute grande ouverte à de plus en plus d’importation ruineuse pour l’économie
agricole de la région.
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ANNEXES
Annexe N° I : Compte rendu de la visite de terrain
du 24 et du 25 juin 2008
Annexe N° II : Problématiques et recommandations par
système agraire
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Annexe N° I
I. Compte rendu de données qualitatives recueillies sur le terrain et
relatives aux pratiques abandonnées par les agriculteurs en vu de
vérifier le bien-fondé de certaines actions que l’ingénieur conseil
envisage de recommander dans le Plan d’action, et avis des
agriculteurs sur leur vision du développement agricole
(lors des visites et discussions du 24 et 25 Juin 2008)
*****
Avant l’élaboration de ce rapport final, l’ingénieur-conseil a estimé nécessaire
d’effectuer quelques contacts avec des agriculteurs d’élite, pour vérifier le bien-fondé
de certaines actions qu’il pense recommander de façon particulière dans le Plan
d’action. Il s’agit notamment d’actions à caractères agronomiques souvent bien
établies mais abandonnées par les agriculteurs suite à des négligences ou à une
absence de suite dans les idées de la part de certains cadres de l’Administration. Des
visites ont été effectuées, à cet effet, sur le terrain des visites du 24 et 25 Juin 2008, et
mixées avec des discussions approfondies avec certains cadres de l’Administration
(notamment Forêts, CES, Recherche, Hydraulique).Dans notre Plan d’Action, il a été
en particulier des éléments évoqués dans cette annexe.
*****
Données recueillies auprès de M. Moncef Ben Abdallah Fadhloun, agriculteur exploitant
80 ha de sols argileux et profonds à Kef – Est (J. Dyr) et sous une pluviométrie de 400
mm :
Assolement suivi :
40 ha de Blé dur, Blé tendre et Orge ;
40 ha de féveroles, fèves et coriandre mais dont 10 ha sont laissés en jachère pâturée.
La jachère est pâturée en moyenne par 70 brebis (avec un complément de 500g d’orge/jour),
les agneaux sont vendus jeunes à 120 à 150 D/pièce.
Semences : l’agriculteur utilise 160 à 180 kg/ha pour le BD, 150 à 170 kg/ha pour le BT et
160kg/ha pour l’orge.
Engrais : pour les céréales : 150 kg/ha de DAP + 100 kh/ha d’ammonitre ou ANS.
Désherbage : utilise le Topic + le Granstar pour un coût de 50 D/ha.
Tracteur : un tracteur de 90 cv a été acheté en 2001 et utilisé pour l’essentiel des travaux,
Préparation du sol en Septembre: un passage de canadienne (1h/ha) et un passage d’offset
(1h/ha).
Le Blé dur, le Blé tendre et l’Orge sont récoltées à la moissonneuse batteuse de location
contre un prélèvement de 10% par l’entrepreneur.
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La féverole, les fèves et le coriandre sont battus par une batteuse fixe appartenant à
l’agriculteur.
Rendements moyens obtenus : 20 à à 40 qx de blés et 30 à 60 qx pour l’orge ; auxquels
s’ajoutent 30 balles de peille / ha.
L’agriculteur se plaint de :
l’octroi des crédits en retard,
du taux d’intérêt élevé des crédits,
la plus grande fréquence des maladies cryptogamiques (rouille et septoriose) et du
coût des traitements phytosanitaires,
du coût élevé des équipements en cas d’introduction d’assolements plus intensifs.
L’agriculteur est pour des actions de remembrement mais pense qu’un travail de vulgarisation
assidu est nécessaire pour convaincre ses voisins.
Données recueillies auprès de M. Rafik Kaddour, agriculteur de pointe à Ebba Ksour
sous une pluviométrie régulièrement enregistrée par lui de 350 à 380 mm :
Assolement suivi :
Blé dur, blé tendre, avoine, orge : 60% environ selon la disposition des parcelles ;
Féveroles, vesces : 40% environ.
Elevage : ovins et chevaux de course.
Le fumier est totalement restitué au sol.
L’agriculteur s’est doté d’un ordinateur sur lequel il enregistre l’ensemble des données
techniques et économiques relatives à son exploitation. Parmi ces données, il nous a confié, à
notre demande, les éléments ci-après :
Coût de production calculé par le producteur : Le point mort est de 16 qx/ha pour les céréales
pour couvrir l’ensemble des charges avant les augmentations de cette année. La mécanisation
rentre pour 50% des charges à l’ha ; il faut dire que la mécanisation de cette exploitation est
bien conçue. L’agriculteur a adopté les techniques des travaux du sol sans retournement avec :
1 déchaumage en été au cover-crop, 1 passage de « Cultivi », espèce de sous soleuse importée
d’Italie tous les 4 ans ; 4 à 7 passages de cultivateur/an pour la préparation du lit de
semences ; hersage avant semis suivi d’un roulage.
L’agriculteur est un multiplicateur de la COSEM.
Les doses employées en SM2 sont de :
158 kg pour le blé dur Karim,
150 Kg pour le blé tendre Salammbo,
120 kg pour l’avoine,
90 à 98 kg pour l’orge
200 kg pour le foin de vesce avoine dont 60% d’avoine.
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CNEA / Rapport de la 3ème
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Les rendements obtenus sont satisfaisants, exception faite de cette année qui a été très peu
pluvieuse. Sa moyenne calculée est de :
Blé dur : 16,5 qx/ha,
Blé tendre : 18,2 qx/ha,
Orge : 22 qx/ha,
Avoine : 15 qx/ha,
Féveroles : 8 à 10 qx/ha mais une partie est retournée comme engrais vert.
Observations de l’agriculteur sur les dernières années d’exploitation et sur la situation
présente :
La notion de «gros agriculteurs» est à revoir du fait des partages successoraux, et
surtout du fait de l’érosion du revenu de l’agriculteur suite aux bas prix intérieurs des
céréales, et de l’augmentation des coûts de production,
Le nombre de petits grains et le taux de casse sont entrain d’augmenter dans la
production malgré le bon réglage de la moissonneuse batteuse,
Dégénérescence observée sur les rendements obtenus,
Absence de création de variétés nouvelles par la recherche,
Les semences contiennent du brome qu’il élimine grâce à un séparateur,
Il a un très faible refus auprès de la COSEM,
Le coût de la mécanisation devient inquiétant du fait du coût des machines qu’il
n’arrive pas à renouveler et du coût du carburant,
L’agriculteur pense que l’introduction du médicago serait bénéfique pour ses voisins
qui ne cultivent pas de légumineuses et de vesce-avoine comme lui,
Grâce à la pratique de l’assolement pour lequel il a opté, la teneur de ses sols en
matière organique est passée chez lui de 1,20 1,90 à 2,85 actuellement par suite de ses
pratiques,
Par contre, il n’est pas d’accord avec l’introduction du semis direct, par suite des
risques de pollution par les désherbages préalables nécessaires,
Pour l’adhésion à des structures professionnelles, son adhésion à la COSEM semble
lui donner un mauvais exemple sur les problèmes de gestion de pareilles structures,
il est d’accord pour l’introduction de l’irrigation d’appoint des céréales, mais pense
qu’il y a une incompatibilité entre les coûts que risquent d’atteindre ces irrigations et
les rendements des variétés actuelles.
Enfin, il pense que l’augmentation des prix des céréales, cette année à 55 45 et 40D/ql
d’orge n’a pas d’impact sur l’agriculteur du Kef du fait de l’absence de récolte
2007/2008. Sachant qu’on est dans une période de décroissance pour l’agriculture, il
est très insuffisant pour l’avenir ; par ailleurs, il y a lieu de résoudre correctement le
problème de l’endettement et du financement de la campagne 2008/2009.
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CNEA / Rapport de la 3ème
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Données recueillies auprès de la SMVDA Mabrouka, agriculteur au Sers :
La SMVDA est dirigée par M. Kamel Ben Chadli agriculteur qui a une propriété voisine et
membre de l’UTAP. Lors de la visite, il était absent, et les données ci-dessous nous ont été
communiquées par un gérant qui ne semblait pas être bien au courant. Les données sont donc
à prendre sous certaines réserves, on n’a utilisé que celles qui nous ont semblées dignes de
foi.
Dans cette exploitation la pluviométrie de cette année a atteint 256 mm, alors que la
pluviométrie moyenne enregistrée à la proche station de Lorbeus est de 450 mm. (à noter qu’il
y a pas mal de contradiction dans les données pluviométriques évoquées par les uns et les
autres dans ce gouvernorat.
La SMVDA applique, à titre expérimental, pour la 3ème
année consécutive la technique du
semis direct sur 296 ha, et le semis conventionnel sur 375 ha.
Assolements pratiqués :
Assolement 1 :
Féveroles
Orge, avoine & triticale
Assolement 2 :
Jachère
Orge, avoine
Assolement 3:
Medicago
Orge
Les rendements des céréales sont de 28 qx/ha d’orge sous semis direct et de 27 qx/ha sous
semis conventionnel.
L’assolement 3 est appliqué sur 400 ha environ et permet, avec une complémentation,
d’entretenir un troupeau de 1000 brebis de races queues fines et Thibar :
Le troupeau est introduit sur les prairies de médicago de Mars à Juin ;
L’agnelage a lieu en Août, le taux de fertilité semble faible,
en Septembre, il pâture les chaumes ; ensuite d’Octobre à Février, il est affouragé avec
du foin ou de la paille traitée et de l’ensilage de triticale à volonté ;
Un complément d’orge est servi /jour à raison de 200 à 450 gr /tête,
Données diverses recueillies auprès de quelques techniciens du CRDA :
Le coût de production à l’hectare avoisine au minimum une production de 12 qx/ha.
Les traitements fongiques deviennent fréquents avec les variétés actuelles, et grèvent le coût
de production.
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CNEA / Rapport de la 3ème
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Les pertes après récoltes deviennent importantes par suite de l’état du matériel disponible
dans la région. Une législation limitant l’âge des moissonneuses batteuses est nécessaire.
Les visites des vulgarisateurs sont très irrégulières par suite du manque de véhicule et de
carburant ; l’Office de l’élevage est mieux doté en moyens.
L’ODESYPANO est mieux doté pour encadrer sa zone d’impact
Sur les parcours, on constate une augmentation des plantes impalatables suite au déséquilibre
entre la charge et le potentiel de ces parcours.
Les textes ne permettent pas de donner des crédits aux groupements
L’organisation d’une pluriactivité autour des projets des forêts et des « périmètres pastoraux »
aide au maintien des usagers et habitants des forêts.
Le reboisement et les programmes de plantations se font à base de pin d’Alep, d’acacia et
d’Atriplex.
N B : Il y a une grande réticence des responsables des forêts à l’introduction de davantage
d’espèces fourragères dans leurs programmes.
Réponses du Pôle de Recherche Développement Agricole du NO :
Pour compléter les éléments recueillis lors des visites et discussions du 24 et 25 Juin 2008, et
comparer les « idées d’actions » que le consultant envisage, il remit les questions écrites
suivantes au Pôle de Recherche Développement Agricole du Nord Ouest. Ci-après les
questions et les réponses reçues :
Les assolements recommandés pour les différentes conditions (pluviométrie et
sols) du Kef ?
Les assolements recommandés pour les conditions du gouvernorat du Kef :
La zone du semi aride supérieur : pluviométrie 400 à 500mm (région de Nebeur,
Touiref, Sakiet) :
Légumineuses à graine (fèves féveroles, pois chiche, petit pois) – céréale
Légumineuses fourragères (sulla, pois fourrager, bersim, vesce) – céréale.
La zone du semi aride inférieur : pluviométrie 300 à 400mm (région du Kef-Est, Sers,
Dahmani) :
Légumineuses à graine (lentille) – céréale,
Légumineuses fourragères (médic avec ressemis, vesce, sulla de Sousse) – céréale.
Quelles sont les meilleures têtes d’assolement pour le Kef ?
Les meilleures têtes d’assolement pour le Kef sont :
Légumineuses à graines : fèves féveroles, pois chiche, petit pois, lentille, médic,
vesce.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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Légumineuses fourragères : sulla, pois fourrager, bersim, médic, vesce.
Les variétés céréalières et fourragères actuelles sont elles adaptées à la tardivité
du Kef ?
Les changements climatiques sont très variables d’une année à une autre et d’une saison à une
autre au sein de la même année, ce qui rend la réponse à cette question assez délicate. Peut-
être que ces variétés sont plus ou moins adaptées, ce qui mérite de le vérifier avec des essais
précis.
Faut-il de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés tardives de
céréales pour le Kef ?
Oui, il est nécessaire voire indispensable de développer un programme d’amélioration
génétique des céréales et de fourrage spécifique à la région du Kef et éviter de généraliser la
culture des variétés actuelles quelque soit la région en Tunisie.
Faut-il de nouveaux germoplasmes pour la recherche de variétés irriguées de
céréales pour le Kef ?
Il est absolument nécessaire de mettre au point un programme d’amélioration génétique pour
développer de nouvelles variétés de céréales et de fourrages irriguées dont le potentiel
génétique répond significativement à l’irrigation.
Quelles cultures fourragères annuelles et pérennes à recommander pour le Kef ?
Les cultures annuelles sont telles que : le bersim, le pois fourrager, la vesce, la luzerne
annuelle (medic), le sulla de Sousse (Hedysarum carnosum) qui est une espèce annuelle.
Les cultures pérennes sont telles que : la Sulla d’Italie (Hedysarum coronarium) comme
culture bisannuelle, la luzerne cultivée et la fétuque dans certaines zones.
Votre avis sur le medicago ? Faut-il le relancer ?
Le médicago est un excellent système de culture qui a fait preuve de sa réussite en Australie
mais aussi en Tunisie, en Algérie, au Maroc et dans de nombreux pays du Moyen Orient. Ce
système de ley-farming Médic/Céréale n’a pas réussi chez les petits et moyens agriculteurs à
cause du manque de compétence et de conscience et de vision agronomique de ce système et
ses intérêts à long terme. On peut le relancer mais toutefois, il faut l’adapter au niveau
intellectuel de nos petits et moyens agriculteurs. Dans ce sens, j’ai soumis il y a un certain
temps une proposition de recherche accompagnement sur ce système adapté aux agriculteurs
tunisiens qui attend le financement. L’équipe de recherche au Kef peut faire la différence dans
ce domaine.
Que pensez- vous des assolements longs (8 et 10 ans) pour améliorer la qualité
des sols ?
Ces assolements sont assez longs et ont besoin de persévérance, de suivi et de continuité pour
voir les résultats positifs et les améliorations certaines de la qualité des sols et des rendements.
Aux USA certains assolements à long terme continuent à être suivis et évalués pour 10 ans à
l’Etat de Missouri.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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Quel est votre avis sur le Centre Technique des Céréales (CTC) et sur ses
réalisations
Le CTC est une structure de liaison entre la recherche et les agriculteurs. Il a fait preuve de
son efficacité dans la réalisation des tâches qui lui ont été confiées. Actuellement, il a établi la
carte de distribution des variétés de céréales, le paquet technologique de la culture des
céréales, la carte de distribution des maladies des céréales, les normes de fertilisation P et N
des céréales, le réglage des machines agricoles et la carte de distribution des mauvaises herbes
en plus de l’organisation des sessions de formation des techniciens et des agriculteurs et
l’organisation des journées d’information au profit des techniciens et des agriculteurs. Je crois
qu’en dix ans ces réalisations sont louables et doivent être encouragées et consolidées.
Quel est votre avis sur le semis direct ?
Le semis direct est un système de gestion des ressources naturelles qui respecte toutes les
composantes du milieu et qui vise la durabilité du milieu et es facteurs de production. C’est
l’agriculture de conservation pour ceux qui sont conscients de la conservation de nos
ressources naturelles. Le semis direct a fait sa preuve et son efficacité dans de nombreux pays
développés. Les premiers résultats des essais de semis direct en Tunisie sont encourageants
malgré les conditions dans lesquelles il a été réalisé. Le fait que de nombreux agriculteurs et
SLVDA ont adopté ce système de culture démontre de son intérêt certain. Il faut donner
l’attention qu’il faut au semis direct dans de nombreuses régions en Tunisie particulièrement
au moment où le prix du carburant (travail du sol) est devenu une charge lourde dans le coût
de production et les labours fréquents n’ont fait qu’aggraver l’érosion des sols.
Que pensez-vous des plantations de vigne à El Felta et à Kalaâ El Khasba ?
Ces plantations sont conformes à la carte agricole et à la vocation des sols dans ces régions.
C’est une expérience très intéressante avec des revenus garantis. Il faut vulgariser et
multiplier cette expérience dans d’autres régions similaires.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
113
Annexe N° II
Problématiques et recommandations par système agraire (compte tenu des
dimensions de la durabilité)
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phase
114
1. Agro-système I : « Le système agro-sylvicole de montagne »
1.1. Principales contraintes au développement
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système I »
Structurelle
Problème de transmissibilité : Manque
d’opportunités locales d’emploi des
jeunes ce qui pourrait engendrer dans le
futur des problèmes de successeurs.
- Alléger la pression sur l’exploitation agricole en créant pour les jeunes des activités
génératrices de revenus.
- Diversifier l’économie régionale
- Soutenir le coût de transport pour encourager l’installation d’industries dans la région.
- Inciter à l’installation de projets d’écotourisme.
- Améliorer les conditions de vie dans la région.
- Mise au point d’une réglementation interdisant la non exploitation des terres (par exemple
paiement d’une taxe de non exploitation…).
Structurelle
Structure des exploitations agricoles
contraignante : Dominance de la petite
propriété (80% des exploitations ont une
taille inférieure à 10 ha) et morcellement
des terres.
- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et pour assurer un revenu
minimal (la superficie minimale doit être déterminée en fonction des ressources
disponibles).
- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement, subvention…).
- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en sec des terres.
Economique
Autonomie financière réduite : La
majorité des exploitations sont endettées.
- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas pour identifier les capacités
individuelles de remboursement.
- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la limite de la viabilité
économique, des mesures d’appui doivent être initiés à l’instar des crédits de proximité
(Associations, ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à caractère
familiale et social. Ces crédits peuvent alloués en nature.
- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité est difficile du fait que leur
persistance est liée à leur stratégie d’autosubsistance et au recours à la pluriactivité. Une
réforme agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie minimale.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
115
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système I »
Economique
Problème de viabilité pour la moitié des
exploitations et recours à la pluriactivité :
La superficie minimale permettant de
garantir le SMAG est de 4,7 ha.
On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu moyennant la disparition des
exploitations concernées à travers le marché foncier. Toutefois, on remarque la persistance
de ce type d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques extensives et la
stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette stratégie ne permet probablement pas d’assurer
l’améliorer de la productivité et la solution serait plutôt la réforme agraire.
Technique
Système de production extensif basé sur
la monoculture céréalière et des pratiques
culturales très simplifiées malgré les
conditions pédoclimatiques favorables.
L’amélioration de la productivité des cultures en sec doit se faire moyennant une utilisation
plus importante en intrants. Les conditions pédoclimatiques favorables représentent des
facteurs de facilitation du nouveau paquet technique.
Technique
Erosion importante des terres : 73%
des terres sont menacées par l’érosion.
L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages existants et l’adoption par les
agriculteurs des pratiques conservatrices sont nécessaire pour lutter contre l’érosion. La
conception doit être conçue exploitation par exploitation.
Technique
Envasement des ouvrages
hydrauliques : La capacité du barrage de
Mellègue a été réduite de 52% depuis la
date de sa création en 1954.
L’aménagement intégré des bassins versants est nécessaire pour éviter l’envasement rapide
des barrages et des retenus collinaires qui sont coûteux et qui permettent de mobiliser le
potentiel important des eaux de surface.
De plus, le dimensionnement d’un barrage doit tenir compte aussi de son aval pour
favoriser son exploitation. A ce niveau, l’administration doit étudier la possibilité d’autres
types de mobilisation autre que les retenues importantes en liaison avec le problème de
valorisation.
Technique
Surexploitation des ressources
sylvicoles : (i) Pression du cheptel sur les
parcours forestiers surtout avec
l’augmentation des prix des aliments de
bétail et du coût de production des
fourrages et (ii) Prélèvement continu du
bois de chauffe par la population locale
- La stratégie de développement forestier et pastoral doit s’adapter aux exigences des
régions et focaliser les efforts sur l’amélioration des parcours forestiers pour alléger la
pression du cheptel.
- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies sectorielles en misant, comme
objectif principal, sur les plantations fourragères.
- Impliquer autant que possible la population usagères des parcours et des forêts pour bien
les gérer et assurer leur durabilité.
- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant le suivi pour sauvegarder
l’état des parcours privés amélioré.
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phase
116
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système I »
Technique
Elevage non intégré à l’exploitation et
déficit fourrager : La conduite
alimentaire se base sur les sous-produits
des céréales, les parcours forestiers et les
broussailles.
- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers de l’élevage pour mieux
maitriser le coût.
- Mettre au point une stratégie de développement des cultures fourragères de nature à
encourager sa pratique dans le but de diminuer les quantités importées de mais, d’orge et
de tourteau de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des flambées
incontrôlables.
- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité alimentaire.
Structurelle
Faible participation des agriculteurs
aux organisations professionnelles :
Adhésion faible aux CSA, absence
d’organisation de base pour la gestion des
parcours forestiers…
Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des moyens financiers limités, la
stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun (à travers les formes existantes de
SMSA et de GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de fonctionnement.
Parallèlement, la gestion des parcours par les usagers et l’implication de la population
forestière pour préserver les ressources sylvicoles sont absentes. La solution serait alors de
promouvoir la création de ce type de groupement dans le but de concilier entre les besoins
et la nécessité de la sauvegarde des ressources (pour leur durabilité).
Technique
Productivité très moyenne : Les
rendements moyens des céréales sont dus
aux conditions pédoclimatiques
favorables qu’aux pratiques culturales.
- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues de moyens financiers
et de mécanismes de mise en œuvre.
- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de l’agriculture en liaison avec les
changements climatiques qui imposent des variétés plus résistantes.
- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les acquis de la
recherche.
Structurelle
Faibles moyens humains et matériels
alloués à la vulgarisation ayant un
impact négatif sur la diffusion de la
technologie et sur l’encadrement
technique.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la
vulgarisation à travers les conseils de gestion.
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phase
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1.2. Potentialités existantes
Potentiel / Possibilités Orientations « Agro-système I »
Conditions bioclimatiques favorables à l’intensification :
Les rendements céréaliers en sec sont relativement
acceptables mais peuvent être davantage améliorés en liaison
avec les pratiques culturales très sommaires et non valorisantes
du milieu.
Valoriser les conditions climatiques favorables en optimisant la productivité à
travers l’utilisation des variétés performantes et l’intensification accrue en
intrants.
Possibilités importantes de diversification de la
production : Arboriculture en extension, pratique des céréales
(blé et orge), du fourrage, des légumineuses et de l’élevage
ovin et bovin.
- Procéder à des plantations arboricoles pour augmenter la diversification de la
production et retenir le sol soumis à l’érosion.
- Introduire davantage de légumineuses et surtout celles utilisables pour l’élevage
en substitution aux importations (féverole).
Sous-exploitation des ressources en eau souterraines et
superficielles
Optimiser la mobilisation des ressources en eau à travers la création de
PPI (production stable et rendements performants)
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phase
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2. Agro-système II : « Le système agro-pastoral des reliefs collinaires »
2.1. Principales contraintes au développement
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système II »
Economique
Arrêt de l’exploitation des ressources
minières : Augmentation de la pression
sur le secteur agricole.
Encourager la diversification de l’économie régionale : Subventions à l’installation de pôles
industriels et aux coûts de transport.
Structurelle
Problème de transmissibilité : Manque
d’opportunités locales d’emploi des
jeunes et exode important. Cet espace
répulsif pourrait engendrer des problèmes
de succession dans les exploitations
agricoles.
- Alléger la pression sur l’exploitation agricole en créant pour les jeunes des activités
génératrices de revenus.
- Améliorer les conditions de vie dans la région.
- Mise au point d’une réglementation interdisant la non exploitation des terres.
Structurelle
Structure des exploitations agricoles
contraignante : Dominance de la petite
propriété (près de 70% des exploitations
ont une taille inférieure à 10 ha) et
morcellement des terres.
- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et pour assurer un revenu
minimal (la superficie minimale doit être déterminée en fonction des ressources
disponibles).
- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement, subvention…).
- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en sec des terres.
Economique
Autonomie financière réduite : La
majorité des exploitations sont endettées.
- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas pour identifier les capacités
individuelles de remboursement.
- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la limite de la viabilité
économique, des mesures d’appui doivent être initiés à l’instar des crédits de proximité
(Associations, ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à caractère
familiale et social. Ces crédits peuvent alloués en nature.
- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité est difficile du fait que leur
persistance est liée à leur stratégie d’autosubsistance et au recours à la pluriactivité. Une
réforme agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie minimale.
Economique
Problème de viabilité pour près de 70%
des exploitations. L’absentéisme et le
recours à la pluriactivité sont fréquents.
On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu moyennant la disparition des
exploitations concernées à travers le marché foncier. Toutefois, on remarque la persistance
de ce type d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques extensives et la
stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette stratégie ne permet probablement pas d’assurer
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
119
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système II »
l’améliorer de la productivité et la solution serait plutôt la réforme agraire.
Structurelle
Faible pluviométrie qui limite
l’intensification des systèmes de
production.
Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés résistantes et capables de
se développées dans les conditions de faible pluviométrie. La banque de gènes créer
récemment pourrait apportait une aide précieuse à travers l’amélioration génétique du
patrimoine ancestral.
Technique
Erosion importante et parfois
irréversible : 80% des zones collinaires
sont menacées par l’érosion.
L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages existants et l’adoption par les
agriculteurs des pratiques conservatrices sont nécessaire pour lutter contre l’érosion. La
conception doit être conçue exploitation par exploitation.
Technique
Problème d’aptitude culturale :
Extension des cultures aux dépens des
forêts et des parcours créant des espaces
déséquilibrés.
Les données officielles montrent qu’il n’a plus de parcours collectifs qui pourraient être
apurés. L’existant se limite aux parcours privés qui sont actuellement labourés et posant un
problème d’aptitude. L’idéal sera d’envisager une amélioration pastorale sur ce type de
terres pour bien les valoriser et pour améliorer le bilan fourrager déficitaire.
Technique
Dégradation des ressources pastorales
et sylvicoles : (i) L’appropriation des
terres de parcours se traduit par une
accentuation du déficit fourrager et (ii)
Forêt réduite à un maquis.
- La stratégie de développement forestier et pastoral doit s’adapter aux exigences des
régions et focaliser les efforts sur l’amélioration des parcours forestiers pour alléger la
pression du cheptel.
- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies sectorielles en misant, comme
objectif principal, sur les plantations fourragères.
- Impliquer autant que possible la population usagères des parcours forestiers pour bien les
gérer et assurer leur durabilité.
- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant le suivi pour sauvegarder
l’état des parcours privés amélioré.
Technique
Elevage non intégré à l’exploitation et
déficit fourrager : La conduite
alimentaire se base sur les sous-produits
des céréales, les parcours et les
broussailles.
- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers de l’élevage pour mieux
maitriser le coût.
- Mettre au point une stratégie de développement des cultures fourragères de nature à
encourager sa pratique dans le but de diminuer les quantités importées de mais, d’orge et
de tourteau de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des flambées
incontrôlables.
- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité alimentaire.
Structurelle Participation quasi-absente des
agriculteurs aux organisations
Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des moyens financiers limités, la
stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun (à travers les formes existantes de
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
120
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système II »
professionnelles : Pas de CSA
fonctionnelles et absence d’organisation
de base pour la gestion des parcours …
SMSA et de GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de fonctionnement.
Parallèlement, la gestion des parcours par les usagers et l’implication de la population
forestière pour préserver les ressources sylvicoles sont absentes. La solution serait alors de
promouvoir la création de ce type de groupement dans le but de concilier entre les besoins
et la nécessité de la sauvegarde des ressources (pour leur durabilité).
Technique
Productivité faible : Pratiques culturales
précaires (système de production
extensif) se traduisent par une faible
productivité (rendements bas)
- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues de moyens financiers
et de mécanismes de mise en œuvre.
- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de l’agriculture en liaison avec les
changements climatiques qui imposent des variétés plus résistantes.
- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les acquis de la
recherche.
Structurelle
Faibles moyens humains et matériels
alloués à la vulgarisation ayant un
impact négatif sur la diffusion de la
technologie et sur l’encadrement
technique.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la
vulgarisation à travers les conseils de gestion.
Technique
Absence de ressources en eau
souterraines, ce qui limite davantage les
possibilités de modernisation de
l’agriculture.
Diversifier l’économie régionale, mobiliser les autres ressources disponibles tout en les
sauvegardant (CES, amélioration pastorale, mobilisation des eaux de surface, équilibre de
l’assolement, intégration de l’élevage, diversifier la production agricole par des
plantations…).
2.2. Potentialités existantes
Potentiel / Possibilités Orientations « Agro-système II »
Possibilités de diversification de la production à l’instar de la
récente extension de l’arboriculture à base d’olivier à huile.
Plantation d’olivier à huile pour diversifier la production
Possibilités de stockage et de mobilisation des eaux
superficielles
Création de retenues collinaires pour l’irrigation d’appoint qui est de nature
à inciter pour une meilleure conduite technique générant une productivité
plus importante.
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phase
121
3. Agro-système III : « Le système agro-pastoral des glacis »
3.1. Principales contraintes au développement
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système III »
Structurelle
Problème de transmissibilité : Ce
problème est dû notamment au manque
d’opportunités locales d’emploi des
jeunes, à l’exode rural important, à la
dominance des exploitations de
subsistance et à l’absentéisme pour
celles de taille moyenne à consistante
(35% sont actuellement conduites en
mode de faire valoir indirect).
- Alléger la pression sur l’exploitation agricole en créant pour les jeunes des activités
génératrices de revenus.
- Améliorer les conditions de vie dans la région.
- Mise au point d’une réglementation interdisant la non exploitation des terres.
- Vu l’importance du mode de faire valoir indirect et dans le souci de préserver la fertilité du
sol, des mesures incitatrice doit être testées (location longue durée…).
Structurelle
Structure des exploitations agricoles
contraignante : Dominance de la petite
propriété (près de 90% des
exploitations ont une taille inférieure à
10 ha) et morcellement des terres.
- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et pour assurer un revenu
minimal (la superficie minimale doit être déterminée en fonction des ressources disponibles).
- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement, subvention…).
- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en sec des terres.
Economique
Autonomie financière réduite : La
majorité des exploitations sont
endettées.
- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas pour identifier les capacités
individuelles de remboursement.
- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la limite de la viabilité
économique, des mesures d’appui doivent être initiés à l’instar des crédits de proximité
(Associations, ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à caractère familiale
et social. Ces crédits peuvent alloués en nature.
- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité est difficile du fait que leur
persistance est liée à leur stratégie d’autosubsistance et au recours à la pluriactivité. Une
réforme agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie minimale.
Economique
Problème de viabilité qui concerne
surtout les exploitations relevant des
glacis du Centre (près de 90% des
fermes contre 30% dans les glacis du
On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu moyennant la disparition des
exploitations concernées à travers le marché foncier. Toutefois, on remarque la persistance de
ce type d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques extensives et la
stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette stratégie ne permet probablement pas d’assurer
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système III »
Nord). L’absentéisme et le recours à la
pluriactivité sont alors fréquents.
l’améliorer de la productivité et la solution serait plutôt la réforme agraire et/ou des mesures
pour le mode de faire valoir avec une durée de location consistante permettant d’opter pour
des stratégies de développement et de sauvegarder la fertilité des sols.
Structurelle
Faible pluviométrie dans les glacis du
Centre qui limite l’intensification des
systèmes de production.
Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés résistantes et capables de se
développées dans les conditions de faible pluviométrie. La banque de gènes créer récemment
pourrait apportait une aide précieuse à travers l’amélioration génétique du patrimoine
ancestral.
Technique
Erosion importante : Les 3/4 des
terres sont menacées par l’érosion.
L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages existants et l’adoption par les
agriculteurs des pratiques conservatrices sont nécessaire pour lutter contre l’érosion. La
conception doit être conçue exploitation par exploitation.
Technique
Problème d’aptitude culturale :
Extension des cultures aux dépens des
parcours créant des espaces
déséquilibrés.
Les données officielles montrent qu’il n’a plus de parcours collectifs qui pourraient être
apurés. L’existant se limite aux parcours privés qui sont actuellement labourés et posant un
problème d’aptitude. L’idéal sera d’envisager une amélioration pastorale sur ce type de terres
pour bien les valoriser et pour améliorer le bilan fourrager déficitaire.
Technique
Dégradation des ressources
pastorales : L’appropriation des terres
de parcours se traduit par une
accentuation du déficit fourrager.
- La stratégie de développement forestier et pastoral doit s’adapter aux exigences des régions
et focaliser les efforts sur l’amélioration des parcours pour alléger la pression du cheptel.
- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies sectorielles en misant, comme objectif
principal, sur les plantations fourragères.
- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant le suivi pour sauvegarder
l’état des parcours privés amélioré.
Technique
Elevage non intégré à l’exploitation
et déficit fourrager : La conduite
alimentaire se base sur les sous-
produits des céréales, les parcours et les
broussailles.
- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers de l’élevage pour mieux
maitriser le coût.
- Mettre au point une stratégie de développement des cultures fourragères de nature à
encourager sa pratique dans le but de diminuer les quantités importées de mais, d’orge et de
tourteau de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des flambées incontrôlables.
- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité alimentaire.
Technique
Productivité faible : Les pratiques
culturales sont précaires (système de
production extensif) et se traduisent en
générale par une faible productivité
- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues de moyens financiers et
de mécanismes de mise en œuvre.
- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de l’agriculture en liaison avec les
changements climatiques qui imposent des variétés plus résistantes.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
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Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système III »
(rendements bas). Dans les glacis du
Nord, Les conditions climatiques assez
favorables occultent les pratiques
culturales sommaires vu que les
rendements sont meilleurs.
- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les acquis de la recherche.
Structurelle
Participation quasi-absente des
agriculteurs aux organisations
professionnelles : Pas de CSA
fonctionnelles …
Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des moyens financiers limités, la
stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun (à travers les formes existantes de
SMSA et de GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de fonctionnement.
Parallèlement, la gestion des parcours par les usagers et l’implication de la population
forestière pour préserver les ressources sylvicoles sont absentes. La solution serait alors de
promouvoir la création de ce type de groupement dans le but de concilier entre les besoins et
la nécessité de la sauvegarde des ressources (pour leur durabilité).
Structurelle
Faibles moyens humains et matériels
alloués à la vulgarisation ayant un
impact négatif sur la diffusion de la
technologie et sur l’encadrement
technique.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la
vulgarisation à travers les conseils de gestion.
Structurelle
Absence de ressources en eau
souterraines, ce qui limite davantage
les possibilités de modernisation de
l’agriculture.
Diversifier l’économie régionale, mobiliser les autres ressources disponibles tout en les
sauvegardant (CES, amélioration pastorale, mobilisation des eaux de surface, équilibre de
l’assolement, intégration de l’élevage, diversifier la production agricole par des plantations…).
3.2. Potentialités existantes
Potentiel / Possibilités Orientations « Agro-système III »
Possibilités de diversification de la production à l’instar de la récente
extension de l’arboriculture à base d’olivier à huile.
Plantation d’olivier à huile pour diversifier la production
Possibilités de stockage et de mobilisation des eaux superficielles Création de retenues collinaires pour l’irrigation d’appoint qui est de
nature à inciter pour une meilleure conduite technique générant une
productivité plus importante.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
124
4. Agro-système IV.1 : « Le sous-système des hautes plaines de l’Est »
4.1. Principales contraintes au développement
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.1 »
Structurelle
Climat peu valorisant du potentiel sol (plaine) : Climat
semi-aride marqué par l’irrégularité et la mauvaise
répartition des pluies.
Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés
résistantes et capables de se développées dans les conditions de faible
pluviométrie. La banque de gènes créer récemment pourrait apportait
une aide précieuse à travers l’amélioration génétique du patrimoine
ancestral.
Technique
Appauvrissement du sol en matière organique et
apparition de mauvaises herbes (brome) suite aux
pratiques culturales sommaires.
Corriger les pratiques culturales en utilisant davantage de matière
organique (fumier) de nature à améliorer la fertilité du sol. Ainsi,
l’intégration de l’élevage est recommandée.
Lutter contre les mauvaises herbes en faisant recours au traitement
chimique adéquat.
Technique
Elevage moyennement intégré à l’exploitation
agricole : Vu que le troupeau est généralement de taille
peu consistante, la conduite alimentaire se base sur les
sous-produits des céréales et les fourrages. La principale
activité étant les grandes cultures.
Consolider davantage l’élevage dans le but d’assurer son intégration
et d’utiliser le fumier produit pour améliorer la fertilité du sol.
Technique
Importance de la jachère (40% des terres) qui traduit un
manque à gagner important (Blé/Jachère).
L’assolement triennal qui est recommandé, est plus valorisant
(céréales, fourrages et légumineuse).
Structurelle
Structure des exploitations moins contraignante
comparée aux autres systèmes : Dominance de
l’exploitation de taille moyenne (40% ont moins de 10 ha,
50% ont entre 10 et 50 ha et 10% > 50 ha). Le
morcellement des terres existe.
Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en
sec des terres.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
125
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.1 »
Economique
Autonomie financière moins problématique :
L’endettement des exploitants existe mais d’une façon
moins prononcée que les autres régions du Kef. Les
problèmes financiers pour le démarrage des campagnes
agricoles concernent notamment les exploitations de petite
taille. En ce qui concerne l’investissement, même les gros
exploitants ne disposent pas de moyens suffisants.
- Pour certaines exploitations de petites tailles, des mesures d’appui
doivent être initiés à l’instar des crédits de proximité (Associations,
ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à caractère
familiale et social. Ces crédits à couts termes peuvent alloués en
nature.
- Pour les crédits d’investissements, les primes d’intéressement (liées
aux régions intérieures du pays : actuellement fixées par le code des
investissements à 8%) doit être appliquées.
Technique
Productivité moyenne : Les pratiques culturales sont
meilleures comparées aux autres régions mais peuvent être
davantage améliorées.
- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues
de moyens financiers et de mécanismes de mise en œuvre.
- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de
l’agriculture en liaison avec les changements climatiques qui
imposent des variétés plus résistantes.
- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les
acquis de la recherche.
Structurelle
La participation aux organisations professionnelles qui
reste à un niveau faible, est plus importante que les autres
régions (les potentialités plus favorables génèrent une
demande consistante en intrants qui justifie l’actuel
fonctionnement des coopératives de services agricoles).
La stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun est
pratiquement absente. L’actuel fonctionnement des SMSA est surtout
lié à la demande en intrants en liaison avec les besoins plus
importants.
Structurelle
Faibles moyens humains et matériels alloués à la
vulgarisation ayant un impact négatif sur la diffusion de
la technologie et sur l’encadrement technique.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et
matériels nécessaire.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de
vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la
profession dans la vulgarisation à travers les conseils de gestion.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
Conditions bioclimatiques favorables à l’intensification : Les
rendements céréaliers en sec sont relativement acceptables mais
peuvent être davantage améliorés en liaison avec les pratiques
culturales très sommaires et non valorisantes du milieu.
Valoriser les conditions climatiques favorables en optimisant la
productivité à travers l’utilisation des variétés performantes et
l’intensification accrue en intrants.
Sous-exploitation des ressources en eau souterraines et
superficielles
Optimiser la mobilisation des ressources en eau à travers la
création de PPI (production stable et rendements performants)
Possibilités importantes de diversification de la
production (arboriculture, légumineuses et cultures maraichères…).
- Procéder à des plantations arboricoles pour augmenter la
diversification de la production.
- Introduire davantage de légumineuses et surtout celles
utilisables pour l’élevage en substitution aux importations
(féverole).
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
127
5. Agro-système IV.2 : « Le sous-système des plaines du Sud et de l’Ouest »
5.1. Principales contraintes au développement
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.2 »
Structurelle
Climat très contraignant à la limite
de la vocation céréalière : Faiblesse
et rareté des précipitations (les plus
bas rendements de la région).
Intervention de la recherche agricole pour identifier des variétés résistantes et
capables de se développées dans les conditions de faible pluviométrie. La banque de
gènes créer récemment pourrait apportait une aide précieuse à travers l’amélioration
génétique du patrimoine ancestral.
Structurelle
Structure des exploitations
contraignante : Dominance de la
petite propriété (50% ont moins de 10
ha, 40% ont entre 10 et 50 ha et 10%
> 50 ha). Le morcellement excessif
des terres est assez fréquent.
- Réforme agraire pour limiter l’émiettement de la propriété et pour assurer un revenu
minimal (la superficie minimale doit être déterminée en fonction des ressources
disponibles).
- Dynamiser le marché foncier (incitations au financement, subvention…).
- Consolider l’intervention de l’AFA en matière de remembrement en sec des terres.
Economique
Problème de viabilité pour plus de la
moitié des exploitations : La
superficie minimale permettant de
garantir le SMAG est de 16 ha.
On pourra supposer que le problème de viabilité sera résolu moyennant la disparition
des exploitations concernées à travers le marché foncier. Toutefois, on remarque la
persistance de ce type d’exploitations peu ou non viables en liaison avec les pratiques
extensives et la stratégie axée sur l’autosubsistance. Cette stratégie ne permet
probablement pas d’assurer l’améliorer de la productivité et la solution serait plutôt la
réforme agraire.
Technique
Productivité très basse : Les
pratiques culturales sont très
sommaires et se traduisent par des
rendements dérisoires.
- Stratégies de développement de la production agricole dépourvues de moyens
financiers et de mécanismes de mise en œuvre.
- Adapter davantage la recherche agricole aux exigences de l’agriculture en liaison
avec les changements climatiques qui imposent des variétés plus résistantes.
- Identifier les mécanismes les plus opportuns pour mettre à profit les acquis de la
recherche.
Economique
La diversification de l’économie
locale (échanges frontaliers)
contribue au maintient d’une bonne
partie des exploitations agricoles qui
ne sont pas viables.
La lutte contre l’exode au niveau des zones reculées et frontalières est nécessaire pour
l’occupation de l’espace et sa valorisation. La diversification de l’économie locale
constitue une solution pour maintenir la population. A côté des échanges frontaliers
qui doivent être contrôlés dans la mesure du possible, la pluriactivité est vivement
recommandée pour améliorer le niveau de vie.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
128
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.2 »
Economique
Autonomie financière médiocre :
Faiblesse des moyens financiers et
endettement de près de 90% des
exploitants. Les décisions
présidentielles en matière de
rééchelonnement et d’assainissement
des intérêts de retards ne constituent
pas une réelle solution pour soutenir
les exploitations peu viables dans les
conditions climatiques difficiles.
- L’endettement des exploitants doit être traité au cas par cas pour identifier les
capacités individuelles de remboursement.
- Pour certaines exploitations de petites tailles et qui sont à la limite de la viabilité
économique, des mesures d’appui doivent être initiés à l’instar des crédits de
proximité (Associations, ONG…), du programme d’appui à la petite exploitation à
caractère familiale et social. Ces crédits peuvent alloués en nature.
- Pour les fermes non viables, l’amélioration de la productivité est difficile du fait que
leur persistance est liée à leur stratégie d’autosubsistance et au recours à la
pluriactivité. Une réforme agraire est ainsi envisageable pour imposer une superficie
minimale.
Technique
Erosion et appauvrissement du sol
en matière organique : Absence de
restitution des éléments nutritifs aux
sols (perte de fertilité).
L’aménagement des bassins versants, l’entretien des ouvrages existants et
l’adoption par les agriculteurs des pratiques conservatrices sont nécessaire pour
lutter contre l’érosion. La conception doit être conçue exploitation par exploitation.
Corriger les pratiques culturales en utilisant davantage de matière organique
(fumier) de nature à améliorer la fertilité du sol. Ainsi, l’intégration de l’élevage est
recommandée.
Technique
Extension des zones de cultures aux
dépens de parcours : Accentuation
du déficit fourrager.
Les données officielles montrent qu’il n’a plus de parcours collectifs qui pourraient
être apurés. L’existant se limite aux parcours privés qui sont actuellement labourés et
posant un problème d’aptitude. L’idéal sera d’envisager une amélioration pastorale
sur ce type de terres pour bien les valoriser et pour améliorer le bilan fourrager
déficitaire.
Technique
Elevage non intégré à l’exploitation
agricole : La conduite alimentaire se
base sur les jachères, les chaumes et
les parcours dégradés.
- Introduire un assolement tenant compte des besoins fourragers de l’élevage pour
mieux maitriser le coût.
- Mettre au point une stratégie de développement des cultures fourragères de nature à
encourager sa pratique dans le but de diminuer les quantités importées de mais,
d’orge et de tourteau de soja dont les prix mondiaux ont connu dernièrement des
flambées incontrôlables.
- Définir une stratégie de l’élevage de nature à garantir la sécurité alimentaire.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
129
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.2 »
Technique
Dégradation des ressources
pastorales : La surexploitation des
parcours et leur appropriation se
traduisent par une accentuation du
déficit fourrager.
- La stratégie de développement forestier et pastoral doit s’adapter aux exigences des
régions et focaliser les efforts sur l’amélioration des parcours pour alléger la
pression du cheptel.
- Assurer une meilleure intégration entre les stratégies sectorielles en misant, comme
objectif principal, sur les plantations fourragères.
- Mise en place de mesures d’accompagnement par l’OEP visant le suivi pour
sauvegarder l’état des parcours privés amélioré.
Structurelle
La participation aux organisations
professionnelles est très faible en
liaison avec les pratiques précaires.
Malgré la dominance de la petite exploitation traduisant des moyens financiers
limités, la stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun (à travers les formes
existantes de SMSA et de GDAP) reste sujette à d’énormes problèmes de
fonctionnement.
Structurelle
Faibles moyens humains et
matériels alloués à la vulgarisation
malgré les faibles performances de
l’activité agricole.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la
Possibilités de diversification de la production en
sec : Arboriculture rustique
Plantation d’olivier à huile pour diversifier la production
Sous-exploitation des ressources en eau souterraines. Optimiser la mobilisation des ressources en eau à travers la création de
PPI (production stable et rendements performants)
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
130
6. Agro-système IV.3 : « Le sous-système des plaines inondables : Merjas »
6.1. Principales contraintes au développement
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.3 »
Technique
Des étendues importantes sont inondées pendant les
années pluvieuses : Anéantissement des récoltes et
dégâts souvent irrémédiables des vergers.
Donner la priorité pour l’assainissement des réseaux de drainage
existants et qui sont colmatés.
Technique
Absence d’entretien des travaux existants : Certaines
zones hydromorphes ont été aménagées depuis les
années 70 par un système de drainage actuellement
colmaté.
Réserver un budget pour l’entretien annuel du réseau
d’assainissement et étudier les possibilités d’implication des
agriculteurs concernés pour participer à ce type d’action (moyennant
la formule groupement de développement).
Technique
Abandon de l’activité agricole par quelques
agriculteurs suite à l’inondation de leurs exploitations
au cours des dernières années.
Créer un fonds de soutien en faveur des petits exploitants dépourvus
de moyens financiers et/ou inciter les moyens et les gros agriculteurs
à assurer leur production contre les inondations.
Economique
Problème de viabilité suite à l’hydromorphie : La
superficie minimale permettant de garantir le SMAG
évolue de 4 ha en situation avant remontée de la nappe à
13 ha en situation avec hydromorphie. Ce constat
montre qu’au moins 70% des fermes deviennent
vulnérables et à la limite de la viabilité.
La persistance de l’hydromorphie dans les zones de bas fonds
nécessite une révision par les agriculteurs concernés de leur stratégie
de mise en valeur. Dans ces zones à haut risque d’inondation, les
plantations arboricoles sont à exclure et les grandes cultures à base
de fourrages sont plutôt recommandées pour assurer la conduite d’un
troupeau d’élevage.
Technique
Productivité moyenne : Les pratiques culturales sont
meilleures comparées aux autres régions mais peuvent
être davantage améliorées.
Dans les conditions où les risques d’hydromorphie sont élevés, les
pratiques culturales tendent à une utilisation de plus en plus
extensive en intrants. Ce comportement conservateur ne permet
cependant pas de valoriser les potentialités en sol qui sont assez
riches (zones d’accumulation).
L’aménagement de ces zones permettra d’ajuster la gestion du risque
vers une stratégie plus intensificatrice en intrants. Plus d’efficacité,
cet objectif doit être pris en charge par la vulgarisation agricole.
Structurelle
La participation aux organisations professionnelles
qui reste à un niveau faible, est plus importante que les
autres régions (les potentialités plus favorables génèrent
La stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun est
pratiquement absente. L’actuel fonctionnement des SMSA est
surtout lié à la demande en intrants en liaison avec les besoins plus
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
131
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système IV.3 »
une demande consistante en intrants qui justifie l’actuel
fonctionnement des coopératives de services agricoles).
importants.
Structurelle
Faibles moyens humains et matériels alloués à la
vulgarisation ayant un impact négatif sur la diffusion de
la technologie et sur l’encadrement technique.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et
matériels nécessaire.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes
de vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la
profession dans la vulgarisation à travers les conseils de gestion.
Production assez diversifiée et système de production
relativement intensif (polyculture en sec et en irrigué).
Continuer avec cette orientation à condition que des travaux
d’assainissement et de drainage soient réalisés.
La fertilité du sol est bonne et les apports d’engrais chimiques
sont relativement corrects.
Ressources à valoriser davantage à travers l’intensification.
Des études ont été réalisées par le CRDA du Kef en vu de lutter
contre l’érosion qui a causée les importants ruissellements et le
colmatage des drains.
Exécuter le contenu des études en allouant le budget requis.
Sous-exploitation des ressources en eau souterraines. Optimiser la mobilisation des ressources en eau à travers la
création de PPI (production stable et rendements performants)
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
132
7. Agro-système V : « Le système irrigué »
7.1. Principales contraintes au développement
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système V »
Technique
- Taux d’intensification insuffisant surtout
au niveau des PPI (77% contre 122% dans
les périmètres privés)
- Sous-exploitation des PPI : Existence de
parcelles équipées mais non irriguées et
difficultés de gestion des GDAP pour la
couverture des frais de fonctionnement
(faibles moyens financiers des petits
irrigants).
- Procéder à des études techniques et socio-économiques pour identifier pour chaque
PPI un plan de développement mettant en cohérence les études antérieures et les
pratiques et comportements actuels. L’objectif étant de définir les contraintes limitant
le taux d’intensification au cas par cas pour permettre au CRDA du Kef d’apporter les
solutions nécessaires.
- des études sociales doivent identifier les terres non irriguées ou abandonnées
autorisant leur exclusion des PPI.
- Pour les nouveaux PPI, étudier diverses variantes préconisant un schéma hydraulique
à réseau partiellement fixe pouvant s’adapter à la mobilité des parcelles à irriguer.
- Subventionner l’eau d’irrigation destinée aux céréales pour encourager leur pratique
dans les PPI (sécurité alimentaire).
- Modernisation du réseau d’irrigation au niveau de certain PPI.
Technique
Existence de deux nappes phréatiques
surexploitées : Il s’agit de Bled Abida dans la
plaine de Dahmani et Bled Charène dans la
plaine de Zaafrane (Les taux d’exploitations
sont respectivement de 160% et 128%). La
solution préconisée par le CRDA du Kef était
la mise en place, depuis la fin des années 90,
de périmètres publics de sauvegarde à
l’intérieur des puits de surface. Ces efforts qui
ont amélioré les potentialités en eau des puits,
ont par contre généré une nouvelle pression
suite à l’augmentation de la demande en eau
d’irrigation pendant la saison estivale.
L’installation de périmètres de sauvegarde à l’intérieure des puits de surface est une
bonne solution pour continuer d’une façon durable avec l’intensification agricoles
surtout que les nappes profondes sont sous-exploitées et la volonté des agriculteurs
d’optimiser la mobilisation de l’eau existe. Pour ce type d’irrigants, la gestion de la
demande en eau s’impose du faite que les besoins sont de plus en plus élevés et
peuvent ne pas être satisfaits. La proposition du CRDA qui préconise la construction
d’un 2ème
bassin de stockage, pourrait entrainer de nouvelles augmentations dans la
superficie des tomates et engendrer une demande supplémentaire en eau bien
supérieure aux disponibilités. La solution la plus recommandée serait d’envisager,
parallèlement un programme de vulgarisation permettant le respect des assolements
et la généralisation de l’économie en eau.
Au niveau de ces nappes surexploitées, le CRDA doit impérativement interdire les
nouvelles extensions de puits de surface et encourager davantage l’acquisition
d’équipements d’économie en eau.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
133
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système V »
Economique
Manque de moyens financiers chez une
bonne partie des irrigants : Cette contrainte
concerne aussi bien les PPI que les puits de
surface.
- Pour les exploitations irriguées de petites tailles, l’accès aux crédits à des taux
d’intérêts bonifiés pourrait les inciter à mieux financer le démarrage et l’entretien des
cultures. Afin d’assurer que ces crédits sont utilisés à leur fin, il est nécessaire de
procéder à un suivi régulier des agriculteurs bénéficiaires et de les allouer en nature.
Pour simplifier l’application de ce système, il faudrait étudier la possibilité
d’intervention d’organismes financiers de proximité (associations locales de
développement implantées au niveau de certaines délégations, les ONG …).
- Assurer l’encadrement nécessaire pour une meilleure utilisation des crédits supervisés.
Economique
Absence d’électricité pour certain puits de
surface et utilisation du réseau monophasé
pour d’autre (nappe de Sers). Ceci se
traduit par un coût de pompage élevé surtout
pour les premiers.
Electrification des puits de surface par un réseau triphasé permettant l’utilisation de
groupes de pompage adaptés (HMT et coût d’énergie).
Technique
Faible technicité des irrigants :
Techniques cultures moyennement
intensive en intrants et se traduisant par
une basse productivité.
Absence d’un encadrement suffisant
pour orienter et aider les irrigants à choisir
les solutions techniques et économiques.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.
- Augmenter la fréquence et la consistance de l’encadrement technique dans les
périmètres irrigués.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la
vulgarisation à travers les conseils de gestion.
Technique
Dégradation de la fertilité des sols :
Absence d’une restitution normale de matière
organique au sol par suite du manque énorme
de fumier dans la région. Ce manque, constaté
depuis 1997, résulte de la forte diminution de
l’effectif des bovins suite à la maladie de la
vache folle.
Corriger les pratiques culturales en utilisant davantage de matière organique (fumier)
de nature à améliorer la fertilité du sol. Ainsi, l’intégration de l’élevage est
recommandée.
Améliorer l’encadrement technique des irrigants pour une meilleure utilisation
d’intrants permettant de satisfaire les besoins des cultures et de restituer au sol les
éléments nutritifs.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
134
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système V »
Economique
Problèmes de commercialisation des fruits
et des légumes :
Pour la tomate de saison, les conditions
assez difficiles de paiement imposées par
l’usine de transformation Abida
(quelques mois après la livraison de la
production), n’est pas en faveur des
petits irrigants à faibles moyens
financiers. Actuellement, l’essentiel des
tomates transformées proviennent des
gouvernorats limitrophes.
Pour les cultures maraichères, le
problème de commercialisation apparait
en termes d’organisation du marché de
gros et de compétitivité avec les autres
régions. A ce niveau, uniquement 10%
de l’offre dans le marché de gros du Kef
est d’origine locale malgré que cette
dernière couvre largement la demande.
Le problème de commercialisation de fruits et de légumes relatif au irrigant du Kef
traduit un manque de compétitivité par rapport aux autres régions limitrophes et qui ont
plus d’expérience dans le domaine de la conduites des cultures en irrigué.
A l’échelle du marché de gros du Kef, une meilleure organisation des transactions et des
relations entres les intermédiaires et les irrigants s’impose pour soutenir la production
locale.
Structurelle
La participation aux organisations
professionnelles est nettement plus
importante que les autres régions en liaison
avec la gestion de l’eau d’irrigation (GDAP
dans les PPI de sauvegarde) et la demande
d’intrants pour les cultures maraichères qui
justifie le fonctionnement des coopératives de
services agricoles (la coopérative de Sehl
Ezzouarine pour la zone de Abida, la
coopérative de Ennajeh pour la zone de
Tajerouine…).
La stratégie de groupe pour acheter ou gérer en commun est pratiquement absente.
L’actuel fonctionnement des SMSA est surtout lié à la demande en intrants en liaison
avec les besoins plus importants.
L’activité en irrigué dans le gouvernorat du Kef est jeune et en pleine expansion. Ce fait
montre la nécessité d’agir en commun pour plus d’efficacité : La commercialisation des
fruits et des légumes qui connait d’énormes difficultés (manque de concurrence)
pourrait constituer une activité pratique des certaines SMSA.
Appui aux GDAP en difficulté et mise au point d’un système de suivi au niveau de
chaque groupement permettant d’identifier au moment opportun les contraintes qui
s’imposent. Cet outil permettra au CRDA d’intervenir pour garantir la valorisation des
investissements hydrauliques existants.
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CNEA / Rapport de la 3ème
phase
135
Dimension Principales problématiques Recommandations « Agro-système V »
Structurelle
Faibles moyens humains et matériels
alloués à la vulgarisation ayant un impact
négatif sur la diffusion de la technologie et
sur l’encadrement technique.
- Consolider la vulgarisation agricole par les moyens humains et matériels nécessaire.
- Adopter l’approche participative dans l’identification des thèmes de vulgarisation.
- Impliquer davantage les organisations de base (SMSA…) et la profession dans la
vulgarisation à travers les conseils de gestion.
7.2. Potentialités existantes
Potentiel / Possibilités Orientation « Agro-système V »
Possibilités importantes de valorisation des eaux :
- Eau de surface mobilisée à 48% et exploitée à 6%
- Nappes phréatiques exploitées à 87%
- Nappes profondes exploitées à 27%
Valoriser le potentiel existant tout en le sauvegardant (niveau maximal
d’exploitation, ouvrage de recharge, suivi des nappes…) : Les objectifs du
XIème plan prévoient d’augmenter les superficies irriguées de 14485 ha à 20
mille ha à l’horizon 2011.
Veiller à valoriser les PPI existants : L’objectif est d’atteindre un taux
d’intensification de 130%.
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
SOMMAIRE
Liste des abréviations _________________________________________________ i
Résumé & conclusions _________________________________________________ i
1.1.5. Tissus institutionnel dense mais peu efficace _________________________________ 7
1.1.6. Conclusion : Problématique générale de la durabilité de l’agriculture _____________ 8
1.2. Menaces sur la durabilité et tendances par système agraire _______________________ 10
1.2.1. Données sur les systèmes agraires identifiés ________________________________ 10
1.2.2. Agro-système I : « Le système agro-sylvicole de montagne » ___________________ 11
1.2.3. Agro-système II : « Le système agro-pastoral des reliefs collinaires » _____________ 12
1.2.4. Agro-système III : « Le système agro-pastoral des glacis » ______________________ 13
1.2.5. Agro-système IV : « Le système agraire des hautes plaines » ___________________ 14
1.2.5.1. Le sous-système des hautes plaine de l’Est _____________________________________ 14
1.2.5.2. Le sous-système des plaines de l’Ouest et du Sud _______________________________ 15
1.2.5.3. Le sous-système des zones inondables ________________________________________ 16
1.2.6. Agro-système V : « Le système agraire en irrigué » ___________________________ 17
1.3. Eléments prospectifs du forçage climatique et économique _______________________ 19
1.3.1. Menaces dues aux changements climatiques ________________________________ 19
1.3.2. Menaces dues à la libéralisation des échanges ______________________________ 21
1.4. Les stratégies d’adaptation des acteurs _______________________________________ 22
1.4.1. Politiques et stratégies des pouvoirs publics ________________________________ 23
1.4.1.1. La stratégie des ressources en eau ___________________________________________ 23
1.4.1.2. La stratégie de conservation des eaux et du sol _________________________________ 24
1.4.1.3. La stratégie de développement forestier et pastoral _____________________________ 25
1.4.1.4. Les stratégies de développement de la production agricole _______________________ 26
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
1.4.1.5. Les acquis de la recherche agronomique ______________________________________ 27
1.4.1.6. Concrétisation des stratégies : XIème plan relatif au gouvernorat du Kef ______________ 27
1.4.2. Stratégies d’adaptation des agriculteurs ___________________________________ 30
1.4.2.1. Les dispositions prises individuellement par les agriculteurs _______________________ 30
1.4.2.2. Les dispositions prises par les agriculteurs organisés en groupes ___________________ 31
1.4.2.3. Degré de prise en compte des incitations économiques __________________________ 32
1.4.3. Efficacité des stratégies d’adaptation ______________________________________ 33
2. Orientations stratégiques et axes de développement __________________ 35
2.1. Rappel des propositions de la 2ème phase de l’étude _____________________________ 35
2.3. Axes d’un développement durable et contenu __________________________________ 37
2.3.1. Généralités : Capitalisation des expériences passées __________________________ 38
2.3.2. Intensification de la recherche et ciblage de thèmes plus pointus _______________ 39
2.3.3. Développement du secteur agricole _______________________________________ 40
2.3.4. Amélioration de l’approche de l’administration ______________________________ 41
2.3.5. Chronologie des actions ________________________________________________ 42
3. Eléments de mise en œuvre des axes d’orientation ____________________ 44
3.1. Ajustement méthodologique : Ciblage des exploitations à orientations similaires _____ 45
3.1.1. Le groupe des ESSAS intensificatrices ______________________________________ 46
3.1.2. Le groupe des ESSAS intensifiables ________________________________________ 47
3.1.3. Le groupe des ESSAS remodelables _______________________________________ 47
3.1.4. Le groupe des ESSAS non durables ________________________________________ 48
3.2. Correctifs de mise en cohérence des stratégies sectorielles _______________________ 48
3.2.1. Adaptation de la stratégie des forêts aux besoins de la région __________________ 48
3.2.2. Mise en cohérence de la stratégie de CES __________________________________ 49
3.2.3. Reformulation des objectifs régionaux de la stratégie de l’eau __________________ 49
3.3. Eléments de stratégies de développement de la production _______________________ 50
3.3.1. Principes de base ______________________________________________________ 50
3.3.2. Stratégies de réhabilitation et l’exploitation agricole et de sa mise à niveau pour un développement durable ____________________________________________________ 50
3.3.2.1. Volet 1 : « La réhabilitation et la mise à niveau de l’exploitation agricole » ___________ 51
3.3.2.2. Volet 2 : « La promotion sociale et financière de l’exploitant » _____________________ 52
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
CNEA / Rapport de la 3ème
phase
3.3.2.4. Volet 4 : « Le développement des structures d'appui étatiques et professionnelles » ___ 53
3.3.2.4.1. La recherche et l’enseignement agricoles comme structures d’appui __________ 53
3.3.2.4.2. La vulgarisation agricole en tant que structure d’appui _____________________ 55
3.3.2.4.3. Les services à l’amont et à l’aval de la production __________________________ 56
3.3.2.5. Volet 5 : « Le financement et les soutiens financiers » ____________________________ 58
3.3.2.5.1. Financement public et bancaire ________________________________________ 58
3.3.2.5.2. Le financement par la profession _______________________________________ 61
3.3.2.5.3. Le financement bancaire (type BNA) ____________________________________ 63
3.4. Recommandations générales à l’échelle des systèmes agraires ____________________ 63
3.4.1. Stratégies d’actions par rapport à la dimension structurelle de la durabilité _______ 63
3.4.2. Stratégies d’actions par rapport à la dimension économique de la durabilité ______ 64
3.4.3. Stratégies d’actions par rapport à la dimension technique de la durabilité ________ 66
3.5. Objectifs de développement spécifiques aux ESSAS ______________________________ 67
3.5.1. Groupe des systèmes intensificateurs _____________________________________ 68
3.5.1.1. Les objectifs techniques ____________________________________________________ 68
3.5.1.2. Les objectifs économiques __________________________________________________ 69
3.5.1.3. Les objectifs structurels ____________________________________________________ 69
3.5.2. Groupe des systèmes intensifiables _______________________________________ 70
3.5.2.1. Les objectifs techniques ____________________________________________________ 70
3.5.2.2. Les objectifs économiques __________________________________________________ 71
3.5.2.3. Les objectifs structurels ____________________________________________________ 72
3.5.3. Groupe des systèmes remodelables _______________________________________ 72
3.5.3.1. Les objectifs techniques ____________________________________________________ 72
3.5.3.2. Les objectifs économiques __________________________________________________ 73
3.5.3.3. Les objectifs structurels ____________________________________________________ 73
3.5.4. Groupe des systèmes non durables _______________________________________ 73
4. Plan d’action et effets attendus ___________________________________ 75
4.1. Idées de projets pour un plan d’action ________________________________________ 76
4.1.1. Idée de Projet n°1 : Développement intégré de la moyenne et de la grande exploitation « DIMGE » _______________________________________________________ 76
4.1.2. Idée de Projet n°2 : Projet pilote de soutien et de financement de l’exploitation intensifiable ________________________________________________________________ 77
4.1.3. Idée de Projet n°3 : Programme de pluriactivité, d’aide et de financement du groupe des exploitations non durables et de rajeunissement des exploitants ____________ 79
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid, Nabeul, Le Kef et Bizerte » : cas du gouvernorat du Kef
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phase
4.1.4. Idée de Projet n°4 : Développement des cultures de plantes médicinales et mellifères à l’Ouest et au Sud du gouvernorat du Kef avec mise en place de projets sur le modèle japonais OVOP « Un Village - Un Produit » _______________________________ 81
4.1.5. Idée de Projet n°5 : Projet de motivation des exploitants à une utilisation de l’eau en appoint sur l’exploitation pour une stabilisation minimale de la production ______ 84
4.1.6. Idée de Projet n°6 : Mise en place d’une stratégie de restructuration foncière de l’exploitation _______________________________________________________________ 85
4.1.7. Idée de Projet n°7 : Mise en place d’une stratégie de recherche intégrée « agriculture - élevage - changements climatiques » adaptée à la région du Kef __________ 87
4.1.8. Idée de Projet n°8 : Mise en place d’une stratégie de développement des structures d’appui étatiques et professionnelles ___________________________________ 89
4.1.9. Idée de Projet n°9 : Mise en place d’une stratégie de sauvegarde de