Novembre 2011 Travail réalisé par les étudiants des spécialités : - Génie de l’environnement, option ADT - Productions Végétales, option IA Etude de la durabilité en exploitation agricole : Le domaine de Villarceaux
Novembre 2011
Travail réalisé par les étudiants des
spécialités :
- Génie de l’environnement, option ADT
- Productions Végétales, option IA
Etude de la durabilité en exploitation agricole :
Le domaine de Villarceaux
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Sommaire
Remerciements ....................................................................................................................................... 3
Introduction ............................................................................................................................................. 4
Chapitre 1 : Analyse de la ferme de la Bergerie ...................................................................................... 5
I. La méthode IDEA en 2011 ........................................................................................................... 5
1. Les indicateurs de l’échelle de durabilité écologique ............................................................. 5
2. Les indicateurs de l’échelle socio-territoriale ....................................................................... 19
3. Les indicateurs de l’échelle de durabilité économique ......................................................... 26
II. Etude des paysages à Villarceaux .............................................................................................. 31
1. Le changement de paradigme ............................................................................................... 31
2. Une agriculture durable, de nouvelles interactions .............................................................. 32
3. Les nouvelles fonctions de l’agriculture ont un prix ............................................................. 33
Chapitre 2 : Bergerie + 20 ...................................................................................................................... 36
I. Villarceaux : quelle perception par les acteurs du territoire ? .................................................. 36
1. Villarceaux dans son territoire .............................................................................................. 37
2. De nouvelles pratiques agricoles à diffuser ? ........................................................................ 39
3. Durabilité et avenir de Villarceaux ? ..................................................................................... 41
II. Etude de la durabilité de l’exploitation depuis 1992 ................................................................ 43
1. Etat des lieux en 1992 ........................................................................................................... 43
2. La transition en agriculture biologique en 1995 ................................................................... 45
3. Utilisation des indicateurs IDEA au cours de l’évolution de la Bergerie ............................... 46
4. Etude de la durabilité de l’exploitation de 2002 à 2011 ....................................................... 48
5. Critiques de l’étude réalisée .................................................................................................. 61
III. La transition vers une exploitation biologique ...................................................................... 62
1. Repenser la gestion paysagère de la ferme .......................................................................... 62
2. L’évolution du système de cultures annuelles ...................................................................... 64
3. Inclure l’élevage dans le système de production .................................................................. 68
4. Quel bilan énergétique pour une telle transition ? ............................................................... 72
5. Les aides publiques accompagnent-elles cette reconversion ? ............................................ 73
6. Les modifications sociales engendrées par la transition ....................................................... 75
7. Les externalités ...................................................................................................................... 77
Conclusion ............................................................................................................................................. 85
Annexes ................................................................................................................................................. 86
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Remerciements
Nous tenons, en premier lieu, à remercier la fondation Charles Leopold Meyer qui nous a
gracieusement invités pour ce séminaire « agriculture durable » pendant une semaine.
Nos remerciements s’adressent aussi à Olivier Ranke, gérant de l’exploitation, qui nous a
réservé du temps afin de répondre aux nombreuses questions que nous nous posions sur la ferme de
la Bergerie.
Nous remercions, en outre, Baptiste Sanson, chargé d’animation, qui a animé cette semaine
et qui a su nous apporter des réponses pertinentes.
De plus, nous destinons nos remerciements à Marion Diaz et Olivier Godinot qui nous ont
accompagnés pendant cette semaine et qui nous ont fait profiter de leur expérience.
Nous remercions également tous les intervenants du séminaire pour leur présentation:
Frédérique Zahm, Patrick Novello, Christian Mouchet, Régis Ambroise, Philippe Viaux, Matthieu
Calame, Isabelle Goldringer et Anne-Charlotte Moy.
Nous remercions spécifiquement Eric Randon, professeur péruvien qui nous a fait profiter de
son expérience.
Nous tenons tout particulièrement à remercier toutes les personnes qui ont accepté de
répondre aux entretiens du projet « Bergerie + 20 ».
Nous voulons aussi remercier Patrick Morin qui a été notre guide lors de la visite des
châteaux et qui a agrémenté notre séjour d’une touche culturelle.
Et pour finir, un grand merci à Sharif, le chef cuisinier du domaine de Villarceaux, qui a
préparé nos repas pendant toute cette semaine.
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Introduction
Située à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, dans le Val d'Oise (95), le
domaine de Villarceaux s’étend sur plus de 600 ha (dont 200ha de forêt et 400ha de cultures) sur un
large plateau calcaire. Nous nous situons au sein du parc naturel régional du Vexin Français où les
grandes cultures sont dominantes.
Dans ce contexte, le domaine, dont le propriétaire est la fondation Charles Léopold Mayer
pour le Progrès de l'Homme, est un lieu incontournable de réflexion sur la gestion du territoire et sur
l'agriculture au sens large. Matthieu Calame, Olivier Ranke et Philippe Cacciabue, trois ingénieurs
agronomes à l'origine du projet agricole, ont assumé la gestion de ce site et amorcé sa transition vers
un système en Agriculture Biologique en accord avec les réflexions apportées par l'élaboration de la
méthode IDEA (indicateur de durabilité des exploitations agricoles).
La réflexion menée sur le domaine s’élargit à la Politique Agricole dans son ensemble, la
gouvernance en matière d'agriculture et des territoires ruraux.
Le domaine de Villarceaux regroupe aujourd'hui plusieurs fonctions :
une fonction d'expérimentation agricole ayant une approche système (holistique) qui
nécessite le maintien d'une ferme indépendante (aujourd'hui l'EARL du Chemin Neuf, gérée
par Olivier Ranke) ;
une fonction de formation et d'échange sur le développement durable et les territoires
ruraux avec l'association d'Éco-développement de Villarceaux ;
une fonction d'accueil et d'animation avec l'association Éco-site de Villarceaux.
La fondation, dont le siège est à Lausanne (Suisse), coordonne et supervise les actions de ces
trois acteurs et intervient notamment dans le financement partiel de ces structures.
L'école d'agronomie de Rennes (Agrocampus-Ouest) entretient un partenariat avec la
fondation par l'intermédiaire notamment de Christian Mouchet, professeur émérite d'économie
rurale d'Agrocampus-Ouest. Cette collaboration, dont la méthode IDEA est le fruit, permet
aujourd'hui aux étudiants de deux spécialités (Ingénierie des Agrosystèmes et Agriculture Durable et
Développement Territorial) de passer une semaine sur le site. Lors de cette semaine les étudiants
découvrent, appliquent et discutent la méthode IDEA. Ils suivent aussi des conférences sur divers
thèmes en relation avec l'historique et les valeurs portées par les acteurs du domaine.
Cette année, le centre d'Éco-développement nous a confié une étude traitant de l'évolution
du projet de Villarceaux depuis les 20 dernières années. Le fruit de cette semaine de travail est
retracé au travers de ce rapport.
Dans une première partie, nous traiterons de l'étude de la durabilité de l'EARL de Chemin Neuf
sur la campagne 2009-2010 selon la méthode IDEA. En second lieu, nous répondrons à la commande
du domaine, c'est à dire, nous analyserons la perception du domaine de Villarceaux par des acteurs
du territoire, nous observerons l'évolution de la durabilité de la ferme à travers l'évaluation IDEA sur
les 20 dernières années et enfin, nous tenterons de chiffrer l'importance, principalement
économiques, de la mutation vers le système actuel complexe en agriculture biologique.
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Chapitre 1 : Analyse de la ferme de la Bergerie
I. La méthode IDEA en 2011
1. Les indicateurs de l’échelle de durabilité écologique
Histogramme présentant les résultats des indicateurs de l’échelle de durabilité agroécologique pour l’année 2011
A1 - Diversité des cultures annuelles et temporaires
Cet indicateur permet une quantification de la diversité végétale cultivée par le
dénombrement des espèces, des variétés et de la quantité de légumineuse présentes sur
l’exploitation.
Le recensement des espèces donne le résultat suivant : avoine, blé, colza, engrain,
escourgeon, féverole, lentille verte, luzerne, mélange fourrager, orge de printemps, pomme de terre,
prairie temporaire, sarrasin, tournesol, triticale, mélange triticale/pois soit 16 espèces au total. Deux
points sont attribués par espèces cultivées (les mélanges complexes et les prairies temporaires
comptent pour une espèce) donc 16 x 2 =32 points.
Il y a plus de 6 variétés au total (9 variétés de blé), soit une attribution de 2 points.
Concernant les légumineuses, il y a : 17.1 ha de luzerne, 7.6 ha de féverole, 6.6 ha de
lentilles, 49.4 ha de prairie temporaire (mélange graminée/légumineuse), 8.2 ha triticale/pois soit un
total de 88.9 ha de légumineuse. Rapporté à la SAU (370.4 ha), nous obtenons un pourcentage de
légumineuse de 24%, ce qui équivaut à 3 points.
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Le total de points est de 37 mais est plafonné à 14.
Total : 37/14, note 14/14
Une valeur élevée traduit une diversité des cultures importante et donc une
complémentarité dans les importations et les exportations d’éléments chimiques. Ceci révèle une
bonne autonomie de l’exploitation agricole.
Le plafonnement de la somme de points à 14 permet de limiter l’importance de cet
indicateur.
A2 - Diversité des cultures pérennes
Prairies permanentes ou temporaires de plus de 5ans :
- 49,4 ha sont en prairies permanentes sur les 370,4 ha de l’exploitation (soit 13,3% de la SAU).
- 122,5 ha sont en prairies temporaires, cependant ces prairies sont inclues dans des rotations de 8
ans et ne durent que 4 ans. Elles n’entrent donc pas en compte dans le calcul de cet indicateur.
Cette modalité se calcule de 0 à 6 points : 0 s’il n’y a pas de prairie, 3 si elles occupent moins de 10%
de la SAU et 6 points si elles occupent plus de 10% de la SAU.
Nous avons donc attribué 6 points à l’exploitation.
Arboriculture et viticulture :
Hormis une plantation d’une quinzaine d’arbres fruitiers près des bâtiments d’élevage, il n’y
a pas d’arboriculture ou de viticulture (arbres à fonction économique) sur l’exploitation.
Les quelques arbres fruitiers sont très peu – voire pas – entretenus, nous avons donc décidé
de ne pas attribuer de points à l’exploitation pour cette modalité.
Nombre de variétés :
Il n’y a pas d’arboriculture sur la ferme, nous n’attribuons pas de point pour cette modalité.
Agroforesterie
En 2009-2010, le dispositif agroforestier n’avait pas encore été mis en place, la plantation n’a
été faite qu’en 2011. Nous n’attribuons donc aucun point.
Total : 6/14
A3 - Diversité animale
Les productions animales permettent de valoriser des ressources locales (herbe) et de limiter
les apports d'intrants (fertilisants). Elles permettent également de maintenir le taux de matière
organique du sol, clé de sa fertilité.
La ferme exploite deux espèces: vaches et moutons. On compte une race de vaches, la Salers,
et deux races de moutons: le Suffolk et l'Ile de France. Le nombre total de races est donc de trois. Le
calcul de l'indicateur est le suivant:
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2 espèces, soit 2*5 = 10 points
(nombre de races - nombre d'espèces) = 3-2 = 1, soit 2 points
Valeur de l'indicateur = 10 + 2 = 12 points.
Total : 12/14
La méthode IDEA met l'accent sur la diversité spécifique, cependant le plafonnement de
l'indicateur à 14 points limite le score des exploitations possédant un nombre supérieur ou égal à 3
(5 points alloués par espèce).
A4 - Valorisation et conservation du patrimoine génétique
L’érosion génétique compromet la base de la ressource agricole et alimentaire mondiale. La
valorisation des races et variétés locales est donc un facteur de durabilité.
L’exploitation n’élève pas de race animale rare ou locale. Par contre elle cultive plusieurs
variétés végétales telles que l’avoine nue, deux variétés de blé originaires d’Ile de France (et de
l’épeautre certaines années).
Le verger a une utilisation uniquement personnelle et n‘est ni valorisé économiquement ni
entretenu, il n’a donc pas été pris en compte dans l’indicateur, malgré le fait que ce soient des
variétés de pommiers originaires du Vexin.
Nous avons donc attribué 2 points pour l’avoine nue et 2 points pour chaque variété de blé,
soit 6 points au total.
L’exploitation participe donc ainsi à la conservation d’une biodiversité végétale, mais pas animale.
Total : 6/6
A5 – Assolement
Une monoculture et des assolements simplifiés induisent des risques économiques,
écologiques et parasitaires.
La surface assolable (SAU – Surface prairies permanentes) représente 370,4 - 49.4 = 321 ha.
La culture annuelle principale est le blé avec 70,7 ha.
La SCA (Surface de la principale Culture Annuelle) représente ainsi 70,7/321 = 0,22 soit 22% de la
surface assolable. Ce pourcentage est inférieur à 25%, nous avons donc attribué 7 points.
La prairie à flore complexe représente 122,5/321 = 0,38, soit 38% de la surface assolable, nous
avons donc une présence significative (> 10%) d’une culture en mixité intra parcellaire, d’où une note
de 2 points.
Nous n’avons pas attribué de points négatifs du fait de l’absence de parcelle en monoculture
depuis 3 ans.
Ce système agricole a un assolement diversifié, permettant d’optimiser les rotations et de
limiter les aléas climatiques, sanitaires ou économiques.
Total : 9/8, note : 8/8
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A6 - Dimension des parcelles
Cet indicateur met en valeur le fait que la dimension des parcelles conditionne des enjeux
agronomiques et environnementaux.
Sur l’EARL du Chemin Neuf, la surface de la parcelle la plus grande est de 10,6 ha. On attribue
donc 3 points. La dimension des parcelles est en moyenne de 7,8 ha, ce qui donne lieu à l'attribution
de 2 points. M. Ranke estime que la taille optimale d'une parcelle est d’environ 8 ha (cela correspond
à une journée de travail). Toutefois, M. Ranke ne tient pas à diminuer la taille des parcelles les plus
grandes (autour de 10 ha) pour des raisons pratiques.
Total : 5/6
A7 - Gestion des matières organiques
La gestion des matières organiques est un bon indicateur de l’autonomie en fertilisants. Elle
prend en compte également la thématique de protection des sols en fonction du type de fertilisation.
Sur l’EARL du Chemin Neuf, les apports d’intrants ne concernent que la partie polyculture-élevage.
Le domaine de la motte consacré aux grandes cultures ne reçoit pas d’intrant.
La totalité du fumier bovin/ovin est remise sur les zones de culture. L’apport annuel se fait
sur une surface de 80 ha soit environ 21% de la SAU. Cette surface permet d’obtenir 3 points.
La moitié du fumier est composté (principalement fumier vieux). La note attribuée est de 2 points.
Total : 5/5
Le système polyculture-élevage permet de fonctionner en circuit fermé et de recycler les
déjections animales produites sur le site. Cependant cet indicateur ne prend en compte que les
surfaces et pas les quantités d’intrants apportées au champ. Il serait souhaitable d’intégrer un
barème quantitatif.
A8 - Zone de Régulation Ecologique (ZRE)
Cet indicateur permet de souligner le pouvoir de régulation biologique des différentes
infrastructures écologiques (haies, zone herbacées, zones humides, lisières de bois…) présentes dans
l’exploitation agricole.
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Méthode de calcul ZRE1 :
Type de surface de
biodiversité Equivalence en Surface
de biodiversité (SB)
Bandes enherbées (4m * 800m)*3 = 9
600m² 0,96 ha SB
Linéaire de haies 13,5 km 13,5 ha SB
Lisières de bois et
bosquets 9 km 9 ha SB
Alignements d'arbres 450 m 0,45 ha SB
Vergers haute-tige 0,5 ha 2,5 ha SB
Arbres isolés 8 arbres 0,04 ha SB
Total 26,45 ha SB
ZRE1= (Total de SB) / SAU
ZRE1 = 26,45 / 370 = 0,071, soit 7,1 % donc 7 points sont attribués.
Par ailleurs, 1 point a été attribué pour la présence de parcours non mécanisables puisqu’il y
a présence d’une parcelle en pente de 6,5 ha.
Du fait de l’absence de zones humides, de points d’eau, de prairies permanentes sur zone
inondable, de terrasses et d’une carte localisant de façon précise les principaux enjeux
environnementaux, nous n’avons attribué aucun autre point.
Total : 8/12
Pour le calcul de ZRE1, nous nous sommes posés la question de la prise en compte des
parcelles agroforestières. En effet, étant donné qu’un système agroforestier peut avoir un rôle
écologique non négligeable, il serait intéressant d’en faire une modalité de détermination de cet
indicateur. Ainsi nous proposons quelques critères sur lesquels il faudrait s’appuyer pour attribuer
des points de durabilité : hauteur et âge des arbres, densité dans la parcelle.
En ce qui concerne les parcours non mécanisables, nous n’avons attribué qu’un point car nous avons
jugé qu’une surface de 6,5 ha par rapport à une SAU total de 370 ha n’était pas assez significative. Il
serait légitime d’attribuer 2 points à une exploitation en zone de montagne ayant des pratiques
pastorales et dont la SAU est uniquement composée de parcours non mécanisables contrairement à
l’EARL du Chemin Neuf.
Il est dommage que le domaine ne soit pas cartographié sous SIG car cela aurait facilité le calcul de
ZRE1. De plus, l’existence d’une telle carte aurait permis de mieux répertorier les principaux enjeux
environnementaux et ainsi obtenir les points relatifs à cette modalité.
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A9 - Contribution aux enjeux environnementaux du territoire
Les mesures agroenvironnementales territorialisées permettent de répondre correctement à
des menaces localisées ou de préserver des ressources remarquables, en priorité dans les sites
Natura 2000 et les bassins versants prioritaires définis au titre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE).
Le cahier des charges territorialisé contribue à une gestion durable des exploitations en
recensant les pratiques respectueuses de l’environnement. Sur l’exploitation, une prairie calcicole de
6,5 ha contient des espèces florales protégées (orchidées, chiroptères). Cette prairie classée en zone
Natura 2000 (anciennement ZNIEF) permet malgré sa faible superficie (1,5% de la SAU totale)
d’attribuer 2 points à l’indicateur.
Total : 2/4
Nous nous interrogeons sur une SAU minimale pour l’obtention des points.
A10 - Valorisation de l’espace
Le bilan comptable mentionne la présence de 211,35 UGB sur l’exploitation, 13,35 en ovins
et 208 en bovins. La Surface Destinée aux Animaux (SDA) comprend :
-Mélange fourrager : 11,3 ha
-Mélange triticale/pois: 8,2 ha
-Blé, triticale, féverole, escourgeon (consommation de 30t en tout par les animaux, avec l’hypothèse
d’un même rendement de 4t/ha): 7,5 ha
-Prairie permanente: 49,4 ha
-Prairie temporaire: 122,5ha
-Luzerne: 17,1 ha
Ceci nous donne une surface totale de 216 ha. Par conséquent, le chargement herbivore et
granivore est de 211,35/216 = 0,98 UGB/ha de SDA. Ce qui nous donne un total de 5 points.
Total : 5/5
A11 - Gestion des surfaces fourragères
La technique employée pour la gestion des prairies alterne fauche et pâture, d’où une note
de 1 point pour ce sous-indicateur.
La surface de prairie permanente est de 49,4 ha, soit 13% de la SAU. Elle est donc inférieure à
30% de la SAU, c’est-à-dire une note de 0.
Il n’y a pas de production de maïs ensilage, la note du sous-indicateur correspondant est
donc égal à 1 point.
Total : 2/3
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A12 – Fertilisation
La méthode du bilan de la fertilisation mise en place par l’Institut de l’élevage est une méthode
de compatibilité d’entrées-sorties des minéraux azotés, des entrées de phosphore et de potassium.
Cet indicateur est donc constitué de quatre parties : le bilan apparent azoté, le pourcentage de
cultures de pièges à nitrates, l’apport de phosphore minéral et l’apport de potassium minéral.
-Les éléments phosphatés et potassiques
L’exploitation n’apporte pas sur les parcelles d’engrais phosphatés et potassiques c’est
pourquoi la note attribuée à ces deux composantes est nulle.
-Le pourcentage de cultures de pièges à nitrate
La surface des cultures intermédiaires de pièges à nitrates (Colza et Sarrasin) est inferieure à
10% de la SAU. Le calcul est fait de la manière suivante :
[(Surface colza + Surface Sarrasin) / Surface totale]*100 = 3.5%.
La note attribuée est aussi égale à 0.
-Le bilan apparent azoté
L’azote nécessite la mise en place d’un bilan qui considère les entrées et sorties du système
sous forme organique et minérale. Cette méthode est détaillée dans l’ouvrage « La méthode IDEA »,
2008.
Les entrées d’azote dans l’exploitation sont sous forme d’engrais azotés minéraux, d’engrais
azotés organiques, d’azote atmosphérique fixé par les légumineuses et de fourrage. Nous comptons
aussi les quantités d’azote exportées par les animaux et semences achetés. L’exploitation de
Villarceaux n’apporte pas d’intrants azotés et se contente de l’azote fixé par les légumineuses et
présent dans les semences. Il y a un apport de fumier bovin et ovin qui n’est pas pris en compte dans
le bilan du fait qu’il reste dans l’exploitation.
o Les entrées du bilan
Entrée d’azote atmosphérique
Les valeurs connues (estimées et/ou données par les personnes travaillant sur l’exploitation
ou récupérées dans les documents de l’exploitation) sont indiquées en gras.
-Détermination du taux de légumineuses
Proportion apparente de légumineuses dans la parcelle au printemps
Proportion apparente de légumineuses dans la parcelle en été
Valeur retenue pour les calculs
35% 50% 42,5% Tableau 1 : valeurs des proportions apparentes de légumineuses dans les prairies en 2010
La valeur retenue en proportion apparente de légumineuses dans la parcelle est la moyenne des
proportions de légumineuses dans la parcelle au printemps et en été : (0,35+0,50)/2=0,425.
-Azote fixé par les prairies en association graminée-légumineuse (en kg N/ha)
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Le rendement des prairies permanentes en association légumineuses/graminées pour l’année 2010
est de 8 t MS/ha.
Le rendement des prairies temporaires en association légumineuses/graminées pour l’année 2010
est de 10 t MS/ha.
Formule de calcul : Azote fixé= rendement x proportion de légumineuses x 30 kg N/ t MS
D’où :
Azote fixé (prairies permanentes) = 8 x 0,425 x 30 = 102 kg N/ha
Azote fixé (prairies temporaires) = 10 x 0,425 x 30 = 127,5 kg N/ha
Or, il y a 49,4 hectares de prairies permanentes et 122,5 hectares de prairies temporaires donc:
Azote fixé (prairies permanentes) = 102 x 49,4 = 5030,8 kg N
Azote fixé (prairies temporaires) = 127,5 x 122,5 = 15 618,8 kg N
L’azote total fixé par les prairies (permanentes et temporaires) est donc de :
15 618,8 + 5 030,8 = 20657,6 kg N
-Azote fixé par les légumineuses pures
Les légumineuses pures sur l’exploitation sont présentes sous forme de :
- pois dans le mélange fourrager orge/pois/féverole et dans le mélange pois/triticale,
- féveroles de printemps en culture pure et dans le mélange fourrager orge/pois/féverole,
- lentilles,
- luzerne.
Hypothèses de calcul :
1) Les rendements de pois et de féverole au sein du mélange fourrager ont été estimés chacun
à 1/3 du rendement total du mélange.
2) Le rendement de pois dans le mélange pois/triticale a été estimé à 1/2 du rendement total
du mélange.
3) La quantité d’azote fixée par la culture de lentilles vertes a été assimilée à celle fixée par une
culture de féverole de printemps.
4) La féverole utilisée dans le mélange fourrager est une féverole de printemps.
Les rendements des légumineuses pures pour 2010 sont donnés dans le Tableau 2.
Culture Rendement
Mélange fourrager (orge/pois/féverole) 30,4 qtx/ha
Mélange triticale/pois 42,4 qtx/ha
Féverole de printemps 32,4 qtx/ha
Lentilles vertes 24,5 qtx/ha
Luzerne 10 t MS/ha
Tableau 2 : rendements des cultures de légumineuses pures ou en association
L’azote fixé par hectare de culture de légumineuses pures est calculé à partir des références données
dans le tableau présent en annexe (préciser l’annexe). Les valeurs issues de ce tableau et utilisées
pour les calculs sont données dans le tableau suivant :
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Culture Rendement (qtx/ha) Azote fixé (kg N/ha)
Pois 30 97,5
Féverole de printemps 30 106,5
Tableau 3 : quantité d’azote de référence fixé par les cultures de pois et de féverole de printemps en fonction du
rendement
Calculs
- Azote fixé par les cultures de légumineuses en association D’après l’hypothèse 1, le rendement des cultures de pois et féverole de printemps issues du mélange fourrager sont chacune de : (1/3) x 30,4 = 10,1 qtx/ha D’où : Azote fixé (pois dans mélange fourrager) = (10,1 x 97,5) / 30 = 32,9 kg N/ha Azote fixé (féverole printemps dans mélange fourrager) = (10,1 x 106,5) / 30= 35,9 kg N/ha D’après l’hypothèse 2, le rendement de la culture de pois issu du mélange pois/triticale est de : (1/2) x 42,4 = 21,2 qtx/ha D’où : Azote fixé (pois dans le mélange pois/triticale) = (21,2 x 97,5) / 30 = 68,9 kg N/ha
- Azote fixé par les cultures de légumineuses pures Azote fixé (féverole de printemps pure) = (32,4 x 106,5) / 30 = 115 kg N/ha D’après l’hypothèse 3 : Azote fixé (lentilles vertes) = (24,5 x 106,5) / 30 = 87,0 kg N/ha L’azote fixé par la culture de luzerne est obtenue d’après la formule : Azote fixé (luzerne) = rendement x 30 kg N/ t MS D’où : Azote fixé (luzerne) = 10 x 30 = 300 kg N/ha L’azote fixé (en kg N/ha) pour chaque culture est donné dans le Tableau 4.
Culture Azote fixé (kg N/ha)
Pois (mélange fourrager) 32,9
Pois (mélange pois/triticale) 68,9
Féverole de printemps (mélange fourrager) 35,9
Féverole de printemps (culture pure) 115
Lentilles vertes 87
Luzerne 300
Tableau 4 : azote fixé (en kg N/ha) par les cultures de légumineuses pures ou en association
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- Calcul de l’azote fixé par culture sur l’année 2010 (en kg N)
Culture Superficie (en ha)
Mélange fourrager 11,3
Mélange pois/triticale 8,2
Féverole de printemps 7,6
Lentilles vertes 6,6
Luzerne 17,1
Tableau 5 : superficies des cultures de légumineuses pures ou en association (en ha)
Ainsi sur l’année 2010, l’azote fixé (en kg N) pour chacune des cultures est de : Azote fixé (en kg N) = Azote fixé (en kg N/ha) x superficie (en ha) Azote fixé (pois dans mélange fourrager) = 32,9 x 11,3 = 371,8 kg N Azote fixé (pois dans mélange pois/triticale) = 68,9 x 8,2 = 565 kg N Azote fixé (féverole de printemps dans mélange fourrager) = 35,9 x 11,3 = 405,7 kg N Azote fixé (lentilles vertes) = 87 x 6,6 = 574,2 kg N Azote fixé (luzerne) = 300 x 17,1 = 5130 kg N L’azote total fixé par les légumineuses pures ou en association et donc de : 7 046,7 kg N Azote total fixé sur l’exploitation en 2010 : N fixé (total) = 7 046,7 + 20 657,6 N fixé (total) = 27 704,3 kg N L’azote total fixé sur l’exploitation en 2010 est donc de 27 704,3 kg.
Entrée d’azote par les semences
Le calcul nécessite des ajustements d’où les hypothèses suivantes :
H1 : Certaines espèces anciennes ou rares n’ont pas de coefficient de transformation (valeur en kg
d’azote par tonne de produit brut). Nous associons donc ces espèces à d’autres qui leur ressemblent
le plus et dont nous avons la valeur du coefficient de transformation. C’est le cas :
- de l’engrain et de l’épeautre qui sont proches du triticale,
- de la lentille qui est proche de la féverole,
- de l’escourgeon proche de l’orge d’hiver,
- du sarrasin proche du seigle.
H2 : Bien que l’exploitation cultive des pommes de terre, la quantité est négligeable. Sa valeur n’a
pas été incluse dans le calcul du bilan apparent.
Le détail du calcul est le suivant:
15
Quantité totale x kg d’azote par tonne de produit Brut = Quantité d'Azote
Surface (ha) Quantité (kg/ha) Quantité totale (tonnes) Quantité d'Azote (kg)
Blé 70,70 200,00 14,14 219,17
Triticale 9,80 180,00 1,76 29,11
Avoine 8,30 130,00 1,08 16,94
Colza 5,20 8,00 0,04 1,39
Sarrasin 7,80 30,00 0,23 3,86
Tournesol 15,70 15,00 0,24 8,12
Escourgeon 9,90 170,00 1,68 21,88
Engrain 13,00 150,00 1,95 32,18
Orge 5,00 130,00 0,65 8,45
TOTAL 341,09
Tableau 1: Entrée d'azote par les semences
C’est le blé qui contribue le plus à augmenter l’entrée d’azote par les semences. Il est responsable
d’un tiers du montant final qui est de 341,09 kg d’N.
o les sorties du bilan
Il s’agit de considérer les productions animales et végétales vendues en 2010.
Poids (tonne) Quantité azote (kg)
Bovin 15,46 371,07
Brebis 0,96 40,32
Agneau 0,20 4,80
TOTAL 416,19
Tableau 2: Sortie d'azote par les productions animales
La vente de viande bovine constitue la part la plus importante d’exportation d’azote.
Quantités
(tonnes)
Quantités consommées par
animaux (t)
Quantités
vendues (t)
Quantités en
azote (kg)
Blé 244,82 7,50 237,32 3 678,46
Avoine 23,51 0,00 23,51 369,11
Tournesol 30,00 0,00 30,00 1 035,00
Colza 5,16 0,00 5,16 171,83
Féverole de
printemps 24,60 7,50 17,10 607,05
Triticale 64,39 7,50 56,89 938,69
Orge 79,80 7,50 72,30 939,90
Lentilles vertes 16,18 0,00 16,18 574,39
TOTAL 8314,42
Tableau 3: Sortie par les productions végétales
Il est possible de repérer deux cultures, le blé et le tournesol, amplement cultivées pour leur vente.
16
o Calcul du bilan apparent
Le bilan se calcule par la différence entrée- sortie d’azote dans le système d’exploitation soit :
27 704,3 +341,1 - (8314,4 + 416,2) = 28 045,3 – 8 730,6 = 19 314,7 kg N
La surface agricole utile (SAU) de l’exploitation étant de 370,4 ha, le bilan apparent en kg N/ha sur
l’année 2010 est de :
19 314,7 / 370,4 = 52,1 kg N/ha
Ainsi, le bilan apparent est de 52,1 kg N/ha en 2010 ce qui permet d’attribuer la note de 4 à
l’indicateur A12.
La baisse de la note en comparaison avec l’année dernière peut être due en partie à la vente
moins importante d’animaux et de productions végétales, ainsi qu’à l’augmentation de la surface
implantée en légumineuses en 2010.
A13 - Effluents organiques liquides
L’agriculteur est noté sur les initiatives qu’il prend pour traiter ses effluents organiques
liquides. L’objectif de l’indicateur n’est pas de prendre en compte le respect de la législation, partant
du principe que l’installation est réglementaire.
D’office, l’absence d’effluents organiques liquides amène le score à 3, son maximum. La
conduite de l’élevage sur paille entraîne le ramassage des effluents exclusivement sous forme de
fumier.
Total : 3/3
Cependant, d’après la loi, le fumier doit être stocké sur une surface étanche ou en bout de
champs pour une durée maximum de 2 mois, pour éviter l’infiltration des jus de fumier. Une partie
du fumier de l’exploitation est mis en compost à même le sol. Il pourrait donc y avoir un risque
d’infiltration.
Cet indicateur reste imprécis vis-à-vis des jus de fumier.
A14 - Pesticides
La pression polluante résulte de l’utilisation de pesticides. Nous mesurons ici le risque
environnemental lié aux pollutions par les pesticides.
L’exploitation est classée en agriculture biologique. Il n’y a donc en théorie pas d’utilisation
de pesticides. Cependant l’exploitant traite les semences de blé ancien à la bouillie bordelaise pour
un semi de 2ha, équivalent à 1 ha de surface développée.
PP = =
On a donc une Pression Polluante inférieure à 1.
Total : 12/13
17
A15 - Traitements vétérinaires
Cet indicateur rend compte de la possibilité de trouver des intrants vétérinaires dans
l’environnement. On l’obtient à partir de la formule suivante :
TV=
Pour l’année 2009/2010, l’exploitant a réalisé 17 traitements pour les bovins : 8 traitements
allopathiques, 8 traitements sur les veaux et un traitement vitamine C. Il a effectué une
vermifugation pour toutes les brebis ainsi que pour les 3 béliers. Vu la disparité de traitements en
fonction des animaux, on calcule 2 indicateurs et on en fait la moyenne.
On obtient 1 comme score pour les ovins et 3 pour les bovins.
Total : 2/3
La note obtenue est due à un traitement de vermifugation indispensable pour les ovins, dont
les génotypes ne sont pas encore adaptés à la conduite de l’élevage.
A16 - Protection de la ressource sol
Un travail du sol sans retournement est effectué sur seulement 10 ha ce qui représente 2.7%
de la SAU, donc bien inférieur au seuil de 30% minimum, la note de 0/3 est attribuée.
Seul 47.8 % de la SAU sont couverts au moins 11 mois sur 12 (prairies et colza, 177 ha en
2011), on attribue donc la note de 2/3.
Des haies (arborées et arbustives) et bandes enherbées ont été mises en place autour des
parcelles. Ceci constitue des aménagements anti-érosifs. L’attribution de la note est néanmoins
discutable. En effet, ces aménagements effectués constituent un progrès notable pour lutter contre
l’érosion au vu du contexte historique territorial, mais il n’existe aucune donnée quantitative
prouvant l’efficacité de ces structures paysagères. Selon les dires d’agriculteurs, un véritable progrès
a été réalisé puisque l’on observe des eaux d’écoulement peu chargées en particules de sol.
Cependant, par rapport à un maillage bocager dense (type bocage normand historique) considéré
optimal dans les processus anti-érosifs, ces aménagements peuvent être ici améliorés. On attribue
cependant la note de 2/2, malgré un souci d’évolution du système d’exploitation.
Il n’y a pas de cultures pérennes sur l’exploitation donc la note de 0/2 est attribuée.
Il n’y a pas de brûlage de pailles ou sarments sur l’exploitation, on n’attribue donc pas -3
points.
Total : 4/5
18
A17 - Gestion de la ressource en eau
L’exploitation n’utilise pas d’irrigation, ce qui implique la note maximale pour ce critère de
gestion de la ressource en eau.
Total : 4/4
A18 - Dépendance énergétique
Cet indicateur permet de calculer la consommation d’énergie au niveau de l’exploitation,
celle-ci étant rapportée en équivalent litre de fioul (EQF). On compte dans ce calcul la consommation
de fioul, d’électricité, de gaz ainsi que les aliments concentrés achetés. Le fioul consommé pour des
travaux faits par des entreprises est également inclus.
Poste Consommation Consommation MJ
Consommation fioul agricole 23 829 L 953 160
Epandage fumier 55.6 h épandage x 15 L/h = 835 L 33 400
Gasoil abattoir (Alençon) 2000 L 80 000
Retournement andain fumier 5 h x 15 L/h = 75 L 3000
Forfait consommation électricité 4000 €/an ÷ 0.1 €/kwh = 40000 kwh 380 000
Total exploitation 1 449 560
EQF / ha (SAU = 370 ha) 97.9 L/ha
Bois 40 stères/an x 2000 kwh = 80 000 kwh/an 760 000
Gaz 2500 kg 127 500
Electricité 300 €/an ÷ 0.1 €/kwh = 3000 kwh/an 28 500
Total maisons exploitants + salariés 916 000
EQF/ha habitations (370 ha) 61.9 L/ha
TOTAL EQF/ha (exploitation + habitations) 159.8 L/ha
Tableau récapitulatif des calculs de la dépendance énergétique
En considérant l’exploitation et les habitations, la consommation énergétique de l’ensemble
reste en dessous du seuil minimum de 200 L/ha, la note de 8/8 est donc attribuée. Néanmoins, il
semble intéressant de se pencher sur les valeurs de consommation comparativement entre
l’exploitation et les habitations. En effet celle-ci sont relativement proches ce qui peut paraitre
surprenant. Cependant, c’est ici la consommation de trois habitations qui sont prises en compte.
D’autre part, la dépendance énergétique de l’exploitation est faible, puisqu’elle atteint à peine la
moitié du seuil minimum de l’indicateur. Ceci peut être facilement expliqué par l’absence de
fertilisation azotée de synthèse qui est très énergivore (1 unité N = 56 MJ).
Il n’y a pas de production d’énergie renouvelable (huile végétale, bois, photovoltaïque,
éolienne, etc…) ni de dispositif d’économie et de récupération de chaleur (séchage solaire en
grange…) sur l’exploitation ce qui nous amène à attribuer la note de 0 pour ces indicateurs.
Total : 8/10
19
Conclusion sur l’échelle de durabilité agroécologique
Dans le domaine de l’agroécologie, l’exploitation atteint la note maximale plafonnée à 100.
Le classement de la ferme en agriculture biologique confère une bonne aptitude au niveau de la
diversité des cultures, et à l’indépendance en intrants. Cependant l’exploitant a eu recours à
quelques intrants pour le bétail et quelques traitements de semences, non considéré comme un
optimum de durabilité par la méthode IDEA. Ces traitements, autorisés en agriculture biologique ont
pourtant été essentiels pour la bonne conduite de l’exploitation. La méthode IDEA révèle une de ses
limites.
Malgré l’excellence de l’exploitation dans le domaine de la durabilité en agroécologie, tous les
indicateurs ne sont pas au maximum. L’exploitation conserve des marges de manœuvres pouvant
être atteintes avec la diversité des cultures pérennes grâce à l’agroforesterie. D’autres, comme la
présence de zone humide ou de sites classés, ne seront peut-être jamais atteintes car elles
dépendent de facteurs extrinsèques à l’exploitation.
2. Les indicateurs de l’échelle socio-territoriale
Histogramme présentant les résultats des indicateurs de l’échelle de durabilité socio-territoriale pour l’année
2011
20
B1 - Démarche de qualité
Cet indicateur repose sur un recensement des différents labels et normes concernant au
moins 10% du chiffre d’affaire de l’exploitation.
Au domaine de Villarceaux, 100% de la production est en agriculture biologique. Nous
attribuons donc 7 points.
La ferme répond aux exigences d’un second label : « Nature & Progrès », qui est une
extension du label AB, il ne compte donc pas comme un label à part entière (pas de point
supplémentaire).
Total : 7/10
B2 - Valorisation du patrimoine bâti et du paysage
Les 3 premières modalités sont évaluées par le chef d’exploitation lui-même, la notation
allant de -1 à +2.
Entretien ou restauration du bâti ancien et du patrimoine rural
L’habitation d’Olivier Ranke, ainsi que la maison de la Comté, ont été rénovées récemment. Ces
bâtiments ont très bien été restaurés, Olivier attribue donc 2 points sur la restauration du bâti
ancien.
Qualité architecturale et intégration paysagère du bâti récent
Le bâti récent est composé d’un bâtiment d’élevage et d’un bâtiment pour le matériel. D’après
Olivier Ranke, ces constructions s’intègrent très bien au paysage, il attribue donc 2 points à son
exploitation.
Qualité des abords du siège d’exploitation
Olivier estime que la qualité des abords de l’exploitation est mauvaise, pour preuve on y trouve
des tas de tuiles, des bâches, etc … Il attribue donc un malus de -1 à l’exploitation.
Aménagement paysager des surfaces de l’exploitation
De nombreuses haies ont été plantées sur l’exploitation, les bosquets et la lisière de la forêt sont
bien entretenus. Même si les aménagements ont bien été réfléchis, le paysage est souvent
monotone avec des haies longues et rectilignes, sans cassure ni courbe.
Nous n’accordons donc qu’un point sur deux à l’exploitation
Total : 4/8
Les points obtenus pour cet indicateur sont en grande partie dus aux travaux de restauration
et de construction, financés par la fondation. Cela introduit donc un biais dans le calcul de la
durabilité de l’exploitation et remet en cause son indépendance. De plus cela semble difficilement
reproductible pour des exploitations qui ne disposent pas d’un tel capital.
21
B3 - Gestion des déchets non organiques
Cette gestion est révélatrice d'une activité respectueuse de l'environnement et responsable.
Calcul de l'indicateur:
Pas de réutilisation ou de valorisation au niveau local soit 0 point sur 3.
Tri sélectif ou élimination par collecte collective, soit 2 points sur 2.
Pas de brûlage, d'enfouissement ni de plasticulture et d'enrubannage, soit 0 point.
Total : 2/5
B4 - Accessibilité de l’espace
L’objectif de cet indicateur est de rendre compte de l’accessibilité et du partage de l’espace
rural entre les acteurs agricoles et non-agricoles. Cette accessibilité est évaluée par la présence
d’aménagements, d’actions d’entretien de l’espace dans le respect de l’activité agricole.
Nous avons attribué 2/2 pour l’aménagement de l’espace agricole. En effet, les chemins sont
ouverts au public et sont répertoriés dans les guides touristiques. L’accessibilité pourrait encore être
améliorée en balisant les itinéraires. Les sentiers de randonnée sont dégagés et les arbres élagués à
proximité. Cependant, nous avons relevé la présence de nombreuses ornières et de chemins en
mauvais état pouvant limiter les activités de marche et d’équitation. Nous avons donc retenu la note
de 1/3 pour l’entretien des chemins.
Total : 3/5
B5 - implication sociale
Cet indicateur a vocation de caractériser l’insertion sociale et les relations humaines
entretenues avec les autres acteurs ou représentants du territoire.
Attribution des points :
2 associations = 2*2 = 4 points
2 responsabilités dans une structure associative = 2*2 = 4 points
Vente directe = 2 points
Habitation sur l’exploitation = 0 point
Total : 10/6
Olivier Ranke est impliqué dans deux structures associatives. Sur le site même du domaine de
Villarceaux, il est acteur du centre éco-développement. Il prend également part à l’association des
Vignerons de Chaussy. D’autre part, il occupe la fonction de trésorier de Biocer et est représentant
de l’association Nature et Progrès à l’ITAB. De plus, l’exploitation est ouverte à la vente directe pour
la viande produite. Olivier Ranke a donc un contact développé avec les acteurs du territoire et de sa
profession. L’accueil de différents publics (colloque, étudiants, formation) sur le domaine de la
Bergerie de Villarceaux où est implantée l’exploitation apporte une ouverture au grand public pour
découvrir les pratiques agricoles mises en place avec la volonté d’échanger. Cela peut apporter au
territoire un véritable dynamisme.
22
Cependant les relations humaines développées dans les activités associatives sont
essentiellement professionnelles et/ou axées sur l’agriculture biologique. Elles ne favorisent pas la
communication avec d’autres types de publics, notamment les nombreux agriculteurs non-
biologiques du territoire.
B6 - valorisation par les filières courtes
Cet indicateur met en valeur le fait que les filières courtes rapprochent les producteurs et les
consommateurs et favorisent une dynamique territoriale, tout en diminuant la consommation de
transports ( et donc de ressources non renouvelables).
La première partie de cet indicateur attribue un point par 5 % du ratio (Valeur des ventes
directes hors aide)/(Chiffre d'affaire hors aides -CA- ).
Pour les céréales, M. Ranke nous a dit ne vendre qu'une partie négligeable (3 ou 4 t) de ses
céréales en vente directe. Nous avons donc compté 0% pour la vente directe en céréales.
Pour la viande, M. Ranke a estimé vendre 75% de sa production en direct (ventes totales de
viande : 119 367 €), soit 89 525€ comme produit de la vente directe. Ce qui nous donne un ratio de
32 % ( le CA étant de 279 621€), et donc un total de six points.
La deuxième partie de cet indicateur donne deux points si les ventes sont réalisées à
proximité. Les céréales étant vendues à la coopérative Biocer, située près de l'exploitation, nous
avons attribué ces deux points.
Total : 8/7, note : 7/7
B7 - Autonomie et valorisation des ressources locales
Cet indicateur mesure de la capacité d’un agriculteur à être autonome en ressource
alimentaire et énergétique. L’avantage de cette situation, malgré les contraintes qui en découlent
(hausse du travail), est une forte capacité d’adaptation aux fluctuations du cours des matières
premières.
L’exploitation dispose d’une autonomie fourragère en 2009 et 2010 (5 points).
La totalité des engrais organiques (fumier bovin et ovin) est valorisée par l’épandage sur la
SAU, et aucun échange contre de la paille n’est contracté (0 point).
L’agriculteur n’a pas acheté les bovins et les ovins sur le territoire local (0 point).
La forêt ne sert pas pour le moment à l’approvisionnement de la chaudière à bois (0 point)
mais cela constitue un projet à long terme. La gestion de la forêt est assurée par l’Office National des
Forêts.
L’eau de pluie n’est pas récupérée mais cela constitue un projet futur pour l’abreuvement
des animaux (0 point).
L’agriculteur produit ses semences tant qu’il le peut (2 points).
Total : 7/14
23
B8 - Services, pluriactivité
Cet indicateur a pour but de valoriser les exploitations agricoles jouant des fonctions autres
que la production au niveau territorial, s’inscrivant dans le principe de multifonctionnalité de
l’agriculture. Ainsi, les exploitations qui ont une démarche contribuant au développement du tissu
local, avec par exemple de l’agrotourisme, de l’insertion sociale ou en rendant des services
marchands au territoire, obtiendront donc des points pour ces actions.
Services marchands rendus au territoire : 0 points (/2)
Dans le cas de L’EARL du Chemin-neuf, un entretien des chemins est réalisé, ce qui contribue à
l’importante fréquentation du territoire par des randonneurs. Cependant, ce service n’est pas
rémunéré aux exploitants, il ne s’agit donc pas d’un service marchand.
Agrotourisme : 0 points (/2)
Bien que les locaux de la fondation située sur le corps de la ferme puissent avoir une fonction
d’agrotourisme, cette activité n’est pas réalisée par l’EARL même. Ainsi, même si ces activités
d’agrotourisme ne pourraient pas avoir lieu sans la présence de la ferme, elles ne lui sont pas
directement imputées, c’est pourquoi l’EARL du Chemin-neuf n’a pas obtenu de point pour cette
section.
Ferme pédagogique : 2 points (/2)
2 points ont été attribués à la ferme pour cette section, puisque des écoles, du primaire
jusqu’aux niveaux supérieurs (Ingénieurs Agronomes) sont régulièrement accueillis sur la ferme. Les
grandes surfaces dont dispose l’exploitation ont d’ailleurs un but important d’expérimentation en
agriculture biologique et de pédagogie. Le nombre maximal de points est donc attribué pour cette
section.
Pratique d’insertion ou d’expérimentations sociales : 0 points (/3)
La ferme du Chemin-neuf ne pratique pas d’insertion sociale, ni d’expérimentations de la sorte,
elle n’est donc pas éligible pour cette rubrique.
Total : 2 / 5
B9 - Contribution à l’emploi
Etant donné l’importance de l’emploi, des jeunes notamment, dans le volet « social » du
développement durable, il est primordial de prendre conscience de la contribution à l’emploi sur son
territoire d’une exploitation agricole ; c’est le but du présent indice. Les exploitations employant une
main d’œuvre importante par unité de surface ou de production, main d’œuvre de préférence locale,
seront ici valorisées.
Surface/UTH: 1 point (/4)
L’EARL du Chemin-Neuf emploie 4 personnes équivalent chacune à 1 UTH, cela pour une Surface
Agricole Utile de 370 ha. Cela équivaut à une surface comprise entre 50 et 125 ha par UTH. La
méthode IDEA attribue 1 point à une ferme se situant dans cette fourchette.
Création d’un emploi sur l’exploitation dans les 5 dernières années : 0 points (/4)
24
En 2007, l’exploitation a embauché un jeune ouvrier, mais cela s’est fait à l’occasion d’un départ
en retraite, et il s’agit donc plus d’un remplacement que d’une embauche ; on ne peut donc pas
considérer qu’il y a eu création d’emploi sur la ferme lors des 5 dernières années.
Création d’un emploi dans le cadre d’un réseau de proximité : 0 point (/2)
L’EARL du Chemin-Neuf est certes inscrite dans un certain réseau, avec notamment une
collaboration avec une coopérative de consommateurs, mais elle n’y a pas joué de rôle dans la
création d’emploi.
Plus de 50% de main d’œuvre saisonnière habite sur le territoire : 0 points (/2)
La présente ferme n’emploie pas de main d’œuvre saisonnière, elle n’est donc pas éligible pour
cette rubrique.
Total : 1 / 6
B10 - Travail collectif
L’agriculteur n’est concerné que par le travail en réseau. Il fait en effet partie de l’ITAB
(membre de la commission élevage). Par ailleurs, il travaille en partenariat avec l’INRA, Arvalis…
Total : 3/5
B11 - Pérennité globale
Selon l’agriculteur, il est quasi certain que l’exploitation existera dans 10 ans, dans la mesure
où le bail est établi sur 25 ans. Par ailleurs, il considère l’exploitation viable, quels que soient les
gérants.
Total : 3/3
B12 - Contribution à l’équilibre alimentaire mondial
Olivier Ranke importe uniquement des sels minéraux pour l’alimentation de son troupeau. La
quantité de sels importée ne pouvant être convertie en surface importée, les sels minéraux ne sont
pas pris en compte dans le calcul du taux d’importation, qui est donc nul.
Total : 10/10
B13 - Bien-être animal
Le bien-être animal permet de rendre compte de l’état de santé psychologique et physique
d’un cheptel. Cet indicateur est évalué au dire de l’agriculteur. Il s’attribue un score de 2/3 en raison
de l’absence d’ombre sur une parcelle, ce qui pourrait être préjudiciable aux animaux. Autrement
toutes les parcelles sont équipées d’un point d’eau et les bâtiments sont confortables.
Total : 2/3
25
B14 - Formation
L’agriculteur doit être en mesure de se former en continue mais également d’ouvrir son
exploitation à la formation des générations futurs. Il accueille des professionnels ainsi que des
stagiaires mais ne prend pas le temps de se former ni de former ses employés.
Total : 4/6
B15 - Intensité du travail
L’agriculteur évalue lui-même l’intensité de son travail ainsi que la façon dont il supporte les
périodes de surtravail. Il estime le nombre de semaines surchargé à 4 bien que pour lui, aucune
semaine n’est vraiment surchargé. Cela lui arrive de ne pas finir son travail mais sans que cela le
préoccupe.
Total : 3/7
B16 - Qualité de vie
L’indicateur de qualité de vie est une auto-estimation. M. Ranke s’est attribué la note de 5/6.
Total : 5/6
Il aurait été intéressant d’avoir le point de vu de sa compagne pour parfaire ce critère. Les
commentaires faits par M. Ranke à ce sujet nous permettent d’étoffer de façon qualitative cet
indicateur. M. Ranke ne ressent pas le besoin de vacances et sent bien là où il travaille. Il aime son
travail et en est passionné, ce qui rend les journées plus agréables.
B17 - Isolement
Il s’agit là aussi d’une auto estimation. M. Ranke ne ressent pas d’isolement lié à son travail
sinon à sa vie familiale.
Total : 3/3
B18 - Accueil hygiène et sécurité
La main d’œuvre temporaire et les stagiaires sont accueillis au sein du centre de Villarceaux
dans une maison à l’intérieur du vieux corps de ferme. Les conditions d’accueil étant optimales
(sanitaires, chauffage, …), la note maximale est donc attribuée à ce sous-critère, soit 2/2.
L’organisme certifié effectuant le contrôle n’a rien à reprocher aux installations ; la note
maximale est aussi attribuée, c’est-à-dire 1/1.
Enfin, l’EARL du Chemin neuf n’utilise pas de pesticides, elle obtient donc pour ce sous-
indicateur la note maximale de .
Total : 5/4, note : 4/4
26
Conclusion de l’échelle de durabilité socio-territoriale
L’exploitation atteint une note de 76 sur 100 pour l’indicateur de durabilité socio-territoriale.
La contribution au développement local ressort dans cet indicateur, notamment grâce au circuit
court et l’indépendance aux importations. L’implication sociale est également soulignée malgré un
manque de cohésion sociale avec ses voisins proches. Nous pouvons donc nous interroger sur la
dimension spatiale de la méthode IDEA pour cet indicateur.
L’exploitant conserve des marges de manœuvres en matière de création d’emploi, d’intensité du
travail, de valorisation des déchets non organiques et de valorisation du paysage. Cependant
l’exploitation emploie plus que la moyenne pour ce type d’exploitation mais pas assez d’après IDEA.
De même malgré des efforts réalisés pour l’esthétique des bâtiments, des efforts restent à faire pour
valoriser les abords paysagers de la ferme.
3. Les indicateurs de l’échelle de durabilité économique
Histogramme présentant les résultats des indicateurs de l’échelle de durabilité économique pour l’année 2011
C1 - Viabilité économique
Cet indicateur représente un résultat économique moyen par actif de l’exploitation (évalué
par rapport au SMIC). Il est calculé de la manière suivante :
VE= (EBE-BF) / UTH non salarié avec BF (besoin financement) = ½ amortissements + annuités
Avec comme valeurs :
- Excédent Brut d’Exploitation : EBE = 79 339€
27
- Amortissement= 76 657€ et Annuités= 83 360€ d’où un BF = 121 688,5€
- UTH = 1,05
On obtient donc : VE= -40 332,9€ soit un équivalent de 0 SMIC, d’où un score de 0
Total : 0/20
En comparaison avec l’exercice précédent (2008/2009), où une note de 20 a été attribuée, on
constate une nette diminution de la viabilité économique. L’augmentation des annuités peut être
expliquée par l’achat de matériel en 2010. Et la baisse de l’EBE peut en partie être expliquée par un
achat supplémentaire de 9000L fioul (fuite de cuve).
Une moyenne des résultats de l’exercice sur 3 ans aurait été préférable mais n’a pu être
réalisée. En revanche, la viabilité économique de 2007/2008 a pu être calculée et est de 43897,5€.
Nous avons donc une moyenne sur 2 ans de 774€, ce qui correspond à moins d’un SMIC. Nous avons
donc toujours une note de 0 pour les exercices de 2008/2010.
C2 - taux de spécialisation économique
La méthode IDEA considère qu’un système de production diversifié est moins vulnérable aux
retournements de conjoncture économique et donc plus durable.
La production de bovins viande est l’activité la plus importante et génère, hors primes et
subvention, 104 379€ du chiffre d’affaire global de l’exploitation (279 621€). Cela revient donc à 104
379/279 621 = 37,3% du chiffre d’affaire, d’où l’attribution de 4 points.
Biocer, le client le plus important, achète quasiment toute la production céréalière, soit
110 604€ hors prime et subvention (Ventes production végétale – vente pomme de terre – vente
autres cultures = 116 675 – 4 182 – 1 889 = 110 604€). Cela revient donc à 110 604 / 279 621 = 39%
du chiffre d’affaire, d’où l’attribution de 2 points.
Par ailleurs l’exploitation ne possède pas d’atelier en intégration et n’a pas recours à du
travail à façon, Ce qui nous donne un score de 0 points.
Total : 6/10
C3 : Autonomie financière
Mesure de la capacité de l’exploitation agricole à être flexible face à des aléas économiques
et aux emprunts contractés.
Dépendance Financière :
Les annuités sont les remboursements d’emprunts que doit payer l’exploitation (Capital +
Intérêt).
Les frais financiers à court terme représentent les découverts (Inexistants sur la comptabilité
de l’exploitation). Une moyenne des EBE et des annuités sur les années 2008, 2009 et 2010 a été
effectuée.
28
Sur les 3 ans, la dépendance financière s’élève à 57,4%, ce qui amène à une note pénalisante
de l’indicateur (0 point). Cependant, l’indicateur de dépendance financière n’est pas constant : la
situation s’est dégradée au cours des trois dernières années. La dépendance financière s’élevait à
105% en 2010, 64% en 2009 et 26% en 2008. En 2008, la note était de 9 points.
Ces chiffres s’expliquent par une baisse de l’EBE progressive au cours des 3 dernières années.
La baisse de la valeur ajoutée de la viande (baisse des prix) et un problème de rendement au niveau
végétal ont induit cette baisse de ressource.
L’achat de matériel (tracteur) implique une augmentation des annuités.
L’agriculteur doit veiller à ce que la situation ne s’aggrave pas dans les prochaines années.
Total : 0/15
C4 - Sensibilité aux aides
Le montant des aides, incluant les DPU et les aides couplées, est de 96 834 €. Certaines aides
ne sont pas prises en compte, telles les aides structurelles figurant dans la comptabilité de
l’exploitation (montant de 55 981 €). L’EBE s’élève à 79 339 €. La sensibilité aux aides est donc de:
∑aides/EBE = 122%.
Total : 0/10
C5 - Transmissibilité économique
Cet indicateur rend compte de la capacité de l’exploitation à être transmise. Il se calcule en
pondérant le capital d’exploitation (qui traduit le coût de cession) par les UTH non salariés. Le foncier
bâti et non bâti n’est pas pris en compte. Il travaille seul avec comme associé sa femme qui travaille
un jour par mois. Il dispose donc de 1,03 UTH.
Total : 0/20
Le score 0 traduit un capital d’exploitation très élevé donc très difficile à transmettre. Les
composantes les plus importantes du capital sont le cheptel à hauteur de 50% et un parc d’outillage
à hauteur de 30%. Les stocks sont également pris en compte et représente 10% à cette date. Selon
l’idée de cet indicateur, la mauvaise note provient du fait que l’exploitation n’est pas considérée
comme étant à taille humaine.
C6 - Efficience du processus productif
Cet indicateur est pertinent car il permet d’évaluer sur le long terme la durabilité de
l’exploitation. Il se calcule par la formule suivante :
29
Sont compris dans les produits le montant des ventes (céréales et viandes) hors primes. Dans
les Intrants sont inclus l’énergie, la consommation d’eau, l’achat de semences, les quelques
interventions vétérinaires et les frais de travaux par tiers lors des récoltes et épandages du fumier.
Le calcul de l’efficience donne donc :
Total : 21/25
Conclusion de l’échelle de durabilité économique
Pour cet indicateur de durabilité, l’exploitation enregistre une note finale de 27 sur 100. Cela
se traduit par une forte dépendance financière aux aides, une mauvaise viabilité économique malgré
une bonne efficience du processus productif et une diversification dans ses activités. La mauvaise
viabilité économique est à mettre en relation avec l’investissement dans les tracteurs. La mauvaise
transmissibilité de l’exploitation est due à sa taille trop importante par rapport aux critères d’IDEA.
Cette transmission sera sans doute artificiellement possible par le biais de la fondation. De même les
avantages procurés par la fondation - absence de loyer, financement des bâtiments et plusieurs
travaux agricoles – limitent les possibilités d’autonomie de l’exploitation.
30
Conclusion sur le diagnostic par la méthode IDEA
Histogramme et radar des résultats IDEA pour l’année 2011
Le bilan de l’étude se conclue par une note finale de 27 sur 100 déterminée par la note la
plus faible correspondant à l’indicateur de durabilité économique. Cette exploitation présente donc
une faible aptitude à la durabilité d’après les critères d’IDEA. L’aspect agroécologique est au
maximum. Le déplafonnement de cet indicateur permettrait de mettre en évidence des marges
d’amélioration et de distinguer les exploitations les plus durables dans ce domaine. Une des
originalités de cette méthode est de prendre en compte l’aspect socio-territorial. Celle-ci se révèle
assez bonne compte tenu de l’implication de l’exploitant. Cependant cela ne met pas en valeur le
manque de relations sociales proches.
Nous avons plusieurs fois mis en doute la pertinence de certains indicateurs, notamment la
définition de « travail à façon » qui reste ambiguë pour la non durabilité. Nous avons aussi pensé que
ce critère était placé étrangement avec la spécialisation économique. Nous le verrions plutôt dans un
indicateur socio-territorial.
Nous pouvons nous interroger sur la pertinence d’utiliser la méthode IDEA pour une
exploitation aussi atypique. En effet le rôle que joue la fondation est souvent pointé du doigt. Une
interprétation des résultats en profondeur est nécessaire pour juger de la réelle durabilité de
l’exploitation.
31
Le bocage Normand dans le Vexin
II. Etude des paysages à Villarceaux
La prise en compte du paysage en agriculture est de plus en plus un facteur laissé au second plan.
Les changements territoriaux provoqués par l’évolution des pratiques agricoles ont amené à
spécialiser les territoires dans ce que leurs potentiels agro-écologiques et culturels des années 60
semblaient le plus prometteur.
1. Le changement de paradigme
Les territoires du centre de la France,
bénéficiant de sols profonds, ont été profitables
à une agriculture productrice de céréales et
donc d’un paysage d’openfield. Ce type de
paysage caractérise une agriculture mécanisée
et consommatrice en intrants. Pour aller plus
vite, les agriculteurs ont utilisé des machines de
taille de plus en plus importante et qui
requièrent de plus en plus d’espace pour
rentabiliser leurs entrées dans les parcelles.
Ainsi, l’abattage de haies a été systématique et
nous offre aujourd’hui ce paysage de champ ouvert.
Depuis les années 60, il s’est donc installé un schéma territorial de production, un paradigme où l’on
exclut le paysage de l’avenir agricole. La chimie permettant de se passer des niches écologiques que
sont les haies, les prairies ou les bandes enherbées, ces éléments ont été radiés du paysage du
centre de la France.
Les membres de la Fondation pour le Progrès de l’Homme et les premières équipes chargées de
l’aménagement du domaine de Villarceaux ont été confrontés à un nécessaire changement de
paradigme. L’agriculture céréalière œuvre dans un paysage qu’elle a modelé. Ce paysage a été créé
pour et par une agriculture qui n’est pas soutenable. Dans la recherche de durabilité de la ferme
reprise sur le domaine de Villarceaux, la gestion locale du paysage a donc été remise en question. Un
nouveau changement de paradigme
a été effectué pour modeler le
paysage à une agriculture durable.
Ce changement s’est traduit par
la réimplantation de haies, la mise en
place de bandes enherbées entre
certaines parcelles et la
réintroduction de l’élevage sur le
domaine de Villarceaux impliquant ici
l’intégration de prairies dans les
rotations de cultures.
Paysage d'openfield en sortant de Villarceaux
32
2. Une agriculture durable, de nouvelles interactions
Les agriculteurs ont donc considéré l’exploitation agricole de la Bergerie dans son paysage en
mettant en relation les enjeux impliqués par un type de paysage avec ceux de l’agriculture durable
(niches écologiques pour les prédateurs des ravageurs des cultures, augmentation et préservation de
la biodiversité, …).
De plus, nous avons observé
qu’un ensemble d’interactions a
découlé du remodelage du paysage.
D’une part, l’arrivée des animaux dans
le paysage de la ferme de Villarceaux
y a apporté sa pierre. On peut
observer sur cette photo par exemple
une taille des arbres par les vaches qui
leur confèrent un aspect géométrique
jouant un rôle dans l’appréciation
visuel de cette prairie. De plus, la
présence de ces arbres permet
d’apporter un ombrage aux animaux
lors des périodes estivales.
D’autre part, une autre mise en relation qui a été observée suite à la modification du paysage du
domaine de Villarceaux est celle entre l’agriculture et les résidents. Ce phénomène met le paysage en
avant comme interface où évolue un nombre important d’acteurs différents avec des attentes qui
peuvent parfois être divergentes.
Les habitants de la ville de Paris ou des villes plus proches, contents de revoir (enfin ?) des
arbres, des haies et des animaux dans le paysage d’openfield observable avant, viennent randonner
le long des chemins bordant les parcelles du domaine de Villarceaux. Ceci redéfinit le rôle de
l’agriculture dans la gestion du paysage. Peut-elle continuer de modifier le paysage agricole à des fins
productives et coûteuses en intrants (ce qui est observable dans le Grand Ouest de la France où les
haies sont encore arrachées au profit de deux rangs de maïs)? Où doit-elle jouer un rôle
multifonctionnel comme la demande sociale le laisse entendre ?
L’agriculture possède la majorité du territoire français mais le territoire rural étant aujourd’hui
peuplé d’une minorité d’agriculteurs, les questions de relations entre les acteurs des populations
rurales sont indispensables à poser.
Dans ce cadre, des aménagements sont faisables à chaque niveau de la part des agriculteurs.
Prenons l’exemple de la ferme du Chemin Neuf. Nous soulignons l’effort fait pour entretenir les
chemins, mettre en place un paysage esthétiquement agréable en remettant des haies, en
réintroduisant l’élevage. Cependant, tous ces aménagements ont pu être avant tout mis en place
pour des raisons agronomiques, pour faire de l’agriculture durable dans un paysage où cela est
faisable. Hors, ces dispositifs agro-écologiques favorisent également la venue des promeneurs
comme nous l’avons souligné.
Bosquet taillé par les vaches
33
Afin de réconcilier le citoyen avec l’agriculture, autant lui donner une bonne impression de celle-
ci dès son arrivée. Nous pouvons imager ce propos avec la vue du corps de ferme et de son
environnement.
Le tas de tuiles visible sur la photo ci-dessus va être utilisé pour remblayer les chemins de
l’exploitation pendant l’hiver (ce service rendu sera discuté plus tard). Cependant, il est juste à
l’entrée de l’exploitation et terni le paysage. D’autre part, le pré verger, censé habiller un peu le
bâtiment, dont l’utilité pour des vaches rustiques peut-être discuté, est investi par du matériel de
culture et lui fait perdre son intérêt. S’ajoute à cela le fait que depuis la route, l’ensemble du
domaine est caché par la présence d’une haie. Il ne s’agit pas ici de l’arracher, mais éventuellement
d’y introduire des coupes permettant d’ouvrir le paysage sur le domaine et les prairies. Pour
terminer ce paragraphe sur une note positive, nous soulignons l’effort d’accueil en mettant à pâturer
trois vaches au début du chemin d’exploitation, en face des bâtiments, cela permet un contact direct
entre le promeneur et l’agriculture.
Face à ces constats, il semble que l’agriculture soit confrontée à un tournant dans sa façon
d’interagir avec le territoire. Des aménagements sont à l’œuvre et beaucoup sont à venir pour faire
de cette agriculture multidimensionnelle une agriculture durable. Cependant, cela pose le problème
du financement de ces aménagements et des efforts à faire de la part des agriculteurs.
3. Les nouvelles fonctions de l’agriculture ont un prix
On entend aujourd’hui que les agriculteurs doivent entretenir les paysages (origine du mot
paysan). Hors, l’entretien d’une haie prend du temps, sa valorisation productive n’est plus d’actualité
et son intérêt agronomique a été oublié par un grand nombre d’agriculteurs. L’intérêt direct des
agriculteurs pour l’entretien du paysage est donc très faible.
Cependant, l’expérience de Villarceaux montre qu’après 15 ans de travaux en agriculture
biologique et surtout après avoir adapté son paysage à son agriculture, les structures paysagères
contribuent au bon fonctionnement écologique de l’exploitation, « les maladies et les ravageurs, on
les regarde pas, on en a pas ! »(O. Ranke). Les structures paysagères mise en place depuis 15 ans font
désormais partie de l’outil de production, elles sont donc un investissement à long terme. Les haies
Pré verger avec le matériel de culture et vue sur les bâtiments d’élevage Tas de tuiles à l'entrée de la ferme
34
et bandes enherbées sont des refuges pour les auxiliaires luttant contre les parasites des cultures.
Les arbres contribuent au bien être animal en apportant des zones d’ombre sur les parcelles pour les
périodes estivales. De plus, l’arbre peut être vu de nouveau comme une ressource et un
investissement à long terme. Il ne s’agit donc pas seulement d’un investissement favorable au retour
des promeneurs sur les chemins des exploitations du centre de la France.
Au sein des aides aux agriculteurs, il existe les CAD, Contrat d’Agriculture Durable (ex CTE),
traitant de la gestion durable du territoire. Ces contrats sont passés entre l’agriculteur, l’Etat et
éventuellement les collectivités territoriales. Ils visent à un aménagement durable du territoire, à
aller vers un changement de gestion du paysage. La grande limite de ces contrats est le suivi. Il n’y a
pas de cahier des charges dans le suivi des projets de CAD et leur mise en place. De plus, ce système
de subvention est contraignant pour les collectivités locales et les chambres d’agriculture dans son
suivi. Il se traduit par une contrainte globale, tant pour les agriculteurs que pour les collectivités plus
que par une avancée dans la gestion du paysage. Le bilan des CAD est donc un gaspillage de fonds
publics et une inefficience de l’initiative d’améliorer la gestion du territoire.
Les perspectives de la PAC 2013 laissent entendre que le second pilier sera plus soutenu par des
aides directes aux agriculteurs, et des subventions aux projets de développement rural type LEADER.
Cependant, la vision du second pilier de la PAC 2013 laisse le côté productif de côté et se concentre
sur la gestion du paysage en maintenant ce clivage premier et second pilier, laissant entendre que
gestion durable du territoire ne peut pas rimer avec gestion productive des espaces agricoles.
Il nous parait important de souligner que la gestion durable du paysage est pour l’agriculteur un
atout précieux à long terme. C’est donc dans son intérêt de reconsidérer son exploitation dans le
paysage. D’autre part, les acteurs bénéficiant des aménités rurales apportées par la plantation de
haies, la réintroduction de l’élevage, ne participent pas à l’investissement. Dans une optique de
cogestion du territoire, en y mêlant l’aspect agro-écologique productif avec l’aspect récréatif les
collectivités publiques locales pourraient contribuer à la transformation des paysages. Cependant,
une telle cogestion est difficile à borner car elle entend un chiffrage des externalités liées aux
paysages, à la biodiversité, à l’intérêt agronomique des haies et au bonheur de se promener le long
d’un chemin bordé d’arbres, de prairies, d’animaux et de cultures.
35
Conclusion du chapitre 1
En conclusion de l’analyse de la Bergerie de Villarceaux, on se rend donc compte que cette
exploitation constitue un exemple de transformation écologique du territoire.
En effet, la ferme obtient ses meilleurs scores dans la méthode IDEA pour les indicateurs agro-
écologiques et participe au changement durable de la vision de l’agriculture dans une région de
cultures céréalières intensives. En quinze années de travail cette ferme a évolué vers une agriculture
totalement biologique basée sur l’association polyculture/élevage, accompagnée par la plantation de
haies et de bandes enherbées.
Les volontés de la fondation d’ouvrir la bergerie à un public le plus large possible et de partager
leurs expériences confèrent à la Bergerie une visée éducative et sociale. Le but de la fondation est
de réconcilier les citoyens (citadins majoritairement) avec l’agriculture en l’incluant dans un paysage
esthétiquement agréable et respectueux de l’environnement. L’aspect social de l’exploitation est
toujours en développement via la participation à des associations, le développement de la vente
directe et la contribution à l’emploi.
Cependant, bien que ces changements semblent être avantageux à long terme (efficience du
processus productif en augmentation constante), la conversion reste très onéreuse et ne parait pas
possible si rapidement sans un soutien extérieur. De plus, se pose la question de la durabilité et de la
reproductibilité de cette expérience puisque la Bergerie connait des problèmes de transmissibilité et
d’autonomie financière.
Nous allons donc dans un deuxième temps tenter d’analyser les vingt dernières années de
transition de la Bergerie. Dans un premier temps, il s’agit donc de réaliser une enquête auprès des
acteurs du territoire afin de connaitre leur perception de l’exploitation. Ensuite, nous regarderons
l’évolution de la durabilité de la Bergerie depuis 1992, notamment à travers la méthode IDEA.
Finalement, nous étudierons particulièrement la période de conversion de l’exploitation à
l’agriculture biologique.
36
Chapitre 2 : Bergerie + 20
La Bergerie de Villarceaux a effectué de grandes transformations tant sur l'aspect agricole
(conversion à l'agriculture biologique) que sur la rénovation des bâtiments. En vingt ans, ce centre a
pris de l'importance dans le monde de l'agriculture biologique. Une nouvelle phase consacrée à la
valorisation de l'expérience de la Bergerie et à la promotion d'idées va débuter. La fondation et le
personnel de la Bergerie, porteurs de ce projet, souhaitent disposer d'outils pour prendre du recul et
questionner les choix qui ont été faits. En effet, les travaux de rénovations et la conversion en
agriculture biologique ont eu un coût économique non négligeable, une évaluation peut s’avérer
intéressante. Notons bien que cette étude concerne un changement onéreux et conséquent du
système agricole (implantation de haies et de bandes enherbées, introduction de l'élevage) et pas
uniquement la conversion à l'agriculture biologique.
Ces mutations au sein du domaine de Villarceaux ont eu un impact sur le territoire et les acteurs
locaux. Dans un futur proche, l’écocentre de la bergerie de Villarceaux va s’ouvrir au grand public.
Dans un objectif de communication, ses dirigeants souhaitent acquérir un regard critique sur
l’ensemble des changements opérés au sein du domaine. Pour répondre à ces enjeux, nous avons
réalisé trois études : une analyse des regards extérieur et intérieur sur Villarceaux, une étude sur
l'évolution de la durabilité du site selon la méthode IDEA et une analyse du coût de conversion à
l'agriculture biologique.
I. Villarceaux : quelle perception par les acteurs du territoire ?
Dans le cadre de ce projet, il nous a été demandé d’étudier l’évolution des vingt ans de transition
à la Bergerie de Villarceaux du point de vue :
d’acteurs du territoire extérieurs au projet. Pour cela, nous avons interrogé : deux
agriculteurs voisins du domaine de Villarceaux et deux membres du Parc Naturel Régional du
Vexin français.
d’acteurs historiques du projet de la Bergerie. Ainsi, nous avons réalisé des entretiens avec
deux salariés de la Bergerie, deux membres de la fondation et un membre de l’Ecosite de
Villarceaux.
Au cours de nos entretiens, nous avons rencontré quelques difficultés. Tout d’abord, le fait que
Baptiste Sanson, chargé d’animation à La ferme de Bergerie, ait pris les rendez-vous, a introduit un
biais lors des entretiens. En effet, certains acteurs étaient moins enclins à nous donner des
informations car ils savaient que nous étions commandités par le domaine de Villarceaux.
De plus, après la réalisation des entretiens, nous nous sommes rendu compte qu’il était
impossible de répondre à notre problématique principalement fondée sur l’évolution de la transition.
En effet, nous avons interrogé peu d’acteurs et seulement trois d’entre eux étaient extérieurs au
projet, ce qui nous a empêchés de traiter la notion d’évolution de manière objective. En outre, sur les
trois acteurs non impliqués dans La Bergerie, deux étaient sur le territoire depuis moins de 10 ans.
37
Par conséquent, quand on leur posait la question de l’évolution, la seule différence qu’ils voyaient
était la pousse des haies. Par conséquent, nous avons décidé de répondre à la question suivante :
Quelle vision ont les différents acteurs du modèle actuel de Villarceaux, dans son territoire et dans la
société ?
Dans une première partie, nous nous intéresserons à l’intégration de Villarceaux dans son
territoire. Ensuite, nous nous poserons la question du véritable rôle de La Bergerie. Pour finir, nous
traiterons la thématique de la durabilité et de l’avenir de Villarceaux.
1. Villarceaux dans son territoire
1.1. Qu'est-ce que Villarceaux selon les personnes rencontrées ?
Villarceaux se veut avant tout un centre de réflexion et d’engagement sur le développement
durable. Ce projet a pour but d’ouvrir les esprits, de prôner un idéal. L’EARL du Chemin Neuf est une
société indépendante financièrement, il s’agit donc d’une exploitation agricole à part entière,
intégralement convertie en bio depuis 2003. Cependant, le soutien de la fondation Charles Leopold
Mayer pour le progrès de l’Homme permet à l’EARL de prendre plus de risques, d’expérimenter,
d’investir, de rénover, ce qui n’est pas possible pour la plupart des exploitations. Cette ferme n’a
donc pas pour vocation d’être calquée telle qu’elle. D’après Olivier Ranke, la ferme de la Bergerie
n’est pas un exemple à suivre, mais plutôt un prototype, qui permet de tester de nouvelles pratiques.
1.2. Quelle perception du territoire en ont ses acteurs ?
1.2.1. Définition
Le domaine de Villarceaux est entièrement situé sur le Parc Naturel Régional du Vexin
français. Toutes les exploitations inclues dans le périmètre du PNR partagent donc des
caractéristiques et des enjeux communs. En réalité, le PNR incite simplement les agriculteurs à
adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement et du paysage, mais n’a pas le pouvoir
d’imposer quoi que ce soit. Cependant, les agriculteurs qui ont des terres sur le parc se sentent liés,
plus concernés par des mesures environnementales, l’implantation de haies, etc… Nous avons donc
choisi de prendre les limites du PNR pour définir notre territoire d’étude, d’autant plus que les huit
personnes rencontrées se trouvaient sur le territoire du parc et se reconnaissaient donc dans cette
entité géographique.
38
Localisation du domaine dans le PNR
1.2.2. Caractéristiques du territoire
La présence de Paris à 50 km influence fortement le territoire. De nombreux citadins sont
venus s’installer à la campagne et ont donc des exigences nouvelles vis-à-vis de l’agriculture. Chaussy
compte aujourd’hui 50% de néo ruraux, qui « veulent venir à la campagne sans les inconvénients de
la campagne », témoigne un agriculteur. Ceci engendre des conflits d’intérêts, mais permet aussi de
donner une nouvelle dynamique à l’agriculture locale. En effet, cette population est particulièrement
sensible au lien client-producteur, ce qui permet un développement important de la vente directe,
de visites à la ferme, d’activités pédagogiques,…
1.3. Villarceaux dynamisant son territoire
Dans sa démarche de développement durable, le domaine de Villarceaux a donc décidé de
s’ancrer dans ce territoire. Cet ancrage local se traduit par des choix au niveau de la
commercialisation des produits de la ferme et au niveau de la diffusion au grand public des
innovations techniques.
1.3.1. Par la commercialisation
Villarceaux dispose sur son site d’un espace de commercialisation pour les produits de la
ferme. 70% de la production de viande de la Bergerie est ainsi vendue sur le site même en vente
directe. Les 30% restant sont vendus par le biais de la coopérative « Saveurs du Vexin », autre forme
de vente en circuit court. De plus, une part, certes restreinte, des céréales est elle aussi vendue en
circuit court. Cette intégration dans le local est renforcée par la production de paniers dans le cadre
d’une AMAP (pour les produits issus du maraichage) et par l’approvisionnement du restaurant situé
sur le domaine.
39
1.3.2. Par la formation et l’accueil du public
Si la commercialisation en vente directe permet de recréer des liens
consommateurs/agriculteurs ou tout du moins de favoriser le commerce local, les activités
d’information et de sensibilisation du domaine permettent, elles, de toucher un public différent et de
manière plus formatrice.
Lors des rénovations, le domaine a choisi d’aménager des espaces d’accueil (chambres, gites,
restaurant, futur camping,…) afin de créer un environnement propice à l’échange. Le domaine peut
donc ainsi accueillir des classes pour des séjours scolaires, des familles pour du tourisme vert et des
entreprises ou organismes agricoles pour des séminaires ou de la formation.
1.3.3. Par l’agriculture
Malgré sa volonté de s’intégrer dans le local, on peut remarquer que l’agriculture en elle-
même est beaucoup moins ancrée dans le territoire que les thématiques évoquées précédemment.
En effet, peu d’agriculteurs du territoire viennent sur le domaine pour s’informer et voir ce qui s’y
passe. La diffusion du savoir se fait donc essentiellement vers le grand public ou vers des organismes
techniques nationaux. De plus, au vu de l’absence d’abattoir biologique dans le département, la
ferme doit emmener ses bêtes plus loin pour les abattre. Or, par affinité, la Bergerie a choisi un
abattoir relativement loin du territoire, rompant ainsi avec son intégration locale.
2. De nouvelles pratiques agricoles à diffuser ?
2.1. Pratiques agricoles et perception
L’EARL du Chemin Neuf est une exploitation agricole atypique qui a introduit l’élevage dans
une plaine céréalière. Elle a également un lien très fort avec la fondation pour le Progrès de
l’Homme. Cette exploitation est parfois perçue comme un « exemple » de polyculture élevage.
Pourtant, le fait que cette exploitation soit en bio peut être vu comme un frein à la comparaison.
Les expérimentations effectuées sur le site de Villarceaux peuvent être initiatrices d’essais
chez d’autres agriculteurs de la région. Les agriculteurs apprécient le fait que des essais soient
réalisés sur le site, leur évitant ainsi de prendre eux-mêmes les risques tout en garantissant des
résultats s’ils les demandent. Concernant les cultures, l’expérimentation de la Motte suscite de
nombreux intérêts. Les agriculteurs curieux ou parfois même dubitatifs en attendent les résultats.
Ces expérimentations font l’objet de remise en question et d’interrogations de la part des voisins et
peuvent être à l’origine de changements. Cependant, dans un contexte familial et historique marqué,
ces changements ne sont pas toujours évidents.
Cette exploitation emploie deux personnes, l’une d’entre elle est à mi-temps et possède sa
propre exploitation. Elle a adapté sa façon de travailler la terre aux techniques acquises lors de son
travail sur l’exploitation du Chemin Neuf.
De nombreuses haies ont été replantées (9 km au total) dans un paysage d’openfield.
Certains voient ces changements comme de bonnes choses car les haies sont des réservoirs
40
d’auxiliaires ou encore des abris pour le petit gibier. Cependant, certains reprochent aux haies de
couper le paysage et de cacher ce qu’il y a derrière. Des haies sont tout de même replantées à
l’initiative d’agriculteurs dans leur exploitation.
Dans le même esprit, une parcelle en agroforesterie a été plantée dans l’exploitation agricole
du Chemin Neuf. Les arbres sont encore petits et il est difficile de prendre du recul. Cependant, des
questions subsistent : quelles seront les compétitions avec les cultures? Comment entretenir les
bandes enherbées sous les arbres ? etc… De plus, l’introduction du robinier pose des problèmes car
ce n’est pas une essence locale et certains s’inquiètent de sa dissémination dans le milieu alentour.
Enfin, même si cette exploitation inspire certains agriculteurs, elle est loin de faire
l’unanimité dans le monde agricole. Cette ferme, par ses pratiques biologiques et son lien à la
fondation, n’est pas reproductible : c’est ce que lui reprochent les agriculteurs et ce qui les freinent à
s’y intéresser.
2.2. Diffusion et échange avec les autres agriculteurs
Le centre de Villarceaux, s'il s'inscrit dans une dynamique territoriale, est plus tourné vers
une communication nationale voire internationale. La communication liée au centre est efficace dans
le monde de la Bio (Olivier Ranke étant impliqué dans l'ITAB), elle est en revanche moins bonne
auprès des voisins, ce qui, selon les salariés de l’EARL, serait volontaire.
Pour les acteurs extérieurs, ce manque de communication apparent est parfois perçu comme
un repli et un certain manque de transparence sur l'organisation interne du site. Cette zone d'ombre
donne une connotation sectaire à Villarceaux et rend les voisins méfiants. De plus, l'étiquette Bio de
la ferme focalise les agriculteurs conventionnels qui sont un peu rebutés par cet aspect. Ils se sentent
également peu concernés par l'agriculture biologique. Le fait que les voisins soient peu informés sur
Villarceaux et son organisation tient sûrement beaucoup de cet aspect « bio » qui les touche peu. Par
exemple, lors de la manifestation sur l'Arbre Champêtre organisée à Villarceaux, beaucoup
d’agriculteurs invités ne se sont pas sentis impliqués car cela était associé pour eux à l'agroforesterie.
Un agriculteur précise pourtant : « Les portes ne sont pas fermées là-haut, c'est à nous de venir ».
Cependant, la vision du centre de Villarceaux a évolué. D'une apparence de « hippies » un
peu utopistes et totalement éloignés de la réalité, le centre est passé à un lieu de réflexion de
« bobos ». Il a ainsi gagné en crédibilité puisque les acteurs extérieurs sont tous intéressés par les
essais réalisés à la ferme, et notamment ceux des parcelles de La Motte et les essais d'agroforesterie.
Olivier Ranke est perçu comme un bon chef exploitation, qui obtient des résultats honorables en
agriculture biologique.
Ainsi, Villarceaux est à la fois une exploitation agricole et une plateforme expérimentale. Le
domaine s'intègre plus dans une dynamique internationale que locale, et est séparé de ses voisins
agriculteurs par l'aspect « bio ». Malgré tout, les essais intéressent les voisins et on pourrait imaginer
que Villarceaux devienne un centre de formation en techniques alternatives. Dans ce contexte, les
acteurs s'interrogent sur la durabilité et l'avenir de Villarceaux.
41
3. Durabilité et avenir de Villarceaux ?
3.1. Critères de durabilité
La durabilité du domaine réside principalement dans la diversification de ses activités.
Cela peut se voir, tout d’abord à travers l’exploitation. En effet, la ferme de la Bergerie est en
production polyculture-élevage. Par conséquent, la vente d’animaux permet d’augmenter la valeur
ajoutée. De plus, le nombre d’espèces différentes cultivées est largement plus important que celui
des autres exploitations céréalières du PNR. Ainsi, la ferme est moins dépendante des fluctuations du
prix des céréales. Par ailleurs, son rôle important dans l’expérimentation (agroforesterie et essais de
conduite de culture sans apport de matière organique) est l’occasion d’avoir des contacts avec
différentes structures telles que l’ITAB, Arvalis… et de pouvoir bénéficier d’une information à la
pointe. Son rôle dans la commercialisation en circuit court est aussi important puisque cela assure
des débouchés pour les produits de l’élevage via la coopérative, ou via la vente directe.
La diversification peut aussi se voir au niveau de l’ensemble du domaine. Tout d’abord, la
rénovation des anciens bâtiments en hébergements permet d’accueillir des groupes très variés
(étudiants, professionnels, scolaires,…) pour d’éventuels colloques, conférences, découverte du
monde rural… Le domaine illustre ici sa fonction d’éducation et de diffusion de connaissances.
Pour finir, la fonction culturelle du domaine est assurée par la présence de châteaux. Le lien
avec l’exploitation n’est pas encore clairement affiché mais l’aménagement futur d’un chemin entre
les châteaux et la ferme permettra une synergie entre les deux sites.
3.2. Perception de la durabilité du domaine de Villarceaux
Pour la plupart des personnes extérieures interrogées, la question de la durabilité de
Villarceaux se pose avant tout au plan économique (à nuancer étant donné le faible nombre
d’entretiens réalisés).
Le domaine de Villarceaux appartient à la fondation Charles Leopold Meyer, qui a financé des
infrastructures telles que les bâtiments de l’exploitation et la transformation des anciens bâtiments
d’exploitation en hébergement. De ce fait, les agriculteurs interrogés pensent que l’exploitation
agricole située sur le domaine n’est pas viable économiquement.
Par ailleurs, le fait que la ferme de la Bergerie soit en agriculture biologique pose des
questions. La bio est-elle un mode de production durable ?
Malgré ces questions soulevées, et s’il parait évident que l’exploitation ne pourrait pas avoir
la dimension qu’elle a actuellement sans la fondation, il semble raisonnable de dire que la ferme de
la Bergerie a de grandes chances de perdurer, notamment grâce au soutien financier durable qu’elle
reçoit.
42
3.3. Avenir de Villarceaux
Pour tous les acteurs enquêtés, l’enjeu principal de l’agriculture est le même : nourrir la
planète dont la population ne cesse d’augmenter. Pour répondre à cet enjeu, les réponses sont
différentes. Les agriculteurs pensent qu’il faut augmenter la production en conservant les méthodes
actuelles et y intégrer plus de technologie. Quant aux acteurs travaillant sur le domaine de
Villarceaux, ils prônent plutôt des pratiques plus locales, fondées sur une agriculture biologique et
une formation tant des Pays du Sud que des agriculteurs du Nord.
Par ailleurs, Villarceaux dans le futur est vu comme une plate-forme d’expérimentation dont
les autres agriculteurs pourraient s’inspirer pour raisonner leurs pratiques. Plus spécifiquement, le
Parc Naturel Régional pense qu’il pourrait être un intermédiaire pour vulgariser les pratiques
expérimentées à Villarceaux. Dans ce cas, il faudrait bien définir les rôles avec Arvalis et l’ITAB.
Villarceaux est une structure complexe qui s'intègre à son territoire, le Vexin, de différentes
manières. Par son rôle de formation et de sensibilisation du public à l'écologie et à l'agriculture
biologique, la Bergerie participe d'une dynamique nationale et internationale. Le centre est aussi
intégré au territoire du Vexin par la vente directe et les circuits courts. On peut noter un décalage
entre la perception extérieure et la volonté propre de Villarceaux. En effet, les acteurs extérieurs
voient le centre comme une structure fermée car tournée vers l'agriculture bio, alors que Villarceaux
se veut un centre de réflexion et d'expérimentation d'une nouvelle agriculture. Par ailleurs, les
nombreux financements de la fondation concernant les bâtiments rendent la ferme peu durable et
non transmissible pour les acteurs extérieurs. Depuis 2002, des groupes d'étudiants se sont penchés
sur la question de la durabilité de la ferme de Villarceaux, à l'aide de la méthode IDEA. La partie
suivante présente l'évolution de cette étude.
43
II. Etude de la durabilité de l’exploitation depuis 1992
Cette partie vise à caractériser la durabilité de l’EARL du Chemin neuf (Bergerie de Villarceaux) à
partir des principaux diagnostics élaborés à la Bergerie depuis 1992.
1. Etat des lieux en 1992
Nous avons essayé d’établir un état zéro de la situation de l’exploitation agricole en 1992.
Surface
La surface de l’exploitation en 1992 est d’environ 370 hectares. L’agriculture est de type
conventionnel, bien que quelques essais en agriculture biologique aient été effectués dès 1988.
On ne retrouve qu’une seule parcelle en agriculture biologique en 1992. Ceci s’explique par
le fait que ni le chef de culture, ni le régisseur ne croyaient à l’agriculture biologique. Ils se
contentaient d’appliquer les « ordres » de la hiérarchie (conseil de la fondation). Aucune nouvelle
pratique culturale adaptée n’avait été mise en place et les parcelles en agriculture biologique étaient
reléguées dans les zones les moins fertiles rendant d’autant plus difficile ce type d’agriculture.
Assolement
Carte des assolements de l’exploitation de la Bergerie de 1991 à 1993
En 1992 on retrouve majoritairement du blé, du pois et du maïs. Colza, orge, escourgeon,
tournesol, avoine et luzerne sont également cultivés.
44
Diversité des cultures
Globalement la diversité culturale n’a cessé d’augmenter de 1992 jusqu’en 2010, où il y avait
17 espèces cultivées différentes. Cette diversité s’incrit dans la démarche de durabilité de
l’exploitation puisqu’une rotation longue et diversifiée préserve les sols et ralentit les bioagresseurs.
Surface de la principale culture annuelle
La SAU totale étant restée la même, l’augmentation du nombre d’espèces cultivées s’est
accompagnée d’une diminution de la surface de la principale culture annuelle.
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
1 9 9 2 - 9 3
1 9 9 3 - 9 4
1 9 9 4 - 9 5
1 9 9 5 - 9 6
1 9 9 6 - 9 7
1 9 9 7 - 9 8
1 9 9 8 - 9 9
1 9 9 9 - 2 0 0 0
2 0 0 0 - 0 1
2 0 0 1 - 0 2
2 0 0 2 - 0 3
2 0 0 3 - 0 4
2 0 0 4 - 0 5
2 0 0 5 - 0 6
2 0 0 6 - 0 7
2 0 0 7 - 0 8
2 0 0 8 - 0 9
2 0 0 9 - 1 0
2 0 1 0 - 1 1
2 0 1 1 - 1 2
N o m b r e d e c u l t u r e s
Nombre de cultures différentes
NbreCultureHorsMotte
NbreCultureMotte NbreCulturesSpécifiqueMotte NbrTotalCulturesDifférentes
45
Lorsque le blé était la principale culture annuelle, il représentait entre 40% et 50% de la
surface assolable. Depuis que l’essai de la Motte a été mis en place (2001), la prairie temporaire
constitue la principale culture annuelle et représente 30% de la surface assolable, ce qui est plus
favorable à la durabilité agronomique.
Prairie permanente
La prairie permanente représente environ 7% de la SAU jusqu’en 2009, puis 13.5%. Ces
dernières années, les effets de la mise en place de prairies permanentes sur la fertilité et l’érosion
des sols se sont donc renforcés.
Apports d’intrants
En 1992, les apports d’intrants sont élevés et représentent environ un tiers des charges
agricoles de l’exploitation.
Cheptel
Il est composé de 82 ovins en 1992.
2. La transition en agriculture biologique en 1995
Sous l’impulsion de la SCAMME (coopérative locale) porteuse d’une demande en produits bio et
du Parc Naturel Régional du Vexin soucieux de voir l’agriculture biologique se développer, la Bergerie
accepte de s’engager. Elle sera d’ailleurs la seule exploitation de la zone à s’orienter dans cette voie.
L’exploitation va alors pouvoir s’accorder avec l’idéologie proposée par la fondation de
développer une agriculture durable puis biologique.
Trois ingénieurs agronomes vont repenser le fonctionnement et le parcellaire de l’exploitation.
Ils décident de mettre un système de polyculture élevage. Une zone sera spécialement dédiée à la
culture en agriculture biologique : le domaine de la Motte. Les champs seront morcelés en plus
petites parcelles rectangulaires de 7 à 8 hectares, plus pratiques à exploiter (passage d’engins facilité,
46
travail calculé à la journée). De nouvelles rotations vont être mises en place sur huit ans.
L’importance du paysage sera aussi intégrée lors de l’élaboration du nouveau plan parcellaire.
La valorisation de la matière organique ainsi que l’utilisation de cultures fixatrices d’azote sont un
point central du système. En effet, les apports d’azote sous forme minérale ne sont plus possibles.
C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’un cheptel bovin d’environ 80 têtes est intégré à l’exploitation. Il
permet de valoriser les prairies permanentes mais aussi d’apporter des matières organiques
nécessaires aux grandes cultures. En outre la production de viande reste une source monétaire non
négligeable.
3. Utilisation des indicateurs IDEA au cours de l’évolution de la Bergerie
Plusieurs indicateurs tirés de la méthode IDEA3 ont été sélectionnés puis mis en application à
différents moments clés de l’évolution de l’exploitation. Ils ont pour but d’évaluer la durabilité de
l’exploitation.
Année 1992
Indicateur A3 : Diversité animale
Le troupeau d’ovins a été introduit en 1978. En 1992, il y avait 100 têtes d’ovins.
Note de l’indicateur : 5 /14
Indicateur A8 : Zone de Régulation écologique
En 1992, l’exploitation agricole est entourée de 5km de lisière de forêt et de bosquet et 4,6km de
haies bordent les champs. Le domaine ne présente aucun point d’eau, aucune prairie sur zone
inondable, aucune terrasse ni muret entretenus.
Méthode de calcul ZRE :
Tableau : calcul ZRE
Type de surface de biodiversité Equivalence en surface de biodiversité (SB)
Bandes enherbées 0
Linéaire de haies 4,5 km => 4,5 ha de SB
Lisière de bois et bosquets 5 km => 5 ha SB
Alignements d’arbres 78,4 km => 0,78 ha SB
Vergers hautes-tiges 0
Arbres isolés 0
Total 10,28 ha SB
ZRE= SB/SAU=10,28/370,4=0,026 2,6%
2,6% de ZRE est caractéristique d’un milieu simplifié et sensible à une pression parasitaire.
Note de l’indicateur : 2 /12
47
Année 1996
Indicateur A3 : Diversité animale
En 1996, 17 vaches allaitantes de race Salers ont été introduites. Deux points s’ajoutent donc à la
note de 1992. Le cheptel de 100 ovins est conservé.
Note de l’indicateur : 7 points
Indicateur A 14 : Pesticides
En 1995/1996, la Pression Polluante est de 9,99 : 1 point
Il n’y a pas de dispositif de rinçage des cuves pulvérisateurs car il n’existe pas de dispositif de
réglementation : - 3 points
Note de l’indicateur : 0 point
34 produits phytosanitaires ont été utilisés pour la récolte 1996. Selon la réglementation
actuelle, la plupart de ces produits phytosanitaires étaient toxiques et certains ont été retirés du
marché (Pluton, Quartz, Isoproturon).
Indicateur B1 : Démarche de qualité
Avant le passage en agriculture biologique de l’exploitation, il n’y avait aucun label lié au
territoire ni au process.
Note de l’indicateur : 0 point
Synthèse de l’évolution des indicateurs
1992 1996 2005 2010 Maximum possible
A3 5 7 13 12 14
A8 2 - 12 11 12
A14 - 0 10 13 13
B1 - 0 7 7 10 Tableau : récapitulatif des indicateurs calculés
Pour ces quatre indicateurs la durabilité s’améliore au cours des années. On suppose que cette
évolution se retrouve pour la plupart des indicateurs. Il serait intéressant de rechercher le maximum
de données possibles dans les archives pour pouvoir les calculer.
48
4. Etude de la durabilité de l’exploitation de 2002 à 2011
De 2002 à 2011, nous avons étudié l’évolution de la durabilité de l’exploitation du Chemin Neuf
grâce à la méthode IDEA (les données de 2003 sont seulement disponibles en partie).
Le tableau suivant retrace l’évolution des trois échelles de durabilité.
Le contenu de la méthode a changé au cours du temps, affinant les indicateurs afin de mieux
évaluer la durabilité des exploitations.
On constate dans un premier temps que l’échelle de durabilité agro-écologique est stable au
cours des années et plafonne à 100 points.
L’échelle de durabilité socio-territoriale varie légèrement : son score semble augmenter
jusqu’en 2005 puis diminuer jusqu’en 2011 ; en effet, sur cette décennie, sa moyenne est de 82,6
points, avec un écart-type de 4,8 points.
Enfin l’échelle de durabilité économique est l’échelle qui connait les scores les plus faibles et
qui parait varier le plus : sa moyenne est de 33,7 points entre 2002 et 2011 et son écart-type de 10,1
points.
Il semble intéressant d’étudier les indicateurs qui font le plus varier ces échelles de
durabilité. Nous allons ainsi tenter d’expliquer ces variations au cours de trois parties, correspondant
chacune à une échelle de durabilité.
49
4.1. Evolution des indicateurs agroécologiques
A partir des évaluations de 2002 à 2011 (manque l'année 2003), nous voulions construire
une série de graphiques sur les trois rubriques du volet agroécologique: diversité domestique,
organisation de l'espace et pratiques agricoles. La difficulté était d'en faire une synthèse facile à lire
et à analyser. Nous avons donc opté pour des histogrammes (un par rubrique), présentant la
participation en pourcentage de chaque indicateur au total.
Diversité domestique
Cette rubrique a toujours montré un score maximal (ou presque) depuis 2002. L'indicateur
« Diversité des cultures pérennes » a quant à lui fortement fluctué depuis 2002, mais devrait
remonter de façon stable depuis l'implantation de nombreuses parcelles en agroforesterie.
La forte hausse de l'indicateur
« diversité des cultures pérennes » est pour
grande partie du à la différence de traitement
du petit verger de 0,5 ha. En 2007, aucun
point ne lui est attribué, du fait de sa faible
surface, de son rôle décoratif et de son jeune
âge (pas encore de production fruitière
commercialisée). En 2008 et 2009, 8 points
sont attribués à l'indicateur, ce qui nous
semble excessif, et fait varier grandement sa
valeur. A partir de 2010, aucun point n'est
attribué au verger, ce qui nous semble une
évaluation réaliste.
Les indicateurs « Diversité animale », « Diversité des cultures annuelles et temporaires » et
« Valorisation et conservation du patrimoine génétique » ont toujours réalisé des scores élevés,
indiquant la très bonne maîtrise de la ferme de la bergerie dans ce domaine.
50
Organisation de l'espace
On note plusieurs progressions fortes dans cette rubrique : « dimension des parcelles » était
notée 2 en 2002, et atteint 5/6 en 2011. De même pour la « gestion des matières organiques », au
score nul en 2002, qui atteint la note maximale en 2011.
Les autres indicateurs montrent des valeurs fortes depuis le début de l'application de la
méthode IDEA. Cependant un point de progrès est à noter concernant les « zones de régulation
écologiques » qui ont légèrement décroché depuis 2008.
La variation de l'indicateur de 2006 à
2007 est imputable à la disparition de deux
indices relatifs aux pelouses sèches et aux
bandes enherbées, entraînant une perte
importante de points. La fluctuation de
l'indicateur provient de l'apparition d'une
carte des sols, des milieux et de la
biodiversité, amenant un bonus de 3 points
à partir de 2008.
51
Pratiques agricoles
Entre 2006 et 2007, la méthode IDEA passe de la version 2 à la version 3. Certains indicateurs
disparaissent quand d'autres apparaissent. On notera ainsi le départ des indicateurs « Traitement des
effluents », « Pesticides et produits vétérinaires » et « Bien-être animal » pour l'arrivée des
indicateurs « Effluents organiques liquides », « Pesticides », et « Traitements vétérinaires ». On
constate d'abord qu'avant 2007 la fertilisation a oscillé de 3/10 à 4/10; après 2007 celle-ci est plutôt
stable avec une note de 7/8 sauf en 2011 avec une baisse importante à 2/8. L'indicateur « Effluents
organiques liquides » est dans le prolongement de l'indicateur « Traitement des effluents ». Sa valeur
maximum était de 10 auparavant et passe à 3 aujourd'hui ce qui fait une différence importante en
termes de pondération. Avant 2007, cette note n'était jamais au maximum et oscillait entre 3/10 et
8/10. Elle l'est en revanche depuis cette date avec une note de 3/3. En ce qui concerne les pesticides
et les produits vétérinaires l'exploitation a toujours eu une note très élevée proche du maximum
possible que ce soit avant la division de cette indicateur en deux ou après. L'indicateur « Bien-être
animal » a complètement disparu après 2007 mais sa valeur oscillait entre 1 et 2 points sur 3 possible
avant cette date. Enfin les trois derniers indicateurs n'ont pas bougé suite au changement de version
et ont gardé le même maximum possible sauf pour l'indicateur « Dépendance énergétique » dont la
valeur maximum est passée de 8 à 10. Sur ces trois derniers indicateurs l'exploitation a toujours eu
soit la note maximale soit la note maximale diminuée d'un point: elle a donc toujours obtenu de très
bons scores par rapport à eux.
Concernant la rubrique des Pratiques Agricoles, les deux facteurs responsables des
fluctuations de ce sous-total sont les changements de notation entre IDEA 2 et IDEA 3 (certains
2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
Pratiques agricoles
Dépendance énergétique
Gestion de la ressource en eau
Protection de la ressource des
sols
Bien-être animal
Traitements vétérinaires
Pesticides
Pesticides et produits
vétérinaires
Effluents organiques liquides
Traitement des effluents
Fertilisation
52
indicateurs vont même jusqu'à disparaître comme « Bien-être animal ») et la fluctuation des
indicateurs persistants sur l'ensemble de la période étudiée (c'est à dire ceux qui sont présents avant
et après 2007). On notera en particulier l'évolution de l'indicateur Fertilisation dont le graphique
représentant son score au cours du temps est présenté ci-dessous.
La baisse de 10 à 6 points entre 2005
et 2006 est due à une baisse d'azote employé.
En 2005 le résultat du bilan d'azote est de
moins de 20 kg d'N/ha contre 39 en 2006.
Malheureusement il n'y a aucune précision
sur l'obtention de ce score particulièrement
faible pour l'année 2005.
Pour le passage de l'année 2010 à
2011 on constate une grosse augmentation
au niveau des entrées en azote (on passe de
28045 alors que nous étions à 22307 kg d'N).
Il semblerait que cela soit dû à une surface
plus importante en légumineuses.
4.2. Evolution des indicateurs sociaux-territoriaux
Qualité des produits et du territoire
La composante qualité des produits et du territoire de l’échelle de durabilité socio-
territoriale diminue légèrement entre 2002 et 2011 (d’environ 30/33 à 25/33). Ce constat peut
s’expliquer par la diminution des notes attribuées au traitement des déchets non organiques et à la
valorisation du patrimoine bâti et du paysage. L’indicateur de démarche de qualité reste globalement
stable, de même que l’indicateur d’accessibilité de l’espace, et la note représentant l’implication
sociale est toujours maximale.
53
La diminution de la note du
patrimoine bâti et du paysage peut s’expliquer
par la détérioration des abords de
l’exploitation. En 2010, il a été considéré que
la maison d’Olivier Ranke ne faisait pas partie
du bâti ancien et du petit patrimoine rural, ce
qui a contribué à diminuer la note (la maison
utilise des énergies renouvelables). Mais ces
critères sont difficiles à évaluer puisque
qualitatifs. Ils sont laissés à l’appréciation de
l’exploitant, ce qui explique les fluctuations
des notes, sans véritable tendance.
A partir de 2007, il n’y a
apparemment plus de tri sélectif, ni de
collecte collective, ce qui fait baisser la note
attribuée à la gestion des déchets organiques.
En 2010 on n’a plus de valorisation des
déchets, d’où un indicateur égal à 0.
Toutefois en 2011, l’exploitation obtient des
points pour le tri sélectif et la gestion des
déchets non organiques.
Emploi et services
La composante emploi et services comprend six indicateurs. On constate que son score
augmente progressivement de 2002 à 2005 (le score de « contribution à l’emploi augmente » avec
l’embauche de salariés), atteint un maximum en 2005 et 2007 (on peut expliquer la tendance à la
54
baisse en 2006 à la fois par une diminution du nombre d’UTH par rapport à 2005 et par le fait que les
indicateurs ont changé en 2007 puisqu’on passe à IDEA 3) puis diminue lentement jusqu’en 2011.
La valorisation par filière courte a toujours été très bien faite, notamment par la vente à la
coopérative « Saveurs du Vexin » depuis 2005. La pérennité probable de l’exploitation n’a jamais été
remise en question.
Ce sont donc les indicateurs restants qui peuvent expliquer cette évolution. On constate en
effet que l’exploitation perd des points à partir de 2007-2008 dans les domaines suivants : services et
pluriactivité, et travail collectif.
L’indicateur services et pluriactivité n’a pas changé entre les méthodes IDEA 2 et 3. La
diminution de score qu’on observe est donc bien liée aux activités de la ferme. Il est en effet possible
que les travaux de rénovation de la bergerie, et donc des locaux d’hébergement, jouent sur cet
indicateur : en 2008, date de début des travaux, il diminue pour la première fois (les pratiques
d’insertion ou d’expérimentations sociales obtiennent la note 0), en 2009 c’est l’agrotourisme qui
s’arrête, jusqu’à ce que le caractère de ferme pédagogique ne soit plus reconnu en 2010. Avec la fin
des travaux, l’exploitation se voit réaccorder ses points de ferme pédagogique en 2011.
L’indicateur travail collectif perd quant à lui un point en 2010 et 2011 pour absence de mise
en commun des équipements et des services.
Le dernier indicateur, autonomie et valorisation des ressources locales, ne semble pas jouer
un grand rôle pour expliquer les variations de cette composante.
Ethique et développement humain
55
La composante éthique et développement humain est composée de sept indicateurs. C’est une
composante stable depuis 2002 (variation de seulement 4 points si on exclut l’année 2008 dont le
plus faible score s’explique par l’intensité de travail jugée trop élevée par la femme d’Olivier cette
année là) et qui obtient chaque année un bon score (moyenne de 2002 à 2011 : 30,9/34).
Evolution des UTH de 1979 à 2011
Nombre d'UTH travaillant dans l'exploitation depuis 1979
Ce tableau récapitulatif des UTH de 1979 à 2011, met en évidence certains des évènements
clefs qui ont eu lieu sur l’exploitation.
1979 : M. Lecantes gère la ferme avec sa femme et Guy Mary.
1995 : Embauche des 3 ingénieurs agronomes.
2006 : Conversion de l’exploitation en EARL (Olivier Rank : chef d’exploitation)
Depuis 1992, la fondation « Charles Léopold Mayer » s’intéresse au domaine. Dans le but de
convertir cette ferme en un lieu de formation et de pratique de l’agriculture durable et biologie, 3
ingénieurs agronomes sont embauchés, ils gèrent l’ensemble des salariés pendant dix ans, ce qui
créait certaines tensions (voir archives interview). L’EARL a été créé en 2006 afin d’avoir un seul chef
d’exploitation.
Depuis 2005, on remarque qu’en plus des salariés, plusieurs apprentis sont formés sur
l’exploitation.
Aujourd’hui, on comptabilise 4 UTH (3 à plein temps, et deux à mi-temps).
56
4.3. Evolution des indicateurs économiques
Nous avons choisi de réaliser des graphiques pour représenter l’évolution des indicateurs
économiques de 2002 à 2011 (il manque l’année 2003).
Le score total de durabilité économique varie entre 2001 et 2011 tout en restant dans une
échelle comprise entre 20/100 et 50/100. Ce résultat montre une faible durabilité économique. La
présence de la fondation comme soutien au financement de l’exploitation permet d’expliquer en
partie la faiblesse de ce score. Nous détaillerons les différents indicateurs composant la durabilité
économique afin d’étudier plus précisément leurs variations.
L’EBE rentre dans le calcul de plusieurs indicateurs. Un graphique représentant son évolution
permet donc d’apporter une première explication. L’EBE est un solde intermédiaire de gestion qui
varie beaucoup, une moyenne sur 3 ans permet de lisser ces variations.
-300000
-200000
-100000
0
100000
200000
Evolution de l'EBE(moyenne sur 3 ans)
57
Viabilité économique
Viabilité économique : (EBE-Besoin de Financement) / UTH non-salarié
La viabilité économique traduit la capacité à rémunérer l’exploitant. La somme restante
après cette rémunération permet de générer une capacité d’investissement. On suppose que le
nombre d’UTH non-salariée reste stable au cours du temps. De 2001 à 2006, la moyenne de l’EBE sur
3 ans est négative, ce qui explique un indicateur de viabilité économique nul. Le score des trois
années suivantes est élevé, cela est du en partie au fait que la moyenne de l’EBE devient positive. Le
score nul de l’année 2010/2011 semble provenir d’un fort investissement pour l’achat de matériel.
Taux de spécialisation économique
Cet indicateur présente des évolutions importantes sur la période étudiée. Ces variations
sont difficiles à interpréter car elles dépendent de plusieurs facteurs comme le rendement ou le prix
des produits. Par exemple, le faible prix des céréales en 2009 explique en partie le score peu élevé.
58
Autonomie financière
Dépendance Financière = ( annuités + Frais financiers CT) / EBE
Le résultat de l’année 2001/2002 ne semble pas correct. En effet, la moyenne de l’EBE étant
négative, il n’est pas possible d’obtenir un chiffre positif. De l’année 2003 à 2008, les explications des
fluctuations sont les même que pour la viabilité économique (lié à l’EBE).
Par ailleurs, d’après le rapport 2008, les frais financiers étaient nuls cette année là grâce aux
prêts à taux zéro accordés par la fondation. Les deux dernières années présentent une dépendance
financière maximale sûrement liée aux investissements de matériel.
Sensibilité aux aides
SA=aides/EBE
L’exploitation est très dépendante aux aides. Ce résultat est à relativiser dans la mesure où la
plupart des exploitations céréalières sont dans ce cas. Le résultat de l’année 2001 semble étonnant
car l’EBE était négatif. En dehors des évolutions de l’EBE, le montant des aides a également évolué au
cours du temps. Il serait intéressant d’étudier cet indicateur avant et après la conversion à
l’agriculture biologique. Cependant, les anciens bilans financiers ne détaillent pas les aides reçues par
l’exploitation.
59
Transmissibilité économique
Transmissibilité = Capital d’exploitation / UTH
La transmissibilité de l’exploitation est nulle en raison de l’importance du capital
d’exploitation et particulièrement des bâtiments. La présence de la fondation et de ses financements
rend cette exploitation non transmissible dans le cadre d’une installation classique. Cet indicateur
était probablement le même avant 2001 et risque de ne pas évoluer.
Efficience du processus productif
Efficience= (Produits – Intrants) / Produit
La quantité d’intrants étant très réduite sur l’exploitation, cet indicateur présente des
résultats plutôt élevés. On observe tout de même des variations selon les années. Par exemple, il y a
eu une fuite de fioul, un achat de fourrages supplémentaires et une baisse du chiffre d’affaire en
2009 expliquant la réduction de l’efficience. L’efficience est un des indicateurs sur lesquels
l’exploitation peut obtenir des scores élevés, notamment en limitant les intrants au maximum.
60
La durabilité économique avant la mise en place de la méthode IDEA
La méthode IDEA a été testée sur l’exploitation à partir de 2002. A partir des comptes de résultats
antérieurs à 2002, nous avons essayé de calculer l’indicateur d’efficience depuis 1992.
Pour le calcul des indicateurs de 1992 à 2001, nous avons pris en compte deux éléments du compte
de résultat : le chiffre d’affaire pour les produits et le montant des achats de marchandises et
approvisionnements pour les intrants. Ce calcul est restrictif mais nous avons fait ce choix compte
tenu de la différence de présentation des bilans financiers et du changement de statut juridique de
l’exploitation. Entre 1992 et 2002, l’efficience est majoritairement au-dessus de 15/25, ce qui
représente une efficience de plus de 50%. Il y a donc généralement une bonne valorisation des
ressources et des potentialités du milieu, indépendamment des intrants.
4.4. L’exploitation aujourd’hui
De nouveaux projets voient le jour. Ainsi un projet d’agroforesterie est initié en 2010. Il
permettra d’évaluer le potentiel de production de l’association entre arbres et grandes cultures.
Sur la partie céréaliculture, on dispose désormais de données sur les rotations de 8 ans et un
bilan va pouvoir être réalisé.
Chaque année cette exploitation sert de témoin à la méthode IDEA visant à caractériser la
durabilité des exploitations dans le monde actuel.
De plus cette exploitation joue aussi un rôle social en partenariat avec la fondation Charles
Leopold Mayer dans la sensibilisation du public à un nouveau type d’agriculture plus respectueuse de
l’environnement et plus durable.
Arrivée des trois ingénieurs
agronomes et début de la conversion en bio
Fin de la conversion en bio
61
5. Critiques de l’étude réalisée
En ce qui concerne la première partie, il n’a pas été évident de recalculer des indicateurs de
la méthode IDEA : les données disponibles de 1992 à 2002 sont limitées et ne sont en plus pas
forcément les mêmes d’une année sur l’autre (données par exemple connues une année qui ne le
sont plus l’année suivante). Il serait intéressant de lister les données prises en compte dans le calcul
des indicateurs IDEA pour effectuer un travail de recherche plus efficace dans les archives.
Il existe également des limites à l’étude effectuée de 2002 à 2011.
Tout d’abord, la méthode IDEA existe sous trois versions au cours de la période étudiée :
IDEA 1 en 2002, IDEA 2 de 2003 à 2006, IDEA 3 pour la suite. Or, si certains indicateurs ont peu ou
pas changé entre ces différentes versions, d’autres ont considérablement évolué :
suppression/création d’indicateurs, réajustement des bornes des indicateurs, réajustement des
critères qui composent les indicateurs… La comparaison entre ces différentes méthodes est donc
parfois difficile. Il aurait été intéressant d’avoir le détail des composantes des indicateurs pour
chaque méthode.
Ensuite, la méthode IDEA est appliquée chaque année par un nouveau groupe d’étudiants. Il
peut donc exister des années qui ont été notées sévèrement, ou au contraire des années notées avec
plus d’indulgence, selon la sensibilité des évaluateurs. De plus, nous nous sommes rendu compte
qu’il manquait les détails de nombreux calculs dans les rapports précédents. Nous ne savons donc
pas toujours d’où viennent les chiffres et les éléments qui ont été pris en compte. Les variations
peuvent être simplement liées à des erreurs de calcul rendant l’interprétation difficile. Il serait donc
souhaitable que les futurs rapports détaillent les calculs pour faciliter les comparaisons.
Cependant cette étude nous parait très intéressante pour évaluer la durabilité de
l’exploitation et l’impact de ses pratiques au cours des années : la conversion en agriculture
biologique a-t-elle changé la situation de l’exploitation ? Cette étude n’est donc qu’une ébauche que
nous espérons voir prolongée.
Il serait par exemple intéressant de s’intéresser aux indicateurs en les déplafonnant,
notamment pour l’échelle de durabilité agroécologique qui atteint systématiquement depuis
plusieurs années la note maximale de 100. Cependant, le plafonnement est quasiment rendu
impossible en raison des différentes versions de la méthode IDEA.
Il pourrait également être intéressant, dans la mesure où les données sont encore
accessibles, de recalculer tous les indicateurs avec la troisième méthode IDEA. On aurait ainsi des
résultats comparables, exempt de la variation liée à l’utilisation de différentes méthodes IDEA. De
plus, il serait souhaitable que ces nouveaux indicateurs soient calculés par un nombre plus restreint
de personnes, afin de limiter l’effet lié aux changements d’évaluateurs.
62
III. La transition vers une exploitation biologique
Dans cette partie nous essaierons d’identifier les grands axes de la transition de système agricole.
En effet, le passage à l’agriculture intégrée et biologique illustre un changement de démarche de la
part de l’agriculteur qui affectera l’ensemble des ateliers et des éléments de la ferme.
Il est important de chiffrer et d’identifier ces éléments de la transition car le domaine de
Villarceaux, 20 ans après sa création, s’oriente vers une activité de démonstration, de pédagogie et
de réflexion sur cette nouvelle conception du système agricole. Pour cela, les données comptables de
l’exploitation ont été analysées. Les manques à gagner et les investissements liés à la conversion en
bio, ainsi que l’évolution des charges et des produits ont été évalués, sur différents niveaux. Tout
d’abord, l’investissement lié à l’implantation de haies a été estimé. Une analyse comptable des
ateliers de productions végétales et animales a ensuite été réalisée pour la période 1990-2010, et les
impacts sur les coûts énergétiques des changements opérés sur ces ateliers ont été estimés. Enfin,
les conséquences économiques de cette transition ont été évaluées aux niveaux des aides publiques
perçues par l’exploitation, de sa main d’œuvre et de son capital social, ainsi que sur les externalités
qu’elle génère au niveau du territoire.
Ainsi, la partie qui suit permettra d’alimenter l’argumentaire de l’écocentre à propos de la
transition de système ; cette démarche est d’autant plus importante que l’implication de la fondation
Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme rend le cas de Villarceaux tout à fait atypique.
1. Repenser la gestion paysagère de la ferme
Il s’agit ici de considérer les haies et bandes enherbées de l’exploitation. Ces surfaces ont
augmenté considérablement pendant la conversion vers un système agricole durable. Les choix de
l’agriculteur pendant cette transition ont favorisé la mise en place d’un système polyculture-élevage
ovin et bovin. L’achat des premières vaches de race Salers en 1997 a amené une réflexion sur
l’aménagement du parcellaire. Des clôtures ont été mises en place pour maitriser le pâturage sur
l’ensemble des parcelles qui participent aujourd’hui aux rotations de 8 ans comprenant 4 ans de
prairies temporaires. Afin de développer les niches écologiques des auxiliaires, des bandes enherbées
et haies ont été mises en place. De plus, ces aménagements sont antiérosifs.
Détermination des surfaces des haies et bandes enherbées
La mise en place des bandes enherbées et des haies implique des surfaces de production plus
petites. Notre objectif est d’estimer la part financière perdue par ces aménagements.
Pour calculer le coût des aménagements des linéaires de haies et la perte occasionnée par les
bandes enherbées nous faisons les hypothèses suivantes :
Les haies ont une largeur moyenne de 2m et les bandes enherbées de 5 m.
La longueur totale des haies sur l’exploitation est la même que la longueur totale de bandes
enherbées.
Les haies non plantées représentent en moyenne 3,45 km de longueur
La longueur de haies (hautes ou basses) plantées est de 7390 m (annexe 2) soit au total 10 890
m de haies dans toute l’exploitation en comptant celles qui s’y trouvaient déjà. Ce couvert végétal
63
(haies et bandes enherbées) représente 21 780 m. La surface en bandes enherbées est de 5.4 ha
tandis que celle des haies est de 2.2 ha ce qui fait une surface totale de 7,6 3 ha. Ces données sont
résumées dans le tableau suivant.
Dimensions des bandes enherbées et haies de l'exploitation
Longueur (Km) Surface (ha)
Haies plantées 7,4 1,48
Haies Total 10,9 2,18
Bandes enherbées Total 10,9 5,45
TOTAL 22 7,63
Détermination des coûts de plantation
Le coût financier dépend de plusieurs facteurs :
- l’achat et la plantation (ainsi que l’entretien)
- une diminution de la production due à la perte de surfaces agricoles
- de l’absence de droit aux DPU (les haies et bandes enherbées ayant été implantées avant le
droit aux DPU)
- un semi pour les bandes enherbées
Les coûts moyens de la plantation des 10,9 km de haies sont estimés à 200 000 €.Dans ce prix
sont inclus le prix du dossier, les plants, la protection (plastique) et les services (préparation du sol et
plantation). Les estimations sont inspirées de l’ouvrage « Les haies rurales », Fabien Liagre, Edition
France Agricole, 2006.
Nous supposerons que la moitié des bandes enherbées a été plantée au prix de 20 €/ha. Sachant
que la surface semée représente 2,7 ha alors le prix du semi revient à 54 €.
La marge brute sur les cultures de l’exploitation est estimée à 310 €/ha d’où une perte estimée à
2 365,3€ due à la présence des haies et bandes enherbées. De plus, ces espaces ne bénéficient pas
de primes, en particulier les DPU estimés à 350 €/ha d’où une perte en primes équivalente à 2 660
€.Ainsi, le manque à gagner lié à la non production sur les surfaces où sont présentes les haies et les
bandes enherbées s’élève à 5 025,3€.
Si ces aménagements étaient faits aujourd’hui, les surfaces alors perdues entreraient dans le
calcul des DPU.
Donc le coût total de l’aménagement de ce couvert végétal non exploité est 205 079,3 €. Ce qui
représente une somme importante. En évaluant ce coût d’un avis critique il est probable que des
économies auraient pu être faites et qui sont proposées dans la suite.
Avantages des ces espaces
Bien qu’il s’agisse d’un retrait de surface agricole cet espace est tout de même utilisé pour
développer des auxiliaires ce qui est avantageux pour le développement de la culture. Aujourd’hui
ces haies ont en moyenne 10 ans et sont bien implantées sur le territoire. Elles pourvoient un dépôt
de matière organique sur le sol grâce à de la chute de feuilles.
64
Ce côté positif non quantifiable doit tout de même être considéré et fait partie des actifs
immatériels (externalités). Il serait préférable d’inclure cette trame verte comme élément constitutif
de la parcelle puisqu’elle apporte des bénéfices à celle-ci.
Par ailleurs, 100m de haies permettent de récolter en moyenne 11m3 de bois sec (résultats
obtenus sur une étude menée sur le pays de la Haute Mayenne : FDCUMA Mayenne, JPC, Octobre
2004). Ainsi, 10,9km de haies permettent de récolter 1199m3 de bois sec. A raison de 250kg au m3,
ces 1199m3 représentent environ 30 tonnes de bois sec, soit environ 9 500 litres de fuel. Ainsi, les
haies sur l’exploitation représentent une source énergétique non négligeable. Le bois récolté peut
ensuite être transformé en plaquette bois directement utilisable pour la chaudière présente sur le
domaine. Ces plaquettes bois peuvent également être vendus à l’extérieur et utilisées pour des
chaudières individuelles ou collectives.
D’autres changements ont eu lieu lors de l’aménagement paysager mais ceux-ci ne font pas
partie des la conversion en agrobiologique. C’est le cas d’une ouverture de paysage ce qui est un plus
pour le tourisme rural.
Dans ce paysage nouveau et complexe le système de culture annuelle ne peut se limiter à trois
espèces, il est nécessaire d’instaurer une diversité cultivée valorisant les interactions avec les
structures paysagères précédemment évoquées.
2. L’évolution du système de cultures annuelles
Introduction
Pour l’atelier productions végétales, le coût et les conséquences économiques de la
transition à l’agriculture durable ont été évalués ici par une analyse comptable. Les comptes de
résultats liés à cet atelier ont été examinés, avec le détail des intrants achetés chaque année et des
productions vendues après la récolte. L’analyse des résultats a ensuite été faite pour 3 périodes
caractéristiques : la période en agriculture conventionnelle (1990 – 1996), la période de transition à
l’agriculture biologique (1997 – 2002), et la période effective en agriculture biologique (2003 – 2010).
Un indicateur tiré de la méthode IDEA (C6) a par ailleurs permis d’évaluer l’efficience du processus
productif de cet atelier en fonction de ces 3 périodes.
Résultats
Le graphique ci-dessous illustre l’évolution du coût des intrants, des produits végétaux, et des
marges brutes (MB = Produit – Charges) entre 1990 et 2010.
65
Analyse comptable : évolution des résultats économiques en productions végétales
1990 – 1997 : système conventionnel
On observe une forte chute des produits végétaux entre 1992 et 1993 (de 430 000 à 228 000
€), ce qui affecte directement la marge brute. N’ayant pas de données comptables précises pour
cette période, nous ne pouvons pas expliquer ici cette forte diminution.
De 1993 à 1997, les produits végétaux oscillent entre 150 000 et 280 000 € à l’année, et, les
charges liées aux productions végétales étant relativement stables sur cette période, la marge brute
varie donc également sur cette période, avec un minimum enregistré à 25 000 € en 1995.
Globalement, sur cette période où l’exploitation est en agriculture conventionnelle, on note
des charges liées aux productions végétales plutôt stables, entre 100 000 et 150 000 €/an, dont une
part importante (entre 60 000 et 100 000 €) est due aux intrants chimiques (engrais et produits
phytosanitaires). En ce qui concerne les produits annuels réalisés, on observe une grande variabilité
d’année en année, qui est difficile à expliquer ici en raison du manque de détails dans les comptes
sur cette période. Elle peut probablement être attribuée aux variations des assolements et donc des
types de cultures récoltées chaque année, aux variations des rendements et aux fluctuations des prix
sur les marchés agricoles.
1997 – 2003 : conversion à l’agriculture biologique
Cette période se caractérise par une augmentation progressive des surfaces cultivées en
agriculture biologique. La progression de la part des surfaces converties à l’agriculture biologique est
illustrée sur le graphique suivant. Pour une parcelle, la conversion se fait en 3 ans. Les indices C1 et
C2 de la légende correspondent respectivement aux pourcentages de surfaces cultivées lors des
première et deuxième années de transition.
66
Conversion progressive des surfaces agricoles en Agriculture Biologique
Ainsi, lors des deux premières années de conversion, la parcelle est cultivée selon le cahier
des charges de l’agriculture biologique, et les rendements connaissent donc a priori une baisse, mais
les produits ne sont certifiés AB qu’au bout de la 3ème année, et ne sont donc valorisés dans le prix de
vente qu’à ce moment là.
Par ailleurs, la conversion s’accompagne d’une forte augmentation de la part des prairies
temporaires dans l’assolement : on passe de 27,4 hectares en 1997 à 140 ha en 2000. Ce
changement dans l’occupation du sol, couplé aux baisses de rendement, expliquent la diminution des
produits végétaux et de la marge brute lors de la période de conversion que l’on note sur la figure 1.
Entre 1998 et 2000, la somme des produits végétaux est passée de 219 000 à 77 000 €, soit une
diminution d’environ 150 000€.
Cependant, la conversion en agriculture biologique se traduit aussi par une baisse
progressive des apports en intrant chimiques (engrais et produits phytosanitaires), ce qui contribue à
réduire les charges de cet atelier, et a un effet positif sur la marge brute réalisée.
2003 – 2010 : Agriculture Biologique
A partir de 2003, la totalité des surfaces de l’exploitation sont exploitées et vendues en
agriculture biologique certifiée. L’analyse comptable montre que le coût des intrants liés à cet atelier
est stable lors de cette période, avec une moyenne annuelle de 30 449 € sur la période 2003 – 2010,
contre 105 778€/an sur la période de conversion (voir tableau n°1 ci-après). Ces intrants sont
essentiellement des semences et plants.
Si l’exploitation est certifiée AB à partir de 2003, c’est en 2005 que l’on constate une forte
augmentation des produits liés aux productions végétales. Ceci est expliqué par l’adhésion en juin
2005 de la ferme à la Coop Saveurs du Vexin, qui lui permet dès lors de valoriser au meilleur prix ses
productions, et notamment la farine de blé. De 2006 à 2008, les produits végétaux sont donc très
corrects et permettent à l’exploitation de réaliser des marges très satisfaisantes, supérieures à
200 000€. Cependant, les produits et les marges connaissent par la suite une nouvelle baisse en 2009
67
et 2010, la marge brute retombant entre 120 000 et 130 000 € pour ces années là. Aux vues des
informations dont nous disposons, nous ne pouvons pas expliquer précisément ici les causes de cette
diminution, mais la baisse des prix sur le marché et/ou une diminution de la demande pourraient en
être responsables. Les résultats des années à venir permettront de voir si cette baisse est
tendancielle ou s’il s’agit d’un résultat exceptionnel du à des aléas divers.
Synthèse et discussion
Le tableau ci-dessous présente les moyennes calculées pour chaque période (conventionnel,
transition et agriculture biologique), de différents éléments indicatifs des performances
économiques de l’atelier productions végétales.
Conventionnel
1990 - 1996 Conversion 1997 - 2002
A.B. 2003 – 2010
Moyenne intrants (€) 105 778 60 774 30 449
Moyenne produits (€) 319 741 147 613 168 675
Efficience du processus productif ( = (Produits – Intrants) / Produits) 58,6% 53,2% 77,3%
Tableau présentant les moyennes calculées pour trois périodes, selon les systèmes d’exploitation, de différents
éléments indicatifs des performances économiques de l’atelier productions végétales
Globalement, on remarque donc que la transition à l’agriculture durable permet une
réduction importante des intrants apportés aux cultures, ce qui augments l’autonomie économique
de l’exploitation, et diminue son empreinte écologique.
Les produits connaissent une forte baisse lors de la conversion du système en biologique,
puisqu’ils passent d’environ 320 000€ en moyenne (90-96) à 148 000€ annuels en moyenne lors de
la période de conversion. Rappelons que cela est principalement dû à l’importante augmentation des
surfaces en prairies temporaires, et que ce manque à gagner au niveau des productions végétales est
donc en partie compensé par une augmentation de la production animale (vente de viande bovine)
permise par ce changement d’assolement. Les produits moyens augmentent à nouveau après 2003,
ce qui est principalement dû à la valorisation des produits végétaux grâce au label AB. Néanmoins, il
faudra être attentif à l’évolution future de ces produits, afin de s’assurer de la stabilité du système de
productions végétales.
Le calcul de l’indicateur C6 de la méthode d’analyse de durabilité IDEA a permis d’évaluer
l’efficience du processus productif de cet atelier. Il a été calculé pour chaque année, selon la formule
suivante :
Efficience = ((Produits – Intrants ) / Produits)
Cet indicateur traduit indirectement la capacité du système d’exploitation à valoriser (par des
produits) les ressources dont il dispose (ici, les terres de l’exploitation et la main d’œuvre sollicitée
principalement), en dépendant le moins possible des intrants extérieurs. Il exprime donc
indirectement l’autonomie économique et matérielle de l’exploitation.
68
Dans la période où la ferme est en conventionnel, l’efficience se chiffre à 58,6% en moyenne.
Elle connaît par la suite une baisse lors de la transition (53,2%), ce qui est dû à la forte diminution des
produits enregistrée sur cette période. Puis, entre 2003 et 2010, l’efficience moyenne calculée est de
77,3%, ce qui constitue une augmentation considérable par rapport aux deux précédentes périodes.
Ainsi, il semble que le passage à l’agriculture biologique, bien qu’il nécessite une période de
conversion difficile, contribue par la suite à l’autonomie de l’exploitation vis-à-vis des intrants (seules
les semences sont achetées, il n’y a plus d’intrants chimiques). Une augmentation des produits
végétaux, par une meilleure exploitation des ressources (connaissance des terres, gestion des
adventices, fertilisation naturelle, etc.) et par une meilleure valorisation sur le marché (vente directe,
etc …) contribuent d’autant plus à cette autonomie.
Conclusion et limites
Ainsi, cette partie a permis de mettre en évidence les conséquences économiques du
passage de l’exploitation en agriculture durable, avec notamment la conversion à l’agriculture
biologique. Il s’est avéré que cette conversion a eu un impact négatif sur les produits réalisés par
l’atelier productions végétales, avec donc une diminution du chiffre d’affaires. Cependant, la forte
diminution des intrants et la diversification des cultures ont amélioré l’autonomie de l’exploitation,
ce qui est porteur de durabilité dans un contexte de fluctuations des prix sur le marché. Par ailleurs,
notons qu’il n’est pas absolument pertinent d’étudier la rentabilité du système de productions
végétales à lui seul, puisque une grande partie des surfaces utilisées sont cultivées en prairies
temporaires (environ 140 ha sur 370), qui servent à l’aliment du bétail, celui-ci étant bien valorisé
économiquement. La conversion à l’agriculture durable consiste aussi au passage d’une ferme aux
ateliers segmentés en une ferme-système, dans laquelle les ateliers fonctionnent en synergie pour
valoriser au mieux les ressources naturelles disponibles.
En outre, afin de préciser cette étude, d’autres points restent à aborder, qui n’ont pu être traités
ici par faute de temps. D’une part, le coût de la mise en place du système agroforestier doit être
évalué. D’autre part, les investissements matériels qui ont accompagné cette transition des
productions végétales en agriculture biologique doivent être chiffrés, ce qui n’a pas pu être fait ici.
On estime pour l’instant ce coût entre 15 000 et 25 000 €, en prenant en compte les achats de
différents types de matériels (herse-étrille, faucheuse, faneuse, andaineur). Cette liste n’est pas
exhaustive, et il est nécessaire de chercher les chiffres précis dans le cahier des immobilisations
corporelles de l’entreprise. Le coût de ces investissements matériels doit être pris en compte dans
l’évaluation du coût de la transition de la ferme du chemin-neuf vers une agriculture durable.
Les rotations longues, la nécessité de contrôler les adventices sans traitement chimique ainsi que
les transferts de fertilité dont le système de production en Agriculture Biologique a besoin, invitent
l’agriculteur à introduire l’animal : à adopter un système de polyculture élevage.
3. Inclure l’élevage dans le système de production
La transition vers un modèle agricole durable polyculture-élevage a entrainé des coûts et des
manques à gagner, mais a également généré des recettes. Dans cette partie, nous tenterons de
chiffrer au mieux le coût de cette transition en ce qui concerne l’atelier élevage.
69
Certains coûts sont directement associés au respect du cahier des charges de l’agriculture
biologique, d’autres sont dû à la mise en application d’une agriculture durable basée sur le modèle
polyculture-élevage. Ainsi, l’achat du troupeau de Salers en 1997 ne rentre pas dans le cadre d’une
simple transition d’une agriculture conventionnelle vers une agriculture biologique mais bien traduit
bien un passage d’un modèle conventionnel vers un modèle de polyculture-élevage basé sur la
rentabilisation des prairies par des animaux de l’élevage.
Afin de chiffrer cette transition, plusieurs éléments ont été pris en compte :
l’achat du cheptel de Salers ainsi que l’agrandissement du cheptel ovin en 1997 et 1998
les achats liés à l’atelier élevage (aplatisseur de grains, silos, clôtures...)
la construction de bâtiments destinés à recevoir les animaux
les achats et ventes d’animaux
les coûts liés à l’alimentation et aux produits vétérinaires
Estimation des coûts
L’ensemble des estimations réalisées dans cette partie s’est basée sur les données issues des
documents comptables de l’exploitation. Nous avons chiffré cette transition en nous basant :
sur l’achat des animaux et du matériel d’élevage ou en lien avec l’activité d’élevage
(exemple : silos). Ces données ont été prises dans le classeur des immobilisations et les
valeurs relevées sont les valeurs avant amortissement correspondant aux prix d’acquisitions
des animaux ou du matériel
sur les charges liées à l’atelier élevage dont les données ont été récoltées dans les bilans
comptables des années 1991 à 2010. Ces charges comprennent les coûts liés à l’alimentation
animale et aux produits vétérinaires
sur les produits issus de l’atelier élevage et correspondant à la vente d’animaux
(reproducteurs ou non reproducteurs), données également issues des bilans comptable de
1991 à 2010
Résultats et interprétation
Graphique présentant les immobilisations (en €) liées à l’activité d’élevage
70
Les principales immobilisations associées à l’activité d’élevage peuvent être associées à trois
investissements majeurs :
l’acquisition du cheptel bovin et l’agrandissement du cheptel ovin ainsi que la rénovation du
bâtiment de la bergerie en 1997-1998
la construction d’une nouvelle stabulation en 2000-2001
la construction d’un nouveau hangar en 2009
Ainsi, les principaux investissements liés à l’activité d’élevage sont en grosse majorité dus à la
construction ou la rénovation des bâtiments d’élevage. La part liée à l’acquisition du cheptel et au
matériel d’élevage est quasi infime par rapport à celle destinée à la rénovation ou la construction des
bâtiments (seulement 3% des investissements).
Graphe présentant l’évolution des produits, des charges et de la marge brute associée à l’atelier élevage entre 1991 et
2010
Afin d’évaluer plus précisément le coût de la transition, la marge brute (produits – charges) a
été calculée. Celle-ci représente en effet un indicateur clé de performance de l’atelier de productions
animales.
Le graphe 2 nous permet de distinguer deux périodes différentes en ce qui concerne
l’évolution des charges et des produits liés à l’activité d’élevage :
avant 1997 où les charges et les produits sont très stables
La marge brute dégagée sur cette période est stable mais assez faible (3380 euros en moyenne sur la
période 1991-1997)
après 1997 où les fluctuations sont beaucoup plus importantes
On observe une forte évolution des produits ainsi que des charges beaucoup moins stables d’une
année à l’autre. La marge brute augmente fortement et suit l’évolution des produits.
L’année 1997 correspond à une année charnière puisque c’est à cette période qu’a été acheté le
cheptel bovin. Une partie importante du matériel d’élevage a également été acheté cette même
année. En 1998, le cheptel ovin a été agrandi et d’autres frais ont été réalisés concernant le matériel
d’élevage. Ainsi, à partir de 1997, l’atelier élevage a pris une place beaucoup plus importante au sein
de l’exploitation.
71
L’introduction du cheptel bovin et l’agrandissement du cheptel ovin en 1997-1998 est à l’origine
d’une importante augmentation des produits animaux (correspondant en majeure partie à la vente
des animaux de réforme ou destinés à l’engraissement). Seules les charges connaissent des
fluctuations plus importantes à partir de 1997 et augmentent en moyenne de 1/3 sur la période
1997-2010 par rapport à la période 1991-1997 (3210 euros en moyenne pour 1997-2010 contre 2135
euros pour 1991-1997). Les valeurs négatives des charges observées en 1998, 2002 et 2003
correspondent aux variations de stocks négatives de l’alimentation destinée au bétail. Ces valeurs
négatives indiquent que ces années-là le stock final destiné à l’alimentation des cheptels ovin et
bovin était supérieur au stock initial de début d’année. Elles représentent donc le coût de production
destiné à l’alimentation du bétail qui n’a pas été utilisé au cours de l’année.
Nous ne connaissons pas la cause de la chute des ventes animales et de la marge brute en 2004,
il serait intéressant de savoir ce qui en est à l’origine.
Limites de l’étude
Chiffrer la transition a été assez difficile puisque celle-ci dépend de nombreuses décisions et
hypothèses réalisées à deux niveaux :
Au niveau des décisions réalisées sur l’exploitation
Ainsi, nous avons chiffré dans cette transition le coût lié au bâtiment d’élevage. Cependant, il
est également possible de réaliser un système agricole durable en polyculture-élevage en laissant les
animaux dehors toute l’année. Les éléments qui ont amené à construire le bâtiment d’élevage
sont dus au désir de préserver les terrains des prairies temporaires sur lesquels des cultures
végétales vont être semées par la suite (préservation de la stabilité et la portance du sol), ainsi qu’à
la prise en compte des conditions de travail facilitées lorsque les animaux sont en bâtiment.
Au niveau des décisions réalisées lors de l’estimation des coûts de la transition
L’estimation des coûts de la transition suppose de faire certains choix sur les coûts à prendre
en compte. Par exemple, nous avons décidé de prendre en compte le coût lié à la construction du
bâtiment sous lequel sont entreposés le foin et le matériel agricole, bien que sa fonction ne soit pas
uniquement liée à l’activité d’élevage.
L’activité d’élevage est par ailleurs productrice de fumier qui va être épandu au niveau des
cultures. Le chiffrage des bénéfices de cet apport organique est difficilement réalisable.
Le manque à gagner dû à la perte de surfaces de productions végétales au profit des surfaces
en prairies doit également être pris en compte et est plus précisément explicité dans la partie
productions végétales en ce qui concerne la perte due à la non production de cultures végétales, et
dans la partie des aides publiques concernant la modification des aides reçues.
Tous les changements précédemment évoqués impliquent de profondes modifications dans les
postes de consommation énergétique. Ceci est un élément majeur de la transition car le coût de la
ressource énergétique a une forte tendance à augmenter depuis que nous avons passé le pic
pétrolier en 2006.
72
4. Quel bilan énergétique pour une telle transition ?
Pour estimer le coût énergétique de la transition de système, nous avons comparé un système
hypothétique (S.conventionnel), si l’EARL du moulin neuf était encore en système conventionnel avec
seulement un atelier de productions végétales avec trois cultures annuelles, au système actuel
(S.actuel). Nous avons repris pour les calculs la formule de l’indicateur A18 de la méthode IDEA (cf
chapitre sur les indicateurs).
Les points qui ont été pris en compte pour le bilan sont :
La fertilisation minérale pour le blé, le maïs et colza (240 uN pour les trois) et pour l’orge,
l’avoine et l’escourgeon (150 uN pour les trois cultures) ;
La consommation de fioul pour les travaux agricoles : le labour, les interventions
phytosanitaires et récoltes plus importants en conventionnel (notamment du fait de la
rotation comprenant 4 ans de prairies en bio) ;
Les consommations de fioul pour les travaux agricoles spécifiques de l'élevage : le fourrage
(travaux de fenaison) et les épandages.
Le tableau ci-dessous détaille l’estimation effectuée :
Poste Consommation estimée Consommation (MJ)
Fertilisation Blé, colza, maïs 240uN*(157.7+27.6+42) = 54 552 uN
3 054 912
Escourgeon, avoine, orge
150 uN * (15,5 + 15 + 10)= 6075 uN
340 200
Consommation fioul agricole ferme
25 000 L 1 000 000
Récolte 9 693 L 387 720
TOTAL S.conventionnel (MJ) 4782832
TOTAL S.actuel (MJ) 1449560
EQF /ha S.conventionnel 341,6L/ha
EQF /ha S.actuel 97,9 L/ha Tableau présentant les calculs nécessaires à l’estimation effectuée
Pour estimer la consommation du fioul correspondant aux travaux du sol et au semis, nous
avons soustrait à la consommation du système bio en 2011, une valeur estimée pour la production
de fourrage (1 708 L), et la valeur correspondant à la récolte des cultures (30 L /ha). Nous avons ainsi
pu faire un prorata par rapport à l’assolement en 1996 et obtenu la consommation de fioul pour la
préparation du sol et les semis en 1996. Nous avons ensuite ajouté à cette valeur celle correspondant
aux récoltes. L’hypothèse a été faite que les épandages d’engrais et les passages de traitement
considérés comme peu coûteux en fioul sont compris dans les estimations.
Ces estimations indiquent que la conversion a permis une économie d’énergie conséquente, avec
un EQF/ha estimé à 3,5 fois supérieur à celui actuel. Le prix de l’énergie ayant augmenté depuis
quinze ans et sachant que cette tendance est toujours d’actualité, les économies d’énergie
73
représentent à la fois un enjeu pour la protection des ressources et un enjeu économique pour la
ferme.
Bien qu’étant un élément discutable de la durabilité, les aides publiques ont un poids très
important dans le fonctionnement des exploitations agricoles aujourd’hui. De plus, elles traduisent
une volonté politique française et européenne donc il est important de vérifier que cette transition de
système de production est bien accompagnée par la Politique Agricole Commune.
5. Les aides publiques accompagnent-elles cette reconversion ?
Il est difficile d’évaluer l’impact de la conversion sur les aides publiques car elles n’ont cessé
d’évoluer depuis 1995. Nous avons donc choisi d’estimer le coût d’une telle transition en 2011.
Aides découplées
Pour cela, nous avons estimé les DPU que la ferme toucherait en système conventionnel
céréalier (en considérant les actuelles prairies temporaires comme des grandes cultures), répondant
à l’éco conditionnalité de la PAC. Le tableau suivant résume cette estimation :
Système
actuel
Système conventionnel hypothétique
DPU €/ha 270 410
SAU éligible ha 295 350
TOTAL EXPLOITATION € 79 650 143 500
Tableau de calcul d’aides
La politique actuelle de soutien n’est pas financièrement favorable à la transition en termes
d’aides découplées.
Aides couplées et/ou spécifiques
Par acquisition de cheptel de vaches allaitantes, la ferme reçoit des aides couplées (Primes au
Maintien du Troupeau de Vaches Allaitantes - PMTVA) à hauteur de 9 411 €/an.
Elle a reçu également une aide co-financée par la région pour la conversion à l'Agriculture
Biologique (AB) et reçoit actuellement une aide pour le maintien du système en AB, qui s’élève à
55 600 €/an. D’autre part, cette conversion de système a permis à la ferme d’obtenir d’autres aides
de la PAC, notamment le Contrat Territorial d’Exploitation (CTE). Une aide à l’implantation de
systèmes agroforestiers peut aussi être sollicitée dans la PAC, l’EARL du Moulin neuf l’a, par exemple,
touchée en 2011.
Si la transition se faisait aujourd’hui, l’implantation des haies pourrait aussi bénéficier d’une aide
spécifique (Région et Union Européenne).
74
Certifications en Agriculture Biologique
Cette transition permet notamment de mieux valoriser la production de la ferme par une
certification en agriculture biologique. Cette certification représente un coût de 1 000€ par an pour
l’ensemble de l’exploitation (certification Ecocert). Il faut néanmoins tenir compte que lors de la
transition de système durant un minimum de trois ans, l’agriculteur paye la certification sans pour
autant pouvoir valoriser sa production sous le label AB.
D’autre part, le gérant de la ferme a choisi d’aller plus loin dans sa démarche de transition en
sollicitant et adhérant à la marque Nature & Progrès. Cette forme de certification participative
représente aussi un coût annuel moyen de 1 000€.
On peut remarquer ici que ces deux certifications font partie des conditions du bail à commodat
fixées par la FPH.
De façon globale, cette transition vers un système d’agrobiologie permet à la ferme du moulin
neuf de conserver un volume d’aides publiques équivalent :
En système conventionnel hypothétique, la ferme aurait droit à 143 500€ par an
(essentiellement d’aides découplées)
Suite à la transition, la ferme a droit à 144 661€ d’aides par an (dont environ 56% d’aides
spécifiques), auxquelles l’on peut soustraire 2 000€ de certification.
Notre démarche met en évidence le fait que la conversion de système de production n’implique
pas nécessairement une diminution des aides publiques ; en revanche dans le cas du domaine de
Villarceaux, dont la transition a été initiée en 1995, il y a eu une réelle « perte » d’aides publiques
durant plusieurs années consécutives.
Discussion
Les calculs effectués sur le domaine de Villarceaux tiennent compte des DPU calculés sur la
base de références historiques désavantageuses (perte des surfaces de haies, de bandes enherbées,
prairies temporaires,…). Aujourd’hui en 2011, le calcul des aides découplées n’est pas autant
défavorable à ce type de systèmes (inclusion des haies, des bandes enherbées et des rotations avec
des prairies temporaires dans les surfaces éligibles), on peut donc imaginer qu’une ferme
s’engageant dans une conversion aujourd’hui conservera davantage d’aides découplées.
Contrairement à ce qui fut longtemps le cas, les aides publiques ne favorisent plus
uniquement les systèmes céréaliers de grandes échelles. En effet, si on réalise le calcul des DPU avec
les références historiques prises aujourd’hui, le total des aides reçues dans le système bio
(références historiques réactualisées) est plus élevé que le total des aides que recevrait la ferme de
Villarceaux si elle avait conservé son système conventionnel.
Cet élément dépend aussi du conseil régional. Une part importante des aides reçues aujourd’hui
vient de la région Ile de France pour le maintien de l’agriculture biologique.
75
6. Les modifications sociales engendrées par la transition
L’exploitation de la bergerie a connu d’importantes modifications depuis le rachat par la
fondation Charles Léopold Mayer en 1976. La bergerie fonctionnait à l’époque en céréaliculture
conventionnelle comme la majorité des exploitations de la région. Dans cette partie, nous mettons
d’abord en évidence les changements sociaux ayant eu un impact économique et qui sont liés à cette
période de transition vers une agriculture durable. Seront donc ici analysés les implications aux
réseaux sociaux (agricoles ou non), et les évolutions de répartition du temps de travail et du nombre
d’UTH.
Implications sociales et réseaux
Avant le début du nouveau projet agricole de l’exploitation de la bergerie, celle-ci était
dirigée par M. Lecante. A cette époque là, ce dernier avait pour seul appartenance au réseau local
agricole son adhésion à la coopérative de production. Selon M. Ranke, cela se résumait à participer à
l’assemblée générale annuelle.
La conversion en agriculture biologique a alors fait évoluer l’implication de la ferme, puisque
les trois ingénieurs pilotant la ferme ont adhéré au Groupement d’Agriculteurs Biologiques (GAB) du
Val d’Oise. Ce réseau était alors le meilleur moyen de connaitre leurs pairs pratiquant la même
agriculture, et de pouvoir échanger sur ces pratiques. Dans un objectif différent, O. Ranke était
affilié à la coopérative BIOCER à laquelle l’exploitation vend ses céréales. Le degré d’implication était
alors relativement élevé puisque ce dernier occupait un poste d’administrateur au conseil
d’administration. D’autre part, les 3 ingénieurs étaient également impliqués dans le développement
des activités de la fondation FPH. Cela ne peut être considéré comme directement lié à la conversion,
néanmoins c’est une implication qui a permis de rentrer en contact avec différents acteurs locaux
(châteaux…).
Par la suite, l’implication des ingénieurs-chefs d’exploitation dans les réseaux agricoles (ou
non) a bien évolué. En effet, afin de mettre au point un système agricole satisfaisant du point de vue
de la durabilité, il est nécessaire d’avancer en termes de connaissances et d’innovations dans les
pratiques. Pour cela, il leur a fallu s’impliquer dans différentes structures, avec des intérêts
différents. Ainsi, étant toujours au GAB 95 ils se sont immiscés au niveau national à travers la FNAB
(Fédération Nationale des Agriculteurs Biologiques), et O. Ranke est resté administrateur à BIOCER.
En plus de cela, ils ont participé au réseau ITAB (Institut Technique de l’Agriculture Biologique). Enfin,
il y avait également une participation dans l’association environnementale locale, permettant de
faire le lien direct entre l’exploitation et l’environnement.
A l’heure actuelle, O. Ranke est seul chef d’exploitation de l’EARL de la bergerie de Villarceaux.
Avec le temps et l’évolution des pratiques, celui-ci a multiplié les implications dans différents réseaux
ou structures créant du lien social avec l’extérieur et lui permettant également d’établir un réseau
commercial pour écouler sa production. Ainsi, une liste des structures auxquelles il participe peut
être dressée :
- BIOCER : toujours en tant qu’administrateur (mais il souhaite bientôt ne plus l’être)
- ITAB : directeur de la commission « Elevage »
76
- Réseau semences paysannes : mise à disposition de parcelles et production d’un peu de
semences
- Travaux avec Arvalis (Institut du végétal) : mise en place et suivi de l’essai de la Motte,
polyculture sans élevage.
- Réception de groupes sur l’exploitation
- Intervention nombreuses pour exposer le système et les pratiques mises en place.
Lorsque l’on revient sur l’évolution entre la période pré et post-conversion, on se rend donc bien
compte que l’implication dans les réseaux sociaux a largement grandi, pour devenir aujourd’hui une
bonne partie du temps de travail ou libre de M. Ranke. L’implication et l’intérêt pour le social des
ingénieurs ayant travaillé à cette conversion a grandement favorisé le développement du réseau
social, cette corrélation entre conversion et implication au réseau social n’est cependant pas
généralisable puisque reposant en partie sur la personnalité des exploitants. Toutefois, le
changement des pratiques agricoles nécessite un apport de connaissances, une confrontation des
pratiques différentes pour trouver des solutions appropriées. Cela implique de rencontrer d’autres
agriculteurs qui sont confrontés à des problématiques similaires ou encore des techniciens ayant les
compétences adéquates. On entend donc ici que la participation aux différents réseaux, qui peut être
assimilée à des heures non-productives (par hectare par exemple) sont de l’ordre de la formation
continue. Cela relève donc de l’économie de la connaissance, qui n’est pas chiffrable en termes de
coûts. Il serait éventuellement possible de comptabiliser les heures dédiées aux différentes
participations dans les réseaux et de les chiffrer arbitrairement avec le coût salarial d’une heure de
travail. On obtiendrait ainsi une somme correspondant aux heures de travail non passées
directement à la production. A cela il faudrait alors retirer le gain de production ou de productivité
apporté par les connaissances acquises (sachant que certaines implications ont des répercussions à
des niveaux supérieurs et non directement sur le système de production). Ces gains apportés par les
formations ou rencontres ne sont évidemment pas objectivement chiffrables, mise à part peut-être
pour des évolutions techniques ponctuelles entrainant un gain de productivité direct et mesurable
(par exemple l’utilisation d’une nouvelle variété supérieure en rendement).
Ces implications sont néanmoins à prendre en compte dans le « coût » de la conversion, puisque
l’évolution d’un système vers plus de durabilité passe par un apport de connaissances qu’il faut
acquérir par différentes voies dont l’implication dans les réseaux techniques.
Au-delà de l’implication au réseau social, la main d’œuvre a également évolué au cours de la
transition. Nous allons maintenant étudier cette évolution en termes d’UTH (unité de travail
humain).
Evolution de la main d’œuvre
Un système d’exploitation repose sur de la main d’œuvre salariée ou non, et cela lui confère
un rôle social. Le fait que cette opération de conversion de l’exploitation soit subventionnée par une
fondation rend cette situation spéciale et incomparable à ce qui peut se faire au sein d’une
exploitation agricole classique.
En effet, la transition vers un système AB a été réalisée en employant 3 ingénieurs
agronomes à temps plein en plus de la main d’œuvre salariée déjà présente. Economiquement, cela
représente la dépense de trois salaires d’ingénieurs durant 11 ans. Il faut toutefois différencier le
77
développement des actions de la fondation et le temps consacré à l’exploitation agricole puisque ces
derniers partageaient leur temps de travail entre les deux structures. Ainsi, sur les 3 UTH ingénieurs,
seul 1.5 correspondait au temps passé sur l’exploitation. En plus de ces trois ingénieurs on trouvait
alors trois salariés correspondant à 3 UTH.
Au total il y avait donc 4.5 UTH sur l’exploitation. Si l’on compare à la période pendant
laquelle l’exploitation fonctionnait de manière conventionnelle avec 3.5 UTH (avant 1995) la main
d’œuvre a donc été augmentée d’un UTH. On peut ajouter à cela de la main d’œuvre dite
« fluctuante », avec l’accueil de stagiaires ou d’apprentis. Néanmoins, il est difficile de chiffrer
explicitement le temps de travail de ceux-ci, sachant qu’il faut prendre en compte le temps consacré
pour les former.
A l’heure actuelle, le demi-UTH apporté par les ingénieurs n’existe plus puisqu’il n’y a plus
qu’Olivier Ranke qui travaille sur la ferme. Il y a donc au total 4 UTH sur l’exploitation. Toutefois, le
travail disponible est supérieur au temps de travail de 4 UTH, ce qui pousse l’ensemble à faire
beaucoup d’heures supplémentaires. D’après O. Ranke il y aurait actuellement l’équivalent de 5 UTH
sur l’exploitation.
La raison de cette augmentation de temps de travail sur la ferme est étroitement liée à la
mise en place de l’atelier d’élevage bovin. L’introduction de l’élevage, évolution indispensable vers
un système durable selon les ingénieurs ayant travaillé sur le projet, a engendré plusieurs surcoûts. Il
y a eu la rémunération d’un UTH et demi d’ingénieur (remplaçant un UTH de chef d’exploitation).
D’autre part il y a aujourd’hui un demi UTH de plus qu’avant 1995 et il serait possible d’embaucher
un UTH de plus si l’on se rapporte au temps de travail réalisé par l’ensemble des personnes
travaillant sur l’exploitation.
Sachant que la rémunération moyenne sur l’exploitation est de 30 000€/UTH annuel, le
surcoût est aujourd’hui de 15 000€/an et pourrait être de 45 000€/an s’il y avait embauche d’un UTH
supplémentaire.
Enfin, il est à noter que les niveaux de rémunération pratiqués sur l’exploitation sont très élevés
(autour de 2500€ par UTH), et malgré que nous n’ayons pas retrouvé les rémunérations de la période
précédant le début de la conversion, il est plus que plausible que les salaires étaient bien inférieurs à
l’époque. Cette rémunération élevée des salariés peut être comptée comme un surcoût liée à la
démarche d’agriculture durable, cela rentre dans la politique sociale forte de l’exploitant.
7. Les externalités
La question du coût des externalités environnementales et sociales sera traitée dans cette
dernière partie. Nous avons tenté de prendre en compte toutes les externalités positives et négatives
produites par la ferme puis de chiffrer leur impact sur l’économie de l’exploitation. La qualité de
l’eau, l’érosion des sols, la biodiversité, le paysage et le lien social ont été étudiés. Ayant peu de
données disponibles pour faire une analyse quantitative de ces facteurs et estimer leur évolution
avant et après la transition, nous nous limitons dans la majorité des cas à une méthodologie pour
78
décrire ces facteurs et à leur analyse qualitative. Cette liste n’est pas exhaustive et les changements
évoqués sont difficilement chiffrables à moins de réaliser une étude approfondie sur le sujet. Dans
cette partie du rapport, l’objectif est plutôt de fournir les premiers éléments de réflexion
susceptibles de guider une étude ultérieure plus fine.
Qualité de l’eau
La question de la qualité de l’eau est un sujet sensible sur le domaine de Villarceaux. La
commune de Chaussy puise l’eau dans un forage situé sur le versant opposé au domaine et où
s’exerce une agriculture conventionnelle. Il y a quelques années, le maire découvre que ce puits est
pollué et cherche d’autres zones saines où creuser un nouveau forage. Un emplacement potentiel est
une parcelle proche de la Comté. En effet, des analyses réalisées dans la nappe sous cette parcelle
démontrent des taux de nitrates inférieurs au seuil réglementaire qui est de 50 mg/L (21,0 mg/L).
La fondation est favorable à ce nouveau forage pour alimenter Chaussy à condition que le
maire reconnaisse l’impact positif de l’AB dans la qualité de l’eau de ce forage, chose non acceptée
par le maire et qui est source de conflits entre la commune et le domaine de Villarceaux. Afin
d’approfondir l’origine de l’absence de pollution dans ce forage, le domaine engage avec l’Agence de
l’eau Seine-Normandie une étude, en cours actuellement et à laquelle le maire est défavorable,
notamment pour des questions financières. En effet, le montant de l’étude est de 50000€ dont 70%
sont pris en charge par l’Agence de l’eau, 5% par la commune et le reste par le département et la
région Ile-de-France.
Selon le rapport du Commissariat Général au Développement Durable (Bommelaer et
Devaux, 2011), le coût de déplacement de captages utilisés à cause de la contamination, comme
dans le cas présent, se situe entre 20 à 60 millions d’euros par an. Ce coût déjà élevé est cependant
inférieur aux coûts de traitement de potabilisation liés aux nitrates et aux pesticides supportés par
les collectivités locales qui sont respectivement de 120 à 360 millions € et 260 à 360 millions €/an
selon ce même rapport et qui pourraient être évités grâce à l’AB (150 à 200€/ha évités, Ile de France
(Larroque, 2010)). A cela il faut aussi ajouter le coût généré par l’eutrophisation des eaux brutes (60 à
100 millions €/an). Ainsi, les dépenses annuelles de potabilisation entraînées par l’agriculture
conventionnelle de parcelles situées dans les aires d’alimentation des captages sont de l’ordre de
828 à 2430€/ha cultivé. C’est pourquoi certaines collectivités préfèrent acquérir des parcelles qui
pourront être plantées en herbes et en légumineuses ou bien, comme ici, cultivées en biologique. Le
système de culture de la Bergerie diminue aussi les dépenses en termes de consommation d’eau
puisqu’il n’y a aucune irrigation sur l’exploitation. En France, 79% de l’eau estivale est consommée
par l’irrigation agricole (Bommelaer et Devaux, 2011).
Actuellement et depuis au moins vingt ans, le château, la Bergerie et les bâtiments d’élevage
s’alimentent sur le forage de la Comté. Mais récemment, suite à une analyse dans le forage de la
Comté, on découvre une brusque remontée d’atrazine, la substance active de produits à effet
herbicide utilisés en agriculture conventionnelle, et interdite depuis 2003 pour sa toxicité. Cette
nouvelle donnée remet en cause l’impact réel du système de culture de la Bergerie sur la qualité de
l’eau à moyen terme, bien que l’AB soit souvent considérée comme le meilleur moyen pour limiter la
quantité de nitrates dans les eaux (Garnier et al., 2009). La présence d’atrazine pourrait être
expliquée par une fuite d’anciens bidons d’herbicides qui étaient stockés et laissés à l’abandon dans
les anciennes carrières à l’époque où se pratiquait l’agriculture conventionnelle, et aujourd’hui
79
enfouis. En outre, des analyses faites dans les bassins du château révèlent également une pollution
des eaux.
L’AB reste un système de culture privilégié pour diminuer la pollution des eaux ainsi que son
coût économique et environnemental. Mais le délai entre le changement des pratiques et son
résultat sur la qualité des eaux n’est pas connu et dépend de multiples facteurs (écoulement et
infiltration des eaux par exemple).
Qualité des sols et érosion
L’érosion est une externalité négative qui induit une diminution de la fertilité des sols de
l’exploitation (conséquence économique) et une pollution sédimentaire dans les cours d’eau
(conséquence écologique). Les indicateurs permettant d’évaluer l’érosion sont par exemple la
turbidité de l’eau et la perte des sols tels que l’équation universelle des pertes de sol
(EUPS) (Wischmeier et Smith, 1965) qui prédit les pertes moyennes de sol au champ en t/ha/an.
Des analyses de turbidité dans le forage de la Comté montrent des pertes de terre mais dont
l’origine spatiale et temporelle n’est pas estimable. De même, il n’y a pas de données sur les pertes
de sol sur l’exploitation. Toutefois on peut étudier les facteurs non topographiques qui peuvent
influer sur l’érosion.
Olivier Ranke a choisi de ne pas inclure d’intercultures dans ses rotations, laissant les sols nus
et soumis aux adventices, ce qui favorise l’érosion des parcelles. Le bilan DIALECTE effectué en 2010
sur l’EARL de la Bergerie indique ainsi que 22% de la SAU n’est pas couvert en hiver. De plus, la ferme
se situe dans une zone à risque élevé d’aléa érosion hydrique (rapport DIALECTE, d’après l’INRA).
Cependant, la présence de prairies dans les rotations permet de mieux structurer les sols,
notamment grâce à un enrichissement en matières organiques. Les légumineuses permettraient
aussi d’augmenter de 15,1% la matière organique du sol (Pimentel et al., 2005). Ceci favorise la
stabilité des sols de l’exploitation, tout comme la présence de haies et de bandes enherbées, qui
retiennent le sol par l’ancrage racinaire. Ainsi, globalement, la transition a eu un effet bénéfique sur
l’érosion au sein de l'exploitation.
Gestion des éléments (carbone et azote)
L’un des objectifs affichés de l’exploitation est d’optimiser le cycle de l’azote, afin d’en fixer
le maximum et d’assurer la fertilité des sols. Pour cela, l’ensemble des parcelles sont implantées en
légumineuses à un voir plusieurs moment de la rotation. Il y a d’une part les légumineuses à
utilisation fourragère (luzerne, trèfles, vesce, féverole…) et les légumineuses à utilisation alimentaire
(lentille, pois). Ainsi, au total, 27 704 kg d’N sont fixé par an par les légumineuses (cf calcul IDEA).
Cela est très important par rapport à un système qui n’en fixe pas, et si l’on prend un coût moyen de
l’unité d’azote à 0.7 €/kg (www.azote.info) cela représente un volume d’à peu près 19 400 € de fixé !
Par ailleurs, le bilan global de l’exploitation prenant en compte l’ensemble des entrées et sorties
d’azote nous donne un résultat positif de 52,1 kg d’N fixé par ha et par an (cf calcul IDEA). Cela
représente alors 36,5 €/ha/an, et donc un volume de 13 500€.
D’autre part, la non-utilisation d’engrais azotés de synthèse sur l’exploitation permet de ne
pas contribuer à la pollution des eaux et ainsi économiser les coûts de traitements de potabilisation
de ces eaux.
80
Suite à la modification des pratiques dans l’exploitation, des externalités positives sont à
noter concernant l’émission et la fixation du carbone. Aujourd’hui, 3,5 fois moins de fioul est
consommé au sein de l’exploitation comparativement au fonctionnement en agriculture
conventionnelle. La pollution carbone générée par l’exploitation est donc réduite de manière
importante. Il faudrait chiffrer cette diminution en termes de coût économique dégagé et de
bénéfice pour l’environnement. Il faut cependant ajouter que l’arrivée d’animaux sur la ferme a
ajouté une émission de gaz à effet de serre (méthane). Il faudrait donc quantifier ces émissions pour
avoir une idée des conséquences économiques de celles-ci. En ce qui concerne le carbone du sol, une
augmentation de l’apport en matière organique d’origine animale est à noter (fumier). Le carbone
d’abord fixé par les plantes est ensuite passé par les animaux pour être finalement retourné au sol. Il
y a donc une fixation du carbone dans le sol. Le problème d’estimer en chiffres cette externalité
positive persiste. Il faudra de plus prendre en compte le retournement de prairies qui génère une
libération de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Ces externalités semblent globalement
positives, restent à chiffrer celles-ci dans une étude approfondie pour avoir une idée plus précise des
impacts économiques de cette transition.
Biodiversité
Selon l’OCDE (OCDE, 2001), la biodiversité peut être estimée par différents indicateurs : la
diversité génétique (variétés et races), la diversité des espèces (abondance et richesse) et la diversité
des écosystèmes (superficie des habitats). La transition à la Bergerie a contribué à réduire la taille des
parcelles (exemple de la parcelle de la Motte où les 60 ha ont été divisés en parcelles de 8 ha) et à
diversifier les habitats avec la présence de haies notamment. De plus, les rotations se sont
diversifiées avec le système AB.
Le bilan DIALECTE de 2010 fait un point sur la biodiversité de l’exploitation :
Valeur indicateurs Points Plafonds
Biodiversité (animale et végétale)
56% 11,2 20
Infrastructure agro-écologique
77% 5,4 7,0
Prairies productives peu fertilisées
11% 0,8 7,0
Zones reconnues d’intérêt biologique
Non 0,0 4,0
Absence ou faible utilisation de pesticides
Absence 5,0 5,0
Tableau du bilan DIALECTE de 2010
Ce bilan classe l’exploitation dans la catégorie moyen à bon pour les critères qualité de l’eau,
qualité des sols et biodiversité.
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Qualité du paysage
Le passage à l’agriculture biologique a eu un impact financier sur l’aménagement du paysage
dans l’exploitation en termes de plantation de haies, d’aménagement et d’entretien des chemins
ruraux et des bandes enherbées, etc. Au-delà de l’aspect économique, l’aménagement du paysage
contribue à la diffusion d’une image écologique et esthétique de l’agriculture biologique et du
développement durable. C’est donc une nécessité sur l’exploitation de la Bergerie. Dans ce but, Régis
Ambroise, Ingénieur Agronome Chargé de mission Paysage au Ministère de l’Agriculture, a évalué la
qualité paysagère de l’exploitation actuelle. L’un des critères importants observé est l’attractivité et
la facilité d’accès des promeneurs et visiteurs à l’ensemble de l’exploitation : qualité des chemins,
« ouverture » des haies et des bosquets sur les parcelles et sur l’extérieur, etc. Mais cette
accessibilité a surtout pu être mise en place grâce au soutien financier de la fondation, ce qui n’est
pas le cas pour une exploitation classique.
L’une des manières de quantifier les bénéfices de la transition sur le paysage pourrait être
d’estimer la fréquentation en nombre de visiteurs sur les terres. Mais l’attractivité liée à l’écocentre
est difficile à distinguer de celle de l’exploitation agricole, les deux structures étant très proches
géographiquement et liées par le contexte historique et la démarche de développement durable. De
plus, le cadre patrimonial des châteaux du domaine est un atout certain à l‘attractivité du site.
Actuellement, il y a environ 50 visiteurs par mois mais ce chiffre pourrait augmenter fortement avec
l’inauguration de l’écocentre et la fin des travaux de rénovation au printemps 2012. Les dépenses
liées à la valorisation du paysage sont probablement rentables à long terme grâce à l’attractivité du
site.
Lien social
Le passage à l’AB a modifié beaucoup de choses, notamment le paysage qui a des
répercussions sur le lien social. En effet, avec la conversion, les parcelles ont diminué en taille, des
haies ont été implantées, des clôtures posées, transformant ainsi le paysage de la région qui est
traditionnellement un openfield avec des parcelles de grande taille sans haie ni beaucoup d’arbres.
De plus, la présence d'animaux (bovins et ovins) inhabituelle dans la région est un atout certain qui
favorise l'agro-tourisme.
En revanche, avec le nombre réduit d’agriculteurs bio dans la région et le contexte local (la
majorité des exploitations étant en céréaliculture intensive), certaines tensions et incompréhensions
ont pu être rencontrées avec les producteurs voisins (cf. partie enquête). D'autre part, les haies
peuvent être interprétées comme un écran pour cacher la ferme et générer un isolement
involontaire. Cependant l’AB a attiré un apiculteur qui a posé ses ruches sur l’exploitation.
Le caractère unique de cette ferme a permis de tisser d’autres liens, plutôt singuliers pour
une exploitation agricole. Cela concerne les visiteurs et promeneurs, les chercheurs qui s’intéressent
au projet, des fonctionnaires du ministère de l'agriculture, etc.
Un tel projet peut coûter comme favoriser de nouvelles relations et faire évoluer les mentalités et les
traditions.
La conversion en agriculture durable de l’exploitation de la Bergerie de Villarceaux a entrainé
une évolution nette au niveau social. En effet, l’implication du chef d’exploitation dans différents
82
réseaux techniques, commerciaux ou structurels n’a pas cessé d’augmenter depuis 1995. Cela
s’explique par la nécessité d’acquérir des connaissances en continue, le meilleur moyen de le faire
étant d’apprendre et d’échanger avec des pairs connaissant les mêmes enjeux. Si l’on revient sur la
problématique initiale du coût de la transition, cette « formation continue » à un coût direct et
chiffrable si comptabilisé (ce n’est pas le cas) en termes d’heures non-productives. Néanmoins, les
connaissances permettent d’optimiser le système, et donc potentiellement d’améliorer le résultat de
l’exploitation si tel est l’objectif initial énoncé. La différence entre ce qu’apporte économiquement
cette amélioration du système par rapport aux nombres d’heures non-productives qu’elle représente
est extrêmement difficile à chiffrer ; il faudrait calculer l’amélioration économique engendrée par
une innovation apportée dans le système et provenant des réseaux d’apport de connaissances.
Le deuxième poste majeur correspondant à une évolution sociale de l’exploitation est la
main d’œuvre employée. En effet, la méthode IDEA suggère qu’un système agricole plus durable doit
employer plus de main d’œuvre rapportée à l’unité de surface. C’est ici le cas, puisque de 3.5 UTH en
1995, l’exploitation est aujourd’hui à 4 UTH, tandis que durant les années de conversion il y avait 4.5
UTH. D’autre part, l’exploitation porte une politique de rémunération élevée, et ce dans un souci
d’équité sociale. Ainsi avec une moyenne salariale de 30 000€ par an, un surcoût de 15 000€/an est
observé. Celui-ci serait probablement encore supérieur si l’on était en mesure de comparer les
salaires d’avant 1995 à ceux pratiqués actuellement.
En termes d’externalités environnementales, la transition a été globalement bénéfique dans
la ferme de la bergerie. Une difficulté importante réside cependant dans l'estimation du coût des
externalités. En effet, l'économie de marché ne prend pas en compte ces externalités puisqu'elles ne
représentent pas directement une valeur marchande. Les travaux pour évaluer ces valeurs en termes
économiques n'en sont donc qu'à leurs prémices et il nous est pour l'instant très difficile de chiffrer
cela. On s'en tient donc à une évaluation qualitative tout en utilisant quelques éléments quantitatifs
permettant d'identifier une tendance. Il faut donc en retenir l'effet, qui ne peut être que positif, des
aménagements apportés par le nouveau système d'exploitation en termes de qualité de l'eau,
d'érosion des sols, de paysage ou encore de biodiversité.
A l'inverse, les externalités sociales sont plus mitigées. En effet, il y a d'une part un effet
positif sur la dynamique sociale, via la mise en place du magasin de consommateurs et l'ouverture de
l'exploitation au publique (via visites et groupes techniques). Mais d'autre part, la mise en place d'un
système novateur sur un territoire relativement uniforme de ce point de vue a créé des tensions avec
le voisinage et cela peut donc être perçu comme un effet négatif.
Conclusion sur le coût de la transition
L’investissement financier réalisé pour l’implantation des haies et des bandes enherbées a
été très conséquent (environ 200 000€). Cependant, les bénéfices liés à la présence de ces structures
paysagères est un non-coût, puisqu’il y a par exemple une diminution de la pression des ravageurs,
de l’érosion, etc.., qui n’est pas quantifiable économiquement.
Concernant l’atelier des productions végétales, la forte réduction des intrants à contribué à
augmenter l’autonomie financière de l’exploitation. Cependant, les ventes de produits végétaux ont
globalement diminué, malgré une récente hausse depuis l’adhésion à la coopérative « Saveurs du
Vexin ». Il faudra surveiller l’évolution de ces ventes à l’avenir pour vérifier la durabilité du système
83
d’exploitation. Rappelons aussi que la réduction des ventes de produits végétaux est à attribuer en
grande partie à l’augmentation des surfaces en herbe, qui sont valorisées au travers de l’atelier de
productions animales.
En ce qui concerne ce dernier, la transition de l’exploitation s’est caractérisée par l’achat d’un
important cheptel bovin et ovin, de matériel spécifique et d’un grand bâtiment d’élevage. Ce
bâtiment constitue l’investissement le plus important de cet atelier, ce qui est un choix discutable
aux vues des besoins de la race de vache (Salers) présente. Néanmoins, la forte augmentation des
produits liés à la vente de viande certifiée AB compense ces investissements, et contribue à la
durabilité économique de l’exploitation. Notons aussi que les effluents liés à cet élevage sont
valorisés au niveau des productions végétales.
Au niveau du coût énergétique, on estime la consommation en équivalent fioul 3,5 fois moins
importante après la transition, ce qui est principalement dû à l’arrêt d’utilisation des intrants azotés.
Par rapport aux aides publiques, la perte de DPU liée à l’enherbement d’une grande partie de
la SAU a été compensée par les aides de transition et de maintien à l’agriculture biologique. Il faut
cependant remarquer que si un nouveau calcul de ces DPU était réalisé aujourd’hui (dans le cadre de
la réforme de la PAC 2013 par exemple), l’exploitation toucherait beaucoup plus d’aides que
lorsqu’elle était en système conventionnel. Par ailleurs, il faudra par la suite prendre en compte les
aides liées au système agroforestier, récemment implanté sur l’exploitation.
Enfin, du point de vue social, le nombre d’UTH par hectare exploité à augmenté au cours de
la transition du système. C’est donc un point positif au niveau social, mais plus négatif d’un point de
vue économique, puisque cette main d’œuvre importante génère des surcoûts pour l’exploitation.
Par ailleurs, le réseau social entourant l’exploitation a connu un essor important suite à cette
conversion, avec notamment l’implication importante dans les coopératives locales et l’ouverture
d’un magasin à la ferme. Ainsi, la transition du système d’exploitation à contribué à la dynamique
territoriale, malgré un bilan mitigé dû à des tensions avec le voisinage agricole. Par ailleurs, les
externalités environnementales (qualité de l’eau, érosion, biodiversité, fixation de carbone, etc…)
sont globalement positives, mais restent très difficiles à chiffrer.
84
Conclusion du chapitre 2
Du point de vue des différents acteurs rencontrés, Villarceaux a une place spéciale dans le
territoire du Vexin. Le centre n'est ni tout à fait intégré à son territoire ni tout à fait exclu. Les
participants au projet de Villarceaux revendiquent son rôle national et international, alors que les
acteurs locaux notent une barrière entre le centre et la région. La viabilité économique de la ferme
(et donc sa durabilité) est souvent remise en cause par les personnes extérieures, lié au rôle de
financement que joue la fondation dans son développement.
L'analyse de l'évolution de la durabilité par les études IDEA des groupes d'étudiants
précédents (de 2002 à 2011) a permis de dégager de grandes tendances. La ferme possède une très
grande durabilité agro-écologique stable dans le temps. Sa durabilité socio-territoriale est en légère
diminution, en partie due aux précisions apportées à la méthode IDEA. Par contre, la durabilité
économique a une très forte variabilité. Nous avons aussi tenté d'étudier l'état de cette variabilité
avant 2002, en fonction des documents d'exploitation. Il est certain que la durabilité agro-écologique
a augmenté depuis 1992, notamment grâce à la conversion en agriculture biologique. Les durabilités
économique et socio-territoriale ont été plus difficiles à évaluer. Il serait intéressant d’étudier plus en
profondeur cette période en recherchant dans les archives afin de calculer les indicateurs de la
méthode IDEA avant 2002. On pressent bien que la transition en bio et la rénovation des bâtiments
ont eu un impact sur le centre de Villarceaux.
En analysant les coûts économiques du changement de système, nous avons pu tirer
plusieurs conclusions en fonction des thématiques définies au préalable. Du point de vue de l'atelier
élevage, les principaux coûts sont liés à 97 % aux bâtiments. Cependant, si certains choix avaient été
différents, les coûts de la transition n'auraient peut-être pas été si élevés. Enfin, il a été très difficile
de prendre en compte les externalités positives liées au changement de système (diminution des
produits phytosanitaires, engrais...). Concernant les coûts énergétiques, l'exploitation consomme 3,5
fois moins d'énergie qu'en système conventionnel. Un point important concerne les aides perçues.
Ces dernières sont équivalentes à un système conventionnel. Si on recalculait les DPU avec les
nouvelles normes, les efforts environnementaux seraient mieux valorisés. Pour l'aspect productions
végétales, tous les intrants ont subi une nette diminution, excepté les semences. L'exploitation
améliore l’efficience du processus productif (indicateur C6), ce qui est d’avantage du à une baisse des
intrants qu’à une augmentation de la valorisation de la production (méthode IDEA). Enfin, l'étude de
l'aspect social montre que le changement de système a initié une meilleure implication sociale
(emploi, réseaux, coopérative...). C'est malgré tout un indicateur difficile à chiffrer.
Pour les années à venir, une poursuite de cette étude en profondeur serait intéressante. Il
faudrait rencontrer plus d'acteurs du territoire, et faire une recherche bibliographique approfondie
afin de mieux évaluer les coûts de transition.
85
Conclusion
Cette semaine passée à Villarceaux a été l’occasion de nous familiariser avec une méthode
d’évaluation de la durabilité d’une exploitation : la méthode IDEA. Nous avons aussi appris des
techniques d’analyse paysagère, ce que nous n’avions jamais fait auparavant. Cela nous a permis de
découvrir une autre façon de gérer une exploitation agricole ainsi qu’un exemple de mise en œuvre
de méthode d’agriculture alternative à grande échelle.
La fondation Charles Leopold Mayer nous a demandé d’analyser l’évolution de la transition
de la ferme de la Bergerie sur ces vingt dernières années. Ceci a été l’occasion d’appréhender plus en
détail la perception des différents acteurs du territoire impliqués ou non dans le projet de La
Bergerie, l’évolution de la durabilité à partir des différents diagnostics IDEA, le coût de la transition.
Ainsi, nous avons apporté un regard extérieur sur la démarche de changement de système. Nous
nous sommes rendu compte que la ferme a gagné en autonomie vis-à-vis des intrants, en qualité
environnementale et qu’elle était perçue par l’extérieur comme une véritable plate-forme
d’expérimentation. En revanche, les parties « analyse des coûts de la transition » et «IDEA + 20 »
représentaient une masse de travail conséquente. Nos résultats sont une base de travail pour un
approfondissement ultérieur.
Ces travaux nous ont permis de comparer cet exemple original avec nos connaissances du
modèle d’agriculture majoritairement répandu actuellement. Cette semaine a été aussi l’occasion de
confronter les points de vue différents des étudiants.
Cette ferme pose certaines questions et ouvre le débat sur les modèles agricoles possibles
pour le futur. Elle gagnerait à être un centre de débat et un lieu d’expression pour de nouvelles
réflexions sur l’agriculture et sur la société.
86
Annexes
Annexe 1 : Tableau récapitulatif des scores obtenus à la méthode IDEA en 2011
Echelle ComposanteScore
Obtenu
Score
Pris en
compte
Maximum
possible
Diversité des cultures annuelles et temporaires A1 14 14 14
Diversité des cultures pérennes A2 6 6 14
Diversité animale A3 12 12 14
Valorisation et conservation du patrimoine génetique A4 6 6 6
DIVERSITE DOMESTIQUE 33 33
Assolement A5 8 8 8
Dimension des parcelles A6 5 5 6
Gestion des matières organiques A7 5 5 5
Zones de régulation écologique A8 8 8 12
Contribution aux enjeux environnementaux du territoire A9 2 2 4
Valorisation de l'espace A10 5 5 5
Gestion des surfaces fourragères A11 2 2 3
ORGANISTAION DE L'ESPACE 33 33
Fertilisation A12 4 4 8
Effluents organiques liquides A13 3 3 3
Pesticides A14 12 12 13
Traitements vétérinaires A15 2 2 3
Protection de la ressource des sols A16 4 4 5
Gestion de la ressource en eau A17 4 4 4
Dépendance énergétique A18 8 8 10
PRATIQUES AGRICOLES 34 34
100 100
Demarche de qualité B1 7 7 10
Valorisation du patrimoine bâti et du paysage B2 4 4 8
Gestion des déchets non organiques B3 2 2 5
Accessibilité de l’espace B4 3 3 5
Implication sociale B5 10 6 6
QUALITE DES PRODUITS ET DU TERRITOIRE 22 33
Valorisation par filières courtes B6 8 7 7
Autonomie et valorisation des ressources locales B7 7 7 10
Services, pluriactivité B8 2 2 5
Contribution à l’emploi B9 1 1 6
Travail collectif B10 3 3 5
Pérennité probable B11 3 3 3
EMPLOI ET SERVICES 23 33
Contribution à l’équilibre alimentaire mondial B12 10 10 10
Bien-être animal B13 2 2 3
Formation B14 4 4 6
Intensité de travail B15 3 3 7
Qualité de vie B16 5 5 6
Isolement B17 3 3 3
Accueil, hygiène et sécurité B18 4 4 4
ETHIQUE ET DEVELOPPEMENT HUMAIN 31 34
76 100
Viabilité économique C1 0 0 20
Taux de spécialisation économique C2 6 6 10
VIABILITE 6 30
Autonomie financière C3 0 0 15
Sensibilité aux aides C4 0 0 10
INDEPENDANCE 0 25
Transmissibilité C5 0 0 20
TRANSMISSIBILITE 0 20
Efficience du processus productif C6 21 21 25
EFFICIENCE 21 25
27 100
Indicateurs
Echelle de
durabilité
socioterritoriale
Sous-total:
Sous-total:
Sous-total:
Total:
Sous-total:
Sous-total:
Sous-total:
Organisation
de l’espace
Total:
Echelle de
durabilité
agroécologique
Ethique et
développement
humain
Qualité des
produits et des
territoires
Emploi et
services
Pratiques
agricoles
Diversité
Domestique
Echelle de
durabilité
économique
Total:
Sous-total:
Efficience
Transmissibilité
Sous-total:
Sous-total:
Sous-total:
Viabilité
Indépendance
87
Annexe 2 : Plan général de plantation de haies