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37 Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados) Revue archéol. Ouest, 19, 2002, p. 37-60. * INRAP Basse-Normandie, Boulevard de l’Europe, 14540 BOURGUEBUS. ** Pétrographie du mobilier céramique, Service Départemental d’Archéologie du Calvados, 36 rue Fred Scamaroni, 14000 CAEN. Manuscrit reçu le 23/02/1999, accepté le 19/07/1999. ENCLOS ET SOUTERRAIN DU SECOND AGE DU FER DANS LA PLAINE DE CAEN, L’EXEMPLE DE CORMELLES-LE-ROYAL (CALVADOS) Vincent CARPENTIER*, Cyril MARCIGNY* et Xavier SAVARY** avec la collaboration de Emmanuel GHESQUIÈRE* Résumé : Les travaux d’aménagement du périphérique sud de Caen ont permis de fouiller partiellement un établissement agricole de la fin de l’Age du Fer, marqué par trois phases d’occupation correspondant chacune à un enclos quadrangu- laire. Les enclos des deuxième et troisième phases abritent un habitat et sont délimités par deux enceintes successives de plan carré, qui ont conservé la même orientation et la même entrée. La troisième phase correspond à un agrandissement de l’espace enclos au-delà de l’ancien fossé d’enceinte, qui est remblayé. Aucun sol d’occupation n’a été conservé, mais un nombre important de structures a pu être enregistré, parmi lesquelles plusieurs bâtiments, fosses et fours, deux sépultures à inhumation ainsi qu’un grand souterrain à deux accès qui se rattache à la seconde phase d’occupation. Le lot céramique et le mobilier recueillis permettent de dater la seconde phase vers la fin de La Tène moyenne ou le début de La Tène finale, et la troisième phase vers la fin de la période. Abstract : The development works in Caen’s south ring road enabled a partial excavation, concerning a rural late Iron Age Settlement, that was marked by three occupation phases, each of them corresponding to one quadrangular enclosure. The ditches of the second and third occupation phases surrounded two succesive settlements, that kept the same orientation and entrance. The third phase corresponds to an extension of the enclosed surface, beyond the former surrounding ditch, that was filled in at that time. The occupation levels have been eroded away, but many structures have been nevertheless recorded, among them several buildings, pits and furnaces, and one large underground with two entrances, linked with the second occupation phase. Ceramics and other artefacts gathered, allow to date the second phase from the end of La Tène moyenne (C) or the beginning of La Tène finale (D), and the third phase from the end of that period. Mots-clés : Basse-Normandie, Calvados, Plaine de Caen, habitat rural, enclos, souterrain, sépultures, céramique, La Tène ancienne, La Tène finale. Key-words : Basse-Normandie, Calvados, Plaine de Caen, rural settlement, enclosure, underground, burials, ceramic, La Tène ancienne, La Tène finale. Le site de Cormelles-le-Royal a fait l’objet d’une fouille de sauvetage en 1994 conduite par V. Carpentier (INRAP). Lors du réexamen récent des structures et du mobilier issu de cette opération, il est paru opportun de proposer une présentation plus complète du site. PRÉSENTATION DU SITE ET DE LA MÉTHODE DE FOUILLE L’enclos mis au jour à Cormelles-le-Royal est localisé en limite sud de l’agglomération caennaise, dans l’em- prise de l’échangeur placé sur la route nationale RN 513 menant vers Falaise, à l’emplacement du carrefour avec la route départementale RD 229 qui relie les communes de Soliers et Cormelles-le-Royal (fig. 1). Le site s’inscrit dans l’environnement de la Plaine de Caen, qui offre un paysage d’openfield dominé par les cultures céréa- lières, et se caractérise par un relief très régulier sous la forme de larges plateaux limoneux de faible altitude. L’occupation mise au jour est établie dans une ancienne vallée sèche, de très faible déclivité. Comme dans toute la plaine caennaise, le sol superficiel est formé d’un niveau de limon décarbonaté brun-rouge de 30 à 40 cm d’épais- seur, surmontant une couche de loess épaisse de 1 m en moyenne. L’ensemble repose sur un substrat calcaire dont la formation remonte au Jurassique et au Bathonien moyen. Les structures archéologiques ont été essentiel- lement repérées au niveau du loess, à une profondeur moyenne de 50 cm sous la surface actuelle ; seules les plus profondes atteignent la plaquette calcaire sous- jacente.
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Enclos et souterrain du second Age du Fer dans la plaine de Caen, l'exemple de Cormelles-le-Royal (Calvados)= Enclosure and underground passage from the …

May 14, 2023

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Page 1: Enclos et souterrain du second Age du Fer dans la plaine de Caen, l'exemple de Cormelles-le-Royal (Calvados)= Enclosure and underground passage from the …

37Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

Revue archéol. Ouest, 19, 2002, p. 37-60.

* INRAP Basse-Normandie, Boulevard de l’Europe, 14540 BOURGUEBUS.** Pétrographie du mobilier céramique, Service Départemental d’Archéologie du Calvados, 36 rue Fred Scamaroni, 14000 CAEN.

Manuscrit reçu le 23/02/1999, accepté le 19/07/1999.

ENCLOS ET SOUTERRAIN DU SECOND AGE DU FER DANS LA PLAINE DE CAEN,

L’EXEMPLE DE CORMELLES-LE-ROYAL (CALVADOS)

Vincent CARPENTIER*, Cyril MARCIGNY* et Xavier SAVARY**avec la collaboration de Emmanuel GHESQUIÈRE*

Résumé : Les travaux d’aménagement du périphérique sud de Caen ont permis de fouiller partiellement un établissement agricole de la fin de l’Age du Fer, marqué par trois phases d’occupation correspondant chacune à un enclos quadrangu-laire. Les enclos des deuxième et troisième phases abritent un habitat et sont délimités par deux enceintes successives de plan carré, qui ont conservé la même orientation et la même entrée. La troisième phase correspond à un agrandissement de l’espace enclos au-delà de l’ancien fossé d’enceinte, qui est remblayé. Aucun sol d’occupation n’a été conservé, mais un nombre important de structures a pu être enregistré, parmi lesquelles plusieurs bâtiments, fosses et fours, deux sépultures à inhumation ainsi qu’un grand souterrain à deux accès qui se rattache à la seconde phase d’occupation. Le lot céramique et le mobilier recueillis permettent de dater la seconde phase vers la fin de La Tène moyenne ou le début de La Tène finale, et la troisième phase vers la fin de la période.

Abstract : The development works in Caen’s south ring road enabled a partial excavation, concerning a rural late Iron Age Settlement, that was marked by three occupation phases, each of them corresponding to one quadrangular enclosure. The ditches of the second and third occupation phases surrounded two succesive settlements, that kept the same orientation and entrance. The third phase corresponds to an extension of the enclosed surface, beyond the former surrounding ditch, that was filled in at that time. The occupation levels have been eroded away, but many structures have been nevertheless recorded, among them several buildings, pits and furnaces, and one large underground with two entrances, linked with the second occupation phase. Ceramics and other artefacts gathered, allow to date the second phase from the end of La Tène moyenne (C) or the beginning of La Tène finale (D), and the third phase from the end of that period.

Mots-clés : Basse-Normandie, Calvados, Plaine de Caen, habitat rural, enclos, souterrain, sépultures, céramique, La Tène ancienne, La Tène finale.

Key-words : Basse-Normandie, Calvados, Plaine de Caen, rural settlement, enclosure, underground, burials, ceramic, La Tène ancienne, La Tène finale.

Le site de Cormelles-le-Royal a fait l’objet d’une fouille de sauvetage en 1994 conduite par V. Carpentier (INRAP). Lors du réexamen récent des structures et du mobilier issu de cette opération, il est paru opportun de proposer une présentation plus complète du site.

PRÉSENTATION DU SITE ET DE LA MÉTHODE DE FOUILLE

L’enclos mis au jour à Cormelles-le-Royal est localisé en limite sud de l’agglomération caennaise, dans l’em-prise de l’échangeur placé sur la route nationale RN 513 menant vers Falaise, à l’emplacement du carrefour avec la route départementale RD 229 qui relie les communes de Soliers et Cormelles-le-Royal (fig. 1). Le site s’inscrit dans l’environnement de la Plaine de Caen, qui offre

un paysage d’openfield dominé par les cultures céréa-lières, et se caractérise par un relief très régulier sous la forme de larges plateaux limoneux de faible altitude. L’occupation mise au jour est établie dans une ancienne vallée sèche, de très faible déclivité. Comme dans toute la plaine caennaise, le sol superficiel est formé d’un niveau de limon décarbonaté brun-rouge de 30 à 40 cm d’épais-seur, surmontant une couche de loess épaisse de 1 m en moyenne. L’ensemble repose sur un substrat calcaire dont la formation remonte au Jurassique et au Bathonien moyen. Les structures archéologiques ont été essentiel-lement repérées au niveau du loess, à une profondeur moyenne de 50 cm sous la surface actuelle ; seules les plus profondes atteignent la plaquette calcaire sous-jacente.

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38 V. Carpentier et al.

En 1993, ce secteur fut soumis à un important projet d’aménagement du périphérique sud de Caen, entrepris par la D.D.E. du Calvados. Des sondages de diagnostic conduits par F. Delahaye et D. Flotté (INRAP) sur le tracé routier ont permis de mettre au jour un enclos qua-drangulaire qui a livré du matériel céramique et deux fibules en fer se rattachant à un contexte de La Tène finale. D’avril à juin 1994, la partie du gisement com-prise dans les limites de l’emprise du futur périphérique fit l’objet d’une fouille de sauvetage.

Cette opération a permis de mettre en évidence trois phases d’aménagement successives de l’enclos. L’essen-tiel des structures fouillées se rattache aux seconde et troisième phases, qui s’inscrivent entre la fin de La Tène moyenne et la fin de La Tène finale (fig. 2 à 4). Le site de Cormelles-le-Royal se rattache à un contexte d’occupa-tion particulièrement dense pour la fin du deuxième Age du Fer, concentré dans un secteur de plaine qui s’étend au sud et à l’est de Caen. Cette occupation prend la forme de vastes enclos quadrangulaires qui abritent de nombreuses structures domestiques ou artisanales, comme à Monde-ville, Ifs ou Cormelles-le-Royal. A l’exception de deux sépultures à inhumation en pleine terre à l’ouest de l’en-clos, l’occupation humaine est concentrée dans les limi-tes des enceintes quadrangulaires au sein desquelles un nombre important de structures ont livré divers objets manufacturés : fusaïole, barre de fer, céramique.

L’ensemble du gisement a été mis au jour à la suite d’un décapage mené à la pelle mécanique jusqu’au niveau supérieur du loess, à une profondeur moyenne de 50 cm sous la surface actuelle. A ce niveau apparaissent les pre-miers contours lisibles des creusements (fossés, fosses, trous de poteau…) qui sont seulement annoncés dans l’épaisseur de limon sus-jacente par quelques tessons ou

des nuances plus sombres. Les structures comprises dans les limites des enclos ont été explorées manuellement tandis que les fossés n’ont fait l’objet que de quelques sondages mécaniques dont le nombre est demeuré res-treint en raison de l’urgence de l’intervention. Les ves-tiges situés à l’extérieur des enclos ont été seulement relevés à la suite du décapage, leur éventuelle relation avec l’occupation de l’enclos demeurant impossible à déterminer en l’absence de niveau de sol conservé.

La fouille d’un souterrain mis au jour dans l’enclos a présenté une difficulté particulière, en raison du volume important de terre à dégager pour le curer, et de l’indis-pensable respect des règles de sécurité qui limitent la profondeur des sondages mécaniques. Dans un premier temps, le souterrain a fait l’objet d’une reconnaissance manuelle menée sur une faible profondeur, dans le but d’observer la stratigraphie horizontale. Puis la vidange de la chambre a été effectuée depuis la surface à l’aide d’une pelle mécanique, chaque changement d’horizon étant noté dès son apparition en vue de pouvoir restituer, à la fin de la fouille, les correspondances avec la stratigra-phie verticale relevée en coupe.

LE SYSTÈME FOSSOYÉ

Compte tenu de l’absence de sol d’occupation et de recoupements déterminants entre les structures, la chro-nologie relative du gisement repose essentiellement sur la mise en phase des fossés d’enclos. Ces derniers s’in-tègrent à un réseau complexe qui dépasse largement les limites de l’emprise routière, et se prolonge notamment vers un autre enclos situé au nord, comme l’attestent des clichés pris en prospection aérienne (fig. 1).

Fig. 1 : Cormelles-Le-Royal. Localisation et plan général des fouilles. a : décapage (emplacement de la fouille) ; b : structures relevées sur photos aériennes (DAO, V. Pommier, INRAP).

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39Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

ORGANISATION ET MISE EN PHASE DU SYSTÈME FOSSOYÉ

Les fossés les plus importants sont rectilinéaires, d’orientation nord-est – sud-ouest et nord-ouest – sud-est. Deux parmi ces derniers (fossés F1 et F2) délimitent un enclos quadrangulaire dont deux angles ont été recon-nus, à l’ouest et à l’est de la fouille. Un troisième grand fossé (F3) repéré en limite nord se prolonge au-delà de la surface ouverte et semble fermer la partie sud d’un second enclos situé au nord de l’emprise. Ces trois axes principaux sont environnés par plusieurs fossés de moin-dres dimensions, qui présentent plusieurs intersections

ainsi que des comblements et des ouvertures disparates. L’observation systématique, en coupe et en plan, de ces intersections permet de proposer un phasage général du gisement, articulé en trois phases d’occupation. Certains fossés cependant, n’ont pu être intégrés dans ce schéma évolutif, en raison soit de la faiblesse notable de leurs dimensions, qui limite d’éventuelles observations faites au niveau de la surface décapée, soit de la très faible lon-gueur de leur tracé comprise dans l’emprise.

L’analyse de la stratigraphie repose sur la comparaison des coupes qui ont pu être réalisées dans les fossés, et sur leur mise en relation avec la chronologie relative.

Fig. 2 : Cormelles-Le-Royal. Phase 1, en noir : fossé d’enceinte F3 (dessin E. Ghesquière, INRAP).

Fig. 3 : Cormelles-Le-Royal. Phase 2, en noir : fossé d’enceinte F2 et souterrain St. 80 (dessin E. Ghesquière, INRAP).

Fig. 4 : Cormelles-Le-Royal. Phase 3, en noir : fossé d’enceinte F1 et aménagements contemporains (dessin E. Ghesquière, INRAP).

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40 V. Carpentier et al.

La première phase d’occupation

La plus ancienne phase d’occupation identifiée est matérialisée par le grand fossé F3 (fig. 2). Son tracé épouse la limite nord de l’emprise et décrit deux angles arrondis à l’ouest et à l’est de la fouille, avant de remon-ter de part et d’autre vers le nord. Ses dimensions sont particulièrement importantes en comparaison de celles des autres fossés, son ouverture atteignant une largeur de 1,50 m au niveau du loess, pour une profondeur de 1,40 m sous la surface actuelle. Son remplissage est homogène, constitué de limon brun (fig. 5, n°1). Il ne révèle aucun matériel ni horizon anthropisé qui permette de supposer l’existence d’une occupation durable au nord de l’emprise. Son profil épouse la forme d’un V irrégulier et accuse un net ressaut sur son flanc nord, qui permet d’envisager l’existence d’une palissade dressée dans le fossé. Un certain nombre d’enclos protohistoriques de la Plaine de Caen se rattachent certainement à des fonc-tions agricoles : parcelles de culture, pâtures ou parcs à bestiaux, liées aux habitats qui les jouxtent. La première phase d’occupation du site évoque ce type d’aménage-ment ; elle n’a donc laissé aucun témoin matériel dans les limites de l’emprise et ne peut être datée.

Le fossé F3 est recoupé par les grands fossés d’enclos F1 et F2, qui correspondent aux deux phases postérieu-res. La fouille n’a pas permis d’établir avec certitude le lien entre les fossés F3 et F175, dont les tracés se pro-longent à l’est du fossé F2. Néanmoins, leur comblement et leur profil sont identiques, ce qui permet de supposer leur contemporanéité. Aucun élément de datation n’a été retrouvé dans ces fossés, qui de toute évidence consti-tuent la limite sud d’un vaste enclos situé en-dehors et au nord de l’emprise, sous la RN 512. Il est par contre évident que les orientations de cette première phase se rattachent déjà à un système de fossés d’orientation nord-est – sud-ouest et nord-ouest – sud-est, qui a condi-tionné a posteriori les orientations des fossés rattachés aux seconde et troisième phases d’occupation du site.

La seconde phase d’occupation

Cette seconde phase concerne le grand fossé structu-rant F2, qui délimite au nord un enclos quadrangulaire (fig. 3). Le fossé F2 présente un creusement en V, parti-culièrement marqué au niveau de son extrémité sud-ouest (fig. 5, n°2-4), qui entame profondément la plaquette cal-caire sur parfois plus d’un mètre, pour une profondeur totale supérieure à 2 m sous la surface actuelle. Sa stra-tigraphie est marquée par trois unités successives, nette-ment différenciées. La première unité, tapissant les parois et le fond du fossé, est constituée d’une épaisseur de limon brun homogène (fig. 5, n°2-4). Ce dépôt évoque un comblement naturel lent lié à une période de fonctionne-ment ouvert du fossé. Son absence au fond de l’extrémité sud-ouest du fossé peut être expliquée par un entretien particulièrement soigné à cet endroit, où l’on constate que les parois très régulières taillées dans le calcaire sont couvertes par une fine épaisseur de plaquettes délitées qui suggèrent une érosion due aux curages (fig. 5, n°2). La seconde unité stratigraphique est constituée d’une épais-seur de terre noire, formée de limon, de loess, contenant des cendres, charbons, tessons de poterie, pierres rubé-fiées, fragments de terre brûlée et coquilles de moules. Son profil indique un dépôt régulier et témoigne d’une fonction détritique durable, à la suite de laquelle le fossé s’est trouvé comblé à plus de la moitié de sa profondeur.

La présence d’éléments carbonisés et rubéfiés signale des niveaux d’incendie, qui peuvent être directement ou indirectement liés à la fin de la seconde phase d’occu-pation. La troisième unité stratigraphique est constituée d’une couche mêlant limon, loess et cailloutis calcaire, qui scelle le comblement du fossé sous la terre végétale. Le sondage pratiqué dans le côté ouest met en évidence le sens de dépôt de cette couche, à partir d’une con-centration de cailloutis calcaire dans la moitié est du remplissage (fig. 5, n°3). Ce phénomène témoigne d’un comblement effectué depuis l’intérieur de l’enclos, cer-tainement lors du remblaiement d’un talus interne, com-posé de limon et de loess encore chargé d’éléments de calcaire retirés lors du creusement du fossé.

Cet enclos est à son tour ceinturé par le fossé F1 qui respecte parfaitement son orientation, en épousant son tracé sur ses côtés ouest et nord. Un espace vierge de toute structure, large de 1 m, sépare les deux fossés, et pourrait correspondre à l’emplacement d’un talus. Le petit côté ouest du fossé F2 prend naissance à 1 m au nord de la ramification du fossé F1 vers le sud-est, ce qui témoigne d’une organisation commune des deux tracés, vraisemblablement à partir d’une entrée dans l’enclos, que l’on peut présumer située au milieu du côté ouest (cf. infra).

Le petit côté est du fossé F2 s’interrompt 6 m après son angle nord-est. Au sud de cette interruption, des remblais modernes d’extraction de plaquette calcaire ont perturbé le prolongement de ce fossé par le fossé F6 situé en vis-à-vis, et légèrement déporté vers l’est. La chronologie rela-tive de ces deux fossés est par ailleurs assez délicate à établir, en l’absence de recoupement. A plusieurs repri-ses, des fours circulaires en sape, concentrés dans les limites périphériques de l’enclos déterminé par le fossé F1, ont été aménagés dans le niveau supérieur du remplis-sage du fossé F2. Cette observation suppose l’antériorité du fossé F2 par rapport au fossé F1, dont l’établissement correspondrait ainsi à un agrandissement de l’espace enclos, au-delà et par-dessus l’ancien fossé F2, comblé et nivelé. Les relations évidentes de leur tracé indiquent néanmoins que les deux fossés F1 et F2 se rattachent à un même type d’occupation, marqué par deux états succes-sifs dans le tracé de l’enceinte. Il est en outre possible que les deux fossés d’enclos aient fonctionné simulta-nément durant un certain temps, avant le comblement définitif du fossé F2, délimitant ainsi pendant une durée indéterminée une enceinte double, peut-être liée à une volonté d’accroître temporairement la fonction protec-trice de l’enclos.

L’enclos de cette seconde phase d’occupation présente le plan rectangulaire habituel des enclos du second Age du Fer de la Plaine de Caen. En considérant que l’inter-ruption sud du fossé F2 correspond à l’entrée de l’enclos, et que celle-ci se situe au milieu du côté ouest, il est pos-sible d’estimer la surface totale de cet enclos à environ 3600 m2 (fossé compris, sur la base d’un plan carré), à partir de la longueur du côté nord (60 m), et du double du côté ouest (30 m).

La troisième phase d’occupation

Cette phase est matérialisée par le fossé F1, qui pré-sente le plus puissant creusement parmi les fossés du gisement (fig. 4). Il décrit deux angles droits au nord et à l’est de la fouille, le premier correspondant à une bifur-cation vers le sud-ouest jusqu’à son extrémité, observée

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41Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

juste avant la limite d’emprise, le second s’articulant sur un axe nord-est – sud-ouest et se poursuivant au-delà de l’emprise. Son tracé présente deux ramifications secon-daires. La première part de son grand côté nord et s’éloi-gne sur une vingtaine de mètres, en formant d’abord sur quelques mètres un angle aigu vers le sud, puis en redres-sant sa trajectoire de manière à se trouver parallèle au tracé principal. La seconde ramification constitue une division en deux branches de l’extrémité sud du petit côté

ouest, l’une se poursuivant vers le sud dans le prolonge-ment de l’enceinte, la seconde décrivant un angle droit vers l’est jusqu’au-dehors de la limite d’emprise. Cette ramification respecte l’interruption du fossé F2 et semble reprendre le même système d’entrée que la phase pré-cédente. Dans cette hypothèse, si l’on considère que la partie sud du fossé F177, situé à l’est de la surface de fouille, pourrait constituer le côté oriental de l’en-clos (hypothèse hélas invérifiable en raison des limites

Fig. 5 : Cormelles-Le-Royal. Profil et stratigraphie des fossés. 1 : limon ; 2 : limon et cailloutis calcaires ; 3 : limon brun clair ; 4 : limon brun avec charbons ; 5 : limon brun foncé ; 6 : limon avec cendres et pierres chauffées ; 7 : limon et terre rubéfiée ; 8 : limon mêlé de pierres calcaires non émoussées ; 9 : limon, loess, coquillages ; 10 : argile rubéfiée ; 11 : loess rapporté ; 12 : loess, 13 : loess, coquillages ; 14 : loess et cailloutis calcaires ; 15 : plaquettes calcaires (dessin E. Ghesquière, INRAP).

Fig. 6 : Cormelles-Le-Royal. Aménagements, sépultures et mobilier particulier des phases 2 et 3 (dessin E. Ghesquière, INRAP).

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42 V. Carpentier et al.

d’emprise), il est possible de proposer un calcul de sur-face estimatif pour cet enclos qui donne environ 6400 m2, soit la longueur du côté nord jusqu’à l’angle avec le fossé F177 (80 m) multipliée par le double de la longueur du côté ouest (40 m). En conservant l’hypothèse de restitu-tion de la phase 2, il apparaît que les côtés de l’enclos auraient été rallongés de 20 m à partir de la phase 3, soit du tiers de la longueur de l’enceinte précédente.

Au niveau stratigraphique, le fossé F1 présente un profil irrégulier, en V marqué par deux ressauts sur le côté nord (fig. 5, n°5), en U évasé sur le côté ouest (fig. 5, n°6), ou les deux successivement à l’extrémité sud du côté ouest où il se dédouble (fig. 5, n°7-9). Le com-blement des ramifications de l’extrémité sud et du côté nord est identique, composé de limon homogène vierge de tout indice matériel. Les sondages pratiqués dans le côté ouest ont montré une deuxième unité stratigraphi-que constituée d’un mélange de limon, de loess et de cailloutis calcaire, qui semble témoigner d’un remblaie-ment avec les matériaux retirés pour le creusement du fossé (fig. 5, n°6, 7). Cette couche remblayée se caracté-rise par un profil presque vertical qui permet de suppo-ser l’aménagement d’une palissade au milieu du fossé. Sur le côté nord, le profil du fossé s’accorde avec cette hypothèse (fig. 5, n°5). A l’extrémité sud du côté ouest, au niveau où le fossé commence à se ramifier, il semble que la palissade ait été doublée jusqu’à hauteur du fossé perpendiculaire F5 (fig. 5, n°7). Au-delà, les ramifica-tions de l’extrémité sud présentent un profil tendant vers le U, vierge de toute couche de remblai (fig. 5, n°8-9). A deux reprises, une troisième unité stratigraphique a été observée au niveau supérieur du remplissage, à l’extré-mité sud du côté ouest (fig. 5, n°7-8). Cette couche est constituée d’un limon brun clair mêlé de loess contenant des coquilles de moules. Elle s’est probablement formée à la suite de l’accumulation de détritus de surface contre la palissade (fig. 5, n°7) et au-delà de celle-ci au niveau de l’entrée présumée de l’enclos (fig. 5, n°8).

Deux fossés secondaires s’organisent autour de ce tracé principal. A l’est de l’emprise, le fossé F176 est perpen-diculaire au grand côté du fossé F1, et poursuit son tracé vers le nord. Particulièrement étroit au niveau de son embranchement sur le fossé F1, où son ouverture n’ex-cède pas 40 cm au niveau du loess, le fossé F176 s’élar-git vers le nord jusqu’à atteindre 1,50 m d’ouverture en limite de fouille. Le comblement de ce fossé secondaire est homogène, constitué de limon brun. Ces caractéristi-ques suggèrent une fonction de parcellaire agricole. Dans la partie ouest de la zone de fouille, le fossé rectilinéaire F5 d’orientation nord-ouest – sud-est est recoupé par la première ramification du fossé F1, et s’interrompt à hau-teur de l’angle décrit par la seconde, qui respecte une même orientation. L’une des ramifications à l’extrémité sud du fossé F1 recoupe le fossé F5, qui lui est donc anté-rieur. Cependant, ce dernier suit la même orientation que la deuxième ramification du fossé d’enclos, qui prolonge son tracé vers le sud-est. Cette observation témoigne de l’antériorité du fossé F5 par rapport à l’enclos délimité par le fossé F1, mais celui-ci semble avoir été établi à partir et dans le prolongement du fossé F5, reprenant vraisemblablement un axe de structuration du parcellaire antérieur mais toujours en vigueur. L’organisation de ces fossés renforce l’hypothèse d’une entrée à cet endroit, et indique peut-être le tracé d’un chemin vers le nord-ouest, qui serait bordé par le fossé F5, dont le profil est marqué par de nombreux recreusements (fig. 5, n°10). Enfin, une large dépression de faible profondeur a été relevée à l’in-

térieur de l’enclos au niveau de l’entrée présumée. Son comblement limoneux, non stratifié, présente un carac-tère hydromorphe qui suggère la présence d’une mare.

LES AMÉNAGEMENTS DE LA SECONDE PHASE D’OCCUPATION

L’ensemble des aménagements de l’enclos a fait l’ob-jet d’un échantillonnage et d’une fouille partielle dans le but de définir les principales caractéristiques des struc-tures fossoyées reconnues lors du décapage du site. A l’issue de la fouille, l’ensemble des aménagements a pu être rattaché avec certitude aux deuxième et troisième phases d’occupation du site. Il est par contre demeuré souvent impossible de départager les aménagements de la seconde phase et ceux de la troisième. Il semble que nombre de ces structures ait connu une utilisation con-tinue au cours de ces deux phases, et les seuls amé-nagements que l’on puisse rattacher exclusivement à la troisième phase consistent en une série de fosses et de fours établis par-dessus le comblement du fossé d’enclos et à l’emplacement du talus interne de la seconde phase d’occupation.

LES BÂTIMENTS

Deux ensembles de trous de poteau identifiés comme des fondations de bâtiments sont établis dans la zone cen-trale de l’enclos, l’un immédiatement au sud du fossé d’enclos F2, à l’est du souterrain (ensemble BT.2), et l’autre au sud de celui-ci (ensemble BT.1, fig. 6). Aucun niveau de sol d’occupation n’a été conservé en raison de l’état d’arasement du site et il s’avère donc impossible d’établir la relation chronologique de ces aménagements avec le phasage de l’enclos. L’absence de trou de poteau en-dehors des limites du fossé F2 permet cependant de rattacher ces deux ensembles à l’une des deux derniè-res phases d’occupation. Le plan exact de ces édifices demeure difficile à déterminer.

L’organisation des huit trous de poteau de l’ensemble BT.1 évoque un plan de charpente rectangulaire, enca-drant une structure excavée interprétée comme une cave (fosse 27). Les trous de poteau peuvent être circulaires, avec un diamètre d’une quarantaine de cm, ou ovales, mesurant 80 x 40 cm (fig. 7). En limite d’emprise, une mince épaisseur de limon grisâtre a été observée à la sur-face du décapage et correspond peut-être à un ultime ves-tige conservé de sol en terre battue. La fosse 27, mesurant 3 x 2,5 m, est excavée jusqu’à la plaquette calcaire, à environ 1 m sous la surface actuelle, et présente un rem-plissage homogène constitué de limon mêlé de loess et de pierres brûlées, qui évoque un remblaiement rapide. Sa situation dans l’ensemble BT.1, son fond plat et ses parois droites évoquent les caractéristiques d’une cave, qui était peut-être recouverte par un plancher dans le bâtiment.

L’ensemble BT.2 semble également être organisé à partir d’un plan rectangulaire fondé sur huit poteaux cir-culaires d’un diamètre approximatif d’une quarantaine de centimètre. D’autres trous de poteau et deux fosses sans mobilier dispersés dans le plan, témoignent d’amé-nagements internes qui demeurent indéterminés. Aucun élément ne permet d’attribuer cet ensemble à l’une des deux dernières phases d’occupation. Il est en effet impos-sible d’affirmer qu’un édifice pu être établi juste sur le rebord interne du fossé F2, voire par-dessus un éventuel talus, durant la seconde phase d’occupation. L’aligne-ment parfait du plan des trous de poteau par rapport au fossé et à la chambre du souterrain St. 80 serait même

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43Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

un argument en faveur de la proposition contraire. Aucun élément ne permet non plus de savoir si l’édifice n’a pas connu une occupation continue durant les seconde et troi-sième phases d’occupation.

Plusieurs fosses et trous de poteau dispersés dans la partie nord-ouest de l’enclos suggèrent la présence d’autres édifices liés à l’une des deux dernières phases, dont la nature demeure indéterminée (fig. 6). Un groupe de six trous de poteau semble pouvoir être isolé dans la partie centrale, constituant un plan rectangulaire pourvu d’une avancée triangulaire sur son petit côté nord (BT.3). Un autre groupe de trous de poteau, localisé dans l’angle

nord-ouest de l’enclos, semble se rattacher à la structure St. 163, pour former un édifice particulier (BT.4). Cette structure, St. 163, est excavée dans le loess et prend la forme d’un «T» déterminé par deux tranchées perpendi-culaires à parois droites et fond plat, larges de 0,50 m (fig. 8). L’établissement des deux tranchées respecte l’orien-tation des fossés F2 et F1, et s’inscrit parfaitement dans l’angle du premier, ainsi que dans le prolongement de la chambre du souterrain St. 80, qui correspond à la seconde phase d’occupation. Trois couples de petits trous de poteau encadrent les extrémités de la tranchée nord-sud et le milieu de la tranchée est-ouest, tandis qu’une

Fig. 7 : Cormelles-Le-Royal. Plans détaillés des bâtiments BT1 et BT2. 1 : limon brun avec charbons ; 2 : trou de poteau ; 3 : fosse et fossé (dessin V. Carpentier, INRAP).

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sorte de glissière a été réalisée dans les parois et le fond de la tranchée est-ouest, peu après son intersection avec la tranchée nord-sud. Ces aménagements évoquent un système de trappe et de couloirs de déversement, débou-chant peut-être de part et d’autre d’un édifice bâti au-des-sus de la structure St. 163. Cette hypothèse est renforcée par la présence d’un plan incliné observé à l’ouverture de l’extrémité sud de la tranchée nord-sud, qui dépasse légèrement l’alignement de trois trous de poteau. Enfin la tranchée est débouche dans une vaste fosse (fosse 162) dont le remplissage, constitué d’un remblai limoneux homogène, n’a livré aucun mobilier. Cet ensemble pour-rait être interprété comme une structure de stockage souterraine, vraisemblablement recouverte par un édi-

fice sur poteaux doublé d’un plancher. Certaines similitu-des sont apparues avec le plan, au demeurant beaucoup plus important, mis au jour à Villeneuve-Saint-Germain (Debord et al., 1988).

STRUCTURES ANNEXES

Cette catégorie regroupe plusieurs structures relevées à la périphérie des bâtiments, dont la fonction d’annexe, à vocation domestique ou artisanale, semble pouvoir être retenue au vu de leurs caractéristiques.

Trois fosses subrectangulaires (fosses 19, 20 et 178) situées dans l’angle nord-ouest du fossé F2, à proximité immédiate de l’ensemble BT.4, présentent un creusement

Fig. 8 : Cormelles-Le-Royal. Aménagements de l’angle nord-ouest de l’enclos F3. 1 : trous de poteau ; 2 : pierres calcaires ; 3 : limon rubéfié ; 4 : limon avec cendres et pierres chauffées ; 5 : fosse et fossé (dessin V. Carpentier, INRAP).

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45Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

et des aménagements comparables : fond plat, parois droites excavées dans le loess à faible profondeur, instal-lation d’un poteau au centre ou sur l’un des côtés (fig. 8). Ces petites structures mesurent environ 2 x 1,5 m et se rapprochent d’un type de « fonds de cabane », très commun au niveau régional durant toute l’Antiquité jus-qu’au début du Moyen Age, qui étaient sans doute recou-verts par une toiture légère supportée par un ou deux poteaux et quelques piquets. La vocation artisanale de ces constructions, en l’occurrence liées à l’activité textile sur métier vertical, est ici attestée par la découverte d’une fusaïole en terre cuite. Leur concentration dans cet angle nord-ouest de l’enclos, à proximité immédiate de l’un ou l’autre des fossés, signale un caractère annexe par rapport aux bâtiments précédents.

Une dernière structure excavée (fosse 116) a été fouillée au voisinage de l’ensemble BT.1. Il s’agit d’une fosse rectangulaire de 4 x 2 m, à parois droites et fond plat, excavée jusqu’à la plaquette calcaire à 1,20 m de profon-deur sous la surface actuelle. Un accès a été aménagé sur son petit côté nord, sous la forme d’un petit escalier taillé dans le loess et le calcaire, encadré au fond par deux trous de poteau, qui étaient sans doute destinés à supporter une couverture légère. Le comblement de la fosse est consti-tué d’un remblai limoneux homogène qui n’a livré aucun matériel. Il est très probable que cette fosse ait constitué une annexe extérieure au bâtiment BT.1, remplissant une fonction de cave destinée au stockage.

Le souterrain (structure 80) (photos 1 à 6)

Au regard de ses dimensions, le souterrain est la struc-ture la plus importante comprise dans les limites de l’en-clos déterminé par le fossé F2. Son ouverture en surface prend la forme de deux fosses oblongues accolées, paral-lèles au fossé d’enceinte et comblées de limon brun. La fosse sud correspond à la chambre, et mesure 6 m de long pour 1,50 m de large (fig. 9). Le fond plan atteint une pro-fondeur de 3,40 m sous la surface actuelle, les deux der-niers mètres étant excavés dans le substratum calcaire. La fosse nord présente un profil en cuvette et a été creu-sée jusqu’à une profondeur maximale de 1,20 m dans le loess, entaillant la partie supérieure de la paroi nord du souterrain.

Deux accès mènent à la chambre. Le premier, situé à l’extrémité ouest, consiste en un escalier taillé dans le calcaire, large de 1,20 m et long de 2 m. Cet escalier débouche sur l’entrée principale de la chambre, qui est marquée par un resserrement des parois formant une cha-

Photo 1 : Vue de l’angle nord-ouest de l’enclos, avec la structure 163 (cliché V. Carpentier, INRAP).

Photo 2 : Vue de la chambre du souterrain St. 80, depuis l’est (cliché V. Carpentier, INRAP).

tière voûtée à son sommet, large de 80 cm, haute de 1 m et profonde de 70 cm. Le second accès, de moindre dimension, prend la forme d’un couloir latéral long de 3,80 m qui débouche dans le fossé d’enceinte F2. La lar-geur de ce couloir est de 1,15 m au débouché dans le fossé, puis se rétrécit progressivement jusqu’à la cham-bre, atteignant 55 cm au niveau de l’entrée. En contrebas ont été aménagées quelques marches, les deux premiè-res étant taillées dans la roche, tandis que la dernière est constituée par trois rangs superposés de plaquettes cal-caires liées au loess. L’ouverture du couloir, taillée dans la paroi calcaire de la chambre, est rectangulaire. Ses angles vifs témoignent d’un soin particulier dans le tra-vail de taille ; elle est haute de 80 cm et large de 60 cm.

Au niveau de l’entrée ouest, trois solides madriers étayaient l’intérieur de la chambre. Deux étaient dispo-sés verticalement de part et d’autre de l’entrée, leur base se trouvant enchâssée dans une fosse carrée de 60 cm de côté taillée dans la roche. Ils soutenaient un troisième madrier horizontal, qui a été logé horizontalement dans une encoche visible dans la paroi sud, puis enfoncé ver-ticalement depuis la surface dans une seconde encoche visible dans la paroi nord (fig. 9).

La coupe stratigraphique de la chambre permet de res-tituer la dynamique de son comblement après l’abandon du souterrain (fig. 10). La moitié supérieure du remplis-sage consiste en une couche homogène de limon brun décarbonaté, mêlé à du loess dans sa partie inférieure, qui contient quelques pierres calcaires dispersées. Cette couche correspond au niveau de condamnation terminal de la chambre et n’a fourni aucun mobilier. La moitié

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46 V. Carpentier et al.

0

3 m

Entrée nord

B B'

Entrée ouest

A A'

3

1

2

A

A'

BB

'

Autre structure apparue au décapage Trou de poteau

LEGENDE DU PLAN

Logement de l'étai horizontalLogement de l'étai verticalEntrée du diverticule

1

2

3

LEGENDE DES COUPES

F2

Fig. 9 : Cormelles-Le-Royal. Coupes et plan du souterrain St. 80 (DAO, L. Legaillard, INRAP).

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47Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

Photo 3 : Vue de l’entrée principale ouest du souterrain St. 80, depuis l’intérieur de la chambre (cliché V. Carpentier, INRAP).

Photo 4 : Vue de la voûte d’entrée du souterrain St. 80, encadrée par les logements des madriers verticaux taillés dans le calcaire, et de l’ac-cès latéral nord, depuis l’intérieur de la chambre (cliché V. Carpentier, INRAP).

inférieure du remplissage se compose quant à elle de plu-sieurs couches de loess remanié, superposées horizon-talement et plus épaisses le long des parois, qui se sont déposées en alternance avec des horizons de limon brun décarbonaté mêlé soit de loess, soit de cendres et de charbons de bois. Les niveaux de plaquette calcaire désagrégée et de loess remanié semblent provenir de la dégradation des parois de la chambre. L’alternance entre les couches de loess et de plaquette calcaire et les hori-zons charbonneux, dont les plus épais sont situés à mi-hauteur du remplissage, montre que l’effondrement s’est opéré en plusieurs étapes. Deux horizons de limon brun décarbonaté ont été piégés dans le comblement ; l’un

s’est déposé au fond de la chambre, recouvrant une mince épaisseur charbonneuse, et l’autre à mi-hauteur.

La relation stratigraphique entre l’ouverture de l’accès latéral et le fossé d’enceinte n’a pu être mise en évidence, en raison de la faible différenciation des remplissages limoneux. En outre, la méthode retenue pour la vidange de la chambre n’a pas permis d’étudier de manière pré-cise la relation entre le couloir et la chambre. Seule la relation stratigraphique entre l’entrée principale ouest et la chambre a pu être observée, grâce à la conservation de la voûte d’entrée lors de la fouille. Constitué de limon brun, le bouchon qui condamnait l’entrée principale a livré quelques charbons de bois et de nombreux blocs de terre rubéfiée, partiellement calcinées. Ces éléments sont absents du remplissage de la chambre, qui est majoritai-rement constitué de loess.

Cette stratigraphie présente une nette concordance avec celle du fossé F2 dans lequel débouche l’entrée latérale du souterrain (fig. 5, n°3-4). Les niveaux d’effondre-ment du plafond observés dans la moitié inférieure de la chambre, sont surmontés par une épaisseur de limon mêlé de loess et de débris calcaires, identique au com-blement supérieur du fossé, vraisemblablement consécu-tif au remblaiement d’un talus interne. L’écart entre le débouché de l’entrée latérale et la chambre pourrait à ce titre correspondre à la largeur de ce talus, l’accès débou-chant à l’extérieur de celui-ci dans le fossé ouvert. En outre, la couche supérieure de remblai du fossé équivaut également au comblement de cette entrée latérale, qui pour cette raison n’a pu être différenciée au cours de la fouille. Enfin, le bouchon limoneux condamnant l’en-trée principale du souterrain a livré des éléments calcinés

Photo 5 : Vue de la coupe et des marches parementées dans l’accès laté-ral nord, depuis l’intérieur du fossé 2 (cliché V. Carpentier, INRAP).

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(terre cuite, charbons) et de la céramique qui permettent de le rapprocher de la seconde unité stratigraphique du fossé F2, nettement anthropisée et chargée d’éléments d’incendie. Cette couche a obturé l’entrée de la chambre et s’est tassée au niveau de l’étranglement formé par l’étayage de la voûte d’entrée, au contact de la couche correspondant à l’effondrement du plafond. Les deux plages de limon décarbonaté piégées en alternance au fond et à mi-hauteur de la chambre correspondent vrai-semblablement à des glissements ponctuels de la terre du bouchon d’entrée, sur le fond de la chambre puis par-des-sus les niveaux d’effondrement du plafond.

Il apparaît donc que le souterrain est très vraisembla-blement contemporain de la seconde phase d’occupation matérialisée par le fossé F2. Le lot céramique recueilli dans le bouchon de l’entrée peut être rapproché de celui de la seconde unité stratigraphique du fossé d’enclos F2.

Il est généralement admis que ce type de structure remplissait une fonction de stockage au sein de l’habi-tat. L’utilisation d’un souterrain à des fins de stockage répond à des impératifs de conservation courte de den-rées périssables, notamment des céréales. L’absence sur la partie explorée du site de silos excavés ou de greniers sur poteaux tend à renforcer cette hypothèse. On sait d’autre part que des souterrains à deux accès sont men-tionnés en Grande-Bretagne par Diodore de Sicile (Ier s. av. J.-C.), un accès secondaire permettant d’atteindre les épis les plus anciens, stockés au fond de la chambre et consommés en premier. A l’instar des fossés d’enceinte, l’ampleur des travaux nécessaires à l’édification d’une telle structure reflète une importance particulière au sein

Fig. 10 : Cormelles-Le-Royal. Coupe-perspective du souterrain et stra-tigraphie relevée au fond de la salle. a : loess ; b : limon brun ; c : limon brun et loess ; d : limon brun et cendres (DAO, L. Legaillard, INRAP).

b ca d

LOESSCALCAIRE

0

50 cm

SALLE

Entrée nord

Entrée ouest

de l’habitat. L’excavation de la chambre a nécessité le dégagement d’environ 30 m3 de matériaux, dont les deux tiers composés de roche calcaire, qu’il a fallu détacher au pic. Au regard de la masse de travail que représente une telle excavation, il est évident qu’il s’agissait d’un ouvrage collectif, vraisemblablement destiné au stockage et à la conservation des grains pour l’ensemble de la communauté vivant dans l’enclos.

LES STRUCTURES DE COMBUSTION

Plusieurs fours circulaires ont été repérés sur le tracé des fossés F2 et F3, au niveau supérieur de son remplis-sage, dans les angles concernés par la fouille (fig. 11). Ce type de structure désormais classique, est présent dès le Bronze moyen (Marcigny et Ghesquière, 1996) mais sur-tout très fréquent sur les sites de l’Age du Fer, pour les-quels les gisements régionaux en ont livré de véritables

Photo 6 : Détail du logement d’un madrier vertical et du madrier hori-zontal de la voûte d’entrée, depuis l’intérieur de la chambre (cliché V. Carpentier, INRAP).

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49Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

batteries (Jigan, 1990 et San Juan et al., 1994). Les fours sont associés à une concentration de fosses charbonneu-ses, notamment dans l’angle nord-est de l’enclos, dont plusieurs sont postérieures au fossé F2 et à la seconde phase d’occupation. La fosse d’accès, et parfois la tota-lité de la structure, est située dans les dépressions des fossés. La chambre de chauffe, creusée en sape dans le limon, présente un profil en cuvette. Son diamètre varie de 0,80 m à 1,20 m. La sole est constituée d’un lit de pierres calcaires contenant souvent des clous en fer et des esquilles d’os brûlé, destinés à élever la température de chauffe. A Cormelles, les chambres sont arasées et le mode de couverture du four est donc inconnu. Les fours de Cormelles ont pu fonctionner avec tirage vertical et foyer unique. Leur concentration suggère l’existence

d’un secteur d’activité réservé dans l’angle nord-est de l’enclos.

LES FOSSES

Ce type de structure est largement majoritaire sur le site et concerne l’ensemble de la surface enclose pour les deux dernières phases d’occupation. Les délais impartis n’ont pas permis la fouille exhaustive de ces structures, aussi a-t’il été décidé d’échantillonner la fouille en fonc-tion du plan et du comblement observés après le déca-page.

Un certain nombre de fosses a été isolé, qui se trou-vait manifestement en relation avec des bâtiments, rem-plissant une fonction de cave, ou avec certaines activités

Fig. 11 : Cormelles-Le-Royal. Plan détaillé des fours de l’angle nord-est de l’enclos. 1 : limon rubéfié ; 2 : limon avec cendres et pierres chauffées ; 3 : limon brun et charbons ; 4 : fosse et fossé (dessin V. Carpentier, INRAP).

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50 V. Carpentier et al.

artisanales, comme les fosses-ateliers de l’angle nord-ouest ou les fosses-cendriers qui se rattachent aux struc-tures de combustion décrites plus haut. Ces structures présentent des profils différents, soit un plan rectangu-laire ou subrectangulaire associé à un comblement limo-neux dans le premier cas de figure, soit un plan circulaire ou ovale associé à un comblement noirâtre charbonneux pour les fosses-cendriers.

Les structures restantes consistent essentiellement en des fosses à contours ovales, parfois polylobées et mar-quées par plusieurs recreusements successifs. Quelques fosses de plan rectangulaire se distinguent de cet ensemble, notamment deux structures parallèles au fossé F2 qui se situent à l’ouest et dans le prolongement du souterrain (St. 80, fig. 3). Aucun élément déterminant, tel que mobi-lier caractéristique ou variation perceptible dans la nature du comblement, ne permet d’en proposer une interpré-tation fonctionnelle. Le creusement des fosses rectangu-laires correspond à des parois droites et à un fond plat, et suggère un soin plus marqué dans l’installation de la structure, qui se vérifie dans sa position par rapport au fossé d’enclos ou à d’autres structures importantes comme le souterrain. Les fosses de plan ovale sont con-centrées en grappes dans la partie centrale est et près de l’entrée de l’enclos formé par le fossé F2 (fig. 3). Leur comblement limoneux est homogène, et a livré des tessons de céramique associés à des rejets alimentaires (débris de coquilles et d’os), des charbons et de la terre cuite en quantité réduite. La vocation détritique de ces structures semble acquise. Il est très vraisemblable que la plupart de ces creusements trouvent leur origine dans une succession d’extractions ponctuelles de matériau, éche-lonnées au fil de l’occupation du site, notamment dans le but de produire certains objets en terre cuite ou d’ef-fectuer des réparations ponctuelles sur les bâtiments et autres superstructures de terre comprises dans l’enclos.

Fig. 12 : Cormelles-Le-Royal. Sépulture SP1 et mobilier associé (dessin E. Ghesquière, INRAP).

Fig. 13 : Cormelles-Le-Royal. Sépulture SP2 (dessin E. Ghesquière, INRAP).

LES SÉPULTURES

Deux inhumations (SP.1 et SP.2) ont été mises au jour à l’ouest de l’entrée de l’enclos le plus récent, non loin du fossé F5 (fig. 6, 12 et 13).

Les ossements, relativement mal conservés, ont néan-moins permis d’identifier un adulte et un jeune individu, tous deux déposés en décubitus dorsal. Aucune trace de la fosse d’inhumation n’a été observée pour l’une d’en-tre elles (SP.2) et il semble que les corps ont été déposés en pleine terre. La sépulture du plus jeune individu SP.1 a livré deux fibules en fer, qui en l’absence de compa-raison régionale précise peuvent être datées par analo-gies avec des ensembles plus orientaux (Hatt et Roualet, 1977 et Kaenel, 1990), l’une de La Tène B2 et l’autre qui présente un arc surbaissé en archet de violon de La Tène B1.

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51Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

Le lien spatial entre les sépultures et les enclos est bien entendu impossible à réaliser. Il est cependant possible de rapprocher les deux inhumations des vestiges de la première phase (qui pourrait alors être datée de La Tène ancienne).

LE MOBILIER - ANALYSE ET DATATION

NATURE ET PROVENANCE DU MOBILIER

La quasi-totalité du mobilier recueilli est représentée par la céramique. Quelques objets manufacturés ont été également découverts dans les limites de l’enclos déter-miné par le fossé F2. Il s’agit d’une fusaïole en terre cuite provenant d’une fosse-atelier de l’angle nord-ouest, et surtout d’une barre de fer à douille (très bien conservée), longue de 48 cm, mise au jour dans l’US 2 du fossé F2, au niveau de sa terminaison sud, en association avec de la céramique, des cendres, charbons et de nombreux ossements d’animaux disposés pêle-mêle dans le rem-plissage (fig. 6). La pièce est de section rectangulaire (3,5 x 1,5 cm) ; sa pointe est arrondie et porte des traces d’usure, tandis que son autre extrémité se termine en une douille formée par deux replis latéraux réunis autour d’une gorge de façon à être presque jointifs (fig. 14). Des trouvailles similaires ont été faites sur plusieurs sites de l’Age du Fer et notamment à Danebury, où le plus grand atteint 69 cm de long (Cunliffe, 1984). Ces objets ont parfois été interprétés comme des socs d’instrument ara-toire, en raison des traces d’usure de la pointe et de l’em-manchement vertical auquel est destinée la douille. Des publications plus récentes tendent à interpréter ce type d’objet comme des lingots de fer, ou « currency bars », sous la forme de barres allongées, pourvues d’une extré-mité effilée permettant leur manipulation avec une pince. Des exemplaires laténiens pourvus d’une large gouge, comparables à celui de Cormelles-le-Royal, ont été mis au jour à Roanne dans la Loire (Lavendhomme et Guichard, 1997, p. 163) et Trohimon/Tronoën dans le Finistère (Duval, 1990, fig. 9 n°5). Ces lingots cons-titueraient un groupe secondaire dans la production laténienne, par rapport au type dominant des lingots bipyramidaux (Jacobi, 1974 ; Mangin, 1992). Un essai de typologie a été mené par Rees en 1979, qui distingue deux groupes en fonction de la taille, les plus grands se rattachant au second groupe, qui correspond outre-Man-che à des contextes romano-britanniques. Cette datation concorde avec le contexte chronologique de la fin du second Age du Fer établi à Cormelles-le-Royal à partir de la céramique. Toutefois, il faut nuancer ces résultats en considérant l’impossibilité de connaître la longueur ori-ginelle de la plupart de ces pièces, dont les différences de longueur peuvent simplement découler d’un état d’usure plus ou moins avancé.

LE MOBILIER CÉRAMIQUE

La dernière phase de fréquentation du site a livré un mobilier, essentiellement céramique, suffisamment dis-criminant et abondant pour proposer une approche typo-chronologique. Celle-ci repose sur un corpus incomplet, les différentes structures de la troisième phase n’ayant fait l’objet que d’un échantillonnage réduit à sa plus simple expression. Il a donc été décidé, dans le cadre de cette étude, d’éluder complètement tous les problèmes de quantification et de répartition spatiale du mobilier. Les

Fig. 14 : Cormelles-Le-Royal. Barre de fer à douille du fossé F2 (dessin D. Giazzon, INRAP).

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52 V. Carpentier et al.

éléments remarquables de la série ont été individualisés sur les critères de formes, de décors, ou d’organes de préhension. Ils ont chacun fait l’objet d’une description complète et d’une reconstitution graphique.

Le mobilier céramique : technologie

L’état de conservation des céramiques est extrême-ment variable. Certains individus ont subi l’action du feu et d’autres ont été corrodés par le milieu d’enfouisse-ment. L’étude technologique n’apporte donc que des élé-ments partiels. Les couleurs des vases varient d’orange à noir, plus rarement les récipients présentent une surface externe de teinte jaune. La technique de montage a été examinée sur de rares unités céramiques, les montages au colombin et au tour semblent représentés à part égale. Les traitements de surface, lorsqu’ils ont pu être observés, appartiennent à deux catégories ; la première regroupe les surfaces brutes ou ayant juste fait l’objet d’un raclage ou d’un peignage sommaire et la seconde les formes à sur-face finement lissée. La partition entre céramique fine et céramique grossière n’est pas ici discriminante, l’échan-tillonnage étant trop restreint. Il semble cependant que la céramique grossière domine le corpus.

Etude pétrographique des éléments céramiques

Les nombreux tessons récoltés sur le site de Cormel-les-le-Royal ont subi une première étape de triage par examen macroscopique à la loupe binoculaire. Les surfa-ces fraîches ont été observées et ont permis de différen-cier plusieurs catégories de pâte en fonction de la nature des inclusions non plastiques. Trois grandes catégories ont été définies : les pâtes à bioclastes, les pâtes à glau-conies et les pâtes à grains siliceux. La sélection pour l’étude pétrographique a retenu des échantillons appar-tenant à ces trois catégories ou à des faciès marginaux, ainsi que des échantillons représentant des typologies particulières.

L’étude pétrographique s’appuie ainsi sur 23 échan-tillons. Chaque tesson, peu cuit et friable, a été imprégné par de la résine et érodé jusqu’à 30 micromètres (épais-seur standard pour les observations en lame mince).

L’analyse des lames minces a été effectuée au micros-cope polarisant. Pour chaque lame mince, des analyses quantitatives et qualitatives ont été effectuées afin de caractériser les différents types de pâtes. Les proportions de matrice, de porosité et d’inclusions non plastiques ont été estimées semi-quantitativement par l’intermédiaire de chartes de comparaison (Matthew et al., 1991). Le comptage des diverses inclusions a été réalisé de façon systématique par balayage de la lame mince et relevé manuel des éléments inscrits dans une grille micrométri-que montée sur l’oculaire. Ces résultats figurent dans le tableau 1.

Résultat de l’analyse pétrographique

Cette analyse révèle six types de pâtes qui se différen-cient par la nature de leurs inclusions non plastiques. Des variations à l’intérieur de ces types nécessitent parfois la constitution de sous-groupes qui seront présentés suc-cinctement dans ce chapitre.

Type I, à bioclastes fossiles (photo 7)Le type I regroupe les pâtes à bioclastes fossiles, il repré-

sente la grande majorité des céramiques de Cormelles-

le-Royal. Ces bioclastes sont des débris de coquilles d’huîtres, d’échinodermes, de bryozoaires et de bra-chiopodes présentant un très mauvais classement. Les éléments les plus fins envahissent souvent la matrice argi-leuse et les plus grossiers peuvent atteindre 6 mm. Dans le sous-groupe I.1 (échantillons COR A, COR B, COR 13, COR 16, COR 17, COR 18, COR 19 et COR 20), ces bioclastes sont associés à des lithoclastes calcaires et à des quartz de petite taille disséminés dans la matrice. Ces pâtes contiennent parfois des ponctuations rougeâ-tres correspondant à des zones de concentrations ferru-gineuses. Deux échantillons présentent des microfaciès originaux qui définissent les deux autres sous-groupes. L’un d’entre eux (sous-groupe I.2, COR 11), fortement bioclastique, présente de nombreux quartz, des fragments de roches carbonatées et des grains de chamotte. L’autre échantillon (sous-groupe I.3, COR 10), peu bioclastique, comporte de nombreux quartz de tailles similaires, asso-ciés à des fragments de grès et de roches carbonatées.

Type II, à glauconies (photo 8)Le type II est composé des pâtes à quartz et à grains

de glauconie. Les proportions de ces deux constituants varient selon les tessons de un quartz pour une glauco-nie à plus de deux quartz pour une glauconie. Les grains glauconieux sont mal classés, tout comme les quartz, la taille de ces deux éléments varie d’une lame à l’autre. De fines paillettes de micas blancs de type muscovite et de rares tourmalines composent le cortège secondaire.

Les pâtes du sous-groupe II.1 (échantillons COR 2, COR 6, COR 7, COR 8 et COR 14) ne présentent pas d’autres inclusions remarquables alors que celles du sous-groupe II.2 (échantillons COR 5 et COR 9) compor-tent une légère proportion d’éléments carbonatés (grains micritiques et sparitiques, très rares bioclastes).

Type III, à quartz, feldspaths, micas et débris de roches magmatiques (photo 9)

Ces pâtes (échantillons COR 4 et COR 12) contiennent des quartz, des orthoses, des plagioclases très fortement altérés, des micas (biotites et muscovites) et des frag-ments de roches magmatiques. Ces derniers sont com-posés de quartz en plages xénomorphes montrant une extinction roulante, d’orthoses souvent perthitiques, de plagioclases fortement altérés, de biotites en fines paillet-tes ou en lamelles chloritisées, et de fines paillettes de muscovite parfois en gerbes. Ces inclusions sont soient, très mal classées, variant de la taille des limons à celle des sables très grossiers (échantillon COR 12), soient, grossières et dominées par une fraction limoneuse com-posée de quartz et de grains silicatés microcristallins (échantillon COR 4). La nature des inclusions suggère une origine magmatique. La composition des lithoclastes témoigne également de cette origine. Alors que l’organi-sation de l’échantillon COR 12 atteste de toute évidence de l’utilisation d’une argile monogénique de type altérite de granitoïde, la fraction fine observée dans l’échantillon COR 4 ne semble pas issue d’une telle argile. Il pourrait s’agir, dans ce dernier cas, d’un mélange de deux argiles ou de l’apport d’un sable ou d’un broyât de granitoïde dans une argile plus fine.

Type IV, à quartz, feldspaths et débris de roches sédi-mentaires (photo 10)

Dans les pâtes du type IV (échantillons COR 3 et COR 15), deux fractions granulométriques semblent cohabiter. La fraction fine est composée de quartz, de feldspaths et

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53Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

Photo 7 : Microfaciès du type I, sous-groupe I.1. Nombreux bioclastes et rares quartz. Echantillon COR 17 (x25), Lumière Polarisée Analysée (cliché X. Savary, SDAC).

Photo 8 : Microfaciès du type II, sous-groupe II.1. Nombreuses glauco-nies (grains marron) et quartz. Echantillon COR 8 (x25), Lumière Pola-risée Analysée (cliché X. Savary, SDAC).

Photo 9 : Microfaciès du type III. Nombreux quartz très lumineux, feldspaths et lithoclastes magmatiques (à gauche) à composition de quartz, d’orthoses et de biotites. Echantillon COR 12 (x25), Lumière Polarisée Analysée (cliché X. Savary, SDAC).

Photo 10 : Microfaciès du type IV. Quartz, feldspaths et débris de roches sédimentaires. Echantillon COR 3 (x25), Lumière Polarisée Analysée (cliché X. Savary, SDAC).

Photo 11 : Microfaciès du type V. Quartz et débris de grauwacke. Echantillon COR 1 (x25), Lumière Polarisée Non Analysée (cliché X. Savary, SDAC).

Photo 12 : Microfaciès du type VI. Quartz et bioclastes. Echantillon COR 21 (x100), Lumière Polarisée Analysée (cliché X. Savary, SDAC).

de grains siliceux microcristallins de la taille des limons grossiers aux sables très fins. La fraction grossière, com-prenant des tailles comprises entre les sables fins et les sables très grossiers, est représentée par des quartz, des feldspaths (plagioclases, microclines, orthoses), des grains silicatés microcristallins et des fragments de roches sédimentaires (grès, grauwackes et siltites à schistosité de flux). Des grains présentant une structure mylonitique peuvent avoir une origine filonienne. La fraction gros-sière, subarrondie, présente manifestement des signes

de remaniement. Ces deux familles de grains, malgré leur discontinuité granulométrique, ont une composition minéralogique voisine (quartz, feldspaths et grains micro-cristallins) et semblent avoir pour origine le même envi-ronnement géologique. En raison de la présence des siltites, des grauwackes et des grès, ainsi que de la pré-sence dans le cortège secondaire de zircon et de tourma-line, cet environnement est à rechercher dans le Massif armoricain.

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55Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

Type V à quartz, grains silicatés microcristallins et débris de siltites (photo 11)

Ce type est représenté par un seul échantillon (COR 1). Il est caractérisé par une fraction limoneuse composée essentiellement de quartz et de grains silicatés micro-cristallins dominant une fraction plus grossière de même composition sans hiatus granulométrique détectable. La fraction fine quartzeuse est accompagnée de rares felds-paths, d’un cortège secondaire correspondant à des mus-covites, des tourmalines et de rares zircons. La présence de fragments non usés de grauwackes dans cette pâte suggère un environnement géologique voisin de celui du type précédent.

Type à grains fins de quartz et à bioclastes fins (photo 12)

L’unique représentant de ce type (COR 21) présente un cortège principal composé de quartz et de bioclastes de la taille des limons. Généralement monocristallins, les quartz sont subsphériques et subanguleux à subarrondis. De rares feldspaths, des muscovites et des tourmalines viennent enrichir cette fraction fine. Les bioclastes sont fortement micritisés, beaucoup d’entre eux ne sont que des débris usés et micritisés proches du pellétoïde. Ils sont généralement méconnaissables, leur observation a toutefois révélé des bioclastes de bivalves, de brachiopo-des et de forraminifères. D’autres éléments sont présents, ce sont des grains sparitiques et de rares glauconies.

Provenances de la matière première

L’abondance et la nature des bioclastes observés dans le type I.1 permettent de rapprocher ces pâtes des niveaux de marnes jurassiques, omniprésentes dans la plaine de Caen. La présence de bioclastes d’huîtres en association avec des bioclastes d’échinodermes, de bryozoaires et de brachiopodes témoigne de la position stratigraphique des argiles originelles. En effet, de telles argiles sont représentées dans le Bathonien terminal de la Plaine de Caen, elles correspondent aux argiles de Lion-sur-Mer et au Bathonien terminal-Callovien inférieur indifféren-ciés. Géographiquement, les affleurements de ces argi-les sont signalés à quelques kilomètres au nord et à l’est de Cormelles-le-Royal (Rioult et al., 1989).

Comme en témoignent les débris de grès dans l’échan-tillon COR 10, les pâtes des deux autres sous-groupes pourraient indiquer des zones d’approvisionnement plus proches du contact entre le bassin jurassique et le Massif armoricain (altération de faciès de contact, mélange d’argile…).

En ce qui concerne le type II, l’abondance des glauco-nies ainsi que leur taille et leur morphologie permettent d’attribuer à ces pâtes une origine augeronne. En effet, le Pays d’Auge est marqué par cette abondance de glau-conie tant dans les niveaux meubles formant la base du Crétacé bas-normand que dans la craie cénomanienne. Positionnée à la base de cette craie, la Glauconie de base est un niveau argileux particulièrement riche en glauco-nies. Elle affleure sur la cuesta et dans les nombreuses vallées du Pays d’Auge. Des grains carbonatés peuvent être présents dans cette argile. Les bioclastes du sous type II-2 pourraient représenter un apport exogène à chercher sans doute dans une pollution naturelle de l’argile.

Pour le type III, le cortège principal de l’échantillon COR 12 est tout à fait caractéristique des produits d’al-tération de roches magmatiques. La cohabitation des pla-

gioclases et des orthoses tant dans les lithoclastes qu’au niveau des grains isolés, ainsi que la présence de biotites chloritisées et de muscovites donnent à cette pâte un faciès semblable aux altérites de granodiorites. Le micro-faciès des lithoclastes est de plus très proche de celui défini pour les granodiorites mancelliennes (Ménillet et al., 1987). De nombreux massifs de granodiorite affleu-rent dans le sud de la Basse-Normandie, ceux de Vire-Carolles et d’Athis-Putanges sont les plus proches de Cormelles-le-Royal.

Les pâtes de type IV ont été définies comme issues du secteur armoricain. La présence dans la fraction gros-sière des grauwackes, des siltites à schistosité de flux et des feldspaths (orthoses perthitiques) indique une source briovérienne alors que les fragments de grès suggèrent une source paléozoïque évidente. La mixité de l’argile originelle atteste d’une provenance potentielle à recher-cher dans les nombreuses zones de contact entre les syn-clinaux paléozoïques et les formations briovériennes. De telles zones sont omniprésentes dans le secteur armori-cain, elles existent au sud du site, sur la bordure occiden-tale de la Plaine de Caen, au contact, par exemple, entre le substratum briovérien et les synclinaux de May (5 kilo-mètres environ du site) et d’Urville.

Le type V semble avoir une origine briovérienne, attestée par les débris de grauwackes présents dans la pâte. Les formations briovériennes forment le substra-tum du secteur armoricain, le Flysch de la Laize offre des affleurements à quelques kilomètres au sud de Caen dans la même zone géographique que celle définie pour le type IV.

Le type VI ne représentent qu’un seul tesson du corpus. La finesse des inclusions non plastiques rend difficile la détermination de provenance. Toutefois, la proportion de bioclastes pourrait indiquer une source d’approvisionne-ment locale.

Les observations macroscopiques et microscopiques des céramiques du site de Cormelles-le-Royal ont montré que les pâtes à bioclastes (type I) dominaient largement le corpus. Les argiles utilisées pour ce type de pâte sont des marnes bioclastiques bathoniennes disponibles dans le territoire d’exploitation local du site. Ce type de pâte concerne un large éventail typologique. Les autres types de pâte constituent un pourcentage restreint mais remar-quable de fragments. Les céramiques à pâtes glauconieuses sont majoritairement des formes basses à profil en “S” comme il s’en rencontre souvent sur les sites de la plaine de Caen pour cette période. La zone d’extraction poten-tielle des argiles utilisées pour la fabrication de ce type de céramique se démarque totalement du territoire d’ap-provisionnement local du site. Les premiers contreforts du Pays d’Auge se situant à une vingtaine de kilomètres de Cormelles, cette typologie correspond donc plutôt à une production du Pays d’Auge diffusée vers la plaine de Caen. Le cortège d’inclusions non plastiques des autres types de pâtes sont à rapprocher d’argiles issues du sec-teur armoricain. Le type IV et le type V peuvent s’in-tégrer à une production locale, en effet l’altération du Briovérien et du Paléozoïque dans les affleurements du sud de Caen pourrait potentiellement livrer ce type d’ar-giles. Le type III est plutôt attribuable à une production exogène. C’est assurément le cas pour l’échantillon COR 12 qui représente le fond d’une céramique, sans autres critères typologiques. L’origine de l’argile utilisée a été clairement mise en évidence par l’étude pétrographique, elle se situe bien au-delà de la marge occidentale de la

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56 V. Carpentier et al.

plaine de Caen dans les zones d’affleurements des grano-diorites mancelliennes dont les plus proches sont distan-tes d’une quarantaine de kilomètres du site.

Définition du corpus et aspects chronologiques

L’étude du lot céramique recueilli à Cormelles repose sur l’étude de 62 équivalents-vases calculés sur le nombre de bords, dont un seul vase à profil restituable. La défi-nition du corpus est donc limitée à une analyse morpho-logique stricte. Elle repose sur des critères de forme : forme haute/forme basse, forme ouverte/forme fermée, forme continue/forme segmentée/forme sinueuse ; pré-sence et/ou absence de col ; forme de la lèvre (avec ou sans inflexion, orientation, profil) ; forme du fond.

Les formes hautes ont été définies d’après la typologie de M. Y. Daire (hauteur/diamètre max. : 0,70 ou supé-rieur, Daire, 1992). Elles sont essentiellement représen-tées par des récipients tronconiques ouvert de volume important, généralement décorés dans leur quart supé-rieur de cannelures encadrant un motif réalisé à la pointe mousse ou au peigne (fig. 15, 3us1, fig. 16, St. 80). La lèvre de ces récipients est souvent aplatie formant un véritable marli interne. Les formes hautes fermées sont aussi fréquentes, il s’agit de profils composites dont le col nettement rentrant est orné de cannelures ; la lèvre de ces récipients est arrondie ou aplatie de manière à former une ultime cannelure sur le sommet du vase (fig. 15, St. 5, us1 et St. 8).

Les formes moyennes sont représentées par plusieurs profils tronconiques semblables à ceux des formes hautes.

Les formes basses (hauteur/diamètre max. : 0,40, Daire, 1992) sont uniquement représentées par des écuelles à profil en « S » avec ou sans cannelure labiale interne (fig. 15, 3us1, fig. 16, St. 80 et 24us1). Un dernier récipient qui se situe typologiquement entre les « jattes à haut col » et les écuelles à profil en « S » complète la série des formes basses (fig. 16, St. 80). Elle est de facture particu-lièrement soignée, son épaule est très marquée et son col est convexe. Sa lèvre est arrondie et déversée, légèrement aplatie sur le sommet du vase. Deux cannelures enca-drent l’épaule, tandis que le décor associe lustrage, pei-gnage et enduction. Une bande enduite d’hématite large de 5 mm est tracée au milieu du col. Sa panse est décorée par un bandeau lustré constitué d’une ligne ondulée réa-lisée à la pointe mousse encadrée par deux lignes droites. Deux nouvelles lignes ornent le bas de la panse au niveau de la jonction avec le pied du récipient (manquant).

Le reste des éléments caractéristiques est constitué d’une vingtaine de tessons dont la restitution graphique n’a pas semblé indispensable, mais qui participent cepen-dant à la définition du corpus. Il s’agit principalement de fragments de fond de récipient. La distinction panse/fond est généralement marquée par un bourrelet d’assise plus ou moins accentué. On peut signaler l’absence de fond ombiliqué ou soulevé.

L’assemblage céramique de Cormelles est semblable à de nombreux ensembles mis au jour ces cinq dernières années en Basse-Normandie et plus particulièrement dans la plaine de Caen. L’ensemble des formes hautes et moyennes en particulier est comparable aux corpus de La Tène finale de l’agglomération caennaise, que ce soit les sites de Saint-Contest (Jigan, 1990) ou de Fleury-sur-Orne (San Juan et al., 1994). Les jattes basses à profil en « S », qu’elles soient ou non pourvues de cannelure

labiale interne, trouvent de nombreuses comparaisons dans les contextes bretons de la fin de La Tène moyenne à La Tène finale (Les Ebihens à Saint-Jacut-de-la-Mer – Daire 1989, le Braden I à Quimper – Le Bihan 1984 ou à Plouer-sur-Rance, Menez 1996). On les retrouve aussi dans les assemblages céramiques bas-normands du Pays d’Auge à l’est au département de la Manche à l’ouest. En l’absence de mobilier métallique discriminant, le corpus mis au jour à Cormelles peut être situé dans une four-chette large comprenant l’ensemble de La Tène finale.

Le mobilier en terre cuite (fig. 17)

Plusieurs éléments en terre cuite ont été prélevés à l’en-trée du souterrain St. 80. La forme de ces objets évoque un petit lot de cales de four en argile, telles qu’on en a observé au sein des briquetages liés à la production salicole laténienne des côtes de la Manche et de la Mer du Nord. A ce titre, il est intéressant de noter que des pièces similaires ont été recueillies sur les sites voi-sins de Mondeville (fouilles de V. Renault et C.-C. Besnard-Vauterin).

LA FIN DU SECOND AGE DU FER DANS LA PLAINE DE CAEN

Les données régionales concernant la fin du second Age du Fer en Plaine de Caen sont nombreuses. Elles proviennent essentiellement des fouilles de sauvetage qui ont trop rarement fait l’objet de publication. La bibliogra-phie régionale se résume donc « Bilans scientifiques » et à quelques présentations liminaires réalisées lors des Jour-nées Archéologiques de Basse-Normandie, organisées par Archéo 125, le Service Départemental d’Archéologie du Calvados et le Service Régional de l’Archéologie.

Les points de comparaison entre ces sites sont néan-moins nombreux et leurs différentes composantes sont à présent bien connues, ainsi que les modalités d’occupa-tion du territoire, à travers les résultats de la prospection aérienne et des fouilles réalisées sur de très grandes sur-faces, dont l’exemple de Mondeville est le plus signifi-catif. A l’aube de la Conquête romaine, le paysage de la Plaine de Caen est organisé à partir d’une mosaïque de petits établissements agricoles dispersés (de type «ferme indigène») qui semblent s’inscrire dans un réseau par-cellaire plus ou moins dense, dont l’origine, faute de matériel, demeure difficile à préciser. La distance qui sépare ces unités de production, qui semblent fonction-ner à l’échelle d’un groupe humain relativement réduit (famille élargie, groupe de familles ?), varie de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres. Cette distri-bution témoigne d’une organisation assez lâche et mani-festement irrégulière du territoire, qui se trouve peut-être en relation, à la veille de la Conquête, avec des facteurs agraires ou socio-économiques tels que la nature des sols, les rendements agricoles, le type et la répartition des productions, la disponibilité de certaines ressources naturelles ou la situation par rapport aux axes de commu-nication...

Il apparaît également que le plan de ces établissements agricoles est stéréotypé. Ils sont généralement enclos par un fossé d’enceinte relativement puissant, excavé en V jusque dans le substrat calcaire. Ce fossé a généralement fonctionné en mode ouvert, et était souvent bordé par un talus interne. Son tracé est quadrangulaire et détermine un espace interne principal, quelquefois subdivisé par des

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57Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

Fig. 15 : Cormelles-Le-Royal. Mobilier céramique, structures 3 et 5 (dessin E. Ghesquière, INRAP).

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Fig. 16 : Cormelles-Le-Royal. Mobilier céramique, structures 24, 80 et 41 (dessin E. Ghesquière, INRAP).

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59Enclos et souterrain du second Age du Fer, Caen (Calvados)

Fig. 17 : Cormelles-Le-Royal. Mobilier en terre cuite provenant du souterrain St. 80 (dessin E. Ghesquière, INRAP).

fossés secondaires plus modestes, constellé de fosses, de trous de poteaux et de fours en sape généralement situés le long des fossés, ce qui permet d’économiser le creu-sement d’une fosse d’accès. Dans la plupart des cas, les trous de poteaux dessinent des petits plans carrés com-parables à des greniers, et plus rarement des édifices à plan plus complexe, généralement pourvus d’une avan-cée triangulaire sur le petit côté ou « pseudo abside » (Peuchet, 1993 ; Besnard-Vauterin, 1994 ; Dron et Marcigny, 1995 ; Marcigny, 1995 ; Marcigny et Ghesquière, 1996 ; Lepaumier 1996), qui sont considérés comme le lieu de résidence. Les structures de stockage excavées, en par-

ticulier les souterrains, sont plus rares ; à ce jour, seuls les sites de Mondeville et de Cormelles-le-Royal en ont livré. Fréquemment, des sépultures ont été rencontrées à proximité immédiate de l’enclos, mais en dehors des limites de l’habitat. Leur faible nombre n’est pas repré-sentatif de la population des enclos (lorsque celles-ci sont synchrones de l’occupation), et ne reflète aucun accrois-sement significatif de la population, alors que les phé-nomènes de réaménagement des enclos en vue de les agrandir constituent des indices probables d’un essor démographique qui prendrait place au cours de La Tène finale.

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Le mobilier issu de ces habitats et notamment la céra-mique est abondant. A l’heure actuelle, le besoin de synthèse se fait cruellement sentir et il devient urgent d’établir le cadre typo-chronologique qui pourrait per-mettre d’affiner les résultats des fouilles à venir et de poser les premiers jalons d’une interprétation synthétique des nombreuses données accumulées depuis une dizaine d’années.