LUCIO MACI*, PAOLA ALLAMPRESE***, MARIO TAVOLARO** * EXPERT D’OTORHINOLARYNGOLOGIE DES CENTRES DE MÉDECINE LÉGALE I.N.A.I.L. DE LECCE ET BRINDISI-ITALIE ** DIRIGEANT DE PREMIER NIVEAU DU CENTRE DE MÉDECINE LÉGALE - I.N.A.I.L. DE LECCE ET BRINDISI-ITALIE *** DIRIGEANTE DE DEUXIÈME NIVEAU DES CENTRES DE MÉDECINE LÉGALE - I.N.A.I.L. DE LECCE ET BRINDISI-ITALIE EFFETS DES DROGUES ET DE L’ALCOOL SUR LES ORGANES DE LA SPHÈRE O.R.L. ET LES RÉPERCUSSIONS POSSIBLES EN SANTÉ AU TRAVAIL
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LUCIO MACI*, PAOLA ALLAMPRESE***, MARIO TAVOLARO**
* EXPERT D’OTORHINOLARYNGOLOGIE DES CENTRES DE MÉDECINE LÉGALE I.N.A.I.L. DE LECCE ET BRINDISI-ITALIE ** DIRIGEANT DE PREMIER NIVEAU DU CENTRE DE MÉDECINE LÉGALE - I.N.A.I.L. DE LECCE ET BRINDISI-ITALIE
*** DIRIGEANTE DE DEUXIÈME NIVEAU DES CENTRES DE MÉDECINE LÉGALE - I.N.A.I.L. DE LECCE ET BRINDISI-ITALIE
EFFETS DES DROGUES ET DE L’ALCOOL
SUR LES ORGANES DE LA SPHÈRE
O.R.L. ET LES RÉPERCUSSIONS
POSSIBLES EN SANTÉ AU TRAVAIL
LES EFFETS DES DROGUES ET DE L’ALCOOL SUR LES ORGANES TELS QUE LE FOIE, LE CERVEAU ET LE CŒUR
SONT BIEN CONNUS.
• EN EFFET, AUJOURD’HUI, LA PLUPART DES SUJETS QUI S’ADONNENT
À LA CONSOMMATION ABUSIVE DE SUBSTANCES PSYCHOACTIVES
SONT EN ÂGE DE TRAVAILLER . L’UTILISATION DE CES SUBSTANCES
ENTRAÎNE DES ALTÉRATIONS DE LA RÉACTIVITÉ, DE LA PERCEPTION
ET DU JUGEMENT. ELLE EST ASSOCIÉE SUR LE LIEU DE TRAVAIL À UN
RISQUE ACCRU D’ACCIDENTS ENTRAÎNANT UN PRÉJUDICE POSSIBLE
POUR LE TRAVAILLEUR ET LES TIERS.
LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE S’EST INTÉRESSÉE AUX EFFETS POSSIBLES DE L’USAGE DE DROGUES ET DE L’ALCOOL SUR LES ORGANES DE LA SPHÈRE O.R.L. ET NOTAMMENT SUR :
LES EFFETS SUR LES VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES, LA RELATION POSSIBLE AVEC L’APPARITION DU CANCER DES
VOIES AÉRIENNES SUPÉRIEURES, LES EFFETS SUR LA CAVITÉ BUCCALE,
LES MODIFICATIONS DES CANAUX VESTIBULAIRES
• -
Des troubles respiratoires et olfactifs, des perforations nasales liées au
sniffing, des surdités « brusques », des dégâts considérables au
système vestibulaire avec des répercussions importantes
sur l'équilibre surtout pour celui qui travaille en hauteur ou conduit des
véhicules, des tumeurs de la cavité buccale, du pharynx et du larynx,
les agueusies et les dysgueusies sont tous des risques liés à
la prise de substances psychoactives.
Ces situations nécessitent connaissance et attention de la part de tous
les sujets engagés dans la prévention et dans le soin ainsi que dans le
difficile parcours de réhabilitation (maintien dans l'emploi,quand se
profile le risque de licenciement dans les cas extrêmes).
Le médecin du travail est certainement celui qui plus qu’aucun autre,
doit connaître ces problématiques.
Tous les acteurs concernés doivent agir ensemble dans l'intérêt du
patient /travailleur lors des diverses phases : prévention, thérapie,
récupération, maintien dans l'emploi.
Le but de ce travail est de noter les conséquences possibles de la
prise, même occasionnelle, de drogues et d'alcool sur les organes de
la sphère O.R.L..
Le médecin doit être réactif vis-à-vis des « sonnettes d'alarme », les
considérer comme indicateurs d'un malaise pouvant engendrer des
situations critiques qui imposent d'importantes mesures de prévention
secondaire et tertiaire pour certaines catégories de travailleurs, pour
lesquelles un suivi médical adapté peut être mis en place.
La législation a pour objectif principal de protéger l'intégrité des tiers
et du travailleur lui-même, avec l'intention de prévenir des
événements ponctuels, concernant essentiellement les accidents
routiers et du travail.
L'alcool et les drogues, notamment si leur usage est réitéré et
prolongé, peuvent agir comme cofacteurs avec quelques
déterminants de risque, en accélérant l'apparition, ou favorisant
l'aggravation de quelques pathologies qui pourraient être reconnues
en lien avec le travail.
Le modèle que nous proposons est celui de la « maison
biologique avec toutes ses pièces »
(Tavolaro,2016) . En d’autres termes, nous considérons le
travailleur patient dans son unicité. La vision schématique et
parcellaire consistant à analyser les organes et les appareils et à
évaluer le lien avec les risques du
travail ne peut, à notre modeste avis, être acceptée.
Effets de la cocaïne
1) des lésions de la muqueuse des cavités nasales, initialement discrètes telles que
l’oedème et l’hypertrophie de la muqueuse, suivies de rhinites croûteuses, associés à des
lésions hémorragiques accompagnées de surinfections nécrose ischémique du cartilage
du septum et sa perforation ; une obstruction nasale initiale, puis l'apparition de croûtes
endonasales, d'un épistaxis, parfois de céphalées et la diminution de l'odorat
(hyposmie). A un stade avancé, apparaissent des lésions dévastatrices avec des
dommages esthétiques et fonctionnels de la pyramide nasale (destruction de la
columelle, collapsus de la pyramide nasale, perforation de la voûte du palais, etc).
2) la survenue d'une perte auditive brusque après prise de cocaïne associée à l'héroïne
(speedball)
3) la récente épidémie de lésions cutanées ulcéro-nécrotiques ou nécrotiques du
pavillon auriculaire, rapportée aux États-Unis et en lien avec la dilution de la cocaïne
dans une substance à usage vétérinaire : la lévamisole.
Les effets de la cocaïne sur la cavité buccale varient selon la voie
d'administration .
En cas d'inhalation nasale, on peut retrouver au-delà de la perforation du
septum nasal, des rétractions et ulcérations ischémiques du palais allant
jusqu'à l'ulcération, voire l'apparition d'une fistule bucconasale.
La prise orale par frottement de la boulette de cocaïne sur les gencives
occasionne, outre l'apparition de douleurs aiguës, des inflammations gingivales
graves, des ulcérations des muqueuses, des rétractions gingivales importantes
et des érosions dentaires. L'apparition de lésions « blanches » au
niveau de la gencive vestibulaire a aussi été décrite.
Le crack, qui est fumé, provoque l'apparition de vésicules, ulcères et rhagades
au niveau des lèvres et des muqueuses orales
.
Effets de la cocaïne su le larynx
Au niveau laryngé, les lésions observées sont liées à l'usage du crack. Il s'agit d’oedèmes aigus et de brûlures laryngées localisés en particulier dans la région supraglottique
Relation possible de la marijuana (feuilles de cannabis) avec l'apparition du cancer des
voies aériennes supérieures
Après inhalation, la marijuana provoque une irritation des voies aériennes, qui se manifeste par des
brûlures (au niveau nasal et pharyngo-laryngé) et de la toux.
L'irritation est semblable à celle provoquée par le tabac mais est plus accentuée en raison de la
présence du THC (delta 9-tétrahydrocannabinol ou 9-THC ou plus simplement THC, qui est le principe
psychoactif des cannabinoïdes), qui provoque une vasodilatation spécialement au niveau des
muqueuses des voies aériennes supérieures.
La vasodilatation au niveau nasal est d'ailleurs utilisée par les polyconsommateurs de drogues, qui,
pour favoriser l'absorption de la cocaïne, inhalent préalablement de la marijuana.
Il a aussi été décrit une association entre l’exposition à la fumée de marijuana et la sinusite fongique.
Est en cause l'Aspergillus, qui aurait contaminé la marijuana, mais aussi l'immunodépression induite
par le THC.
Enfin, ont été signalées occasionnellement, des rhinites allergiques associées à de l’asthme du fait
d'un mécanisme allergique de type Ig-E médiateur.
On décrit également une pharyngite chronique chez 75% des consommateurs chroniques de
haschisch (25 g/mois), une rhinite chronique associée à une bronchite chez 25% des sujets qui
consomment 50 g/mois.
Effets du cannabis sur la cavité buccale
De nombreuses publications font état d'une relation entre la
consommation de cannabis et un grand nombre de
pathologies orales. Parmi elles : des gingivites aiguës, des
gingivites chroniques « rouges comme le feu », des
hyperplasies, des leucoplasies gingivales, des
parodontopathies, des papillomes oraux, des inflammations
de la luette, une xérostomie (ou sécheresse buccale), une
candidose buccale, un leucoedème, la possible
augmentation du risque de carie dentaire et de tumeurs
malignes de la langue.
Effets de l’alcool sur la sphère O.R.L.
Les études publiées récemment sur ce thème concernent
en particulier :
• le rôle de l'abus d'alcool dans l'apparition des néoplasies
des voies aérodigestives supérieures
(VADS) surtout au niveau de la cavité orale et du pharynx ;
• les effets de l'intoxication aiguë et chronique d'alcool sur
l'appareil audio-vestibulaire ;
• le rapport entre alcool et quelques pathologies des voies
aériennes supérieures .
Apparition des néoplasies des voies aérodigestives supérieures (VADS) et abus
d'alcool
Les études épidémiologiques ont clairement mis en évidence une relation entre l'abus de
boissons alcoolisées et l'apparition de certaines néoplasies chez l'homme, en particulier au
niveau des voies aérodigestives supérieures représentant du point de vue
physiopathologique, plus de 90% des cas de carcinomes squameux qui frappent la cavité
buccale, l'oropharynx, l'hypopharynx et le larynx ,situation aggravée par l’exposition
concomitante à la fumée.
Ce rapport étiopathogénique entre la consommation d'alcool et le cancer des voies
aérodigestives supérieures est particulièrement documenté pour la cavité buccale et le
pharynx, en particulier pour les néoplasies de la langue, du plancher antérieur de la
bouche, de l'amygdale palatine et des sinus piriformes. Toutes les sortes de boissons
alcoolisées (bière, vin, spiritueux) sont potentiellement cancérigènes, ce qui suggère
l'action de substances communes à tous les alcools comme l’éthanol, qui est le principal
suspect.
En faveur de cette hypothèse, a été observée une plus grande augmentation du risque des
cancers buccaux chez les personnes qui ont l'habitude de se rincer la bouche avec des
solutions contenant de fortes concentrations d’éthanol. Cette observation a également fait
supposer un effet cancérigène propre à l’éthanol topique direct, seul ou en synergie avec
d'autres facteurs de risque, notamment le tabac. De la même façon, boire de l'alcool et
fumer multiple par deux le risque de développer un cancer du larynx. Cependant,
l'importance du risque varie avec le siège anatomique du larynx, pour les différentes
composantes histologiques, épithéliales ou conjonctives.
Fonction audio-vestibulaire et alcoolisme
La littérature en étudiant les rapports entre l’abus d'alcool et les pathologies de l'oreille s'est intéressée
en particulier :
• à d’éventuels dommages audio-vestibulaires chez les nouveau-nés issus de mères alcooliques
et atteints du syndrome de l’alcoolisme foetal,
• au dommage audio-vestibulaire dans l'intoxication aiguë et chronique à l'alcool : en effet, les
troubles évidents et marqués de la marche et de la posture droite, causés par l'ivresse et
l'alcoolisme chronique sont typiques. Les hypoacousies neurosensorielles sont très présentes
chez les grands buveurs d'alcool
Relation entre les maladies des voies aériennes supérieures et de la cavité buccale et de
l'alcool
La prise d’alcool induit au niveau cutané, une vasodilatation des capillaires superficiels, provoquant un
érythème du visage et en particulier des joues.
Dans l'abus chronique d'alcool, cette vasodilatation s'étend au nez et aux pommettes et déterminerait
une hypertrophie de l'épithélium et des glandes sébacées avec apparition de rhinophyma (nez violacé,
large avec aspect bosselé), le soi-disant « nez de Barbera » qui se retrouve chez certains alcooliques
chroniques.
Domenico Ghirlandaio, peintre florentin a représenté ce nez dans un tableau intitulé « Portait d'un
vieillard et d'un jeune garçon », exposé au Musée du Louvre, Paris.
Bien que les nombreuses altérations se retrouvent dans la cavité buccale des sujets alcooliques,
quasiment aucune ne peut être considérée comme spécifique à l’abus chronique d’alcool.
A l’observation, la langue est fréquemment vernissée et sèche, en raison de la déshydratation, qui est
l’un des effets de l'éthanol et de l’augmentation de la diurèse (par inhibition de la production de la
vasopressine, hormone antidiurétique).
Les glossites, comme la langue noire villeuse, sont liées à la carence en vitamine B, conséquence de
l'abus d'alcool.
Souvent, on peut se demander si la paradontose est due à l’action de l’alcool et/ou à une mauvaise
hygiène buccale. Si le sujet est également fumeur, ces lésions peuvent évoluer vers des carcinomes
malpighiens de la langue en particulier.
L’ alcool exerce une action délétère au niveau du larynx. L’apport des boissons alcoolisées, en
particulier d'alcool fort, provoque des zones de vasodilatation de la muqueuse laryngée et un oedème
consécutif, entravant la mobilité des cordes vocales.
La désinhibition provoquée par l'alcool induit un effort supplémentaire sur les cordes vocales avec
fatigue de la voix.
Cette fatigue vocale est augmentée par l’état de déshydratation des muqueuses, qui, associé au
stress, induit un risque d'hémorragie des cordes vocales (« coup de fouet »).
Enfin, un risque important de l'alcool est celui d’un reflux gastro-oesophagie
Relation entre les maladies des voies aériennes supérieures et de la cavité buccale et de
l'alcool
La prise d’alcool induit au niveau cutané, une vasodilatation des capillaires superficiels, provoquant un
érythème du visage et en particulier des joues.
Dans l'abus chronique d'alcool, cette vasodilatation s'étend au nez et aux pommettes et déterminerait
une hypertrophie de l'épithélium et des glandes sébacées avec apparition de rhinophyma (nez violacé,
large avec aspect bosselé), le soi-disant « nez de Barbera » qui se retrouve chez certains alcooliques
chroniques.
Bien que les nombreuses altérations se retrouvent dans la cavité buccale des sujets alcooliques,
quasiment aucune ne peut être considérée comme spécifique à l’abus chronique d’alcool.
A l’observation, la langue est fréquemment vernissée et sèche, en raison de la déshydratation, qui est
l’un des effets de l'éthanol et de l’augmentation de la diurèse (par inhibition de la production de la
vasopressine, hormone antidiurétique).
Les glossites, comme la langue noire villeuse, sont liées à la carence en vitamine B, conséquence de
l'abus d'alcool.
Souvent, on peut se demander si la paradontose est due à l’action de l’alcool et/ou à une mauvaise
hygiène buccale. Si le sujet est également fumeur, ces lésions peuvent évoluer vers des carcinomes
malpighiens de la langue en particulier.
L’ alcool exerce une action délétère au niveau du larynx. L’apport des boissons alcoolisées, en
particulier d'alcool fort, provoque des zones de vasodilatation de la muqueuse laryngée et un oedème
consécutif, entravant la mobilité des cordes vocales.
La désinhibition provoquée par l'alcool induit un effort supplémentaire sur les cordes vocales avec
fatigue de la voix.
Cette fatigue vocale est augmentée par l’état de déshydratation des muqueuses, qui, associé au
stress, induit un risque d'hémorragie des cordes vocales (« coup de fouet »).
Enfin, un risque important de l'alcool est celui d’un reflux gastro-oesophagie
Interactions des substances psychoactives avec le milieu de travail
Le dommage aux organes, induit par des interactions avec des substances présentes en milieu de
travail apparaît considérable : toxiques qui interagissent avec l'éthanol, solvants, agents biologiques,
virus hépatotropes, associations médicamenteuses.
L'alcool accroît l'effet toxique de différentes substances présentes en particulier dans les milieux de
travail entraînant des dommages conséquents, en particulier au foie, au système central nerveux et à
l'appareil cardio-vasculaire.
En particulier les associations suivantes se révèlent nuisibles : alcool + solvants, chlorure de vinyle,