UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE Faculté de Médecine et de Pharmacie de Besançon EDUCATION THERAPEUTIQUE DES PATIENTS CORONARIENS Comment améliorer l’éducation thérapeutique proposée aux patients coronariens ? Mémoire de diplôme universitaire d’éducation thérapeutique du patient Michèle VUILLEMOT Juin 2009
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UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE Faculté de Médecine et de Pharmacie de Besançon
EDUCATION THERAPEUTIQUE DES PATIENTS CORONARIENS
Comment améliorer l’éducation thérapeutique proposée aux patients coronariens ?
Mémoire de diplôme universitaire d’éducation thérapeutique du patient
Michèle VUILLEMOT
Juin 2009
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3
J’ai commencé mon D.U.
le jour où tu as été amputé
de ton bras droit…
Je termine mon D.U.
et…
tu nous as déjà quitté …
Je dédie ce mémoire
à mon frère Jean – Luc,
qui s’est battu avec courage
contre la maladie.
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UNIVERSITE DE FRANCHE-COMTE Faculté de Médecine et de Pharmacie de Besançon
EDUCATION THERAPEUTIQUE DES PATIENTS CORONARIENS
Comment améliorer l’éducation thérapeutique proposée aux patients coronariens ?
Mémoire de diplôme universitaire d’éducation thérapeutique du patient
Michèle VUILLEMOT
Juin 2009
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REMERCIEMENTS
J’adresse mes remerciements :
� aux cardiologues Dominique MAGNIN, Hugues ZIMMERMANN et Etienne THIEBOT ainsi
qu’à l’équipe de cardiologie de l’hôpital de Dole. Ils m’ont permis de découvrir l’éducation
thérapeutique, de me former et la mettre en pratique dans ma vie professionnelle.
� à l’équipe de l’UTEP de Besançon qui a encadré ce DU avec dynamisme et passion.
� à Cécile ZIMMERMANN, qui a été mon guide, m’a conseillée et encouragée tout au long
de mon cheminement.
� aux personnes que j’ai rencontrées tout au long de ce DU, pour les échanges et les
moments de convivialité.
� aux professionnels qui m’ont accueillie lors de mes différents stages.
� à Florence, ma coéquipière pour nos échanges pendant les trajets Dole – Besançon.
� à Mariette, pour son aide précieuse et sa patience lors de la mise en page finale
du mémoire.
� à mes enfants, mon mari, mon amie Jacqueline qui croient en moi.
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SOMMAIRE
���� Liste des abréviations page 7
���� Etape 1 : formulation de la problématique page 8
���� Etape 2 : synthèse bibliographique page 10
���� Etape 3 : rapport de stage page 20
���� Etape 4 : pistes pour l’action et synthèse personnelle page 35
���� Bibliographie page 48
���� Annexes page 50
���� Résumé – mots clés page 66
7
LISTE DES ABREVIATIONS
ALD : Affection Longue Durée
APA : Activité Physique Adaptée
AVK : Anti Vitamine K
CMPR : Centre de Médecine Physique et Réadaptation
CR : Centre de Rééducation
CRCP : Centre de Réadaptation Cardiologique et Pneumologique
DU : Diplôme Universitaire
ET : Education Thérapeutique
ETP : Education Thérapeutique du Patient
FDR : Facteurs De Risque
FFC : Fédération Française de Cardiologie
HAS : Haute Autorité de Santé
HTA : Hypertension Artérielle
IDM : Infarctus Du Myocarde
MC : Maladie Chronique
MCV : Maladies Cardio - Vasculaires
ODEIC : Organisation Doloise d’Education des Insuffisants Cardiaques
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
SCA : Syndrome Coronarien Aigu
8
Etape 1 : FORMULATION DE LA PROBLEMATIQUE
Diététicienne avec des domaines d’activités et des spécialités variés, j’ai découvert l’ ETP
(éducation thérapeutique du patient) il y a une dizaine d’années, ce qui a complètement
modifié ma méthode de prise en charge des patients. Le patient devient acteur dans les
changements d ‘habitudes alimentaires, la diététicienne l’accompagne en respectant ses
choix, son rythme.
Cette méthode modifie complètement le rôle de la diététicienne et sa relation avec le
patient.
Différentes formations m’ont permis de m’ initier à l’ETP et de m’investir dans plusieurs
actions d’éducation menées par des équipes pluridisciplinaires en cardiologie (médecins,
infirmières, diététicienne).
� Participation aux séances d’éducation collectives des patients sous AVK (anti – vitamine
K).
� Education de groupe des patients coronariens.
� Création d’ODEIC (organisation doloise d’éducation des insuffisants cardiaques) :
éducation et suivi des patients hospitaliséS pour une insuffisance cardiaque.
La pratique quotidienne me montre des domaines dans lesquels j’ai besoin de m’enrichir :
���� Les techniques d’entretien individuel pour affiner le diagnostic éducatif.
���� Les capacités d’ écoute, en particulier lors des séances de groupe.
���� Les méthodes et outils pédagogiques.
���� Les méthodes d’’évaluation.
L’ inscription au DU (diplôme universitaire) s’est faite dans une période de remise en
question, de réflexion, de besoin d’aller plus loin pour faire le point sur ma pratique et en
permettre l’évolution. Elle m’a amenée aux réflexions suivantes :
���� Etre diététicienne à ODEIC m’a permis de mettre en pratique la démarche éducative
dans le domaine de l’insuffisance cardiaque et de voir tous les jours les résultats positifs
de cette démarche : diagnostic éducatif, éducation à une alimentation « pauvre en sel »
9
en individuel ou en groupe, mise en place d’objectifs avec le patient, suivi par le biais de
consultations et de coatching téléphonique, évaluation.
���� L’éducation des patients coronariens débutée en 2002 « s’essouffle » dans le sens où
l’adhésion des patients est de plus en plus difficile.
���� L’éducation des patients coronariens a été construite à partir de séances de groupe
avec des patients recrutés lors de leur hospitalisation suite à un infarctus ou une angine
de poitrine. Il s’agit d’une première séance de trois heures sur «la maladie coronarienne
et la prévention des facteurs de risque» et d’une deuxième séance sur «l’alimentation
méditerranéenne ».
���� Il n’y a pas d’avant … et pas d’après… les séances d’éducation de groupe.
���� Les patients sont orientés vers le centre hospitalier universitaire de Dijon ou Besançon
pour la coronarographie ou autre intervention, puis vers un centre de rééducation post –
infarctus… Mais pas tous ! Et après la rééducation ! Que se passe-t-il ?
���� Les patients participant aux séances font les remarques suivantes: «pourquoi pas plus
de participants ? » « pourquoi ne nous a-t-on pas dit tout cela plus tôt ? ».
���� Il y a une volonté d’une équipe pluridisciplinaire (médecin, infirmière, diététicienne) pour
proposer de l’éducation aux patients coronariens.
Etant donné ces réflexions, et suite aux premiers modules du DU, ma problématique serait
la suivante :
Comment améliorer l’éducation thérapeutique des pat ients coronariens pour qu’un
plus grand nombre puisse en bénéficier ?
10
Etape 2 : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
La maladie coronarienne (infarctus du myocarde, angine de poitrine) est une des
complications majeures de l'athérosclérose des artères coronaires. Elle survient souvent
brutalement, alors que l’on se croit en pleine forme … elle ne prévient pas vraiment.
C’est une maladie chronique multifactorielle, dont les FDR (facteurs de risque) sont connus.
Leur prise de conscience, leur prise en charge sont – elle suffisantes ? C’est une maladie
que l’on « guérit » vite dans la phase aigue, la récidive existe. Qu’en est - il de la prise en
charge et du suivi à distance ? L’efficacité de l’ET (éducation thérapeutique) est reconnue
dans d’autres maladies chroniques tels que le diabète de type 2, l’insuffisance cardiaque,
l’asthme…Qu’en est - il pour la maladie coronarienne ? Quels critères de qualité doivent
être retenus pour améliorer ou mettre en place une ETP ? A partir de ces questions, ma
recherche bibliographique s’organise en trois parties : l’intérêt pour l’ET du patient
coronarien, la place actuelle de l’ET, les critères pour une éducation de qualité.
1. POURQUOI DOIT – ON S’ INTERESSER A L’EDUCATION T HERAPEUTIQUE DANS
LA MALADIE CORONARIENNE ?
1.1. Epidémiologie
En France, (1) les MCV (maladies cardio – vasculaires) sont la deuxième cause de décès
(32% des décès totaux), après les maladies cancéreuses. L’IDM (infarctus du myocarde)
affecte 100 à 120 000 personnes par an, provoque 70 000 hospitalisations et 18 000 décès
dans la première année qui suit l’IDM. Celui - ci n’est pas réservé au sujet jeune puisqu’il
touche un homme sur cinq entre 40 et 60 ans. La femme est de plus en plus concernée
puisque la protection naturelle des femmes avant la ménopause diminue du fait du
tabagisme et de la contraception orale. En Franche Comté (2), le nombre de décès dus aux
MCV est proche de la moyenne française, par contre les admissions en ALD (affection de
longue durée) et le nombre de séjours hospitaliers sont supérieurs à la moyenne française.
Les décès dus aux facteurs de risque des MCV tels que l’HTA (hypertension artérielle),
l’obésité, le tabagisme sont inférieurs à la moyenne nationale mais ont tendance à s’en
rapprocher. Par contre la prévalence du diabète est identique en Franche-Comté et en
France.
11
1.2. Place des traitements non médicamenteux dans la prise en charge
On distingue les facteurs de risque non modifiables qui sont le sexe, l’âge, l’hérédité et les
facteurs de risque modifiables qui sont le tabac, l'obésité, les dyslipidémies, l'hypertension
artérielle, le diabète, la sédentarité, le stress. La prise en charge de cette affection
chronique est globale et doit s’intéresser aux FDR modifiables. Peu de personnes sont
conscientes de leurs FDR et du risque cardio – vasculaire : 17% seulement des personnes
ayant au moins trois facteurs de risque sont conscients du risque d’IDM. Une étude de
l’observatoire régional de santé de la région Ile de France (3) a révélé que «si les maladies
bronchopulmonaires imputables au tabagisme sont relativement bien connues de la
population, d’autres risques sont plus rarement associés au tabac : c’est le cas pour les
maladies cardio – vasculaires».
Ces deux résultats me laissent perplexe et montrent que prendre conscience des FDR,
travailler sur les «représentations» est la première étape de l’ETP.
«Ecouter les patients, évoquer l’idée qu’ils se font de la maladie ou d’un traitement montre
une grande diversité des représentations». Des études en didactique montrent que
l’apprentissage de tout savoir dépend des conceptions déjà là chez l’apprenant (4).
Agir sur les FDR modifiables va impliquer des changements de comportement dans les
domaines tels que l’alimentation, l’activité physique, le tabagisme, ce qui va demander du
temps.
� L’alimentation :
Une étude sur l’évaluation des besoins en matière d’éducation des patients coronariens (5)
a montré que médecins et patients considèrent la diététique comme une étape éprouvante
(les médecins sont septiques, les patients manquent d’informations et ont des difficultés de
mise en pratique). Pourtant la relation entre cholestérolémie, alimentation et maladie
coronaire a été mise en évidence dans de nombreuses études épidémiologiques.
L’étude des sept pays (6) réalisée par Ancel Keys a comparé les habitudes alimentaires de
13000 individus pendant vingt ans. Très rapidement le taux de mortalité par maladie
coronarienne ou infarctus a mis en évidence la particularité de l’alimentation crétoise.
L‘étude lyonnaise (6) a comparé l’effet d’une alimentation classique et d’une alimentation
méditerranéenne sur 605 patients ayant fait un IDM. Cette étude randomisée prévue sur
cinq ans a été interrompue au bout de vingt sept mois puisque le taux de mortalité cardio -
vasculaire et infarctus non fatal diminuait de façon significative.
12
L’étude DART (7) (étude portant sur 2033 hommes victimes d’IDM) a montré que
l‘augmentation de la consommation de poisson (poissons gras au moins deux fois par
semaine) a diminué la mortalité de 29% pendant les deux ans de l’étude. Par contre suite à
la reprise des anciennes habitudes alimentaires un an après l’arrêt de l’étude, la mortalité a
augmenté. Ces différentes études mettent en évidence des liens entre alimentation et
mortalité cardiovasculaire et montrent l’importance de l’alimentation dans le traitement de la
maladie coronarienne.
Ces modifications de comportement alimentaire doivent aussi être durables dans le temps.
Pourtant deux patients sur trois n’adhèrent plus à leur régime une année après sa
prescription (8).
«L’éducation thérapeutique nutritionnelle doit permettre au patient de s’approprier, c’est à
dire faire siennes des connaissances diététiques, de leur conférer du sens, de les inscrire
dans un projet de vie et les rendre acceptables dans une perspective de bonne ou de
meilleure santé» (9).
� L’activité physique :
Le constat de l’efficacité des activités physiques et sportives sur la mortalité et la morbidité
est une composante essentielle dans la prise en charge des maladies chroniques. Des
études (5) ont montré que l’ exercice diminue de façon marquée le risque de récidive durant
les trois années suivant un infarctus, donc moins d’hospitalisation, une meilleure capacité à
l’effort, une meilleure qualité de vie avec une reprise d’activité professionnelle plus
fréquente.
L’exercice physique permet au patient de se remettre sur pied beaucoup plus rapidement, a
un effet protecteur pour les artères coronaires mais intervient également sur les autres
facteurs de risque tel que le poids, l’HTA, le diabète, la dyslipidémie. Un des effets
significatifs de l’activité est psychologique : en retrouvant sa capacité à fournir des efforts
physiques, le patient retrouve l’estime de soi et éloigne la dépression post – infarctus.
Après quatre ans de fonctionnement, le réseau «Rivarance» (10) à Saint Malo a prouvé qu’
au moment de l’infarctus 39% des patients avaient une activité insuffisante, ils ne sont plus
Evènements combinés : décès de cause cardiaque-
infarctus du myocarde non fatals dans l’essai lyonnais
(De Lorgeril M. et coll. Lancet 1994 ; 343 : 1454-9).
13
que 10%, au bout d’une année de prise en charge. Une étude en Franche Comté (11)
révèle que après un an de prise en charge, 87% des patients ayant fait un infarctus
maintiennent une activité physique régulière, 25% de ceux - ci l’ont plutôt augmentée. Ces
derniers sont passés en centre de rééducation.
� Le tabagisme:
L’arrêt du tabagisme (7) est une mesure essentielle chez les patients ayant eu un IDM car
le tabac double la mortalité après IDM. Une étude norvégienne (3) pendant quinze ans a
montré que suite à une angioplastie, le patient qui continue de fumer a un risque de faire un
infarctus deux fois plus important que celui qui arrête. Ce dernier aurait même un risque
comparable à celui qui n’a jamais fumé. Une étude franc - comtoise (11) montre que si 38%
des patients ayant fait un infarctus fument, 14% fument encore après deux ans. (7) Un tiers
à la moitié des patients ayant eu un IDM et ayant arrêté de fumer reprennent le tabagisme
dans les six à douze mois. Ces observations font comprendre que l’arrêt du tabagisme fait
partie du soin et doit rester définitif.
Toutes ces études montrent l’importance des mesures non médicamenteuses dans le
traitement des maladies coronariennes. Elles impliquent pour ces patients des
changements de comportements et d’habitude de vie, qui contrairement aux médicaments
ne se prescrivent pas. Selon Lorenz, «ce n’est pas en nous contentant de dire, que les
patients feront ce qui est souhaitable et parfois prescrire ou exiger des changements crée
un mur entre nous.(…) ».
L’éducation thérapeutique représente un moyen pour aider ces patients qui pourront
changer progressivement leurs habitudes de vie, s’ils ont intégré leur maladie, pris
conscience de leurs FDR et s’ils se sentent prêts.
1.3. Le risque de récidive
Depuis vingt ans, les chances de survie après un infarctus augmentent grâce à
l’amélioration de la prise en charge dans l’urgence et aux progrès thérapeutiques (12). Du
fait de ces progrès, les hospitalisations suite à un SCA (syndrome coronarien aigu) sont de
plus en plus courtes : revascularisation coronarienne par angioplastie puis retour à
domicile. Cette évolution concernant le retour à domicile rapide implique une difficulté dans
la prise en charge de la prévention secondaire, qui se retrouve exclue (pas assez de temps,
départ précoce du patient). Du fait d’une amélioration rapide de son état clinique (13), le
14
patient peut se sentir rapidement «guéri», «pas vraiment malade» mais cette «guérison» ne
doit pas faire oublier qu’il y a une maladie chronique et que sans la prise en charge des
FDR, le risque de récidive s’accentue. En effet (12) un patient sur sept présente une
récidive fatale dans l’année qui suit le SCA. L’observance thérapeutique à long terme est
clairement insuffisante et met en péril le pronostic vital à un an. 30% des patients arrêtent
partiellement ou totalement leur traitement quatre semaines après leur sortie de l’hôpital.
Les raisons de les arrêter sont multiples et complexes : compréhension insuffisante de la
maladie, méconnaissances des risques encourus, non motivation à prendre soin de sa
santé .
Ces observations montrent que la prise en charge de la maladie coronarienne se situe à
deux niveaux : le traitement lors de la phase aigue, mais aussi la prise en charge des FDR
modifiables qui doit se faire par une adhésion totale du patient et de façon durable.
D’après l’équipe cardiologique des Hôpitaux de Genève « le chainon manquant dans le
traitement du syndrome coronarien aigu, c’est l’éducation thérapeutique » (12).
1.4. la dépression post - infarctus
A la suite d’un IDM, le quotidien des patients est bouleversé : atteinte d’un organe noble,
angoisse de mort, peur de la récidive, activités limitées pendant une période plus ou moins
longue, changements à mettre en place… Le patient doit faire un deuil de sa santé telle
qu’il la connaissait avant. Tous ces éléments viennent souvent perturber la vie de celui qui
vient de faire un IDM et de son entourage et peut aller jusqu’à la dépression. Jusqu’à 25%
des patients cardiaques (14) connaissent une dépression et jusqu’à 1/3 peuvent souffrir de
troubles anxieux. Dans cet état, il devient difficile pour le patient de gérer au quotidien cette
MC (maladie chronique), ce qui augmente de deux à trois fois le risque de récidive. L’ET
permet une prise en charge progressive dans le temps et dans la mise en place des
changements, en tenant compte aussi de son état psychique.
2. QUELLE PLACE A L’ EDUCATION THERAPEUTIQUE DANS LA PRISE EN
CHARGE ACTUELLE DU PATIENT CORONARIEN ?
2.1. Les recommandations des sociétés savantes
La maladie coronarienne est une maladie chronique qui se caractérise par sa durée, la
perte des conditions antérieures de vie du patient, les traitements à vie (médicamenteux ou
non) qui doivent permettre de soigner la maladie et de retarder les éventuelles
15
complications. Elle implique pour le soignant et pour le patient de ne pas croire à la
guérison mais d’appendre à vivre avec la MC.
� Selon l’OMS (organisation mondiale de la santé) (10), l’éducation thérapeutique du
patient vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin
pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Elle fait partie intégrante et de
façon permanente de la prise en charge du patient (…). Ceci a pour but de les aider (ainsi
que leurs familles) à comprendre leur maladie et leur traitement, collaborer ensemble et
assumer leurs responsabilités dans leur propre prise en charge dans le but de les aider à
maintenir et améliorer leur qualité de vie ».
� L’ OMS (10) formule le rôle de la réadaptation cardiaque de la façon suivante : « la
réadaptation cardio – vasculaire est l’ensemble des activités nécessaires pour influencer
favorablement le processus évolutif de la maladie ainsi que pour assurer aux patients la
meilleure condition physique, mentale, et sociale possible afin qu’ils puissent, par leurs
propres efforts préserver ou reprendre une place aussi normale que possible dans la vie de
la communauté »
� Le programme national de réduction des risque cardio vasculaires (15) 2002-
2005 attire mon attention sur deux objectifs : promouvoir la prévention en agissant sur les
FDR, encourager les patients à être acteurs de leur santé, en promouvant l’ETP et en
encourageant le dépistage des FDR dans l’entourage des patients.
� Dans le guide « la prise en charge de votre maladie coronarienne » (16) destiné aux
patients l’HAS, (Haute Autorité de Santé) parle de l’ET comme moyen permettant de
comprendre la maladie coronarienne, les bénéfices des traitements, de se former à un
nouveau mode de vie (arrêt du tabac, activité physique, alimentation). Elle doit être
continue, et doit intéresser aussi l’entourage proche du patient.
� Dans le guide médecin « maladie coronarienne» réalisé par l’HAS (17), la prise en
charge thérapeutique de la maladie coronarienne et du contrôle des facteurs de risque ont
les objectifs suivants : allongement de la survie, amélioration de la qualité de vie,
ralentissement, régression de l’athérosclérose, prévention de la récidive, réduction de la
mortalité, suivi du patient. Cette prise en charge renvoie à l’ET qui a pour objectif
d’améliorer la qualité de vie d’une personne ayant une maladie chronique, impliquant une
équipe pluridisciplinaire.
16
� Les dernières recommandations (2007) (12) de la société européenne de cardiologie
sur la prise en charge des SCA parlent de « conseils » et de « recommandations ».
Les définitions de l’ OMS, les recommandations des sociétés savantes, de l’HAS vont dans
le même sens et incitent au développement de l’ETP dans la prise en charge des maladies
coronariennes. Cependant, il faut noter que l’ETP est dans certains textes restreinte à des
conseils ou informations donnés aux patients. C’est ce qui est fait le plus souvent
actuellement mais qui n’est pas suffisant, ni satisfaisant à long terme. Apprendre à vivre
avec sa maladie passe par la mise en œuvre d’une démarche éducative personnalisée.
2.2. Ce qui est démontré aujourd’hui
De nombreuses études (7) ont montré que le contrôle intensif des FDR modifiables diminue
l’incidence des évènements cardio – vasculaires : 80% au moins des décès prématurés dus
à des cardiopathies ou à des accidents vasculaires cérébraux pourraient être évités avec
une alimentation adaptée, une activité physique régulière et la non exposition à la fumée de
tabac.
� Le milieu hospitalier :
En 2004, une enquête (18) sur la perception des FDR de plus de cent patients coronariens
à l’hôpital René DUBOS à Pontoise a montré que ceux-ci n’en avaient pas pris conscience.
Un programme éducatif « l’école du cœur » a été créé et mis en place en 2004. Depuis
deux cents à deux cent cinquante patients ont profité du programme éducatif. Les
évaluations faites par le cardiologue initiateur du projet prouvent qu’il y a moins de récidives
et de ré hospitalisations pour les patients ayant bénéficié de l’ET.
Une évaluation de l’ETP après infarctus du myocarde par une unité de prévention
secondaire dans les Landes (19) a montré que les FDR diminuent, les habitudes
alimentaires s’améliorent, le risque cardio – vasculaire diminue, les patients éduqués ont
deux fois moins d ‘évènements cardiovasculaires et deux fois moins d’hospitalisations
d’origine cardiovasculaire.
L’équipe de cardiologie des hôpitaux universitaires de Genève a également mis en place un
programme d’éducation des patients coronariens : le programme « ELIPS » (20). Elle
pense que la promotion de l’ETP permet d’exploiter pleinement les progrès thérapeutiques
dans le cadre des SCA, bien au delà de l’hospitalisation, afin de réduire les récidives.
17
� Les centres de rééducation :
Une enquête franc-comtoise (11) réalisée en 2003 ayant pour objectif l’étude de la prise en
charge hygiéno-diététique et thérapeutique de la maladie coronarienne a montré que les
patients ont une connaissance imprécise de leur maladie et de leur traitement
médicamenteux ou hygiéno-diététique. Par contre les personnes ayant fait un infarctus sont
mieux pris en charge et se sont plus investis dans le contrôle des FDR, surtout s’ils ont eu
un séjour post-infarctus en CR (centre de rééducation). Celui-ci semble bénéfique pour les
conseils diététiques, l‘augmentation de l’activité physique, l’arrêt du tabac et la qualité des
traitements médicamenteux. Les preuves de l’efficacité de la réadaptation cardiaque en
terme de morbimortalité sont de plus en plus nombreuses. D’après Mme Vergès,
cardiologue et membre de la société française de cardiologie, la réadaptation cardiaque
concerne environ 30% des patients ayant eu un incident cardiaque (1), ceux ci sont alors
moins hospitalisés et plus observants. La phase 3 (phase post – rééducation) est plus
souvent assurée.
� Les réseaux :
Le réseau « Rivarance » (10) à Saint Malo a réalisé une évaluation après 4 ans d’existence
et l’éducation de plus de quatre cents patients en ambulatoire. Le travail en réseau a permis
un suivi pour les patients dont les centres de rééducation ne le proposent pas : bilan à trois,
six et douze mois.
Cette évaluation démontre que la sécurité des patients est assurée, que le bénéfice en
termes d’atteintes des recommandations sur les facteurs de risque est meilleur que celui
retrouvé dans l’étude européenne EuroAspire, que la performance physique est améliorée
de 22% à un an pour les patients suivis. Moins d’anxiété, une satisfaction des patients sont
remarquées aussi. En effet l’étude EuroAspire 2 (21) réalisée dans neuf pays en 1995 et
1996, puis en 2000 et 2001 ne montre guère d’évolution favorable sur l’arrêt du tabac,
l’obésité, la cholestérolémie et l’HTA six mois après un IDM.
Mes différentes recherches m’amènent à la conclusion suivante : l’ET des patients
coronariens en milieu hospitalier n’est pas courante, et les publications montrant son
efficacité restent rares.
Les patients ayant suivi un séjour en CR mettent en place des changements plus durables
dans le temps. Le fonctionnement en réseau pour le suivi après le séjour en CR est utile et
18
efficace. En CR, il faut bien différencier ETP et rééducation Etant donné la multiplicité des
interventions proposées au cours d’un stage de réadaptation cardiaque, il est difficile de
départager les effets du réentrainement de ceux des autres mesures de prévention
secondaire
3. QUELS SONT LES CRITERES DE QUALITE D’UNE EDUCATI ON
THERAPEUTIQUE ?
La prise en charge de la maladie coronarienne passe par des changements de
comportement auxquels le patient pourra adhérer si l’on parle d’une éducation
thérapeutique de qualité (22). D’autre part, ma problématique « comment améliorer …. »
va m’amener à évaluer ce qui se fait actuellement et à le confronter aux critères de qualité
de l’ETP qui sont les suivants.
� L’ETP doit être centrée sur le patient : accéder à ses connaissances, à ses
représentations de la maladie, à son ressenti, à ses conditions de vie, être attentif à sa
façon de réagir.
� Elle doit être intégrée aux soins, proposée à tous les patients ayant une maladie
chronique, ainsi qu’à son entourage.
� Elle doit être un processus permanent, adapté au patient, à son mode de vie et à
l’évolution de sa maladie.
� Elle est multiprofessionnelle et multidisciplinaire, réalisée par des professionnels de
santé formés à la démarche éducative avec des compétences pédagogiques, de
communication, organisationnelles, biomédicales et de soins.
� Elle doit être organisée dans le temps, définie en terme d’actions et de contenu.
� Elle doit être évaluée : le processus, les changements de comportement du patient.
Un des critères de qualité de l’ ETP est de la proposer à tous les patients de façon
permanente.
Qu’en est-il pour ceux qui ne veulent pas bénéficier de rééducation en CR, qui ne sont pas
admis ou encore à qui on ne l’a pas proposée, et plusieurs années après l’infarctus ?
Mettre en place ou améliorer une éducation thérapeutique est un travail multidisciplinaire,
implique un travail d’équipe avec la même motivation et les mêmes objectifs.
19
4. CONCLUSION
Les changements de comportements nécessaires au traitement non médicamenteux
(alimentation, tabagisme, activité physique), le risque de récidive accru si ces changements
ne durent pas, les conséquences psychologiques sur le patient et son entourage, les
recommandations des sociétés savantes, les pratique actuelles justifient la place de l’ETP
dans la prise en charge du patient coronarien.
D’après mes lectures et suite à mes recherches de stage, j’aurai tendance à dire que l’ET
des patients coronariens en milieu hospitalier est rare et se résume souvent à de
l’information, des conseils pendant l’hospitalisation ou des séances d’éducation collectives.
Tous les patients ne bénéficient pas de réadaptation post-infarctus pour différentes raisons
et les CR ne développent pas forcément l’ET. Dans ce cas les critères de qualité ne sont
pas respectés, l’ ETP ne fait pas partie intégrante de la prise en charge. Pourtant, il s’agit
d’une maladie chronique pour laquelle l’ET doit lui permettre d’être le principal acteur de
son traitement et de ses changements. Développer l’ET pour des patients coronariens dans
un service de cardiologie en milieu hospitalier est justifié et la problématique que je pose
est fondée et légitime.
20
Etape 3 : RAPPORT DE STAGE
1. CHOIX DU LIEU DE STAGE
Ma première intention était de suivre un stage dans un centre hospitalier afin de rencontrer
une équipe en cardiologie, ayant mis en place un programme d’éducation pour les patients
coronariens.
Après de nombreux appels téléphoniques, mes recherches sont restées vaines. Ce qui se
pratiquait ressemblait à ce que je connaissais déjà : éducation nutritionnelle (enquête
alimentaire, régime de sortie pendant l’hospitalisation), séances collectives mensuelles sur
différents sujets. Finalement un stage d’observation de trois jours et demi, une journée
d’entretien et une heure d’interview téléphonique dans trois lieux différents m’ont permis
d’avoir un aperçu de ce qui se fait en ETP du patient coronarien.
���� Stage d’observation (étape 3, paragraphe 3) : Je me suis tournée vers un CR en
sachant que ça ne correspondrait pas à ma réalité (les patients en CR séjournent 3
semaines à 1 mois, en centre hospitalier que quelques jours). Le stage s’est donc
déroulé au CRCP (Centre de Réadaptation Cardiologique et Pneumologique) de Pont
d’Héry du 2 au 5 mars, la matinée du 3 mars s’est passée à l’antenne de Besançon.
���� Journée d’entretien (étape 3, paragraphe 4) : Tous mes objectifs n’étant pas été atteints
lors de ce premier stage, et l’intérêt ressenti pour l’ET lors d’un premier contact avec
Mme Vergès, cardiologue au CMPR (centre de médecine physique et réadaptation)
« Les ROSIERS » à Dijon, m’ont motivée pour la rencontrer et compléter mes
observations. Une journée s’est donc organisée sous forme d’entretiens avec la
diététicienne et la cardiologue.
���� Interview téléphonique (étape 3, paragraphe 5) : Lors de mes recherches
bibliographiques, j’ai découvert que l’hôpital Debré à Pontoise avait mis en place un
programme d’ET pour patients coronariens. L’équipe d’éducation ne pouvait pas
m’accueillir en stage, leur activités étant suspendues pour raison de réorganisation. La
description succincte de l’infirmière en ET m’a intéressée, j’ai donc convenu d’un
interview par téléphone.
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2. OBJECTIFS DE STAGE
� Découvrir un programme d’éducation pour les patients coronariens.
� Participer à un bilan partagé initial, à des séances d’éducation en groupe ou en
individuel.
� Découvrir des outils : dossier éducatif, outils d’éducation, document de synthèse …
� Découvrir les méthodes d’évaluation des résultats et de processus.
3. STAGE AU CENTRE DE READAPTATION A PONT D’HERY
3.1. Description du lieu de stage
� Le lieu :
Le stage s’est déroulé au centre de réadaptation cardiologique et pneumologique de
Franche Comté « la Grange sur le Mont ». Il accueille des personnes atteintes d’affections
cardiaques et pulmonaires. Sa capacité est de 4 places en ambulatoire et de 94 lits
d’hospitalisation complète répartis de la façon suivante : 38 lits de réadaptation cardiaque,
12 lits de réadaptation pneumologique, 23 lits de soins de suite cardiaque, 21 lits de soins
de suite pneumologiques. Les soins de suite concernent les patients les plus fatigués, pour
qui la rééducation se fait plutôt en chambre. Je ne me suis pas intéressée à la prise en
charge de ces patients.
� L’objectif :
La réadaptation est adaptée aux possibilités du patient, elle allie soins, rééducation
physique, programme d’éducation et de prévention, soutien psychologique. Le livret
d’accueil explique : «Elle a pour but de vous aider à reprendre confiance en vos capacités,
à les développer, à acquérir les comportements bénéfiques à votre santé et nécessite votre
participation active pour une meilleure gestion de votre santé ».
3.2. La rencontre avec les professionnels de santé
J’ai été accueillie par la cadre « référente en ETP» qui a organisé les journées de stage en
fonction de mes objectifs et de ce qui se déroulait au CRCP durant cette semaine.
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J’ai rencontré différents professionnels de santé : infirmières, kinésithérapeutes,