, Education, formation et jeunesse Le Lycee germano-Iuxembourgeois Schengen (11) : Laboratoire pedagogique et de l'integration pour les et les enseignants 18-02-2009 C'es t de la fenetre de son bureau, situe dans UD conlainer au ras de la cour, que Je direcleur du Lycee germano-Iuxembourgeois Schengen, Volker Staudt, a appele par Jeu rs prenoms quelques eleves p ri s au hasard pour qu ' il s viennent le voi r. Saskia, Kevin, Ste ll a, Sophie, Daria et Em il ie, entrent, un peu timides - bmcau elu elirecteur oblige - ne sachant pas vraiment pourquoi ils ont ete heles et demanelant ce q ui se passe. "C'es t qu ' il y a ei es reporters pour vous poser eies ques ti ons sur l 'ecole." So ul agement, rire s, et tout le mo neI e est prie el e s'asseoir a ut our ele la table, ce qui se fait dans la ga iete, toute timielite envolee . Les temoignage s fu sen!, sans qu'il faille beaucoup insiste r. Les eleves sont-ils eleves du Lycee Schengen ? Saskia , un e petite ,' L de Schengen en face de Perl, qui est en Se lclas!,e elu Iycee, alors que ses compatriotes el e I'aulre cote de la sont encore en Se c\asse el e I 'eco le primaire, a son IJ I IICallVli : "C'est it cause el e ma sce ur. Elle est elej it ici depuis 'a nnee passee. Ell e m'a elit que c'elait bien. Alors j'ai vou lu ., moi aussi ." Sas ki a vi ent en bus, et e ll e rigole el cs reta rel s ue les bus mettent pour fianchir la petite eli stance qui separe Schengen el e Pe rl. Ce qui lui plal! pmiic ul ieremenl, ce so nt les groupes ele trava il proposes par l'eco le, le S POIt , I'a rt, o ul e journal eies eleves, auquel elle participe. Sophic , un e autre Luxembourgeoise, qui vient chaque jour avec deux compagnons el e Grevenmacher, n'es l entree au Lycee Schengen qu'en novcmbre 2008. E Jl e, c'est eI 'a bo rell es difliculles avec une enseignanle it Grevenmacher qui l'ont poussee it a ll er a Pe rl , mais aussi le fait qu 'e ll e a entendu "des choses sympathiques" sur la nouve ll e ecole. "Ici, on s'es l occupe ele moi, on a sa lu e ma venue avec un petit cadeau de bi envenue. Et puis il y ale s ateliers, Oll nous trava ill ons avec le bois et la laine, ce qui est bi en mieux que le bricolage auquel nous e ti ons astreints iI Grevenmache r. " Sophie lrou ve aussi que l 'cnseignement ele la langue luxembourgeoise est quelque chose ele positif. Avec ses camaraeles dc classe, il s elaborent un petit dictionnaire germano-Iuxembourgcois it partir de leurs conversati ons et de leur beso in s. Elle apprend ei es pelils AlI emaneI s et eux, ils apprenncnt d 'e ll e. Et puis ils vo nt faire des presentations avec power-point. Cela la renel nerveuse, car iln e faut pas lire ce qui est ecrit sur les pages, mais parler librement. Daria , un pe u plus timide que les aulres, mais jetant plcin de regards complices dans l'a ssemblee, vient de Per l. C' est sa mere qui a enlendu parler dc la nouve ll e ecole. Apres l'avoir visitee, Daria etait d'accord pour tenter I'aventure. Kevin, le se ul garyo n de la ronde, avait des difficultes en fi'all<;:ais au co urs de I' ecole primaire. Car auto ur de Pe rl , Je franyais est enseigne elan s le pri maire des la troisieme c1asse. De sorte que des qu' il a entendu pari C I' de l 'experience du Lycee Schengen, il a voulu ya ller. Illui faut trois quarts d 'hc me de bus pour venir. Emi lie, qui frequente la 6e classe, n 'a pas eu, un peu comme Soph.· .... 1""' ___ ..... _ primaire. SOll reve etait d'a ll er au Iycee, de preference iI Merz ig. E ll e a participe il l 'ecole primaire aux group es d'eleves qui voulaient y a ll e r. Viment l es bu ll etins, et il se trouva qu'on ne la recommandait pas pour Ic Iycee. "Je me se ntais anea ntL e. Et pui s il y eul cette journee O ll j 'a i pu connalL rc Je Lycee Schengcn, ct j 'a i lrouve 'lue c 'e tait ce qu ' il mc fa ll ait." Son pere, "qui est Americain ", precise-t. -e ll e, a (rouve quant il lui , que le Lycee Schengen ressemblc un peu a ce qu'il a COllliU chez lui : I'eeole iI temps plein, les langues. II a lui aussi trouve que c'etait une bonne alternative pour le futur. Jamais elle n'a eu d 'aussi bonnes notes, 1l0US confic Emilic, POUI qui Ic Lycee Sehen gen est to ut, sa uf la porte ä cote. Cc qui la motive, ce sont les semain es Oll il s travaillent sur des projets bi en precis. E ll e a prepare un expo se sur Gutenberg, PO LII lequel elle a elu , avec d'a utrcs, s' informer, re di ger un texte, trou ver d es illustrations pour son propos, et puis faire un e presentation. Trava ill er les ma th s en I cs combinant avcc dcs recits lui a egalement beaucoup plu, C0 11lme preparer le programme pour un echange avec d es eleves venus de I'rance. i\pprendre it apprendre. Tout le monde est d 'acco rd que <;:a les aide. Stella in voque ses parents, lajo urnee porte ouvertes de I'ecole, el malgre ses douze an s, et malgre le fait que six ans au moins la separent du bac, I'obtenlion du bac lu xembourgeois qui lui permettrait aussi el e travaill er au Lux embourg, ce qui est son grand objecli f'. Les langue s, le fran<;:ais, le luxembourgeoi s, viennent en tout pre mi er li eu chez e ll e, par exemple ce lrava il Slii un el icti onnaire germ <mo -Iuxembourgeois, puis la ma ni ere dont on leur apprend a se presenter, a parler d'e ux au cours d 'echanges sur la sema in e qu' il s viennent de vivre a I'eco le, et pas qu'en a ll e l11and. Ou it pa ri er de sujets pratiques comme les aliments ou plus ele li cats co mme I'amour, ce qui fait r irc Emilie qui abonde dans le meme sens. Cc qu c Stella et son amie apprecient ega lement, ce sonl les cours de sciences el e la societe, " un melange de politique, eI ' hi sloire et de geograp hi e, et parfois de sciences nature ll es", comme le dit avec ces mots -I a dans Je texte ce lte fille de douze ans, qui s'es t organisee avec trois autres camarades POLII venir en taxi a I'ecole, puisquc son vi ll age, situe a 30 ki lometres dc Perl, n'est pas bien desser vi par les transports publics. Ce qui etonne le visiteur, habitue aux je un es souvent peu loquaces des ecoles dc ce cote-ci el e la Mose ll e, c 'es t quc ces presqu 'e nfanls qui onl enlre 11 el 12 ans se formulent, se situent, par le nt Iibrement, sans peur, critiques, mais aussi engages et enthousiastes el plutot fi ers de lcur ecole et eI 'e n elre. Les enseignants Desiree Nenno enseignait a la Realschule de Pe rl , qui pmiage ses locaux avec le Lycee Schengen. Ell e n 'a pas hesite a se porter volontaire pour faire partie de la nouvcllc equipe qui allail mettre en place un Iycee avec des methodcs d'enseignement plus nr!t>nl t>' el iI temps plein. C'es ll e cote pedagogique qui I'a plus que le cote "Europe". Son bilan apres un an et de mi ncl. "Professionne ll ement, jc pcux plcinement me reali ser ic i. Je peux venir avec mes proposilions, je peux participer au developpement de I'ecole. Et en fin de compte, I'integration 'lue nous operons ici entre eleves luxembourgeois ct aJJemanels m'apporte enormement. Et puis c'est bien que les jeunes se lient entrc cux, alors qu'entre les viei ll es generations de parl et d'autre de la fronliere, il existait avant des conflils non- exprimes et un tas d'autres non-dits." Des friclions culturelles? Peu, selon Desiree Nelllio. "Presque pas chez les enseignants, puisqu'ils sont tous liI pour conslruire ensemble quelque chose de nouveau. Les parents luxembourgeois sont par contre plus severes que les parents a ll emands. 11 semble aussi que I'e nseignement luxembourgeois soit plus eentre sur les enseignants, alors que chez nous, il est p lu s cenlre sur les eleves." Meme son de cloche du cöte de Nadine Vandivinit, une prof rraichement emoulue du stage dans son pays, qui est aussi venue parce qu'eJle vo ul ait enseigner autrement. Elle a du passer eleux semaines ele formation e njuillet et en aout. En pleines vacances d'ete? "Mais je ne suis pas devenue prof it cause des vacances scolaires", rdorque -t-e ll e. El le est sa ti siaite de pouvoir se consacrer a sa matiere, mais aussi iI pouvoir aidcr ses eleves iI developpcr des competences social es et it faire une experience tran sf rontaliere. "Pour les eleves en tout cas, la nationalite n 'est surement pas la chose la plus impoltante et nc joue aucun röle dans les ami ti es qui se nouent", avance-t-elle sans hesiter. "lei, nous avons pu monter en plus un enseignement des langues qui es t base sur le fait que I'on vit des succes. Par exemp le, en luxembourgeois, les eleves redigent entre eux un dictionnaire qui conespond aleurs besoins. Le travail se fait par echanges en partena ri at, le profn'etant qu'un accompagnateur de I'apprentissage. Et puis, le fran<;:ais , ta nt vilipende au Luxembourg, parce qu 'o n enseigne sa grammaire, mais pas vraiment comment le parJer, est la premiere langue ctrangere et la langue d'enseignement elans certaines matieres. Le Lycee Schengen est une ecole bil in gue, chose qu'il ne faut pas oublier. Son enseignement est base sur I'apprentissage de plusicurs competences, comme lire, comprendre a I'audition orale, .. s'exprimer. " . C1audine Sauer, 37 ans de metier, donl 8 au Luxembourg et 23 cn A ll emagne, Fran <;:aise, pere luxembourgeois, mere 1 00Taine, granel -pere a ll emm1d, "fille el e la grande Region" selon sa propre ·expression, apprecie que le Lycee Sehen gen soit aussi pluri li ngue, mais resse nli es differences de niveau entre eleves me un veritable deli, puisqu'il faut, au fil du temp s, les Sa longue experience dans phlsicurs types 'cnse ignement lui est utile, notammenl quand il faut aider les eleves anglophone s, pour qui le franc,:ais et l 'a llemand sonl eies langues etrangeres, et le franyai s de surcrolt une langue difficiJe. C'es t pourquoi e ll e enseigne sa matiere en passant par des competences. Elle recourt par exemple aux consignes comme li s, tradui s, coche, bifte, souligne. E ll e insiste sur I'ora l, I'expression et la comprehension. Les projets - comme explorer la presence des Romains dans la region, par une visite a la villa romaine reconstituee de Borg ou une visi te au Musec national d' hi stoire et d'mi a Luxembourg - ou le recO Llf s iI I'lnternet - "pas un amuse l11ent" , preci se Claueline Sauer, "mais un meelia qui ob li ge iI lire et iI ecri re" - et il l'informatiquc pour les presenlalions so nt d'au tres moyens pour developper les COl11petences des eleves. "Cerlains parents, s ultout luxe mbourgeois, croienl que leurs enfants sont en regression. Pas du tout. C'es l une autre maniere d 'apprendre !" Dont acte.