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HAL Id: pastel-00750754 https://pastel.archives-ouvertes.fr/pastel-00750754 Submitted on 12 Nov 2012 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES MÉTHODOLOGIES PAR SPECTROMÉTRIE DE MASSE A TRÈS HAUTE RÉSOLUTION POUR L’ANALYSE STRUCTURALE DE COMPLEXES PROTÉIQUES Ophélie Robine To cite this version: Ophélie Robine. DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES MÉTHODOLOGIES PAR SPEC- TROMÉTRIE DE MASSE A TRÈS HAUTE RÉSOLUTION POUR L’ANALYSE STRUCTURALE DE COMPLEXES PROTÉIQUES. Chimie analytique. Ecole Polytechnique X, 2012. Français. pastel-00750754
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DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES MÉTHODOLOGIES PAR …

Oct 18, 2021

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Page 1: DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES MÉTHODOLOGIES PAR …

HAL Id pastel-00750754httpspastelarchives-ouvertesfrpastel-00750754

Submitted on 12 Nov 2012

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents whether they are pub-lished or not The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad or from public or private research centers

Lrsquoarchive ouverte pluridisciplinaire HAL estdestineacutee au deacutepocirct et agrave la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche publieacutes ou noneacutemanant des eacutetablissements drsquoenseignement et derecherche franccedilais ou eacutetrangers des laboratoirespublics ou priveacutes

DEacuteVELOPPEMENT DE NOUVELLESMEacuteTHODOLOGIES PAR SPECTROMEacuteTRIE DEMASSE A TREgraveS HAUTE REacuteSOLUTION POURLrsquoANALYSE STRUCTURALE DE COMPLEXES

PROTEacuteIQUESOpheacutelie Robine

To cite this versionOpheacutelie Robine DEacuteVELOPPEMENT DE NOUVELLES MEacuteTHODOLOGIES PAR SPEC-TROMEacuteTRIE DE MASSE A TREgraveS HAUTE REacuteSOLUTION POUR LrsquoANALYSE STRUCTURALEDE COMPLEXES PROTEacuteIQUES Chimie analytique Ecole Polytechnique X 2012 Franccedilaispastel-00750754

THESE

Preacutesenteacutee pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE LrsquoECOLE POLYTECHNIQUE

Speacutecialiteacute Chimie

Par

Opheacutelie ROBINE

Deacuteveloppement de nouvelles meacutethodologies par spectromeacutetrie

de masse agrave tregraves haute reacutesolution pour lrsquoanalyse structurale de

complexes proteacuteiques

Directrice de thegravese Julia Chamot-Rooke

Soutenue le 28 septembre 2012 devant la commission d‟Examen composeacutee de

M Jean-Michel Camadro Preacutesident

Mme Julia Chamot-Rooke Directrice de thegravese

Mme Emmanuelle Leize Rapporteur

M Christian Rolando Rapporteur

M Guillaume van der Rest Co-directeur de thegravese

i

ii

Le geacutenie crsquoest 1 drsquoinspiration

et 99 de transpiration

Thomas Edison

So mushkil vakt comando sakth

A close friend

iii

Remerciements

Je tiens tout d‟abord agrave remercier Gilles Ohanessian Directeur du laboratoire des

Meacutecanismes Reacuteactionnels de l‟Eacutecole Polytechnique de m‟avoir accueillie au sein de son

Uniteacute de Recherche et de m‟avoir donneacute l‟opportuniteacute de reacutealiser ce travail de thegravese

Ce travail de thegravese a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Julia Chamot-Rooke et la co-direction

de Guillaume van der Rest Je vous remercie de votre aide de votre soutien et de vos

encouragements dans les moments plus difficiles qui surviennent au cours d‟une thegravese Un

grand merci agrave tous les deux de m‟avoir accompagneacutee jusqu‟au bout de cette belle aventure

J‟adresse mes plus sincegraveres remerciements agrave Madame Emmanuelle Leize et Monsieur

Christian Rolando d‟avoir accepteacute d‟ecirctre les rapporteurs de ce travail Merci eacutegalement agrave

Monsieur Jean-Michel Camadro d‟avoir participeacute agrave l‟eacutevaluation de ma Thegravese de Doctorat

Je tiens aussi agrave exprimer ma profonde reconnaissance agrave Eacutedith et Christian de m‟avoir

eacutepauleacutee quand j‟en avais besoin dans mes expeacuteriences et de m‟avoir enseigneacute les rouages des

spectromegravetres de masse du laboratoire plus ou moins capricieux Je suis d‟accord avec Eacutedith

bien que Christian ait toujours raison le FT-ICR (sous toutes ses versions) est le meilleur

instrument du monde entier J‟exprime eacutegalement ma gratitude agrave Vincent d‟Orsay et agrave

Thibaut et Manuel de Paris 7 de m‟avoir aideacutee agrave dompter leur machine

Un grand merci agrave Yves Meacutechulam Directeur du laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole

Polytechnique de m‟avoir offert l‟opportuniteacute d‟enseigner au sein de son deacutepartement et de

travailler en collaboration avec son laboratoire Merci aussi agrave Emmanuelle pour ses conseils

Un tregraves grand merci agrave toutes celles et ceux qui ont partageacutes mon bureau et mon amitieacute

pendant ces trois anneacutees de dur labeur Notamment merci agrave Yasmine Jianqing Jana et Jan

J‟adresse eacutegalement mes sincegraveres remerciements agrave Eacutedith et Julien pour vos pauses cafeacute (ou

plutocirct theacute ) que j‟ai beaucoup appreacutecieacutees en cette fin de thegravese et agrave Joe pour tes discussions agrave

n‟en plus finir et ton humour anglais Best of Luck Merci aux anciens Mag Renjiehellip

Merci enfin agrave toutes les personnes que jrsquoai cocirctoyeacutees ou croiseacutees au DCMR pendant ces

trois anneacutees meacutemorables Merci agrave Theacuteregravese Carine Sophie Steph Michel Chris Gilles

Ash P-H Vanessa Tatianahellip Et pour finir je tiens eacutegalement agrave remercier chaleureusement

mes entraineurs de boxe agrave l‟X Merci agrave Reacutemy Fred et Gilou pour votre coaching deacutecoiffant

Un exemple de prochain challenge les JO de Rio de Janeiro en 2016hellip

iv

Je nrsquooublierai pas de remercier eacutegalement

Jean-Baptiste

Je ne te remercierai jamais assez de ta preacutesence agrave mes cocircteacutes depuis maintenant quelques

anneacutees deacutejagrave et de tout ce que tu fais pour moi Notre rencontre remonte au deacutebut de notre vie

eacutetudiante et voici que nous la finissons ensemble J‟espegravere te retrouver tregraves prochainement

pour le commencement d‟une nouvelle vie agrave deux Merci pour ton soutien et ta compliciteacute

Merci de partager mon quotidien et de me remonter le moral quand il est dans les chaussettes

Merci de partager mes joies mes peines Merci de t‟ecirctre inteacuteresseacute agrave mon travail et d‟avoir

chercheacute avec moi des solutions Merci pour tes petits plats mijoteacutes avec amourhellip Un grand

merci pour TOUT ton amour avec un grand A

Mes parents et mes sœurs

Merci de m‟avoir insuffleacute la soif d‟apprendre et la curiositeacute intellectuelle de m‟avoir

donneacute l‟envie et les moyens de faire des eacutetudes Merci de m‟avoir soutenue et encourageacutee

jusqu‟au bout de ma longue formation Merci de vous ecirctre tenus au courant de l‟avanceacutee de

mon travail de recherche Merci pour votre amour votre tendresse et votre reacuteconfort de tous

les jours Merci pour tout Ma reacuteussite est eacutegalement la vocirctre

Ma famille et belle-famille

Merci agrave vous tous pour votre affection et votre bienveillance mais je tiens agrave remercier plus

particuliegraverement ma Mamie d‟ecirctre encore pregraves de moi aujourd‟hui Merci du fond du cœur de

m‟avoir toujours beaucoup aideacutee soutenue encourageacutee reacuteconforteacutee entoureacuteehellip durant toutes

ces anneacutees et encore plus ces trois derniegraveres Merci pour notre cohabitation nos fous rires nos

discussionshellip merci pour tous ces tregraves bons moments que nous avons partageacutes ensemble

Mes amis

Laurence ma sœur siamoise du hand avec laquelle j‟ai lieacute une sincegravere amitieacute il y a six

ans deacutejagrave Merci d‟avoir gardeacute le contact et de m‟avoir soutenue durant ces trois derniegraveres

anneacutees malgreacute les contraintes d‟espace et de temps imposeacutees par la thegravese et la vie active

J‟espegravere que maintenant nous allons nous revoir plus souvent autour d‟une triple Carmeacutelite

Ash my best male friend I met you in DCMR lab two years ago where you were pursuing

a post doctoral research work Thanks a lot for ALL your happiness your support your

helphellip You taught me how to be self-confident I found in you a confidant and a collaborator

Un grand merci agrave vous tous

v

Liste des abreacuteviations

AA acide formique

ACN aceacutetonitrile

AF acide formique

aIF2 facteur d‟initiation 2 chez les archeacutees

ATD distribution des temps d‟arriveacutee

ATP adeacutenosine triphosphate

ARN(mt) acide ribonucleacuteique (messagertransfert)

BN-PAGE eacutelectrophoregravese sur gel de polyacrylamide en condition bleue native

CI ionisation chimique

CID dissociation induite par collision

DNA acide deacutesoxyribonucleacuteique

DSG DiSuccinimidyl Glutarate

ECD dissociation par capture d‟eacutelectron

EGTA acide eacutethylegravene glycol teacutetraaceacutetique

ESI ionisation par eacutelectroneacutebulisation

ESSI ElectroSonic Spray Ionisation

ETD dissociation par transfert d‟eacutelectron

FID Free Induction Decay

FT-ICR reacutesonance cyclotronique ionique agrave transformeacutee de Fourier

FT-MS spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier

GTP guanosine triphosphate

HDX eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

HDXMS eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium analyseacute par spectromeacutetrie de masse

HIV virus de limmunodeacuteficience humaine

HMQC correacutelation quantique multiple heacuteteacuteronucleacuteaire

HPLC chromatographie en phase liquide agrave haute performance

HSQC correacutelation quantique unique heacuteteacuteronucleacuteaire

vi

IgG immunoglobulines G

IRMPD dissociation multiphotonique infrarouge

ISD In-Source Decay

LC chromatographie en phase liquide

LC-MSMS chromatographie en phase liquide coupleacutee agrave la spectromeacutetrie de masse en

tandem

LILBID Laser-Induced Liquid Beam IonizationDesorption

m-NBA alcool m-nitrobenzylique

MALDI deacutesorptionionisation au laser assisteacutee par matrice

MPT modification post-traductionnelle

MS spectromeacutetrie de masse

MSMS spectromeacutetrie de masse en tandem

NHS N-HydroxySuccinimide

nOe effet Overhauser nucleacuteaire

Q-ToF quadripocircle-temps de vol

RMN reacutesonance magneacutetique nucleacuteaire

SAXS diffusion des rayons X aux petits angles

SDS-PAGE eacutelectrophoregravese sur gel de polyacrylamide en conditions deacutenaturantes contenant

du dodeacutecyl sulfate de sodium

SMI spectromeacutetrie de mobiliteacute ionique

SORI Sustained Off-Resonance Irradiation

SPR reacutesonance plasmonique de surface

TAP-Tag purification par affiniteacute en tandem

TEV virus de la gravure du tabac

TROSY spectroscopie de relaxation transversale optimiseacutee

UPLC chromatographie en phase liquide ultra haute performance

UV ultraviolet

vii

Table des matiegraveres

Introduction geacuteneacuterale 1

Chapitre I Introduction 7

I1 Analyse de complexes proteacuteiques 9

I11 Structure des proteacuteines 9 I111 Structure primaire 10 I112 Structure secondaire 12 I113 Structure tertiaire 15 I114 Structure quaternaire 17

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique 19 I121 Meacutethodes classiques pour l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines 19

I1211 Cristallographie des proteacuteines 19 I1212 Spectroscopie RMN 21

I122 Meacutethodes pour l‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des assemblages

macromoleacuteculaires 24 I1221 Diffusion aux petits angles 24 I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique 24 I1223 Chromatographie d‟exclusion steacuterique 26 I1224 Reacutesonance plasmonique de surface 27 I1225 Spectromeacutetrie de masse 28

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique 37

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique structurelle des proteacuteines en solution 40

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux proteacuteines en solution 40

I211 Quel type d‟hydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX 40 I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de l‟accessibiliteacute des proteacuteines 42 I213 Meacutecanismes de la reacuteaction d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les proteacuteines et peptides 43

I2131 Deacutefinition du facteur chimique 43 I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique 43 I2133 Catalyse de la reacuteaction 46 I2134 Cineacutetique d‟eacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de protection 46 I2135 Deux modegraveles de cineacutetique d‟eacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et repliement

des proteacuteines 47 I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines 49

I221 Marquage continu 50 I222 Marquage pulseacute 50

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par spectromeacutetrie de masse 51

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN 51 I232 Approche classique laquo bottom-up raquo 52

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS 53 I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques 56

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD 60 I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD 60 I2332 Approches top-down et HDX 62 I2333 Limitations des approches top-down HDX 64

I3 Bibliographie 65

viii

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles validation de lrsquoapproche combinant eacutechanges HD et fragmentation ECD 79

II1 Introduction 81

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX 81 II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen 82

II2 Reacutesultats 84

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons 84 II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence84 II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo 85

II3 Conclusions 92

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III 92 II32 Autres instruments FT-ICR 93

II4 Bibliographie 96

Chapitre III Deacuteveloppement de lrsquoapproche HDX top-down ECD 99

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD 101

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo 101 III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo 102

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo 106

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX 106 III211 Proteacuteines d‟eacutetude 106 III212 Protocole d‟analyse HDXMS 107 III213 Instruments utiliseacutes 108

III22 Fragmentation par ECD 109 III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3 109

III2211 Spectre de masse 109 III2212 Reacutesultats obtenus en ECD 109 III2213 Reacutesultats en HDXECD 113 III2214 Analyse des donneacutees 115

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ 121 III2221 Optimisation du protocole d‟analyse 121 III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD 123

III23 Fragmentation par ETD 127 III231 Spectre de masse 127 III232 Reacutesultats obtenus en ETD 128 III233 Reacutesultats en HDXETD 129 III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats d‟ECD 131 III235 Conclusion 134

III24 Fragmentation par CID 135 III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 135

III2411 Spectres de masse 135 III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID 136

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines 139

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse 142

III4 Conclusion 147

III5 Bibliographie 149

ix

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source refroidie 151

IV1 Echange inverse 153

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction 155

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo 156 IV22 Avec une approche laquo top-down raquo 158

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection 165

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo 166 IV32 Mateacuteriel et meacutethodes 166

IV321 Instrumentation 166 IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes 168

IV33 Reacutesultats 169 IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine 169

IV3311 Reacutealisation de la maquette 169 IV3312 Reacutealisation des prototypes 169

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides 174 IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK 175 IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK 175

IV33221 Deacutetermination du temps d‟incubation pour le deacutemarquage seacutelectif 176 IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo 179

IV3323 Cas du peptide GluF 186 IV34 Conclusion 187

IV4 Bibliographie 189

Conclusion geacuteneacuterale 191

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes 197

A1 Instrumentation 199

A11 Ionisation par eacutelectrospray 199 A111 Formation des gouttelettes chargeacutees 200 A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes 201 A113 Formation d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites gouttelettes fortement

chargeacutees 201 A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS) 203

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 203 A1211 Principe physique 206 A1212 Pieacutegeage des ions 206 A1213 Obtention des spectres de masse 208

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 212 A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse 212 A1222 Sensibiliteacute 212 A1223 Gamme dynamique 213 A1224 Gamme de masse 213

A123 Technologie Orbitrap 214 A13 Fragmentation en phase gazeuse 216

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR 216 A132 Fragmentation par ETD sur l‟Orbitrap 218 A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF 220

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium 220

A21 Marquage 220 A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes 220 A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine 221 A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ 221

x

A22 Dessalage 222 A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse 222

A3 Bibliographie 224

xi

1

Introduction geacuteneacuterale

2

3

Acteurs essentiels de l‟organisation cellulaire et de la reacutegulation du meacutetabolisme les

proteacuteines sont agrave la fois des cibles theacuterapeutiques et des meacutedicaments potentiels Leacutetude de ces

proteacuteines agrave grande eacutechelle appeleacutee analyse proteacuteomique a eacuteteacute rendue possible ces derniegraveres

anneacutees par la mise au point dapproches robustes baseacutees sur des deacuteveloppements importants

en spectromeacutetrie de masse Cependant un simple inventaire de ces proteacuteines ne suffit pas agrave

comprendre les pheacutenomegravenes biologiques complexes qui reacutegissent lactiviteacute cellulaire Ainsi

appreacutehender la maniegravere dont sont organiseacutees ces proteacuteines en complexes multiproteacuteiques est

un des deacutefis actuels de la proteacuteomique Le nombre dinteractions entre proteacuteines au sein d‟une

cellule eacutetant tregraves important linvestigation de ces multiples reacuteseaux proteacuteiques neacutecessite de

nouveaux deacuteveloppements agrave la fois en spectromeacutetrie de masse mais aussi en bioinformatique

pour fournir des meacutethodologies adapteacutees ainsi que des outils puissants pour les analyser

Les interactions entre proteacuteines sont gouverneacutees par leur agencement et repliement dans

l‟espace faisant de la structure tridimensionnelle de ces complexes un eacuteleacutement-cleacute dans

l‟eacutetude et la compreacutehension de la vie de la cellule Les meacutethodes physico-chimiques les plus

couramment utiliseacutees pour ces eacutetudes structurales sont la cristallographie et la spectroscopie

RMN Bien que ces meacutethodes d‟analyse soient les piliers de la biologie structurale actuelle

elles preacutesentent toutefois des limitations majeures la cristallographie des proteacuteines

eacutegalement appeleacutee diffraction des rayons X neacutecessite de pouvoir cristalliser les proteacuteines et la

spectroscopie RMN est limiteacutee agrave des systegravemes de taille modeste Par ailleurs les deux

techniques requiegraverent des quantiteacutes relativement importantes d‟eacutechantillon et ne donnent

quune image statique qui est loin de la reacutealiteacute de la structure des proteacuteines Il est donc

devenu indispensable de deacutevelopper des meacutethodes alternatives permettant de sinteacuteresser agrave la

dynamique de ces systegravemes biologiques tout en travaillant avec des quantiteacutes les plus faibles

possibles d‟eacutechantillon

Dans ce contexte la spectromeacutetrie de masse est devenue ces derniegraveres anneacutees un outil

inteacuteressant pour la biologie structurale La spectromeacutetrie de masse preacutesente l‟avantage de

permettre des eacutetudes sur des proteacuteines non cristallisables d‟ecirctre peu consommatrice en

mateacuteriel et de permettre des analyses rapides sur des systegravemes complexes tant par la diversiteacute

que par la taille Il existe aujourd‟hui trois grandes approches baseacutees sur la spectromeacutetrie de

masse pour eacutetudier l‟organisation structurale d‟un complexe proteacuteique La premiegravere consiste agrave

utiliser des conditions d‟ionisation adapteacutees permettant de maintenir en phase gazeuse des

interactions non covalentes au sein de complexes proteacuteiques La deuxiegraveme approche repose

sur le pontage covalent des proteacuteines en association suivi d‟une digestion enzymatique et

4

analyse par spectromeacutetrie de masse Les agents pontants permettent dobtenir des informations

de topologie du complexe initial en creacuteant des liaisons covalentes entre des acides amineacutes

proches dans la structure tertiaire Une derniegravere technique consiste agrave effectuer un marquage de

la surface accessible du complexe qui peut ecirctre soit permanent par l‟utilisation de reacuteactifs

chimiques particuliers ou par l‟exposition aux radicaux hydroxyles soit labile Dans ce

dernier cas les eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium sont geacuteneacuteralement utiliseacutes La

vitesse deacutechange des hydrogegravenes damide dun squelette polypeptidique deacutepend de

l‟accessibiliteacute au solvant mais eacutegalement de la stabiliteacute de la structure locale Ainsi les

hydrogegravenes d‟amide situeacutes dans les reacutegions flexibles ou non structureacutees de la proteacuteine telles

que les boucles et les coudes ou dans les reacutegions accessibles au solvant ont des vitesses

d‟eacutechange rapides identiques agrave celles observeacutees dans le cas d‟un peptide non structureacute Au

contraire ceux qui sont impliqueacutes dans des structures secondaires stables comme les heacutelices

α et les feuillets β ainsi que ceux enfouis dans le cœur hydrophobe des proteacuteines s‟eacutechangent

plus lentement car ils sont proteacutegeacutes La mesure des vitesses deacutechange permet donc de sonder

localement la structure dune proteacuteine ou dun complexe L‟avantage majeur de cette approche

est qu‟elle ne modifie pas la structure tridimensionnelle du complexe ce qui n‟est pas

toujours le cas avec des marquages covalents De plus elle permet de sinteacuteresser agrave des

complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire En revanche le fait que le marquage soit labile

impose des conditions expeacuterimentales strictes agrave respecter pour eacuteviter le deacutemarquage et

davantage de contraintes au niveau de la rapiditeacute de l‟analyse Malgreacute ces limitations

l‟association des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium et de la spectromeacutetrie de masse

(HDXMS) est devenue une meacutethode largement employeacutee pour l‟eacutetude structurale et

dynamique des proteacuteines et complexes proteacuteiques

L‟analyse par spectromeacutetrie de masse des proteacuteines marqueacutees au deuteacuterium est

classiquement reacutealiseacutee par une approche laquo bottom-up raquo Cette derniegravere consiste agrave analyser des

peptides obtenus par digestion enzymatique de la proteacuteine dinteacuterecirct Chaque hydrogegravene

remplaceacute par un deuteacuterium conduit agrave un increacutement en masse de 1 Da facilement deacutetectable par

spectromeacutetrie de masse Pour chaque peptide une cineacutetique d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

peut donc ecirctre obtenue Si cette approche a montreacute tout son inteacuterecirct mecircme pour des systegravemes

tregraves grands l‟inconveacutenient majeur en est la reacutesolution qui est limiteacutee par la taille des peptides

geacuteneacutereacutes (en moyenne 5-10 acides amineacutes) Une alternative qui sest deacuteveloppeacutee ces derniegraveres

anneacutees est celle qui consiste agrave introduire la proteacuteine intacte en phase gazeuse (approche laquo top-

down raquo) et agrave la fragmenter par capture ou transfert dun eacutelectron En effet contrairement aux

approches de fragmentation classiques par CID (laquo Collision Induced Dissociation raquo) qui

conduisent agrave une redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums dans la seacutequence ces approches ECD

5

ou ETD permettent de localiser les deuteacuteriums dans la seacutequence avec une reacutesolution qui peut

ecirctre agrave lacide amineacute

Ce travail de thegravese sinscrit dans cette theacutematique de deacuteveloppement dapproches top-down

apregraves eacutechanges HD pour lanalyse de complexes proteacuteiques Les systegravemes biologiques sur

lesquels nous avons choisi de travailler sont les complexes dinitiation de la traduction et ce

travail est meneacute en collaboration avec le laboratoire de Biochimie de lEacutecole Polytechnique

(E Schmitt et Y Meacutechulam) Il a eacuteteacute initieacute lors de la thegravese de M Duchateau (soutenue en

feacutevrier 2010)

Cette thegravese comporte quatre grands chapitres

Le premier est un chapitre bibliographique Il comprend des geacuteneacuteraliteacutes sur la structure des

proteacuteines les meacutethodes physico-chimiques classiquement utiliseacutees en biologie structurale et

fait eacutegalement le point sur les diffeacuterentes approches baseacutees sur la spectromeacutetrie de masse

permettant dobtenir des informations structurales sur des proteacuteines ou des complexes

proteacuteiques Le principe des eacutechanges HD et leur analyse par spectromeacutetrie de masse incluant

les derniers deacuteveloppements dans le domaine fait lobjet de la fin de ce chapitre

Le chapitre II est consacreacute agrave leacutetude de peptides modegraveles qui peuvent ecirctre seacutelectivement

marqueacutes au deuteacuterium Ces peptides ont eacuteteacute utiliseacutes comme sonde (i) du deacutemarquage (D H)

qui peut avoir lieu agrave diffeacuterents endroits du spectromegravetre de masse et (ii) du reacutearrangement

aleacuteatoire des deuteacuteriums et des hydrogegravenes dans la seacutequence polypeptidique lors dexpeacuteriences

de spectromeacutetrie de masse en tandem Lobjectif de ces eacutetudes eacutetait de mettre au point une

approche robuste par ECD ou ETD pour lanalyse de peptides deuteacutereacutes en vue de lappliquer agrave

des proteacuteines

Dans le chapitre III sont regroupeacutes les reacutesultats obtenus pour lanalyse du complexe aIF2 et

notamment toute la mise au point de lapproche top-down HDX sur une des sous-uniteacutes de ce

complexe Des essais ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave la fois en ECD sur diffeacuterents spectromegravetres de masse

FT-ICR et en ETD sur un instrument de type Orbitrap installeacute sur la plateforme proteacuteomique

de Paris Diderot dirigeacutee par J-M Camadro Ce chapitre montre toute la difficulteacute quil peut y

avoir pour rendre lapproche robuste et reproductible notamment pour des eacutechantillons reacuteels

pour lesquels de nouvelles contraintes apparaissent (quantiteacute disponible dessalage

stabiliteacute)

Sur la base des reacutesultats obtenus dans le chapitre III il nous est apparu eacutevident quun

problegraveme majeur de reproductibiliteacute eacutetait lieacute agrave leacutetape dintroduction des eacutechantillons deuteacutereacutes

dans le spectromegravetre de masse Nous avons donc deacutecideacute de mettre au point un systegraveme

complegravetement diffeacuterent de tout ce qui avait eacuteteacute deacuteveloppeacute jusquagrave preacutesent baseacute sur lutilisation

6

dune enceinte isoleacutee qui peut ecirctre maintenue agrave -30degC La mise au point de ce montage

expeacuterimental que nous avons appeleacute cryosource fait lobjet du quatriegraveme chapitre de ce

manuscrit Les diffeacuterentes modifications ayant conduit agrave la version finale de cette cryosource

les difficulteacutes rencontreacutees et la maniegravere donc nous les avons reacutesolues et les performances que

lon peut atteindre sur des peptides ou des proteacuteines sont deacutecrites dans ce chapitre

Le manuscrit se termine par une conclusion geacuteneacuterale et les perspectives lieacutees agrave ce travail et

une annexe deacutecrivant les mateacuteriels et meacutethodes

7

Chapitre I Introduction

8

Chapitre I Introduction 7

I1 Analyse de complexes proteacuteiques 9

I11 Structure des proteacuteines 9 I111 Structure primaire 10

I112 Structure secondaire 12

I113 Structure tertiaire 15

I114 Structure quaternaire 17

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique 19 I121 Meacutethodes classiques pour l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines 19

I1211 Cristallographie des proteacuteines 19

I1212 Spectroscopie RMN 21

I122 Meacutethodes pour l‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des assemblages

macromoleacuteculaires 24

I1221 Diffusion aux petits angles 24

I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique 24

I1223 Chromatographie d‟exclusion steacuterique 26

I1224 Reacutesonance plasmonique de surface 27

I1225 Spectromeacutetrie de masse 28

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique 37

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique structurelle des proteacuteines en solution 40

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux proteacuteines en solution 40

I211 Quel type d‟hydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX 40

I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de l‟accessibiliteacute des proteacuteines 42

I213 Meacutecanismes de la reacuteaction d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les proteacuteines et peptides 43

I2131 Deacutefinition du facteur chimique 43

I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique 43

I2133 Catalyse de la reacuteaction 46

I2134 Cineacutetique d‟eacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de protection 46

I2135 Deux modegraveles de cineacutetique d‟eacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et

repliement des proteacuteines 47

I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines 49 I221 Marquage continu 50

I222 Marquage pulseacute 50

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par spectromeacutetrie de masse 51

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN 51

I232 Approche classique laquo bottom-up raquo 52

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS 53

I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques 56

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD60

I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD 60

I2332 Approches top-down et HDX 62

I2333 Limitations des approches top-down HDX 64

I3 Bibliographie 65

9

I1 Analyse de complexes proteacuteiques

Les proteacuteines sont des composants essentiels de la cellule En effet elles assurent

l‟immense majoriteacute des fonctions cellulaires responsables de la vie Les proteacuteines sont

responsables de la catalyse enzymatique du transport des moleacutecules de la deacutefense de l‟hocircte

de la conversion eacutenergeacutetique ainsi que de beaucoup d‟autres processus cellulaires essentiels

Les proteacuteines sont des macromoleacutecules biologiques de haut poids moleacuteculaire qui

comportent diffeacuterents niveaux de structuration allant de leur seacutequence en acides amineacutes agrave leur

structure tridimensionnelle au sein de complexes proteacuteiques La structure tridimensionnelle

d‟une proteacuteine est intimement lieacutee agrave sa fonction Toute l‟information requise pour qu‟une

proteacuteine adopte une conformation native particuliegravere est contenue dans sa seacutequence en acides

amineacutes (1) Les multiples conformations que sont capables d‟adopter les proteacuteines leur

permettent de remplir la varieacuteteacute de tacircches qui leur incombent mais en font des systegravemes

complexes agrave analyser

Cependant aussi puissantes que les proteacuteines puissent ecirctre individuellement leur veacuteritable

pouvoir et leur complexiteacute deacutecoulent des interactions qu‟elles entretiennent avec d‟autres

moleacutecules Beaucoup d‟entre elles ne remplissent leur fonction que si elles sont lieacutees agrave des

ligands tels que des ions meacutetalliques des groupes prostheacutetiques ou agrave d‟autres proteacuteines (2) En

effet un grand nombre de pheacutenomegravenes biologiques implique l‟activiteacute de plusieurs proteacuteines

agrave travers la formation de complexes multi-proteacuteiques Ainsi la compreacutehension des processus

cellulaires au niveau atomique passe par la deacutetermination de la structure tridimensionnelle de

ces complexes

I11 Structure des proteacuteines

L‟analyse de la structure tridimensionnelle revient agrave deacutecrire la position relative des

diffeacuterents atomes constituant une proteacuteine donneacutee De la seacutequence de la proteacuteine agrave la

formation de complexes oligomeacuteriques il existe quatre niveaux de structuration de la

proteacuteine

10

I111 Structure primaire

Les proteacuteines sont des assemblages d‟acides amineacutes (nombre supeacuterieur agrave 50) lieacutes entre eux

par des liaisons peptidiques Il existe vingt acides amineacutes naturels reacutepondant tous agrave la mecircme

structure geacuteneacuterale (Fig I 1) Ce sont des moleacutecules organiques formeacutees d‟un atome de

carbone central (alpha) auquel sont lieacutes un atome d‟hydrogegravene un radical R appeleacute aussi

chaicircne lateacuterale (R repreacutesente un groupement fonctionnel et correspond agrave la portion variable

d‟un acide amineacute agrave l‟autre) ainsi que deux groupements terminaux conserveacutes une amine et un

acide carboxylique

Fig I 1 Structure geacuteneacuterale des acides amineacutes Agrave pH physiologique les groupements

terminaux -NH2 et -COOH sont retrouveacutes respectivement sous la forme -NH3+ et -COO

-

Les acides amineacutes peuvent ecirctre distingueacutes suivant les proprieacuteteacutes physico-chimiques de leur

chaicircne lateacuterale (Fig I 2) Un premier groupe est formeacute par les acides amineacutes preacutesentant des

chaicircnes lateacuterales aliphatiques tels que la glycine (Gly G)1 l‟alanine (Ala A) la valine (Val

V) la leucine (Leu L) l‟isoleucine (Ile I) et la proline (Pro P) Ces acides amineacutes sont

apolaires On peut classer dans une seconde cateacutegorie ceux qui sont aromatiques

pheacutenylalanine (Phe F) tyrosine (Tyr Y) et tryptophane (Trp W) On distingue eacutegalement les

acides amineacutes basiques (lysine [Lys K] arginine [Arg R] histidine [His H]) et acides (acide

aspartique [Asp D] acide glutamique [Glu E]) L‟asparagine (Asn N) et la glutamine [Gln

Q] sont deux acides amineacutes polaires non ionisables Les deux derniers groupes sont constitueacutes

des acides amineacutes hydroxyleacutes (seacuterine [Ser S] threacuteonine [Thr R]) et ceux qui contiennent du

soufre (cysteacuteine [Cys C] meacutethionine [Met M]) Chacun des vingt acides amineacutes possegravede

donc une chaicircne lateacuterale avec une fonction chimique qui lui est propre L‟existence

simultaneacutee d‟une grande diversiteacute de fonctions chimiques est en partie agrave l‟origine de la

1 Les abreacuteviations entre parenthegraveses correspondent agrave la nomenclature en trois lettres et en une lettre des acides

amineacutes Elles seront utiliseacutees dans la suite de ce manuscrit

11

multitude de fonctions biochimiques que peuvent remplir les proteacuteines dans le monde du

vivant

Fig I 2 Tableau des vingt acides amineacutes naturels Ils peuvent ecirctre apolaires (hydrophobes) et

dans ce cas ils sont retrouveacutes le plus souvent au cœur des proteacuteines ou au contraire polaires

(hydrophiles) et localiseacutes geacuteneacuteralement agrave leur surface Parmi ces derniers certains sont acides

dautre basiques dautres encore sont neutres

Les acides amineacutes peuvent se lier entre eux de maniegravere covalente par la formation d‟une

liaison amide appeleacutee aussi liaison peptidique Elle s‟eacutetablit entre le groupement acide (-

COOH) dun acide amineacute et le groupement amine (-NH2) d‟un autre et permet la formation

12

d‟un dipeptide Au cours de la reacuteaction de condensation une moleacutecule deau est eacutelimineacutee Les

polymegraveres comprenant un plus grand nombre d‟acides amineacutes (de 10 agrave 100) sont nommeacutes

polypeptides Ces derniers servent dans la synthegravese des proteacuteines qui sont de longues chaicircnes

polypeptidiques

La structure primaire d‟une proteacuteine est donneacutee par la seacutequence lineacuteaire des acides amineacutes

la constituant Elle est orienteacutee Le premier acide amineacute de la seacutequence est par convention

celui qui possegravede une extreacutemiteacute amine libre on parle dextreacutemiteacute N-terminale De maniegravere

symeacutetrique le dernier acide amineacute est celui qui possegravede une extreacutemiteacute carboxyle libre on

parle d‟extreacutemiteacute C-terminale Cette convention correspond eacutegalement agrave l‟ordre de la synthegravese

de la proteacuteine par les ribosomes Par exemple la description AGSLK correspond agrave

l‟enchaicircnement des acides amineacutes alanine-glycine-seacuterine-leucine-lysine

Cependant une proteacuteine ne peut ecirctre simplement deacutecrite par une structure primaire

lineacuteaire En effet ses proprieacuteteacutes deacutecoulent eacutegalement de sa capaciteacute agrave former des structures

plus eacutelaboreacutees

I112 Structure secondaire

La structure secondaire d‟une proteacuteine correspond au repliement local de sa chaicircne

principale2 Il s‟eacutetablit alors des liaisons hydrogegravenes entre des acides amineacutes qui sont

relativement proches dans sa seacutequence primaire donnant naissance agrave des motifs structuraux

particuliers Lexistence de structures secondaires est due au fait que les repliements

eacutenergeacutetiquement favorables de la chaicircne peptidique sont en nombres limiteacutes et que seules

certaines conformations sont possibles Ainsi une proteacuteine se deacutecrit par sa seacutequence dacides

amineacutes mais aussi par l‟enchaicircnement de ses eacuteleacutements de structure secondaire

En d‟autres termes certaines conformations se trouvent nettement favoriseacutees car

particuliegraverement stabiliseacutees par des liaisons hydrogegravene entre les groupements amide (-NH) et

carbonyle (CO) du squelette peptidique Il existe trois principaux types de structures

secondaires selon le repliement des liaisons peptidiques et l‟eacutetablissement de ponts hydrogegravene

entre les acides amineacutes les heacutelices les feuillets et les coudes

2 La chaicircne principale dune proteacuteine correspond aux atomes impliqueacutes dans la structure de base du polypeptide

(-NH-CαH-CO-) Les chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes (souvent noteacutees -R) nappartiennent donc pas au

squelette carboneacute

13

L‟heacutelice est une structure reacuteguliegravere dans laquelle la chaicircne principale de la proteacuteine adopte

un repliement heacutelicoiumldal peacuteriodique L‟heacutelice est dite laquo droite raquo quand elle tourne dans le sens

horaire Il s‟agit du cas rencontreacute le plus freacutequent A linverse lorsquune heacutelice tourne dans le

sens anti-horaire elle est dite laquo gauche raquo Lheacutelice droite de type alpha est un motif structural

tregraves retrouveacute au sein des proteacuteines (Fig I 3) L‟heacutelice α est une structure tregraves stable

caracteacuteriseacutee par la formation de liaisons hydrogegravene entre le groupement carbonyle dun reacutesidu

n et le groupement amide dun reacutesidu n+4 Un tour dheacutelice α moyen est constitueacute de 36

acides amineacutes Dans une heacutelice α les chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes sont localiseacutees en

peacuteripheacuterie de lheacutelice et pointent vers lexteacuterieur perpendiculairement agrave l‟axe de la spirale La

structure compacte eacutenergeacutetiquement favorable de lheacutelice α a eacuteteacute preacutedite par Linus Pauling et

Robert Corey en 1951 (3) agrave partir de calculs theacuteoriques Elle a ensuite eacuteteacute observeacutee pour la

premiegravere fois en 1958 dans la myoglobine en huit exemplaires impliquant environ 75 des

acides amineacutes de la proteacuteine La structure tridimensionnelle de cette derniegravere fut la premiegravere

eacutelucideacutee par cristallographie des proteacuteines (4)

Fig I 3 Scheacutema de l‟heacutelice droite de type α tregraves reacutepandue dans le repliement des proteacuteines

Le pas de l‟heacutelice est de 54 Aring (5)

Le feuillet becircta est une structure reacuteguliegravere dans laquelle la chaicircne principale de la proteacuteine

adopte un repliement eacutetendu peacuteriodique Le feuillet β est composeacute de plusieurs brins β qui

eacutetablissent des liaisons hydrogegravene entre eux afin de stabiliser la structure De ce fait les ponts

hydrogegravenes qui le stabilisent se font entre reacutesidus distants plutocirct quentre reacutesidus conseacutecutifs

comme c‟est le cas dans une heacutelice α Dans un feuillet β les chaicircnes lateacuterales des acides

amineacutes sont situeacutees alternativement en dessus et en dessous du plan du feuillet Le repliement

β est favoriseacute par des acides amineacutes portant des petits groupements lateacuteraux laquoRraquo non chargeacutes

De la mecircme maniegravere que pour la structure de lheacutelice α la structure du feuillet β a eacuteteacute preacutedite

14

par Pauling et Corey en 1951 (6) Les feuillets β sont repreacutesenteacutes par des flegraveches (Fig I 4)

correspondant aux chaicircnes polypeptidiques qui les constituent Ces derniegraveres sont plisseacutees et

peuvent ecirctre aligneacutees de maniegravere parallegravele et dans ce cas elles ont la mecircme orientation ou de

maniegravere antiparallegravele avec des orientations opposeacutees Le sens est deacutetermineacute par la polariteacute des

chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes Lorsque deux brins β sorganisent de maniegravere

antiparallegravele les groupements -NH et -CO dun reacutesidu i du premier brin forment des liaisons

hydrogegravene avec les groupements -CO et -NH dun reacutesidu j appartenant au second

Typiquement deux brins β conseacutecutifs relieacutes par un coude forment un feuillet β antiparallegravele

Lorsque deux brins β sont orienteacutes dans le mecircme sens ils s‟organisent en un feuillet parallegravele

Les groupements -NH et -CO dun reacutesidu dun brin A forment alors des liaisons hydrogegravene

avec les groupements -CO dun premier reacutesidu et -NH d‟un second reacutesidu appartenant tous les

deux agrave un brin B Le feuillet β antiparallegravele est plus stable que le feuillet parallegravele car les ponts

hydrogegravene sont dans un alignement parfait

Fig I 4 Scheacutema du feuillet β anti-parallegravele qui est la juxtaposition de brins β ayant des

orientations opposeacutees (5)

Les coudes ne sont pas des structures reacuteguliegraveres et peacuteriodiques Il sagit plutocirct dun

repliement particulier de la chaicircne principale localiseacute sur trois ou quatre reacutesidus conseacutecutifs

Les coudes permettent bien souvent de relier deux structures secondaires peacuteriodiques telles

que les heacutelices etou les brins

15

Les heacutelices α les feuillets β et les coudes ne sont pas les seuls motifs structuraux

secondaires mais sont ceux qui sont le plus freacutequemment rencontreacutes Il existe une grande

varieacuteteacute de motifs moins courants qui ne seront pas deacutetailleacutes dans ce manuscrit

I113 Structure tertiaire

La structure tertiaire d‟une proteacuteine correspond agrave sa structure tridimensionnelle

d‟ensemble Il s‟agit de la structure finale adopteacutee par une proteacuteine apregraves le repliement dans

l‟espace des heacutelices α feuillets β et autres eacuteleacutements de la structure secondaire

Bien que la plupart des proteacuteines neacuteosyntheacutetiseacutees aient la capaciteacute de se replier

correctement certaines en sont incapables sans l‟intervention de proteacuteines dicirctes chaperonnes

Une proteacuteine chaperonne est donc une proteacuteine particuliegravere dont une des fonctions est

dassister dautres proteacuteines dans leur maturation en leur assurant un repliement

tridimensionnel adeacutequat Le repliement dans l‟espace des chaicircnes polypeptidiques est un

processus co-traductionnel (7) Les proteacuteines chaperonnes ont eacuteteacute co-deacutecouvertes en 1989 par

Arthur L Horwich et Franz-Ulrich Hartl (8-9)

La structure tertiaire donne une forme particuliegravere agrave la proteacuteine la rendant ainsi

fonctionnelle Pour cela elle faccedilonne la surface des proteacuteines de maniegravere complexe leur

permettant d‟interagir speacutecifiquement avec des ligands ou d‟autres macromoleacutecules comme

des proteacuteines partenaires (10) La structure tridimensionnelle est thermodynamiquement

stable dans un domaine restreint de tempeacuterature pH et force ionique Au-delagrave de ce domaine

une proteacuteine peut se deacuteplier et perdre son activiteacute biologique on dit alors qu‟elle est

deacutenatureacutee A l‟inteacuterieur des cellules ce sont les proteacuteines chaperonnes qui interviennent Elles

preacuteviennent les dommages potentiels causeacutes par de telles variations des conditions physico-

chimiques et regraveglent la perte de fonction due au mauvais repliement tridimensionnel pouvant

conduire agrave une varieacuteteacute de pathologies telles que la maladie d‟Alzheimer ou les maladies agrave

prion (11) L‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines est donc un eacuteleacutement cleacute

dans la compreacutehension de leurs fonctions biochimiques Son importance est aussi retrouveacutee

dans l‟industrie biopharmaceutique notamment dans le controcircle de la conception de proteacuteines

pharmaceutiques Il faut noter par ailleurs que la structure tridimensionnelle d‟une proteacuteine

en solution n‟est pas totalement rigide mais dynamique (12-13) En effet la chaicircne

polypeptidique subit des mouvements thermiques et est susceptible de se deacuteformer lors

16

d‟interactions avec d‟autres moleacutecules Ces fluctuations de conformations sont souvent

consideacutereacutees comme une condition preacutealable agrave la fonction biologique (14-15)

Cette organisation structurale dans l‟espace est obtenue et rendue possible gracircce agrave

diffeacuterents types dinteractions qui la stabilisent Ces interactions plus ou moins fortes sont

eacutetablies entre les radicaux de diffeacuterents acides amineacutes geacuteneacuteralement eacuteloigneacutes dans la structure

primaire La chaicircne principale de la proteacuteine aura donc tendance agrave se replier sur elle-mecircme

pour adopter une structure tridimensionnelle preacutecise Parmi les interactions les plus notables

sont retrouveacutees les interactions covalentes non covalentes ainsi que les interactions

hydrophobes

Les interactions covalentes eacutetablissent des liaisons fortes entre deux acides amineacutes qui

peuvent ecirctre tregraves proches dans la structure tertiaire mais tregraves eacuteloigneacutes dans la structure

primaire de la proteacuteine De ce fait la formation de cette liaison conduit agrave une stabilisation

accrue de la structure tertiaire Dans le cas des proteacuteines il s‟agit principalement de la

creacuteation d‟un pont disulfure par une reacuteaction d‟oxydation se deacuteroulant entre les fonctions

thiols de deux cysteacuteines Les interactions non covalentes regroupent quant agrave elles les liaisons

eacutelectrostatiques les liaisons hydrogegravene et les liaisons de van der Waals Elles se distinguent

par leur geacuteomeacutetrie leur longueur et leur speacutecificiteacute Elles sont affecteacutees de diffeacuterentes faccedilons

par la preacutesence d‟eau

Les liaisons eacutelectrostatiques peuvent s‟eacutetablir entre deux groupements portant une charge

nette positive ou neacutegative Cette interaction peut conduire agrave un effet reacutepulsif (charges de signe

identique) ou attractif (charges opposeacutees) Une interaction entre deux groupes de charge

opposeacutee est eacutegalement appeleacutee liaison ionique liaison saline pont salin ou paire d‟ions Il

s‟agit de l‟interaction la plus forte parmi les interactions non covalentes Elle est plus forte

dans le vide et plus faible dans un milieu tel que l‟eau

Les liaisons hydrogegravene peuvent ecirctre formeacutees aussi bien entre des moleacutecules non chargeacutees

que des moleacutecules chargeacutees Elle correspond agrave une liaison entre deux atomes eacutelectroneacutegatifs

assureacutee par un atome d‟hydrogegravene partageacute entre les deux L‟atome auquel l‟hydrogegravene est le

plus fermement lieacute est le donneur d‟hydrogegravene tandis que l‟autre est l‟accepteur d‟hydrogegravene

Avec des eacutenergies de liaison de l‟ordre de 3 agrave 7 kcalmol les liaisons hydrogegravene sont plus

fortes que celles de van der Waals Les liaisons hydrogegravene sont directionnelles Les plus

fortes sont celles dans lesquelles le donneur l‟hydrogegravene et l‟accepteur sont colineacuteaires

17

Les liaisons de van der Waals force attractive non speacutecifique entrent en jeu lorsque deux

atomes sont distants de 3 agrave 4 Aring Elle est due au fait que la distribution de la charge

eacutelectronique autour d‟un atome varie dans le temps A un instant donneacute la distribution de la

charge n‟est pas parfaitement symeacutetrique Cette asymeacutetrie transitoire de la charge eacutelectronique

autour d‟un atome induit une asymeacutetrie semblable dans la distribution eacutelectronique des

atomes voisins non lieacutes Ceci conduit donc agrave des interactions de type dipocircle-dipocircle induit

L‟eacutenergie des interactions de van der Waals est faible avec une eacutenergie de stabilisation de

l‟ordre de 06 kcalmol Comme pour les liaisons hydrogegravene le nombre de ces interactions au

sein d‟une proteacuteine peut ecirctre tregraves eacuteleveacute La somme de l‟eacutenergie mise en jeu est alors

substantielle A titre d‟exemple dans le cytochrome C de cheval et dans la myoglobine de

cachalot les interactions de van der Waals agrave l‟inteacuterieur de la proteacuteine contribuent pour

l‟essentiel agrave la stabiliteacute de la structure

Dans une solution aqueuse une moleacutecule apolaire tend agrave interagir avec d‟autres moleacutecules

apolaires plutocirct que de s‟entourer de moleacutecules d‟eau On nomme cette proprieacuteteacute

hydrophobiciteacute et cela conduit agrave des interactions entre moleacutecules qu‟on appelle des

interactions hydrophobes Ces derniegraveres engendrent dans le cas des proteacuteines un

regroupement des reacutesidus apolaires geacuteneacuteralement vers le centre formant un cœur hydrophobe

ou encore au niveau d‟autres reacutegions hydrophobes de la cellule comme dans les membranes

lipidiques Les interactions hydrophobes constituent une force essentielle dans le repliement

des proteacuteines

I114 Structure quaternaire

La structure quaternaire d‟une proteacuteine est donneacutee par l‟association des diffeacuterentes chaicircnes

polypeptidiques la constituant Elles peuvent ecirctre identiques ou diffeacuterentes et sont relieacutees par

des liaisons non covalentes (liaisons hydrogegravene liaisons ioniques interactions hydrophobes)

et plus rarement par des ponts disulfures Leffet hydrophobe est un facteur preacutepondeacuterant dans

lassemblage des eacuteleacutements structuraux y compris dans lassociation des chaicircnes Chacune de

ces chaicircnes est appeleacutee monomegravere (ou sous uniteacute) et lensemble oligomegravere ou proteacuteine

multimeacuterique

18

Seulement certaines proteacuteines preacutesentent une telle organisation Lheacutemoglobine est un

exemple de proteacuteine posseacutedant une structure quaternaire Elle est constitueacutee de quatre sous-

uniteacutes deux sous-uniteacutes α (de 141 acides amineacutes) et deux sous-uniteacutes β (de 146 acides

amineacutes)

Ces assemblages polypeptidiques peuvent ecirctre parfaitement bien deacutefinis mais certains

peuvent former des complexes multiproteacuteiques uniquement transitoires tout en eacutetant

fonctionnellement importants En effet dans l‟environnement cellulaire les proteacuteines sont

rarement isoleacutees et les interactions qu‟elles peuvent creacuteer avec d‟autres partenaires sont

essentielles agrave leur fonction Dans d‟autres cas comme dans les macroassemblages amyloiumldes

la formation d‟un complexe entre des proteacuteines peut conduire agrave la formation d‟assemblages

potentiellement pathogegravenes (16) L‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des

macroassemblages est donc primordiale agrave la compreacutehension de leur fonctionnement et

dysfonctionnement

~

Nous venons de mettre en eacutevidence l‟importance de l‟eacutetude structurale des proteacuteines ainsi

que sa complexiteacute qui en font un veacuteritable deacutefi analytique La structure tridimensionnelle

d‟une proteacuteine donneacutee n‟est pas neacutecessairement unique elle peut fluctuer temporellement ou

deacutependre des autres moleacutecules (proteacuteines ou ligands) avec lesquelles la proteacuteine interagit dans

l‟environnement cellulaire Il existe un grand nombre de techniques physico-chimiques

biophysiques ou biochimiques permettant d‟obtenir des informations structurales sur des

proteacuteines et des complexes proteacuteiques Les approches les plus couramment employeacutees pour

identifier et caracteacuteriser des interactions proteacuteine-proteacuteine combinent des meacutethodes

biochimiques et biophysiques

Parmi ces techniques deux meacutethodes physico-chimiques sont couramment utiliseacutees pour

l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines Il s‟agit de la cristallographie et de la

reacutesonance magneacutetique nucleacuteaire (RMN) En ce qui concerne l‟analyse des complexes

proteacuteiques qui sont geacuteneacuteralement des eacutedifices macromoleacuteculaires bien plus importants ces

derniegraveres anneacutees ont vu le deacuteveloppement de meacutethodes alternatives telles que la cryo-

microscopie eacutelectronique la diffraction de rayons X ou de neutrons aux petits angles ou

encore diffeacuterentes techniques baseacutees sur l‟utilisation de la spectromeacutetrie de masse Il est aussi

possible d‟aborder la composition des complexes proteacuteiques par des meacutethodes biochimiques

parmi lesquelles le TAP-Tag et le double hybride occupent une place de choix

19

Les paragraphes suivants seront consacreacutes agrave une description des grandes meacutethodes

d‟analyse physico-chimique et biochimique utilisables pour appreacutehender la structure des

proteacuteines mais surtout celle des complexes proteacuteiques

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique

I121 Meacutethodes classiques pour lrsquoeacutetude de la structure tridimensionnelle des

proteacuteines

I1211 Cristallographie des proteacuteines

La cristallographie est la science qui eacutetudie les systegravemes cristallins agrave leacutechelle atomique

Les macromoleacutecules dont font partie les proteacuteines sont geacuteneacuteralement trop petites pour ecirctre

observeacutees directement par microscopie optique En effet leur taille nest pas suffisante pour

diffracter la lumiegravere dans les longueurs d‟onde du domaine visible du spectre

eacutelectromagneacutetique En revanche les distances interatomiques au sein des proteacuteines (environ

15 Aring) sont du mecircme ordre de grandeur que la longueur d‟onde des rayons X Par conseacutequent

la diffraction des rayons X par les atomes d‟une proteacuteine peut quant agrave elle ecirctre envisageacutee

Dans un cristal reacutegulier les proteacuteines forment un arrangement peacuteriodique suivant des axes de

l‟espace tridimensionnel de mailles eacuteleacutementaires deacutefinies comme eacutetant le plus petit eacuteleacutement

repreacutesentant le cristal entier Des translations suivant les axes d‟une maille eacuteleacutementaire

permettent de reconstituer l‟ensemble du cristal

Chaque atome d‟une proteacuteine a donc exactement la mecircme position dans toutes les mailles

Le cristal est ainsi composeacute de plans d‟atomes Ces plans d‟atomes ou plutocirct les nuages

d‟eacutelectrons correspondants produisent un motif de diffraction lors de l‟irradiation du cristal

aux rayons X (17) Le motif de diffraction contient les informations sur la position de tous les

atomes de la maille Par conseacutequent il est possible par l‟analyse de ce motif de calculer les

angles de diffraction ainsi que les distances interatomiques pour reconstituer la structure

moleacuteculaire

La haute reacutesolution reste le principal avantage de cette technique Malgreacute des donneacutees

relativement complexes agrave analyser la diffraction des rayons X donne des informations tregraves

preacutecises sur la structure moleacuteculaire des proteacuteines souvent agrave une reacutesolution atomique

20

infeacuterieure ou eacutegale agrave 12 Aring (18) A des reacutesolutions encore plus eacuteleveacutees ie infeacuterieures ou

eacutegales agrave 08 Aring les atomes d‟hydrogegravene deviennent visibles et les atomes ne peuvent plus ecirctre

consideacutereacutes comme des sphegraveres en raison de la deacuteformation des nuages eacutelectroniques Une telle

visualisation des eacutelectrons permet de deacuteterminer la distribution des charges et la polarisation

des liaisons (19) Une image tregraves deacutetailleacutee de la structure de la proteacuteine est alors obtenue

Toutefois la technique preacutesente des limites La principale difficulteacute lieacutee agrave la meacutethode reste

l‟obtention de cristaux avec des tailles suffisantes Il est indispensable de disposer de

plusieurs cristaux identiques car ils sont souvent deacutegradeacutes en preacutesence des rayons X (par

chauffage ou par des radicaux libres) Pour faire pousser des cristaux il est neacutecessaire de

produire une proteacuteine extrecircmement pure Il est eacutegalement indispensable d‟exprimer des

quantiteacutes importantes de proteacuteine afin de trouver les conditions optimales de cristallisation

Ces derniegraveres eacutetant proteacuteines deacutependantes il est impeacuteratif d‟en tester un grand nombre Les

cristaux peuvent se former rapidement ou au contraire apparaicirctre apregraves un temps

consideacuterablement long Parfois mecircme il est malheureusement impossible d‟en obtenir Les

chaicircnes polypeptidiques partiellement replieacutees telles que le prion sont un exemple probant de

proteacuteines difficilement cristallisables (20) De plus si des cristaux sont finalement obtenus

alors les segments peptidiques qui sont non structureacutes en solution apparaicirctront soit ordonneacutes

par des liaisons intermoleacuteculaires au sein du systegraveme cristallin ou n‟apparaicirctront pas Par

conseacutequent il est important de deacutevelopper une meacutethode alternative permettant d‟eacutetudier la

structure de proteacuteines partiellement replieacutees ou mecircme deacutesordonneacutees

Par deacutefinition l‟eacutetude cristallographique est baseacutee sur des structures statiques (les cristaux)

de l‟eacutetat le plus stable Il est donc peu probable que cette technique renseigne sur la

dynamique des moleacutecules Si la proteacuteine cristalliseacutee preacutesente une dynamique sans mouvement

agrave grande eacutechelle alors des eacuteveacutenements dynamiques peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes En revanche les

mouvements agrave grande eacutechelle sont quasiment toujours bloqueacutes dans le cristal D‟importants

deacuteveloppements technologiques ont eacuteteacute apporteacutes agrave la technique pour ameacuteliorer l‟observation

de la dynamique agrave courte eacutechelle Il s‟agit de la cryo-cristallographie (21-23) ou des meacutethodes

de cristallographie en temps reacutesolu (24-26)

L‟avegravenement du synchrotron a consideacuterablement acceacuteleacutereacute la vitesse d‟acquisition des

donneacutees En effet celle-ci a eacuteteacute reacuteduite de quelques semaines agrave quelques heures gracircce agrave la

production d‟un rayonnement X intense stable de longueur d‟onde variable et de grande

21

qualiteacute optique Actuellement la plupart des donneacutees de cristallographie sont collecteacutees agrave

partir d‟un synchrotron

La diffraction des rayons X est eacutegalement un outil de choix pour l‟eacutetude de complexes

proteacuteiques permettant d‟obtenir des informations structurales de tregraves grande qualiteacute mecircme

pour des systegravemes tregraves complexes (27) ou membranaires (28-29)

I1212 Spectroscopie RMN

La spectroscopie RMN est eacutegalement devenue une meacutethode performante pour l‟eacutetude de la

conformation des proteacuteines Deacuteveloppeacutee en 1945 elle n‟a cesseacute d‟ecirctre ameacutelioreacutee depuis sa

mise au point En raison de l‟impact scientifique exceptionnel qu‟elle a eu au fil des anneacutees

elle a eacuteteacute reacutecompenseacutee par quatre prix Nobel Le dernier en date (2002) a eacuteteacute deacutecerneacute au

Professeur Kurt Wuumlthrich pour ses deacuteveloppements porteacutes agrave la RMN qui ont permis

l‟eacutelucidation de la structure tridimensionnelle des macromoleacutecules biologiques en solution

Plus particuliegraverement il a eacuteteacute primeacute pour son eacutetude structurale de la proteacuteine prion

partiellement replieacutee (30)

Technique d‟analyse chimique et structurale non destructive elle est baseacutee sur l‟absorption

de la radiation agrave une radio freacutequence par des noyaux atomiques Les niveaux d‟eacutenergie de spin

des noyaux sont seacutepareacutes dans un champ magneacutetique (effet Zeeman) Sous l‟effet d‟une radio

freacutequence chaque noyau de la moleacutecule va reacutesonner agrave sa freacutequence speacutecifique (freacutequence de

Larmor) Chaque noyau de la proteacuteine a donc sa propre freacutequence de Larmor qui deacutepend de

l‟environnement local du noyau (par exemple protection par des champs magneacutetiques locaux)

Un spectre RMN contient ainsi des pics correspondants aux reacutesonances de tous les noyaux de

l‟eacutechantillon chacun avec une freacutequence (caracteacuteriseacutee par le deacuteplacement chimique δ)

caracteacuteristique de son environnement chimique De plus la surface sous un pic est

proportionnelle au nombre des noyaux reacutesonnant agrave cette freacutequence ce qui permet de

quantifier les reacutesidus identifieacutes et caracteacuteriseacutes

Un facteur tregraves important permettant la deacutetermination de la structure des proteacuteines est la

correacutelation entre des noyaux d‟une moleacutecule La perturbation locale des nuages d‟eacutelectrons

par le spin des noyaux conduit agrave un couplage scalaire entre des noyaux qui sont lieacutes de faccedilon

covalente avec un maximum de quatre liaisons entre eux L‟origine de ce couplage est le

22

changement des niveaux d‟eacutenergie des eacutetats de spin des noyaux en question pour conduire agrave

des nouveaux niveaux d‟eacutenergie en fonction de l‟alignement des spins des noyaux (parallegravele

ou anti-parallegravele) Le nombre et la nature des noyaux voisins produit des motifs et des

constantes de couplage speacutecifiques qui permettent d‟attribuer une structure covalente Dans

les proteacuteines chaque chaicircne lateacuterale d‟un acide amineacute preacutesente un motif de couplage scalaire

caracteacuteristique Il est alors aiseacute d‟attribuer les signaux RMN agrave la structure d‟une proteacuteine

L‟eacutetude d‟une proteacuteine peut ecirctre reacutealiseacutee par RMN homonucleacuteaire ou heacuteteacuteronucleacuteaire Les

noyaux protons sont alors observeacutes respectivement seuls ou avec les noyaux carbones etou

azotes Les expeacuteriences RMN permettent l‟observation des couplages scalaires et dipolaires

entre spins Le transfert d‟aimantation par couplage dipolaire produit des effets Overhauser

nucleacuteaires (nOe) entre noyaux situeacutes agrave moins de 5 Aring l‟un de l‟autre La mise en eacutevidence de

ces pheacutenomegravenes permet l‟estimation des distances entre les noyaux consideacutereacutes Cependant la

RMN homonucleacuteaire preacutesente certaines limites pour l‟eacutetude des proteacuteines en solution en

raison du taux de superposition des pics sur les spectres et du mauvais transfert d‟aimantation

entre protons par couplage scalaire Ces inconveacutenients qui rendaient probleacutematique l‟emploi

de la RMN pour l‟eacutetude de proteacuteines de taille supeacuterieure agrave cent acides amineacutes ont eacuteteacute

surmonteacutes par l‟utilisation des proprieacuteteacutes RMN de noyaux autres que le proton En effet des

noyaux diffeacuterents reacutesonnent dans des gammes de freacutequences diffeacuterentes ce qui permet de

reacutesoudre les superpositions de deacuteplacements chimiques De plus les constantes de couplage

heacuteteacuteronucleacuteaires ameacuteliorent la sensibiliteacute du couplage scalaire

Les trois isotopes de spin 12 naturellement preacutesents dans les proteacuteines sont 1H

15N et

13 C

Cependant les faibles abondances naturelles des isotopes 13

C du carbone (11 ) et 15

N de

l‟azote (037 ) ne permettent pas de reacutealiser des expeacuteriences de correacutelation heacuteteacuteronucleacuteaire

les impliquant Par conseacutequent un enrichissement des eacutechantillons proteacuteiques en isotopes 13

C

et 15

N preacutealable agrave l‟analyse en RMN doit ecirctre envisageacute

La preacuteparation d‟eacutechantillons marqueacutes est reacutealiseacutee le plus souvent par clonage

moleacuteculaire et par techniques de surexpression et de purification de proteacuteines La

surexpression des proteacuteines isotopiquement enrichies peut se faire agrave partir d‟une culture en

milieu minimum ou en milieu riche Le milieu minimum est preacutepareacute de faccedilon agrave ne renfermer

qu‟une seule source du noyau dont on veut enrichir la proteacuteine (eg glucose avec 13

C

chlorure d‟ammonium avec 15

N) Les cultures en milieu riche se font en utilisant un milieu

standard enrichi en isotopes Si l‟on souhaite simplement proceacuteder agrave un marquage partiel de la

23

proteacuteine sur certains types de reacutesidus alors on peut utiliser un organisme heacuteteacuterotrophe Ce

dernier incapable de syntheacutetiser certains acides amineacutes devra donc les puiser dans son milieu

de culture Ces organismes sont cultiveacutes dans un milieu contenant les acides amineacutes marqueacutes

que l‟on veut incorporer dans la proteacuteine

Les expeacuteriences de RMN heacuteteacuteronucleacuteaire peuvent ecirctre reacutealiseacutees sur des eacutechantillons

simplement marqueacutes au 15

N ou doublement marqueacutes (15

N 13

C) Dans le cas de proteacuteines

marqueacutees agrave l‟isotope lourd de l‟azote (15

N) des expeacuteriences 2D HSQC ou HMQC

(laquo Heteronuclear Single Multiple Quantum Correlation raquo) peuvent ecirctre meneacutees Elles

permettent d‟observer les pics de correacutelation dus au couplage scalaire entre l‟hydrogegravene

amide et l‟azote de chaque reacutesidu La strateacutegie d‟attribution baseacutee sur le double marquage

utilise quant agrave elle exclusivement les couplages scalaires homo- et heacuteteacuteronucleacuteaires Si l‟on

souhaite augmenter la limite de taille des systegravemes eacutetudieacutes alors en sus du marquage 15

N et

13C on peut remplacer 70 agrave 100 des protons par des deuteacuteriums En effet cela permet de

diminuer la fuite de l‟aimantation due aux interactions dipolaires entre protons La diminution

de la relaxation transverse agrave l‟aide de l‟expeacuterience TROSY (laquo Transverse Relaxation-

Optimized SpectroscopY raquo) permet eacutegalement de repousser cette limite (31) Des expeacuteriences

combinant les deux approches ont eacutegalement eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour l‟analyse de complexes

proteacuteiques de haut poids moleacuteculaire (gt 50 kDa) (32)

Les intermeacutediaires du repliement d‟une proteacuteine peuvent aussi ecirctre caracteacuteriseacutes par

l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide avec le deuteacuterium de l‟eau lourde Enfin une interpreacutetation

qualitative des deacuteplacements chimiques en fonction de la structure primaire de la moleacutecule

permet la deacutetection des structures secondaires telles que l‟heacutelice α ou le feuillet β

Si l‟avantage majeur de la RMN par rapport agrave la diffraction des rayons X est de permettre

l‟eacutetude de proteacuteines en solution elle preacutesente des limites importantes qui sont d‟une part la

quantiteacute de mateacuteriel neacutecessaire pour reacutealiser les expeacuteriences (des concentrations de l‟ordre du

millimolaire de proteacuteine sont geacuteneacuteralement utiliseacutees et d‟une centaine de micromoles avec

l‟utilisation d‟une cryosonde) mais surtout la taille des systegravemes qui peuvent ecirctre eacutetudieacutes (lt

50 kDa) Il faut par ailleurs noter que dans certains cas des concentrations d‟eacutechantillon tregraves

eacuteleveacutees peuvent induire des perturbations de la structure quaternaire des proteacuteines (agreacutegation

ou preacutecipitation de certaines proteacuteines)

24

I122 Meacutethodes pour lrsquoeacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des

assemblages macromoleacuteculaires

I1221 Diffusion aux petits angles

La diffusion aux petits angles des rayons X en solution (laquo Small Angle X-ray Scattering raquo

SAXS) est une technique qui repose sur la diffusion eacutelastique des rayons X par des proteacuteines

et des macro-assemblages dans la gamme 10-1000 Aring (33) Bien qu‟il ne soit pas possible

d‟obtenir une reacutesolution atomique par cette meacutethode elle fournit des informations structurales

preacutecieuses agrave basse reacutesolution (forme globale de la proteacuteine structures tertiaire et quaternaire)

Elle permet donc d‟eacutetudier les changements conformationnels de macromoleacutecules ainsi que la

formation d‟assemblages supramoleacuteculaires dans des conditions quasi-physiologiques La

diffusion en solution qui n‟est pas soumise aux principales limitations de la cristallographie

et de la RMN apparaicirct comme une technique compleacutementaire pour l‟eacutetude structurale des

macromoleacutecules

Les eacutechantillons reacuteels sont le plus souvent complexes (co-existence de plusieurs espegraveces de

proteacuteines) et heacuteteacuterogegravenes (manque dhomogeacuteneacuteiteacute au niveau de la conformation des

moleacutecules) Leur eacutetude repreacutesente un deacutefi majeur pour cette technique En effet dans un tel

cas le profil de diffusion contiendra des contributions de tous les composants rendant

l‟analyse complexe Cette difficulteacute peut ecirctre surmonteacutee par des meacutethodes de traitement des

donneacutees afin de caracteacuteriser des conformegraveres individuels de proteacuteines (34) ou bien des

agreacutegats de proteacuteines (35)

I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique

La cryomicroscopie eacutelectronique se base sur les principes geacuteneacuteraux de la microscopie

eacutelectronique agrave transmission tout en eacutevitant les eacutetapes de preacuteparation endommageant les

eacutechantillons Elle repose sur l‟observation de moleacutecules ayant eacuteteacute fixeacutees de maniegravere brutale

par congeacutelation agrave tregraves basse tempeacuterature (processus de quelques millisecondes agrave environ -

170degC) afin d‟eacuteviter la formation de cristaux de glace Les moleacutecules totalement englobeacutees

dans un fin film d‟eau vitrifieacutee sont ainsi preacuteserveacutees dans leur environnement et leur eacutetat

natifs Compleacutementaire agrave la cristallographie des proteacuteines et agrave la spectroscopie RMN cette

meacutethode permet d‟obtenir la structure de larges assemblages macromoleacuteculaires en solution

25

La microscopie eacutelectronique permet d‟obtenir des images bidimensionnelles correspondant

agrave des projections de toute leacutepaisseur de leacutechantillon Cependant elles ne possegravedent quun

contraste tregraves faible et lanalyse dimages est alors indispensable Celle-ci consiste dans un

premier temps agrave additionner des images de faible contraste afin de moyenner le bruit preacutesent

et dobtenir un meilleur rapport signal sur bruit Dans un deuxiegraveme temps ces moyennes qui

repreacutesentent des vues de leacutechantillon sous diffeacuterents angles peuvent ecirctre combineacutees de

maniegravere matheacutematique pour calculer la structure tridimensionnelle de lobjet de deacutepart (36)

Cette technique de reconstruction en 3D utilisant des images obtenues sous diffeacuterents angles

est appeleacutee tomographie

La cryomicroscopie eacutelectronique est particuliegraverement bien adapteacutee agrave l‟observation de

moleacutecules de masse moleacuteculaire supeacuterieure agrave 200 ou 300 kDa (37) En effet seuls des eacutedifices

macromoleacuteculaires de grande taille remplissent les critegraveres neacutecessaires pour ecirctre visualiseacutes au

dessus du bruit de fond Il est possible d‟obtenir une reacutesolution de l‟ordre de 10 agrave 30 Aring (38)

Pour des macro-assemblages on peut envisager de compleacuteter une structure agrave basse reacutesolution

avec des structures agrave haute reacutesolution des proteacuteines individuelles Ces derniegraveres peuvent ecirctre

obtenues par exemple par cristallographie Il est ainsi possible d‟obtenir des informations

structurales agrave une reacutesolution presque atomique de structures subcellulaires (39)

Cette technique permet l‟eacutetude du changement conformationnel d‟assemblages

macromoleacuteculaires par imagerie de complexes fixeacutes par vitrification dans diffeacuterents eacutetats

conformationnels (37 40) La microscopie eacutelectronique permet eacutegalement aujourd‟hui

d‟obtenir des informations sur des macromoleacutecules et leurs assemblages dans le contexte

cellulaire par imagerie de la structure biologique entiegravere (41-43) Ceci a eacuteteacute rendu possible par

les progregraves effectueacutes dans le deacuteveloppement de la tomographie eacutelectronique et l‟eacutelaboration

de la cryomicroscopie de sections vitreuses

Il existe de nombreuses eacutetudes de complexes macromoleacuteculaires par cryomicroscopie

eacutelectronique parmi lesquelles la structure du ribosome agrave une reacutesolution de 115 Aring (44) et celle

de virus (45) l‟environnement cytosolique total de cellules eucaryotes (46) ainsi que l‟eacutetude

d‟une interaction proteacuteine chaperone-substrat (47)

La cryomicroscopie eacutelectronique possegravede plusieurs avantages par rapport agrave la

cristallographie et agrave la RMN En effet elle requiert de plus faibles quantiteacutes de mateacuteriel

(environ 2 mL agrave une concentration de 01-10 mgmL-1

par grille) elle ne neacutecessite pas

26

l‟obtention de cristaux et elle permet l‟observation d‟objets de lordre de grandeur de 300 kDa

agrave 1000 MDa Mais cette meacutethode preacutesente aussi des limites Les eacutechantillons doivent ecirctre

purs uniformes et sans agreacutegats et contenir seulement une faible concentration de sel et de

solvants afin de maximiser le contraste entre la proteacuteine et le tampon

I1223 Chromatographie drsquoexclusion steacuterique

La chromatographie est une technique de chimie analytique quantitative et qualitative Il

s‟agit d‟une meacutethode physique de seacuteparation d‟espegraveces chimiques Le principe est le suivant

leacutechantillon renfermant une ou plusieurs espegraveces est entraicircneacute par une phase mobile le long

dune phase stationnaire Chaque espegravece a une vitesse de migration propre qui deacutepend de ses

caracteacuteristiques et de celles des deux phases

La chromatographie d‟exclusion steacuterique appeleacutee aussi filtration sur gel permet de seacuteparer

des proteacuteines ou autres moleacutecules biologiques suivant leur taille (48) tandis que la plupart des

meacutethodes chromatographiques utilisent l‟affiniteacute chimique avec un support La phase

stationnaire est un gel hydrateacute constitueacute de pores de tailles diffeacuterentes Les macromoleacutecules de

l‟eacutechantillon entrent et sortent de ces pores selon leur taille Les moleacutecules les plus petites

peuvent entrer dans un plus grand nombre de pores ce qui allonge la dureacutee de leur migration

alors que les plus grosses moleacutecules sont eacutelueacutees plus rapidement En conseacutequence les

macromoleacutecules sont seacutepareacutees selon leurs dimensions

Plus rigoureusement cette meacutethode permet de seacuteparer des macromoleacutecules en fonction de

leur taille mais aussi de leur forme ie suivant leur volume hydrodynamique Ainsi deux

macromoleacutecules de mecircme masse moleacuteculaire mais d‟architecture diffeacuterente pourront ecirctre

distingueacutees En effet une macromoleacutecule peu structureacutee aura un plus grand volume

hydrodynamique qu‟une macromoleacutecule de mecircme masse moleacuteculaire mais de structure tregraves

globulaire Par conseacutequent la premiegravere sera plus rapidement eacutelueacutee que la seconde bien que

les deux masses soient identiques

Une eacutetude reacutecente a montreacute qu‟il eacutetait possible de caracteacuteriser des macroassemblages de

tregraves grande taille jusqu‟agrave plusieurs millions de daltons par chromatographie d‟exclusion

steacuterique (49)

27

I1224 Reacutesonance plasmonique de surface

La reacutesonance plasmonique de surface (laquo Surface Plasmon Resonance raquo SPR) est un

pheacutenomegravene physique baseacute sur les proprieacuteteacutes de la lumiegravere Lorsquun faisceau de lumiegravere

polariseacutee monochromatique illumine une surface placeacutee entre deux milieux dindice de

reacutefraction diffeacuterent une partie du rayon incident est reacutefleacutechie tandis que lautre partie est

reacutefracteacutee agrave travers la surface Selon langle dincidence du rayon toute la lumiegravere peut ecirctre

reacutefleacutechie Lorsquil ny a pas de reacutefraction ie sous les conditions de reacuteflexion interne totale

une des composantes eacutelectromagneacutetiques de la lumiegravere londe eacutevanescente se propage

perpendiculairement agrave la surface sur une distance eacutequivalente agrave sa longueur donde Si une

couche fine de meacutetal riche en eacutelectrons libres est deacuteposeacutee sur cette surface alors ceux-ci

entrent en reacutesonance avec les photons du faisceau incident et creacuteent la reacutesonance plasmonique

de surface Une conseacutequence eacutenergeacutetique de cette reacutesonance est visible dans le faisceau

reacutefleacutechi qui preacutesente une chute dintensiteacute agrave un angle deacutefini Cet angle pour lequel on observe

une intensiteacute minimale est langle de reacutesonance Il varie en fonction de lindice de reacutefraction

du milieu dans lequel londe eacutevanescente se propage

Depuis sa deacutecouverte par Wood en 1902 (50-51) la reacutesonance plasmonique de surface est

principalement utiliseacutee comme senseur ie comme deacutetecteur placeacute agrave la source mecircme du

pheacutenomegravene eacutetudieacute capable de deacuteceler des modifications au niveau moleacuteculaire L‟application

de cette technique pour le controcircle des interactions biomoleacuteculaires a eacuteteacute deacutemontreacutee pour la

premiegravere fois en 1983 (52) La reacutesonance plasmonique de surface permet de mettre en

eacutevidence la formation d‟une liaison entre un ligand et un reacutecepteur adsorbeacute agrave la surface

meacutetallique par mesure de la variation de lindice de reacutefraction (Fig I 5) Lanalyte est mis au

contact de la surface meacutetallique greffeacutee Les changements induits par lassociation ou la

dissociation des complexes modifient la reacutefringence du milieu et deacutecalent la position de

langle de reacutesonance Lenregistrement de la variation de langle de reacutesonance permet de suivre

en temps reacuteel la fixation des moleacutecules injecteacutees Cette technique permet donc d‟obtenir des

donneacutees cineacutetiques sur des interactions mettant en jeu deux ou plusieurs partenaires (53)

28

Fig I 5 Scheacutema du principe de la reacutesonance plasmonique de surface utiliseacute par la technologie

Biacore TM pour l‟analyse des interactions entre moleacutecules en temps reacuteel et sans marquage

Dans un tel systegraveme les deux milieux d‟indices de reacutefraction diffeacuterents sont la solution dans

laquelle se trouvent les moleacutecules agrave analyser et le verre d‟une lame qui sert de senseur Le

film conducteur agrave l‟interface des deux est un tregraves fin film d‟or agrave la surface de la lame de verre

La reacutesonance plasmonique de surface permet donc de deacutetecter et de quantifier des

interactions entre moleacutecules en temps reacuteel et sans avoir recours au marquage de ces derniegraveres

Par le suivi en temps reacuteel de la formation et de la dissociation des complexes il est possible

de caracteacuteriser minutieusement la force des associations et d‟obtenir les cineacutetiques des

interactions moleacuteculaires La technique ne neacutecessitant pas l‟utilisation de marquage pour la

deacutetection et eacutetant non destructrice les biomoleacutecules qui sont seacutelectivement retenues sur la

surface du capteur peuvent ecirctre par la suite reacutecupeacutereacutees et analyseacutees par spectromeacutetrie de

masse Cette combinaison de technologies offre donc une toute nouvelle gamme

d‟applications telle que l‟identification et la rapide caracteacuterisation de nouvelles interactions

proteacuteineproteacuteine entre une proteacuteine d‟inteacuterecirct et un meacutelange complexe de proteacuteines (54-55)

I1225 Spectromeacutetrie de masse

Bien que les techniques de diffraction des rayons X et de spectroscopie RMN soient les

deux meacutethodes phares pour l‟eacutelucidation structurale des proteacuteines nous avons vu

preacuteceacutedemment qu‟elles preacutesentaient des limites En effet elles sont toutes les deux peu

sensibles et la cristallographie des proteacuteines neacutecessite l‟obtention de cristaux tandis que la

spectroscopie RMN est limiteacutee en gamme de masse Ainsi le choix de ces meacutethodes

29

classiques pour l‟eacutetude des complexes proteacuteiques n‟est pas toujours possible En revanche

l‟apport de la spectromeacutetrie de masse dans ce domaine est en constante progression La

spectromeacutetrie de masse ne permet pas d‟obtenir des informations structurales avec la mecircme

reacutesolution spatiale que les rayons X ou la RMN mais apporte un gain important en termes de

sensibiliteacute et rapiditeacute par rapport aux deux meacutethodes preacuteceacutedentes Il existe plusieurs

approches par spectromeacutetrie de masse permettant d‟obtenir des informations de structure

L‟une d‟entre elles repose sur le pontage covalent de proteacuteines en association suivi d‟une

digestion enzymatique et analyse par spectromeacutetrie de masse Une deuxiegraveme implique des

eacutechanges isotopiques (ou un marquage covalent) permettant soit de deacuteterminer des zones de

flexibiliteacute induites par la liaison d‟un ligand agrave une proteacuteine soit des zones d‟interaction entre

macromoleacutecules au sein d‟un complexe La spectromeacutetrie de masse offre eacutegalement

l‟opportuniteacute de caracteacuteriser des complexes non covalents (proteacuteine-proteacuteine proteacuteine-ligand)

gracircce agrave l‟utilisation de modes d‟ionisation adapteacutes On peut noter pour l‟analyse de

complexes proteacuteiques intacts l‟eacutemergence de spectromegravetres de masse eacutequipeacutes d‟une cellule

de mobiliteacute ionique

Approche par pontage covalent

Les interactions proteacuteine-proteacuteine peuvent donc ecirctre analyseacutees par pontage covalent

(laquo crosslinking raquo) et spectromeacutetrie de masse L‟avantage majeur de cette approche est qu‟elle

permet d‟obtenir agrave la fois des informations sur la composition et sur la structure des

complexes gracircce agrave la grande sensibiliteacute de la spectromeacutetrie de masse Le laquo crosslinking raquo est

une technique qui permet de relier chimiquement les sous-uniteacutes d‟un complexe non covalent

ce qui permet de stabiliser les interactions au sein de l‟eacutedifice macromoleacuteculaire et d‟en

faciliter l‟eacutetude Ceci est reacutealiseacute par des agents pontants ou laquo crosslinkers raquo qui sont des

composeacutes chimiques posseacutedant un groupe reacuteactif agrave leur extreacutemiteacute capable de reacuteagir avec des

fonctions speacutecifiques des proteacuteines ou d‟autres moleacutecules (eg amines primaires

sulfhydryles hellip) Les agents pontants eacutetablissent des liaisons covalentes entre des acides

amineacutes proches dans la structure tertiaire L‟utilisation de laquo crosslinkers raquo de taille diffeacuterente

permet d‟obtenir des contraintes de distance entre les peptides des partenaires proteacuteiques du

complexe L‟analyse des peptides ponteacutes par spectromeacutetrie de masse permet d‟obtenir des

informations sur la topologie initiale du complexe Il existe maintenant une grande varieacuteteacute

d‟agents pontants multifonctionnels (homo- ou heacuteteacuterofonctionnels) disponibles dans le

commerce (wwwpiercenetcom)

30

Fig I 6 Scheacutema de la reacuteaction de pontage covalent entre deux proteacuteines utilisant le DSG

(DiSuccinimidyl Glutarate) reacuteactif homobifonctionnel Il a deux groupes identiques des

esters de NHS agrave chacune de ses extreacutemiteacutes qui reacuteagissent avec les amines primaires des

proteacuteines (extreacutemiteacute N-terminale et chaicircne lateacuterale des lysines) Son bras espaceur long de 77

Aring est constitueacute de cinq atomes

Les groupes reacuteactifs peuvent ecirctre des esters de NHS (N-HydroxySuccinimide) (Fig I 6)

ou des maleacuteimides qui ciblent les thiols des cysteacuteines ou encore des aryl azides qui s‟insegraverent

dans des liaisons C-H ou N-H sous activation UV Les esters de NHS et leurs deacuteriveacutes solubles

sulfonyleacutes sont les plus couramment utiliseacutes malgreacute les reacuteactions secondaires qu‟ils

entraicircnent compliquant l‟analyse des spectres obtenus apregraves digestion enzymatique du

complexe proteacuteique En effet si les amines primaires des lysines (ou des extreacutemiteacutes N-

terminales) sont les cibles majeures des groupements NHS il n‟est pas rare d‟observer des

reacuteactions de pontage impliquant les groupements hydroxyles des tyrosines des seacuterines ou

encore des threacuteonines (56) De plus les esters de NHS conventionnels ont une forte tendance

agrave s‟hydrolyser pendant l‟eacutetape de pontage conduisant agrave des produits de type laquo dead-end raquo

qu‟il est difficile de seacuteparer des autres (57) Par conseacutequence avec la connaissance de toutes

les cibles possibles des laquo crosslinkers raquo l‟eacutelucidation de la structure des complexes proteacuteiques

pourrait ecirctre significativement ameacutelioreacutee due agrave la plus grande fraction d‟espegraveces ponteacutees

identifieacutees

Bien que l‟association pontage covalent et spectromeacutetrie de masse soit devenue un outil

analytique performant pour l‟eacutetude des complexes proteacuteiques elle preacutesente des limites qui

sont (i) la faible intensiteacute dans les spectres de masse des pics correspondant aux peptides

ponteacutes et (ii) la difficulteacute agrave les identifier parmi les autres due au fait qu‟ils sont tregraves

minoritaires dans les meacutelanges obtenus Dans ce contexte le choix d‟un spectromegravetre de

masse alliant excellente reacutesolution et tregraves bonne preacutecision sur la mesure de masse (FT-ICR

orbitrap) est judicieux Il permet d‟une part de bien seacuteparer les diffeacuterents constituants obtenus

31

apregraves la digestion des complexes et d‟autre part d‟utiliser la masse exacte comme critegravere de

seacutelection Des strateacutegies permettant d‟identifier plus facilement les peptides ponteacutes dans le

meacutelange tregraves complexe obtenu apregraves digestion enzymatique ont eacutegalement eacuteteacute deacuteveloppeacutees

ces derniegraveres anneacutees Elles sont baseacutees sur l‟utilisation d‟agents pontants posseacutedant des

isotopes stables (58) ou inteacutegrant une fonction biotine permettant un enrichissement seacutelectif

des peptides ponteacutes (59) Des agents pontants permettant une identification plus aiseacutee des

peptides ponteacutes en MSMS ont eacutegalement eacuteteacute mis au point ces derniegraveres anneacutees (60-62)

Reacutecemment l‟utilisation de laquo crosslinkers raquo photoactivables a permis de mettre en eacutevidence

des sites d‟interaction diffeacuterents entre trois activateurs de la transcription (Gal4 Gcn4 et

VP16) et le cofacteur MD15 (63) Cette eacutetude montre par ailleurs la compleacutementariteacute des

modes d‟ionisation MALDI et ESI pour retrouver un grand nombre de peptides ponteacutes Dans

un exemple un peu moins reacutecent Rappsilber et al ont proposeacute un modegravele tridimensionnel

pour un complexe du pore nucleacuteaire chez la levure (64)

Approche par marquage

Une deuxiegraveme approche consiste agrave modifier chimiquement la surface du complexe

proteacuteique accessible en solution et agrave identifier les sites de modifications par spectromeacutetrie de

masse Les segments peptidiques impliqueacutes dans des interactions proteacuteine-proteacuteine ne sont

pas accessibles en solution et a priori ne seront pas modifieacutes La comparaison des cartes

d‟accessibiliteacute pour des proteacuteines seules et associeacutees permet de remonter agrave la topologie initiale

du complexe La modification chimique peut ecirctre reacuteversible ou irreacuteversible Les eacutechanges

hydrogegravenedeuteacuterium (HDX) des amides de la liaison peptidique sont un exemple de

modifications labiles (65-67) La modification chimique des chaicircnes lateacuterales par des reacuteactifs

speacutecifiques tels que l‟aceacutetanhydride le dieacutethylpyrocarbonate ou le phenylglyoxal est quant agrave

elle permanente (67-68) ce qui impose moins de contraintes au niveau de la rapiditeacute de

l‟analyse apregraves modifications La premiegravere strateacutegie qui fait l‟objet de cette thegravese sera deacutecrite

en deacutetails dans la seconde partie de cette introduction

Les radicaux hydroxyles peuvent eacutegalement ecirctre utiliseacutes dans une approche par marquage

covalent Leur formation peut avoir lieu de diffeacuterentes faccedilons ie par chimie Fenton

radiolyse de l‟eau eacutelectrochimie ou photolyse UV du peroxyde d‟hydrogegravene Ces techniques

aboutissent agrave des concentrations en radicaux diffeacuterentes avec des eacutechelles de temps varieacutees

mais en principe les reacuteactions avec les proteacuteines conduisent aux mecircmes produits Les produits

d‟oxydation sont nombreux puisque quatorze acides amineacutes sur vingt peuvent ecirctre modifieacutes

(Cys Met Trp Tyr Phe His Leu Ile Arg Lys Val Ser Gln et Glu) L‟analyse des

32

produits de la reacuteaction et des sites de modification est geacuteneacuteralement reacutealiseacutee par couplage LC-

MSMS apregraves digestion enzymatique La cineacutetique d‟oxydation des diffeacuterents peptides permet

d‟obtenir des informations de structure Elle est eacutetablie agrave partir de la disparition des peptides

non modifieacutes mais eacutegalement agrave partir de l‟apparition des peptides oxydeacutes Si le temps

d‟exposition aux radicaux est court (infeacuterieur agrave quelques centaines de ms) alors la vitesse

d‟oxydation enregistreacutee pour un peptide donneacute deacutependra principalement (i) de la reacuteactiviteacute

intrinsegraveque des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes et (ii) de leur accessibiliteacute au solvant dans

la structure tridimensionnelle de la proteacuteine (ou du complexe) Ainsi la comparaison des

vitesses d‟oxydation mesureacutees pour deux peptides dont les acides amineacutes modifieacutes sont

identiques permettra d‟obtenir des informations en termes d‟accessibiliteacute relative agrave la surface

de deux reacutegions diffeacuterentes d‟une proteacuteine

L‟avantage majeur des approches par marquage covalent reacuteside dans le fait de pouvoir

analyser les peptides modifieacutes sans prendre de preacutecautions particuliegraveres puisque la

modification n‟est pas labile En revanche la technique des eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium

impose de travailler dans des conditions expeacuterimentales strictes permettant de conserver le

marquage jusqu‟agrave l‟analyse finale en spectromeacutetrie de masse Cependant cette derniegravere

approche ne modifie pas la structure tridimensionnelle du complexe ce qui n‟est pas toujours

le cas avec des approches par marquage covalent En effet une alteacuteration de la structure des

macroassemblages peut ecirctre observeacutee sous l‟effet de l‟oxydation par l‟utilisation de radicaux

hydroxyles (69)

L‟approche par marquage peut eacutegalement ecirctre utiliseacutee pour obtenir des informations sur la

dynamique structurelle des proteacuteines et complexes proteacuteiques La caracteacuterisation des

modifications dans des conditions expeacuterimentales diffeacuterentes permet de remonter aux

changements structuraux Ainsi Dumoulin et al ont eacutetudieacute le changement conformationnel

du lysozyme induisant la formation d‟agreacutegats multimeacuteriques (70) Un autre exemple est

l‟eacutetude des changements d‟interaction proteacuteine-proteacuteine lors de la maturation des capsides du

virus HIV-1 (71) Des informations sur les changements conformationnels d‟une proteacuteine lors

de la fixation d‟un ligand ont pu eacutegalement ecirctre obtenues (72-74) Par ailleurs une eacutetude

reacutecente du complexe Arp23 formeacute de sept sous-uniteacutes proteacuteiques a permis de mettre en

eacutevidence finement des modifications de structure tridimensionnelle induites par la liaison agrave

l‟ATP en utilisant les radicaux hydroxyles (75)

33

Approche par proteacuteolyse meacutenageacutee

Une autre approche consiste agrave reacutealiser une proteacuteolyse meacutenageacutee Les premiers travaux

rapportant l‟eacutetude d‟une empreinte proteacuteique par proteacuteolyse meacutenageacutee datent de 1987 et sont

directement inspireacutes des travaux de laquo DNA footprint raquo (76) Le principe ici consiste agrave tester

l‟accessibiliteacute agrave diffeacuterentes proteacuteases des proteacuteines eacutetudieacutees Un profil proteacuteolytique diffeacuterent

peut traduire des surfaces accessibles qui ne sont pas identiques ou un masquage par une

moleacutecule de ligand Associeacutee agrave la spectromeacutetrie de masse la proteacuteolyse meacutenageacutee est ainsi

devenue un outil puissant dont l‟une des applications premiegraveres a eacuteteacute l‟identification preacutecise

d‟eacutepitopes agrave partir de complexes antigegravene-anticorps immobiliseacutes (77) Depuis cette technique

est largement utiliseacutee pour des eacutetudes de dynamique structurelle (78) d‟interaction proteacuteine-

ligand (79-82) de diffeacuterences conformationnelles lieacutees agrave des mutations (83-84) ou pour

l‟eacutelucidation de domaines structuraux (85-87)

Les enzymes classiquement utiliseacutees sont la trypsine qui clive apregraves les acides amineacutes

basiques tels que les reacutesidus lysine et arginine et la proteacutease V8 qui coupe speacutecifiquement

apregraves les reacutesidus acide aspartique et acide glutamique Elles ont eacuteteacute choisies

preacutefeacuterentiellement en raison de la haute freacutequence de ces reacutesidus dans les proteacuteines et de la

compleacutementariteacute des profils proteacuteolytiques obtenus Par ailleurs la proteacuteolyse doit ecirctre la plus

limiteacutee possible afin de ne pas deacutestructurer la proteacuteine conduisant agrave d‟autres sites de coupure

non repreacutesentatifs de la structure tertiaire La reacutesolution de cette meacutethode est cependant

modeste C‟est la raison pour laquelle la proteacuteolyse meacutenageacutee est tregraves souvent coupleacutee avec des

approches par eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium afin d‟obtenir des reacutesultats compleacutementaires

(88-89)

Analyse de complexes non covalents

L‟avegravenement des techniques d‟ionisation douces telles que l‟ESI (laquo ElectroSpray

Ionisation raquo) (90) et le MALDI (laquo Matrix Assisted Laser DesorptionIonisation raquo) (91) a

ouvert agrave la spectromeacutetrie de masse un nouveau champ d‟application celui de l‟analyse de

macromoleacutecules biologiques intactes (92) Pour le deacuteveloppement de ces meacutethodes qui ont

ces derniegraveres anneacutees largement participeacute agrave l‟essor de la spectromeacutetrie de masse dans le cadre

des analyses proteacuteomiques J Fenn et K Tanaka ont eacuteteacute reacutecompenseacutes en 2002 par

l‟attribution du prix Nobel de chimie

34

Par comparaison aux diffeacuterentes techniques utiliseacutees pour la caracteacuterisation des proteacuteines

la spectromeacutetrie de masse apporte plusieurs avantages Tout d‟abord elle est tregraves sensible En

effet quelques picomoles voire mecircme attomoles de peptides suffisent agrave obtenir un signal Par

ailleurs la spectromeacutetrie de masse est caracteacuteriseacutee par sa grande preacutecision en masse Elle est

ainsi capable de deacuteterminer des masses moleacuteculaires agrave moins d‟une partie par million (ppm)

pour les instruments les plus preacutecis alors que la technique de SDS-PAGE (laquo Sodium Dodecyl

Sulfate-PolyAcrylamide Gel Electrophoresis raquo) donne des erreurs de l‟ordre de 20 Enfin la

spectromeacutetrie de masse est une meacutethode d‟analyse rapide A titre de comparaison un spectre

de masse est enregistreacute en quelques secondes agrave minutes tandis qu‟une expeacuterience de SDS-

PAGE dure plusieurs heures

Dans le cadre de l‟eacutetude des complexes proteacuteiques la spectromeacutetrie de masse est

susceptible de fournir d‟une part des informations preacutecises sur la stœchiomeacutetrie des

macroassemblages et d‟autre part des donneacutees structurales en combinaison avec du

marquage

Une des questions souvent poseacutees aux spectromeacutetristes de masse concerne la possibiliteacute de

reacutealiser une mesure de masse directe d‟un complexe proteacuteique intact dans le but d‟obtenir des

informations sur la stœchiomeacutetrie de l‟interaction Il convient de noter que la mesure de

masse est alors effectueacutee sur le complexe en phase gazeuse alors que pour le biologiste

l‟interaction d‟inteacuterecirct est celle qui a lieu en solution Dans ces conditions une interaction non

covalente preacutesente en solution peut ne pas ecirctre deacutetecteacutee en phase gazeuse C‟est le cas par

exemple des interactions hydrophobes Des eacutetudes ont ainsi montreacute l‟impossibiliteacute de

corroborer les reacutesultats obtenus en phase gazeuse et en solution pour ce type d‟interaction (93-

94) A l‟inverse des interactions principalement eacutelectrostatiques seront renforceacutees en phase

gazeuse et un complexe mecircme peu stable en solution peut ecirctre deacutetecteacute facilement par

spectromeacutetrie de masse Compte tenu de ces eacuteleacutements il nest pas toujours facile de relier des

stabiliteacutes en phase gazeuse eacutetudieacutees par exemple en modifiant la tension agrave l‟interface aux

stabiliteacutes en solution Dans certains cas le problegraveme est encore plus complexe puisque le

type d‟interaction en phase gazeuse peut ecirctre diffeacuterent de celui en solution L‟exemple retenu

est celui des complexes entre des cyclodextrines et des acides amineacutes aromatiques (95) en

solution l‟interaction est principalement de type hydrophobe entre le groupe aromatique et la

caviteacute de la cyclodextrine alors qu‟en phase gazeuse il s‟agit d‟une interaction ion-dipocircle agrave

l‟exteacuterieur de la caviteacute Ceci implique la formation en phase gazeuse de complexes

inexistants en solution donnant ainsi naissance agrave des faux positifs

35

Malgreacute ces contraintes quelques revues reacutecentes de la litteacuterature montrent l‟inteacuterecirct de la

spectromeacutetrie de masse pour la deacutetermination des masses moleacuteculaires de complexes

proteacuteiques entiers (96-99) Actuellement il est mecircme possible de mesurer des masses

moleacuteculaires de l‟ordre de plusieurs millions de daltons Parmi les plus importantes jamais

atteintes il a celles des heacutemocyanines de 22 MDa de crabes abyssaux (100) du ribosome de

Thermus thermophilus de 233 MDa (98) des assemblages viraux des capsides du virus de

l‟heacutepatite B de 3 et 4 MDa (101) et du complexe multiproteacuteique de l‟ureacutease de Helicobacter

pylori agrave 426 MDa (98)

La technique d‟ionisation de reacutefeacuterence pour analyser les complexes proteacuteiques est

l‟eacutelectrospray (ou sa variante le nano eacutelectrospray) Dans des cas particuliers il est mecircme

possible de les eacutetudier par MALDI (102) bien que cette meacutethode ne soit probablement pas

geacuteneacuteralisable agrave tous les systegravemes Quelques techniques eacutemergentes pour l‟analyse

d‟assemblages macromoleacuteculaires ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees reacutecemment ou sont en cours de

deacuteveloppement comme la mobiliteacute ionique (SMI) (103) l‟laquo ElectroSonic Spray Ionization raquo

(ESSI) (104) ou le laquo Laser-Induced Liquid Beam IonizationDesorption raquo (LILBID) (105) Le

processus d‟ionisation doit ecirctre reacutealiseacute en conditions non deacutenaturantes (pH controcircleacute) pour

conserver les complexes proteacuteiques dans leur conformation active Il faut donc choisir un

tampon (nature des sels) qui soit compatible agrave la fois avec la meacutethode d‟ionisation employeacutee

et le maintien de l‟inteacutegriteacute des complexes biologiques Dans le cas de l‟eacutelectrospray des sels

volatils comme l‟aceacutetate d‟ammonium (AcNH4) sont preacutefeacuterentiellement utiliseacutes Neacuteanmoins

lors de la preacuteparation des eacutechantillons une eacutetape de dessalage (par centrifugation gel

filtration hellip) est indispensable En ce qui concerne l‟analyseur du spectromegravetre de masse le

choix est porteacute sur les temps de vol (laquo Time of Flight raquo ToF et laquo Quadrupole Time of

Flight raquo Q-ToF) qui permettent d‟analyser des ions avec des rapports masse sur charge

eacuteleveacutes proprieacuteteacute inteacuteressante pour la deacutetermination des masses moleacuteculaires de complexes

proteacuteiques entiers Une optimisation des paramegravetres instrumentaux est preacutealablement requise

pour controcircler l‟eacutenergie communiqueacutee aux ions dans l‟interface du spectromegravetre de masse

Pour les complexes proteacuteiques qui restent intacts apregraves leur ionisation en phase gazeuse la

spectromeacutetrie de masse est ainsi devenue un outil tregraves puissant pour obtenir des informations

sur leur masse moleacuteculaire et donc pour deacuteterminer leur stœchiomeacutetrie

36

Comme indiqueacute preacuteceacutedemment la spectromeacutetrie de masse est souvent combineacutee agrave une

autre technique pour obtenir des informations de structure On peut dans ce contexte citer les

derniers deacuteveloppements dans le domaine de la mobiliteacute ionique qui permet de seacuteparer

diffeacuterents complexes proteacuteiques en fonction de leur structure en phase gazeuse Le principe de

la Spectromeacutetrie de Mobiliteacute Ionique (SMI) est illustreacute dans la Fig I 7 L‟utilisation en

routine de la SMI a eacuteteacute rendue possible par la commercialisation par Waters de spectromegravetres

de masse eacutequipeacutes d‟une cellule de mobiliteacute ionique

Fig I 7 Scheacutema du principe de la meacutethode de spectromeacutetrie de mobiliteacute ionique (SMI)

coupleacutee agrave la spectromeacutetrie de masse (SM) Les ions produits par la source eacutelectrospray (ES)

sont introduits dans la cellule de laquo drift raquo dans laquelle regravegne un champ eacutelectrique E Le

frottement avec les moleacutecules d‟heacutelium contenues dans la cellule eacutetant plus important avec

des ions de conformation deacuteplieacutee ceux-ci arriveront plus tard au deacutetecteur Ici les ions sont

seacutelectionneacutes en masse par un quadripocircle apregraves la cellule de drift

La mobiliteacute ionique est l‟eacutequivalent en phase gazeuse de la mobiliteacute eacutelectrophoreacutetique les

ions sont agrave la fois acceacuteleacutereacutes dans le champ eacutelectrique et freineacutes par les nombreuses collisions

avec le gaz-tampon (heacutelium) Il s‟eacutetablit donc un reacutegime stationnaire les ions atteignent une

vitesse de translation constante La mobiliteacute ionique correspond au rapport entre la vitesse de

laquo drift raquo et le champ eacutelectrique appliqueacute Plus l‟ion a une conformation compacte moins sa

section efficace est grande et moins il est freineacute par des collisions donc plus sa vitesse est

eacuteleveacutee Il arrivera plus rapidement au deacutetecteur par rapport agrave un ion de conformation plus

deacuteployeacutee Un ion laquo funnel raquo ou un piegravege agrave ions quadripolaire est placeacute en amont de la cellule

de laquo drift raquo afin de focaliser les ions en paquets agrave envoyer agrave un temps zeacutero et ainsi pour

pouvoir mesurer la distribution des temps d‟arriveacutee (laquo Arrival Time Distribution raquo ou ATD)

Les premiers instruments de SMI ont eacuteteacute conccedilus par quelques groupes pionniers en la

matiegravere (Bowers (106-107) Jarrold (108) et Clemmerb (109) pour les biomoleacutecules) La

socieacuteteacute Waters (Milford Etats-Unis wwwwaterscom) a reacutecemment commercialiseacute le

systegraveme Synapttrade High Definition MS qui inclut une cellule de mobiliteacute de type laquo travelling

37

wave raquo (champ eacutelectrique oscillant entre les anneaux successifs d‟un tunnel agrave ions) entre un

filtre quadripolaire et un analyseur agrave temps de vol

L‟analyse des complexes proteacuteiques par SMIMS permet non seulement d‟obtenir des

informations sur leur taille mais eacutegalement des donneacutees de topologie (110) L‟agencement des

proteacuteines au sein des complexes peut ecirctre sondeacute suivant deux approches diffeacuterentes La

premiegravere consiste agrave dissocier le complexe en phase gazeuse les proteacuteines se trouvant agrave la

peacuteripheacuterie se deacutetachent theacuteoriquement en premier Neacuteanmoins il est difficile de fragmenter en

phase gazeuse des complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire Par ailleurs l‟activation

neacutecessaire agrave la dissociation conduit agrave une augmentation des sections efficaces de collision et

donc agrave une perturbation partielle de la conformation native des proteacuteines du complexe Il est

alors possible que les proteacuteines qui se seacuteparent du complexe en premier ne soient pas celles

qui ont initialement les surfaces d‟interaction les plus petites avec les autres partenaires

proteacuteiques (111) Neacuteanmoins l‟utilisation reacutecente de la dissociation sur surface par le groupe

de V Wysocki pour dissocier ces complexes en maintenant les structures des sous-uniteacutes

semble ouvrir des perspectives nouvelles et prometteuses dans le domaine (112) L‟autre

approche consiste agrave deacutenaturer progressivement le complexe en solution et agrave analyser les

diffeacuterents sous-complexes par SMI pour reconstruire la topologie initiale L‟avantage majeur

de cette approche est que les sous-complexes sont formeacutes en solution et reflegravetent donc de

maniegravere plus fidegravele la composition du complexe dans son eacutetat natif Le laboratoire de Carol

Robinson en Angleterre est devenu ces derniegraveres anneacutees leader pour l‟analyse structurale par

SMI de ces complexes proteacuteiques de tregraves grande taille (113)

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique

Ces meacutethodes permettent de travailler sur l‟objet biologique lui-mecircme Parmi elles le

TAP-Tag (laquo Tandem Affinity Purification-Tag raquo) et le double hybride occupent une place de

choix pour l‟eacutetude des interactions proteacuteine-proteacuteine Il s‟agit de deux techniques in-situ

La meacutethode du TAP-Tag permet d‟isoler le complexe proteacuteique eacutetudieacute qui est dans sa

conformation native par deux eacutetapes de purification successives (Fig I 8) La premiegravere

utilise une colonne constitueacutee de billes greffeacutees avec des immunoglobulines G (IgG) qui ont

une forte affiniteacute pour la proteacuteine A proteacuteine recombinante dite appacirct agrave laquelle est fixeacute le

complexe proteacuteique Le complexe retenu sur cette colonne est ensuite eacutelueacute speacutecifiquement par

38

coupure avec la proteacutease TEV Puis il est appliqueacute sur la seconde colonne constitueacutee de billes

de calmoduline En preacutesence d‟ions calcium la calmoduline est sous sa forme active

favorisant l‟attachement du complexe L‟eacutelution est reacutealiseacutee par l‟ajout d‟un cheacutelateur de

calcium (EGTA) qui rend la calmoduline inactive et donc libegravere le complexe Finalement ce

dernier pourra ecirctre analyseacute par spectromeacutetrie de masse afin de deacuteterminer ses diffeacuterents

constituants ou bien ecirctre utiliseacute pour des eacutetudes fonctionnelles

Fig I 8 Scheacutema du principe de la technique du TAP-Tag

Cette meacutethode a eacuteteacute appliqueacutee agrave l‟analyse agrave haut deacutebit du proteacuteome de la levure

Saccharomyces cerevisiae (114-116) Son utilisation chez les eucaryotes supeacuterieurs reste plus

complexe mais tout de mecircme envisageable (117) Des ameacuteliorations de l‟approche TAP-

TagMS ont eacuteteacute apporteacutees pour la possibiliteacute d‟utiliser cette meacutethode agrave haut deacutebit chez les

eucaryotes supeacuterieurs (118)

La technique du double hybride permet quant agrave elle de mettre en eacutevidence une interaction

physique entre deux proteacuteines X et Y Le principe est le suivant par geacutenie geacuteneacutetique deux

proteacuteines de fusion sont syntheacutetiseacutees puis exprimeacutees dans la levure La premiegravere est constitueacutee

de la proteacuteine X agrave laquelle est fusionneacute le domaine de liaison agrave l‟ADN (DL) d‟un facteur de

transcription tandis que la seconde est formeacutee de la proteacuteine Y et du domaine d‟activation de

39

la transcription (DA) de ce mecircme facteur Les deux domaines ont eacuteteacute dissocieacutes et le gegravene

rapporteur de la β-galactosidase est sous le controcircle de la seacutequence ougrave vient se fixer

speacutecifiquement le DL La β-galactosidase est une enzyme qui transforme un substrat soluble

et incolore en un composeacute bleu insoluble Lorsque la proteacuteine Y interagit avec la proteacuteine X

le DA est de nouveau associeacute au DL permettant alors la transcription du gegravene rapporteur Les

clones capables d‟utiliser le galactose preacutesent dans le milieu peuvent donc ecirctre seacutelectionneacutes

(colonies bleues) En effet le changement de couleur teacutemoigne de l‟interaction entre les deux

proteacuteines

Ce systegraveme a eacuteteacute agrave l‟origine mis au point pour tester l‟interaction pouvant exister entre

deux proteacuteines connues (119) De nouvelles variantes de la meacutethode double hybride ont fait

leur apparition reacutecemment permettant la deacutetection des proteacuteines impliqueacutees dans des

interactions avec l‟ADN (laquo one-hybrid system raquo) l‟ARN (laquo RNA-based three-hybrid

system raquo) de petits ligands (laquo small molecule-based threehybrid system raquo) et des proteacuteines

ayant subi des modifications post-traductionnelles (laquo tribrid system raquo) (120)

Il existe eacutegalement des techniques de seacuteparation des complexes proteacuteiques en conditions

non deacutenaturantes pour conserver intactes les interactions Ainsi l‟eacutelectrophoregravese sur gel de

polyacrylamide en condition bleue native ou BN-PAGE (laquo Blue Native-PolyAcrylamide Gel

Electrophoresis raquo) permet d‟isoler les macro-assemblages dans leur conformation native en

fonction de leur taille et de leur forme En combinaison avec une seconde dimension de

seacuteparation sur gel cette fois-ci en conditions deacutenaturantes les proteacuteines d‟un mecircme complexe

peuvent agrave leur tour ecirctre isoleacutees puis identifieacutees par spectromeacutetrie de masse Il est donc

possible par cette technique de mettre en eacutevidence le nombre et la masse moleacuteculaire des

proteacuteines impliqueacutees dans le complexe

Cette technique peut ecirctre utiliseacutee pour l‟isolation de complexes proteacuteiques membranaires

ou pour les complexes proteacuteiques extraits de cellules entiegraveres Un grand nombre

d‟applications pour cette technique concerne l‟analyse de complexes proteacuteiques issus de

plantes (121)

40

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la

spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique

structurelle des proteacuteines en solution

La technique des eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium (HDX) en solution s‟est reacuteveacuteleacutee tregraves

performante pour l‟eacutetude de la conformation et de la dynamique structurelle des proteacuteines La

spectroscopie RMN agrave deux dimensions a longtemps eacuteteacute choisie comme meacutethode d‟analyse de

ces eacutechanges isotopiques (32 122-123) L‟utilisation de la spectromeacutetrie de masse comme

meacutethode alternative d‟analyse apregraves eacutechanges HD s‟est deacuteveloppeacutee ces derniegraveres anneacutees La

spectromeacutetrie de masse qui permet de s‟inteacuteresser agrave des complexes proteacuteiques de tregraves haut

poids moleacuteculaire ouvre ainsi de nouvelles opportuniteacutes pour l‟eacutetude de systegravemes proteacuteiques

plus importants (gtgt 50 kDa) Par ailleurs en raison de sa meilleure sensibiliteacute cette technique

requiert une quantiteacute initiale de mateacuteriel beaucoup moins importante (de l‟ordre de quelques

dizaines de nganalyse) Elle permet eacutegalement de deacutetecter la coexistence de diffeacuterents

conformegraveres proteacuteiques en solution (124)

Les premiers travaux combinant les eacutechanges HD et la spectromeacutetrie de masse datent de

1991 Ils portent alors sur l‟analyse de proteacuteines entiegraveres (125) Depuis les avantages de la

spectromeacutetrie de masse ont permis aux eacutechanges isotopiques HD d‟eacutetudier des proteacuteines

individuelles de poids moleacuteculaires plus importants (126) des proteacuteines s‟associant pour

former des polymegraveres de haut poids moleacuteculaire (127) des particules virales (71 128) ainsi

que des complexes proteacuteine-ligand (129) ou proteacuteine-proteacuteine (130) De plus l‟association

HDXMS semble prometteuse pour l‟analyse structurale de proteacuteines membranaires connues

pour ecirctre difficilement eacutetudiables par beaucoup d‟autres techniques (131-133)

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux

proteacuteines en solution

I211 Quel type drsquohydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX

Les hydrogegravenes lieacutes agrave des heacuteteacuteroatomes dans les moleacutecules biologiques telles que les

proteacuteines sont labiles Autrement dit les atomes d‟hydrogegravene appartenant aux groupements

O-H N-H et S-H peuvent s‟eacutechanger avec ceux des moleacutecules d‟eau environnantes Il s‟agit

des hydrogegravenes des proteacuteines qui sont repreacutesenteacutes en bleu et en rouge sur la Fig I 9

41

Fig I 9 Scheacutema des diffeacuterents types d‟hydrogegravene dans une proteacuteine

Si un atome d‟hydrogegravene est eacutechangeacute avec un autre atome d‟hydrogegravene alors il est eacutevident

que ce remplacement ne sera pas deacutetecteacute par spectromeacutetrie de masse En revanche

l‟exposition d‟une proteacuteine agrave de l‟eau lourde (D2O ou 2H2O) conduit agrave des remplacements

d‟hydrogegravenes (1H) par des deuteacuteriums (

2H) qui accroissent la masse totale de la proteacuteine de 1

Da par hydrogegravene eacutechangeacute Lorsque les eacutechanges isotopiques se reacutealisent dans le sens deacutecrit

preacuteceacutedemment ie 1H

2H alors on utilise l‟expression laquo exchange-in raquo Mais les eacutechanges

isotopiques peuvent ecirctre reacutealiseacutes dans les deux directions On emploie alors le terme de

laquo exchange-out raquo pour eacutevoquer les eacutechanges qui s‟opegraverent dans le sens 2H

1H quand une

proteacuteine complegravetement deuteacutereacutee est incubeacutee dans de l‟eau leacutegegravere et que des deuteacuteriums sont

alors remplaceacutes par des hydrogegravenes (134) Les eacutetudes d‟eacutechange HD sont principalement

reacutealiseacutees suivant le principe laquo exchange-in raquo En effet ce dernier ne neacutecessite pas d‟eacutetape

suppleacutementaire qui consisterait agrave deuteacuterer complegravetement les proteacuteines avant le deacutebut des

expeacuteriences HDXMS C‟est la strateacutegie que nous avons adopteacutee pour notre eacutetude structurale

de complexes proteacuteiques

Si on considegravere maintenant les hydrogegravenes qui sont lieacutes de maniegravere covalente agrave un atome

de carbone dans les proteacuteines dessineacutes en vert sur la Fig I 9 ces derniers ne subiront pas

d‟eacutechange isotopique dans nos conditions expeacuterimentales Seule une catalyse chimique

importante serait agrave envisager pour proceacuteder agrave l‟eacutechange isotopique de ces hydrogegravenes Mais il

semblerait qu‟il soit possible d‟eacutechanger l‟hydrogegravene de la liaison C(ε1)-H du groupement

imidazole de la chaicircne lateacuterale de lhistidine (Fig I 10) (135)

42

Fig I 10 Scheacutema de l‟acide amineacute histidine

Parmi les hydrogegravenes eacutechangeables des proteacuteines il y a

- ceux des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes (en bleu sur la Fig I 9) et des extreacutemiteacutes N-

et C-terminales (groupements amino et carboxy) qui ont des vitesses d‟eacutechange isotopique

tregraves rapides de l‟ordre de la milliseconde agrave la seconde Dans l‟eacutechelle de temps de nos

expeacuterimentations ces vitesses d‟eacutechange sont trop rapides pour que nous puissions les

observer

- les hydrogegravenes d‟amide des liaisons peptidiques (en rouge sur la Fig I 9) qui ont des

vitesses d‟eacutechange isotopique plus lentes de l‟ordre de la minute agrave l‟heure et donc qui sont

compatibles avec une deacutetection par spectromeacutetrie de masse Au cours de nos expeacuteriences

HDXMS nous allons par conseacutequent nous inteacuteresser aux eacutechanges isotopiques de ces

hydrogegravenes

Dans une proteacuteine tous les acides amineacutes agrave l‟exception de la proline et du premier reacutesidu

de la chaicircne polypeptidique possegravedent un groupement amide N-H de liaison Il est par

conseacutequent possible d‟obtenir des informations structurales tout le long de la chaicircne

polypeptidique

I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de lrsquoaccessibiliteacute

des proteacuteines

La vitesse des eacutechanges isotopiques HD deacutepend de l‟accessibiliteacute au solvant mais

eacutegalement de la stabiliteacute de la structure locale des proteacuteines Autrement dit les hydrogegravenes

d‟amide situeacutes dans les reacutegions flexibles ou non structureacutees de la proteacuteine tels que les boucles

et les coudes ou dans les reacutegions accessibles au solvant ont des vitesses d‟eacutechange plus

rapides identiques agrave celles observeacutees dans le cas d‟un peptide non structureacute Au contraire

43

ceux qui sont impliqueacutes dans des structures secondaires stables comme les heacutelices α et les

feuillets β ainsi que ceux enfouis dans le cœur hydrophobe des proteacuteines s‟eacutechangent plus

lentement car ils sont proteacutegeacutes (136)

I213 Meacutecanismes de la reacuteaction drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les

proteacuteines et peptides

I2131 Deacutefinition du facteur chimique

Il vient d‟ecirctre dit que l‟eacutechange isotopique est plus rapide quand l‟hydrogegravene d‟amide de la

liaison peptidique est complegravetement exposeacute au solvant et non impliqueacute dans des liaisons

hydrogegravene intramoleacuteculaires stables Dans ces conditions la constante de vitesse du

remplacement de N-H par N-D (laquo exchange-in raquo) est noteacutee kch Il s‟agit du facteur chimique

I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique

Pour chaque hydrogegravene d‟amide du squelette polypeptidique consideacutereacute individuellement la

valeur de kch est deacutetermineacutee selon une seacuterie de facteurs le pH la tempeacuterature et la

composition du solvant la pression la force ionique du milieu et la seacutequence locale en acides

amineacutes Nous deacutetaillerons uniquement l‟influence des trois facteurs les plus repreacutesentatifs

soit le pH (ou pD en solution deuteacutereacutee) la tempeacuterature et la seacutequence locale

Les eacutechanges isotopiques HD sont fortement deacutependants du pH ce qui est un point

extrecircmement important qui est utiliseacute pour leur analyse par spectromeacutetrie de masse La

reacuteaction peut s‟effectuer par des meacutecanismes de catalyse acide ou basique (II133) Le

facteur chimique kch s‟exprime comme suit

kch = kD3O+ [D3O+] + kOD

- [OD-] + kD2O

ougrave kD3O+ et kOD- sont les constantes d‟eacutechange en catalyse acide et en catalyse basique

respectivement

Des eacutetudes sur des peptides modegraveles des polyalanines ont montreacute que kOH- est supeacuterieure

d‟un facteur 108 agrave kH3O+ (137) Le pH influence donc les vitesses d‟eacutechange qui sont

44

principalement conditionneacutees par les ions OH- pour des pH supeacuterieurs agrave 3 et par les ions H3O

+

pour des pH infeacuterieurs agrave 3

Ainsi la constante de vitesse d‟eacutechange kch peut ecirctre relieacutee au pD (Fig I 11) Le minimum

d‟eacutechange se produit pour un pD voisin de 2-3 pour lequel les eacutechanges dus agrave la catalyse

acide sont eacutequivalents agrave ceux dus agrave la catalyse basique (pDmin)

pH

T(degC)

Fig I 11 Scheacutema repreacutesentant le taux d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium en fonction du pH

La plupart des hydrogegravenes eacutechangeables des chaicircnes lateacuterales ont des pHmin plus grands

que ceux des hydrogegravenes d‟amide Ainsi lorsque le pH est ajusteacute agrave 25 pour minimiser

l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse les hydrogegravenes

des chaicircnes lateacuterales continuent de s‟eacutechanger par catalyse acide agrave l‟exception des Hε et Hη de

l‟arginine

Les vitesses d‟eacutechange HD sont eacutegalement deacutependantes de la tempeacuterature Elles sont

multiplieacutees par trois pour chaque increacutement de 10degC (138) Ainsi lorsque l‟on veut minimiser

les eacutechanges une diminution de la tempeacuterature de 20degC agrave 0degC conduit agrave une diminution de la

vitesse d‟eacutechange d‟un facteur 10 ce qui n‟est pas neacutegligeable

Le facteur chimique kch est principalement affecteacute par des changements de tempeacuterature En

effet la constante d‟ionisation de l‟eau varie avec la tempeacuterature alteacuterant les concentrations

de catalyseurs disponibles pour l‟eacutechange Par ailleurs agrave basse tempeacuterature les coefficients de

diffusion sont eacutegalement modifieacutes et la probabiliteacute de collision entre le donneur de proton et

45

le receveur diminue conduisant agrave un nombre de transfert (et donc un taux d‟eacutechange) moins

grand Le facteur chimique kch s‟exprime donc plutocirct comme suit

kch (t) = kD3O+ (t) [D3O+] + kOD

- (t) [OD-] + kD2O (t)

Les expeacuteriences d‟eacutechange HD s‟effectuent agrave pD physiologique pendant des temps

d‟incubation dans D2O variables et agrave une tempeacuterature adapteacutee agrave la proteacuteine d‟inteacuterecirct Pour ne

garder que les deuteacuteriums eacutechangeacutes avec les hydrogegravenes d‟amide des liaisons peptidiques et

donc pour s‟affranchir de ceux des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes la proteacuteine est remise

dans de l‟eau leacutegegravere (H2O) avant analyse Les deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales sont alors

rapidement reacute-eacutechangeacutes en hydrogegravenes Mais cette eacutetape doit ecirctre controcircleacutee afin de ne pas reacute-

eacutechanger eacutegalement les deuteacuteriums d‟amide en hydrogegravenes Ainsi pour diminuer au

maximum les vitesses d‟eacutechange la reacuteaction d‟eacutechange est arrecircteacutee en ajoutant de l‟eau (H2O)

agrave pH acide (25) et en diminuant brusquement la tempeacuterature de l‟eacutechantillon (0degC) C‟est

cette approche de deacutemarquage dans H2O des chaicircnes lateacuterales avant analyse que nous avons

choisie pour ma thegravese D‟autres approches peuvent neacuteanmoins ecirctre envisageacutees comme le

marquage de la proteacuteine suivie de l‟analyse de tous les deuteacuteriums (139) Dans ce dernier cas

il ny a pas d‟eacutetape de deacutemarquage

Enfin les vitesses d‟eacutechanges des hydrogegravenes d‟amide dans une proteacuteine ou dans un

peptide sont sensibles aux effets de blocage steacuterique ou inductif lieacutes agrave la preacutesence proche de

certaines chaicircnes lateacuterales (138 140) Les effets inductifs sont dus principalement agrave la

preacutesence de groupements voisins attracteurs d‟eacutelectrons (chaicircnes lateacuterales polaires) qui vont

augmenter l‟aciditeacute des protons d‟amide en diminuant le pK favorisant la deacuteprotonation

Dans le cas d‟une catalyse basique la vitesse d‟eacutechange est donc augmenteacutee Les effets

d‟encombrement steacuterique sont quant agrave eux lieacutes agrave la preacutesence de reacutesidus aliphatiques

(isoleucine par exemple) ou aromatiques Les chaicircnes lateacuterales de ces amides amineacutes bloquent

steacuteriquement l‟interaction entre le catalyseur et le squelette polypeptidique ralentissant

l‟eacutechange

L‟additiviteacute de ces deux pheacutenomegravenes a eacuteteacute eacutetudieacutee en deacutetails et a permis d‟eacutetablir une

eacutequation pour kch tenant compte de facteurs correctifs associeacutes agrave la nature des chaicircnes lateacuterales

des acides amineacutes voisins (agrave droite et agrave gauche du reacutesidu d‟inteacuterecirct) pour une catalyse acide A

ou basique B

46

kch (t) = kD3O+ (t) (Agauche x Adroite) [D3O+] + kOD

- (t) (Bgauche x Bdroite) [OD-]

+ kD2O (t) (Bgauche x Bdroite)

I2133 Catalyse de la reacuteaction

Les eacutechanges peuvent se produire soit par catalyse basique soit par catalyse acide (Fig I

12) Dans les conditions physiologiques dans lesquelles les proteacuteines et les peptides se

trouvent geacuteneacuteralement la catalyse basique est la plus freacutequente

Fig I 12 Catalyse basique ou acide permettant lrsquoeacutechange isotopique drsquoun hydrogegravene drsquoamide

sur le squelette polypeptidique

La premiegravere eacutetape en catalyse basique est l‟abstraction d‟un proton amidique par un ion

hydroxyde (OD-) et formation d‟un anion imidate Cet imidate est ensuite reprotoneacute par D2O

pour proceacuteder agrave l‟eacutechange Nous venons de voir preacuteceacutedemment que le facteur chimique kch est

minimal pour un pDasymp25 Au-delagrave d‟un pD eacutegal agrave 4 il augmente d‟un ordre de grandeur

(facteur 10) avec chaque uniteacute de pD atteignant des valeurs de l‟ordre de 103 s

-1 pour un pD

de 9 (141) (Fig I 11) La possibiliteacute de reacutegler kch en controcirclant la basiciteacute du solvant est

cruciale dans beaucoup de strateacutegies HDXMS

I2134 Cineacutetique drsquoeacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de

protection

Comme la vitesse d‟eacutechange N-H N-D est moduleacutee par les proprieacuteteacutes

conformationnelles des proteacuteines il devient alors possible d‟utiliser la technique des eacutechanges

isotopiques HD pour les eacutetudes structurales Les reacutegions structureacutees possegravedent une multitude

de liaisons hydrogegravenes intramoleacuteculaires N-Hhellip

O=C qui sont autant de sites proteacutegeacutes

difficilement accessibles par les moleacutecules de solvant Les vitesses d‟eacutechange isotopique vont

47

donc varier consideacuterablement selon l‟implication de l‟hydrogegravene concerneacute dans des structures

secondaires stables (142) ou la flexibiliteacute de la reacutegion peptidique agrave laquelle il appartient (141)

ou encore suivant sa distance par rapport agrave la surface de la proteacuteine (143) Ces diffeacuterents

facteurs contribuent agrave la protection des hydrogegravenes d‟amide telle que la constante de vitesse

globale d‟eacutechange kHDX soit bien infeacuterieure agrave kch Le facteur de protection P correspondant est

donneacute par la formule qui suit

P= kchkHDX

ougrave kHDX est la constante de vitesse globale d‟eacutechange d‟un hydrogegravene d‟amide donneacute dans la

conformation native d‟une proteacuteine et kch la constante de vitesse d‟eacutechange de l‟hydrogegravene

concerneacute si celui-ci se trouvait dans un peptide non structureacute P est la probabiliteacute que

l‟hydrogegravene en question soit proteacutegeacute agrave l‟accegraves du solvant (et aux catalyseurs) P est alors

deacutependant de l‟accessibiliteacute au solvant et de la participation de l‟hydrogegravene concerneacute agrave des

liaisons hydrogegravene Le facteur de protection peut exceacuteder parfois la valeur de 106 pour une

proteacuteine dans sa conformation native replieacutee

I2135 Deux modegraveles de cineacutetique drsquoeacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et

repliement des proteacuteines

Neacuteanmoins mecircme un hydrogegravene d‟amide proteacutegeacute peut ecirctre eacutechangeacute En effet une proteacuteine

en solution est une moleacutecule dynamique Autrement dit mecircme dans son eacutetat natif replieacute elle

peut subir des fluctuations conformationnelles reacutesultant de son deacutepliement pendant un temps

tregraves court L‟eacutechange isotopique d‟un hydrogegravene d‟amide proteacutegeacute ne peut donc avoir lieu que

lorsque la proteacuteine adopte des d‟eacutetats intermeacutediaires transitoires deacuteplieacutes Ce deacutepliement peut

ecirctre localiseacute ou impliquer la proteacuteine dans sa globaliteacute Les constantes de vitesse du

deacutepliement et du repliement sont deacutesigneacutees par k1 et k-1 respectivement et le meacutecanisme

geacuteneacuteral de l‟eacutechange peut ecirctre deacutecrit comme suit

avec l‟existence d‟une combinaison unique de valeurs de k1 k-1 et pour chaque hydrogegravene

d‟amide En accord avec ce modegravele l‟eacutechange isotopique ne peut avoir lieu qu‟apregraves une

rupture transitoire des liaisons intramoleacuteculaires de la proteacuteine replieacutee rendant les hydrogegravenes

48

d‟amide eacutechangeables Puis la proteacuteine se replie pour revenir agrave un eacutetat natif La constante de

vitesse globale d‟eacutechange kHDX est donneacutee par la formule suivante

Deux modegraveles de cineacutetique EX1 et EX2 (123 144) sont discuteacutes agrave partir de ce meacutecanisme

d‟eacutechange Le premier modegravele (EX1) (Fig I 13) est caracteacuteriseacute par

kch gtgt k-1gt k1

impliquant que tous les hydrogegravenes d‟amide sont eacutechangeacutes avant le repliement de la proteacuteine

au cours du tout premier eacuteveacutenement de deacutepliement L‟eacutetape cineacutetiquement limitante est donc

le deacutepliement de la proteacuteine ce qui se traduit par

kHDX= k1

N - Hreplieacute N - Hdeacuteplieacute N - Ddeacuteplieacute N - Dreplieacute

kch

Fig I 13 Principe de lrsquoeacutechange HD dans le cas drsquoune cineacutetique EX1

Inversement le second modegravele (EX2) (Fig I 14) est caracteacuteriseacute par

k-1 gtgt kchgtgt k1

menant agrave l‟expression

kHDX= K1kch

ougrave K1=k1k-1 est le constante d‟eacutequilibre de deacutepliement de la proteacuteine native Comme la

proteacuteine se replie plus vite qu‟elle n‟eacutechange la probabiliteacute d‟eacutechange pendant un seul

49

eacuteveacutenement deacutepliementrepliement est faible L‟eacutetape cineacutetiquement limitante est donc la

vitesse d‟eacutechange kch et l‟eacutechange d‟un hydrogegravene a geacuteneacuteralement lieu apregraves un grand nombre

d‟eacutetapes de deacutepliementrepliement Dans ce modegravele le facteur de protection est donneacute par

P= K1-1

N - Hreplieacute N - Hdeacuteplieacute N - Ddeacuteplieacute N - Dreplieacute

kch

Fig I 14 Principe de lrsquoeacutechange HD dans le cas drsquoune cineacutetique EX2

Dans des conditions physiologiques le premier modegravele (EX1) est moins freacutequent que le

second (EX2) Les vitesses d‟eacutechange par le meacutecanisme EX2 deacutependent de maniegravere lineacuteaire

de la concentration en catalyseurs alors que dans le meacutecanisme EX1 la vitesse ne varie pas

avec la quantiteacute de catalyseurs Ce dernier est geacuteneacuteralement forceacute par l‟utilisation de

conditions deacutenaturantes telles que des tempeacuteratures ou un pH eacuteleveacutes ou encore par

l‟utilisation de chaotropes On peut neacuteanmoins rencontrer le cas de proteacuteines pour lesquelles

diffeacuterentes reacutegions s‟eacutechangent simultaneacutement avec des cineacutetiques d‟ordre 1 (modegravele EX1) et

2 (modegravele EX2) Par ailleurs il ne faut pas perdre de vue que mecircme une proteacuteine native peut

preacutesenter des hydrogegravenes d‟amide non proteacutegeacutes de faccedilon permanente ie exposeacutes au solvant

et non impliqueacutes dans des liaisons hydrogegravene L‟eacutechange agrave ces sites est reacutealiseacute sans

deacutepliement de la proteacuteine la vitesse y est alors plus rapide (kHDXasympkch)

I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines

Pour mesurer un taux d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans une proteacuteine en condition

laquo exchange-in raquo la premiegravere eacutetape consiste agrave l‟exposer agrave du deuteacuterium Il existe deux grandes

strateacutegies d‟incorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines L‟exposition aux deuteacuteriums

peut ecirctre reacutealiseacutee de maniegravere continue (marquage continu) ou pulseacutee (marquage pulseacute) La

meacutethode sera choisie en fonction du type d‟information que l‟on souhaite obtenir (145)

50

I221 Marquage continu

Il s‟agit de la meacutethode la plus simple utiliseacutee dans la plupart des eacutetudes HDXMS Elle

consiste agrave diluer d‟un facteur quinze agrave vingt une proteacuteine qui se trouve initialement dans son

tampon hydrogeacuteneacute dans un tampon identique mais contenant 100 de D2O (146)

L‟incorporation des deuteacuteriums est alors suivie en fonction du temps d‟exposition de la

proteacuteine en condition native dans le D2O Une dilution d‟au moins un facteur quinze permet

de s‟assurer qu‟une fois qu‟un hydrogegravene est remplaceacute par un deuteacuterium la reacuteaction ne

revient pas en arriegravere

Le marquage continu est alors poursuivi jusqu‟agrave ce que le temps maximum d‟exposition

aux deuteacuteriums choisi initialement soit atteint Typiquement il varie des minutes aux heures

(parfois mecircme aux jours) En pratique des aliquotes de la solution sont preacuteleveacutes

reacuteguliegraverement leur reacuteaction est brusquement arrecircteacutee et l‟analyse se fait par spectromeacutetrie de

masse

Au cours de l‟eacutechange la masse de la proteacuteine augmente progressivement avec

l‟incorporation en deuteacuteriums selon les paramegravetres de cineacutetique deacutecrits preacuteceacutedemment Les

reacutegions preacutesentant une conformation deacuteplieacutee pendant un temps tregraves long subiront des

eacutechanges plus rapides que d‟autres reacutegions ayant une conformation plus compacte D‟apregraves le

meacutecanisme geacuteneacuteral de l‟eacutechange le marquage continu permet d‟obtenir essentiellement des

informations sur la dynamique conformationnelle des proteacuteines dans des conditions

d‟eacutequilibre plutocirct que sur leur structure agrave proprement parler Cependant il existe un lien

eacutevident entre ces deux aspects En effet des reacutegions hautement structureacutees sont geacuteneacuteralement

moins dynamiques que des reacutegions deacutesordonneacutees

I222 Marquage pulseacute

Le marquage pulseacute est quant agrave lui essentiellement utiliseacute pour eacutetudier les meacutecanismes de

repliement des proteacuteines ainsi que pour deacutetecter et caracteacuteriser des eacutetats intermeacutediaires

transitoires (147)

Dans les expeacuteriences de marquage pulseacute une proteacuteine initialement deacutenatureacutee est

rapidement transfeacutereacutee dans un solvant approprieacute permettant le deacuteclenchement du processus de

51

repliement A des temps bien deacutefinis au cours de la reacuteaction la proteacuteine est ensuite exposeacutee agrave

du deuteacuterium pendant un temps tregraves court (typiquement 10 s ou moins) Comme le temps de

marquage est tregraves court seuls les hydrogegravenes d‟amide accessibles et eacutechangeables facilement

(ceux qui sont dans les parties non structureacutees de la proteacuteine ou dans les parties les plus

accessibles au solvant) sont deuteacutereacutes Des seacuteries de mesures sont effectueacutees en faisant varier

l‟intervalle de temps entre l‟initiation du repliement et le pulse de deuteacuterium De cette faccedilon

il est possible d‟obtenir des aperccedilus deacutetailleacutes de la seacutequence temporelle des eacuteveacutenements qui

conduisent la proteacuteine d‟un eacutetat deacuteplieacute agrave sa conformation native Les pulses de deuteacuterium

requiegraverent des conditions basiques (pD 8-10) pour s‟assurer qu‟un grand nombre d‟eacutechanges

isotopiques se produisent pendant l‟eacutetape courte de marquage La reacuteaction de marquage est

arrecircteacutee par une rapide baisse du pH et de la tempeacuterature (agrave pH 25 et agrave 0degC) de la solution ou

par l‟eacutevaporation du solvant pendant le processus d‟ionisation par eacutelectrospray lors

d‟expeacuteriences laquo on-line raquo HDXMS L‟usage d‟un systegraveme automatiseacute est neacutecessaire pour

reacutealiser des pulses sur des temps tregraves courts (lt 10 ms) et acceacuteder ainsi agrave des dynamiques tregraves

rapides

La deacutenaturation preacutealable de la proteacuteine est effectueacutee par l‟addition d‟un agent qui va

perturber sa structure (148) Ces agents sont geacuteneacuteralement des chaotropes mais peuvent

eacutegalement ecirctre des ligands qui vont venir se fixer sur la proteacuteine ou un simple changement de

tempeacuterature ou de pH

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par

spectromeacutetrie de masse

Les eacutechanges HD en solution sont donc devenus ces derniegraveres deacutecennies un outil

technique puissant pour l‟analyse structurale et dynamique des proteacuteines (149) Alors que la

plupart des eacutetudes HDX initiales utilisaient la RMN agrave haute reacutesolution (32) comme meacutethode

pour le suivi des cineacutetiques d‟eacutechange HD la spectromeacutetrie de masse occupe deacutesormais une

place de choix (150-153)

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN

C‟est le deacuteveloppement de meacutethodes de spectroscopie RMN multidimensionnelle de haute

reacutesolution (154-155) qui a permis d‟exploiter toute la puissance de la technique HDX (156)

52

La RMN est resteacutee pendant longtemps l‟outil de choix pour suivre les eacutechanges HD car de

ces deux isotopes seul l‟hydrogegravene conduit agrave un signal deacutetectable Ainsi remplacer des

hydrogegravenes d‟amide par des deuteacuteriums peut ecirctre facilement suivi en observant la disparition

des signaux correspondant dans les spectres RMN L‟analyse des eacutechanges HD par RMN

devient alors facile une fois que tous les signaux ont eacuteteacute attribueacutes Par ailleurs elle est reacutealiseacutee

en solution dans la continuiteacute du marquage rendant son interpreacutetation aiseacutee Un profil de

deuteacuteration en solution est observeacute en solution n‟engendrant pas de problegravemes quelconques

L‟eacutechange d‟un hydrogegravene par un deuteacuterium conduisant agrave un increacutement de masse de 1 Da

peut eacutegalement ecirctre suivi de maniegravere tregraves simple par spectromeacutetrie de masse Cette technique

plus reacutecente offre par ailleurs plusieurs avantages importants par rapport agrave la RMN Elle

permet des analyses plus rapides sur des systegravemes plus complexes tant par la diversiteacute que par

la taille avec moins de mateacuteriel initialement Neacuteanmoins l‟association HDXMS n‟atteint que

rarement la haute reacutesolution spatiale facilement accessible par la technique HDXRMN La

spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS) est reacutecemment apparue comme une solution agrave ce

problegraveme faisant de la technique HDX-MSMS un candidat potentiel pour devenir une

meacutethode de choix pour l‟analyse structurale et dynamique des proteacuteines

I232 Approche classique laquo bottom-up raquo

Comme il a eacuteteacute dit preacuteceacutedemment la strateacutegie du marquage continu est choisie pour la

plupart des eacutetudes en HDXMS Elle consiste agrave suivre le taux de deuteacuteration des proteacuteines en

fonction de leur temps d‟exposition t agrave D2O pour deacutetecter le plus souvent des diffeacuterences en

reacuteponse agrave des modifications chimiques ou expeacuterimentales (157-158) agrave la liaison de ligands

(159-160) ou encore agrave la formation de complexes (161) L‟incorporation des deuteacuteriums peut

ecirctre mesureacutee au niveau de la proteacuteine entiegravere (eacutechange global) etou pour des courts segments

proteacuteiques (eacutechange local) Seulement la mesure de l‟eacutechange global ne preacutesente aucune

reacutesolution spatiale puisque elle est reacutealiseacutee pour l‟ensemble des hydrogegravenes d‟amide de la

proteacuteine Les expeacuteriences spatialement reacutesolues apportent quant agrave elles des informations sur

le comportement vis-agrave-vis de la deuteacuteration de reacutegions speacutecifiques de la proteacuteine

53

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS

Les expeacuteriences spatialement reacutesolues deacuterivent pour la plupart de l‟approche classique de

fragmentation enzymatique en solution (146 162-163) appeleacutee approche laquo bottom-up raquo La

digestion des proteacuteines par des proteacuteases conduisant agrave des fragments peptidiques pour

lesquels le taux d‟eacutechange peut ecirctre calculeacute a permis une premiegravere ameacutelioration de la

reacutesolution de l‟approche (164-166) La digestion proteacuteolytique a ensuite eacuteteacute associeacutee agrave une

seacuteparation chromatographique en phase liquide coupleacutee en ligne agrave la spectromeacutetrie de masse

(LC-MS) (141 167) Dans le cadre de l‟analyse des eacutechanges HD par LC-MS des meacutethodes

chromatographiques de courte dureacutee et agrave basse tempeacuterature doivent ecirctre impeacuterativement mises

au point afin de minimiser le laquo back-exchange raquo (168-169) Pour reacutealiser une analyse rapide

des colonnes courtes sont utiliseacutees Bien qu‟elles ne permettent qu‟une seacuteparation grossiegravere

des peptides elles limitent neacuteanmoins le deacutemarquage L‟utilisation de la spectromeacutetrie de

masse agrave tregraves haute reacutesolution est importante car elle peut permettre une identification plus

fiable des peptides sur la base de leur masse preacutecise L‟approche classique est dutiliser une

seacuteparation par HPLC (laquo High-Performance Liquid Chromatography raquo) et de placer toute la

chaicircne chromatographique dans une armoire reacutefrigeacutereacutee Notons quun systegraveme commercial

optimiseacute pour limiter leacutechange inverse a eacuteteacute deacuteveloppeacute reacutecemment par la socieacuteteacute Waters Le

choix d‟une meacutethode HPLC et non d‟une chaicircne de nano-chromatographie liquide conduit agrave

utiliser une quantiteacute importante d‟eacutechantillon C‟est la raison pour laquelle notre eacutequipe a mis

au point une approche par nano-LC pour l‟eacutetude des eacutechanges HD en solution Ce travail a

fait lobjet dune partie de la thegravese de Magalie Duchateau au laboratoire Les diffeacuterents

systegravemes d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le spectromegravetre de masse seront plus

deacutetailleacutes dans le Chap IV Le plus souvent les peptides sont analyseacutes en utilisant

l‟eacutelectrospray comme mode d‟ionisation (LCESI-MS) La technique MALDI-MS est moins

communeacutement utiliseacutee (170-172)

Choix des enzymes

Bien eacutevidemment la proteacuteolyse doit ecirctre reacutealiseacutee dans les conditions expeacuterimentales de

l‟arrecirct de la reacuteaction (agrave pH final 25 et agrave 0degC) afin d‟empecirccher l‟eacutechange inverse (D H)

avant l‟analyse finale en spectromeacutetrie de masse Il est par conseacutequent neacutecessaire d‟utiliser

des proteacuteases acides L‟enzyme la plus couramment utiliseacutee pour ce type d‟expeacuteriences est la

pepsine (173) Cette enzyme est non speacutecifique contrairement agrave la trypsine ou la

chymotrypsine mais elle est active dans les conditions expeacuterimentales requises et peut geacuteneacuterer

de nombreux peptides chevauchants permettant de localiser des zones d‟inteacuterecirct avec une

54

meilleure reacutesolution Cependant cette faible speacutecificiteacute (174) rend neacutecessaire une eacutetape

preacutealable aux eacutechanges HD d‟identification des peptides obtenus par spectromeacutetrie de masse

en tandem

La reacutesolution spatiale attendue avec l‟approche de digestion enzymatique agrave la pepsine est

de l‟ordre de 5 agrave 10 acides amineacutes Elle est limiteacutee par la taille des fragments geacuteneacutereacutes par

l‟eacutetape de digestion et le nombre de peptides chevauchants En revanche l‟utilisation de

proteacuteases immobiliseacutees sur des colonnes semble permettre d‟une part de standardiser le

protocole HDXMS et d‟autre part dans certains cas d‟atteindre une reacutesolution spatiale

proche de l‟acide amineacute pregraves (175-176) Notons le deacuteveloppement reacutecent d‟une nouvelle

approche baseacutee sur une digestion agrave la pepsine mais utilisant des conditions de haute pression

(177) semblant encore ameacuteliorer les reacutesultats

D‟autres proteacuteases acides peuvent eacutegalement ecirctre utiliseacutees mais les conditions

expeacuterimentales imposent qu‟elles soient capables de digeacuterer leur substrat en moins de cinq

minutes afin de minimiser l‟eacutechange inverse L‟utilisation combineacutee de diffeacuterentes proteacuteases

permet de geacuteneacuterer un grand nombre de peptides chevauchants et ainsi d‟augmenter

consideacuterablement la reacutesolution spatiale (178) La proteacutease de type XIII d‟Aspergillus saitoi

(179) ainsi que celle de type XVIII extraite des diffeacuterentes espegraveces de Rhizopus (178) ou

encore plus reacutecemment la plasmepsine II de Plasmodium falciparum (180) peuvent ecirctre

utiliseacutees dans les eacutetudes HDXMS (172 179 181-182) Par ailleurs une version recombinante

de la proteacutease de type XVIII vient d‟ecirctre mise au point Elle permettrait l‟utilisation d‟un

rapport enzymeproteacuteine beaucoup plus faible qu‟avec la version sauvage (183)

Une meacutethode permettant de geacuteneacuterer un tregraves grand nombre de peptides chevauchants baseacutee

sur l‟utilisation de deux proteacuteases acides et de les identifier efficacement et preacuteciseacutement a

reacutecemment eacuteteacute deacuteveloppeacutee pour les analyses HDXMS (184-185) La difficulteacute de lanalyse

du fait de la grande quantiteacute de donneacutees geacuteneacutereacutees par la proteacuteolyse (nombreux peptides

chevauchants) combineacutee agrave la complexiteacute des informations obtenues par HDX (incorporation

des deuteacuteriums perte du marquage) a encourageacute le deacuteveloppement d‟une plateforme ougrave les

expeacuteriences et le traitement de donneacutees sont totalement automatiseacutes (186)

Problegraveme de leacutechange inverse

Malgreacute une optimisation des conditions expeacuterimentales (diminution du pH et de la

tempeacuterature de l‟eacutechantillon ainsi que du temps d‟analyse) le pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse

55

reste un problegraveme crucial lors des eacutetapes de digestion proteacuteolytique et d‟analyse des

fragments peptidiques En effet chaque clivage enzymatique conduit agrave une perte

d‟information au niveau de deux sites eacutechangeables Les sites concerneacutes sont l‟hydrogegravene

d‟amide du squelette peptidique qui a eacuteteacute cliveacute et converti en amine libre et celui adjacent agrave

l‟extreacutemiteacute N-terminale (168) Par ailleurs le deacutemarquage peut eacutegalement avoir lieu au cours

de l‟eacutetape de digestion Or la perte totale de la deuteacuteration au niveau de sites particuliers tels

que ceux proteacutegeacutes par une interaction proteacuteine-partenaire signifierait que les surfaces

d‟interaction de macroassemblages ne pourraient pas ecirctre deacutetermineacutees par cette approche

C‟est la raison pour laquelle plusieurs tentatives de correction systeacutematique du laquo back-

exchange raquo ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees (187) Une meacutethode de reacuteajustement a ainsi eacuteteacute deacutecrite par

Zhang et al (141) Briegravevement elle consiste agrave mesurer le taux d‟eacutechange de peptides

complegravetement deuteacutereacutes et agrave le comparer agrave la reacutefeacuterence sans eacutechange Les analyses sont

reacutealiseacutees dans les mecircmes conditions de digestion et de seacuteparation par HPLC Le facteur de

correction du laquo back-exchange raquo relative agrave l‟expeacuterience est alors deacutetermineacute Mais cela

implique que le deacutemarquage soit identique pour tous les sites eacutechangeables ce qui n‟est pas le

cas (I2132) Le taux d‟eacutechange inverse est consideacuterablement diffeacuterent d‟un site agrave un autre

site et donc d‟un peptide agrave un autre peptide Il peut neacuteanmoins ecirctre preacutedit pour des peptides

non structureacutes en utilisant les paramegravetres de calcul de kch suivant la formule donneacutee au

I2132 (188)

Exemples de complexes proteacuteiques analyseacutes

Malgreacute les problegravemes poseacutes par l‟eacutechange inverse et la reacutesolution relativement faible de

l‟approche un des avantages majeurs des approches laquo bottom-up raquo est leur utilisation pour

l‟eacutetude de complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire puisque ce sont des peptides issus d‟une

digestion enzymatique qui sont analyseacutes Ainsi cette approche a eacuteteacute utiliseacutee par l‟eacutequipe de

V Wysocki afin d‟eacutetudier des complexes proteacuteiques proteacuteine chaperonne-substrat et ainsi de

mieux comprendre leur meacutecanisme d‟action (I113) (189) Il s‟agit de proteacuteines s‟associant

pour former des oligomegraveres de tregraves haut poids moleacuteculaire Les complexes qui ont eacuteteacute

analyseacutes par la technique HDXMS coupleacutee agrave une approche laquo bottom-up raquo sont les suivants

TaHsp169-MDH (gt 1000 kDa) et PsHsp181-MDH (~600-700 kDa) Un pourcentage de

couverture peptidique de 100 a eacuteteacute obtenu pour les deux proteacuteines Par ailleurs une eacutetude

du complexe Arp23 avait permis de mettre en eacutevidence finement des modifications de

structure tridimensionnelle induites par la liaison agrave l‟ATP ou agrave des proteacuteines activatrices telles

que les proteacuteines WASp en utilisant l‟approche par marquage avec les radicaux hydroxyles

(75) (I1225) Plus reacutecemment le complexe Arp23 a eacuteteacute analyseacute par une approche

56

compleacutementaire HDXMS afin de mettre en eacutevidence des modifications de structure et de

dynamique reacutesultant de l‟activation par les proteacuteines WASp et de comparer les reacutesultats avec

les modegraveles du meacutecanisme preacuteexistants Pour autant que nous sachions le complexe Arp23

de sept sous-uniteacutes proteacuteiques avec un poids moleacuteculaire de 220 kDa est le plus important

macroassemblage jamais eacutetudieacute par HDXMS Ceci a eacuteteacute possible gracircce agrave une analyse par

laquo bottom-up raquo (190)

Comment ameacuteliorer la reacutesolution

Une faccedilon d‟augmenter la reacutesolution des approches bottom-up serait de recourir agrave la

fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques afin de localiser plus preacuteciseacutement

les deuteacuteriums dans la seacutequence D‟une maniegravere geacuteneacuterale la fragmentation peut ecirctre reacutealiseacutee

de diffeacuterentes maniegraveres dans un spectromegravetre de masse Tout d‟abord il est possible de

fragmenter les ions dans la source (laquo In-Source Decay raquo ou ISD) en les acceacuteleacuterant dans une

reacutegion de haute pression mais ce processus ne conduit agrave aucune seacutelectiviteacute et pose donc des

problegravemes quant agrave l‟analyse des meacutelanges La spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS)

peut eacutegalement ecirctre utiliseacutee pour la dissociation des peptides Elle est adapteacutee agrave l‟eacutetude des

meacutelanges apporte des informations structurales de qualiteacute et est doteacutee d‟une grande

sensibiliteacute Elle consiste agrave seacutelectionner un ion preacutecurseur par un premier analyseur agrave le

fragmenter (par diffeacuterentes techniques d‟activation) et agrave analyser les fragments obtenus agrave

l‟aide d‟un autre analyseur (le mecircme pour les instruments de type trappe ionique)

Neacuteanmoins comme cela sera deacutetailleacute dans le paragraphe suivant le choix de la technique

d‟activation pour des peptides deuteacutereacutes est tregraves important pour obtenir des informations

valables

I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques

L‟objectif des expeacuteriences de MSMS sur les peptides deuteacutereacutes est de pouvoir preacuteciseacutement

localiser les deuteacuteriums incorporeacutes dans la seacutequence au niveau des diffeacuterents hydrogegravenes

d‟amide afin d‟obtenir une reacutesolution agrave l‟acide amineacute pregraves En theacuteorie la spectromeacutetrie de

masse en tandem constitue donc un moyen inteacuteressant et simple pour ameacuteliorer la reacutesolution

des approches HDXMS

Il existe diffeacuterents modes d‟activation susceptibles d‟ecirctre utiliseacutes pour fragmenter les

peptides Dans une approche proteacuteomique classique la meacutethode de dissociation induite par

57

collision (CID) est largement preacutefeacutereacutee Le principe consiste agrave fragmenter la moleacutecule par

collision avec un gaz inerte (heacutelium diazote argon ou xeacutenon) Malheureusement dans le

cadre d‟eacutetudes HDXMS ces meacutethodes conventionnelles de fragmentation par activation

collisionnelle de proteacuteines et peptides protoneacutes ont rapidement eacuteteacute eacutecarteacutees En effet bien que

la litteacuterature soit contradictoire il a eacuteteacute montreacute qu‟elles conduisent tregraves souvent agrave une

redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums partielle ou totale le long de la chaicircne polypeptidique

(y compris au niveau des chaicircnes lateacuterales) (191-194) pendant l‟eacutetape de fragmentation Le

processus de migration intramoleacuteculaire des hydrogegravenes en phase gazeuse est appeleacute

laquo scrambling raquo en anglais

En fait ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo peut se produire agrave diffeacuterents endroits du

spectromegravetre de masse Le premier est lors de la deacutesolvatation des ions encore solvateacutes dans la

source dans les toutes premiegraveres eacutetapes preacuteceacutedant leur transmission vers l‟analyseur (195-

196) Une autre possibiliteacute est donc dans la cellule de collision au moment de la

fragmentation Le laquo scrambling raquo est induit par un apport d‟eacutenergie vibrationnelle conduisant

agrave un eacutechange des hydrogegravenes et des deuteacuteriums avant la dissociation Il est clair que le

meacutecanisme de fragmentation des peptides protoneacutes dit meacutecanisme du proton mobile

proposeacute par Simon Gaskell (197) et Vicky Wysocki (198-200) n‟est pas en faveur d‟une

conservation de la position des deuteacuteriums d‟amide avant la fragmentation En effet ce

meacutecanisme (Fig I 15) fait l‟hypothegravese que preacutealablement agrave la fragmentation un proton

migre des sites les plus basiques de la moleacutecule vers un azote d‟amide eacutevegravenement preacutealable agrave

une cyclisation pour former des ions b et y Cette eacutetape eacutetant a priori reacuteversible les

deuteacuteriums peuvent ecirctre meacutelangeacutes avec des hydrogegravenes agrave ce moment lagrave

HN

NHO

R1

R2

OR3

R1

O

N

O

R2

H+

HN

NH2O

R1

R2

OR3

H3N Nter+

+

Nter

Cter Cter

R3

NH2

Cter

R1

O

N

O

R2

H+

Nter

NH

R3

Cter

R1

O

N

O

R2

H+

Nter

H3N

R3

Cter

+

ion b ion y

Proton

Mobile

Attaque

Nucleacuteophile

Reacutearrangement

Fig I 15 Formation des ions b et y (201)

58

Le laquo scrambling raquo conduit donc agrave une perte d‟information au niveau du profil de

deuteacuteration rendant l‟analyse difficilement interpreacutetable La litteacuterature indique que ce

pheacutenomegravene semble deacutependre de la seacutequence du peptide fragmenteacute (202) mais eacutegalement de

l‟eacutenergie de collision apporteacutee et de la flexibiliteacute de la chaicircne polypeptidique en phase

gazeuse (195 203) Ces deux derniers facteurs joueraient un rocircle deacuteterminant dans le

reacutearrangement aleacuteatoire des deuteacuteriums et des hydrogegravenes le long du squelette peptidique

avant la dissociation Une faible eacutenergie de collision et donc une lente activation des ions en

phase gazeuse seraient favorables agrave une migration intramoleacuteculaire des hydrogegravenes En

revanche la reacuteduction de la flexibiliteacute des ions proteacuteiques pourrait diminuer la mobiliteacute du

proton dans des conditions d‟activation collisionnelle de basse eacutenergie Le pheacutenomegravene du

laquo scrambling raquo a pu ecirctre mis en eacutevidence par l‟utilisation de peptides modegraveles (204-206) Le

principe des peptides seacutelectivement deuteacutereacutes deacuteveloppeacutes par T Jorgensen sera deacutetailleacute dans

le Chap II

La conclusion des eacutetudes de fragmentation par CID de peptides deuteacutereacutes est que les

meacutethodes d‟activation conduisant agrave une augmentation progressive de l‟eacutenergie vibrationnelle

(CID IRMPD SORI-CID) (195) ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pour localiser les deuteacuteriums

dans la seacutequence peptidique De ce fait d‟autres meacutethodes de fragmentation en phase gazeuse

ont eacuteteacute investigueacutees Parmi elles les meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons telles que l‟ECD

et l‟ETD se sont reacuteveacuteleacutees tregraves prometteuses (207-209)

L‟ECD est une technique de dissociation speacutecifique des spectromegravetres de masse FT-ICR

Son principe repose sur la capture exothermique (~4-5 eV) d‟un eacutelectron par une espegravece

multichargeacutee (210) L‟ion proteacuteique multichargeacute est irradieacute par un faisceau d‟eacutelectrons de

faible eacutenergie (lt 1 eV) Apregraves capture d‟un eacutelectron l‟ion radicalaire se fragmente La

reacuteactiviteacute est diffeacuterente par rapport aux meacutethodes par activation collisionnelle en raison de la

preacutesence d‟un eacutelectron dans le systegraveme et notamment le meacutecanisme du proton mobile n‟est

pas celui qui explique la fragmentation rendant son utilisation possible pour analyser des

peptides ou des proteacuteines deuteacutereacutes (139 207 211-212) En ECD on n‟observe pas la rupture

des liaisons peptidiques (pour conduire agrave des ions b et y) ni geacuteneacuteralement la perte de

modifications post-traductionnelles labiles comme ce qui est observeacute pour l‟activation par

CID Le site de clivage quasi-speacutecifique en ECD est la liaison N-Cα entraicircnant la formation

d‟ions fragments de type c et z le plus souvent mais aussi parfois a b et y (Fig I 16) Une

charge positive eacutetant neutraliseacutee par un eacutelectron la technique d‟ECD ne peut ecirctre utiliseacutee que

sur des ions preacutecurseurs qui sont au minimum deux fois chargeacutes (doublement protoneacutes)

59

Fig I 16 Nomenclature des fragments peptidiques issus de la spectromeacutetrie de masse en

tandem

L‟ETD qui a reacutecemment eacuteteacute deacuteveloppeacutee est une technique similaire agrave l‟ECD conduisant

eacutegalement agrave la formation d‟ions fragments de type c et z (213) La fragmentation repose sur

la reacuteaction ionion qui se produit entre le peptide multiprotoneacute et un anion radicalaire Cet

anion se trouve seacutequestreacute dans un piegravege agrave ions Quand les deux ions se trouvent agrave une distance

suffisante il se produit le transfert d‟un eacutelectron de l‟anion vers le peptide chargeacute

positivement ce qui induit sa fragmentation L‟avantage majeur de l‟ETD est qu‟il peut ecirctre

reacutealiseacute sur une varieacuteteacute de types d‟instruments standards utilisant la radiofreacutequence d‟un champ

eacutelectrique oscillant pour pieacuteger les ions (213-215) L‟ECD quant agrave lui neacutecessite des champs

eacutelectrique et magneacutetique stables disponibles exclusivement sur des spectromegravetres de masse

FT-ICR (207 216)

Bien que le meacutecanisme des techniques ECD et ETD ne soit pas encore complegravetement

eacutelucideacute il passe par une voie alternative de fragmentation de type radicalaire dont on a pu

discuter du caractegravere ergodique ou non (217) n‟induisant pas de laquo scrambling raquo pourvu que

les paramegravetres instrumentaux soient controcircleacutes et optimiseacutes pour la minimisation du

pheacutenomegravene Il s‟agit d‟une part de minimiser les paramegravetres des optiques de transfert ionique

tels que le potentiel de deacutesolvatation des ions et la tension des lentilles du tube de transfert et

d‟autre part de minimiser l‟excitation vibrationnelle des ions pendant leur filtration et avant

leur fragmentation en augmentant le paramegravetre fenecirctre d‟isolation (207) Il a eacuteteacute montreacute que la

fragmentation des ions par ECD se produisait avant que l‟eacutenergie puisse ecirctre redistribueacutee au

niveau du site de clivage de la liaison le plus favorable (210 218-219) Cette rapide et

efficace meacutethode d‟activation conduit donc agrave une limitation du laquo scrambling raquo et permet donc

de localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans la seacutequence peptidique (207) Une reacutesolution agrave

l‟acide amineacute pregraves de l‟incorporation des deuteacuteriums a eacutegalement pu ecirctre obtenue par

60

fragmentation ETD au niveau de peptides seacutelectivement marqueacutes (208) ainsi que de peptides

proteacuteolytiques issus de la digestion enzymatique de la β2-microglobuline deuteacutereacutee (209)

L‟incorporation des deuteacuteriums par reacutesidu est calculeacutee en faisant la diffeacuterence des contenus en

deuteacuteriums de fragments conseacutecutifs pour les seacuteries d‟ions c (c2-c1 c3-c2 hellip) et z (z2-z1 z3-z2

hellip) Une cineacutetique deacutechange HD par acide amineacute peut eacutegalement ecirctre obtenue en suivant

l‟incorporation des deuteacuteriums des ions c ou z au cours du temps

Cette approche combinant la digestion enzymatique en solution et la fragmentation ETD en

phase gazeuse est devenue tregraves reacutecemment assez robuste pour ecirctre utiliseacutee sur de vrais

systegravemes biologiques Elle a eacuteteacute complegravetement automatiseacutee en plateforme HDX (220)

La spectromeacutetrie de masse en tandem peut donc ecirctre utiliseacutee pour ameacuteliorer la reacutesolution

des expeacuteriences utilisant les eacutechanges HD La fragmentation en phase gazeuse des ions

peptidiques obtenus apregraves digestion enzymatique du systegraveme biologique dinteacuterecirct permet donc

d‟obtenir la localisation preacutecise des deuteacuteriums dans la seacutequence Pour cela elle doit ecirctre

reacutealiseacutee en utilisant des meacutethodes alternatives d‟activation par les eacutelectrons (ECD ETD) tout

en controcirclant les processus de deacutesolvatation transfert et seacutelection des ions preacutealables agrave la

fragmentation (207-208) Ces meacutethodes ayant eacutegalement fait leur preuve pour la

fragmentation de proteacuteines entiegraveres (221-222) il est rapidement apparu qu‟il serait possible de

les utiliser dans des approches dites laquo top-down raquo pour des eacutetudes HDXMS Dans cette

derniegravere approche l‟eacutetape de digestion enzymatique n‟est plus requise

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD

L‟approche laquo top-down raquo s‟affranchit donc de l‟eacutetape de proteacuteolyse et de seacuteparation des

peptides en chromatographie liquide Au lieu de cela la proteacuteine est introduite entiegravere dans le

spectromegravetre de masse et fragmenteacutee directement en phase gazeuse (223)

I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD

Il existe plusieurs modes d‟activation pour la fragmentation en phase gazeuse de proteacuteines

entiegraveres Les meacutethodes dissociatives par capture ou transfert deacutelectron (ECD ou ETD) sont

particuliegraverement utiliseacutees dans ce type d‟approche

61

Des couvertures de seacutequence importantes peuvent ecirctre obtenues par ces approches sur

proteacuteines entiegraveres conduisant eacutegalement agrave la localisation de modifications post-

traductionnelles (MPT) (223-225) Le laboratoire pionnier dans le domaine est celui de Neil

Kelleher aux USA qui a deacuteveloppeacute une veacuteritable approche inteacutegreacutee pour lanalyse

proteacuteomique laquo top-down raquo allant de la seacuteparation des proteacuteines entiegraveres agrave lanalyse

automatiseacutee des spectres MSMS complexes obtenus lorsque lon fragmente une proteacuteine

entiegravere Ses proteacuteines de preacutedilection sont les histones petites proteacuteines de 13 kDa que lon

peut retrouver sous un grand nombre disoformes diffeacuterentes (mecircme stucture primaire mais

modifications post-traductionnelles diffeacuterentes et dynamiques) lieacutees au code des histones

Lavantage majeur des approches laquo top-down raquo en proteacuteomique est de permettre non

seulement lidentification des isoformes de proteacuteines par simple mesure de masse mais aussi

dobtenir des informations structurales (preacutesence de MPT notamment) sur lensemble de la

seacutequence Cela nest pas possible par des approches classiques par laquo bottom-up raquo car tous les

peptides issus de la digestion ne sont pas retrouveacutes lors de lanalyse

Neacuteanmoins elles preacutesentent encore certaines limitations comme leacutetape cruciale de

seacuteparation des proteacuteines entiegraveres le poids moleacuteculaire des proteacuteines qui peuvent ecirctre

fragmenteacutees et la sensibiliteacute Le problegraveme majeur rencontreacute avec les proteacuteines de haut poids

moleacuteculaire est leur propension agrave se replier en phase gazeuse formant un reacuteseau de liaisons

hydrogegravene qui conduit agrave une perte defficaciteacute au niveau de la fragmentation par ECD ou

ETD En effet bien que leacutelectron soit captureacute par un site peptidique et la liaison N-Cα

rompue les deux morceaux de la proteacuteine (parties N-terminales et C-terminales) restent

lieacutees entre elles et les fragments ne peuvent ecirctre deacutetecteacutes Une solution consiste agrave introduire

une eacutetape de chauffage lent des ions (photons infrarouge par exemple) pour rompre ce reacuteseau

de liaisons hydrogegravene avant ou apregraves la capture de leacutelectron Neacuteanmoins si lapproche

fonctionne souvent bien dans le cas de proteacuteines non deuteacutereacutees elle ne peut ecirctre envisageacutee

dans le cadre des eacutetudes HDX car le chauffage lent conduira agrave un eacutechange des hydrogegravenes et

des deuteacuteriums avant la fragmentation

62

I2332 Approches top-down et HDX

Dans les eacutetudes HDX le deacuteveloppement de l‟approche laquo top-down raquo ECD ou ETD comme

meacutethodologie alternative agrave l‟approche classique de laquo bottom-up raquo semble tregraves prometteur En

effet l‟approche laquo top-down raquo permet d‟une part d‟eacuteliminer le laquo back-exchange raquo relatif aux

eacutetapes de digestion enzymatique en solution et de seacuteparation en chromatographie liquide et

d‟autre part d‟obtenir une meilleure reacutesolution spatiale tout au moins pour des proteacuteines de

petite agrave moyenne taille (211)

La faisabiliteacute d‟expeacuteriences HDX par laquo top-down raquo ECD spatialement reacutesolues a eacuteteacute

reacutecemment deacutemontreacutee par Pan et al pour l‟eacutetude d‟une proteacuteine de 17 kDa (211) Il est

eacutegalement possible gracircce agrave cette approche d‟obtenir des informations structurales au niveau

d‟espegraveces speacutecifiques en meacutelange heacuteteacuterogegravene en isolant au preacutealable un ion preacutecurseur (212)

De plus en raison de son association avec des meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons qui

limitent le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo dans des conditions expeacuterimentales bien controcircleacutees

et conduisent agrave de bonnes couvertures de seacutequence elles permettent de localiser preacuteciseacutement

la position des deuteacuteriums dans la seacutequence (Fig I 17)

La meilleure reacutesolution spatiale obtenue par l‟approche laquo top-down raquo s‟explique de la

maniegravere suivante tandis que l‟expeacuterience laquo bottom-up raquo consiste agrave cliver la proteacuteine au

niveau de plusieurs sites geacuteneacuterant des peptides de taille relativement petite l‟eacutetude laquo top-

down raquo quant agrave elle conduit agrave un seul eacuteveacutenement de fragmentation au niveau de chaque

chaicircne polypeptidique Il en reacutesulte la formation d‟une paire d‟ions compleacutementaires cz

dans le cas de la fragmentation ECD ou ETD issus de l‟extreacutemiteacute N- et C-terminale Une

reacutesolution spatiale agrave l‟acide amineacute pregraves peut donc ecirctre obtenue avec l‟approche laquo top-down raquo

car les proteacuteines en phase gazeuse sont cliveacutees une seule fois agrave diffeacuterents sites (Fig I 17)

63

Fig I 17 Scheacutema illustrant la diffeacuterence conceptuelle entre les approches MS de laquo bottom-

up raquo et laquo top-down raquo appliqueacutees aux eacutetudes HDX (226) Lrsquoapproche par fragmentation en

phase gazeuse de la proteacuteine entiegravere dite laquo top-down raquo permet de localiser preacuteciseacutement les

deuteacuteriums dans la seacutequence proteacuteique

Dans le cadre des eacutetudes HDXMS un autre avantage des approches laquo top-down raquo par

rapport agrave celles dites de laquo bottom-up raquo est le fait qu‟il est possible en theacuteorie de reconstruire

une cineacutetique d‟eacutechange par acide amineacute Cela sera deacutetailleacute dans le Chap III de ce manuscrit

Il est eacutegalement avantageux de pouvoir saffranchir des eacutetapes de digestion enzymatique et de

seacuteparation en chromatographie liquide En effet un gain de temps et une possible reacuteduction

du laquo back-exchange raquo sont des eacuteleacutements cruciaux pour ces eacutetudes

64

I2333 Limitations des approches top-down HDX

La limitation majeure de la fragmentation des proteacuteines deuteacutereacutees par ECD reste la taille

des systegravemes comme en analyse laquo top-down raquo classique De tregraves bonnes couvertures de

seacutequence peuvent ecirctre obtenues pour des proteacuteines de faible masse moleacuteculaire (lt 20 kDa)

Au-delagrave de cette valeur l‟efficaciteacute de fragmentation diminue avec le plus souvent une reacutegion

centrale de la proteacuteine peu fragmenteacutee au contraire des extreacutemiteacutes N- et C-terminales en

raison de la structuration des proteacuteines en phase gazeuse deacutecrite preacuteceacutedemment

Un autre problegraveme est d‟arriver agrave maintenir la proteacuteine entiegravere avec ses deuteacuteriums sans

qu‟elle se deacutemarque pendant le temps de l‟analyse En effet pour obtenir des couvertures de

seacutequence importantes un grand nombre de spectres doivent ecirctre accumuleacutes (ideacutealement

pendant trente minutes agrave une heure) et le maintien de l‟inteacutegriteacute de la proteacuteine en termes de

position des deuteacuteriums dans la seacutequence est primordial

Enfin le dernier inconveacutenient de ces approches est l‟analyse de proteacuteines reacuteelles qui

demeure compliqueacutee En effet sans seacuteparation par chromatographie liquide un dessalage des

eacutechantillons biologiques reacuteels doit se faire indeacutependamment et preacutealablement agrave lanalyse par

spectromeacutetrie de masse Il est donc effectueacute de maniegravere laquo off-line raquo et conduit

malheureusement agrave un certain deacutemarquage Par ailleurs il doit obligatoirement ecirctre reacutealiseacute agrave

froid ce qui complique le deacuteroulement des expeacuteriences

65

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79

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles

validation de lrsquoapproche combinant

eacutechanges HD et fragmentation ECD

80

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles validation de lrsquoapproche combinant eacutechanges HD et fragmentation ECD 79

II1 Introduction 81

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX 81 II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen 82

II2 Reacutesultats 84

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons 84 II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence84 II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo 85

II3 Conclusions 92

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III 92 II32 Autres instruments FT-ICR 93

II4 Bibliographie 96

81

II1 Introduction

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX

Comme indiqueacute dans le chapitre preacuteceacutedent un des problegravemes expeacuterimentaux majeurs lieacute

aux eacutetudes par HDX-MSMS est le laquo scrambling raquo qui correspond agrave une redistribution

aleacuteatoire des hydrogegravenes et des deuteacuteriums preacutesents dans la seacutequence peptidique par des

processus qui ont lieu en phase gazeuse

Le plus connu est celui qui intervient au moment de la fragmentation par CID et qui

sexplique par le modegravele du proton mobile (1-4) Dans ce modegravele leacutenergie apporteacutee par la

collision conduit agrave une mobiliteacute du proton qui se trouve initialement sur le site le plus basique

du peptide (Lysine Arginine ou amine N-terminale) Ce proton se met donc agrave se deacuteplacer

dans le peptide pour aller vers des sites de protonation moins basiques tels que loxygegravene ou

lazote de la liaison peptidique Bien que la protonation sur lazote de lamide soit

thermodynamiquement moins favorable que la protonation sur l‟oxygegravene des carbonyles cest

ce site protoneacute qui conduit agrave la rupture de la liaison amide et agrave la formation des ions b et y La

protonation reacuteversible des atomes dazote des diffeacuterentes fonctions amides du squelette dans

le contexte dune eacutetude HDX conduit donc si lintermeacutediaire reacuteactionnel a un temps de vie

suffisamment long et si la cineacutetique de la voie retour est comparable agrave la cineacutetique de

fragmentation agrave un eacutechantillonnage du proton sur tous les amides et donc un meacutelange

complet des hydrogegravenes et des deuteacuteriums Pour eacuteviter ce pheacutenomegravene il faut (i) soit que la

protonation sur lamide ne soit pas reacuteversible (ii) soit que la dissociation de la liaison

peptidique soit plus rapide que la deacuteprotonation de lazote damide Paizs et Suhai (5) ont

eacutevalueacute la constante de vitesse de dissociation de la liaison amide par des calculs RRKM et ont

obtenu une valeur de lordre de la microseconde pour des eacutenergies internes denviron 45

kJmol soit une vitesse relativement lente due entre autre agrave la neacutecessaire cyclisation de la

partie b et donc probablement compeacutetitive avec de simples transferts de protons Ainsi de

nombreux exemples de la litteacuterature montrent quil nest pas possible dutiliser des approches

par CID pour localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans des peptides marqueacutes car le

laquo scrambling raquo qui a lieu avant la fragmentation est total (6-11)

Neacuteanmoins il est curieux de constater que certaines eacutetudes arrivent agrave des conclusions

opposeacutees A titre dexemple il a eacuteteacute montreacute par Deng et al pour une seacuterie de peptides issus de

82

la digestion du cytochrome C de cheval (12) ou par Kim et al sur des fragments peptidiques

de thioreacutedoxine oxydeacutee et reacuteduite d‟E coli (13-14) que les ions b preacutesentaient un

laquo scrambling raquo modeacutereacute alors que les ions y correspondants preacutesentaient au contraire un

laquo scrambling raquo total Des reacutesultats similaires deacutecrivant un pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

partiel ont eacutegalement eacuteteacute obtenus sur des proteacuteines entiegraveres (15-17)

Ce qui semble ressortir de ces articles est que les conditions expeacuterimentales utiliseacutees et la

seacutequence des peptides jouent un rocircle tregraves important sur le type de reacutesultat qui est obtenu Dans

ce contexte mieux comprendre les diffeacuterents facteurs affectant le reacutearrangement aleacuteatoire des

hydrogegravenes et des deuteacuteriums dans la seacutequence avant la fragmentation semble un point crucial

pour pouvoir deacutevelopper des approches de spectromeacutetrie de masse tandem robustes en HDX

Neacuteanmoins le problegraveme majeur pour reacutealiser de telles eacutetudes est de disposer dun systegraveme

modegravele permettant de caracteacuteriser la preacutesence du meacutelange entre les hydrogegravenes et les

deuteacuteriums quil soit partiel ou total

Cest le groupe de T Joslashrgensen au Danemark qui a reacutesolu ce problegraveme en mettant au

point des peptides modegraveles qui peuvent ecirctre deuteacutereacutes seacutelectivement sur leur extreacutemiteacute N-

terminale ou C-terminale Lutilisation de ces peptides lui a ainsi permis de montrer (i) quen

controcirclant finement un certain nombre de paramegravetres expeacuterimentaux et (ii) en utilisant des

meacutethodes dactivation baseacutees sur le transfert ou la capture dun eacutelectron (ECDETD) il eacutetait

possible de limiter consideacuterablement le laquo scrambling raquo et localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums

dans la seacutequence (18-19)

II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen

Les premiers travaux publieacutes par T Joslashrgensen sont baseacutes sur lutilisation dun peptide qui

peut ecirctre marqueacute au deuteacuterium de maniegravere seacutelective gracircce agrave linteraction dune partie de sa

seacutequence avec un reacutecepteur La partie en interaction avec la proteacuteine eacutetant masqueacutee ne

conduit agrave aucun eacutechange HD alors que la partie libre eacutechange facilement ses hydrogegravenes

damide pour des deuteacuteriums (20) Neacuteanmoins il est vite apparu que le modegravele eacutetait trop

compliqueacute agrave manipuler et neacutecessitait decirctre simplifieacute

83

Pour ce faire T Joslashrgensen a deacutecideacute de maniegravere tout agrave fait astucieuse de mettre agrave profit le

fait quen solution les hydrogegravenes damide du squelette peptidique ont des vitesses deacutechange

avec le solvant qui varient fortement en fonction des acides amineacutes voisins pour construire

des peptides qui peuvent ecirctre seacutelectivement deuteacutereacutes Linfluence des reacutesidus voisins peut ecirctre

soit dordre steacuterique soit dordre inductif (21) A titre dexemple lhydrogegravene dun amide se

trouvant entre deux isoleucines eacutechange dix fois moins vite quun hydrogegravene damide situeacute

entre deux alanines Ces vitesses deacutechange ont eacuteteacute mesureacutees par des expeacuteriences de

spectroscopie RMN (22) Thomas Joslashrgensen a donc utiliseacute pour eacutetablir la seacutequence de ses

peptides modegraveles des acides amineacutes qui eacutechangent tregraves rapidement (histidine ou acide

aspartique) quil a placeacutes en N-terminal et des acides amineacutes qui eacutechangent beaucoup plus

lentement (isoleucine) en C-terminal Il a eacutegalement introduit des acides amineacutes basiques

(lysine) pour sassurer de la solubiliteacute de ses peptides La seacutequence geacuteneacuterale de ses peptides

est donc (His)n(Ile-Ile-Lys)m ou (Lys)2(Asp)n(Ile-Ile-Lys)m Ainsi apregraves un eacutechange complet

dans D2O et dilution dans H2O (acide et glaceacutee) les amides de la partie N-terminale des

peptides (His)n ou (Lys)2(Asp)n se retrouvent complegravetement hydrogeacuteneacutes alors que ceux de la

partie C-terminale (Ile-Ile-Lys)m portent encore des deuteacuteriums

Lutilisation de ces peptides a permis agrave T Joslashrgensen de montrer quil eacutetait possible de

trouver des conditions en ECD (18) mais aussi en ETD (19 23-24) qui permettent de

minimiser le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Diffeacuterents instruments ont eacuteteacute utiliseacutes pour ses

expeacuteriences un spectromegravetre de masse FT-ICR (LTQ-FT) de la socieacuteteacute Thermo pour les

expeacuteriences en ECD (18) et une trappe ionique Agilent (19) ainsi qu‟un spectromegravetre de

masse LTQ-Orbitrap XL (Thermo) (23 25) pour les expeacuteriences ETD Une des conclusions

de ces eacutetudes est que quel que soit le spectromegravetre de masse utiliseacute loptimisation des

conditions expeacuterimentales de la source eacutelectrospray et notamment tous les paramegravetres lieacutes agrave

la deacutesolvatation est un paramegravetre crucial pour eacuteviter le laquo scrambling raquo Ce reacutesultat nest pas

eacutetonnant dans la mesure ougrave avant leur arriveacutee dans une reacutegion de tregraves basse pression les ions

subissent un certain nombre de collisions qui peuvent augmenter leur eacutenergie interne (26) et

favoriser ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Pour les expeacuteriences ECD T Joslashrgensen a

eacutegalement montreacute que la fenecirctre de seacutelection choisie dans le piegravege lineacuteaire pour isoler lion agrave

fragmenter est eacutegalement un paramegravetre agrave controcircler finement Une fenecirctre trop eacutetroite conduit

en effet agrave une excitation de lion preacutecurseur et au pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

Dans ce contexte nous avons souhaiteacute utiliser les peptides deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen

comme sondes du laquo scrambling raquo sur le spectromegravetre de masse FT-ICR APEX III du

84

laboratoire afin de pouvoir deacuteterminer les conditions expeacuterimentales propres agrave reacutealiser de

lECD sur des peptides puis des proteacuteines deuteacutereacutes Ce travail a eacuteteacute initieacute lors de la thegravese de

Magalie Duchateau (27) mais navait pas pu ecirctre termineacute pour des problegravemes instrumentaux

Afin dassurer la coheacuterence des reacutesultats toutes expeacuteriences reacutealiseacutees preacuteceacutedemment ont eacuteteacute

dupliqueacutees et compleacuteteacutees au deacutebut de ma thegravese Une mise agrave jour de linstrument en APEX-Q

puis en SolariX nous a ensuite conduits agrave devoir reacute-optimiser certains paramegravetres Les

reacutesultats obtenus lors de ce travail font lobjet du deuxiegraveme chapitre de cette thegravese Les

peptides choisis sont les suivants

P1 HHHHHHIIKIIK

P2 KKDDDDDDIIKIIK

P3 KKDDDIIKIIK

P4 KKDDIIK

II2 Reacutesultats

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons

Le systegraveme deacuteveloppeacute par T Joslashrgensen est celui que nous avons utiliseacute Il est constitueacute

dune seringue preacutealablement placeacutee entre deux sacs de glace puis refroidie pendant la dureacutee

de lanalyse par un sachet de carboglace La longueur du capillaire en PEEK (125 microm de

diamegravetre interne) entre la sortie de la seringue et lentreacutee dans la source dionisation a eacuteteacute

minimiseacutee agrave environ 30 cm et le deacutebit utiliseacute est de 600 microLmin afin de minimiser leacutechange

inverse pendant le transfert de leacutechantillon entre la seringue refroidie et la source dionisation

(voir Chap IV) Les expeacuteriences sont reacutealiseacutees pendant 10 minutes avec le mecircme eacutechantillon

et la stabiliteacute du marquage (qui doit resteacutee dans les 10 du marquage initial qui sert de

reacutefeacuterence) est suivie par lacquisition reacuteguliegravere de spectres MS

II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence

Parmi les quatre peptides que nous avons choisis deux ont deacutejagrave eacuteteacute eacutetudieacutes preacuteceacutedemment

par T Joslashrgensen (18-19 21) Notre premier objectif eacutetait donc de retrouver le mecircme nombre

de deuteacuteriums initial que ce quil avait trouveacute Les peptides ont eacuteteacute conccedilus de telle sorte que

85

seule lextreacutemiteacute C-terminale doit porter des deuteacuteriums au niveau du motif IIKIIK pour les

peptides P1 P2 et P3 En theacuteorie on sattend donc agrave cinq eacutechanges H D pour ces peptides

Les reacutesultats expeacuterimentaux montrent que lon natteint pas tout agrave fait cette valeur mais quune

moyenne de 42 D est obtenue comme lindique le Tab II 1 Cette perte de 08 D

sexplique par le fait que le marquage au niveau de lamide situeacute entre la derniegravere histidine et

la premiegravere isoleucine nest pas parfait et quil existe un meacutelange de populations de peptides

pour lesquels cest bien un D qui est agrave cette place et des peptides pour lesquels le D a eacuteteacute

remplaceacute par un H De la mecircme faccedilon on nobtient pas exactement 2 D pour le peptide P4

mais seulement 16 Les reacutesultats regroupeacutes dans le Tab II 1 montrent eacutegalement que la taille

et la nature de la partie du peptide qui eacutechange vite (seacuterie dhistidines ou enchainement

lysine-acide aspartique) nont pas dinfluence sur le marquage global du peptide

Tab II 1 Seacutequence des quatre peptides utiliseacutes dans cette eacutetude Nombre de deuteacuteriums

retenus au niveau des acides amineacutes de lrsquoextreacutemiteacute C-terminale dans les diffeacuterents eacutetats de

charge apregraves reacute-eacutechange de certains deuteacuteriums avec les hydrogegravenes du solvant protieacute dans

des conditions controcircleacutees (Chap V)

Peptide Seacutequence Masse

monoisotopique MH

1+ MH2

2+ MH3

3+ Reacutefeacuterence

P1 HHHHHHIIKIIK 15498975 -

43 39 (18 21)

P2 KKDDDDDDIIKIIK 16738956 44a

43 43 (19)

P3 KKDDDIIKIIK 13288148 40b

42 42

P4 KKDDDIIK 9745517 20 16 -

Potentiel de deacutesolvatation a entre 200 et 250 V et

b entre 150 et 250 V

II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo

Afin deacutevaluer le taux de laquo scrambling raquo ducirc agrave la source eacutelectrospray les spectres ECD des

peptides ont eacuteteacute enregistreacutes en faisant varier les conditions expeacuterimentales dans la source

Comme les peptides sont construits pour ne porter des deuteacuteriums quagrave leur extreacutemiteacute C-

terminale les ions de type c (N-terminaux) fournissent des massifs isotopiques diagnostics

simples En labsence de laquo scrambling raquo les ions c de petite taille (comme lion c4 par

exemple) doivent conserver un massif isotopique identique agrave celui obtenu pour le peptide non

deuteacutereacute En revanche sil y a eu laquo scrambling raquo les enveloppes isotopiques seront deacuteplaceacutees

vers des rapports mz plus eacuteleveacutes

86

A titre dexemple la Fig II 1 montre le deacuteplacement du massif isotopique obtenu pour

lion c4 du peptide P2 lorsque lon augmente leacutenergie de deacutesolvatation

Fig II 1 Spectres ECD du peptide KKDDDDDDIIKIIK (P2) (a) Spectre complet du peptide

non marqueacute (b) Massif isotopique de lrsquoion fragment c4+

obtenu agrave partir du peptide

seacutelectivement marqueacute pour des valeurs de potentiel de deacutesolvatation eacuteleveacutee (180 V spectre du

haut) et basse (40 V spectre du milieu) Le spectre du bas montre lrsquoion fragment c4+

obtenu agrave

partir du peptide agrave lrsquoeacutequilibre (marquage homogegravene) agrave 100 V

Alors quagrave 40 V correspondant agrave une basse eacutenergie de deacutesolvatation le massif isotopique

obtenu est le mecircme que pour le peptide non deuteacutereacute on observe agrave 180 V un deacuteplacement tregraves

clair du massif vers les hauts mz signature de lincorporation de deuteacuteriums du cocircteacute N-

terminal du peptide et donc de laquo scrambling raquo

Par cette approche diffeacuterents paramegravetres de source ont eacuteteacute testeacutes le potentiel de

deacutesolvatation (laquo CapExit raquo sur notre instrument) la tempeacuterature du gaz de deacutesolvatation et le

temps daccumulation dans lhexapocircle Parmi ces trois paramegravetres seul le potentiel de

deacutesolvatation a un effet majeur sur le laquo scrambling raquo comme le montre leacutevolution du nombre

de deuteacuteriums dans les diffeacuterents ions c et z formeacutes agrave partir du peptide P2 (Fig II 2)

87

88

Fig II 2 Graphes du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque fragment ECD obtenu agrave

partir de lrsquoion preacutecurseur trichargeacute du peptide KKDDDDDDIIKIIK (P2) seacutelectivement

marqueacute en fonction du potentiel de deacutesolvatation

Avec un potentiel de deacutesolvatation conduisant agrave tregraves peu de laquo scrambling raquo (40 V) on

nobserve pas deffet marquant de la tempeacuterature de la source (varieacutee de 50 agrave 140degC) ni du

temps daccumulation dans lhexapocircle (varieacute de 05 agrave 2 s) Les conditions optimales ayant eacuteteacute

obtenues pour limiter le laquo scrambling raquo nous navons pas chercheacute agrave faire varier dautres

paramegravetres qui par ailleurs ont eacutegalement une influence sur lefficaciteacute de transmission des

ions

Neacuteanmoins nous avons souhaiteacute comprendre un peu mieux le rocircle de leacutenergie de

deacutesolvatation et pour ce faire les spectres MS et MSMS en ECD ont eacuteteacute enregistreacutes Pour les

peptides P1-P3 les spectres ECD obtenus agrave partir dions preacutecurseurs trichargeacutes montrent des

courbes similaires agrave celles deacutecrites sur la Fig II 2 agrave bas potentiel de deacutesolvatation les

fragments contiennent un nombre de deuteacuteriums constant mais lorsque le potentiel est

augmenteacute on observe une incorporation de deuteacuteriums croissante pour les ions c et une perte

de deuteacuteriums pour les ions z Le seuil agrave partir duquel le laquo scrambling raquo commence est le

mecircme pour les diffeacuterents fragments dun mecircme peptide mais est diffeacuterent dun peptide agrave

lautre Pour le peptide P4 aucun fragment ECD na pu ecirctre observeacute agrave partir de lion

doublement chargeacute et lion triplement chargeacute nest apparemment pas formeacute

Ces reacutesultats sont tregraves proches de ce qui avait eacuteteacute observeacute par T Joslashrgensen sur le LTQ-FT

(18) et sur la trappe ionique (19) et ne semblent pas deacutependre de la taille et de la nature de la

partie du peptide qui preacutesente un eacutechange rapide

89

Un examen des spectres MS en fonction de leacutenergie de deacutesolvatation (Fig II 3) apporte

un eacuteclairage nouveau sur ce qui se passe dans la source qui est un pheacutenomegravene indeacutependant du

laquo scrambling raquo

Fig II 3 Intensiteacute des ions des diffeacuterents eacutetats de charge du peptide KKDDDIIKIIK (P3)

ainsi que celle de ses ions fragments geacuteneacutereacutes dans la source ionique en fonction du potentiel

de deacutesolvatation Lrsquointensiteacute des fragments correspond agrave la somme des intensiteacutes des ions

fragments b et y (a) Intensiteacutes absolues (b) Intensiteacutes relatives par rapport agrave lrsquointensiteacute

totale des ions

Tout dabord le type dion observeacute (simplement doublement ou triplement chargeacute) et

lapparition de fragments sont correacuteleacutes avec les potentiels de deacutesolvatation (Fig II 3) Comme

lindique la Fig II 3 les ions triplement chargeacutes sont largement favoriseacutes agrave bas potentiels de

deacutesolvatation et la fragmentation est quasi-inexistante Pour le peptide P3 on peut observer

une chute de lintensiteacute de lion triplement chargeacute au-delagrave de 160 V avec une augmentation

concomitante de lintensiteacute de lion moleacuteculaire doublement chargeacute et de celle des fragments

En intensiteacute absolue lion (1+) deacutecroicirct quant agrave lui lentement agrave partir de 200 V Ces reacutesultats

90

sexpliquent au moins en partie par le fait que lion (3+) est le premier agrave se fragmenter

lorsque lon augmente le potentiel de deacutesolvatation car chaque collision est trois fois plus

eacutenergeacutetique que pour son eacutequivalent monochargeacute

Si lon trace leacutevolution de la deuteacuteration de lion parent en fonction de leacutenergie de

deacutesolvatation un reacutesultat surprenant est obtenu (Fig II 4) le nombre de deuteacuteriums diminue

aux hauts potentiels de deacutesolvatation

Fig II 4 Nombre de deuteacuteriums dans les diffeacuterents eacutetats de charge de lrsquoion preacutecurseur en

fonction du potentiel de deacutesolvatation (a) Peptide P1 (HHHHHHIIKIIK) (b) Peptide P2

(KKDDDDDDIIKIIK)

Ce reacutesultat explique le comportement observeacute pour les ions c111+

et c132+

aux hauts

potentiels de deacutesolvatation la diminution du nombre de deuteacuteriums pour ces ions fragments

est correacuteleacutee agrave celle de lion preacutecurseur Par ailleurs le nombre de deuteacuteriums perdu semble lieacute

(a)

30

32

34

36

38

40

42

44

46

48

50

0 50 100 150 200 250 300

o

f d

eu

teri

um

Desolvation potential (V)

M 2+

M 3+

M 4+

(b)

30

32

34

36

38

40

42

44

46

48

100 150 200 250 300 350

o

f d

eu

teri

um

Desolvation potential (V)

M3+

M2+

M1+

91

agrave la fois agrave la nature et agrave leacutetat de charge du peptide Par exemple le peptide P2 trois fois

chargeacute perd 08 D alors que le peptide P3 avec le mecircme eacutetat de charge perd au moins 2 D

Cette perte de deuteacuteriums ne peut sexpliquer que par lintervention dune autre moleacutecule

posseacutedant des hydrogegravenes eacutechangeables avec laquelle un eacutechange inverse D H peut avoir

lieu Cette moleacutecule peut par exemple provenir du solvant de spray utiliseacute pour les

expeacuteriences eau meacutethanol acide aceacutetique En effet il est possible deacutemettre lhypothegravese que

des reacuteactions ionmoleacutecule dans la source dans laquelle la pression est importante conduisent

agrave cet eacutechange dhydrogegravenes et de deuteacuteriums Le fait que P1 ne subisse aucune perte de

deuteacuterium permet mecircme de postuler que les acides amineacutes responsables de cet eacutechange sont

les acides aspartiques reacutesidus que lon retrouve dans tous les peptides eacutetudieacutes agrave lexception de

P1 Compte tenu du faible nombre de peptides eacutetudieacutes il est difficile de conclure sur un

meacutecanisme geacuteneacuteral permettant dexpliquer cet eacutechange en phase gazeuse mais le meacutecanisme

de flip-flop deacutecrit par Beauchamp et al (28-29) pourrait expliquer les reacutesultats observeacutes

Il est inteacuteressant de noter que les pheacutenomegravenes deacutecrits preacuteceacutedemment (apparition de

fragments dans la source laquo scrambling raquo perte de deuteacuteriums) apparaissent tous agrave une limite

preacutecise (mais diffeacuterente) de potentiel de deacutesolvatation (Tab II 2) Comme le potentiel de

deacutesolvatation est directement lieacute agrave leacutenergie interne des ions produits par la source

eacutelectrospray (26) il est possible dutiliser la valeur des seuils observeacutes comme indication de

leacutenergie requise pour chaque pheacutenomegravene Bien que les seuils deacutependent du peptide (et de son

eacutetat de charge) il est possible deacutetablir un ordre dapparition de chaque pheacutenomegravene car il est

conserveacute dune seacutequence et dun eacutetat de charge agrave lautre ainsi le laquo scrambling raquo apparaicirct en

premier avec un seuil assez bas deacutenergie de deacutesolvatation suivi dune perte du marquage et

enfin de lapparition de fragments aux plus hautes eacutenergies

Tab II 2 Valeurs de potentiel de deacutesolvatation (en V) pour lrsquoapparition de chaque

pheacutenomegravene observeacute laquo scrambling raquo perte de deuteacuteriums et fragmentation dans la source

Peptide

Desolvation potential (V) at onset

Scrambling Loss of D atom

Fragmentation

from 3+ from 2+

P1 100

- - 150

P2 110 160 - 170

P3 100 110 180 140

P4 - - - 120

92

Lordre des deux premiers pheacutenomegravenes indique que les hydrogegravenes damide ne sont pas

directement eacutechangeables avec ceux des moleacutecules de solvant vaporiseacutees Deux meacutecanismes

diffeacuterents peuvent alors ecirctre envisageacutes soit un eacutechange direct en phase gazeuse dun atome

dhydrogegravene du solvant avec un deuteacuterium porteacute par un azote dune des liaisons peptidiques

ce qui implique une eacutenergie dactivation importante soit un eacutechange agrave un autre site labile

apregraves transfert du deuteacuterium Comme la courbe du deacutemarquage est tregraves proche de celle du

laquo scrambling raquo deacutetermineacutee par les expeacuteriences ECD on peut supposer que la reacuteaction a lieu

en deux eacutetapes reacutearrangement intramoleacuteculaire dans le peptide conduisant agrave eacutechanger les

deuteacuteriums damide avec les hydrogegravenes carboxyliques des acides aspartiques puis reacuteaction

ionmoleacutecule avec le solvant en phase gazeuse En absence de ces acides carboxyliques relais

(cas de P1) seul le laquo scrambling raquo peut avoir lieu Ce meacutecanisme ne reacutepond toutefois pas agrave

une question qui est la suivante pourquoi dans le cas de P2 et pas de P3 le deacutemarquage

conduit-il agrave un eacutechange limiteacute agrave 08 D alors qu‟on devrait s‟attendre agrave suivre la courbe du

laquo scrambling raquo Si lon revient au scheacutema de la source dionisation de linstrument utiliseacute il

convient de se souvenir quapregraves leur deacutesolvatation dans le capillaire de transfert chauffeacute les

ions sont stockeacutes pendant une seconde environ dans un hexapocircle dans lequel regravegne une

pression assez importante (10-6

mbar environ) Ainsi un eacutechange HD partiel semble indiquer

que les deux pheacutenomegravenes observeacutes ont lieu dans deux reacutegions diffeacuterentes de linstrument le

reacutearrangement aurait lieu dans linterface entre le capillaire et le premier laquo skimmer raquo qui est

une reacutegion agrave haute pression et soumise agrave un potentiel eacutelectrique important tandis que les

reacuteactions ionmoleacutecule auraient plutocirct lieu dans lhexapocircle Ainsi si tous les sites labiles du

peptide ne participent pas aux reacuteactions ionmoleacutecule avec leur environnement gazeux (ce qui

est le cas dans lhypothegravese ougrave les acides aspartiques sont lieacutes speacutecifiquement agrave cet eacutechange) le

reacutearrangement conduirait agrave un nombre fini de sites eacutechangeables portant un atome de

deuteacuterium et ceux situeacutes sur dautres sites ne pourraient donc pas participer au deacutemarquage

II3 Conclusions

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III

Lobjectif initial de ce travail eacutetait de deacuteterminer quels paramegravetres expeacuterimentaux de la

source eacutelectrospray Apollo I de lAPEX III devaient ecirctre optimiseacutes pour minimiser le

reacutearrangement intramoleacuteculaire des hydrogegravenes et des deuteacuteriums qui a lieu en source Parmi

les diffeacuterents paramegravetres testeacutes les reacutesultats preacutesenteacutes preacuteceacutedemment montrent que cest le

93

potentiel de deacutesolvatation qui est le plus critique Gracircce agrave lutilisation de lECD sur des

peptides seacutelectivement marqueacutes nous avons ainsi pu montrer que le potentiel de deacutesolvatation

doit ecirctre maintenu agrave une valeur leacutegegraverement infeacuterieure agrave celle conduisant agrave un maximum

dintensiteacute pour les ions formeacutes soit entre 80 et 110 V pour eacuteviter le laquo scrambling raquo Cette

valeur est sensiblement la mecircme pour tous les peptides que nous avons eacutetudieacutes

Les reacutesultats obtenus sur les peptides seacutelectivement marqueacutes montrent clairement quil faut

faire extrecircmement attention agrave optimiser ce paramegravetre avant dutiliser lECD ou lETD pour

localiser des deuteacuteriums dans des peptides ou des proteacuteines qui ont eacuteteacute marqueacutes et pouvoir

tirer des conclusions sur la preacutesence de zones structureacutees ou non Utiliser des peptides

seacutelectivement marqueacutes pour deacuteterminer les conditions expeacuterimentales de source propres agrave

reacutealiser lanalyse de peptides ou de proteacuteines deuteacutereacutes (conditions qui deacutependent de

linstrument utiliseacute) devrait ainsi ecirctre leacutetape preacuteliminaire agrave toute expeacuterience HDX-MSMS

Au cours de ce travail nous avons eacutegalement mis en eacutevidence un pheacutenomegravene de reacuteactions

ionmoleacutecule dans la source qui sont potentiellement agrave lorigine deacutechanges entre les

deuteacuteriums preacutesents sur la seacutequence peptidique et des hydrogegravenes issus fort probablement de

moleacutecules de solvant en phase gazeuse Il est apparu au cours de notre travail que ce

pheacutenomegravene eacutetait particuliegraverement marqueacute pour les peptides portant des acides aspartiques par

rapport agrave ceux portant des histidines Ce pheacutenomegravene eacutetant a priori baseacute sur une premiegravere

eacutetape qui est leacutechange entre un deuteacuterium preacutesent sur une liaison amide et un hydrogegravene

carboxylique de la chaicircne lateacuterale des Asp il peut ecirctre reacuteduit par un reacuteglage approprieacute des

paramegravetres de source (diminution de leacutenergie de deacutesolvatation)

II32 Autres instruments FT-ICR

Nous avons proceacutedeacute agrave l‟laquo upgrade raquo de nos instruments agrave deux reprises (APEX III gt

APEX-Q en janvier 2011 et APEX-Q gt SolariX en avril 2012) De la mecircme maniegravere que pour

l‟APEX III nous avons pu deacuteterminer pour l‟APEX-Q et le SolariX le paramegravetre ou les

paramegravetres critiques qu‟il faut optimiser pour limiter le laquo scrambling raquo En effet agrave chaque

changement ou modification d‟instrument une reacute-optimisation de l‟ensemble des paramegravetres

entre la source et la cellule est requise pour eacuteviter un eacutechauffement des ions lors de leur

formation ou de leur transfert Les reacutesultats sont reacutesumeacutes dans le tableau ci-apregraves (Tab II 3)

94

Tab II 3 Paramegravetre(s) critique(s) agrave optimiser pour limiter le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

en fonction de lrsquoinstrument utiliseacute

APEX III Tension agrave la sortie du capillaire de source

(Potentiel de deacutesolvatation ou laquo CapExit)

lt 80 V

APEX-Q

APEX-Qe

Tension dans la cellule de collision

(laquo CollisionVoltage raquo)

gt 0 V

(3-5 V)

SolariX Tension du premier eacutecorceur (SK1)

Conditions de la cellule de collision

collision activeacutee

tension de collision en entreacutee

lt 50 V

Non

lt 2 V

Fig II 5 Nombre de deuteacuteriums dans lrsquoion preacutecurseur triplement chargeacute du peptide P2

(KKDDDDDDIIKIIK) et dans les fragments c2 c6 et z6 en fonction du potentiel du premier

eacutecorceur

A titre d‟illustration la Fig II 5 reprend les reacutesultats obtenus sur le SolariX avec le

peptide P1 en faisant varier la tension du premier eacutecorceur (laquo skimmer raquo) SK1 montrant une

valeur optimale vers 40 V On notera par contre la preacutesence d‟un taux de deuteacuteration non nul

sur les fragments c2 et c6 degraves les basses tensions Il faut noter que ces expeacuteriences ont eacuteteacute

reacutealiseacutees sur un ion preacutecurseur triplement chargeacute preacutesentant un taux de deuteacuteration plus eacuteleveacute

que ce qui est attendu

0

1

2

3

4

5

6

0 10 20 30 40 50 60 70

o

f d

eu

teri

um

SK1 (V)

C2 C6 Z6 Parent M3+

95

Les deux versions successives (APEX-Q et SolariX) preacutesentent une eacutevolution majeure qui

est l‟introduction d‟une cellule de collision sur le chemin optique des ions (Annexe Fig A 4

et Fig A 6) En conseacutequence on observe que cette seconde reacutegion agrave pression de gaz eacuteleveacutee

ajoute une seconde reacutegion susceptible de conduire agrave un deacutepocirct d‟eacutenergie dans les ions et par

conseacutequent agrave du laquo scrambling raquo Les paramegravetres optimiseacutes concernent par conseacutequent ces

deux reacutegions L‟ajout d‟entonnoirs agrave ions (laquo ion funnels raquo) au premier eacutetage de deacutesolvatation

semble rendre la tension en sortie de capillaire (laquo CapExit raquo) nettement moins critique sans

doute parce que les distances sont plus grandes (et donc le champ eacutelectrique plus faible) Par

contre sur le SolariX de l‟eacutenergie peut ecirctre deacuteposeacutee entre le premier eacutecorceur (SK1) et le

second entonnoir qui joue un rocircle critique dans le deacutepocirct d‟eacutenergie (Annexe Fig A 6)

En conclusion dans cette partie nous avons utiliseacute un jeu de peptides speacutecifiquement

marqueacutes par des deuteacuteriums pour valider notre instrumentation et trouver les paramegravetres

optimaux par rapport au pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo ou meacutelange des deuteacuteriums lors des

eacutetapes de transfert en phase gazeuse et d‟introduction dans le vide du spectromegravetre de masse

Nous avons eacutegalement valideacute au passage que l‟ECD permet effectivement de mesurer des

fragments donc le nombre de deuteacuteriums correspond agrave celui attendu apregraves deacutemarquage seacutelectif

de peptides modegraveles Dans la partie suivante nous allons transposer ces reacutesultats agrave un systegraveme

reacuteel

96

II4 Bibliographie

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98

99

Chapitre III Deacuteveloppement de

lrsquoapproche HDX top-down ECD

100

Chapitre III Deacuteveloppement de lrsquoapproche HDX top-down ECD 99

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD 101

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo 101 III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo 102

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo 106

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX 106 III211 Proteacuteines d‟eacutetude 106 III212 Protocole d‟analyse HDXMS 107 III213 Instruments utiliseacutes108

III22 Fragmentation par ECD 109 III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3 109

III2211 Spectre de masse 109 III2212 Reacutesultats obtenus en ECD 109 III2213 Reacutesultats en HDXECD 113 III2214 Analyse des donneacutees 115

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ121 III2221 Optimisation du protocole d‟analyse 121 III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD 123

III23 Fragmentation par ETD 127 III231 Spectre de masse 127 III232 Reacutesultats obtenus en ETD 128 III233 Reacutesultats en HDXETD 129 III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats d‟ECD131 III235 Conclusion 134

III24 Fragmentation par CID 135 III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 135

III2411 Spectres de masse 135 III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID 136

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines 139

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse 142

III4 Conclusion 147

III5 Bibliographie 149

101

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo

Comme nous l‟avons vu dans le premier chapitre de ce manuscrit (voir Chap I) les

eacutechanges HD coupleacutes agrave la spectromeacutetrie de masse (HDXMS) permettent d‟obtenir des

informations sur l‟organisation structurale des proteacuteines L‟approche classique dite

laquo bottom-up raquo (Fig III 1) repose sur une digestion enzymatique de la proteacuteine d‟inteacuterecirct apregraves

marquage afin de deacuteterminer la localisation des deuteacuteriums incorporeacutes Pour cela les peptides

issus de la digestion sont analyseacutes par spectromeacutetrie de masse une eacutetape preacutealable de

seacuteparation par chromatographie liquide eacutetant le plus souvent requise Les eacutetapes de digestion

enzymatique et de seacuteparation chromatographique qui se deacuteroulent en solution doivent ecirctre

reacutealiseacutees dans les conditions de conservation du marquage Des cineacutetiques deacutechange HD

peuvent alors ecirctre calculeacutees pour chaque peptide en mesurant le deacuteplacement de leur masse

dans les spectres Ces cineacutetiques sont correacuteleacutees dune part agrave laccessibiliteacute au solvant et dautre

part agrave la structure locale de la proteacuteine

Fig III 1 Scheacutema repreacutesentant les eacutetapes des approches laquo bottom-up raquo et laquo top-down raquo dans

des eacutetudes en HDXMS Le segment en bleu correspond agrave la proteacuteine hydrogeacuteneacutee tandis que

les portions en rouge correspondent aux zones de la proteacuteine qui ont eacuteteacute deuteacutereacutees Les

flegraveches vertes repreacutesentent le moment de la fragmentation en phase gazeuse

Cependant cette approche souffre de deux limitations majeures La premiegravere est l‟eacutechange

inverse entre les deuteacuteriums et les hydrogegravenes qui a lieu en solution lors des eacutetapes de

digestion et de seacuteparation avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Bien que le laquo back-

exchange raquo puisse ecirctre minimiseacute il ne peut ecirctre eacuteviteacute (1) La seconde limitation est la

reacutesolution qui deacutepend directement de la taille des peptides issus de la fragmentation

enzymatique par la pepsine et qui est typiquement de lordre de cinq agrave dix acides amineacutes

102

Une possibiliteacute pour ameacuteliorer la reacutesolution est de combiner diffeacuterentes enzymes Une

autre est de fragmenter les peptides obtenus dans le spectromegravetre de masse pour localiser

preacuteciseacutement les deuteacuteriums (2) Il a neacuteanmoins eacuteteacute montreacute que les techniques classiques par

chauffage lent (Collision Induced Dissociation CID) ne peuvent ecirctre utiliseacutees car une

migration intramoleacuteculaire et par conseacutequent un meacutelange des hydrogegravenes et des deuteacuteriums a

lieu dans la seacutequence avant la rupture des liaisons peptidiques ce qui fait perdre linformation

de leur localisation (Fig III 2) (3) En revanche comme nous l‟avons montreacute dans le chapitre

preacuteceacutedent (voir Chap II) lutilisation de meacutethodes de fragmentation baseacutees sur la capture ou

le transfert dun eacutelectron (Electron Capture Dissociation ECD ou Electron Transfer

Dissociation ETD) permet de reacuteduire consideacuterablement ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo De

plus linteacuterecirct de ces modes de fragmentation alternatifs est quils peuvent ecirctre utiliseacutes aussi

bien dans une approche laquo bottom-up raquo sur les peptides proteacuteolytiques marqueacutes (4-5) que

directement sur la proteacuteine deuteacutereacutee dans une approche dite laquo top-down raquo Dans ce dernier

cas l‟incorporation des deuteacuteriums peut alors ecirctre mesureacutee pour chaque ion fragment comme

nous l‟avons fait pour les peptides modegraveles

Avec redistribution

NH2 COOHNH2

COOH

NH2COOH

CID ETDECD

NH2

COOH

by ionscz ions

D D DDD

H HH

H

NH2

COOH

Sans redistributionActivation

Fragmentation

Fig III 2 Illustration du pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo qui est freacutequent lors de la

fragmentation par activation collisionnelle (CID) Les meacutethodes drsquoactivation par les eacutelectrons

(ECD ETD) ne conduisent pas agrave de la redistribution quand les conditions sont optimales

III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo

Dans une approche laquo top-down raquo la proteacuteine entiegravere est fragmenteacutee directement en phase

gazeuse (Fig III 1) On s‟affranchit alors de l‟eacutetape de digestion proteacuteolytique De cette

maniegravere une partie du laquo back-exchange raquo qui a lieu en solution notamment lors de la

103

digestion enzymatique de la proteacuteine deuteacutereacutee (1) est eacutelimineacutee De plus dans la mesure ougrave

lobjet agrave analyser nest pas coupeacute en de nombreux morceaux en solution lutilisation dune

seacuteparation chromatographique n‟est pas requise ce qui permet eacutegalement de s‟affranchir de

l‟eacutechange inverse relatif agrave cette eacutetape L‟approche laquo top-down raquo est geacuteneacuteralement combineacutee agrave

une fragmentation par ECD ou ETD Comme nous l‟avons montreacute dans les chapitres

preacuteceacutedents (voir Chap I et II) l‟utilisation de ces techniques de dissociation par capture ou

transfert d‟eacutelectron permet de limiter au maximum le laquo scrambling raquo qui peut avoir lieu en

phase gazeuse au cours d‟expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse en tandem Elles sont donc

particuliegraverement bien adapteacutees pour deacuteterminer la position preacutecise des deuteacuteriums incorporeacutes

le long de la seacutequence polypeptidique

Des reacutesultats obtenus tregraves reacutecemment par diffeacuterents groupes utilisant aussi bien l‟ETD que

l‟ECD sur des proteacuteines modegraveles ont ainsi montreacute que ces techniques de dissociation utiliseacutees

en combinaison avec les eacutechanges HD permettent danalyser la structure native des proteacuteines

(6) ou encore de caracteacuteriser des espegraveces transitoires ce qui est essentiel pour la

compreacutehension des meacutecanismes de repliement (7) Il a mecircme eacuteteacute montreacute au cours de ces

eacutetudes qu‟une reacutesolution agrave lrsquoacide amineacute pregraves peut ecirctre obtenue Les premiers reacutesultats

provenant d‟une association entre eacutechanges HD et analyse laquo top-down raquo ont eacuteteacute obtenus en

2008 par l‟eacutequipe de Lars Konermann au Canada sur une petite proteacuteine modegravele de 86 kDa

l‟ubiquitine (8) Il montre dans son article que les informations de structure quil obtient sont

tregraves proches de celles issues de la RMN (Fig III 3)

Fig III 3 Symboles pleins taux de deuteacuteration des ions fragments ECD de lrsquoubiquitine apregraves

30 min incubation dans 95 de D2O agrave 22degC Symboles vides taux de deuteacuteration obtenus

par RMN dans les mecircmes conditions HDX

104

Dans une eacutetude plus reacutecente encore Igor Kaltashov a preacutesenteacute des reacutesultats tregraves

prometteurs sur une proteacuteine de 18 kDa en utilisant un spectromegravetre de masse FT-ICR

(Bruker) sur lequel une source d‟ionisation chimique permettant de faire des expeacuteriences ETD

a eacuteteacute installeacutee (9) Il a eacutegalement montreacute tregraves reacutecemment en travaillant sur la mecircme proteacuteine

modegravele que la fragmentation par activation collisionnelle (CID) pouvait ecirctre combineacutee agrave une

approche laquo top-down raquo dans des eacutetudes HDX indiquant que le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

pouvait ecirctre controcircleacute lorsque des eacutetats de charge tregraves eacuteleveacutes eacutetaient choisis pour la

fragmentation (10) Bien que les meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons pour la fragmentation

de peptides (11-12) et de petites proteacuteines (6 8 13) se soient reacuteveacuteleacutees tregraves encourageantes

pour augmenter la reacutesolution des eacutetudes en HDX-MSMS elles ne fournissent pas une

couverture de seacutequence complegravete en particulier pour les gros polypeptides C‟est pour cette

raison qu‟il serait inteacuteressant de pouvoir utiliser en compleacutement les reacutesultats de la

fragmentation par CID qui conduit agrave des ions fragments souvent compleacutementaires agrave ceux

obtenus par dissociation ECD ou ETD Ainsi la possibiliteacute d‟utiliser les meacutethodes

d‟activation collisionnelle en plus des techniques d‟activation par les eacutelectrons dans les eacutetudes

laquo top-down raquo HDX conduirait agrave une reacutesolution spatiale significativement ameacutelioreacutee

permettant de sonder la conformation et la dynamique des proteacuteines Une autre faccedilon

d‟augmenter la reacutesolution est l‟utilisation d‟un reacuteactif tel que l‟alcool m-nitrobenzylique (m-

NBA) qui augmente leacutetat de charge des ions proteacuteiques en provoquant leur rapide

deacutenaturation lors du processus d‟ionisation par ESI Il en reacutesulterait le deacutepliement de la

proteacuteine dans la goutte eacutelectrospray mais sans l‟apparition de modifications significatives de

sa structure par rapport agrave celle de la solution initiale permettant d‟ameacuteliorer l‟efficaciteacute de

fragmentation et donc la couverture de seacutequence par ECD ou ETD Ainsi dans une eacutetude

reacutecente Evan Williams (14) a montreacute que lajout de m-NBA dans le spray utiliseacute pour ioniser

lubiquitine permet de former des ions de plus hauts eacutetats de charge dont la mobiliteacute ionique a

reacuteveacuteleacute quils eacutetaient comme attendu plus deacuteplieacutes que leurs homologues de plus bas eacutetat de

charge Ainsi comme lefficaciteacute de la fragmentation ECDETD augmente avec leacutetat de

charge du preacutecurseur Williams a pu montrer dans le cas de lubiquitine quune meilleure

couverture de seacutequence pouvait ecirctre obtenue simplement par lajout de m-NBA Une autre

possibiliteacute est de combiner les reacutesultats obtenus pour diffeacuterents eacutetats de charge d‟ions

preacutecurseurs ce qui peut ameacuteliorer un peu plus la reacutesolution spatiale des expeacuteriences ETD

Ceci peut devenir d‟autant plus important que le systegraveme proteacuteique est grand dans le cas ougrave

typiquement la fragmentation par ETD est limiteacutee

105

Les diffeacuterents exemples reacutecents deacutecrits preacuteceacutedemment montrent que les approches laquo top-

down raquo ont fait l‟objet de deacuteveloppements importants dans le contexte des eacutechanges HD ces

derniegraveres anneacutees Neacuteanmoins jusquagrave maintenant seules des proteacuteines modegraveles stables et

disponibles en quantiteacute importante ont eacuteteacute lobjet de ces deacuteveloppements Dans ce contexte

lobjet de ma thegravese a eacuteteacute de poursuivre les eacutetudes reacutealiseacutees au laboratoire dans lobjectif de

mettre au point une meacutethodologie robuste combinant eacutechanges HD et approche laquo top-

down raquo pour des complexes proteacuteiques reacuteels en collaboration avec le laboratoire de

Biochimie de lEacutecole Polytechnique Notre objectif est donc (i) de disposer dune meacutethode

permettant de localiser rapidement et preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans la seacutequence

polypeptidique et deacuteterminer ainsi des cineacutetiques deacutechange pour chaque acide amineacute (ii) de

pouvoir appliquer cette meacutethodologie agrave leacutetude structurale des complexes d‟initiation de la

traduction La difficulteacute ici reacuteside dans le fait qu‟il s‟agit d‟eacutechantillons biologiques reacuteels et

de grande taille Cela implique des eacutetapes additionnelles dans le protocole de preacuteparation et

d‟analyse des eacutechantillons et donc des preacutecautions suppleacutementaires agrave prendre vis-agrave-vis de la

conservation du marquage Notre eacutetude HDXMS preacuteliminaire qui a eacuteteacute meneacutee sur des

peptides de reacutefeacuterence et qui a eacuteteacute preacutesenteacutee dans le chapitre preacuteceacutedent (voir Chap II) a

montreacute que l‟utilisation de meacutethodes de fragmentation telle que la dissociation par capture

d‟eacutelectron (ECD) eacutetait adapteacutee pour mesurer les taux d‟eacutechanges HD pour chaque acide

amineacute Pour cela une optimisation fine des conditions de source et des paramegravetres

instrumentaux a eacuteteacute requise preacutealablement agrave l‟analyse pour reacuteduire au maximum le

laquo scrambling raquo pendant les processus de deacutesolvatation et de transfert des ions en phase

gazeuse Nous avons dans ce troisiegraveme chapitre reacuteutiliseacute ces paramegravetres optimiseacutes pour

l‟analyse laquo top-down raquo de nos eacutechantillons proteacuteiques Dans un premier temps cette partie se

focalisera sur l‟eacutetude laquo top-down raquo HDX avec activation par ECD qui est la technique

d‟activation pour laquelle le plus de reacutesultats ont eacuteteacute obtenus Ensuite pour mieux

comprendre le rocircle des meacutethodes d‟activation sur les migrations d‟hydrogegravene le mecircme

systegraveme a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute avec d‟autres modes d‟activation (ETD et CID)

106

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation

lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX

III211 Proteacuteines drsquoeacutetude

Nous avons travailleacute sur le complexe proteacuteique aIF2 (archaeal Initiation Factor 2) de

Sulfolobus solfataricus (Fig III 4) qui est un des complexes responsables de l‟initiation de

la traduction chez les archeacutees Son rocircle est de recruter l‟ARNt meacutethionyleacute lieacute agrave l‟ARNm au

niveau de la petite sous-uniteacute du ribosome Nous savons deacutejagrave par des donneacutees

cristallographiques qu‟il est constitueacute de trois sous-uniteacutes α β et γ La sous-uniteacute γ (45

kDa) qui constitue la proteacuteine centrale du complexe est connue pour interagir avec les deux

autres sous-uniteacutes α (30 kDa) et β (15 kDa) au sein d‟aIF2 Afin d‟obtenir des informations

structurales sur l‟organisation de ce complexe nous avons deacuteveloppeacute notre meacutethodologie agrave

partir de l‟analyse de la proteacuteine aIF2α3 de 10 kDa qui est une version tronqueacutee de la sous-

uniteacute α du complexe aIF2 mais qui contient le site d‟interaction avec γ Ce travail a eacuteteacute initieacute

lors de la thegravese de M Duchateau (15) pendant laquelle l‟eacutetude de la proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute

reacutealiseacutee par HDXECD sur l‟APEX III Dans le cadre du travail actuel nous avons eacutetendu

notre eacutetude au sous-complexe aIF2α3γ et compareacute les diffeacuterents modes de fragmentation en

utilisant d‟autres spectromegravetres de masse

Fig III 4 Scheacutema du complexe heacuteteacuterotrimeacuterique aIF2αβγ

107

III212 Protocole drsquoanalyse HDXMS

L‟analyse d‟eacutechantillons biologiques reacuteels a neacutecessiteacute une optimisation du protocole mis au

point pour les peptides En effet ces eacutechantillons proteacuteiques preacutesentent des inconveacutenients

majeurs qui sont les suivants

- ils ne sont pas disponibles en grande quantiteacute

- le maintien de leur structure native neacutecessite des concentrations importantes de sels non

volatils

- ils se deacutegradent rapidement agrave tempeacuterature ambiante

L‟ensemble des eacutetapes du protocole allant des conditions de l‟eacutechange en solution (pH

tempeacuterature tampons dessalage) agrave la fragmentation par ECD a donc eacuteteacute minutieusement

optimiseacute (Fig III 5) pour tenir compte de ces limitations Au deacutebut de l‟expeacuterience la

proteacuteine aIF2α3 est dans son eacutetat natif En effet elle est conserveacutee dans son tampon de

purification qui est riche en sels (chlorure de sodium) et qui lui permet ainsi de garder sa

conformation native La premiegravere eacutetape de notre protocole qui a consisteacute agrave initier la reacuteaction

d‟eacutechange HD a eacuteteacute de diluer aIF2α3 dans un tampon deuteacutereacute riche eacutegalement en sels

(solution de NaCl agrave 330 mM dans D2O) afin de ne pas deacutenaturer la proteacuteine et donc de sonder

sa conformation active Une incubation du meacutelange agrave 37degC sous agitation est reacutealiseacutee pendant

diffeacuterents temps agrave l‟issu desquels la reacuteaction de marquage est bloqueacutee Cette eacutetape d‟arrecirct de

la reacuteaction d‟eacutechange est effectueacutee par l‟addition d‟une solution aqueuse (H2O) acide (pH

final de 25) et glaceacutee (agrave 0degC) Etant donneacute que les fortes concentrations en sels non volatils

ne sont absolument pas compatibles avec une ionisation par eacutelectrospray nous avons ducirc

ajouter et optimiser une eacutetape de dessalage dans les conditions de conservation du marquage

Apregraves cette eacutetape de dessalage dont la dureacutee totale a eacuteteacute optimiseacutee agrave seulement une minute

(15) la proteacuteine deuteacutereacutee est precircte pour l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Elle est injecteacutee

par le systegraveme de seringue refroidie ioniseacutee par eacutelectrospray et fragmenteacutee par ECD dans la

cellule ICR

108

Alpha3 dans des conditions natives Arrecirct de la reacuteaction

H2O pH 25 et 0degC

Dilution dans D2O

NaCl 330 mM

Incubation

Temps variables

1 Dessalage

2 Eacutelution dans H2OACNAF2Alpha3 deuteacutereacutee dans le solvant pour ESI

ECD

Fig III 5 Scheacutema de notre protocole optimiseacute pour lrsquoeacutetude drsquoaIF2α3 en HDXMS par

analyse laquo top-down raquo

Pour eacuteviter l‟eacutetape de dessalage et optimiser encore plus le protocole nous avons fait de

nombreux essais pour essayer de remplacer les sels non volatils par des sels volatils

compatibles avec une analyse par ESI mais dans tous les cas la proteacuteine a preacutecipiteacute ou sest

deacutegradeacutee

III213 Instruments utiliseacutes

Les fragmentations par ECD ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur des spectromegravetres de masse de type FT-

ICR Les premiegraveres expeacuteriences ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur un spectromegravetre APEX III qui nest pas

eacutequipeacute dun quadripocircle de seacutelection avant la cellule ICR puis sur un APEX-Qe disponible agrave

Orsay (P Maicirctre Laboratoire de Chimie Physique) Les diffeacuterences majeures entre les deux

instruments sont la preacutesence dun quadripocircle sur lAPEX-Qe permettant de reacutealiser la

seacutelection d‟ions preacutecurseurs avant leur entreacutee dans la cellule ICR la preacutesence dlaquo ion

funnels raquo (qui ameacuteliorent la sensibiliteacute de linstrument) et la source dionisation (Apollo I sur

lAPEX III Apollo II sur lAPEX-Qe)

Les expeacuteriences ETD ont quant agrave elles eacuteteacute effectueacutees sur un instrument LTQ Orbitrap

Velos (Thermo Scientific) en collaboration avec la plateforme proteacuteomique de Paris 7 dirigeacutee

par Jean-Michel Camadro

Les expeacuteriences CID ont eacuteteacute obtenues sur un spectromegravetre de masse Q-ToF Premier

(Waters) installeacute au laboratoire DCMR

109

III22 Fragmentation par ECD

III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3

III2211 Spectre de masse

Le spectre de masse d‟aIF2α3 dont la masse monoisotopique est 10422985 Da a eacuteteacute

obtenu apregraves ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes (Fig III 6)

aiF2alpha3ss1 +MS

0

2

4

6

8

6x10

Intens

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+7H]7+

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+6H]6+

mz

Intensx106

Fig III 6 Spectre MS drsquoaIF2α3 enregistreacute sur notre instrument FT-ICR APEX III

III2212 Reacutesultats obtenus en ECD

Expeacuteriences reacutealiseacutees sur l‟APEX III du DCMR

La premiegravere eacutetape a consisteacute agrave optimiser les paramegravetres pour l‟ECD afin d‟obtenir la plus

grande couverture de seacutequence possible pour cette proteacuteine de 10 kDa sans eacutechange HD

Pour cela nous avons tout d‟abord utiliseacute une autre petite proteacuteine l‟ubiquitine (86 kDa)

pour optimiser lensemble des paramegravetres expeacuterimentaux

110

Lors de la thegravese de M Duchateau (15) notre eacutequipe a montreacute que la fragmentation par

ECD d‟aIF2α3 eacutetait beaucoup plus efficace sans seacutelection d‟un eacutetat de charge Nous avons

donc proceacutedeacute de la mecircme maniegravere

Pour l‟ubiquitine les spectres ECD les plus informatifs ont eacuteteacute obtenus avec une cathode

chauffeacutee agrave 16 A et une irradiation par des eacutelectrons de 09 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 80

ms Nous utilisons eacutegalement la technique de pieacutegeage dynamique des ions dans la cellule

afin de maximiser la quantiteacute d‟ions accumuleacutes avant la fragmentation ECD En effet la

qualiteacute des spectres ECD deacutepend en grande partie de lintensiteacute des ions preacutecurseurs et il

existe un veacuteritable seuil pour le nombre dions pour obtenir des spectres ECD de qualiteacute Le

pourcentage de couverture de seacutequence ainsi obtenu est de 68 Pour obtenir un reacutesultat

similaire avec aIF2α3 l‟eacutenergie cineacutetique des eacutelectrons a eacuteteacute augmenteacutee jusqu‟agrave 2 eV

Les proteacuteines marqueacutees sont introduites dans le spectromegravetre de masse par le systegraveme de

seringue refroidie qui est deacutecrit dans le Chap IV Afin de minimiser l‟eacutechange inverse en

solution l‟analyse ne doit pas exceacuteder dix minutes Dans ce laps de temps relativement court

deux cents scans sont accumuleacutes par spectre ECD

L‟analyse du spectre ECD d‟aIF2α3 reacutealiseacute sans seacutelection d‟eacutetat de charge permet

l‟identification d‟un total de 83 ions fragments correspondant agrave 39 ions c et 44 ions z dont 18

paires d‟ions compleacutementaires Cela se traduit par un tregraves bon pourcentage de couverture de

seacutequence de 706 (Fig III 7) L‟identification des ions fragments b et y permet d‟ameacuteliorer

leacutegegraverement la couverture de seacutequence en augmentant le pourcentage de 55 (1 ion b et 4 ions

y suppleacutementaires pour lesquels il n‟y a pas d‟ions c et z correspondants) atteignant donc la

valeur de 761

111

aIF2a3_noHD_ECD_000008d +MS

0

1

2

3

4

5

7x10

Intens

400 600 800 1000 1200 1400 1600 mz

~ ~

~

~

~

~

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+9H]9+ [M+8H]8+

[M+7H]7+

~[M+6H]6+

250 300 350 400 450 500 550 mz0

1

2

3

4

5

6

6x10

Intens

+MS

z2+

z3+

z4+ z5

+

c2+

c3+

c4+

Intens

mz

Fig III 7 Spectre ECD drsquoaIF2α3 obtenu sans seacutelection drsquoeacutetat de charge sur un instrument

FT-ICR APEX III et sa couverture de seacutequence associeacutee Un agrandissement de la reacutegion mz

250-550 a eacuteteacute ajouteacute montrant la complexiteacute du spectre

Des problegravemes de stabiliteacute du signal et de sensibiliteacute sont apparus au cours de ces

expeacuteriences ECD il arrivait freacutequemment que le taux de fragmentation diminue brutalement

sans raison apparente au cours d‟une cineacutetique d‟eacutechange Pour pouvoir poursuivre nos

expeacuteriences nous avons deacutecideacute de continuer nos travaux sur l‟APEX-Qe accessible agrave

l‟Universiteacute Paris-Sud Une reacute-optimisation des paramegravetres pour l‟ECD a donc eacuteteacute neacutecessaire

car cet instrument nest pas le mecircme que celui du DCMR et notamment le fait que les sources

dionisation soient diffeacuterentes nous laissait agrave penser que des ajustements au moins au niveau

de la source seraient neacutecessaires (voir Chap II)

Expeacuteriences reacutealiseacutees sur l‟APEX-Qe du Laboratoire de Chimie Physique agrave Orsay

Pour aIF2α3 les nouveaux paramegravetres optimiseacutes pour maximiser la couverture de

seacutequence obtenue en ECD ont eacuteteacute les suivants une cathode agrave 18 A et une irradiation par des

eacutelectrons de 17 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 10 ms Contrairement aux expeacuteriences

reacutealiseacutees sur l‟APEX III nous n‟avons pas utiliseacute la technique de pieacutegeage dynamique des

ions En effet un gain de sensibiliteacute a eacuteteacute apporteacute par les laquo ion funnels raquo Dans ces conditions

expeacuterimentales l‟analyse du spectre ECD a permis l‟identification d‟un total de 59 ions

112

fragments correspondant agrave 19 ions c et 40 ions z dont 3 paires d‟ions compleacutementaires Le

pourcentage de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 608 (Fig III 8)

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

00

05

10

15

20

7x10

Intens

400 600 800 1000 1200 1400 1600 mz

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+9H]9+[M+8H]8+

[M+7H]7+

[M+6H]6+

[M+13H]13+

~

~

~

~~

~

~

~

mz

Intensx107

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

250 300 350 400 450 500 550 mz

z2+

c2+

z3+

c3+

z4+

z5+

c4+

Fig III 8 Spectre ECD drsquoaIF2α3 obtenu sans seacutelection drsquoeacutetat de charge sur un instrument

FT-ICR APEX-Qe La couverture de seacutequence correspondante agrave la fragmentation et

lrsquoagrandissement de la reacutegion mz 250-550 sont eacutegalement montreacutes

Si l‟on compare les deux spectres ECD ci-dessus une meilleure efficaciteacute de fragmentation

a eacuteteacute obtenue sur l‟APEX III permettant d‟avoir une meilleure reacutesolution en ce qui concerne la

zone [20-55] correspondant agrave la partie de la proteacuteine aIF2α3 qui se retrouve en contact avec la

sous-uniteacute γ lorsque leur association est effective Neacuteanmoins la fragmentation ECD de la

proteacuteine sur l‟APEX-Qe permet aussi d‟avoir un bon pourcentage de couverture de seacutequence

pour deacuteterminer des cineacutetiques d‟eacutechange HD par acide amineacute notamment au niveau des

extreacutemiteacutes

113

III2213 Reacutesultats en HDXECD

L‟eacutetape suivante a consisteacute agrave combiner les eacutechanges HD et la fragmentation par ECD

Pour cela nous avons mis en application notre protocole de marquage pour un temps

d‟incubation dans D2O d‟une heure (Fig III 5)

L‟observation des spectres ECD apregraves eacutechange HD montre que les massifs isotopiques

avec l‟incorporation de deuteacuteriums se deacuteplacent vers des rapports masse sur charge plus

importants tout en s‟eacutelargissant car lincorporation progressive de deuteacuteriums ajoute des pics

isotopiques dans le massif (Fig III 9) La premiegravere conseacutequence agrave cet eacutelargissement est que

l‟intensiteacute totale du signal obtenu pour un ion fragment est reacutepartie sur un nombre plus grand

de pics composant le massif Il en reacutesulte une diminution de l‟intensiteacute globale du signal

pouvant entraicircner une perte de deacutetection Dans ce contexte le nombre de fragments pouvant

ecirctre interpreacuteteacutes de maniegravere correcte car lenveloppe isotopique preacutesente une intensiteacute

suffisante diminue par rapport agrave lexpeacuterience sans deuteacuterium Parfois mecircme certains

fragments disparaissent complegravetement dans le bruit de fond contribuant agrave son augmentation

En effet les ions fragments c et z de faible intensiteacute avant l‟eacutechange ne sont plus deacutetectables

dans les spectres apregraves eacutechange Une autre conseacutequence de l‟eacutelargissement des massifs

isotopiques ayant incorporeacute des deuteacuteriums est leur superposition compliquant aussi fortement

l‟analyse des reacutesultats Plus le nombre de fragments est grand et moins il est facile de suivre

l‟incorporation des deuteacuteriums Par ailleurs pour les hauts rapports mz on note eacutegalement

l‟apparition de pics intenses agrave toutes les uniteacutes de masse perturbant davantage l‟interpreacutetation

des reacutesultats Ce pheacutenomegravene indeacutesirable reacutesultant de la recapture successive d‟un eacutelectron

avait eacutegalement eacuteteacute observeacute lors de la thegravese de M Duchateau (15) Une solution pour le

limiter a eacuteteacute d‟optimiser au maximum le temps d‟irradiation par des eacutelectrons pour eacuteviter les

recaptures successives tout en obtenant suffisamment de fragmentations (eacutenergie cineacutetique

des eacutelectrons de 17 eV pendant 10 ms)

114

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

000

025

050

075

100

125

7x10

Intens

870 872 874 876 878 880 882 884 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

6x10

870 872 874 876 878 880 882 884 mz

[M+12H]12+

[M+12H]12+

z324+

z324+

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

4

5x10

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

z10+

z10+

Fig III 9 Comparaison des spectres ECD drsquoaIF2α3 sans HDX (en bleu) et avec HDX t=1h

(en rouge) Agrandissements des reacutegions du spectre mz 869-884 (a) et mz 1080-1150 (b)

L‟analyse des spectres ECD montre donc une perte importante de sensibiliteacute apregraves eacutechange

HD essentiellement pour les hauts rapports mz La conseacutequence immeacutediate est une

diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence apregraves eacutechange HD ce qui n‟est pas

favorable pour obtenir une bonne reacutesolution Nous avons identifieacute au total 43 ions fragments

correspondant agrave 23 ions c et 20 ions z dont une paire d‟ions compleacutementaires Le pourcentage

de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 456 (Fig III 10)

(a)

(b)

115

Fig III 10 Couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 apregraves eacutechange HD suivi drsquoune fragmentation

par ECD

Lanalyse de la Fig III 10 montre clairement que si lanalyse des petits fragments

(extreacutemiteacutes N- et C-terminales) ne pose pas de problegraveme lanalyse dions fragments plus gros

correspondant agrave une rupture plutocirct au niveau du milieu de la seacutequence polypeptidique est

bien plus probleacutematique A la diffeacuterence de l‟APEX III en pieacutegeage dynamique il semble que

sur l‟APEX-Qe la capaciteacute de pieacutegeage du piegravege hexapolaire soit limitante et ne permette pas

d‟accumuler autant d‟ions dans la cellule Pour eacuteviter ce problegraveme il faudrait pouvoir

accumuler plus de temps pour faire sortir les pics peu intenses du bruit de fond (mais ce nest

pas possible avec notre systegraveme de seringue refroidie car leacutechange inverse devient trop grand

au bout de 10 minutes) Une autre solution agrave ce problegraveme aurait pu eacutegalement ecirctre une

augmentation du champ magneacutetique qui aurait permis d‟augmenter la gamme dynamique

ainsi que la vitesse de balayage

III2214 Analyse des donneacutees

L‟extraction des donneacutees est reacutealiseacutee agrave partir du logiciel Data Analysis (Bruker Daltonics)

L‟analyse des spectres de fragmentation MSMS est effectueacutee entiegraverement manuellement ce

qui la rend longue et fastidieuse

La premiegravere eacutetape de l‟analyse consiste agrave identifier les ions fragments c et z preacutesents dans

le spectre enregistreacute avant l‟eacutechange HD Une liste de pics est alors geacuteneacutereacutee Elle contient

tous les pics des massifs isotopiques correspondant aux ions fragments identifieacutes Cette liste

reacutepertorie le rapport mz et l‟intensiteacute de chaque pic A partir de celle-ci les masses moyennes

pondeacutereacutees des fragments n‟ayant pas incorporeacute de deuteacuteriums sont calculeacutees Il s‟agit ensuite

de proceacuteder de la mecircme maniegravere pour les fragments ayant incorporeacute des deuteacuteriums apregraves

eacutechange Pour la seacuteparation des massifs isotopiques eacutelargis et la deacutetermination de leur masse

moyenne pondeacutereacutee la preacutecision sur la mesure de masse et la reacutesolution de l‟instrument sont

deux critegraveres essentiels Afin de cartographier les eacutechanges isotopiques des hydrogegravenes

d‟amide le choix de spectromegravetres de masse agrave tregraves haute reacutesolution (FT-ICR et Orbitrap) est

116

justifieacute Enfin le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour chaque ion fragment peut ecirctre

deacutetermineacute Il est obtenu en faisant la diffeacuterence entre la masse moyenne pondeacutereacutee d‟un ion

fragment donneacute apregraves eacutechange isotopique avec celle obtenue sans eacutechange et en multipliant

par la charge Le taux de deuteacuteration correspondant est deacuteduit en divisant le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par le nombre d‟hydrogegravenes d‟amide eacutechangeables (multiplieacute par cent)

La repreacutesentation la plus directe des reacutesultats consiste agrave tracer le graphe du nombre total de

deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion fragment en fonction de sa position (numeacutero de reacutesidu)

dans la seacutequence Pour un temps d‟incubation de la proteacuteine dans D2O donneacute deux graphes

peuvent alors ecirctre reacutealiseacutes correspondant agrave l‟analyse des deux seacuteries d‟ions c et z (Fig III 11)

La ligne noire repreacutesente une redistribution statistique dans la seacutequence de tous les deuteacuteriums

incorporeacutes dans la proteacuteine Cette courbe theacuteorique correspond donc agrave l‟incorporation

moyenne en deuteacuteriums pour chaque ion fragment Elle tient compte du contenu maximal de

deuteacuteriums incorporeacutes par la proteacuteine Dans le cas que nous preacutesentons qui correspond agrave un

temps d‟incubation d‟une heure dans D2O la proteacuteine intacte eacutetait marqueacutee agrave 61 Chaque

point de la ligne noire correspond donc agrave une incorporation de 061 deuteacuterium par reacutesidu Les

deacutecrochements de la courbe sont dus agrave la preacutesence de proline dans la seacutequence de la proteacuteine

qui est le seul acide amineacute qui ne possegravede pas de groupement amide N-H de liaison Si notre

expeacuterience avait abouti agrave un reacutearrangement total des deuteacuteriums sur les hydrogegravenes d‟amide le

long de la chaicircne peptidique tous les points expeacuterimentaux en rose et en bleu se situeraient

sur la courbe noire Or ce n‟est pas le cas Par conseacutequence nous pouvons conclure que nous

n‟avons pas de redistribution aleacuteatoire totale des deuteacuteriums avant fragmentation par ECD

117

c-type fragments (N-terminus)

0

5

10

15

20

25

30

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Numeacutero de reacutesidu

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

0

5

10

15

20

25

30

35

40

0 10 20 30 40 50 60

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Fig III 11 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion

fragment en fonction de son numeacutero de reacutesidu pour les seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure

drsquoincubation dans D2O

Une autre maniegravere de repreacutesenter ces reacutesultats est de tracer le nombre de deuteacuteriums par

reacutesidu (et non plus le nombre cumuleacute de deuteacuteriums le long de la seacutequence) (Fig III 12) Ce

nombre est calculeacute en faisant la diffeacuterence du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour deux

ions fragments conseacutecutifs Par exemple si on considegravere l‟extreacutemiteacute N-terminale le nombre

de deuteacuteriums incorporeacutes par le reacutesidu numeacutero dix a eacuteteacute deacutetermineacute en faisant le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par le fragment c10 moins celui du fragment c9 Le taux de deuteacuteration

obtenu pour ce reacutesidu a eacuteteacute de 68 Lorsqu‟il manquait des ions fragments une moyenne

d‟incorporation des deuteacuteriums entre les deux reacutesidus les plus proches a alors eacuteteacute calculeacutee

Dans ce cas la diffeacuterence du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour les deux fragments

correspondants a donc eacuteteacute diviseacutee par le nombre de reacutesidus les seacuteparant Ainsi entre les

reacutesidus 33 et 44 le taux moyen de 70 a eacuteteacute calculeacute en faisant le nombre de deuteacuteriums

incorporeacutes dans c44 moins celui dans c33 diviseacute par 11

118

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Numeacutero de reacutesidu

Fig III 12 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour les

seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure drsquoincubation dans D2O

L‟ensemble des points se situe en dessous de un qui est la valeur maximale de deuteacuteration

attendue correspondant exactement agrave l‟incorporation d‟un deuteacuterium par hydrogegravene d‟amide

Plus le taux de deuteacuteration s‟eacuteloigne de la valeur de un plus la zone correspondante de la

proteacuteine est structureacutee Inversement plus le taux est proche de un moins la proteacuteine est

structureacutee Ces reacutesultats peuvent donc ecirctre exploiteacutes pour obtenir des informations structurales

sur la sous-uniteacute α3 du complexe d‟initiation de la traduction aIF2 chez Sulfolobus

solfataricus Ils ont eacuteteacute reporteacutes sur la structure primaire d‟aIF2α3 dans laquelle des eacuteleacutements

de structure connus (heacutelices feuillets et boucles) ont eacuteteacute indiqueacutes (Fig III 13) Les zones en

bleu caracteacuteriseacutees par une incorporation faible de deuteacuteriums indiquent une zone tregraves

structureacutee de la proteacuteine Le passage de bleu agrave rouge (avec des zones intermeacutediaires en vert

jaune ou orange) montre des segments de la proteacuteine de moins en moins structureacutes

119

Fig III 13 Repreacutesentation scheacutematique sur la structure primaire et secondaire drsquoaIF2α3 du

nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par reacutesidu Ce nombre a eacuteteacute calculeacute agrave partir des taux de

deuteacuteration drsquoions fragments conseacutecutifs ou proches pour les seacuteries c et z apregraves une heure

drsquoincubation de la proteacuteine dans D2O

Malgreacute la diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence apregraves eacutechange HD des

informations de structure sont deacuteduites sur une grande partie de la proteacuteine Une reacutesolution agrave

l‟acide amineacute pregraves est principalement obtenue au niveau des extreacutemiteacutes et dans des zones non

structureacutees de la proteacuteine Notons que la zone pour laquelle agrave la fois des ions c et z sont

obtenus preacutesente une parfaite correacutelation entre nos reacutesultats ce qui constitue une validation

suppleacutementaire de notre approche Neacuteanmoins nous n‟observons pas toujours une tregraves bonne

correacutelation entre les taux d‟incorporation des deuteacuteriums que nous avons calculeacutes et les

eacuteleacutements structuraux proposeacutes par la cristallographie et notamment en ce qui concerne la

zone [20-55] Cette zone qui comprend l‟heacutelice α1 le feuillet β2 et le deacutebut du feuillet β3

correspond agrave la partie de la proteacuteine qui interagit avec la sous-uniteacute γ lorsqu‟il y a formation

du complexe

Il est eacutegalement possible de suivre l‟incorporation de deuteacuteriums dans la proteacuteine entiegravere

ou au niveau des ions fragments au cours du temps en reacutealisant des cineacutetiques d‟eacutechange HD

En faisant varier le temps d‟incubation de la proteacuteine dans D2O il est alors possible

d‟obtenir diffeacuterents points de cineacutetique et donc de tracer une courbe de cineacutetique

d‟incorporation des deuteacuteriums (Fig III 14) Elle nous renseigne sur la vitesse

d‟incorporation des deuteacuteriums dans la proteacuteine et sur le taux de deuteacuteration maximal atteint

120

Dans le cas de la proteacuteine aIF2α3 la vitesse d‟eacutechange HD est tregraves rapide Un plateau est

atteint degraves trente minutes d‟incubation correspondant agrave un marquage maximal d‟environ 66

0

20

40

60

80

100

0 500 1000 1500

d

eu

teri

ation

Time (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

3710242568m1

0018179008279m2

3538122127m3

2287919802m4

NA15165Chisq

NA098423R

Temps (minutes)

Po

urc

enta

ge

de

deu

teacutera

tio

n

Fig III 14 Cineacutetique drsquoincorporation des deuteacuteriums pour la proteacuteine entiegravere

Les vitesses d‟eacutechange pour les diffeacuterents ions fragments peuvent eacutegalement ecirctre traceacutees

(Fig III 15) Une autre maniegravere simple (autre que celle discuteacutee dans III2214) de s‟assurer

qu‟il n‟y a pas eu un reacutearrangement aleacuteatoire total des deuteacuteriums le long de la chaicircne

peptidique est de veacuterifier que les pourcentages de deuteacuteration observeacutes pour les ions

fragments c et z de mecircme taille ne sont pas identiques En effet deux cineacutetiques d‟eacutechange

identiques pour des ions fragments c et z comportant le mecircme nombre d‟hydrogegravenes

eacutechangeables seraient la signature d‟une redistribution aleacuteatoire totale des deuteacuteriums ayant

eu lieu avant la formation de ces ions

0

10

20

30

40

50

60

0 500 1000 1500

c13

2+

d

euteacute

ratio

n

Temps (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

9193319575m1

0053075008066m2

9422930195m3

045244084732m4

NA12581Chisq

NA097786R

0

10

20

30

40

50

60

70

0 500 1000 1500

z13

2+

d

euteacute

ratio

n

Temps (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

1007264506m1

3463903455m2

11624-095451m3

095437m4

NA93538Chisq

NA099061R

Fig III 15 Cineacutetique drsquoincorporation des deuteacuteriums pour les ions fragments c13 et z13

dichargeacutes

121

Nous avons donc geacuteneacutereacute un important jeu de donneacutees par la reacutealisation d‟une cineacutetique

d‟eacutechange HD combineacutee agrave une fragmentation par ECD Nous avons montreacute que notre

approche permettait de limiter la redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums le long de la chaicircne

peptidique en phase gazeuse et d‟obtenir des informations de structure sur une grande partie

de la proteacuteine Neacuteanmoins la comparaison de nos reacutesultats de HDX avec les donneacutees obtenues

par cristallographie montre des diffeacuterences que l‟on peut peut-ecirctre expliquer par le fait que les

donneacutees de cristallographie sont issues du complexe (16) La proteacuteine adopterait une

conformation particuliegravere (en heacutelice et feuillets) lorsqu‟elle serait en interaction avec la sous-

uniteacute γ afin de stabiliser la formation du complexe tandis qu‟en absence de son partenaire

proteacuteique elle resterait deacutestructureacutee Une analyse du sous-complexe aIF2α3γ permettra de

confirmer cette hypothegravese

En conclusion nos reacutesultats sont encourageants mais ils doivent eacutegalement ecirctre ameacutelioreacutes

pour que nous puissions obtenir des cineacutetiques d‟eacutechange HD par acide amineacute pour une

grande partie de la proteacuteine qui nous permettraient de distinguer tregraves nettement des zones

structureacutees de segments deacutesordonneacutes

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ

III2221 Optimisation du protocole drsquoanalyse

La premiegravere eacutetape a consisteacute agrave optimiser les paramegravetres de source et la concentration de

l‟eacutechantillon proteacuteique afin d‟obtenir une bonne intensiteacute du signal sur l‟APEX-Qe Alors que

la proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute analyseacutee agrave la concentration de 57 microM une concentration de 74 microM

apregraves laquo quench raquo et deacutenaturation a eacuteteacute neacutecessaire agrave l‟obtention d‟un spectre de masse aussi

intense que celui qui avait eacuteteacute obtenu pour la proteacuteine seule De plus nous avons reacutegleacute

l‟instrument pour maximiser l‟observation de la sous-uniteacute α3 en particulier via les reacuteglages

du quadripocircle de l‟instrument car nous avions deacutejagrave un jeu de donneacutees sur cette proteacuteine Le

spectre de masse d‟aIF2α3 en complexe avec γ ainsi obtenu est donneacute dans la Fig III 16

122

aIF2a3g_ss_noHD_000003d +MS

0

1

2

3

4

7x10

Intens

200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz

[M+13H]13+

[M+12H]12+

[M+11H]11+

[M+10H]10+

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+7H]7+[M+14H]14+

mz

Intensx107

Fig III 16 Spectre MS drsquoaIF2α3 en complexe avec γ avant eacutechange HDX obtenu sur lrsquoAPEX-

Qe avec maximisation de lrsquointensiteacute de la sous-uniteacute α3

Dans une deuxiegraveme eacutetape les paramegravetres ECD ont eacuteteacute optimiseacutes pour obtenir la plus

grande couverture de seacutequence possible pour la sous-uniteacute α3 en complexe avec γ avant

l‟ajout de l‟eacutetape d‟eacutechange HD Le meilleur pourcentage de couverture de seacutequence obtenu

a eacuteteacute d‟environ 40 avec les paramegravetres suivants une cathode agrave 18 A et une irradiation par

des eacutelectrons de 1 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 35 ms Le spectre ECD correspondant est

donneacute dans la Fig III 17

aIF2a3g_ss_noHD_000005d +MS

0

1

2

3

6x10

Intens

200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 mzmz

Intensx106

Fig III 17 Spectre ECD drsquoaIF2α3 en complexe avec γ avant eacutechange HD enregistreacute sur

lrsquoAPEX-Qe

123

Finalement le complexe a eacuteteacute analyseacute par HDXECD Le protocole de marquage du

complexe aIF2α3γ est identique agrave celui utiliseacute pour la proteacuteine α3 seule Le principe est

rappeleacute dans la Fig III 18 La fragmentation ECD est reacutealiseacutee sur la sous-uniteacute α3 apregraves

diffeacuterents temps d‟incubation du complexe α3γ dans D2O

Fig III 18 Scheacutema de notre protocole optimiseacute pour lrsquoeacutetude de la sous-uniteacute alpha3 en

complexe avec gamma (aIF2α3γ) en HDXMS par analyse laquo top-down raquo ECD

III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD

L‟incorporation des deuteacuteriums dans la proteacuteine aIF2α3 en complexe avec γ a eacuteteacute suivie au

cours du temps et compareacutee agrave celle qui avait eacuteteacute obtenue pour la sous-uniteacute α3 seule (Fig III

19) Les deux courbes de cineacutetique d‟eacutechange HD preacutesentent la mecircme allure Neacuteanmoins

une diffeacuterence notable au niveau du taux maximal de deuteacuteration a eacuteteacute mise en eacutevidence

apregraves association de la proteacuteine En effet lorsque la proteacuteine a eacuteteacute complexeacutee la valeur

maximale atteinte a diminueacute d‟environ 20 passant de 66 (pour la proteacuteine seule) agrave 48

(pour la proteacuteine en complexe) Ce reacutesultat est encourageant dans la mesure ougrave l‟on attend une

baisse de la deuteacuteration pour α3 apregraves son association avec γ En effet une diminution des

vitesses d‟eacutechange HD est attendue dans la zone d‟interaction des deux sous-uniteacutes

124

0

20

40

60

80

100

0 500 1000 1500

Sous uniteacute alpha3 seulSous uniteacute alpha3 en complexe

d

eu

teriatio

n

Time (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

3710242568m1

0018179008279m2

3538122127m3

2287919802m4

NA15165Chisq

NA098423R

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

5657830388m1

00240560048802m2

5050216726m3

5630328684m4

NA43553Chisq

NA091987R

Temps (minutes)

Pourc

enta

ge

de

deu

teacutera

tion

Fig III 19 Cineacutetiques drsquoincorporation des deuteacuteriums pour la sous-uniteacute alpha3 seule

(aIF2α3 courbe en noir) et en complexe avec gamma (aIF2α3γ courbe en rouge)

Nous nous sommes ensuite inteacuteresseacutes aux diffeacuterences locales d‟incorporation des

deuteacuteriums pour la proteacuteine en complexe que nous avons compareacutees agrave celles qui avaient eacuteteacute

obtenues pour la proteacuteine seule (Fig III 12) afin de deacuteterminer la surface d‟interaction Pour

cela nous avons repreacutesenteacute comme nous l‟avions fait pour la proteacuteine seule (III2214) le

nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par fragments en fonction du numeacutero de reacutesidu

correspondant ainsi que le nombre de deuteacuteriums par acide amineacute calculeacute agrave partir des ions des

deux seacuteries c et z Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans les Fig III 20 et Fig III 21

Ainsi nous avons pu constater que nous n‟avions toujours pas de redistribution aleacuteatoire

totale des deuteacuteriums avant fragmentation par ECD car l‟incorporation des deuteacuteriums le long

de la seacutequence ne suit pas la moyenne statistique (Fig III 20)

0

2

4

6

8

10

12

14

0 5 10 15 20 25 30 35

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Numeacutero du reacutesidu

Ions fragments c

Fig III 20 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion c issu

de la fragmentation ECD drsquoaIF2α3 en fonction de son numeacutero de reacutesidu apregraves une heure

drsquoincubation du complexe aIF2α3γ dans D2O

125

De plus en comparant le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour α3 seule

et α3 en complexe avec γ on a pu mettre en eacutevidence des zones de la proteacuteine qui

eacutechangeaient moins rapidement (flegraveches descendantes Fig III 21) dans le cas de

l‟association des sous-uniteacutes Les graphes montrent eacutegalement des segments peptidiques qui

ont un taux d‟eacutechange plus important (flegraveches ascendantes) ou similaire (signes eacutegal) dans la

proteacuteine en complexe par rapport agrave la proteacuteine seule

Nous avons ensuite repreacutesenteacute les diffeacuterences de deuteacuteration obtenues par reacutesidu ou

segment peptidique entre la proteacuteine α3 seule et en complexe avec γ (deacutetermineacutees agrave partir de

Fig III 21) sur la structure tridimensionnelle de la proteacuteine (Fig III 22) afin d‟eacutemettre des

hypothegraveses quant agrave la maniegravere dont les sous-uniteacutes se lient entre elles Les reacutesultats montrent

que l‟ensemble de la proteacuteine semble voir la vitesse d‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide

modifieacutee dans le complexe et qu‟il n‟est pas possible de localiser preacuteciseacutement de surface

d‟interaction On notera en particulier que la reacuteduction de vitesse d‟eacutechange aurait pu donner

la zone de contact par une baisse d‟accessibiliteacute mais que la reacuteduction de la vitesse d‟eacutechange

peut aussi ecirctre lieacutee agrave des changements conformationnels ou agrave des variations de la dynamique

de la sous-uniteacute α3 en complexe avec γ

126

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mbre

de

deu

teacuteri

um

s

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

Fig III 21 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour les

seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure drsquoincubation dans D2O Les reacutesultats obtenus pour la

sous-uniteacute alpha3 seule (aIF2α3 points en noir) sont compareacutes agrave ceux de la sous-uniteacute

alpha3 en complexe avec gamma (aIF2α3γ points en rouge)

Sous-uniteacute 3

N-ter

Heacutelice 2

C-ter

Heacutelice 1

D

Sous-uniteacute

Sous-uniteacute

Fig III 22 Structure tridimensionnelle du complexe aIF2αβγ de S solfataricus obtenu par

cristallographie (16) Zoom sur la sous-uniteacute α3 sur laquelle ont eacuteteacute reporteacutees les diffeacuterences

de deuteacuteration entre la proteacuteine seule et en complexe

127

Nous avons ensuite voulu comparer l‟ETD agrave l‟ECD en termes de sensibiliteacute rapiditeacute et

efficaciteacute de fragmentation avec pour objectif de gagner en reacutesolution spatiale Pour cela nous

avons fragmenteacute en ETD la proteacuteine aIF2α3 et compareacute ces reacutesultats agrave ceux obtenus

auparavant en ECD

III23 Fragmentation par ETD

III231 Spectre de masse

Comme indiqueacute preacuteceacutedemment ces expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse ont eacuteteacute

reacutealiseacutees sur un instrument de type Orbitrap (Fig III 23) Le spectre de masse d‟aIF2α3 a eacuteteacute

obtenu apregraves infusion directe via le systegraveme de seringue refroidie de la proteacuteine agrave la

concentration de 57 microM et apregraves son ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

Fig III 23 Spectre MS drsquoaIF2α3 obtenu sur un spectromegravetre de masse LTQ Orbitrap Velos

apregraves ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes

128

III232 Reacutesultats obtenus en ETD

Nous avons observeacute le mecircme pheacutenomegravene en ETD qu‟en ECD la couverture de seacutequence

obtenue apregraves seacutelection d‟un eacutetat de charge particulier est moins bonne que celle obtenue sans

seacutelection Le problegraveme est que si on peut travailler sans seacutelection sur le FT-ICR ce nest pas

le cas pour lOrbitrap Nous avons eacutegalement constateacute que comme en ECD le nombre d‟ions

fragments deacutetecteacute eacutetait lieacute agrave l‟eacutetat de charge seacutelectionneacute de la proteacuteine mecircme si une meilleure

couverture de seacutequence est obtenue sans seacutelection Il est classiquement observeacute que plus l‟eacutetat

de charge seacutelectionneacute est important meilleure est la fragmentation En ETD comme en ECD

nous avons observeacute que la fragmentation eacutetait meilleure lorsqu‟un eacutetat de charge pair eacutetait

seacutelectionneacute et qu‟elle eacutetait toujours moins bonne pour les eacutetats de charge impairs Nous avons

donc deacutecideacute de fragmenter en ETD deux eacutetats de charge pairs de la proteacuteine correspondant agrave

l‟eacutetat de charge pair le plus eacuteleveacute et agrave celui le plus intense Dans notre cas les eacutetats de charge

14+ et 12+ ont eacuteteacute seacutelectionneacutes (Fig III 23) pour ecirctre ensuite fragmenteacutes (Fig III 24)

L‟eacutetude des reacutesultats de fragmentation de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 12+ a permis

l‟identification de 51 ions fragments correspondant agrave 29 ions c et 22 ions z dont deux paires

d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de

533 (Fig III 24 (a)) L‟analyse du spectre ETD de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 14+ a

quant agrave elle reacuteveacuteleacute la preacutesence de 61 ions fragments correspondant agrave 31 ions c et 30 ions z

dont aucune paire d‟ions compleacutementaires Une meilleure couverture de seacutequence avec un

pourcentage de 663 a ainsi eacuteteacute obtenue (Fig III 24 (b)) Afin d‟optimiser le pourcentage

de couverture de seacutequence de la proteacuteine trois temps d‟activation (10 15 et 25 ms) d‟une

minute chacun ont eacuteteacute testeacutes conseacutecutivement Il est apparu que la combinaison de tous les

scans enregistreacutes pendant ces trois minutes de fragmentation ETD a permis d‟obtenir le

meilleur reacutesultat de recouvrement de seacutequence L‟option laquo supplemental activation raquo a eacuteteacute

utiliseacutee Sur la base de ces reacutesultats nous avons donc choisi de fragmenter l‟eacutetat de charge

14+ apregraves eacutechange avec ces trois temps d‟activation

129

1102001-01_3_110105164919 300-536 RT 349-648 AV 237 NL 254E4T FTMS + p ESI sa Full ms2 86974etd1000 [23000-200000]

300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700

mz

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Re

lative

Ab

un

da

nce

1102001-01_3_110105164919 64-296 RT 048-344 AV 233 NL 257E4T FTMS + p ESI sa Full ms2 74564etd1000 [23000-200000]

300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700

mz

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Re

lative

Ab

un

da

nce

Fig III 24 Spectre ETD de la sous-uniteacute aIF2α3 seule sans eacutechange HD avec seacutelection de

lrsquoeacutetat de charge 12+ (a) et 14+ (b) et leur couverture de seacutequence associeacutee

III233 Reacutesultats en HDXETD

L‟eacutetape suivante a consisteacute agrave combiner les eacutechanges HD et la fragmentation par ETD De

la mecircme maniegravere qu‟en ECD nous avons proceacutedeacute au marquage d‟aIF2α3 pendant un temps

d‟incubation dans D2O d‟une heure

L‟analyse du spectre ETD de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 14+ reacutevegravele eacutegalement apregraves

eacutechange HD une diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence agrave 533 (Fig III

25) au lieu de 663 Nous avons identifieacute au total 49 ions fragments correspondant agrave 25 ions

c et 24 ions z dont aucune paire d‟ions compleacutementaires

(a)

(b)

130

Fig III 25 Couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 apregraves eacutechange HD suivi drsquoune fragmentation

par ETD de lrsquoeacutetat de charge 14+

Le nombre de fragments identifieacutes dans les spectres ETD est leacutegegraverement plus important

que celui obtenu par ECD En revanche apregraves eacutechange HD en ETD comme en ECD une

importante perte de sensibiliteacute est observeacutee reacuteduisant consideacuterablement le pourcentage de

couverture de seacutequence (Fig III 26) Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment pour l‟ECD

une des ameacuteliorations agrave ce problegraveme serait d‟augmenter la dureacutee d‟analyse pour pouvoir

accumuler (ou combiner en ETD) un plus grand nombre de scans MSMS afin de faire sortir

les petits pics du bruit de fond Lagrave ougrave en ECD nous avions utiliseacute la totaliteacute des dix minutes

d‟analyse autoriseacutees avec le systegraveme de seringue refroidie avant que le laquo back-exchange raquo

devienne un problegraveme majeur en ETD en revanche seulement trois minutes de

fragmentation ont eacuteteacute reacutealiseacutees Ces expeacuteriences HDX eacutetant preacuteliminaires il conviendra par la

suite de profiter des dix minutes que nous disposons avec le systegraveme de seringue refroidie

pour reacutealiser la fragmentation ETD

Neacuteanmoins ces reacutesultats nous ont paru encourageants pour lutilisation de lETD plutocirct que

lECD pour ces approches laquo top-down raquo HDX car lETD est disponible sur un nombre de

spectromegravetres de masse bien plus important que lECD qui reste speacutecifique des FT-ICR

131

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

4

5x10

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

z10+

z10+

1102001-02_110111172633 11012011 172634ion transfer tube closed

1102001-02_110111172633 233-453 RT 180-470 AV 221 NL 220E3T FTMS + p ESI sa Full ms2 74973etd1000 [25000-200000]

1080 1085 1090 1095 1100 1105 1110 1115 1120 1125 1130 1135 1140 1145

mz

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

75

80

85

90

95

100

Rela

tive

Abun

danc

e

11206548

11186450

11226640

11046457

1093632811446618

1132659511096422

1137659710876289

11406533

10849925

11256479

1128648611026351

11111505

10896333

11166401

10986460

10951423

Fig III 26 Comparaison des spectres ECD (en rouge) et ETD (en noir) drsquoaIF2α3 apregraves une

heure drsquoincubation de la proteacuteine dans D2O Agrandissements des reacutegions du spectre mz

1080-1150 En bleu le spectre ECD de la proteacuteine sans eacutechange HD

III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats drsquoECD

L‟extraction des donneacutees est reacutealiseacutee agrave partir du logiciel Xcalibur (Thermo Scientific) La

fenecirctre du logiciel peut ecirctre diviseacutee en trois parties correspondant au chromatogramme au

spectre de masse et agrave la liste de pics associeacutes (Fig III 27) Le spectre ETD de l‟ion preacutecurseur

d‟eacutetat de charge 14+ agrave eacuteteacute geacuteneacutereacute agrave partir du chromatogramme Comme nous l‟avons vu

preacuteceacutedemment (III232) il reacutesulte de la combinaison des reacutesultats obtenus pour trois temps

d‟activation (10 15 et 25 ms) et correspond agrave une dureacutee d‟analyse d‟environ trois minutes

Les reacutesultats ETD peuvent eacutegalement ecirctre preacutesenteacutes sous forme d‟une liste de pics associant

chaque rapport mz d‟un ion agrave son abondance relative dans le spectre

132

[M+14H]14+

Fragmentation ETD (10 15 et 25 ms)

1 min temps d‟activation

RT ~3 min

Chromatogramme

Spectre ETDListe

des pics

Fig III 27 Preacutesentation de la fenecirctre du logiciel Xcalibur pour le traitement des spectres

ETD

Les reacutesultats ETD sont analyseacutes de la mecircme maniegravere qu‟en ECD Les ions fragments sont

identifieacutes dans les spectres sans eacutechange et apregraves eacutechange Leur masse moyenne pondeacutereacutee est

ensuite deacutetermineacutee dans les deux conditions (sans eacutechange et apregraves eacutechange) Le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion fragment est calculeacute en faisant la diffeacuterence de ses deux

masses moyennes pondeacutereacutees et en multipliant le reacutesultat par sa charge Le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par reacutesidu est finalement deacuteduit par soustraction du nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par deux ions fragments conseacutecutifs Dans le cas ougrave les ions fragments

ne sont pas conseacutecutifs cette diffeacuterence de deuteacuteriums incorporeacutes est moyenneacutee sur

l‟ensemble des acides amineacutes les seacuteparant Les reacutesultats ETD ont eacuteteacute compareacutes agrave ceux qui

avaient eacuteteacute obtenus par ECD (Fig III 28)

133

0

02

04

06

08

1

12

14

0 10 20 30 40 50Numeacutero de reacutesidu

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

0

02

04

06

08

1

12

14

0 10 20 30 40 50Numeacutero de reacutesidu

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Fig III 28 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute apregraves une

heure drsquoincubation dans D2O Les reacutesultats obtenus en ETD (points en vert) sont compareacutes agrave

ceux obtenus en ECD (points en rose et en bleu respectivement pour les seacuteries drsquoions c et z)

Le taux de deuteacuteration de la proteacuteine entiegravere est de 66 en ECD contre 60 en ETD

Le premier constat agrave l‟issue de l‟analyse des reacutesultats ETD a eacuteteacute l‟obtention de nombres de

deuteacuteriums incorporeacutes supeacuterieurs agrave la valeur maximale attendue (gt 1) pour quelques reacutesidus

Deux hypothegraveses peuvent expliquer ce reacutesultat La premiegravere consiste agrave penser que le lavage

des chaicircnes lateacuterales n‟a pas eacuteteacute total Autrement dit il resterait des deuteacuteriums au niveau des

chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes qui n‟auraient pas eacuteteacute reacute-eacutechangeacutes avant l‟analyse

Cependant nous avons utiliseacute le mecircme protocole de marquage et le mecircme systegraveme

d‟introduction des eacutechantillons pour l‟analyse des eacutechanges isotopiques par ETD par rapport agrave

celle qui avait eacuteteacute reacutealiseacutee en ECD Or de telles valeurs n‟ont pas eacuteteacute obtenues en ECD

Notons ici que dans le cas de l‟analyse des ions z les zones pour lesquelles on obtient des

valeurs anormales en ETD correspondent agrave des reacutegions de la proteacuteine pour lesquelles tregraves peu

134

d‟informations en ECD avaient eacuteteacute extraites (incorporation moyenne de deuteacuteriums sur une

dizaine d‟acides amineacutes) La seconde hypothegravese repose sur le fait qu‟en ETD certains ions

fragments suivis apregraves eacutechange HD n‟auraient pas eacuteteacute correctement attribueacutes Des

expeacuteriences de MSMS sur ces ions fragments (expeacuteriences de MS3) permettraient de

confirmer ou d‟infirmer cette hypothegravese Des essais ont eacuteteacute reacutealiseacutes mais n‟ont

malheureusement pas eacuteteacute concluants La faible intensiteacute des fragments obtenus par MS3 ne

nous a pas permis d‟identifier les ions fragments issus de la MSMS Un problegraveme de fuite au

niveau du montage de seringue refroidie en a eacuteteacute probablement la cause Nous n‟avons pas eu

le temps de reproduire les expeacuteriences

Neacuteanmoins on obtient une relativement bonne correacutelation pour les ions fragments c si on

compare les reacutesultats ETD agrave ceux obtenus en ETD tandis que des diffeacuterences notoires

d‟incorporation des deuteacuteriums par reacutesidu pour les ions fragments z sont observeacutees Les

graphes ne se superposent pas agrave l‟exception de petites zones qui s‟alignent entre elles

III235 Conclusion

Contrairement aux analyses reacutealiseacutees en ECD les expeacuteriences ETD requiegraverent la seacutelection

preacutealable d‟un eacutetat de charge Malgreacute cette contrainte une couverture de seacutequence

leacutegegraverement meilleure a eacuteteacute obtenue en ETD (sans eacutechange et apregraves eacutechange HD) Elle a eacuteteacute

deacuteduite de la combinaison de spectres enregistreacutes pour trois temps d‟activation diffeacuterents (10

15 et 25 ms) correspondant agrave trois minutes de fragmentation au total Les spectres ECD

reacutesultent quant agrave eux de l‟accumulation de scans correspondant agrave la dissociation de la

proteacuteine par un faisceau d‟eacutelectrons d‟eacutenergie cineacutetique et de temps d‟irradiation fixeacutes

pendant dix minutes d‟analyse

Nous avons ensuite deacutecideacute de comparer la fragmentation CID sur des ions preacutecurseurs de

haut eacutetat de charge afin de limiter le laquo scrambling raquo (10) vs les meacutethodes d‟activation par les

eacutelectrons (ECD et ETD)

135

III24 Fragmentation par CID

III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3

III2411 Spectres de masse

La proteacuteine aIF2α3 a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacutee par une approche HDX laquo top-down raquo CID La

premiegravere eacutetape a consisteacute agrave reacutealiser les spectres de masse sans eacutechange et apregraves eacutechange HD

gracircce agrave un instrument de type Q-ToF La proteacuteine deuteacutereacutee a eacuteteacute injecteacutee dans le spectromegravetre

de masse par le systegraveme de seringue refroidie puis ioniseacutee par eacutelectrospray dans des

conditions deacutenaturantes La faible reacutesolution de l‟instrument (Fig III 29) nous a ensuite

obligeacutes agrave veacuterifier les fenecirctres d‟isolation avant la fragmentation par CID Finalement les

eacutenergies de collision ont eacuteteacute optimiseacutees pour chaque eacutetat de charge

Sans eacutechange HD

Apregraves eacutechange HD

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+12H]12+

[M+11H]11+

[M+10H]10+

[M+9H]9+

Fig III 29 Spectres MS drsquoaIF2α3 obtenus sans eacutechange (courbe rouge) et apregraves eacutechange

HD pendant une heure (courbe verte) agrave lrsquoaide drsquoun spectromegravetre de masse Q-ToF Premier

Un agrandissement de lrsquoion preacutecurseur drsquoeacutetat de charge 13+ a eacuteteacute ajouteacute

136

III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID

L‟analyse des spectres CID des ions preacutecurseurs d‟eacutetat de charge 10+ agrave 16+ de la proteacuteine

aIF2α3 dans H2O a permis l‟identification d‟un total de 54 ions fragments correspondant agrave 23

ions b et 31 ions y dont deux paires d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de couverture de

seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 565 (Fig III 30 (a)) Il regroupe l‟ensemble de tous les ions

fragments identifieacutes dans les spectres correspondant agrave la dissociation des diffeacuterents eacutetats de

charge Apregraves incubation de la proteacuteine dans D2O pendant une heure et fragmentation par

CID seulement 20 ions fragments au total ont pu ecirctre suivis correspondant agrave 14 ions b et 6

ions y dont aucune paire d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de la couverture de

seacutequence a ainsi eacuteteacute reacuteduit agrave 217 apregraves eacutechange HD (Fig III 30 (b))

b ions y ions Fig III 30 Pourcentages de couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 sans eacutechange (a) et apregraves

eacutechange HD (b) obtenus par fragmentation CID des ions preacutecurseurs drsquoeacutetat de charge 10+ agrave

16+

La Fig III 31 illustre la complexiteacute du traitement des donneacutees en CID De la mecircme

maniegravere qu‟en ECD ou en ETD l‟analyse a consisteacute agrave deacuteterminer des masses moyennes

pondeacutereacutees d‟ions fragments La reacutesolution relativement faible de l‟instrument ainsi que la

faible abondance de certains ions fragments ont contribueacute agrave la diminution du nombre de

fragments pouvant ecirctre suivis apregraves eacutechange HD Ainsi le fragment b375+

a pu ecirctre interpreacuteteacute

dans les spectres de fragmentation par CID des ions preacutecurseurs 12+ agrave 16+ mais pas dans

ceux des eacutetats de charge 10+ et 11+ (Fig III 31) D‟autres (eg y2+ y3

+ y4

+ hellip) n‟ont pu ecirctre

suivis dans aucun des spectres (Fig III 30)

(a)

(b)

137

b375+[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+16H]16+

[M+11H]11+

[M+13H]13+

Fig III 31 Spectres CID des ions preacutecurseurs drsquoeacutetat de charge 10+ agrave 16+ Agrandissement

(a) de la reacutegion mz 832-852 permettant de suivre le massif isotopique de lrsquoion fragment b375+

dans les diffeacuterents eacutetats de charge et (b) du massif isotopique lui-mecircme dans les eacutetats de

charge 11+ et 13+ pour montrer la complexiteacute de lrsquoanalyse

Nous avons ensuite calculeacute le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par les fragments qu‟il

nous eacutetait possible de suivre apregraves eacutechange HD dans les spectres CID des diffeacuterents eacutetats de

charge Nous avons reporteacute ces valeurs en fonction du numeacutero de reacutesidu dans la seacutequence

(Fig III 32) Rappelons que la ligne noire repreacutesente une redistribution statistique dans la

seacutequence de tous les deuteacuteriums incorporeacutes dans la proteacuteine Il s‟agit donc dune courbe

theacuteorique Elle donne le nombre moyen de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque fragment

calculeacute agrave partir du contenu maximal en deuteacuteriums de la proteacuteine Dans le cas que nous

preacutesentons qui correspond agrave un temps d‟incubation d‟une heure dans D2O la proteacuteine intacte

(a)

(b)

138

eacutetait marqueacutee agrave 57 Chaque point de la ligne noire correspond donc agrave une incorporation de

057 deuteacuterium par reacutesidu

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Courbe theacuteorique

11+

12+

13+

14+

15+

16+

Numeacutero du reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Ions fragments b ( Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

11+

13+15+14+

11+

14+15+

13+

12+

Fig III 32 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion

fragment b issus de la dissociation de lrsquoion preacutecurseur dans les eacutetats de charge 11+ agrave 16+ en

fonction de son numeacutero de reacutesidu La proteacuteine a eacuteteacute incubeacutee pendant une heure dans D2O

avant analyse

A la vue de ces reacutesultats on note que tous les points expeacuterimentaux ne sont pas aligneacutes sur

la courbe theacuteorique Par conseacutequent nous pouvons conclure de ce premier constat que nos

expeacuteriences HDXCID ne semblent pas aboutir agrave un reacutearrangement aleacuteatoire total des

deuteacuteriums le long de la chaicircne peptidique On remarque eacutegalement que les points

correspondant agrave la fragmentation du plus petit eacutetat de charge le 11+ (points en rouge sur la

Fig III 32) sont effectivement les plus proches de la redistribution totale des deuteacuteriums

Ainsi il semble reacuteellement y avoir un rapport entre le taux de redistribution HD et leacutetat de

charge du preacutecurseur Neacuteanmoins il est curieux dobserver que cest lion chargeacute 13+ qui

conduit aux ions fragments les plus eacuteloigneacutes de cette redistribution totale

Nous avons ici voulu reproduire les expeacuteriences HDXCID meneacutees tregraves reacutecemment par

l‟eacutequipe d‟I Kaltashov (10) sur notre systegraveme d‟eacutetude Ils ont montreacute qu‟il eacutetait possible

d‟analyser les eacutechanges isotopiques HD au sein des proteacuteines par une approche laquo top-down raquo

associeacutee agrave une activation collisionnelle (CID) En effet la seacutelection et la dissociation d‟ions

139

proteacuteiques de hauts eacutetats de charge limiteraient le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Or dans son

article I Kaltashov n‟a consideacutereacute qu‟un seul fragment le b19 pour en arriver agrave cette

conclusion Il ne s‟est donc inteacuteresseacute qu‟aux reacutesultats contenus sur une verticale du graphe

Dans notre cas si on se place au niveau des deux verticales que nous avons traceacutees sur la Fig

III 32 nos reacutesultats sont coheacuterents avec ceux de l‟article En revanche la discrimination nette

entre les grands et les petits eacutetats de charge n‟est pas toujours eacutevidente et parfois les reacutesultats

contredisent ceux obtenus par I Kaltashov

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines

Pour rendre l‟eacutetude du pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo plus facile agrave mettre en eacutevidence

l‟article de I Kaltashov (10) se basait sur l‟utilisation d‟une eacutetiquette poly-histidines placeacutee agrave

l‟extreacutemiteacute soit N- soit C-terminale de la proteacuteine qu‟ils ont eacutetudieacutee L‟inteacuterecirct eacutetait que ces

segments sont connus comme eacutetant non structureacutes et qu‟on peut par conseacutequent preacutedire que la

vitesse d‟eacutechange y sera maximale par rapport agrave la partie structureacutee de la proteacuteine Dans le

cadre de leurs expeacuteriences la proteacuteine est initialement totalement marqueacutee par des deuteacuteriums

par dissolution dans du D2O et l‟incubation se fait en conditions natives apregraves dilution dans un

tampon H2O 10 mM aceacutetate d‟ammonium De ce fait on attend une perte rapide de la

deuteacuteration sur l‟extreacutemiteacute poly-histidines des proteacuteines Ils observent ainsi (Fig III 33) que

l‟activation par CID conduit agrave un laquo scrambling raquo important pour les eacutetats de charge faibles (9+

agrave 11+) alors qu‟il est nettement reacuteduit pour les eacutetats de charge 14+ agrave 20+

Nous avons souhaiteacute construire un systegraveme eacutequivalent pour notre proteacuteine aIF2α3 afin de

voir si nous aussi en CID pouvions mettre en eacutevidence la preacutesence de laquo scrambling raquo ou non

Pour cela nous avons construit un mutant de la proteacuteine aIF2α3 et l‟avons exprimeacute en

collaboration avec le Laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole Polytechnique La seacutequence de ce

mutant est donneacutee sur la Fig III 34

140

22 D

11 D

Avec Redistribution des D

Sans redistribution des D

Segment non structureacute de 21 acides amineacutes

Fig III 33 Nombre moyen de deuteacuteriums pour le fragment b19 en fonction de lrsquoeacutetat de charge

de lrsquoion preacutecurseur Les lignes horizontales en gris indiquent le nombre moyen de deuteacuteriums

calculeacute dans le cas drsquoune redistribution aleacuteatoire totale des hydrogegravenes et deuteacuteriums labiles

au sein de lrsquoion preacutecurseur avant la dissociation (en haut) et dans le cas de lrsquoabsence de

pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo (en bas)

Fig III 34 Seacutequence drsquoaIF2α3 comportant lrsquoeacutetiquette poly-histidines (acides amineacutes en vert)

En rose les fragments eacutetudieacutes par HDXCID

Notons degraves maintenant qu‟il nous eacutetait impossible de reproduire exactement l‟expeacuterience

d‟I Kaltashov avec notre proteacuteine en effet elle est instable dans des conditions non-salines

et ne peut ecirctre lyophiliseacutee Par conseacutequent il sera neacutecessaire de proceacuteder par un double

eacutechange tel que fait jusqu‟agrave preacutesent ie commencer par diluer la proteacuteine dans une solution

D2O NaCl 330 mM puis arrecircter l‟eacutechange par une dilution frac12 dans une solution H2O acide

formique 2 avant de proceacuteder au dessalage sur colonne De ce fait on ne profite plus de

l‟aspect deacutestructureacute de la chaicircne poly-histidines (qui sera rapidement deuteacutereacutee dans l‟eacutetape

d‟eacutechange) mais de la grande vitesse de reacute-eacutechange de la chaicircne poly-histidines une fois celle-

ci placeacutee en condition d‟arrecirct tel qu‟observeacute sur les peptides de T Joslashrgensen au Chap II On

peut consideacuterer que l‟eacutechange inverse (laquo back-exchange raquo) sera de la mecircme faccedilon que pour le

141

peptide P1 (HHHHHHIIKIIK) nettement plus rapide sur la partie poly-histidines que sur le

reste de la seacutequence proteacuteique

Nous avons ensuite eacutetudieacute par HDXCID les fragments b2-10 correspondant aux fragments

situeacutes dans l‟eacutetiquette poly-histidines (en vert sur Fig III 34) ainsi que les fragments

communs avec ceux de la proteacuteine sans poly-histidines soit les fragments b21-22 et b28

correspondant aux fragments b9-10 et b16 de la proteacuteine sans eacutetiquette poly-histidines Les

reacutesultats obtenus sont preacutesenteacutes dans la Fig III 35 Ils sont compareacutes agrave ceux de la Fig III 32

0

2

4

6

8

10

12

14

16

0 5 10 15 20 25 30

Courbe theacuteorique

17+

16+

15+

14+

13+17+

14+

16+15+

17+

14+

16+

15+

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Numeacutero du reacutesidu

Fig III 35 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums contenus dans les ions b issus de la

fragmentation de lrsquoion preacutecurseur dans les eacutetats de charge 13+ agrave 17+ en fonction de leur

position dans la seacutequence (numeacutero de reacutesidu) La proteacuteine laquo taggeacutee raquo a eacuteteacute incubeacutee pendant

une heure dans D2O Son analyse en MS reacutevegravele un pourcentage de deuteacuteration de 57

On constate tout d‟abord que les fragments b2 agrave b10 preacutesentent un taux de deuteacuteration

largement infeacuterieur (jusqu‟agrave 2 D d‟eacutecart pour b10) agrave la courbe de laquo scrambling raquo complet Ceci

montre deux choses Le premier reacutesultat est que le laquo scrambling raquo est tregraves loin d‟ecirctre total sur

cette reacutegion Par conseacutequent mecircme en cas de laquo scrambling raquo partiel ce reacutesultat ne peut ecirctre

obtenu que si la deuteacuteration locale est tregraves infeacuterieure agrave la moyenne sur lensemble de la

proteacuteine On peut donc en deacuteduire ce second reacutesultat comme nous lavions espeacutereacute un laquo back-

exchange raquo rapide des hydrogegravenes damide des histidines a bien eu lieu On ne peut pas par

contre savoir si ce laquo back-exchange raquo a eacuteteacute total ou pas On note par ailleurs que dans cette

142

partie de la proteacuteine l‟eacutetat de charge ne semble pas jouer un rocircle important sur la deuteacuteration

nettement moins en tout cas que les effets observeacutes pour la proteacuteine sans eacutetiquette

Si on s‟inteacuteresse maintenant aux fragments b21-22 et b28 on constate une dispersion des

niveaux de deuteacuteration nettement reacuteduite par rapport agrave celle de la proteacuteine non-marqueacutee et en

tout cas sans aucune rupture brutale similaire agrave celle preacutesenteacutee dans l‟article d‟I Kaltashov Il

est par contre difficile de comparer un agrave un les niveaux de deuteacuteration car on ne connaicirct pas a

priori le niveau de deuteacuteration restant sur la partie poly-histidines Toutefois on notera

qu‟entre les fragments b22 et b28 de la proteacuteine portant un His-tag on a 35 D de diffeacuterence On

retrouve une diffeacuterence similaire entre les fragments b10 et b16 de la proteacuteine portant un His-

tag

Pour compleacuteter ce travail il nous manque un eacuteleacutement qui est la veacuterification du taux reacuteel de

deuteacuteration sur la partie poly-histidines Ce travail reste agrave faire avec un suivi par ECD en

faisant l‟hypothegravese d‟une absence de laquo scrambling raquo dans ce cas

Mais au final une tendance nette semble neacuteanmoins se deacutegager dans une approche laquo top-

down raquo l‟activation par CID ne conduit pas neacutecessairement agrave un laquo scrambling raquo total des

deuteacuteriums d‟amide au moins dans certaines conditions L‟article d‟I Kaltashov semble avoir

identifieacute l‟eacutetat de charge comme eacutetant un facteur Dans notre cas l‟eacutetat de charge ne semble

pas jouer un rocircle aussi marqueacute Mais il faut noter d‟une part que l‟article d‟I Kaltashov

comme notre approche avec le His-tag n‟ont regardeacute le laquo scrambling raquo qu‟au niveau des

extreacutemiteacutes de la proteacuteine et d‟autre part que dans les deux cas un laquo scrambling raquo partiel

semble observeacute puisqu‟il reste une fraction de deuteacuteriums au niveau de l‟extreacutemiteacute

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en

eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse

Les expeacuteriences sont difficilement reproductibles par une mecircme technique ce qui

complique la comparaison entre les diffeacuterentes meacutethodes Plusieurs raisons permettent

d‟expliquer ce fait Tout d‟abord il est tregraves difficile d‟obtenir le mecircme pourcentage initial de

deuteacuteration pour la proteacuteine entiegravere De plus l‟efficaciteacute de fragmentation varie en fonction du

de l‟instrument mais aussi en fonction du temps pour un mecircme instrument N‟oublions pas de

mentionner eacutegalement les problegravemes techniques que nous avons rencontreacutes qui sont lieacutes au

143

montage de seringue refroidie et qui concernent la fuite du systegraveme Un autre fait surprenant

est que nous ne sommes pas parvenus apregraves des temps longs d‟incubation dans D2O agrave un

maximum de deuteacuteration pour la proteacuteine entiegravere proche des 90-95 deacutecrits dans la

litteacuterature En effet le taux maximal de deuteacuteration obtenu pour aIF2α3 si on se reacutefegravere au

laquo fit raquo de double exponentielle de sa cineacutetique d‟incorporation des deuteacuteriums (Fig III 14) a

eacuteteacute de 66 seulement A partir de ce constat deux hypothegraveses peuvent ecirctre formuleacutees

- nous ne sommes pas arriveacutes au bout de la cineacutetique d‟eacutechange de la proteacuteine Dans ce cas

des temps d‟incubation dans D2O plus longs seraient neacutecessaires pour que les hydrogegravenes

d‟amide qui preacutesentent des vitesses d‟eacutechange tregraves lentes finissent par s‟eacutechanger Le laquo fit raquo

de la cineacutetique serait alors agrave revoir

- d‟importantes pertes de deuteacuteriums sont enregistreacutees ce qui n‟est pas souhaitable et pose

le problegraveme de l‟interpreacutetation des reacutesultats

Afin de deacutepartager ces deux hypothegraveses et ainsi de mieux comprendre le sens de nos

reacutesultats nous avons deacutecideacute de deacuteterminer la valeur maximale de reacutefeacuterence ie le taux

maximal de deuteacuteration pour la proteacuteine aIF2α3 Pour cela la proteacuteine a eacuteteacute analyseacutee avec le

mecircme protocole qui a eacuteteacute deacutecrit dans la Fig III 5 agrave l‟exception pregraves qu‟elle a eacuteteacute initialement

placeacutee dans des conditions deacutenaturantes et non plus natives

Afin de deacuteterminer le taux maximal de deuteacuteration de la proteacuteine aIF2α3 nous avons donc

deacutecideacute de la deacutenaturer avec du chlorure de guanidinium preacutealablement agrave l‟analyse HDXMS

Il a eacuteteacute montreacute que ce composeacute chaotropique utiliseacute agrave forte concentration eacutetait capable de

deacutenaturer totalement les proteacuteines (17) ce qui rendrait tous les hydrogegravenes d‟amide

accessibles agrave l‟eacutechange

La proteacuteine aIF2α3 a donc eacuteteacute incubeacutee dans une solution de chlorure de guanidinium agrave 3 M

dans D2O agrave 50degC sous agitation pendant 24 heures Puis elle a eacuteteacute analyseacutee en MS afin de

calculer son taux de deuteacuteration Malheureusement aucun signal n‟a eacuteteacute deacutetecteacute indiquant

que la proteacuteine a eacuteteacute deacutegradeacutee ou a preacutecipiteacute suite au traitement chimique La seacutequence de la

proteacuteine aIF2α3 ne comportant que tregraves peu d‟acides amineacutes aromatiques (seulement trois

tyrosines) n‟a pas permis la mesure de la concentration de l‟eacutechantillon par

spectrophotomeacutetrie UV agrave 280 nm Par ailleurs la solution de chlorure de guanidinium quant

agrave elle absorbe agrave la longueur donde utiliseacutee pour les proteacuteines

144

Dans le but de tester si le traitement chimique pour la deacutenaturation deacutegrade la proteacuteine

nous avons deacutecideacute de reacutealiser un gel SDS-PAGE 16 permettant de tester la preacutesence

d‟aIF2α3 (10 kDa) Nous avons eacutegalement souhaiteacute tester si c‟est l‟eacutetape de dessalage qui

conduit agrave la perte de la proteacuteine Pour cela un autre eacutechantillon traiteacute mais non dessaleacute agrave eacuteteacute

preacutepareacute Malheureusement les eacutechantillons sont si visqueux qu‟il est impossible de les

deacuteposer L‟origine de cette viscositeacute n‟est pas tregraves claire neacuteanmoins un temps d‟incubation de

24 heures dans le chlorure de guanidinium semble trop long

Nous avons donc reacutealiseacute d‟autres tests dans des conditions diffeacuterentes afin de deacuteterminer le

temps maximal d‟incubation dans le chlorure de guanidinium pour lequel la proteacuteine n‟est pas

deacutegradeacutee Diffeacuterents temps d‟incubation ont eacuteteacute testeacutes t0=0s t=5h et t=24h Pour chaque

temps d‟incubation le premier eacutechantillon proteacuteique n‟a pas eacuteteacute dessaleacute tandis que le second

l‟a eacuteteacute (Fig III 36) Dans le cas ougrave une eacutetape de dessalage a eacuteteacute reacutealiseacutee (puits 4 6 et 8) la

solution d‟eacutelution correspondant agrave la proteacuteine dans H2OACNAF (49492) a eacuteteacute eacutevaporeacutee

par SpeedVac pour ecirctre ensuite resuspendue dans H2O afin de faciliter son deacutepocirct sur gel apregraves

ajout du tampon Laemmli Sans dessalage la proteacuteine traiteacutee au chlorure de guanidinium est

dilueacutee dans H2OAF2 afin de mimer l‟eacutetape d‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange (Fig III 5)

Les eacutechantillons non dessaleacutes sont ensuite preacutepareacutes avec du tampon Laemmli Neacuteanmoins agrave

l‟issue du meacutelange avec le tampon les eacutechantillons ont preacutecipiteacute empecircchant leur deacutepocirct preacutevu

dans les puits 3 5 et 7 Ce qui explique l‟absence de bandes dans ces puits et donc l‟absence

de proteacuteine Un marqueur de poids moleacuteculaire a eacuteteacute deacuteposeacute dans le premier puits Il s‟agit

d‟un meacutelange de proteacuteines de reacutefeacuterence dont la taille est connue servant agrave estimer la taille des

moleacutecules d‟inteacuterecirct Un teacutemoin positif a eacuteteacute deacuteposeacute dans le deuxiegraveme et dernier puits Il est

constitueacute de la proteacuteine aIF2α3 n‟ayant pas subi de traitement chimique ni de dessalage Une

bande intense autour de 10 kDa est observeacutee dans ces deux puits teacutemoignant de la preacutesence de

la proteacuteine Une mecircme quantiteacute de mateacuteriel (18 microg) a eacuteteacute deacuteposeacutee dans tous les puits lorsque

le deacutepocirct eacutetait possible

145

Marqueurα3H2O

α3G3M agrave t0

sans incubation

avec dessalage

α3G3M

avec incubation de 5h

et dessalage

α3G3M avec

incubation de 24h

et dessalage

α3H2O

Jour + 1

1 2 3 4 5 6 7 8 9

18 microg 18 microg 18 microg 18 microg 18 microg

10 kDa

Fig III 36 Image du gel SDS-PAGE 16 La proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute deacutenatureacutee apregraves

diffeacuterents temps drsquoincubation dans une solution de chlorure de guanidinium agrave 3 M Pour

chaque temps drsquoincubation deux eacutechantillons sont testeacutes sans et avec lrsquoeacutetape de dessalage

La proteacuteine aIF2α3 est preacutesente dans les puits 4 et 6 alors qu‟elle a subi le traitement

chimique avec le chlorure de guanidinium et l‟eacutetape de dessalage mais elle n‟est pas retrouveacutee

dans le puits 8 Pourtant dans ce cas lagrave elle a aussi eacuteteacute traiteacutee par le chlorure de guanidinium

mais pendant un temps beaucoup plus long (24 heures) et dessaleacutee

Par conseacutequent on peut conclure que c‟est le temps du traitement chimique (incubation

dans une solution de chlorure de guanidinium 3 M agrave 50degC sous agitation) qui est critique

dans le maintien de l‟inteacutegriteacute de la proteacuteine En effet la proteacuteine aIF2α3 est deacutegradeacutee suite agrave

une incubation pendant une dureacutee de vingt-quatre heures tandis qu‟elle est toujours preacutesente

pour un temps d‟incubation infeacuterieur ou eacutegal agrave cinq heures

Le taux de deuteacuteration maximal de la proteacuteine aIF2α3 a donc eacuteteacute deacutetermineacute par

spectromeacutetrie de masse apregraves deacutenaturation de la proteacuteine dans une solution de chlorure de

guanidinium 3 M preacutepareacutee dans du D2O Les temps d‟incubation t=1h et t=5h ont eacuteteacute testeacutes

(Tab III 1)

Nous obtenons des pourcentages de deuteacuteration leacutegegraverement plus eacuteleveacutes dans le cas d‟une

deacutenaturation de la proteacuteine pendant des temps d‟une heure et cinq heures (73) par rapport agrave

une incubation classique dans D2O (66) Afin de s‟assurer que la proteacuteine a bien eacuteteacute

deacutenatureacutee par le traitement chimique d‟autres conditions ont eacuteteacute testeacutees tempeacuterature

146

d‟incubation de 95degC concentration en chlorure de guanidinium de 6 M Les reacutesultats sont

preacutesenteacutes dans le Tab III 2 Malgreacute diffeacuterentes conditions de deacutenaturation testeacutees nous

n‟obtenons pas de pourcentage de deuteacuteration proche de la limite supeacuterieure de 875 donneacutee

par la dilution agrave 18 de la solution H2O dans du D2O

Tab III 1 Taux de deuteacuteration maximal dans des conditions natives (0 M de deacutenaturant) et

deacutenaturantes (3 M de deacutenaturant) La proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute incubeacutee soit dans un tampon

NaCl 330 mMD2O (conditions natives) soit dans une solution de chlorure de guanidinium 3

MD2O (conditions deacutenaturantes) pendant des temps variables Elle a ensuite eacuteteacute dessaleacutee

avant drsquoecirctre analyseacutee par MS La valeur de reacutefeacuterence (66) obtenue dans des conditions

natives est indiqueacutee Une valeur moyenne (triplicats) a eacuteteacute calculeacutee dans les diffeacuterentes

conditions deacutenaturantes

Concentration

du deacutenaturant 0 M 3 M 3 M

Conditions

drsquoincubation 1 h

37degC 600 rpm 1 h

50degC 700 rpm 5 h

50degC 700 rpm

Taux de

deuteacuteration 66 73 73

Tab III 2 Taux de deuteacuteration maximal dans des conditions deacutenaturantes La proteacuteine

aIF2α3 a eacuteteacute incubeacutee dans une solution de chlorure de guanidiniumD2O dans diffeacuterentes

conditions Elle a ensuite eacuteteacute dessaleacutee avant drsquoecirctre analyseacutee par MS Une valeur moyenne

(triplicats) a eacuteteacute calculeacutee dans les diffeacuterentes conditions

Concentration

du deacutenaturant 3 M 6 M

Conditions

drsquoincubation 5 min

95degC 700 rpm 1 h

50degC 700 rpm Taux de

deuteacuteration 70 72

En reconsideacuterant donc les deux hypothegraveses formuleacutees preacuteceacutedemment il semblerait que le

pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse soit important dans nos conditions expeacuterimentales Il a lieu en

solution avant l‟analyse finale en MS lors de la preacuteparation des eacutechantillons (eacutetape de

dessalage) et au cours de leur introduction dans le spectromegravetre de masse avec le systegraveme de

seringue refroidie utiliseacute

Afin de mettre en eacutevidence l‟influence de l‟eacutetape de dessalage sur l‟eacutechange inverse nous

avons mesureacute les pourcentages de deuteacuteration de peptide et proteacuteine modegraveles complegravetement

deuteacutereacutes avec notre systegraveme de seringue refroidie La substance P (peptide de onze reacutesidus) a

donc eacuteteacute incubeacutee dans une solution ACND2O (7525) pendant une heure agrave 37degC sous

agitation La reacuteaction d‟eacutechange a eacuteteacute arrecircteacutee par diminution du pH et de la tempeacuterature puis

147

le peptide totalement marqueacute a eacuteteacute dilueacute dans H2OACNAF (49492) afin d‟ecirctre analyseacute par

MS L‟expeacuterience a eacuteteacute reconduite une seconde fois mais en incluant l‟eacutetape de dessalage

avant l‟analyse par MS Sur le FT-ICR les pourcentages moyens (triplicats) de deuteacuteration

obtenus sont les suivants 914 sans l‟eacutetape de dessalage et 77 avec l‟eacutetape de dessalage

Sur le Q-TOF le taux maximum sans dessalage n‟atteint que 856 indiquant que c‟est bien

l‟introduction dans la source qui conduisait agrave un accroissement du laquo back-exchange raquo sur

celui-ci Il semblerait que l‟eacutetape de dessalage conduise agrave une perte d‟environ 15 de la

totaliteacute du marquage pour les peptides Il convient de noter que ces expeacuteriences ont eacuteteacute

reacutealiseacutees directement agrave partir de la poudre donc sans dilution initiale Par conseacutequent si on

considegravere les 77 de deuteacuteration obtenus apregraves dessalage appliqueacutes sur une solution agrave 875

de deuteacuteriums on trouve un maximum de deuteacuteration de 67 soit assez proche des 72-73

obtenus apregraves deacutenaturation complegravete

III4 Conclusion

Nos reacutesultats montrent qu‟il est possible deacuteviter une redistribution des deuteacuteriums dans la

seacutequence polypeptidique au moment de la fragmentation en phase gazeuse de proteacuteines par

approches laquo top-down raquo L‟ECD et l‟ETD semblent preacutesenter une bonne capaciteacute agrave garder la

localisation initiale des deuteacuteriums Dans le cas de l‟activation par CID nos reacutesultats

rejoignent ceux de la litteacuterature en restant incertains il ne nous a pas eacuteteacute possible ni de

montrer l‟absence de laquo scrambling raquo ni de montrer un laquo scrambling raquo complet tombant ainsi

dans une zone intermeacutediaire ougrave les paramegravetres controcirclant l‟extensiviteacute du laquo scrambling raquo

restent incertains

Un autre enseignement de cette partie est qu‟un des problegravemes majeurs de notre approche

est leacutechange inverse qui a lieu en solution avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Ce

pheacutenomegravene est accentueacute dans notre cas par lobligation que nous avons deffectuer une eacutetape

de dessalage des proteacuteines avant leur analyse et la difficulteacute agrave savoir ce qui relegraveve de cette

eacutetape ou de la source dionisation Un autre problegraveme lieacute agrave celui-lagrave est quil est difficile

daccumuler un grand nombre de spectres car au bout dune dizaine de minutes leacutechange

inverse est devenu trop important

Dans ce contexte et avec lideacutee de controcircler beaucoup mieux leacutechange inverse nous avons

deacutecideacute de deacutevelopper un systegraveme d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le

148

spectromegravetre de masse complegravetement nouveau baseacute sur l‟utilisation d‟une enceinte isoleacutee

refroidie permettant de stocker les eacutechantillons agrave tregraves basse tempeacuterature ce qui eacutevite le

deacutemarquage pendant des temps longs et permet eacutegalement de travailler avec des deacutebits

faibles Le deacuteveloppement de cette laquo cryosource raquo et les premiers reacutesultats obtenus en

lutilisant font lobjet du dernier chapitre de cette thegravese

149

III5 Bibliographie

1 Wang L and Smith D L (2003) Downsizing improves sensitivity 100-fold for

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Anal Chem 82 8591-8597

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10 Abzalimov R R and Kaltashov I A (2010) Controlling hydrogen scrambling in

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capture dissociation proceeds with a low degree of intramolecular migration of peptide

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12 Zehl M Rand K D Jensen O N and Jorgensen T J (2008) Electron transfer

dissociation facilitates the measurement of deuterium incorporation into selectively

labeled peptides with single residue resolution J Am Chem Soc 130 17453-17459

13 Kaltashov I A Bobst C E and Abzalimov R R (2009) HD exchange and mass

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top-down approach Anal Chem 81 7892-7899

14 Sterling H J and Williams E R (2010) Real-Time HydrogenDeuterium Exchange

Kinetics via Supercharged Electrospray Ionization Tandem Mass Spectrometry

Analytical Chemistry 82 9050-9057

15 Duchateau M (2010) Deacutetermination de surface dinteraction dassemblages

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150

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17 Tanford C (1968) Protein denaturation Adv Protein Chem 23 121-282

151

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source

refroidie

152

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source refroidie 151

IV1 Echange inverse 153

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction 155

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo 156 IV22 Avec une approche laquo top-down raquo 158

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection 165

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo 166 IV32 Mateacuteriel et meacutethodes 166

IV321 Instrumentation 166

IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes 168

IV33 Reacutesultats 169 IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine 169

IV3311 Reacutealisation de la maquette 169

IV3312 Reacutealisation des prototypes 169

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides 174

IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK 175

IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK 175

IV33221 Deacutetermination du temps d‟incubation pour le deacutemarquage seacutelectif 176

IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo 179

IV3323 Cas du peptide GluF 186

IV34 Conclusion 187

IV4 Bibliographie 189

153

IV1 Echange inverse

Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment dans la partie introductive l‟association des

eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium en solution avec la spectromeacutetrie de masse

(HDXMS) est devenue une meacutethode de choix pour obtenir des informations sur la structure

tridimensionnelle d‟une proteacuteine ou sur son changement de conformation induit par la fixation

d‟un ligand ou d‟un partenaire proteacuteique Neacuteanmoins cette approche souffre de deux

limitations importantes (i) l‟eacutechange inverse ou laquo back-exchange raquo qui peut avoir lieu en

solution agrave diffeacuterentes eacutetapes de l‟expeacuterience et (ii) la migration intramoleacuteculaire des protons

et des deuteacuterons ou laquo scrambling raquo qui peut se deacuterouler en phase gazeuse particuliegraverement

au cours d‟expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS) Ces deux processus

doivent ecirctre minimiseacutes pour obtenir des reacutesultats interpreacutetables Nous avons vu dans le Chap

II que la minimisation du laquo scrambling raquo neacutecessitait une optimisation minutieuse et speacutecifique

des potentiels de la source d‟ionisation et des optiques de transfert ionique afin de rendre

minimale l‟excitation vibrationnelle des ions peptidiques deuteacutereacutes Les paramegravetres

instrumentaux ne peuvent neacuteanmoins pas ecirctre directement transfeacutereacutes d‟un instrument agrave un

autre Il convient donc d‟optimiser individuellement les diffeacuterents reacuteglages de l‟instrument

quand on en change pour eacuteviter la redistribution aleacuteatoire des hydrogegravenes et deuteacuteriums Cela

peut ecirctre commodeacutement reacutealiseacute par l‟utilisation de peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes

servant de sonde du laquo scrambling raquo pendant la fragmentation ECD ou ETD (1-3)

Ce dernier chapitre de ma thegravese est consacreacute agrave la minimisation du laquo back-exchange raquo lors

d‟expeacuteriences HDXMS En effet l‟eacutechange inverse reste et demeure une neacutecessiteacute mais

eacutegalement un problegraveme seacuterieux inheacuterent agrave la technique HDX Il conduit agrave une variation du

nombre de deuteacuteriums entre l‟eacutetape de marquage et l‟analyse finale par spectromeacutetrie de

masse En geacuteneacuteral cette variation prend la forme d‟une perte de deuteacuteration apregraves eacutechange

en solution deuteacutereacutee la reacuteaction d‟eacutechange sur les hydrogegravenes d‟amide est fortement ralentie

mais pas totalement arrecircteacutee par passage en conditions acides (pH 25) et agrave tempeacuterature reacuteduite

(0degC) geacuteneacuteralement dans un solvant majoritairement hydrogeacuteneacute Par conseacutequent ce laquo back-

exchange raquo peut avoir lieu lors des eacutetapes de preacuteparation de l‟eacutechantillon (digestion

dessalage concentration seacuteparationhellip) jusqu‟agrave son injection dans le spectromegravetre de masse

et son ionisation en phase gazeuse Ce pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse est neacutecessaire pour

assurer un retour des hydrogegravenes porteacutes par les chaicircnes lateacuterales sous forme hydrogeacuteneacutee mais

doit ecirctre controcircleacute pour maintenir en place le plus grand nombre possible des deuteacuteriums en

position amide pendant le temps neacutecessaire agrave l‟analyse

154

La maniegravere la plus simple de minimiser l‟eacutechange inverse est de maintenir un pH ougrave

l‟eacutechange est minimal et de rester agrave froid (Fig I 11) Comme nous l‟avons vu

preacuteceacutedemment le pH et la tempeacuterature sont ajusteacutes respectivement agrave 25 et agrave 0degC Sous ces

conditions de laquo quench raquo l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide est diminueacute de cinq ordres de

grandeur par rapport agrave un pH de 7 et une tempeacuterature de 25degC

La demi-vie pour l‟eacutechange inverse dans des conditions d‟arrecirct de la reacuteaction est entre

trente et cent vingt minutes en fonction de la seacutequence peptidique Par conseacutequent les eacutetapes

d‟analyse doivent ecirctre reacutealiseacutees le plus rapidement possible degraves lors que la reacuteaction est

bloqueacutee Ainsi il n‟est pas envisageable de reacutealiser une digestion enzymatique d‟une heure

suivie d‟un gradient d‟une heure suppleacutementaire pour l‟eacutetape de seacuteparation

chromatographique Des protocoles et dispositifs expeacuterimentaux ont eacuteteacute mis au point afin

d‟optimiser les eacutetapes de digestion et de seacuteparation (4-5) Si ces eacutetapes tiennent dans un

minimum de temps d‟environ trente minutes au total le recouvrement en deuteacuteriums peut ecirctre

supeacuterieur agrave 85 Il faut noter que quelques eacutechanges inverses ont lieu dans l‟interface de

l‟eacutelectrospray mais qu‟ils n‟excegravedent pas 5 geacuteneacuteralement

Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment les hydrogegravenes des chaicircnes lateacuterales s‟eacutechangent

plus vite que les hydrogegravenes d‟amide Par conseacutequent lorsque la proteacuteine ou les peptides

marqueacutes sont placeacutes dans les solvants hydrogeacuteneacutes utiliseacutes pour la digestion ou l‟analyse

chromatographique tous les deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales redeviennent rapidement des

hydrogegravenes Ainsi un increacutement de masse pourra ecirctre associeacute agrave l‟incorporation d‟un

deuteacuterium sur une fonction amide du squelette polypeptidique Le problegraveme est un peu plus

compliqueacute pour les proteacuteines ou les peptides riches en arginine car comme nous l‟avons vu

l‟arginine possegravede sur sa chaicircne lateacuterale deux hydrogegravenes qui eacutechangent agrave la vitesse des

hydrogegravenes d‟amide et pour lesquels l‟eacutetape de lavage (substitution de D en H) sera donc

moins efficace

Notons eacutegalement que les conditions de l‟eacutechange inverse (pH acide solvant organique)

favorisent a priori une forme deacutenatureacutee pour la proteacuteine initiale conduisant agrave un eacutechange

inverse moins deacutependant des structures secondaire tertiaire et quaternaire Par conseacutequent les

vitesses d‟eacutechange ne deacutependent globalement que de la seacutequence primaire Pour des peptides

typiques cette seacutequence conduit agrave une vitesse d‟eacutechange globalement proche pour tous les

sites conduisant agrave un eacutechange inverse de type laquo aleacuteatoire raquo Ceci rend en partie compte de la

forme gaussienne des distributions isotopiques obtenues pour les peptides deuteacutereacutes

155

Finalement le choix d‟une approche laquo top-down raquo semblerait ecirctre la meilleure solution

pour minimiser l‟eacutechange inverse Dans ce cas la proteacuteine entiegravere apregraves arrecirct de la reacuteaction

d‟eacutechange par diminution du pH et de la tempeacuterature est fragmenteacutee directement en phase

gazeuse Cette approche offre donc la possibiliteacute unique de reacuteduire consideacuterablement l‟effet

du laquo back-exchange raquo voire mecircme de presque l‟eacuteliminer dans des conditions expeacuterimentales

strictes (6) Ceci est ducirc au fait qu‟il n‟y a pas d‟eacutetape preacutealable agrave l‟analyse par spectromeacutetrie

de masse telle qu‟une digestion enzymatique agrave la pepsine ou une seacuteparation

chromatographique en phase liquide Cependant il faut noter le fait qu‟il n‟est pas toujours

possible d‟opter pour une approche laquo top-down raquo En effet pour des systegravemes de taille trop

importante par exemple l‟efficaciteacute de fragmentation en ECD est trop faible pour obtenir une

reacutesolution agrave l‟acide amineacute pregraves pour la plus grande partie de la proteacuteine

Dans tous les cas apregraves le laquo quench raquo de la reacuteaction de marquage l‟eacutechantillon doit ecirctre

injecteacute si possible agrave froid et le plus rapidement dans la source du spectromegravetre de masse pour

limiter le laquo back-exchange raquo

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction

Plusieurs modes d‟introduction de l‟eacutechantillon marqueacute dans le spectromegravetre de masse ont

eacuteteacute deacuteveloppeacutes en fonction de l‟approche MS adopteacutee laquo bottom-up raquo ou laquo top-down raquo La

mise au point de ces diffeacuterents systegravemes d‟injection doit eacutegalement prendre en compte la

technique d‟ionisation utiliseacutee La technique d‟analyse par MS la plus communeacutement utiliseacutee

pour les expeacuteriences HDX est l‟eacutelectrospray (ESI) tandis que la meacutethode MALDI est plus

rarement employeacutee (7-11) Cela s‟explique par le fait que contrairement agrave la technique ESI

elle ne peut ecirctre coupleacutee en ligne avec des systegravemes de chromatographie liquide qui sont tregraves

utiles pour l‟analyse de meacutelanges complexes

Autrement dit seule l‟eacutelectrospray autorise le couplage avec une chromatographie liquide

en phase inverse (HPLC-ESI-MS) permettant l‟isolation de peptides et de proteacuteines en

meacutelange complexe Cette eacutetape de seacuteparation est indispensable dans beaucoup d‟eacutetudes

d‟identification et de caracteacuterisation de biomoleacutecules par spectromeacutetrie de masse Elle est

d‟autant plus neacutecessaire dans le cas d‟analyses de systegravemes proteacuteiques de grande taille en

HDXMS En effet la superposition des nombreux massifs isotopiques qui ont eacuteteacute deacuteplaceacutes et

eacutelargis par le marquage complique eacutenormeacutement l‟analyse En pratique apregraves avoir arrecircteacute la

156

reacuteaction d‟eacutechange l‟eacutechantillon est directement introduit dans la source eacutelectrospray via une

HPLC (laquo High-Performance Liquid Chromatography raquo)

La technique HPLC-ESI-MS preacutesente donc plusieurs avantages Elle est tout d‟abord

particuliegraverement bien adapteacutee pour la seacuteparation temporelle d‟un grand nombre de peptides

L‟eacutetape de seacuteparation en HPLC participe eacutegalement au lavage des chaicircnes lateacuterales des

acides amineacutes (12) Elle est compatible avec la plupart des tampons et avec la preacutesence

d‟agents deacutenaturants et offre la possibiliteacute de concentrer rapidement des eacutechantillons dilueacutes

En contre partie l‟avantage du MALDI-MS par rapport agrave l‟ESI-MS est qu‟un grand nombre

d‟eacutechantillons peuvent ecirctre analyseacutes dans une courte peacuteriode de temps De plus cette

technique est plus toleacuterante aux sels que l‟eacutelectrospray et ne requiert donc pas d‟eacutetape

preacutealable de dessalage de l‟eacutechantillon Bien que l‟ionisation MALDI soit plus facilement

reacutealisable et interpreacutetable elle conduit neacuteanmoins agrave une perte en deuteacuteriums significativement

plus eacuteleveacutee par rapport agrave la meacutethode ESI mecircme si des essais ont eacuteteacute meneacutes pour reacuteduire ces

pertes (13) De plus il n‟est pas envisageable d‟utiliser la technique MALDI pour l‟analyse de

systegravemes proteacuteiques complexes de hauts poids moleacuteculaires En effet les informations de tous

les peptides sont fournies dans un mecircme spectre de masse le rendant laquo illisible raquo et il n‟est pas

possible de reacutealiser preacutealablement agrave l‟analyse une seacuteparation par HPLC qui serait pourtant

indispensable pour ce type d‟eacutechantillon

Les deux sous-paragraphes suivants constitueront un bilan des diffeacuterents systegravemes

d‟introduction de l‟eacutechantillon marqueacute dans le spectromegravetre de masse qui ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes

avant mon arriveacutee au laboratoire des Meacutecanismes Reacuteactionnels Ils ont eacuteteacute mis au point par

l‟eacutequipe ou par d‟autres groupes dans un contexte de minimisation de l‟eacutechange inverse

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo

Une extension eacutevidente de la meacutethode HDXESI-MS est l‟utilisation du nano-deacutebit bien

qu‟elle ne soit pas encore systeacutematique En effet ce choix est particuliegraverement pertinent pour

des proteacuteines qui sont difficiles agrave obtenir (eacutechantillons biologiques preacutecieux) ainsi que pour

celles qui forment des agreacutegats proteacuteiques agrave forte concentration Ces derniegraveres suscitent un vif

inteacuterecirct car elles sont pour la plupart responsables de maladies neurodeacutegeacuteneacuteratives telles que

les maladies agrave prion dAlzheimer ou de Parkinson Dans la litteacuterature on trouve quelques

eacutetudes HDX utilisant la technique d‟analyse nano-ESI-MS laquo off-line raquo (14-15) ou coupleacutee en

157

ligne aux eacutetapes de digestion enzymatique et de seacuteparation chromatographique (16) Par la

reacuteduction du systegraveme il a eacuteteacute obtenu une sensibiliteacute supeacuterieure d‟un facteur cent tout en

conservant la deuteacuteration

Lors de la thegravese de Thorsten Daubenfeld (17) notre eacutequipe a valideacute un systegraveme par

injection directe nano-ESI-FTMS pour l‟eacutetude structurale de proteacuteines par HDX En effet les

tregraves hautes performances d‟un instrument de type FT-ICR tant au niveau de la reacutesolution que

de la preacutecision sur la mesure de masse ont permis de s‟affranchir d‟une seacuteparation

chromatographique pour les proteacuteines eacutetudieacutees (18) L‟eacutechange inverse relatif agrave cette eacutetape a

ainsi eacuteteacute eacutelimineacute Cependant comme le systegraveme n‟eacutetait pas refroidi une aiguille nanospray

autorisait un temps d‟analyse de trois minutes seulement avant le reacutechauffement de la solution

menant au pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse Il faut noter ici que plus le temps d‟analyse est

faible moins il est aiseacute de deacutetecter des peptides deuteacutereacutes couvrant une gamme dynamique

importante seule l‟accumulation d‟un nombre important de spectres permet de gagner en

gamme dynamique Par ailleurs plus la taille du systegraveme proteacuteique est grande moins il est

facile de suivre l‟incorporation de deuteacuteriums des peptides car leur nombre croicirct fortement et

leurs massifs isotopiques deacuteplaceacutes et eacutelargis se superposent

Ce problegraveme de superposition des massifs isotopiques est classiquement reacutesolu par le

couplage du spectromegravetre de masse avec une technique de seacuteparation chromatographique (16

19) permettant d‟isoler les diffeacuterents peptides preacutesents dans l‟analyte dans une seconde

dimension Cette seacuteparation doit dans le cas d‟eacutetudes en HDXMS respecter les contraintes

lieacutees agrave la technique ie qu‟elle doit limiter les eacutechanges inverses Pour cela plusieurs

meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees Elles utilisent soit des solvants protiques auquel cas la

seacuteparation doit se faire agrave froid en conditions acides et rapidement soit des solvants non-

protiques Par exemple la chromatographie supercritique a eacuteteacute proposeacutee comme alternative

aux gradients sur phase inverse classiques permettant de s‟affranchir des problegravemes de

tempeacuterature et de dureacutee d‟eacutelution (20) De plus le temps de reacutetention associeacute agrave un peptide

reste inchangeacute quel que soit son degreacute de deuteacuteration En effet l‟incorporation en deuteacuteriums

des peptides n‟altegravere que tregraves peu leur temps de reacutetention (21-22) Par conseacutequent ils

serviront de reacutefeacuterence pour identifier les peptides apregraves eacutechanges HD

158

Lors de la thegravese de Magalie Duchateau (23) notre eacutequipe a mis au point et optimiseacute un

systegraveme nano-LC-ESI-FTMS refroidi pour l‟analyse structurale de proteacuteines de haut poids

moleacuteculaire et de complexes proteacuteiques tels que des complexes d‟initiation de la traduction

chez les archeacutees et les eucaryotes par HDX Le montage comprenant deux vannes nano une

preacute-colonne et une colonne est immergeacute dans de l‟eau glaceacutee pendant toute la dureacutee de

l‟analyse pour refroidir un maximum le systegraveme et ainsi minimiser les eacutechanges inverses Il

est coupleacute agrave une chaicircne de nano-chromatographie liquide

Notons eacutegalement que Waters commercialise deacutesormais un systegraveme complegravetement inteacutegreacute

pour les eacutetudes HDXMS appeleacute laquo nanoACQUITY UPLC System with HDX Technology raquo

qui peut ecirctre coupleacute agrave un spectromegravetre de masse du mecircme constructeur Le systegraveme integravegre

eacutegalement une proteacuteolyse laquo on-line raquo Les vannes et colonnes sont refroidies agrave 0degC par des

modules agrave effet Peltier

IV22 Avec une approche laquo top-down raquo

Une meacutethode populaire consiste agrave geacuteneacuterer et agrave envoyer un flux continu de solution

contenant la proteacuteine deuteacutereacutee vers la source d‟ionisation Ce dernier reacutesulte du meacutelange de la

solution de proteacuteine dans son tampon d‟eacutechange avec celle d‟arrecirct de la reacuteaction Sur ce

principe un dispositif avec deux seringues relieacutees ensemble et connecteacutees eacutegalement avec le

spectromegravetre de masse a eacuteteacute imagineacute (24) (Fig IV 1) Les deux seringues contiennent les

deux solutions agrave meacutelanger donneacutees ci-dessus Ce montage permet de proceacuteder agrave l‟arrecirct de la

reacuteaction d‟eacutechange au point de connexion des deux seringues Cette eacutetape s‟effectue laquo on-

line raquo puisque le flux reacutesultant du meacutelange des deux solutions est directement dirigeacute vers

l‟entreacutee du spectromegravetre de masse Dans ces conditions le temps pendant lequel peut avoir

lieu le laquo back-exchange raquo correspond uniquement agrave la courte dureacutee de reacutesidence dans le tube

capillaire (eg une minute) qui s‟eacutetend du nœud de connexion reliant les deux seringues agrave la

source d‟ionisation eacutelectrospray (scheacutematiseacute en violet sur la Fig IV 1) De cette faccedilon le

laquo back-exchange raquo peut ecirctre efficacement reacuteduit

159

Seringue 1 proteacuteine dans D2O

Seringue 2 solution H2O (pH 25 0degC)

Source drsquoionisation

eacutelectrospray

Arrecirct de la

reacuteaction drsquoeacutechange

Fig IV 1 Scheacutema drsquoun dispositif drsquointroduction des eacutechantillons dans une approche laquo top-

down raquo HDX mettant en œuvre le flux continu

Une autre meacutethode d‟introduction minimisant le laquo back-exchange raquo consiste agrave deacutesolvater et

ioniser directement la solution de proteacuteine dans son tampon d‟eacutechange sans passer par une

eacutetape preacutealable d‟arrecirct de la reacuteaction (25) (Fig IV 2) La reacuteaction d‟eacutechange HD est alors

arrecircteacutee au moment mecircme ougrave la proteacuteine est deacutesolvateacutee Des ions en phase gazeuse sont alors

geacuteneacutereacutes

Source ESI

Spectromegravetre

de masse

Aiguille nanospray avec solution de

proteacuteine dans tampon drsquoeacutechange

+ 1 NBA (reacuteactif superchargeacute)

Fig IV 2 Scheacutema du mode drsquointroduction des eacutechantillons par spray direct dans une

approche laquo top-down raquo HDX

Le profil de deuteacuteration en phase gazeuse devant impeacuterativement refleacuteter celui en solution

ces deux modes d‟injection sont privileacutegieacutes car ils permettent de reacuteduire le laquo back-exchange raquo

D‟autre part l‟ajout d‟une solution acide pour l‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange HD ou

l‟utilisation d‟un reacuteactif superchargeacute tel que le NBA (laquo nitrobenzyl alcohol raquo) augmente de

faccedilon significative l‟eacutetat de charge de la proteacuteine Cela se traduit donc par une ameacutelioration

consideacuterable de l‟efficaciteacute de fragmentation par ECD (ou ETD) meacutethode choisie pour limiter

le laquo scrambling raquo Toutefois notons que ces deux montages excluent la possibiliteacute de reacutealiser

une eacutetape de dessalage preacutealable agrave l‟injection dans le spectromegravetre de masse Or dans le cas

d‟eacutechantillons reacuteels les proteacuteines sont initialement conserveacutees en conditions natives dans leur

160

tampon de purification qui est riche en sels L‟eacutelectrospray eacutetant tregraves sensible agrave la preacutesence de

sels ou d‟additifs qui contribuent agrave la suppression du signal une eacutetape de dessalage est alors

neacutecessaire avant leur analyse Par conseacutequent afin de pouvoir analyser des eacutechantillons

proteacuteiques reacuteels le deacuteveloppement de nouveaux dispositifs d‟introduction laquo off-line raquo s‟est

reacuteveacuteleacute indispensable Il est donc tregraves important de travailler agrave froid

Le systegraveme d‟injection que j‟ai utiliseacute au deacutebut de ma thegravese a eacuteteacute mis en place au sein du

laboratoire trois mois avant mon arriveacutee avec la collaboration du Professeur Joslashrgensen Il

s‟agit eacutegalement d‟un montage en flux continu mais laquo off-line raquo constitueacute d‟une seule

seringue (Fig IV 3)

Proteacuteine deuteacutereacutee dans

solution H2O (pH 25 0degC)

Source ESI

Carboglace

(-78degC)Spectromegravetre

de masse

Gaz de neacutebulisation

N2 (TdegC ambiante)

Fig IV 3 Scheacutema de notre ancien dispositif drsquointroduction des eacutechantillons en flux continu

laquo off-line raquo la seringue refroidie

Avec ce type de dispositif la preacuteparation de l‟eacutechantillon correspondant agrave son marquage et

agrave son dessalage peut ecirctre reacutealiseacutee en amont Elle se deacutecline en trois eacutetapes qui sont les

suivantes (1) initiation de la reacuteaction d‟eacutechange HD en diluant la proteacuteine dans son tampon

de purification deuteacutereacute puis (2) fixation du marquage apregraves un temps d‟incubation t donneacute en

ajoutant une solution acide (pH final de 25) agrave basse tempeacuterature (0degC) et enfin (3) dessalage

et concentration de l‟eacutechantillon agrave l‟aide d‟une colonne de phase inverse C8 Cette derniegravere

eacutetape doit ecirctre reacutealiseacutee dans la glace et pendant un temps tregraves court (une minute environ) afin

de limiter l‟eacutechange inverse L‟eacutechantillon est ensuite chargeacute immeacutediatement dans la seringue

preacutealablement refroidie agrave 0degC puis injecteacute dans la source eacutelectrospray du spectromegravetre de

masse FT-ICR

161

refroidie

Longueur minimale

Carboglace

deuteacutereacutee

Agrave 0 C

(pH 25 0 C)

Fig IV 4 Photographie de notre systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons marqueacutes la

seringue refroidie

La photographie de notre systegraveme d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes est preacutesenteacutee ci-

dessus (Fig IV 4) Ce dernier a eacuteteacute minutieusement optimiseacute afin de reacuteduire au maximum le

laquo back-exchange raquo Pour cela la seringue d‟injection est preacutealablement refroidie agrave 0degC entre

deux sachets de glace Au terme de la dureacutee d‟eacutechange HD preacutedeacutefinie la reacuteaction est arrecircteacutee

en diluant l‟eacutechantillon dans une solution acidifieacutee (pH final de 25) agrave 0degC L‟eacutechantillon est

conserveacute dans la glace Pour des eacutechantillons reacuteels une eacutetape de dessalage est reacutealiseacutee sous

ces mecircmes conditions strictes L‟eacutechantillon est alors preacuteleveacute gracircce agrave la seringue refroidie et

injecteacute dans la source du spectromegravetre de masse FT-ICR Pendant toute la dureacutee de l‟analyse

il est lui-mecircme refroidi par un sachet de carboglace surplombant la seringue Il est transfeacutereacute

par un capillaire en PEEK qui lui est agrave tempeacuterature ambiante et dont la longueur a par

conseacutequent eacuteteacute rendue minimale Pour des raisons techniques le capillaire ne mesure pas

moins de trente et un centimegravetres Un deacutebit d‟injection important eacutegal agrave 10 microLmin a donc

eacuteteacute utiliseacute Dans ces conditions il avait eacuteteacute montreacute que ce dispositif permettait un maintien

des deuteacuteriums agrave leur place pendant au moins dix minutes d‟acquisition de donneacutees Ainsi

l‟analyse d‟un point de cineacutetique de l‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange HD agrave la fin de

l‟acquisition en MS durait environ douze minutes Le dispositif d‟analyse ideacuteal combinerait

la consommation d‟une faible quantiteacute d‟eacutechantillon tout en minimisant les eacutechanges inverses

avec un temps d‟acquisition le plus long possible

162

Apregraves quelques mois d‟expeacuterimentation de ce systegraveme j‟ai pu dresser un rapide bilan des

difficulteacutes lieacutees agrave son utilisation La premiegravere surprise a eacuteteacute le nombre de seringues que l‟on

peut fecircler ou casser avec ce dispositif En effet bien que le modegravele de seringue choisi

(seringues Hamilton seacuterie 800) propose un piston renforceacute l‟eacutechantillon refroidi par la

carboglace a tendance agrave congeler Il forme alors un glaccedilon Tandis que le pousse-seringue

continue agrave fonctionner et agrave envoyer l‟eacutechantillon vers le spectromegravetre de masse une

surpression finit par ecirctre exerceacutee au niveau du verre de la seringue jusqu‟agrave sa fecirclure si

l‟analyse n‟est pas interrompue ou l‟eacutechantillon reacutechauffeacute Par ailleurs les deacutebits d‟injection

utiliseacutes impliquent de disposer d‟importantes quantiteacutes d‟eacutechantillon Dans le cas de l‟analyse

d‟eacutechantillons biologiques preacutecieux cette technique ne pourrait pas ecirctre utiliseacutee De plus

comme nous l‟avons vu dans le chapitre preacuteceacutedent les expeacuteriences sont difficilement

reproductibles Ayant pour objectif d‟ameacuteliorer le systegraveme j‟ai testeacute l‟effet du refroidissement

de l‟eacutechantillon par la carboglace lors de l‟analyse par MS et l‟influence du deacutebit d‟injection

sur le laquo back-exchange raquo

Pour cela j‟ai utiliseacute un systegraveme modegravele l‟ubiquitine Il s‟agit d‟une petite proteacuteine de 76

reacutesidus (86 kDa) dont la structure a eacuteteacute complegravetement deacutecrite dans la litteacuterature et qui est

souvent utiliseacutee dans la mise au point d‟approches par eacutechange HD Apregraves avoir deuteacutereacute

complegravetement l‟ubiquitine par incubation dans D2O (Annexe Mateacuteriel et meacutethodes) elle est

dilueacutee au centiegraveme dans une solution acidifieacutee H2OMeOH (4060) agrave environ 0degC Des

meacutelanges H2OACN (5050) eacutetaient auparavant utiliseacutes Le fait de choisir le meacutethanol comme

solvant et de l‟utiliser en plus grande proportion permet d‟une part d‟ameacuteliorer le processus

d‟ionisation par eacutelectrospray et d‟autre part de diminuer consideacuterablement le point de

congeacutelation de la solution agrave analyser Cela empecircche la formation systeacutematique de glaccedilons dus

au refroidissement de la solution par la carboglace L‟ubiquitine est ensuite directement

preacuteleveacutee par la seringue refroidie et injecteacutee dans la source ESI du spectromegravetre de masse FT-

ICR L‟analyse MS est reacutealiseacutee avec ou sans le sachet de carboglace surplombant la seringue

puis en testant diffeacuterents deacutebits d‟injection Le pourcentage de deuteacuteration de l‟ubiquitine est

suivi au cours des dix minutes d‟analyse autoriseacutes par le systegraveme de seringue refroidie afin de

mesurer l‟eacutechange inverse Les expeacuteriences sont reacutealiseacutees en duplicats ou triplicats pour

estimer l‟erreur de mesure

En theacuteorie en absence d‟eacutechange inverse la valeur du pourcentage de deuteacuteration devrait

rester constante et maximale en fonction du temps Dans la situation ideacuteale l‟ensemble des

hydrogegravenes d‟amide devraient ecirctre marqueacutes et aucun autre site ne devrait ecirctre deuteacutereacute

163

deacutefinissant ainsi un 100 theacuteorique En pratique ce pourcentage doit ecirctre corrigeacute pour

prendre en compte la preacutesence de deuteacuteriums dilueacutes dans la solution d‟eau leacutegegravere acidifieacutee On

peut par conseacutequent corriger le ratio maximal par la formule suivante

ougrave Ntot est le nombre total de sites eacutechangeables (hydrogegravenes d‟amide et chaicircnes lateacuterales)

Namide est le nombre de liaisons peptidiques R est le pourcentage de deuteacuteriums dans la

solution dilueacutee rapporteacute au nombre total d‟hydrogegravenes et de deuteacuteriums Damide est le taux de

deuteacuteration reacuteel des hydrogegravenes d‟amide ducirc au marquage et Dexp est le ratio de deuteacuteration

expeacuterimental donneacute par la formule suivante

ougrave nD est le nombre de deuteacuteriums (mesureacute par spectromeacutetrie de masse par exemple) Du fait

de la preacutesence de deuteacuteriums dans la solution on s‟attend donc agrave une surestimation du taux de

deuteacuteration Ainsi par exemple si on considegravere une dilution au 1100e dans une solution 6040

meacutethanoleau on trouve un ratio de deuteacuteration R de 19

ougrave 18 et 32 sont les masses molaires de l‟eau et du meacutethanol 079 est la densiteacute du meacutethanol

(celle de l‟eau est prise agrave 1) 4060 sont les proportions d‟eau et de meacutethanol

On s‟attend par conseacutequent agrave un taux de deuteacuteration maximal (avec Ntot = 146 Namide = 72)

d‟environ 102

De plus un excegraves de deuteacuteration suppleacutementaire peut ecirctre ducirc au non reacute-eacutechange d‟un

hydrogegravene pour les chaicircnes lateacuterales d‟arginine or l‟ubiquitine comporte 4 arginines dans sa

seacutequence Dans la suite de ce manuscrit une reacutefeacuterence agrave 105 sera prise qui correspond au

maximum expeacuterimentalement observeacute pour les diffeacuterents montages qui seront tenteacutes

164

Dans le cas des injections utilisant le montage d‟origine l‟eacutevolution preacutesenteacutee ci-dessous

est observeacutee (Fig IV 5)

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Avec carboglace Sans carboglace

Fig IV 5 Evolution du taux de deuteacuteration de lrsquoubiquitine mesureacute en fonction du temps apregraves

le deacutebut de lrsquoinjection Lrsquoubiquitine complegravetement deuteacutereacutee est introduite dans la source ESI

par le systegraveme de seringue refroidie Bleu pas de carboglace placeacute sur la seringue rouge

avec carboglace

Lors des cinq premiegraveres minutes les courbes avec et sans carboglace preacutesentent la mecircme

allure et se confondent presque La solution d‟ubiquitine agrave 0degC injecteacutee agrave 10 microLmin par la

seringue refroidie n‟a pas le temps de se reacutechauffer mecircme en l‟absence de carboglace Au

bout de cinq minutes la solution d‟ubiquitine se reacutechauffe en l‟absence de carboglace Ils

s‟opegraverent alors des eacutechanges inverses faisant chuter le pourcentage de deuteacuteration Par

conseacutequent en l‟absence de carboglace on divise le temps d‟analyse par deux au moins dans

des expeacuteriences HDXMS La partie initiale avec un taux de deuteacuteration plus eacuteleveacute

correspond agrave la combinaison d‟une perte de deuteacuteriums au cours du temps avec un effet de

deacutebit car initialement la seringue est maintenue agrave un deacutebit eacuteleveacute jusqu‟agrave apparition du signal agrave

t=0

L‟effet du deacutebit d‟injection de l‟eacutechantillon sur l‟eacutechange inverse (Fig IV 6) a ensuite eacuteteacute

testeacute pour le deacutebit de reacutefeacuterence de 10 microLmin et pour un deacutebit diviseacute par cinq de 2 microLmin

165

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie 10 microLmin 2 microLmin

Fig IV 6 Effet du deacutebit drsquoinjection sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse

MS Lrsquoubiquitine complegravetement deuteacutereacutee est introduite dans la source ESI par le systegraveme de

seringue refroidie surplombeacutee de carboglace Rouge deacutebit de 10 microLmin-1

violet deacutebit de

2 microLmin-1

Avec un faible deacutebit d‟injection (2 microLmin) de l‟eacutechantillon marqueacute le pourcentage de

deuteacuteration de l‟ubiquitine diminue consideacuterablement au cours de l‟analyse MS Les eacutechanges

inverses sont donc plus nombreux dans ces conditions expeacuterimentales On enregistre un

laquo back-exchange raquo moyen apregraves eacutequilibration de 35

Les graphes des Fig IV 5 et Fig IV 6 montrent que le systegraveme de seringue refroidie

permet de reacuteduire au maximum le laquo back-exchange raquo si l‟eacutechantillon est lui-mecircme refroidi par

la carboglace lors de l‟analyse MS et qu‟il est injecteacute agrave un deacutebit eacuteleveacute (10 microLmin)

Cependant le laquo back-exchange raquo moyen reste non neacutegligeable eacutegal agrave 20 Ayant eacutetudieacute

l‟ensemble des paramegravetres possibles en restant sur la base de ce systegraveme nous ne pouvons

guegravere plus l‟ameacuteliorer Nous avons donc deacutecideacute d‟inventer et de deacutevelopper un nouveau

systegraveme d‟introduction

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection

L‟ideacutee a eacuteteacute d‟imaginer un dispositif capable de stocker l‟eacutechantillon marqueacute aux

deuteacuteriums agrave tregraves basse tempeacuterature en dessous de zeacutero degreacute avant son analyse finale par

spectromeacutetrie de masse

166

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo

La laquo cryosource raquo est le nom que nous avons donneacute agrave notre dispositif d‟injection (Fig IV

7) Il s‟agit d‟une enceinte close thermostateacutee agrave tempeacuterature controcircleacutee avec comme objectif

initial une plage de tempeacuterature allant de la tempeacuterature ambiante agrave -100degC C‟est une boicircte

thermiquement isoleacutee issue de la transformation d‟une glaciegravere Elle se branche directement

sur la source ESI Elle est traverseacutee par un flux reacuteguleacute de gaz refroidi agrave l‟azote liquide (78 K)

La tempeacuterature interne de la boicircte est mesureacutee en continu par une sonde thermique et ajusteacutee

par un reacutegulateur de tempeacuterature controcirclant une reacutesistance chauffante L‟eacutechantillon est

introduit dans la laquo cryosource raquo puis injecteacute dans la source ESI du FT-ICR par un systegraveme de

vanne et boucle d‟injection Il est entraicircneacute vers le spectromegravetre de masse gracircce agrave l‟entreacutee d‟un

flux continu de solvant geacuteneacutereacute par un pousse-seringue situeacute agrave l‟exteacuterieur de la laquo cryosource raquo

deuteacutereacute agrave pH 25 et agrave 0 C

-30 C

Reacutegulateur de tempeacuterature

N2 (-30 C)

Azote liquide

Fig IV 7 Photographie de la laquo cryosource raquo

IV32 Mateacuteriel et meacutethodes

IV321 Instrumentation

Dans un premier temps voici la description de la version optimiseacutee de la laquo cryosource raquo et

des conditions expeacuterimentales neacutecessaires agrave la reacutealisation d‟expeacuteriences pour l‟eacutetude de la

167

structure de petites proteacuteines en HDXMS Elle est illustreacutee dans le scheacutema ci-apregraves (Fig IV

8)

L‟enceinte inteacuterieure de la laquo cryosource raquo est refroidie agrave une tempeacuterature de -30degC par

l‟arriveacutee d‟un gaz froid via un tuyau en cuivre Celui-ci forme un serpentin plongeacute dans un

reacutecipient rempli d‟azote liquide (78 K) qui permet le refroidissement du flux continu de gaz

entrant dans le systegraveme Une partie du gaz froid est envoyeacutee dans la laquo cryosource raquo agrave l‟aide

d‟un raccord en T tandis que l‟autre partie traverse le systegraveme et vient refroidir la ligne de

transfert de l‟eacutechantillon qui est introduit dans la source ESI

L‟inteacuterieur de la boicircte est maintenu agrave une tempeacuterature constante par un reacutegulateur de

tempeacuterature eacutequipeacute d‟une sonde thermique et d‟un ruban chauffant La sonde thermique de

type K est positionneacutee au niveau de la boucle contenant l‟eacutechantillon tandis que le ruban

chauffant entoure les tuyaux en cuivre deacuteposeacutes au fond de la boicircte Un ventilateur placeacute dans

l‟enceinte assure l‟homogeacuteneacuteiteacute de la tempeacuterature dans celle-ci

L‟eacutechantillon introduit dans une boucle de 75 microL par une vanne d‟injection est pousseacute vers

la source ESI du spectromegravetre de masse FT-ICR par le solvant agrave l‟aide d‟un pousse-seringue

Il est programmeacute agrave 2 microLmin correspondant agrave la valeur minimale du deacutebit pour laquelle le

spray est stable pour notre montage Les deacutebits infeacuterieurs deviennent instables lors du

refroidissement du montage probablement agrave cause de l‟augmentation de la viscositeacute des

solvants agrave -30degC Le volume injecteacute pour le remplissage de la boucle est de 100 microL

Finalement le gaz de neacutebulisation est eacutegalement refroidi par l‟azote liquide Il est envoyeacute agrave

l‟inteacuterieur du dispositif par un second tuyau en cuivre et est relieacute agrave l‟aiguille de neacutebulisation

de la source ESI permettant son refroidissement

168

Fig IV 8 Scheacutema du principe de la laquo cryosource raquo

IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes

Loptimisation de tous les paramegravetres expeacuterimentaux pour la laquo cryosource raquo a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave

laide de l‟ubiquitine proteacuteine modegravele et de peptides de reacutefeacuterence que l‟on peut deuteacuterer de

maniegravere seacutelective (peptides modegraveles conccedilus par le Prof T Joslashrgensen Universiteacute dOdense

Danemark)

L‟ubiquitine (100 microM) et les peptides modegraveles (1 mM) sont complegravetement deuteacutereacutes par

incubation dans D2O Ils sont ensuite dilueacutes (au 1100e) dans une solution H2OMeOH

(4060) agrave basse tempeacuterature contenant de l‟acide formique (2) pour l‟ubiquitine et de

l‟acide aceacutetique pour les peptides (05 M pH=23) L‟ubiquitine est alors immeacutediatement

analyseacutee par FT-ICR MS Les peptides quant agrave eux sont analyseacutes apregraves une incubation dans

H2O glaceacutee pendant un temps agrave deacuteterminer (environ 10 min avec le systegraveme de seringue

refroidie) afin de deacutemarquer seacutelectivement l‟extreacutemiteacute N-terminale et conserver un nombre

moyen de 45 deuteacuteriums du cocircteacute C-terminal (26-27)

L‟eacutetape de dessalage a eacuteteacute reacutealiseacutee manuellement sur colonne Une cartouche Sep-Paktrade

C8 a eacuteteacute utiliseacutee

169

IV33 Reacutesultats

IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine

IV3311 Reacutealisation de la maquette

Cette phase de reacutealisation de la maquette initiale a permis une grande creacuteativiteacute de notre

part et a deacutetermineacute la faisabiliteacute technologique des choix de conception Elle a eacuteteacute conccedilue agrave

l‟aide d‟un bac agrave glace isotherme et de son couvercle Cette boicircte en polystyregravene a montreacute de

bonnes capaciteacutes de stockage agrave basse tempeacuterature malgreacute des fuites thermiques non

neacutegligeables causant une perte de froid En particulier elle a permis de valider la plage de

tempeacuterature atteignable (0degC agrave -100degC) et de veacuterifier la faisabiliteacute de l‟utilisation de meacutelanges

eausolvant organique agrave ces tempeacuteratures On notera en particulier que bien que les

tempeacuteratures de cristallisation des meacutelanges eaumeacutethanol et eauaceacutetonitrile soient connues

la viscositeacute de ceux-ci ne l‟est pas Pour les meacutelanges eaumeacutethanol qui preacutesentent des

tempeacuteratures de cristallisation infeacuterieures agrave -100degC agrave forts rapports meacutethanoleau il s‟est

aveacutereacute impossible d‟obtenir un deacutebit stable agrave des tempeacuteratures infeacuterieures agrave -80degC Pour les

meacutelanges eauaceacutetonitrile la limite se situe vers -25degC pour un minimum theacuteorique agrave -43degC

IV3312 Reacutealisation des prototypes

Le produit a ensuite eacuteteacute deacuteveloppeacute et des prototypes ont eacuteteacute reacutealiseacutes pour permettre sa

validation apregraves une seacuterie de tests

Pour cela une glaciegravere de la marque Campingaz qui preacutesentait l‟avantage d‟avoir des

joints d‟eacutetancheacuteiteacute ainsi qu‟une reacutesistance garantie agrave des tempeacuteratures de -78degC a eacuteteacute

transformeacutee en laquo cryosource raquo Dans la premiegravere version de notre dispositif d‟introduction agrave

froid des eacutechantillons marqueacutes dans le spectromegravetre de masse le gaz de neacutebulisation a eacuteteacute

laisseacute agrave tempeacuterature ambiante (Fig IV 9)

170

Fig IV 9 Scheacutema du prototype de la laquo cryosource raquo avec le gaz de neacutebulisation agrave

tempeacuterature ambiante

Afin de valider le prototype nous lavons compareacute agrave l‟ancien systegraveme d‟injection la

seringue refroidie Les reacutesultats obtenus avec la premiegravere version de la laquo cryosource raquo (courbe

en violet) sont assez similaires agrave ceux enregistreacutes avec la seringue refroidie (courbe en rouge)

(Fig IV 10) L‟ubiquitine preacutesente un taux de deuteacuteration un peu plus eacuteleveacute lorsqu‟elle est

introduite par la laquo cryosource raquo par rapport agrave la seringue refroidie Par contre le pourcentage

de deuteacuteration est instable au cours de l‟analyse MS La laquo cryosource raquo dans cette

configuration n‟apporte pas de valeur ajouteacutee agrave la seringue refroidie Elle doit donc ecirctre

ameacutelioreacutee pour ecirctre valideacutee

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource N2 (Ta) Seringue refroidie

Fig IV 10 Effet du systegraveme drsquoinjection utiliseacute sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de

lrsquoanalyse MS Les dispositifs ici compareacutes sont le systegraveme de seringue refroidie et la premiegravere

version de la laquo cryosource raquo avec le gaz de neacutebulisation agrave tempeacuterature ambiante

Ubiquitine

171

L‟ameacutelioration de notre dispositif a porteacute sur le refroidissement du gaz de neacutebulisation par

l‟azote liquide (78 K) (Fig IV 8) Il est envoyeacute dans l‟enceinte isoleacutee agrave -30degC par un tuyau en

cuivre qui traverse la boicircte L‟extreacutemiteacute du tuyau de cuivre agrave la sortie de la laquo cryosource raquo

est brancheacutee au niveau de la source ESI L‟aiguille de spray est par ce systegraveme elle-mecircme

refroidie

On obtient alors un spray refroidi stable qui nous donne les reacutesultats suivants (courbe en

bleu fonceacute) (Fig IV 11) Dans cette configuration l‟ubiquitine preacutesente un pourcentage

moyen de deuteacuteration nettement supeacuterieur agrave celui obtenu avec les autres systegravemes (ou

versions de systegravemes) et le taux de deuteacuteration est stable tout au long de l‟analyse MS (Fig

IV 11 Tab IV 1)

Tab IV 1 Pourcentages moyens de deuteacuteration de lrsquoubiquitine obtenus agrave lrsquoaide de la

seringue refroidie et de la laquo cryosource raquo dans les versions 1 et 2 et calculeacutes agrave diffeacuterents

temps de lrsquoanalyse par MS

1 min d‟analyse 5 min d‟analyse 10 min d‟analyse

Seringue refroidie 8870 8518 8484

Cryosource version 1 9773 9167

Cryosource version 2 10388 10433 10388

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource N2 (-30degC)

Seringue refroidie Cryosource N2 (Ta)

Fig IV 11 Effet du refroidissement du gaz de neacutebulisation agrave -30degC avec la laquo cryosource raquo

sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

Ubiquitine

172

La Fig IV 11 montre que la ldquocryosourcerdquo dans sa version ameacutelioreacutee (avec le gaz de

neacutebulisation refroidi) agrave -30degC et pour un deacutebit d‟injection de 2 microLmin conduit agrave un

pourcentage de deuteacuteration tregraves proche de la valeur maximale attendue (105) et qui reste

stable pendant toute la dureacutee de l‟analyse par rapport au systegraveme de seringue refroidie La

laquo cryosource raquo avec ses diffeacuterents paramegravetres optimiseacutes est alors valideacutee

Nous avons ensuite testeacute diffeacuterentes tempeacuteratures dans la cryosource pour voir l‟influence

du paramegravetre tempeacuterature sur la deuteacuteration J‟ai donc eacutegalement testeacute les tempeacuteratures de -

20degC (courbe en violet) et -10degC (courbe en rouge) (Fig IV 12) Quelle que soit la

tempeacuterature de la laquo cryosource raquo elle nous permet de maintenir constant le taux de

deuteacuteration au cours de l‟analyse Cependant plus la tempeacuterature augmente plus le laquo back-

exchange raquo est important En effet agrave -30degC il est infeacuterieur agrave 3 tandis qu‟agrave -20degC le laquo back-

exchange raquo moyen est de 25 et agrave -10degC il est de 35 Ceci peut s‟expliquer par le fait que la

partie correspondant agrave la sortie de laquo cryosource raquo juste avant l‟entreacutee dans la source ESI

n‟est pas recouverte par un manchon isolant Elle est certes refroidie par l‟arriveacutee d‟un gaz

froid agrave -30degC mais qui se reacutechauffe au contact de l‟air conduisant agrave une perte de froid

Lorsque l‟inteacuterieur de la boicircte est agrave -30degC alors la sortie de la laquo cryosource raquo enregistre une

tempeacuterature d‟environ -10degC suffisante pour eacuteviter le reacute-eacutechange des deuteacuteriums avec les

hydrogegravenes Mais lorsque la tempeacuterature de la laquo cryosource raquo est supeacuterieure agrave -30degC ie agrave -

20degC ou agrave -10degC la sortie preacutesente des tempeacuteratures positives conduisant agrave du laquo back-

exchange raquo

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie -30degC -20degC -10degC

Fig IV 12 Effet de la tempeacuterature interne de la laquo cryosource raquo sur le maintien en place des

deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

173

Les Fig IV 11 et Fig IV 12 montrent que l‟utilisation de la laquo cryosource raquo agrave -30degC et

avec le refroidissement du gaz de neacutebulisation permet de reacuteduire le deacutebit d‟injection agrave 2

microLmin avec un laquo back-exchange raquo minimal (lt 3)

Nous avons ensuite voulu quantifier le laquo back-exchange raquo imputable agrave l‟eacutetape de dessalage

En effet le but ultime de cette eacutetude est de pouvoir utiliser notre dispositif d‟introduction des

eacutechantillons marqueacutes pour l‟analyse structurale de proteacuteines et de complexes proteacuteiques reacuteels

D‟apregraves le graphe de la Fig IV 13 nous concluons que l‟eacutetape de dessalage conduit agrave une

perte de 20 de la deuteacuteration lui aussi tregraves stable au cours du temps

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Sans dessalage Avec dessalage

Fig IV 13 Effet du dessalage sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

Nous avons deacuteveloppeacute un dispositif d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le

spectromegravetre de masse qui reacuteduit consideacuterablement le laquo back-exchange raquo Nous avons

deacutetermineacute un ensemble de paramegravetres optimiseacutes conduisant agrave moins de 3 d‟eacutechange inverse

en solution Pour cela il est indispensable d‟utiliser la laquo cryosource raquo pour refroidir

l‟eacutechantillon la tempeacuterature optimale du systegraveme eacutetant de -30degC pour un deacutebit d‟injection de

l‟analyte de 2 microLmin Le gaz de neacutebulisation doit ecirctre eacutegalement refroidi agrave -30degC La

laquo cryosource raquo preacutesente plusieurs avantages Elle permet de refroidir l‟eacutechantillon agrave tregraves basse

tempeacuterature agrave une valeur bien au-dessous de zeacutero degreacute Celsius ce qui allonge

consideacuterablement le temps d‟analyse La tempeacuterature est en effet stable pendant des temps

longs allant jusqu‟agrave une heure Et elle autorise de plus faibles deacutebits d‟injection Les diffeacuterents

paramegravetres optimiseacutes au niveau de l‟ancien et du nouveau dispositif d‟introduction des

eacutechantillons marqueacutes sont reacutecapituleacutes et compareacutes dans le tableau (Tab IV 2) Le dessalage

174

est maintenant l‟eacutetape critique pour la minimisation du laquo back-exchange raquo Il faudrait ecirctre

capable de le reacutealiser eacutegalement agrave -30degC dans la laquo cryosource raquo

Tab IV 2 Comparaison des paramegravetres optimiseacutes pour les systegravemes de seringue refroidie et

de laquo cryosource raquo

Finalement il convient de noter qu‟une derniegravere ameacutelioration a eacuteteacute apporteacutee agrave la

laquo cryosource raquo suite agrave l‟observation de problegravemes de reproductibiliteacute preacutesenteacutes ci-dessous Il

apparaissait reacuteguliegraverement des problegravemes de bouchage du montage ougrave apregraves injection le

montage se retrouvait agrave monter en pression au-delagrave de la limite permise par le pousse-

seringue Apregraves recherche de l‟origine de ce problegraveme reacutecurrent nous avons pu identifier ce

problegraveme comme eacutetant arriveacute lors de l‟ajout du gaz de neacutebulisation refroidi et eacutetant lieacute agrave une

tempeacuterature du tuyau d‟ameneacutee de ce gaz largement infeacuterieure agrave celle de l‟enceinte (-65degC

mesureacutes agrave la jonction avec la source ESI) L‟augmentation de viscositeacute voire la cristallisation

au niveau de ces points froids pourrait ecirctre agrave l‟origine de ces pheacutenomegravenes de bouchage Ce

problegraveme a eacuteteacute reacutegleacute en ameacuteliorant les eacutechanges thermiques dans l‟enceinte agrave la fois par

l‟augmentation du contact tuyau du gaz de neacutebulisationruban chauffant mais eacutegalement par

l‟ajout d‟un ventilateur dans l‟enceinte Une contrepartie de ces ajouts est une perte de la

capaciteacute de refroidissement en dessous de -30degC

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides

Nous avons ensuite souhaiteacute valider notre dispositif d‟introduction des eacutechantillons

marqueacutes permettant la minimisation du laquo back-exchange raquo sur des peptides modegraveles

seacutelectivement deuteacutereacutes En effet ces peptides sont speacutecifiquement construits pour la mise au

point d‟expeacuteriences HDXMS Leur analyse permet d‟eacutetudier les pheacutenomegravenes de laquo back-

exchange raquo et plus particuliegraverement de laquo scrambling raquo

175

IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK

Le peptide HHHHHHIIKIIK complegravetement deuteacutereacute est seacutelectivement deacutemarqueacute du cocircteacute N-

terminal apregraves dilution dans une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature Apregraves dix minutes

d‟incubation dans H2O glaceacutee le peptide introduit par la cryosource dans le spectromegravetre de

masse FT-ICR contient bien 45 deuteacuteriums Le reacutesultat est conforme agrave la publication de T

Joslashrgensen (26) De plus au cours de l‟analyse MS le nombre de deuteacuteriums reste constant par

rapport agrave l‟utilisation du systegraveme de seringue refroidie (Fig IV 14) La laquo cryosource raquo permet

donc de reacuteduire au maximum l‟eacutechange inverse dans le cas eacutegalement de l‟analyse du peptide

HHHHHHIIKIIK par HDX Le systegraveme peptide modegravele laquo cryosource raquo permettra d‟eacutetudier

par la suite le laquo scrambling raquo avec preacutecision

0

1

2

3

4

5

6

0 100 200 300 400 500 600

No

mb

re d

e d

eu

teacuteri

um

s

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource Seringue refroidie

Fig IV 14 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse Comparaison de la

laquo cryosource raquo vs la seringue refroidie

IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK

La mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee avec le peptide KKDDDDDDIIKIIK qui appartient agrave la

mecircme famille que HHHHHHIIKIIK Dans un premier temps il est complegravetement deuteacutereacute par

incubation dans D2O Puis il est seacutelectivement deacutemarqueacute du cocircteacute N-terminal par dilution dans

une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature Apregraves dix minutes d‟incubation dans H2O

glaceacutee le peptide est finalement injecteacute dans la laquo cryosource raquo puis analyseacute en spectromeacutetrie

de masse Son nombre de deuteacuteriums est alors supeacuterieur (56) agrave celui attendu (45) (Fig IV

15) Avant de tester la stabiliteacute de la laquo cryosource raquo il nous faut deacuteterminer le temps

HHHHHHIIKIIK

176

d‟incubation dans H2O glaceacutee pour lequel le peptide aura incorporeacute 45 deuteacuteriums

Apparemment ce temps serait supeacuterieur agrave quatorze minutes

5586311

5589655

5592998

55963595599711

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000001d +MS2(5586)

0

1

2

3

4

7x10

Intens

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5596387

5599738

5603078

5606417 5609768

5613124

5616476

56198265623171

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000010d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5589678 5593021 5596386

5599737

5603078

56064175609769

5613122

5616475

56198235623167

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000017d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5593029

5596384

5599727

5603066

5606408

5609760

5613115

5616464

5619811

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000030d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

58 D

Reacutefeacuterence sans HDX

Avec HDX sans incubation dans

H2O analyse agrave t0 = 0 min

Avec HDX incubation dans H2O

pendant 10 min56 D

Avec HDX incubation dans H2O

pendant 14 min

50 D

(a)

(b)

(c)

(d)

Fig IV 15 Zoom du massif isotopique de lrsquoion parent [M+3H] 3+

dans les spectres MS du

peptide KKDDDDDDIIKIIK Les eacutechantillons marqueacutes sont introduits par la laquo cryosource raquo

et le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes est calculeacute apregraves diffeacuterents temps drsquoincubation dans

H2O t0=0 min (b) 10 min (c) et 14 min (d) par rapport agrave la reacutefeacuterence sans marquage (a)

IV33221 Deacutetermination du temps drsquoincubation pour le deacutemarquage seacutelectif

J‟ai donc deacutecideacute de retravailler avec le systegraveme de seringue refroidie pour pouvoir

deacuteterminer ce temps Le montage reacutealiseacute a eacuteteacute le suivant apregraves que l‟eacutechantillon ait eacuteteacute

complegravetement deuteacutereacute il a eacuteteacute dilueacute dans une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature pour

bloquer la reacuteaction d‟eacutechange HD Il a ensuite eacuteteacute immeacutediatement preacuteleveacute et injecteacute agrave 10

microLmin par la seringue refroidie qui a eacuteteacute entoureacutee par deux sachets de glace L‟acquisition

des donneacutees a eacuteteacute reacutealiseacutee pendant vingt-cinq minutes Les reacutesultats sont donneacutes dans la Fig

IV 16 Avec le systegraveme de seringue refroidie le temps requis semble ecirctre de quatorze

minutes alors qu‟il paraissait ecirctre supeacuterieur avec la laquo cryosource raquo

La difficulteacute geacuteneacuterale agrave laquelle nous n‟avions pas penseacute initialement est la suivante les

hydrogegravenes d‟amide ne se deacutemarquent pas agrave la mecircme vitesse et dans les expeacuteriences de T

Joslashrgensen la fin du deacutemarquage a lieu dans le capillaire de transfert qui est agrave tempeacuterature

177

ambiante Elle est donc incontrocirclable La laquo cryosource raquo quant agrave elle ne comporte pas de

capillaire de transfert agrave tempeacuterature ambiante pour finir le deacutemarquage Par conseacutequent il

nous faut deacuteterminer avec ce nouveau mode d‟introduction le temps d‟incubation des

peptides dans H2O pour les deacutemarquer seacutelectivement et avoir exactement le bon nombre

initial de deuteacuteriums Il semblerait que ce temps d‟incubation soit plus long dans le cas de

l‟utilisation de la laquo cryosource raquo

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Temps danalyse (en minutes)

Fig IV 16 Nombre de deuteacuteriums de lrsquoion parent [M+3H] 3+

du peptide KKDDDDDDIIKIIK

calculeacute en fonction du temps de reacutesidence dans la seringue refroidie agrave 0degC tout au long de

lrsquoanalyse

Par conseacutequent j‟ai travailleacute de nouveau avec la laquo cryosource raquo par tacirctonnements J‟ai

reacutealiseacute plusieurs essais (Fig IV 17) Un essai correspond agrave une incubation du peptide

complegravetement marqueacute dans H2O glaceacutee et agrave une ou plusieurs injections dans la laquo cryosource raquo

agrave diffeacuterents temps D‟apregraves les reacutesultats du premier essai (points en bleu) le nombre de

deuteacuteriums retenu par le peptide seacutelectivement deacutemarqueacute apregraves vingt minutes d‟incubation est

supeacuterieur (53) agrave ce qui est attendu (45) mais apregraves trente minutes il est infeacuterieur (40) Un

deuxiegraveme essai a donc eacuteteacute reacutealiseacute apregraves vingt-cinq minutes d‟incubation (point rouge)

supposeacute ecirctre le temps que l‟on cherche agrave deacuteterminer Mais le nombre de deuteacuteriums s‟est

aveacutereacute bien supeacuterieur (68) agrave ce que nous attendions Un troisiegraveme essai (point orange) agrave trente

minutes d‟incubation a donneacute exactement le mecircme nombre de deuteacuteriums (53) qu‟une

mesure effectueacutee preacuteceacutedemment agrave vingt minutes (1er

essai) Un dernier essai a eacuteteacute reacutealiseacute pour

diffeacuterents temps d‟incubation allant de vingt agrave soixante minutes (points en violet) laissant

supposer que vingt-cinq minutes serait le temps rechercheacute Notons ici que je n‟ai pas eu de

178

signal en spectromeacutetrie de masse pour des temps d‟incubation infeacuterieurs agrave vingt minutes

Pourtant j‟ai testeacute les temps t= 0 15 min Par conseacutequent les reacutesultats ne sont pas

reproductibles et il semblerait que j‟ai rencontreacute des problegravemes de bouchage en raison de

l‟apparition de points froids dans le montage

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Temps dincubation dans H2O glaceacutee (en minutes)

Theacuteorie 1er essai 2e essai 3e essai 4e essai

Fig IV 17 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoincubation dans H2O glaceacutee

J‟ai alors reacutealiseacute le mecircme type d‟expeacuterience un autre jour en augmentant le deacutebit agrave 25

microLmin (courbe noire Fig IV 18) Cela m‟a permis finalement d‟obtenir du signal pour des

temps t= 0 15 min Cependant le temps d‟incubation dans H2O glaceacutee pour avoir le bon

nombre de deuteacuteriums initial semble avoir consideacuterablement eacuteteacute reacuteduit (de 25 agrave 10 min

environ) Pour s‟assurer de la reproductibiliteacute des reacutesultats la mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee un

autre jour (courbe orange) Puis j‟ai effectueacute deux autres essais (courbes bleue et rouge) le

mecircme jour apregraves avoir recouvert la sortie de la laquo cryosource raquo qui se branche sur la source

ESI du FT-ICR par un manchon isolant L‟ideacutee ici est de limiter au maximum les pertes de

froid agrave cet endroit La tempeacuterature diminue passant de -8degC agrave -15degC Ainsi le nombre de

deuteacuteriums est augmenteacute Les reacutesultats semblent reproductibles et deacutesormais un temps

d‟incubation de quinze minutes semble convenir

179

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Temps dincubation dans H2O glaceacutee (en minutes)

Fig IV 18 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoincubation dans H2O glaceacutee Le

deacutebit drsquoinjection a eacuteteacute augmenteacute agrave 25 microLmin et la sortie de la laquo cryosource raquo isoleacutee

thermiquement (courbes en bleu et en rouge)

IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo

Apregraves quinze minutes d‟incubation dans H2O glaceacutee le peptide est de nouveau injecteacute dans

la laquo cryosource raquo puis analyseacute par spectromeacutetrie de masse Son nombre de deuteacuteriums est une

nouvelle fois supeacuterieur (56) agrave celui attendu (45) De plus un pheacutenomegravene tout agrave fait

incompreacutehensible est observeacute le nombre de deuteacuteriums augmente lors des premiegraveres minutes

de l‟analyse alors que le peptide est stockeacute agrave -30degC dans la laquo cryosource raquo Le peptide gagne

deux deuteacuteriums suppleacutementaires au bout de cinq minutes passant de 56 agrave 76 deuteacuteriums

(Fig IV 19) Dans ces conditions la minimisation du laquo scrambling raquo en utilisant le peptide

KKDDDDDDIIKIIK et la laquo cryosource raquo ne peut pas ecirctre envisageacutee

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Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource

Fig IV 19 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse

Pour s‟assurer que ce pheacutenomegravene n‟est pas un arteacutefact expeacuterimental mais qu‟il est

reproductible la mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee agrave diffeacuterents temps t= 0 15 20 25 30 min

d‟incubation dans H2O glaceacutee (Fig IV 20) Les diffeacuterentes courbes preacutesentent la mecircme allure

deacutefinie par deux parties La premiegravere partie qui correspond aux cinq premiegraveres minutes

d‟analyse montre une augmentation du nombre de deuteacuteriums tandis que la seconde partie est

caracteacuteriseacutee par une diminution du nombre de deuteacuteriums Le temps d‟incubation dans H2O

glaceacutee a eacuteteacute changeacute et vingt minutes semblent maintenant convenir

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Temps danalyse (en minutes)

Theacuteorie

0 min

15 min

20 min

25 min

30 min

Fig IV 20 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents temps

drsquoincubation dans H2O glaceacutee

KKDDDDDDIIKIIK

181

Pour essayer de comprendre scientifiquement le pheacutenomegravene en utilisant le mecircme jeu de

donneacutees j‟ai traceacute le graphe suivant intensiteacute des ions formeacutes en fonction du temps

d‟analyse (Fig IV 21) Les courbes preacutesentent la mecircme allure que celles du graphe de la

figure preacuteceacutedente (Fig IV 20) L‟intensiteacute des ions semble varier comme le nombre de

deuteacuteriums

00E+00

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40E+07

60E+07

80E+07

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Inte

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Temps danalyse (en minutes)

0 min

15 min

25 min

30 min

Fig IV 21 Intensiteacute des ions en fonction du temps drsquoanalyse pour les diffeacuterents temps

drsquoincubation testeacutes

Nous deacutecidons alors de tracer le graphe de l‟intensiteacute des ions en fonction du nombre de

deuteacuteriums (Fig IV 22) Il apparaicirct alors clairement qu‟il existe une correacutelation entre le

nombre d‟ions formeacutes et le nombre de deuteacuteriums retenus Or les facteurs qui peuvent

influencer le nombre d‟ions formeacutes sont le pH et la concentration en analyte En effet un pH

acide et une concentration eacuteleveacutee d‟eacutechantillon favorisent la formation d‟ions Sachant que les

eacutechanges HD sont controcircleacutes non seulement par la tempeacuterature mais aussi par le paramegravetre

pH alors le pheacutenomegravene que nous observons ressemblerait agrave un effet de pH Cet effet de pH

s‟expliquerait par un effet de meacutelange entre la solution contenant l‟eacutechantillon (peptide

complegravetement deuteacutereacute dilueacute au 1100e dans une solution H2OMeOH 4060 acidifieacutee) et le

solvant (H2OMeOH 4060) qui sert agrave pousser l‟analyte vers la source du spectromegravetre de

masse (Fig IV 23)

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00E+00

20E+07

40E+07

60E+07

80E+07

10E+08

12E+08

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Inte

nsi

teacute d

es

ion

s

Nombre de deuteacuteriums

0 min

15 min

25 min

30 min

Fig IV 22 Intensiteacute des ions en fonction du nombre de deuteacuteriums pour les diffeacuterents temps

drsquoincubation testeacutes

Injection avec pousse-seringue

EchantillonSolvant Solvant

Δ pH

Δ concentration

Analyse en MS

Cryosource

Δ pH

Δ concentration

Chargement de lrsquoeacutechantillon

Injection de lrsquoeacutechantillon

Cas ideacuteal

Cas reacuteel

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

Injection avec pousse-seringue

EchantillonSolvant Solvant

Δ pH

Δ concentration

Analyse en MS

Cryosource

Δ pH

Δ concentration

Chargement de lrsquoeacutechantillon

Injection de lrsquoeacutechantillon

Cas ideacuteal

Cas reacuteel

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

Fig IV 23 Scheacutema explicatif de lrsquohypothegravese de lrsquoeffet de meacutelange observeacute

Afin de s‟affranchir de l‟effet de meacutelange nous avons deacutecideacute de modifier la composition

du solvant de faccedilon agrave avoir exactement la mecircme que pour l‟eacutechantillon Autrement dit nous

l‟avons acidifieacute et leacutegegraverement deuteacutereacute Le nouveau solvant est un meacutelange H2OMeOH 4060

auquel a eacuteteacute ajouteacute 05 M d‟acide aceacutetique et 1 de D2O Il est conserveacute agrave -20degC avant

chaque utilisation Un sachet de glace est eacutegalement deacuteposeacute sur la seringue contenant le

solvant lors de l‟analyse par MS Le lavage des capillaires en PEEK (boucle et celui

183

d‟introduction de l‟eacutechantillon dans le spectromegravetre de masse) est deacutesormais reacutealiseacute gracircce au

nouveau solvant Puis j‟ai testeacute l‟effet du deacutebit d‟injection sur la reacutetention du marquage dans

la laquo cryosource raquo (Fig IV 24 et Fig IV 25) Les reacutesultats montrent que pheacutenomegravene

s‟amplifie avec l‟augmentation du deacutebit ce qui est inattendu

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150 microLh (25 microLmin)

350microLh

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Fig IV 24 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Les analyses sont reacutealiseacutees dans lrsquoordre

croissant du deacutebit drsquoinjection

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150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)

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Fig IV 25 Zoom de la Fig IV 24 pour les dix premiegraveres minutes drsquoanalyse

Les mecircmes expeacuteriences ont ensuite eacuteteacute reacutealiseacutees en changeant l‟ordre des diffeacuterents deacutebits

d‟injection testeacutes (Fig IV 26 et Fig IV 27)

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150 microLh (25 microLmin)

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Fig IV 26 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Le deacutebit drsquoinjection de 600 microLh est testeacute en

premier puis celui de 150 microLh et enfin celui de 350 microLh

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Fig IV 27 Zoom de la Fig IV 26 pour les dix premiegraveres minutes drsquoanalyse

Les reacutesultats ne sont pas reproductibles Nous deacutecidons alors de raccourcir au maximum le

capillaire en PEEK qui transfegravere le solvant dans la laquo cryosource raquo (67 cm 22 cm) et de

recommencer une nouvelle seacuterie de mesures en changeant une nouvelle fois l‟ordre des

diffeacuterents deacutebits d‟injection testeacutes (Fig IV 28) Les reacutesultats obtenus ne sont toujours pas

satisfaisants

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Fig IV 28 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Le deacutebit drsquoinjection de 150 microLh est testeacute en

premier puis celui de 360 microLh et enfin celui de 350 microLh

Nous avons ensuite voulu deacutecoupler l‟effet du deacutebit agrave celui du temps en reacutealisant trois fois

conseacutecutivement la mecircme expeacuterience dans les mecircmes conditions avec le mecircme deacutebit et en

testant les deux deacutebits extrecircmes 2 microLmin et 10 microLmin (reacutealisation de triplicats) De

nouvelles conditions expeacuterimentales ont eacuteteacute deacutefinies La laquo cryosource raquo est eacutequilibreacutee pendant

trente minutes apregraves qu‟elle ait atteint sa tempeacuterature de -30degC Auparavant les analyses

eacutetaient lanceacutees sans l‟eacutetape de stabilisation de la laquo cryosource raquo De plus l‟ajout d‟azote

liquide dans le reacutecipient servant agrave refroidir le systegraveme n‟est deacutesormais plus effectueacute pendant

l‟analyse mais uniquement entre deux analyses Les reacutesultats sont donneacutes dans la Fig IV 29

Le nombre de deuteacuteriums n‟est toujours pas stable lors de l‟analyse par MS

Il semblerait que la tempeacuterature agrave l‟inteacuterieur de la laquo cryosource raquo ne soit pas homogegravene en

tout point L‟ajout d‟une seconde sonde thermique proche de la source du spectromegravetre de

masse pourrait mettre en eacutevidence le diffeacuterentiel de tempeacuterature

Une ideacutee serait de rincer la boucle d‟injection avec un solvant identique mais

complegravetement deuteacutereacute (D2OCH3ODCH3COOD) afin de comparer les reacutesultats

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150 microLh (25 microLmin)

600 microLh (10 microLmin)

Fig IV 29 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour les deacutebits drsquoinjection

de 2 microLmin et 10 microLmin sans incubation dans H2O glaceacutee

Le peptide KKDDDDDDIIKIIK semble ecirctre tregraves sensible vis-agrave-vis de la deuteacuteration agrave un

(ou plusieurs) paramegravetre(s) relatif(s) agrave l‟utilisation de la laquo cryosource raquo que nous n‟identifions

ni ne controcirclons Pour veacuterifier si ces problegravemes eacutetaient geacuteneacuteraux ou speacutecifiques de ce peptide

nous avons deacutecideacute deffectuer nos tests sur un peptide plus classique le Glufibrinopeptide

(GluF)

IV3323 Cas du peptide GluF

Le peptide GluF n‟est pas un peptide classiquement utiliseacute pour la mise au point

d‟expeacuteriences HDXMS mais il nous sert au laboratoire comme standard de calibration en

MSMS car il se fragmente pour donner de nombreux ions b et y en CID

Fort heureusement lanalyse du GluF agrave laide de la cryosource apregraves incubation dans D2O

et dilution dans les solvants hydrogeacuteneacutes indique que le marquage reste stable au cours de

l‟analyse par spectromeacutetrie de masse (Fig IV 30) Ces reacutesultats montrent que les problegravemes

que nous avons rencontreacutes preacuteceacutedemment semblent lieacutes agrave la nature du peptide K2D6IIKIIK et

permettent enfin de valider lutilisation de la laquo cryosource raquo minutieusement optimiseacutee pour

des eacutetudes HDXMS

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

Fig IV 30 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse apregraves injection du peptide

GluF deuteacutereacute dans la laquo cryosource raquo

IV34 Conclusion

Nous avons deacuteveloppeacute un nouveau systegraveme dintroduction des proteacuteines deuteacutereacutees dans le

spectromegravetre de masse que nous avons appeleacute laquo cryosource raquo Lutilisation de cette

laquo cryosource raquo permet le stockage des eacutechantillons dans une enceinte isoleacutee agrave -30degC ce qui

eacutevite le deacutemarquage pendant des temps longs (une heure) et permet eacutegalement de travailler

avec des deacutebits faibles de lordre de 2 microLmin

Loptimisation de tous les paramegravetres expeacuterimentaux pour la laquo cryosource raquo a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave

laide de peptides seacutelectivement marqueacutes et eacutegalement sur lubiquitine proteacuteine modegravele de 86

kDa

L‟analyse du peptide de reacutefeacuterence KKDDDDDDIIKIIK a permis une optimisation plus

fine des paramegravetres Des ameacuteliorations techniques ont eacuteteacute apporteacutees Le solvant utiliseacute pour

pousser l‟eacutechantillon jusqu‟agrave la source du spectromegravetre de masse a eacuteteacute modifieacute Il a eacuteteacute

acidifieacute (acide aceacutetique 05M) et deuteacutereacute (1 D2O) afin d‟avoir la mecircme composition que

celle de l‟eacutechantillon Il a eacutegalement eacuteteacute conserveacute agrave -20degC avant son utilisation L‟analyse est

reacutealiseacutee avec un sachet de glace sur la seringue contenant le solvant et le capillaire en PEEK

d‟entreacutee dans la laquo cryosource raquo a eacuteteacute raccourci (67 cm 22 cm) La sortie de la

laquo cryosource raquo assurant le couplage avec la source ESI a eacuteteacute quant agrave elle isoleacutee La

188

tempeacuterature optimale de la laquo cryosource raquo est de -30degC pour un deacutebit optimum de 25 microLmin

Avant le deacutebut des analyses la laquo cryosource raquo est eacutequilibreacutee agrave -30degC pendant trente minutes

pendant lesquelles le solvant est continuellement injecteacute permettant le rinccedilage des capillaires

Le remplissage d‟azote liquide pour le refroidissement du systegraveme est reacutealiseacute entre deux

analyses concomitamment agrave une eacutetape de lavage des capillaires de vingt minutes gracircce au

solvant

La toute derniegravere innovation apporteacutee agrave la laquo cryosource raquo est l‟ajout d‟un ventilateur afin

d‟homogeacuteneacuteiser la tempeacuterature agrave l‟inteacuterieur de la boicircte

Notre objectif final est dutiliser le dispositif d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes que

nous avons deacuteveloppeacute dans une approche HDX top-down ECD pour obtenir des informations

structurales sur des complexes proteacuteiques responsables de l‟initiation de la traduction dans le

cadre dune collaboration avec laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole Polytechnique Et plus

geacuteneacuteralement de fournir agrave la communauteacute des biologistes structuraux une meacutethodologie

robuste pour l‟analyse de proteacuteines et complexes proteacuteiques par eacutechanges isotopiques HD et

spectromeacutetrie de masse agrave tregraves haute reacutesolution (FT-ICR)

J‟aimerais souligner le fait que des travaux similaires ont eacuteteacute meneacutes par l‟eacutequipe du Prof

T Joslashrgensen au Danemark pour le mecircme objectif de reacuteduire le laquo back-exchange raquo lors

d‟eacutetudes HDX par top-down ECD ou ETD Dans leur cas ils ont deacuteveloppeacute un systegraveme de

refroidissement des eacutechantillons agrave -15degC tout aussi efficace agrave partir du systegraveme TriVersa

NanoMate de la socieacuteteacute Advion (28)

189

IV4 Bibliographie

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protein hydrogen exchange measured by subzero-cooled chip-based nanoelectrospray

ionization tandem mass spectrometry Analytical Chemistry 84 4467-4473

191

Conclusion geacuteneacuterale

192

193

Lobjectif initial de ce travail de thegravese eacutetait de mettre au point une meacutethode robuste top-

down HDX-MSMS (cest-agrave-dire combinant eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium en solution et

fragmentation de proteacuteines entiegraveres en phase gazeuse) pour pouvoir obtenir des informations

structurales sur des complexes proteacuteiques reacuteels Combiner eacutechanges HD et spectromeacutetrie de

masse nest pas nouveau mais les meacutethodes classiquement utiliseacutees dites bottom-up et

baseacutees sur une digestion enzymatique preacutesentent linconveacutenient majeur decirctre peu reacutesolutives

(5-10 acides amineacutes en moyenne) Mettre au point des approches sur proteacuteines entiegraveres

preacutesente sur le principe un grand nombre davantages le premier gain attendu est pour la

reacutesolution (qui peut atteindre un seul acide amineacute) le second est pour leacutechange inverse

(laquo back-exchange raquo) qui devrait en theacuteorie ecirctre plus limiteacute car le nombre deacutetapes lors

desquels ce pheacutenomegravene peut se produire (digestion enzymatique seacuteparation

chromatographique) est reacuteduit

Ce travail de thegravese montre cependant quil nest pas aiseacute de mettre une meacutethode top-down

HDX au point et que nous avons ducirc faire face agrave un certain nombre de problegravemes

Tout dabord les reacutesultats obtenus pour les peptides que lon peut seacutelectivement marquer

montrent quil est important doptimiser de maniegravere fine un certain nombre de paramegravetres

expeacuterimentaux que ce soit dans la source dionisation ou agrave diffeacuterents endroits de linstrument

pour eacuteviter au maximum leacutechange inverse entre deuteacuteriums et hydrogegravenes Nos reacutesultats

montrent eacutegalement que ces paramegravetres sont deacutependants du spectromegravetre de masse sur lequel

les expeacuteriences sont reacutealiseacutees et que lanalyse de peptides seacutelectivement marqueacutes devrait ecirctre

un preacute-requis pour toutes les eacutetudes par eacutechange HD Nos reacutesultats confirment eacutegalement que

lECD peut ecirctre utiliseacute pour localiser de maniegravere preacutecise les deuteacuteriums dans la seacutequence et

quune reacutesolution agrave lacide amineacute pregraves peut ecirctre obtenue ce qui est une ameacutelioration majeure

par rapport aux expeacuteriences classiques de bottom-up sans fragmentation

Sur la base du protocole optimiseacute pour des peptides nous avons souhaiteacute poursuivre

lanalyse du complexe aIF2 impliqueacute dans linitiation de la traduction chez les archeacutees Nous

avons alors fait face agrave un certain nombre de problegravemes Le premier a eacuteteacute le manque de

reproductibiliteacute de nos expeacuteriences avec des variations importantes au niveau du nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes et de leur localisation Un point crucial que nous avons mis en

eacutevidence au cours de nos travaux est que pour une proteacuteine contrairement agrave un peptide le

nombre de fragments est important leur intensiteacute couvre un large domaine dynamique et la

deuteacuteration reacuteduit fortement l‟intensiteacute totale Par conseacutequent il est neacutecessaire d‟accumuler un

194

grand nombre de scans MSMS pour faire augmenter le rapport signal sur bruit des fragments

peu intenses et que dans ce cas le problegraveme de leacutechange inverse devient majeur En effet

alors que pour des peptides leacutelargissement des pics ducirc agrave la deuteacuteration ne pose pas reacuteellement

de problegraveme danalyse car les masses des fragments ne sont pas tregraves eacuteleveacutees et le nombre de

fragments nest pas tregraves important le problegraveme est tout autre quand on passe sur des systegravemes

plus grands ne serait-ce que pour une petite proteacuteine de 10 kDa Ainsi il devient tout agrave fait

crucial de pouvoir accumuler pendant un temps suffisant pour pouvoir analyser correctement

les massifs isotopiques larges qui sont obtenus (et qui seacutelargissent au fur et agrave mesure que la

cineacutetique de deuteacuteration avance) Par ailleurs le nombre de fragments obtenus pour une

proteacuteine de 10 kDa est bien supeacuterieur agrave ce que lon attend pour un peptide et le

chevauchement des massifs isotopiques dans les spectres MSMS devient eacutegalement un

problegraveme qui conduit agrave une diminution importante des couvertures de seacutequence entre

leacutechantillon non deuteacutereacute et leacutechantillon deuteacutereacute

Nos reacutesultats obtenus sur aIF2 sont neacuteanmoins prometteurs et montrent quil est reacuteellement

possible dobtenir une reacutesolution agrave lacide amineacute pregraves sur certains segments de la proteacuteine et

que de nouvelles ameacuteliorations de lapproche devraient permettre darriver agrave lobjectif initial

que nous nous eacutetions fixeacutes LECD et lETD sont des meacutethodes de choix pour ces approches

mais certains reacutesultats que nous avons obtenus en CID montrent quil est sans doute possible

dutiliser ce mode de fragmentation installeacute sur tous les spectromegravetres de masse sous

certaines conditions qui restent encore agrave deacuteterminer

Lensemble de nos reacutesultats nous a ainsi conduits agrave consideacuterer que notre systegraveme

dintroduction des eacutechantillons baseacute initialement sur une seringue refroidie ne convenait pas

aux approches top-down et quil eacutetait absolument essentiel de trouver une solution

alternative permettant de maintenir le taux de deuteacuteration initial pendant un temps

suffisamment long pour quun grand nombre de scans MSMS puissent ecirctre accumuleacutes Nous

avons donc deacutecideacute de mettre au point un systegraveme complegravetement diffeacuterent de ce qui existe

aujourdhui dans les diffeacuterentes eacutequipes travaillant dans le domaine baseacute sur lutilisation dune

enceinte isoleacutee refroidie permettant de stocker les eacutechantillons agrave tregraves basse tempeacuterature ce qui

eacutevite le deacutemarquage pendant des temps longs et permet eacutegalement de travailler avec des

deacutebits faibles Le deacuteveloppement de cette cryosource nous a pris plusieurs mois car

maintenir une tempeacuterature de -30degC pour le stockage des eacutechantillons jusquagrave leur

introduction dans le spectromegravetre de masse induit un certain nombre de contraintes (viscositeacute

du solvant formation de bouchons difficulteacute agrave reacutealiser des meacutelanges homogegravenes sur des

195

temps courts) Neacuteanmoins les reacutesultats que nous avons obtenus avec la derniegravere version

optimiseacutee sont tregraves encourageants car ils montrent quil est deacutesormais possible de travailler

pendant des temps longs avec les eacutechantillons deuteacutereacutes sans que le taux de deuteacuteration ne

varie au cours de lanalyse Malheureusement nous navons pas eu le temps au cours de ma

thegravese de revenir sur les proteacuteines du complexe aIF2 et de les analyser avec ce nouveau

systegraveme dintroduction mais nous pensons que lutilisation de cette source devrait enfin

rendre notre approche robuste et applicable agrave des eacutechantillons reacuteels

Ainsi je considegravere que mon travail de thegravese a permis de faire un grand pas en avant pour

rendre les approches top-down HDX applicables agrave des systegravemes preacutesentant un inteacuterecirct

biologique important (ce qui nest pas exactement le cas de tout ce qui a eacuteteacute deacutecrit dans la

litteacuterature jusquici) et que dans quelques anneacutees ces approches complegraveteront de maniegravere

robuste larsenal des meacutethodes danalyse utiliseacutees en biologie structurale apportant des

informations compleacutementaires agrave ce que la RMN ou les rayons X sont capables de fournir

196

197

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes

198

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes 197

A1 Instrumentation 199

A11 Ionisation par eacutelectrospray 199 A111 Formation des gouttelettes chargeacutees 200 A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes 201 A113 Formation d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites gouttelettes fortement

chargeacutees 201 A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS) 203

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 203 A1211 Principe physique 206 A1212 Pieacutegeage des ions 206 A1213 Obtention des spectres de masse 208

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 212 A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse 212 A1222 Sensibiliteacute 212 A1223 Gamme dynamique 213 A1224 Gamme de masse 213

A123 Technologie Orbitrap214 A13 Fragmentation en phase gazeuse 216

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR 216 A132 Fragmentation par ETD sur l‟Orbitrap 218 A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF 220

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium 220

A21 Marquage 220 A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes 220 A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine 221 A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ 221

A22 Dessalage 222 A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse 222

A3 Bibliographie 224

199

A1 Instrumentation

A11 Ionisation par eacutelectrospray

La premiegravere eacutetape d‟une expeacuterience par spectromeacutetrie de masse consiste agrave vaporiser et

ioniser l‟analyte (des moleacutecules) ie agrave former agrave partir d‟un milieu gazeux liquide ou solide

des moleacutecules ioniseacutees isoleacutees manipulables dans le vide pousseacute preacutesent dans le spectromegravetre

de masse Pour cela diffeacuterentes sources d‟ionisation ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees adapteacutees agrave diffeacuterents

types d‟eacutechantillons et agrave diffeacuterents analyseurs

L‟eacutelectroneacutebulisation (ou eacutelectrospray ESI) est une meacutethode d‟ionisation agrave pression

atmospheacuterique qui permet de transfeacuterer et ioniser simultaneacutement des macromoleacutecules intactes

(eg des proteacuteines) preacutesentes en solution en phase gazeuse La formation des ions en phase

gazeuse par cette technique est reacutealiseacutee par des meacutecanismes de deacutesolvatation peu eacutenergeacutetiques

n‟induisant quasiment pas de fragmentation L‟eacutelectrospray est donc consideacutereacutee comme une

technique dionisation douce par opposition agrave d‟autres techniques comme l‟impact

eacutelectronique technique tregraves eacutenergeacutetique qui conduit agrave un grand nombre de fragmentations lors

de leacutetape dionisation De plus les ions isoleacutes sont formeacutes directement agrave partir des moleacutecules

en solution ce qui permet d‟eacuteviter une eacutetape de vaporisation par chauffage qui peut conduire

agrave la deacutegradation de l‟analyte L‟eacutelectroneacutebulisation a eacuteteacute deacuteveloppeacutee par John Fenn (1) sur la

base de travaux plus anciens de Malcolm Dole (2) et John Zeleny (3) et aujourd‟hui elle est

(avec le MALDI) la meacutethode de choix pour l‟eacutetude des biomoleacutecules par spectromeacutetrie de

masse

La formation des ions en phase gazeuse par eacutelectrospray se deacuteroule en trois eacutetapes

principales (i) formation des gouttelettes chargeacutees agrave l‟extreacutemiteacute dun capillaire meacutetalliseacute (ii)

eacutevaporation du solvant et fission des gouttelettes par explosions coulombiennes successives

et finalement (iii) obtention d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir des gouttelettes

fortement chargeacutees issues des deux premiegraveres eacutetapes Les meacutecanismes preacutecis de la formation

des espegraveces ioniseacutees et deacutesolvateacutees dans les deux derniegraveres eacutetapes sont aujourd‟hui encore

assez mal deacutefinis et sujets agrave controverse

200

A111 Formation des gouttelettes chargeacutees

L‟eacutetape initiale du processus d‟eacutelectrospray est la formation de gouttelettes chargeacutees agrave

partir d‟une solution Pour cela l‟eacutechantillon est introduit dans un capillaire meacutetallique (ou

une aiguille meacutetalliseacutee) porteacute agrave un fort potentiel eacutelectrique de plusieurs kilovolts (kV)

L‟application d‟une telle diffeacuterence de potentiel entre ce capillaire et une contre-eacutelectrode

placeacutee quelques millimegravetres plus loin induit une seacuteparation des charges agrave linteacuterieur du liquide

par un pheacutenomegravene eacutelectrophoreacutetique de migration des eacutelectrolytes (cations et anions) Lorsque

le capillaire est utiliseacute comme eacutelectrode positive les espegraveces cationiques s‟accumulent alors agrave

son extreacutemiteacute tandis que les anions migrent en sens inverse en s‟accumulant agrave l‟inteacuterieur

jusqu‟agrave s‟oxyder agrave la surface du capillaire (Fig A 1)

Fig A 1 Scheacutema simplifieacute du fonctionnement drsquoune source eacutelectrospray (4)

Ainsi en mode dit positif les cations sont attireacutes par l‟eacutelectrode neacutegative (contre-

eacutelectrode) et les anions par l‟eacutelectrode positive (capillaire) La seacuteparation des charges induit

une deacuteformation du liquide agrave l‟extreacutemiteacute du capillaire deacuteformation qui met en jeu un

eacutequilibre entre les forces eacutelectrostatiques (reacutepulsives) et la tension de surface (attractive) du

liquide Lorsque les forces eacutelectrostatiques atteignent la valeur de la tension de surface du

liquide la deacuteformation est conique et porte le nom de cocircne de Taylor (5) Une faible

augmentation du champ eacutelectrique suffit alors agrave deacutestabiliser le cocircne qui se rompt agrave son

extreacutemiteacute dispersant la solution en nombreuses gouttelettes qui emportent une partie des

charges preacutesentes agrave la pointe Apregraves cette eacutetape les gouttelettes se deacuteplacent sous l‟influence

du champ eacutelectrique mais eacutegalement sous celle d‟un gradient de pression creacuteeacute par la

deacutepression agrave lentreacutee du spectromegravetre de masse

201

A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes

Les gouttelettes chargeacutees issues du cocircne de Taylor migrent donc vers l‟interface du

spectromegravetre de masse Sur leur trajet elles entrent en collision avec le gaz atmospheacuterique et

suivant les interfaces avec un gaz de seacutechage et subissent une eacutevaporation du solvant alors

que le nombre de charges reste constant L‟eacutevaporation du solvant est favoriseacutee par la

tempeacuterature souvent eacuteleveacutee de la source dionisation (80-140degC) La diminution du rayon R

des gouttelettes posseacutedant une charge constante q conduit agrave l‟augmentation de la reacutepulsion

eacutelectrostatique des charges agrave sa surface jusqu‟agrave ce que les gouttelettes atteignent la limite de

stabiliteacute de Rayleigh donneacutee par

213

0 )(8 RqRy

ougrave 0 permittiviteacute du vide R rayon de densiteacute de charges et tension de surface stabilisant

la goutte

Cette eacutequation donne les conditions pour lesquelles les forces de reacutepulsions

eacutelectrostatiques deviennent eacutegales agrave celles de tension de surface A partir de la limite de

Rayleigh la gouttelette chargeacutee devient instable ce qui conduit agrave une explosion

coulombienne correspondant agrave la fission de la gouttelette en gouttelettes de plus petites tailles

Les travaux de Rayleigh en 1882 (6) puis de Gomez et Tang en 1994 (7) ont montreacute que la

fission des gouttelettes s‟effectuait par eacutemission d‟un jet tregraves fin de gouttelettes sans reacuteelle

relation de symeacutetrie Ce pheacutenomegravene d‟eacutevaporation se reproduit jusqu‟agrave ce que les nouvelles

gouttelettes aient agrave nouveau atteint la limite de Rayleigh

A113 Formation drsquoions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites

gouttelettes fortement chargeacutees

Dans la litteacuterature deux meacutecanismes ont eacuteteacute proposeacutes pour expliquer ce pheacutenomegravene Le

premier modegravele dit modegravele des reacutesidus chargeacutes ou laquo Charged Residue Model raquo (CRM) a eacuteteacute

deacutecrit par Dole en 1968 (2) L‟hypothegravese est la suivante la succession d‟explosions

coulombiennes conduirait agrave des gouttelettes de plus en plus petites jusqu‟agrave ce que la derniegravere

gouttelette ne possegravede plus qu‟une seule et unique moleacutecule d‟analyte (Fig A 2 (a)) Dans

ce modegravele l‟eacutevaporation totale du solvant reacutesiduel accumule les charges sur l‟analyte et

permet l‟obtention d‟ions multichargeacutes en phase gazeuse

202

En 1979 une seconde theacuteorie baseacutee sur de nouveaux meacutecanismes a eacuteteacute proposeacutee par Iribarne

et Thomson (8) Il s‟agit du modegravele de l‟eacutevaporation ionique ou laquo Ion Evaporation Model raquo

(IEM) Leur theacuteorie repose comme celle de Dole sur une succession initiale de fissions de

type coulombiennes qui reacuteduit la taille des gouttelettes et augmente leur densiteacute de charge

Cependant selon la theacuteorie dIribarne et Thomson pour des gouttelettes avec un rayon tregraves

petit (de l‟ordre de 10 nm) et une densiteacute de charge tregraves eacuteleveacutee le champ eacutelectrostatique agrave leur

surface serait assez intense pour expulser directement des ions preacuteformeacutes en phase gazeuse

(Fig A 2 (b)) Ce pheacutenomegravene appeleacute eacutevaporation ionique suggegravere que l‟explosion

coulombienne ne constitue pas le meacutecanisme majoritaire pour les petites gouttelettes de rayon

R le 10 nm

Fig A 2 Les deux theacuteories de lrsquoobtention drsquoions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de

gouttelettes chargeacutees (a) Modegravele des reacutesidus chargeacutes par Dole (b) Modegravele de lrsquoeacutevaporation

ionique par Iribarne et Thomson

Cependant aujourd‟hui encore aucun de ces deux modegraveles n‟est consideacutereacute comme

applicable agrave l‟ensemble des pheacutenomegravenes observeacutes en eacutelectrospray (9) Le consensus semble

ecirctre l‟existence d‟un effet de taille de l‟analyte les grosses moleacutecules eacutetant plutocirct orienteacutees

vers une formation d‟ions en phase gazeuse par le meacutecanisme de reacutesidus chargeacutes de Dole (10-

12) John B Fenn eacutemet l‟hypothegravese que cette theacuteorie s‟applique aux moleacutecules de haut poids

moleacuteculaire agrave partir du moment ougrave les dimensions lineacuteaires de ces moleacutecules sont

sensiblement plus grandes que la gouttelette qui les contient

Quel que soit le meacutecanisme responsable de la formation des ions en phase gazeuse

leacutelectrospray est aujourdhui une meacutethode dionisation extrecircmement utiliseacutee dans des

domaines varieacutes (biologie chimie pharmaciehellip)

203

A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS)

Parmi les diffeacuterents spectromegravetres de masse commercialiseacutes les instruments FT-ICR et

Orbitrap occupent une place de choix pour l‟eacutetude de proteacuteines entiegraveres par approche laquo top-

down raquo en raison de leurs tregraves grandes performances en termes de reacutesolution et de preacutecision

sur la mesure de masse

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR

Notre eacutetude sur les peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen qui est preacutesenteacutee dans le

Chap II de ce manuscrit a eacuteteacute reacutealiseacutee sur un spectromegravetre APEX III de Bruker (Brecircme

Allemagne) eacutequipeacute d‟un aimant supraconducteur de 7 Tesla d‟une cellule ICR de type

Infinity Cell et d‟une source eacutelectrospray Apollo I

Needle on

ground

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

PL1 PL2

(DPL2)

pulsed

PL4

(DPL4)

pulsed

HVO

(XDFL)

pulsed

(YDFL)

gate valve

FOCL1 FOCL2

PL9

(3kV)

Endplate

(~plusmn3600)

Capillary

(~plusmn4200)

CapExit

Skimmer2

Offset

ESI Source

ExtractTrap amp

pulsing between

(EV2DEV2)

Infinity cell

Skimmer1

Needle on

ground

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

PL1 PL2

(DPL2)

pulsed

PL4

(DPL4)

pulsed

HVO

(XDFL)

pulsed

(YDFL)

gate valve

FOCL1 FOCL2

PL9

(3kV)

Endplate

(~plusmn3600)

Capillary

(~plusmn4200)

CapExit

Skimmer2

Offset

ESI Source

ExtractTrap amp ExtractTrap amp

pulsing between

(EV2DEV2)

Infinity cell

Skimmer1

Fig A 3 Scheacutema du FT-ICR APEX III Bruker de la source eacutelectrospray agrave la cellule ICR

Infinity Cell (drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Les ions sont formeacutes au niveau de la source ESI puis transfeacutereacutes via un ensemble de

lentilles eacutelectrostatiques au centre de la cellule de pieacutegeage situeacutee au cœur de l‟eacutelectroaimant

supraconducteur (Fig A 3)

Un hexapocircle de stockage est inseacutereacute apregraves le capillaire de transfert de la source eacutelectrospray

et avant le systegraveme de transfert eacutelectrostatique afin dy accumuler les ions avant de les

envoyer dans la cellule ICR Cette derniegravere placeacutee dans un vide pousseacute (10-10

mbar environ)

repreacutesente l‟eacuteleacutement cleacute du spectromegravetre puisqu‟elle va servir d‟analyseur et de deacutetecteur par

la mesure de la freacutequence cyclotron des ions pieacutegeacutes

204

Au cours de cette thegravese notre spectromegravetre a beacuteneacuteficieacute d‟importantes eacutevolutions

instrumentales Ainsi en janvier 2011 nous avons fait l‟acquisition du chariot de la socieacuteteacute

Sanofi-Aventis de Toulouse notre APEX III devenant alors APEX-Q Les principales

diffeacuterences entre les deux instruments sont l‟ajout d‟un quadripocircle et d‟une cellule de

collision et la source d‟ionisation (Apollo I sur lAPEX III et CombiSource premier modegravele

sur l‟APEX-Q) (Fig A 4)

Ion transfer

optics

UV Laser

Lens

Windows

Mirror

Medium pressure

chamber

Movable

hexapole

PPP

MALDI

sample

plate

Second

skimmer

Ion transfer

capillary

ESI

skimmer

Funnel

Electrospray

nebulizer

End

cap

ICR trap

Attenuator Magnet

Mirrors

PP

P

Storage hexapole

Trapextractplate

Collision

gas tube

Pulsed

valve

Collision hexapole

Quadrupole

ESI

Sprayed

sample

Hollow

cathode

IRMPDECD

Fig A 4 Scheacutema du FT-ICR APEX-Q Bruker de la combi-source agrave la cellule ICR Infinity

Cell (drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Puis en avril 2012 nous avons reccedilu le nouveau chariot de Bruker le SolariX (Fig A 5) Il

apporte les ameacuteliorations suivantes une combisource nouvelle geacuteneacuteration l‟ajout d‟un

module ETS (possibiliteacutes de CID ou d‟ECDETD) et d‟un hexapocircle pour acheminer les ions

de la cellule de collision agrave la cellule ICR (Fig A 6)

205

Fig A 5 Photographie du FT-ICR SolariX (Bruker)

Fig A 6 Scheacutema du FT-ICR SolariX Bruker de la combi-source agrave la cellule ICR Infinity Cell

(drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Comme il a deacutejagrave eacuteteacute speacutecifieacute dans le Chap III de ce manuscrit nous avons eacutegalement eacuteteacute

ameneacutes agrave travailler sur l‟APEX-Qe d‟Orsay Les diffeacuterences majeures entre l‟APEX III et

l‟APEX-Qe sont la preacutesence dun quadripocircle sur lAPEX-Qe permettant de reacutealiser la

seacutelection d‟ions preacutecurseurs avant leur entreacutee dans la cellule ICR la preacutesence dlaquo ion

funnels raquo (qui ameacuteliorent la sensibiliteacute de linstrument) et la source dionisation (Apollo I sur

lAPEX III Apollo II sur lAPEX-Qe)

206

A1211 Principe physique

Le principe de la spectromeacutetrie de masse agrave reacutesonance cyclotronique ionique (laquo Ion

Cyclotron Resonance raquo ICR) repose sur le fait qu‟une particule chargeacutee animeacutee dune vitesse

v se deacuteplaccedilant dans un champ magneacutetique uniforme B subit la force de Lorentz (Eq A 1)

BvqF

(Eq A 1)

Cette force conduit la particule chargeacutee agrave adopter une trajectoire heacutelicoiumldale autour d‟un

axe parallegravele agrave celui du champ magneacutetique B (conventionnellement axe z) dont la projection

dans le plan orthogonal (xy) est un mouvement circulaire uniforme (Fig A 7)

Fig A 7 Mouvement cyclotron drsquoun ion dans un champ magneacutetique

Ce mouvement de rotation est appeleacute mouvement cyclotron et en l‟absence de champ

eacutelectrique sa freacutequence νc ne deacutepend que du champ magneacutetique et du rapport masse sur

charge (Eq A 2) On conccediloit degraves lors quune mesure de cette freacutequence de rotation permet

une deacutetermination du rapport mz de lespegravece consideacutereacutee

zm

B

m

Bqc

105356111

2

7

(Eq A 2)

A1212 Pieacutegeage des ions

Jusquici seul le mouvement dans le plan xy a eacuteteacute consideacutereacute En labsence dautres champs

la vitesse suivant laxe z reste constante et la trajectoire reacutesultante est un mouvement

heacutelicoiumldal autour dun axe parallegravele agrave z qui se poursuivra indeacutefiniment Pour construire un

piegravege une possibiliteacute est de fermer le mouvement suivant z par deux plaques de pieacutegeage

207

perpendiculaires agrave laxe z porteacutees agrave un potentiel reacutepulsif Ainsi est neacutee la cellule ICR aussi

appeleacutee piegravege de Penning et le premier modegravele en est la cellule cubique (Fig A 8)

Fig A 8 Cellule cubique simple (13)

Sil eacutetait possible dappliquer un champ eacutelectrique homogegravene parallegravele au champ

magneacutetique avec des plaques de longueurs infinies le mouvement dun ion serait heacutelicoiumldal

avec des oscillations peacuteriodiques suivant laxe z Cette freacutequence d‟oscillations ou freacutequence

de pieacutegeage νt est principalement due aux reacutepulsions successives des deux plaques de

pieacutegeage et peut ecirctre exprimeacutee par (Eq A 3)

2

2

2

1

am

Vq trap

t

(Eq A 3)

ougrave Vtrap potentiel de pieacutegeage a distance entre les deux plaques et α facteur geacuteomeacutetrique

eacutegal agrave 2 dans le cas ideacuteal

Cependant il n‟est pas possible de se situer dans le cas ideacuteal d‟un champ eacutelectrique

homogegravene qui suppose des plaques infinies Le champ eacutelectrique ne peut pas ecirctre exactement

parallegravele au champ magneacutetique et une composante radiale est alors agrave prendre en compte Par

conseacutequent un troisiegraveme mouvement propre au mouvement de deacuteplacement des charges

pieacutegeacutees s‟ajoute aux deux preacuteceacutedents mouvements (cyclotron et pieacutegeage) Ce mouvement dit

mouvement magneacutetron s‟oppose agrave la force de Lorentz et se traduit par un abaissement de la

freacutequence cyclotronique

208

Ce pieacutegeage suppose toutefois que la trajectoire des ions les ait ameneacutes agrave ecirctre confineacutes

dans la cellule Cela peut ecirctre obtenu en produisant des ions in situ (ionisation eacutelectronique

MALDI) mais des difficulteacutes suppleacutementaires sont agrave prendre en compte lorsque les ions sont

formeacutes initialement agrave l‟exteacuterieur de la cellule (cas de l‟ionisation par eacutelectrospray) En effet la

conservation de l‟eacutenergie cineacutetique impose que pour des ions transporteacutes suivant l‟axe z s‟ils

ont suffisamment d‟eacutenergie pour entrer dans la cellule et que le potentiel des plaques ne

change pas ils en ont assez pour ressortir

Le pieacutegeage dynamique est une solution agrave ce problegraveme au lieu dappliquer des tensions

continues sur les plaques de pieacutegeage on va jouer sur des variations de tension pour sassurer

du pieacutegeage des ions On synchronise les tensions sur la plaque de la cellule situeacutee cocircteacute source

avec le deacuteplacement des ions (Fig A 9) Neacuteanmoins cette technique introduit une

discrimination en masse par la diffeacuterence de temps de vol des espegraveces

Fig A 9 Principe du pieacutegeage dynamique des ions

A1213 Obtention des spectres de masse

Une fois les ions pieacutegeacutes la mesure de leur freacutequence cyclotronique n‟est pas possible

directement Bien qu‟ayant une freacutequence de rotation identique tous les ions de mecircme rapport

masse sur charge ne preacutesentent pas un mouvement coheacuterent En effet les ions ont eacuteteacute produits

agrave des temps variables et avec des eacutenergies cineacutetiques diffeacuterentes ce qui se traduit par une

209

phase (position sur l‟orbite) et un rayon variables Afin de pouvoir mesurer les freacutequences

cyclotroniques il est neacutecessaire que ce mouvement global devienne coheacuterent ie que tous les

ions de mecircme rapport masse sur charge se preacutesentent avec la mecircme phase et avec le mecircme

rayon Ce reacutesultat est obtenu par une proceacutedure d‟excitation-deacutetection deacutetailleacutee ci-apregraves

Excitation des ions

Comme cela vient d‟ecirctre dit une fois pieacutegeacutes les ions de mecircme rapport masse sur charge

ont la mecircme freacutequence cyclotronique mais ne forment pas un paquet coheacuterent En effet la

position de leur axe de rotation et la phase de leur mouvement ne sont pas eacutegales De plus le

rayon de leur orbite cyclotronique est trop faible pour induire un quelconque signal sur les

plaques de deacutetection L‟application d‟un pulse de radiofreacutequence sur les plaques d‟excitation agrave

leur freacutequence cyclotron permet de rendre le mouvement des ions coheacuterent et de les conduire

sur une trajectoire de mecircme rayon agrave proximiteacute des plaques de deacutetection En effectuant un

balayage de freacutequence il est possible d‟exciter des populations d‟ions de rapports masse sur

charge diffeacuterents qui adoptent alors une trajectoire circulaire de mecircme rayon avec des

freacutequences de rotation diffeacuterentes Cette eacutetape permet non seulement d‟obtenir des paquets

d‟ions deacutecrivant un mouvement coheacuterent mais aussi de les rapprocher des deux plaques de

deacutetection afin de pouvoir analyser ce mouvement Dans le cas ideacuteal il conviendrait d‟exciter

les ions sur une orbite la plus grande possible afin d‟augmenter le signal et la sensibiliteacute

Cependant ceci n‟est pas applicable puisque la non homogeacuteneacuteiteacute du champ eacutelectrique pregraves

des plaques conduirait agrave l‟eacutejection progressive des ions C‟est la raison pour laquelle il est

usuel de ne pas exciter les ions sur des rayons supeacuterieurs agrave 08 fois le rayon de la cellule

Plusieurs types de champs eacutelectriques sinusoiumldaux peuvent ecirctre appliqueacutes pour exciter les

ions La Fig A 10 preacutesente trois types d‟excitations diffeacuterentes

210

a)

b)

c)

a)

b)

c)

Fig A 10 Types drsquoexcitations usuellement utiliseacutees agrave gauche dans le domaine temporel et agrave

droite dans le domaine des freacutequences (a) sinusoiumlde monofreacutequence tronqueacutee (b) balayage

de freacutequence (chirp) (c) balayage par SWIFT

Le premier type permet l‟excitation des ions agrave une seule freacutequence (Fig A 10 (a))

L‟excitation monofreacutequence n‟est donc pas vraiment utile pour la deacutetection de tous les ions

preacutesents dans la cellule qui est le cas le plus couramment rencontreacute En effet dans ce cas il

faudrait reacutealiser une excitation monofreacutequence pour chacun des ions preacutesents Il est donc

preacutefeacuterable d‟utiliser un mode d‟excitation par balayage de freacutequence (Fig A 10 (b)) qui va

balayer toute la gamme de freacutequences des ions en une seule impulsion Le balayage par

SWIFT (laquo Stored-Waveform Inverse Fourier Transform raquo) (Fig A 10 (c)) permet de calculer

l‟onde d‟excitation agrave partir du domaine des rapports masse sur charge eacutetudieacute Cependant le

SWIFT n‟est employable que sur les instruments eacutequipeacutes d‟un geacuteneacuterateur arbitraire de

freacutequences

Deacutetection du courant induit

La rotation coheacuterente des ions sur une orbite large creacutee un courant induit sur les deux

plaques de deacutetection qui est deacutetectable apregraves amplification par une eacutelectronique adapteacutee Ce

courant est proportionnel agrave la charge totale du paquet d‟ions ayant un mouvement coheacuterent

et ne deacutepend pas de la freacutequence cyclotronique des ions

Forme du signal mesureacute

La collision des ions avec des moleacutecules de gaz reacutesiduelles pendant le temps de mesure

conduit agrave une perte de coheacuterence du paquet d‟ions et donc agrave une perte d‟intensiteacute du signal

211

De ce fait le signal obtenu correspond agrave une sinusoiumlde amortie exponentiellement (Fig A

11) Or la preacutecision en masse est directement lieacutee agrave la preacutecision sur la mesure de la freacutequence

de rotation cyclotron des ions pieacutegeacutes Par conseacutequent une mesure de masse preacutecise neacutecessite

une pression la plus faible possible dans la cellule

Fig A 11 Signal sinusoiumldal amorti exponentiellement (agrave gauche eacutechelle en temps) et le

reacutesultat apregraves transformation de Fourier (agrave droite eacutechelle en freacutequence)

Digitalisation et transformation de Fourier

Comme l‟indique le nom de l‟appareil c‟est la transformeacutee de Fourier (laquo Fourier

Transform raquo FT) qui permet de mesurer en une seule expeacuterience l‟ensemble des freacutequences

de rotation des ions (Fig A 12)

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

FT

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

FT

Fig A 12 Spectre de masse obtenu apregraves transformeacutee de Fourier du signal

Le courant induit mesureacute sur les plaques de deacutetection correspond agrave un interfeacuterogramme (ou

laquo Free Induction Decay raquo FID) ougrave les sinusoiumldes amorties de l‟ensemble des ions preacutesents

dans la cellule sont additionneacutees les unes aux autres La digitalisation de ce signal suivie

d‟une transformation de Fourier permet de convertir cet interfeacuterogramme en un spectre

contenant les informations sur les freacutequences (convertibles en rapport masse sur charge via la

relation A 2) et les abondances des ions pieacutegeacutes dans la cellule En additionnant plusieurs

deacutetections successives il est possible d‟ameacuteliorer le rapport signal sur bruit du spectre

transformeacute

212

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR

A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse

La particulariteacute de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR qui consiste agrave ramener la mesure des

rapports masse sur charge agrave la mesure d‟une freacutequence lui confegravere ses caracteacuteristiques en

termes de reacutesolution Dans des conditions approprieacutees ie avec un vide tregraves pousseacute dans la

cellule permettant un enregistrement pendant un temps suffisamment long sans perte de

signal il est possible d‟atteindre des reacutesolutions supeacuterieures agrave 106 pour un ion de mz 1000

dans un champ magneacutetique de 7 Tesla En plus du temps d‟enregistrement pour obtenir de la

haute reacutesolution la principale contrainte est le transfert et le stockage d‟interfeacuterogrammes de

grande taille (jusqu‟agrave 8 Mega points) De ce fait la reacutesolution expeacuterimentale utiliseacutee est

freacutequemment de l‟ordre de 60 000 pour minimiser les temps d‟acquisition ainsi que la taille

de stockage

La preacutecision en masse deacutepend principalement de la reacutesolution mais eacutegalement de la charge

d‟espace En effet la preacutesence d‟un tregraves grand nombre d‟ions pieacutegeacutes dans la cellule modifie le

champ eacutelectrique et geacutenegravere une force de reacutepulsion entre les ions Cette force a pour

conseacutequence la deacuteviation de la trajectoire des ions ce qui biaise les mesures de masses Ce

pheacutenomegravene pose le problegraveme eacutevident de la calibration externe En effet pour que l‟eacutetalonnage

externe soit le plus preacutecis possible il faut qu‟il soit effectueacute avec une charge d‟espace

comparable agrave celle de l‟eacutechantillon ce qui est difficilement controcirclable Il est ainsi

recommandeacute de travailler avec de faibles quantiteacutes d‟ions pour limiter au maximum la

deacuteviation due agrave ce pheacutenomegravene Une preacutecision de lordre de quelques ppm est alors obtenue

Cependant l‟eacutetalonnage interne permet de saffranchir de ce problegraveme de charge d‟espace

puisque les ions calibrants sont preacutesents dans la cellule en mecircme temps que les ions de

l‟eacutechantillon et subissent la mecircme charge d‟espace On atteint alors en routine des preacutecisions

en masse de l‟ordre d‟une ppm voire moins

A1222 Sensibiliteacute

Des calculs theacuteoriques ont montreacute que le nombre de charges minimum ayant un

mouvement coheacuterent neacutecessaire pour deacutetecter un signal eacutetait de l‟ordre de 200 Ceci constitue

une limite ultime de la sensibiliteacute de ce type d‟instrument En pratique il faut tenir compte de

213

l‟efficaciteacute de chacune des eacutetapes permettant de passer de l‟analyte neutre aux ions pieacutegeacutes et

exciteacutes dans la cellule Il faut eacutegalement tenir compte des eacutetats de charge et de l‟existence de

massifs isotopiques qui augmentent le nombre de freacutequences sur lesquelles se reacutepartissent les

ions Les sensibiliteacutes records atteintes actuellement sur des peptides de masse 1000 Da sont

de l‟ordre de 10 attomoles consommeacutees en nano-eacutelectrospray Dans un instrument

commercial avec les protocoles standards on peut obtenir un signal exploitable avec environ

10 femtomoles de produit consommeacute

A1223 Gamme dynamique

Un point sur lequel la spectromeacutetrie de masse FT-ICR nest pas particuliegraverement bien

placeacutee est la gamme dynamique qui repreacutesente la capaciteacute agrave discriminer des ions

d‟abondances diffeacuterentes dans un mecircme spectre Le problegraveme est lieacute agrave celui de la charge

d‟espace dans la mesure ougrave les mouvements des ions de faible abondance sont perturbeacutes par

ceux des ions majoritairement preacutesents dans la cellule Il est admis qu‟il est difficile de

mesurer avec une bonne preacutecision la masse d‟un ion dont l‟abondance est infeacuterieure agrave 1 de

celle de l‟ion le plus abondant

A1224 Gamme de masse

La gamme de masse est quant agrave elle en theacuteorie quasiment illimiteacutee La limite de masse

infeacuterieure deacutepend uniquement de l‟eacutelectronique et plus preacuteciseacutement des capaciteacutes du

digitaliseur et du geacuteneacuterateur de freacutequences Pour un aimant de 7 Tesla eacutequipeacute d‟un

digitaliseur agrave 8 MHz cela eacutequivaut agrave une limite infeacuterieure de mz 29 En ce qui concerne la

limite supeacuterieure elle deacutepend de la capaciteacute de la cellule agrave pieacuteger les ions Dans le cas d‟un

aimant de 7 Tesla cette limite est atteinte pour un ion de mz 274 000 Malheureusement des

problegravemes apparaissent avant cette limite notamment agrave cause des limites sur les dureacutees

d‟acquisition de signal Les signaux des masses eacuteleveacutees correspondant agrave de basses freacutequences

se trouvent consideacuterablement eacutelargis (mz 274 000 eacutequivaut agrave mesurer une freacutequence de 393

Hz) De ce fait la limite expeacuterimentale couramment admise se situe agrave mz 27 000 pour un

aimant de 7 Tesla

214

A123 Technologie Orbitrap

L‟Orbitrap est une technologie relativement reacutecente (baseacutee sur le principe d‟un piegravege

orbitalaire eacutelectrostatique) inventeacutee par A Makarov (14) L‟Orbitrap repose sur le pieacutegeage

des ions par un champ eacutelectrostatique quadripolaire qui creacutee l‟oscillation des ions pieacutegeacutes Ces

oscillations proportionnelles au rapport (mz)-12

sont deacutetecteacutees par la mesure du courant

induit et traduites en spectre de masse par la transformeacutee de Fourier (Fig A 13) Il existe

donc de grandes similitudes au niveau de la deacutetection des ions par spectromeacutetrie de masse FT-

ICR et Orbitrap

Fig A 13 Deacutetection des ions par la technologie Orbitrap Les courants induits correspondent

agrave un interfeacuterogramme qui est la superposition de freacutequences de plusieurs espegraveces Le

traitement du signal qui est reacutealiseacute de la mecircme maniegravere que par spectromeacutetrie de masse FT-

ICR avec les mecircmes contraintes et limitations suivi eacutegalement drsquoune transformation de

Fourier permet de convertir cet interfeacuterogramme en un spectre de freacutequence facilement

convertible en spectre de masse

De ce fait les performances de la technologie Orbitrap en termes de reacutesolution (jusque

100 000) et preacutecision sur la mesure de masse (de l‟ordre de 1-2 ppm) rivalisent avec celles de

la spectromeacutetrie de masse FT-ICR De plus la reacutesolution de l‟Orbitrap eacutetant proportionnelle

au rapport (mz)-12

elle diminue moins vite avec l‟augmentation du rapport mz que dans le

cas du FT-ICR Par ailleurs la gamme dynamique de l‟Orbitrap contrairement agrave la

spectromeacutetrie de masse FT-ICR est satisfaisante (gt 3 deacutecades) (15) L‟Orbitrap est

principalement utiliseacutee en spectromeacutetrie de masse en tandem associeacutee agrave un piegravege lineacuteaire

Le scheacutema et la photographie du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher) que

nous avons utiliseacute pour nos expeacuteriences HDX correspondent aux Fig A 14 et Fig A 15

215

L‟instrument est composeacute d‟une source ESI de type laquo Z-spray raquo suivie d‟une optique ionique

de type laquo S-lens raquo permettant de mieux focaliser les ions et d‟ameacuteliorer la sensibiliteacute Une

optique de transfert ionique (quadripocircle octopocircle) performante en termes de stabiliteacute et

efficaciteacute de transmission des ions permet leur acheminement dans une trappe lineacuteaire Dans

cette trappe ionique il est possible de fragmenter les ions par CID ou ETD et de proceacuteder agrave

leur deacutetection Il est eacutegalement possible de les deacutetecter par transformation de Fourier dans

l‟Orbitrap avec une meilleure reacutesolution Dans ce cas les ions sont transfeacutereacutes de la trappe

lineacuteaire agrave la C-trappe via un quadripocircle puis eacutejecteacutes dans l‟analyseur Orbitrap Une cellule de

collision placeacutee agrave proximiteacute de la C-trappe permet eacutegalement de fragmenter les ions par HCD

(laquo High-energy Collisional Dissociation raquo) Les ions sont ensuite analyseacutes dans l‟Orbitrap

Fig A 14 Scheacutema du LTQ-Orbitrap Velos (drsquoapregraves la documentation de Thermo Ficher

Scientific)

Fig A 15 Photographie du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher Scientific) de

la plateforme proteacuteomique de lInstitut Jacques-Monod (Paris 7)

216

A13 Fragmentation en phase gazeuse

La spectromeacutetrie de masse en tandem consiste (i) dans une premiegravere eacutetape agrave seacutelectionner

l‟ion d‟inteacuterecirct (appeleacute ion parent ou ion preacutecurseur) et (ii) dans une seconde eacutetape agrave

analyser les ions fragments (ou ions fils) obtenus par la dissociation de l‟ion parent Selon

les instruments utiliseacutes les eacutetapes de seacutelection et d‟analyse des fragments se font soit dans

l‟espace (tQ Q-TOF TOF-TOF) soit dans le temps (IT FT-ICR) soit en combinant des

eacutetapes dans le temps et l‟espace (q-FT-ICR IT-Orbitrap)

Comme les sources d‟ionisation dites douces (ESI MALDI) celles utiliseacutees pour

l‟analyse des biomoleacutecules conduisent agrave des ions avec peu d‟eacutenergie interne il faut induire la

fragmentation par un apport d‟eacutenergie au systegraveme Cet apport d‟eacutenergie peut se faire de

diffeacuterentes faccedilons (16) collision avec un gaz inerte (fragmentation de haute ou basse

eacutenergie) collision avec une surface irradiation par des photons irradiation par des eacutelectrons

(speacutecifique des FT-ICR) reacuteactions ion-moleacutecule ou ion-ion (dont l‟ETD) Le controcircle de

l‟eacutenergie deacuteposeacutee est un paramegravetre important comme nous avons pu le voir dans le Chap I

dans le cadre des eacutetudes HDX il est important de pouvoir controcircler l‟eacutenergie apporteacutee aux

ions pour ne pas conduire agrave un reacutearrangement aleacuteatoire total des hydrogegravenes et deuteacuteriums le

long du squelette polypeptidique

La spectromeacutetrie de masse en tandem permet d‟obtenir des informations de structure de

l‟ion fragmenteacute (qu‟il soit organique ou biologique) et permet dans le cas de meacutelanges

complexes de seacutelectionner speacutecifiquement une espegravece parmi les autres pour obtenir son

spectre de fragmentation

Les deux principaux types de fragmentation utilisables dans le cadre des eacutetudes HDX sont

deacutetailleacutes dans les sous-paragraphes suivants Il s‟agit des meacutethodes d‟activation par les

eacutelectrons (ECDETD) preacutesenteacutees preacuteceacutedemment dans le Chap I

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR

Ce mode de dissociation consiste agrave irradier les ions multichargeacutes par un faisceau

d‟eacutelectrons La recombinaison entre un eacutelectron et l‟ion conduit agrave la formation d‟un cation

radical (Fig A 16) et permet un gain d‟eacutenergie de l‟ordre de quelques eV (2-3 eV) (17) Ce

type de fragmentation est speacutecifique des FT-ICR et a eacuteteacute preacutesenteacute dans le Chap I dans la

217

partie consacreacutee agrave la fragmentation des peptides proteacuteolytiques marqueacutes La grande diffeacuterence

avec la fragmentation CID repose sur la formation initiale d‟un radical cation dont les voies

de fragmentation seront pour des polypeptides tregraves diffeacuterentes de celles du cation Cela se

traduira en particulier par la formation de fragments de type c et z De plus comme vu dans le

Chap II l‟ECD conduit agrave une faible redistribution des deuteacuteriums avant fragmentation ce

que les proposants de meacutecanismes pour l‟ECD ont attribueacute soit agrave une vitesse de fragmentation

rapide ne permettant pas une redistribution initiale de l‟eacutenergie (hypothegravese non-ergodique)

soit plus vraisemblablement agrave une barriegravere de fragmentation suffisamment abaisseacutee pour

rendre la vitesse de rupture des liaisons amide dans le radical cation supeacuterieure agrave celles des

autres voies de fragmentation etou de transferts de protons

e-

[M nH]n+ [M nH](n-1)+bull F1m+ + F2

k+bull

Fig A 16 Capture exothermique drsquoun eacutelectron par une moleacutecule multichargeacutee (positive)

Mode drsquoactivation ECD passe par une voie de fragmentation de type radicalaire

D‟un point de vue technique les eacutelectrons sont formeacutes par une cathode chauffeacutee

indirectement qui a remplaceacute le filament afin d‟obtenir un flux suffisant pour que la capture

d‟eacutelectron soit efficace La fragmentation a lieu dans la cellule ICR ougrave les ions sont pieacutegeacutes agrave

proximiteacute du centre de la cellule Trois paramegravetres influencent l‟efficaciteacute de fragmentation

par ECD (i) le potentiel de la cathode qui controcircle l‟eacutenergie des eacutelectrons mais a eacutegalement

un effet sur le courant d‟eacutelectrons (ii) la tempeacuterature de la cathode et (iii) la dureacutee

d‟irradiation par des eacutelectrons qui controcircle le taux de fragmentation Notons que l‟efficaciteacute

de capture deacutecroicirct rapidement avec l‟eacutenergie des eacutelectrons et qu‟il est important d‟optimiser

au maximum le temps d‟irradiation par des eacutelectrons pour eacuteviter les recaptures successives

tout en obtenant suffisamment de fragmentations (voir Chap III)

Lors de nos expeacuteriences ECD nous avons utiliseacute une cathode chauffeacutee agrave 16 A pour

l‟APEX III et 18 A pour l‟APEX-Qe avec une irradiation par des eacutelectrons de l‟ordre de

quelques eV d‟eacutenergie cineacutetique (de 09 eV pour l‟ubiquitine agrave 2 eV pour aIF2α3) pendant

quelques dizaines de millisecondes (optimum agrave 10 ms) Nous avons travailleacute sur tous les eacutetats

de charge sans seacutelection

218

A132 Fragmentation par ETD sur lrsquoOrbitrap

L‟ETD est un analogue de l‟ECD Il procegravede par une reacuteaction ion-moleacutecule entre un

radical anion formeacute geacuteneacuteralement dans une source CI neacutegatif et un cation multichargeacute La

difficulteacute est de maximiser le transfert d‟eacutelectron en limitant le transfert de proton Les

reacuteactifs ont eacuteteacute optimiseacutes pour cela et le fluoranthegravene utiliseacute dans ce travail est le reacuteactif

geacuteneacuteralement utiliseacute De plus il est possible via le choix du reacuteactif de controcircler la

thermochimie du transfert d‟eacutelectrons On obtient en ETD une fragmentation similaire agrave celle

en ECD mais pas identique

L‟ETD preacutesente tous les avantages de l‟ECD il ne deacutepend pas de la seacutequence

polypeptidique (nature en acides amineacutes et longueur) il permet de localiser des modifications

post-traductionnelles labiles et il permet d‟obtenir une couverture de seacutequence importante

pour les peptides non tryptiques (issus de la digestion de la proteacuteine agrave la trypsine) pour les

proteacuteines et les peptides hautement basiques La meacutethode ETD comme la technique ECD est

donc particuliegraverement bien adapteacutee aux analyses laquo top-down raquo Par ailleurs contrairement agrave

l‟ECD qui requiert un FT-ICR la fragmentation ETD peut ecirctre reacutealiseacutee dans une trappe

ionique quadripolaire radiofreacutequence voire dans un piegravege hexapolaire qui demandent une

faible maintenance et que l‟on retrouve sur une grande varieacuteteacute d‟instruments moins coucircteux

D‟un point de vue technique le fluoranthegravene est utiliseacute comme reacuteactif pour la

fragmentation ETD reacutealiseacutee agrave l‟aide du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos L‟anion radicalaire

du fluoranthegravene qui constitue donc le reacuteactif ETD est produit par la reacuteaction preacutesenteacutee dans

Fig A 17

Fig A 17 Production du reacuteactif ETD (anion radicalaire) agrave partir du fluoranthegravene

Cette reacuteaction est reacutealiseacutee dans le module ETD (Fig A 18) de l‟instrument qui est donc

constitueacute d‟une source agrave ionisation chimique utilisant

- deux reacuteservoirs indeacutependants de reacuteactifs dont un pour les reacuteactions de type transfert

d‟eacutelectron (ETD) et l‟autre pour les reacuteactions par transfert de proton (PTR)

- une ligne de transfert chauffeacutee

219

- un volume d‟ion chargeacute en eacutelectron par un filament

- une optique de transfert utilisant un quadripocircle pour filtrer le reacuteactif chargeacute en eacutelectron

Il est placeacute agrave proximiteacute de la C-trappe (Fig A 14)

Fig A 18 Module ETD de lrsquoinstrument LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher Scientific)

Le reacuteactif ETD est ensuite envoyeacute dans la trappe lineacuteaire ougrave la reacuteaction ionion entre le

peptide multiprotoneacute et un anion radicalaire aura lieu conduisant agrave la fragmentation de l‟ion

peptidique consideacutereacute La dissociation est reacutealiseacutee sur un eacutetat de charge particulier qui a eacuteteacute au

preacutealable seacutelectionneacute dans la cellule de haute pression de la trappe ionique

Trois temps d‟activation (5 15 et 25 ms) correspondant agrave trois dureacutees pendant lesquelles se

deacuteroule la reacuteaction ETD ont eacuteteacute utiliseacutes conseacutecutivement sur un mecircme eacutetat de charge afin de

maximiser la couverture de seacutequence En effet des profils de fragmentation diffeacuterents sont

obtenus en fonction du temps d‟activation Pour chaque temps d‟activation une minute

environ de fragmentation a eacuteteacute enregistreacutee

L‟option laquo Supplemental Activation raquo a eacutegalement eacuteteacute utiliseacutee Elle permet d‟apporter au

systegraveme une petite quantiteacute d‟activation collisionnelle suppleacutementaire afin de faciliter la

dissociation de l‟ion preacutecurseur En effet il a eacuteteacute montreacute que dans beaucoup de cas le transfert

d‟eacutelectron avait lieu sans que la dissociation soit pour autant effective

220

A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF

Des expeacuteriences de collision avec un gaz inerte (CID) ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur le Q-ToF

Premier (Waters) (Fig A 19) Les diffeacuterents eacutetats de charge des ions multichargeacutes (positifs)

ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dans le quadripocircle du spectromegravetre de masse avant d‟ecirctre fragmenteacutes dans

la cellule de collision L‟eacutenergie de collision est le paramegravetre agrave optimiser pour la dissociation

de chaque eacutetat de charge

Fig A 19 Scheacutema du Q-ToF Premier (Waters)

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

A21 Marquage

A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes

Les peptides de synthegravese (P1 HHHHHHIIKIIK P2 KKDDDDDDIIKIIK P3

KKDDDIIKIIK P4 KKDDDIIK) ont eacuteteacute acheteacutes chez Genscript Corporation (Piscataway

NJ) Une solution stock agrave 1 mM de chaque peptide a eacuteteacute preacutepareacutee en diluant le peptide

lyophiliseacute dans D2O Afin d‟eacutechanger complegravetement tous les sites eacutechangeables (hydrogegravenes

d‟amide de la liaison peptidique et hydrogegravenes labiles des chaicircnes lateacuterales des acides

amineacutes) la solution est incubeacutee agrave tempeacuterature ambiante pendant au moins 1 heure Le

221

deacutemarquage (seacutelectif du cocircteacute N-terminal) est initieacute en diluant au 1100e la solution stock dans

H2O glaceacutee (0degC) et acide (AA 05 M pH 23) MeOH 11 (vv)

A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine

L‟ubiquitine petite proteacuteine modegravele a eacuteteacute utiliseacutee (avec les peptides modegraveles de T

Joslashrgensen) pour eacutetudier le laquo back-exchange raquo Elle a donc eacuteteacute totalement marqueacutee par dilution

de sa poudre lyophiliseacutee dans D2O agrave la concentration finale de 100 microM et incubation pendant

1 heure agrave 37degC sous agitation (600 rpm)

De la mecircme maniegravere la substance P et le Glu F sont deux peptides qui ont eacuteteacute

ponctuellement utiliseacutes comme sonde de l‟eacutechange inverse Leur poudre lyophiliseacutee a donc

eacuteteacute eacutegalement dilueacutee dans D2O agrave la concentration finale de 100 microM puis le meacutelange a eacuteteacute

incubeacute pendant 1 heure agrave 37degC sous agitation (600 rpm)

A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ

L‟eacutechange isotopique de la proteacuteine ou du complexe proteacuteique d‟inteacuterecirct sous sa forme

native se fait par incubation dans une solution correspondant agrave son tampon de purification

contenant des deuteacuteriums eacutechangeables Une fois le temps d‟eacutechange souhaiteacute atteint le

marquage doit ecirctre arrecircteacute dans des conditions figeant les deuteacuteriums d‟amide du squelette

polypeptidique sur leur position et en deacutemarquant les autres sites eacutechangeables (hydrogegravenes

labiles des chaicircnes lateacuterales) Pour cela il faut diminuer tregraves rapidement la tempeacuterature du

milieu et repasser en conditions acides et en milieu protoneacute Dans ces conditions seuls les

deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes seront eacutechangeacutes par des hydrogegravenes et les

deuteacuteriums sur la fonction amide de la liaison peptidique conserveront leur localisation

aIF2α3 Sulfolobus solfataricus

112 microL de D2O NaCl 330 mM ont eacuteteacute ajouteacutes agrave 16 microL de solution proteacuteique aIF2α3 agrave 178

microM dans H2O NaCl 330 mM Le meacutelange a eacuteteacute incubeacute pendant des temps variables agrave une

tempeacuterature de 37degC sous agitation (600 rpm) et l‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium a eacuteteacute bloqueacute

lors de l‟eacutetape de dessalage par ajout de 128 microL de H2OAF 2

222

aIF2α3γ Sulfolobus solfataricus

112 microL de D2O NaCl 330 mM ont eacuteteacute ajouteacutes agrave 16 microL de solution proteacuteique agrave aIF2α3γ agrave

1156 microM dans H2O NaCl 330 mM Le meacutelange a eacuteteacute incubeacute pendant des temps variables agrave

une tempeacuterature de 37degC sous agitation (600 rpm) et l‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium a eacuteteacute

bloqueacute lors de l‟eacutetape de dessalage par ajout de 128 microL de H2OAF2

A22 Dessalage

Le dessalage se deacuteroulant apregraves les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium il doit obligatoirement

ecirctre effectueacute agrave faible tempeacuterature (dans la glace) et pH afin de minimiser les eacutechanges

inverses Pour cette mecircme raison il est obligatoire d‟utiliser une technique de dessalage

rapide excluant de ce fait bon nombre de systegravemes

Un dessalage laquo off-line raquo a eacuteteacute reacutealiseacute imposeacute par le type d‟approche choisi (approche

laquo top-down raquo) Une Sep-Paktrade C8 (Waters) a eacuteteacute utiliseacutee

Les colonnes sont activeacutees deux fois avec 1 mL ACNMeOHAF 499 499 02 puis

rinceacutees deux fois avec 1 mL H2OAF 1 La colonne conditionneacutee est conserveacutee au

reacutefrigeacuterateur jusqubdquoagrave utilisation L‟eacutechantillon meacutelangeacute agrave eacutegal volume avec H2OAF 2 (eacutetape

d‟arrecirct de la reacuteaction) est chargeacute immeacutediatement sur la colonne Les sels sont eacutelimineacutes par

trois lavages successifs avec 1 mL H2OAF 1 glaceacute

A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse

Le mode d‟ionisation utiliseacute a eacuteteacute l‟eacutelectrospray Les eacutechantillons proteacuteiques ont eacuteteacute

injecteacutes dans le spectromegravetre de masse par le dispositif de seringue refroidie (ou par le

nouveau systegraveme d‟introduction la laquo cryosource raquo que nous avons mis au point et preacutesenteacute

dans Chap V)

Pour cela les proteacuteines dessaleacutees sont finalement eacutelueacutees avec un meacutelange H2OACNAF

49 49 2 (500 microL pour aIF2α3 concentration finale agrave 57 microM et 250 microL pour aIF2α3γ

concentration finale agrave 74 microM) et immeacutediatement analyseacutees par FT-ICR

223

Les peptides seacutelectivement marqueacutes sont analyseacutes dans H2O glaceacutee (0degC) et acide (AA 05

M pH 23) MeOH 11 (vv) agrave la concentration finale de 10 microM

Les eacutechantillons totalement marqueacutes (ubiquitine peptides) sont dilueacutes au 1100e dans

H2OACNAF 49 49 2 pour ecirctre analyseacutes en spectromeacutetrie de masse agrave la concentration

finale de 1 microM

224

A3 Bibliographie

1 Fenn J B Mann M Meng C K Wong S F and Whitehouse C M (1989)

Electrospray ionization for mass spectrometry of large biomolecules Science 246 64-

71

2 Dole M Mack L L Hines R L Mobley R C Ferguson L D and Alice M B

(1968) Molecular Beams of Macroions The Journal of Chemical Physics 49 2240-

2249

3 Zeleny J (1914) The Electrical Discharge from Liquid Points and a Hydrostatic

Method of Measuring the Electric Intensity at Their Surfaces Physical Review 3 69-

91

4 Kebarle P (2000) A brief overview of the present status of the mechanisms involved

in electrospray mass spectrometry J Mass Spectrom 35 804-817

5 Taylor G (1964) Disintegration of Water Drops in an Electric Field Proceedings of

the Royal Society of London Series A Mathematical and Physical Sciences 280 383-

397

6 Rayleigh L (1882) XX On the equilibrium of liquid conducting masses charged with

electricity Philosophical Magazine Series 5 14 184-186

7 Gomez A and Tang K (1994) Charge and fission of droplets in electrostatic sprays

Physics of Fluids 6 404-414

8 Iribarne J V and Thomson B A (1976) On the evaporation of small ions from

charged droplets The Journal of Chemical Physics 64 2287-2294

9 Cole R B (2000) Some tenets pertaining to electrospray ionization mass

spectrometry Journal of Mass Spectrometry 35 763-772

10 Fernandez de la Mora J (2000) Electrospray ionization of large multiply charged

species proceeds via Dole‟s charged residue mechanism Analytica Chimica Acta 406

93-104

11 Kebarle P and Peschke M (2000) On the mechanisms by which the charged

droplets produced by electrospray lead to gas phase ions Analytica Chimica Acta 406

11-35

12 Fenn J B (1993) Ion formation from charged droplets roles of geometry energy

and time Journal of the American Society for Mass Spectrometry 4 524-535

13 Marshall A G Hendrickson C L and Jackson G S (1998) Fourier transform ion

cyclotron resonance mass spectrometry a primer Mass Spectrom Rev 17 1-35

14 Makarov A (2000) Electrostatic axially harmonic orbital trapping a high-

performance technique of mass analysis Anal Chem 72 1156-1162

15 Makarov A Denisov E Kholomeev A Balschun W Lange O Strupat K and

Horning S (2006) Performance evaluation of a hybrid linear ion traporbitrap mass

spectrometer Anal Chem 78 2113-2120

16 Sleno L and Volmer D A (2004) Ion activation methods for tandem mass

spectrometry J Mass Spectrom 39 1091-1112

17 Zubarev R A (2003) Reactions of polypeptide ions with electrons in the gas phase

Mass Spectrom Rev 22 57-77

Page 2: DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES MÉTHODOLOGIES PAR …

THESE

Preacutesenteacutee pour obtenir le grade de

DOCTEUR DE LrsquoECOLE POLYTECHNIQUE

Speacutecialiteacute Chimie

Par

Opheacutelie ROBINE

Deacuteveloppement de nouvelles meacutethodologies par spectromeacutetrie

de masse agrave tregraves haute reacutesolution pour lrsquoanalyse structurale de

complexes proteacuteiques

Directrice de thegravese Julia Chamot-Rooke

Soutenue le 28 septembre 2012 devant la commission d‟Examen composeacutee de

M Jean-Michel Camadro Preacutesident

Mme Julia Chamot-Rooke Directrice de thegravese

Mme Emmanuelle Leize Rapporteur

M Christian Rolando Rapporteur

M Guillaume van der Rest Co-directeur de thegravese

i

ii

Le geacutenie crsquoest 1 drsquoinspiration

et 99 de transpiration

Thomas Edison

So mushkil vakt comando sakth

A close friend

iii

Remerciements

Je tiens tout d‟abord agrave remercier Gilles Ohanessian Directeur du laboratoire des

Meacutecanismes Reacuteactionnels de l‟Eacutecole Polytechnique de m‟avoir accueillie au sein de son

Uniteacute de Recherche et de m‟avoir donneacute l‟opportuniteacute de reacutealiser ce travail de thegravese

Ce travail de thegravese a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Julia Chamot-Rooke et la co-direction

de Guillaume van der Rest Je vous remercie de votre aide de votre soutien et de vos

encouragements dans les moments plus difficiles qui surviennent au cours d‟une thegravese Un

grand merci agrave tous les deux de m‟avoir accompagneacutee jusqu‟au bout de cette belle aventure

J‟adresse mes plus sincegraveres remerciements agrave Madame Emmanuelle Leize et Monsieur

Christian Rolando d‟avoir accepteacute d‟ecirctre les rapporteurs de ce travail Merci eacutegalement agrave

Monsieur Jean-Michel Camadro d‟avoir participeacute agrave l‟eacutevaluation de ma Thegravese de Doctorat

Je tiens aussi agrave exprimer ma profonde reconnaissance agrave Eacutedith et Christian de m‟avoir

eacutepauleacutee quand j‟en avais besoin dans mes expeacuteriences et de m‟avoir enseigneacute les rouages des

spectromegravetres de masse du laboratoire plus ou moins capricieux Je suis d‟accord avec Eacutedith

bien que Christian ait toujours raison le FT-ICR (sous toutes ses versions) est le meilleur

instrument du monde entier J‟exprime eacutegalement ma gratitude agrave Vincent d‟Orsay et agrave

Thibaut et Manuel de Paris 7 de m‟avoir aideacutee agrave dompter leur machine

Un grand merci agrave Yves Meacutechulam Directeur du laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole

Polytechnique de m‟avoir offert l‟opportuniteacute d‟enseigner au sein de son deacutepartement et de

travailler en collaboration avec son laboratoire Merci aussi agrave Emmanuelle pour ses conseils

Un tregraves grand merci agrave toutes celles et ceux qui ont partageacutes mon bureau et mon amitieacute

pendant ces trois anneacutees de dur labeur Notamment merci agrave Yasmine Jianqing Jana et Jan

J‟adresse eacutegalement mes sincegraveres remerciements agrave Eacutedith et Julien pour vos pauses cafeacute (ou

plutocirct theacute ) que j‟ai beaucoup appreacutecieacutees en cette fin de thegravese et agrave Joe pour tes discussions agrave

n‟en plus finir et ton humour anglais Best of Luck Merci aux anciens Mag Renjiehellip

Merci enfin agrave toutes les personnes que jrsquoai cocirctoyeacutees ou croiseacutees au DCMR pendant ces

trois anneacutees meacutemorables Merci agrave Theacuteregravese Carine Sophie Steph Michel Chris Gilles

Ash P-H Vanessa Tatianahellip Et pour finir je tiens eacutegalement agrave remercier chaleureusement

mes entraineurs de boxe agrave l‟X Merci agrave Reacutemy Fred et Gilou pour votre coaching deacutecoiffant

Un exemple de prochain challenge les JO de Rio de Janeiro en 2016hellip

iv

Je nrsquooublierai pas de remercier eacutegalement

Jean-Baptiste

Je ne te remercierai jamais assez de ta preacutesence agrave mes cocircteacutes depuis maintenant quelques

anneacutees deacutejagrave et de tout ce que tu fais pour moi Notre rencontre remonte au deacutebut de notre vie

eacutetudiante et voici que nous la finissons ensemble J‟espegravere te retrouver tregraves prochainement

pour le commencement d‟une nouvelle vie agrave deux Merci pour ton soutien et ta compliciteacute

Merci de partager mon quotidien et de me remonter le moral quand il est dans les chaussettes

Merci de partager mes joies mes peines Merci de t‟ecirctre inteacuteresseacute agrave mon travail et d‟avoir

chercheacute avec moi des solutions Merci pour tes petits plats mijoteacutes avec amourhellip Un grand

merci pour TOUT ton amour avec un grand A

Mes parents et mes sœurs

Merci de m‟avoir insuffleacute la soif d‟apprendre et la curiositeacute intellectuelle de m‟avoir

donneacute l‟envie et les moyens de faire des eacutetudes Merci de m‟avoir soutenue et encourageacutee

jusqu‟au bout de ma longue formation Merci de vous ecirctre tenus au courant de l‟avanceacutee de

mon travail de recherche Merci pour votre amour votre tendresse et votre reacuteconfort de tous

les jours Merci pour tout Ma reacuteussite est eacutegalement la vocirctre

Ma famille et belle-famille

Merci agrave vous tous pour votre affection et votre bienveillance mais je tiens agrave remercier plus

particuliegraverement ma Mamie d‟ecirctre encore pregraves de moi aujourd‟hui Merci du fond du cœur de

m‟avoir toujours beaucoup aideacutee soutenue encourageacutee reacuteconforteacutee entoureacuteehellip durant toutes

ces anneacutees et encore plus ces trois derniegraveres Merci pour notre cohabitation nos fous rires nos

discussionshellip merci pour tous ces tregraves bons moments que nous avons partageacutes ensemble

Mes amis

Laurence ma sœur siamoise du hand avec laquelle j‟ai lieacute une sincegravere amitieacute il y a six

ans deacutejagrave Merci d‟avoir gardeacute le contact et de m‟avoir soutenue durant ces trois derniegraveres

anneacutees malgreacute les contraintes d‟espace et de temps imposeacutees par la thegravese et la vie active

J‟espegravere que maintenant nous allons nous revoir plus souvent autour d‟une triple Carmeacutelite

Ash my best male friend I met you in DCMR lab two years ago where you were pursuing

a post doctoral research work Thanks a lot for ALL your happiness your support your

helphellip You taught me how to be self-confident I found in you a confidant and a collaborator

Un grand merci agrave vous tous

v

Liste des abreacuteviations

AA acide formique

ACN aceacutetonitrile

AF acide formique

aIF2 facteur d‟initiation 2 chez les archeacutees

ATD distribution des temps d‟arriveacutee

ATP adeacutenosine triphosphate

ARN(mt) acide ribonucleacuteique (messagertransfert)

BN-PAGE eacutelectrophoregravese sur gel de polyacrylamide en condition bleue native

CI ionisation chimique

CID dissociation induite par collision

DNA acide deacutesoxyribonucleacuteique

DSG DiSuccinimidyl Glutarate

ECD dissociation par capture d‟eacutelectron

EGTA acide eacutethylegravene glycol teacutetraaceacutetique

ESI ionisation par eacutelectroneacutebulisation

ESSI ElectroSonic Spray Ionisation

ETD dissociation par transfert d‟eacutelectron

FID Free Induction Decay

FT-ICR reacutesonance cyclotronique ionique agrave transformeacutee de Fourier

FT-MS spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier

GTP guanosine triphosphate

HDX eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

HDXMS eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium analyseacute par spectromeacutetrie de masse

HIV virus de limmunodeacuteficience humaine

HMQC correacutelation quantique multiple heacuteteacuteronucleacuteaire

HPLC chromatographie en phase liquide agrave haute performance

HSQC correacutelation quantique unique heacuteteacuteronucleacuteaire

vi

IgG immunoglobulines G

IRMPD dissociation multiphotonique infrarouge

ISD In-Source Decay

LC chromatographie en phase liquide

LC-MSMS chromatographie en phase liquide coupleacutee agrave la spectromeacutetrie de masse en

tandem

LILBID Laser-Induced Liquid Beam IonizationDesorption

m-NBA alcool m-nitrobenzylique

MALDI deacutesorptionionisation au laser assisteacutee par matrice

MPT modification post-traductionnelle

MS spectromeacutetrie de masse

MSMS spectromeacutetrie de masse en tandem

NHS N-HydroxySuccinimide

nOe effet Overhauser nucleacuteaire

Q-ToF quadripocircle-temps de vol

RMN reacutesonance magneacutetique nucleacuteaire

SAXS diffusion des rayons X aux petits angles

SDS-PAGE eacutelectrophoregravese sur gel de polyacrylamide en conditions deacutenaturantes contenant

du dodeacutecyl sulfate de sodium

SMI spectromeacutetrie de mobiliteacute ionique

SORI Sustained Off-Resonance Irradiation

SPR reacutesonance plasmonique de surface

TAP-Tag purification par affiniteacute en tandem

TEV virus de la gravure du tabac

TROSY spectroscopie de relaxation transversale optimiseacutee

UPLC chromatographie en phase liquide ultra haute performance

UV ultraviolet

vii

Table des matiegraveres

Introduction geacuteneacuterale 1

Chapitre I Introduction 7

I1 Analyse de complexes proteacuteiques 9

I11 Structure des proteacuteines 9 I111 Structure primaire 10 I112 Structure secondaire 12 I113 Structure tertiaire 15 I114 Structure quaternaire 17

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique 19 I121 Meacutethodes classiques pour l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines 19

I1211 Cristallographie des proteacuteines 19 I1212 Spectroscopie RMN 21

I122 Meacutethodes pour l‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des assemblages

macromoleacuteculaires 24 I1221 Diffusion aux petits angles 24 I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique 24 I1223 Chromatographie d‟exclusion steacuterique 26 I1224 Reacutesonance plasmonique de surface 27 I1225 Spectromeacutetrie de masse 28

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique 37

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique structurelle des proteacuteines en solution 40

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux proteacuteines en solution 40

I211 Quel type d‟hydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX 40 I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de l‟accessibiliteacute des proteacuteines 42 I213 Meacutecanismes de la reacuteaction d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les proteacuteines et peptides 43

I2131 Deacutefinition du facteur chimique 43 I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique 43 I2133 Catalyse de la reacuteaction 46 I2134 Cineacutetique d‟eacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de protection 46 I2135 Deux modegraveles de cineacutetique d‟eacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et repliement

des proteacuteines 47 I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines 49

I221 Marquage continu 50 I222 Marquage pulseacute 50

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par spectromeacutetrie de masse 51

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN 51 I232 Approche classique laquo bottom-up raquo 52

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS 53 I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques 56

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD 60 I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD 60 I2332 Approches top-down et HDX 62 I2333 Limitations des approches top-down HDX 64

I3 Bibliographie 65

viii

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles validation de lrsquoapproche combinant eacutechanges HD et fragmentation ECD 79

II1 Introduction 81

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX 81 II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen 82

II2 Reacutesultats 84

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons 84 II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence84 II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo 85

II3 Conclusions 92

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III 92 II32 Autres instruments FT-ICR 93

II4 Bibliographie 96

Chapitre III Deacuteveloppement de lrsquoapproche HDX top-down ECD 99

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD 101

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo 101 III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo 102

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo 106

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX 106 III211 Proteacuteines d‟eacutetude 106 III212 Protocole d‟analyse HDXMS 107 III213 Instruments utiliseacutes 108

III22 Fragmentation par ECD 109 III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3 109

III2211 Spectre de masse 109 III2212 Reacutesultats obtenus en ECD 109 III2213 Reacutesultats en HDXECD 113 III2214 Analyse des donneacutees 115

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ 121 III2221 Optimisation du protocole d‟analyse 121 III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD 123

III23 Fragmentation par ETD 127 III231 Spectre de masse 127 III232 Reacutesultats obtenus en ETD 128 III233 Reacutesultats en HDXETD 129 III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats d‟ECD 131 III235 Conclusion 134

III24 Fragmentation par CID 135 III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 135

III2411 Spectres de masse 135 III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID 136

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines 139

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse 142

III4 Conclusion 147

III5 Bibliographie 149

ix

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source refroidie 151

IV1 Echange inverse 153

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction 155

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo 156 IV22 Avec une approche laquo top-down raquo 158

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection 165

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo 166 IV32 Mateacuteriel et meacutethodes 166

IV321 Instrumentation 166 IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes 168

IV33 Reacutesultats 169 IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine 169

IV3311 Reacutealisation de la maquette 169 IV3312 Reacutealisation des prototypes 169

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides 174 IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK 175 IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK 175

IV33221 Deacutetermination du temps d‟incubation pour le deacutemarquage seacutelectif 176 IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo 179

IV3323 Cas du peptide GluF 186 IV34 Conclusion 187

IV4 Bibliographie 189

Conclusion geacuteneacuterale 191

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes 197

A1 Instrumentation 199

A11 Ionisation par eacutelectrospray 199 A111 Formation des gouttelettes chargeacutees 200 A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes 201 A113 Formation d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites gouttelettes fortement

chargeacutees 201 A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS) 203

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 203 A1211 Principe physique 206 A1212 Pieacutegeage des ions 206 A1213 Obtention des spectres de masse 208

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 212 A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse 212 A1222 Sensibiliteacute 212 A1223 Gamme dynamique 213 A1224 Gamme de masse 213

A123 Technologie Orbitrap 214 A13 Fragmentation en phase gazeuse 216

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR 216 A132 Fragmentation par ETD sur l‟Orbitrap 218 A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF 220

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium 220

A21 Marquage 220 A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes 220 A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine 221 A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ 221

x

A22 Dessalage 222 A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse 222

A3 Bibliographie 224

xi

1

Introduction geacuteneacuterale

2

3

Acteurs essentiels de l‟organisation cellulaire et de la reacutegulation du meacutetabolisme les

proteacuteines sont agrave la fois des cibles theacuterapeutiques et des meacutedicaments potentiels Leacutetude de ces

proteacuteines agrave grande eacutechelle appeleacutee analyse proteacuteomique a eacuteteacute rendue possible ces derniegraveres

anneacutees par la mise au point dapproches robustes baseacutees sur des deacuteveloppements importants

en spectromeacutetrie de masse Cependant un simple inventaire de ces proteacuteines ne suffit pas agrave

comprendre les pheacutenomegravenes biologiques complexes qui reacutegissent lactiviteacute cellulaire Ainsi

appreacutehender la maniegravere dont sont organiseacutees ces proteacuteines en complexes multiproteacuteiques est

un des deacutefis actuels de la proteacuteomique Le nombre dinteractions entre proteacuteines au sein d‟une

cellule eacutetant tregraves important linvestigation de ces multiples reacuteseaux proteacuteiques neacutecessite de

nouveaux deacuteveloppements agrave la fois en spectromeacutetrie de masse mais aussi en bioinformatique

pour fournir des meacutethodologies adapteacutees ainsi que des outils puissants pour les analyser

Les interactions entre proteacuteines sont gouverneacutees par leur agencement et repliement dans

l‟espace faisant de la structure tridimensionnelle de ces complexes un eacuteleacutement-cleacute dans

l‟eacutetude et la compreacutehension de la vie de la cellule Les meacutethodes physico-chimiques les plus

couramment utiliseacutees pour ces eacutetudes structurales sont la cristallographie et la spectroscopie

RMN Bien que ces meacutethodes d‟analyse soient les piliers de la biologie structurale actuelle

elles preacutesentent toutefois des limitations majeures la cristallographie des proteacuteines

eacutegalement appeleacutee diffraction des rayons X neacutecessite de pouvoir cristalliser les proteacuteines et la

spectroscopie RMN est limiteacutee agrave des systegravemes de taille modeste Par ailleurs les deux

techniques requiegraverent des quantiteacutes relativement importantes d‟eacutechantillon et ne donnent

quune image statique qui est loin de la reacutealiteacute de la structure des proteacuteines Il est donc

devenu indispensable de deacutevelopper des meacutethodes alternatives permettant de sinteacuteresser agrave la

dynamique de ces systegravemes biologiques tout en travaillant avec des quantiteacutes les plus faibles

possibles d‟eacutechantillon

Dans ce contexte la spectromeacutetrie de masse est devenue ces derniegraveres anneacutees un outil

inteacuteressant pour la biologie structurale La spectromeacutetrie de masse preacutesente l‟avantage de

permettre des eacutetudes sur des proteacuteines non cristallisables d‟ecirctre peu consommatrice en

mateacuteriel et de permettre des analyses rapides sur des systegravemes complexes tant par la diversiteacute

que par la taille Il existe aujourd‟hui trois grandes approches baseacutees sur la spectromeacutetrie de

masse pour eacutetudier l‟organisation structurale d‟un complexe proteacuteique La premiegravere consiste agrave

utiliser des conditions d‟ionisation adapteacutees permettant de maintenir en phase gazeuse des

interactions non covalentes au sein de complexes proteacuteiques La deuxiegraveme approche repose

sur le pontage covalent des proteacuteines en association suivi d‟une digestion enzymatique et

4

analyse par spectromeacutetrie de masse Les agents pontants permettent dobtenir des informations

de topologie du complexe initial en creacuteant des liaisons covalentes entre des acides amineacutes

proches dans la structure tertiaire Une derniegravere technique consiste agrave effectuer un marquage de

la surface accessible du complexe qui peut ecirctre soit permanent par l‟utilisation de reacuteactifs

chimiques particuliers ou par l‟exposition aux radicaux hydroxyles soit labile Dans ce

dernier cas les eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium sont geacuteneacuteralement utiliseacutes La

vitesse deacutechange des hydrogegravenes damide dun squelette polypeptidique deacutepend de

l‟accessibiliteacute au solvant mais eacutegalement de la stabiliteacute de la structure locale Ainsi les

hydrogegravenes d‟amide situeacutes dans les reacutegions flexibles ou non structureacutees de la proteacuteine telles

que les boucles et les coudes ou dans les reacutegions accessibles au solvant ont des vitesses

d‟eacutechange rapides identiques agrave celles observeacutees dans le cas d‟un peptide non structureacute Au

contraire ceux qui sont impliqueacutes dans des structures secondaires stables comme les heacutelices

α et les feuillets β ainsi que ceux enfouis dans le cœur hydrophobe des proteacuteines s‟eacutechangent

plus lentement car ils sont proteacutegeacutes La mesure des vitesses deacutechange permet donc de sonder

localement la structure dune proteacuteine ou dun complexe L‟avantage majeur de cette approche

est qu‟elle ne modifie pas la structure tridimensionnelle du complexe ce qui n‟est pas

toujours le cas avec des marquages covalents De plus elle permet de sinteacuteresser agrave des

complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire En revanche le fait que le marquage soit labile

impose des conditions expeacuterimentales strictes agrave respecter pour eacuteviter le deacutemarquage et

davantage de contraintes au niveau de la rapiditeacute de l‟analyse Malgreacute ces limitations

l‟association des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium et de la spectromeacutetrie de masse

(HDXMS) est devenue une meacutethode largement employeacutee pour l‟eacutetude structurale et

dynamique des proteacuteines et complexes proteacuteiques

L‟analyse par spectromeacutetrie de masse des proteacuteines marqueacutees au deuteacuterium est

classiquement reacutealiseacutee par une approche laquo bottom-up raquo Cette derniegravere consiste agrave analyser des

peptides obtenus par digestion enzymatique de la proteacuteine dinteacuterecirct Chaque hydrogegravene

remplaceacute par un deuteacuterium conduit agrave un increacutement en masse de 1 Da facilement deacutetectable par

spectromeacutetrie de masse Pour chaque peptide une cineacutetique d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

peut donc ecirctre obtenue Si cette approche a montreacute tout son inteacuterecirct mecircme pour des systegravemes

tregraves grands l‟inconveacutenient majeur en est la reacutesolution qui est limiteacutee par la taille des peptides

geacuteneacutereacutes (en moyenne 5-10 acides amineacutes) Une alternative qui sest deacuteveloppeacutee ces derniegraveres

anneacutees est celle qui consiste agrave introduire la proteacuteine intacte en phase gazeuse (approche laquo top-

down raquo) et agrave la fragmenter par capture ou transfert dun eacutelectron En effet contrairement aux

approches de fragmentation classiques par CID (laquo Collision Induced Dissociation raquo) qui

conduisent agrave une redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums dans la seacutequence ces approches ECD

5

ou ETD permettent de localiser les deuteacuteriums dans la seacutequence avec une reacutesolution qui peut

ecirctre agrave lacide amineacute

Ce travail de thegravese sinscrit dans cette theacutematique de deacuteveloppement dapproches top-down

apregraves eacutechanges HD pour lanalyse de complexes proteacuteiques Les systegravemes biologiques sur

lesquels nous avons choisi de travailler sont les complexes dinitiation de la traduction et ce

travail est meneacute en collaboration avec le laboratoire de Biochimie de lEacutecole Polytechnique

(E Schmitt et Y Meacutechulam) Il a eacuteteacute initieacute lors de la thegravese de M Duchateau (soutenue en

feacutevrier 2010)

Cette thegravese comporte quatre grands chapitres

Le premier est un chapitre bibliographique Il comprend des geacuteneacuteraliteacutes sur la structure des

proteacuteines les meacutethodes physico-chimiques classiquement utiliseacutees en biologie structurale et

fait eacutegalement le point sur les diffeacuterentes approches baseacutees sur la spectromeacutetrie de masse

permettant dobtenir des informations structurales sur des proteacuteines ou des complexes

proteacuteiques Le principe des eacutechanges HD et leur analyse par spectromeacutetrie de masse incluant

les derniers deacuteveloppements dans le domaine fait lobjet de la fin de ce chapitre

Le chapitre II est consacreacute agrave leacutetude de peptides modegraveles qui peuvent ecirctre seacutelectivement

marqueacutes au deuteacuterium Ces peptides ont eacuteteacute utiliseacutes comme sonde (i) du deacutemarquage (D H)

qui peut avoir lieu agrave diffeacuterents endroits du spectromegravetre de masse et (ii) du reacutearrangement

aleacuteatoire des deuteacuteriums et des hydrogegravenes dans la seacutequence polypeptidique lors dexpeacuteriences

de spectromeacutetrie de masse en tandem Lobjectif de ces eacutetudes eacutetait de mettre au point une

approche robuste par ECD ou ETD pour lanalyse de peptides deuteacutereacutes en vue de lappliquer agrave

des proteacuteines

Dans le chapitre III sont regroupeacutes les reacutesultats obtenus pour lanalyse du complexe aIF2 et

notamment toute la mise au point de lapproche top-down HDX sur une des sous-uniteacutes de ce

complexe Des essais ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave la fois en ECD sur diffeacuterents spectromegravetres de masse

FT-ICR et en ETD sur un instrument de type Orbitrap installeacute sur la plateforme proteacuteomique

de Paris Diderot dirigeacutee par J-M Camadro Ce chapitre montre toute la difficulteacute quil peut y

avoir pour rendre lapproche robuste et reproductible notamment pour des eacutechantillons reacuteels

pour lesquels de nouvelles contraintes apparaissent (quantiteacute disponible dessalage

stabiliteacute)

Sur la base des reacutesultats obtenus dans le chapitre III il nous est apparu eacutevident quun

problegraveme majeur de reproductibiliteacute eacutetait lieacute agrave leacutetape dintroduction des eacutechantillons deuteacutereacutes

dans le spectromegravetre de masse Nous avons donc deacutecideacute de mettre au point un systegraveme

complegravetement diffeacuterent de tout ce qui avait eacuteteacute deacuteveloppeacute jusquagrave preacutesent baseacute sur lutilisation

6

dune enceinte isoleacutee qui peut ecirctre maintenue agrave -30degC La mise au point de ce montage

expeacuterimental que nous avons appeleacute cryosource fait lobjet du quatriegraveme chapitre de ce

manuscrit Les diffeacuterentes modifications ayant conduit agrave la version finale de cette cryosource

les difficulteacutes rencontreacutees et la maniegravere donc nous les avons reacutesolues et les performances que

lon peut atteindre sur des peptides ou des proteacuteines sont deacutecrites dans ce chapitre

Le manuscrit se termine par une conclusion geacuteneacuterale et les perspectives lieacutees agrave ce travail et

une annexe deacutecrivant les mateacuteriels et meacutethodes

7

Chapitre I Introduction

8

Chapitre I Introduction 7

I1 Analyse de complexes proteacuteiques 9

I11 Structure des proteacuteines 9 I111 Structure primaire 10

I112 Structure secondaire 12

I113 Structure tertiaire 15

I114 Structure quaternaire 17

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique 19 I121 Meacutethodes classiques pour l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines 19

I1211 Cristallographie des proteacuteines 19

I1212 Spectroscopie RMN 21

I122 Meacutethodes pour l‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des assemblages

macromoleacuteculaires 24

I1221 Diffusion aux petits angles 24

I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique 24

I1223 Chromatographie d‟exclusion steacuterique 26

I1224 Reacutesonance plasmonique de surface 27

I1225 Spectromeacutetrie de masse 28

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique 37

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique structurelle des proteacuteines en solution 40

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux proteacuteines en solution 40

I211 Quel type d‟hydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX 40

I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de l‟accessibiliteacute des proteacuteines 42

I213 Meacutecanismes de la reacuteaction d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les proteacuteines et peptides 43

I2131 Deacutefinition du facteur chimique 43

I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique 43

I2133 Catalyse de la reacuteaction 46

I2134 Cineacutetique d‟eacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de protection 46

I2135 Deux modegraveles de cineacutetique d‟eacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et

repliement des proteacuteines 47

I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines 49 I221 Marquage continu 50

I222 Marquage pulseacute 50

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par spectromeacutetrie de masse 51

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN 51

I232 Approche classique laquo bottom-up raquo 52

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS 53

I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques 56

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD60

I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD 60

I2332 Approches top-down et HDX 62

I2333 Limitations des approches top-down HDX 64

I3 Bibliographie 65

9

I1 Analyse de complexes proteacuteiques

Les proteacuteines sont des composants essentiels de la cellule En effet elles assurent

l‟immense majoriteacute des fonctions cellulaires responsables de la vie Les proteacuteines sont

responsables de la catalyse enzymatique du transport des moleacutecules de la deacutefense de l‟hocircte

de la conversion eacutenergeacutetique ainsi que de beaucoup d‟autres processus cellulaires essentiels

Les proteacuteines sont des macromoleacutecules biologiques de haut poids moleacuteculaire qui

comportent diffeacuterents niveaux de structuration allant de leur seacutequence en acides amineacutes agrave leur

structure tridimensionnelle au sein de complexes proteacuteiques La structure tridimensionnelle

d‟une proteacuteine est intimement lieacutee agrave sa fonction Toute l‟information requise pour qu‟une

proteacuteine adopte une conformation native particuliegravere est contenue dans sa seacutequence en acides

amineacutes (1) Les multiples conformations que sont capables d‟adopter les proteacuteines leur

permettent de remplir la varieacuteteacute de tacircches qui leur incombent mais en font des systegravemes

complexes agrave analyser

Cependant aussi puissantes que les proteacuteines puissent ecirctre individuellement leur veacuteritable

pouvoir et leur complexiteacute deacutecoulent des interactions qu‟elles entretiennent avec d‟autres

moleacutecules Beaucoup d‟entre elles ne remplissent leur fonction que si elles sont lieacutees agrave des

ligands tels que des ions meacutetalliques des groupes prostheacutetiques ou agrave d‟autres proteacuteines (2) En

effet un grand nombre de pheacutenomegravenes biologiques implique l‟activiteacute de plusieurs proteacuteines

agrave travers la formation de complexes multi-proteacuteiques Ainsi la compreacutehension des processus

cellulaires au niveau atomique passe par la deacutetermination de la structure tridimensionnelle de

ces complexes

I11 Structure des proteacuteines

L‟analyse de la structure tridimensionnelle revient agrave deacutecrire la position relative des

diffeacuterents atomes constituant une proteacuteine donneacutee De la seacutequence de la proteacuteine agrave la

formation de complexes oligomeacuteriques il existe quatre niveaux de structuration de la

proteacuteine

10

I111 Structure primaire

Les proteacuteines sont des assemblages d‟acides amineacutes (nombre supeacuterieur agrave 50) lieacutes entre eux

par des liaisons peptidiques Il existe vingt acides amineacutes naturels reacutepondant tous agrave la mecircme

structure geacuteneacuterale (Fig I 1) Ce sont des moleacutecules organiques formeacutees d‟un atome de

carbone central (alpha) auquel sont lieacutes un atome d‟hydrogegravene un radical R appeleacute aussi

chaicircne lateacuterale (R repreacutesente un groupement fonctionnel et correspond agrave la portion variable

d‟un acide amineacute agrave l‟autre) ainsi que deux groupements terminaux conserveacutes une amine et un

acide carboxylique

Fig I 1 Structure geacuteneacuterale des acides amineacutes Agrave pH physiologique les groupements

terminaux -NH2 et -COOH sont retrouveacutes respectivement sous la forme -NH3+ et -COO

-

Les acides amineacutes peuvent ecirctre distingueacutes suivant les proprieacuteteacutes physico-chimiques de leur

chaicircne lateacuterale (Fig I 2) Un premier groupe est formeacute par les acides amineacutes preacutesentant des

chaicircnes lateacuterales aliphatiques tels que la glycine (Gly G)1 l‟alanine (Ala A) la valine (Val

V) la leucine (Leu L) l‟isoleucine (Ile I) et la proline (Pro P) Ces acides amineacutes sont

apolaires On peut classer dans une seconde cateacutegorie ceux qui sont aromatiques

pheacutenylalanine (Phe F) tyrosine (Tyr Y) et tryptophane (Trp W) On distingue eacutegalement les

acides amineacutes basiques (lysine [Lys K] arginine [Arg R] histidine [His H]) et acides (acide

aspartique [Asp D] acide glutamique [Glu E]) L‟asparagine (Asn N) et la glutamine [Gln

Q] sont deux acides amineacutes polaires non ionisables Les deux derniers groupes sont constitueacutes

des acides amineacutes hydroxyleacutes (seacuterine [Ser S] threacuteonine [Thr R]) et ceux qui contiennent du

soufre (cysteacuteine [Cys C] meacutethionine [Met M]) Chacun des vingt acides amineacutes possegravede

donc une chaicircne lateacuterale avec une fonction chimique qui lui est propre L‟existence

simultaneacutee d‟une grande diversiteacute de fonctions chimiques est en partie agrave l‟origine de la

1 Les abreacuteviations entre parenthegraveses correspondent agrave la nomenclature en trois lettres et en une lettre des acides

amineacutes Elles seront utiliseacutees dans la suite de ce manuscrit

11

multitude de fonctions biochimiques que peuvent remplir les proteacuteines dans le monde du

vivant

Fig I 2 Tableau des vingt acides amineacutes naturels Ils peuvent ecirctre apolaires (hydrophobes) et

dans ce cas ils sont retrouveacutes le plus souvent au cœur des proteacuteines ou au contraire polaires

(hydrophiles) et localiseacutes geacuteneacuteralement agrave leur surface Parmi ces derniers certains sont acides

dautre basiques dautres encore sont neutres

Les acides amineacutes peuvent se lier entre eux de maniegravere covalente par la formation d‟une

liaison amide appeleacutee aussi liaison peptidique Elle s‟eacutetablit entre le groupement acide (-

COOH) dun acide amineacute et le groupement amine (-NH2) d‟un autre et permet la formation

12

d‟un dipeptide Au cours de la reacuteaction de condensation une moleacutecule deau est eacutelimineacutee Les

polymegraveres comprenant un plus grand nombre d‟acides amineacutes (de 10 agrave 100) sont nommeacutes

polypeptides Ces derniers servent dans la synthegravese des proteacuteines qui sont de longues chaicircnes

polypeptidiques

La structure primaire d‟une proteacuteine est donneacutee par la seacutequence lineacuteaire des acides amineacutes

la constituant Elle est orienteacutee Le premier acide amineacute de la seacutequence est par convention

celui qui possegravede une extreacutemiteacute amine libre on parle dextreacutemiteacute N-terminale De maniegravere

symeacutetrique le dernier acide amineacute est celui qui possegravede une extreacutemiteacute carboxyle libre on

parle d‟extreacutemiteacute C-terminale Cette convention correspond eacutegalement agrave l‟ordre de la synthegravese

de la proteacuteine par les ribosomes Par exemple la description AGSLK correspond agrave

l‟enchaicircnement des acides amineacutes alanine-glycine-seacuterine-leucine-lysine

Cependant une proteacuteine ne peut ecirctre simplement deacutecrite par une structure primaire

lineacuteaire En effet ses proprieacuteteacutes deacutecoulent eacutegalement de sa capaciteacute agrave former des structures

plus eacutelaboreacutees

I112 Structure secondaire

La structure secondaire d‟une proteacuteine correspond au repliement local de sa chaicircne

principale2 Il s‟eacutetablit alors des liaisons hydrogegravenes entre des acides amineacutes qui sont

relativement proches dans sa seacutequence primaire donnant naissance agrave des motifs structuraux

particuliers Lexistence de structures secondaires est due au fait que les repliements

eacutenergeacutetiquement favorables de la chaicircne peptidique sont en nombres limiteacutes et que seules

certaines conformations sont possibles Ainsi une proteacuteine se deacutecrit par sa seacutequence dacides

amineacutes mais aussi par l‟enchaicircnement de ses eacuteleacutements de structure secondaire

En d‟autres termes certaines conformations se trouvent nettement favoriseacutees car

particuliegraverement stabiliseacutees par des liaisons hydrogegravene entre les groupements amide (-NH) et

carbonyle (CO) du squelette peptidique Il existe trois principaux types de structures

secondaires selon le repliement des liaisons peptidiques et l‟eacutetablissement de ponts hydrogegravene

entre les acides amineacutes les heacutelices les feuillets et les coudes

2 La chaicircne principale dune proteacuteine correspond aux atomes impliqueacutes dans la structure de base du polypeptide

(-NH-CαH-CO-) Les chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes (souvent noteacutees -R) nappartiennent donc pas au

squelette carboneacute

13

L‟heacutelice est une structure reacuteguliegravere dans laquelle la chaicircne principale de la proteacuteine adopte

un repliement heacutelicoiumldal peacuteriodique L‟heacutelice est dite laquo droite raquo quand elle tourne dans le sens

horaire Il s‟agit du cas rencontreacute le plus freacutequent A linverse lorsquune heacutelice tourne dans le

sens anti-horaire elle est dite laquo gauche raquo Lheacutelice droite de type alpha est un motif structural

tregraves retrouveacute au sein des proteacuteines (Fig I 3) L‟heacutelice α est une structure tregraves stable

caracteacuteriseacutee par la formation de liaisons hydrogegravene entre le groupement carbonyle dun reacutesidu

n et le groupement amide dun reacutesidu n+4 Un tour dheacutelice α moyen est constitueacute de 36

acides amineacutes Dans une heacutelice α les chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes sont localiseacutees en

peacuteripheacuterie de lheacutelice et pointent vers lexteacuterieur perpendiculairement agrave l‟axe de la spirale La

structure compacte eacutenergeacutetiquement favorable de lheacutelice α a eacuteteacute preacutedite par Linus Pauling et

Robert Corey en 1951 (3) agrave partir de calculs theacuteoriques Elle a ensuite eacuteteacute observeacutee pour la

premiegravere fois en 1958 dans la myoglobine en huit exemplaires impliquant environ 75 des

acides amineacutes de la proteacuteine La structure tridimensionnelle de cette derniegravere fut la premiegravere

eacutelucideacutee par cristallographie des proteacuteines (4)

Fig I 3 Scheacutema de l‟heacutelice droite de type α tregraves reacutepandue dans le repliement des proteacuteines

Le pas de l‟heacutelice est de 54 Aring (5)

Le feuillet becircta est une structure reacuteguliegravere dans laquelle la chaicircne principale de la proteacuteine

adopte un repliement eacutetendu peacuteriodique Le feuillet β est composeacute de plusieurs brins β qui

eacutetablissent des liaisons hydrogegravene entre eux afin de stabiliser la structure De ce fait les ponts

hydrogegravenes qui le stabilisent se font entre reacutesidus distants plutocirct quentre reacutesidus conseacutecutifs

comme c‟est le cas dans une heacutelice α Dans un feuillet β les chaicircnes lateacuterales des acides

amineacutes sont situeacutees alternativement en dessus et en dessous du plan du feuillet Le repliement

β est favoriseacute par des acides amineacutes portant des petits groupements lateacuteraux laquoRraquo non chargeacutes

De la mecircme maniegravere que pour la structure de lheacutelice α la structure du feuillet β a eacuteteacute preacutedite

14

par Pauling et Corey en 1951 (6) Les feuillets β sont repreacutesenteacutes par des flegraveches (Fig I 4)

correspondant aux chaicircnes polypeptidiques qui les constituent Ces derniegraveres sont plisseacutees et

peuvent ecirctre aligneacutees de maniegravere parallegravele et dans ce cas elles ont la mecircme orientation ou de

maniegravere antiparallegravele avec des orientations opposeacutees Le sens est deacutetermineacute par la polariteacute des

chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes Lorsque deux brins β sorganisent de maniegravere

antiparallegravele les groupements -NH et -CO dun reacutesidu i du premier brin forment des liaisons

hydrogegravene avec les groupements -CO et -NH dun reacutesidu j appartenant au second

Typiquement deux brins β conseacutecutifs relieacutes par un coude forment un feuillet β antiparallegravele

Lorsque deux brins β sont orienteacutes dans le mecircme sens ils s‟organisent en un feuillet parallegravele

Les groupements -NH et -CO dun reacutesidu dun brin A forment alors des liaisons hydrogegravene

avec les groupements -CO dun premier reacutesidu et -NH d‟un second reacutesidu appartenant tous les

deux agrave un brin B Le feuillet β antiparallegravele est plus stable que le feuillet parallegravele car les ponts

hydrogegravene sont dans un alignement parfait

Fig I 4 Scheacutema du feuillet β anti-parallegravele qui est la juxtaposition de brins β ayant des

orientations opposeacutees (5)

Les coudes ne sont pas des structures reacuteguliegraveres et peacuteriodiques Il sagit plutocirct dun

repliement particulier de la chaicircne principale localiseacute sur trois ou quatre reacutesidus conseacutecutifs

Les coudes permettent bien souvent de relier deux structures secondaires peacuteriodiques telles

que les heacutelices etou les brins

15

Les heacutelices α les feuillets β et les coudes ne sont pas les seuls motifs structuraux

secondaires mais sont ceux qui sont le plus freacutequemment rencontreacutes Il existe une grande

varieacuteteacute de motifs moins courants qui ne seront pas deacutetailleacutes dans ce manuscrit

I113 Structure tertiaire

La structure tertiaire d‟une proteacuteine correspond agrave sa structure tridimensionnelle

d‟ensemble Il s‟agit de la structure finale adopteacutee par une proteacuteine apregraves le repliement dans

l‟espace des heacutelices α feuillets β et autres eacuteleacutements de la structure secondaire

Bien que la plupart des proteacuteines neacuteosyntheacutetiseacutees aient la capaciteacute de se replier

correctement certaines en sont incapables sans l‟intervention de proteacuteines dicirctes chaperonnes

Une proteacuteine chaperonne est donc une proteacuteine particuliegravere dont une des fonctions est

dassister dautres proteacuteines dans leur maturation en leur assurant un repliement

tridimensionnel adeacutequat Le repliement dans l‟espace des chaicircnes polypeptidiques est un

processus co-traductionnel (7) Les proteacuteines chaperonnes ont eacuteteacute co-deacutecouvertes en 1989 par

Arthur L Horwich et Franz-Ulrich Hartl (8-9)

La structure tertiaire donne une forme particuliegravere agrave la proteacuteine la rendant ainsi

fonctionnelle Pour cela elle faccedilonne la surface des proteacuteines de maniegravere complexe leur

permettant d‟interagir speacutecifiquement avec des ligands ou d‟autres macromoleacutecules comme

des proteacuteines partenaires (10) La structure tridimensionnelle est thermodynamiquement

stable dans un domaine restreint de tempeacuterature pH et force ionique Au-delagrave de ce domaine

une proteacuteine peut se deacuteplier et perdre son activiteacute biologique on dit alors qu‟elle est

deacutenatureacutee A l‟inteacuterieur des cellules ce sont les proteacuteines chaperonnes qui interviennent Elles

preacuteviennent les dommages potentiels causeacutes par de telles variations des conditions physico-

chimiques et regraveglent la perte de fonction due au mauvais repliement tridimensionnel pouvant

conduire agrave une varieacuteteacute de pathologies telles que la maladie d‟Alzheimer ou les maladies agrave

prion (11) L‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines est donc un eacuteleacutement cleacute

dans la compreacutehension de leurs fonctions biochimiques Son importance est aussi retrouveacutee

dans l‟industrie biopharmaceutique notamment dans le controcircle de la conception de proteacuteines

pharmaceutiques Il faut noter par ailleurs que la structure tridimensionnelle d‟une proteacuteine

en solution n‟est pas totalement rigide mais dynamique (12-13) En effet la chaicircne

polypeptidique subit des mouvements thermiques et est susceptible de se deacuteformer lors

16

d‟interactions avec d‟autres moleacutecules Ces fluctuations de conformations sont souvent

consideacutereacutees comme une condition preacutealable agrave la fonction biologique (14-15)

Cette organisation structurale dans l‟espace est obtenue et rendue possible gracircce agrave

diffeacuterents types dinteractions qui la stabilisent Ces interactions plus ou moins fortes sont

eacutetablies entre les radicaux de diffeacuterents acides amineacutes geacuteneacuteralement eacuteloigneacutes dans la structure

primaire La chaicircne principale de la proteacuteine aura donc tendance agrave se replier sur elle-mecircme

pour adopter une structure tridimensionnelle preacutecise Parmi les interactions les plus notables

sont retrouveacutees les interactions covalentes non covalentes ainsi que les interactions

hydrophobes

Les interactions covalentes eacutetablissent des liaisons fortes entre deux acides amineacutes qui

peuvent ecirctre tregraves proches dans la structure tertiaire mais tregraves eacuteloigneacutes dans la structure

primaire de la proteacuteine De ce fait la formation de cette liaison conduit agrave une stabilisation

accrue de la structure tertiaire Dans le cas des proteacuteines il s‟agit principalement de la

creacuteation d‟un pont disulfure par une reacuteaction d‟oxydation se deacuteroulant entre les fonctions

thiols de deux cysteacuteines Les interactions non covalentes regroupent quant agrave elles les liaisons

eacutelectrostatiques les liaisons hydrogegravene et les liaisons de van der Waals Elles se distinguent

par leur geacuteomeacutetrie leur longueur et leur speacutecificiteacute Elles sont affecteacutees de diffeacuterentes faccedilons

par la preacutesence d‟eau

Les liaisons eacutelectrostatiques peuvent s‟eacutetablir entre deux groupements portant une charge

nette positive ou neacutegative Cette interaction peut conduire agrave un effet reacutepulsif (charges de signe

identique) ou attractif (charges opposeacutees) Une interaction entre deux groupes de charge

opposeacutee est eacutegalement appeleacutee liaison ionique liaison saline pont salin ou paire d‟ions Il

s‟agit de l‟interaction la plus forte parmi les interactions non covalentes Elle est plus forte

dans le vide et plus faible dans un milieu tel que l‟eau

Les liaisons hydrogegravene peuvent ecirctre formeacutees aussi bien entre des moleacutecules non chargeacutees

que des moleacutecules chargeacutees Elle correspond agrave une liaison entre deux atomes eacutelectroneacutegatifs

assureacutee par un atome d‟hydrogegravene partageacute entre les deux L‟atome auquel l‟hydrogegravene est le

plus fermement lieacute est le donneur d‟hydrogegravene tandis que l‟autre est l‟accepteur d‟hydrogegravene

Avec des eacutenergies de liaison de l‟ordre de 3 agrave 7 kcalmol les liaisons hydrogegravene sont plus

fortes que celles de van der Waals Les liaisons hydrogegravene sont directionnelles Les plus

fortes sont celles dans lesquelles le donneur l‟hydrogegravene et l‟accepteur sont colineacuteaires

17

Les liaisons de van der Waals force attractive non speacutecifique entrent en jeu lorsque deux

atomes sont distants de 3 agrave 4 Aring Elle est due au fait que la distribution de la charge

eacutelectronique autour d‟un atome varie dans le temps A un instant donneacute la distribution de la

charge n‟est pas parfaitement symeacutetrique Cette asymeacutetrie transitoire de la charge eacutelectronique

autour d‟un atome induit une asymeacutetrie semblable dans la distribution eacutelectronique des

atomes voisins non lieacutes Ceci conduit donc agrave des interactions de type dipocircle-dipocircle induit

L‟eacutenergie des interactions de van der Waals est faible avec une eacutenergie de stabilisation de

l‟ordre de 06 kcalmol Comme pour les liaisons hydrogegravene le nombre de ces interactions au

sein d‟une proteacuteine peut ecirctre tregraves eacuteleveacute La somme de l‟eacutenergie mise en jeu est alors

substantielle A titre d‟exemple dans le cytochrome C de cheval et dans la myoglobine de

cachalot les interactions de van der Waals agrave l‟inteacuterieur de la proteacuteine contribuent pour

l‟essentiel agrave la stabiliteacute de la structure

Dans une solution aqueuse une moleacutecule apolaire tend agrave interagir avec d‟autres moleacutecules

apolaires plutocirct que de s‟entourer de moleacutecules d‟eau On nomme cette proprieacuteteacute

hydrophobiciteacute et cela conduit agrave des interactions entre moleacutecules qu‟on appelle des

interactions hydrophobes Ces derniegraveres engendrent dans le cas des proteacuteines un

regroupement des reacutesidus apolaires geacuteneacuteralement vers le centre formant un cœur hydrophobe

ou encore au niveau d‟autres reacutegions hydrophobes de la cellule comme dans les membranes

lipidiques Les interactions hydrophobes constituent une force essentielle dans le repliement

des proteacuteines

I114 Structure quaternaire

La structure quaternaire d‟une proteacuteine est donneacutee par l‟association des diffeacuterentes chaicircnes

polypeptidiques la constituant Elles peuvent ecirctre identiques ou diffeacuterentes et sont relieacutees par

des liaisons non covalentes (liaisons hydrogegravene liaisons ioniques interactions hydrophobes)

et plus rarement par des ponts disulfures Leffet hydrophobe est un facteur preacutepondeacuterant dans

lassemblage des eacuteleacutements structuraux y compris dans lassociation des chaicircnes Chacune de

ces chaicircnes est appeleacutee monomegravere (ou sous uniteacute) et lensemble oligomegravere ou proteacuteine

multimeacuterique

18

Seulement certaines proteacuteines preacutesentent une telle organisation Lheacutemoglobine est un

exemple de proteacuteine posseacutedant une structure quaternaire Elle est constitueacutee de quatre sous-

uniteacutes deux sous-uniteacutes α (de 141 acides amineacutes) et deux sous-uniteacutes β (de 146 acides

amineacutes)

Ces assemblages polypeptidiques peuvent ecirctre parfaitement bien deacutefinis mais certains

peuvent former des complexes multiproteacuteiques uniquement transitoires tout en eacutetant

fonctionnellement importants En effet dans l‟environnement cellulaire les proteacuteines sont

rarement isoleacutees et les interactions qu‟elles peuvent creacuteer avec d‟autres partenaires sont

essentielles agrave leur fonction Dans d‟autres cas comme dans les macroassemblages amyloiumldes

la formation d‟un complexe entre des proteacuteines peut conduire agrave la formation d‟assemblages

potentiellement pathogegravenes (16) L‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des

macroassemblages est donc primordiale agrave la compreacutehension de leur fonctionnement et

dysfonctionnement

~

Nous venons de mettre en eacutevidence l‟importance de l‟eacutetude structurale des proteacuteines ainsi

que sa complexiteacute qui en font un veacuteritable deacutefi analytique La structure tridimensionnelle

d‟une proteacuteine donneacutee n‟est pas neacutecessairement unique elle peut fluctuer temporellement ou

deacutependre des autres moleacutecules (proteacuteines ou ligands) avec lesquelles la proteacuteine interagit dans

l‟environnement cellulaire Il existe un grand nombre de techniques physico-chimiques

biophysiques ou biochimiques permettant d‟obtenir des informations structurales sur des

proteacuteines et des complexes proteacuteiques Les approches les plus couramment employeacutees pour

identifier et caracteacuteriser des interactions proteacuteine-proteacuteine combinent des meacutethodes

biochimiques et biophysiques

Parmi ces techniques deux meacutethodes physico-chimiques sont couramment utiliseacutees pour

l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines Il s‟agit de la cristallographie et de la

reacutesonance magneacutetique nucleacuteaire (RMN) En ce qui concerne l‟analyse des complexes

proteacuteiques qui sont geacuteneacuteralement des eacutedifices macromoleacuteculaires bien plus importants ces

derniegraveres anneacutees ont vu le deacuteveloppement de meacutethodes alternatives telles que la cryo-

microscopie eacutelectronique la diffraction de rayons X ou de neutrons aux petits angles ou

encore diffeacuterentes techniques baseacutees sur l‟utilisation de la spectromeacutetrie de masse Il est aussi

possible d‟aborder la composition des complexes proteacuteiques par des meacutethodes biochimiques

parmi lesquelles le TAP-Tag et le double hybride occupent une place de choix

19

Les paragraphes suivants seront consacreacutes agrave une description des grandes meacutethodes

d‟analyse physico-chimique et biochimique utilisables pour appreacutehender la structure des

proteacuteines mais surtout celle des complexes proteacuteiques

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique

I121 Meacutethodes classiques pour lrsquoeacutetude de la structure tridimensionnelle des

proteacuteines

I1211 Cristallographie des proteacuteines

La cristallographie est la science qui eacutetudie les systegravemes cristallins agrave leacutechelle atomique

Les macromoleacutecules dont font partie les proteacuteines sont geacuteneacuteralement trop petites pour ecirctre

observeacutees directement par microscopie optique En effet leur taille nest pas suffisante pour

diffracter la lumiegravere dans les longueurs d‟onde du domaine visible du spectre

eacutelectromagneacutetique En revanche les distances interatomiques au sein des proteacuteines (environ

15 Aring) sont du mecircme ordre de grandeur que la longueur d‟onde des rayons X Par conseacutequent

la diffraction des rayons X par les atomes d‟une proteacuteine peut quant agrave elle ecirctre envisageacutee

Dans un cristal reacutegulier les proteacuteines forment un arrangement peacuteriodique suivant des axes de

l‟espace tridimensionnel de mailles eacuteleacutementaires deacutefinies comme eacutetant le plus petit eacuteleacutement

repreacutesentant le cristal entier Des translations suivant les axes d‟une maille eacuteleacutementaire

permettent de reconstituer l‟ensemble du cristal

Chaque atome d‟une proteacuteine a donc exactement la mecircme position dans toutes les mailles

Le cristal est ainsi composeacute de plans d‟atomes Ces plans d‟atomes ou plutocirct les nuages

d‟eacutelectrons correspondants produisent un motif de diffraction lors de l‟irradiation du cristal

aux rayons X (17) Le motif de diffraction contient les informations sur la position de tous les

atomes de la maille Par conseacutequent il est possible par l‟analyse de ce motif de calculer les

angles de diffraction ainsi que les distances interatomiques pour reconstituer la structure

moleacuteculaire

La haute reacutesolution reste le principal avantage de cette technique Malgreacute des donneacutees

relativement complexes agrave analyser la diffraction des rayons X donne des informations tregraves

preacutecises sur la structure moleacuteculaire des proteacuteines souvent agrave une reacutesolution atomique

20

infeacuterieure ou eacutegale agrave 12 Aring (18) A des reacutesolutions encore plus eacuteleveacutees ie infeacuterieures ou

eacutegales agrave 08 Aring les atomes d‟hydrogegravene deviennent visibles et les atomes ne peuvent plus ecirctre

consideacutereacutes comme des sphegraveres en raison de la deacuteformation des nuages eacutelectroniques Une telle

visualisation des eacutelectrons permet de deacuteterminer la distribution des charges et la polarisation

des liaisons (19) Une image tregraves deacutetailleacutee de la structure de la proteacuteine est alors obtenue

Toutefois la technique preacutesente des limites La principale difficulteacute lieacutee agrave la meacutethode reste

l‟obtention de cristaux avec des tailles suffisantes Il est indispensable de disposer de

plusieurs cristaux identiques car ils sont souvent deacutegradeacutes en preacutesence des rayons X (par

chauffage ou par des radicaux libres) Pour faire pousser des cristaux il est neacutecessaire de

produire une proteacuteine extrecircmement pure Il est eacutegalement indispensable d‟exprimer des

quantiteacutes importantes de proteacuteine afin de trouver les conditions optimales de cristallisation

Ces derniegraveres eacutetant proteacuteines deacutependantes il est impeacuteratif d‟en tester un grand nombre Les

cristaux peuvent se former rapidement ou au contraire apparaicirctre apregraves un temps

consideacuterablement long Parfois mecircme il est malheureusement impossible d‟en obtenir Les

chaicircnes polypeptidiques partiellement replieacutees telles que le prion sont un exemple probant de

proteacuteines difficilement cristallisables (20) De plus si des cristaux sont finalement obtenus

alors les segments peptidiques qui sont non structureacutes en solution apparaicirctront soit ordonneacutes

par des liaisons intermoleacuteculaires au sein du systegraveme cristallin ou n‟apparaicirctront pas Par

conseacutequent il est important de deacutevelopper une meacutethode alternative permettant d‟eacutetudier la

structure de proteacuteines partiellement replieacutees ou mecircme deacutesordonneacutees

Par deacutefinition l‟eacutetude cristallographique est baseacutee sur des structures statiques (les cristaux)

de l‟eacutetat le plus stable Il est donc peu probable que cette technique renseigne sur la

dynamique des moleacutecules Si la proteacuteine cristalliseacutee preacutesente une dynamique sans mouvement

agrave grande eacutechelle alors des eacuteveacutenements dynamiques peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes En revanche les

mouvements agrave grande eacutechelle sont quasiment toujours bloqueacutes dans le cristal D‟importants

deacuteveloppements technologiques ont eacuteteacute apporteacutes agrave la technique pour ameacuteliorer l‟observation

de la dynamique agrave courte eacutechelle Il s‟agit de la cryo-cristallographie (21-23) ou des meacutethodes

de cristallographie en temps reacutesolu (24-26)

L‟avegravenement du synchrotron a consideacuterablement acceacuteleacutereacute la vitesse d‟acquisition des

donneacutees En effet celle-ci a eacuteteacute reacuteduite de quelques semaines agrave quelques heures gracircce agrave la

production d‟un rayonnement X intense stable de longueur d‟onde variable et de grande

21

qualiteacute optique Actuellement la plupart des donneacutees de cristallographie sont collecteacutees agrave

partir d‟un synchrotron

La diffraction des rayons X est eacutegalement un outil de choix pour l‟eacutetude de complexes

proteacuteiques permettant d‟obtenir des informations structurales de tregraves grande qualiteacute mecircme

pour des systegravemes tregraves complexes (27) ou membranaires (28-29)

I1212 Spectroscopie RMN

La spectroscopie RMN est eacutegalement devenue une meacutethode performante pour l‟eacutetude de la

conformation des proteacuteines Deacuteveloppeacutee en 1945 elle n‟a cesseacute d‟ecirctre ameacutelioreacutee depuis sa

mise au point En raison de l‟impact scientifique exceptionnel qu‟elle a eu au fil des anneacutees

elle a eacuteteacute reacutecompenseacutee par quatre prix Nobel Le dernier en date (2002) a eacuteteacute deacutecerneacute au

Professeur Kurt Wuumlthrich pour ses deacuteveloppements porteacutes agrave la RMN qui ont permis

l‟eacutelucidation de la structure tridimensionnelle des macromoleacutecules biologiques en solution

Plus particuliegraverement il a eacuteteacute primeacute pour son eacutetude structurale de la proteacuteine prion

partiellement replieacutee (30)

Technique d‟analyse chimique et structurale non destructive elle est baseacutee sur l‟absorption

de la radiation agrave une radio freacutequence par des noyaux atomiques Les niveaux d‟eacutenergie de spin

des noyaux sont seacutepareacutes dans un champ magneacutetique (effet Zeeman) Sous l‟effet d‟une radio

freacutequence chaque noyau de la moleacutecule va reacutesonner agrave sa freacutequence speacutecifique (freacutequence de

Larmor) Chaque noyau de la proteacuteine a donc sa propre freacutequence de Larmor qui deacutepend de

l‟environnement local du noyau (par exemple protection par des champs magneacutetiques locaux)

Un spectre RMN contient ainsi des pics correspondants aux reacutesonances de tous les noyaux de

l‟eacutechantillon chacun avec une freacutequence (caracteacuteriseacutee par le deacuteplacement chimique δ)

caracteacuteristique de son environnement chimique De plus la surface sous un pic est

proportionnelle au nombre des noyaux reacutesonnant agrave cette freacutequence ce qui permet de

quantifier les reacutesidus identifieacutes et caracteacuteriseacutes

Un facteur tregraves important permettant la deacutetermination de la structure des proteacuteines est la

correacutelation entre des noyaux d‟une moleacutecule La perturbation locale des nuages d‟eacutelectrons

par le spin des noyaux conduit agrave un couplage scalaire entre des noyaux qui sont lieacutes de faccedilon

covalente avec un maximum de quatre liaisons entre eux L‟origine de ce couplage est le

22

changement des niveaux d‟eacutenergie des eacutetats de spin des noyaux en question pour conduire agrave

des nouveaux niveaux d‟eacutenergie en fonction de l‟alignement des spins des noyaux (parallegravele

ou anti-parallegravele) Le nombre et la nature des noyaux voisins produit des motifs et des

constantes de couplage speacutecifiques qui permettent d‟attribuer une structure covalente Dans

les proteacuteines chaque chaicircne lateacuterale d‟un acide amineacute preacutesente un motif de couplage scalaire

caracteacuteristique Il est alors aiseacute d‟attribuer les signaux RMN agrave la structure d‟une proteacuteine

L‟eacutetude d‟une proteacuteine peut ecirctre reacutealiseacutee par RMN homonucleacuteaire ou heacuteteacuteronucleacuteaire Les

noyaux protons sont alors observeacutes respectivement seuls ou avec les noyaux carbones etou

azotes Les expeacuteriences RMN permettent l‟observation des couplages scalaires et dipolaires

entre spins Le transfert d‟aimantation par couplage dipolaire produit des effets Overhauser

nucleacuteaires (nOe) entre noyaux situeacutes agrave moins de 5 Aring l‟un de l‟autre La mise en eacutevidence de

ces pheacutenomegravenes permet l‟estimation des distances entre les noyaux consideacutereacutes Cependant la

RMN homonucleacuteaire preacutesente certaines limites pour l‟eacutetude des proteacuteines en solution en

raison du taux de superposition des pics sur les spectres et du mauvais transfert d‟aimantation

entre protons par couplage scalaire Ces inconveacutenients qui rendaient probleacutematique l‟emploi

de la RMN pour l‟eacutetude de proteacuteines de taille supeacuterieure agrave cent acides amineacutes ont eacuteteacute

surmonteacutes par l‟utilisation des proprieacuteteacutes RMN de noyaux autres que le proton En effet des

noyaux diffeacuterents reacutesonnent dans des gammes de freacutequences diffeacuterentes ce qui permet de

reacutesoudre les superpositions de deacuteplacements chimiques De plus les constantes de couplage

heacuteteacuteronucleacuteaires ameacuteliorent la sensibiliteacute du couplage scalaire

Les trois isotopes de spin 12 naturellement preacutesents dans les proteacuteines sont 1H

15N et

13 C

Cependant les faibles abondances naturelles des isotopes 13

C du carbone (11 ) et 15

N de

l‟azote (037 ) ne permettent pas de reacutealiser des expeacuteriences de correacutelation heacuteteacuteronucleacuteaire

les impliquant Par conseacutequent un enrichissement des eacutechantillons proteacuteiques en isotopes 13

C

et 15

N preacutealable agrave l‟analyse en RMN doit ecirctre envisageacute

La preacuteparation d‟eacutechantillons marqueacutes est reacutealiseacutee le plus souvent par clonage

moleacuteculaire et par techniques de surexpression et de purification de proteacuteines La

surexpression des proteacuteines isotopiquement enrichies peut se faire agrave partir d‟une culture en

milieu minimum ou en milieu riche Le milieu minimum est preacutepareacute de faccedilon agrave ne renfermer

qu‟une seule source du noyau dont on veut enrichir la proteacuteine (eg glucose avec 13

C

chlorure d‟ammonium avec 15

N) Les cultures en milieu riche se font en utilisant un milieu

standard enrichi en isotopes Si l‟on souhaite simplement proceacuteder agrave un marquage partiel de la

23

proteacuteine sur certains types de reacutesidus alors on peut utiliser un organisme heacuteteacuterotrophe Ce

dernier incapable de syntheacutetiser certains acides amineacutes devra donc les puiser dans son milieu

de culture Ces organismes sont cultiveacutes dans un milieu contenant les acides amineacutes marqueacutes

que l‟on veut incorporer dans la proteacuteine

Les expeacuteriences de RMN heacuteteacuteronucleacuteaire peuvent ecirctre reacutealiseacutees sur des eacutechantillons

simplement marqueacutes au 15

N ou doublement marqueacutes (15

N 13

C) Dans le cas de proteacuteines

marqueacutees agrave l‟isotope lourd de l‟azote (15

N) des expeacuteriences 2D HSQC ou HMQC

(laquo Heteronuclear Single Multiple Quantum Correlation raquo) peuvent ecirctre meneacutees Elles

permettent d‟observer les pics de correacutelation dus au couplage scalaire entre l‟hydrogegravene

amide et l‟azote de chaque reacutesidu La strateacutegie d‟attribution baseacutee sur le double marquage

utilise quant agrave elle exclusivement les couplages scalaires homo- et heacuteteacuteronucleacuteaires Si l‟on

souhaite augmenter la limite de taille des systegravemes eacutetudieacutes alors en sus du marquage 15

N et

13C on peut remplacer 70 agrave 100 des protons par des deuteacuteriums En effet cela permet de

diminuer la fuite de l‟aimantation due aux interactions dipolaires entre protons La diminution

de la relaxation transverse agrave l‟aide de l‟expeacuterience TROSY (laquo Transverse Relaxation-

Optimized SpectroscopY raquo) permet eacutegalement de repousser cette limite (31) Des expeacuteriences

combinant les deux approches ont eacutegalement eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour l‟analyse de complexes

proteacuteiques de haut poids moleacuteculaire (gt 50 kDa) (32)

Les intermeacutediaires du repliement d‟une proteacuteine peuvent aussi ecirctre caracteacuteriseacutes par

l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide avec le deuteacuterium de l‟eau lourde Enfin une interpreacutetation

qualitative des deacuteplacements chimiques en fonction de la structure primaire de la moleacutecule

permet la deacutetection des structures secondaires telles que l‟heacutelice α ou le feuillet β

Si l‟avantage majeur de la RMN par rapport agrave la diffraction des rayons X est de permettre

l‟eacutetude de proteacuteines en solution elle preacutesente des limites importantes qui sont d‟une part la

quantiteacute de mateacuteriel neacutecessaire pour reacutealiser les expeacuteriences (des concentrations de l‟ordre du

millimolaire de proteacuteine sont geacuteneacuteralement utiliseacutees et d‟une centaine de micromoles avec

l‟utilisation d‟une cryosonde) mais surtout la taille des systegravemes qui peuvent ecirctre eacutetudieacutes (lt

50 kDa) Il faut par ailleurs noter que dans certains cas des concentrations d‟eacutechantillon tregraves

eacuteleveacutees peuvent induire des perturbations de la structure quaternaire des proteacuteines (agreacutegation

ou preacutecipitation de certaines proteacuteines)

24

I122 Meacutethodes pour lrsquoeacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des

assemblages macromoleacuteculaires

I1221 Diffusion aux petits angles

La diffusion aux petits angles des rayons X en solution (laquo Small Angle X-ray Scattering raquo

SAXS) est une technique qui repose sur la diffusion eacutelastique des rayons X par des proteacuteines

et des macro-assemblages dans la gamme 10-1000 Aring (33) Bien qu‟il ne soit pas possible

d‟obtenir une reacutesolution atomique par cette meacutethode elle fournit des informations structurales

preacutecieuses agrave basse reacutesolution (forme globale de la proteacuteine structures tertiaire et quaternaire)

Elle permet donc d‟eacutetudier les changements conformationnels de macromoleacutecules ainsi que la

formation d‟assemblages supramoleacuteculaires dans des conditions quasi-physiologiques La

diffusion en solution qui n‟est pas soumise aux principales limitations de la cristallographie

et de la RMN apparaicirct comme une technique compleacutementaire pour l‟eacutetude structurale des

macromoleacutecules

Les eacutechantillons reacuteels sont le plus souvent complexes (co-existence de plusieurs espegraveces de

proteacuteines) et heacuteteacuterogegravenes (manque dhomogeacuteneacuteiteacute au niveau de la conformation des

moleacutecules) Leur eacutetude repreacutesente un deacutefi majeur pour cette technique En effet dans un tel

cas le profil de diffusion contiendra des contributions de tous les composants rendant

l‟analyse complexe Cette difficulteacute peut ecirctre surmonteacutee par des meacutethodes de traitement des

donneacutees afin de caracteacuteriser des conformegraveres individuels de proteacuteines (34) ou bien des

agreacutegats de proteacuteines (35)

I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique

La cryomicroscopie eacutelectronique se base sur les principes geacuteneacuteraux de la microscopie

eacutelectronique agrave transmission tout en eacutevitant les eacutetapes de preacuteparation endommageant les

eacutechantillons Elle repose sur l‟observation de moleacutecules ayant eacuteteacute fixeacutees de maniegravere brutale

par congeacutelation agrave tregraves basse tempeacuterature (processus de quelques millisecondes agrave environ -

170degC) afin d‟eacuteviter la formation de cristaux de glace Les moleacutecules totalement englobeacutees

dans un fin film d‟eau vitrifieacutee sont ainsi preacuteserveacutees dans leur environnement et leur eacutetat

natifs Compleacutementaire agrave la cristallographie des proteacuteines et agrave la spectroscopie RMN cette

meacutethode permet d‟obtenir la structure de larges assemblages macromoleacuteculaires en solution

25

La microscopie eacutelectronique permet d‟obtenir des images bidimensionnelles correspondant

agrave des projections de toute leacutepaisseur de leacutechantillon Cependant elles ne possegravedent quun

contraste tregraves faible et lanalyse dimages est alors indispensable Celle-ci consiste dans un

premier temps agrave additionner des images de faible contraste afin de moyenner le bruit preacutesent

et dobtenir un meilleur rapport signal sur bruit Dans un deuxiegraveme temps ces moyennes qui

repreacutesentent des vues de leacutechantillon sous diffeacuterents angles peuvent ecirctre combineacutees de

maniegravere matheacutematique pour calculer la structure tridimensionnelle de lobjet de deacutepart (36)

Cette technique de reconstruction en 3D utilisant des images obtenues sous diffeacuterents angles

est appeleacutee tomographie

La cryomicroscopie eacutelectronique est particuliegraverement bien adapteacutee agrave l‟observation de

moleacutecules de masse moleacuteculaire supeacuterieure agrave 200 ou 300 kDa (37) En effet seuls des eacutedifices

macromoleacuteculaires de grande taille remplissent les critegraveres neacutecessaires pour ecirctre visualiseacutes au

dessus du bruit de fond Il est possible d‟obtenir une reacutesolution de l‟ordre de 10 agrave 30 Aring (38)

Pour des macro-assemblages on peut envisager de compleacuteter une structure agrave basse reacutesolution

avec des structures agrave haute reacutesolution des proteacuteines individuelles Ces derniegraveres peuvent ecirctre

obtenues par exemple par cristallographie Il est ainsi possible d‟obtenir des informations

structurales agrave une reacutesolution presque atomique de structures subcellulaires (39)

Cette technique permet l‟eacutetude du changement conformationnel d‟assemblages

macromoleacuteculaires par imagerie de complexes fixeacutes par vitrification dans diffeacuterents eacutetats

conformationnels (37 40) La microscopie eacutelectronique permet eacutegalement aujourd‟hui

d‟obtenir des informations sur des macromoleacutecules et leurs assemblages dans le contexte

cellulaire par imagerie de la structure biologique entiegravere (41-43) Ceci a eacuteteacute rendu possible par

les progregraves effectueacutes dans le deacuteveloppement de la tomographie eacutelectronique et l‟eacutelaboration

de la cryomicroscopie de sections vitreuses

Il existe de nombreuses eacutetudes de complexes macromoleacuteculaires par cryomicroscopie

eacutelectronique parmi lesquelles la structure du ribosome agrave une reacutesolution de 115 Aring (44) et celle

de virus (45) l‟environnement cytosolique total de cellules eucaryotes (46) ainsi que l‟eacutetude

d‟une interaction proteacuteine chaperone-substrat (47)

La cryomicroscopie eacutelectronique possegravede plusieurs avantages par rapport agrave la

cristallographie et agrave la RMN En effet elle requiert de plus faibles quantiteacutes de mateacuteriel

(environ 2 mL agrave une concentration de 01-10 mgmL-1

par grille) elle ne neacutecessite pas

26

l‟obtention de cristaux et elle permet l‟observation d‟objets de lordre de grandeur de 300 kDa

agrave 1000 MDa Mais cette meacutethode preacutesente aussi des limites Les eacutechantillons doivent ecirctre

purs uniformes et sans agreacutegats et contenir seulement une faible concentration de sel et de

solvants afin de maximiser le contraste entre la proteacuteine et le tampon

I1223 Chromatographie drsquoexclusion steacuterique

La chromatographie est une technique de chimie analytique quantitative et qualitative Il

s‟agit d‟une meacutethode physique de seacuteparation d‟espegraveces chimiques Le principe est le suivant

leacutechantillon renfermant une ou plusieurs espegraveces est entraicircneacute par une phase mobile le long

dune phase stationnaire Chaque espegravece a une vitesse de migration propre qui deacutepend de ses

caracteacuteristiques et de celles des deux phases

La chromatographie d‟exclusion steacuterique appeleacutee aussi filtration sur gel permet de seacuteparer

des proteacuteines ou autres moleacutecules biologiques suivant leur taille (48) tandis que la plupart des

meacutethodes chromatographiques utilisent l‟affiniteacute chimique avec un support La phase

stationnaire est un gel hydrateacute constitueacute de pores de tailles diffeacuterentes Les macromoleacutecules de

l‟eacutechantillon entrent et sortent de ces pores selon leur taille Les moleacutecules les plus petites

peuvent entrer dans un plus grand nombre de pores ce qui allonge la dureacutee de leur migration

alors que les plus grosses moleacutecules sont eacutelueacutees plus rapidement En conseacutequence les

macromoleacutecules sont seacutepareacutees selon leurs dimensions

Plus rigoureusement cette meacutethode permet de seacuteparer des macromoleacutecules en fonction de

leur taille mais aussi de leur forme ie suivant leur volume hydrodynamique Ainsi deux

macromoleacutecules de mecircme masse moleacuteculaire mais d‟architecture diffeacuterente pourront ecirctre

distingueacutees En effet une macromoleacutecule peu structureacutee aura un plus grand volume

hydrodynamique qu‟une macromoleacutecule de mecircme masse moleacuteculaire mais de structure tregraves

globulaire Par conseacutequent la premiegravere sera plus rapidement eacutelueacutee que la seconde bien que

les deux masses soient identiques

Une eacutetude reacutecente a montreacute qu‟il eacutetait possible de caracteacuteriser des macroassemblages de

tregraves grande taille jusqu‟agrave plusieurs millions de daltons par chromatographie d‟exclusion

steacuterique (49)

27

I1224 Reacutesonance plasmonique de surface

La reacutesonance plasmonique de surface (laquo Surface Plasmon Resonance raquo SPR) est un

pheacutenomegravene physique baseacute sur les proprieacuteteacutes de la lumiegravere Lorsquun faisceau de lumiegravere

polariseacutee monochromatique illumine une surface placeacutee entre deux milieux dindice de

reacutefraction diffeacuterent une partie du rayon incident est reacutefleacutechie tandis que lautre partie est

reacutefracteacutee agrave travers la surface Selon langle dincidence du rayon toute la lumiegravere peut ecirctre

reacutefleacutechie Lorsquil ny a pas de reacutefraction ie sous les conditions de reacuteflexion interne totale

une des composantes eacutelectromagneacutetiques de la lumiegravere londe eacutevanescente se propage

perpendiculairement agrave la surface sur une distance eacutequivalente agrave sa longueur donde Si une

couche fine de meacutetal riche en eacutelectrons libres est deacuteposeacutee sur cette surface alors ceux-ci

entrent en reacutesonance avec les photons du faisceau incident et creacuteent la reacutesonance plasmonique

de surface Une conseacutequence eacutenergeacutetique de cette reacutesonance est visible dans le faisceau

reacutefleacutechi qui preacutesente une chute dintensiteacute agrave un angle deacutefini Cet angle pour lequel on observe

une intensiteacute minimale est langle de reacutesonance Il varie en fonction de lindice de reacutefraction

du milieu dans lequel londe eacutevanescente se propage

Depuis sa deacutecouverte par Wood en 1902 (50-51) la reacutesonance plasmonique de surface est

principalement utiliseacutee comme senseur ie comme deacutetecteur placeacute agrave la source mecircme du

pheacutenomegravene eacutetudieacute capable de deacuteceler des modifications au niveau moleacuteculaire L‟application

de cette technique pour le controcircle des interactions biomoleacuteculaires a eacuteteacute deacutemontreacutee pour la

premiegravere fois en 1983 (52) La reacutesonance plasmonique de surface permet de mettre en

eacutevidence la formation d‟une liaison entre un ligand et un reacutecepteur adsorbeacute agrave la surface

meacutetallique par mesure de la variation de lindice de reacutefraction (Fig I 5) Lanalyte est mis au

contact de la surface meacutetallique greffeacutee Les changements induits par lassociation ou la

dissociation des complexes modifient la reacutefringence du milieu et deacutecalent la position de

langle de reacutesonance Lenregistrement de la variation de langle de reacutesonance permet de suivre

en temps reacuteel la fixation des moleacutecules injecteacutees Cette technique permet donc d‟obtenir des

donneacutees cineacutetiques sur des interactions mettant en jeu deux ou plusieurs partenaires (53)

28

Fig I 5 Scheacutema du principe de la reacutesonance plasmonique de surface utiliseacute par la technologie

Biacore TM pour l‟analyse des interactions entre moleacutecules en temps reacuteel et sans marquage

Dans un tel systegraveme les deux milieux d‟indices de reacutefraction diffeacuterents sont la solution dans

laquelle se trouvent les moleacutecules agrave analyser et le verre d‟une lame qui sert de senseur Le

film conducteur agrave l‟interface des deux est un tregraves fin film d‟or agrave la surface de la lame de verre

La reacutesonance plasmonique de surface permet donc de deacutetecter et de quantifier des

interactions entre moleacutecules en temps reacuteel et sans avoir recours au marquage de ces derniegraveres

Par le suivi en temps reacuteel de la formation et de la dissociation des complexes il est possible

de caracteacuteriser minutieusement la force des associations et d‟obtenir les cineacutetiques des

interactions moleacuteculaires La technique ne neacutecessitant pas l‟utilisation de marquage pour la

deacutetection et eacutetant non destructrice les biomoleacutecules qui sont seacutelectivement retenues sur la

surface du capteur peuvent ecirctre par la suite reacutecupeacutereacutees et analyseacutees par spectromeacutetrie de

masse Cette combinaison de technologies offre donc une toute nouvelle gamme

d‟applications telle que l‟identification et la rapide caracteacuterisation de nouvelles interactions

proteacuteineproteacuteine entre une proteacuteine d‟inteacuterecirct et un meacutelange complexe de proteacuteines (54-55)

I1225 Spectromeacutetrie de masse

Bien que les techniques de diffraction des rayons X et de spectroscopie RMN soient les

deux meacutethodes phares pour l‟eacutelucidation structurale des proteacuteines nous avons vu

preacuteceacutedemment qu‟elles preacutesentaient des limites En effet elles sont toutes les deux peu

sensibles et la cristallographie des proteacuteines neacutecessite l‟obtention de cristaux tandis que la

spectroscopie RMN est limiteacutee en gamme de masse Ainsi le choix de ces meacutethodes

29

classiques pour l‟eacutetude des complexes proteacuteiques n‟est pas toujours possible En revanche

l‟apport de la spectromeacutetrie de masse dans ce domaine est en constante progression La

spectromeacutetrie de masse ne permet pas d‟obtenir des informations structurales avec la mecircme

reacutesolution spatiale que les rayons X ou la RMN mais apporte un gain important en termes de

sensibiliteacute et rapiditeacute par rapport aux deux meacutethodes preacuteceacutedentes Il existe plusieurs

approches par spectromeacutetrie de masse permettant d‟obtenir des informations de structure

L‟une d‟entre elles repose sur le pontage covalent de proteacuteines en association suivi d‟une

digestion enzymatique et analyse par spectromeacutetrie de masse Une deuxiegraveme implique des

eacutechanges isotopiques (ou un marquage covalent) permettant soit de deacuteterminer des zones de

flexibiliteacute induites par la liaison d‟un ligand agrave une proteacuteine soit des zones d‟interaction entre

macromoleacutecules au sein d‟un complexe La spectromeacutetrie de masse offre eacutegalement

l‟opportuniteacute de caracteacuteriser des complexes non covalents (proteacuteine-proteacuteine proteacuteine-ligand)

gracircce agrave l‟utilisation de modes d‟ionisation adapteacutes On peut noter pour l‟analyse de

complexes proteacuteiques intacts l‟eacutemergence de spectromegravetres de masse eacutequipeacutes d‟une cellule

de mobiliteacute ionique

Approche par pontage covalent

Les interactions proteacuteine-proteacuteine peuvent donc ecirctre analyseacutees par pontage covalent

(laquo crosslinking raquo) et spectromeacutetrie de masse L‟avantage majeur de cette approche est qu‟elle

permet d‟obtenir agrave la fois des informations sur la composition et sur la structure des

complexes gracircce agrave la grande sensibiliteacute de la spectromeacutetrie de masse Le laquo crosslinking raquo est

une technique qui permet de relier chimiquement les sous-uniteacutes d‟un complexe non covalent

ce qui permet de stabiliser les interactions au sein de l‟eacutedifice macromoleacuteculaire et d‟en

faciliter l‟eacutetude Ceci est reacutealiseacute par des agents pontants ou laquo crosslinkers raquo qui sont des

composeacutes chimiques posseacutedant un groupe reacuteactif agrave leur extreacutemiteacute capable de reacuteagir avec des

fonctions speacutecifiques des proteacuteines ou d‟autres moleacutecules (eg amines primaires

sulfhydryles hellip) Les agents pontants eacutetablissent des liaisons covalentes entre des acides

amineacutes proches dans la structure tertiaire L‟utilisation de laquo crosslinkers raquo de taille diffeacuterente

permet d‟obtenir des contraintes de distance entre les peptides des partenaires proteacuteiques du

complexe L‟analyse des peptides ponteacutes par spectromeacutetrie de masse permet d‟obtenir des

informations sur la topologie initiale du complexe Il existe maintenant une grande varieacuteteacute

d‟agents pontants multifonctionnels (homo- ou heacuteteacuterofonctionnels) disponibles dans le

commerce (wwwpiercenetcom)

30

Fig I 6 Scheacutema de la reacuteaction de pontage covalent entre deux proteacuteines utilisant le DSG

(DiSuccinimidyl Glutarate) reacuteactif homobifonctionnel Il a deux groupes identiques des

esters de NHS agrave chacune de ses extreacutemiteacutes qui reacuteagissent avec les amines primaires des

proteacuteines (extreacutemiteacute N-terminale et chaicircne lateacuterale des lysines) Son bras espaceur long de 77

Aring est constitueacute de cinq atomes

Les groupes reacuteactifs peuvent ecirctre des esters de NHS (N-HydroxySuccinimide) (Fig I 6)

ou des maleacuteimides qui ciblent les thiols des cysteacuteines ou encore des aryl azides qui s‟insegraverent

dans des liaisons C-H ou N-H sous activation UV Les esters de NHS et leurs deacuteriveacutes solubles

sulfonyleacutes sont les plus couramment utiliseacutes malgreacute les reacuteactions secondaires qu‟ils

entraicircnent compliquant l‟analyse des spectres obtenus apregraves digestion enzymatique du

complexe proteacuteique En effet si les amines primaires des lysines (ou des extreacutemiteacutes N-

terminales) sont les cibles majeures des groupements NHS il n‟est pas rare d‟observer des

reacuteactions de pontage impliquant les groupements hydroxyles des tyrosines des seacuterines ou

encore des threacuteonines (56) De plus les esters de NHS conventionnels ont une forte tendance

agrave s‟hydrolyser pendant l‟eacutetape de pontage conduisant agrave des produits de type laquo dead-end raquo

qu‟il est difficile de seacuteparer des autres (57) Par conseacutequence avec la connaissance de toutes

les cibles possibles des laquo crosslinkers raquo l‟eacutelucidation de la structure des complexes proteacuteiques

pourrait ecirctre significativement ameacutelioreacutee due agrave la plus grande fraction d‟espegraveces ponteacutees

identifieacutees

Bien que l‟association pontage covalent et spectromeacutetrie de masse soit devenue un outil

analytique performant pour l‟eacutetude des complexes proteacuteiques elle preacutesente des limites qui

sont (i) la faible intensiteacute dans les spectres de masse des pics correspondant aux peptides

ponteacutes et (ii) la difficulteacute agrave les identifier parmi les autres due au fait qu‟ils sont tregraves

minoritaires dans les meacutelanges obtenus Dans ce contexte le choix d‟un spectromegravetre de

masse alliant excellente reacutesolution et tregraves bonne preacutecision sur la mesure de masse (FT-ICR

orbitrap) est judicieux Il permet d‟une part de bien seacuteparer les diffeacuterents constituants obtenus

31

apregraves la digestion des complexes et d‟autre part d‟utiliser la masse exacte comme critegravere de

seacutelection Des strateacutegies permettant d‟identifier plus facilement les peptides ponteacutes dans le

meacutelange tregraves complexe obtenu apregraves digestion enzymatique ont eacutegalement eacuteteacute deacuteveloppeacutees

ces derniegraveres anneacutees Elles sont baseacutees sur l‟utilisation d‟agents pontants posseacutedant des

isotopes stables (58) ou inteacutegrant une fonction biotine permettant un enrichissement seacutelectif

des peptides ponteacutes (59) Des agents pontants permettant une identification plus aiseacutee des

peptides ponteacutes en MSMS ont eacutegalement eacuteteacute mis au point ces derniegraveres anneacutees (60-62)

Reacutecemment l‟utilisation de laquo crosslinkers raquo photoactivables a permis de mettre en eacutevidence

des sites d‟interaction diffeacuterents entre trois activateurs de la transcription (Gal4 Gcn4 et

VP16) et le cofacteur MD15 (63) Cette eacutetude montre par ailleurs la compleacutementariteacute des

modes d‟ionisation MALDI et ESI pour retrouver un grand nombre de peptides ponteacutes Dans

un exemple un peu moins reacutecent Rappsilber et al ont proposeacute un modegravele tridimensionnel

pour un complexe du pore nucleacuteaire chez la levure (64)

Approche par marquage

Une deuxiegraveme approche consiste agrave modifier chimiquement la surface du complexe

proteacuteique accessible en solution et agrave identifier les sites de modifications par spectromeacutetrie de

masse Les segments peptidiques impliqueacutes dans des interactions proteacuteine-proteacuteine ne sont

pas accessibles en solution et a priori ne seront pas modifieacutes La comparaison des cartes

d‟accessibiliteacute pour des proteacuteines seules et associeacutees permet de remonter agrave la topologie initiale

du complexe La modification chimique peut ecirctre reacuteversible ou irreacuteversible Les eacutechanges

hydrogegravenedeuteacuterium (HDX) des amides de la liaison peptidique sont un exemple de

modifications labiles (65-67) La modification chimique des chaicircnes lateacuterales par des reacuteactifs

speacutecifiques tels que l‟aceacutetanhydride le dieacutethylpyrocarbonate ou le phenylglyoxal est quant agrave

elle permanente (67-68) ce qui impose moins de contraintes au niveau de la rapiditeacute de

l‟analyse apregraves modifications La premiegravere strateacutegie qui fait l‟objet de cette thegravese sera deacutecrite

en deacutetails dans la seconde partie de cette introduction

Les radicaux hydroxyles peuvent eacutegalement ecirctre utiliseacutes dans une approche par marquage

covalent Leur formation peut avoir lieu de diffeacuterentes faccedilons ie par chimie Fenton

radiolyse de l‟eau eacutelectrochimie ou photolyse UV du peroxyde d‟hydrogegravene Ces techniques

aboutissent agrave des concentrations en radicaux diffeacuterentes avec des eacutechelles de temps varieacutees

mais en principe les reacuteactions avec les proteacuteines conduisent aux mecircmes produits Les produits

d‟oxydation sont nombreux puisque quatorze acides amineacutes sur vingt peuvent ecirctre modifieacutes

(Cys Met Trp Tyr Phe His Leu Ile Arg Lys Val Ser Gln et Glu) L‟analyse des

32

produits de la reacuteaction et des sites de modification est geacuteneacuteralement reacutealiseacutee par couplage LC-

MSMS apregraves digestion enzymatique La cineacutetique d‟oxydation des diffeacuterents peptides permet

d‟obtenir des informations de structure Elle est eacutetablie agrave partir de la disparition des peptides

non modifieacutes mais eacutegalement agrave partir de l‟apparition des peptides oxydeacutes Si le temps

d‟exposition aux radicaux est court (infeacuterieur agrave quelques centaines de ms) alors la vitesse

d‟oxydation enregistreacutee pour un peptide donneacute deacutependra principalement (i) de la reacuteactiviteacute

intrinsegraveque des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes et (ii) de leur accessibiliteacute au solvant dans

la structure tridimensionnelle de la proteacuteine (ou du complexe) Ainsi la comparaison des

vitesses d‟oxydation mesureacutees pour deux peptides dont les acides amineacutes modifieacutes sont

identiques permettra d‟obtenir des informations en termes d‟accessibiliteacute relative agrave la surface

de deux reacutegions diffeacuterentes d‟une proteacuteine

L‟avantage majeur des approches par marquage covalent reacuteside dans le fait de pouvoir

analyser les peptides modifieacutes sans prendre de preacutecautions particuliegraveres puisque la

modification n‟est pas labile En revanche la technique des eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium

impose de travailler dans des conditions expeacuterimentales strictes permettant de conserver le

marquage jusqu‟agrave l‟analyse finale en spectromeacutetrie de masse Cependant cette derniegravere

approche ne modifie pas la structure tridimensionnelle du complexe ce qui n‟est pas toujours

le cas avec des approches par marquage covalent En effet une alteacuteration de la structure des

macroassemblages peut ecirctre observeacutee sous l‟effet de l‟oxydation par l‟utilisation de radicaux

hydroxyles (69)

L‟approche par marquage peut eacutegalement ecirctre utiliseacutee pour obtenir des informations sur la

dynamique structurelle des proteacuteines et complexes proteacuteiques La caracteacuterisation des

modifications dans des conditions expeacuterimentales diffeacuterentes permet de remonter aux

changements structuraux Ainsi Dumoulin et al ont eacutetudieacute le changement conformationnel

du lysozyme induisant la formation d‟agreacutegats multimeacuteriques (70) Un autre exemple est

l‟eacutetude des changements d‟interaction proteacuteine-proteacuteine lors de la maturation des capsides du

virus HIV-1 (71) Des informations sur les changements conformationnels d‟une proteacuteine lors

de la fixation d‟un ligand ont pu eacutegalement ecirctre obtenues (72-74) Par ailleurs une eacutetude

reacutecente du complexe Arp23 formeacute de sept sous-uniteacutes proteacuteiques a permis de mettre en

eacutevidence finement des modifications de structure tridimensionnelle induites par la liaison agrave

l‟ATP en utilisant les radicaux hydroxyles (75)

33

Approche par proteacuteolyse meacutenageacutee

Une autre approche consiste agrave reacutealiser une proteacuteolyse meacutenageacutee Les premiers travaux

rapportant l‟eacutetude d‟une empreinte proteacuteique par proteacuteolyse meacutenageacutee datent de 1987 et sont

directement inspireacutes des travaux de laquo DNA footprint raquo (76) Le principe ici consiste agrave tester

l‟accessibiliteacute agrave diffeacuterentes proteacuteases des proteacuteines eacutetudieacutees Un profil proteacuteolytique diffeacuterent

peut traduire des surfaces accessibles qui ne sont pas identiques ou un masquage par une

moleacutecule de ligand Associeacutee agrave la spectromeacutetrie de masse la proteacuteolyse meacutenageacutee est ainsi

devenue un outil puissant dont l‟une des applications premiegraveres a eacuteteacute l‟identification preacutecise

d‟eacutepitopes agrave partir de complexes antigegravene-anticorps immobiliseacutes (77) Depuis cette technique

est largement utiliseacutee pour des eacutetudes de dynamique structurelle (78) d‟interaction proteacuteine-

ligand (79-82) de diffeacuterences conformationnelles lieacutees agrave des mutations (83-84) ou pour

l‟eacutelucidation de domaines structuraux (85-87)

Les enzymes classiquement utiliseacutees sont la trypsine qui clive apregraves les acides amineacutes

basiques tels que les reacutesidus lysine et arginine et la proteacutease V8 qui coupe speacutecifiquement

apregraves les reacutesidus acide aspartique et acide glutamique Elles ont eacuteteacute choisies

preacutefeacuterentiellement en raison de la haute freacutequence de ces reacutesidus dans les proteacuteines et de la

compleacutementariteacute des profils proteacuteolytiques obtenus Par ailleurs la proteacuteolyse doit ecirctre la plus

limiteacutee possible afin de ne pas deacutestructurer la proteacuteine conduisant agrave d‟autres sites de coupure

non repreacutesentatifs de la structure tertiaire La reacutesolution de cette meacutethode est cependant

modeste C‟est la raison pour laquelle la proteacuteolyse meacutenageacutee est tregraves souvent coupleacutee avec des

approches par eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium afin d‟obtenir des reacutesultats compleacutementaires

(88-89)

Analyse de complexes non covalents

L‟avegravenement des techniques d‟ionisation douces telles que l‟ESI (laquo ElectroSpray

Ionisation raquo) (90) et le MALDI (laquo Matrix Assisted Laser DesorptionIonisation raquo) (91) a

ouvert agrave la spectromeacutetrie de masse un nouveau champ d‟application celui de l‟analyse de

macromoleacutecules biologiques intactes (92) Pour le deacuteveloppement de ces meacutethodes qui ont

ces derniegraveres anneacutees largement participeacute agrave l‟essor de la spectromeacutetrie de masse dans le cadre

des analyses proteacuteomiques J Fenn et K Tanaka ont eacuteteacute reacutecompenseacutes en 2002 par

l‟attribution du prix Nobel de chimie

34

Par comparaison aux diffeacuterentes techniques utiliseacutees pour la caracteacuterisation des proteacuteines

la spectromeacutetrie de masse apporte plusieurs avantages Tout d‟abord elle est tregraves sensible En

effet quelques picomoles voire mecircme attomoles de peptides suffisent agrave obtenir un signal Par

ailleurs la spectromeacutetrie de masse est caracteacuteriseacutee par sa grande preacutecision en masse Elle est

ainsi capable de deacuteterminer des masses moleacuteculaires agrave moins d‟une partie par million (ppm)

pour les instruments les plus preacutecis alors que la technique de SDS-PAGE (laquo Sodium Dodecyl

Sulfate-PolyAcrylamide Gel Electrophoresis raquo) donne des erreurs de l‟ordre de 20 Enfin la

spectromeacutetrie de masse est une meacutethode d‟analyse rapide A titre de comparaison un spectre

de masse est enregistreacute en quelques secondes agrave minutes tandis qu‟une expeacuterience de SDS-

PAGE dure plusieurs heures

Dans le cadre de l‟eacutetude des complexes proteacuteiques la spectromeacutetrie de masse est

susceptible de fournir d‟une part des informations preacutecises sur la stœchiomeacutetrie des

macroassemblages et d‟autre part des donneacutees structurales en combinaison avec du

marquage

Une des questions souvent poseacutees aux spectromeacutetristes de masse concerne la possibiliteacute de

reacutealiser une mesure de masse directe d‟un complexe proteacuteique intact dans le but d‟obtenir des

informations sur la stœchiomeacutetrie de l‟interaction Il convient de noter que la mesure de

masse est alors effectueacutee sur le complexe en phase gazeuse alors que pour le biologiste

l‟interaction d‟inteacuterecirct est celle qui a lieu en solution Dans ces conditions une interaction non

covalente preacutesente en solution peut ne pas ecirctre deacutetecteacutee en phase gazeuse C‟est le cas par

exemple des interactions hydrophobes Des eacutetudes ont ainsi montreacute l‟impossibiliteacute de

corroborer les reacutesultats obtenus en phase gazeuse et en solution pour ce type d‟interaction (93-

94) A l‟inverse des interactions principalement eacutelectrostatiques seront renforceacutees en phase

gazeuse et un complexe mecircme peu stable en solution peut ecirctre deacutetecteacute facilement par

spectromeacutetrie de masse Compte tenu de ces eacuteleacutements il nest pas toujours facile de relier des

stabiliteacutes en phase gazeuse eacutetudieacutees par exemple en modifiant la tension agrave l‟interface aux

stabiliteacutes en solution Dans certains cas le problegraveme est encore plus complexe puisque le

type d‟interaction en phase gazeuse peut ecirctre diffeacuterent de celui en solution L‟exemple retenu

est celui des complexes entre des cyclodextrines et des acides amineacutes aromatiques (95) en

solution l‟interaction est principalement de type hydrophobe entre le groupe aromatique et la

caviteacute de la cyclodextrine alors qu‟en phase gazeuse il s‟agit d‟une interaction ion-dipocircle agrave

l‟exteacuterieur de la caviteacute Ceci implique la formation en phase gazeuse de complexes

inexistants en solution donnant ainsi naissance agrave des faux positifs

35

Malgreacute ces contraintes quelques revues reacutecentes de la litteacuterature montrent l‟inteacuterecirct de la

spectromeacutetrie de masse pour la deacutetermination des masses moleacuteculaires de complexes

proteacuteiques entiers (96-99) Actuellement il est mecircme possible de mesurer des masses

moleacuteculaires de l‟ordre de plusieurs millions de daltons Parmi les plus importantes jamais

atteintes il a celles des heacutemocyanines de 22 MDa de crabes abyssaux (100) du ribosome de

Thermus thermophilus de 233 MDa (98) des assemblages viraux des capsides du virus de

l‟heacutepatite B de 3 et 4 MDa (101) et du complexe multiproteacuteique de l‟ureacutease de Helicobacter

pylori agrave 426 MDa (98)

La technique d‟ionisation de reacutefeacuterence pour analyser les complexes proteacuteiques est

l‟eacutelectrospray (ou sa variante le nano eacutelectrospray) Dans des cas particuliers il est mecircme

possible de les eacutetudier par MALDI (102) bien que cette meacutethode ne soit probablement pas

geacuteneacuteralisable agrave tous les systegravemes Quelques techniques eacutemergentes pour l‟analyse

d‟assemblages macromoleacuteculaires ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees reacutecemment ou sont en cours de

deacuteveloppement comme la mobiliteacute ionique (SMI) (103) l‟laquo ElectroSonic Spray Ionization raquo

(ESSI) (104) ou le laquo Laser-Induced Liquid Beam IonizationDesorption raquo (LILBID) (105) Le

processus d‟ionisation doit ecirctre reacutealiseacute en conditions non deacutenaturantes (pH controcircleacute) pour

conserver les complexes proteacuteiques dans leur conformation active Il faut donc choisir un

tampon (nature des sels) qui soit compatible agrave la fois avec la meacutethode d‟ionisation employeacutee

et le maintien de l‟inteacutegriteacute des complexes biologiques Dans le cas de l‟eacutelectrospray des sels

volatils comme l‟aceacutetate d‟ammonium (AcNH4) sont preacutefeacuterentiellement utiliseacutes Neacuteanmoins

lors de la preacuteparation des eacutechantillons une eacutetape de dessalage (par centrifugation gel

filtration hellip) est indispensable En ce qui concerne l‟analyseur du spectromegravetre de masse le

choix est porteacute sur les temps de vol (laquo Time of Flight raquo ToF et laquo Quadrupole Time of

Flight raquo Q-ToF) qui permettent d‟analyser des ions avec des rapports masse sur charge

eacuteleveacutes proprieacuteteacute inteacuteressante pour la deacutetermination des masses moleacuteculaires de complexes

proteacuteiques entiers Une optimisation des paramegravetres instrumentaux est preacutealablement requise

pour controcircler l‟eacutenergie communiqueacutee aux ions dans l‟interface du spectromegravetre de masse

Pour les complexes proteacuteiques qui restent intacts apregraves leur ionisation en phase gazeuse la

spectromeacutetrie de masse est ainsi devenue un outil tregraves puissant pour obtenir des informations

sur leur masse moleacuteculaire et donc pour deacuteterminer leur stœchiomeacutetrie

36

Comme indiqueacute preacuteceacutedemment la spectromeacutetrie de masse est souvent combineacutee agrave une

autre technique pour obtenir des informations de structure On peut dans ce contexte citer les

derniers deacuteveloppements dans le domaine de la mobiliteacute ionique qui permet de seacuteparer

diffeacuterents complexes proteacuteiques en fonction de leur structure en phase gazeuse Le principe de

la Spectromeacutetrie de Mobiliteacute Ionique (SMI) est illustreacute dans la Fig I 7 L‟utilisation en

routine de la SMI a eacuteteacute rendue possible par la commercialisation par Waters de spectromegravetres

de masse eacutequipeacutes d‟une cellule de mobiliteacute ionique

Fig I 7 Scheacutema du principe de la meacutethode de spectromeacutetrie de mobiliteacute ionique (SMI)

coupleacutee agrave la spectromeacutetrie de masse (SM) Les ions produits par la source eacutelectrospray (ES)

sont introduits dans la cellule de laquo drift raquo dans laquelle regravegne un champ eacutelectrique E Le

frottement avec les moleacutecules d‟heacutelium contenues dans la cellule eacutetant plus important avec

des ions de conformation deacuteplieacutee ceux-ci arriveront plus tard au deacutetecteur Ici les ions sont

seacutelectionneacutes en masse par un quadripocircle apregraves la cellule de drift

La mobiliteacute ionique est l‟eacutequivalent en phase gazeuse de la mobiliteacute eacutelectrophoreacutetique les

ions sont agrave la fois acceacuteleacutereacutes dans le champ eacutelectrique et freineacutes par les nombreuses collisions

avec le gaz-tampon (heacutelium) Il s‟eacutetablit donc un reacutegime stationnaire les ions atteignent une

vitesse de translation constante La mobiliteacute ionique correspond au rapport entre la vitesse de

laquo drift raquo et le champ eacutelectrique appliqueacute Plus l‟ion a une conformation compacte moins sa

section efficace est grande et moins il est freineacute par des collisions donc plus sa vitesse est

eacuteleveacutee Il arrivera plus rapidement au deacutetecteur par rapport agrave un ion de conformation plus

deacuteployeacutee Un ion laquo funnel raquo ou un piegravege agrave ions quadripolaire est placeacute en amont de la cellule

de laquo drift raquo afin de focaliser les ions en paquets agrave envoyer agrave un temps zeacutero et ainsi pour

pouvoir mesurer la distribution des temps d‟arriveacutee (laquo Arrival Time Distribution raquo ou ATD)

Les premiers instruments de SMI ont eacuteteacute conccedilus par quelques groupes pionniers en la

matiegravere (Bowers (106-107) Jarrold (108) et Clemmerb (109) pour les biomoleacutecules) La

socieacuteteacute Waters (Milford Etats-Unis wwwwaterscom) a reacutecemment commercialiseacute le

systegraveme Synapttrade High Definition MS qui inclut une cellule de mobiliteacute de type laquo travelling

37

wave raquo (champ eacutelectrique oscillant entre les anneaux successifs d‟un tunnel agrave ions) entre un

filtre quadripolaire et un analyseur agrave temps de vol

L‟analyse des complexes proteacuteiques par SMIMS permet non seulement d‟obtenir des

informations sur leur taille mais eacutegalement des donneacutees de topologie (110) L‟agencement des

proteacuteines au sein des complexes peut ecirctre sondeacute suivant deux approches diffeacuterentes La

premiegravere consiste agrave dissocier le complexe en phase gazeuse les proteacuteines se trouvant agrave la

peacuteripheacuterie se deacutetachent theacuteoriquement en premier Neacuteanmoins il est difficile de fragmenter en

phase gazeuse des complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire Par ailleurs l‟activation

neacutecessaire agrave la dissociation conduit agrave une augmentation des sections efficaces de collision et

donc agrave une perturbation partielle de la conformation native des proteacuteines du complexe Il est

alors possible que les proteacuteines qui se seacuteparent du complexe en premier ne soient pas celles

qui ont initialement les surfaces d‟interaction les plus petites avec les autres partenaires

proteacuteiques (111) Neacuteanmoins l‟utilisation reacutecente de la dissociation sur surface par le groupe

de V Wysocki pour dissocier ces complexes en maintenant les structures des sous-uniteacutes

semble ouvrir des perspectives nouvelles et prometteuses dans le domaine (112) L‟autre

approche consiste agrave deacutenaturer progressivement le complexe en solution et agrave analyser les

diffeacuterents sous-complexes par SMI pour reconstruire la topologie initiale L‟avantage majeur

de cette approche est que les sous-complexes sont formeacutes en solution et reflegravetent donc de

maniegravere plus fidegravele la composition du complexe dans son eacutetat natif Le laboratoire de Carol

Robinson en Angleterre est devenu ces derniegraveres anneacutees leader pour l‟analyse structurale par

SMI de ces complexes proteacuteiques de tregraves grande taille (113)

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique

Ces meacutethodes permettent de travailler sur l‟objet biologique lui-mecircme Parmi elles le

TAP-Tag (laquo Tandem Affinity Purification-Tag raquo) et le double hybride occupent une place de

choix pour l‟eacutetude des interactions proteacuteine-proteacuteine Il s‟agit de deux techniques in-situ

La meacutethode du TAP-Tag permet d‟isoler le complexe proteacuteique eacutetudieacute qui est dans sa

conformation native par deux eacutetapes de purification successives (Fig I 8) La premiegravere

utilise une colonne constitueacutee de billes greffeacutees avec des immunoglobulines G (IgG) qui ont

une forte affiniteacute pour la proteacuteine A proteacuteine recombinante dite appacirct agrave laquelle est fixeacute le

complexe proteacuteique Le complexe retenu sur cette colonne est ensuite eacutelueacute speacutecifiquement par

38

coupure avec la proteacutease TEV Puis il est appliqueacute sur la seconde colonne constitueacutee de billes

de calmoduline En preacutesence d‟ions calcium la calmoduline est sous sa forme active

favorisant l‟attachement du complexe L‟eacutelution est reacutealiseacutee par l‟ajout d‟un cheacutelateur de

calcium (EGTA) qui rend la calmoduline inactive et donc libegravere le complexe Finalement ce

dernier pourra ecirctre analyseacute par spectromeacutetrie de masse afin de deacuteterminer ses diffeacuterents

constituants ou bien ecirctre utiliseacute pour des eacutetudes fonctionnelles

Fig I 8 Scheacutema du principe de la technique du TAP-Tag

Cette meacutethode a eacuteteacute appliqueacutee agrave l‟analyse agrave haut deacutebit du proteacuteome de la levure

Saccharomyces cerevisiae (114-116) Son utilisation chez les eucaryotes supeacuterieurs reste plus

complexe mais tout de mecircme envisageable (117) Des ameacuteliorations de l‟approche TAP-

TagMS ont eacuteteacute apporteacutees pour la possibiliteacute d‟utiliser cette meacutethode agrave haut deacutebit chez les

eucaryotes supeacuterieurs (118)

La technique du double hybride permet quant agrave elle de mettre en eacutevidence une interaction

physique entre deux proteacuteines X et Y Le principe est le suivant par geacutenie geacuteneacutetique deux

proteacuteines de fusion sont syntheacutetiseacutees puis exprimeacutees dans la levure La premiegravere est constitueacutee

de la proteacuteine X agrave laquelle est fusionneacute le domaine de liaison agrave l‟ADN (DL) d‟un facteur de

transcription tandis que la seconde est formeacutee de la proteacuteine Y et du domaine d‟activation de

39

la transcription (DA) de ce mecircme facteur Les deux domaines ont eacuteteacute dissocieacutes et le gegravene

rapporteur de la β-galactosidase est sous le controcircle de la seacutequence ougrave vient se fixer

speacutecifiquement le DL La β-galactosidase est une enzyme qui transforme un substrat soluble

et incolore en un composeacute bleu insoluble Lorsque la proteacuteine Y interagit avec la proteacuteine X

le DA est de nouveau associeacute au DL permettant alors la transcription du gegravene rapporteur Les

clones capables d‟utiliser le galactose preacutesent dans le milieu peuvent donc ecirctre seacutelectionneacutes

(colonies bleues) En effet le changement de couleur teacutemoigne de l‟interaction entre les deux

proteacuteines

Ce systegraveme a eacuteteacute agrave l‟origine mis au point pour tester l‟interaction pouvant exister entre

deux proteacuteines connues (119) De nouvelles variantes de la meacutethode double hybride ont fait

leur apparition reacutecemment permettant la deacutetection des proteacuteines impliqueacutees dans des

interactions avec l‟ADN (laquo one-hybrid system raquo) l‟ARN (laquo RNA-based three-hybrid

system raquo) de petits ligands (laquo small molecule-based threehybrid system raquo) et des proteacuteines

ayant subi des modifications post-traductionnelles (laquo tribrid system raquo) (120)

Il existe eacutegalement des techniques de seacuteparation des complexes proteacuteiques en conditions

non deacutenaturantes pour conserver intactes les interactions Ainsi l‟eacutelectrophoregravese sur gel de

polyacrylamide en condition bleue native ou BN-PAGE (laquo Blue Native-PolyAcrylamide Gel

Electrophoresis raquo) permet d‟isoler les macro-assemblages dans leur conformation native en

fonction de leur taille et de leur forme En combinaison avec une seconde dimension de

seacuteparation sur gel cette fois-ci en conditions deacutenaturantes les proteacuteines d‟un mecircme complexe

peuvent agrave leur tour ecirctre isoleacutees puis identifieacutees par spectromeacutetrie de masse Il est donc

possible par cette technique de mettre en eacutevidence le nombre et la masse moleacuteculaire des

proteacuteines impliqueacutees dans le complexe

Cette technique peut ecirctre utiliseacutee pour l‟isolation de complexes proteacuteiques membranaires

ou pour les complexes proteacuteiques extraits de cellules entiegraveres Un grand nombre

d‟applications pour cette technique concerne l‟analyse de complexes proteacuteiques issus de

plantes (121)

40

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la

spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique

structurelle des proteacuteines en solution

La technique des eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium (HDX) en solution s‟est reacuteveacuteleacutee tregraves

performante pour l‟eacutetude de la conformation et de la dynamique structurelle des proteacuteines La

spectroscopie RMN agrave deux dimensions a longtemps eacuteteacute choisie comme meacutethode d‟analyse de

ces eacutechanges isotopiques (32 122-123) L‟utilisation de la spectromeacutetrie de masse comme

meacutethode alternative d‟analyse apregraves eacutechanges HD s‟est deacuteveloppeacutee ces derniegraveres anneacutees La

spectromeacutetrie de masse qui permet de s‟inteacuteresser agrave des complexes proteacuteiques de tregraves haut

poids moleacuteculaire ouvre ainsi de nouvelles opportuniteacutes pour l‟eacutetude de systegravemes proteacuteiques

plus importants (gtgt 50 kDa) Par ailleurs en raison de sa meilleure sensibiliteacute cette technique

requiert une quantiteacute initiale de mateacuteriel beaucoup moins importante (de l‟ordre de quelques

dizaines de nganalyse) Elle permet eacutegalement de deacutetecter la coexistence de diffeacuterents

conformegraveres proteacuteiques en solution (124)

Les premiers travaux combinant les eacutechanges HD et la spectromeacutetrie de masse datent de

1991 Ils portent alors sur l‟analyse de proteacuteines entiegraveres (125) Depuis les avantages de la

spectromeacutetrie de masse ont permis aux eacutechanges isotopiques HD d‟eacutetudier des proteacuteines

individuelles de poids moleacuteculaires plus importants (126) des proteacuteines s‟associant pour

former des polymegraveres de haut poids moleacuteculaire (127) des particules virales (71 128) ainsi

que des complexes proteacuteine-ligand (129) ou proteacuteine-proteacuteine (130) De plus l‟association

HDXMS semble prometteuse pour l‟analyse structurale de proteacuteines membranaires connues

pour ecirctre difficilement eacutetudiables par beaucoup d‟autres techniques (131-133)

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux

proteacuteines en solution

I211 Quel type drsquohydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX

Les hydrogegravenes lieacutes agrave des heacuteteacuteroatomes dans les moleacutecules biologiques telles que les

proteacuteines sont labiles Autrement dit les atomes d‟hydrogegravene appartenant aux groupements

O-H N-H et S-H peuvent s‟eacutechanger avec ceux des moleacutecules d‟eau environnantes Il s‟agit

des hydrogegravenes des proteacuteines qui sont repreacutesenteacutes en bleu et en rouge sur la Fig I 9

41

Fig I 9 Scheacutema des diffeacuterents types d‟hydrogegravene dans une proteacuteine

Si un atome d‟hydrogegravene est eacutechangeacute avec un autre atome d‟hydrogegravene alors il est eacutevident

que ce remplacement ne sera pas deacutetecteacute par spectromeacutetrie de masse En revanche

l‟exposition d‟une proteacuteine agrave de l‟eau lourde (D2O ou 2H2O) conduit agrave des remplacements

d‟hydrogegravenes (1H) par des deuteacuteriums (

2H) qui accroissent la masse totale de la proteacuteine de 1

Da par hydrogegravene eacutechangeacute Lorsque les eacutechanges isotopiques se reacutealisent dans le sens deacutecrit

preacuteceacutedemment ie 1H

2H alors on utilise l‟expression laquo exchange-in raquo Mais les eacutechanges

isotopiques peuvent ecirctre reacutealiseacutes dans les deux directions On emploie alors le terme de

laquo exchange-out raquo pour eacutevoquer les eacutechanges qui s‟opegraverent dans le sens 2H

1H quand une

proteacuteine complegravetement deuteacutereacutee est incubeacutee dans de l‟eau leacutegegravere et que des deuteacuteriums sont

alors remplaceacutes par des hydrogegravenes (134) Les eacutetudes d‟eacutechange HD sont principalement

reacutealiseacutees suivant le principe laquo exchange-in raquo En effet ce dernier ne neacutecessite pas d‟eacutetape

suppleacutementaire qui consisterait agrave deuteacuterer complegravetement les proteacuteines avant le deacutebut des

expeacuteriences HDXMS C‟est la strateacutegie que nous avons adopteacutee pour notre eacutetude structurale

de complexes proteacuteiques

Si on considegravere maintenant les hydrogegravenes qui sont lieacutes de maniegravere covalente agrave un atome

de carbone dans les proteacuteines dessineacutes en vert sur la Fig I 9 ces derniers ne subiront pas

d‟eacutechange isotopique dans nos conditions expeacuterimentales Seule une catalyse chimique

importante serait agrave envisager pour proceacuteder agrave l‟eacutechange isotopique de ces hydrogegravenes Mais il

semblerait qu‟il soit possible d‟eacutechanger l‟hydrogegravene de la liaison C(ε1)-H du groupement

imidazole de la chaicircne lateacuterale de lhistidine (Fig I 10) (135)

42

Fig I 10 Scheacutema de l‟acide amineacute histidine

Parmi les hydrogegravenes eacutechangeables des proteacuteines il y a

- ceux des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes (en bleu sur la Fig I 9) et des extreacutemiteacutes N-

et C-terminales (groupements amino et carboxy) qui ont des vitesses d‟eacutechange isotopique

tregraves rapides de l‟ordre de la milliseconde agrave la seconde Dans l‟eacutechelle de temps de nos

expeacuterimentations ces vitesses d‟eacutechange sont trop rapides pour que nous puissions les

observer

- les hydrogegravenes d‟amide des liaisons peptidiques (en rouge sur la Fig I 9) qui ont des

vitesses d‟eacutechange isotopique plus lentes de l‟ordre de la minute agrave l‟heure et donc qui sont

compatibles avec une deacutetection par spectromeacutetrie de masse Au cours de nos expeacuteriences

HDXMS nous allons par conseacutequent nous inteacuteresser aux eacutechanges isotopiques de ces

hydrogegravenes

Dans une proteacuteine tous les acides amineacutes agrave l‟exception de la proline et du premier reacutesidu

de la chaicircne polypeptidique possegravedent un groupement amide N-H de liaison Il est par

conseacutequent possible d‟obtenir des informations structurales tout le long de la chaicircne

polypeptidique

I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de lrsquoaccessibiliteacute

des proteacuteines

La vitesse des eacutechanges isotopiques HD deacutepend de l‟accessibiliteacute au solvant mais

eacutegalement de la stabiliteacute de la structure locale des proteacuteines Autrement dit les hydrogegravenes

d‟amide situeacutes dans les reacutegions flexibles ou non structureacutees de la proteacuteine tels que les boucles

et les coudes ou dans les reacutegions accessibles au solvant ont des vitesses d‟eacutechange plus

rapides identiques agrave celles observeacutees dans le cas d‟un peptide non structureacute Au contraire

43

ceux qui sont impliqueacutes dans des structures secondaires stables comme les heacutelices α et les

feuillets β ainsi que ceux enfouis dans le cœur hydrophobe des proteacuteines s‟eacutechangent plus

lentement car ils sont proteacutegeacutes (136)

I213 Meacutecanismes de la reacuteaction drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les

proteacuteines et peptides

I2131 Deacutefinition du facteur chimique

Il vient d‟ecirctre dit que l‟eacutechange isotopique est plus rapide quand l‟hydrogegravene d‟amide de la

liaison peptidique est complegravetement exposeacute au solvant et non impliqueacute dans des liaisons

hydrogegravene intramoleacuteculaires stables Dans ces conditions la constante de vitesse du

remplacement de N-H par N-D (laquo exchange-in raquo) est noteacutee kch Il s‟agit du facteur chimique

I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique

Pour chaque hydrogegravene d‟amide du squelette polypeptidique consideacutereacute individuellement la

valeur de kch est deacutetermineacutee selon une seacuterie de facteurs le pH la tempeacuterature et la

composition du solvant la pression la force ionique du milieu et la seacutequence locale en acides

amineacutes Nous deacutetaillerons uniquement l‟influence des trois facteurs les plus repreacutesentatifs

soit le pH (ou pD en solution deuteacutereacutee) la tempeacuterature et la seacutequence locale

Les eacutechanges isotopiques HD sont fortement deacutependants du pH ce qui est un point

extrecircmement important qui est utiliseacute pour leur analyse par spectromeacutetrie de masse La

reacuteaction peut s‟effectuer par des meacutecanismes de catalyse acide ou basique (II133) Le

facteur chimique kch s‟exprime comme suit

kch = kD3O+ [D3O+] + kOD

- [OD-] + kD2O

ougrave kD3O+ et kOD- sont les constantes d‟eacutechange en catalyse acide et en catalyse basique

respectivement

Des eacutetudes sur des peptides modegraveles des polyalanines ont montreacute que kOH- est supeacuterieure

d‟un facteur 108 agrave kH3O+ (137) Le pH influence donc les vitesses d‟eacutechange qui sont

44

principalement conditionneacutees par les ions OH- pour des pH supeacuterieurs agrave 3 et par les ions H3O

+

pour des pH infeacuterieurs agrave 3

Ainsi la constante de vitesse d‟eacutechange kch peut ecirctre relieacutee au pD (Fig I 11) Le minimum

d‟eacutechange se produit pour un pD voisin de 2-3 pour lequel les eacutechanges dus agrave la catalyse

acide sont eacutequivalents agrave ceux dus agrave la catalyse basique (pDmin)

pH

T(degC)

Fig I 11 Scheacutema repreacutesentant le taux d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium en fonction du pH

La plupart des hydrogegravenes eacutechangeables des chaicircnes lateacuterales ont des pHmin plus grands

que ceux des hydrogegravenes d‟amide Ainsi lorsque le pH est ajusteacute agrave 25 pour minimiser

l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse les hydrogegravenes

des chaicircnes lateacuterales continuent de s‟eacutechanger par catalyse acide agrave l‟exception des Hε et Hη de

l‟arginine

Les vitesses d‟eacutechange HD sont eacutegalement deacutependantes de la tempeacuterature Elles sont

multiplieacutees par trois pour chaque increacutement de 10degC (138) Ainsi lorsque l‟on veut minimiser

les eacutechanges une diminution de la tempeacuterature de 20degC agrave 0degC conduit agrave une diminution de la

vitesse d‟eacutechange d‟un facteur 10 ce qui n‟est pas neacutegligeable

Le facteur chimique kch est principalement affecteacute par des changements de tempeacuterature En

effet la constante d‟ionisation de l‟eau varie avec la tempeacuterature alteacuterant les concentrations

de catalyseurs disponibles pour l‟eacutechange Par ailleurs agrave basse tempeacuterature les coefficients de

diffusion sont eacutegalement modifieacutes et la probabiliteacute de collision entre le donneur de proton et

45

le receveur diminue conduisant agrave un nombre de transfert (et donc un taux d‟eacutechange) moins

grand Le facteur chimique kch s‟exprime donc plutocirct comme suit

kch (t) = kD3O+ (t) [D3O+] + kOD

- (t) [OD-] + kD2O (t)

Les expeacuteriences d‟eacutechange HD s‟effectuent agrave pD physiologique pendant des temps

d‟incubation dans D2O variables et agrave une tempeacuterature adapteacutee agrave la proteacuteine d‟inteacuterecirct Pour ne

garder que les deuteacuteriums eacutechangeacutes avec les hydrogegravenes d‟amide des liaisons peptidiques et

donc pour s‟affranchir de ceux des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes la proteacuteine est remise

dans de l‟eau leacutegegravere (H2O) avant analyse Les deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales sont alors

rapidement reacute-eacutechangeacutes en hydrogegravenes Mais cette eacutetape doit ecirctre controcircleacutee afin de ne pas reacute-

eacutechanger eacutegalement les deuteacuteriums d‟amide en hydrogegravenes Ainsi pour diminuer au

maximum les vitesses d‟eacutechange la reacuteaction d‟eacutechange est arrecircteacutee en ajoutant de l‟eau (H2O)

agrave pH acide (25) et en diminuant brusquement la tempeacuterature de l‟eacutechantillon (0degC) C‟est

cette approche de deacutemarquage dans H2O des chaicircnes lateacuterales avant analyse que nous avons

choisie pour ma thegravese D‟autres approches peuvent neacuteanmoins ecirctre envisageacutees comme le

marquage de la proteacuteine suivie de l‟analyse de tous les deuteacuteriums (139) Dans ce dernier cas

il ny a pas d‟eacutetape de deacutemarquage

Enfin les vitesses d‟eacutechanges des hydrogegravenes d‟amide dans une proteacuteine ou dans un

peptide sont sensibles aux effets de blocage steacuterique ou inductif lieacutes agrave la preacutesence proche de

certaines chaicircnes lateacuterales (138 140) Les effets inductifs sont dus principalement agrave la

preacutesence de groupements voisins attracteurs d‟eacutelectrons (chaicircnes lateacuterales polaires) qui vont

augmenter l‟aciditeacute des protons d‟amide en diminuant le pK favorisant la deacuteprotonation

Dans le cas d‟une catalyse basique la vitesse d‟eacutechange est donc augmenteacutee Les effets

d‟encombrement steacuterique sont quant agrave eux lieacutes agrave la preacutesence de reacutesidus aliphatiques

(isoleucine par exemple) ou aromatiques Les chaicircnes lateacuterales de ces amides amineacutes bloquent

steacuteriquement l‟interaction entre le catalyseur et le squelette polypeptidique ralentissant

l‟eacutechange

L‟additiviteacute de ces deux pheacutenomegravenes a eacuteteacute eacutetudieacutee en deacutetails et a permis d‟eacutetablir une

eacutequation pour kch tenant compte de facteurs correctifs associeacutes agrave la nature des chaicircnes lateacuterales

des acides amineacutes voisins (agrave droite et agrave gauche du reacutesidu d‟inteacuterecirct) pour une catalyse acide A

ou basique B

46

kch (t) = kD3O+ (t) (Agauche x Adroite) [D3O+] + kOD

- (t) (Bgauche x Bdroite) [OD-]

+ kD2O (t) (Bgauche x Bdroite)

I2133 Catalyse de la reacuteaction

Les eacutechanges peuvent se produire soit par catalyse basique soit par catalyse acide (Fig I

12) Dans les conditions physiologiques dans lesquelles les proteacuteines et les peptides se

trouvent geacuteneacuteralement la catalyse basique est la plus freacutequente

Fig I 12 Catalyse basique ou acide permettant lrsquoeacutechange isotopique drsquoun hydrogegravene drsquoamide

sur le squelette polypeptidique

La premiegravere eacutetape en catalyse basique est l‟abstraction d‟un proton amidique par un ion

hydroxyde (OD-) et formation d‟un anion imidate Cet imidate est ensuite reprotoneacute par D2O

pour proceacuteder agrave l‟eacutechange Nous venons de voir preacuteceacutedemment que le facteur chimique kch est

minimal pour un pDasymp25 Au-delagrave d‟un pD eacutegal agrave 4 il augmente d‟un ordre de grandeur

(facteur 10) avec chaque uniteacute de pD atteignant des valeurs de l‟ordre de 103 s

-1 pour un pD

de 9 (141) (Fig I 11) La possibiliteacute de reacutegler kch en controcirclant la basiciteacute du solvant est

cruciale dans beaucoup de strateacutegies HDXMS

I2134 Cineacutetique drsquoeacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de

protection

Comme la vitesse d‟eacutechange N-H N-D est moduleacutee par les proprieacuteteacutes

conformationnelles des proteacuteines il devient alors possible d‟utiliser la technique des eacutechanges

isotopiques HD pour les eacutetudes structurales Les reacutegions structureacutees possegravedent une multitude

de liaisons hydrogegravenes intramoleacuteculaires N-Hhellip

O=C qui sont autant de sites proteacutegeacutes

difficilement accessibles par les moleacutecules de solvant Les vitesses d‟eacutechange isotopique vont

47

donc varier consideacuterablement selon l‟implication de l‟hydrogegravene concerneacute dans des structures

secondaires stables (142) ou la flexibiliteacute de la reacutegion peptidique agrave laquelle il appartient (141)

ou encore suivant sa distance par rapport agrave la surface de la proteacuteine (143) Ces diffeacuterents

facteurs contribuent agrave la protection des hydrogegravenes d‟amide telle que la constante de vitesse

globale d‟eacutechange kHDX soit bien infeacuterieure agrave kch Le facteur de protection P correspondant est

donneacute par la formule qui suit

P= kchkHDX

ougrave kHDX est la constante de vitesse globale d‟eacutechange d‟un hydrogegravene d‟amide donneacute dans la

conformation native d‟une proteacuteine et kch la constante de vitesse d‟eacutechange de l‟hydrogegravene

concerneacute si celui-ci se trouvait dans un peptide non structureacute P est la probabiliteacute que

l‟hydrogegravene en question soit proteacutegeacute agrave l‟accegraves du solvant (et aux catalyseurs) P est alors

deacutependant de l‟accessibiliteacute au solvant et de la participation de l‟hydrogegravene concerneacute agrave des

liaisons hydrogegravene Le facteur de protection peut exceacuteder parfois la valeur de 106 pour une

proteacuteine dans sa conformation native replieacutee

I2135 Deux modegraveles de cineacutetique drsquoeacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et

repliement des proteacuteines

Neacuteanmoins mecircme un hydrogegravene d‟amide proteacutegeacute peut ecirctre eacutechangeacute En effet une proteacuteine

en solution est une moleacutecule dynamique Autrement dit mecircme dans son eacutetat natif replieacute elle

peut subir des fluctuations conformationnelles reacutesultant de son deacutepliement pendant un temps

tregraves court L‟eacutechange isotopique d‟un hydrogegravene d‟amide proteacutegeacute ne peut donc avoir lieu que

lorsque la proteacuteine adopte des d‟eacutetats intermeacutediaires transitoires deacuteplieacutes Ce deacutepliement peut

ecirctre localiseacute ou impliquer la proteacuteine dans sa globaliteacute Les constantes de vitesse du

deacutepliement et du repliement sont deacutesigneacutees par k1 et k-1 respectivement et le meacutecanisme

geacuteneacuteral de l‟eacutechange peut ecirctre deacutecrit comme suit

avec l‟existence d‟une combinaison unique de valeurs de k1 k-1 et pour chaque hydrogegravene

d‟amide En accord avec ce modegravele l‟eacutechange isotopique ne peut avoir lieu qu‟apregraves une

rupture transitoire des liaisons intramoleacuteculaires de la proteacuteine replieacutee rendant les hydrogegravenes

48

d‟amide eacutechangeables Puis la proteacuteine se replie pour revenir agrave un eacutetat natif La constante de

vitesse globale d‟eacutechange kHDX est donneacutee par la formule suivante

Deux modegraveles de cineacutetique EX1 et EX2 (123 144) sont discuteacutes agrave partir de ce meacutecanisme

d‟eacutechange Le premier modegravele (EX1) (Fig I 13) est caracteacuteriseacute par

kch gtgt k-1gt k1

impliquant que tous les hydrogegravenes d‟amide sont eacutechangeacutes avant le repliement de la proteacuteine

au cours du tout premier eacuteveacutenement de deacutepliement L‟eacutetape cineacutetiquement limitante est donc

le deacutepliement de la proteacuteine ce qui se traduit par

kHDX= k1

N - Hreplieacute N - Hdeacuteplieacute N - Ddeacuteplieacute N - Dreplieacute

kch

Fig I 13 Principe de lrsquoeacutechange HD dans le cas drsquoune cineacutetique EX1

Inversement le second modegravele (EX2) (Fig I 14) est caracteacuteriseacute par

k-1 gtgt kchgtgt k1

menant agrave l‟expression

kHDX= K1kch

ougrave K1=k1k-1 est le constante d‟eacutequilibre de deacutepliement de la proteacuteine native Comme la

proteacuteine se replie plus vite qu‟elle n‟eacutechange la probabiliteacute d‟eacutechange pendant un seul

49

eacuteveacutenement deacutepliementrepliement est faible L‟eacutetape cineacutetiquement limitante est donc la

vitesse d‟eacutechange kch et l‟eacutechange d‟un hydrogegravene a geacuteneacuteralement lieu apregraves un grand nombre

d‟eacutetapes de deacutepliementrepliement Dans ce modegravele le facteur de protection est donneacute par

P= K1-1

N - Hreplieacute N - Hdeacuteplieacute N - Ddeacuteplieacute N - Dreplieacute

kch

Fig I 14 Principe de lrsquoeacutechange HD dans le cas drsquoune cineacutetique EX2

Dans des conditions physiologiques le premier modegravele (EX1) est moins freacutequent que le

second (EX2) Les vitesses d‟eacutechange par le meacutecanisme EX2 deacutependent de maniegravere lineacuteaire

de la concentration en catalyseurs alors que dans le meacutecanisme EX1 la vitesse ne varie pas

avec la quantiteacute de catalyseurs Ce dernier est geacuteneacuteralement forceacute par l‟utilisation de

conditions deacutenaturantes telles que des tempeacuteratures ou un pH eacuteleveacutes ou encore par

l‟utilisation de chaotropes On peut neacuteanmoins rencontrer le cas de proteacuteines pour lesquelles

diffeacuterentes reacutegions s‟eacutechangent simultaneacutement avec des cineacutetiques d‟ordre 1 (modegravele EX1) et

2 (modegravele EX2) Par ailleurs il ne faut pas perdre de vue que mecircme une proteacuteine native peut

preacutesenter des hydrogegravenes d‟amide non proteacutegeacutes de faccedilon permanente ie exposeacutes au solvant

et non impliqueacutes dans des liaisons hydrogegravene L‟eacutechange agrave ces sites est reacutealiseacute sans

deacutepliement de la proteacuteine la vitesse y est alors plus rapide (kHDXasympkch)

I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines

Pour mesurer un taux d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans une proteacuteine en condition

laquo exchange-in raquo la premiegravere eacutetape consiste agrave l‟exposer agrave du deuteacuterium Il existe deux grandes

strateacutegies d‟incorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines L‟exposition aux deuteacuteriums

peut ecirctre reacutealiseacutee de maniegravere continue (marquage continu) ou pulseacutee (marquage pulseacute) La

meacutethode sera choisie en fonction du type d‟information que l‟on souhaite obtenir (145)

50

I221 Marquage continu

Il s‟agit de la meacutethode la plus simple utiliseacutee dans la plupart des eacutetudes HDXMS Elle

consiste agrave diluer d‟un facteur quinze agrave vingt une proteacuteine qui se trouve initialement dans son

tampon hydrogeacuteneacute dans un tampon identique mais contenant 100 de D2O (146)

L‟incorporation des deuteacuteriums est alors suivie en fonction du temps d‟exposition de la

proteacuteine en condition native dans le D2O Une dilution d‟au moins un facteur quinze permet

de s‟assurer qu‟une fois qu‟un hydrogegravene est remplaceacute par un deuteacuterium la reacuteaction ne

revient pas en arriegravere

Le marquage continu est alors poursuivi jusqu‟agrave ce que le temps maximum d‟exposition

aux deuteacuteriums choisi initialement soit atteint Typiquement il varie des minutes aux heures

(parfois mecircme aux jours) En pratique des aliquotes de la solution sont preacuteleveacutes

reacuteguliegraverement leur reacuteaction est brusquement arrecircteacutee et l‟analyse se fait par spectromeacutetrie de

masse

Au cours de l‟eacutechange la masse de la proteacuteine augmente progressivement avec

l‟incorporation en deuteacuteriums selon les paramegravetres de cineacutetique deacutecrits preacuteceacutedemment Les

reacutegions preacutesentant une conformation deacuteplieacutee pendant un temps tregraves long subiront des

eacutechanges plus rapides que d‟autres reacutegions ayant une conformation plus compacte D‟apregraves le

meacutecanisme geacuteneacuteral de l‟eacutechange le marquage continu permet d‟obtenir essentiellement des

informations sur la dynamique conformationnelle des proteacuteines dans des conditions

d‟eacutequilibre plutocirct que sur leur structure agrave proprement parler Cependant il existe un lien

eacutevident entre ces deux aspects En effet des reacutegions hautement structureacutees sont geacuteneacuteralement

moins dynamiques que des reacutegions deacutesordonneacutees

I222 Marquage pulseacute

Le marquage pulseacute est quant agrave lui essentiellement utiliseacute pour eacutetudier les meacutecanismes de

repliement des proteacuteines ainsi que pour deacutetecter et caracteacuteriser des eacutetats intermeacutediaires

transitoires (147)

Dans les expeacuteriences de marquage pulseacute une proteacuteine initialement deacutenatureacutee est

rapidement transfeacutereacutee dans un solvant approprieacute permettant le deacuteclenchement du processus de

51

repliement A des temps bien deacutefinis au cours de la reacuteaction la proteacuteine est ensuite exposeacutee agrave

du deuteacuterium pendant un temps tregraves court (typiquement 10 s ou moins) Comme le temps de

marquage est tregraves court seuls les hydrogegravenes d‟amide accessibles et eacutechangeables facilement

(ceux qui sont dans les parties non structureacutees de la proteacuteine ou dans les parties les plus

accessibles au solvant) sont deuteacutereacutes Des seacuteries de mesures sont effectueacutees en faisant varier

l‟intervalle de temps entre l‟initiation du repliement et le pulse de deuteacuterium De cette faccedilon

il est possible d‟obtenir des aperccedilus deacutetailleacutes de la seacutequence temporelle des eacuteveacutenements qui

conduisent la proteacuteine d‟un eacutetat deacuteplieacute agrave sa conformation native Les pulses de deuteacuterium

requiegraverent des conditions basiques (pD 8-10) pour s‟assurer qu‟un grand nombre d‟eacutechanges

isotopiques se produisent pendant l‟eacutetape courte de marquage La reacuteaction de marquage est

arrecircteacutee par une rapide baisse du pH et de la tempeacuterature (agrave pH 25 et agrave 0degC) de la solution ou

par l‟eacutevaporation du solvant pendant le processus d‟ionisation par eacutelectrospray lors

d‟expeacuteriences laquo on-line raquo HDXMS L‟usage d‟un systegraveme automatiseacute est neacutecessaire pour

reacutealiser des pulses sur des temps tregraves courts (lt 10 ms) et acceacuteder ainsi agrave des dynamiques tregraves

rapides

La deacutenaturation preacutealable de la proteacuteine est effectueacutee par l‟addition d‟un agent qui va

perturber sa structure (148) Ces agents sont geacuteneacuteralement des chaotropes mais peuvent

eacutegalement ecirctre des ligands qui vont venir se fixer sur la proteacuteine ou un simple changement de

tempeacuterature ou de pH

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par

spectromeacutetrie de masse

Les eacutechanges HD en solution sont donc devenus ces derniegraveres deacutecennies un outil

technique puissant pour l‟analyse structurale et dynamique des proteacuteines (149) Alors que la

plupart des eacutetudes HDX initiales utilisaient la RMN agrave haute reacutesolution (32) comme meacutethode

pour le suivi des cineacutetiques d‟eacutechange HD la spectromeacutetrie de masse occupe deacutesormais une

place de choix (150-153)

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN

C‟est le deacuteveloppement de meacutethodes de spectroscopie RMN multidimensionnelle de haute

reacutesolution (154-155) qui a permis d‟exploiter toute la puissance de la technique HDX (156)

52

La RMN est resteacutee pendant longtemps l‟outil de choix pour suivre les eacutechanges HD car de

ces deux isotopes seul l‟hydrogegravene conduit agrave un signal deacutetectable Ainsi remplacer des

hydrogegravenes d‟amide par des deuteacuteriums peut ecirctre facilement suivi en observant la disparition

des signaux correspondant dans les spectres RMN L‟analyse des eacutechanges HD par RMN

devient alors facile une fois que tous les signaux ont eacuteteacute attribueacutes Par ailleurs elle est reacutealiseacutee

en solution dans la continuiteacute du marquage rendant son interpreacutetation aiseacutee Un profil de

deuteacuteration en solution est observeacute en solution n‟engendrant pas de problegravemes quelconques

L‟eacutechange d‟un hydrogegravene par un deuteacuterium conduisant agrave un increacutement de masse de 1 Da

peut eacutegalement ecirctre suivi de maniegravere tregraves simple par spectromeacutetrie de masse Cette technique

plus reacutecente offre par ailleurs plusieurs avantages importants par rapport agrave la RMN Elle

permet des analyses plus rapides sur des systegravemes plus complexes tant par la diversiteacute que par

la taille avec moins de mateacuteriel initialement Neacuteanmoins l‟association HDXMS n‟atteint que

rarement la haute reacutesolution spatiale facilement accessible par la technique HDXRMN La

spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS) est reacutecemment apparue comme une solution agrave ce

problegraveme faisant de la technique HDX-MSMS un candidat potentiel pour devenir une

meacutethode de choix pour l‟analyse structurale et dynamique des proteacuteines

I232 Approche classique laquo bottom-up raquo

Comme il a eacuteteacute dit preacuteceacutedemment la strateacutegie du marquage continu est choisie pour la

plupart des eacutetudes en HDXMS Elle consiste agrave suivre le taux de deuteacuteration des proteacuteines en

fonction de leur temps d‟exposition t agrave D2O pour deacutetecter le plus souvent des diffeacuterences en

reacuteponse agrave des modifications chimiques ou expeacuterimentales (157-158) agrave la liaison de ligands

(159-160) ou encore agrave la formation de complexes (161) L‟incorporation des deuteacuteriums peut

ecirctre mesureacutee au niveau de la proteacuteine entiegravere (eacutechange global) etou pour des courts segments

proteacuteiques (eacutechange local) Seulement la mesure de l‟eacutechange global ne preacutesente aucune

reacutesolution spatiale puisque elle est reacutealiseacutee pour l‟ensemble des hydrogegravenes d‟amide de la

proteacuteine Les expeacuteriences spatialement reacutesolues apportent quant agrave elles des informations sur

le comportement vis-agrave-vis de la deuteacuteration de reacutegions speacutecifiques de la proteacuteine

53

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS

Les expeacuteriences spatialement reacutesolues deacuterivent pour la plupart de l‟approche classique de

fragmentation enzymatique en solution (146 162-163) appeleacutee approche laquo bottom-up raquo La

digestion des proteacuteines par des proteacuteases conduisant agrave des fragments peptidiques pour

lesquels le taux d‟eacutechange peut ecirctre calculeacute a permis une premiegravere ameacutelioration de la

reacutesolution de l‟approche (164-166) La digestion proteacuteolytique a ensuite eacuteteacute associeacutee agrave une

seacuteparation chromatographique en phase liquide coupleacutee en ligne agrave la spectromeacutetrie de masse

(LC-MS) (141 167) Dans le cadre de l‟analyse des eacutechanges HD par LC-MS des meacutethodes

chromatographiques de courte dureacutee et agrave basse tempeacuterature doivent ecirctre impeacuterativement mises

au point afin de minimiser le laquo back-exchange raquo (168-169) Pour reacutealiser une analyse rapide

des colonnes courtes sont utiliseacutees Bien qu‟elles ne permettent qu‟une seacuteparation grossiegravere

des peptides elles limitent neacuteanmoins le deacutemarquage L‟utilisation de la spectromeacutetrie de

masse agrave tregraves haute reacutesolution est importante car elle peut permettre une identification plus

fiable des peptides sur la base de leur masse preacutecise L‟approche classique est dutiliser une

seacuteparation par HPLC (laquo High-Performance Liquid Chromatography raquo) et de placer toute la

chaicircne chromatographique dans une armoire reacutefrigeacutereacutee Notons quun systegraveme commercial

optimiseacute pour limiter leacutechange inverse a eacuteteacute deacuteveloppeacute reacutecemment par la socieacuteteacute Waters Le

choix d‟une meacutethode HPLC et non d‟une chaicircne de nano-chromatographie liquide conduit agrave

utiliser une quantiteacute importante d‟eacutechantillon C‟est la raison pour laquelle notre eacutequipe a mis

au point une approche par nano-LC pour l‟eacutetude des eacutechanges HD en solution Ce travail a

fait lobjet dune partie de la thegravese de Magalie Duchateau au laboratoire Les diffeacuterents

systegravemes d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le spectromegravetre de masse seront plus

deacutetailleacutes dans le Chap IV Le plus souvent les peptides sont analyseacutes en utilisant

l‟eacutelectrospray comme mode d‟ionisation (LCESI-MS) La technique MALDI-MS est moins

communeacutement utiliseacutee (170-172)

Choix des enzymes

Bien eacutevidemment la proteacuteolyse doit ecirctre reacutealiseacutee dans les conditions expeacuterimentales de

l‟arrecirct de la reacuteaction (agrave pH final 25 et agrave 0degC) afin d‟empecirccher l‟eacutechange inverse (D H)

avant l‟analyse finale en spectromeacutetrie de masse Il est par conseacutequent neacutecessaire d‟utiliser

des proteacuteases acides L‟enzyme la plus couramment utiliseacutee pour ce type d‟expeacuteriences est la

pepsine (173) Cette enzyme est non speacutecifique contrairement agrave la trypsine ou la

chymotrypsine mais elle est active dans les conditions expeacuterimentales requises et peut geacuteneacuterer

de nombreux peptides chevauchants permettant de localiser des zones d‟inteacuterecirct avec une

54

meilleure reacutesolution Cependant cette faible speacutecificiteacute (174) rend neacutecessaire une eacutetape

preacutealable aux eacutechanges HD d‟identification des peptides obtenus par spectromeacutetrie de masse

en tandem

La reacutesolution spatiale attendue avec l‟approche de digestion enzymatique agrave la pepsine est

de l‟ordre de 5 agrave 10 acides amineacutes Elle est limiteacutee par la taille des fragments geacuteneacutereacutes par

l‟eacutetape de digestion et le nombre de peptides chevauchants En revanche l‟utilisation de

proteacuteases immobiliseacutees sur des colonnes semble permettre d‟une part de standardiser le

protocole HDXMS et d‟autre part dans certains cas d‟atteindre une reacutesolution spatiale

proche de l‟acide amineacute pregraves (175-176) Notons le deacuteveloppement reacutecent d‟une nouvelle

approche baseacutee sur une digestion agrave la pepsine mais utilisant des conditions de haute pression

(177) semblant encore ameacuteliorer les reacutesultats

D‟autres proteacuteases acides peuvent eacutegalement ecirctre utiliseacutees mais les conditions

expeacuterimentales imposent qu‟elles soient capables de digeacuterer leur substrat en moins de cinq

minutes afin de minimiser l‟eacutechange inverse L‟utilisation combineacutee de diffeacuterentes proteacuteases

permet de geacuteneacuterer un grand nombre de peptides chevauchants et ainsi d‟augmenter

consideacuterablement la reacutesolution spatiale (178) La proteacutease de type XIII d‟Aspergillus saitoi

(179) ainsi que celle de type XVIII extraite des diffeacuterentes espegraveces de Rhizopus (178) ou

encore plus reacutecemment la plasmepsine II de Plasmodium falciparum (180) peuvent ecirctre

utiliseacutees dans les eacutetudes HDXMS (172 179 181-182) Par ailleurs une version recombinante

de la proteacutease de type XVIII vient d‟ecirctre mise au point Elle permettrait l‟utilisation d‟un

rapport enzymeproteacuteine beaucoup plus faible qu‟avec la version sauvage (183)

Une meacutethode permettant de geacuteneacuterer un tregraves grand nombre de peptides chevauchants baseacutee

sur l‟utilisation de deux proteacuteases acides et de les identifier efficacement et preacuteciseacutement a

reacutecemment eacuteteacute deacuteveloppeacutee pour les analyses HDXMS (184-185) La difficulteacute de lanalyse

du fait de la grande quantiteacute de donneacutees geacuteneacutereacutees par la proteacuteolyse (nombreux peptides

chevauchants) combineacutee agrave la complexiteacute des informations obtenues par HDX (incorporation

des deuteacuteriums perte du marquage) a encourageacute le deacuteveloppement d‟une plateforme ougrave les

expeacuteriences et le traitement de donneacutees sont totalement automatiseacutes (186)

Problegraveme de leacutechange inverse

Malgreacute une optimisation des conditions expeacuterimentales (diminution du pH et de la

tempeacuterature de l‟eacutechantillon ainsi que du temps d‟analyse) le pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse

55

reste un problegraveme crucial lors des eacutetapes de digestion proteacuteolytique et d‟analyse des

fragments peptidiques En effet chaque clivage enzymatique conduit agrave une perte

d‟information au niveau de deux sites eacutechangeables Les sites concerneacutes sont l‟hydrogegravene

d‟amide du squelette peptidique qui a eacuteteacute cliveacute et converti en amine libre et celui adjacent agrave

l‟extreacutemiteacute N-terminale (168) Par ailleurs le deacutemarquage peut eacutegalement avoir lieu au cours

de l‟eacutetape de digestion Or la perte totale de la deuteacuteration au niveau de sites particuliers tels

que ceux proteacutegeacutes par une interaction proteacuteine-partenaire signifierait que les surfaces

d‟interaction de macroassemblages ne pourraient pas ecirctre deacutetermineacutees par cette approche

C‟est la raison pour laquelle plusieurs tentatives de correction systeacutematique du laquo back-

exchange raquo ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees (187) Une meacutethode de reacuteajustement a ainsi eacuteteacute deacutecrite par

Zhang et al (141) Briegravevement elle consiste agrave mesurer le taux d‟eacutechange de peptides

complegravetement deuteacutereacutes et agrave le comparer agrave la reacutefeacuterence sans eacutechange Les analyses sont

reacutealiseacutees dans les mecircmes conditions de digestion et de seacuteparation par HPLC Le facteur de

correction du laquo back-exchange raquo relative agrave l‟expeacuterience est alors deacutetermineacute Mais cela

implique que le deacutemarquage soit identique pour tous les sites eacutechangeables ce qui n‟est pas le

cas (I2132) Le taux d‟eacutechange inverse est consideacuterablement diffeacuterent d‟un site agrave un autre

site et donc d‟un peptide agrave un autre peptide Il peut neacuteanmoins ecirctre preacutedit pour des peptides

non structureacutes en utilisant les paramegravetres de calcul de kch suivant la formule donneacutee au

I2132 (188)

Exemples de complexes proteacuteiques analyseacutes

Malgreacute les problegravemes poseacutes par l‟eacutechange inverse et la reacutesolution relativement faible de

l‟approche un des avantages majeurs des approches laquo bottom-up raquo est leur utilisation pour

l‟eacutetude de complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire puisque ce sont des peptides issus d‟une

digestion enzymatique qui sont analyseacutes Ainsi cette approche a eacuteteacute utiliseacutee par l‟eacutequipe de

V Wysocki afin d‟eacutetudier des complexes proteacuteiques proteacuteine chaperonne-substrat et ainsi de

mieux comprendre leur meacutecanisme d‟action (I113) (189) Il s‟agit de proteacuteines s‟associant

pour former des oligomegraveres de tregraves haut poids moleacuteculaire Les complexes qui ont eacuteteacute

analyseacutes par la technique HDXMS coupleacutee agrave une approche laquo bottom-up raquo sont les suivants

TaHsp169-MDH (gt 1000 kDa) et PsHsp181-MDH (~600-700 kDa) Un pourcentage de

couverture peptidique de 100 a eacuteteacute obtenu pour les deux proteacuteines Par ailleurs une eacutetude

du complexe Arp23 avait permis de mettre en eacutevidence finement des modifications de

structure tridimensionnelle induites par la liaison agrave l‟ATP ou agrave des proteacuteines activatrices telles

que les proteacuteines WASp en utilisant l‟approche par marquage avec les radicaux hydroxyles

(75) (I1225) Plus reacutecemment le complexe Arp23 a eacuteteacute analyseacute par une approche

56

compleacutementaire HDXMS afin de mettre en eacutevidence des modifications de structure et de

dynamique reacutesultant de l‟activation par les proteacuteines WASp et de comparer les reacutesultats avec

les modegraveles du meacutecanisme preacuteexistants Pour autant que nous sachions le complexe Arp23

de sept sous-uniteacutes proteacuteiques avec un poids moleacuteculaire de 220 kDa est le plus important

macroassemblage jamais eacutetudieacute par HDXMS Ceci a eacuteteacute possible gracircce agrave une analyse par

laquo bottom-up raquo (190)

Comment ameacuteliorer la reacutesolution

Une faccedilon d‟augmenter la reacutesolution des approches bottom-up serait de recourir agrave la

fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques afin de localiser plus preacuteciseacutement

les deuteacuteriums dans la seacutequence D‟une maniegravere geacuteneacuterale la fragmentation peut ecirctre reacutealiseacutee

de diffeacuterentes maniegraveres dans un spectromegravetre de masse Tout d‟abord il est possible de

fragmenter les ions dans la source (laquo In-Source Decay raquo ou ISD) en les acceacuteleacuterant dans une

reacutegion de haute pression mais ce processus ne conduit agrave aucune seacutelectiviteacute et pose donc des

problegravemes quant agrave l‟analyse des meacutelanges La spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS)

peut eacutegalement ecirctre utiliseacutee pour la dissociation des peptides Elle est adapteacutee agrave l‟eacutetude des

meacutelanges apporte des informations structurales de qualiteacute et est doteacutee d‟une grande

sensibiliteacute Elle consiste agrave seacutelectionner un ion preacutecurseur par un premier analyseur agrave le

fragmenter (par diffeacuterentes techniques d‟activation) et agrave analyser les fragments obtenus agrave

l‟aide d‟un autre analyseur (le mecircme pour les instruments de type trappe ionique)

Neacuteanmoins comme cela sera deacutetailleacute dans le paragraphe suivant le choix de la technique

d‟activation pour des peptides deuteacutereacutes est tregraves important pour obtenir des informations

valables

I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques

L‟objectif des expeacuteriences de MSMS sur les peptides deuteacutereacutes est de pouvoir preacuteciseacutement

localiser les deuteacuteriums incorporeacutes dans la seacutequence au niveau des diffeacuterents hydrogegravenes

d‟amide afin d‟obtenir une reacutesolution agrave l‟acide amineacute pregraves En theacuteorie la spectromeacutetrie de

masse en tandem constitue donc un moyen inteacuteressant et simple pour ameacuteliorer la reacutesolution

des approches HDXMS

Il existe diffeacuterents modes d‟activation susceptibles d‟ecirctre utiliseacutes pour fragmenter les

peptides Dans une approche proteacuteomique classique la meacutethode de dissociation induite par

57

collision (CID) est largement preacutefeacutereacutee Le principe consiste agrave fragmenter la moleacutecule par

collision avec un gaz inerte (heacutelium diazote argon ou xeacutenon) Malheureusement dans le

cadre d‟eacutetudes HDXMS ces meacutethodes conventionnelles de fragmentation par activation

collisionnelle de proteacuteines et peptides protoneacutes ont rapidement eacuteteacute eacutecarteacutees En effet bien que

la litteacuterature soit contradictoire il a eacuteteacute montreacute qu‟elles conduisent tregraves souvent agrave une

redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums partielle ou totale le long de la chaicircne polypeptidique

(y compris au niveau des chaicircnes lateacuterales) (191-194) pendant l‟eacutetape de fragmentation Le

processus de migration intramoleacuteculaire des hydrogegravenes en phase gazeuse est appeleacute

laquo scrambling raquo en anglais

En fait ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo peut se produire agrave diffeacuterents endroits du

spectromegravetre de masse Le premier est lors de la deacutesolvatation des ions encore solvateacutes dans la

source dans les toutes premiegraveres eacutetapes preacuteceacutedant leur transmission vers l‟analyseur (195-

196) Une autre possibiliteacute est donc dans la cellule de collision au moment de la

fragmentation Le laquo scrambling raquo est induit par un apport d‟eacutenergie vibrationnelle conduisant

agrave un eacutechange des hydrogegravenes et des deuteacuteriums avant la dissociation Il est clair que le

meacutecanisme de fragmentation des peptides protoneacutes dit meacutecanisme du proton mobile

proposeacute par Simon Gaskell (197) et Vicky Wysocki (198-200) n‟est pas en faveur d‟une

conservation de la position des deuteacuteriums d‟amide avant la fragmentation En effet ce

meacutecanisme (Fig I 15) fait l‟hypothegravese que preacutealablement agrave la fragmentation un proton

migre des sites les plus basiques de la moleacutecule vers un azote d‟amide eacutevegravenement preacutealable agrave

une cyclisation pour former des ions b et y Cette eacutetape eacutetant a priori reacuteversible les

deuteacuteriums peuvent ecirctre meacutelangeacutes avec des hydrogegravenes agrave ce moment lagrave

HN

NHO

R1

R2

OR3

R1

O

N

O

R2

H+

HN

NH2O

R1

R2

OR3

H3N Nter+

+

Nter

Cter Cter

R3

NH2

Cter

R1

O

N

O

R2

H+

Nter

NH

R3

Cter

R1

O

N

O

R2

H+

Nter

H3N

R3

Cter

+

ion b ion y

Proton

Mobile

Attaque

Nucleacuteophile

Reacutearrangement

Fig I 15 Formation des ions b et y (201)

58

Le laquo scrambling raquo conduit donc agrave une perte d‟information au niveau du profil de

deuteacuteration rendant l‟analyse difficilement interpreacutetable La litteacuterature indique que ce

pheacutenomegravene semble deacutependre de la seacutequence du peptide fragmenteacute (202) mais eacutegalement de

l‟eacutenergie de collision apporteacutee et de la flexibiliteacute de la chaicircne polypeptidique en phase

gazeuse (195 203) Ces deux derniers facteurs joueraient un rocircle deacuteterminant dans le

reacutearrangement aleacuteatoire des deuteacuteriums et des hydrogegravenes le long du squelette peptidique

avant la dissociation Une faible eacutenergie de collision et donc une lente activation des ions en

phase gazeuse seraient favorables agrave une migration intramoleacuteculaire des hydrogegravenes En

revanche la reacuteduction de la flexibiliteacute des ions proteacuteiques pourrait diminuer la mobiliteacute du

proton dans des conditions d‟activation collisionnelle de basse eacutenergie Le pheacutenomegravene du

laquo scrambling raquo a pu ecirctre mis en eacutevidence par l‟utilisation de peptides modegraveles (204-206) Le

principe des peptides seacutelectivement deuteacutereacutes deacuteveloppeacutes par T Jorgensen sera deacutetailleacute dans

le Chap II

La conclusion des eacutetudes de fragmentation par CID de peptides deuteacutereacutes est que les

meacutethodes d‟activation conduisant agrave une augmentation progressive de l‟eacutenergie vibrationnelle

(CID IRMPD SORI-CID) (195) ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pour localiser les deuteacuteriums

dans la seacutequence peptidique De ce fait d‟autres meacutethodes de fragmentation en phase gazeuse

ont eacuteteacute investigueacutees Parmi elles les meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons telles que l‟ECD

et l‟ETD se sont reacuteveacuteleacutees tregraves prometteuses (207-209)

L‟ECD est une technique de dissociation speacutecifique des spectromegravetres de masse FT-ICR

Son principe repose sur la capture exothermique (~4-5 eV) d‟un eacutelectron par une espegravece

multichargeacutee (210) L‟ion proteacuteique multichargeacute est irradieacute par un faisceau d‟eacutelectrons de

faible eacutenergie (lt 1 eV) Apregraves capture d‟un eacutelectron l‟ion radicalaire se fragmente La

reacuteactiviteacute est diffeacuterente par rapport aux meacutethodes par activation collisionnelle en raison de la

preacutesence d‟un eacutelectron dans le systegraveme et notamment le meacutecanisme du proton mobile n‟est

pas celui qui explique la fragmentation rendant son utilisation possible pour analyser des

peptides ou des proteacuteines deuteacutereacutes (139 207 211-212) En ECD on n‟observe pas la rupture

des liaisons peptidiques (pour conduire agrave des ions b et y) ni geacuteneacuteralement la perte de

modifications post-traductionnelles labiles comme ce qui est observeacute pour l‟activation par

CID Le site de clivage quasi-speacutecifique en ECD est la liaison N-Cα entraicircnant la formation

d‟ions fragments de type c et z le plus souvent mais aussi parfois a b et y (Fig I 16) Une

charge positive eacutetant neutraliseacutee par un eacutelectron la technique d‟ECD ne peut ecirctre utiliseacutee que

sur des ions preacutecurseurs qui sont au minimum deux fois chargeacutes (doublement protoneacutes)

59

Fig I 16 Nomenclature des fragments peptidiques issus de la spectromeacutetrie de masse en

tandem

L‟ETD qui a reacutecemment eacuteteacute deacuteveloppeacutee est une technique similaire agrave l‟ECD conduisant

eacutegalement agrave la formation d‟ions fragments de type c et z (213) La fragmentation repose sur

la reacuteaction ionion qui se produit entre le peptide multiprotoneacute et un anion radicalaire Cet

anion se trouve seacutequestreacute dans un piegravege agrave ions Quand les deux ions se trouvent agrave une distance

suffisante il se produit le transfert d‟un eacutelectron de l‟anion vers le peptide chargeacute

positivement ce qui induit sa fragmentation L‟avantage majeur de l‟ETD est qu‟il peut ecirctre

reacutealiseacute sur une varieacuteteacute de types d‟instruments standards utilisant la radiofreacutequence d‟un champ

eacutelectrique oscillant pour pieacuteger les ions (213-215) L‟ECD quant agrave lui neacutecessite des champs

eacutelectrique et magneacutetique stables disponibles exclusivement sur des spectromegravetres de masse

FT-ICR (207 216)

Bien que le meacutecanisme des techniques ECD et ETD ne soit pas encore complegravetement

eacutelucideacute il passe par une voie alternative de fragmentation de type radicalaire dont on a pu

discuter du caractegravere ergodique ou non (217) n‟induisant pas de laquo scrambling raquo pourvu que

les paramegravetres instrumentaux soient controcircleacutes et optimiseacutes pour la minimisation du

pheacutenomegravene Il s‟agit d‟une part de minimiser les paramegravetres des optiques de transfert ionique

tels que le potentiel de deacutesolvatation des ions et la tension des lentilles du tube de transfert et

d‟autre part de minimiser l‟excitation vibrationnelle des ions pendant leur filtration et avant

leur fragmentation en augmentant le paramegravetre fenecirctre d‟isolation (207) Il a eacuteteacute montreacute que la

fragmentation des ions par ECD se produisait avant que l‟eacutenergie puisse ecirctre redistribueacutee au

niveau du site de clivage de la liaison le plus favorable (210 218-219) Cette rapide et

efficace meacutethode d‟activation conduit donc agrave une limitation du laquo scrambling raquo et permet donc

de localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans la seacutequence peptidique (207) Une reacutesolution agrave

l‟acide amineacute pregraves de l‟incorporation des deuteacuteriums a eacutegalement pu ecirctre obtenue par

60

fragmentation ETD au niveau de peptides seacutelectivement marqueacutes (208) ainsi que de peptides

proteacuteolytiques issus de la digestion enzymatique de la β2-microglobuline deuteacutereacutee (209)

L‟incorporation des deuteacuteriums par reacutesidu est calculeacutee en faisant la diffeacuterence des contenus en

deuteacuteriums de fragments conseacutecutifs pour les seacuteries d‟ions c (c2-c1 c3-c2 hellip) et z (z2-z1 z3-z2

hellip) Une cineacutetique deacutechange HD par acide amineacute peut eacutegalement ecirctre obtenue en suivant

l‟incorporation des deuteacuteriums des ions c ou z au cours du temps

Cette approche combinant la digestion enzymatique en solution et la fragmentation ETD en

phase gazeuse est devenue tregraves reacutecemment assez robuste pour ecirctre utiliseacutee sur de vrais

systegravemes biologiques Elle a eacuteteacute complegravetement automatiseacutee en plateforme HDX (220)

La spectromeacutetrie de masse en tandem peut donc ecirctre utiliseacutee pour ameacuteliorer la reacutesolution

des expeacuteriences utilisant les eacutechanges HD La fragmentation en phase gazeuse des ions

peptidiques obtenus apregraves digestion enzymatique du systegraveme biologique dinteacuterecirct permet donc

d‟obtenir la localisation preacutecise des deuteacuteriums dans la seacutequence Pour cela elle doit ecirctre

reacutealiseacutee en utilisant des meacutethodes alternatives d‟activation par les eacutelectrons (ECD ETD) tout

en controcirclant les processus de deacutesolvatation transfert et seacutelection des ions preacutealables agrave la

fragmentation (207-208) Ces meacutethodes ayant eacutegalement fait leur preuve pour la

fragmentation de proteacuteines entiegraveres (221-222) il est rapidement apparu qu‟il serait possible de

les utiliser dans des approches dites laquo top-down raquo pour des eacutetudes HDXMS Dans cette

derniegravere approche l‟eacutetape de digestion enzymatique n‟est plus requise

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD

L‟approche laquo top-down raquo s‟affranchit donc de l‟eacutetape de proteacuteolyse et de seacuteparation des

peptides en chromatographie liquide Au lieu de cela la proteacuteine est introduite entiegravere dans le

spectromegravetre de masse et fragmenteacutee directement en phase gazeuse (223)

I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD

Il existe plusieurs modes d‟activation pour la fragmentation en phase gazeuse de proteacuteines

entiegraveres Les meacutethodes dissociatives par capture ou transfert deacutelectron (ECD ou ETD) sont

particuliegraverement utiliseacutees dans ce type d‟approche

61

Des couvertures de seacutequence importantes peuvent ecirctre obtenues par ces approches sur

proteacuteines entiegraveres conduisant eacutegalement agrave la localisation de modifications post-

traductionnelles (MPT) (223-225) Le laboratoire pionnier dans le domaine est celui de Neil

Kelleher aux USA qui a deacuteveloppeacute une veacuteritable approche inteacutegreacutee pour lanalyse

proteacuteomique laquo top-down raquo allant de la seacuteparation des proteacuteines entiegraveres agrave lanalyse

automatiseacutee des spectres MSMS complexes obtenus lorsque lon fragmente une proteacuteine

entiegravere Ses proteacuteines de preacutedilection sont les histones petites proteacuteines de 13 kDa que lon

peut retrouver sous un grand nombre disoformes diffeacuterentes (mecircme stucture primaire mais

modifications post-traductionnelles diffeacuterentes et dynamiques) lieacutees au code des histones

Lavantage majeur des approches laquo top-down raquo en proteacuteomique est de permettre non

seulement lidentification des isoformes de proteacuteines par simple mesure de masse mais aussi

dobtenir des informations structurales (preacutesence de MPT notamment) sur lensemble de la

seacutequence Cela nest pas possible par des approches classiques par laquo bottom-up raquo car tous les

peptides issus de la digestion ne sont pas retrouveacutes lors de lanalyse

Neacuteanmoins elles preacutesentent encore certaines limitations comme leacutetape cruciale de

seacuteparation des proteacuteines entiegraveres le poids moleacuteculaire des proteacuteines qui peuvent ecirctre

fragmenteacutees et la sensibiliteacute Le problegraveme majeur rencontreacute avec les proteacuteines de haut poids

moleacuteculaire est leur propension agrave se replier en phase gazeuse formant un reacuteseau de liaisons

hydrogegravene qui conduit agrave une perte defficaciteacute au niveau de la fragmentation par ECD ou

ETD En effet bien que leacutelectron soit captureacute par un site peptidique et la liaison N-Cα

rompue les deux morceaux de la proteacuteine (parties N-terminales et C-terminales) restent

lieacutees entre elles et les fragments ne peuvent ecirctre deacutetecteacutes Une solution consiste agrave introduire

une eacutetape de chauffage lent des ions (photons infrarouge par exemple) pour rompre ce reacuteseau

de liaisons hydrogegravene avant ou apregraves la capture de leacutelectron Neacuteanmoins si lapproche

fonctionne souvent bien dans le cas de proteacuteines non deuteacutereacutees elle ne peut ecirctre envisageacutee

dans le cadre des eacutetudes HDX car le chauffage lent conduira agrave un eacutechange des hydrogegravenes et

des deuteacuteriums avant la fragmentation

62

I2332 Approches top-down et HDX

Dans les eacutetudes HDX le deacuteveloppement de l‟approche laquo top-down raquo ECD ou ETD comme

meacutethodologie alternative agrave l‟approche classique de laquo bottom-up raquo semble tregraves prometteur En

effet l‟approche laquo top-down raquo permet d‟une part d‟eacuteliminer le laquo back-exchange raquo relatif aux

eacutetapes de digestion enzymatique en solution et de seacuteparation en chromatographie liquide et

d‟autre part d‟obtenir une meilleure reacutesolution spatiale tout au moins pour des proteacuteines de

petite agrave moyenne taille (211)

La faisabiliteacute d‟expeacuteriences HDX par laquo top-down raquo ECD spatialement reacutesolues a eacuteteacute

reacutecemment deacutemontreacutee par Pan et al pour l‟eacutetude d‟une proteacuteine de 17 kDa (211) Il est

eacutegalement possible gracircce agrave cette approche d‟obtenir des informations structurales au niveau

d‟espegraveces speacutecifiques en meacutelange heacuteteacuterogegravene en isolant au preacutealable un ion preacutecurseur (212)

De plus en raison de son association avec des meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons qui

limitent le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo dans des conditions expeacuterimentales bien controcircleacutees

et conduisent agrave de bonnes couvertures de seacutequence elles permettent de localiser preacuteciseacutement

la position des deuteacuteriums dans la seacutequence (Fig I 17)

La meilleure reacutesolution spatiale obtenue par l‟approche laquo top-down raquo s‟explique de la

maniegravere suivante tandis que l‟expeacuterience laquo bottom-up raquo consiste agrave cliver la proteacuteine au

niveau de plusieurs sites geacuteneacuterant des peptides de taille relativement petite l‟eacutetude laquo top-

down raquo quant agrave elle conduit agrave un seul eacuteveacutenement de fragmentation au niveau de chaque

chaicircne polypeptidique Il en reacutesulte la formation d‟une paire d‟ions compleacutementaires cz

dans le cas de la fragmentation ECD ou ETD issus de l‟extreacutemiteacute N- et C-terminale Une

reacutesolution spatiale agrave l‟acide amineacute pregraves peut donc ecirctre obtenue avec l‟approche laquo top-down raquo

car les proteacuteines en phase gazeuse sont cliveacutees une seule fois agrave diffeacuterents sites (Fig I 17)

63

Fig I 17 Scheacutema illustrant la diffeacuterence conceptuelle entre les approches MS de laquo bottom-

up raquo et laquo top-down raquo appliqueacutees aux eacutetudes HDX (226) Lrsquoapproche par fragmentation en

phase gazeuse de la proteacuteine entiegravere dite laquo top-down raquo permet de localiser preacuteciseacutement les

deuteacuteriums dans la seacutequence proteacuteique

Dans le cadre des eacutetudes HDXMS un autre avantage des approches laquo top-down raquo par

rapport agrave celles dites de laquo bottom-up raquo est le fait qu‟il est possible en theacuteorie de reconstruire

une cineacutetique d‟eacutechange par acide amineacute Cela sera deacutetailleacute dans le Chap III de ce manuscrit

Il est eacutegalement avantageux de pouvoir saffranchir des eacutetapes de digestion enzymatique et de

seacuteparation en chromatographie liquide En effet un gain de temps et une possible reacuteduction

du laquo back-exchange raquo sont des eacuteleacutements cruciaux pour ces eacutetudes

64

I2333 Limitations des approches top-down HDX

La limitation majeure de la fragmentation des proteacuteines deuteacutereacutees par ECD reste la taille

des systegravemes comme en analyse laquo top-down raquo classique De tregraves bonnes couvertures de

seacutequence peuvent ecirctre obtenues pour des proteacuteines de faible masse moleacuteculaire (lt 20 kDa)

Au-delagrave de cette valeur l‟efficaciteacute de fragmentation diminue avec le plus souvent une reacutegion

centrale de la proteacuteine peu fragmenteacutee au contraire des extreacutemiteacutes N- et C-terminales en

raison de la structuration des proteacuteines en phase gazeuse deacutecrite preacuteceacutedemment

Un autre problegraveme est d‟arriver agrave maintenir la proteacuteine entiegravere avec ses deuteacuteriums sans

qu‟elle se deacutemarque pendant le temps de l‟analyse En effet pour obtenir des couvertures de

seacutequence importantes un grand nombre de spectres doivent ecirctre accumuleacutes (ideacutealement

pendant trente minutes agrave une heure) et le maintien de l‟inteacutegriteacute de la proteacuteine en termes de

position des deuteacuteriums dans la seacutequence est primordial

Enfin le dernier inconveacutenient de ces approches est l‟analyse de proteacuteines reacuteelles qui

demeure compliqueacutee En effet sans seacuteparation par chromatographie liquide un dessalage des

eacutechantillons biologiques reacuteels doit se faire indeacutependamment et preacutealablement agrave lanalyse par

spectromeacutetrie de masse Il est donc effectueacute de maniegravere laquo off-line raquo et conduit

malheureusement agrave un certain deacutemarquage Par ailleurs il doit obligatoirement ecirctre reacutealiseacute agrave

froid ce qui complique le deacuteroulement des expeacuteriences

65

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79

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles

validation de lrsquoapproche combinant

eacutechanges HD et fragmentation ECD

80

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles validation de lrsquoapproche combinant eacutechanges HD et fragmentation ECD 79

II1 Introduction 81

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX 81 II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen 82

II2 Reacutesultats 84

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons 84 II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence84 II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo 85

II3 Conclusions 92

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III 92 II32 Autres instruments FT-ICR 93

II4 Bibliographie 96

81

II1 Introduction

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX

Comme indiqueacute dans le chapitre preacuteceacutedent un des problegravemes expeacuterimentaux majeurs lieacute

aux eacutetudes par HDX-MSMS est le laquo scrambling raquo qui correspond agrave une redistribution

aleacuteatoire des hydrogegravenes et des deuteacuteriums preacutesents dans la seacutequence peptidique par des

processus qui ont lieu en phase gazeuse

Le plus connu est celui qui intervient au moment de la fragmentation par CID et qui

sexplique par le modegravele du proton mobile (1-4) Dans ce modegravele leacutenergie apporteacutee par la

collision conduit agrave une mobiliteacute du proton qui se trouve initialement sur le site le plus basique

du peptide (Lysine Arginine ou amine N-terminale) Ce proton se met donc agrave se deacuteplacer

dans le peptide pour aller vers des sites de protonation moins basiques tels que loxygegravene ou

lazote de la liaison peptidique Bien que la protonation sur lazote de lamide soit

thermodynamiquement moins favorable que la protonation sur l‟oxygegravene des carbonyles cest

ce site protoneacute qui conduit agrave la rupture de la liaison amide et agrave la formation des ions b et y La

protonation reacuteversible des atomes dazote des diffeacuterentes fonctions amides du squelette dans

le contexte dune eacutetude HDX conduit donc si lintermeacutediaire reacuteactionnel a un temps de vie

suffisamment long et si la cineacutetique de la voie retour est comparable agrave la cineacutetique de

fragmentation agrave un eacutechantillonnage du proton sur tous les amides et donc un meacutelange

complet des hydrogegravenes et des deuteacuteriums Pour eacuteviter ce pheacutenomegravene il faut (i) soit que la

protonation sur lamide ne soit pas reacuteversible (ii) soit que la dissociation de la liaison

peptidique soit plus rapide que la deacuteprotonation de lazote damide Paizs et Suhai (5) ont

eacutevalueacute la constante de vitesse de dissociation de la liaison amide par des calculs RRKM et ont

obtenu une valeur de lordre de la microseconde pour des eacutenergies internes denviron 45

kJmol soit une vitesse relativement lente due entre autre agrave la neacutecessaire cyclisation de la

partie b et donc probablement compeacutetitive avec de simples transferts de protons Ainsi de

nombreux exemples de la litteacuterature montrent quil nest pas possible dutiliser des approches

par CID pour localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans des peptides marqueacutes car le

laquo scrambling raquo qui a lieu avant la fragmentation est total (6-11)

Neacuteanmoins il est curieux de constater que certaines eacutetudes arrivent agrave des conclusions

opposeacutees A titre dexemple il a eacuteteacute montreacute par Deng et al pour une seacuterie de peptides issus de

82

la digestion du cytochrome C de cheval (12) ou par Kim et al sur des fragments peptidiques

de thioreacutedoxine oxydeacutee et reacuteduite d‟E coli (13-14) que les ions b preacutesentaient un

laquo scrambling raquo modeacutereacute alors que les ions y correspondants preacutesentaient au contraire un

laquo scrambling raquo total Des reacutesultats similaires deacutecrivant un pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

partiel ont eacutegalement eacuteteacute obtenus sur des proteacuteines entiegraveres (15-17)

Ce qui semble ressortir de ces articles est que les conditions expeacuterimentales utiliseacutees et la

seacutequence des peptides jouent un rocircle tregraves important sur le type de reacutesultat qui est obtenu Dans

ce contexte mieux comprendre les diffeacuterents facteurs affectant le reacutearrangement aleacuteatoire des

hydrogegravenes et des deuteacuteriums dans la seacutequence avant la fragmentation semble un point crucial

pour pouvoir deacutevelopper des approches de spectromeacutetrie de masse tandem robustes en HDX

Neacuteanmoins le problegraveme majeur pour reacutealiser de telles eacutetudes est de disposer dun systegraveme

modegravele permettant de caracteacuteriser la preacutesence du meacutelange entre les hydrogegravenes et les

deuteacuteriums quil soit partiel ou total

Cest le groupe de T Joslashrgensen au Danemark qui a reacutesolu ce problegraveme en mettant au

point des peptides modegraveles qui peuvent ecirctre deuteacutereacutes seacutelectivement sur leur extreacutemiteacute N-

terminale ou C-terminale Lutilisation de ces peptides lui a ainsi permis de montrer (i) quen

controcirclant finement un certain nombre de paramegravetres expeacuterimentaux et (ii) en utilisant des

meacutethodes dactivation baseacutees sur le transfert ou la capture dun eacutelectron (ECDETD) il eacutetait

possible de limiter consideacuterablement le laquo scrambling raquo et localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums

dans la seacutequence (18-19)

II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen

Les premiers travaux publieacutes par T Joslashrgensen sont baseacutes sur lutilisation dun peptide qui

peut ecirctre marqueacute au deuteacuterium de maniegravere seacutelective gracircce agrave linteraction dune partie de sa

seacutequence avec un reacutecepteur La partie en interaction avec la proteacuteine eacutetant masqueacutee ne

conduit agrave aucun eacutechange HD alors que la partie libre eacutechange facilement ses hydrogegravenes

damide pour des deuteacuteriums (20) Neacuteanmoins il est vite apparu que le modegravele eacutetait trop

compliqueacute agrave manipuler et neacutecessitait decirctre simplifieacute

83

Pour ce faire T Joslashrgensen a deacutecideacute de maniegravere tout agrave fait astucieuse de mettre agrave profit le

fait quen solution les hydrogegravenes damide du squelette peptidique ont des vitesses deacutechange

avec le solvant qui varient fortement en fonction des acides amineacutes voisins pour construire

des peptides qui peuvent ecirctre seacutelectivement deuteacutereacutes Linfluence des reacutesidus voisins peut ecirctre

soit dordre steacuterique soit dordre inductif (21) A titre dexemple lhydrogegravene dun amide se

trouvant entre deux isoleucines eacutechange dix fois moins vite quun hydrogegravene damide situeacute

entre deux alanines Ces vitesses deacutechange ont eacuteteacute mesureacutees par des expeacuteriences de

spectroscopie RMN (22) Thomas Joslashrgensen a donc utiliseacute pour eacutetablir la seacutequence de ses

peptides modegraveles des acides amineacutes qui eacutechangent tregraves rapidement (histidine ou acide

aspartique) quil a placeacutes en N-terminal et des acides amineacutes qui eacutechangent beaucoup plus

lentement (isoleucine) en C-terminal Il a eacutegalement introduit des acides amineacutes basiques

(lysine) pour sassurer de la solubiliteacute de ses peptides La seacutequence geacuteneacuterale de ses peptides

est donc (His)n(Ile-Ile-Lys)m ou (Lys)2(Asp)n(Ile-Ile-Lys)m Ainsi apregraves un eacutechange complet

dans D2O et dilution dans H2O (acide et glaceacutee) les amides de la partie N-terminale des

peptides (His)n ou (Lys)2(Asp)n se retrouvent complegravetement hydrogeacuteneacutes alors que ceux de la

partie C-terminale (Ile-Ile-Lys)m portent encore des deuteacuteriums

Lutilisation de ces peptides a permis agrave T Joslashrgensen de montrer quil eacutetait possible de

trouver des conditions en ECD (18) mais aussi en ETD (19 23-24) qui permettent de

minimiser le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Diffeacuterents instruments ont eacuteteacute utiliseacutes pour ses

expeacuteriences un spectromegravetre de masse FT-ICR (LTQ-FT) de la socieacuteteacute Thermo pour les

expeacuteriences en ECD (18) et une trappe ionique Agilent (19) ainsi qu‟un spectromegravetre de

masse LTQ-Orbitrap XL (Thermo) (23 25) pour les expeacuteriences ETD Une des conclusions

de ces eacutetudes est que quel que soit le spectromegravetre de masse utiliseacute loptimisation des

conditions expeacuterimentales de la source eacutelectrospray et notamment tous les paramegravetres lieacutes agrave

la deacutesolvatation est un paramegravetre crucial pour eacuteviter le laquo scrambling raquo Ce reacutesultat nest pas

eacutetonnant dans la mesure ougrave avant leur arriveacutee dans une reacutegion de tregraves basse pression les ions

subissent un certain nombre de collisions qui peuvent augmenter leur eacutenergie interne (26) et

favoriser ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Pour les expeacuteriences ECD T Joslashrgensen a

eacutegalement montreacute que la fenecirctre de seacutelection choisie dans le piegravege lineacuteaire pour isoler lion agrave

fragmenter est eacutegalement un paramegravetre agrave controcircler finement Une fenecirctre trop eacutetroite conduit

en effet agrave une excitation de lion preacutecurseur et au pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

Dans ce contexte nous avons souhaiteacute utiliser les peptides deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen

comme sondes du laquo scrambling raquo sur le spectromegravetre de masse FT-ICR APEX III du

84

laboratoire afin de pouvoir deacuteterminer les conditions expeacuterimentales propres agrave reacutealiser de

lECD sur des peptides puis des proteacuteines deuteacutereacutes Ce travail a eacuteteacute initieacute lors de la thegravese de

Magalie Duchateau (27) mais navait pas pu ecirctre termineacute pour des problegravemes instrumentaux

Afin dassurer la coheacuterence des reacutesultats toutes expeacuteriences reacutealiseacutees preacuteceacutedemment ont eacuteteacute

dupliqueacutees et compleacuteteacutees au deacutebut de ma thegravese Une mise agrave jour de linstrument en APEX-Q

puis en SolariX nous a ensuite conduits agrave devoir reacute-optimiser certains paramegravetres Les

reacutesultats obtenus lors de ce travail font lobjet du deuxiegraveme chapitre de cette thegravese Les

peptides choisis sont les suivants

P1 HHHHHHIIKIIK

P2 KKDDDDDDIIKIIK

P3 KKDDDIIKIIK

P4 KKDDIIK

II2 Reacutesultats

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons

Le systegraveme deacuteveloppeacute par T Joslashrgensen est celui que nous avons utiliseacute Il est constitueacute

dune seringue preacutealablement placeacutee entre deux sacs de glace puis refroidie pendant la dureacutee

de lanalyse par un sachet de carboglace La longueur du capillaire en PEEK (125 microm de

diamegravetre interne) entre la sortie de la seringue et lentreacutee dans la source dionisation a eacuteteacute

minimiseacutee agrave environ 30 cm et le deacutebit utiliseacute est de 600 microLmin afin de minimiser leacutechange

inverse pendant le transfert de leacutechantillon entre la seringue refroidie et la source dionisation

(voir Chap IV) Les expeacuteriences sont reacutealiseacutees pendant 10 minutes avec le mecircme eacutechantillon

et la stabiliteacute du marquage (qui doit resteacutee dans les 10 du marquage initial qui sert de

reacutefeacuterence) est suivie par lacquisition reacuteguliegravere de spectres MS

II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence

Parmi les quatre peptides que nous avons choisis deux ont deacutejagrave eacuteteacute eacutetudieacutes preacuteceacutedemment

par T Joslashrgensen (18-19 21) Notre premier objectif eacutetait donc de retrouver le mecircme nombre

de deuteacuteriums initial que ce quil avait trouveacute Les peptides ont eacuteteacute conccedilus de telle sorte que

85

seule lextreacutemiteacute C-terminale doit porter des deuteacuteriums au niveau du motif IIKIIK pour les

peptides P1 P2 et P3 En theacuteorie on sattend donc agrave cinq eacutechanges H D pour ces peptides

Les reacutesultats expeacuterimentaux montrent que lon natteint pas tout agrave fait cette valeur mais quune

moyenne de 42 D est obtenue comme lindique le Tab II 1 Cette perte de 08 D

sexplique par le fait que le marquage au niveau de lamide situeacute entre la derniegravere histidine et

la premiegravere isoleucine nest pas parfait et quil existe un meacutelange de populations de peptides

pour lesquels cest bien un D qui est agrave cette place et des peptides pour lesquels le D a eacuteteacute

remplaceacute par un H De la mecircme faccedilon on nobtient pas exactement 2 D pour le peptide P4

mais seulement 16 Les reacutesultats regroupeacutes dans le Tab II 1 montrent eacutegalement que la taille

et la nature de la partie du peptide qui eacutechange vite (seacuterie dhistidines ou enchainement

lysine-acide aspartique) nont pas dinfluence sur le marquage global du peptide

Tab II 1 Seacutequence des quatre peptides utiliseacutes dans cette eacutetude Nombre de deuteacuteriums

retenus au niveau des acides amineacutes de lrsquoextreacutemiteacute C-terminale dans les diffeacuterents eacutetats de

charge apregraves reacute-eacutechange de certains deuteacuteriums avec les hydrogegravenes du solvant protieacute dans

des conditions controcircleacutees (Chap V)

Peptide Seacutequence Masse

monoisotopique MH

1+ MH2

2+ MH3

3+ Reacutefeacuterence

P1 HHHHHHIIKIIK 15498975 -

43 39 (18 21)

P2 KKDDDDDDIIKIIK 16738956 44a

43 43 (19)

P3 KKDDDIIKIIK 13288148 40b

42 42

P4 KKDDDIIK 9745517 20 16 -

Potentiel de deacutesolvatation a entre 200 et 250 V et

b entre 150 et 250 V

II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo

Afin deacutevaluer le taux de laquo scrambling raquo ducirc agrave la source eacutelectrospray les spectres ECD des

peptides ont eacuteteacute enregistreacutes en faisant varier les conditions expeacuterimentales dans la source

Comme les peptides sont construits pour ne porter des deuteacuteriums quagrave leur extreacutemiteacute C-

terminale les ions de type c (N-terminaux) fournissent des massifs isotopiques diagnostics

simples En labsence de laquo scrambling raquo les ions c de petite taille (comme lion c4 par

exemple) doivent conserver un massif isotopique identique agrave celui obtenu pour le peptide non

deuteacutereacute En revanche sil y a eu laquo scrambling raquo les enveloppes isotopiques seront deacuteplaceacutees

vers des rapports mz plus eacuteleveacutes

86

A titre dexemple la Fig II 1 montre le deacuteplacement du massif isotopique obtenu pour

lion c4 du peptide P2 lorsque lon augmente leacutenergie de deacutesolvatation

Fig II 1 Spectres ECD du peptide KKDDDDDDIIKIIK (P2) (a) Spectre complet du peptide

non marqueacute (b) Massif isotopique de lrsquoion fragment c4+

obtenu agrave partir du peptide

seacutelectivement marqueacute pour des valeurs de potentiel de deacutesolvatation eacuteleveacutee (180 V spectre du

haut) et basse (40 V spectre du milieu) Le spectre du bas montre lrsquoion fragment c4+

obtenu agrave

partir du peptide agrave lrsquoeacutequilibre (marquage homogegravene) agrave 100 V

Alors quagrave 40 V correspondant agrave une basse eacutenergie de deacutesolvatation le massif isotopique

obtenu est le mecircme que pour le peptide non deuteacutereacute on observe agrave 180 V un deacuteplacement tregraves

clair du massif vers les hauts mz signature de lincorporation de deuteacuteriums du cocircteacute N-

terminal du peptide et donc de laquo scrambling raquo

Par cette approche diffeacuterents paramegravetres de source ont eacuteteacute testeacutes le potentiel de

deacutesolvatation (laquo CapExit raquo sur notre instrument) la tempeacuterature du gaz de deacutesolvatation et le

temps daccumulation dans lhexapocircle Parmi ces trois paramegravetres seul le potentiel de

deacutesolvatation a un effet majeur sur le laquo scrambling raquo comme le montre leacutevolution du nombre

de deuteacuteriums dans les diffeacuterents ions c et z formeacutes agrave partir du peptide P2 (Fig II 2)

87

88

Fig II 2 Graphes du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque fragment ECD obtenu agrave

partir de lrsquoion preacutecurseur trichargeacute du peptide KKDDDDDDIIKIIK (P2) seacutelectivement

marqueacute en fonction du potentiel de deacutesolvatation

Avec un potentiel de deacutesolvatation conduisant agrave tregraves peu de laquo scrambling raquo (40 V) on

nobserve pas deffet marquant de la tempeacuterature de la source (varieacutee de 50 agrave 140degC) ni du

temps daccumulation dans lhexapocircle (varieacute de 05 agrave 2 s) Les conditions optimales ayant eacuteteacute

obtenues pour limiter le laquo scrambling raquo nous navons pas chercheacute agrave faire varier dautres

paramegravetres qui par ailleurs ont eacutegalement une influence sur lefficaciteacute de transmission des

ions

Neacuteanmoins nous avons souhaiteacute comprendre un peu mieux le rocircle de leacutenergie de

deacutesolvatation et pour ce faire les spectres MS et MSMS en ECD ont eacuteteacute enregistreacutes Pour les

peptides P1-P3 les spectres ECD obtenus agrave partir dions preacutecurseurs trichargeacutes montrent des

courbes similaires agrave celles deacutecrites sur la Fig II 2 agrave bas potentiel de deacutesolvatation les

fragments contiennent un nombre de deuteacuteriums constant mais lorsque le potentiel est

augmenteacute on observe une incorporation de deuteacuteriums croissante pour les ions c et une perte

de deuteacuteriums pour les ions z Le seuil agrave partir duquel le laquo scrambling raquo commence est le

mecircme pour les diffeacuterents fragments dun mecircme peptide mais est diffeacuterent dun peptide agrave

lautre Pour le peptide P4 aucun fragment ECD na pu ecirctre observeacute agrave partir de lion

doublement chargeacute et lion triplement chargeacute nest apparemment pas formeacute

Ces reacutesultats sont tregraves proches de ce qui avait eacuteteacute observeacute par T Joslashrgensen sur le LTQ-FT

(18) et sur la trappe ionique (19) et ne semblent pas deacutependre de la taille et de la nature de la

partie du peptide qui preacutesente un eacutechange rapide

89

Un examen des spectres MS en fonction de leacutenergie de deacutesolvatation (Fig II 3) apporte

un eacuteclairage nouveau sur ce qui se passe dans la source qui est un pheacutenomegravene indeacutependant du

laquo scrambling raquo

Fig II 3 Intensiteacute des ions des diffeacuterents eacutetats de charge du peptide KKDDDIIKIIK (P3)

ainsi que celle de ses ions fragments geacuteneacutereacutes dans la source ionique en fonction du potentiel

de deacutesolvatation Lrsquointensiteacute des fragments correspond agrave la somme des intensiteacutes des ions

fragments b et y (a) Intensiteacutes absolues (b) Intensiteacutes relatives par rapport agrave lrsquointensiteacute

totale des ions

Tout dabord le type dion observeacute (simplement doublement ou triplement chargeacute) et

lapparition de fragments sont correacuteleacutes avec les potentiels de deacutesolvatation (Fig II 3) Comme

lindique la Fig II 3 les ions triplement chargeacutes sont largement favoriseacutes agrave bas potentiels de

deacutesolvatation et la fragmentation est quasi-inexistante Pour le peptide P3 on peut observer

une chute de lintensiteacute de lion triplement chargeacute au-delagrave de 160 V avec une augmentation

concomitante de lintensiteacute de lion moleacuteculaire doublement chargeacute et de celle des fragments

En intensiteacute absolue lion (1+) deacutecroicirct quant agrave lui lentement agrave partir de 200 V Ces reacutesultats

90

sexpliquent au moins en partie par le fait que lion (3+) est le premier agrave se fragmenter

lorsque lon augmente le potentiel de deacutesolvatation car chaque collision est trois fois plus

eacutenergeacutetique que pour son eacutequivalent monochargeacute

Si lon trace leacutevolution de la deuteacuteration de lion parent en fonction de leacutenergie de

deacutesolvatation un reacutesultat surprenant est obtenu (Fig II 4) le nombre de deuteacuteriums diminue

aux hauts potentiels de deacutesolvatation

Fig II 4 Nombre de deuteacuteriums dans les diffeacuterents eacutetats de charge de lrsquoion preacutecurseur en

fonction du potentiel de deacutesolvatation (a) Peptide P1 (HHHHHHIIKIIK) (b) Peptide P2

(KKDDDDDDIIKIIK)

Ce reacutesultat explique le comportement observeacute pour les ions c111+

et c132+

aux hauts

potentiels de deacutesolvatation la diminution du nombre de deuteacuteriums pour ces ions fragments

est correacuteleacutee agrave celle de lion preacutecurseur Par ailleurs le nombre de deuteacuteriums perdu semble lieacute

(a)

30

32

34

36

38

40

42

44

46

48

50

0 50 100 150 200 250 300

o

f d

eu

teri

um

Desolvation potential (V)

M 2+

M 3+

M 4+

(b)

30

32

34

36

38

40

42

44

46

48

100 150 200 250 300 350

o

f d

eu

teri

um

Desolvation potential (V)

M3+

M2+

M1+

91

agrave la fois agrave la nature et agrave leacutetat de charge du peptide Par exemple le peptide P2 trois fois

chargeacute perd 08 D alors que le peptide P3 avec le mecircme eacutetat de charge perd au moins 2 D

Cette perte de deuteacuteriums ne peut sexpliquer que par lintervention dune autre moleacutecule

posseacutedant des hydrogegravenes eacutechangeables avec laquelle un eacutechange inverse D H peut avoir

lieu Cette moleacutecule peut par exemple provenir du solvant de spray utiliseacute pour les

expeacuteriences eau meacutethanol acide aceacutetique En effet il est possible deacutemettre lhypothegravese que

des reacuteactions ionmoleacutecule dans la source dans laquelle la pression est importante conduisent

agrave cet eacutechange dhydrogegravenes et de deuteacuteriums Le fait que P1 ne subisse aucune perte de

deuteacuterium permet mecircme de postuler que les acides amineacutes responsables de cet eacutechange sont

les acides aspartiques reacutesidus que lon retrouve dans tous les peptides eacutetudieacutes agrave lexception de

P1 Compte tenu du faible nombre de peptides eacutetudieacutes il est difficile de conclure sur un

meacutecanisme geacuteneacuteral permettant dexpliquer cet eacutechange en phase gazeuse mais le meacutecanisme

de flip-flop deacutecrit par Beauchamp et al (28-29) pourrait expliquer les reacutesultats observeacutes

Il est inteacuteressant de noter que les pheacutenomegravenes deacutecrits preacuteceacutedemment (apparition de

fragments dans la source laquo scrambling raquo perte de deuteacuteriums) apparaissent tous agrave une limite

preacutecise (mais diffeacuterente) de potentiel de deacutesolvatation (Tab II 2) Comme le potentiel de

deacutesolvatation est directement lieacute agrave leacutenergie interne des ions produits par la source

eacutelectrospray (26) il est possible dutiliser la valeur des seuils observeacutes comme indication de

leacutenergie requise pour chaque pheacutenomegravene Bien que les seuils deacutependent du peptide (et de son

eacutetat de charge) il est possible deacutetablir un ordre dapparition de chaque pheacutenomegravene car il est

conserveacute dune seacutequence et dun eacutetat de charge agrave lautre ainsi le laquo scrambling raquo apparaicirct en

premier avec un seuil assez bas deacutenergie de deacutesolvatation suivi dune perte du marquage et

enfin de lapparition de fragments aux plus hautes eacutenergies

Tab II 2 Valeurs de potentiel de deacutesolvatation (en V) pour lrsquoapparition de chaque

pheacutenomegravene observeacute laquo scrambling raquo perte de deuteacuteriums et fragmentation dans la source

Peptide

Desolvation potential (V) at onset

Scrambling Loss of D atom

Fragmentation

from 3+ from 2+

P1 100

- - 150

P2 110 160 - 170

P3 100 110 180 140

P4 - - - 120

92

Lordre des deux premiers pheacutenomegravenes indique que les hydrogegravenes damide ne sont pas

directement eacutechangeables avec ceux des moleacutecules de solvant vaporiseacutees Deux meacutecanismes

diffeacuterents peuvent alors ecirctre envisageacutes soit un eacutechange direct en phase gazeuse dun atome

dhydrogegravene du solvant avec un deuteacuterium porteacute par un azote dune des liaisons peptidiques

ce qui implique une eacutenergie dactivation importante soit un eacutechange agrave un autre site labile

apregraves transfert du deuteacuterium Comme la courbe du deacutemarquage est tregraves proche de celle du

laquo scrambling raquo deacutetermineacutee par les expeacuteriences ECD on peut supposer que la reacuteaction a lieu

en deux eacutetapes reacutearrangement intramoleacuteculaire dans le peptide conduisant agrave eacutechanger les

deuteacuteriums damide avec les hydrogegravenes carboxyliques des acides aspartiques puis reacuteaction

ionmoleacutecule avec le solvant en phase gazeuse En absence de ces acides carboxyliques relais

(cas de P1) seul le laquo scrambling raquo peut avoir lieu Ce meacutecanisme ne reacutepond toutefois pas agrave

une question qui est la suivante pourquoi dans le cas de P2 et pas de P3 le deacutemarquage

conduit-il agrave un eacutechange limiteacute agrave 08 D alors qu‟on devrait s‟attendre agrave suivre la courbe du

laquo scrambling raquo Si lon revient au scheacutema de la source dionisation de linstrument utiliseacute il

convient de se souvenir quapregraves leur deacutesolvatation dans le capillaire de transfert chauffeacute les

ions sont stockeacutes pendant une seconde environ dans un hexapocircle dans lequel regravegne une

pression assez importante (10-6

mbar environ) Ainsi un eacutechange HD partiel semble indiquer

que les deux pheacutenomegravenes observeacutes ont lieu dans deux reacutegions diffeacuterentes de linstrument le

reacutearrangement aurait lieu dans linterface entre le capillaire et le premier laquo skimmer raquo qui est

une reacutegion agrave haute pression et soumise agrave un potentiel eacutelectrique important tandis que les

reacuteactions ionmoleacutecule auraient plutocirct lieu dans lhexapocircle Ainsi si tous les sites labiles du

peptide ne participent pas aux reacuteactions ionmoleacutecule avec leur environnement gazeux (ce qui

est le cas dans lhypothegravese ougrave les acides aspartiques sont lieacutes speacutecifiquement agrave cet eacutechange) le

reacutearrangement conduirait agrave un nombre fini de sites eacutechangeables portant un atome de

deuteacuterium et ceux situeacutes sur dautres sites ne pourraient donc pas participer au deacutemarquage

II3 Conclusions

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III

Lobjectif initial de ce travail eacutetait de deacuteterminer quels paramegravetres expeacuterimentaux de la

source eacutelectrospray Apollo I de lAPEX III devaient ecirctre optimiseacutes pour minimiser le

reacutearrangement intramoleacuteculaire des hydrogegravenes et des deuteacuteriums qui a lieu en source Parmi

les diffeacuterents paramegravetres testeacutes les reacutesultats preacutesenteacutes preacuteceacutedemment montrent que cest le

93

potentiel de deacutesolvatation qui est le plus critique Gracircce agrave lutilisation de lECD sur des

peptides seacutelectivement marqueacutes nous avons ainsi pu montrer que le potentiel de deacutesolvatation

doit ecirctre maintenu agrave une valeur leacutegegraverement infeacuterieure agrave celle conduisant agrave un maximum

dintensiteacute pour les ions formeacutes soit entre 80 et 110 V pour eacuteviter le laquo scrambling raquo Cette

valeur est sensiblement la mecircme pour tous les peptides que nous avons eacutetudieacutes

Les reacutesultats obtenus sur les peptides seacutelectivement marqueacutes montrent clairement quil faut

faire extrecircmement attention agrave optimiser ce paramegravetre avant dutiliser lECD ou lETD pour

localiser des deuteacuteriums dans des peptides ou des proteacuteines qui ont eacuteteacute marqueacutes et pouvoir

tirer des conclusions sur la preacutesence de zones structureacutees ou non Utiliser des peptides

seacutelectivement marqueacutes pour deacuteterminer les conditions expeacuterimentales de source propres agrave

reacutealiser lanalyse de peptides ou de proteacuteines deuteacutereacutes (conditions qui deacutependent de

linstrument utiliseacute) devrait ainsi ecirctre leacutetape preacuteliminaire agrave toute expeacuterience HDX-MSMS

Au cours de ce travail nous avons eacutegalement mis en eacutevidence un pheacutenomegravene de reacuteactions

ionmoleacutecule dans la source qui sont potentiellement agrave lorigine deacutechanges entre les

deuteacuteriums preacutesents sur la seacutequence peptidique et des hydrogegravenes issus fort probablement de

moleacutecules de solvant en phase gazeuse Il est apparu au cours de notre travail que ce

pheacutenomegravene eacutetait particuliegraverement marqueacute pour les peptides portant des acides aspartiques par

rapport agrave ceux portant des histidines Ce pheacutenomegravene eacutetant a priori baseacute sur une premiegravere

eacutetape qui est leacutechange entre un deuteacuterium preacutesent sur une liaison amide et un hydrogegravene

carboxylique de la chaicircne lateacuterale des Asp il peut ecirctre reacuteduit par un reacuteglage approprieacute des

paramegravetres de source (diminution de leacutenergie de deacutesolvatation)

II32 Autres instruments FT-ICR

Nous avons proceacutedeacute agrave l‟laquo upgrade raquo de nos instruments agrave deux reprises (APEX III gt

APEX-Q en janvier 2011 et APEX-Q gt SolariX en avril 2012) De la mecircme maniegravere que pour

l‟APEX III nous avons pu deacuteterminer pour l‟APEX-Q et le SolariX le paramegravetre ou les

paramegravetres critiques qu‟il faut optimiser pour limiter le laquo scrambling raquo En effet agrave chaque

changement ou modification d‟instrument une reacute-optimisation de l‟ensemble des paramegravetres

entre la source et la cellule est requise pour eacuteviter un eacutechauffement des ions lors de leur

formation ou de leur transfert Les reacutesultats sont reacutesumeacutes dans le tableau ci-apregraves (Tab II 3)

94

Tab II 3 Paramegravetre(s) critique(s) agrave optimiser pour limiter le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

en fonction de lrsquoinstrument utiliseacute

APEX III Tension agrave la sortie du capillaire de source

(Potentiel de deacutesolvatation ou laquo CapExit)

lt 80 V

APEX-Q

APEX-Qe

Tension dans la cellule de collision

(laquo CollisionVoltage raquo)

gt 0 V

(3-5 V)

SolariX Tension du premier eacutecorceur (SK1)

Conditions de la cellule de collision

collision activeacutee

tension de collision en entreacutee

lt 50 V

Non

lt 2 V

Fig II 5 Nombre de deuteacuteriums dans lrsquoion preacutecurseur triplement chargeacute du peptide P2

(KKDDDDDDIIKIIK) et dans les fragments c2 c6 et z6 en fonction du potentiel du premier

eacutecorceur

A titre d‟illustration la Fig II 5 reprend les reacutesultats obtenus sur le SolariX avec le

peptide P1 en faisant varier la tension du premier eacutecorceur (laquo skimmer raquo) SK1 montrant une

valeur optimale vers 40 V On notera par contre la preacutesence d‟un taux de deuteacuteration non nul

sur les fragments c2 et c6 degraves les basses tensions Il faut noter que ces expeacuteriences ont eacuteteacute

reacutealiseacutees sur un ion preacutecurseur triplement chargeacute preacutesentant un taux de deuteacuteration plus eacuteleveacute

que ce qui est attendu

0

1

2

3

4

5

6

0 10 20 30 40 50 60 70

o

f d

eu

teri

um

SK1 (V)

C2 C6 Z6 Parent M3+

95

Les deux versions successives (APEX-Q et SolariX) preacutesentent une eacutevolution majeure qui

est l‟introduction d‟une cellule de collision sur le chemin optique des ions (Annexe Fig A 4

et Fig A 6) En conseacutequence on observe que cette seconde reacutegion agrave pression de gaz eacuteleveacutee

ajoute une seconde reacutegion susceptible de conduire agrave un deacutepocirct d‟eacutenergie dans les ions et par

conseacutequent agrave du laquo scrambling raquo Les paramegravetres optimiseacutes concernent par conseacutequent ces

deux reacutegions L‟ajout d‟entonnoirs agrave ions (laquo ion funnels raquo) au premier eacutetage de deacutesolvatation

semble rendre la tension en sortie de capillaire (laquo CapExit raquo) nettement moins critique sans

doute parce que les distances sont plus grandes (et donc le champ eacutelectrique plus faible) Par

contre sur le SolariX de l‟eacutenergie peut ecirctre deacuteposeacutee entre le premier eacutecorceur (SK1) et le

second entonnoir qui joue un rocircle critique dans le deacutepocirct d‟eacutenergie (Annexe Fig A 6)

En conclusion dans cette partie nous avons utiliseacute un jeu de peptides speacutecifiquement

marqueacutes par des deuteacuteriums pour valider notre instrumentation et trouver les paramegravetres

optimaux par rapport au pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo ou meacutelange des deuteacuteriums lors des

eacutetapes de transfert en phase gazeuse et d‟introduction dans le vide du spectromegravetre de masse

Nous avons eacutegalement valideacute au passage que l‟ECD permet effectivement de mesurer des

fragments donc le nombre de deuteacuteriums correspond agrave celui attendu apregraves deacutemarquage seacutelectif

de peptides modegraveles Dans la partie suivante nous allons transposer ces reacutesultats agrave un systegraveme

reacuteel

96

II4 Bibliographie

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scrambling in the gas phase Energetic and structural determinants of proton mobility

within protein ions Journal of the American Chemical Society 126 7709-7717

17 Abzalimov R R and Kaltashov I A (2010) Controlling Hydrogen Scrambling in

Multiply Charged Protein Ions during Collisional Activation Implications for Top-

Down HydrogenDeuterium Exchange MS Utilizing Collisional Activation in the Gas

Phase Analytical Chemistry 82 942-950

18 Rand K D Adams C M Zubarev R A and Jorgensen T J (2008) Electron

capture dissociation proceeds with a low degree of intramolecular migration of peptide

amide hydrogens J Am Chem Soc 130 1341-1349

19 Zehl M Rand K D Jensen O N and Jorgensen T J (2008) Electron transfer

dissociation facilitates the measurement of deuterium incorporation into selectively

labeled peptides with single residue resolution J Am Chem Soc 130 17453-17459

20 Jorgensen T J Gardsvoll H Dano K Roepstorff P and Ploug M (2004)

Dynamics of urokinase receptor interaction with Peptide antagonists studied by amide

hydrogen exchange and mass spectrometry Biochemistry 43 15044-15057

21 Rand K D and Jorgensen T J (2007) Development of a peptide probe for the

occurrence of hydrogen (1H2H) scrambling upon gas-phase fragmentation Anal

Chem 79 8686-8693

22 Bai Y W Milne J S Mayne L and Englander S W (1993) Primary Structure

Effects on Peptide Group Hydrogen-Exchange Proteins 17 75-86

23 Rand K D Lund F W Amon S and Jorgensen T J D (2011) Investigation of

amide hydrogen back-exchange in Asp and His repeats measured by hydrogen (H-

1H-2) exchange mass spectrometry Int J Mass Spectrom 302 110-115

24 Rand K D Zehl M Jensen O N and Jorgensen T J D (2010) Loss of Ammonia

during Electron-Transfer Dissociation of Deuterated Peptides as an Inherent Gauge of

Gas-Phase Hydrogen Scrambling Analytical Chemistry 82 9755-9762

25 Amon S Trelle M B Jensen O N and Jorgensen T J (2012) Spatially resolved

protein hydrogen exchange measured by subzero-cooled chip-based nanoelectrospray

ionization tandem mass spectrometry Anal Chem 84 4467-4473

26 Gabelica V and De Pauw E (2005) Internal energy and fragmentation of ions

produced in electrospray sources Mass Spectrom Rev 24 566-587

27 Duchateau M (2010) Deacutetermination de surface dinteraction dassemblages

biologiques macromoleacuteculaires par marquage au deuteacuterium et analyse par

spectromeacutetrie de masse FT-ICR

28 Campbell S Rodgers M T Marzluff E M and Beauchamp J L (1994)

Structural and Energetic Constraints on Gas Phase HydrogenDeuterium Exchange

Reactions of Protonated Peptides with D2O CD3OD CD3CO2D and ND3 Journal

of the American Chemical Society 116 9765-9766

29 Campbell S Rodgers M T Marzluff E M and Beauchamp J L (1995)

Deuterium Exchange Reactions as a Probe of Biomolecule Structure Fundamental

Studies of Gas Phase HD Exchange Reactions of Protonated Glycine Oligomers with

D2O CD3OD CD3CO2D and ND3 Journal of the American Chemical Society 117

12840-12854

98

99

Chapitre III Deacuteveloppement de

lrsquoapproche HDX top-down ECD

100

Chapitre III Deacuteveloppement de lrsquoapproche HDX top-down ECD 99

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD 101

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo 101 III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo 102

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo 106

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX 106 III211 Proteacuteines d‟eacutetude 106 III212 Protocole d‟analyse HDXMS 107 III213 Instruments utiliseacutes108

III22 Fragmentation par ECD 109 III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3 109

III2211 Spectre de masse 109 III2212 Reacutesultats obtenus en ECD 109 III2213 Reacutesultats en HDXECD 113 III2214 Analyse des donneacutees 115

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ121 III2221 Optimisation du protocole d‟analyse 121 III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD 123

III23 Fragmentation par ETD 127 III231 Spectre de masse 127 III232 Reacutesultats obtenus en ETD 128 III233 Reacutesultats en HDXETD 129 III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats d‟ECD131 III235 Conclusion 134

III24 Fragmentation par CID 135 III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 135

III2411 Spectres de masse 135 III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID 136

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines 139

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse 142

III4 Conclusion 147

III5 Bibliographie 149

101

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo

Comme nous l‟avons vu dans le premier chapitre de ce manuscrit (voir Chap I) les

eacutechanges HD coupleacutes agrave la spectromeacutetrie de masse (HDXMS) permettent d‟obtenir des

informations sur l‟organisation structurale des proteacuteines L‟approche classique dite

laquo bottom-up raquo (Fig III 1) repose sur une digestion enzymatique de la proteacuteine d‟inteacuterecirct apregraves

marquage afin de deacuteterminer la localisation des deuteacuteriums incorporeacutes Pour cela les peptides

issus de la digestion sont analyseacutes par spectromeacutetrie de masse une eacutetape preacutealable de

seacuteparation par chromatographie liquide eacutetant le plus souvent requise Les eacutetapes de digestion

enzymatique et de seacuteparation chromatographique qui se deacuteroulent en solution doivent ecirctre

reacutealiseacutees dans les conditions de conservation du marquage Des cineacutetiques deacutechange HD

peuvent alors ecirctre calculeacutees pour chaque peptide en mesurant le deacuteplacement de leur masse

dans les spectres Ces cineacutetiques sont correacuteleacutees dune part agrave laccessibiliteacute au solvant et dautre

part agrave la structure locale de la proteacuteine

Fig III 1 Scheacutema repreacutesentant les eacutetapes des approches laquo bottom-up raquo et laquo top-down raquo dans

des eacutetudes en HDXMS Le segment en bleu correspond agrave la proteacuteine hydrogeacuteneacutee tandis que

les portions en rouge correspondent aux zones de la proteacuteine qui ont eacuteteacute deuteacutereacutees Les

flegraveches vertes repreacutesentent le moment de la fragmentation en phase gazeuse

Cependant cette approche souffre de deux limitations majeures La premiegravere est l‟eacutechange

inverse entre les deuteacuteriums et les hydrogegravenes qui a lieu en solution lors des eacutetapes de

digestion et de seacuteparation avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Bien que le laquo back-

exchange raquo puisse ecirctre minimiseacute il ne peut ecirctre eacuteviteacute (1) La seconde limitation est la

reacutesolution qui deacutepend directement de la taille des peptides issus de la fragmentation

enzymatique par la pepsine et qui est typiquement de lordre de cinq agrave dix acides amineacutes

102

Une possibiliteacute pour ameacuteliorer la reacutesolution est de combiner diffeacuterentes enzymes Une

autre est de fragmenter les peptides obtenus dans le spectromegravetre de masse pour localiser

preacuteciseacutement les deuteacuteriums (2) Il a neacuteanmoins eacuteteacute montreacute que les techniques classiques par

chauffage lent (Collision Induced Dissociation CID) ne peuvent ecirctre utiliseacutees car une

migration intramoleacuteculaire et par conseacutequent un meacutelange des hydrogegravenes et des deuteacuteriums a

lieu dans la seacutequence avant la rupture des liaisons peptidiques ce qui fait perdre linformation

de leur localisation (Fig III 2) (3) En revanche comme nous l‟avons montreacute dans le chapitre

preacuteceacutedent (voir Chap II) lutilisation de meacutethodes de fragmentation baseacutees sur la capture ou

le transfert dun eacutelectron (Electron Capture Dissociation ECD ou Electron Transfer

Dissociation ETD) permet de reacuteduire consideacuterablement ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo De

plus linteacuterecirct de ces modes de fragmentation alternatifs est quils peuvent ecirctre utiliseacutes aussi

bien dans une approche laquo bottom-up raquo sur les peptides proteacuteolytiques marqueacutes (4-5) que

directement sur la proteacuteine deuteacutereacutee dans une approche dite laquo top-down raquo Dans ce dernier

cas l‟incorporation des deuteacuteriums peut alors ecirctre mesureacutee pour chaque ion fragment comme

nous l‟avons fait pour les peptides modegraveles

Avec redistribution

NH2 COOHNH2

COOH

NH2COOH

CID ETDECD

NH2

COOH

by ionscz ions

D D DDD

H HH

H

NH2

COOH

Sans redistributionActivation

Fragmentation

Fig III 2 Illustration du pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo qui est freacutequent lors de la

fragmentation par activation collisionnelle (CID) Les meacutethodes drsquoactivation par les eacutelectrons

(ECD ETD) ne conduisent pas agrave de la redistribution quand les conditions sont optimales

III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo

Dans une approche laquo top-down raquo la proteacuteine entiegravere est fragmenteacutee directement en phase

gazeuse (Fig III 1) On s‟affranchit alors de l‟eacutetape de digestion proteacuteolytique De cette

maniegravere une partie du laquo back-exchange raquo qui a lieu en solution notamment lors de la

103

digestion enzymatique de la proteacuteine deuteacutereacutee (1) est eacutelimineacutee De plus dans la mesure ougrave

lobjet agrave analyser nest pas coupeacute en de nombreux morceaux en solution lutilisation dune

seacuteparation chromatographique n‟est pas requise ce qui permet eacutegalement de s‟affranchir de

l‟eacutechange inverse relatif agrave cette eacutetape L‟approche laquo top-down raquo est geacuteneacuteralement combineacutee agrave

une fragmentation par ECD ou ETD Comme nous l‟avons montreacute dans les chapitres

preacuteceacutedents (voir Chap I et II) l‟utilisation de ces techniques de dissociation par capture ou

transfert d‟eacutelectron permet de limiter au maximum le laquo scrambling raquo qui peut avoir lieu en

phase gazeuse au cours d‟expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse en tandem Elles sont donc

particuliegraverement bien adapteacutees pour deacuteterminer la position preacutecise des deuteacuteriums incorporeacutes

le long de la seacutequence polypeptidique

Des reacutesultats obtenus tregraves reacutecemment par diffeacuterents groupes utilisant aussi bien l‟ETD que

l‟ECD sur des proteacuteines modegraveles ont ainsi montreacute que ces techniques de dissociation utiliseacutees

en combinaison avec les eacutechanges HD permettent danalyser la structure native des proteacuteines

(6) ou encore de caracteacuteriser des espegraveces transitoires ce qui est essentiel pour la

compreacutehension des meacutecanismes de repliement (7) Il a mecircme eacuteteacute montreacute au cours de ces

eacutetudes qu‟une reacutesolution agrave lrsquoacide amineacute pregraves peut ecirctre obtenue Les premiers reacutesultats

provenant d‟une association entre eacutechanges HD et analyse laquo top-down raquo ont eacuteteacute obtenus en

2008 par l‟eacutequipe de Lars Konermann au Canada sur une petite proteacuteine modegravele de 86 kDa

l‟ubiquitine (8) Il montre dans son article que les informations de structure quil obtient sont

tregraves proches de celles issues de la RMN (Fig III 3)

Fig III 3 Symboles pleins taux de deuteacuteration des ions fragments ECD de lrsquoubiquitine apregraves

30 min incubation dans 95 de D2O agrave 22degC Symboles vides taux de deuteacuteration obtenus

par RMN dans les mecircmes conditions HDX

104

Dans une eacutetude plus reacutecente encore Igor Kaltashov a preacutesenteacute des reacutesultats tregraves

prometteurs sur une proteacuteine de 18 kDa en utilisant un spectromegravetre de masse FT-ICR

(Bruker) sur lequel une source d‟ionisation chimique permettant de faire des expeacuteriences ETD

a eacuteteacute installeacutee (9) Il a eacutegalement montreacute tregraves reacutecemment en travaillant sur la mecircme proteacuteine

modegravele que la fragmentation par activation collisionnelle (CID) pouvait ecirctre combineacutee agrave une

approche laquo top-down raquo dans des eacutetudes HDX indiquant que le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

pouvait ecirctre controcircleacute lorsque des eacutetats de charge tregraves eacuteleveacutes eacutetaient choisis pour la

fragmentation (10) Bien que les meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons pour la fragmentation

de peptides (11-12) et de petites proteacuteines (6 8 13) se soient reacuteveacuteleacutees tregraves encourageantes

pour augmenter la reacutesolution des eacutetudes en HDX-MSMS elles ne fournissent pas une

couverture de seacutequence complegravete en particulier pour les gros polypeptides C‟est pour cette

raison qu‟il serait inteacuteressant de pouvoir utiliser en compleacutement les reacutesultats de la

fragmentation par CID qui conduit agrave des ions fragments souvent compleacutementaires agrave ceux

obtenus par dissociation ECD ou ETD Ainsi la possibiliteacute d‟utiliser les meacutethodes

d‟activation collisionnelle en plus des techniques d‟activation par les eacutelectrons dans les eacutetudes

laquo top-down raquo HDX conduirait agrave une reacutesolution spatiale significativement ameacutelioreacutee

permettant de sonder la conformation et la dynamique des proteacuteines Une autre faccedilon

d‟augmenter la reacutesolution est l‟utilisation d‟un reacuteactif tel que l‟alcool m-nitrobenzylique (m-

NBA) qui augmente leacutetat de charge des ions proteacuteiques en provoquant leur rapide

deacutenaturation lors du processus d‟ionisation par ESI Il en reacutesulterait le deacutepliement de la

proteacuteine dans la goutte eacutelectrospray mais sans l‟apparition de modifications significatives de

sa structure par rapport agrave celle de la solution initiale permettant d‟ameacuteliorer l‟efficaciteacute de

fragmentation et donc la couverture de seacutequence par ECD ou ETD Ainsi dans une eacutetude

reacutecente Evan Williams (14) a montreacute que lajout de m-NBA dans le spray utiliseacute pour ioniser

lubiquitine permet de former des ions de plus hauts eacutetats de charge dont la mobiliteacute ionique a

reacuteveacuteleacute quils eacutetaient comme attendu plus deacuteplieacutes que leurs homologues de plus bas eacutetat de

charge Ainsi comme lefficaciteacute de la fragmentation ECDETD augmente avec leacutetat de

charge du preacutecurseur Williams a pu montrer dans le cas de lubiquitine quune meilleure

couverture de seacutequence pouvait ecirctre obtenue simplement par lajout de m-NBA Une autre

possibiliteacute est de combiner les reacutesultats obtenus pour diffeacuterents eacutetats de charge d‟ions

preacutecurseurs ce qui peut ameacuteliorer un peu plus la reacutesolution spatiale des expeacuteriences ETD

Ceci peut devenir d‟autant plus important que le systegraveme proteacuteique est grand dans le cas ougrave

typiquement la fragmentation par ETD est limiteacutee

105

Les diffeacuterents exemples reacutecents deacutecrits preacuteceacutedemment montrent que les approches laquo top-

down raquo ont fait l‟objet de deacuteveloppements importants dans le contexte des eacutechanges HD ces

derniegraveres anneacutees Neacuteanmoins jusquagrave maintenant seules des proteacuteines modegraveles stables et

disponibles en quantiteacute importante ont eacuteteacute lobjet de ces deacuteveloppements Dans ce contexte

lobjet de ma thegravese a eacuteteacute de poursuivre les eacutetudes reacutealiseacutees au laboratoire dans lobjectif de

mettre au point une meacutethodologie robuste combinant eacutechanges HD et approche laquo top-

down raquo pour des complexes proteacuteiques reacuteels en collaboration avec le laboratoire de

Biochimie de lEacutecole Polytechnique Notre objectif est donc (i) de disposer dune meacutethode

permettant de localiser rapidement et preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans la seacutequence

polypeptidique et deacuteterminer ainsi des cineacutetiques deacutechange pour chaque acide amineacute (ii) de

pouvoir appliquer cette meacutethodologie agrave leacutetude structurale des complexes d‟initiation de la

traduction La difficulteacute ici reacuteside dans le fait qu‟il s‟agit d‟eacutechantillons biologiques reacuteels et

de grande taille Cela implique des eacutetapes additionnelles dans le protocole de preacuteparation et

d‟analyse des eacutechantillons et donc des preacutecautions suppleacutementaires agrave prendre vis-agrave-vis de la

conservation du marquage Notre eacutetude HDXMS preacuteliminaire qui a eacuteteacute meneacutee sur des

peptides de reacutefeacuterence et qui a eacuteteacute preacutesenteacutee dans le chapitre preacuteceacutedent (voir Chap II) a

montreacute que l‟utilisation de meacutethodes de fragmentation telle que la dissociation par capture

d‟eacutelectron (ECD) eacutetait adapteacutee pour mesurer les taux d‟eacutechanges HD pour chaque acide

amineacute Pour cela une optimisation fine des conditions de source et des paramegravetres

instrumentaux a eacuteteacute requise preacutealablement agrave l‟analyse pour reacuteduire au maximum le

laquo scrambling raquo pendant les processus de deacutesolvatation et de transfert des ions en phase

gazeuse Nous avons dans ce troisiegraveme chapitre reacuteutiliseacute ces paramegravetres optimiseacutes pour

l‟analyse laquo top-down raquo de nos eacutechantillons proteacuteiques Dans un premier temps cette partie se

focalisera sur l‟eacutetude laquo top-down raquo HDX avec activation par ECD qui est la technique

d‟activation pour laquelle le plus de reacutesultats ont eacuteteacute obtenus Ensuite pour mieux

comprendre le rocircle des meacutethodes d‟activation sur les migrations d‟hydrogegravene le mecircme

systegraveme a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute avec d‟autres modes d‟activation (ETD et CID)

106

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation

lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX

III211 Proteacuteines drsquoeacutetude

Nous avons travailleacute sur le complexe proteacuteique aIF2 (archaeal Initiation Factor 2) de

Sulfolobus solfataricus (Fig III 4) qui est un des complexes responsables de l‟initiation de

la traduction chez les archeacutees Son rocircle est de recruter l‟ARNt meacutethionyleacute lieacute agrave l‟ARNm au

niveau de la petite sous-uniteacute du ribosome Nous savons deacutejagrave par des donneacutees

cristallographiques qu‟il est constitueacute de trois sous-uniteacutes α β et γ La sous-uniteacute γ (45

kDa) qui constitue la proteacuteine centrale du complexe est connue pour interagir avec les deux

autres sous-uniteacutes α (30 kDa) et β (15 kDa) au sein d‟aIF2 Afin d‟obtenir des informations

structurales sur l‟organisation de ce complexe nous avons deacuteveloppeacute notre meacutethodologie agrave

partir de l‟analyse de la proteacuteine aIF2α3 de 10 kDa qui est une version tronqueacutee de la sous-

uniteacute α du complexe aIF2 mais qui contient le site d‟interaction avec γ Ce travail a eacuteteacute initieacute

lors de la thegravese de M Duchateau (15) pendant laquelle l‟eacutetude de la proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute

reacutealiseacutee par HDXECD sur l‟APEX III Dans le cadre du travail actuel nous avons eacutetendu

notre eacutetude au sous-complexe aIF2α3γ et compareacute les diffeacuterents modes de fragmentation en

utilisant d‟autres spectromegravetres de masse

Fig III 4 Scheacutema du complexe heacuteteacuterotrimeacuterique aIF2αβγ

107

III212 Protocole drsquoanalyse HDXMS

L‟analyse d‟eacutechantillons biologiques reacuteels a neacutecessiteacute une optimisation du protocole mis au

point pour les peptides En effet ces eacutechantillons proteacuteiques preacutesentent des inconveacutenients

majeurs qui sont les suivants

- ils ne sont pas disponibles en grande quantiteacute

- le maintien de leur structure native neacutecessite des concentrations importantes de sels non

volatils

- ils se deacutegradent rapidement agrave tempeacuterature ambiante

L‟ensemble des eacutetapes du protocole allant des conditions de l‟eacutechange en solution (pH

tempeacuterature tampons dessalage) agrave la fragmentation par ECD a donc eacuteteacute minutieusement

optimiseacute (Fig III 5) pour tenir compte de ces limitations Au deacutebut de l‟expeacuterience la

proteacuteine aIF2α3 est dans son eacutetat natif En effet elle est conserveacutee dans son tampon de

purification qui est riche en sels (chlorure de sodium) et qui lui permet ainsi de garder sa

conformation native La premiegravere eacutetape de notre protocole qui a consisteacute agrave initier la reacuteaction

d‟eacutechange HD a eacuteteacute de diluer aIF2α3 dans un tampon deuteacutereacute riche eacutegalement en sels

(solution de NaCl agrave 330 mM dans D2O) afin de ne pas deacutenaturer la proteacuteine et donc de sonder

sa conformation active Une incubation du meacutelange agrave 37degC sous agitation est reacutealiseacutee pendant

diffeacuterents temps agrave l‟issu desquels la reacuteaction de marquage est bloqueacutee Cette eacutetape d‟arrecirct de

la reacuteaction d‟eacutechange est effectueacutee par l‟addition d‟une solution aqueuse (H2O) acide (pH

final de 25) et glaceacutee (agrave 0degC) Etant donneacute que les fortes concentrations en sels non volatils

ne sont absolument pas compatibles avec une ionisation par eacutelectrospray nous avons ducirc

ajouter et optimiser une eacutetape de dessalage dans les conditions de conservation du marquage

Apregraves cette eacutetape de dessalage dont la dureacutee totale a eacuteteacute optimiseacutee agrave seulement une minute

(15) la proteacuteine deuteacutereacutee est precircte pour l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Elle est injecteacutee

par le systegraveme de seringue refroidie ioniseacutee par eacutelectrospray et fragmenteacutee par ECD dans la

cellule ICR

108

Alpha3 dans des conditions natives Arrecirct de la reacuteaction

H2O pH 25 et 0degC

Dilution dans D2O

NaCl 330 mM

Incubation

Temps variables

1 Dessalage

2 Eacutelution dans H2OACNAF2Alpha3 deuteacutereacutee dans le solvant pour ESI

ECD

Fig III 5 Scheacutema de notre protocole optimiseacute pour lrsquoeacutetude drsquoaIF2α3 en HDXMS par

analyse laquo top-down raquo

Pour eacuteviter l‟eacutetape de dessalage et optimiser encore plus le protocole nous avons fait de

nombreux essais pour essayer de remplacer les sels non volatils par des sels volatils

compatibles avec une analyse par ESI mais dans tous les cas la proteacuteine a preacutecipiteacute ou sest

deacutegradeacutee

III213 Instruments utiliseacutes

Les fragmentations par ECD ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur des spectromegravetres de masse de type FT-

ICR Les premiegraveres expeacuteriences ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur un spectromegravetre APEX III qui nest pas

eacutequipeacute dun quadripocircle de seacutelection avant la cellule ICR puis sur un APEX-Qe disponible agrave

Orsay (P Maicirctre Laboratoire de Chimie Physique) Les diffeacuterences majeures entre les deux

instruments sont la preacutesence dun quadripocircle sur lAPEX-Qe permettant de reacutealiser la

seacutelection d‟ions preacutecurseurs avant leur entreacutee dans la cellule ICR la preacutesence dlaquo ion

funnels raquo (qui ameacuteliorent la sensibiliteacute de linstrument) et la source dionisation (Apollo I sur

lAPEX III Apollo II sur lAPEX-Qe)

Les expeacuteriences ETD ont quant agrave elles eacuteteacute effectueacutees sur un instrument LTQ Orbitrap

Velos (Thermo Scientific) en collaboration avec la plateforme proteacuteomique de Paris 7 dirigeacutee

par Jean-Michel Camadro

Les expeacuteriences CID ont eacuteteacute obtenues sur un spectromegravetre de masse Q-ToF Premier

(Waters) installeacute au laboratoire DCMR

109

III22 Fragmentation par ECD

III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3

III2211 Spectre de masse

Le spectre de masse d‟aIF2α3 dont la masse monoisotopique est 10422985 Da a eacuteteacute

obtenu apregraves ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes (Fig III 6)

aiF2alpha3ss1 +MS

0

2

4

6

8

6x10

Intens

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+7H]7+

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+6H]6+

mz

Intensx106

Fig III 6 Spectre MS drsquoaIF2α3 enregistreacute sur notre instrument FT-ICR APEX III

III2212 Reacutesultats obtenus en ECD

Expeacuteriences reacutealiseacutees sur l‟APEX III du DCMR

La premiegravere eacutetape a consisteacute agrave optimiser les paramegravetres pour l‟ECD afin d‟obtenir la plus

grande couverture de seacutequence possible pour cette proteacuteine de 10 kDa sans eacutechange HD

Pour cela nous avons tout d‟abord utiliseacute une autre petite proteacuteine l‟ubiquitine (86 kDa)

pour optimiser lensemble des paramegravetres expeacuterimentaux

110

Lors de la thegravese de M Duchateau (15) notre eacutequipe a montreacute que la fragmentation par

ECD d‟aIF2α3 eacutetait beaucoup plus efficace sans seacutelection d‟un eacutetat de charge Nous avons

donc proceacutedeacute de la mecircme maniegravere

Pour l‟ubiquitine les spectres ECD les plus informatifs ont eacuteteacute obtenus avec une cathode

chauffeacutee agrave 16 A et une irradiation par des eacutelectrons de 09 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 80

ms Nous utilisons eacutegalement la technique de pieacutegeage dynamique des ions dans la cellule

afin de maximiser la quantiteacute d‟ions accumuleacutes avant la fragmentation ECD En effet la

qualiteacute des spectres ECD deacutepend en grande partie de lintensiteacute des ions preacutecurseurs et il

existe un veacuteritable seuil pour le nombre dions pour obtenir des spectres ECD de qualiteacute Le

pourcentage de couverture de seacutequence ainsi obtenu est de 68 Pour obtenir un reacutesultat

similaire avec aIF2α3 l‟eacutenergie cineacutetique des eacutelectrons a eacuteteacute augmenteacutee jusqu‟agrave 2 eV

Les proteacuteines marqueacutees sont introduites dans le spectromegravetre de masse par le systegraveme de

seringue refroidie qui est deacutecrit dans le Chap IV Afin de minimiser l‟eacutechange inverse en

solution l‟analyse ne doit pas exceacuteder dix minutes Dans ce laps de temps relativement court

deux cents scans sont accumuleacutes par spectre ECD

L‟analyse du spectre ECD d‟aIF2α3 reacutealiseacute sans seacutelection d‟eacutetat de charge permet

l‟identification d‟un total de 83 ions fragments correspondant agrave 39 ions c et 44 ions z dont 18

paires d‟ions compleacutementaires Cela se traduit par un tregraves bon pourcentage de couverture de

seacutequence de 706 (Fig III 7) L‟identification des ions fragments b et y permet d‟ameacuteliorer

leacutegegraverement la couverture de seacutequence en augmentant le pourcentage de 55 (1 ion b et 4 ions

y suppleacutementaires pour lesquels il n‟y a pas d‟ions c et z correspondants) atteignant donc la

valeur de 761

111

aIF2a3_noHD_ECD_000008d +MS

0

1

2

3

4

5

7x10

Intens

400 600 800 1000 1200 1400 1600 mz

~ ~

~

~

~

~

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+9H]9+ [M+8H]8+

[M+7H]7+

~[M+6H]6+

250 300 350 400 450 500 550 mz0

1

2

3

4

5

6

6x10

Intens

+MS

z2+

z3+

z4+ z5

+

c2+

c3+

c4+

Intens

mz

Fig III 7 Spectre ECD drsquoaIF2α3 obtenu sans seacutelection drsquoeacutetat de charge sur un instrument

FT-ICR APEX III et sa couverture de seacutequence associeacutee Un agrandissement de la reacutegion mz

250-550 a eacuteteacute ajouteacute montrant la complexiteacute du spectre

Des problegravemes de stabiliteacute du signal et de sensibiliteacute sont apparus au cours de ces

expeacuteriences ECD il arrivait freacutequemment que le taux de fragmentation diminue brutalement

sans raison apparente au cours d‟une cineacutetique d‟eacutechange Pour pouvoir poursuivre nos

expeacuteriences nous avons deacutecideacute de continuer nos travaux sur l‟APEX-Qe accessible agrave

l‟Universiteacute Paris-Sud Une reacute-optimisation des paramegravetres pour l‟ECD a donc eacuteteacute neacutecessaire

car cet instrument nest pas le mecircme que celui du DCMR et notamment le fait que les sources

dionisation soient diffeacuterentes nous laissait agrave penser que des ajustements au moins au niveau

de la source seraient neacutecessaires (voir Chap II)

Expeacuteriences reacutealiseacutees sur l‟APEX-Qe du Laboratoire de Chimie Physique agrave Orsay

Pour aIF2α3 les nouveaux paramegravetres optimiseacutes pour maximiser la couverture de

seacutequence obtenue en ECD ont eacuteteacute les suivants une cathode agrave 18 A et une irradiation par des

eacutelectrons de 17 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 10 ms Contrairement aux expeacuteriences

reacutealiseacutees sur l‟APEX III nous n‟avons pas utiliseacute la technique de pieacutegeage dynamique des

ions En effet un gain de sensibiliteacute a eacuteteacute apporteacute par les laquo ion funnels raquo Dans ces conditions

expeacuterimentales l‟analyse du spectre ECD a permis l‟identification d‟un total de 59 ions

112

fragments correspondant agrave 19 ions c et 40 ions z dont 3 paires d‟ions compleacutementaires Le

pourcentage de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 608 (Fig III 8)

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

00

05

10

15

20

7x10

Intens

400 600 800 1000 1200 1400 1600 mz

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+9H]9+[M+8H]8+

[M+7H]7+

[M+6H]6+

[M+13H]13+

~

~

~

~~

~

~

~

mz

Intensx107

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

250 300 350 400 450 500 550 mz

z2+

c2+

z3+

c3+

z4+

z5+

c4+

Fig III 8 Spectre ECD drsquoaIF2α3 obtenu sans seacutelection drsquoeacutetat de charge sur un instrument

FT-ICR APEX-Qe La couverture de seacutequence correspondante agrave la fragmentation et

lrsquoagrandissement de la reacutegion mz 250-550 sont eacutegalement montreacutes

Si l‟on compare les deux spectres ECD ci-dessus une meilleure efficaciteacute de fragmentation

a eacuteteacute obtenue sur l‟APEX III permettant d‟avoir une meilleure reacutesolution en ce qui concerne la

zone [20-55] correspondant agrave la partie de la proteacuteine aIF2α3 qui se retrouve en contact avec la

sous-uniteacute γ lorsque leur association est effective Neacuteanmoins la fragmentation ECD de la

proteacuteine sur l‟APEX-Qe permet aussi d‟avoir un bon pourcentage de couverture de seacutequence

pour deacuteterminer des cineacutetiques d‟eacutechange HD par acide amineacute notamment au niveau des

extreacutemiteacutes

113

III2213 Reacutesultats en HDXECD

L‟eacutetape suivante a consisteacute agrave combiner les eacutechanges HD et la fragmentation par ECD

Pour cela nous avons mis en application notre protocole de marquage pour un temps

d‟incubation dans D2O d‟une heure (Fig III 5)

L‟observation des spectres ECD apregraves eacutechange HD montre que les massifs isotopiques

avec l‟incorporation de deuteacuteriums se deacuteplacent vers des rapports masse sur charge plus

importants tout en s‟eacutelargissant car lincorporation progressive de deuteacuteriums ajoute des pics

isotopiques dans le massif (Fig III 9) La premiegravere conseacutequence agrave cet eacutelargissement est que

l‟intensiteacute totale du signal obtenu pour un ion fragment est reacutepartie sur un nombre plus grand

de pics composant le massif Il en reacutesulte une diminution de l‟intensiteacute globale du signal

pouvant entraicircner une perte de deacutetection Dans ce contexte le nombre de fragments pouvant

ecirctre interpreacuteteacutes de maniegravere correcte car lenveloppe isotopique preacutesente une intensiteacute

suffisante diminue par rapport agrave lexpeacuterience sans deuteacuterium Parfois mecircme certains

fragments disparaissent complegravetement dans le bruit de fond contribuant agrave son augmentation

En effet les ions fragments c et z de faible intensiteacute avant l‟eacutechange ne sont plus deacutetectables

dans les spectres apregraves eacutechange Une autre conseacutequence de l‟eacutelargissement des massifs

isotopiques ayant incorporeacute des deuteacuteriums est leur superposition compliquant aussi fortement

l‟analyse des reacutesultats Plus le nombre de fragments est grand et moins il est facile de suivre

l‟incorporation des deuteacuteriums Par ailleurs pour les hauts rapports mz on note eacutegalement

l‟apparition de pics intenses agrave toutes les uniteacutes de masse perturbant davantage l‟interpreacutetation

des reacutesultats Ce pheacutenomegravene indeacutesirable reacutesultant de la recapture successive d‟un eacutelectron

avait eacutegalement eacuteteacute observeacute lors de la thegravese de M Duchateau (15) Une solution pour le

limiter a eacuteteacute d‟optimiser au maximum le temps d‟irradiation par des eacutelectrons pour eacuteviter les

recaptures successives tout en obtenant suffisamment de fragmentations (eacutenergie cineacutetique

des eacutelectrons de 17 eV pendant 10 ms)

114

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

000

025

050

075

100

125

7x10

Intens

870 872 874 876 878 880 882 884 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

6x10

870 872 874 876 878 880 882 884 mz

[M+12H]12+

[M+12H]12+

z324+

z324+

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

4

5x10

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

z10+

z10+

Fig III 9 Comparaison des spectres ECD drsquoaIF2α3 sans HDX (en bleu) et avec HDX t=1h

(en rouge) Agrandissements des reacutegions du spectre mz 869-884 (a) et mz 1080-1150 (b)

L‟analyse des spectres ECD montre donc une perte importante de sensibiliteacute apregraves eacutechange

HD essentiellement pour les hauts rapports mz La conseacutequence immeacutediate est une

diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence apregraves eacutechange HD ce qui n‟est pas

favorable pour obtenir une bonne reacutesolution Nous avons identifieacute au total 43 ions fragments

correspondant agrave 23 ions c et 20 ions z dont une paire d‟ions compleacutementaires Le pourcentage

de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 456 (Fig III 10)

(a)

(b)

115

Fig III 10 Couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 apregraves eacutechange HD suivi drsquoune fragmentation

par ECD

Lanalyse de la Fig III 10 montre clairement que si lanalyse des petits fragments

(extreacutemiteacutes N- et C-terminales) ne pose pas de problegraveme lanalyse dions fragments plus gros

correspondant agrave une rupture plutocirct au niveau du milieu de la seacutequence polypeptidique est

bien plus probleacutematique A la diffeacuterence de l‟APEX III en pieacutegeage dynamique il semble que

sur l‟APEX-Qe la capaciteacute de pieacutegeage du piegravege hexapolaire soit limitante et ne permette pas

d‟accumuler autant d‟ions dans la cellule Pour eacuteviter ce problegraveme il faudrait pouvoir

accumuler plus de temps pour faire sortir les pics peu intenses du bruit de fond (mais ce nest

pas possible avec notre systegraveme de seringue refroidie car leacutechange inverse devient trop grand

au bout de 10 minutes) Une autre solution agrave ce problegraveme aurait pu eacutegalement ecirctre une

augmentation du champ magneacutetique qui aurait permis d‟augmenter la gamme dynamique

ainsi que la vitesse de balayage

III2214 Analyse des donneacutees

L‟extraction des donneacutees est reacutealiseacutee agrave partir du logiciel Data Analysis (Bruker Daltonics)

L‟analyse des spectres de fragmentation MSMS est effectueacutee entiegraverement manuellement ce

qui la rend longue et fastidieuse

La premiegravere eacutetape de l‟analyse consiste agrave identifier les ions fragments c et z preacutesents dans

le spectre enregistreacute avant l‟eacutechange HD Une liste de pics est alors geacuteneacutereacutee Elle contient

tous les pics des massifs isotopiques correspondant aux ions fragments identifieacutes Cette liste

reacutepertorie le rapport mz et l‟intensiteacute de chaque pic A partir de celle-ci les masses moyennes

pondeacutereacutees des fragments n‟ayant pas incorporeacute de deuteacuteriums sont calculeacutees Il s‟agit ensuite

de proceacuteder de la mecircme maniegravere pour les fragments ayant incorporeacute des deuteacuteriums apregraves

eacutechange Pour la seacuteparation des massifs isotopiques eacutelargis et la deacutetermination de leur masse

moyenne pondeacutereacutee la preacutecision sur la mesure de masse et la reacutesolution de l‟instrument sont

deux critegraveres essentiels Afin de cartographier les eacutechanges isotopiques des hydrogegravenes

d‟amide le choix de spectromegravetres de masse agrave tregraves haute reacutesolution (FT-ICR et Orbitrap) est

116

justifieacute Enfin le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour chaque ion fragment peut ecirctre

deacutetermineacute Il est obtenu en faisant la diffeacuterence entre la masse moyenne pondeacutereacutee d‟un ion

fragment donneacute apregraves eacutechange isotopique avec celle obtenue sans eacutechange et en multipliant

par la charge Le taux de deuteacuteration correspondant est deacuteduit en divisant le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par le nombre d‟hydrogegravenes d‟amide eacutechangeables (multiplieacute par cent)

La repreacutesentation la plus directe des reacutesultats consiste agrave tracer le graphe du nombre total de

deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion fragment en fonction de sa position (numeacutero de reacutesidu)

dans la seacutequence Pour un temps d‟incubation de la proteacuteine dans D2O donneacute deux graphes

peuvent alors ecirctre reacutealiseacutes correspondant agrave l‟analyse des deux seacuteries d‟ions c et z (Fig III 11)

La ligne noire repreacutesente une redistribution statistique dans la seacutequence de tous les deuteacuteriums

incorporeacutes dans la proteacuteine Cette courbe theacuteorique correspond donc agrave l‟incorporation

moyenne en deuteacuteriums pour chaque ion fragment Elle tient compte du contenu maximal de

deuteacuteriums incorporeacutes par la proteacuteine Dans le cas que nous preacutesentons qui correspond agrave un

temps d‟incubation d‟une heure dans D2O la proteacuteine intacte eacutetait marqueacutee agrave 61 Chaque

point de la ligne noire correspond donc agrave une incorporation de 061 deuteacuterium par reacutesidu Les

deacutecrochements de la courbe sont dus agrave la preacutesence de proline dans la seacutequence de la proteacuteine

qui est le seul acide amineacute qui ne possegravede pas de groupement amide N-H de liaison Si notre

expeacuterience avait abouti agrave un reacutearrangement total des deuteacuteriums sur les hydrogegravenes d‟amide le

long de la chaicircne peptidique tous les points expeacuterimentaux en rose et en bleu se situeraient

sur la courbe noire Or ce n‟est pas le cas Par conseacutequence nous pouvons conclure que nous

n‟avons pas de redistribution aleacuteatoire totale des deuteacuteriums avant fragmentation par ECD

117

c-type fragments (N-terminus)

0

5

10

15

20

25

30

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Numeacutero de reacutesidu

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

0

5

10

15

20

25

30

35

40

0 10 20 30 40 50 60

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Fig III 11 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion

fragment en fonction de son numeacutero de reacutesidu pour les seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure

drsquoincubation dans D2O

Une autre maniegravere de repreacutesenter ces reacutesultats est de tracer le nombre de deuteacuteriums par

reacutesidu (et non plus le nombre cumuleacute de deuteacuteriums le long de la seacutequence) (Fig III 12) Ce

nombre est calculeacute en faisant la diffeacuterence du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour deux

ions fragments conseacutecutifs Par exemple si on considegravere l‟extreacutemiteacute N-terminale le nombre

de deuteacuteriums incorporeacutes par le reacutesidu numeacutero dix a eacuteteacute deacutetermineacute en faisant le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par le fragment c10 moins celui du fragment c9 Le taux de deuteacuteration

obtenu pour ce reacutesidu a eacuteteacute de 68 Lorsqu‟il manquait des ions fragments une moyenne

d‟incorporation des deuteacuteriums entre les deux reacutesidus les plus proches a alors eacuteteacute calculeacutee

Dans ce cas la diffeacuterence du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour les deux fragments

correspondants a donc eacuteteacute diviseacutee par le nombre de reacutesidus les seacuteparant Ainsi entre les

reacutesidus 33 et 44 le taux moyen de 70 a eacuteteacute calculeacute en faisant le nombre de deuteacuteriums

incorporeacutes dans c44 moins celui dans c33 diviseacute par 11

118

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Numeacutero de reacutesidu

Fig III 12 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour les

seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure drsquoincubation dans D2O

L‟ensemble des points se situe en dessous de un qui est la valeur maximale de deuteacuteration

attendue correspondant exactement agrave l‟incorporation d‟un deuteacuterium par hydrogegravene d‟amide

Plus le taux de deuteacuteration s‟eacuteloigne de la valeur de un plus la zone correspondante de la

proteacuteine est structureacutee Inversement plus le taux est proche de un moins la proteacuteine est

structureacutee Ces reacutesultats peuvent donc ecirctre exploiteacutes pour obtenir des informations structurales

sur la sous-uniteacute α3 du complexe d‟initiation de la traduction aIF2 chez Sulfolobus

solfataricus Ils ont eacuteteacute reporteacutes sur la structure primaire d‟aIF2α3 dans laquelle des eacuteleacutements

de structure connus (heacutelices feuillets et boucles) ont eacuteteacute indiqueacutes (Fig III 13) Les zones en

bleu caracteacuteriseacutees par une incorporation faible de deuteacuteriums indiquent une zone tregraves

structureacutee de la proteacuteine Le passage de bleu agrave rouge (avec des zones intermeacutediaires en vert

jaune ou orange) montre des segments de la proteacuteine de moins en moins structureacutes

119

Fig III 13 Repreacutesentation scheacutematique sur la structure primaire et secondaire drsquoaIF2α3 du

nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par reacutesidu Ce nombre a eacuteteacute calculeacute agrave partir des taux de

deuteacuteration drsquoions fragments conseacutecutifs ou proches pour les seacuteries c et z apregraves une heure

drsquoincubation de la proteacuteine dans D2O

Malgreacute la diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence apregraves eacutechange HD des

informations de structure sont deacuteduites sur une grande partie de la proteacuteine Une reacutesolution agrave

l‟acide amineacute pregraves est principalement obtenue au niveau des extreacutemiteacutes et dans des zones non

structureacutees de la proteacuteine Notons que la zone pour laquelle agrave la fois des ions c et z sont

obtenus preacutesente une parfaite correacutelation entre nos reacutesultats ce qui constitue une validation

suppleacutementaire de notre approche Neacuteanmoins nous n‟observons pas toujours une tregraves bonne

correacutelation entre les taux d‟incorporation des deuteacuteriums que nous avons calculeacutes et les

eacuteleacutements structuraux proposeacutes par la cristallographie et notamment en ce qui concerne la

zone [20-55] Cette zone qui comprend l‟heacutelice α1 le feuillet β2 et le deacutebut du feuillet β3

correspond agrave la partie de la proteacuteine qui interagit avec la sous-uniteacute γ lorsqu‟il y a formation

du complexe

Il est eacutegalement possible de suivre l‟incorporation de deuteacuteriums dans la proteacuteine entiegravere

ou au niveau des ions fragments au cours du temps en reacutealisant des cineacutetiques d‟eacutechange HD

En faisant varier le temps d‟incubation de la proteacuteine dans D2O il est alors possible

d‟obtenir diffeacuterents points de cineacutetique et donc de tracer une courbe de cineacutetique

d‟incorporation des deuteacuteriums (Fig III 14) Elle nous renseigne sur la vitesse

d‟incorporation des deuteacuteriums dans la proteacuteine et sur le taux de deuteacuteration maximal atteint

120

Dans le cas de la proteacuteine aIF2α3 la vitesse d‟eacutechange HD est tregraves rapide Un plateau est

atteint degraves trente minutes d‟incubation correspondant agrave un marquage maximal d‟environ 66

0

20

40

60

80

100

0 500 1000 1500

d

eu

teri

ation

Time (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

3710242568m1

0018179008279m2

3538122127m3

2287919802m4

NA15165Chisq

NA098423R

Temps (minutes)

Po

urc

enta

ge

de

deu

teacutera

tio

n

Fig III 14 Cineacutetique drsquoincorporation des deuteacuteriums pour la proteacuteine entiegravere

Les vitesses d‟eacutechange pour les diffeacuterents ions fragments peuvent eacutegalement ecirctre traceacutees

(Fig III 15) Une autre maniegravere simple (autre que celle discuteacutee dans III2214) de s‟assurer

qu‟il n‟y a pas eu un reacutearrangement aleacuteatoire total des deuteacuteriums le long de la chaicircne

peptidique est de veacuterifier que les pourcentages de deuteacuteration observeacutes pour les ions

fragments c et z de mecircme taille ne sont pas identiques En effet deux cineacutetiques d‟eacutechange

identiques pour des ions fragments c et z comportant le mecircme nombre d‟hydrogegravenes

eacutechangeables seraient la signature d‟une redistribution aleacuteatoire totale des deuteacuteriums ayant

eu lieu avant la formation de ces ions

0

10

20

30

40

50

60

0 500 1000 1500

c13

2+

d

euteacute

ratio

n

Temps (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

9193319575m1

0053075008066m2

9422930195m3

045244084732m4

NA12581Chisq

NA097786R

0

10

20

30

40

50

60

70

0 500 1000 1500

z13

2+

d

euteacute

ratio

n

Temps (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

1007264506m1

3463903455m2

11624-095451m3

095437m4

NA93538Chisq

NA099061R

Fig III 15 Cineacutetique drsquoincorporation des deuteacuteriums pour les ions fragments c13 et z13

dichargeacutes

121

Nous avons donc geacuteneacutereacute un important jeu de donneacutees par la reacutealisation d‟une cineacutetique

d‟eacutechange HD combineacutee agrave une fragmentation par ECD Nous avons montreacute que notre

approche permettait de limiter la redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums le long de la chaicircne

peptidique en phase gazeuse et d‟obtenir des informations de structure sur une grande partie

de la proteacuteine Neacuteanmoins la comparaison de nos reacutesultats de HDX avec les donneacutees obtenues

par cristallographie montre des diffeacuterences que l‟on peut peut-ecirctre expliquer par le fait que les

donneacutees de cristallographie sont issues du complexe (16) La proteacuteine adopterait une

conformation particuliegravere (en heacutelice et feuillets) lorsqu‟elle serait en interaction avec la sous-

uniteacute γ afin de stabiliser la formation du complexe tandis qu‟en absence de son partenaire

proteacuteique elle resterait deacutestructureacutee Une analyse du sous-complexe aIF2α3γ permettra de

confirmer cette hypothegravese

En conclusion nos reacutesultats sont encourageants mais ils doivent eacutegalement ecirctre ameacutelioreacutes

pour que nous puissions obtenir des cineacutetiques d‟eacutechange HD par acide amineacute pour une

grande partie de la proteacuteine qui nous permettraient de distinguer tregraves nettement des zones

structureacutees de segments deacutesordonneacutes

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ

III2221 Optimisation du protocole drsquoanalyse

La premiegravere eacutetape a consisteacute agrave optimiser les paramegravetres de source et la concentration de

l‟eacutechantillon proteacuteique afin d‟obtenir une bonne intensiteacute du signal sur l‟APEX-Qe Alors que

la proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute analyseacutee agrave la concentration de 57 microM une concentration de 74 microM

apregraves laquo quench raquo et deacutenaturation a eacuteteacute neacutecessaire agrave l‟obtention d‟un spectre de masse aussi

intense que celui qui avait eacuteteacute obtenu pour la proteacuteine seule De plus nous avons reacutegleacute

l‟instrument pour maximiser l‟observation de la sous-uniteacute α3 en particulier via les reacuteglages

du quadripocircle de l‟instrument car nous avions deacutejagrave un jeu de donneacutees sur cette proteacuteine Le

spectre de masse d‟aIF2α3 en complexe avec γ ainsi obtenu est donneacute dans la Fig III 16

122

aIF2a3g_ss_noHD_000003d +MS

0

1

2

3

4

7x10

Intens

200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz

[M+13H]13+

[M+12H]12+

[M+11H]11+

[M+10H]10+

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+7H]7+[M+14H]14+

mz

Intensx107

Fig III 16 Spectre MS drsquoaIF2α3 en complexe avec γ avant eacutechange HDX obtenu sur lrsquoAPEX-

Qe avec maximisation de lrsquointensiteacute de la sous-uniteacute α3

Dans une deuxiegraveme eacutetape les paramegravetres ECD ont eacuteteacute optimiseacutes pour obtenir la plus

grande couverture de seacutequence possible pour la sous-uniteacute α3 en complexe avec γ avant

l‟ajout de l‟eacutetape d‟eacutechange HD Le meilleur pourcentage de couverture de seacutequence obtenu

a eacuteteacute d‟environ 40 avec les paramegravetres suivants une cathode agrave 18 A et une irradiation par

des eacutelectrons de 1 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 35 ms Le spectre ECD correspondant est

donneacute dans la Fig III 17

aIF2a3g_ss_noHD_000005d +MS

0

1

2

3

6x10

Intens

200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 mzmz

Intensx106

Fig III 17 Spectre ECD drsquoaIF2α3 en complexe avec γ avant eacutechange HD enregistreacute sur

lrsquoAPEX-Qe

123

Finalement le complexe a eacuteteacute analyseacute par HDXECD Le protocole de marquage du

complexe aIF2α3γ est identique agrave celui utiliseacute pour la proteacuteine α3 seule Le principe est

rappeleacute dans la Fig III 18 La fragmentation ECD est reacutealiseacutee sur la sous-uniteacute α3 apregraves

diffeacuterents temps d‟incubation du complexe α3γ dans D2O

Fig III 18 Scheacutema de notre protocole optimiseacute pour lrsquoeacutetude de la sous-uniteacute alpha3 en

complexe avec gamma (aIF2α3γ) en HDXMS par analyse laquo top-down raquo ECD

III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD

L‟incorporation des deuteacuteriums dans la proteacuteine aIF2α3 en complexe avec γ a eacuteteacute suivie au

cours du temps et compareacutee agrave celle qui avait eacuteteacute obtenue pour la sous-uniteacute α3 seule (Fig III

19) Les deux courbes de cineacutetique d‟eacutechange HD preacutesentent la mecircme allure Neacuteanmoins

une diffeacuterence notable au niveau du taux maximal de deuteacuteration a eacuteteacute mise en eacutevidence

apregraves association de la proteacuteine En effet lorsque la proteacuteine a eacuteteacute complexeacutee la valeur

maximale atteinte a diminueacute d‟environ 20 passant de 66 (pour la proteacuteine seule) agrave 48

(pour la proteacuteine en complexe) Ce reacutesultat est encourageant dans la mesure ougrave l‟on attend une

baisse de la deuteacuteration pour α3 apregraves son association avec γ En effet une diminution des

vitesses d‟eacutechange HD est attendue dans la zone d‟interaction des deux sous-uniteacutes

124

0

20

40

60

80

100

0 500 1000 1500

Sous uniteacute alpha3 seulSous uniteacute alpha3 en complexe

d

eu

teriatio

n

Time (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

3710242568m1

0018179008279m2

3538122127m3

2287919802m4

NA15165Chisq

NA098423R

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

5657830388m1

00240560048802m2

5050216726m3

5630328684m4

NA43553Chisq

NA091987R

Temps (minutes)

Pourc

enta

ge

de

deu

teacutera

tion

Fig III 19 Cineacutetiques drsquoincorporation des deuteacuteriums pour la sous-uniteacute alpha3 seule

(aIF2α3 courbe en noir) et en complexe avec gamma (aIF2α3γ courbe en rouge)

Nous nous sommes ensuite inteacuteresseacutes aux diffeacuterences locales d‟incorporation des

deuteacuteriums pour la proteacuteine en complexe que nous avons compareacutees agrave celles qui avaient eacuteteacute

obtenues pour la proteacuteine seule (Fig III 12) afin de deacuteterminer la surface d‟interaction Pour

cela nous avons repreacutesenteacute comme nous l‟avions fait pour la proteacuteine seule (III2214) le

nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par fragments en fonction du numeacutero de reacutesidu

correspondant ainsi que le nombre de deuteacuteriums par acide amineacute calculeacute agrave partir des ions des

deux seacuteries c et z Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans les Fig III 20 et Fig III 21

Ainsi nous avons pu constater que nous n‟avions toujours pas de redistribution aleacuteatoire

totale des deuteacuteriums avant fragmentation par ECD car l‟incorporation des deuteacuteriums le long

de la seacutequence ne suit pas la moyenne statistique (Fig III 20)

0

2

4

6

8

10

12

14

0 5 10 15 20 25 30 35

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Numeacutero du reacutesidu

Ions fragments c

Fig III 20 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion c issu

de la fragmentation ECD drsquoaIF2α3 en fonction de son numeacutero de reacutesidu apregraves une heure

drsquoincubation du complexe aIF2α3γ dans D2O

125

De plus en comparant le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour α3 seule

et α3 en complexe avec γ on a pu mettre en eacutevidence des zones de la proteacuteine qui

eacutechangeaient moins rapidement (flegraveches descendantes Fig III 21) dans le cas de

l‟association des sous-uniteacutes Les graphes montrent eacutegalement des segments peptidiques qui

ont un taux d‟eacutechange plus important (flegraveches ascendantes) ou similaire (signes eacutegal) dans la

proteacuteine en complexe par rapport agrave la proteacuteine seule

Nous avons ensuite repreacutesenteacute les diffeacuterences de deuteacuteration obtenues par reacutesidu ou

segment peptidique entre la proteacuteine α3 seule et en complexe avec γ (deacutetermineacutees agrave partir de

Fig III 21) sur la structure tridimensionnelle de la proteacuteine (Fig III 22) afin d‟eacutemettre des

hypothegraveses quant agrave la maniegravere dont les sous-uniteacutes se lient entre elles Les reacutesultats montrent

que l‟ensemble de la proteacuteine semble voir la vitesse d‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide

modifieacutee dans le complexe et qu‟il n‟est pas possible de localiser preacuteciseacutement de surface

d‟interaction On notera en particulier que la reacuteduction de vitesse d‟eacutechange aurait pu donner

la zone de contact par une baisse d‟accessibiliteacute mais que la reacuteduction de la vitesse d‟eacutechange

peut aussi ecirctre lieacutee agrave des changements conformationnels ou agrave des variations de la dynamique

de la sous-uniteacute α3 en complexe avec γ

126

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mbre

de

deu

teacuteri

um

s

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

Fig III 21 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour les

seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure drsquoincubation dans D2O Les reacutesultats obtenus pour la

sous-uniteacute alpha3 seule (aIF2α3 points en noir) sont compareacutes agrave ceux de la sous-uniteacute

alpha3 en complexe avec gamma (aIF2α3γ points en rouge)

Sous-uniteacute 3

N-ter

Heacutelice 2

C-ter

Heacutelice 1

D

Sous-uniteacute

Sous-uniteacute

Fig III 22 Structure tridimensionnelle du complexe aIF2αβγ de S solfataricus obtenu par

cristallographie (16) Zoom sur la sous-uniteacute α3 sur laquelle ont eacuteteacute reporteacutees les diffeacuterences

de deuteacuteration entre la proteacuteine seule et en complexe

127

Nous avons ensuite voulu comparer l‟ETD agrave l‟ECD en termes de sensibiliteacute rapiditeacute et

efficaciteacute de fragmentation avec pour objectif de gagner en reacutesolution spatiale Pour cela nous

avons fragmenteacute en ETD la proteacuteine aIF2α3 et compareacute ces reacutesultats agrave ceux obtenus

auparavant en ECD

III23 Fragmentation par ETD

III231 Spectre de masse

Comme indiqueacute preacuteceacutedemment ces expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse ont eacuteteacute

reacutealiseacutees sur un instrument de type Orbitrap (Fig III 23) Le spectre de masse d‟aIF2α3 a eacuteteacute

obtenu apregraves infusion directe via le systegraveme de seringue refroidie de la proteacuteine agrave la

concentration de 57 microM et apregraves son ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

Fig III 23 Spectre MS drsquoaIF2α3 obtenu sur un spectromegravetre de masse LTQ Orbitrap Velos

apregraves ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes

128

III232 Reacutesultats obtenus en ETD

Nous avons observeacute le mecircme pheacutenomegravene en ETD qu‟en ECD la couverture de seacutequence

obtenue apregraves seacutelection d‟un eacutetat de charge particulier est moins bonne que celle obtenue sans

seacutelection Le problegraveme est que si on peut travailler sans seacutelection sur le FT-ICR ce nest pas

le cas pour lOrbitrap Nous avons eacutegalement constateacute que comme en ECD le nombre d‟ions

fragments deacutetecteacute eacutetait lieacute agrave l‟eacutetat de charge seacutelectionneacute de la proteacuteine mecircme si une meilleure

couverture de seacutequence est obtenue sans seacutelection Il est classiquement observeacute que plus l‟eacutetat

de charge seacutelectionneacute est important meilleure est la fragmentation En ETD comme en ECD

nous avons observeacute que la fragmentation eacutetait meilleure lorsqu‟un eacutetat de charge pair eacutetait

seacutelectionneacute et qu‟elle eacutetait toujours moins bonne pour les eacutetats de charge impairs Nous avons

donc deacutecideacute de fragmenter en ETD deux eacutetats de charge pairs de la proteacuteine correspondant agrave

l‟eacutetat de charge pair le plus eacuteleveacute et agrave celui le plus intense Dans notre cas les eacutetats de charge

14+ et 12+ ont eacuteteacute seacutelectionneacutes (Fig III 23) pour ecirctre ensuite fragmenteacutes (Fig III 24)

L‟eacutetude des reacutesultats de fragmentation de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 12+ a permis

l‟identification de 51 ions fragments correspondant agrave 29 ions c et 22 ions z dont deux paires

d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de

533 (Fig III 24 (a)) L‟analyse du spectre ETD de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 14+ a

quant agrave elle reacuteveacuteleacute la preacutesence de 61 ions fragments correspondant agrave 31 ions c et 30 ions z

dont aucune paire d‟ions compleacutementaires Une meilleure couverture de seacutequence avec un

pourcentage de 663 a ainsi eacuteteacute obtenue (Fig III 24 (b)) Afin d‟optimiser le pourcentage

de couverture de seacutequence de la proteacuteine trois temps d‟activation (10 15 et 25 ms) d‟une

minute chacun ont eacuteteacute testeacutes conseacutecutivement Il est apparu que la combinaison de tous les

scans enregistreacutes pendant ces trois minutes de fragmentation ETD a permis d‟obtenir le

meilleur reacutesultat de recouvrement de seacutequence L‟option laquo supplemental activation raquo a eacuteteacute

utiliseacutee Sur la base de ces reacutesultats nous avons donc choisi de fragmenter l‟eacutetat de charge

14+ apregraves eacutechange avec ces trois temps d‟activation

129

1102001-01_3_110105164919 300-536 RT 349-648 AV 237 NL 254E4T FTMS + p ESI sa Full ms2 86974etd1000 [23000-200000]

300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700

mz

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Re

lative

Ab

un

da

nce

1102001-01_3_110105164919 64-296 RT 048-344 AV 233 NL 257E4T FTMS + p ESI sa Full ms2 74564etd1000 [23000-200000]

300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700

mz

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Re

lative

Ab

un

da

nce

Fig III 24 Spectre ETD de la sous-uniteacute aIF2α3 seule sans eacutechange HD avec seacutelection de

lrsquoeacutetat de charge 12+ (a) et 14+ (b) et leur couverture de seacutequence associeacutee

III233 Reacutesultats en HDXETD

L‟eacutetape suivante a consisteacute agrave combiner les eacutechanges HD et la fragmentation par ETD De

la mecircme maniegravere qu‟en ECD nous avons proceacutedeacute au marquage d‟aIF2α3 pendant un temps

d‟incubation dans D2O d‟une heure

L‟analyse du spectre ETD de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 14+ reacutevegravele eacutegalement apregraves

eacutechange HD une diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence agrave 533 (Fig III

25) au lieu de 663 Nous avons identifieacute au total 49 ions fragments correspondant agrave 25 ions

c et 24 ions z dont aucune paire d‟ions compleacutementaires

(a)

(b)

130

Fig III 25 Couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 apregraves eacutechange HD suivi drsquoune fragmentation

par ETD de lrsquoeacutetat de charge 14+

Le nombre de fragments identifieacutes dans les spectres ETD est leacutegegraverement plus important

que celui obtenu par ECD En revanche apregraves eacutechange HD en ETD comme en ECD une

importante perte de sensibiliteacute est observeacutee reacuteduisant consideacuterablement le pourcentage de

couverture de seacutequence (Fig III 26) Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment pour l‟ECD

une des ameacuteliorations agrave ce problegraveme serait d‟augmenter la dureacutee d‟analyse pour pouvoir

accumuler (ou combiner en ETD) un plus grand nombre de scans MSMS afin de faire sortir

les petits pics du bruit de fond Lagrave ougrave en ECD nous avions utiliseacute la totaliteacute des dix minutes

d‟analyse autoriseacutees avec le systegraveme de seringue refroidie avant que le laquo back-exchange raquo

devienne un problegraveme majeur en ETD en revanche seulement trois minutes de

fragmentation ont eacuteteacute reacutealiseacutees Ces expeacuteriences HDX eacutetant preacuteliminaires il conviendra par la

suite de profiter des dix minutes que nous disposons avec le systegraveme de seringue refroidie

pour reacutealiser la fragmentation ETD

Neacuteanmoins ces reacutesultats nous ont paru encourageants pour lutilisation de lETD plutocirct que

lECD pour ces approches laquo top-down raquo HDX car lETD est disponible sur un nombre de

spectromegravetres de masse bien plus important que lECD qui reste speacutecifique des FT-ICR

131

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

4

5x10

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

z10+

z10+

1102001-02_110111172633 11012011 172634ion transfer tube closed

1102001-02_110111172633 233-453 RT 180-470 AV 221 NL 220E3T FTMS + p ESI sa Full ms2 74973etd1000 [25000-200000]

1080 1085 1090 1095 1100 1105 1110 1115 1120 1125 1130 1135 1140 1145

mz

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

75

80

85

90

95

100

Rela

tive

Abun

danc

e

11206548

11186450

11226640

11046457

1093632811446618

1132659511096422

1137659710876289

11406533

10849925

11256479

1128648611026351

11111505

10896333

11166401

10986460

10951423

Fig III 26 Comparaison des spectres ECD (en rouge) et ETD (en noir) drsquoaIF2α3 apregraves une

heure drsquoincubation de la proteacuteine dans D2O Agrandissements des reacutegions du spectre mz

1080-1150 En bleu le spectre ECD de la proteacuteine sans eacutechange HD

III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats drsquoECD

L‟extraction des donneacutees est reacutealiseacutee agrave partir du logiciel Xcalibur (Thermo Scientific) La

fenecirctre du logiciel peut ecirctre diviseacutee en trois parties correspondant au chromatogramme au

spectre de masse et agrave la liste de pics associeacutes (Fig III 27) Le spectre ETD de l‟ion preacutecurseur

d‟eacutetat de charge 14+ agrave eacuteteacute geacuteneacutereacute agrave partir du chromatogramme Comme nous l‟avons vu

preacuteceacutedemment (III232) il reacutesulte de la combinaison des reacutesultats obtenus pour trois temps

d‟activation (10 15 et 25 ms) et correspond agrave une dureacutee d‟analyse d‟environ trois minutes

Les reacutesultats ETD peuvent eacutegalement ecirctre preacutesenteacutes sous forme d‟une liste de pics associant

chaque rapport mz d‟un ion agrave son abondance relative dans le spectre

132

[M+14H]14+

Fragmentation ETD (10 15 et 25 ms)

1 min temps d‟activation

RT ~3 min

Chromatogramme

Spectre ETDListe

des pics

Fig III 27 Preacutesentation de la fenecirctre du logiciel Xcalibur pour le traitement des spectres

ETD

Les reacutesultats ETD sont analyseacutes de la mecircme maniegravere qu‟en ECD Les ions fragments sont

identifieacutes dans les spectres sans eacutechange et apregraves eacutechange Leur masse moyenne pondeacutereacutee est

ensuite deacutetermineacutee dans les deux conditions (sans eacutechange et apregraves eacutechange) Le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion fragment est calculeacute en faisant la diffeacuterence de ses deux

masses moyennes pondeacutereacutees et en multipliant le reacutesultat par sa charge Le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par reacutesidu est finalement deacuteduit par soustraction du nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par deux ions fragments conseacutecutifs Dans le cas ougrave les ions fragments

ne sont pas conseacutecutifs cette diffeacuterence de deuteacuteriums incorporeacutes est moyenneacutee sur

l‟ensemble des acides amineacutes les seacuteparant Les reacutesultats ETD ont eacuteteacute compareacutes agrave ceux qui

avaient eacuteteacute obtenus par ECD (Fig III 28)

133

0

02

04

06

08

1

12

14

0 10 20 30 40 50Numeacutero de reacutesidu

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

0

02

04

06

08

1

12

14

0 10 20 30 40 50Numeacutero de reacutesidu

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Fig III 28 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute apregraves une

heure drsquoincubation dans D2O Les reacutesultats obtenus en ETD (points en vert) sont compareacutes agrave

ceux obtenus en ECD (points en rose et en bleu respectivement pour les seacuteries drsquoions c et z)

Le taux de deuteacuteration de la proteacuteine entiegravere est de 66 en ECD contre 60 en ETD

Le premier constat agrave l‟issue de l‟analyse des reacutesultats ETD a eacuteteacute l‟obtention de nombres de

deuteacuteriums incorporeacutes supeacuterieurs agrave la valeur maximale attendue (gt 1) pour quelques reacutesidus

Deux hypothegraveses peuvent expliquer ce reacutesultat La premiegravere consiste agrave penser que le lavage

des chaicircnes lateacuterales n‟a pas eacuteteacute total Autrement dit il resterait des deuteacuteriums au niveau des

chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes qui n‟auraient pas eacuteteacute reacute-eacutechangeacutes avant l‟analyse

Cependant nous avons utiliseacute le mecircme protocole de marquage et le mecircme systegraveme

d‟introduction des eacutechantillons pour l‟analyse des eacutechanges isotopiques par ETD par rapport agrave

celle qui avait eacuteteacute reacutealiseacutee en ECD Or de telles valeurs n‟ont pas eacuteteacute obtenues en ECD

Notons ici que dans le cas de l‟analyse des ions z les zones pour lesquelles on obtient des

valeurs anormales en ETD correspondent agrave des reacutegions de la proteacuteine pour lesquelles tregraves peu

134

d‟informations en ECD avaient eacuteteacute extraites (incorporation moyenne de deuteacuteriums sur une

dizaine d‟acides amineacutes) La seconde hypothegravese repose sur le fait qu‟en ETD certains ions

fragments suivis apregraves eacutechange HD n‟auraient pas eacuteteacute correctement attribueacutes Des

expeacuteriences de MSMS sur ces ions fragments (expeacuteriences de MS3) permettraient de

confirmer ou d‟infirmer cette hypothegravese Des essais ont eacuteteacute reacutealiseacutes mais n‟ont

malheureusement pas eacuteteacute concluants La faible intensiteacute des fragments obtenus par MS3 ne

nous a pas permis d‟identifier les ions fragments issus de la MSMS Un problegraveme de fuite au

niveau du montage de seringue refroidie en a eacuteteacute probablement la cause Nous n‟avons pas eu

le temps de reproduire les expeacuteriences

Neacuteanmoins on obtient une relativement bonne correacutelation pour les ions fragments c si on

compare les reacutesultats ETD agrave ceux obtenus en ETD tandis que des diffeacuterences notoires

d‟incorporation des deuteacuteriums par reacutesidu pour les ions fragments z sont observeacutees Les

graphes ne se superposent pas agrave l‟exception de petites zones qui s‟alignent entre elles

III235 Conclusion

Contrairement aux analyses reacutealiseacutees en ECD les expeacuteriences ETD requiegraverent la seacutelection

preacutealable d‟un eacutetat de charge Malgreacute cette contrainte une couverture de seacutequence

leacutegegraverement meilleure a eacuteteacute obtenue en ETD (sans eacutechange et apregraves eacutechange HD) Elle a eacuteteacute

deacuteduite de la combinaison de spectres enregistreacutes pour trois temps d‟activation diffeacuterents (10

15 et 25 ms) correspondant agrave trois minutes de fragmentation au total Les spectres ECD

reacutesultent quant agrave eux de l‟accumulation de scans correspondant agrave la dissociation de la

proteacuteine par un faisceau d‟eacutelectrons d‟eacutenergie cineacutetique et de temps d‟irradiation fixeacutes

pendant dix minutes d‟analyse

Nous avons ensuite deacutecideacute de comparer la fragmentation CID sur des ions preacutecurseurs de

haut eacutetat de charge afin de limiter le laquo scrambling raquo (10) vs les meacutethodes d‟activation par les

eacutelectrons (ECD et ETD)

135

III24 Fragmentation par CID

III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3

III2411 Spectres de masse

La proteacuteine aIF2α3 a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacutee par une approche HDX laquo top-down raquo CID La

premiegravere eacutetape a consisteacute agrave reacutealiser les spectres de masse sans eacutechange et apregraves eacutechange HD

gracircce agrave un instrument de type Q-ToF La proteacuteine deuteacutereacutee a eacuteteacute injecteacutee dans le spectromegravetre

de masse par le systegraveme de seringue refroidie puis ioniseacutee par eacutelectrospray dans des

conditions deacutenaturantes La faible reacutesolution de l‟instrument (Fig III 29) nous a ensuite

obligeacutes agrave veacuterifier les fenecirctres d‟isolation avant la fragmentation par CID Finalement les

eacutenergies de collision ont eacuteteacute optimiseacutees pour chaque eacutetat de charge

Sans eacutechange HD

Apregraves eacutechange HD

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+12H]12+

[M+11H]11+

[M+10H]10+

[M+9H]9+

Fig III 29 Spectres MS drsquoaIF2α3 obtenus sans eacutechange (courbe rouge) et apregraves eacutechange

HD pendant une heure (courbe verte) agrave lrsquoaide drsquoun spectromegravetre de masse Q-ToF Premier

Un agrandissement de lrsquoion preacutecurseur drsquoeacutetat de charge 13+ a eacuteteacute ajouteacute

136

III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID

L‟analyse des spectres CID des ions preacutecurseurs d‟eacutetat de charge 10+ agrave 16+ de la proteacuteine

aIF2α3 dans H2O a permis l‟identification d‟un total de 54 ions fragments correspondant agrave 23

ions b et 31 ions y dont deux paires d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de couverture de

seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 565 (Fig III 30 (a)) Il regroupe l‟ensemble de tous les ions

fragments identifieacutes dans les spectres correspondant agrave la dissociation des diffeacuterents eacutetats de

charge Apregraves incubation de la proteacuteine dans D2O pendant une heure et fragmentation par

CID seulement 20 ions fragments au total ont pu ecirctre suivis correspondant agrave 14 ions b et 6

ions y dont aucune paire d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de la couverture de

seacutequence a ainsi eacuteteacute reacuteduit agrave 217 apregraves eacutechange HD (Fig III 30 (b))

b ions y ions Fig III 30 Pourcentages de couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 sans eacutechange (a) et apregraves

eacutechange HD (b) obtenus par fragmentation CID des ions preacutecurseurs drsquoeacutetat de charge 10+ agrave

16+

La Fig III 31 illustre la complexiteacute du traitement des donneacutees en CID De la mecircme

maniegravere qu‟en ECD ou en ETD l‟analyse a consisteacute agrave deacuteterminer des masses moyennes

pondeacutereacutees d‟ions fragments La reacutesolution relativement faible de l‟instrument ainsi que la

faible abondance de certains ions fragments ont contribueacute agrave la diminution du nombre de

fragments pouvant ecirctre suivis apregraves eacutechange HD Ainsi le fragment b375+

a pu ecirctre interpreacuteteacute

dans les spectres de fragmentation par CID des ions preacutecurseurs 12+ agrave 16+ mais pas dans

ceux des eacutetats de charge 10+ et 11+ (Fig III 31) D‟autres (eg y2+ y3

+ y4

+ hellip) n‟ont pu ecirctre

suivis dans aucun des spectres (Fig III 30)

(a)

(b)

137

b375+[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+16H]16+

[M+11H]11+

[M+13H]13+

Fig III 31 Spectres CID des ions preacutecurseurs drsquoeacutetat de charge 10+ agrave 16+ Agrandissement

(a) de la reacutegion mz 832-852 permettant de suivre le massif isotopique de lrsquoion fragment b375+

dans les diffeacuterents eacutetats de charge et (b) du massif isotopique lui-mecircme dans les eacutetats de

charge 11+ et 13+ pour montrer la complexiteacute de lrsquoanalyse

Nous avons ensuite calculeacute le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par les fragments qu‟il

nous eacutetait possible de suivre apregraves eacutechange HD dans les spectres CID des diffeacuterents eacutetats de

charge Nous avons reporteacute ces valeurs en fonction du numeacutero de reacutesidu dans la seacutequence

(Fig III 32) Rappelons que la ligne noire repreacutesente une redistribution statistique dans la

seacutequence de tous les deuteacuteriums incorporeacutes dans la proteacuteine Il s‟agit donc dune courbe

theacuteorique Elle donne le nombre moyen de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque fragment

calculeacute agrave partir du contenu maximal en deuteacuteriums de la proteacuteine Dans le cas que nous

preacutesentons qui correspond agrave un temps d‟incubation d‟une heure dans D2O la proteacuteine intacte

(a)

(b)

138

eacutetait marqueacutee agrave 57 Chaque point de la ligne noire correspond donc agrave une incorporation de

057 deuteacuterium par reacutesidu

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Courbe theacuteorique

11+

12+

13+

14+

15+

16+

Numeacutero du reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Ions fragments b ( Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

11+

13+15+14+

11+

14+15+

13+

12+

Fig III 32 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion

fragment b issus de la dissociation de lrsquoion preacutecurseur dans les eacutetats de charge 11+ agrave 16+ en

fonction de son numeacutero de reacutesidu La proteacuteine a eacuteteacute incubeacutee pendant une heure dans D2O

avant analyse

A la vue de ces reacutesultats on note que tous les points expeacuterimentaux ne sont pas aligneacutes sur

la courbe theacuteorique Par conseacutequent nous pouvons conclure de ce premier constat que nos

expeacuteriences HDXCID ne semblent pas aboutir agrave un reacutearrangement aleacuteatoire total des

deuteacuteriums le long de la chaicircne peptidique On remarque eacutegalement que les points

correspondant agrave la fragmentation du plus petit eacutetat de charge le 11+ (points en rouge sur la

Fig III 32) sont effectivement les plus proches de la redistribution totale des deuteacuteriums

Ainsi il semble reacuteellement y avoir un rapport entre le taux de redistribution HD et leacutetat de

charge du preacutecurseur Neacuteanmoins il est curieux dobserver que cest lion chargeacute 13+ qui

conduit aux ions fragments les plus eacuteloigneacutes de cette redistribution totale

Nous avons ici voulu reproduire les expeacuteriences HDXCID meneacutees tregraves reacutecemment par

l‟eacutequipe d‟I Kaltashov (10) sur notre systegraveme d‟eacutetude Ils ont montreacute qu‟il eacutetait possible

d‟analyser les eacutechanges isotopiques HD au sein des proteacuteines par une approche laquo top-down raquo

associeacutee agrave une activation collisionnelle (CID) En effet la seacutelection et la dissociation d‟ions

139

proteacuteiques de hauts eacutetats de charge limiteraient le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Or dans son

article I Kaltashov n‟a consideacutereacute qu‟un seul fragment le b19 pour en arriver agrave cette

conclusion Il ne s‟est donc inteacuteresseacute qu‟aux reacutesultats contenus sur une verticale du graphe

Dans notre cas si on se place au niveau des deux verticales que nous avons traceacutees sur la Fig

III 32 nos reacutesultats sont coheacuterents avec ceux de l‟article En revanche la discrimination nette

entre les grands et les petits eacutetats de charge n‟est pas toujours eacutevidente et parfois les reacutesultats

contredisent ceux obtenus par I Kaltashov

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines

Pour rendre l‟eacutetude du pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo plus facile agrave mettre en eacutevidence

l‟article de I Kaltashov (10) se basait sur l‟utilisation d‟une eacutetiquette poly-histidines placeacutee agrave

l‟extreacutemiteacute soit N- soit C-terminale de la proteacuteine qu‟ils ont eacutetudieacutee L‟inteacuterecirct eacutetait que ces

segments sont connus comme eacutetant non structureacutes et qu‟on peut par conseacutequent preacutedire que la

vitesse d‟eacutechange y sera maximale par rapport agrave la partie structureacutee de la proteacuteine Dans le

cadre de leurs expeacuteriences la proteacuteine est initialement totalement marqueacutee par des deuteacuteriums

par dissolution dans du D2O et l‟incubation se fait en conditions natives apregraves dilution dans un

tampon H2O 10 mM aceacutetate d‟ammonium De ce fait on attend une perte rapide de la

deuteacuteration sur l‟extreacutemiteacute poly-histidines des proteacuteines Ils observent ainsi (Fig III 33) que

l‟activation par CID conduit agrave un laquo scrambling raquo important pour les eacutetats de charge faibles (9+

agrave 11+) alors qu‟il est nettement reacuteduit pour les eacutetats de charge 14+ agrave 20+

Nous avons souhaiteacute construire un systegraveme eacutequivalent pour notre proteacuteine aIF2α3 afin de

voir si nous aussi en CID pouvions mettre en eacutevidence la preacutesence de laquo scrambling raquo ou non

Pour cela nous avons construit un mutant de la proteacuteine aIF2α3 et l‟avons exprimeacute en

collaboration avec le Laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole Polytechnique La seacutequence de ce

mutant est donneacutee sur la Fig III 34

140

22 D

11 D

Avec Redistribution des D

Sans redistribution des D

Segment non structureacute de 21 acides amineacutes

Fig III 33 Nombre moyen de deuteacuteriums pour le fragment b19 en fonction de lrsquoeacutetat de charge

de lrsquoion preacutecurseur Les lignes horizontales en gris indiquent le nombre moyen de deuteacuteriums

calculeacute dans le cas drsquoune redistribution aleacuteatoire totale des hydrogegravenes et deuteacuteriums labiles

au sein de lrsquoion preacutecurseur avant la dissociation (en haut) et dans le cas de lrsquoabsence de

pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo (en bas)

Fig III 34 Seacutequence drsquoaIF2α3 comportant lrsquoeacutetiquette poly-histidines (acides amineacutes en vert)

En rose les fragments eacutetudieacutes par HDXCID

Notons degraves maintenant qu‟il nous eacutetait impossible de reproduire exactement l‟expeacuterience

d‟I Kaltashov avec notre proteacuteine en effet elle est instable dans des conditions non-salines

et ne peut ecirctre lyophiliseacutee Par conseacutequent il sera neacutecessaire de proceacuteder par un double

eacutechange tel que fait jusqu‟agrave preacutesent ie commencer par diluer la proteacuteine dans une solution

D2O NaCl 330 mM puis arrecircter l‟eacutechange par une dilution frac12 dans une solution H2O acide

formique 2 avant de proceacuteder au dessalage sur colonne De ce fait on ne profite plus de

l‟aspect deacutestructureacute de la chaicircne poly-histidines (qui sera rapidement deuteacutereacutee dans l‟eacutetape

d‟eacutechange) mais de la grande vitesse de reacute-eacutechange de la chaicircne poly-histidines une fois celle-

ci placeacutee en condition d‟arrecirct tel qu‟observeacute sur les peptides de T Joslashrgensen au Chap II On

peut consideacuterer que l‟eacutechange inverse (laquo back-exchange raquo) sera de la mecircme faccedilon que pour le

141

peptide P1 (HHHHHHIIKIIK) nettement plus rapide sur la partie poly-histidines que sur le

reste de la seacutequence proteacuteique

Nous avons ensuite eacutetudieacute par HDXCID les fragments b2-10 correspondant aux fragments

situeacutes dans l‟eacutetiquette poly-histidines (en vert sur Fig III 34) ainsi que les fragments

communs avec ceux de la proteacuteine sans poly-histidines soit les fragments b21-22 et b28

correspondant aux fragments b9-10 et b16 de la proteacuteine sans eacutetiquette poly-histidines Les

reacutesultats obtenus sont preacutesenteacutes dans la Fig III 35 Ils sont compareacutes agrave ceux de la Fig III 32

0

2

4

6

8

10

12

14

16

0 5 10 15 20 25 30

Courbe theacuteorique

17+

16+

15+

14+

13+17+

14+

16+15+

17+

14+

16+

15+

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Numeacutero du reacutesidu

Fig III 35 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums contenus dans les ions b issus de la

fragmentation de lrsquoion preacutecurseur dans les eacutetats de charge 13+ agrave 17+ en fonction de leur

position dans la seacutequence (numeacutero de reacutesidu) La proteacuteine laquo taggeacutee raquo a eacuteteacute incubeacutee pendant

une heure dans D2O Son analyse en MS reacutevegravele un pourcentage de deuteacuteration de 57

On constate tout d‟abord que les fragments b2 agrave b10 preacutesentent un taux de deuteacuteration

largement infeacuterieur (jusqu‟agrave 2 D d‟eacutecart pour b10) agrave la courbe de laquo scrambling raquo complet Ceci

montre deux choses Le premier reacutesultat est que le laquo scrambling raquo est tregraves loin d‟ecirctre total sur

cette reacutegion Par conseacutequent mecircme en cas de laquo scrambling raquo partiel ce reacutesultat ne peut ecirctre

obtenu que si la deuteacuteration locale est tregraves infeacuterieure agrave la moyenne sur lensemble de la

proteacuteine On peut donc en deacuteduire ce second reacutesultat comme nous lavions espeacutereacute un laquo back-

exchange raquo rapide des hydrogegravenes damide des histidines a bien eu lieu On ne peut pas par

contre savoir si ce laquo back-exchange raquo a eacuteteacute total ou pas On note par ailleurs que dans cette

142

partie de la proteacuteine l‟eacutetat de charge ne semble pas jouer un rocircle important sur la deuteacuteration

nettement moins en tout cas que les effets observeacutes pour la proteacuteine sans eacutetiquette

Si on s‟inteacuteresse maintenant aux fragments b21-22 et b28 on constate une dispersion des

niveaux de deuteacuteration nettement reacuteduite par rapport agrave celle de la proteacuteine non-marqueacutee et en

tout cas sans aucune rupture brutale similaire agrave celle preacutesenteacutee dans l‟article d‟I Kaltashov Il

est par contre difficile de comparer un agrave un les niveaux de deuteacuteration car on ne connaicirct pas a

priori le niveau de deuteacuteration restant sur la partie poly-histidines Toutefois on notera

qu‟entre les fragments b22 et b28 de la proteacuteine portant un His-tag on a 35 D de diffeacuterence On

retrouve une diffeacuterence similaire entre les fragments b10 et b16 de la proteacuteine portant un His-

tag

Pour compleacuteter ce travail il nous manque un eacuteleacutement qui est la veacuterification du taux reacuteel de

deuteacuteration sur la partie poly-histidines Ce travail reste agrave faire avec un suivi par ECD en

faisant l‟hypothegravese d‟une absence de laquo scrambling raquo dans ce cas

Mais au final une tendance nette semble neacuteanmoins se deacutegager dans une approche laquo top-

down raquo l‟activation par CID ne conduit pas neacutecessairement agrave un laquo scrambling raquo total des

deuteacuteriums d‟amide au moins dans certaines conditions L‟article d‟I Kaltashov semble avoir

identifieacute l‟eacutetat de charge comme eacutetant un facteur Dans notre cas l‟eacutetat de charge ne semble

pas jouer un rocircle aussi marqueacute Mais il faut noter d‟une part que l‟article d‟I Kaltashov

comme notre approche avec le His-tag n‟ont regardeacute le laquo scrambling raquo qu‟au niveau des

extreacutemiteacutes de la proteacuteine et d‟autre part que dans les deux cas un laquo scrambling raquo partiel

semble observeacute puisqu‟il reste une fraction de deuteacuteriums au niveau de l‟extreacutemiteacute

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en

eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse

Les expeacuteriences sont difficilement reproductibles par une mecircme technique ce qui

complique la comparaison entre les diffeacuterentes meacutethodes Plusieurs raisons permettent

d‟expliquer ce fait Tout d‟abord il est tregraves difficile d‟obtenir le mecircme pourcentage initial de

deuteacuteration pour la proteacuteine entiegravere De plus l‟efficaciteacute de fragmentation varie en fonction du

de l‟instrument mais aussi en fonction du temps pour un mecircme instrument N‟oublions pas de

mentionner eacutegalement les problegravemes techniques que nous avons rencontreacutes qui sont lieacutes au

143

montage de seringue refroidie et qui concernent la fuite du systegraveme Un autre fait surprenant

est que nous ne sommes pas parvenus apregraves des temps longs d‟incubation dans D2O agrave un

maximum de deuteacuteration pour la proteacuteine entiegravere proche des 90-95 deacutecrits dans la

litteacuterature En effet le taux maximal de deuteacuteration obtenu pour aIF2α3 si on se reacutefegravere au

laquo fit raquo de double exponentielle de sa cineacutetique d‟incorporation des deuteacuteriums (Fig III 14) a

eacuteteacute de 66 seulement A partir de ce constat deux hypothegraveses peuvent ecirctre formuleacutees

- nous ne sommes pas arriveacutes au bout de la cineacutetique d‟eacutechange de la proteacuteine Dans ce cas

des temps d‟incubation dans D2O plus longs seraient neacutecessaires pour que les hydrogegravenes

d‟amide qui preacutesentent des vitesses d‟eacutechange tregraves lentes finissent par s‟eacutechanger Le laquo fit raquo

de la cineacutetique serait alors agrave revoir

- d‟importantes pertes de deuteacuteriums sont enregistreacutees ce qui n‟est pas souhaitable et pose

le problegraveme de l‟interpreacutetation des reacutesultats

Afin de deacutepartager ces deux hypothegraveses et ainsi de mieux comprendre le sens de nos

reacutesultats nous avons deacutecideacute de deacuteterminer la valeur maximale de reacutefeacuterence ie le taux

maximal de deuteacuteration pour la proteacuteine aIF2α3 Pour cela la proteacuteine a eacuteteacute analyseacutee avec le

mecircme protocole qui a eacuteteacute deacutecrit dans la Fig III 5 agrave l‟exception pregraves qu‟elle a eacuteteacute initialement

placeacutee dans des conditions deacutenaturantes et non plus natives

Afin de deacuteterminer le taux maximal de deuteacuteration de la proteacuteine aIF2α3 nous avons donc

deacutecideacute de la deacutenaturer avec du chlorure de guanidinium preacutealablement agrave l‟analyse HDXMS

Il a eacuteteacute montreacute que ce composeacute chaotropique utiliseacute agrave forte concentration eacutetait capable de

deacutenaturer totalement les proteacuteines (17) ce qui rendrait tous les hydrogegravenes d‟amide

accessibles agrave l‟eacutechange

La proteacuteine aIF2α3 a donc eacuteteacute incubeacutee dans une solution de chlorure de guanidinium agrave 3 M

dans D2O agrave 50degC sous agitation pendant 24 heures Puis elle a eacuteteacute analyseacutee en MS afin de

calculer son taux de deuteacuteration Malheureusement aucun signal n‟a eacuteteacute deacutetecteacute indiquant

que la proteacuteine a eacuteteacute deacutegradeacutee ou a preacutecipiteacute suite au traitement chimique La seacutequence de la

proteacuteine aIF2α3 ne comportant que tregraves peu d‟acides amineacutes aromatiques (seulement trois

tyrosines) n‟a pas permis la mesure de la concentration de l‟eacutechantillon par

spectrophotomeacutetrie UV agrave 280 nm Par ailleurs la solution de chlorure de guanidinium quant

agrave elle absorbe agrave la longueur donde utiliseacutee pour les proteacuteines

144

Dans le but de tester si le traitement chimique pour la deacutenaturation deacutegrade la proteacuteine

nous avons deacutecideacute de reacutealiser un gel SDS-PAGE 16 permettant de tester la preacutesence

d‟aIF2α3 (10 kDa) Nous avons eacutegalement souhaiteacute tester si c‟est l‟eacutetape de dessalage qui

conduit agrave la perte de la proteacuteine Pour cela un autre eacutechantillon traiteacute mais non dessaleacute agrave eacuteteacute

preacutepareacute Malheureusement les eacutechantillons sont si visqueux qu‟il est impossible de les

deacuteposer L‟origine de cette viscositeacute n‟est pas tregraves claire neacuteanmoins un temps d‟incubation de

24 heures dans le chlorure de guanidinium semble trop long

Nous avons donc reacutealiseacute d‟autres tests dans des conditions diffeacuterentes afin de deacuteterminer le

temps maximal d‟incubation dans le chlorure de guanidinium pour lequel la proteacuteine n‟est pas

deacutegradeacutee Diffeacuterents temps d‟incubation ont eacuteteacute testeacutes t0=0s t=5h et t=24h Pour chaque

temps d‟incubation le premier eacutechantillon proteacuteique n‟a pas eacuteteacute dessaleacute tandis que le second

l‟a eacuteteacute (Fig III 36) Dans le cas ougrave une eacutetape de dessalage a eacuteteacute reacutealiseacutee (puits 4 6 et 8) la

solution d‟eacutelution correspondant agrave la proteacuteine dans H2OACNAF (49492) a eacuteteacute eacutevaporeacutee

par SpeedVac pour ecirctre ensuite resuspendue dans H2O afin de faciliter son deacutepocirct sur gel apregraves

ajout du tampon Laemmli Sans dessalage la proteacuteine traiteacutee au chlorure de guanidinium est

dilueacutee dans H2OAF2 afin de mimer l‟eacutetape d‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange (Fig III 5)

Les eacutechantillons non dessaleacutes sont ensuite preacutepareacutes avec du tampon Laemmli Neacuteanmoins agrave

l‟issue du meacutelange avec le tampon les eacutechantillons ont preacutecipiteacute empecircchant leur deacutepocirct preacutevu

dans les puits 3 5 et 7 Ce qui explique l‟absence de bandes dans ces puits et donc l‟absence

de proteacuteine Un marqueur de poids moleacuteculaire a eacuteteacute deacuteposeacute dans le premier puits Il s‟agit

d‟un meacutelange de proteacuteines de reacutefeacuterence dont la taille est connue servant agrave estimer la taille des

moleacutecules d‟inteacuterecirct Un teacutemoin positif a eacuteteacute deacuteposeacute dans le deuxiegraveme et dernier puits Il est

constitueacute de la proteacuteine aIF2α3 n‟ayant pas subi de traitement chimique ni de dessalage Une

bande intense autour de 10 kDa est observeacutee dans ces deux puits teacutemoignant de la preacutesence de

la proteacuteine Une mecircme quantiteacute de mateacuteriel (18 microg) a eacuteteacute deacuteposeacutee dans tous les puits lorsque

le deacutepocirct eacutetait possible

145

Marqueurα3H2O

α3G3M agrave t0

sans incubation

avec dessalage

α3G3M

avec incubation de 5h

et dessalage

α3G3M avec

incubation de 24h

et dessalage

α3H2O

Jour + 1

1 2 3 4 5 6 7 8 9

18 microg 18 microg 18 microg 18 microg 18 microg

10 kDa

Fig III 36 Image du gel SDS-PAGE 16 La proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute deacutenatureacutee apregraves

diffeacuterents temps drsquoincubation dans une solution de chlorure de guanidinium agrave 3 M Pour

chaque temps drsquoincubation deux eacutechantillons sont testeacutes sans et avec lrsquoeacutetape de dessalage

La proteacuteine aIF2α3 est preacutesente dans les puits 4 et 6 alors qu‟elle a subi le traitement

chimique avec le chlorure de guanidinium et l‟eacutetape de dessalage mais elle n‟est pas retrouveacutee

dans le puits 8 Pourtant dans ce cas lagrave elle a aussi eacuteteacute traiteacutee par le chlorure de guanidinium

mais pendant un temps beaucoup plus long (24 heures) et dessaleacutee

Par conseacutequent on peut conclure que c‟est le temps du traitement chimique (incubation

dans une solution de chlorure de guanidinium 3 M agrave 50degC sous agitation) qui est critique

dans le maintien de l‟inteacutegriteacute de la proteacuteine En effet la proteacuteine aIF2α3 est deacutegradeacutee suite agrave

une incubation pendant une dureacutee de vingt-quatre heures tandis qu‟elle est toujours preacutesente

pour un temps d‟incubation infeacuterieur ou eacutegal agrave cinq heures

Le taux de deuteacuteration maximal de la proteacuteine aIF2α3 a donc eacuteteacute deacutetermineacute par

spectromeacutetrie de masse apregraves deacutenaturation de la proteacuteine dans une solution de chlorure de

guanidinium 3 M preacutepareacutee dans du D2O Les temps d‟incubation t=1h et t=5h ont eacuteteacute testeacutes

(Tab III 1)

Nous obtenons des pourcentages de deuteacuteration leacutegegraverement plus eacuteleveacutes dans le cas d‟une

deacutenaturation de la proteacuteine pendant des temps d‟une heure et cinq heures (73) par rapport agrave

une incubation classique dans D2O (66) Afin de s‟assurer que la proteacuteine a bien eacuteteacute

deacutenatureacutee par le traitement chimique d‟autres conditions ont eacuteteacute testeacutees tempeacuterature

146

d‟incubation de 95degC concentration en chlorure de guanidinium de 6 M Les reacutesultats sont

preacutesenteacutes dans le Tab III 2 Malgreacute diffeacuterentes conditions de deacutenaturation testeacutees nous

n‟obtenons pas de pourcentage de deuteacuteration proche de la limite supeacuterieure de 875 donneacutee

par la dilution agrave 18 de la solution H2O dans du D2O

Tab III 1 Taux de deuteacuteration maximal dans des conditions natives (0 M de deacutenaturant) et

deacutenaturantes (3 M de deacutenaturant) La proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute incubeacutee soit dans un tampon

NaCl 330 mMD2O (conditions natives) soit dans une solution de chlorure de guanidinium 3

MD2O (conditions deacutenaturantes) pendant des temps variables Elle a ensuite eacuteteacute dessaleacutee

avant drsquoecirctre analyseacutee par MS La valeur de reacutefeacuterence (66) obtenue dans des conditions

natives est indiqueacutee Une valeur moyenne (triplicats) a eacuteteacute calculeacutee dans les diffeacuterentes

conditions deacutenaturantes

Concentration

du deacutenaturant 0 M 3 M 3 M

Conditions

drsquoincubation 1 h

37degC 600 rpm 1 h

50degC 700 rpm 5 h

50degC 700 rpm

Taux de

deuteacuteration 66 73 73

Tab III 2 Taux de deuteacuteration maximal dans des conditions deacutenaturantes La proteacuteine

aIF2α3 a eacuteteacute incubeacutee dans une solution de chlorure de guanidiniumD2O dans diffeacuterentes

conditions Elle a ensuite eacuteteacute dessaleacutee avant drsquoecirctre analyseacutee par MS Une valeur moyenne

(triplicats) a eacuteteacute calculeacutee dans les diffeacuterentes conditions

Concentration

du deacutenaturant 3 M 6 M

Conditions

drsquoincubation 5 min

95degC 700 rpm 1 h

50degC 700 rpm Taux de

deuteacuteration 70 72

En reconsideacuterant donc les deux hypothegraveses formuleacutees preacuteceacutedemment il semblerait que le

pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse soit important dans nos conditions expeacuterimentales Il a lieu en

solution avant l‟analyse finale en MS lors de la preacuteparation des eacutechantillons (eacutetape de

dessalage) et au cours de leur introduction dans le spectromegravetre de masse avec le systegraveme de

seringue refroidie utiliseacute

Afin de mettre en eacutevidence l‟influence de l‟eacutetape de dessalage sur l‟eacutechange inverse nous

avons mesureacute les pourcentages de deuteacuteration de peptide et proteacuteine modegraveles complegravetement

deuteacutereacutes avec notre systegraveme de seringue refroidie La substance P (peptide de onze reacutesidus) a

donc eacuteteacute incubeacutee dans une solution ACND2O (7525) pendant une heure agrave 37degC sous

agitation La reacuteaction d‟eacutechange a eacuteteacute arrecircteacutee par diminution du pH et de la tempeacuterature puis

147

le peptide totalement marqueacute a eacuteteacute dilueacute dans H2OACNAF (49492) afin d‟ecirctre analyseacute par

MS L‟expeacuterience a eacuteteacute reconduite une seconde fois mais en incluant l‟eacutetape de dessalage

avant l‟analyse par MS Sur le FT-ICR les pourcentages moyens (triplicats) de deuteacuteration

obtenus sont les suivants 914 sans l‟eacutetape de dessalage et 77 avec l‟eacutetape de dessalage

Sur le Q-TOF le taux maximum sans dessalage n‟atteint que 856 indiquant que c‟est bien

l‟introduction dans la source qui conduisait agrave un accroissement du laquo back-exchange raquo sur

celui-ci Il semblerait que l‟eacutetape de dessalage conduise agrave une perte d‟environ 15 de la

totaliteacute du marquage pour les peptides Il convient de noter que ces expeacuteriences ont eacuteteacute

reacutealiseacutees directement agrave partir de la poudre donc sans dilution initiale Par conseacutequent si on

considegravere les 77 de deuteacuteration obtenus apregraves dessalage appliqueacutes sur une solution agrave 875

de deuteacuteriums on trouve un maximum de deuteacuteration de 67 soit assez proche des 72-73

obtenus apregraves deacutenaturation complegravete

III4 Conclusion

Nos reacutesultats montrent qu‟il est possible deacuteviter une redistribution des deuteacuteriums dans la

seacutequence polypeptidique au moment de la fragmentation en phase gazeuse de proteacuteines par

approches laquo top-down raquo L‟ECD et l‟ETD semblent preacutesenter une bonne capaciteacute agrave garder la

localisation initiale des deuteacuteriums Dans le cas de l‟activation par CID nos reacutesultats

rejoignent ceux de la litteacuterature en restant incertains il ne nous a pas eacuteteacute possible ni de

montrer l‟absence de laquo scrambling raquo ni de montrer un laquo scrambling raquo complet tombant ainsi

dans une zone intermeacutediaire ougrave les paramegravetres controcirclant l‟extensiviteacute du laquo scrambling raquo

restent incertains

Un autre enseignement de cette partie est qu‟un des problegravemes majeurs de notre approche

est leacutechange inverse qui a lieu en solution avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Ce

pheacutenomegravene est accentueacute dans notre cas par lobligation que nous avons deffectuer une eacutetape

de dessalage des proteacuteines avant leur analyse et la difficulteacute agrave savoir ce qui relegraveve de cette

eacutetape ou de la source dionisation Un autre problegraveme lieacute agrave celui-lagrave est quil est difficile

daccumuler un grand nombre de spectres car au bout dune dizaine de minutes leacutechange

inverse est devenu trop important

Dans ce contexte et avec lideacutee de controcircler beaucoup mieux leacutechange inverse nous avons

deacutecideacute de deacutevelopper un systegraveme d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le

148

spectromegravetre de masse complegravetement nouveau baseacute sur l‟utilisation d‟une enceinte isoleacutee

refroidie permettant de stocker les eacutechantillons agrave tregraves basse tempeacuterature ce qui eacutevite le

deacutemarquage pendant des temps longs et permet eacutegalement de travailler avec des deacutebits

faibles Le deacuteveloppement de cette laquo cryosource raquo et les premiers reacutesultats obtenus en

lutilisant font lobjet du dernier chapitre de cette thegravese

149

III5 Bibliographie

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hydrogendeuterium exchange MS utilizing collisional activation in the gas phase

Anal Chem 82 942-950

11 Rand K D Adams C M Zubarev R A and Jorgensen T J (2008) Electron

capture dissociation proceeds with a low degree of intramolecular migration of peptide

amide hydrogens J Am Chem Soc 130 1341-1349

12 Zehl M Rand K D Jensen O N and Jorgensen T J (2008) Electron transfer

dissociation facilitates the measurement of deuterium incorporation into selectively

labeled peptides with single residue resolution J Am Chem Soc 130 17453-17459

13 Kaltashov I A Bobst C E and Abzalimov R R (2009) HD exchange and mass

spectrometry in the studies of protein conformation and dynamics is there a need for a

top-down approach Anal Chem 81 7892-7899

14 Sterling H J and Williams E R (2010) Real-Time HydrogenDeuterium Exchange

Kinetics via Supercharged Electrospray Ionization Tandem Mass Spectrometry

Analytical Chemistry 82 9050-9057

15 Duchateau M (2010) Deacutetermination de surface dinteraction dassemblages

biologiques macromoleacuteculaires par marquage au deuteacuterium et analyse par

spectromeacutetrie de masse FT-ICR

150

16 Yatime L Mechulam Y Blanquet S and Schmitt E (2007) Structure of an

archaeal heterotrimeric initiation factor 2 reveals a nucleotide state between the GTP

and the GDP states P Natl Acad Sci USA 104 18445-18450

17 Tanford C (1968) Protein denaturation Adv Protein Chem 23 121-282

151

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source

refroidie

152

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source refroidie 151

IV1 Echange inverse 153

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction 155

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo 156 IV22 Avec une approche laquo top-down raquo 158

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection 165

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo 166 IV32 Mateacuteriel et meacutethodes 166

IV321 Instrumentation 166

IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes 168

IV33 Reacutesultats 169 IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine 169

IV3311 Reacutealisation de la maquette 169

IV3312 Reacutealisation des prototypes 169

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides 174

IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK 175

IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK 175

IV33221 Deacutetermination du temps d‟incubation pour le deacutemarquage seacutelectif 176

IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo 179

IV3323 Cas du peptide GluF 186

IV34 Conclusion 187

IV4 Bibliographie 189

153

IV1 Echange inverse

Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment dans la partie introductive l‟association des

eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium en solution avec la spectromeacutetrie de masse

(HDXMS) est devenue une meacutethode de choix pour obtenir des informations sur la structure

tridimensionnelle d‟une proteacuteine ou sur son changement de conformation induit par la fixation

d‟un ligand ou d‟un partenaire proteacuteique Neacuteanmoins cette approche souffre de deux

limitations importantes (i) l‟eacutechange inverse ou laquo back-exchange raquo qui peut avoir lieu en

solution agrave diffeacuterentes eacutetapes de l‟expeacuterience et (ii) la migration intramoleacuteculaire des protons

et des deuteacuterons ou laquo scrambling raquo qui peut se deacuterouler en phase gazeuse particuliegraverement

au cours d‟expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS) Ces deux processus

doivent ecirctre minimiseacutes pour obtenir des reacutesultats interpreacutetables Nous avons vu dans le Chap

II que la minimisation du laquo scrambling raquo neacutecessitait une optimisation minutieuse et speacutecifique

des potentiels de la source d‟ionisation et des optiques de transfert ionique afin de rendre

minimale l‟excitation vibrationnelle des ions peptidiques deuteacutereacutes Les paramegravetres

instrumentaux ne peuvent neacuteanmoins pas ecirctre directement transfeacutereacutes d‟un instrument agrave un

autre Il convient donc d‟optimiser individuellement les diffeacuterents reacuteglages de l‟instrument

quand on en change pour eacuteviter la redistribution aleacuteatoire des hydrogegravenes et deuteacuteriums Cela

peut ecirctre commodeacutement reacutealiseacute par l‟utilisation de peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes

servant de sonde du laquo scrambling raquo pendant la fragmentation ECD ou ETD (1-3)

Ce dernier chapitre de ma thegravese est consacreacute agrave la minimisation du laquo back-exchange raquo lors

d‟expeacuteriences HDXMS En effet l‟eacutechange inverse reste et demeure une neacutecessiteacute mais

eacutegalement un problegraveme seacuterieux inheacuterent agrave la technique HDX Il conduit agrave une variation du

nombre de deuteacuteriums entre l‟eacutetape de marquage et l‟analyse finale par spectromeacutetrie de

masse En geacuteneacuteral cette variation prend la forme d‟une perte de deuteacuteration apregraves eacutechange

en solution deuteacutereacutee la reacuteaction d‟eacutechange sur les hydrogegravenes d‟amide est fortement ralentie

mais pas totalement arrecircteacutee par passage en conditions acides (pH 25) et agrave tempeacuterature reacuteduite

(0degC) geacuteneacuteralement dans un solvant majoritairement hydrogeacuteneacute Par conseacutequent ce laquo back-

exchange raquo peut avoir lieu lors des eacutetapes de preacuteparation de l‟eacutechantillon (digestion

dessalage concentration seacuteparationhellip) jusqu‟agrave son injection dans le spectromegravetre de masse

et son ionisation en phase gazeuse Ce pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse est neacutecessaire pour

assurer un retour des hydrogegravenes porteacutes par les chaicircnes lateacuterales sous forme hydrogeacuteneacutee mais

doit ecirctre controcircleacute pour maintenir en place le plus grand nombre possible des deuteacuteriums en

position amide pendant le temps neacutecessaire agrave l‟analyse

154

La maniegravere la plus simple de minimiser l‟eacutechange inverse est de maintenir un pH ougrave

l‟eacutechange est minimal et de rester agrave froid (Fig I 11) Comme nous l‟avons vu

preacuteceacutedemment le pH et la tempeacuterature sont ajusteacutes respectivement agrave 25 et agrave 0degC Sous ces

conditions de laquo quench raquo l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide est diminueacute de cinq ordres de

grandeur par rapport agrave un pH de 7 et une tempeacuterature de 25degC

La demi-vie pour l‟eacutechange inverse dans des conditions d‟arrecirct de la reacuteaction est entre

trente et cent vingt minutes en fonction de la seacutequence peptidique Par conseacutequent les eacutetapes

d‟analyse doivent ecirctre reacutealiseacutees le plus rapidement possible degraves lors que la reacuteaction est

bloqueacutee Ainsi il n‟est pas envisageable de reacutealiser une digestion enzymatique d‟une heure

suivie d‟un gradient d‟une heure suppleacutementaire pour l‟eacutetape de seacuteparation

chromatographique Des protocoles et dispositifs expeacuterimentaux ont eacuteteacute mis au point afin

d‟optimiser les eacutetapes de digestion et de seacuteparation (4-5) Si ces eacutetapes tiennent dans un

minimum de temps d‟environ trente minutes au total le recouvrement en deuteacuteriums peut ecirctre

supeacuterieur agrave 85 Il faut noter que quelques eacutechanges inverses ont lieu dans l‟interface de

l‟eacutelectrospray mais qu‟ils n‟excegravedent pas 5 geacuteneacuteralement

Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment les hydrogegravenes des chaicircnes lateacuterales s‟eacutechangent

plus vite que les hydrogegravenes d‟amide Par conseacutequent lorsque la proteacuteine ou les peptides

marqueacutes sont placeacutes dans les solvants hydrogeacuteneacutes utiliseacutes pour la digestion ou l‟analyse

chromatographique tous les deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales redeviennent rapidement des

hydrogegravenes Ainsi un increacutement de masse pourra ecirctre associeacute agrave l‟incorporation d‟un

deuteacuterium sur une fonction amide du squelette polypeptidique Le problegraveme est un peu plus

compliqueacute pour les proteacuteines ou les peptides riches en arginine car comme nous l‟avons vu

l‟arginine possegravede sur sa chaicircne lateacuterale deux hydrogegravenes qui eacutechangent agrave la vitesse des

hydrogegravenes d‟amide et pour lesquels l‟eacutetape de lavage (substitution de D en H) sera donc

moins efficace

Notons eacutegalement que les conditions de l‟eacutechange inverse (pH acide solvant organique)

favorisent a priori une forme deacutenatureacutee pour la proteacuteine initiale conduisant agrave un eacutechange

inverse moins deacutependant des structures secondaire tertiaire et quaternaire Par conseacutequent les

vitesses d‟eacutechange ne deacutependent globalement que de la seacutequence primaire Pour des peptides

typiques cette seacutequence conduit agrave une vitesse d‟eacutechange globalement proche pour tous les

sites conduisant agrave un eacutechange inverse de type laquo aleacuteatoire raquo Ceci rend en partie compte de la

forme gaussienne des distributions isotopiques obtenues pour les peptides deuteacutereacutes

155

Finalement le choix d‟une approche laquo top-down raquo semblerait ecirctre la meilleure solution

pour minimiser l‟eacutechange inverse Dans ce cas la proteacuteine entiegravere apregraves arrecirct de la reacuteaction

d‟eacutechange par diminution du pH et de la tempeacuterature est fragmenteacutee directement en phase

gazeuse Cette approche offre donc la possibiliteacute unique de reacuteduire consideacuterablement l‟effet

du laquo back-exchange raquo voire mecircme de presque l‟eacuteliminer dans des conditions expeacuterimentales

strictes (6) Ceci est ducirc au fait qu‟il n‟y a pas d‟eacutetape preacutealable agrave l‟analyse par spectromeacutetrie

de masse telle qu‟une digestion enzymatique agrave la pepsine ou une seacuteparation

chromatographique en phase liquide Cependant il faut noter le fait qu‟il n‟est pas toujours

possible d‟opter pour une approche laquo top-down raquo En effet pour des systegravemes de taille trop

importante par exemple l‟efficaciteacute de fragmentation en ECD est trop faible pour obtenir une

reacutesolution agrave l‟acide amineacute pregraves pour la plus grande partie de la proteacuteine

Dans tous les cas apregraves le laquo quench raquo de la reacuteaction de marquage l‟eacutechantillon doit ecirctre

injecteacute si possible agrave froid et le plus rapidement dans la source du spectromegravetre de masse pour

limiter le laquo back-exchange raquo

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction

Plusieurs modes d‟introduction de l‟eacutechantillon marqueacute dans le spectromegravetre de masse ont

eacuteteacute deacuteveloppeacutes en fonction de l‟approche MS adopteacutee laquo bottom-up raquo ou laquo top-down raquo La

mise au point de ces diffeacuterents systegravemes d‟injection doit eacutegalement prendre en compte la

technique d‟ionisation utiliseacutee La technique d‟analyse par MS la plus communeacutement utiliseacutee

pour les expeacuteriences HDX est l‟eacutelectrospray (ESI) tandis que la meacutethode MALDI est plus

rarement employeacutee (7-11) Cela s‟explique par le fait que contrairement agrave la technique ESI

elle ne peut ecirctre coupleacutee en ligne avec des systegravemes de chromatographie liquide qui sont tregraves

utiles pour l‟analyse de meacutelanges complexes

Autrement dit seule l‟eacutelectrospray autorise le couplage avec une chromatographie liquide

en phase inverse (HPLC-ESI-MS) permettant l‟isolation de peptides et de proteacuteines en

meacutelange complexe Cette eacutetape de seacuteparation est indispensable dans beaucoup d‟eacutetudes

d‟identification et de caracteacuterisation de biomoleacutecules par spectromeacutetrie de masse Elle est

d‟autant plus neacutecessaire dans le cas d‟analyses de systegravemes proteacuteiques de grande taille en

HDXMS En effet la superposition des nombreux massifs isotopiques qui ont eacuteteacute deacuteplaceacutes et

eacutelargis par le marquage complique eacutenormeacutement l‟analyse En pratique apregraves avoir arrecircteacute la

156

reacuteaction d‟eacutechange l‟eacutechantillon est directement introduit dans la source eacutelectrospray via une

HPLC (laquo High-Performance Liquid Chromatography raquo)

La technique HPLC-ESI-MS preacutesente donc plusieurs avantages Elle est tout d‟abord

particuliegraverement bien adapteacutee pour la seacuteparation temporelle d‟un grand nombre de peptides

L‟eacutetape de seacuteparation en HPLC participe eacutegalement au lavage des chaicircnes lateacuterales des

acides amineacutes (12) Elle est compatible avec la plupart des tampons et avec la preacutesence

d‟agents deacutenaturants et offre la possibiliteacute de concentrer rapidement des eacutechantillons dilueacutes

En contre partie l‟avantage du MALDI-MS par rapport agrave l‟ESI-MS est qu‟un grand nombre

d‟eacutechantillons peuvent ecirctre analyseacutes dans une courte peacuteriode de temps De plus cette

technique est plus toleacuterante aux sels que l‟eacutelectrospray et ne requiert donc pas d‟eacutetape

preacutealable de dessalage de l‟eacutechantillon Bien que l‟ionisation MALDI soit plus facilement

reacutealisable et interpreacutetable elle conduit neacuteanmoins agrave une perte en deuteacuteriums significativement

plus eacuteleveacutee par rapport agrave la meacutethode ESI mecircme si des essais ont eacuteteacute meneacutes pour reacuteduire ces

pertes (13) De plus il n‟est pas envisageable d‟utiliser la technique MALDI pour l‟analyse de

systegravemes proteacuteiques complexes de hauts poids moleacuteculaires En effet les informations de tous

les peptides sont fournies dans un mecircme spectre de masse le rendant laquo illisible raquo et il n‟est pas

possible de reacutealiser preacutealablement agrave l‟analyse une seacuteparation par HPLC qui serait pourtant

indispensable pour ce type d‟eacutechantillon

Les deux sous-paragraphes suivants constitueront un bilan des diffeacuterents systegravemes

d‟introduction de l‟eacutechantillon marqueacute dans le spectromegravetre de masse qui ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes

avant mon arriveacutee au laboratoire des Meacutecanismes Reacuteactionnels Ils ont eacuteteacute mis au point par

l‟eacutequipe ou par d‟autres groupes dans un contexte de minimisation de l‟eacutechange inverse

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo

Une extension eacutevidente de la meacutethode HDXESI-MS est l‟utilisation du nano-deacutebit bien

qu‟elle ne soit pas encore systeacutematique En effet ce choix est particuliegraverement pertinent pour

des proteacuteines qui sont difficiles agrave obtenir (eacutechantillons biologiques preacutecieux) ainsi que pour

celles qui forment des agreacutegats proteacuteiques agrave forte concentration Ces derniegraveres suscitent un vif

inteacuterecirct car elles sont pour la plupart responsables de maladies neurodeacutegeacuteneacuteratives telles que

les maladies agrave prion dAlzheimer ou de Parkinson Dans la litteacuterature on trouve quelques

eacutetudes HDX utilisant la technique d‟analyse nano-ESI-MS laquo off-line raquo (14-15) ou coupleacutee en

157

ligne aux eacutetapes de digestion enzymatique et de seacuteparation chromatographique (16) Par la

reacuteduction du systegraveme il a eacuteteacute obtenu une sensibiliteacute supeacuterieure d‟un facteur cent tout en

conservant la deuteacuteration

Lors de la thegravese de Thorsten Daubenfeld (17) notre eacutequipe a valideacute un systegraveme par

injection directe nano-ESI-FTMS pour l‟eacutetude structurale de proteacuteines par HDX En effet les

tregraves hautes performances d‟un instrument de type FT-ICR tant au niveau de la reacutesolution que

de la preacutecision sur la mesure de masse ont permis de s‟affranchir d‟une seacuteparation

chromatographique pour les proteacuteines eacutetudieacutees (18) L‟eacutechange inverse relatif agrave cette eacutetape a

ainsi eacuteteacute eacutelimineacute Cependant comme le systegraveme n‟eacutetait pas refroidi une aiguille nanospray

autorisait un temps d‟analyse de trois minutes seulement avant le reacutechauffement de la solution

menant au pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse Il faut noter ici que plus le temps d‟analyse est

faible moins il est aiseacute de deacutetecter des peptides deuteacutereacutes couvrant une gamme dynamique

importante seule l‟accumulation d‟un nombre important de spectres permet de gagner en

gamme dynamique Par ailleurs plus la taille du systegraveme proteacuteique est grande moins il est

facile de suivre l‟incorporation de deuteacuteriums des peptides car leur nombre croicirct fortement et

leurs massifs isotopiques deacuteplaceacutes et eacutelargis se superposent

Ce problegraveme de superposition des massifs isotopiques est classiquement reacutesolu par le

couplage du spectromegravetre de masse avec une technique de seacuteparation chromatographique (16

19) permettant d‟isoler les diffeacuterents peptides preacutesents dans l‟analyte dans une seconde

dimension Cette seacuteparation doit dans le cas d‟eacutetudes en HDXMS respecter les contraintes

lieacutees agrave la technique ie qu‟elle doit limiter les eacutechanges inverses Pour cela plusieurs

meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees Elles utilisent soit des solvants protiques auquel cas la

seacuteparation doit se faire agrave froid en conditions acides et rapidement soit des solvants non-

protiques Par exemple la chromatographie supercritique a eacuteteacute proposeacutee comme alternative

aux gradients sur phase inverse classiques permettant de s‟affranchir des problegravemes de

tempeacuterature et de dureacutee d‟eacutelution (20) De plus le temps de reacutetention associeacute agrave un peptide

reste inchangeacute quel que soit son degreacute de deuteacuteration En effet l‟incorporation en deuteacuteriums

des peptides n‟altegravere que tregraves peu leur temps de reacutetention (21-22) Par conseacutequent ils

serviront de reacutefeacuterence pour identifier les peptides apregraves eacutechanges HD

158

Lors de la thegravese de Magalie Duchateau (23) notre eacutequipe a mis au point et optimiseacute un

systegraveme nano-LC-ESI-FTMS refroidi pour l‟analyse structurale de proteacuteines de haut poids

moleacuteculaire et de complexes proteacuteiques tels que des complexes d‟initiation de la traduction

chez les archeacutees et les eucaryotes par HDX Le montage comprenant deux vannes nano une

preacute-colonne et une colonne est immergeacute dans de l‟eau glaceacutee pendant toute la dureacutee de

l‟analyse pour refroidir un maximum le systegraveme et ainsi minimiser les eacutechanges inverses Il

est coupleacute agrave une chaicircne de nano-chromatographie liquide

Notons eacutegalement que Waters commercialise deacutesormais un systegraveme complegravetement inteacutegreacute

pour les eacutetudes HDXMS appeleacute laquo nanoACQUITY UPLC System with HDX Technology raquo

qui peut ecirctre coupleacute agrave un spectromegravetre de masse du mecircme constructeur Le systegraveme integravegre

eacutegalement une proteacuteolyse laquo on-line raquo Les vannes et colonnes sont refroidies agrave 0degC par des

modules agrave effet Peltier

IV22 Avec une approche laquo top-down raquo

Une meacutethode populaire consiste agrave geacuteneacuterer et agrave envoyer un flux continu de solution

contenant la proteacuteine deuteacutereacutee vers la source d‟ionisation Ce dernier reacutesulte du meacutelange de la

solution de proteacuteine dans son tampon d‟eacutechange avec celle d‟arrecirct de la reacuteaction Sur ce

principe un dispositif avec deux seringues relieacutees ensemble et connecteacutees eacutegalement avec le

spectromegravetre de masse a eacuteteacute imagineacute (24) (Fig IV 1) Les deux seringues contiennent les

deux solutions agrave meacutelanger donneacutees ci-dessus Ce montage permet de proceacuteder agrave l‟arrecirct de la

reacuteaction d‟eacutechange au point de connexion des deux seringues Cette eacutetape s‟effectue laquo on-

line raquo puisque le flux reacutesultant du meacutelange des deux solutions est directement dirigeacute vers

l‟entreacutee du spectromegravetre de masse Dans ces conditions le temps pendant lequel peut avoir

lieu le laquo back-exchange raquo correspond uniquement agrave la courte dureacutee de reacutesidence dans le tube

capillaire (eg une minute) qui s‟eacutetend du nœud de connexion reliant les deux seringues agrave la

source d‟ionisation eacutelectrospray (scheacutematiseacute en violet sur la Fig IV 1) De cette faccedilon le

laquo back-exchange raquo peut ecirctre efficacement reacuteduit

159

Seringue 1 proteacuteine dans D2O

Seringue 2 solution H2O (pH 25 0degC)

Source drsquoionisation

eacutelectrospray

Arrecirct de la

reacuteaction drsquoeacutechange

Fig IV 1 Scheacutema drsquoun dispositif drsquointroduction des eacutechantillons dans une approche laquo top-

down raquo HDX mettant en œuvre le flux continu

Une autre meacutethode d‟introduction minimisant le laquo back-exchange raquo consiste agrave deacutesolvater et

ioniser directement la solution de proteacuteine dans son tampon d‟eacutechange sans passer par une

eacutetape preacutealable d‟arrecirct de la reacuteaction (25) (Fig IV 2) La reacuteaction d‟eacutechange HD est alors

arrecircteacutee au moment mecircme ougrave la proteacuteine est deacutesolvateacutee Des ions en phase gazeuse sont alors

geacuteneacutereacutes

Source ESI

Spectromegravetre

de masse

Aiguille nanospray avec solution de

proteacuteine dans tampon drsquoeacutechange

+ 1 NBA (reacuteactif superchargeacute)

Fig IV 2 Scheacutema du mode drsquointroduction des eacutechantillons par spray direct dans une

approche laquo top-down raquo HDX

Le profil de deuteacuteration en phase gazeuse devant impeacuterativement refleacuteter celui en solution

ces deux modes d‟injection sont privileacutegieacutes car ils permettent de reacuteduire le laquo back-exchange raquo

D‟autre part l‟ajout d‟une solution acide pour l‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange HD ou

l‟utilisation d‟un reacuteactif superchargeacute tel que le NBA (laquo nitrobenzyl alcohol raquo) augmente de

faccedilon significative l‟eacutetat de charge de la proteacuteine Cela se traduit donc par une ameacutelioration

consideacuterable de l‟efficaciteacute de fragmentation par ECD (ou ETD) meacutethode choisie pour limiter

le laquo scrambling raquo Toutefois notons que ces deux montages excluent la possibiliteacute de reacutealiser

une eacutetape de dessalage preacutealable agrave l‟injection dans le spectromegravetre de masse Or dans le cas

d‟eacutechantillons reacuteels les proteacuteines sont initialement conserveacutees en conditions natives dans leur

160

tampon de purification qui est riche en sels L‟eacutelectrospray eacutetant tregraves sensible agrave la preacutesence de

sels ou d‟additifs qui contribuent agrave la suppression du signal une eacutetape de dessalage est alors

neacutecessaire avant leur analyse Par conseacutequent afin de pouvoir analyser des eacutechantillons

proteacuteiques reacuteels le deacuteveloppement de nouveaux dispositifs d‟introduction laquo off-line raquo s‟est

reacuteveacuteleacute indispensable Il est donc tregraves important de travailler agrave froid

Le systegraveme d‟injection que j‟ai utiliseacute au deacutebut de ma thegravese a eacuteteacute mis en place au sein du

laboratoire trois mois avant mon arriveacutee avec la collaboration du Professeur Joslashrgensen Il

s‟agit eacutegalement d‟un montage en flux continu mais laquo off-line raquo constitueacute d‟une seule

seringue (Fig IV 3)

Proteacuteine deuteacutereacutee dans

solution H2O (pH 25 0degC)

Source ESI

Carboglace

(-78degC)Spectromegravetre

de masse

Gaz de neacutebulisation

N2 (TdegC ambiante)

Fig IV 3 Scheacutema de notre ancien dispositif drsquointroduction des eacutechantillons en flux continu

laquo off-line raquo la seringue refroidie

Avec ce type de dispositif la preacuteparation de l‟eacutechantillon correspondant agrave son marquage et

agrave son dessalage peut ecirctre reacutealiseacutee en amont Elle se deacutecline en trois eacutetapes qui sont les

suivantes (1) initiation de la reacuteaction d‟eacutechange HD en diluant la proteacuteine dans son tampon

de purification deuteacutereacute puis (2) fixation du marquage apregraves un temps d‟incubation t donneacute en

ajoutant une solution acide (pH final de 25) agrave basse tempeacuterature (0degC) et enfin (3) dessalage

et concentration de l‟eacutechantillon agrave l‟aide d‟une colonne de phase inverse C8 Cette derniegravere

eacutetape doit ecirctre reacutealiseacutee dans la glace et pendant un temps tregraves court (une minute environ) afin

de limiter l‟eacutechange inverse L‟eacutechantillon est ensuite chargeacute immeacutediatement dans la seringue

preacutealablement refroidie agrave 0degC puis injecteacute dans la source eacutelectrospray du spectromegravetre de

masse FT-ICR

161

refroidie

Longueur minimale

Carboglace

deuteacutereacutee

Agrave 0 C

(pH 25 0 C)

Fig IV 4 Photographie de notre systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons marqueacutes la

seringue refroidie

La photographie de notre systegraveme d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes est preacutesenteacutee ci-

dessus (Fig IV 4) Ce dernier a eacuteteacute minutieusement optimiseacute afin de reacuteduire au maximum le

laquo back-exchange raquo Pour cela la seringue d‟injection est preacutealablement refroidie agrave 0degC entre

deux sachets de glace Au terme de la dureacutee d‟eacutechange HD preacutedeacutefinie la reacuteaction est arrecircteacutee

en diluant l‟eacutechantillon dans une solution acidifieacutee (pH final de 25) agrave 0degC L‟eacutechantillon est

conserveacute dans la glace Pour des eacutechantillons reacuteels une eacutetape de dessalage est reacutealiseacutee sous

ces mecircmes conditions strictes L‟eacutechantillon est alors preacuteleveacute gracircce agrave la seringue refroidie et

injecteacute dans la source du spectromegravetre de masse FT-ICR Pendant toute la dureacutee de l‟analyse

il est lui-mecircme refroidi par un sachet de carboglace surplombant la seringue Il est transfeacutereacute

par un capillaire en PEEK qui lui est agrave tempeacuterature ambiante et dont la longueur a par

conseacutequent eacuteteacute rendue minimale Pour des raisons techniques le capillaire ne mesure pas

moins de trente et un centimegravetres Un deacutebit d‟injection important eacutegal agrave 10 microLmin a donc

eacuteteacute utiliseacute Dans ces conditions il avait eacuteteacute montreacute que ce dispositif permettait un maintien

des deuteacuteriums agrave leur place pendant au moins dix minutes d‟acquisition de donneacutees Ainsi

l‟analyse d‟un point de cineacutetique de l‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange HD agrave la fin de

l‟acquisition en MS durait environ douze minutes Le dispositif d‟analyse ideacuteal combinerait

la consommation d‟une faible quantiteacute d‟eacutechantillon tout en minimisant les eacutechanges inverses

avec un temps d‟acquisition le plus long possible

162

Apregraves quelques mois d‟expeacuterimentation de ce systegraveme j‟ai pu dresser un rapide bilan des

difficulteacutes lieacutees agrave son utilisation La premiegravere surprise a eacuteteacute le nombre de seringues que l‟on

peut fecircler ou casser avec ce dispositif En effet bien que le modegravele de seringue choisi

(seringues Hamilton seacuterie 800) propose un piston renforceacute l‟eacutechantillon refroidi par la

carboglace a tendance agrave congeler Il forme alors un glaccedilon Tandis que le pousse-seringue

continue agrave fonctionner et agrave envoyer l‟eacutechantillon vers le spectromegravetre de masse une

surpression finit par ecirctre exerceacutee au niveau du verre de la seringue jusqu‟agrave sa fecirclure si

l‟analyse n‟est pas interrompue ou l‟eacutechantillon reacutechauffeacute Par ailleurs les deacutebits d‟injection

utiliseacutes impliquent de disposer d‟importantes quantiteacutes d‟eacutechantillon Dans le cas de l‟analyse

d‟eacutechantillons biologiques preacutecieux cette technique ne pourrait pas ecirctre utiliseacutee De plus

comme nous l‟avons vu dans le chapitre preacuteceacutedent les expeacuteriences sont difficilement

reproductibles Ayant pour objectif d‟ameacuteliorer le systegraveme j‟ai testeacute l‟effet du refroidissement

de l‟eacutechantillon par la carboglace lors de l‟analyse par MS et l‟influence du deacutebit d‟injection

sur le laquo back-exchange raquo

Pour cela j‟ai utiliseacute un systegraveme modegravele l‟ubiquitine Il s‟agit d‟une petite proteacuteine de 76

reacutesidus (86 kDa) dont la structure a eacuteteacute complegravetement deacutecrite dans la litteacuterature et qui est

souvent utiliseacutee dans la mise au point d‟approches par eacutechange HD Apregraves avoir deuteacutereacute

complegravetement l‟ubiquitine par incubation dans D2O (Annexe Mateacuteriel et meacutethodes) elle est

dilueacutee au centiegraveme dans une solution acidifieacutee H2OMeOH (4060) agrave environ 0degC Des

meacutelanges H2OACN (5050) eacutetaient auparavant utiliseacutes Le fait de choisir le meacutethanol comme

solvant et de l‟utiliser en plus grande proportion permet d‟une part d‟ameacuteliorer le processus

d‟ionisation par eacutelectrospray et d‟autre part de diminuer consideacuterablement le point de

congeacutelation de la solution agrave analyser Cela empecircche la formation systeacutematique de glaccedilons dus

au refroidissement de la solution par la carboglace L‟ubiquitine est ensuite directement

preacuteleveacutee par la seringue refroidie et injecteacutee dans la source ESI du spectromegravetre de masse FT-

ICR L‟analyse MS est reacutealiseacutee avec ou sans le sachet de carboglace surplombant la seringue

puis en testant diffeacuterents deacutebits d‟injection Le pourcentage de deuteacuteration de l‟ubiquitine est

suivi au cours des dix minutes d‟analyse autoriseacutes par le systegraveme de seringue refroidie afin de

mesurer l‟eacutechange inverse Les expeacuteriences sont reacutealiseacutees en duplicats ou triplicats pour

estimer l‟erreur de mesure

En theacuteorie en absence d‟eacutechange inverse la valeur du pourcentage de deuteacuteration devrait

rester constante et maximale en fonction du temps Dans la situation ideacuteale l‟ensemble des

hydrogegravenes d‟amide devraient ecirctre marqueacutes et aucun autre site ne devrait ecirctre deuteacutereacute

163

deacutefinissant ainsi un 100 theacuteorique En pratique ce pourcentage doit ecirctre corrigeacute pour

prendre en compte la preacutesence de deuteacuteriums dilueacutes dans la solution d‟eau leacutegegravere acidifieacutee On

peut par conseacutequent corriger le ratio maximal par la formule suivante

ougrave Ntot est le nombre total de sites eacutechangeables (hydrogegravenes d‟amide et chaicircnes lateacuterales)

Namide est le nombre de liaisons peptidiques R est le pourcentage de deuteacuteriums dans la

solution dilueacutee rapporteacute au nombre total d‟hydrogegravenes et de deuteacuteriums Damide est le taux de

deuteacuteration reacuteel des hydrogegravenes d‟amide ducirc au marquage et Dexp est le ratio de deuteacuteration

expeacuterimental donneacute par la formule suivante

ougrave nD est le nombre de deuteacuteriums (mesureacute par spectromeacutetrie de masse par exemple) Du fait

de la preacutesence de deuteacuteriums dans la solution on s‟attend donc agrave une surestimation du taux de

deuteacuteration Ainsi par exemple si on considegravere une dilution au 1100e dans une solution 6040

meacutethanoleau on trouve un ratio de deuteacuteration R de 19

ougrave 18 et 32 sont les masses molaires de l‟eau et du meacutethanol 079 est la densiteacute du meacutethanol

(celle de l‟eau est prise agrave 1) 4060 sont les proportions d‟eau et de meacutethanol

On s‟attend par conseacutequent agrave un taux de deuteacuteration maximal (avec Ntot = 146 Namide = 72)

d‟environ 102

De plus un excegraves de deuteacuteration suppleacutementaire peut ecirctre ducirc au non reacute-eacutechange d‟un

hydrogegravene pour les chaicircnes lateacuterales d‟arginine or l‟ubiquitine comporte 4 arginines dans sa

seacutequence Dans la suite de ce manuscrit une reacutefeacuterence agrave 105 sera prise qui correspond au

maximum expeacuterimentalement observeacute pour les diffeacuterents montages qui seront tenteacutes

164

Dans le cas des injections utilisant le montage d‟origine l‟eacutevolution preacutesenteacutee ci-dessous

est observeacutee (Fig IV 5)

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Avec carboglace Sans carboglace

Fig IV 5 Evolution du taux de deuteacuteration de lrsquoubiquitine mesureacute en fonction du temps apregraves

le deacutebut de lrsquoinjection Lrsquoubiquitine complegravetement deuteacutereacutee est introduite dans la source ESI

par le systegraveme de seringue refroidie Bleu pas de carboglace placeacute sur la seringue rouge

avec carboglace

Lors des cinq premiegraveres minutes les courbes avec et sans carboglace preacutesentent la mecircme

allure et se confondent presque La solution d‟ubiquitine agrave 0degC injecteacutee agrave 10 microLmin par la

seringue refroidie n‟a pas le temps de se reacutechauffer mecircme en l‟absence de carboglace Au

bout de cinq minutes la solution d‟ubiquitine se reacutechauffe en l‟absence de carboglace Ils

s‟opegraverent alors des eacutechanges inverses faisant chuter le pourcentage de deuteacuteration Par

conseacutequent en l‟absence de carboglace on divise le temps d‟analyse par deux au moins dans

des expeacuteriences HDXMS La partie initiale avec un taux de deuteacuteration plus eacuteleveacute

correspond agrave la combinaison d‟une perte de deuteacuteriums au cours du temps avec un effet de

deacutebit car initialement la seringue est maintenue agrave un deacutebit eacuteleveacute jusqu‟agrave apparition du signal agrave

t=0

L‟effet du deacutebit d‟injection de l‟eacutechantillon sur l‟eacutechange inverse (Fig IV 6) a ensuite eacuteteacute

testeacute pour le deacutebit de reacutefeacuterence de 10 microLmin et pour un deacutebit diviseacute par cinq de 2 microLmin

165

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie 10 microLmin 2 microLmin

Fig IV 6 Effet du deacutebit drsquoinjection sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse

MS Lrsquoubiquitine complegravetement deuteacutereacutee est introduite dans la source ESI par le systegraveme de

seringue refroidie surplombeacutee de carboglace Rouge deacutebit de 10 microLmin-1

violet deacutebit de

2 microLmin-1

Avec un faible deacutebit d‟injection (2 microLmin) de l‟eacutechantillon marqueacute le pourcentage de

deuteacuteration de l‟ubiquitine diminue consideacuterablement au cours de l‟analyse MS Les eacutechanges

inverses sont donc plus nombreux dans ces conditions expeacuterimentales On enregistre un

laquo back-exchange raquo moyen apregraves eacutequilibration de 35

Les graphes des Fig IV 5 et Fig IV 6 montrent que le systegraveme de seringue refroidie

permet de reacuteduire au maximum le laquo back-exchange raquo si l‟eacutechantillon est lui-mecircme refroidi par

la carboglace lors de l‟analyse MS et qu‟il est injecteacute agrave un deacutebit eacuteleveacute (10 microLmin)

Cependant le laquo back-exchange raquo moyen reste non neacutegligeable eacutegal agrave 20 Ayant eacutetudieacute

l‟ensemble des paramegravetres possibles en restant sur la base de ce systegraveme nous ne pouvons

guegravere plus l‟ameacuteliorer Nous avons donc deacutecideacute d‟inventer et de deacutevelopper un nouveau

systegraveme d‟introduction

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection

L‟ideacutee a eacuteteacute d‟imaginer un dispositif capable de stocker l‟eacutechantillon marqueacute aux

deuteacuteriums agrave tregraves basse tempeacuterature en dessous de zeacutero degreacute avant son analyse finale par

spectromeacutetrie de masse

166

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo

La laquo cryosource raquo est le nom que nous avons donneacute agrave notre dispositif d‟injection (Fig IV

7) Il s‟agit d‟une enceinte close thermostateacutee agrave tempeacuterature controcircleacutee avec comme objectif

initial une plage de tempeacuterature allant de la tempeacuterature ambiante agrave -100degC C‟est une boicircte

thermiquement isoleacutee issue de la transformation d‟une glaciegravere Elle se branche directement

sur la source ESI Elle est traverseacutee par un flux reacuteguleacute de gaz refroidi agrave l‟azote liquide (78 K)

La tempeacuterature interne de la boicircte est mesureacutee en continu par une sonde thermique et ajusteacutee

par un reacutegulateur de tempeacuterature controcirclant une reacutesistance chauffante L‟eacutechantillon est

introduit dans la laquo cryosource raquo puis injecteacute dans la source ESI du FT-ICR par un systegraveme de

vanne et boucle d‟injection Il est entraicircneacute vers le spectromegravetre de masse gracircce agrave l‟entreacutee d‟un

flux continu de solvant geacuteneacutereacute par un pousse-seringue situeacute agrave l‟exteacuterieur de la laquo cryosource raquo

deuteacutereacute agrave pH 25 et agrave 0 C

-30 C

Reacutegulateur de tempeacuterature

N2 (-30 C)

Azote liquide

Fig IV 7 Photographie de la laquo cryosource raquo

IV32 Mateacuteriel et meacutethodes

IV321 Instrumentation

Dans un premier temps voici la description de la version optimiseacutee de la laquo cryosource raquo et

des conditions expeacuterimentales neacutecessaires agrave la reacutealisation d‟expeacuteriences pour l‟eacutetude de la

167

structure de petites proteacuteines en HDXMS Elle est illustreacutee dans le scheacutema ci-apregraves (Fig IV

8)

L‟enceinte inteacuterieure de la laquo cryosource raquo est refroidie agrave une tempeacuterature de -30degC par

l‟arriveacutee d‟un gaz froid via un tuyau en cuivre Celui-ci forme un serpentin plongeacute dans un

reacutecipient rempli d‟azote liquide (78 K) qui permet le refroidissement du flux continu de gaz

entrant dans le systegraveme Une partie du gaz froid est envoyeacutee dans la laquo cryosource raquo agrave l‟aide

d‟un raccord en T tandis que l‟autre partie traverse le systegraveme et vient refroidir la ligne de

transfert de l‟eacutechantillon qui est introduit dans la source ESI

L‟inteacuterieur de la boicircte est maintenu agrave une tempeacuterature constante par un reacutegulateur de

tempeacuterature eacutequipeacute d‟une sonde thermique et d‟un ruban chauffant La sonde thermique de

type K est positionneacutee au niveau de la boucle contenant l‟eacutechantillon tandis que le ruban

chauffant entoure les tuyaux en cuivre deacuteposeacutes au fond de la boicircte Un ventilateur placeacute dans

l‟enceinte assure l‟homogeacuteneacuteiteacute de la tempeacuterature dans celle-ci

L‟eacutechantillon introduit dans une boucle de 75 microL par une vanne d‟injection est pousseacute vers

la source ESI du spectromegravetre de masse FT-ICR par le solvant agrave l‟aide d‟un pousse-seringue

Il est programmeacute agrave 2 microLmin correspondant agrave la valeur minimale du deacutebit pour laquelle le

spray est stable pour notre montage Les deacutebits infeacuterieurs deviennent instables lors du

refroidissement du montage probablement agrave cause de l‟augmentation de la viscositeacute des

solvants agrave -30degC Le volume injecteacute pour le remplissage de la boucle est de 100 microL

Finalement le gaz de neacutebulisation est eacutegalement refroidi par l‟azote liquide Il est envoyeacute agrave

l‟inteacuterieur du dispositif par un second tuyau en cuivre et est relieacute agrave l‟aiguille de neacutebulisation

de la source ESI permettant son refroidissement

168

Fig IV 8 Scheacutema du principe de la laquo cryosource raquo

IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes

Loptimisation de tous les paramegravetres expeacuterimentaux pour la laquo cryosource raquo a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave

laide de l‟ubiquitine proteacuteine modegravele et de peptides de reacutefeacuterence que l‟on peut deuteacuterer de

maniegravere seacutelective (peptides modegraveles conccedilus par le Prof T Joslashrgensen Universiteacute dOdense

Danemark)

L‟ubiquitine (100 microM) et les peptides modegraveles (1 mM) sont complegravetement deuteacutereacutes par

incubation dans D2O Ils sont ensuite dilueacutes (au 1100e) dans une solution H2OMeOH

(4060) agrave basse tempeacuterature contenant de l‟acide formique (2) pour l‟ubiquitine et de

l‟acide aceacutetique pour les peptides (05 M pH=23) L‟ubiquitine est alors immeacutediatement

analyseacutee par FT-ICR MS Les peptides quant agrave eux sont analyseacutes apregraves une incubation dans

H2O glaceacutee pendant un temps agrave deacuteterminer (environ 10 min avec le systegraveme de seringue

refroidie) afin de deacutemarquer seacutelectivement l‟extreacutemiteacute N-terminale et conserver un nombre

moyen de 45 deuteacuteriums du cocircteacute C-terminal (26-27)

L‟eacutetape de dessalage a eacuteteacute reacutealiseacutee manuellement sur colonne Une cartouche Sep-Paktrade

C8 a eacuteteacute utiliseacutee

169

IV33 Reacutesultats

IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine

IV3311 Reacutealisation de la maquette

Cette phase de reacutealisation de la maquette initiale a permis une grande creacuteativiteacute de notre

part et a deacutetermineacute la faisabiliteacute technologique des choix de conception Elle a eacuteteacute conccedilue agrave

l‟aide d‟un bac agrave glace isotherme et de son couvercle Cette boicircte en polystyregravene a montreacute de

bonnes capaciteacutes de stockage agrave basse tempeacuterature malgreacute des fuites thermiques non

neacutegligeables causant une perte de froid En particulier elle a permis de valider la plage de

tempeacuterature atteignable (0degC agrave -100degC) et de veacuterifier la faisabiliteacute de l‟utilisation de meacutelanges

eausolvant organique agrave ces tempeacuteratures On notera en particulier que bien que les

tempeacuteratures de cristallisation des meacutelanges eaumeacutethanol et eauaceacutetonitrile soient connues

la viscositeacute de ceux-ci ne l‟est pas Pour les meacutelanges eaumeacutethanol qui preacutesentent des

tempeacuteratures de cristallisation infeacuterieures agrave -100degC agrave forts rapports meacutethanoleau il s‟est

aveacutereacute impossible d‟obtenir un deacutebit stable agrave des tempeacuteratures infeacuterieures agrave -80degC Pour les

meacutelanges eauaceacutetonitrile la limite se situe vers -25degC pour un minimum theacuteorique agrave -43degC

IV3312 Reacutealisation des prototypes

Le produit a ensuite eacuteteacute deacuteveloppeacute et des prototypes ont eacuteteacute reacutealiseacutes pour permettre sa

validation apregraves une seacuterie de tests

Pour cela une glaciegravere de la marque Campingaz qui preacutesentait l‟avantage d‟avoir des

joints d‟eacutetancheacuteiteacute ainsi qu‟une reacutesistance garantie agrave des tempeacuteratures de -78degC a eacuteteacute

transformeacutee en laquo cryosource raquo Dans la premiegravere version de notre dispositif d‟introduction agrave

froid des eacutechantillons marqueacutes dans le spectromegravetre de masse le gaz de neacutebulisation a eacuteteacute

laisseacute agrave tempeacuterature ambiante (Fig IV 9)

170

Fig IV 9 Scheacutema du prototype de la laquo cryosource raquo avec le gaz de neacutebulisation agrave

tempeacuterature ambiante

Afin de valider le prototype nous lavons compareacute agrave l‟ancien systegraveme d‟injection la

seringue refroidie Les reacutesultats obtenus avec la premiegravere version de la laquo cryosource raquo (courbe

en violet) sont assez similaires agrave ceux enregistreacutes avec la seringue refroidie (courbe en rouge)

(Fig IV 10) L‟ubiquitine preacutesente un taux de deuteacuteration un peu plus eacuteleveacute lorsqu‟elle est

introduite par la laquo cryosource raquo par rapport agrave la seringue refroidie Par contre le pourcentage

de deuteacuteration est instable au cours de l‟analyse MS La laquo cryosource raquo dans cette

configuration n‟apporte pas de valeur ajouteacutee agrave la seringue refroidie Elle doit donc ecirctre

ameacutelioreacutee pour ecirctre valideacutee

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource N2 (Ta) Seringue refroidie

Fig IV 10 Effet du systegraveme drsquoinjection utiliseacute sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de

lrsquoanalyse MS Les dispositifs ici compareacutes sont le systegraveme de seringue refroidie et la premiegravere

version de la laquo cryosource raquo avec le gaz de neacutebulisation agrave tempeacuterature ambiante

Ubiquitine

171

L‟ameacutelioration de notre dispositif a porteacute sur le refroidissement du gaz de neacutebulisation par

l‟azote liquide (78 K) (Fig IV 8) Il est envoyeacute dans l‟enceinte isoleacutee agrave -30degC par un tuyau en

cuivre qui traverse la boicircte L‟extreacutemiteacute du tuyau de cuivre agrave la sortie de la laquo cryosource raquo

est brancheacutee au niveau de la source ESI L‟aiguille de spray est par ce systegraveme elle-mecircme

refroidie

On obtient alors un spray refroidi stable qui nous donne les reacutesultats suivants (courbe en

bleu fonceacute) (Fig IV 11) Dans cette configuration l‟ubiquitine preacutesente un pourcentage

moyen de deuteacuteration nettement supeacuterieur agrave celui obtenu avec les autres systegravemes (ou

versions de systegravemes) et le taux de deuteacuteration est stable tout au long de l‟analyse MS (Fig

IV 11 Tab IV 1)

Tab IV 1 Pourcentages moyens de deuteacuteration de lrsquoubiquitine obtenus agrave lrsquoaide de la

seringue refroidie et de la laquo cryosource raquo dans les versions 1 et 2 et calculeacutes agrave diffeacuterents

temps de lrsquoanalyse par MS

1 min d‟analyse 5 min d‟analyse 10 min d‟analyse

Seringue refroidie 8870 8518 8484

Cryosource version 1 9773 9167

Cryosource version 2 10388 10433 10388

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource N2 (-30degC)

Seringue refroidie Cryosource N2 (Ta)

Fig IV 11 Effet du refroidissement du gaz de neacutebulisation agrave -30degC avec la laquo cryosource raquo

sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

Ubiquitine

172

La Fig IV 11 montre que la ldquocryosourcerdquo dans sa version ameacutelioreacutee (avec le gaz de

neacutebulisation refroidi) agrave -30degC et pour un deacutebit d‟injection de 2 microLmin conduit agrave un

pourcentage de deuteacuteration tregraves proche de la valeur maximale attendue (105) et qui reste

stable pendant toute la dureacutee de l‟analyse par rapport au systegraveme de seringue refroidie La

laquo cryosource raquo avec ses diffeacuterents paramegravetres optimiseacutes est alors valideacutee

Nous avons ensuite testeacute diffeacuterentes tempeacuteratures dans la cryosource pour voir l‟influence

du paramegravetre tempeacuterature sur la deuteacuteration J‟ai donc eacutegalement testeacute les tempeacuteratures de -

20degC (courbe en violet) et -10degC (courbe en rouge) (Fig IV 12) Quelle que soit la

tempeacuterature de la laquo cryosource raquo elle nous permet de maintenir constant le taux de

deuteacuteration au cours de l‟analyse Cependant plus la tempeacuterature augmente plus le laquo back-

exchange raquo est important En effet agrave -30degC il est infeacuterieur agrave 3 tandis qu‟agrave -20degC le laquo back-

exchange raquo moyen est de 25 et agrave -10degC il est de 35 Ceci peut s‟expliquer par le fait que la

partie correspondant agrave la sortie de laquo cryosource raquo juste avant l‟entreacutee dans la source ESI

n‟est pas recouverte par un manchon isolant Elle est certes refroidie par l‟arriveacutee d‟un gaz

froid agrave -30degC mais qui se reacutechauffe au contact de l‟air conduisant agrave une perte de froid

Lorsque l‟inteacuterieur de la boicircte est agrave -30degC alors la sortie de la laquo cryosource raquo enregistre une

tempeacuterature d‟environ -10degC suffisante pour eacuteviter le reacute-eacutechange des deuteacuteriums avec les

hydrogegravenes Mais lorsque la tempeacuterature de la laquo cryosource raquo est supeacuterieure agrave -30degC ie agrave -

20degC ou agrave -10degC la sortie preacutesente des tempeacuteratures positives conduisant agrave du laquo back-

exchange raquo

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie -30degC -20degC -10degC

Fig IV 12 Effet de la tempeacuterature interne de la laquo cryosource raquo sur le maintien en place des

deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

173

Les Fig IV 11 et Fig IV 12 montrent que l‟utilisation de la laquo cryosource raquo agrave -30degC et

avec le refroidissement du gaz de neacutebulisation permet de reacuteduire le deacutebit d‟injection agrave 2

microLmin avec un laquo back-exchange raquo minimal (lt 3)

Nous avons ensuite voulu quantifier le laquo back-exchange raquo imputable agrave l‟eacutetape de dessalage

En effet le but ultime de cette eacutetude est de pouvoir utiliser notre dispositif d‟introduction des

eacutechantillons marqueacutes pour l‟analyse structurale de proteacuteines et de complexes proteacuteiques reacuteels

D‟apregraves le graphe de la Fig IV 13 nous concluons que l‟eacutetape de dessalage conduit agrave une

perte de 20 de la deuteacuteration lui aussi tregraves stable au cours du temps

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Sans dessalage Avec dessalage

Fig IV 13 Effet du dessalage sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

Nous avons deacuteveloppeacute un dispositif d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le

spectromegravetre de masse qui reacuteduit consideacuterablement le laquo back-exchange raquo Nous avons

deacutetermineacute un ensemble de paramegravetres optimiseacutes conduisant agrave moins de 3 d‟eacutechange inverse

en solution Pour cela il est indispensable d‟utiliser la laquo cryosource raquo pour refroidir

l‟eacutechantillon la tempeacuterature optimale du systegraveme eacutetant de -30degC pour un deacutebit d‟injection de

l‟analyte de 2 microLmin Le gaz de neacutebulisation doit ecirctre eacutegalement refroidi agrave -30degC La

laquo cryosource raquo preacutesente plusieurs avantages Elle permet de refroidir l‟eacutechantillon agrave tregraves basse

tempeacuterature agrave une valeur bien au-dessous de zeacutero degreacute Celsius ce qui allonge

consideacuterablement le temps d‟analyse La tempeacuterature est en effet stable pendant des temps

longs allant jusqu‟agrave une heure Et elle autorise de plus faibles deacutebits d‟injection Les diffeacuterents

paramegravetres optimiseacutes au niveau de l‟ancien et du nouveau dispositif d‟introduction des

eacutechantillons marqueacutes sont reacutecapituleacutes et compareacutes dans le tableau (Tab IV 2) Le dessalage

174

est maintenant l‟eacutetape critique pour la minimisation du laquo back-exchange raquo Il faudrait ecirctre

capable de le reacutealiser eacutegalement agrave -30degC dans la laquo cryosource raquo

Tab IV 2 Comparaison des paramegravetres optimiseacutes pour les systegravemes de seringue refroidie et

de laquo cryosource raquo

Finalement il convient de noter qu‟une derniegravere ameacutelioration a eacuteteacute apporteacutee agrave la

laquo cryosource raquo suite agrave l‟observation de problegravemes de reproductibiliteacute preacutesenteacutes ci-dessous Il

apparaissait reacuteguliegraverement des problegravemes de bouchage du montage ougrave apregraves injection le

montage se retrouvait agrave monter en pression au-delagrave de la limite permise par le pousse-

seringue Apregraves recherche de l‟origine de ce problegraveme reacutecurrent nous avons pu identifier ce

problegraveme comme eacutetant arriveacute lors de l‟ajout du gaz de neacutebulisation refroidi et eacutetant lieacute agrave une

tempeacuterature du tuyau d‟ameneacutee de ce gaz largement infeacuterieure agrave celle de l‟enceinte (-65degC

mesureacutes agrave la jonction avec la source ESI) L‟augmentation de viscositeacute voire la cristallisation

au niveau de ces points froids pourrait ecirctre agrave l‟origine de ces pheacutenomegravenes de bouchage Ce

problegraveme a eacuteteacute reacutegleacute en ameacuteliorant les eacutechanges thermiques dans l‟enceinte agrave la fois par

l‟augmentation du contact tuyau du gaz de neacutebulisationruban chauffant mais eacutegalement par

l‟ajout d‟un ventilateur dans l‟enceinte Une contrepartie de ces ajouts est une perte de la

capaciteacute de refroidissement en dessous de -30degC

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides

Nous avons ensuite souhaiteacute valider notre dispositif d‟introduction des eacutechantillons

marqueacutes permettant la minimisation du laquo back-exchange raquo sur des peptides modegraveles

seacutelectivement deuteacutereacutes En effet ces peptides sont speacutecifiquement construits pour la mise au

point d‟expeacuteriences HDXMS Leur analyse permet d‟eacutetudier les pheacutenomegravenes de laquo back-

exchange raquo et plus particuliegraverement de laquo scrambling raquo

175

IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK

Le peptide HHHHHHIIKIIK complegravetement deuteacutereacute est seacutelectivement deacutemarqueacute du cocircteacute N-

terminal apregraves dilution dans une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature Apregraves dix minutes

d‟incubation dans H2O glaceacutee le peptide introduit par la cryosource dans le spectromegravetre de

masse FT-ICR contient bien 45 deuteacuteriums Le reacutesultat est conforme agrave la publication de T

Joslashrgensen (26) De plus au cours de l‟analyse MS le nombre de deuteacuteriums reste constant par

rapport agrave l‟utilisation du systegraveme de seringue refroidie (Fig IV 14) La laquo cryosource raquo permet

donc de reacuteduire au maximum l‟eacutechange inverse dans le cas eacutegalement de l‟analyse du peptide

HHHHHHIIKIIK par HDX Le systegraveme peptide modegravele laquo cryosource raquo permettra d‟eacutetudier

par la suite le laquo scrambling raquo avec preacutecision

0

1

2

3

4

5

6

0 100 200 300 400 500 600

No

mb

re d

e d

eu

teacuteri

um

s

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource Seringue refroidie

Fig IV 14 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse Comparaison de la

laquo cryosource raquo vs la seringue refroidie

IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK

La mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee avec le peptide KKDDDDDDIIKIIK qui appartient agrave la

mecircme famille que HHHHHHIIKIIK Dans un premier temps il est complegravetement deuteacutereacute par

incubation dans D2O Puis il est seacutelectivement deacutemarqueacute du cocircteacute N-terminal par dilution dans

une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature Apregraves dix minutes d‟incubation dans H2O

glaceacutee le peptide est finalement injecteacute dans la laquo cryosource raquo puis analyseacute en spectromeacutetrie

de masse Son nombre de deuteacuteriums est alors supeacuterieur (56) agrave celui attendu (45) (Fig IV

15) Avant de tester la stabiliteacute de la laquo cryosource raquo il nous faut deacuteterminer le temps

HHHHHHIIKIIK

176

d‟incubation dans H2O glaceacutee pour lequel le peptide aura incorporeacute 45 deuteacuteriums

Apparemment ce temps serait supeacuterieur agrave quatorze minutes

5586311

5589655

5592998

55963595599711

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000001d +MS2(5586)

0

1

2

3

4

7x10

Intens

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5596387

5599738

5603078

5606417 5609768

5613124

5616476

56198265623171

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000010d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5589678 5593021 5596386

5599737

5603078

56064175609769

5613122

5616475

56198235623167

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000017d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5593029

5596384

5599727

5603066

5606408

5609760

5613115

5616464

5619811

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000030d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

58 D

Reacutefeacuterence sans HDX

Avec HDX sans incubation dans

H2O analyse agrave t0 = 0 min

Avec HDX incubation dans H2O

pendant 10 min56 D

Avec HDX incubation dans H2O

pendant 14 min

50 D

(a)

(b)

(c)

(d)

Fig IV 15 Zoom du massif isotopique de lrsquoion parent [M+3H] 3+

dans les spectres MS du

peptide KKDDDDDDIIKIIK Les eacutechantillons marqueacutes sont introduits par la laquo cryosource raquo

et le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes est calculeacute apregraves diffeacuterents temps drsquoincubation dans

H2O t0=0 min (b) 10 min (c) et 14 min (d) par rapport agrave la reacutefeacuterence sans marquage (a)

IV33221 Deacutetermination du temps drsquoincubation pour le deacutemarquage seacutelectif

J‟ai donc deacutecideacute de retravailler avec le systegraveme de seringue refroidie pour pouvoir

deacuteterminer ce temps Le montage reacutealiseacute a eacuteteacute le suivant apregraves que l‟eacutechantillon ait eacuteteacute

complegravetement deuteacutereacute il a eacuteteacute dilueacute dans une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature pour

bloquer la reacuteaction d‟eacutechange HD Il a ensuite eacuteteacute immeacutediatement preacuteleveacute et injecteacute agrave 10

microLmin par la seringue refroidie qui a eacuteteacute entoureacutee par deux sachets de glace L‟acquisition

des donneacutees a eacuteteacute reacutealiseacutee pendant vingt-cinq minutes Les reacutesultats sont donneacutes dans la Fig

IV 16 Avec le systegraveme de seringue refroidie le temps requis semble ecirctre de quatorze

minutes alors qu‟il paraissait ecirctre supeacuterieur avec la laquo cryosource raquo

La difficulteacute geacuteneacuterale agrave laquelle nous n‟avions pas penseacute initialement est la suivante les

hydrogegravenes d‟amide ne se deacutemarquent pas agrave la mecircme vitesse et dans les expeacuteriences de T

Joslashrgensen la fin du deacutemarquage a lieu dans le capillaire de transfert qui est agrave tempeacuterature

177

ambiante Elle est donc incontrocirclable La laquo cryosource raquo quant agrave elle ne comporte pas de

capillaire de transfert agrave tempeacuterature ambiante pour finir le deacutemarquage Par conseacutequent il

nous faut deacuteterminer avec ce nouveau mode d‟introduction le temps d‟incubation des

peptides dans H2O pour les deacutemarquer seacutelectivement et avoir exactement le bon nombre

initial de deuteacuteriums Il semblerait que ce temps d‟incubation soit plus long dans le cas de

l‟utilisation de la laquo cryosource raquo

2

3

4

5

6

0 5 10 15 20 25

No

mb

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eu

teacuteri

um

s

Temps danalyse (en minutes)

Fig IV 16 Nombre de deuteacuteriums de lrsquoion parent [M+3H] 3+

du peptide KKDDDDDDIIKIIK

calculeacute en fonction du temps de reacutesidence dans la seringue refroidie agrave 0degC tout au long de

lrsquoanalyse

Par conseacutequent j‟ai travailleacute de nouveau avec la laquo cryosource raquo par tacirctonnements J‟ai

reacutealiseacute plusieurs essais (Fig IV 17) Un essai correspond agrave une incubation du peptide

complegravetement marqueacute dans H2O glaceacutee et agrave une ou plusieurs injections dans la laquo cryosource raquo

agrave diffeacuterents temps D‟apregraves les reacutesultats du premier essai (points en bleu) le nombre de

deuteacuteriums retenu par le peptide seacutelectivement deacutemarqueacute apregraves vingt minutes d‟incubation est

supeacuterieur (53) agrave ce qui est attendu (45) mais apregraves trente minutes il est infeacuterieur (40) Un

deuxiegraveme essai a donc eacuteteacute reacutealiseacute apregraves vingt-cinq minutes d‟incubation (point rouge)

supposeacute ecirctre le temps que l‟on cherche agrave deacuteterminer Mais le nombre de deuteacuteriums s‟est

aveacutereacute bien supeacuterieur (68) agrave ce que nous attendions Un troisiegraveme essai (point orange) agrave trente

minutes d‟incubation a donneacute exactement le mecircme nombre de deuteacuteriums (53) qu‟une

mesure effectueacutee preacuteceacutedemment agrave vingt minutes (1er

essai) Un dernier essai a eacuteteacute reacutealiseacute pour

diffeacuterents temps d‟incubation allant de vingt agrave soixante minutes (points en violet) laissant

supposer que vingt-cinq minutes serait le temps rechercheacute Notons ici que je n‟ai pas eu de

178

signal en spectromeacutetrie de masse pour des temps d‟incubation infeacuterieurs agrave vingt minutes

Pourtant j‟ai testeacute les temps t= 0 15 min Par conseacutequent les reacutesultats ne sont pas

reproductibles et il semblerait que j‟ai rencontreacute des problegravemes de bouchage en raison de

l‟apparition de points froids dans le montage

0

1

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10 20 30 40 50 60

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s

Temps dincubation dans H2O glaceacutee (en minutes)

Theacuteorie 1er essai 2e essai 3e essai 4e essai

Fig IV 17 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoincubation dans H2O glaceacutee

J‟ai alors reacutealiseacute le mecircme type d‟expeacuterience un autre jour en augmentant le deacutebit agrave 25

microLmin (courbe noire Fig IV 18) Cela m‟a permis finalement d‟obtenir du signal pour des

temps t= 0 15 min Cependant le temps d‟incubation dans H2O glaceacutee pour avoir le bon

nombre de deuteacuteriums initial semble avoir consideacuterablement eacuteteacute reacuteduit (de 25 agrave 10 min

environ) Pour s‟assurer de la reproductibiliteacute des reacutesultats la mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee un

autre jour (courbe orange) Puis j‟ai effectueacute deux autres essais (courbes bleue et rouge) le

mecircme jour apregraves avoir recouvert la sortie de la laquo cryosource raquo qui se branche sur la source

ESI du FT-ICR par un manchon isolant L‟ideacutee ici est de limiter au maximum les pertes de

froid agrave cet endroit La tempeacuterature diminue passant de -8degC agrave -15degC Ainsi le nombre de

deuteacuteriums est augmenteacute Les reacutesultats semblent reproductibles et deacutesormais un temps

d‟incubation de quinze minutes semble convenir

179

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0 10 20 30 40 50 60

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Temps dincubation dans H2O glaceacutee (en minutes)

Fig IV 18 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoincubation dans H2O glaceacutee Le

deacutebit drsquoinjection a eacuteteacute augmenteacute agrave 25 microLmin et la sortie de la laquo cryosource raquo isoleacutee

thermiquement (courbes en bleu et en rouge)

IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo

Apregraves quinze minutes d‟incubation dans H2O glaceacutee le peptide est de nouveau injecteacute dans

la laquo cryosource raquo puis analyseacute par spectromeacutetrie de masse Son nombre de deuteacuteriums est une

nouvelle fois supeacuterieur (56) agrave celui attendu (45) De plus un pheacutenomegravene tout agrave fait

incompreacutehensible est observeacute le nombre de deuteacuteriums augmente lors des premiegraveres minutes

de l‟analyse alors que le peptide est stockeacute agrave -30degC dans la laquo cryosource raquo Le peptide gagne

deux deuteacuteriums suppleacutementaires au bout de cinq minutes passant de 56 agrave 76 deuteacuteriums

(Fig IV 19) Dans ces conditions la minimisation du laquo scrambling raquo en utilisant le peptide

KKDDDDDDIIKIIK et la laquo cryosource raquo ne peut pas ecirctre envisageacutee

180

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0 100 200 300 400 500 600

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s

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource

Fig IV 19 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse

Pour s‟assurer que ce pheacutenomegravene n‟est pas un arteacutefact expeacuterimental mais qu‟il est

reproductible la mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee agrave diffeacuterents temps t= 0 15 20 25 30 min

d‟incubation dans H2O glaceacutee (Fig IV 20) Les diffeacuterentes courbes preacutesentent la mecircme allure

deacutefinie par deux parties La premiegravere partie qui correspond aux cinq premiegraveres minutes

d‟analyse montre une augmentation du nombre de deuteacuteriums tandis que la seconde partie est

caracteacuteriseacutee par une diminution du nombre de deuteacuteriums Le temps d‟incubation dans H2O

glaceacutee a eacuteteacute changeacute et vingt minutes semblent maintenant convenir

2

3

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10

0 5 10 15 20 25 30

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s

Temps danalyse (en minutes)

Theacuteorie

0 min

15 min

20 min

25 min

30 min

Fig IV 20 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents temps

drsquoincubation dans H2O glaceacutee

KKDDDDDDIIKIIK

181

Pour essayer de comprendre scientifiquement le pheacutenomegravene en utilisant le mecircme jeu de

donneacutees j‟ai traceacute le graphe suivant intensiteacute des ions formeacutes en fonction du temps

d‟analyse (Fig IV 21) Les courbes preacutesentent la mecircme allure que celles du graphe de la

figure preacuteceacutedente (Fig IV 20) L‟intensiteacute des ions semble varier comme le nombre de

deuteacuteriums

00E+00

20E+07

40E+07

60E+07

80E+07

10E+08

12E+08

0 5 10 15 20 25 30

Inte

nsi

teacute d

es

ion

s

Temps danalyse (en minutes)

0 min

15 min

25 min

30 min

Fig IV 21 Intensiteacute des ions en fonction du temps drsquoanalyse pour les diffeacuterents temps

drsquoincubation testeacutes

Nous deacutecidons alors de tracer le graphe de l‟intensiteacute des ions en fonction du nombre de

deuteacuteriums (Fig IV 22) Il apparaicirct alors clairement qu‟il existe une correacutelation entre le

nombre d‟ions formeacutes et le nombre de deuteacuteriums retenus Or les facteurs qui peuvent

influencer le nombre d‟ions formeacutes sont le pH et la concentration en analyte En effet un pH

acide et une concentration eacuteleveacutee d‟eacutechantillon favorisent la formation d‟ions Sachant que les

eacutechanges HD sont controcircleacutes non seulement par la tempeacuterature mais aussi par le paramegravetre

pH alors le pheacutenomegravene que nous observons ressemblerait agrave un effet de pH Cet effet de pH

s‟expliquerait par un effet de meacutelange entre la solution contenant l‟eacutechantillon (peptide

complegravetement deuteacutereacute dilueacute au 1100e dans une solution H2OMeOH 4060 acidifieacutee) et le

solvant (H2OMeOH 4060) qui sert agrave pousser l‟analyte vers la source du spectromegravetre de

masse (Fig IV 23)

182

00E+00

20E+07

40E+07

60E+07

80E+07

10E+08

12E+08

2 3 4 5 6 7 8 9 10

Inte

nsi

teacute d

es

ion

s

Nombre de deuteacuteriums

0 min

15 min

25 min

30 min

Fig IV 22 Intensiteacute des ions en fonction du nombre de deuteacuteriums pour les diffeacuterents temps

drsquoincubation testeacutes

Injection avec pousse-seringue

EchantillonSolvant Solvant

Δ pH

Δ concentration

Analyse en MS

Cryosource

Δ pH

Δ concentration

Chargement de lrsquoeacutechantillon

Injection de lrsquoeacutechantillon

Cas ideacuteal

Cas reacuteel

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

Injection avec pousse-seringue

EchantillonSolvant Solvant

Δ pH

Δ concentration

Analyse en MS

Cryosource

Δ pH

Δ concentration

Chargement de lrsquoeacutechantillon

Injection de lrsquoeacutechantillon

Cas ideacuteal

Cas reacuteel

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

Fig IV 23 Scheacutema explicatif de lrsquohypothegravese de lrsquoeffet de meacutelange observeacute

Afin de s‟affranchir de l‟effet de meacutelange nous avons deacutecideacute de modifier la composition

du solvant de faccedilon agrave avoir exactement la mecircme que pour l‟eacutechantillon Autrement dit nous

l‟avons acidifieacute et leacutegegraverement deuteacutereacute Le nouveau solvant est un meacutelange H2OMeOH 4060

auquel a eacuteteacute ajouteacute 05 M d‟acide aceacutetique et 1 de D2O Il est conserveacute agrave -20degC avant

chaque utilisation Un sachet de glace est eacutegalement deacuteposeacute sur la seringue contenant le

solvant lors de l‟analyse par MS Le lavage des capillaires en PEEK (boucle et celui

183

d‟introduction de l‟eacutechantillon dans le spectromegravetre de masse) est deacutesormais reacutealiseacute gracircce au

nouveau solvant Puis j‟ai testeacute l‟effet du deacutebit d‟injection sur la reacutetention du marquage dans

la laquo cryosource raquo (Fig IV 24 et Fig IV 25) Les reacutesultats montrent que pheacutenomegravene

s‟amplifie avec l‟augmentation du deacutebit ce qui est inattendu

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350microLh

600 microLh (10 microLmin)

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3

Fig IV 24 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Les analyses sont reacutealiseacutees dans lrsquoordre

croissant du deacutebit drsquoinjection

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)

1

2

3

Fig IV 25 Zoom de la Fig IV 24 pour les dix premiegraveres minutes drsquoanalyse

Les mecircmes expeacuteriences ont ensuite eacuteteacute reacutealiseacutees en changeant l‟ordre des diffeacuterents deacutebits

d‟injection testeacutes (Fig IV 26 et Fig IV 27)

184

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0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)1

23

Fig IV 26 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Le deacutebit drsquoinjection de 600 microLh est testeacute en

premier puis celui de 150 microLh et enfin celui de 350 microLh

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150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)1

2

3

Fig IV 27 Zoom de la Fig IV 26 pour les dix premiegraveres minutes drsquoanalyse

Les reacutesultats ne sont pas reproductibles Nous deacutecidons alors de raccourcir au maximum le

capillaire en PEEK qui transfegravere le solvant dans la laquo cryosource raquo (67 cm 22 cm) et de

recommencer une nouvelle seacuterie de mesures en changeant une nouvelle fois l‟ordre des

diffeacuterents deacutebits d‟injection testeacutes (Fig IV 28) Les reacutesultats obtenus ne sont toujours pas

satisfaisants

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0 2 4 6 8 10

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)

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2

3

Fig IV 28 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Le deacutebit drsquoinjection de 150 microLh est testeacute en

premier puis celui de 360 microLh et enfin celui de 350 microLh

Nous avons ensuite voulu deacutecoupler l‟effet du deacutebit agrave celui du temps en reacutealisant trois fois

conseacutecutivement la mecircme expeacuterience dans les mecircmes conditions avec le mecircme deacutebit et en

testant les deux deacutebits extrecircmes 2 microLmin et 10 microLmin (reacutealisation de triplicats) De

nouvelles conditions expeacuterimentales ont eacuteteacute deacutefinies La laquo cryosource raquo est eacutequilibreacutee pendant

trente minutes apregraves qu‟elle ait atteint sa tempeacuterature de -30degC Auparavant les analyses

eacutetaient lanceacutees sans l‟eacutetape de stabilisation de la laquo cryosource raquo De plus l‟ajout d‟azote

liquide dans le reacutecipient servant agrave refroidir le systegraveme n‟est deacutesormais plus effectueacute pendant

l‟analyse mais uniquement entre deux analyses Les reacutesultats sont donneacutes dans la Fig IV 29

Le nombre de deuteacuteriums n‟est toujours pas stable lors de l‟analyse par MS

Il semblerait que la tempeacuterature agrave l‟inteacuterieur de la laquo cryosource raquo ne soit pas homogegravene en

tout point L‟ajout d‟une seconde sonde thermique proche de la source du spectromegravetre de

masse pourrait mettre en eacutevidence le diffeacuterentiel de tempeacuterature

Une ideacutee serait de rincer la boucle d‟injection avec un solvant identique mais

complegravetement deuteacutereacute (D2OCH3ODCH3COOD) afin de comparer les reacutesultats

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

600 microLh (10 microLmin)

Fig IV 29 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour les deacutebits drsquoinjection

de 2 microLmin et 10 microLmin sans incubation dans H2O glaceacutee

Le peptide KKDDDDDDIIKIIK semble ecirctre tregraves sensible vis-agrave-vis de la deuteacuteration agrave un

(ou plusieurs) paramegravetre(s) relatif(s) agrave l‟utilisation de la laquo cryosource raquo que nous n‟identifions

ni ne controcirclons Pour veacuterifier si ces problegravemes eacutetaient geacuteneacuteraux ou speacutecifiques de ce peptide

nous avons deacutecideacute deffectuer nos tests sur un peptide plus classique le Glufibrinopeptide

(GluF)

IV3323 Cas du peptide GluF

Le peptide GluF n‟est pas un peptide classiquement utiliseacute pour la mise au point

d‟expeacuteriences HDXMS mais il nous sert au laboratoire comme standard de calibration en

MSMS car il se fragmente pour donner de nombreux ions b et y en CID

Fort heureusement lanalyse du GluF agrave laide de la cryosource apregraves incubation dans D2O

et dilution dans les solvants hydrogeacuteneacutes indique que le marquage reste stable au cours de

l‟analyse par spectromeacutetrie de masse (Fig IV 30) Ces reacutesultats montrent que les problegravemes

que nous avons rencontreacutes preacuteceacutedemment semblent lieacutes agrave la nature du peptide K2D6IIKIIK et

permettent enfin de valider lutilisation de la laquo cryosource raquo minutieusement optimiseacutee pour

des eacutetudes HDXMS

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

Fig IV 30 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse apregraves injection du peptide

GluF deuteacutereacute dans la laquo cryosource raquo

IV34 Conclusion

Nous avons deacuteveloppeacute un nouveau systegraveme dintroduction des proteacuteines deuteacutereacutees dans le

spectromegravetre de masse que nous avons appeleacute laquo cryosource raquo Lutilisation de cette

laquo cryosource raquo permet le stockage des eacutechantillons dans une enceinte isoleacutee agrave -30degC ce qui

eacutevite le deacutemarquage pendant des temps longs (une heure) et permet eacutegalement de travailler

avec des deacutebits faibles de lordre de 2 microLmin

Loptimisation de tous les paramegravetres expeacuterimentaux pour la laquo cryosource raquo a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave

laide de peptides seacutelectivement marqueacutes et eacutegalement sur lubiquitine proteacuteine modegravele de 86

kDa

L‟analyse du peptide de reacutefeacuterence KKDDDDDDIIKIIK a permis une optimisation plus

fine des paramegravetres Des ameacuteliorations techniques ont eacuteteacute apporteacutees Le solvant utiliseacute pour

pousser l‟eacutechantillon jusqu‟agrave la source du spectromegravetre de masse a eacuteteacute modifieacute Il a eacuteteacute

acidifieacute (acide aceacutetique 05M) et deuteacutereacute (1 D2O) afin d‟avoir la mecircme composition que

celle de l‟eacutechantillon Il a eacutegalement eacuteteacute conserveacute agrave -20degC avant son utilisation L‟analyse est

reacutealiseacutee avec un sachet de glace sur la seringue contenant le solvant et le capillaire en PEEK

d‟entreacutee dans la laquo cryosource raquo a eacuteteacute raccourci (67 cm 22 cm) La sortie de la

laquo cryosource raquo assurant le couplage avec la source ESI a eacuteteacute quant agrave elle isoleacutee La

188

tempeacuterature optimale de la laquo cryosource raquo est de -30degC pour un deacutebit optimum de 25 microLmin

Avant le deacutebut des analyses la laquo cryosource raquo est eacutequilibreacutee agrave -30degC pendant trente minutes

pendant lesquelles le solvant est continuellement injecteacute permettant le rinccedilage des capillaires

Le remplissage d‟azote liquide pour le refroidissement du systegraveme est reacutealiseacute entre deux

analyses concomitamment agrave une eacutetape de lavage des capillaires de vingt minutes gracircce au

solvant

La toute derniegravere innovation apporteacutee agrave la laquo cryosource raquo est l‟ajout d‟un ventilateur afin

d‟homogeacuteneacuteiser la tempeacuterature agrave l‟inteacuterieur de la boicircte

Notre objectif final est dutiliser le dispositif d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes que

nous avons deacuteveloppeacute dans une approche HDX top-down ECD pour obtenir des informations

structurales sur des complexes proteacuteiques responsables de l‟initiation de la traduction dans le

cadre dune collaboration avec laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole Polytechnique Et plus

geacuteneacuteralement de fournir agrave la communauteacute des biologistes structuraux une meacutethodologie

robuste pour l‟analyse de proteacuteines et complexes proteacuteiques par eacutechanges isotopiques HD et

spectromeacutetrie de masse agrave tregraves haute reacutesolution (FT-ICR)

J‟aimerais souligner le fait que des travaux similaires ont eacuteteacute meneacutes par l‟eacutequipe du Prof

T Joslashrgensen au Danemark pour le mecircme objectif de reacuteduire le laquo back-exchange raquo lors

d‟eacutetudes HDX par top-down ECD ou ETD Dans leur cas ils ont deacuteveloppeacute un systegraveme de

refroidissement des eacutechantillons agrave -15degC tout aussi efficace agrave partir du systegraveme TriVersa

NanoMate de la socieacuteteacute Advion (28)

189

IV4 Bibliographie

1 Zehl M Rand K D Jensen O N and Jorgensen T J (2008) Electron transfer

dissociation facilitates the measurement of deuterium incorporation into selectively

labeled peptides with single residue resolution J Am Chem Soc 130 17453-17459

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191

Conclusion geacuteneacuterale

192

193

Lobjectif initial de ce travail de thegravese eacutetait de mettre au point une meacutethode robuste top-

down HDX-MSMS (cest-agrave-dire combinant eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium en solution et

fragmentation de proteacuteines entiegraveres en phase gazeuse) pour pouvoir obtenir des informations

structurales sur des complexes proteacuteiques reacuteels Combiner eacutechanges HD et spectromeacutetrie de

masse nest pas nouveau mais les meacutethodes classiquement utiliseacutees dites bottom-up et

baseacutees sur une digestion enzymatique preacutesentent linconveacutenient majeur decirctre peu reacutesolutives

(5-10 acides amineacutes en moyenne) Mettre au point des approches sur proteacuteines entiegraveres

preacutesente sur le principe un grand nombre davantages le premier gain attendu est pour la

reacutesolution (qui peut atteindre un seul acide amineacute) le second est pour leacutechange inverse

(laquo back-exchange raquo) qui devrait en theacuteorie ecirctre plus limiteacute car le nombre deacutetapes lors

desquels ce pheacutenomegravene peut se produire (digestion enzymatique seacuteparation

chromatographique) est reacuteduit

Ce travail de thegravese montre cependant quil nest pas aiseacute de mettre une meacutethode top-down

HDX au point et que nous avons ducirc faire face agrave un certain nombre de problegravemes

Tout dabord les reacutesultats obtenus pour les peptides que lon peut seacutelectivement marquer

montrent quil est important doptimiser de maniegravere fine un certain nombre de paramegravetres

expeacuterimentaux que ce soit dans la source dionisation ou agrave diffeacuterents endroits de linstrument

pour eacuteviter au maximum leacutechange inverse entre deuteacuteriums et hydrogegravenes Nos reacutesultats

montrent eacutegalement que ces paramegravetres sont deacutependants du spectromegravetre de masse sur lequel

les expeacuteriences sont reacutealiseacutees et que lanalyse de peptides seacutelectivement marqueacutes devrait ecirctre

un preacute-requis pour toutes les eacutetudes par eacutechange HD Nos reacutesultats confirment eacutegalement que

lECD peut ecirctre utiliseacute pour localiser de maniegravere preacutecise les deuteacuteriums dans la seacutequence et

quune reacutesolution agrave lacide amineacute pregraves peut ecirctre obtenue ce qui est une ameacutelioration majeure

par rapport aux expeacuteriences classiques de bottom-up sans fragmentation

Sur la base du protocole optimiseacute pour des peptides nous avons souhaiteacute poursuivre

lanalyse du complexe aIF2 impliqueacute dans linitiation de la traduction chez les archeacutees Nous

avons alors fait face agrave un certain nombre de problegravemes Le premier a eacuteteacute le manque de

reproductibiliteacute de nos expeacuteriences avec des variations importantes au niveau du nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes et de leur localisation Un point crucial que nous avons mis en

eacutevidence au cours de nos travaux est que pour une proteacuteine contrairement agrave un peptide le

nombre de fragments est important leur intensiteacute couvre un large domaine dynamique et la

deuteacuteration reacuteduit fortement l‟intensiteacute totale Par conseacutequent il est neacutecessaire d‟accumuler un

194

grand nombre de scans MSMS pour faire augmenter le rapport signal sur bruit des fragments

peu intenses et que dans ce cas le problegraveme de leacutechange inverse devient majeur En effet

alors que pour des peptides leacutelargissement des pics ducirc agrave la deuteacuteration ne pose pas reacuteellement

de problegraveme danalyse car les masses des fragments ne sont pas tregraves eacuteleveacutees et le nombre de

fragments nest pas tregraves important le problegraveme est tout autre quand on passe sur des systegravemes

plus grands ne serait-ce que pour une petite proteacuteine de 10 kDa Ainsi il devient tout agrave fait

crucial de pouvoir accumuler pendant un temps suffisant pour pouvoir analyser correctement

les massifs isotopiques larges qui sont obtenus (et qui seacutelargissent au fur et agrave mesure que la

cineacutetique de deuteacuteration avance) Par ailleurs le nombre de fragments obtenus pour une

proteacuteine de 10 kDa est bien supeacuterieur agrave ce que lon attend pour un peptide et le

chevauchement des massifs isotopiques dans les spectres MSMS devient eacutegalement un

problegraveme qui conduit agrave une diminution importante des couvertures de seacutequence entre

leacutechantillon non deuteacutereacute et leacutechantillon deuteacutereacute

Nos reacutesultats obtenus sur aIF2 sont neacuteanmoins prometteurs et montrent quil est reacuteellement

possible dobtenir une reacutesolution agrave lacide amineacute pregraves sur certains segments de la proteacuteine et

que de nouvelles ameacuteliorations de lapproche devraient permettre darriver agrave lobjectif initial

que nous nous eacutetions fixeacutes LECD et lETD sont des meacutethodes de choix pour ces approches

mais certains reacutesultats que nous avons obtenus en CID montrent quil est sans doute possible

dutiliser ce mode de fragmentation installeacute sur tous les spectromegravetres de masse sous

certaines conditions qui restent encore agrave deacuteterminer

Lensemble de nos reacutesultats nous a ainsi conduits agrave consideacuterer que notre systegraveme

dintroduction des eacutechantillons baseacute initialement sur une seringue refroidie ne convenait pas

aux approches top-down et quil eacutetait absolument essentiel de trouver une solution

alternative permettant de maintenir le taux de deuteacuteration initial pendant un temps

suffisamment long pour quun grand nombre de scans MSMS puissent ecirctre accumuleacutes Nous

avons donc deacutecideacute de mettre au point un systegraveme complegravetement diffeacuterent de ce qui existe

aujourdhui dans les diffeacuterentes eacutequipes travaillant dans le domaine baseacute sur lutilisation dune

enceinte isoleacutee refroidie permettant de stocker les eacutechantillons agrave tregraves basse tempeacuterature ce qui

eacutevite le deacutemarquage pendant des temps longs et permet eacutegalement de travailler avec des

deacutebits faibles Le deacuteveloppement de cette cryosource nous a pris plusieurs mois car

maintenir une tempeacuterature de -30degC pour le stockage des eacutechantillons jusquagrave leur

introduction dans le spectromegravetre de masse induit un certain nombre de contraintes (viscositeacute

du solvant formation de bouchons difficulteacute agrave reacutealiser des meacutelanges homogegravenes sur des

195

temps courts) Neacuteanmoins les reacutesultats que nous avons obtenus avec la derniegravere version

optimiseacutee sont tregraves encourageants car ils montrent quil est deacutesormais possible de travailler

pendant des temps longs avec les eacutechantillons deuteacutereacutes sans que le taux de deuteacuteration ne

varie au cours de lanalyse Malheureusement nous navons pas eu le temps au cours de ma

thegravese de revenir sur les proteacuteines du complexe aIF2 et de les analyser avec ce nouveau

systegraveme dintroduction mais nous pensons que lutilisation de cette source devrait enfin

rendre notre approche robuste et applicable agrave des eacutechantillons reacuteels

Ainsi je considegravere que mon travail de thegravese a permis de faire un grand pas en avant pour

rendre les approches top-down HDX applicables agrave des systegravemes preacutesentant un inteacuterecirct

biologique important (ce qui nest pas exactement le cas de tout ce qui a eacuteteacute deacutecrit dans la

litteacuterature jusquici) et que dans quelques anneacutees ces approches complegraveteront de maniegravere

robuste larsenal des meacutethodes danalyse utiliseacutees en biologie structurale apportant des

informations compleacutementaires agrave ce que la RMN ou les rayons X sont capables de fournir

196

197

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes

198

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes 197

A1 Instrumentation 199

A11 Ionisation par eacutelectrospray 199 A111 Formation des gouttelettes chargeacutees 200 A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes 201 A113 Formation d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites gouttelettes fortement

chargeacutees 201 A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS) 203

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 203 A1211 Principe physique 206 A1212 Pieacutegeage des ions 206 A1213 Obtention des spectres de masse 208

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 212 A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse 212 A1222 Sensibiliteacute 212 A1223 Gamme dynamique 213 A1224 Gamme de masse 213

A123 Technologie Orbitrap214 A13 Fragmentation en phase gazeuse 216

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR 216 A132 Fragmentation par ETD sur l‟Orbitrap 218 A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF 220

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium 220

A21 Marquage 220 A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes 220 A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine 221 A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ 221

A22 Dessalage 222 A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse 222

A3 Bibliographie 224

199

A1 Instrumentation

A11 Ionisation par eacutelectrospray

La premiegravere eacutetape d‟une expeacuterience par spectromeacutetrie de masse consiste agrave vaporiser et

ioniser l‟analyte (des moleacutecules) ie agrave former agrave partir d‟un milieu gazeux liquide ou solide

des moleacutecules ioniseacutees isoleacutees manipulables dans le vide pousseacute preacutesent dans le spectromegravetre

de masse Pour cela diffeacuterentes sources d‟ionisation ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees adapteacutees agrave diffeacuterents

types d‟eacutechantillons et agrave diffeacuterents analyseurs

L‟eacutelectroneacutebulisation (ou eacutelectrospray ESI) est une meacutethode d‟ionisation agrave pression

atmospheacuterique qui permet de transfeacuterer et ioniser simultaneacutement des macromoleacutecules intactes

(eg des proteacuteines) preacutesentes en solution en phase gazeuse La formation des ions en phase

gazeuse par cette technique est reacutealiseacutee par des meacutecanismes de deacutesolvatation peu eacutenergeacutetiques

n‟induisant quasiment pas de fragmentation L‟eacutelectrospray est donc consideacutereacutee comme une

technique dionisation douce par opposition agrave d‟autres techniques comme l‟impact

eacutelectronique technique tregraves eacutenergeacutetique qui conduit agrave un grand nombre de fragmentations lors

de leacutetape dionisation De plus les ions isoleacutes sont formeacutes directement agrave partir des moleacutecules

en solution ce qui permet d‟eacuteviter une eacutetape de vaporisation par chauffage qui peut conduire

agrave la deacutegradation de l‟analyte L‟eacutelectroneacutebulisation a eacuteteacute deacuteveloppeacutee par John Fenn (1) sur la

base de travaux plus anciens de Malcolm Dole (2) et John Zeleny (3) et aujourd‟hui elle est

(avec le MALDI) la meacutethode de choix pour l‟eacutetude des biomoleacutecules par spectromeacutetrie de

masse

La formation des ions en phase gazeuse par eacutelectrospray se deacuteroule en trois eacutetapes

principales (i) formation des gouttelettes chargeacutees agrave l‟extreacutemiteacute dun capillaire meacutetalliseacute (ii)

eacutevaporation du solvant et fission des gouttelettes par explosions coulombiennes successives

et finalement (iii) obtention d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir des gouttelettes

fortement chargeacutees issues des deux premiegraveres eacutetapes Les meacutecanismes preacutecis de la formation

des espegraveces ioniseacutees et deacutesolvateacutees dans les deux derniegraveres eacutetapes sont aujourd‟hui encore

assez mal deacutefinis et sujets agrave controverse

200

A111 Formation des gouttelettes chargeacutees

L‟eacutetape initiale du processus d‟eacutelectrospray est la formation de gouttelettes chargeacutees agrave

partir d‟une solution Pour cela l‟eacutechantillon est introduit dans un capillaire meacutetallique (ou

une aiguille meacutetalliseacutee) porteacute agrave un fort potentiel eacutelectrique de plusieurs kilovolts (kV)

L‟application d‟une telle diffeacuterence de potentiel entre ce capillaire et une contre-eacutelectrode

placeacutee quelques millimegravetres plus loin induit une seacuteparation des charges agrave linteacuterieur du liquide

par un pheacutenomegravene eacutelectrophoreacutetique de migration des eacutelectrolytes (cations et anions) Lorsque

le capillaire est utiliseacute comme eacutelectrode positive les espegraveces cationiques s‟accumulent alors agrave

son extreacutemiteacute tandis que les anions migrent en sens inverse en s‟accumulant agrave l‟inteacuterieur

jusqu‟agrave s‟oxyder agrave la surface du capillaire (Fig A 1)

Fig A 1 Scheacutema simplifieacute du fonctionnement drsquoune source eacutelectrospray (4)

Ainsi en mode dit positif les cations sont attireacutes par l‟eacutelectrode neacutegative (contre-

eacutelectrode) et les anions par l‟eacutelectrode positive (capillaire) La seacuteparation des charges induit

une deacuteformation du liquide agrave l‟extreacutemiteacute du capillaire deacuteformation qui met en jeu un

eacutequilibre entre les forces eacutelectrostatiques (reacutepulsives) et la tension de surface (attractive) du

liquide Lorsque les forces eacutelectrostatiques atteignent la valeur de la tension de surface du

liquide la deacuteformation est conique et porte le nom de cocircne de Taylor (5) Une faible

augmentation du champ eacutelectrique suffit alors agrave deacutestabiliser le cocircne qui se rompt agrave son

extreacutemiteacute dispersant la solution en nombreuses gouttelettes qui emportent une partie des

charges preacutesentes agrave la pointe Apregraves cette eacutetape les gouttelettes se deacuteplacent sous l‟influence

du champ eacutelectrique mais eacutegalement sous celle d‟un gradient de pression creacuteeacute par la

deacutepression agrave lentreacutee du spectromegravetre de masse

201

A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes

Les gouttelettes chargeacutees issues du cocircne de Taylor migrent donc vers l‟interface du

spectromegravetre de masse Sur leur trajet elles entrent en collision avec le gaz atmospheacuterique et

suivant les interfaces avec un gaz de seacutechage et subissent une eacutevaporation du solvant alors

que le nombre de charges reste constant L‟eacutevaporation du solvant est favoriseacutee par la

tempeacuterature souvent eacuteleveacutee de la source dionisation (80-140degC) La diminution du rayon R

des gouttelettes posseacutedant une charge constante q conduit agrave l‟augmentation de la reacutepulsion

eacutelectrostatique des charges agrave sa surface jusqu‟agrave ce que les gouttelettes atteignent la limite de

stabiliteacute de Rayleigh donneacutee par

213

0 )(8 RqRy

ougrave 0 permittiviteacute du vide R rayon de densiteacute de charges et tension de surface stabilisant

la goutte

Cette eacutequation donne les conditions pour lesquelles les forces de reacutepulsions

eacutelectrostatiques deviennent eacutegales agrave celles de tension de surface A partir de la limite de

Rayleigh la gouttelette chargeacutee devient instable ce qui conduit agrave une explosion

coulombienne correspondant agrave la fission de la gouttelette en gouttelettes de plus petites tailles

Les travaux de Rayleigh en 1882 (6) puis de Gomez et Tang en 1994 (7) ont montreacute que la

fission des gouttelettes s‟effectuait par eacutemission d‟un jet tregraves fin de gouttelettes sans reacuteelle

relation de symeacutetrie Ce pheacutenomegravene d‟eacutevaporation se reproduit jusqu‟agrave ce que les nouvelles

gouttelettes aient agrave nouveau atteint la limite de Rayleigh

A113 Formation drsquoions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites

gouttelettes fortement chargeacutees

Dans la litteacuterature deux meacutecanismes ont eacuteteacute proposeacutes pour expliquer ce pheacutenomegravene Le

premier modegravele dit modegravele des reacutesidus chargeacutes ou laquo Charged Residue Model raquo (CRM) a eacuteteacute

deacutecrit par Dole en 1968 (2) L‟hypothegravese est la suivante la succession d‟explosions

coulombiennes conduirait agrave des gouttelettes de plus en plus petites jusqu‟agrave ce que la derniegravere

gouttelette ne possegravede plus qu‟une seule et unique moleacutecule d‟analyte (Fig A 2 (a)) Dans

ce modegravele l‟eacutevaporation totale du solvant reacutesiduel accumule les charges sur l‟analyte et

permet l‟obtention d‟ions multichargeacutes en phase gazeuse

202

En 1979 une seconde theacuteorie baseacutee sur de nouveaux meacutecanismes a eacuteteacute proposeacutee par Iribarne

et Thomson (8) Il s‟agit du modegravele de l‟eacutevaporation ionique ou laquo Ion Evaporation Model raquo

(IEM) Leur theacuteorie repose comme celle de Dole sur une succession initiale de fissions de

type coulombiennes qui reacuteduit la taille des gouttelettes et augmente leur densiteacute de charge

Cependant selon la theacuteorie dIribarne et Thomson pour des gouttelettes avec un rayon tregraves

petit (de l‟ordre de 10 nm) et une densiteacute de charge tregraves eacuteleveacutee le champ eacutelectrostatique agrave leur

surface serait assez intense pour expulser directement des ions preacuteformeacutes en phase gazeuse

(Fig A 2 (b)) Ce pheacutenomegravene appeleacute eacutevaporation ionique suggegravere que l‟explosion

coulombienne ne constitue pas le meacutecanisme majoritaire pour les petites gouttelettes de rayon

R le 10 nm

Fig A 2 Les deux theacuteories de lrsquoobtention drsquoions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de

gouttelettes chargeacutees (a) Modegravele des reacutesidus chargeacutes par Dole (b) Modegravele de lrsquoeacutevaporation

ionique par Iribarne et Thomson

Cependant aujourd‟hui encore aucun de ces deux modegraveles n‟est consideacutereacute comme

applicable agrave l‟ensemble des pheacutenomegravenes observeacutes en eacutelectrospray (9) Le consensus semble

ecirctre l‟existence d‟un effet de taille de l‟analyte les grosses moleacutecules eacutetant plutocirct orienteacutees

vers une formation d‟ions en phase gazeuse par le meacutecanisme de reacutesidus chargeacutes de Dole (10-

12) John B Fenn eacutemet l‟hypothegravese que cette theacuteorie s‟applique aux moleacutecules de haut poids

moleacuteculaire agrave partir du moment ougrave les dimensions lineacuteaires de ces moleacutecules sont

sensiblement plus grandes que la gouttelette qui les contient

Quel que soit le meacutecanisme responsable de la formation des ions en phase gazeuse

leacutelectrospray est aujourdhui une meacutethode dionisation extrecircmement utiliseacutee dans des

domaines varieacutes (biologie chimie pharmaciehellip)

203

A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS)

Parmi les diffeacuterents spectromegravetres de masse commercialiseacutes les instruments FT-ICR et

Orbitrap occupent une place de choix pour l‟eacutetude de proteacuteines entiegraveres par approche laquo top-

down raquo en raison de leurs tregraves grandes performances en termes de reacutesolution et de preacutecision

sur la mesure de masse

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR

Notre eacutetude sur les peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen qui est preacutesenteacutee dans le

Chap II de ce manuscrit a eacuteteacute reacutealiseacutee sur un spectromegravetre APEX III de Bruker (Brecircme

Allemagne) eacutequipeacute d‟un aimant supraconducteur de 7 Tesla d‟une cellule ICR de type

Infinity Cell et d‟une source eacutelectrospray Apollo I

Needle on

ground

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

PL1 PL2

(DPL2)

pulsed

PL4

(DPL4)

pulsed

HVO

(XDFL)

pulsed

(YDFL)

gate valve

FOCL1 FOCL2

PL9

(3kV)

Endplate

(~plusmn3600)

Capillary

(~plusmn4200)

CapExit

Skimmer2

Offset

ESI Source

ExtractTrap amp

pulsing between

(EV2DEV2)

Infinity cell

Skimmer1

Needle on

ground

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

PL1 PL2

(DPL2)

pulsed

PL4

(DPL4)

pulsed

HVO

(XDFL)

pulsed

(YDFL)

gate valve

FOCL1 FOCL2

PL9

(3kV)

Endplate

(~plusmn3600)

Capillary

(~plusmn4200)

CapExit

Skimmer2

Offset

ESI Source

ExtractTrap amp ExtractTrap amp

pulsing between

(EV2DEV2)

Infinity cell

Skimmer1

Fig A 3 Scheacutema du FT-ICR APEX III Bruker de la source eacutelectrospray agrave la cellule ICR

Infinity Cell (drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Les ions sont formeacutes au niveau de la source ESI puis transfeacutereacutes via un ensemble de

lentilles eacutelectrostatiques au centre de la cellule de pieacutegeage situeacutee au cœur de l‟eacutelectroaimant

supraconducteur (Fig A 3)

Un hexapocircle de stockage est inseacutereacute apregraves le capillaire de transfert de la source eacutelectrospray

et avant le systegraveme de transfert eacutelectrostatique afin dy accumuler les ions avant de les

envoyer dans la cellule ICR Cette derniegravere placeacutee dans un vide pousseacute (10-10

mbar environ)

repreacutesente l‟eacuteleacutement cleacute du spectromegravetre puisqu‟elle va servir d‟analyseur et de deacutetecteur par

la mesure de la freacutequence cyclotron des ions pieacutegeacutes

204

Au cours de cette thegravese notre spectromegravetre a beacuteneacuteficieacute d‟importantes eacutevolutions

instrumentales Ainsi en janvier 2011 nous avons fait l‟acquisition du chariot de la socieacuteteacute

Sanofi-Aventis de Toulouse notre APEX III devenant alors APEX-Q Les principales

diffeacuterences entre les deux instruments sont l‟ajout d‟un quadripocircle et d‟une cellule de

collision et la source d‟ionisation (Apollo I sur lAPEX III et CombiSource premier modegravele

sur l‟APEX-Q) (Fig A 4)

Ion transfer

optics

UV Laser

Lens

Windows

Mirror

Medium pressure

chamber

Movable

hexapole

PPP

MALDI

sample

plate

Second

skimmer

Ion transfer

capillary

ESI

skimmer

Funnel

Electrospray

nebulizer

End

cap

ICR trap

Attenuator Magnet

Mirrors

PP

P

Storage hexapole

Trapextractplate

Collision

gas tube

Pulsed

valve

Collision hexapole

Quadrupole

ESI

Sprayed

sample

Hollow

cathode

IRMPDECD

Fig A 4 Scheacutema du FT-ICR APEX-Q Bruker de la combi-source agrave la cellule ICR Infinity

Cell (drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Puis en avril 2012 nous avons reccedilu le nouveau chariot de Bruker le SolariX (Fig A 5) Il

apporte les ameacuteliorations suivantes une combisource nouvelle geacuteneacuteration l‟ajout d‟un

module ETS (possibiliteacutes de CID ou d‟ECDETD) et d‟un hexapocircle pour acheminer les ions

de la cellule de collision agrave la cellule ICR (Fig A 6)

205

Fig A 5 Photographie du FT-ICR SolariX (Bruker)

Fig A 6 Scheacutema du FT-ICR SolariX Bruker de la combi-source agrave la cellule ICR Infinity Cell

(drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Comme il a deacutejagrave eacuteteacute speacutecifieacute dans le Chap III de ce manuscrit nous avons eacutegalement eacuteteacute

ameneacutes agrave travailler sur l‟APEX-Qe d‟Orsay Les diffeacuterences majeures entre l‟APEX III et

l‟APEX-Qe sont la preacutesence dun quadripocircle sur lAPEX-Qe permettant de reacutealiser la

seacutelection d‟ions preacutecurseurs avant leur entreacutee dans la cellule ICR la preacutesence dlaquo ion

funnels raquo (qui ameacuteliorent la sensibiliteacute de linstrument) et la source dionisation (Apollo I sur

lAPEX III Apollo II sur lAPEX-Qe)

206

A1211 Principe physique

Le principe de la spectromeacutetrie de masse agrave reacutesonance cyclotronique ionique (laquo Ion

Cyclotron Resonance raquo ICR) repose sur le fait qu‟une particule chargeacutee animeacutee dune vitesse

v se deacuteplaccedilant dans un champ magneacutetique uniforme B subit la force de Lorentz (Eq A 1)

BvqF

(Eq A 1)

Cette force conduit la particule chargeacutee agrave adopter une trajectoire heacutelicoiumldale autour d‟un

axe parallegravele agrave celui du champ magneacutetique B (conventionnellement axe z) dont la projection

dans le plan orthogonal (xy) est un mouvement circulaire uniforme (Fig A 7)

Fig A 7 Mouvement cyclotron drsquoun ion dans un champ magneacutetique

Ce mouvement de rotation est appeleacute mouvement cyclotron et en l‟absence de champ

eacutelectrique sa freacutequence νc ne deacutepend que du champ magneacutetique et du rapport masse sur

charge (Eq A 2) On conccediloit degraves lors quune mesure de cette freacutequence de rotation permet

une deacutetermination du rapport mz de lespegravece consideacutereacutee

zm

B

m

Bqc

105356111

2

7

(Eq A 2)

A1212 Pieacutegeage des ions

Jusquici seul le mouvement dans le plan xy a eacuteteacute consideacutereacute En labsence dautres champs

la vitesse suivant laxe z reste constante et la trajectoire reacutesultante est un mouvement

heacutelicoiumldal autour dun axe parallegravele agrave z qui se poursuivra indeacutefiniment Pour construire un

piegravege une possibiliteacute est de fermer le mouvement suivant z par deux plaques de pieacutegeage

207

perpendiculaires agrave laxe z porteacutees agrave un potentiel reacutepulsif Ainsi est neacutee la cellule ICR aussi

appeleacutee piegravege de Penning et le premier modegravele en est la cellule cubique (Fig A 8)

Fig A 8 Cellule cubique simple (13)

Sil eacutetait possible dappliquer un champ eacutelectrique homogegravene parallegravele au champ

magneacutetique avec des plaques de longueurs infinies le mouvement dun ion serait heacutelicoiumldal

avec des oscillations peacuteriodiques suivant laxe z Cette freacutequence d‟oscillations ou freacutequence

de pieacutegeage νt est principalement due aux reacutepulsions successives des deux plaques de

pieacutegeage et peut ecirctre exprimeacutee par (Eq A 3)

2

2

2

1

am

Vq trap

t

(Eq A 3)

ougrave Vtrap potentiel de pieacutegeage a distance entre les deux plaques et α facteur geacuteomeacutetrique

eacutegal agrave 2 dans le cas ideacuteal

Cependant il n‟est pas possible de se situer dans le cas ideacuteal d‟un champ eacutelectrique

homogegravene qui suppose des plaques infinies Le champ eacutelectrique ne peut pas ecirctre exactement

parallegravele au champ magneacutetique et une composante radiale est alors agrave prendre en compte Par

conseacutequent un troisiegraveme mouvement propre au mouvement de deacuteplacement des charges

pieacutegeacutees s‟ajoute aux deux preacuteceacutedents mouvements (cyclotron et pieacutegeage) Ce mouvement dit

mouvement magneacutetron s‟oppose agrave la force de Lorentz et se traduit par un abaissement de la

freacutequence cyclotronique

208

Ce pieacutegeage suppose toutefois que la trajectoire des ions les ait ameneacutes agrave ecirctre confineacutes

dans la cellule Cela peut ecirctre obtenu en produisant des ions in situ (ionisation eacutelectronique

MALDI) mais des difficulteacutes suppleacutementaires sont agrave prendre en compte lorsque les ions sont

formeacutes initialement agrave l‟exteacuterieur de la cellule (cas de l‟ionisation par eacutelectrospray) En effet la

conservation de l‟eacutenergie cineacutetique impose que pour des ions transporteacutes suivant l‟axe z s‟ils

ont suffisamment d‟eacutenergie pour entrer dans la cellule et que le potentiel des plaques ne

change pas ils en ont assez pour ressortir

Le pieacutegeage dynamique est une solution agrave ce problegraveme au lieu dappliquer des tensions

continues sur les plaques de pieacutegeage on va jouer sur des variations de tension pour sassurer

du pieacutegeage des ions On synchronise les tensions sur la plaque de la cellule situeacutee cocircteacute source

avec le deacuteplacement des ions (Fig A 9) Neacuteanmoins cette technique introduit une

discrimination en masse par la diffeacuterence de temps de vol des espegraveces

Fig A 9 Principe du pieacutegeage dynamique des ions

A1213 Obtention des spectres de masse

Une fois les ions pieacutegeacutes la mesure de leur freacutequence cyclotronique n‟est pas possible

directement Bien qu‟ayant une freacutequence de rotation identique tous les ions de mecircme rapport

masse sur charge ne preacutesentent pas un mouvement coheacuterent En effet les ions ont eacuteteacute produits

agrave des temps variables et avec des eacutenergies cineacutetiques diffeacuterentes ce qui se traduit par une

209

phase (position sur l‟orbite) et un rayon variables Afin de pouvoir mesurer les freacutequences

cyclotroniques il est neacutecessaire que ce mouvement global devienne coheacuterent ie que tous les

ions de mecircme rapport masse sur charge se preacutesentent avec la mecircme phase et avec le mecircme

rayon Ce reacutesultat est obtenu par une proceacutedure d‟excitation-deacutetection deacutetailleacutee ci-apregraves

Excitation des ions

Comme cela vient d‟ecirctre dit une fois pieacutegeacutes les ions de mecircme rapport masse sur charge

ont la mecircme freacutequence cyclotronique mais ne forment pas un paquet coheacuterent En effet la

position de leur axe de rotation et la phase de leur mouvement ne sont pas eacutegales De plus le

rayon de leur orbite cyclotronique est trop faible pour induire un quelconque signal sur les

plaques de deacutetection L‟application d‟un pulse de radiofreacutequence sur les plaques d‟excitation agrave

leur freacutequence cyclotron permet de rendre le mouvement des ions coheacuterent et de les conduire

sur une trajectoire de mecircme rayon agrave proximiteacute des plaques de deacutetection En effectuant un

balayage de freacutequence il est possible d‟exciter des populations d‟ions de rapports masse sur

charge diffeacuterents qui adoptent alors une trajectoire circulaire de mecircme rayon avec des

freacutequences de rotation diffeacuterentes Cette eacutetape permet non seulement d‟obtenir des paquets

d‟ions deacutecrivant un mouvement coheacuterent mais aussi de les rapprocher des deux plaques de

deacutetection afin de pouvoir analyser ce mouvement Dans le cas ideacuteal il conviendrait d‟exciter

les ions sur une orbite la plus grande possible afin d‟augmenter le signal et la sensibiliteacute

Cependant ceci n‟est pas applicable puisque la non homogeacuteneacuteiteacute du champ eacutelectrique pregraves

des plaques conduirait agrave l‟eacutejection progressive des ions C‟est la raison pour laquelle il est

usuel de ne pas exciter les ions sur des rayons supeacuterieurs agrave 08 fois le rayon de la cellule

Plusieurs types de champs eacutelectriques sinusoiumldaux peuvent ecirctre appliqueacutes pour exciter les

ions La Fig A 10 preacutesente trois types d‟excitations diffeacuterentes

210

a)

b)

c)

a)

b)

c)

Fig A 10 Types drsquoexcitations usuellement utiliseacutees agrave gauche dans le domaine temporel et agrave

droite dans le domaine des freacutequences (a) sinusoiumlde monofreacutequence tronqueacutee (b) balayage

de freacutequence (chirp) (c) balayage par SWIFT

Le premier type permet l‟excitation des ions agrave une seule freacutequence (Fig A 10 (a))

L‟excitation monofreacutequence n‟est donc pas vraiment utile pour la deacutetection de tous les ions

preacutesents dans la cellule qui est le cas le plus couramment rencontreacute En effet dans ce cas il

faudrait reacutealiser une excitation monofreacutequence pour chacun des ions preacutesents Il est donc

preacutefeacuterable d‟utiliser un mode d‟excitation par balayage de freacutequence (Fig A 10 (b)) qui va

balayer toute la gamme de freacutequences des ions en une seule impulsion Le balayage par

SWIFT (laquo Stored-Waveform Inverse Fourier Transform raquo) (Fig A 10 (c)) permet de calculer

l‟onde d‟excitation agrave partir du domaine des rapports masse sur charge eacutetudieacute Cependant le

SWIFT n‟est employable que sur les instruments eacutequipeacutes d‟un geacuteneacuterateur arbitraire de

freacutequences

Deacutetection du courant induit

La rotation coheacuterente des ions sur une orbite large creacutee un courant induit sur les deux

plaques de deacutetection qui est deacutetectable apregraves amplification par une eacutelectronique adapteacutee Ce

courant est proportionnel agrave la charge totale du paquet d‟ions ayant un mouvement coheacuterent

et ne deacutepend pas de la freacutequence cyclotronique des ions

Forme du signal mesureacute

La collision des ions avec des moleacutecules de gaz reacutesiduelles pendant le temps de mesure

conduit agrave une perte de coheacuterence du paquet d‟ions et donc agrave une perte d‟intensiteacute du signal

211

De ce fait le signal obtenu correspond agrave une sinusoiumlde amortie exponentiellement (Fig A

11) Or la preacutecision en masse est directement lieacutee agrave la preacutecision sur la mesure de la freacutequence

de rotation cyclotron des ions pieacutegeacutes Par conseacutequent une mesure de masse preacutecise neacutecessite

une pression la plus faible possible dans la cellule

Fig A 11 Signal sinusoiumldal amorti exponentiellement (agrave gauche eacutechelle en temps) et le

reacutesultat apregraves transformation de Fourier (agrave droite eacutechelle en freacutequence)

Digitalisation et transformation de Fourier

Comme l‟indique le nom de l‟appareil c‟est la transformeacutee de Fourier (laquo Fourier

Transform raquo FT) qui permet de mesurer en une seule expeacuterience l‟ensemble des freacutequences

de rotation des ions (Fig A 12)

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

FT

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

FT

Fig A 12 Spectre de masse obtenu apregraves transformeacutee de Fourier du signal

Le courant induit mesureacute sur les plaques de deacutetection correspond agrave un interfeacuterogramme (ou

laquo Free Induction Decay raquo FID) ougrave les sinusoiumldes amorties de l‟ensemble des ions preacutesents

dans la cellule sont additionneacutees les unes aux autres La digitalisation de ce signal suivie

d‟une transformation de Fourier permet de convertir cet interfeacuterogramme en un spectre

contenant les informations sur les freacutequences (convertibles en rapport masse sur charge via la

relation A 2) et les abondances des ions pieacutegeacutes dans la cellule En additionnant plusieurs

deacutetections successives il est possible d‟ameacuteliorer le rapport signal sur bruit du spectre

transformeacute

212

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR

A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse

La particulariteacute de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR qui consiste agrave ramener la mesure des

rapports masse sur charge agrave la mesure d‟une freacutequence lui confegravere ses caracteacuteristiques en

termes de reacutesolution Dans des conditions approprieacutees ie avec un vide tregraves pousseacute dans la

cellule permettant un enregistrement pendant un temps suffisamment long sans perte de

signal il est possible d‟atteindre des reacutesolutions supeacuterieures agrave 106 pour un ion de mz 1000

dans un champ magneacutetique de 7 Tesla En plus du temps d‟enregistrement pour obtenir de la

haute reacutesolution la principale contrainte est le transfert et le stockage d‟interfeacuterogrammes de

grande taille (jusqu‟agrave 8 Mega points) De ce fait la reacutesolution expeacuterimentale utiliseacutee est

freacutequemment de l‟ordre de 60 000 pour minimiser les temps d‟acquisition ainsi que la taille

de stockage

La preacutecision en masse deacutepend principalement de la reacutesolution mais eacutegalement de la charge

d‟espace En effet la preacutesence d‟un tregraves grand nombre d‟ions pieacutegeacutes dans la cellule modifie le

champ eacutelectrique et geacutenegravere une force de reacutepulsion entre les ions Cette force a pour

conseacutequence la deacuteviation de la trajectoire des ions ce qui biaise les mesures de masses Ce

pheacutenomegravene pose le problegraveme eacutevident de la calibration externe En effet pour que l‟eacutetalonnage

externe soit le plus preacutecis possible il faut qu‟il soit effectueacute avec une charge d‟espace

comparable agrave celle de l‟eacutechantillon ce qui est difficilement controcirclable Il est ainsi

recommandeacute de travailler avec de faibles quantiteacutes d‟ions pour limiter au maximum la

deacuteviation due agrave ce pheacutenomegravene Une preacutecision de lordre de quelques ppm est alors obtenue

Cependant l‟eacutetalonnage interne permet de saffranchir de ce problegraveme de charge d‟espace

puisque les ions calibrants sont preacutesents dans la cellule en mecircme temps que les ions de

l‟eacutechantillon et subissent la mecircme charge d‟espace On atteint alors en routine des preacutecisions

en masse de l‟ordre d‟une ppm voire moins

A1222 Sensibiliteacute

Des calculs theacuteoriques ont montreacute que le nombre de charges minimum ayant un

mouvement coheacuterent neacutecessaire pour deacutetecter un signal eacutetait de l‟ordre de 200 Ceci constitue

une limite ultime de la sensibiliteacute de ce type d‟instrument En pratique il faut tenir compte de

213

l‟efficaciteacute de chacune des eacutetapes permettant de passer de l‟analyte neutre aux ions pieacutegeacutes et

exciteacutes dans la cellule Il faut eacutegalement tenir compte des eacutetats de charge et de l‟existence de

massifs isotopiques qui augmentent le nombre de freacutequences sur lesquelles se reacutepartissent les

ions Les sensibiliteacutes records atteintes actuellement sur des peptides de masse 1000 Da sont

de l‟ordre de 10 attomoles consommeacutees en nano-eacutelectrospray Dans un instrument

commercial avec les protocoles standards on peut obtenir un signal exploitable avec environ

10 femtomoles de produit consommeacute

A1223 Gamme dynamique

Un point sur lequel la spectromeacutetrie de masse FT-ICR nest pas particuliegraverement bien

placeacutee est la gamme dynamique qui repreacutesente la capaciteacute agrave discriminer des ions

d‟abondances diffeacuterentes dans un mecircme spectre Le problegraveme est lieacute agrave celui de la charge

d‟espace dans la mesure ougrave les mouvements des ions de faible abondance sont perturbeacutes par

ceux des ions majoritairement preacutesents dans la cellule Il est admis qu‟il est difficile de

mesurer avec une bonne preacutecision la masse d‟un ion dont l‟abondance est infeacuterieure agrave 1 de

celle de l‟ion le plus abondant

A1224 Gamme de masse

La gamme de masse est quant agrave elle en theacuteorie quasiment illimiteacutee La limite de masse

infeacuterieure deacutepend uniquement de l‟eacutelectronique et plus preacuteciseacutement des capaciteacutes du

digitaliseur et du geacuteneacuterateur de freacutequences Pour un aimant de 7 Tesla eacutequipeacute d‟un

digitaliseur agrave 8 MHz cela eacutequivaut agrave une limite infeacuterieure de mz 29 En ce qui concerne la

limite supeacuterieure elle deacutepend de la capaciteacute de la cellule agrave pieacuteger les ions Dans le cas d‟un

aimant de 7 Tesla cette limite est atteinte pour un ion de mz 274 000 Malheureusement des

problegravemes apparaissent avant cette limite notamment agrave cause des limites sur les dureacutees

d‟acquisition de signal Les signaux des masses eacuteleveacutees correspondant agrave de basses freacutequences

se trouvent consideacuterablement eacutelargis (mz 274 000 eacutequivaut agrave mesurer une freacutequence de 393

Hz) De ce fait la limite expeacuterimentale couramment admise se situe agrave mz 27 000 pour un

aimant de 7 Tesla

214

A123 Technologie Orbitrap

L‟Orbitrap est une technologie relativement reacutecente (baseacutee sur le principe d‟un piegravege

orbitalaire eacutelectrostatique) inventeacutee par A Makarov (14) L‟Orbitrap repose sur le pieacutegeage

des ions par un champ eacutelectrostatique quadripolaire qui creacutee l‟oscillation des ions pieacutegeacutes Ces

oscillations proportionnelles au rapport (mz)-12

sont deacutetecteacutees par la mesure du courant

induit et traduites en spectre de masse par la transformeacutee de Fourier (Fig A 13) Il existe

donc de grandes similitudes au niveau de la deacutetection des ions par spectromeacutetrie de masse FT-

ICR et Orbitrap

Fig A 13 Deacutetection des ions par la technologie Orbitrap Les courants induits correspondent

agrave un interfeacuterogramme qui est la superposition de freacutequences de plusieurs espegraveces Le

traitement du signal qui est reacutealiseacute de la mecircme maniegravere que par spectromeacutetrie de masse FT-

ICR avec les mecircmes contraintes et limitations suivi eacutegalement drsquoune transformation de

Fourier permet de convertir cet interfeacuterogramme en un spectre de freacutequence facilement

convertible en spectre de masse

De ce fait les performances de la technologie Orbitrap en termes de reacutesolution (jusque

100 000) et preacutecision sur la mesure de masse (de l‟ordre de 1-2 ppm) rivalisent avec celles de

la spectromeacutetrie de masse FT-ICR De plus la reacutesolution de l‟Orbitrap eacutetant proportionnelle

au rapport (mz)-12

elle diminue moins vite avec l‟augmentation du rapport mz que dans le

cas du FT-ICR Par ailleurs la gamme dynamique de l‟Orbitrap contrairement agrave la

spectromeacutetrie de masse FT-ICR est satisfaisante (gt 3 deacutecades) (15) L‟Orbitrap est

principalement utiliseacutee en spectromeacutetrie de masse en tandem associeacutee agrave un piegravege lineacuteaire

Le scheacutema et la photographie du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher) que

nous avons utiliseacute pour nos expeacuteriences HDX correspondent aux Fig A 14 et Fig A 15

215

L‟instrument est composeacute d‟une source ESI de type laquo Z-spray raquo suivie d‟une optique ionique

de type laquo S-lens raquo permettant de mieux focaliser les ions et d‟ameacuteliorer la sensibiliteacute Une

optique de transfert ionique (quadripocircle octopocircle) performante en termes de stabiliteacute et

efficaciteacute de transmission des ions permet leur acheminement dans une trappe lineacuteaire Dans

cette trappe ionique il est possible de fragmenter les ions par CID ou ETD et de proceacuteder agrave

leur deacutetection Il est eacutegalement possible de les deacutetecter par transformation de Fourier dans

l‟Orbitrap avec une meilleure reacutesolution Dans ce cas les ions sont transfeacutereacutes de la trappe

lineacuteaire agrave la C-trappe via un quadripocircle puis eacutejecteacutes dans l‟analyseur Orbitrap Une cellule de

collision placeacutee agrave proximiteacute de la C-trappe permet eacutegalement de fragmenter les ions par HCD

(laquo High-energy Collisional Dissociation raquo) Les ions sont ensuite analyseacutes dans l‟Orbitrap

Fig A 14 Scheacutema du LTQ-Orbitrap Velos (drsquoapregraves la documentation de Thermo Ficher

Scientific)

Fig A 15 Photographie du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher Scientific) de

la plateforme proteacuteomique de lInstitut Jacques-Monod (Paris 7)

216

A13 Fragmentation en phase gazeuse

La spectromeacutetrie de masse en tandem consiste (i) dans une premiegravere eacutetape agrave seacutelectionner

l‟ion d‟inteacuterecirct (appeleacute ion parent ou ion preacutecurseur) et (ii) dans une seconde eacutetape agrave

analyser les ions fragments (ou ions fils) obtenus par la dissociation de l‟ion parent Selon

les instruments utiliseacutes les eacutetapes de seacutelection et d‟analyse des fragments se font soit dans

l‟espace (tQ Q-TOF TOF-TOF) soit dans le temps (IT FT-ICR) soit en combinant des

eacutetapes dans le temps et l‟espace (q-FT-ICR IT-Orbitrap)

Comme les sources d‟ionisation dites douces (ESI MALDI) celles utiliseacutees pour

l‟analyse des biomoleacutecules conduisent agrave des ions avec peu d‟eacutenergie interne il faut induire la

fragmentation par un apport d‟eacutenergie au systegraveme Cet apport d‟eacutenergie peut se faire de

diffeacuterentes faccedilons (16) collision avec un gaz inerte (fragmentation de haute ou basse

eacutenergie) collision avec une surface irradiation par des photons irradiation par des eacutelectrons

(speacutecifique des FT-ICR) reacuteactions ion-moleacutecule ou ion-ion (dont l‟ETD) Le controcircle de

l‟eacutenergie deacuteposeacutee est un paramegravetre important comme nous avons pu le voir dans le Chap I

dans le cadre des eacutetudes HDX il est important de pouvoir controcircler l‟eacutenergie apporteacutee aux

ions pour ne pas conduire agrave un reacutearrangement aleacuteatoire total des hydrogegravenes et deuteacuteriums le

long du squelette polypeptidique

La spectromeacutetrie de masse en tandem permet d‟obtenir des informations de structure de

l‟ion fragmenteacute (qu‟il soit organique ou biologique) et permet dans le cas de meacutelanges

complexes de seacutelectionner speacutecifiquement une espegravece parmi les autres pour obtenir son

spectre de fragmentation

Les deux principaux types de fragmentation utilisables dans le cadre des eacutetudes HDX sont

deacutetailleacutes dans les sous-paragraphes suivants Il s‟agit des meacutethodes d‟activation par les

eacutelectrons (ECDETD) preacutesenteacutees preacuteceacutedemment dans le Chap I

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR

Ce mode de dissociation consiste agrave irradier les ions multichargeacutes par un faisceau

d‟eacutelectrons La recombinaison entre un eacutelectron et l‟ion conduit agrave la formation d‟un cation

radical (Fig A 16) et permet un gain d‟eacutenergie de l‟ordre de quelques eV (2-3 eV) (17) Ce

type de fragmentation est speacutecifique des FT-ICR et a eacuteteacute preacutesenteacute dans le Chap I dans la

217

partie consacreacutee agrave la fragmentation des peptides proteacuteolytiques marqueacutes La grande diffeacuterence

avec la fragmentation CID repose sur la formation initiale d‟un radical cation dont les voies

de fragmentation seront pour des polypeptides tregraves diffeacuterentes de celles du cation Cela se

traduira en particulier par la formation de fragments de type c et z De plus comme vu dans le

Chap II l‟ECD conduit agrave une faible redistribution des deuteacuteriums avant fragmentation ce

que les proposants de meacutecanismes pour l‟ECD ont attribueacute soit agrave une vitesse de fragmentation

rapide ne permettant pas une redistribution initiale de l‟eacutenergie (hypothegravese non-ergodique)

soit plus vraisemblablement agrave une barriegravere de fragmentation suffisamment abaisseacutee pour

rendre la vitesse de rupture des liaisons amide dans le radical cation supeacuterieure agrave celles des

autres voies de fragmentation etou de transferts de protons

e-

[M nH]n+ [M nH](n-1)+bull F1m+ + F2

k+bull

Fig A 16 Capture exothermique drsquoun eacutelectron par une moleacutecule multichargeacutee (positive)

Mode drsquoactivation ECD passe par une voie de fragmentation de type radicalaire

D‟un point de vue technique les eacutelectrons sont formeacutes par une cathode chauffeacutee

indirectement qui a remplaceacute le filament afin d‟obtenir un flux suffisant pour que la capture

d‟eacutelectron soit efficace La fragmentation a lieu dans la cellule ICR ougrave les ions sont pieacutegeacutes agrave

proximiteacute du centre de la cellule Trois paramegravetres influencent l‟efficaciteacute de fragmentation

par ECD (i) le potentiel de la cathode qui controcircle l‟eacutenergie des eacutelectrons mais a eacutegalement

un effet sur le courant d‟eacutelectrons (ii) la tempeacuterature de la cathode et (iii) la dureacutee

d‟irradiation par des eacutelectrons qui controcircle le taux de fragmentation Notons que l‟efficaciteacute

de capture deacutecroicirct rapidement avec l‟eacutenergie des eacutelectrons et qu‟il est important d‟optimiser

au maximum le temps d‟irradiation par des eacutelectrons pour eacuteviter les recaptures successives

tout en obtenant suffisamment de fragmentations (voir Chap III)

Lors de nos expeacuteriences ECD nous avons utiliseacute une cathode chauffeacutee agrave 16 A pour

l‟APEX III et 18 A pour l‟APEX-Qe avec une irradiation par des eacutelectrons de l‟ordre de

quelques eV d‟eacutenergie cineacutetique (de 09 eV pour l‟ubiquitine agrave 2 eV pour aIF2α3) pendant

quelques dizaines de millisecondes (optimum agrave 10 ms) Nous avons travailleacute sur tous les eacutetats

de charge sans seacutelection

218

A132 Fragmentation par ETD sur lrsquoOrbitrap

L‟ETD est un analogue de l‟ECD Il procegravede par une reacuteaction ion-moleacutecule entre un

radical anion formeacute geacuteneacuteralement dans une source CI neacutegatif et un cation multichargeacute La

difficulteacute est de maximiser le transfert d‟eacutelectron en limitant le transfert de proton Les

reacuteactifs ont eacuteteacute optimiseacutes pour cela et le fluoranthegravene utiliseacute dans ce travail est le reacuteactif

geacuteneacuteralement utiliseacute De plus il est possible via le choix du reacuteactif de controcircler la

thermochimie du transfert d‟eacutelectrons On obtient en ETD une fragmentation similaire agrave celle

en ECD mais pas identique

L‟ETD preacutesente tous les avantages de l‟ECD il ne deacutepend pas de la seacutequence

polypeptidique (nature en acides amineacutes et longueur) il permet de localiser des modifications

post-traductionnelles labiles et il permet d‟obtenir une couverture de seacutequence importante

pour les peptides non tryptiques (issus de la digestion de la proteacuteine agrave la trypsine) pour les

proteacuteines et les peptides hautement basiques La meacutethode ETD comme la technique ECD est

donc particuliegraverement bien adapteacutee aux analyses laquo top-down raquo Par ailleurs contrairement agrave

l‟ECD qui requiert un FT-ICR la fragmentation ETD peut ecirctre reacutealiseacutee dans une trappe

ionique quadripolaire radiofreacutequence voire dans un piegravege hexapolaire qui demandent une

faible maintenance et que l‟on retrouve sur une grande varieacuteteacute d‟instruments moins coucircteux

D‟un point de vue technique le fluoranthegravene est utiliseacute comme reacuteactif pour la

fragmentation ETD reacutealiseacutee agrave l‟aide du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos L‟anion radicalaire

du fluoranthegravene qui constitue donc le reacuteactif ETD est produit par la reacuteaction preacutesenteacutee dans

Fig A 17

Fig A 17 Production du reacuteactif ETD (anion radicalaire) agrave partir du fluoranthegravene

Cette reacuteaction est reacutealiseacutee dans le module ETD (Fig A 18) de l‟instrument qui est donc

constitueacute d‟une source agrave ionisation chimique utilisant

- deux reacuteservoirs indeacutependants de reacuteactifs dont un pour les reacuteactions de type transfert

d‟eacutelectron (ETD) et l‟autre pour les reacuteactions par transfert de proton (PTR)

- une ligne de transfert chauffeacutee

219

- un volume d‟ion chargeacute en eacutelectron par un filament

- une optique de transfert utilisant un quadripocircle pour filtrer le reacuteactif chargeacute en eacutelectron

Il est placeacute agrave proximiteacute de la C-trappe (Fig A 14)

Fig A 18 Module ETD de lrsquoinstrument LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher Scientific)

Le reacuteactif ETD est ensuite envoyeacute dans la trappe lineacuteaire ougrave la reacuteaction ionion entre le

peptide multiprotoneacute et un anion radicalaire aura lieu conduisant agrave la fragmentation de l‟ion

peptidique consideacutereacute La dissociation est reacutealiseacutee sur un eacutetat de charge particulier qui a eacuteteacute au

preacutealable seacutelectionneacute dans la cellule de haute pression de la trappe ionique

Trois temps d‟activation (5 15 et 25 ms) correspondant agrave trois dureacutees pendant lesquelles se

deacuteroule la reacuteaction ETD ont eacuteteacute utiliseacutes conseacutecutivement sur un mecircme eacutetat de charge afin de

maximiser la couverture de seacutequence En effet des profils de fragmentation diffeacuterents sont

obtenus en fonction du temps d‟activation Pour chaque temps d‟activation une minute

environ de fragmentation a eacuteteacute enregistreacutee

L‟option laquo Supplemental Activation raquo a eacutegalement eacuteteacute utiliseacutee Elle permet d‟apporter au

systegraveme une petite quantiteacute d‟activation collisionnelle suppleacutementaire afin de faciliter la

dissociation de l‟ion preacutecurseur En effet il a eacuteteacute montreacute que dans beaucoup de cas le transfert

d‟eacutelectron avait lieu sans que la dissociation soit pour autant effective

220

A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF

Des expeacuteriences de collision avec un gaz inerte (CID) ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur le Q-ToF

Premier (Waters) (Fig A 19) Les diffeacuterents eacutetats de charge des ions multichargeacutes (positifs)

ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dans le quadripocircle du spectromegravetre de masse avant d‟ecirctre fragmenteacutes dans

la cellule de collision L‟eacutenergie de collision est le paramegravetre agrave optimiser pour la dissociation

de chaque eacutetat de charge

Fig A 19 Scheacutema du Q-ToF Premier (Waters)

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

A21 Marquage

A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes

Les peptides de synthegravese (P1 HHHHHHIIKIIK P2 KKDDDDDDIIKIIK P3

KKDDDIIKIIK P4 KKDDDIIK) ont eacuteteacute acheteacutes chez Genscript Corporation (Piscataway

NJ) Une solution stock agrave 1 mM de chaque peptide a eacuteteacute preacutepareacutee en diluant le peptide

lyophiliseacute dans D2O Afin d‟eacutechanger complegravetement tous les sites eacutechangeables (hydrogegravenes

d‟amide de la liaison peptidique et hydrogegravenes labiles des chaicircnes lateacuterales des acides

amineacutes) la solution est incubeacutee agrave tempeacuterature ambiante pendant au moins 1 heure Le

221

deacutemarquage (seacutelectif du cocircteacute N-terminal) est initieacute en diluant au 1100e la solution stock dans

H2O glaceacutee (0degC) et acide (AA 05 M pH 23) MeOH 11 (vv)

A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine

L‟ubiquitine petite proteacuteine modegravele a eacuteteacute utiliseacutee (avec les peptides modegraveles de T

Joslashrgensen) pour eacutetudier le laquo back-exchange raquo Elle a donc eacuteteacute totalement marqueacutee par dilution

de sa poudre lyophiliseacutee dans D2O agrave la concentration finale de 100 microM et incubation pendant

1 heure agrave 37degC sous agitation (600 rpm)

De la mecircme maniegravere la substance P et le Glu F sont deux peptides qui ont eacuteteacute

ponctuellement utiliseacutes comme sonde de l‟eacutechange inverse Leur poudre lyophiliseacutee a donc

eacuteteacute eacutegalement dilueacutee dans D2O agrave la concentration finale de 100 microM puis le meacutelange a eacuteteacute

incubeacute pendant 1 heure agrave 37degC sous agitation (600 rpm)

A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ

L‟eacutechange isotopique de la proteacuteine ou du complexe proteacuteique d‟inteacuterecirct sous sa forme

native se fait par incubation dans une solution correspondant agrave son tampon de purification

contenant des deuteacuteriums eacutechangeables Une fois le temps d‟eacutechange souhaiteacute atteint le

marquage doit ecirctre arrecircteacute dans des conditions figeant les deuteacuteriums d‟amide du squelette

polypeptidique sur leur position et en deacutemarquant les autres sites eacutechangeables (hydrogegravenes

labiles des chaicircnes lateacuterales) Pour cela il faut diminuer tregraves rapidement la tempeacuterature du

milieu et repasser en conditions acides et en milieu protoneacute Dans ces conditions seuls les

deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes seront eacutechangeacutes par des hydrogegravenes et les

deuteacuteriums sur la fonction amide de la liaison peptidique conserveront leur localisation

aIF2α3 Sulfolobus solfataricus

112 microL de D2O NaCl 330 mM ont eacuteteacute ajouteacutes agrave 16 microL de solution proteacuteique aIF2α3 agrave 178

microM dans H2O NaCl 330 mM Le meacutelange a eacuteteacute incubeacute pendant des temps variables agrave une

tempeacuterature de 37degC sous agitation (600 rpm) et l‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium a eacuteteacute bloqueacute

lors de l‟eacutetape de dessalage par ajout de 128 microL de H2OAF 2

222

aIF2α3γ Sulfolobus solfataricus

112 microL de D2O NaCl 330 mM ont eacuteteacute ajouteacutes agrave 16 microL de solution proteacuteique agrave aIF2α3γ agrave

1156 microM dans H2O NaCl 330 mM Le meacutelange a eacuteteacute incubeacute pendant des temps variables agrave

une tempeacuterature de 37degC sous agitation (600 rpm) et l‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium a eacuteteacute

bloqueacute lors de l‟eacutetape de dessalage par ajout de 128 microL de H2OAF2

A22 Dessalage

Le dessalage se deacuteroulant apregraves les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium il doit obligatoirement

ecirctre effectueacute agrave faible tempeacuterature (dans la glace) et pH afin de minimiser les eacutechanges

inverses Pour cette mecircme raison il est obligatoire d‟utiliser une technique de dessalage

rapide excluant de ce fait bon nombre de systegravemes

Un dessalage laquo off-line raquo a eacuteteacute reacutealiseacute imposeacute par le type d‟approche choisi (approche

laquo top-down raquo) Une Sep-Paktrade C8 (Waters) a eacuteteacute utiliseacutee

Les colonnes sont activeacutees deux fois avec 1 mL ACNMeOHAF 499 499 02 puis

rinceacutees deux fois avec 1 mL H2OAF 1 La colonne conditionneacutee est conserveacutee au

reacutefrigeacuterateur jusqubdquoagrave utilisation L‟eacutechantillon meacutelangeacute agrave eacutegal volume avec H2OAF 2 (eacutetape

d‟arrecirct de la reacuteaction) est chargeacute immeacutediatement sur la colonne Les sels sont eacutelimineacutes par

trois lavages successifs avec 1 mL H2OAF 1 glaceacute

A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse

Le mode d‟ionisation utiliseacute a eacuteteacute l‟eacutelectrospray Les eacutechantillons proteacuteiques ont eacuteteacute

injecteacutes dans le spectromegravetre de masse par le dispositif de seringue refroidie (ou par le

nouveau systegraveme d‟introduction la laquo cryosource raquo que nous avons mis au point et preacutesenteacute

dans Chap V)

Pour cela les proteacuteines dessaleacutees sont finalement eacutelueacutees avec un meacutelange H2OACNAF

49 49 2 (500 microL pour aIF2α3 concentration finale agrave 57 microM et 250 microL pour aIF2α3γ

concentration finale agrave 74 microM) et immeacutediatement analyseacutees par FT-ICR

223

Les peptides seacutelectivement marqueacutes sont analyseacutes dans H2O glaceacutee (0degC) et acide (AA 05

M pH 23) MeOH 11 (vv) agrave la concentration finale de 10 microM

Les eacutechantillons totalement marqueacutes (ubiquitine peptides) sont dilueacutes au 1100e dans

H2OACNAF 49 49 2 pour ecirctre analyseacutes en spectromeacutetrie de masse agrave la concentration

finale de 1 microM

224

A3 Bibliographie

1 Fenn J B Mann M Meng C K Wong S F and Whitehouse C M (1989)

Electrospray ionization for mass spectrometry of large biomolecules Science 246 64-

71

2 Dole M Mack L L Hines R L Mobley R C Ferguson L D and Alice M B

(1968) Molecular Beams of Macroions The Journal of Chemical Physics 49 2240-

2249

3 Zeleny J (1914) The Electrical Discharge from Liquid Points and a Hydrostatic

Method of Measuring the Electric Intensity at Their Surfaces Physical Review 3 69-

91

4 Kebarle P (2000) A brief overview of the present status of the mechanisms involved

in electrospray mass spectrometry J Mass Spectrom 35 804-817

5 Taylor G (1964) Disintegration of Water Drops in an Electric Field Proceedings of

the Royal Society of London Series A Mathematical and Physical Sciences 280 383-

397

6 Rayleigh L (1882) XX On the equilibrium of liquid conducting masses charged with

electricity Philosophical Magazine Series 5 14 184-186

7 Gomez A and Tang K (1994) Charge and fission of droplets in electrostatic sprays

Physics of Fluids 6 404-414

8 Iribarne J V and Thomson B A (1976) On the evaporation of small ions from

charged droplets The Journal of Chemical Physics 64 2287-2294

9 Cole R B (2000) Some tenets pertaining to electrospray ionization mass

spectrometry Journal of Mass Spectrometry 35 763-772

10 Fernandez de la Mora J (2000) Electrospray ionization of large multiply charged

species proceeds via Dole‟s charged residue mechanism Analytica Chimica Acta 406

93-104

11 Kebarle P and Peschke M (2000) On the mechanisms by which the charged

droplets produced by electrospray lead to gas phase ions Analytica Chimica Acta 406

11-35

12 Fenn J B (1993) Ion formation from charged droplets roles of geometry energy

and time Journal of the American Society for Mass Spectrometry 4 524-535

13 Marshall A G Hendrickson C L and Jackson G S (1998) Fourier transform ion

cyclotron resonance mass spectrometry a primer Mass Spectrom Rev 17 1-35

14 Makarov A (2000) Electrostatic axially harmonic orbital trapping a high-

performance technique of mass analysis Anal Chem 72 1156-1162

15 Makarov A Denisov E Kholomeev A Balschun W Lange O Strupat K and

Horning S (2006) Performance evaluation of a hybrid linear ion traporbitrap mass

spectrometer Anal Chem 78 2113-2120

16 Sleno L and Volmer D A (2004) Ion activation methods for tandem mass

spectrometry J Mass Spectrom 39 1091-1112

17 Zubarev R A (2003) Reactions of polypeptide ions with electrons in the gas phase

Mass Spectrom Rev 22 57-77

Page 3: DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES MÉTHODOLOGIES PAR …

i

ii

Le geacutenie crsquoest 1 drsquoinspiration

et 99 de transpiration

Thomas Edison

So mushkil vakt comando sakth

A close friend

iii

Remerciements

Je tiens tout d‟abord agrave remercier Gilles Ohanessian Directeur du laboratoire des

Meacutecanismes Reacuteactionnels de l‟Eacutecole Polytechnique de m‟avoir accueillie au sein de son

Uniteacute de Recherche et de m‟avoir donneacute l‟opportuniteacute de reacutealiser ce travail de thegravese

Ce travail de thegravese a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Julia Chamot-Rooke et la co-direction

de Guillaume van der Rest Je vous remercie de votre aide de votre soutien et de vos

encouragements dans les moments plus difficiles qui surviennent au cours d‟une thegravese Un

grand merci agrave tous les deux de m‟avoir accompagneacutee jusqu‟au bout de cette belle aventure

J‟adresse mes plus sincegraveres remerciements agrave Madame Emmanuelle Leize et Monsieur

Christian Rolando d‟avoir accepteacute d‟ecirctre les rapporteurs de ce travail Merci eacutegalement agrave

Monsieur Jean-Michel Camadro d‟avoir participeacute agrave l‟eacutevaluation de ma Thegravese de Doctorat

Je tiens aussi agrave exprimer ma profonde reconnaissance agrave Eacutedith et Christian de m‟avoir

eacutepauleacutee quand j‟en avais besoin dans mes expeacuteriences et de m‟avoir enseigneacute les rouages des

spectromegravetres de masse du laboratoire plus ou moins capricieux Je suis d‟accord avec Eacutedith

bien que Christian ait toujours raison le FT-ICR (sous toutes ses versions) est le meilleur

instrument du monde entier J‟exprime eacutegalement ma gratitude agrave Vincent d‟Orsay et agrave

Thibaut et Manuel de Paris 7 de m‟avoir aideacutee agrave dompter leur machine

Un grand merci agrave Yves Meacutechulam Directeur du laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole

Polytechnique de m‟avoir offert l‟opportuniteacute d‟enseigner au sein de son deacutepartement et de

travailler en collaboration avec son laboratoire Merci aussi agrave Emmanuelle pour ses conseils

Un tregraves grand merci agrave toutes celles et ceux qui ont partageacutes mon bureau et mon amitieacute

pendant ces trois anneacutees de dur labeur Notamment merci agrave Yasmine Jianqing Jana et Jan

J‟adresse eacutegalement mes sincegraveres remerciements agrave Eacutedith et Julien pour vos pauses cafeacute (ou

plutocirct theacute ) que j‟ai beaucoup appreacutecieacutees en cette fin de thegravese et agrave Joe pour tes discussions agrave

n‟en plus finir et ton humour anglais Best of Luck Merci aux anciens Mag Renjiehellip

Merci enfin agrave toutes les personnes que jrsquoai cocirctoyeacutees ou croiseacutees au DCMR pendant ces

trois anneacutees meacutemorables Merci agrave Theacuteregravese Carine Sophie Steph Michel Chris Gilles

Ash P-H Vanessa Tatianahellip Et pour finir je tiens eacutegalement agrave remercier chaleureusement

mes entraineurs de boxe agrave l‟X Merci agrave Reacutemy Fred et Gilou pour votre coaching deacutecoiffant

Un exemple de prochain challenge les JO de Rio de Janeiro en 2016hellip

iv

Je nrsquooublierai pas de remercier eacutegalement

Jean-Baptiste

Je ne te remercierai jamais assez de ta preacutesence agrave mes cocircteacutes depuis maintenant quelques

anneacutees deacutejagrave et de tout ce que tu fais pour moi Notre rencontre remonte au deacutebut de notre vie

eacutetudiante et voici que nous la finissons ensemble J‟espegravere te retrouver tregraves prochainement

pour le commencement d‟une nouvelle vie agrave deux Merci pour ton soutien et ta compliciteacute

Merci de partager mon quotidien et de me remonter le moral quand il est dans les chaussettes

Merci de partager mes joies mes peines Merci de t‟ecirctre inteacuteresseacute agrave mon travail et d‟avoir

chercheacute avec moi des solutions Merci pour tes petits plats mijoteacutes avec amourhellip Un grand

merci pour TOUT ton amour avec un grand A

Mes parents et mes sœurs

Merci de m‟avoir insuffleacute la soif d‟apprendre et la curiositeacute intellectuelle de m‟avoir

donneacute l‟envie et les moyens de faire des eacutetudes Merci de m‟avoir soutenue et encourageacutee

jusqu‟au bout de ma longue formation Merci de vous ecirctre tenus au courant de l‟avanceacutee de

mon travail de recherche Merci pour votre amour votre tendresse et votre reacuteconfort de tous

les jours Merci pour tout Ma reacuteussite est eacutegalement la vocirctre

Ma famille et belle-famille

Merci agrave vous tous pour votre affection et votre bienveillance mais je tiens agrave remercier plus

particuliegraverement ma Mamie d‟ecirctre encore pregraves de moi aujourd‟hui Merci du fond du cœur de

m‟avoir toujours beaucoup aideacutee soutenue encourageacutee reacuteconforteacutee entoureacuteehellip durant toutes

ces anneacutees et encore plus ces trois derniegraveres Merci pour notre cohabitation nos fous rires nos

discussionshellip merci pour tous ces tregraves bons moments que nous avons partageacutes ensemble

Mes amis

Laurence ma sœur siamoise du hand avec laquelle j‟ai lieacute une sincegravere amitieacute il y a six

ans deacutejagrave Merci d‟avoir gardeacute le contact et de m‟avoir soutenue durant ces trois derniegraveres

anneacutees malgreacute les contraintes d‟espace et de temps imposeacutees par la thegravese et la vie active

J‟espegravere que maintenant nous allons nous revoir plus souvent autour d‟une triple Carmeacutelite

Ash my best male friend I met you in DCMR lab two years ago where you were pursuing

a post doctoral research work Thanks a lot for ALL your happiness your support your

helphellip You taught me how to be self-confident I found in you a confidant and a collaborator

Un grand merci agrave vous tous

v

Liste des abreacuteviations

AA acide formique

ACN aceacutetonitrile

AF acide formique

aIF2 facteur d‟initiation 2 chez les archeacutees

ATD distribution des temps d‟arriveacutee

ATP adeacutenosine triphosphate

ARN(mt) acide ribonucleacuteique (messagertransfert)

BN-PAGE eacutelectrophoregravese sur gel de polyacrylamide en condition bleue native

CI ionisation chimique

CID dissociation induite par collision

DNA acide deacutesoxyribonucleacuteique

DSG DiSuccinimidyl Glutarate

ECD dissociation par capture d‟eacutelectron

EGTA acide eacutethylegravene glycol teacutetraaceacutetique

ESI ionisation par eacutelectroneacutebulisation

ESSI ElectroSonic Spray Ionisation

ETD dissociation par transfert d‟eacutelectron

FID Free Induction Decay

FT-ICR reacutesonance cyclotronique ionique agrave transformeacutee de Fourier

FT-MS spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier

GTP guanosine triphosphate

HDX eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

HDXMS eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium analyseacute par spectromeacutetrie de masse

HIV virus de limmunodeacuteficience humaine

HMQC correacutelation quantique multiple heacuteteacuteronucleacuteaire

HPLC chromatographie en phase liquide agrave haute performance

HSQC correacutelation quantique unique heacuteteacuteronucleacuteaire

vi

IgG immunoglobulines G

IRMPD dissociation multiphotonique infrarouge

ISD In-Source Decay

LC chromatographie en phase liquide

LC-MSMS chromatographie en phase liquide coupleacutee agrave la spectromeacutetrie de masse en

tandem

LILBID Laser-Induced Liquid Beam IonizationDesorption

m-NBA alcool m-nitrobenzylique

MALDI deacutesorptionionisation au laser assisteacutee par matrice

MPT modification post-traductionnelle

MS spectromeacutetrie de masse

MSMS spectromeacutetrie de masse en tandem

NHS N-HydroxySuccinimide

nOe effet Overhauser nucleacuteaire

Q-ToF quadripocircle-temps de vol

RMN reacutesonance magneacutetique nucleacuteaire

SAXS diffusion des rayons X aux petits angles

SDS-PAGE eacutelectrophoregravese sur gel de polyacrylamide en conditions deacutenaturantes contenant

du dodeacutecyl sulfate de sodium

SMI spectromeacutetrie de mobiliteacute ionique

SORI Sustained Off-Resonance Irradiation

SPR reacutesonance plasmonique de surface

TAP-Tag purification par affiniteacute en tandem

TEV virus de la gravure du tabac

TROSY spectroscopie de relaxation transversale optimiseacutee

UPLC chromatographie en phase liquide ultra haute performance

UV ultraviolet

vii

Table des matiegraveres

Introduction geacuteneacuterale 1

Chapitre I Introduction 7

I1 Analyse de complexes proteacuteiques 9

I11 Structure des proteacuteines 9 I111 Structure primaire 10 I112 Structure secondaire 12 I113 Structure tertiaire 15 I114 Structure quaternaire 17

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique 19 I121 Meacutethodes classiques pour l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines 19

I1211 Cristallographie des proteacuteines 19 I1212 Spectroscopie RMN 21

I122 Meacutethodes pour l‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des assemblages

macromoleacuteculaires 24 I1221 Diffusion aux petits angles 24 I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique 24 I1223 Chromatographie d‟exclusion steacuterique 26 I1224 Reacutesonance plasmonique de surface 27 I1225 Spectromeacutetrie de masse 28

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique 37

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique structurelle des proteacuteines en solution 40

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux proteacuteines en solution 40

I211 Quel type d‟hydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX 40 I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de l‟accessibiliteacute des proteacuteines 42 I213 Meacutecanismes de la reacuteaction d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les proteacuteines et peptides 43

I2131 Deacutefinition du facteur chimique 43 I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique 43 I2133 Catalyse de la reacuteaction 46 I2134 Cineacutetique d‟eacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de protection 46 I2135 Deux modegraveles de cineacutetique d‟eacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et repliement

des proteacuteines 47 I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines 49

I221 Marquage continu 50 I222 Marquage pulseacute 50

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par spectromeacutetrie de masse 51

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN 51 I232 Approche classique laquo bottom-up raquo 52

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS 53 I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques 56

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD 60 I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD 60 I2332 Approches top-down et HDX 62 I2333 Limitations des approches top-down HDX 64

I3 Bibliographie 65

viii

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles validation de lrsquoapproche combinant eacutechanges HD et fragmentation ECD 79

II1 Introduction 81

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX 81 II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen 82

II2 Reacutesultats 84

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons 84 II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence84 II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo 85

II3 Conclusions 92

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III 92 II32 Autres instruments FT-ICR 93

II4 Bibliographie 96

Chapitre III Deacuteveloppement de lrsquoapproche HDX top-down ECD 99

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD 101

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo 101 III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo 102

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo 106

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX 106 III211 Proteacuteines d‟eacutetude 106 III212 Protocole d‟analyse HDXMS 107 III213 Instruments utiliseacutes 108

III22 Fragmentation par ECD 109 III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3 109

III2211 Spectre de masse 109 III2212 Reacutesultats obtenus en ECD 109 III2213 Reacutesultats en HDXECD 113 III2214 Analyse des donneacutees 115

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ 121 III2221 Optimisation du protocole d‟analyse 121 III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD 123

III23 Fragmentation par ETD 127 III231 Spectre de masse 127 III232 Reacutesultats obtenus en ETD 128 III233 Reacutesultats en HDXETD 129 III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats d‟ECD 131 III235 Conclusion 134

III24 Fragmentation par CID 135 III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 135

III2411 Spectres de masse 135 III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID 136

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines 139

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse 142

III4 Conclusion 147

III5 Bibliographie 149

ix

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source refroidie 151

IV1 Echange inverse 153

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction 155

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo 156 IV22 Avec une approche laquo top-down raquo 158

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection 165

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo 166 IV32 Mateacuteriel et meacutethodes 166

IV321 Instrumentation 166 IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes 168

IV33 Reacutesultats 169 IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine 169

IV3311 Reacutealisation de la maquette 169 IV3312 Reacutealisation des prototypes 169

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides 174 IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK 175 IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK 175

IV33221 Deacutetermination du temps d‟incubation pour le deacutemarquage seacutelectif 176 IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo 179

IV3323 Cas du peptide GluF 186 IV34 Conclusion 187

IV4 Bibliographie 189

Conclusion geacuteneacuterale 191

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes 197

A1 Instrumentation 199

A11 Ionisation par eacutelectrospray 199 A111 Formation des gouttelettes chargeacutees 200 A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes 201 A113 Formation d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites gouttelettes fortement

chargeacutees 201 A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS) 203

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 203 A1211 Principe physique 206 A1212 Pieacutegeage des ions 206 A1213 Obtention des spectres de masse 208

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 212 A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse 212 A1222 Sensibiliteacute 212 A1223 Gamme dynamique 213 A1224 Gamme de masse 213

A123 Technologie Orbitrap 214 A13 Fragmentation en phase gazeuse 216

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR 216 A132 Fragmentation par ETD sur l‟Orbitrap 218 A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF 220

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium 220

A21 Marquage 220 A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes 220 A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine 221 A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ 221

x

A22 Dessalage 222 A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse 222

A3 Bibliographie 224

xi

1

Introduction geacuteneacuterale

2

3

Acteurs essentiels de l‟organisation cellulaire et de la reacutegulation du meacutetabolisme les

proteacuteines sont agrave la fois des cibles theacuterapeutiques et des meacutedicaments potentiels Leacutetude de ces

proteacuteines agrave grande eacutechelle appeleacutee analyse proteacuteomique a eacuteteacute rendue possible ces derniegraveres

anneacutees par la mise au point dapproches robustes baseacutees sur des deacuteveloppements importants

en spectromeacutetrie de masse Cependant un simple inventaire de ces proteacuteines ne suffit pas agrave

comprendre les pheacutenomegravenes biologiques complexes qui reacutegissent lactiviteacute cellulaire Ainsi

appreacutehender la maniegravere dont sont organiseacutees ces proteacuteines en complexes multiproteacuteiques est

un des deacutefis actuels de la proteacuteomique Le nombre dinteractions entre proteacuteines au sein d‟une

cellule eacutetant tregraves important linvestigation de ces multiples reacuteseaux proteacuteiques neacutecessite de

nouveaux deacuteveloppements agrave la fois en spectromeacutetrie de masse mais aussi en bioinformatique

pour fournir des meacutethodologies adapteacutees ainsi que des outils puissants pour les analyser

Les interactions entre proteacuteines sont gouverneacutees par leur agencement et repliement dans

l‟espace faisant de la structure tridimensionnelle de ces complexes un eacuteleacutement-cleacute dans

l‟eacutetude et la compreacutehension de la vie de la cellule Les meacutethodes physico-chimiques les plus

couramment utiliseacutees pour ces eacutetudes structurales sont la cristallographie et la spectroscopie

RMN Bien que ces meacutethodes d‟analyse soient les piliers de la biologie structurale actuelle

elles preacutesentent toutefois des limitations majeures la cristallographie des proteacuteines

eacutegalement appeleacutee diffraction des rayons X neacutecessite de pouvoir cristalliser les proteacuteines et la

spectroscopie RMN est limiteacutee agrave des systegravemes de taille modeste Par ailleurs les deux

techniques requiegraverent des quantiteacutes relativement importantes d‟eacutechantillon et ne donnent

quune image statique qui est loin de la reacutealiteacute de la structure des proteacuteines Il est donc

devenu indispensable de deacutevelopper des meacutethodes alternatives permettant de sinteacuteresser agrave la

dynamique de ces systegravemes biologiques tout en travaillant avec des quantiteacutes les plus faibles

possibles d‟eacutechantillon

Dans ce contexte la spectromeacutetrie de masse est devenue ces derniegraveres anneacutees un outil

inteacuteressant pour la biologie structurale La spectromeacutetrie de masse preacutesente l‟avantage de

permettre des eacutetudes sur des proteacuteines non cristallisables d‟ecirctre peu consommatrice en

mateacuteriel et de permettre des analyses rapides sur des systegravemes complexes tant par la diversiteacute

que par la taille Il existe aujourd‟hui trois grandes approches baseacutees sur la spectromeacutetrie de

masse pour eacutetudier l‟organisation structurale d‟un complexe proteacuteique La premiegravere consiste agrave

utiliser des conditions d‟ionisation adapteacutees permettant de maintenir en phase gazeuse des

interactions non covalentes au sein de complexes proteacuteiques La deuxiegraveme approche repose

sur le pontage covalent des proteacuteines en association suivi d‟une digestion enzymatique et

4

analyse par spectromeacutetrie de masse Les agents pontants permettent dobtenir des informations

de topologie du complexe initial en creacuteant des liaisons covalentes entre des acides amineacutes

proches dans la structure tertiaire Une derniegravere technique consiste agrave effectuer un marquage de

la surface accessible du complexe qui peut ecirctre soit permanent par l‟utilisation de reacuteactifs

chimiques particuliers ou par l‟exposition aux radicaux hydroxyles soit labile Dans ce

dernier cas les eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium sont geacuteneacuteralement utiliseacutes La

vitesse deacutechange des hydrogegravenes damide dun squelette polypeptidique deacutepend de

l‟accessibiliteacute au solvant mais eacutegalement de la stabiliteacute de la structure locale Ainsi les

hydrogegravenes d‟amide situeacutes dans les reacutegions flexibles ou non structureacutees de la proteacuteine telles

que les boucles et les coudes ou dans les reacutegions accessibles au solvant ont des vitesses

d‟eacutechange rapides identiques agrave celles observeacutees dans le cas d‟un peptide non structureacute Au

contraire ceux qui sont impliqueacutes dans des structures secondaires stables comme les heacutelices

α et les feuillets β ainsi que ceux enfouis dans le cœur hydrophobe des proteacuteines s‟eacutechangent

plus lentement car ils sont proteacutegeacutes La mesure des vitesses deacutechange permet donc de sonder

localement la structure dune proteacuteine ou dun complexe L‟avantage majeur de cette approche

est qu‟elle ne modifie pas la structure tridimensionnelle du complexe ce qui n‟est pas

toujours le cas avec des marquages covalents De plus elle permet de sinteacuteresser agrave des

complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire En revanche le fait que le marquage soit labile

impose des conditions expeacuterimentales strictes agrave respecter pour eacuteviter le deacutemarquage et

davantage de contraintes au niveau de la rapiditeacute de l‟analyse Malgreacute ces limitations

l‟association des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium et de la spectromeacutetrie de masse

(HDXMS) est devenue une meacutethode largement employeacutee pour l‟eacutetude structurale et

dynamique des proteacuteines et complexes proteacuteiques

L‟analyse par spectromeacutetrie de masse des proteacuteines marqueacutees au deuteacuterium est

classiquement reacutealiseacutee par une approche laquo bottom-up raquo Cette derniegravere consiste agrave analyser des

peptides obtenus par digestion enzymatique de la proteacuteine dinteacuterecirct Chaque hydrogegravene

remplaceacute par un deuteacuterium conduit agrave un increacutement en masse de 1 Da facilement deacutetectable par

spectromeacutetrie de masse Pour chaque peptide une cineacutetique d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

peut donc ecirctre obtenue Si cette approche a montreacute tout son inteacuterecirct mecircme pour des systegravemes

tregraves grands l‟inconveacutenient majeur en est la reacutesolution qui est limiteacutee par la taille des peptides

geacuteneacutereacutes (en moyenne 5-10 acides amineacutes) Une alternative qui sest deacuteveloppeacutee ces derniegraveres

anneacutees est celle qui consiste agrave introduire la proteacuteine intacte en phase gazeuse (approche laquo top-

down raquo) et agrave la fragmenter par capture ou transfert dun eacutelectron En effet contrairement aux

approches de fragmentation classiques par CID (laquo Collision Induced Dissociation raquo) qui

conduisent agrave une redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums dans la seacutequence ces approches ECD

5

ou ETD permettent de localiser les deuteacuteriums dans la seacutequence avec une reacutesolution qui peut

ecirctre agrave lacide amineacute

Ce travail de thegravese sinscrit dans cette theacutematique de deacuteveloppement dapproches top-down

apregraves eacutechanges HD pour lanalyse de complexes proteacuteiques Les systegravemes biologiques sur

lesquels nous avons choisi de travailler sont les complexes dinitiation de la traduction et ce

travail est meneacute en collaboration avec le laboratoire de Biochimie de lEacutecole Polytechnique

(E Schmitt et Y Meacutechulam) Il a eacuteteacute initieacute lors de la thegravese de M Duchateau (soutenue en

feacutevrier 2010)

Cette thegravese comporte quatre grands chapitres

Le premier est un chapitre bibliographique Il comprend des geacuteneacuteraliteacutes sur la structure des

proteacuteines les meacutethodes physico-chimiques classiquement utiliseacutees en biologie structurale et

fait eacutegalement le point sur les diffeacuterentes approches baseacutees sur la spectromeacutetrie de masse

permettant dobtenir des informations structurales sur des proteacuteines ou des complexes

proteacuteiques Le principe des eacutechanges HD et leur analyse par spectromeacutetrie de masse incluant

les derniers deacuteveloppements dans le domaine fait lobjet de la fin de ce chapitre

Le chapitre II est consacreacute agrave leacutetude de peptides modegraveles qui peuvent ecirctre seacutelectivement

marqueacutes au deuteacuterium Ces peptides ont eacuteteacute utiliseacutes comme sonde (i) du deacutemarquage (D H)

qui peut avoir lieu agrave diffeacuterents endroits du spectromegravetre de masse et (ii) du reacutearrangement

aleacuteatoire des deuteacuteriums et des hydrogegravenes dans la seacutequence polypeptidique lors dexpeacuteriences

de spectromeacutetrie de masse en tandem Lobjectif de ces eacutetudes eacutetait de mettre au point une

approche robuste par ECD ou ETD pour lanalyse de peptides deuteacutereacutes en vue de lappliquer agrave

des proteacuteines

Dans le chapitre III sont regroupeacutes les reacutesultats obtenus pour lanalyse du complexe aIF2 et

notamment toute la mise au point de lapproche top-down HDX sur une des sous-uniteacutes de ce

complexe Des essais ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave la fois en ECD sur diffeacuterents spectromegravetres de masse

FT-ICR et en ETD sur un instrument de type Orbitrap installeacute sur la plateforme proteacuteomique

de Paris Diderot dirigeacutee par J-M Camadro Ce chapitre montre toute la difficulteacute quil peut y

avoir pour rendre lapproche robuste et reproductible notamment pour des eacutechantillons reacuteels

pour lesquels de nouvelles contraintes apparaissent (quantiteacute disponible dessalage

stabiliteacute)

Sur la base des reacutesultats obtenus dans le chapitre III il nous est apparu eacutevident quun

problegraveme majeur de reproductibiliteacute eacutetait lieacute agrave leacutetape dintroduction des eacutechantillons deuteacutereacutes

dans le spectromegravetre de masse Nous avons donc deacutecideacute de mettre au point un systegraveme

complegravetement diffeacuterent de tout ce qui avait eacuteteacute deacuteveloppeacute jusquagrave preacutesent baseacute sur lutilisation

6

dune enceinte isoleacutee qui peut ecirctre maintenue agrave -30degC La mise au point de ce montage

expeacuterimental que nous avons appeleacute cryosource fait lobjet du quatriegraveme chapitre de ce

manuscrit Les diffeacuterentes modifications ayant conduit agrave la version finale de cette cryosource

les difficulteacutes rencontreacutees et la maniegravere donc nous les avons reacutesolues et les performances que

lon peut atteindre sur des peptides ou des proteacuteines sont deacutecrites dans ce chapitre

Le manuscrit se termine par une conclusion geacuteneacuterale et les perspectives lieacutees agrave ce travail et

une annexe deacutecrivant les mateacuteriels et meacutethodes

7

Chapitre I Introduction

8

Chapitre I Introduction 7

I1 Analyse de complexes proteacuteiques 9

I11 Structure des proteacuteines 9 I111 Structure primaire 10

I112 Structure secondaire 12

I113 Structure tertiaire 15

I114 Structure quaternaire 17

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique 19 I121 Meacutethodes classiques pour l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines 19

I1211 Cristallographie des proteacuteines 19

I1212 Spectroscopie RMN 21

I122 Meacutethodes pour l‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des assemblages

macromoleacuteculaires 24

I1221 Diffusion aux petits angles 24

I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique 24

I1223 Chromatographie d‟exclusion steacuterique 26

I1224 Reacutesonance plasmonique de surface 27

I1225 Spectromeacutetrie de masse 28

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique 37

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique structurelle des proteacuteines en solution 40

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux proteacuteines en solution 40

I211 Quel type d‟hydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX 40

I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de l‟accessibiliteacute des proteacuteines 42

I213 Meacutecanismes de la reacuteaction d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les proteacuteines et peptides 43

I2131 Deacutefinition du facteur chimique 43

I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique 43

I2133 Catalyse de la reacuteaction 46

I2134 Cineacutetique d‟eacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de protection 46

I2135 Deux modegraveles de cineacutetique d‟eacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et

repliement des proteacuteines 47

I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines 49 I221 Marquage continu 50

I222 Marquage pulseacute 50

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par spectromeacutetrie de masse 51

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN 51

I232 Approche classique laquo bottom-up raquo 52

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS 53

I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques 56

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD60

I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD 60

I2332 Approches top-down et HDX 62

I2333 Limitations des approches top-down HDX 64

I3 Bibliographie 65

9

I1 Analyse de complexes proteacuteiques

Les proteacuteines sont des composants essentiels de la cellule En effet elles assurent

l‟immense majoriteacute des fonctions cellulaires responsables de la vie Les proteacuteines sont

responsables de la catalyse enzymatique du transport des moleacutecules de la deacutefense de l‟hocircte

de la conversion eacutenergeacutetique ainsi que de beaucoup d‟autres processus cellulaires essentiels

Les proteacuteines sont des macromoleacutecules biologiques de haut poids moleacuteculaire qui

comportent diffeacuterents niveaux de structuration allant de leur seacutequence en acides amineacutes agrave leur

structure tridimensionnelle au sein de complexes proteacuteiques La structure tridimensionnelle

d‟une proteacuteine est intimement lieacutee agrave sa fonction Toute l‟information requise pour qu‟une

proteacuteine adopte une conformation native particuliegravere est contenue dans sa seacutequence en acides

amineacutes (1) Les multiples conformations que sont capables d‟adopter les proteacuteines leur

permettent de remplir la varieacuteteacute de tacircches qui leur incombent mais en font des systegravemes

complexes agrave analyser

Cependant aussi puissantes que les proteacuteines puissent ecirctre individuellement leur veacuteritable

pouvoir et leur complexiteacute deacutecoulent des interactions qu‟elles entretiennent avec d‟autres

moleacutecules Beaucoup d‟entre elles ne remplissent leur fonction que si elles sont lieacutees agrave des

ligands tels que des ions meacutetalliques des groupes prostheacutetiques ou agrave d‟autres proteacuteines (2) En

effet un grand nombre de pheacutenomegravenes biologiques implique l‟activiteacute de plusieurs proteacuteines

agrave travers la formation de complexes multi-proteacuteiques Ainsi la compreacutehension des processus

cellulaires au niveau atomique passe par la deacutetermination de la structure tridimensionnelle de

ces complexes

I11 Structure des proteacuteines

L‟analyse de la structure tridimensionnelle revient agrave deacutecrire la position relative des

diffeacuterents atomes constituant une proteacuteine donneacutee De la seacutequence de la proteacuteine agrave la

formation de complexes oligomeacuteriques il existe quatre niveaux de structuration de la

proteacuteine

10

I111 Structure primaire

Les proteacuteines sont des assemblages d‟acides amineacutes (nombre supeacuterieur agrave 50) lieacutes entre eux

par des liaisons peptidiques Il existe vingt acides amineacutes naturels reacutepondant tous agrave la mecircme

structure geacuteneacuterale (Fig I 1) Ce sont des moleacutecules organiques formeacutees d‟un atome de

carbone central (alpha) auquel sont lieacutes un atome d‟hydrogegravene un radical R appeleacute aussi

chaicircne lateacuterale (R repreacutesente un groupement fonctionnel et correspond agrave la portion variable

d‟un acide amineacute agrave l‟autre) ainsi que deux groupements terminaux conserveacutes une amine et un

acide carboxylique

Fig I 1 Structure geacuteneacuterale des acides amineacutes Agrave pH physiologique les groupements

terminaux -NH2 et -COOH sont retrouveacutes respectivement sous la forme -NH3+ et -COO

-

Les acides amineacutes peuvent ecirctre distingueacutes suivant les proprieacuteteacutes physico-chimiques de leur

chaicircne lateacuterale (Fig I 2) Un premier groupe est formeacute par les acides amineacutes preacutesentant des

chaicircnes lateacuterales aliphatiques tels que la glycine (Gly G)1 l‟alanine (Ala A) la valine (Val

V) la leucine (Leu L) l‟isoleucine (Ile I) et la proline (Pro P) Ces acides amineacutes sont

apolaires On peut classer dans une seconde cateacutegorie ceux qui sont aromatiques

pheacutenylalanine (Phe F) tyrosine (Tyr Y) et tryptophane (Trp W) On distingue eacutegalement les

acides amineacutes basiques (lysine [Lys K] arginine [Arg R] histidine [His H]) et acides (acide

aspartique [Asp D] acide glutamique [Glu E]) L‟asparagine (Asn N) et la glutamine [Gln

Q] sont deux acides amineacutes polaires non ionisables Les deux derniers groupes sont constitueacutes

des acides amineacutes hydroxyleacutes (seacuterine [Ser S] threacuteonine [Thr R]) et ceux qui contiennent du

soufre (cysteacuteine [Cys C] meacutethionine [Met M]) Chacun des vingt acides amineacutes possegravede

donc une chaicircne lateacuterale avec une fonction chimique qui lui est propre L‟existence

simultaneacutee d‟une grande diversiteacute de fonctions chimiques est en partie agrave l‟origine de la

1 Les abreacuteviations entre parenthegraveses correspondent agrave la nomenclature en trois lettres et en une lettre des acides

amineacutes Elles seront utiliseacutees dans la suite de ce manuscrit

11

multitude de fonctions biochimiques que peuvent remplir les proteacuteines dans le monde du

vivant

Fig I 2 Tableau des vingt acides amineacutes naturels Ils peuvent ecirctre apolaires (hydrophobes) et

dans ce cas ils sont retrouveacutes le plus souvent au cœur des proteacuteines ou au contraire polaires

(hydrophiles) et localiseacutes geacuteneacuteralement agrave leur surface Parmi ces derniers certains sont acides

dautre basiques dautres encore sont neutres

Les acides amineacutes peuvent se lier entre eux de maniegravere covalente par la formation d‟une

liaison amide appeleacutee aussi liaison peptidique Elle s‟eacutetablit entre le groupement acide (-

COOH) dun acide amineacute et le groupement amine (-NH2) d‟un autre et permet la formation

12

d‟un dipeptide Au cours de la reacuteaction de condensation une moleacutecule deau est eacutelimineacutee Les

polymegraveres comprenant un plus grand nombre d‟acides amineacutes (de 10 agrave 100) sont nommeacutes

polypeptides Ces derniers servent dans la synthegravese des proteacuteines qui sont de longues chaicircnes

polypeptidiques

La structure primaire d‟une proteacuteine est donneacutee par la seacutequence lineacuteaire des acides amineacutes

la constituant Elle est orienteacutee Le premier acide amineacute de la seacutequence est par convention

celui qui possegravede une extreacutemiteacute amine libre on parle dextreacutemiteacute N-terminale De maniegravere

symeacutetrique le dernier acide amineacute est celui qui possegravede une extreacutemiteacute carboxyle libre on

parle d‟extreacutemiteacute C-terminale Cette convention correspond eacutegalement agrave l‟ordre de la synthegravese

de la proteacuteine par les ribosomes Par exemple la description AGSLK correspond agrave

l‟enchaicircnement des acides amineacutes alanine-glycine-seacuterine-leucine-lysine

Cependant une proteacuteine ne peut ecirctre simplement deacutecrite par une structure primaire

lineacuteaire En effet ses proprieacuteteacutes deacutecoulent eacutegalement de sa capaciteacute agrave former des structures

plus eacutelaboreacutees

I112 Structure secondaire

La structure secondaire d‟une proteacuteine correspond au repliement local de sa chaicircne

principale2 Il s‟eacutetablit alors des liaisons hydrogegravenes entre des acides amineacutes qui sont

relativement proches dans sa seacutequence primaire donnant naissance agrave des motifs structuraux

particuliers Lexistence de structures secondaires est due au fait que les repliements

eacutenergeacutetiquement favorables de la chaicircne peptidique sont en nombres limiteacutes et que seules

certaines conformations sont possibles Ainsi une proteacuteine se deacutecrit par sa seacutequence dacides

amineacutes mais aussi par l‟enchaicircnement de ses eacuteleacutements de structure secondaire

En d‟autres termes certaines conformations se trouvent nettement favoriseacutees car

particuliegraverement stabiliseacutees par des liaisons hydrogegravene entre les groupements amide (-NH) et

carbonyle (CO) du squelette peptidique Il existe trois principaux types de structures

secondaires selon le repliement des liaisons peptidiques et l‟eacutetablissement de ponts hydrogegravene

entre les acides amineacutes les heacutelices les feuillets et les coudes

2 La chaicircne principale dune proteacuteine correspond aux atomes impliqueacutes dans la structure de base du polypeptide

(-NH-CαH-CO-) Les chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes (souvent noteacutees -R) nappartiennent donc pas au

squelette carboneacute

13

L‟heacutelice est une structure reacuteguliegravere dans laquelle la chaicircne principale de la proteacuteine adopte

un repliement heacutelicoiumldal peacuteriodique L‟heacutelice est dite laquo droite raquo quand elle tourne dans le sens

horaire Il s‟agit du cas rencontreacute le plus freacutequent A linverse lorsquune heacutelice tourne dans le

sens anti-horaire elle est dite laquo gauche raquo Lheacutelice droite de type alpha est un motif structural

tregraves retrouveacute au sein des proteacuteines (Fig I 3) L‟heacutelice α est une structure tregraves stable

caracteacuteriseacutee par la formation de liaisons hydrogegravene entre le groupement carbonyle dun reacutesidu

n et le groupement amide dun reacutesidu n+4 Un tour dheacutelice α moyen est constitueacute de 36

acides amineacutes Dans une heacutelice α les chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes sont localiseacutees en

peacuteripheacuterie de lheacutelice et pointent vers lexteacuterieur perpendiculairement agrave l‟axe de la spirale La

structure compacte eacutenergeacutetiquement favorable de lheacutelice α a eacuteteacute preacutedite par Linus Pauling et

Robert Corey en 1951 (3) agrave partir de calculs theacuteoriques Elle a ensuite eacuteteacute observeacutee pour la

premiegravere fois en 1958 dans la myoglobine en huit exemplaires impliquant environ 75 des

acides amineacutes de la proteacuteine La structure tridimensionnelle de cette derniegravere fut la premiegravere

eacutelucideacutee par cristallographie des proteacuteines (4)

Fig I 3 Scheacutema de l‟heacutelice droite de type α tregraves reacutepandue dans le repliement des proteacuteines

Le pas de l‟heacutelice est de 54 Aring (5)

Le feuillet becircta est une structure reacuteguliegravere dans laquelle la chaicircne principale de la proteacuteine

adopte un repliement eacutetendu peacuteriodique Le feuillet β est composeacute de plusieurs brins β qui

eacutetablissent des liaisons hydrogegravene entre eux afin de stabiliser la structure De ce fait les ponts

hydrogegravenes qui le stabilisent se font entre reacutesidus distants plutocirct quentre reacutesidus conseacutecutifs

comme c‟est le cas dans une heacutelice α Dans un feuillet β les chaicircnes lateacuterales des acides

amineacutes sont situeacutees alternativement en dessus et en dessous du plan du feuillet Le repliement

β est favoriseacute par des acides amineacutes portant des petits groupements lateacuteraux laquoRraquo non chargeacutes

De la mecircme maniegravere que pour la structure de lheacutelice α la structure du feuillet β a eacuteteacute preacutedite

14

par Pauling et Corey en 1951 (6) Les feuillets β sont repreacutesenteacutes par des flegraveches (Fig I 4)

correspondant aux chaicircnes polypeptidiques qui les constituent Ces derniegraveres sont plisseacutees et

peuvent ecirctre aligneacutees de maniegravere parallegravele et dans ce cas elles ont la mecircme orientation ou de

maniegravere antiparallegravele avec des orientations opposeacutees Le sens est deacutetermineacute par la polariteacute des

chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes Lorsque deux brins β sorganisent de maniegravere

antiparallegravele les groupements -NH et -CO dun reacutesidu i du premier brin forment des liaisons

hydrogegravene avec les groupements -CO et -NH dun reacutesidu j appartenant au second

Typiquement deux brins β conseacutecutifs relieacutes par un coude forment un feuillet β antiparallegravele

Lorsque deux brins β sont orienteacutes dans le mecircme sens ils s‟organisent en un feuillet parallegravele

Les groupements -NH et -CO dun reacutesidu dun brin A forment alors des liaisons hydrogegravene

avec les groupements -CO dun premier reacutesidu et -NH d‟un second reacutesidu appartenant tous les

deux agrave un brin B Le feuillet β antiparallegravele est plus stable que le feuillet parallegravele car les ponts

hydrogegravene sont dans un alignement parfait

Fig I 4 Scheacutema du feuillet β anti-parallegravele qui est la juxtaposition de brins β ayant des

orientations opposeacutees (5)

Les coudes ne sont pas des structures reacuteguliegraveres et peacuteriodiques Il sagit plutocirct dun

repliement particulier de la chaicircne principale localiseacute sur trois ou quatre reacutesidus conseacutecutifs

Les coudes permettent bien souvent de relier deux structures secondaires peacuteriodiques telles

que les heacutelices etou les brins

15

Les heacutelices α les feuillets β et les coudes ne sont pas les seuls motifs structuraux

secondaires mais sont ceux qui sont le plus freacutequemment rencontreacutes Il existe une grande

varieacuteteacute de motifs moins courants qui ne seront pas deacutetailleacutes dans ce manuscrit

I113 Structure tertiaire

La structure tertiaire d‟une proteacuteine correspond agrave sa structure tridimensionnelle

d‟ensemble Il s‟agit de la structure finale adopteacutee par une proteacuteine apregraves le repliement dans

l‟espace des heacutelices α feuillets β et autres eacuteleacutements de la structure secondaire

Bien que la plupart des proteacuteines neacuteosyntheacutetiseacutees aient la capaciteacute de se replier

correctement certaines en sont incapables sans l‟intervention de proteacuteines dicirctes chaperonnes

Une proteacuteine chaperonne est donc une proteacuteine particuliegravere dont une des fonctions est

dassister dautres proteacuteines dans leur maturation en leur assurant un repliement

tridimensionnel adeacutequat Le repliement dans l‟espace des chaicircnes polypeptidiques est un

processus co-traductionnel (7) Les proteacuteines chaperonnes ont eacuteteacute co-deacutecouvertes en 1989 par

Arthur L Horwich et Franz-Ulrich Hartl (8-9)

La structure tertiaire donne une forme particuliegravere agrave la proteacuteine la rendant ainsi

fonctionnelle Pour cela elle faccedilonne la surface des proteacuteines de maniegravere complexe leur

permettant d‟interagir speacutecifiquement avec des ligands ou d‟autres macromoleacutecules comme

des proteacuteines partenaires (10) La structure tridimensionnelle est thermodynamiquement

stable dans un domaine restreint de tempeacuterature pH et force ionique Au-delagrave de ce domaine

une proteacuteine peut se deacuteplier et perdre son activiteacute biologique on dit alors qu‟elle est

deacutenatureacutee A l‟inteacuterieur des cellules ce sont les proteacuteines chaperonnes qui interviennent Elles

preacuteviennent les dommages potentiels causeacutes par de telles variations des conditions physico-

chimiques et regraveglent la perte de fonction due au mauvais repliement tridimensionnel pouvant

conduire agrave une varieacuteteacute de pathologies telles que la maladie d‟Alzheimer ou les maladies agrave

prion (11) L‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines est donc un eacuteleacutement cleacute

dans la compreacutehension de leurs fonctions biochimiques Son importance est aussi retrouveacutee

dans l‟industrie biopharmaceutique notamment dans le controcircle de la conception de proteacuteines

pharmaceutiques Il faut noter par ailleurs que la structure tridimensionnelle d‟une proteacuteine

en solution n‟est pas totalement rigide mais dynamique (12-13) En effet la chaicircne

polypeptidique subit des mouvements thermiques et est susceptible de se deacuteformer lors

16

d‟interactions avec d‟autres moleacutecules Ces fluctuations de conformations sont souvent

consideacutereacutees comme une condition preacutealable agrave la fonction biologique (14-15)

Cette organisation structurale dans l‟espace est obtenue et rendue possible gracircce agrave

diffeacuterents types dinteractions qui la stabilisent Ces interactions plus ou moins fortes sont

eacutetablies entre les radicaux de diffeacuterents acides amineacutes geacuteneacuteralement eacuteloigneacutes dans la structure

primaire La chaicircne principale de la proteacuteine aura donc tendance agrave se replier sur elle-mecircme

pour adopter une structure tridimensionnelle preacutecise Parmi les interactions les plus notables

sont retrouveacutees les interactions covalentes non covalentes ainsi que les interactions

hydrophobes

Les interactions covalentes eacutetablissent des liaisons fortes entre deux acides amineacutes qui

peuvent ecirctre tregraves proches dans la structure tertiaire mais tregraves eacuteloigneacutes dans la structure

primaire de la proteacuteine De ce fait la formation de cette liaison conduit agrave une stabilisation

accrue de la structure tertiaire Dans le cas des proteacuteines il s‟agit principalement de la

creacuteation d‟un pont disulfure par une reacuteaction d‟oxydation se deacuteroulant entre les fonctions

thiols de deux cysteacuteines Les interactions non covalentes regroupent quant agrave elles les liaisons

eacutelectrostatiques les liaisons hydrogegravene et les liaisons de van der Waals Elles se distinguent

par leur geacuteomeacutetrie leur longueur et leur speacutecificiteacute Elles sont affecteacutees de diffeacuterentes faccedilons

par la preacutesence d‟eau

Les liaisons eacutelectrostatiques peuvent s‟eacutetablir entre deux groupements portant une charge

nette positive ou neacutegative Cette interaction peut conduire agrave un effet reacutepulsif (charges de signe

identique) ou attractif (charges opposeacutees) Une interaction entre deux groupes de charge

opposeacutee est eacutegalement appeleacutee liaison ionique liaison saline pont salin ou paire d‟ions Il

s‟agit de l‟interaction la plus forte parmi les interactions non covalentes Elle est plus forte

dans le vide et plus faible dans un milieu tel que l‟eau

Les liaisons hydrogegravene peuvent ecirctre formeacutees aussi bien entre des moleacutecules non chargeacutees

que des moleacutecules chargeacutees Elle correspond agrave une liaison entre deux atomes eacutelectroneacutegatifs

assureacutee par un atome d‟hydrogegravene partageacute entre les deux L‟atome auquel l‟hydrogegravene est le

plus fermement lieacute est le donneur d‟hydrogegravene tandis que l‟autre est l‟accepteur d‟hydrogegravene

Avec des eacutenergies de liaison de l‟ordre de 3 agrave 7 kcalmol les liaisons hydrogegravene sont plus

fortes que celles de van der Waals Les liaisons hydrogegravene sont directionnelles Les plus

fortes sont celles dans lesquelles le donneur l‟hydrogegravene et l‟accepteur sont colineacuteaires

17

Les liaisons de van der Waals force attractive non speacutecifique entrent en jeu lorsque deux

atomes sont distants de 3 agrave 4 Aring Elle est due au fait que la distribution de la charge

eacutelectronique autour d‟un atome varie dans le temps A un instant donneacute la distribution de la

charge n‟est pas parfaitement symeacutetrique Cette asymeacutetrie transitoire de la charge eacutelectronique

autour d‟un atome induit une asymeacutetrie semblable dans la distribution eacutelectronique des

atomes voisins non lieacutes Ceci conduit donc agrave des interactions de type dipocircle-dipocircle induit

L‟eacutenergie des interactions de van der Waals est faible avec une eacutenergie de stabilisation de

l‟ordre de 06 kcalmol Comme pour les liaisons hydrogegravene le nombre de ces interactions au

sein d‟une proteacuteine peut ecirctre tregraves eacuteleveacute La somme de l‟eacutenergie mise en jeu est alors

substantielle A titre d‟exemple dans le cytochrome C de cheval et dans la myoglobine de

cachalot les interactions de van der Waals agrave l‟inteacuterieur de la proteacuteine contribuent pour

l‟essentiel agrave la stabiliteacute de la structure

Dans une solution aqueuse une moleacutecule apolaire tend agrave interagir avec d‟autres moleacutecules

apolaires plutocirct que de s‟entourer de moleacutecules d‟eau On nomme cette proprieacuteteacute

hydrophobiciteacute et cela conduit agrave des interactions entre moleacutecules qu‟on appelle des

interactions hydrophobes Ces derniegraveres engendrent dans le cas des proteacuteines un

regroupement des reacutesidus apolaires geacuteneacuteralement vers le centre formant un cœur hydrophobe

ou encore au niveau d‟autres reacutegions hydrophobes de la cellule comme dans les membranes

lipidiques Les interactions hydrophobes constituent une force essentielle dans le repliement

des proteacuteines

I114 Structure quaternaire

La structure quaternaire d‟une proteacuteine est donneacutee par l‟association des diffeacuterentes chaicircnes

polypeptidiques la constituant Elles peuvent ecirctre identiques ou diffeacuterentes et sont relieacutees par

des liaisons non covalentes (liaisons hydrogegravene liaisons ioniques interactions hydrophobes)

et plus rarement par des ponts disulfures Leffet hydrophobe est un facteur preacutepondeacuterant dans

lassemblage des eacuteleacutements structuraux y compris dans lassociation des chaicircnes Chacune de

ces chaicircnes est appeleacutee monomegravere (ou sous uniteacute) et lensemble oligomegravere ou proteacuteine

multimeacuterique

18

Seulement certaines proteacuteines preacutesentent une telle organisation Lheacutemoglobine est un

exemple de proteacuteine posseacutedant une structure quaternaire Elle est constitueacutee de quatre sous-

uniteacutes deux sous-uniteacutes α (de 141 acides amineacutes) et deux sous-uniteacutes β (de 146 acides

amineacutes)

Ces assemblages polypeptidiques peuvent ecirctre parfaitement bien deacutefinis mais certains

peuvent former des complexes multiproteacuteiques uniquement transitoires tout en eacutetant

fonctionnellement importants En effet dans l‟environnement cellulaire les proteacuteines sont

rarement isoleacutees et les interactions qu‟elles peuvent creacuteer avec d‟autres partenaires sont

essentielles agrave leur fonction Dans d‟autres cas comme dans les macroassemblages amyloiumldes

la formation d‟un complexe entre des proteacuteines peut conduire agrave la formation d‟assemblages

potentiellement pathogegravenes (16) L‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des

macroassemblages est donc primordiale agrave la compreacutehension de leur fonctionnement et

dysfonctionnement

~

Nous venons de mettre en eacutevidence l‟importance de l‟eacutetude structurale des proteacuteines ainsi

que sa complexiteacute qui en font un veacuteritable deacutefi analytique La structure tridimensionnelle

d‟une proteacuteine donneacutee n‟est pas neacutecessairement unique elle peut fluctuer temporellement ou

deacutependre des autres moleacutecules (proteacuteines ou ligands) avec lesquelles la proteacuteine interagit dans

l‟environnement cellulaire Il existe un grand nombre de techniques physico-chimiques

biophysiques ou biochimiques permettant d‟obtenir des informations structurales sur des

proteacuteines et des complexes proteacuteiques Les approches les plus couramment employeacutees pour

identifier et caracteacuteriser des interactions proteacuteine-proteacuteine combinent des meacutethodes

biochimiques et biophysiques

Parmi ces techniques deux meacutethodes physico-chimiques sont couramment utiliseacutees pour

l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines Il s‟agit de la cristallographie et de la

reacutesonance magneacutetique nucleacuteaire (RMN) En ce qui concerne l‟analyse des complexes

proteacuteiques qui sont geacuteneacuteralement des eacutedifices macromoleacuteculaires bien plus importants ces

derniegraveres anneacutees ont vu le deacuteveloppement de meacutethodes alternatives telles que la cryo-

microscopie eacutelectronique la diffraction de rayons X ou de neutrons aux petits angles ou

encore diffeacuterentes techniques baseacutees sur l‟utilisation de la spectromeacutetrie de masse Il est aussi

possible d‟aborder la composition des complexes proteacuteiques par des meacutethodes biochimiques

parmi lesquelles le TAP-Tag et le double hybride occupent une place de choix

19

Les paragraphes suivants seront consacreacutes agrave une description des grandes meacutethodes

d‟analyse physico-chimique et biochimique utilisables pour appreacutehender la structure des

proteacuteines mais surtout celle des complexes proteacuteiques

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique

I121 Meacutethodes classiques pour lrsquoeacutetude de la structure tridimensionnelle des

proteacuteines

I1211 Cristallographie des proteacuteines

La cristallographie est la science qui eacutetudie les systegravemes cristallins agrave leacutechelle atomique

Les macromoleacutecules dont font partie les proteacuteines sont geacuteneacuteralement trop petites pour ecirctre

observeacutees directement par microscopie optique En effet leur taille nest pas suffisante pour

diffracter la lumiegravere dans les longueurs d‟onde du domaine visible du spectre

eacutelectromagneacutetique En revanche les distances interatomiques au sein des proteacuteines (environ

15 Aring) sont du mecircme ordre de grandeur que la longueur d‟onde des rayons X Par conseacutequent

la diffraction des rayons X par les atomes d‟une proteacuteine peut quant agrave elle ecirctre envisageacutee

Dans un cristal reacutegulier les proteacuteines forment un arrangement peacuteriodique suivant des axes de

l‟espace tridimensionnel de mailles eacuteleacutementaires deacutefinies comme eacutetant le plus petit eacuteleacutement

repreacutesentant le cristal entier Des translations suivant les axes d‟une maille eacuteleacutementaire

permettent de reconstituer l‟ensemble du cristal

Chaque atome d‟une proteacuteine a donc exactement la mecircme position dans toutes les mailles

Le cristal est ainsi composeacute de plans d‟atomes Ces plans d‟atomes ou plutocirct les nuages

d‟eacutelectrons correspondants produisent un motif de diffraction lors de l‟irradiation du cristal

aux rayons X (17) Le motif de diffraction contient les informations sur la position de tous les

atomes de la maille Par conseacutequent il est possible par l‟analyse de ce motif de calculer les

angles de diffraction ainsi que les distances interatomiques pour reconstituer la structure

moleacuteculaire

La haute reacutesolution reste le principal avantage de cette technique Malgreacute des donneacutees

relativement complexes agrave analyser la diffraction des rayons X donne des informations tregraves

preacutecises sur la structure moleacuteculaire des proteacuteines souvent agrave une reacutesolution atomique

20

infeacuterieure ou eacutegale agrave 12 Aring (18) A des reacutesolutions encore plus eacuteleveacutees ie infeacuterieures ou

eacutegales agrave 08 Aring les atomes d‟hydrogegravene deviennent visibles et les atomes ne peuvent plus ecirctre

consideacutereacutes comme des sphegraveres en raison de la deacuteformation des nuages eacutelectroniques Une telle

visualisation des eacutelectrons permet de deacuteterminer la distribution des charges et la polarisation

des liaisons (19) Une image tregraves deacutetailleacutee de la structure de la proteacuteine est alors obtenue

Toutefois la technique preacutesente des limites La principale difficulteacute lieacutee agrave la meacutethode reste

l‟obtention de cristaux avec des tailles suffisantes Il est indispensable de disposer de

plusieurs cristaux identiques car ils sont souvent deacutegradeacutes en preacutesence des rayons X (par

chauffage ou par des radicaux libres) Pour faire pousser des cristaux il est neacutecessaire de

produire une proteacuteine extrecircmement pure Il est eacutegalement indispensable d‟exprimer des

quantiteacutes importantes de proteacuteine afin de trouver les conditions optimales de cristallisation

Ces derniegraveres eacutetant proteacuteines deacutependantes il est impeacuteratif d‟en tester un grand nombre Les

cristaux peuvent se former rapidement ou au contraire apparaicirctre apregraves un temps

consideacuterablement long Parfois mecircme il est malheureusement impossible d‟en obtenir Les

chaicircnes polypeptidiques partiellement replieacutees telles que le prion sont un exemple probant de

proteacuteines difficilement cristallisables (20) De plus si des cristaux sont finalement obtenus

alors les segments peptidiques qui sont non structureacutes en solution apparaicirctront soit ordonneacutes

par des liaisons intermoleacuteculaires au sein du systegraveme cristallin ou n‟apparaicirctront pas Par

conseacutequent il est important de deacutevelopper une meacutethode alternative permettant d‟eacutetudier la

structure de proteacuteines partiellement replieacutees ou mecircme deacutesordonneacutees

Par deacutefinition l‟eacutetude cristallographique est baseacutee sur des structures statiques (les cristaux)

de l‟eacutetat le plus stable Il est donc peu probable que cette technique renseigne sur la

dynamique des moleacutecules Si la proteacuteine cristalliseacutee preacutesente une dynamique sans mouvement

agrave grande eacutechelle alors des eacuteveacutenements dynamiques peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes En revanche les

mouvements agrave grande eacutechelle sont quasiment toujours bloqueacutes dans le cristal D‟importants

deacuteveloppements technologiques ont eacuteteacute apporteacutes agrave la technique pour ameacuteliorer l‟observation

de la dynamique agrave courte eacutechelle Il s‟agit de la cryo-cristallographie (21-23) ou des meacutethodes

de cristallographie en temps reacutesolu (24-26)

L‟avegravenement du synchrotron a consideacuterablement acceacuteleacutereacute la vitesse d‟acquisition des

donneacutees En effet celle-ci a eacuteteacute reacuteduite de quelques semaines agrave quelques heures gracircce agrave la

production d‟un rayonnement X intense stable de longueur d‟onde variable et de grande

21

qualiteacute optique Actuellement la plupart des donneacutees de cristallographie sont collecteacutees agrave

partir d‟un synchrotron

La diffraction des rayons X est eacutegalement un outil de choix pour l‟eacutetude de complexes

proteacuteiques permettant d‟obtenir des informations structurales de tregraves grande qualiteacute mecircme

pour des systegravemes tregraves complexes (27) ou membranaires (28-29)

I1212 Spectroscopie RMN

La spectroscopie RMN est eacutegalement devenue une meacutethode performante pour l‟eacutetude de la

conformation des proteacuteines Deacuteveloppeacutee en 1945 elle n‟a cesseacute d‟ecirctre ameacutelioreacutee depuis sa

mise au point En raison de l‟impact scientifique exceptionnel qu‟elle a eu au fil des anneacutees

elle a eacuteteacute reacutecompenseacutee par quatre prix Nobel Le dernier en date (2002) a eacuteteacute deacutecerneacute au

Professeur Kurt Wuumlthrich pour ses deacuteveloppements porteacutes agrave la RMN qui ont permis

l‟eacutelucidation de la structure tridimensionnelle des macromoleacutecules biologiques en solution

Plus particuliegraverement il a eacuteteacute primeacute pour son eacutetude structurale de la proteacuteine prion

partiellement replieacutee (30)

Technique d‟analyse chimique et structurale non destructive elle est baseacutee sur l‟absorption

de la radiation agrave une radio freacutequence par des noyaux atomiques Les niveaux d‟eacutenergie de spin

des noyaux sont seacutepareacutes dans un champ magneacutetique (effet Zeeman) Sous l‟effet d‟une radio

freacutequence chaque noyau de la moleacutecule va reacutesonner agrave sa freacutequence speacutecifique (freacutequence de

Larmor) Chaque noyau de la proteacuteine a donc sa propre freacutequence de Larmor qui deacutepend de

l‟environnement local du noyau (par exemple protection par des champs magneacutetiques locaux)

Un spectre RMN contient ainsi des pics correspondants aux reacutesonances de tous les noyaux de

l‟eacutechantillon chacun avec une freacutequence (caracteacuteriseacutee par le deacuteplacement chimique δ)

caracteacuteristique de son environnement chimique De plus la surface sous un pic est

proportionnelle au nombre des noyaux reacutesonnant agrave cette freacutequence ce qui permet de

quantifier les reacutesidus identifieacutes et caracteacuteriseacutes

Un facteur tregraves important permettant la deacutetermination de la structure des proteacuteines est la

correacutelation entre des noyaux d‟une moleacutecule La perturbation locale des nuages d‟eacutelectrons

par le spin des noyaux conduit agrave un couplage scalaire entre des noyaux qui sont lieacutes de faccedilon

covalente avec un maximum de quatre liaisons entre eux L‟origine de ce couplage est le

22

changement des niveaux d‟eacutenergie des eacutetats de spin des noyaux en question pour conduire agrave

des nouveaux niveaux d‟eacutenergie en fonction de l‟alignement des spins des noyaux (parallegravele

ou anti-parallegravele) Le nombre et la nature des noyaux voisins produit des motifs et des

constantes de couplage speacutecifiques qui permettent d‟attribuer une structure covalente Dans

les proteacuteines chaque chaicircne lateacuterale d‟un acide amineacute preacutesente un motif de couplage scalaire

caracteacuteristique Il est alors aiseacute d‟attribuer les signaux RMN agrave la structure d‟une proteacuteine

L‟eacutetude d‟une proteacuteine peut ecirctre reacutealiseacutee par RMN homonucleacuteaire ou heacuteteacuteronucleacuteaire Les

noyaux protons sont alors observeacutes respectivement seuls ou avec les noyaux carbones etou

azotes Les expeacuteriences RMN permettent l‟observation des couplages scalaires et dipolaires

entre spins Le transfert d‟aimantation par couplage dipolaire produit des effets Overhauser

nucleacuteaires (nOe) entre noyaux situeacutes agrave moins de 5 Aring l‟un de l‟autre La mise en eacutevidence de

ces pheacutenomegravenes permet l‟estimation des distances entre les noyaux consideacutereacutes Cependant la

RMN homonucleacuteaire preacutesente certaines limites pour l‟eacutetude des proteacuteines en solution en

raison du taux de superposition des pics sur les spectres et du mauvais transfert d‟aimantation

entre protons par couplage scalaire Ces inconveacutenients qui rendaient probleacutematique l‟emploi

de la RMN pour l‟eacutetude de proteacuteines de taille supeacuterieure agrave cent acides amineacutes ont eacuteteacute

surmonteacutes par l‟utilisation des proprieacuteteacutes RMN de noyaux autres que le proton En effet des

noyaux diffeacuterents reacutesonnent dans des gammes de freacutequences diffeacuterentes ce qui permet de

reacutesoudre les superpositions de deacuteplacements chimiques De plus les constantes de couplage

heacuteteacuteronucleacuteaires ameacuteliorent la sensibiliteacute du couplage scalaire

Les trois isotopes de spin 12 naturellement preacutesents dans les proteacuteines sont 1H

15N et

13 C

Cependant les faibles abondances naturelles des isotopes 13

C du carbone (11 ) et 15

N de

l‟azote (037 ) ne permettent pas de reacutealiser des expeacuteriences de correacutelation heacuteteacuteronucleacuteaire

les impliquant Par conseacutequent un enrichissement des eacutechantillons proteacuteiques en isotopes 13

C

et 15

N preacutealable agrave l‟analyse en RMN doit ecirctre envisageacute

La preacuteparation d‟eacutechantillons marqueacutes est reacutealiseacutee le plus souvent par clonage

moleacuteculaire et par techniques de surexpression et de purification de proteacuteines La

surexpression des proteacuteines isotopiquement enrichies peut se faire agrave partir d‟une culture en

milieu minimum ou en milieu riche Le milieu minimum est preacutepareacute de faccedilon agrave ne renfermer

qu‟une seule source du noyau dont on veut enrichir la proteacuteine (eg glucose avec 13

C

chlorure d‟ammonium avec 15

N) Les cultures en milieu riche se font en utilisant un milieu

standard enrichi en isotopes Si l‟on souhaite simplement proceacuteder agrave un marquage partiel de la

23

proteacuteine sur certains types de reacutesidus alors on peut utiliser un organisme heacuteteacuterotrophe Ce

dernier incapable de syntheacutetiser certains acides amineacutes devra donc les puiser dans son milieu

de culture Ces organismes sont cultiveacutes dans un milieu contenant les acides amineacutes marqueacutes

que l‟on veut incorporer dans la proteacuteine

Les expeacuteriences de RMN heacuteteacuteronucleacuteaire peuvent ecirctre reacutealiseacutees sur des eacutechantillons

simplement marqueacutes au 15

N ou doublement marqueacutes (15

N 13

C) Dans le cas de proteacuteines

marqueacutees agrave l‟isotope lourd de l‟azote (15

N) des expeacuteriences 2D HSQC ou HMQC

(laquo Heteronuclear Single Multiple Quantum Correlation raquo) peuvent ecirctre meneacutees Elles

permettent d‟observer les pics de correacutelation dus au couplage scalaire entre l‟hydrogegravene

amide et l‟azote de chaque reacutesidu La strateacutegie d‟attribution baseacutee sur le double marquage

utilise quant agrave elle exclusivement les couplages scalaires homo- et heacuteteacuteronucleacuteaires Si l‟on

souhaite augmenter la limite de taille des systegravemes eacutetudieacutes alors en sus du marquage 15

N et

13C on peut remplacer 70 agrave 100 des protons par des deuteacuteriums En effet cela permet de

diminuer la fuite de l‟aimantation due aux interactions dipolaires entre protons La diminution

de la relaxation transverse agrave l‟aide de l‟expeacuterience TROSY (laquo Transverse Relaxation-

Optimized SpectroscopY raquo) permet eacutegalement de repousser cette limite (31) Des expeacuteriences

combinant les deux approches ont eacutegalement eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour l‟analyse de complexes

proteacuteiques de haut poids moleacuteculaire (gt 50 kDa) (32)

Les intermeacutediaires du repliement d‟une proteacuteine peuvent aussi ecirctre caracteacuteriseacutes par

l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide avec le deuteacuterium de l‟eau lourde Enfin une interpreacutetation

qualitative des deacuteplacements chimiques en fonction de la structure primaire de la moleacutecule

permet la deacutetection des structures secondaires telles que l‟heacutelice α ou le feuillet β

Si l‟avantage majeur de la RMN par rapport agrave la diffraction des rayons X est de permettre

l‟eacutetude de proteacuteines en solution elle preacutesente des limites importantes qui sont d‟une part la

quantiteacute de mateacuteriel neacutecessaire pour reacutealiser les expeacuteriences (des concentrations de l‟ordre du

millimolaire de proteacuteine sont geacuteneacuteralement utiliseacutees et d‟une centaine de micromoles avec

l‟utilisation d‟une cryosonde) mais surtout la taille des systegravemes qui peuvent ecirctre eacutetudieacutes (lt

50 kDa) Il faut par ailleurs noter que dans certains cas des concentrations d‟eacutechantillon tregraves

eacuteleveacutees peuvent induire des perturbations de la structure quaternaire des proteacuteines (agreacutegation

ou preacutecipitation de certaines proteacuteines)

24

I122 Meacutethodes pour lrsquoeacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des

assemblages macromoleacuteculaires

I1221 Diffusion aux petits angles

La diffusion aux petits angles des rayons X en solution (laquo Small Angle X-ray Scattering raquo

SAXS) est une technique qui repose sur la diffusion eacutelastique des rayons X par des proteacuteines

et des macro-assemblages dans la gamme 10-1000 Aring (33) Bien qu‟il ne soit pas possible

d‟obtenir une reacutesolution atomique par cette meacutethode elle fournit des informations structurales

preacutecieuses agrave basse reacutesolution (forme globale de la proteacuteine structures tertiaire et quaternaire)

Elle permet donc d‟eacutetudier les changements conformationnels de macromoleacutecules ainsi que la

formation d‟assemblages supramoleacuteculaires dans des conditions quasi-physiologiques La

diffusion en solution qui n‟est pas soumise aux principales limitations de la cristallographie

et de la RMN apparaicirct comme une technique compleacutementaire pour l‟eacutetude structurale des

macromoleacutecules

Les eacutechantillons reacuteels sont le plus souvent complexes (co-existence de plusieurs espegraveces de

proteacuteines) et heacuteteacuterogegravenes (manque dhomogeacuteneacuteiteacute au niveau de la conformation des

moleacutecules) Leur eacutetude repreacutesente un deacutefi majeur pour cette technique En effet dans un tel

cas le profil de diffusion contiendra des contributions de tous les composants rendant

l‟analyse complexe Cette difficulteacute peut ecirctre surmonteacutee par des meacutethodes de traitement des

donneacutees afin de caracteacuteriser des conformegraveres individuels de proteacuteines (34) ou bien des

agreacutegats de proteacuteines (35)

I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique

La cryomicroscopie eacutelectronique se base sur les principes geacuteneacuteraux de la microscopie

eacutelectronique agrave transmission tout en eacutevitant les eacutetapes de preacuteparation endommageant les

eacutechantillons Elle repose sur l‟observation de moleacutecules ayant eacuteteacute fixeacutees de maniegravere brutale

par congeacutelation agrave tregraves basse tempeacuterature (processus de quelques millisecondes agrave environ -

170degC) afin d‟eacuteviter la formation de cristaux de glace Les moleacutecules totalement englobeacutees

dans un fin film d‟eau vitrifieacutee sont ainsi preacuteserveacutees dans leur environnement et leur eacutetat

natifs Compleacutementaire agrave la cristallographie des proteacuteines et agrave la spectroscopie RMN cette

meacutethode permet d‟obtenir la structure de larges assemblages macromoleacuteculaires en solution

25

La microscopie eacutelectronique permet d‟obtenir des images bidimensionnelles correspondant

agrave des projections de toute leacutepaisseur de leacutechantillon Cependant elles ne possegravedent quun

contraste tregraves faible et lanalyse dimages est alors indispensable Celle-ci consiste dans un

premier temps agrave additionner des images de faible contraste afin de moyenner le bruit preacutesent

et dobtenir un meilleur rapport signal sur bruit Dans un deuxiegraveme temps ces moyennes qui

repreacutesentent des vues de leacutechantillon sous diffeacuterents angles peuvent ecirctre combineacutees de

maniegravere matheacutematique pour calculer la structure tridimensionnelle de lobjet de deacutepart (36)

Cette technique de reconstruction en 3D utilisant des images obtenues sous diffeacuterents angles

est appeleacutee tomographie

La cryomicroscopie eacutelectronique est particuliegraverement bien adapteacutee agrave l‟observation de

moleacutecules de masse moleacuteculaire supeacuterieure agrave 200 ou 300 kDa (37) En effet seuls des eacutedifices

macromoleacuteculaires de grande taille remplissent les critegraveres neacutecessaires pour ecirctre visualiseacutes au

dessus du bruit de fond Il est possible d‟obtenir une reacutesolution de l‟ordre de 10 agrave 30 Aring (38)

Pour des macro-assemblages on peut envisager de compleacuteter une structure agrave basse reacutesolution

avec des structures agrave haute reacutesolution des proteacuteines individuelles Ces derniegraveres peuvent ecirctre

obtenues par exemple par cristallographie Il est ainsi possible d‟obtenir des informations

structurales agrave une reacutesolution presque atomique de structures subcellulaires (39)

Cette technique permet l‟eacutetude du changement conformationnel d‟assemblages

macromoleacuteculaires par imagerie de complexes fixeacutes par vitrification dans diffeacuterents eacutetats

conformationnels (37 40) La microscopie eacutelectronique permet eacutegalement aujourd‟hui

d‟obtenir des informations sur des macromoleacutecules et leurs assemblages dans le contexte

cellulaire par imagerie de la structure biologique entiegravere (41-43) Ceci a eacuteteacute rendu possible par

les progregraves effectueacutes dans le deacuteveloppement de la tomographie eacutelectronique et l‟eacutelaboration

de la cryomicroscopie de sections vitreuses

Il existe de nombreuses eacutetudes de complexes macromoleacuteculaires par cryomicroscopie

eacutelectronique parmi lesquelles la structure du ribosome agrave une reacutesolution de 115 Aring (44) et celle

de virus (45) l‟environnement cytosolique total de cellules eucaryotes (46) ainsi que l‟eacutetude

d‟une interaction proteacuteine chaperone-substrat (47)

La cryomicroscopie eacutelectronique possegravede plusieurs avantages par rapport agrave la

cristallographie et agrave la RMN En effet elle requiert de plus faibles quantiteacutes de mateacuteriel

(environ 2 mL agrave une concentration de 01-10 mgmL-1

par grille) elle ne neacutecessite pas

26

l‟obtention de cristaux et elle permet l‟observation d‟objets de lordre de grandeur de 300 kDa

agrave 1000 MDa Mais cette meacutethode preacutesente aussi des limites Les eacutechantillons doivent ecirctre

purs uniformes et sans agreacutegats et contenir seulement une faible concentration de sel et de

solvants afin de maximiser le contraste entre la proteacuteine et le tampon

I1223 Chromatographie drsquoexclusion steacuterique

La chromatographie est une technique de chimie analytique quantitative et qualitative Il

s‟agit d‟une meacutethode physique de seacuteparation d‟espegraveces chimiques Le principe est le suivant

leacutechantillon renfermant une ou plusieurs espegraveces est entraicircneacute par une phase mobile le long

dune phase stationnaire Chaque espegravece a une vitesse de migration propre qui deacutepend de ses

caracteacuteristiques et de celles des deux phases

La chromatographie d‟exclusion steacuterique appeleacutee aussi filtration sur gel permet de seacuteparer

des proteacuteines ou autres moleacutecules biologiques suivant leur taille (48) tandis que la plupart des

meacutethodes chromatographiques utilisent l‟affiniteacute chimique avec un support La phase

stationnaire est un gel hydrateacute constitueacute de pores de tailles diffeacuterentes Les macromoleacutecules de

l‟eacutechantillon entrent et sortent de ces pores selon leur taille Les moleacutecules les plus petites

peuvent entrer dans un plus grand nombre de pores ce qui allonge la dureacutee de leur migration

alors que les plus grosses moleacutecules sont eacutelueacutees plus rapidement En conseacutequence les

macromoleacutecules sont seacutepareacutees selon leurs dimensions

Plus rigoureusement cette meacutethode permet de seacuteparer des macromoleacutecules en fonction de

leur taille mais aussi de leur forme ie suivant leur volume hydrodynamique Ainsi deux

macromoleacutecules de mecircme masse moleacuteculaire mais d‟architecture diffeacuterente pourront ecirctre

distingueacutees En effet une macromoleacutecule peu structureacutee aura un plus grand volume

hydrodynamique qu‟une macromoleacutecule de mecircme masse moleacuteculaire mais de structure tregraves

globulaire Par conseacutequent la premiegravere sera plus rapidement eacutelueacutee que la seconde bien que

les deux masses soient identiques

Une eacutetude reacutecente a montreacute qu‟il eacutetait possible de caracteacuteriser des macroassemblages de

tregraves grande taille jusqu‟agrave plusieurs millions de daltons par chromatographie d‟exclusion

steacuterique (49)

27

I1224 Reacutesonance plasmonique de surface

La reacutesonance plasmonique de surface (laquo Surface Plasmon Resonance raquo SPR) est un

pheacutenomegravene physique baseacute sur les proprieacuteteacutes de la lumiegravere Lorsquun faisceau de lumiegravere

polariseacutee monochromatique illumine une surface placeacutee entre deux milieux dindice de

reacutefraction diffeacuterent une partie du rayon incident est reacutefleacutechie tandis que lautre partie est

reacutefracteacutee agrave travers la surface Selon langle dincidence du rayon toute la lumiegravere peut ecirctre

reacutefleacutechie Lorsquil ny a pas de reacutefraction ie sous les conditions de reacuteflexion interne totale

une des composantes eacutelectromagneacutetiques de la lumiegravere londe eacutevanescente se propage

perpendiculairement agrave la surface sur une distance eacutequivalente agrave sa longueur donde Si une

couche fine de meacutetal riche en eacutelectrons libres est deacuteposeacutee sur cette surface alors ceux-ci

entrent en reacutesonance avec les photons du faisceau incident et creacuteent la reacutesonance plasmonique

de surface Une conseacutequence eacutenergeacutetique de cette reacutesonance est visible dans le faisceau

reacutefleacutechi qui preacutesente une chute dintensiteacute agrave un angle deacutefini Cet angle pour lequel on observe

une intensiteacute minimale est langle de reacutesonance Il varie en fonction de lindice de reacutefraction

du milieu dans lequel londe eacutevanescente se propage

Depuis sa deacutecouverte par Wood en 1902 (50-51) la reacutesonance plasmonique de surface est

principalement utiliseacutee comme senseur ie comme deacutetecteur placeacute agrave la source mecircme du

pheacutenomegravene eacutetudieacute capable de deacuteceler des modifications au niveau moleacuteculaire L‟application

de cette technique pour le controcircle des interactions biomoleacuteculaires a eacuteteacute deacutemontreacutee pour la

premiegravere fois en 1983 (52) La reacutesonance plasmonique de surface permet de mettre en

eacutevidence la formation d‟une liaison entre un ligand et un reacutecepteur adsorbeacute agrave la surface

meacutetallique par mesure de la variation de lindice de reacutefraction (Fig I 5) Lanalyte est mis au

contact de la surface meacutetallique greffeacutee Les changements induits par lassociation ou la

dissociation des complexes modifient la reacutefringence du milieu et deacutecalent la position de

langle de reacutesonance Lenregistrement de la variation de langle de reacutesonance permet de suivre

en temps reacuteel la fixation des moleacutecules injecteacutees Cette technique permet donc d‟obtenir des

donneacutees cineacutetiques sur des interactions mettant en jeu deux ou plusieurs partenaires (53)

28

Fig I 5 Scheacutema du principe de la reacutesonance plasmonique de surface utiliseacute par la technologie

Biacore TM pour l‟analyse des interactions entre moleacutecules en temps reacuteel et sans marquage

Dans un tel systegraveme les deux milieux d‟indices de reacutefraction diffeacuterents sont la solution dans

laquelle se trouvent les moleacutecules agrave analyser et le verre d‟une lame qui sert de senseur Le

film conducteur agrave l‟interface des deux est un tregraves fin film d‟or agrave la surface de la lame de verre

La reacutesonance plasmonique de surface permet donc de deacutetecter et de quantifier des

interactions entre moleacutecules en temps reacuteel et sans avoir recours au marquage de ces derniegraveres

Par le suivi en temps reacuteel de la formation et de la dissociation des complexes il est possible

de caracteacuteriser minutieusement la force des associations et d‟obtenir les cineacutetiques des

interactions moleacuteculaires La technique ne neacutecessitant pas l‟utilisation de marquage pour la

deacutetection et eacutetant non destructrice les biomoleacutecules qui sont seacutelectivement retenues sur la

surface du capteur peuvent ecirctre par la suite reacutecupeacutereacutees et analyseacutees par spectromeacutetrie de

masse Cette combinaison de technologies offre donc une toute nouvelle gamme

d‟applications telle que l‟identification et la rapide caracteacuterisation de nouvelles interactions

proteacuteineproteacuteine entre une proteacuteine d‟inteacuterecirct et un meacutelange complexe de proteacuteines (54-55)

I1225 Spectromeacutetrie de masse

Bien que les techniques de diffraction des rayons X et de spectroscopie RMN soient les

deux meacutethodes phares pour l‟eacutelucidation structurale des proteacuteines nous avons vu

preacuteceacutedemment qu‟elles preacutesentaient des limites En effet elles sont toutes les deux peu

sensibles et la cristallographie des proteacuteines neacutecessite l‟obtention de cristaux tandis que la

spectroscopie RMN est limiteacutee en gamme de masse Ainsi le choix de ces meacutethodes

29

classiques pour l‟eacutetude des complexes proteacuteiques n‟est pas toujours possible En revanche

l‟apport de la spectromeacutetrie de masse dans ce domaine est en constante progression La

spectromeacutetrie de masse ne permet pas d‟obtenir des informations structurales avec la mecircme

reacutesolution spatiale que les rayons X ou la RMN mais apporte un gain important en termes de

sensibiliteacute et rapiditeacute par rapport aux deux meacutethodes preacuteceacutedentes Il existe plusieurs

approches par spectromeacutetrie de masse permettant d‟obtenir des informations de structure

L‟une d‟entre elles repose sur le pontage covalent de proteacuteines en association suivi d‟une

digestion enzymatique et analyse par spectromeacutetrie de masse Une deuxiegraveme implique des

eacutechanges isotopiques (ou un marquage covalent) permettant soit de deacuteterminer des zones de

flexibiliteacute induites par la liaison d‟un ligand agrave une proteacuteine soit des zones d‟interaction entre

macromoleacutecules au sein d‟un complexe La spectromeacutetrie de masse offre eacutegalement

l‟opportuniteacute de caracteacuteriser des complexes non covalents (proteacuteine-proteacuteine proteacuteine-ligand)

gracircce agrave l‟utilisation de modes d‟ionisation adapteacutes On peut noter pour l‟analyse de

complexes proteacuteiques intacts l‟eacutemergence de spectromegravetres de masse eacutequipeacutes d‟une cellule

de mobiliteacute ionique

Approche par pontage covalent

Les interactions proteacuteine-proteacuteine peuvent donc ecirctre analyseacutees par pontage covalent

(laquo crosslinking raquo) et spectromeacutetrie de masse L‟avantage majeur de cette approche est qu‟elle

permet d‟obtenir agrave la fois des informations sur la composition et sur la structure des

complexes gracircce agrave la grande sensibiliteacute de la spectromeacutetrie de masse Le laquo crosslinking raquo est

une technique qui permet de relier chimiquement les sous-uniteacutes d‟un complexe non covalent

ce qui permet de stabiliser les interactions au sein de l‟eacutedifice macromoleacuteculaire et d‟en

faciliter l‟eacutetude Ceci est reacutealiseacute par des agents pontants ou laquo crosslinkers raquo qui sont des

composeacutes chimiques posseacutedant un groupe reacuteactif agrave leur extreacutemiteacute capable de reacuteagir avec des

fonctions speacutecifiques des proteacuteines ou d‟autres moleacutecules (eg amines primaires

sulfhydryles hellip) Les agents pontants eacutetablissent des liaisons covalentes entre des acides

amineacutes proches dans la structure tertiaire L‟utilisation de laquo crosslinkers raquo de taille diffeacuterente

permet d‟obtenir des contraintes de distance entre les peptides des partenaires proteacuteiques du

complexe L‟analyse des peptides ponteacutes par spectromeacutetrie de masse permet d‟obtenir des

informations sur la topologie initiale du complexe Il existe maintenant une grande varieacuteteacute

d‟agents pontants multifonctionnels (homo- ou heacuteteacuterofonctionnels) disponibles dans le

commerce (wwwpiercenetcom)

30

Fig I 6 Scheacutema de la reacuteaction de pontage covalent entre deux proteacuteines utilisant le DSG

(DiSuccinimidyl Glutarate) reacuteactif homobifonctionnel Il a deux groupes identiques des

esters de NHS agrave chacune de ses extreacutemiteacutes qui reacuteagissent avec les amines primaires des

proteacuteines (extreacutemiteacute N-terminale et chaicircne lateacuterale des lysines) Son bras espaceur long de 77

Aring est constitueacute de cinq atomes

Les groupes reacuteactifs peuvent ecirctre des esters de NHS (N-HydroxySuccinimide) (Fig I 6)

ou des maleacuteimides qui ciblent les thiols des cysteacuteines ou encore des aryl azides qui s‟insegraverent

dans des liaisons C-H ou N-H sous activation UV Les esters de NHS et leurs deacuteriveacutes solubles

sulfonyleacutes sont les plus couramment utiliseacutes malgreacute les reacuteactions secondaires qu‟ils

entraicircnent compliquant l‟analyse des spectres obtenus apregraves digestion enzymatique du

complexe proteacuteique En effet si les amines primaires des lysines (ou des extreacutemiteacutes N-

terminales) sont les cibles majeures des groupements NHS il n‟est pas rare d‟observer des

reacuteactions de pontage impliquant les groupements hydroxyles des tyrosines des seacuterines ou

encore des threacuteonines (56) De plus les esters de NHS conventionnels ont une forte tendance

agrave s‟hydrolyser pendant l‟eacutetape de pontage conduisant agrave des produits de type laquo dead-end raquo

qu‟il est difficile de seacuteparer des autres (57) Par conseacutequence avec la connaissance de toutes

les cibles possibles des laquo crosslinkers raquo l‟eacutelucidation de la structure des complexes proteacuteiques

pourrait ecirctre significativement ameacutelioreacutee due agrave la plus grande fraction d‟espegraveces ponteacutees

identifieacutees

Bien que l‟association pontage covalent et spectromeacutetrie de masse soit devenue un outil

analytique performant pour l‟eacutetude des complexes proteacuteiques elle preacutesente des limites qui

sont (i) la faible intensiteacute dans les spectres de masse des pics correspondant aux peptides

ponteacutes et (ii) la difficulteacute agrave les identifier parmi les autres due au fait qu‟ils sont tregraves

minoritaires dans les meacutelanges obtenus Dans ce contexte le choix d‟un spectromegravetre de

masse alliant excellente reacutesolution et tregraves bonne preacutecision sur la mesure de masse (FT-ICR

orbitrap) est judicieux Il permet d‟une part de bien seacuteparer les diffeacuterents constituants obtenus

31

apregraves la digestion des complexes et d‟autre part d‟utiliser la masse exacte comme critegravere de

seacutelection Des strateacutegies permettant d‟identifier plus facilement les peptides ponteacutes dans le

meacutelange tregraves complexe obtenu apregraves digestion enzymatique ont eacutegalement eacuteteacute deacuteveloppeacutees

ces derniegraveres anneacutees Elles sont baseacutees sur l‟utilisation d‟agents pontants posseacutedant des

isotopes stables (58) ou inteacutegrant une fonction biotine permettant un enrichissement seacutelectif

des peptides ponteacutes (59) Des agents pontants permettant une identification plus aiseacutee des

peptides ponteacutes en MSMS ont eacutegalement eacuteteacute mis au point ces derniegraveres anneacutees (60-62)

Reacutecemment l‟utilisation de laquo crosslinkers raquo photoactivables a permis de mettre en eacutevidence

des sites d‟interaction diffeacuterents entre trois activateurs de la transcription (Gal4 Gcn4 et

VP16) et le cofacteur MD15 (63) Cette eacutetude montre par ailleurs la compleacutementariteacute des

modes d‟ionisation MALDI et ESI pour retrouver un grand nombre de peptides ponteacutes Dans

un exemple un peu moins reacutecent Rappsilber et al ont proposeacute un modegravele tridimensionnel

pour un complexe du pore nucleacuteaire chez la levure (64)

Approche par marquage

Une deuxiegraveme approche consiste agrave modifier chimiquement la surface du complexe

proteacuteique accessible en solution et agrave identifier les sites de modifications par spectromeacutetrie de

masse Les segments peptidiques impliqueacutes dans des interactions proteacuteine-proteacuteine ne sont

pas accessibles en solution et a priori ne seront pas modifieacutes La comparaison des cartes

d‟accessibiliteacute pour des proteacuteines seules et associeacutees permet de remonter agrave la topologie initiale

du complexe La modification chimique peut ecirctre reacuteversible ou irreacuteversible Les eacutechanges

hydrogegravenedeuteacuterium (HDX) des amides de la liaison peptidique sont un exemple de

modifications labiles (65-67) La modification chimique des chaicircnes lateacuterales par des reacuteactifs

speacutecifiques tels que l‟aceacutetanhydride le dieacutethylpyrocarbonate ou le phenylglyoxal est quant agrave

elle permanente (67-68) ce qui impose moins de contraintes au niveau de la rapiditeacute de

l‟analyse apregraves modifications La premiegravere strateacutegie qui fait l‟objet de cette thegravese sera deacutecrite

en deacutetails dans la seconde partie de cette introduction

Les radicaux hydroxyles peuvent eacutegalement ecirctre utiliseacutes dans une approche par marquage

covalent Leur formation peut avoir lieu de diffeacuterentes faccedilons ie par chimie Fenton

radiolyse de l‟eau eacutelectrochimie ou photolyse UV du peroxyde d‟hydrogegravene Ces techniques

aboutissent agrave des concentrations en radicaux diffeacuterentes avec des eacutechelles de temps varieacutees

mais en principe les reacuteactions avec les proteacuteines conduisent aux mecircmes produits Les produits

d‟oxydation sont nombreux puisque quatorze acides amineacutes sur vingt peuvent ecirctre modifieacutes

(Cys Met Trp Tyr Phe His Leu Ile Arg Lys Val Ser Gln et Glu) L‟analyse des

32

produits de la reacuteaction et des sites de modification est geacuteneacuteralement reacutealiseacutee par couplage LC-

MSMS apregraves digestion enzymatique La cineacutetique d‟oxydation des diffeacuterents peptides permet

d‟obtenir des informations de structure Elle est eacutetablie agrave partir de la disparition des peptides

non modifieacutes mais eacutegalement agrave partir de l‟apparition des peptides oxydeacutes Si le temps

d‟exposition aux radicaux est court (infeacuterieur agrave quelques centaines de ms) alors la vitesse

d‟oxydation enregistreacutee pour un peptide donneacute deacutependra principalement (i) de la reacuteactiviteacute

intrinsegraveque des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes et (ii) de leur accessibiliteacute au solvant dans

la structure tridimensionnelle de la proteacuteine (ou du complexe) Ainsi la comparaison des

vitesses d‟oxydation mesureacutees pour deux peptides dont les acides amineacutes modifieacutes sont

identiques permettra d‟obtenir des informations en termes d‟accessibiliteacute relative agrave la surface

de deux reacutegions diffeacuterentes d‟une proteacuteine

L‟avantage majeur des approches par marquage covalent reacuteside dans le fait de pouvoir

analyser les peptides modifieacutes sans prendre de preacutecautions particuliegraveres puisque la

modification n‟est pas labile En revanche la technique des eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium

impose de travailler dans des conditions expeacuterimentales strictes permettant de conserver le

marquage jusqu‟agrave l‟analyse finale en spectromeacutetrie de masse Cependant cette derniegravere

approche ne modifie pas la structure tridimensionnelle du complexe ce qui n‟est pas toujours

le cas avec des approches par marquage covalent En effet une alteacuteration de la structure des

macroassemblages peut ecirctre observeacutee sous l‟effet de l‟oxydation par l‟utilisation de radicaux

hydroxyles (69)

L‟approche par marquage peut eacutegalement ecirctre utiliseacutee pour obtenir des informations sur la

dynamique structurelle des proteacuteines et complexes proteacuteiques La caracteacuterisation des

modifications dans des conditions expeacuterimentales diffeacuterentes permet de remonter aux

changements structuraux Ainsi Dumoulin et al ont eacutetudieacute le changement conformationnel

du lysozyme induisant la formation d‟agreacutegats multimeacuteriques (70) Un autre exemple est

l‟eacutetude des changements d‟interaction proteacuteine-proteacuteine lors de la maturation des capsides du

virus HIV-1 (71) Des informations sur les changements conformationnels d‟une proteacuteine lors

de la fixation d‟un ligand ont pu eacutegalement ecirctre obtenues (72-74) Par ailleurs une eacutetude

reacutecente du complexe Arp23 formeacute de sept sous-uniteacutes proteacuteiques a permis de mettre en

eacutevidence finement des modifications de structure tridimensionnelle induites par la liaison agrave

l‟ATP en utilisant les radicaux hydroxyles (75)

33

Approche par proteacuteolyse meacutenageacutee

Une autre approche consiste agrave reacutealiser une proteacuteolyse meacutenageacutee Les premiers travaux

rapportant l‟eacutetude d‟une empreinte proteacuteique par proteacuteolyse meacutenageacutee datent de 1987 et sont

directement inspireacutes des travaux de laquo DNA footprint raquo (76) Le principe ici consiste agrave tester

l‟accessibiliteacute agrave diffeacuterentes proteacuteases des proteacuteines eacutetudieacutees Un profil proteacuteolytique diffeacuterent

peut traduire des surfaces accessibles qui ne sont pas identiques ou un masquage par une

moleacutecule de ligand Associeacutee agrave la spectromeacutetrie de masse la proteacuteolyse meacutenageacutee est ainsi

devenue un outil puissant dont l‟une des applications premiegraveres a eacuteteacute l‟identification preacutecise

d‟eacutepitopes agrave partir de complexes antigegravene-anticorps immobiliseacutes (77) Depuis cette technique

est largement utiliseacutee pour des eacutetudes de dynamique structurelle (78) d‟interaction proteacuteine-

ligand (79-82) de diffeacuterences conformationnelles lieacutees agrave des mutations (83-84) ou pour

l‟eacutelucidation de domaines structuraux (85-87)

Les enzymes classiquement utiliseacutees sont la trypsine qui clive apregraves les acides amineacutes

basiques tels que les reacutesidus lysine et arginine et la proteacutease V8 qui coupe speacutecifiquement

apregraves les reacutesidus acide aspartique et acide glutamique Elles ont eacuteteacute choisies

preacutefeacuterentiellement en raison de la haute freacutequence de ces reacutesidus dans les proteacuteines et de la

compleacutementariteacute des profils proteacuteolytiques obtenus Par ailleurs la proteacuteolyse doit ecirctre la plus

limiteacutee possible afin de ne pas deacutestructurer la proteacuteine conduisant agrave d‟autres sites de coupure

non repreacutesentatifs de la structure tertiaire La reacutesolution de cette meacutethode est cependant

modeste C‟est la raison pour laquelle la proteacuteolyse meacutenageacutee est tregraves souvent coupleacutee avec des

approches par eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium afin d‟obtenir des reacutesultats compleacutementaires

(88-89)

Analyse de complexes non covalents

L‟avegravenement des techniques d‟ionisation douces telles que l‟ESI (laquo ElectroSpray

Ionisation raquo) (90) et le MALDI (laquo Matrix Assisted Laser DesorptionIonisation raquo) (91) a

ouvert agrave la spectromeacutetrie de masse un nouveau champ d‟application celui de l‟analyse de

macromoleacutecules biologiques intactes (92) Pour le deacuteveloppement de ces meacutethodes qui ont

ces derniegraveres anneacutees largement participeacute agrave l‟essor de la spectromeacutetrie de masse dans le cadre

des analyses proteacuteomiques J Fenn et K Tanaka ont eacuteteacute reacutecompenseacutes en 2002 par

l‟attribution du prix Nobel de chimie

34

Par comparaison aux diffeacuterentes techniques utiliseacutees pour la caracteacuterisation des proteacuteines

la spectromeacutetrie de masse apporte plusieurs avantages Tout d‟abord elle est tregraves sensible En

effet quelques picomoles voire mecircme attomoles de peptides suffisent agrave obtenir un signal Par

ailleurs la spectromeacutetrie de masse est caracteacuteriseacutee par sa grande preacutecision en masse Elle est

ainsi capable de deacuteterminer des masses moleacuteculaires agrave moins d‟une partie par million (ppm)

pour les instruments les plus preacutecis alors que la technique de SDS-PAGE (laquo Sodium Dodecyl

Sulfate-PolyAcrylamide Gel Electrophoresis raquo) donne des erreurs de l‟ordre de 20 Enfin la

spectromeacutetrie de masse est une meacutethode d‟analyse rapide A titre de comparaison un spectre

de masse est enregistreacute en quelques secondes agrave minutes tandis qu‟une expeacuterience de SDS-

PAGE dure plusieurs heures

Dans le cadre de l‟eacutetude des complexes proteacuteiques la spectromeacutetrie de masse est

susceptible de fournir d‟une part des informations preacutecises sur la stœchiomeacutetrie des

macroassemblages et d‟autre part des donneacutees structurales en combinaison avec du

marquage

Une des questions souvent poseacutees aux spectromeacutetristes de masse concerne la possibiliteacute de

reacutealiser une mesure de masse directe d‟un complexe proteacuteique intact dans le but d‟obtenir des

informations sur la stœchiomeacutetrie de l‟interaction Il convient de noter que la mesure de

masse est alors effectueacutee sur le complexe en phase gazeuse alors que pour le biologiste

l‟interaction d‟inteacuterecirct est celle qui a lieu en solution Dans ces conditions une interaction non

covalente preacutesente en solution peut ne pas ecirctre deacutetecteacutee en phase gazeuse C‟est le cas par

exemple des interactions hydrophobes Des eacutetudes ont ainsi montreacute l‟impossibiliteacute de

corroborer les reacutesultats obtenus en phase gazeuse et en solution pour ce type d‟interaction (93-

94) A l‟inverse des interactions principalement eacutelectrostatiques seront renforceacutees en phase

gazeuse et un complexe mecircme peu stable en solution peut ecirctre deacutetecteacute facilement par

spectromeacutetrie de masse Compte tenu de ces eacuteleacutements il nest pas toujours facile de relier des

stabiliteacutes en phase gazeuse eacutetudieacutees par exemple en modifiant la tension agrave l‟interface aux

stabiliteacutes en solution Dans certains cas le problegraveme est encore plus complexe puisque le

type d‟interaction en phase gazeuse peut ecirctre diffeacuterent de celui en solution L‟exemple retenu

est celui des complexes entre des cyclodextrines et des acides amineacutes aromatiques (95) en

solution l‟interaction est principalement de type hydrophobe entre le groupe aromatique et la

caviteacute de la cyclodextrine alors qu‟en phase gazeuse il s‟agit d‟une interaction ion-dipocircle agrave

l‟exteacuterieur de la caviteacute Ceci implique la formation en phase gazeuse de complexes

inexistants en solution donnant ainsi naissance agrave des faux positifs

35

Malgreacute ces contraintes quelques revues reacutecentes de la litteacuterature montrent l‟inteacuterecirct de la

spectromeacutetrie de masse pour la deacutetermination des masses moleacuteculaires de complexes

proteacuteiques entiers (96-99) Actuellement il est mecircme possible de mesurer des masses

moleacuteculaires de l‟ordre de plusieurs millions de daltons Parmi les plus importantes jamais

atteintes il a celles des heacutemocyanines de 22 MDa de crabes abyssaux (100) du ribosome de

Thermus thermophilus de 233 MDa (98) des assemblages viraux des capsides du virus de

l‟heacutepatite B de 3 et 4 MDa (101) et du complexe multiproteacuteique de l‟ureacutease de Helicobacter

pylori agrave 426 MDa (98)

La technique d‟ionisation de reacutefeacuterence pour analyser les complexes proteacuteiques est

l‟eacutelectrospray (ou sa variante le nano eacutelectrospray) Dans des cas particuliers il est mecircme

possible de les eacutetudier par MALDI (102) bien que cette meacutethode ne soit probablement pas

geacuteneacuteralisable agrave tous les systegravemes Quelques techniques eacutemergentes pour l‟analyse

d‟assemblages macromoleacuteculaires ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees reacutecemment ou sont en cours de

deacuteveloppement comme la mobiliteacute ionique (SMI) (103) l‟laquo ElectroSonic Spray Ionization raquo

(ESSI) (104) ou le laquo Laser-Induced Liquid Beam IonizationDesorption raquo (LILBID) (105) Le

processus d‟ionisation doit ecirctre reacutealiseacute en conditions non deacutenaturantes (pH controcircleacute) pour

conserver les complexes proteacuteiques dans leur conformation active Il faut donc choisir un

tampon (nature des sels) qui soit compatible agrave la fois avec la meacutethode d‟ionisation employeacutee

et le maintien de l‟inteacutegriteacute des complexes biologiques Dans le cas de l‟eacutelectrospray des sels

volatils comme l‟aceacutetate d‟ammonium (AcNH4) sont preacutefeacuterentiellement utiliseacutes Neacuteanmoins

lors de la preacuteparation des eacutechantillons une eacutetape de dessalage (par centrifugation gel

filtration hellip) est indispensable En ce qui concerne l‟analyseur du spectromegravetre de masse le

choix est porteacute sur les temps de vol (laquo Time of Flight raquo ToF et laquo Quadrupole Time of

Flight raquo Q-ToF) qui permettent d‟analyser des ions avec des rapports masse sur charge

eacuteleveacutes proprieacuteteacute inteacuteressante pour la deacutetermination des masses moleacuteculaires de complexes

proteacuteiques entiers Une optimisation des paramegravetres instrumentaux est preacutealablement requise

pour controcircler l‟eacutenergie communiqueacutee aux ions dans l‟interface du spectromegravetre de masse

Pour les complexes proteacuteiques qui restent intacts apregraves leur ionisation en phase gazeuse la

spectromeacutetrie de masse est ainsi devenue un outil tregraves puissant pour obtenir des informations

sur leur masse moleacuteculaire et donc pour deacuteterminer leur stœchiomeacutetrie

36

Comme indiqueacute preacuteceacutedemment la spectromeacutetrie de masse est souvent combineacutee agrave une

autre technique pour obtenir des informations de structure On peut dans ce contexte citer les

derniers deacuteveloppements dans le domaine de la mobiliteacute ionique qui permet de seacuteparer

diffeacuterents complexes proteacuteiques en fonction de leur structure en phase gazeuse Le principe de

la Spectromeacutetrie de Mobiliteacute Ionique (SMI) est illustreacute dans la Fig I 7 L‟utilisation en

routine de la SMI a eacuteteacute rendue possible par la commercialisation par Waters de spectromegravetres

de masse eacutequipeacutes d‟une cellule de mobiliteacute ionique

Fig I 7 Scheacutema du principe de la meacutethode de spectromeacutetrie de mobiliteacute ionique (SMI)

coupleacutee agrave la spectromeacutetrie de masse (SM) Les ions produits par la source eacutelectrospray (ES)

sont introduits dans la cellule de laquo drift raquo dans laquelle regravegne un champ eacutelectrique E Le

frottement avec les moleacutecules d‟heacutelium contenues dans la cellule eacutetant plus important avec

des ions de conformation deacuteplieacutee ceux-ci arriveront plus tard au deacutetecteur Ici les ions sont

seacutelectionneacutes en masse par un quadripocircle apregraves la cellule de drift

La mobiliteacute ionique est l‟eacutequivalent en phase gazeuse de la mobiliteacute eacutelectrophoreacutetique les

ions sont agrave la fois acceacuteleacutereacutes dans le champ eacutelectrique et freineacutes par les nombreuses collisions

avec le gaz-tampon (heacutelium) Il s‟eacutetablit donc un reacutegime stationnaire les ions atteignent une

vitesse de translation constante La mobiliteacute ionique correspond au rapport entre la vitesse de

laquo drift raquo et le champ eacutelectrique appliqueacute Plus l‟ion a une conformation compacte moins sa

section efficace est grande et moins il est freineacute par des collisions donc plus sa vitesse est

eacuteleveacutee Il arrivera plus rapidement au deacutetecteur par rapport agrave un ion de conformation plus

deacuteployeacutee Un ion laquo funnel raquo ou un piegravege agrave ions quadripolaire est placeacute en amont de la cellule

de laquo drift raquo afin de focaliser les ions en paquets agrave envoyer agrave un temps zeacutero et ainsi pour

pouvoir mesurer la distribution des temps d‟arriveacutee (laquo Arrival Time Distribution raquo ou ATD)

Les premiers instruments de SMI ont eacuteteacute conccedilus par quelques groupes pionniers en la

matiegravere (Bowers (106-107) Jarrold (108) et Clemmerb (109) pour les biomoleacutecules) La

socieacuteteacute Waters (Milford Etats-Unis wwwwaterscom) a reacutecemment commercialiseacute le

systegraveme Synapttrade High Definition MS qui inclut une cellule de mobiliteacute de type laquo travelling

37

wave raquo (champ eacutelectrique oscillant entre les anneaux successifs d‟un tunnel agrave ions) entre un

filtre quadripolaire et un analyseur agrave temps de vol

L‟analyse des complexes proteacuteiques par SMIMS permet non seulement d‟obtenir des

informations sur leur taille mais eacutegalement des donneacutees de topologie (110) L‟agencement des

proteacuteines au sein des complexes peut ecirctre sondeacute suivant deux approches diffeacuterentes La

premiegravere consiste agrave dissocier le complexe en phase gazeuse les proteacuteines se trouvant agrave la

peacuteripheacuterie se deacutetachent theacuteoriquement en premier Neacuteanmoins il est difficile de fragmenter en

phase gazeuse des complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire Par ailleurs l‟activation

neacutecessaire agrave la dissociation conduit agrave une augmentation des sections efficaces de collision et

donc agrave une perturbation partielle de la conformation native des proteacuteines du complexe Il est

alors possible que les proteacuteines qui se seacuteparent du complexe en premier ne soient pas celles

qui ont initialement les surfaces d‟interaction les plus petites avec les autres partenaires

proteacuteiques (111) Neacuteanmoins l‟utilisation reacutecente de la dissociation sur surface par le groupe

de V Wysocki pour dissocier ces complexes en maintenant les structures des sous-uniteacutes

semble ouvrir des perspectives nouvelles et prometteuses dans le domaine (112) L‟autre

approche consiste agrave deacutenaturer progressivement le complexe en solution et agrave analyser les

diffeacuterents sous-complexes par SMI pour reconstruire la topologie initiale L‟avantage majeur

de cette approche est que les sous-complexes sont formeacutes en solution et reflegravetent donc de

maniegravere plus fidegravele la composition du complexe dans son eacutetat natif Le laboratoire de Carol

Robinson en Angleterre est devenu ces derniegraveres anneacutees leader pour l‟analyse structurale par

SMI de ces complexes proteacuteiques de tregraves grande taille (113)

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique

Ces meacutethodes permettent de travailler sur l‟objet biologique lui-mecircme Parmi elles le

TAP-Tag (laquo Tandem Affinity Purification-Tag raquo) et le double hybride occupent une place de

choix pour l‟eacutetude des interactions proteacuteine-proteacuteine Il s‟agit de deux techniques in-situ

La meacutethode du TAP-Tag permet d‟isoler le complexe proteacuteique eacutetudieacute qui est dans sa

conformation native par deux eacutetapes de purification successives (Fig I 8) La premiegravere

utilise une colonne constitueacutee de billes greffeacutees avec des immunoglobulines G (IgG) qui ont

une forte affiniteacute pour la proteacuteine A proteacuteine recombinante dite appacirct agrave laquelle est fixeacute le

complexe proteacuteique Le complexe retenu sur cette colonne est ensuite eacutelueacute speacutecifiquement par

38

coupure avec la proteacutease TEV Puis il est appliqueacute sur la seconde colonne constitueacutee de billes

de calmoduline En preacutesence d‟ions calcium la calmoduline est sous sa forme active

favorisant l‟attachement du complexe L‟eacutelution est reacutealiseacutee par l‟ajout d‟un cheacutelateur de

calcium (EGTA) qui rend la calmoduline inactive et donc libegravere le complexe Finalement ce

dernier pourra ecirctre analyseacute par spectromeacutetrie de masse afin de deacuteterminer ses diffeacuterents

constituants ou bien ecirctre utiliseacute pour des eacutetudes fonctionnelles

Fig I 8 Scheacutema du principe de la technique du TAP-Tag

Cette meacutethode a eacuteteacute appliqueacutee agrave l‟analyse agrave haut deacutebit du proteacuteome de la levure

Saccharomyces cerevisiae (114-116) Son utilisation chez les eucaryotes supeacuterieurs reste plus

complexe mais tout de mecircme envisageable (117) Des ameacuteliorations de l‟approche TAP-

TagMS ont eacuteteacute apporteacutees pour la possibiliteacute d‟utiliser cette meacutethode agrave haut deacutebit chez les

eucaryotes supeacuterieurs (118)

La technique du double hybride permet quant agrave elle de mettre en eacutevidence une interaction

physique entre deux proteacuteines X et Y Le principe est le suivant par geacutenie geacuteneacutetique deux

proteacuteines de fusion sont syntheacutetiseacutees puis exprimeacutees dans la levure La premiegravere est constitueacutee

de la proteacuteine X agrave laquelle est fusionneacute le domaine de liaison agrave l‟ADN (DL) d‟un facteur de

transcription tandis que la seconde est formeacutee de la proteacuteine Y et du domaine d‟activation de

39

la transcription (DA) de ce mecircme facteur Les deux domaines ont eacuteteacute dissocieacutes et le gegravene

rapporteur de la β-galactosidase est sous le controcircle de la seacutequence ougrave vient se fixer

speacutecifiquement le DL La β-galactosidase est une enzyme qui transforme un substrat soluble

et incolore en un composeacute bleu insoluble Lorsque la proteacuteine Y interagit avec la proteacuteine X

le DA est de nouveau associeacute au DL permettant alors la transcription du gegravene rapporteur Les

clones capables d‟utiliser le galactose preacutesent dans le milieu peuvent donc ecirctre seacutelectionneacutes

(colonies bleues) En effet le changement de couleur teacutemoigne de l‟interaction entre les deux

proteacuteines

Ce systegraveme a eacuteteacute agrave l‟origine mis au point pour tester l‟interaction pouvant exister entre

deux proteacuteines connues (119) De nouvelles variantes de la meacutethode double hybride ont fait

leur apparition reacutecemment permettant la deacutetection des proteacuteines impliqueacutees dans des

interactions avec l‟ADN (laquo one-hybrid system raquo) l‟ARN (laquo RNA-based three-hybrid

system raquo) de petits ligands (laquo small molecule-based threehybrid system raquo) et des proteacuteines

ayant subi des modifications post-traductionnelles (laquo tribrid system raquo) (120)

Il existe eacutegalement des techniques de seacuteparation des complexes proteacuteiques en conditions

non deacutenaturantes pour conserver intactes les interactions Ainsi l‟eacutelectrophoregravese sur gel de

polyacrylamide en condition bleue native ou BN-PAGE (laquo Blue Native-PolyAcrylamide Gel

Electrophoresis raquo) permet d‟isoler les macro-assemblages dans leur conformation native en

fonction de leur taille et de leur forme En combinaison avec une seconde dimension de

seacuteparation sur gel cette fois-ci en conditions deacutenaturantes les proteacuteines d‟un mecircme complexe

peuvent agrave leur tour ecirctre isoleacutees puis identifieacutees par spectromeacutetrie de masse Il est donc

possible par cette technique de mettre en eacutevidence le nombre et la masse moleacuteculaire des

proteacuteines impliqueacutees dans le complexe

Cette technique peut ecirctre utiliseacutee pour l‟isolation de complexes proteacuteiques membranaires

ou pour les complexes proteacuteiques extraits de cellules entiegraveres Un grand nombre

d‟applications pour cette technique concerne l‟analyse de complexes proteacuteiques issus de

plantes (121)

40

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la

spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique

structurelle des proteacuteines en solution

La technique des eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium (HDX) en solution s‟est reacuteveacuteleacutee tregraves

performante pour l‟eacutetude de la conformation et de la dynamique structurelle des proteacuteines La

spectroscopie RMN agrave deux dimensions a longtemps eacuteteacute choisie comme meacutethode d‟analyse de

ces eacutechanges isotopiques (32 122-123) L‟utilisation de la spectromeacutetrie de masse comme

meacutethode alternative d‟analyse apregraves eacutechanges HD s‟est deacuteveloppeacutee ces derniegraveres anneacutees La

spectromeacutetrie de masse qui permet de s‟inteacuteresser agrave des complexes proteacuteiques de tregraves haut

poids moleacuteculaire ouvre ainsi de nouvelles opportuniteacutes pour l‟eacutetude de systegravemes proteacuteiques

plus importants (gtgt 50 kDa) Par ailleurs en raison de sa meilleure sensibiliteacute cette technique

requiert une quantiteacute initiale de mateacuteriel beaucoup moins importante (de l‟ordre de quelques

dizaines de nganalyse) Elle permet eacutegalement de deacutetecter la coexistence de diffeacuterents

conformegraveres proteacuteiques en solution (124)

Les premiers travaux combinant les eacutechanges HD et la spectromeacutetrie de masse datent de

1991 Ils portent alors sur l‟analyse de proteacuteines entiegraveres (125) Depuis les avantages de la

spectromeacutetrie de masse ont permis aux eacutechanges isotopiques HD d‟eacutetudier des proteacuteines

individuelles de poids moleacuteculaires plus importants (126) des proteacuteines s‟associant pour

former des polymegraveres de haut poids moleacuteculaire (127) des particules virales (71 128) ainsi

que des complexes proteacuteine-ligand (129) ou proteacuteine-proteacuteine (130) De plus l‟association

HDXMS semble prometteuse pour l‟analyse structurale de proteacuteines membranaires connues

pour ecirctre difficilement eacutetudiables par beaucoup d‟autres techniques (131-133)

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux

proteacuteines en solution

I211 Quel type drsquohydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX

Les hydrogegravenes lieacutes agrave des heacuteteacuteroatomes dans les moleacutecules biologiques telles que les

proteacuteines sont labiles Autrement dit les atomes d‟hydrogegravene appartenant aux groupements

O-H N-H et S-H peuvent s‟eacutechanger avec ceux des moleacutecules d‟eau environnantes Il s‟agit

des hydrogegravenes des proteacuteines qui sont repreacutesenteacutes en bleu et en rouge sur la Fig I 9

41

Fig I 9 Scheacutema des diffeacuterents types d‟hydrogegravene dans une proteacuteine

Si un atome d‟hydrogegravene est eacutechangeacute avec un autre atome d‟hydrogegravene alors il est eacutevident

que ce remplacement ne sera pas deacutetecteacute par spectromeacutetrie de masse En revanche

l‟exposition d‟une proteacuteine agrave de l‟eau lourde (D2O ou 2H2O) conduit agrave des remplacements

d‟hydrogegravenes (1H) par des deuteacuteriums (

2H) qui accroissent la masse totale de la proteacuteine de 1

Da par hydrogegravene eacutechangeacute Lorsque les eacutechanges isotopiques se reacutealisent dans le sens deacutecrit

preacuteceacutedemment ie 1H

2H alors on utilise l‟expression laquo exchange-in raquo Mais les eacutechanges

isotopiques peuvent ecirctre reacutealiseacutes dans les deux directions On emploie alors le terme de

laquo exchange-out raquo pour eacutevoquer les eacutechanges qui s‟opegraverent dans le sens 2H

1H quand une

proteacuteine complegravetement deuteacutereacutee est incubeacutee dans de l‟eau leacutegegravere et que des deuteacuteriums sont

alors remplaceacutes par des hydrogegravenes (134) Les eacutetudes d‟eacutechange HD sont principalement

reacutealiseacutees suivant le principe laquo exchange-in raquo En effet ce dernier ne neacutecessite pas d‟eacutetape

suppleacutementaire qui consisterait agrave deuteacuterer complegravetement les proteacuteines avant le deacutebut des

expeacuteriences HDXMS C‟est la strateacutegie que nous avons adopteacutee pour notre eacutetude structurale

de complexes proteacuteiques

Si on considegravere maintenant les hydrogegravenes qui sont lieacutes de maniegravere covalente agrave un atome

de carbone dans les proteacuteines dessineacutes en vert sur la Fig I 9 ces derniers ne subiront pas

d‟eacutechange isotopique dans nos conditions expeacuterimentales Seule une catalyse chimique

importante serait agrave envisager pour proceacuteder agrave l‟eacutechange isotopique de ces hydrogegravenes Mais il

semblerait qu‟il soit possible d‟eacutechanger l‟hydrogegravene de la liaison C(ε1)-H du groupement

imidazole de la chaicircne lateacuterale de lhistidine (Fig I 10) (135)

42

Fig I 10 Scheacutema de l‟acide amineacute histidine

Parmi les hydrogegravenes eacutechangeables des proteacuteines il y a

- ceux des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes (en bleu sur la Fig I 9) et des extreacutemiteacutes N-

et C-terminales (groupements amino et carboxy) qui ont des vitesses d‟eacutechange isotopique

tregraves rapides de l‟ordre de la milliseconde agrave la seconde Dans l‟eacutechelle de temps de nos

expeacuterimentations ces vitesses d‟eacutechange sont trop rapides pour que nous puissions les

observer

- les hydrogegravenes d‟amide des liaisons peptidiques (en rouge sur la Fig I 9) qui ont des

vitesses d‟eacutechange isotopique plus lentes de l‟ordre de la minute agrave l‟heure et donc qui sont

compatibles avec une deacutetection par spectromeacutetrie de masse Au cours de nos expeacuteriences

HDXMS nous allons par conseacutequent nous inteacuteresser aux eacutechanges isotopiques de ces

hydrogegravenes

Dans une proteacuteine tous les acides amineacutes agrave l‟exception de la proline et du premier reacutesidu

de la chaicircne polypeptidique possegravedent un groupement amide N-H de liaison Il est par

conseacutequent possible d‟obtenir des informations structurales tout le long de la chaicircne

polypeptidique

I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de lrsquoaccessibiliteacute

des proteacuteines

La vitesse des eacutechanges isotopiques HD deacutepend de l‟accessibiliteacute au solvant mais

eacutegalement de la stabiliteacute de la structure locale des proteacuteines Autrement dit les hydrogegravenes

d‟amide situeacutes dans les reacutegions flexibles ou non structureacutees de la proteacuteine tels que les boucles

et les coudes ou dans les reacutegions accessibles au solvant ont des vitesses d‟eacutechange plus

rapides identiques agrave celles observeacutees dans le cas d‟un peptide non structureacute Au contraire

43

ceux qui sont impliqueacutes dans des structures secondaires stables comme les heacutelices α et les

feuillets β ainsi que ceux enfouis dans le cœur hydrophobe des proteacuteines s‟eacutechangent plus

lentement car ils sont proteacutegeacutes (136)

I213 Meacutecanismes de la reacuteaction drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les

proteacuteines et peptides

I2131 Deacutefinition du facteur chimique

Il vient d‟ecirctre dit que l‟eacutechange isotopique est plus rapide quand l‟hydrogegravene d‟amide de la

liaison peptidique est complegravetement exposeacute au solvant et non impliqueacute dans des liaisons

hydrogegravene intramoleacuteculaires stables Dans ces conditions la constante de vitesse du

remplacement de N-H par N-D (laquo exchange-in raquo) est noteacutee kch Il s‟agit du facteur chimique

I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique

Pour chaque hydrogegravene d‟amide du squelette polypeptidique consideacutereacute individuellement la

valeur de kch est deacutetermineacutee selon une seacuterie de facteurs le pH la tempeacuterature et la

composition du solvant la pression la force ionique du milieu et la seacutequence locale en acides

amineacutes Nous deacutetaillerons uniquement l‟influence des trois facteurs les plus repreacutesentatifs

soit le pH (ou pD en solution deuteacutereacutee) la tempeacuterature et la seacutequence locale

Les eacutechanges isotopiques HD sont fortement deacutependants du pH ce qui est un point

extrecircmement important qui est utiliseacute pour leur analyse par spectromeacutetrie de masse La

reacuteaction peut s‟effectuer par des meacutecanismes de catalyse acide ou basique (II133) Le

facteur chimique kch s‟exprime comme suit

kch = kD3O+ [D3O+] + kOD

- [OD-] + kD2O

ougrave kD3O+ et kOD- sont les constantes d‟eacutechange en catalyse acide et en catalyse basique

respectivement

Des eacutetudes sur des peptides modegraveles des polyalanines ont montreacute que kOH- est supeacuterieure

d‟un facteur 108 agrave kH3O+ (137) Le pH influence donc les vitesses d‟eacutechange qui sont

44

principalement conditionneacutees par les ions OH- pour des pH supeacuterieurs agrave 3 et par les ions H3O

+

pour des pH infeacuterieurs agrave 3

Ainsi la constante de vitesse d‟eacutechange kch peut ecirctre relieacutee au pD (Fig I 11) Le minimum

d‟eacutechange se produit pour un pD voisin de 2-3 pour lequel les eacutechanges dus agrave la catalyse

acide sont eacutequivalents agrave ceux dus agrave la catalyse basique (pDmin)

pH

T(degC)

Fig I 11 Scheacutema repreacutesentant le taux d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium en fonction du pH

La plupart des hydrogegravenes eacutechangeables des chaicircnes lateacuterales ont des pHmin plus grands

que ceux des hydrogegravenes d‟amide Ainsi lorsque le pH est ajusteacute agrave 25 pour minimiser

l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse les hydrogegravenes

des chaicircnes lateacuterales continuent de s‟eacutechanger par catalyse acide agrave l‟exception des Hε et Hη de

l‟arginine

Les vitesses d‟eacutechange HD sont eacutegalement deacutependantes de la tempeacuterature Elles sont

multiplieacutees par trois pour chaque increacutement de 10degC (138) Ainsi lorsque l‟on veut minimiser

les eacutechanges une diminution de la tempeacuterature de 20degC agrave 0degC conduit agrave une diminution de la

vitesse d‟eacutechange d‟un facteur 10 ce qui n‟est pas neacutegligeable

Le facteur chimique kch est principalement affecteacute par des changements de tempeacuterature En

effet la constante d‟ionisation de l‟eau varie avec la tempeacuterature alteacuterant les concentrations

de catalyseurs disponibles pour l‟eacutechange Par ailleurs agrave basse tempeacuterature les coefficients de

diffusion sont eacutegalement modifieacutes et la probabiliteacute de collision entre le donneur de proton et

45

le receveur diminue conduisant agrave un nombre de transfert (et donc un taux d‟eacutechange) moins

grand Le facteur chimique kch s‟exprime donc plutocirct comme suit

kch (t) = kD3O+ (t) [D3O+] + kOD

- (t) [OD-] + kD2O (t)

Les expeacuteriences d‟eacutechange HD s‟effectuent agrave pD physiologique pendant des temps

d‟incubation dans D2O variables et agrave une tempeacuterature adapteacutee agrave la proteacuteine d‟inteacuterecirct Pour ne

garder que les deuteacuteriums eacutechangeacutes avec les hydrogegravenes d‟amide des liaisons peptidiques et

donc pour s‟affranchir de ceux des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes la proteacuteine est remise

dans de l‟eau leacutegegravere (H2O) avant analyse Les deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales sont alors

rapidement reacute-eacutechangeacutes en hydrogegravenes Mais cette eacutetape doit ecirctre controcircleacutee afin de ne pas reacute-

eacutechanger eacutegalement les deuteacuteriums d‟amide en hydrogegravenes Ainsi pour diminuer au

maximum les vitesses d‟eacutechange la reacuteaction d‟eacutechange est arrecircteacutee en ajoutant de l‟eau (H2O)

agrave pH acide (25) et en diminuant brusquement la tempeacuterature de l‟eacutechantillon (0degC) C‟est

cette approche de deacutemarquage dans H2O des chaicircnes lateacuterales avant analyse que nous avons

choisie pour ma thegravese D‟autres approches peuvent neacuteanmoins ecirctre envisageacutees comme le

marquage de la proteacuteine suivie de l‟analyse de tous les deuteacuteriums (139) Dans ce dernier cas

il ny a pas d‟eacutetape de deacutemarquage

Enfin les vitesses d‟eacutechanges des hydrogegravenes d‟amide dans une proteacuteine ou dans un

peptide sont sensibles aux effets de blocage steacuterique ou inductif lieacutes agrave la preacutesence proche de

certaines chaicircnes lateacuterales (138 140) Les effets inductifs sont dus principalement agrave la

preacutesence de groupements voisins attracteurs d‟eacutelectrons (chaicircnes lateacuterales polaires) qui vont

augmenter l‟aciditeacute des protons d‟amide en diminuant le pK favorisant la deacuteprotonation

Dans le cas d‟une catalyse basique la vitesse d‟eacutechange est donc augmenteacutee Les effets

d‟encombrement steacuterique sont quant agrave eux lieacutes agrave la preacutesence de reacutesidus aliphatiques

(isoleucine par exemple) ou aromatiques Les chaicircnes lateacuterales de ces amides amineacutes bloquent

steacuteriquement l‟interaction entre le catalyseur et le squelette polypeptidique ralentissant

l‟eacutechange

L‟additiviteacute de ces deux pheacutenomegravenes a eacuteteacute eacutetudieacutee en deacutetails et a permis d‟eacutetablir une

eacutequation pour kch tenant compte de facteurs correctifs associeacutes agrave la nature des chaicircnes lateacuterales

des acides amineacutes voisins (agrave droite et agrave gauche du reacutesidu d‟inteacuterecirct) pour une catalyse acide A

ou basique B

46

kch (t) = kD3O+ (t) (Agauche x Adroite) [D3O+] + kOD

- (t) (Bgauche x Bdroite) [OD-]

+ kD2O (t) (Bgauche x Bdroite)

I2133 Catalyse de la reacuteaction

Les eacutechanges peuvent se produire soit par catalyse basique soit par catalyse acide (Fig I

12) Dans les conditions physiologiques dans lesquelles les proteacuteines et les peptides se

trouvent geacuteneacuteralement la catalyse basique est la plus freacutequente

Fig I 12 Catalyse basique ou acide permettant lrsquoeacutechange isotopique drsquoun hydrogegravene drsquoamide

sur le squelette polypeptidique

La premiegravere eacutetape en catalyse basique est l‟abstraction d‟un proton amidique par un ion

hydroxyde (OD-) et formation d‟un anion imidate Cet imidate est ensuite reprotoneacute par D2O

pour proceacuteder agrave l‟eacutechange Nous venons de voir preacuteceacutedemment que le facteur chimique kch est

minimal pour un pDasymp25 Au-delagrave d‟un pD eacutegal agrave 4 il augmente d‟un ordre de grandeur

(facteur 10) avec chaque uniteacute de pD atteignant des valeurs de l‟ordre de 103 s

-1 pour un pD

de 9 (141) (Fig I 11) La possibiliteacute de reacutegler kch en controcirclant la basiciteacute du solvant est

cruciale dans beaucoup de strateacutegies HDXMS

I2134 Cineacutetique drsquoeacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de

protection

Comme la vitesse d‟eacutechange N-H N-D est moduleacutee par les proprieacuteteacutes

conformationnelles des proteacuteines il devient alors possible d‟utiliser la technique des eacutechanges

isotopiques HD pour les eacutetudes structurales Les reacutegions structureacutees possegravedent une multitude

de liaisons hydrogegravenes intramoleacuteculaires N-Hhellip

O=C qui sont autant de sites proteacutegeacutes

difficilement accessibles par les moleacutecules de solvant Les vitesses d‟eacutechange isotopique vont

47

donc varier consideacuterablement selon l‟implication de l‟hydrogegravene concerneacute dans des structures

secondaires stables (142) ou la flexibiliteacute de la reacutegion peptidique agrave laquelle il appartient (141)

ou encore suivant sa distance par rapport agrave la surface de la proteacuteine (143) Ces diffeacuterents

facteurs contribuent agrave la protection des hydrogegravenes d‟amide telle que la constante de vitesse

globale d‟eacutechange kHDX soit bien infeacuterieure agrave kch Le facteur de protection P correspondant est

donneacute par la formule qui suit

P= kchkHDX

ougrave kHDX est la constante de vitesse globale d‟eacutechange d‟un hydrogegravene d‟amide donneacute dans la

conformation native d‟une proteacuteine et kch la constante de vitesse d‟eacutechange de l‟hydrogegravene

concerneacute si celui-ci se trouvait dans un peptide non structureacute P est la probabiliteacute que

l‟hydrogegravene en question soit proteacutegeacute agrave l‟accegraves du solvant (et aux catalyseurs) P est alors

deacutependant de l‟accessibiliteacute au solvant et de la participation de l‟hydrogegravene concerneacute agrave des

liaisons hydrogegravene Le facteur de protection peut exceacuteder parfois la valeur de 106 pour une

proteacuteine dans sa conformation native replieacutee

I2135 Deux modegraveles de cineacutetique drsquoeacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et

repliement des proteacuteines

Neacuteanmoins mecircme un hydrogegravene d‟amide proteacutegeacute peut ecirctre eacutechangeacute En effet une proteacuteine

en solution est une moleacutecule dynamique Autrement dit mecircme dans son eacutetat natif replieacute elle

peut subir des fluctuations conformationnelles reacutesultant de son deacutepliement pendant un temps

tregraves court L‟eacutechange isotopique d‟un hydrogegravene d‟amide proteacutegeacute ne peut donc avoir lieu que

lorsque la proteacuteine adopte des d‟eacutetats intermeacutediaires transitoires deacuteplieacutes Ce deacutepliement peut

ecirctre localiseacute ou impliquer la proteacuteine dans sa globaliteacute Les constantes de vitesse du

deacutepliement et du repliement sont deacutesigneacutees par k1 et k-1 respectivement et le meacutecanisme

geacuteneacuteral de l‟eacutechange peut ecirctre deacutecrit comme suit

avec l‟existence d‟une combinaison unique de valeurs de k1 k-1 et pour chaque hydrogegravene

d‟amide En accord avec ce modegravele l‟eacutechange isotopique ne peut avoir lieu qu‟apregraves une

rupture transitoire des liaisons intramoleacuteculaires de la proteacuteine replieacutee rendant les hydrogegravenes

48

d‟amide eacutechangeables Puis la proteacuteine se replie pour revenir agrave un eacutetat natif La constante de

vitesse globale d‟eacutechange kHDX est donneacutee par la formule suivante

Deux modegraveles de cineacutetique EX1 et EX2 (123 144) sont discuteacutes agrave partir de ce meacutecanisme

d‟eacutechange Le premier modegravele (EX1) (Fig I 13) est caracteacuteriseacute par

kch gtgt k-1gt k1

impliquant que tous les hydrogegravenes d‟amide sont eacutechangeacutes avant le repliement de la proteacuteine

au cours du tout premier eacuteveacutenement de deacutepliement L‟eacutetape cineacutetiquement limitante est donc

le deacutepliement de la proteacuteine ce qui se traduit par

kHDX= k1

N - Hreplieacute N - Hdeacuteplieacute N - Ddeacuteplieacute N - Dreplieacute

kch

Fig I 13 Principe de lrsquoeacutechange HD dans le cas drsquoune cineacutetique EX1

Inversement le second modegravele (EX2) (Fig I 14) est caracteacuteriseacute par

k-1 gtgt kchgtgt k1

menant agrave l‟expression

kHDX= K1kch

ougrave K1=k1k-1 est le constante d‟eacutequilibre de deacutepliement de la proteacuteine native Comme la

proteacuteine se replie plus vite qu‟elle n‟eacutechange la probabiliteacute d‟eacutechange pendant un seul

49

eacuteveacutenement deacutepliementrepliement est faible L‟eacutetape cineacutetiquement limitante est donc la

vitesse d‟eacutechange kch et l‟eacutechange d‟un hydrogegravene a geacuteneacuteralement lieu apregraves un grand nombre

d‟eacutetapes de deacutepliementrepliement Dans ce modegravele le facteur de protection est donneacute par

P= K1-1

N - Hreplieacute N - Hdeacuteplieacute N - Ddeacuteplieacute N - Dreplieacute

kch

Fig I 14 Principe de lrsquoeacutechange HD dans le cas drsquoune cineacutetique EX2

Dans des conditions physiologiques le premier modegravele (EX1) est moins freacutequent que le

second (EX2) Les vitesses d‟eacutechange par le meacutecanisme EX2 deacutependent de maniegravere lineacuteaire

de la concentration en catalyseurs alors que dans le meacutecanisme EX1 la vitesse ne varie pas

avec la quantiteacute de catalyseurs Ce dernier est geacuteneacuteralement forceacute par l‟utilisation de

conditions deacutenaturantes telles que des tempeacuteratures ou un pH eacuteleveacutes ou encore par

l‟utilisation de chaotropes On peut neacuteanmoins rencontrer le cas de proteacuteines pour lesquelles

diffeacuterentes reacutegions s‟eacutechangent simultaneacutement avec des cineacutetiques d‟ordre 1 (modegravele EX1) et

2 (modegravele EX2) Par ailleurs il ne faut pas perdre de vue que mecircme une proteacuteine native peut

preacutesenter des hydrogegravenes d‟amide non proteacutegeacutes de faccedilon permanente ie exposeacutes au solvant

et non impliqueacutes dans des liaisons hydrogegravene L‟eacutechange agrave ces sites est reacutealiseacute sans

deacutepliement de la proteacuteine la vitesse y est alors plus rapide (kHDXasympkch)

I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines

Pour mesurer un taux d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans une proteacuteine en condition

laquo exchange-in raquo la premiegravere eacutetape consiste agrave l‟exposer agrave du deuteacuterium Il existe deux grandes

strateacutegies d‟incorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines L‟exposition aux deuteacuteriums

peut ecirctre reacutealiseacutee de maniegravere continue (marquage continu) ou pulseacutee (marquage pulseacute) La

meacutethode sera choisie en fonction du type d‟information que l‟on souhaite obtenir (145)

50

I221 Marquage continu

Il s‟agit de la meacutethode la plus simple utiliseacutee dans la plupart des eacutetudes HDXMS Elle

consiste agrave diluer d‟un facteur quinze agrave vingt une proteacuteine qui se trouve initialement dans son

tampon hydrogeacuteneacute dans un tampon identique mais contenant 100 de D2O (146)

L‟incorporation des deuteacuteriums est alors suivie en fonction du temps d‟exposition de la

proteacuteine en condition native dans le D2O Une dilution d‟au moins un facteur quinze permet

de s‟assurer qu‟une fois qu‟un hydrogegravene est remplaceacute par un deuteacuterium la reacuteaction ne

revient pas en arriegravere

Le marquage continu est alors poursuivi jusqu‟agrave ce que le temps maximum d‟exposition

aux deuteacuteriums choisi initialement soit atteint Typiquement il varie des minutes aux heures

(parfois mecircme aux jours) En pratique des aliquotes de la solution sont preacuteleveacutes

reacuteguliegraverement leur reacuteaction est brusquement arrecircteacutee et l‟analyse se fait par spectromeacutetrie de

masse

Au cours de l‟eacutechange la masse de la proteacuteine augmente progressivement avec

l‟incorporation en deuteacuteriums selon les paramegravetres de cineacutetique deacutecrits preacuteceacutedemment Les

reacutegions preacutesentant une conformation deacuteplieacutee pendant un temps tregraves long subiront des

eacutechanges plus rapides que d‟autres reacutegions ayant une conformation plus compacte D‟apregraves le

meacutecanisme geacuteneacuteral de l‟eacutechange le marquage continu permet d‟obtenir essentiellement des

informations sur la dynamique conformationnelle des proteacuteines dans des conditions

d‟eacutequilibre plutocirct que sur leur structure agrave proprement parler Cependant il existe un lien

eacutevident entre ces deux aspects En effet des reacutegions hautement structureacutees sont geacuteneacuteralement

moins dynamiques que des reacutegions deacutesordonneacutees

I222 Marquage pulseacute

Le marquage pulseacute est quant agrave lui essentiellement utiliseacute pour eacutetudier les meacutecanismes de

repliement des proteacuteines ainsi que pour deacutetecter et caracteacuteriser des eacutetats intermeacutediaires

transitoires (147)

Dans les expeacuteriences de marquage pulseacute une proteacuteine initialement deacutenatureacutee est

rapidement transfeacutereacutee dans un solvant approprieacute permettant le deacuteclenchement du processus de

51

repliement A des temps bien deacutefinis au cours de la reacuteaction la proteacuteine est ensuite exposeacutee agrave

du deuteacuterium pendant un temps tregraves court (typiquement 10 s ou moins) Comme le temps de

marquage est tregraves court seuls les hydrogegravenes d‟amide accessibles et eacutechangeables facilement

(ceux qui sont dans les parties non structureacutees de la proteacuteine ou dans les parties les plus

accessibles au solvant) sont deuteacutereacutes Des seacuteries de mesures sont effectueacutees en faisant varier

l‟intervalle de temps entre l‟initiation du repliement et le pulse de deuteacuterium De cette faccedilon

il est possible d‟obtenir des aperccedilus deacutetailleacutes de la seacutequence temporelle des eacuteveacutenements qui

conduisent la proteacuteine d‟un eacutetat deacuteplieacute agrave sa conformation native Les pulses de deuteacuterium

requiegraverent des conditions basiques (pD 8-10) pour s‟assurer qu‟un grand nombre d‟eacutechanges

isotopiques se produisent pendant l‟eacutetape courte de marquage La reacuteaction de marquage est

arrecircteacutee par une rapide baisse du pH et de la tempeacuterature (agrave pH 25 et agrave 0degC) de la solution ou

par l‟eacutevaporation du solvant pendant le processus d‟ionisation par eacutelectrospray lors

d‟expeacuteriences laquo on-line raquo HDXMS L‟usage d‟un systegraveme automatiseacute est neacutecessaire pour

reacutealiser des pulses sur des temps tregraves courts (lt 10 ms) et acceacuteder ainsi agrave des dynamiques tregraves

rapides

La deacutenaturation preacutealable de la proteacuteine est effectueacutee par l‟addition d‟un agent qui va

perturber sa structure (148) Ces agents sont geacuteneacuteralement des chaotropes mais peuvent

eacutegalement ecirctre des ligands qui vont venir se fixer sur la proteacuteine ou un simple changement de

tempeacuterature ou de pH

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par

spectromeacutetrie de masse

Les eacutechanges HD en solution sont donc devenus ces derniegraveres deacutecennies un outil

technique puissant pour l‟analyse structurale et dynamique des proteacuteines (149) Alors que la

plupart des eacutetudes HDX initiales utilisaient la RMN agrave haute reacutesolution (32) comme meacutethode

pour le suivi des cineacutetiques d‟eacutechange HD la spectromeacutetrie de masse occupe deacutesormais une

place de choix (150-153)

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN

C‟est le deacuteveloppement de meacutethodes de spectroscopie RMN multidimensionnelle de haute

reacutesolution (154-155) qui a permis d‟exploiter toute la puissance de la technique HDX (156)

52

La RMN est resteacutee pendant longtemps l‟outil de choix pour suivre les eacutechanges HD car de

ces deux isotopes seul l‟hydrogegravene conduit agrave un signal deacutetectable Ainsi remplacer des

hydrogegravenes d‟amide par des deuteacuteriums peut ecirctre facilement suivi en observant la disparition

des signaux correspondant dans les spectres RMN L‟analyse des eacutechanges HD par RMN

devient alors facile une fois que tous les signaux ont eacuteteacute attribueacutes Par ailleurs elle est reacutealiseacutee

en solution dans la continuiteacute du marquage rendant son interpreacutetation aiseacutee Un profil de

deuteacuteration en solution est observeacute en solution n‟engendrant pas de problegravemes quelconques

L‟eacutechange d‟un hydrogegravene par un deuteacuterium conduisant agrave un increacutement de masse de 1 Da

peut eacutegalement ecirctre suivi de maniegravere tregraves simple par spectromeacutetrie de masse Cette technique

plus reacutecente offre par ailleurs plusieurs avantages importants par rapport agrave la RMN Elle

permet des analyses plus rapides sur des systegravemes plus complexes tant par la diversiteacute que par

la taille avec moins de mateacuteriel initialement Neacuteanmoins l‟association HDXMS n‟atteint que

rarement la haute reacutesolution spatiale facilement accessible par la technique HDXRMN La

spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS) est reacutecemment apparue comme une solution agrave ce

problegraveme faisant de la technique HDX-MSMS un candidat potentiel pour devenir une

meacutethode de choix pour l‟analyse structurale et dynamique des proteacuteines

I232 Approche classique laquo bottom-up raquo

Comme il a eacuteteacute dit preacuteceacutedemment la strateacutegie du marquage continu est choisie pour la

plupart des eacutetudes en HDXMS Elle consiste agrave suivre le taux de deuteacuteration des proteacuteines en

fonction de leur temps d‟exposition t agrave D2O pour deacutetecter le plus souvent des diffeacuterences en

reacuteponse agrave des modifications chimiques ou expeacuterimentales (157-158) agrave la liaison de ligands

(159-160) ou encore agrave la formation de complexes (161) L‟incorporation des deuteacuteriums peut

ecirctre mesureacutee au niveau de la proteacuteine entiegravere (eacutechange global) etou pour des courts segments

proteacuteiques (eacutechange local) Seulement la mesure de l‟eacutechange global ne preacutesente aucune

reacutesolution spatiale puisque elle est reacutealiseacutee pour l‟ensemble des hydrogegravenes d‟amide de la

proteacuteine Les expeacuteriences spatialement reacutesolues apportent quant agrave elles des informations sur

le comportement vis-agrave-vis de la deuteacuteration de reacutegions speacutecifiques de la proteacuteine

53

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS

Les expeacuteriences spatialement reacutesolues deacuterivent pour la plupart de l‟approche classique de

fragmentation enzymatique en solution (146 162-163) appeleacutee approche laquo bottom-up raquo La

digestion des proteacuteines par des proteacuteases conduisant agrave des fragments peptidiques pour

lesquels le taux d‟eacutechange peut ecirctre calculeacute a permis une premiegravere ameacutelioration de la

reacutesolution de l‟approche (164-166) La digestion proteacuteolytique a ensuite eacuteteacute associeacutee agrave une

seacuteparation chromatographique en phase liquide coupleacutee en ligne agrave la spectromeacutetrie de masse

(LC-MS) (141 167) Dans le cadre de l‟analyse des eacutechanges HD par LC-MS des meacutethodes

chromatographiques de courte dureacutee et agrave basse tempeacuterature doivent ecirctre impeacuterativement mises

au point afin de minimiser le laquo back-exchange raquo (168-169) Pour reacutealiser une analyse rapide

des colonnes courtes sont utiliseacutees Bien qu‟elles ne permettent qu‟une seacuteparation grossiegravere

des peptides elles limitent neacuteanmoins le deacutemarquage L‟utilisation de la spectromeacutetrie de

masse agrave tregraves haute reacutesolution est importante car elle peut permettre une identification plus

fiable des peptides sur la base de leur masse preacutecise L‟approche classique est dutiliser une

seacuteparation par HPLC (laquo High-Performance Liquid Chromatography raquo) et de placer toute la

chaicircne chromatographique dans une armoire reacutefrigeacutereacutee Notons quun systegraveme commercial

optimiseacute pour limiter leacutechange inverse a eacuteteacute deacuteveloppeacute reacutecemment par la socieacuteteacute Waters Le

choix d‟une meacutethode HPLC et non d‟une chaicircne de nano-chromatographie liquide conduit agrave

utiliser une quantiteacute importante d‟eacutechantillon C‟est la raison pour laquelle notre eacutequipe a mis

au point une approche par nano-LC pour l‟eacutetude des eacutechanges HD en solution Ce travail a

fait lobjet dune partie de la thegravese de Magalie Duchateau au laboratoire Les diffeacuterents

systegravemes d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le spectromegravetre de masse seront plus

deacutetailleacutes dans le Chap IV Le plus souvent les peptides sont analyseacutes en utilisant

l‟eacutelectrospray comme mode d‟ionisation (LCESI-MS) La technique MALDI-MS est moins

communeacutement utiliseacutee (170-172)

Choix des enzymes

Bien eacutevidemment la proteacuteolyse doit ecirctre reacutealiseacutee dans les conditions expeacuterimentales de

l‟arrecirct de la reacuteaction (agrave pH final 25 et agrave 0degC) afin d‟empecirccher l‟eacutechange inverse (D H)

avant l‟analyse finale en spectromeacutetrie de masse Il est par conseacutequent neacutecessaire d‟utiliser

des proteacuteases acides L‟enzyme la plus couramment utiliseacutee pour ce type d‟expeacuteriences est la

pepsine (173) Cette enzyme est non speacutecifique contrairement agrave la trypsine ou la

chymotrypsine mais elle est active dans les conditions expeacuterimentales requises et peut geacuteneacuterer

de nombreux peptides chevauchants permettant de localiser des zones d‟inteacuterecirct avec une

54

meilleure reacutesolution Cependant cette faible speacutecificiteacute (174) rend neacutecessaire une eacutetape

preacutealable aux eacutechanges HD d‟identification des peptides obtenus par spectromeacutetrie de masse

en tandem

La reacutesolution spatiale attendue avec l‟approche de digestion enzymatique agrave la pepsine est

de l‟ordre de 5 agrave 10 acides amineacutes Elle est limiteacutee par la taille des fragments geacuteneacutereacutes par

l‟eacutetape de digestion et le nombre de peptides chevauchants En revanche l‟utilisation de

proteacuteases immobiliseacutees sur des colonnes semble permettre d‟une part de standardiser le

protocole HDXMS et d‟autre part dans certains cas d‟atteindre une reacutesolution spatiale

proche de l‟acide amineacute pregraves (175-176) Notons le deacuteveloppement reacutecent d‟une nouvelle

approche baseacutee sur une digestion agrave la pepsine mais utilisant des conditions de haute pression

(177) semblant encore ameacuteliorer les reacutesultats

D‟autres proteacuteases acides peuvent eacutegalement ecirctre utiliseacutees mais les conditions

expeacuterimentales imposent qu‟elles soient capables de digeacuterer leur substrat en moins de cinq

minutes afin de minimiser l‟eacutechange inverse L‟utilisation combineacutee de diffeacuterentes proteacuteases

permet de geacuteneacuterer un grand nombre de peptides chevauchants et ainsi d‟augmenter

consideacuterablement la reacutesolution spatiale (178) La proteacutease de type XIII d‟Aspergillus saitoi

(179) ainsi que celle de type XVIII extraite des diffeacuterentes espegraveces de Rhizopus (178) ou

encore plus reacutecemment la plasmepsine II de Plasmodium falciparum (180) peuvent ecirctre

utiliseacutees dans les eacutetudes HDXMS (172 179 181-182) Par ailleurs une version recombinante

de la proteacutease de type XVIII vient d‟ecirctre mise au point Elle permettrait l‟utilisation d‟un

rapport enzymeproteacuteine beaucoup plus faible qu‟avec la version sauvage (183)

Une meacutethode permettant de geacuteneacuterer un tregraves grand nombre de peptides chevauchants baseacutee

sur l‟utilisation de deux proteacuteases acides et de les identifier efficacement et preacuteciseacutement a

reacutecemment eacuteteacute deacuteveloppeacutee pour les analyses HDXMS (184-185) La difficulteacute de lanalyse

du fait de la grande quantiteacute de donneacutees geacuteneacutereacutees par la proteacuteolyse (nombreux peptides

chevauchants) combineacutee agrave la complexiteacute des informations obtenues par HDX (incorporation

des deuteacuteriums perte du marquage) a encourageacute le deacuteveloppement d‟une plateforme ougrave les

expeacuteriences et le traitement de donneacutees sont totalement automatiseacutes (186)

Problegraveme de leacutechange inverse

Malgreacute une optimisation des conditions expeacuterimentales (diminution du pH et de la

tempeacuterature de l‟eacutechantillon ainsi que du temps d‟analyse) le pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse

55

reste un problegraveme crucial lors des eacutetapes de digestion proteacuteolytique et d‟analyse des

fragments peptidiques En effet chaque clivage enzymatique conduit agrave une perte

d‟information au niveau de deux sites eacutechangeables Les sites concerneacutes sont l‟hydrogegravene

d‟amide du squelette peptidique qui a eacuteteacute cliveacute et converti en amine libre et celui adjacent agrave

l‟extreacutemiteacute N-terminale (168) Par ailleurs le deacutemarquage peut eacutegalement avoir lieu au cours

de l‟eacutetape de digestion Or la perte totale de la deuteacuteration au niveau de sites particuliers tels

que ceux proteacutegeacutes par une interaction proteacuteine-partenaire signifierait que les surfaces

d‟interaction de macroassemblages ne pourraient pas ecirctre deacutetermineacutees par cette approche

C‟est la raison pour laquelle plusieurs tentatives de correction systeacutematique du laquo back-

exchange raquo ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees (187) Une meacutethode de reacuteajustement a ainsi eacuteteacute deacutecrite par

Zhang et al (141) Briegravevement elle consiste agrave mesurer le taux d‟eacutechange de peptides

complegravetement deuteacutereacutes et agrave le comparer agrave la reacutefeacuterence sans eacutechange Les analyses sont

reacutealiseacutees dans les mecircmes conditions de digestion et de seacuteparation par HPLC Le facteur de

correction du laquo back-exchange raquo relative agrave l‟expeacuterience est alors deacutetermineacute Mais cela

implique que le deacutemarquage soit identique pour tous les sites eacutechangeables ce qui n‟est pas le

cas (I2132) Le taux d‟eacutechange inverse est consideacuterablement diffeacuterent d‟un site agrave un autre

site et donc d‟un peptide agrave un autre peptide Il peut neacuteanmoins ecirctre preacutedit pour des peptides

non structureacutes en utilisant les paramegravetres de calcul de kch suivant la formule donneacutee au

I2132 (188)

Exemples de complexes proteacuteiques analyseacutes

Malgreacute les problegravemes poseacutes par l‟eacutechange inverse et la reacutesolution relativement faible de

l‟approche un des avantages majeurs des approches laquo bottom-up raquo est leur utilisation pour

l‟eacutetude de complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire puisque ce sont des peptides issus d‟une

digestion enzymatique qui sont analyseacutes Ainsi cette approche a eacuteteacute utiliseacutee par l‟eacutequipe de

V Wysocki afin d‟eacutetudier des complexes proteacuteiques proteacuteine chaperonne-substrat et ainsi de

mieux comprendre leur meacutecanisme d‟action (I113) (189) Il s‟agit de proteacuteines s‟associant

pour former des oligomegraveres de tregraves haut poids moleacuteculaire Les complexes qui ont eacuteteacute

analyseacutes par la technique HDXMS coupleacutee agrave une approche laquo bottom-up raquo sont les suivants

TaHsp169-MDH (gt 1000 kDa) et PsHsp181-MDH (~600-700 kDa) Un pourcentage de

couverture peptidique de 100 a eacuteteacute obtenu pour les deux proteacuteines Par ailleurs une eacutetude

du complexe Arp23 avait permis de mettre en eacutevidence finement des modifications de

structure tridimensionnelle induites par la liaison agrave l‟ATP ou agrave des proteacuteines activatrices telles

que les proteacuteines WASp en utilisant l‟approche par marquage avec les radicaux hydroxyles

(75) (I1225) Plus reacutecemment le complexe Arp23 a eacuteteacute analyseacute par une approche

56

compleacutementaire HDXMS afin de mettre en eacutevidence des modifications de structure et de

dynamique reacutesultant de l‟activation par les proteacuteines WASp et de comparer les reacutesultats avec

les modegraveles du meacutecanisme preacuteexistants Pour autant que nous sachions le complexe Arp23

de sept sous-uniteacutes proteacuteiques avec un poids moleacuteculaire de 220 kDa est le plus important

macroassemblage jamais eacutetudieacute par HDXMS Ceci a eacuteteacute possible gracircce agrave une analyse par

laquo bottom-up raquo (190)

Comment ameacuteliorer la reacutesolution

Une faccedilon d‟augmenter la reacutesolution des approches bottom-up serait de recourir agrave la

fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques afin de localiser plus preacuteciseacutement

les deuteacuteriums dans la seacutequence D‟une maniegravere geacuteneacuterale la fragmentation peut ecirctre reacutealiseacutee

de diffeacuterentes maniegraveres dans un spectromegravetre de masse Tout d‟abord il est possible de

fragmenter les ions dans la source (laquo In-Source Decay raquo ou ISD) en les acceacuteleacuterant dans une

reacutegion de haute pression mais ce processus ne conduit agrave aucune seacutelectiviteacute et pose donc des

problegravemes quant agrave l‟analyse des meacutelanges La spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS)

peut eacutegalement ecirctre utiliseacutee pour la dissociation des peptides Elle est adapteacutee agrave l‟eacutetude des

meacutelanges apporte des informations structurales de qualiteacute et est doteacutee d‟une grande

sensibiliteacute Elle consiste agrave seacutelectionner un ion preacutecurseur par un premier analyseur agrave le

fragmenter (par diffeacuterentes techniques d‟activation) et agrave analyser les fragments obtenus agrave

l‟aide d‟un autre analyseur (le mecircme pour les instruments de type trappe ionique)

Neacuteanmoins comme cela sera deacutetailleacute dans le paragraphe suivant le choix de la technique

d‟activation pour des peptides deuteacutereacutes est tregraves important pour obtenir des informations

valables

I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques

L‟objectif des expeacuteriences de MSMS sur les peptides deuteacutereacutes est de pouvoir preacuteciseacutement

localiser les deuteacuteriums incorporeacutes dans la seacutequence au niveau des diffeacuterents hydrogegravenes

d‟amide afin d‟obtenir une reacutesolution agrave l‟acide amineacute pregraves En theacuteorie la spectromeacutetrie de

masse en tandem constitue donc un moyen inteacuteressant et simple pour ameacuteliorer la reacutesolution

des approches HDXMS

Il existe diffeacuterents modes d‟activation susceptibles d‟ecirctre utiliseacutes pour fragmenter les

peptides Dans une approche proteacuteomique classique la meacutethode de dissociation induite par

57

collision (CID) est largement preacutefeacutereacutee Le principe consiste agrave fragmenter la moleacutecule par

collision avec un gaz inerte (heacutelium diazote argon ou xeacutenon) Malheureusement dans le

cadre d‟eacutetudes HDXMS ces meacutethodes conventionnelles de fragmentation par activation

collisionnelle de proteacuteines et peptides protoneacutes ont rapidement eacuteteacute eacutecarteacutees En effet bien que

la litteacuterature soit contradictoire il a eacuteteacute montreacute qu‟elles conduisent tregraves souvent agrave une

redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums partielle ou totale le long de la chaicircne polypeptidique

(y compris au niveau des chaicircnes lateacuterales) (191-194) pendant l‟eacutetape de fragmentation Le

processus de migration intramoleacuteculaire des hydrogegravenes en phase gazeuse est appeleacute

laquo scrambling raquo en anglais

En fait ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo peut se produire agrave diffeacuterents endroits du

spectromegravetre de masse Le premier est lors de la deacutesolvatation des ions encore solvateacutes dans la

source dans les toutes premiegraveres eacutetapes preacuteceacutedant leur transmission vers l‟analyseur (195-

196) Une autre possibiliteacute est donc dans la cellule de collision au moment de la

fragmentation Le laquo scrambling raquo est induit par un apport d‟eacutenergie vibrationnelle conduisant

agrave un eacutechange des hydrogegravenes et des deuteacuteriums avant la dissociation Il est clair que le

meacutecanisme de fragmentation des peptides protoneacutes dit meacutecanisme du proton mobile

proposeacute par Simon Gaskell (197) et Vicky Wysocki (198-200) n‟est pas en faveur d‟une

conservation de la position des deuteacuteriums d‟amide avant la fragmentation En effet ce

meacutecanisme (Fig I 15) fait l‟hypothegravese que preacutealablement agrave la fragmentation un proton

migre des sites les plus basiques de la moleacutecule vers un azote d‟amide eacutevegravenement preacutealable agrave

une cyclisation pour former des ions b et y Cette eacutetape eacutetant a priori reacuteversible les

deuteacuteriums peuvent ecirctre meacutelangeacutes avec des hydrogegravenes agrave ce moment lagrave

HN

NHO

R1

R2

OR3

R1

O

N

O

R2

H+

HN

NH2O

R1

R2

OR3

H3N Nter+

+

Nter

Cter Cter

R3

NH2

Cter

R1

O

N

O

R2

H+

Nter

NH

R3

Cter

R1

O

N

O

R2

H+

Nter

H3N

R3

Cter

+

ion b ion y

Proton

Mobile

Attaque

Nucleacuteophile

Reacutearrangement

Fig I 15 Formation des ions b et y (201)

58

Le laquo scrambling raquo conduit donc agrave une perte d‟information au niveau du profil de

deuteacuteration rendant l‟analyse difficilement interpreacutetable La litteacuterature indique que ce

pheacutenomegravene semble deacutependre de la seacutequence du peptide fragmenteacute (202) mais eacutegalement de

l‟eacutenergie de collision apporteacutee et de la flexibiliteacute de la chaicircne polypeptidique en phase

gazeuse (195 203) Ces deux derniers facteurs joueraient un rocircle deacuteterminant dans le

reacutearrangement aleacuteatoire des deuteacuteriums et des hydrogegravenes le long du squelette peptidique

avant la dissociation Une faible eacutenergie de collision et donc une lente activation des ions en

phase gazeuse seraient favorables agrave une migration intramoleacuteculaire des hydrogegravenes En

revanche la reacuteduction de la flexibiliteacute des ions proteacuteiques pourrait diminuer la mobiliteacute du

proton dans des conditions d‟activation collisionnelle de basse eacutenergie Le pheacutenomegravene du

laquo scrambling raquo a pu ecirctre mis en eacutevidence par l‟utilisation de peptides modegraveles (204-206) Le

principe des peptides seacutelectivement deuteacutereacutes deacuteveloppeacutes par T Jorgensen sera deacutetailleacute dans

le Chap II

La conclusion des eacutetudes de fragmentation par CID de peptides deuteacutereacutes est que les

meacutethodes d‟activation conduisant agrave une augmentation progressive de l‟eacutenergie vibrationnelle

(CID IRMPD SORI-CID) (195) ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pour localiser les deuteacuteriums

dans la seacutequence peptidique De ce fait d‟autres meacutethodes de fragmentation en phase gazeuse

ont eacuteteacute investigueacutees Parmi elles les meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons telles que l‟ECD

et l‟ETD se sont reacuteveacuteleacutees tregraves prometteuses (207-209)

L‟ECD est une technique de dissociation speacutecifique des spectromegravetres de masse FT-ICR

Son principe repose sur la capture exothermique (~4-5 eV) d‟un eacutelectron par une espegravece

multichargeacutee (210) L‟ion proteacuteique multichargeacute est irradieacute par un faisceau d‟eacutelectrons de

faible eacutenergie (lt 1 eV) Apregraves capture d‟un eacutelectron l‟ion radicalaire se fragmente La

reacuteactiviteacute est diffeacuterente par rapport aux meacutethodes par activation collisionnelle en raison de la

preacutesence d‟un eacutelectron dans le systegraveme et notamment le meacutecanisme du proton mobile n‟est

pas celui qui explique la fragmentation rendant son utilisation possible pour analyser des

peptides ou des proteacuteines deuteacutereacutes (139 207 211-212) En ECD on n‟observe pas la rupture

des liaisons peptidiques (pour conduire agrave des ions b et y) ni geacuteneacuteralement la perte de

modifications post-traductionnelles labiles comme ce qui est observeacute pour l‟activation par

CID Le site de clivage quasi-speacutecifique en ECD est la liaison N-Cα entraicircnant la formation

d‟ions fragments de type c et z le plus souvent mais aussi parfois a b et y (Fig I 16) Une

charge positive eacutetant neutraliseacutee par un eacutelectron la technique d‟ECD ne peut ecirctre utiliseacutee que

sur des ions preacutecurseurs qui sont au minimum deux fois chargeacutes (doublement protoneacutes)

59

Fig I 16 Nomenclature des fragments peptidiques issus de la spectromeacutetrie de masse en

tandem

L‟ETD qui a reacutecemment eacuteteacute deacuteveloppeacutee est une technique similaire agrave l‟ECD conduisant

eacutegalement agrave la formation d‟ions fragments de type c et z (213) La fragmentation repose sur

la reacuteaction ionion qui se produit entre le peptide multiprotoneacute et un anion radicalaire Cet

anion se trouve seacutequestreacute dans un piegravege agrave ions Quand les deux ions se trouvent agrave une distance

suffisante il se produit le transfert d‟un eacutelectron de l‟anion vers le peptide chargeacute

positivement ce qui induit sa fragmentation L‟avantage majeur de l‟ETD est qu‟il peut ecirctre

reacutealiseacute sur une varieacuteteacute de types d‟instruments standards utilisant la radiofreacutequence d‟un champ

eacutelectrique oscillant pour pieacuteger les ions (213-215) L‟ECD quant agrave lui neacutecessite des champs

eacutelectrique et magneacutetique stables disponibles exclusivement sur des spectromegravetres de masse

FT-ICR (207 216)

Bien que le meacutecanisme des techniques ECD et ETD ne soit pas encore complegravetement

eacutelucideacute il passe par une voie alternative de fragmentation de type radicalaire dont on a pu

discuter du caractegravere ergodique ou non (217) n‟induisant pas de laquo scrambling raquo pourvu que

les paramegravetres instrumentaux soient controcircleacutes et optimiseacutes pour la minimisation du

pheacutenomegravene Il s‟agit d‟une part de minimiser les paramegravetres des optiques de transfert ionique

tels que le potentiel de deacutesolvatation des ions et la tension des lentilles du tube de transfert et

d‟autre part de minimiser l‟excitation vibrationnelle des ions pendant leur filtration et avant

leur fragmentation en augmentant le paramegravetre fenecirctre d‟isolation (207) Il a eacuteteacute montreacute que la

fragmentation des ions par ECD se produisait avant que l‟eacutenergie puisse ecirctre redistribueacutee au

niveau du site de clivage de la liaison le plus favorable (210 218-219) Cette rapide et

efficace meacutethode d‟activation conduit donc agrave une limitation du laquo scrambling raquo et permet donc

de localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans la seacutequence peptidique (207) Une reacutesolution agrave

l‟acide amineacute pregraves de l‟incorporation des deuteacuteriums a eacutegalement pu ecirctre obtenue par

60

fragmentation ETD au niveau de peptides seacutelectivement marqueacutes (208) ainsi que de peptides

proteacuteolytiques issus de la digestion enzymatique de la β2-microglobuline deuteacutereacutee (209)

L‟incorporation des deuteacuteriums par reacutesidu est calculeacutee en faisant la diffeacuterence des contenus en

deuteacuteriums de fragments conseacutecutifs pour les seacuteries d‟ions c (c2-c1 c3-c2 hellip) et z (z2-z1 z3-z2

hellip) Une cineacutetique deacutechange HD par acide amineacute peut eacutegalement ecirctre obtenue en suivant

l‟incorporation des deuteacuteriums des ions c ou z au cours du temps

Cette approche combinant la digestion enzymatique en solution et la fragmentation ETD en

phase gazeuse est devenue tregraves reacutecemment assez robuste pour ecirctre utiliseacutee sur de vrais

systegravemes biologiques Elle a eacuteteacute complegravetement automatiseacutee en plateforme HDX (220)

La spectromeacutetrie de masse en tandem peut donc ecirctre utiliseacutee pour ameacuteliorer la reacutesolution

des expeacuteriences utilisant les eacutechanges HD La fragmentation en phase gazeuse des ions

peptidiques obtenus apregraves digestion enzymatique du systegraveme biologique dinteacuterecirct permet donc

d‟obtenir la localisation preacutecise des deuteacuteriums dans la seacutequence Pour cela elle doit ecirctre

reacutealiseacutee en utilisant des meacutethodes alternatives d‟activation par les eacutelectrons (ECD ETD) tout

en controcirclant les processus de deacutesolvatation transfert et seacutelection des ions preacutealables agrave la

fragmentation (207-208) Ces meacutethodes ayant eacutegalement fait leur preuve pour la

fragmentation de proteacuteines entiegraveres (221-222) il est rapidement apparu qu‟il serait possible de

les utiliser dans des approches dites laquo top-down raquo pour des eacutetudes HDXMS Dans cette

derniegravere approche l‟eacutetape de digestion enzymatique n‟est plus requise

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD

L‟approche laquo top-down raquo s‟affranchit donc de l‟eacutetape de proteacuteolyse et de seacuteparation des

peptides en chromatographie liquide Au lieu de cela la proteacuteine est introduite entiegravere dans le

spectromegravetre de masse et fragmenteacutee directement en phase gazeuse (223)

I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD

Il existe plusieurs modes d‟activation pour la fragmentation en phase gazeuse de proteacuteines

entiegraveres Les meacutethodes dissociatives par capture ou transfert deacutelectron (ECD ou ETD) sont

particuliegraverement utiliseacutees dans ce type d‟approche

61

Des couvertures de seacutequence importantes peuvent ecirctre obtenues par ces approches sur

proteacuteines entiegraveres conduisant eacutegalement agrave la localisation de modifications post-

traductionnelles (MPT) (223-225) Le laboratoire pionnier dans le domaine est celui de Neil

Kelleher aux USA qui a deacuteveloppeacute une veacuteritable approche inteacutegreacutee pour lanalyse

proteacuteomique laquo top-down raquo allant de la seacuteparation des proteacuteines entiegraveres agrave lanalyse

automatiseacutee des spectres MSMS complexes obtenus lorsque lon fragmente une proteacuteine

entiegravere Ses proteacuteines de preacutedilection sont les histones petites proteacuteines de 13 kDa que lon

peut retrouver sous un grand nombre disoformes diffeacuterentes (mecircme stucture primaire mais

modifications post-traductionnelles diffeacuterentes et dynamiques) lieacutees au code des histones

Lavantage majeur des approches laquo top-down raquo en proteacuteomique est de permettre non

seulement lidentification des isoformes de proteacuteines par simple mesure de masse mais aussi

dobtenir des informations structurales (preacutesence de MPT notamment) sur lensemble de la

seacutequence Cela nest pas possible par des approches classiques par laquo bottom-up raquo car tous les

peptides issus de la digestion ne sont pas retrouveacutes lors de lanalyse

Neacuteanmoins elles preacutesentent encore certaines limitations comme leacutetape cruciale de

seacuteparation des proteacuteines entiegraveres le poids moleacuteculaire des proteacuteines qui peuvent ecirctre

fragmenteacutees et la sensibiliteacute Le problegraveme majeur rencontreacute avec les proteacuteines de haut poids

moleacuteculaire est leur propension agrave se replier en phase gazeuse formant un reacuteseau de liaisons

hydrogegravene qui conduit agrave une perte defficaciteacute au niveau de la fragmentation par ECD ou

ETD En effet bien que leacutelectron soit captureacute par un site peptidique et la liaison N-Cα

rompue les deux morceaux de la proteacuteine (parties N-terminales et C-terminales) restent

lieacutees entre elles et les fragments ne peuvent ecirctre deacutetecteacutes Une solution consiste agrave introduire

une eacutetape de chauffage lent des ions (photons infrarouge par exemple) pour rompre ce reacuteseau

de liaisons hydrogegravene avant ou apregraves la capture de leacutelectron Neacuteanmoins si lapproche

fonctionne souvent bien dans le cas de proteacuteines non deuteacutereacutees elle ne peut ecirctre envisageacutee

dans le cadre des eacutetudes HDX car le chauffage lent conduira agrave un eacutechange des hydrogegravenes et

des deuteacuteriums avant la fragmentation

62

I2332 Approches top-down et HDX

Dans les eacutetudes HDX le deacuteveloppement de l‟approche laquo top-down raquo ECD ou ETD comme

meacutethodologie alternative agrave l‟approche classique de laquo bottom-up raquo semble tregraves prometteur En

effet l‟approche laquo top-down raquo permet d‟une part d‟eacuteliminer le laquo back-exchange raquo relatif aux

eacutetapes de digestion enzymatique en solution et de seacuteparation en chromatographie liquide et

d‟autre part d‟obtenir une meilleure reacutesolution spatiale tout au moins pour des proteacuteines de

petite agrave moyenne taille (211)

La faisabiliteacute d‟expeacuteriences HDX par laquo top-down raquo ECD spatialement reacutesolues a eacuteteacute

reacutecemment deacutemontreacutee par Pan et al pour l‟eacutetude d‟une proteacuteine de 17 kDa (211) Il est

eacutegalement possible gracircce agrave cette approche d‟obtenir des informations structurales au niveau

d‟espegraveces speacutecifiques en meacutelange heacuteteacuterogegravene en isolant au preacutealable un ion preacutecurseur (212)

De plus en raison de son association avec des meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons qui

limitent le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo dans des conditions expeacuterimentales bien controcircleacutees

et conduisent agrave de bonnes couvertures de seacutequence elles permettent de localiser preacuteciseacutement

la position des deuteacuteriums dans la seacutequence (Fig I 17)

La meilleure reacutesolution spatiale obtenue par l‟approche laquo top-down raquo s‟explique de la

maniegravere suivante tandis que l‟expeacuterience laquo bottom-up raquo consiste agrave cliver la proteacuteine au

niveau de plusieurs sites geacuteneacuterant des peptides de taille relativement petite l‟eacutetude laquo top-

down raquo quant agrave elle conduit agrave un seul eacuteveacutenement de fragmentation au niveau de chaque

chaicircne polypeptidique Il en reacutesulte la formation d‟une paire d‟ions compleacutementaires cz

dans le cas de la fragmentation ECD ou ETD issus de l‟extreacutemiteacute N- et C-terminale Une

reacutesolution spatiale agrave l‟acide amineacute pregraves peut donc ecirctre obtenue avec l‟approche laquo top-down raquo

car les proteacuteines en phase gazeuse sont cliveacutees une seule fois agrave diffeacuterents sites (Fig I 17)

63

Fig I 17 Scheacutema illustrant la diffeacuterence conceptuelle entre les approches MS de laquo bottom-

up raquo et laquo top-down raquo appliqueacutees aux eacutetudes HDX (226) Lrsquoapproche par fragmentation en

phase gazeuse de la proteacuteine entiegravere dite laquo top-down raquo permet de localiser preacuteciseacutement les

deuteacuteriums dans la seacutequence proteacuteique

Dans le cadre des eacutetudes HDXMS un autre avantage des approches laquo top-down raquo par

rapport agrave celles dites de laquo bottom-up raquo est le fait qu‟il est possible en theacuteorie de reconstruire

une cineacutetique d‟eacutechange par acide amineacute Cela sera deacutetailleacute dans le Chap III de ce manuscrit

Il est eacutegalement avantageux de pouvoir saffranchir des eacutetapes de digestion enzymatique et de

seacuteparation en chromatographie liquide En effet un gain de temps et une possible reacuteduction

du laquo back-exchange raquo sont des eacuteleacutements cruciaux pour ces eacutetudes

64

I2333 Limitations des approches top-down HDX

La limitation majeure de la fragmentation des proteacuteines deuteacutereacutees par ECD reste la taille

des systegravemes comme en analyse laquo top-down raquo classique De tregraves bonnes couvertures de

seacutequence peuvent ecirctre obtenues pour des proteacuteines de faible masse moleacuteculaire (lt 20 kDa)

Au-delagrave de cette valeur l‟efficaciteacute de fragmentation diminue avec le plus souvent une reacutegion

centrale de la proteacuteine peu fragmenteacutee au contraire des extreacutemiteacutes N- et C-terminales en

raison de la structuration des proteacuteines en phase gazeuse deacutecrite preacuteceacutedemment

Un autre problegraveme est d‟arriver agrave maintenir la proteacuteine entiegravere avec ses deuteacuteriums sans

qu‟elle se deacutemarque pendant le temps de l‟analyse En effet pour obtenir des couvertures de

seacutequence importantes un grand nombre de spectres doivent ecirctre accumuleacutes (ideacutealement

pendant trente minutes agrave une heure) et le maintien de l‟inteacutegriteacute de la proteacuteine en termes de

position des deuteacuteriums dans la seacutequence est primordial

Enfin le dernier inconveacutenient de ces approches est l‟analyse de proteacuteines reacuteelles qui

demeure compliqueacutee En effet sans seacuteparation par chromatographie liquide un dessalage des

eacutechantillons biologiques reacuteels doit se faire indeacutependamment et preacutealablement agrave lanalyse par

spectromeacutetrie de masse Il est donc effectueacute de maniegravere laquo off-line raquo et conduit

malheureusement agrave un certain deacutemarquage Par ailleurs il doit obligatoirement ecirctre reacutealiseacute agrave

froid ce qui complique le deacuteroulement des expeacuteriences

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79

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles

validation de lrsquoapproche combinant

eacutechanges HD et fragmentation ECD

80

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles validation de lrsquoapproche combinant eacutechanges HD et fragmentation ECD 79

II1 Introduction 81

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX 81 II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen 82

II2 Reacutesultats 84

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons 84 II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence84 II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo 85

II3 Conclusions 92

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III 92 II32 Autres instruments FT-ICR 93

II4 Bibliographie 96

81

II1 Introduction

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX

Comme indiqueacute dans le chapitre preacuteceacutedent un des problegravemes expeacuterimentaux majeurs lieacute

aux eacutetudes par HDX-MSMS est le laquo scrambling raquo qui correspond agrave une redistribution

aleacuteatoire des hydrogegravenes et des deuteacuteriums preacutesents dans la seacutequence peptidique par des

processus qui ont lieu en phase gazeuse

Le plus connu est celui qui intervient au moment de la fragmentation par CID et qui

sexplique par le modegravele du proton mobile (1-4) Dans ce modegravele leacutenergie apporteacutee par la

collision conduit agrave une mobiliteacute du proton qui se trouve initialement sur le site le plus basique

du peptide (Lysine Arginine ou amine N-terminale) Ce proton se met donc agrave se deacuteplacer

dans le peptide pour aller vers des sites de protonation moins basiques tels que loxygegravene ou

lazote de la liaison peptidique Bien que la protonation sur lazote de lamide soit

thermodynamiquement moins favorable que la protonation sur l‟oxygegravene des carbonyles cest

ce site protoneacute qui conduit agrave la rupture de la liaison amide et agrave la formation des ions b et y La

protonation reacuteversible des atomes dazote des diffeacuterentes fonctions amides du squelette dans

le contexte dune eacutetude HDX conduit donc si lintermeacutediaire reacuteactionnel a un temps de vie

suffisamment long et si la cineacutetique de la voie retour est comparable agrave la cineacutetique de

fragmentation agrave un eacutechantillonnage du proton sur tous les amides et donc un meacutelange

complet des hydrogegravenes et des deuteacuteriums Pour eacuteviter ce pheacutenomegravene il faut (i) soit que la

protonation sur lamide ne soit pas reacuteversible (ii) soit que la dissociation de la liaison

peptidique soit plus rapide que la deacuteprotonation de lazote damide Paizs et Suhai (5) ont

eacutevalueacute la constante de vitesse de dissociation de la liaison amide par des calculs RRKM et ont

obtenu une valeur de lordre de la microseconde pour des eacutenergies internes denviron 45

kJmol soit une vitesse relativement lente due entre autre agrave la neacutecessaire cyclisation de la

partie b et donc probablement compeacutetitive avec de simples transferts de protons Ainsi de

nombreux exemples de la litteacuterature montrent quil nest pas possible dutiliser des approches

par CID pour localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans des peptides marqueacutes car le

laquo scrambling raquo qui a lieu avant la fragmentation est total (6-11)

Neacuteanmoins il est curieux de constater que certaines eacutetudes arrivent agrave des conclusions

opposeacutees A titre dexemple il a eacuteteacute montreacute par Deng et al pour une seacuterie de peptides issus de

82

la digestion du cytochrome C de cheval (12) ou par Kim et al sur des fragments peptidiques

de thioreacutedoxine oxydeacutee et reacuteduite d‟E coli (13-14) que les ions b preacutesentaient un

laquo scrambling raquo modeacutereacute alors que les ions y correspondants preacutesentaient au contraire un

laquo scrambling raquo total Des reacutesultats similaires deacutecrivant un pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

partiel ont eacutegalement eacuteteacute obtenus sur des proteacuteines entiegraveres (15-17)

Ce qui semble ressortir de ces articles est que les conditions expeacuterimentales utiliseacutees et la

seacutequence des peptides jouent un rocircle tregraves important sur le type de reacutesultat qui est obtenu Dans

ce contexte mieux comprendre les diffeacuterents facteurs affectant le reacutearrangement aleacuteatoire des

hydrogegravenes et des deuteacuteriums dans la seacutequence avant la fragmentation semble un point crucial

pour pouvoir deacutevelopper des approches de spectromeacutetrie de masse tandem robustes en HDX

Neacuteanmoins le problegraveme majeur pour reacutealiser de telles eacutetudes est de disposer dun systegraveme

modegravele permettant de caracteacuteriser la preacutesence du meacutelange entre les hydrogegravenes et les

deuteacuteriums quil soit partiel ou total

Cest le groupe de T Joslashrgensen au Danemark qui a reacutesolu ce problegraveme en mettant au

point des peptides modegraveles qui peuvent ecirctre deuteacutereacutes seacutelectivement sur leur extreacutemiteacute N-

terminale ou C-terminale Lutilisation de ces peptides lui a ainsi permis de montrer (i) quen

controcirclant finement un certain nombre de paramegravetres expeacuterimentaux et (ii) en utilisant des

meacutethodes dactivation baseacutees sur le transfert ou la capture dun eacutelectron (ECDETD) il eacutetait

possible de limiter consideacuterablement le laquo scrambling raquo et localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums

dans la seacutequence (18-19)

II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen

Les premiers travaux publieacutes par T Joslashrgensen sont baseacutes sur lutilisation dun peptide qui

peut ecirctre marqueacute au deuteacuterium de maniegravere seacutelective gracircce agrave linteraction dune partie de sa

seacutequence avec un reacutecepteur La partie en interaction avec la proteacuteine eacutetant masqueacutee ne

conduit agrave aucun eacutechange HD alors que la partie libre eacutechange facilement ses hydrogegravenes

damide pour des deuteacuteriums (20) Neacuteanmoins il est vite apparu que le modegravele eacutetait trop

compliqueacute agrave manipuler et neacutecessitait decirctre simplifieacute

83

Pour ce faire T Joslashrgensen a deacutecideacute de maniegravere tout agrave fait astucieuse de mettre agrave profit le

fait quen solution les hydrogegravenes damide du squelette peptidique ont des vitesses deacutechange

avec le solvant qui varient fortement en fonction des acides amineacutes voisins pour construire

des peptides qui peuvent ecirctre seacutelectivement deuteacutereacutes Linfluence des reacutesidus voisins peut ecirctre

soit dordre steacuterique soit dordre inductif (21) A titre dexemple lhydrogegravene dun amide se

trouvant entre deux isoleucines eacutechange dix fois moins vite quun hydrogegravene damide situeacute

entre deux alanines Ces vitesses deacutechange ont eacuteteacute mesureacutees par des expeacuteriences de

spectroscopie RMN (22) Thomas Joslashrgensen a donc utiliseacute pour eacutetablir la seacutequence de ses

peptides modegraveles des acides amineacutes qui eacutechangent tregraves rapidement (histidine ou acide

aspartique) quil a placeacutes en N-terminal et des acides amineacutes qui eacutechangent beaucoup plus

lentement (isoleucine) en C-terminal Il a eacutegalement introduit des acides amineacutes basiques

(lysine) pour sassurer de la solubiliteacute de ses peptides La seacutequence geacuteneacuterale de ses peptides

est donc (His)n(Ile-Ile-Lys)m ou (Lys)2(Asp)n(Ile-Ile-Lys)m Ainsi apregraves un eacutechange complet

dans D2O et dilution dans H2O (acide et glaceacutee) les amides de la partie N-terminale des

peptides (His)n ou (Lys)2(Asp)n se retrouvent complegravetement hydrogeacuteneacutes alors que ceux de la

partie C-terminale (Ile-Ile-Lys)m portent encore des deuteacuteriums

Lutilisation de ces peptides a permis agrave T Joslashrgensen de montrer quil eacutetait possible de

trouver des conditions en ECD (18) mais aussi en ETD (19 23-24) qui permettent de

minimiser le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Diffeacuterents instruments ont eacuteteacute utiliseacutes pour ses

expeacuteriences un spectromegravetre de masse FT-ICR (LTQ-FT) de la socieacuteteacute Thermo pour les

expeacuteriences en ECD (18) et une trappe ionique Agilent (19) ainsi qu‟un spectromegravetre de

masse LTQ-Orbitrap XL (Thermo) (23 25) pour les expeacuteriences ETD Une des conclusions

de ces eacutetudes est que quel que soit le spectromegravetre de masse utiliseacute loptimisation des

conditions expeacuterimentales de la source eacutelectrospray et notamment tous les paramegravetres lieacutes agrave

la deacutesolvatation est un paramegravetre crucial pour eacuteviter le laquo scrambling raquo Ce reacutesultat nest pas

eacutetonnant dans la mesure ougrave avant leur arriveacutee dans une reacutegion de tregraves basse pression les ions

subissent un certain nombre de collisions qui peuvent augmenter leur eacutenergie interne (26) et

favoriser ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Pour les expeacuteriences ECD T Joslashrgensen a

eacutegalement montreacute que la fenecirctre de seacutelection choisie dans le piegravege lineacuteaire pour isoler lion agrave

fragmenter est eacutegalement un paramegravetre agrave controcircler finement Une fenecirctre trop eacutetroite conduit

en effet agrave une excitation de lion preacutecurseur et au pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

Dans ce contexte nous avons souhaiteacute utiliser les peptides deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen

comme sondes du laquo scrambling raquo sur le spectromegravetre de masse FT-ICR APEX III du

84

laboratoire afin de pouvoir deacuteterminer les conditions expeacuterimentales propres agrave reacutealiser de

lECD sur des peptides puis des proteacuteines deuteacutereacutes Ce travail a eacuteteacute initieacute lors de la thegravese de

Magalie Duchateau (27) mais navait pas pu ecirctre termineacute pour des problegravemes instrumentaux

Afin dassurer la coheacuterence des reacutesultats toutes expeacuteriences reacutealiseacutees preacuteceacutedemment ont eacuteteacute

dupliqueacutees et compleacuteteacutees au deacutebut de ma thegravese Une mise agrave jour de linstrument en APEX-Q

puis en SolariX nous a ensuite conduits agrave devoir reacute-optimiser certains paramegravetres Les

reacutesultats obtenus lors de ce travail font lobjet du deuxiegraveme chapitre de cette thegravese Les

peptides choisis sont les suivants

P1 HHHHHHIIKIIK

P2 KKDDDDDDIIKIIK

P3 KKDDDIIKIIK

P4 KKDDIIK

II2 Reacutesultats

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons

Le systegraveme deacuteveloppeacute par T Joslashrgensen est celui que nous avons utiliseacute Il est constitueacute

dune seringue preacutealablement placeacutee entre deux sacs de glace puis refroidie pendant la dureacutee

de lanalyse par un sachet de carboglace La longueur du capillaire en PEEK (125 microm de

diamegravetre interne) entre la sortie de la seringue et lentreacutee dans la source dionisation a eacuteteacute

minimiseacutee agrave environ 30 cm et le deacutebit utiliseacute est de 600 microLmin afin de minimiser leacutechange

inverse pendant le transfert de leacutechantillon entre la seringue refroidie et la source dionisation

(voir Chap IV) Les expeacuteriences sont reacutealiseacutees pendant 10 minutes avec le mecircme eacutechantillon

et la stabiliteacute du marquage (qui doit resteacutee dans les 10 du marquage initial qui sert de

reacutefeacuterence) est suivie par lacquisition reacuteguliegravere de spectres MS

II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence

Parmi les quatre peptides que nous avons choisis deux ont deacutejagrave eacuteteacute eacutetudieacutes preacuteceacutedemment

par T Joslashrgensen (18-19 21) Notre premier objectif eacutetait donc de retrouver le mecircme nombre

de deuteacuteriums initial que ce quil avait trouveacute Les peptides ont eacuteteacute conccedilus de telle sorte que

85

seule lextreacutemiteacute C-terminale doit porter des deuteacuteriums au niveau du motif IIKIIK pour les

peptides P1 P2 et P3 En theacuteorie on sattend donc agrave cinq eacutechanges H D pour ces peptides

Les reacutesultats expeacuterimentaux montrent que lon natteint pas tout agrave fait cette valeur mais quune

moyenne de 42 D est obtenue comme lindique le Tab II 1 Cette perte de 08 D

sexplique par le fait que le marquage au niveau de lamide situeacute entre la derniegravere histidine et

la premiegravere isoleucine nest pas parfait et quil existe un meacutelange de populations de peptides

pour lesquels cest bien un D qui est agrave cette place et des peptides pour lesquels le D a eacuteteacute

remplaceacute par un H De la mecircme faccedilon on nobtient pas exactement 2 D pour le peptide P4

mais seulement 16 Les reacutesultats regroupeacutes dans le Tab II 1 montrent eacutegalement que la taille

et la nature de la partie du peptide qui eacutechange vite (seacuterie dhistidines ou enchainement

lysine-acide aspartique) nont pas dinfluence sur le marquage global du peptide

Tab II 1 Seacutequence des quatre peptides utiliseacutes dans cette eacutetude Nombre de deuteacuteriums

retenus au niveau des acides amineacutes de lrsquoextreacutemiteacute C-terminale dans les diffeacuterents eacutetats de

charge apregraves reacute-eacutechange de certains deuteacuteriums avec les hydrogegravenes du solvant protieacute dans

des conditions controcircleacutees (Chap V)

Peptide Seacutequence Masse

monoisotopique MH

1+ MH2

2+ MH3

3+ Reacutefeacuterence

P1 HHHHHHIIKIIK 15498975 -

43 39 (18 21)

P2 KKDDDDDDIIKIIK 16738956 44a

43 43 (19)

P3 KKDDDIIKIIK 13288148 40b

42 42

P4 KKDDDIIK 9745517 20 16 -

Potentiel de deacutesolvatation a entre 200 et 250 V et

b entre 150 et 250 V

II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo

Afin deacutevaluer le taux de laquo scrambling raquo ducirc agrave la source eacutelectrospray les spectres ECD des

peptides ont eacuteteacute enregistreacutes en faisant varier les conditions expeacuterimentales dans la source

Comme les peptides sont construits pour ne porter des deuteacuteriums quagrave leur extreacutemiteacute C-

terminale les ions de type c (N-terminaux) fournissent des massifs isotopiques diagnostics

simples En labsence de laquo scrambling raquo les ions c de petite taille (comme lion c4 par

exemple) doivent conserver un massif isotopique identique agrave celui obtenu pour le peptide non

deuteacutereacute En revanche sil y a eu laquo scrambling raquo les enveloppes isotopiques seront deacuteplaceacutees

vers des rapports mz plus eacuteleveacutes

86

A titre dexemple la Fig II 1 montre le deacuteplacement du massif isotopique obtenu pour

lion c4 du peptide P2 lorsque lon augmente leacutenergie de deacutesolvatation

Fig II 1 Spectres ECD du peptide KKDDDDDDIIKIIK (P2) (a) Spectre complet du peptide

non marqueacute (b) Massif isotopique de lrsquoion fragment c4+

obtenu agrave partir du peptide

seacutelectivement marqueacute pour des valeurs de potentiel de deacutesolvatation eacuteleveacutee (180 V spectre du

haut) et basse (40 V spectre du milieu) Le spectre du bas montre lrsquoion fragment c4+

obtenu agrave

partir du peptide agrave lrsquoeacutequilibre (marquage homogegravene) agrave 100 V

Alors quagrave 40 V correspondant agrave une basse eacutenergie de deacutesolvatation le massif isotopique

obtenu est le mecircme que pour le peptide non deuteacutereacute on observe agrave 180 V un deacuteplacement tregraves

clair du massif vers les hauts mz signature de lincorporation de deuteacuteriums du cocircteacute N-

terminal du peptide et donc de laquo scrambling raquo

Par cette approche diffeacuterents paramegravetres de source ont eacuteteacute testeacutes le potentiel de

deacutesolvatation (laquo CapExit raquo sur notre instrument) la tempeacuterature du gaz de deacutesolvatation et le

temps daccumulation dans lhexapocircle Parmi ces trois paramegravetres seul le potentiel de

deacutesolvatation a un effet majeur sur le laquo scrambling raquo comme le montre leacutevolution du nombre

de deuteacuteriums dans les diffeacuterents ions c et z formeacutes agrave partir du peptide P2 (Fig II 2)

87

88

Fig II 2 Graphes du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque fragment ECD obtenu agrave

partir de lrsquoion preacutecurseur trichargeacute du peptide KKDDDDDDIIKIIK (P2) seacutelectivement

marqueacute en fonction du potentiel de deacutesolvatation

Avec un potentiel de deacutesolvatation conduisant agrave tregraves peu de laquo scrambling raquo (40 V) on

nobserve pas deffet marquant de la tempeacuterature de la source (varieacutee de 50 agrave 140degC) ni du

temps daccumulation dans lhexapocircle (varieacute de 05 agrave 2 s) Les conditions optimales ayant eacuteteacute

obtenues pour limiter le laquo scrambling raquo nous navons pas chercheacute agrave faire varier dautres

paramegravetres qui par ailleurs ont eacutegalement une influence sur lefficaciteacute de transmission des

ions

Neacuteanmoins nous avons souhaiteacute comprendre un peu mieux le rocircle de leacutenergie de

deacutesolvatation et pour ce faire les spectres MS et MSMS en ECD ont eacuteteacute enregistreacutes Pour les

peptides P1-P3 les spectres ECD obtenus agrave partir dions preacutecurseurs trichargeacutes montrent des

courbes similaires agrave celles deacutecrites sur la Fig II 2 agrave bas potentiel de deacutesolvatation les

fragments contiennent un nombre de deuteacuteriums constant mais lorsque le potentiel est

augmenteacute on observe une incorporation de deuteacuteriums croissante pour les ions c et une perte

de deuteacuteriums pour les ions z Le seuil agrave partir duquel le laquo scrambling raquo commence est le

mecircme pour les diffeacuterents fragments dun mecircme peptide mais est diffeacuterent dun peptide agrave

lautre Pour le peptide P4 aucun fragment ECD na pu ecirctre observeacute agrave partir de lion

doublement chargeacute et lion triplement chargeacute nest apparemment pas formeacute

Ces reacutesultats sont tregraves proches de ce qui avait eacuteteacute observeacute par T Joslashrgensen sur le LTQ-FT

(18) et sur la trappe ionique (19) et ne semblent pas deacutependre de la taille et de la nature de la

partie du peptide qui preacutesente un eacutechange rapide

89

Un examen des spectres MS en fonction de leacutenergie de deacutesolvatation (Fig II 3) apporte

un eacuteclairage nouveau sur ce qui se passe dans la source qui est un pheacutenomegravene indeacutependant du

laquo scrambling raquo

Fig II 3 Intensiteacute des ions des diffeacuterents eacutetats de charge du peptide KKDDDIIKIIK (P3)

ainsi que celle de ses ions fragments geacuteneacutereacutes dans la source ionique en fonction du potentiel

de deacutesolvatation Lrsquointensiteacute des fragments correspond agrave la somme des intensiteacutes des ions

fragments b et y (a) Intensiteacutes absolues (b) Intensiteacutes relatives par rapport agrave lrsquointensiteacute

totale des ions

Tout dabord le type dion observeacute (simplement doublement ou triplement chargeacute) et

lapparition de fragments sont correacuteleacutes avec les potentiels de deacutesolvatation (Fig II 3) Comme

lindique la Fig II 3 les ions triplement chargeacutes sont largement favoriseacutes agrave bas potentiels de

deacutesolvatation et la fragmentation est quasi-inexistante Pour le peptide P3 on peut observer

une chute de lintensiteacute de lion triplement chargeacute au-delagrave de 160 V avec une augmentation

concomitante de lintensiteacute de lion moleacuteculaire doublement chargeacute et de celle des fragments

En intensiteacute absolue lion (1+) deacutecroicirct quant agrave lui lentement agrave partir de 200 V Ces reacutesultats

90

sexpliquent au moins en partie par le fait que lion (3+) est le premier agrave se fragmenter

lorsque lon augmente le potentiel de deacutesolvatation car chaque collision est trois fois plus

eacutenergeacutetique que pour son eacutequivalent monochargeacute

Si lon trace leacutevolution de la deuteacuteration de lion parent en fonction de leacutenergie de

deacutesolvatation un reacutesultat surprenant est obtenu (Fig II 4) le nombre de deuteacuteriums diminue

aux hauts potentiels de deacutesolvatation

Fig II 4 Nombre de deuteacuteriums dans les diffeacuterents eacutetats de charge de lrsquoion preacutecurseur en

fonction du potentiel de deacutesolvatation (a) Peptide P1 (HHHHHHIIKIIK) (b) Peptide P2

(KKDDDDDDIIKIIK)

Ce reacutesultat explique le comportement observeacute pour les ions c111+

et c132+

aux hauts

potentiels de deacutesolvatation la diminution du nombre de deuteacuteriums pour ces ions fragments

est correacuteleacutee agrave celle de lion preacutecurseur Par ailleurs le nombre de deuteacuteriums perdu semble lieacute

(a)

30

32

34

36

38

40

42

44

46

48

50

0 50 100 150 200 250 300

o

f d

eu

teri

um

Desolvation potential (V)

M 2+

M 3+

M 4+

(b)

30

32

34

36

38

40

42

44

46

48

100 150 200 250 300 350

o

f d

eu

teri

um

Desolvation potential (V)

M3+

M2+

M1+

91

agrave la fois agrave la nature et agrave leacutetat de charge du peptide Par exemple le peptide P2 trois fois

chargeacute perd 08 D alors que le peptide P3 avec le mecircme eacutetat de charge perd au moins 2 D

Cette perte de deuteacuteriums ne peut sexpliquer que par lintervention dune autre moleacutecule

posseacutedant des hydrogegravenes eacutechangeables avec laquelle un eacutechange inverse D H peut avoir

lieu Cette moleacutecule peut par exemple provenir du solvant de spray utiliseacute pour les

expeacuteriences eau meacutethanol acide aceacutetique En effet il est possible deacutemettre lhypothegravese que

des reacuteactions ionmoleacutecule dans la source dans laquelle la pression est importante conduisent

agrave cet eacutechange dhydrogegravenes et de deuteacuteriums Le fait que P1 ne subisse aucune perte de

deuteacuterium permet mecircme de postuler que les acides amineacutes responsables de cet eacutechange sont

les acides aspartiques reacutesidus que lon retrouve dans tous les peptides eacutetudieacutes agrave lexception de

P1 Compte tenu du faible nombre de peptides eacutetudieacutes il est difficile de conclure sur un

meacutecanisme geacuteneacuteral permettant dexpliquer cet eacutechange en phase gazeuse mais le meacutecanisme

de flip-flop deacutecrit par Beauchamp et al (28-29) pourrait expliquer les reacutesultats observeacutes

Il est inteacuteressant de noter que les pheacutenomegravenes deacutecrits preacuteceacutedemment (apparition de

fragments dans la source laquo scrambling raquo perte de deuteacuteriums) apparaissent tous agrave une limite

preacutecise (mais diffeacuterente) de potentiel de deacutesolvatation (Tab II 2) Comme le potentiel de

deacutesolvatation est directement lieacute agrave leacutenergie interne des ions produits par la source

eacutelectrospray (26) il est possible dutiliser la valeur des seuils observeacutes comme indication de

leacutenergie requise pour chaque pheacutenomegravene Bien que les seuils deacutependent du peptide (et de son

eacutetat de charge) il est possible deacutetablir un ordre dapparition de chaque pheacutenomegravene car il est

conserveacute dune seacutequence et dun eacutetat de charge agrave lautre ainsi le laquo scrambling raquo apparaicirct en

premier avec un seuil assez bas deacutenergie de deacutesolvatation suivi dune perte du marquage et

enfin de lapparition de fragments aux plus hautes eacutenergies

Tab II 2 Valeurs de potentiel de deacutesolvatation (en V) pour lrsquoapparition de chaque

pheacutenomegravene observeacute laquo scrambling raquo perte de deuteacuteriums et fragmentation dans la source

Peptide

Desolvation potential (V) at onset

Scrambling Loss of D atom

Fragmentation

from 3+ from 2+

P1 100

- - 150

P2 110 160 - 170

P3 100 110 180 140

P4 - - - 120

92

Lordre des deux premiers pheacutenomegravenes indique que les hydrogegravenes damide ne sont pas

directement eacutechangeables avec ceux des moleacutecules de solvant vaporiseacutees Deux meacutecanismes

diffeacuterents peuvent alors ecirctre envisageacutes soit un eacutechange direct en phase gazeuse dun atome

dhydrogegravene du solvant avec un deuteacuterium porteacute par un azote dune des liaisons peptidiques

ce qui implique une eacutenergie dactivation importante soit un eacutechange agrave un autre site labile

apregraves transfert du deuteacuterium Comme la courbe du deacutemarquage est tregraves proche de celle du

laquo scrambling raquo deacutetermineacutee par les expeacuteriences ECD on peut supposer que la reacuteaction a lieu

en deux eacutetapes reacutearrangement intramoleacuteculaire dans le peptide conduisant agrave eacutechanger les

deuteacuteriums damide avec les hydrogegravenes carboxyliques des acides aspartiques puis reacuteaction

ionmoleacutecule avec le solvant en phase gazeuse En absence de ces acides carboxyliques relais

(cas de P1) seul le laquo scrambling raquo peut avoir lieu Ce meacutecanisme ne reacutepond toutefois pas agrave

une question qui est la suivante pourquoi dans le cas de P2 et pas de P3 le deacutemarquage

conduit-il agrave un eacutechange limiteacute agrave 08 D alors qu‟on devrait s‟attendre agrave suivre la courbe du

laquo scrambling raquo Si lon revient au scheacutema de la source dionisation de linstrument utiliseacute il

convient de se souvenir quapregraves leur deacutesolvatation dans le capillaire de transfert chauffeacute les

ions sont stockeacutes pendant une seconde environ dans un hexapocircle dans lequel regravegne une

pression assez importante (10-6

mbar environ) Ainsi un eacutechange HD partiel semble indiquer

que les deux pheacutenomegravenes observeacutes ont lieu dans deux reacutegions diffeacuterentes de linstrument le

reacutearrangement aurait lieu dans linterface entre le capillaire et le premier laquo skimmer raquo qui est

une reacutegion agrave haute pression et soumise agrave un potentiel eacutelectrique important tandis que les

reacuteactions ionmoleacutecule auraient plutocirct lieu dans lhexapocircle Ainsi si tous les sites labiles du

peptide ne participent pas aux reacuteactions ionmoleacutecule avec leur environnement gazeux (ce qui

est le cas dans lhypothegravese ougrave les acides aspartiques sont lieacutes speacutecifiquement agrave cet eacutechange) le

reacutearrangement conduirait agrave un nombre fini de sites eacutechangeables portant un atome de

deuteacuterium et ceux situeacutes sur dautres sites ne pourraient donc pas participer au deacutemarquage

II3 Conclusions

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III

Lobjectif initial de ce travail eacutetait de deacuteterminer quels paramegravetres expeacuterimentaux de la

source eacutelectrospray Apollo I de lAPEX III devaient ecirctre optimiseacutes pour minimiser le

reacutearrangement intramoleacuteculaire des hydrogegravenes et des deuteacuteriums qui a lieu en source Parmi

les diffeacuterents paramegravetres testeacutes les reacutesultats preacutesenteacutes preacuteceacutedemment montrent que cest le

93

potentiel de deacutesolvatation qui est le plus critique Gracircce agrave lutilisation de lECD sur des

peptides seacutelectivement marqueacutes nous avons ainsi pu montrer que le potentiel de deacutesolvatation

doit ecirctre maintenu agrave une valeur leacutegegraverement infeacuterieure agrave celle conduisant agrave un maximum

dintensiteacute pour les ions formeacutes soit entre 80 et 110 V pour eacuteviter le laquo scrambling raquo Cette

valeur est sensiblement la mecircme pour tous les peptides que nous avons eacutetudieacutes

Les reacutesultats obtenus sur les peptides seacutelectivement marqueacutes montrent clairement quil faut

faire extrecircmement attention agrave optimiser ce paramegravetre avant dutiliser lECD ou lETD pour

localiser des deuteacuteriums dans des peptides ou des proteacuteines qui ont eacuteteacute marqueacutes et pouvoir

tirer des conclusions sur la preacutesence de zones structureacutees ou non Utiliser des peptides

seacutelectivement marqueacutes pour deacuteterminer les conditions expeacuterimentales de source propres agrave

reacutealiser lanalyse de peptides ou de proteacuteines deuteacutereacutes (conditions qui deacutependent de

linstrument utiliseacute) devrait ainsi ecirctre leacutetape preacuteliminaire agrave toute expeacuterience HDX-MSMS

Au cours de ce travail nous avons eacutegalement mis en eacutevidence un pheacutenomegravene de reacuteactions

ionmoleacutecule dans la source qui sont potentiellement agrave lorigine deacutechanges entre les

deuteacuteriums preacutesents sur la seacutequence peptidique et des hydrogegravenes issus fort probablement de

moleacutecules de solvant en phase gazeuse Il est apparu au cours de notre travail que ce

pheacutenomegravene eacutetait particuliegraverement marqueacute pour les peptides portant des acides aspartiques par

rapport agrave ceux portant des histidines Ce pheacutenomegravene eacutetant a priori baseacute sur une premiegravere

eacutetape qui est leacutechange entre un deuteacuterium preacutesent sur une liaison amide et un hydrogegravene

carboxylique de la chaicircne lateacuterale des Asp il peut ecirctre reacuteduit par un reacuteglage approprieacute des

paramegravetres de source (diminution de leacutenergie de deacutesolvatation)

II32 Autres instruments FT-ICR

Nous avons proceacutedeacute agrave l‟laquo upgrade raquo de nos instruments agrave deux reprises (APEX III gt

APEX-Q en janvier 2011 et APEX-Q gt SolariX en avril 2012) De la mecircme maniegravere que pour

l‟APEX III nous avons pu deacuteterminer pour l‟APEX-Q et le SolariX le paramegravetre ou les

paramegravetres critiques qu‟il faut optimiser pour limiter le laquo scrambling raquo En effet agrave chaque

changement ou modification d‟instrument une reacute-optimisation de l‟ensemble des paramegravetres

entre la source et la cellule est requise pour eacuteviter un eacutechauffement des ions lors de leur

formation ou de leur transfert Les reacutesultats sont reacutesumeacutes dans le tableau ci-apregraves (Tab II 3)

94

Tab II 3 Paramegravetre(s) critique(s) agrave optimiser pour limiter le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

en fonction de lrsquoinstrument utiliseacute

APEX III Tension agrave la sortie du capillaire de source

(Potentiel de deacutesolvatation ou laquo CapExit)

lt 80 V

APEX-Q

APEX-Qe

Tension dans la cellule de collision

(laquo CollisionVoltage raquo)

gt 0 V

(3-5 V)

SolariX Tension du premier eacutecorceur (SK1)

Conditions de la cellule de collision

collision activeacutee

tension de collision en entreacutee

lt 50 V

Non

lt 2 V

Fig II 5 Nombre de deuteacuteriums dans lrsquoion preacutecurseur triplement chargeacute du peptide P2

(KKDDDDDDIIKIIK) et dans les fragments c2 c6 et z6 en fonction du potentiel du premier

eacutecorceur

A titre d‟illustration la Fig II 5 reprend les reacutesultats obtenus sur le SolariX avec le

peptide P1 en faisant varier la tension du premier eacutecorceur (laquo skimmer raquo) SK1 montrant une

valeur optimale vers 40 V On notera par contre la preacutesence d‟un taux de deuteacuteration non nul

sur les fragments c2 et c6 degraves les basses tensions Il faut noter que ces expeacuteriences ont eacuteteacute

reacutealiseacutees sur un ion preacutecurseur triplement chargeacute preacutesentant un taux de deuteacuteration plus eacuteleveacute

que ce qui est attendu

0

1

2

3

4

5

6

0 10 20 30 40 50 60 70

o

f d

eu

teri

um

SK1 (V)

C2 C6 Z6 Parent M3+

95

Les deux versions successives (APEX-Q et SolariX) preacutesentent une eacutevolution majeure qui

est l‟introduction d‟une cellule de collision sur le chemin optique des ions (Annexe Fig A 4

et Fig A 6) En conseacutequence on observe que cette seconde reacutegion agrave pression de gaz eacuteleveacutee

ajoute une seconde reacutegion susceptible de conduire agrave un deacutepocirct d‟eacutenergie dans les ions et par

conseacutequent agrave du laquo scrambling raquo Les paramegravetres optimiseacutes concernent par conseacutequent ces

deux reacutegions L‟ajout d‟entonnoirs agrave ions (laquo ion funnels raquo) au premier eacutetage de deacutesolvatation

semble rendre la tension en sortie de capillaire (laquo CapExit raquo) nettement moins critique sans

doute parce que les distances sont plus grandes (et donc le champ eacutelectrique plus faible) Par

contre sur le SolariX de l‟eacutenergie peut ecirctre deacuteposeacutee entre le premier eacutecorceur (SK1) et le

second entonnoir qui joue un rocircle critique dans le deacutepocirct d‟eacutenergie (Annexe Fig A 6)

En conclusion dans cette partie nous avons utiliseacute un jeu de peptides speacutecifiquement

marqueacutes par des deuteacuteriums pour valider notre instrumentation et trouver les paramegravetres

optimaux par rapport au pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo ou meacutelange des deuteacuteriums lors des

eacutetapes de transfert en phase gazeuse et d‟introduction dans le vide du spectromegravetre de masse

Nous avons eacutegalement valideacute au passage que l‟ECD permet effectivement de mesurer des

fragments donc le nombre de deuteacuteriums correspond agrave celui attendu apregraves deacutemarquage seacutelectif

de peptides modegraveles Dans la partie suivante nous allons transposer ces reacutesultats agrave un systegraveme

reacuteel

96

II4 Bibliographie

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97

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dissociation facilitates the measurement of deuterium incorporation into selectively

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20 Jorgensen T J Gardsvoll H Dano K Roepstorff P and Ploug M (2004)

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21 Rand K D and Jorgensen T J (2007) Development of a peptide probe for the

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22 Bai Y W Milne J S Mayne L and Englander S W (1993) Primary Structure

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23 Rand K D Lund F W Amon S and Jorgensen T J D (2011) Investigation of

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24 Rand K D Zehl M Jensen O N and Jorgensen T J D (2010) Loss of Ammonia

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27 Duchateau M (2010) Deacutetermination de surface dinteraction dassemblages

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29 Campbell S Rodgers M T Marzluff E M and Beauchamp J L (1995)

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D2O CD3OD CD3CO2D and ND3 Journal of the American Chemical Society 117

12840-12854

98

99

Chapitre III Deacuteveloppement de

lrsquoapproche HDX top-down ECD

100

Chapitre III Deacuteveloppement de lrsquoapproche HDX top-down ECD 99

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD 101

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo 101 III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo 102

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo 106

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX 106 III211 Proteacuteines d‟eacutetude 106 III212 Protocole d‟analyse HDXMS 107 III213 Instruments utiliseacutes108

III22 Fragmentation par ECD 109 III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3 109

III2211 Spectre de masse 109 III2212 Reacutesultats obtenus en ECD 109 III2213 Reacutesultats en HDXECD 113 III2214 Analyse des donneacutees 115

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ121 III2221 Optimisation du protocole d‟analyse 121 III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD 123

III23 Fragmentation par ETD 127 III231 Spectre de masse 127 III232 Reacutesultats obtenus en ETD 128 III233 Reacutesultats en HDXETD 129 III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats d‟ECD131 III235 Conclusion 134

III24 Fragmentation par CID 135 III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 135

III2411 Spectres de masse 135 III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID 136

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines 139

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse 142

III4 Conclusion 147

III5 Bibliographie 149

101

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo

Comme nous l‟avons vu dans le premier chapitre de ce manuscrit (voir Chap I) les

eacutechanges HD coupleacutes agrave la spectromeacutetrie de masse (HDXMS) permettent d‟obtenir des

informations sur l‟organisation structurale des proteacuteines L‟approche classique dite

laquo bottom-up raquo (Fig III 1) repose sur une digestion enzymatique de la proteacuteine d‟inteacuterecirct apregraves

marquage afin de deacuteterminer la localisation des deuteacuteriums incorporeacutes Pour cela les peptides

issus de la digestion sont analyseacutes par spectromeacutetrie de masse une eacutetape preacutealable de

seacuteparation par chromatographie liquide eacutetant le plus souvent requise Les eacutetapes de digestion

enzymatique et de seacuteparation chromatographique qui se deacuteroulent en solution doivent ecirctre

reacutealiseacutees dans les conditions de conservation du marquage Des cineacutetiques deacutechange HD

peuvent alors ecirctre calculeacutees pour chaque peptide en mesurant le deacuteplacement de leur masse

dans les spectres Ces cineacutetiques sont correacuteleacutees dune part agrave laccessibiliteacute au solvant et dautre

part agrave la structure locale de la proteacuteine

Fig III 1 Scheacutema repreacutesentant les eacutetapes des approches laquo bottom-up raquo et laquo top-down raquo dans

des eacutetudes en HDXMS Le segment en bleu correspond agrave la proteacuteine hydrogeacuteneacutee tandis que

les portions en rouge correspondent aux zones de la proteacuteine qui ont eacuteteacute deuteacutereacutees Les

flegraveches vertes repreacutesentent le moment de la fragmentation en phase gazeuse

Cependant cette approche souffre de deux limitations majeures La premiegravere est l‟eacutechange

inverse entre les deuteacuteriums et les hydrogegravenes qui a lieu en solution lors des eacutetapes de

digestion et de seacuteparation avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Bien que le laquo back-

exchange raquo puisse ecirctre minimiseacute il ne peut ecirctre eacuteviteacute (1) La seconde limitation est la

reacutesolution qui deacutepend directement de la taille des peptides issus de la fragmentation

enzymatique par la pepsine et qui est typiquement de lordre de cinq agrave dix acides amineacutes

102

Une possibiliteacute pour ameacuteliorer la reacutesolution est de combiner diffeacuterentes enzymes Une

autre est de fragmenter les peptides obtenus dans le spectromegravetre de masse pour localiser

preacuteciseacutement les deuteacuteriums (2) Il a neacuteanmoins eacuteteacute montreacute que les techniques classiques par

chauffage lent (Collision Induced Dissociation CID) ne peuvent ecirctre utiliseacutees car une

migration intramoleacuteculaire et par conseacutequent un meacutelange des hydrogegravenes et des deuteacuteriums a

lieu dans la seacutequence avant la rupture des liaisons peptidiques ce qui fait perdre linformation

de leur localisation (Fig III 2) (3) En revanche comme nous l‟avons montreacute dans le chapitre

preacuteceacutedent (voir Chap II) lutilisation de meacutethodes de fragmentation baseacutees sur la capture ou

le transfert dun eacutelectron (Electron Capture Dissociation ECD ou Electron Transfer

Dissociation ETD) permet de reacuteduire consideacuterablement ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo De

plus linteacuterecirct de ces modes de fragmentation alternatifs est quils peuvent ecirctre utiliseacutes aussi

bien dans une approche laquo bottom-up raquo sur les peptides proteacuteolytiques marqueacutes (4-5) que

directement sur la proteacuteine deuteacutereacutee dans une approche dite laquo top-down raquo Dans ce dernier

cas l‟incorporation des deuteacuteriums peut alors ecirctre mesureacutee pour chaque ion fragment comme

nous l‟avons fait pour les peptides modegraveles

Avec redistribution

NH2 COOHNH2

COOH

NH2COOH

CID ETDECD

NH2

COOH

by ionscz ions

D D DDD

H HH

H

NH2

COOH

Sans redistributionActivation

Fragmentation

Fig III 2 Illustration du pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo qui est freacutequent lors de la

fragmentation par activation collisionnelle (CID) Les meacutethodes drsquoactivation par les eacutelectrons

(ECD ETD) ne conduisent pas agrave de la redistribution quand les conditions sont optimales

III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo

Dans une approche laquo top-down raquo la proteacuteine entiegravere est fragmenteacutee directement en phase

gazeuse (Fig III 1) On s‟affranchit alors de l‟eacutetape de digestion proteacuteolytique De cette

maniegravere une partie du laquo back-exchange raquo qui a lieu en solution notamment lors de la

103

digestion enzymatique de la proteacuteine deuteacutereacutee (1) est eacutelimineacutee De plus dans la mesure ougrave

lobjet agrave analyser nest pas coupeacute en de nombreux morceaux en solution lutilisation dune

seacuteparation chromatographique n‟est pas requise ce qui permet eacutegalement de s‟affranchir de

l‟eacutechange inverse relatif agrave cette eacutetape L‟approche laquo top-down raquo est geacuteneacuteralement combineacutee agrave

une fragmentation par ECD ou ETD Comme nous l‟avons montreacute dans les chapitres

preacuteceacutedents (voir Chap I et II) l‟utilisation de ces techniques de dissociation par capture ou

transfert d‟eacutelectron permet de limiter au maximum le laquo scrambling raquo qui peut avoir lieu en

phase gazeuse au cours d‟expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse en tandem Elles sont donc

particuliegraverement bien adapteacutees pour deacuteterminer la position preacutecise des deuteacuteriums incorporeacutes

le long de la seacutequence polypeptidique

Des reacutesultats obtenus tregraves reacutecemment par diffeacuterents groupes utilisant aussi bien l‟ETD que

l‟ECD sur des proteacuteines modegraveles ont ainsi montreacute que ces techniques de dissociation utiliseacutees

en combinaison avec les eacutechanges HD permettent danalyser la structure native des proteacuteines

(6) ou encore de caracteacuteriser des espegraveces transitoires ce qui est essentiel pour la

compreacutehension des meacutecanismes de repliement (7) Il a mecircme eacuteteacute montreacute au cours de ces

eacutetudes qu‟une reacutesolution agrave lrsquoacide amineacute pregraves peut ecirctre obtenue Les premiers reacutesultats

provenant d‟une association entre eacutechanges HD et analyse laquo top-down raquo ont eacuteteacute obtenus en

2008 par l‟eacutequipe de Lars Konermann au Canada sur une petite proteacuteine modegravele de 86 kDa

l‟ubiquitine (8) Il montre dans son article que les informations de structure quil obtient sont

tregraves proches de celles issues de la RMN (Fig III 3)

Fig III 3 Symboles pleins taux de deuteacuteration des ions fragments ECD de lrsquoubiquitine apregraves

30 min incubation dans 95 de D2O agrave 22degC Symboles vides taux de deuteacuteration obtenus

par RMN dans les mecircmes conditions HDX

104

Dans une eacutetude plus reacutecente encore Igor Kaltashov a preacutesenteacute des reacutesultats tregraves

prometteurs sur une proteacuteine de 18 kDa en utilisant un spectromegravetre de masse FT-ICR

(Bruker) sur lequel une source d‟ionisation chimique permettant de faire des expeacuteriences ETD

a eacuteteacute installeacutee (9) Il a eacutegalement montreacute tregraves reacutecemment en travaillant sur la mecircme proteacuteine

modegravele que la fragmentation par activation collisionnelle (CID) pouvait ecirctre combineacutee agrave une

approche laquo top-down raquo dans des eacutetudes HDX indiquant que le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

pouvait ecirctre controcircleacute lorsque des eacutetats de charge tregraves eacuteleveacutes eacutetaient choisis pour la

fragmentation (10) Bien que les meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons pour la fragmentation

de peptides (11-12) et de petites proteacuteines (6 8 13) se soient reacuteveacuteleacutees tregraves encourageantes

pour augmenter la reacutesolution des eacutetudes en HDX-MSMS elles ne fournissent pas une

couverture de seacutequence complegravete en particulier pour les gros polypeptides C‟est pour cette

raison qu‟il serait inteacuteressant de pouvoir utiliser en compleacutement les reacutesultats de la

fragmentation par CID qui conduit agrave des ions fragments souvent compleacutementaires agrave ceux

obtenus par dissociation ECD ou ETD Ainsi la possibiliteacute d‟utiliser les meacutethodes

d‟activation collisionnelle en plus des techniques d‟activation par les eacutelectrons dans les eacutetudes

laquo top-down raquo HDX conduirait agrave une reacutesolution spatiale significativement ameacutelioreacutee

permettant de sonder la conformation et la dynamique des proteacuteines Une autre faccedilon

d‟augmenter la reacutesolution est l‟utilisation d‟un reacuteactif tel que l‟alcool m-nitrobenzylique (m-

NBA) qui augmente leacutetat de charge des ions proteacuteiques en provoquant leur rapide

deacutenaturation lors du processus d‟ionisation par ESI Il en reacutesulterait le deacutepliement de la

proteacuteine dans la goutte eacutelectrospray mais sans l‟apparition de modifications significatives de

sa structure par rapport agrave celle de la solution initiale permettant d‟ameacuteliorer l‟efficaciteacute de

fragmentation et donc la couverture de seacutequence par ECD ou ETD Ainsi dans une eacutetude

reacutecente Evan Williams (14) a montreacute que lajout de m-NBA dans le spray utiliseacute pour ioniser

lubiquitine permet de former des ions de plus hauts eacutetats de charge dont la mobiliteacute ionique a

reacuteveacuteleacute quils eacutetaient comme attendu plus deacuteplieacutes que leurs homologues de plus bas eacutetat de

charge Ainsi comme lefficaciteacute de la fragmentation ECDETD augmente avec leacutetat de

charge du preacutecurseur Williams a pu montrer dans le cas de lubiquitine quune meilleure

couverture de seacutequence pouvait ecirctre obtenue simplement par lajout de m-NBA Une autre

possibiliteacute est de combiner les reacutesultats obtenus pour diffeacuterents eacutetats de charge d‟ions

preacutecurseurs ce qui peut ameacuteliorer un peu plus la reacutesolution spatiale des expeacuteriences ETD

Ceci peut devenir d‟autant plus important que le systegraveme proteacuteique est grand dans le cas ougrave

typiquement la fragmentation par ETD est limiteacutee

105

Les diffeacuterents exemples reacutecents deacutecrits preacuteceacutedemment montrent que les approches laquo top-

down raquo ont fait l‟objet de deacuteveloppements importants dans le contexte des eacutechanges HD ces

derniegraveres anneacutees Neacuteanmoins jusquagrave maintenant seules des proteacuteines modegraveles stables et

disponibles en quantiteacute importante ont eacuteteacute lobjet de ces deacuteveloppements Dans ce contexte

lobjet de ma thegravese a eacuteteacute de poursuivre les eacutetudes reacutealiseacutees au laboratoire dans lobjectif de

mettre au point une meacutethodologie robuste combinant eacutechanges HD et approche laquo top-

down raquo pour des complexes proteacuteiques reacuteels en collaboration avec le laboratoire de

Biochimie de lEacutecole Polytechnique Notre objectif est donc (i) de disposer dune meacutethode

permettant de localiser rapidement et preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans la seacutequence

polypeptidique et deacuteterminer ainsi des cineacutetiques deacutechange pour chaque acide amineacute (ii) de

pouvoir appliquer cette meacutethodologie agrave leacutetude structurale des complexes d‟initiation de la

traduction La difficulteacute ici reacuteside dans le fait qu‟il s‟agit d‟eacutechantillons biologiques reacuteels et

de grande taille Cela implique des eacutetapes additionnelles dans le protocole de preacuteparation et

d‟analyse des eacutechantillons et donc des preacutecautions suppleacutementaires agrave prendre vis-agrave-vis de la

conservation du marquage Notre eacutetude HDXMS preacuteliminaire qui a eacuteteacute meneacutee sur des

peptides de reacutefeacuterence et qui a eacuteteacute preacutesenteacutee dans le chapitre preacuteceacutedent (voir Chap II) a

montreacute que l‟utilisation de meacutethodes de fragmentation telle que la dissociation par capture

d‟eacutelectron (ECD) eacutetait adapteacutee pour mesurer les taux d‟eacutechanges HD pour chaque acide

amineacute Pour cela une optimisation fine des conditions de source et des paramegravetres

instrumentaux a eacuteteacute requise preacutealablement agrave l‟analyse pour reacuteduire au maximum le

laquo scrambling raquo pendant les processus de deacutesolvatation et de transfert des ions en phase

gazeuse Nous avons dans ce troisiegraveme chapitre reacuteutiliseacute ces paramegravetres optimiseacutes pour

l‟analyse laquo top-down raquo de nos eacutechantillons proteacuteiques Dans un premier temps cette partie se

focalisera sur l‟eacutetude laquo top-down raquo HDX avec activation par ECD qui est la technique

d‟activation pour laquelle le plus de reacutesultats ont eacuteteacute obtenus Ensuite pour mieux

comprendre le rocircle des meacutethodes d‟activation sur les migrations d‟hydrogegravene le mecircme

systegraveme a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute avec d‟autres modes d‟activation (ETD et CID)

106

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation

lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX

III211 Proteacuteines drsquoeacutetude

Nous avons travailleacute sur le complexe proteacuteique aIF2 (archaeal Initiation Factor 2) de

Sulfolobus solfataricus (Fig III 4) qui est un des complexes responsables de l‟initiation de

la traduction chez les archeacutees Son rocircle est de recruter l‟ARNt meacutethionyleacute lieacute agrave l‟ARNm au

niveau de la petite sous-uniteacute du ribosome Nous savons deacutejagrave par des donneacutees

cristallographiques qu‟il est constitueacute de trois sous-uniteacutes α β et γ La sous-uniteacute γ (45

kDa) qui constitue la proteacuteine centrale du complexe est connue pour interagir avec les deux

autres sous-uniteacutes α (30 kDa) et β (15 kDa) au sein d‟aIF2 Afin d‟obtenir des informations

structurales sur l‟organisation de ce complexe nous avons deacuteveloppeacute notre meacutethodologie agrave

partir de l‟analyse de la proteacuteine aIF2α3 de 10 kDa qui est une version tronqueacutee de la sous-

uniteacute α du complexe aIF2 mais qui contient le site d‟interaction avec γ Ce travail a eacuteteacute initieacute

lors de la thegravese de M Duchateau (15) pendant laquelle l‟eacutetude de la proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute

reacutealiseacutee par HDXECD sur l‟APEX III Dans le cadre du travail actuel nous avons eacutetendu

notre eacutetude au sous-complexe aIF2α3γ et compareacute les diffeacuterents modes de fragmentation en

utilisant d‟autres spectromegravetres de masse

Fig III 4 Scheacutema du complexe heacuteteacuterotrimeacuterique aIF2αβγ

107

III212 Protocole drsquoanalyse HDXMS

L‟analyse d‟eacutechantillons biologiques reacuteels a neacutecessiteacute une optimisation du protocole mis au

point pour les peptides En effet ces eacutechantillons proteacuteiques preacutesentent des inconveacutenients

majeurs qui sont les suivants

- ils ne sont pas disponibles en grande quantiteacute

- le maintien de leur structure native neacutecessite des concentrations importantes de sels non

volatils

- ils se deacutegradent rapidement agrave tempeacuterature ambiante

L‟ensemble des eacutetapes du protocole allant des conditions de l‟eacutechange en solution (pH

tempeacuterature tampons dessalage) agrave la fragmentation par ECD a donc eacuteteacute minutieusement

optimiseacute (Fig III 5) pour tenir compte de ces limitations Au deacutebut de l‟expeacuterience la

proteacuteine aIF2α3 est dans son eacutetat natif En effet elle est conserveacutee dans son tampon de

purification qui est riche en sels (chlorure de sodium) et qui lui permet ainsi de garder sa

conformation native La premiegravere eacutetape de notre protocole qui a consisteacute agrave initier la reacuteaction

d‟eacutechange HD a eacuteteacute de diluer aIF2α3 dans un tampon deuteacutereacute riche eacutegalement en sels

(solution de NaCl agrave 330 mM dans D2O) afin de ne pas deacutenaturer la proteacuteine et donc de sonder

sa conformation active Une incubation du meacutelange agrave 37degC sous agitation est reacutealiseacutee pendant

diffeacuterents temps agrave l‟issu desquels la reacuteaction de marquage est bloqueacutee Cette eacutetape d‟arrecirct de

la reacuteaction d‟eacutechange est effectueacutee par l‟addition d‟une solution aqueuse (H2O) acide (pH

final de 25) et glaceacutee (agrave 0degC) Etant donneacute que les fortes concentrations en sels non volatils

ne sont absolument pas compatibles avec une ionisation par eacutelectrospray nous avons ducirc

ajouter et optimiser une eacutetape de dessalage dans les conditions de conservation du marquage

Apregraves cette eacutetape de dessalage dont la dureacutee totale a eacuteteacute optimiseacutee agrave seulement une minute

(15) la proteacuteine deuteacutereacutee est precircte pour l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Elle est injecteacutee

par le systegraveme de seringue refroidie ioniseacutee par eacutelectrospray et fragmenteacutee par ECD dans la

cellule ICR

108

Alpha3 dans des conditions natives Arrecirct de la reacuteaction

H2O pH 25 et 0degC

Dilution dans D2O

NaCl 330 mM

Incubation

Temps variables

1 Dessalage

2 Eacutelution dans H2OACNAF2Alpha3 deuteacutereacutee dans le solvant pour ESI

ECD

Fig III 5 Scheacutema de notre protocole optimiseacute pour lrsquoeacutetude drsquoaIF2α3 en HDXMS par

analyse laquo top-down raquo

Pour eacuteviter l‟eacutetape de dessalage et optimiser encore plus le protocole nous avons fait de

nombreux essais pour essayer de remplacer les sels non volatils par des sels volatils

compatibles avec une analyse par ESI mais dans tous les cas la proteacuteine a preacutecipiteacute ou sest

deacutegradeacutee

III213 Instruments utiliseacutes

Les fragmentations par ECD ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur des spectromegravetres de masse de type FT-

ICR Les premiegraveres expeacuteriences ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur un spectromegravetre APEX III qui nest pas

eacutequipeacute dun quadripocircle de seacutelection avant la cellule ICR puis sur un APEX-Qe disponible agrave

Orsay (P Maicirctre Laboratoire de Chimie Physique) Les diffeacuterences majeures entre les deux

instruments sont la preacutesence dun quadripocircle sur lAPEX-Qe permettant de reacutealiser la

seacutelection d‟ions preacutecurseurs avant leur entreacutee dans la cellule ICR la preacutesence dlaquo ion

funnels raquo (qui ameacuteliorent la sensibiliteacute de linstrument) et la source dionisation (Apollo I sur

lAPEX III Apollo II sur lAPEX-Qe)

Les expeacuteriences ETD ont quant agrave elles eacuteteacute effectueacutees sur un instrument LTQ Orbitrap

Velos (Thermo Scientific) en collaboration avec la plateforme proteacuteomique de Paris 7 dirigeacutee

par Jean-Michel Camadro

Les expeacuteriences CID ont eacuteteacute obtenues sur un spectromegravetre de masse Q-ToF Premier

(Waters) installeacute au laboratoire DCMR

109

III22 Fragmentation par ECD

III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3

III2211 Spectre de masse

Le spectre de masse d‟aIF2α3 dont la masse monoisotopique est 10422985 Da a eacuteteacute

obtenu apregraves ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes (Fig III 6)

aiF2alpha3ss1 +MS

0

2

4

6

8

6x10

Intens

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+7H]7+

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+6H]6+

mz

Intensx106

Fig III 6 Spectre MS drsquoaIF2α3 enregistreacute sur notre instrument FT-ICR APEX III

III2212 Reacutesultats obtenus en ECD

Expeacuteriences reacutealiseacutees sur l‟APEX III du DCMR

La premiegravere eacutetape a consisteacute agrave optimiser les paramegravetres pour l‟ECD afin d‟obtenir la plus

grande couverture de seacutequence possible pour cette proteacuteine de 10 kDa sans eacutechange HD

Pour cela nous avons tout d‟abord utiliseacute une autre petite proteacuteine l‟ubiquitine (86 kDa)

pour optimiser lensemble des paramegravetres expeacuterimentaux

110

Lors de la thegravese de M Duchateau (15) notre eacutequipe a montreacute que la fragmentation par

ECD d‟aIF2α3 eacutetait beaucoup plus efficace sans seacutelection d‟un eacutetat de charge Nous avons

donc proceacutedeacute de la mecircme maniegravere

Pour l‟ubiquitine les spectres ECD les plus informatifs ont eacuteteacute obtenus avec une cathode

chauffeacutee agrave 16 A et une irradiation par des eacutelectrons de 09 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 80

ms Nous utilisons eacutegalement la technique de pieacutegeage dynamique des ions dans la cellule

afin de maximiser la quantiteacute d‟ions accumuleacutes avant la fragmentation ECD En effet la

qualiteacute des spectres ECD deacutepend en grande partie de lintensiteacute des ions preacutecurseurs et il

existe un veacuteritable seuil pour le nombre dions pour obtenir des spectres ECD de qualiteacute Le

pourcentage de couverture de seacutequence ainsi obtenu est de 68 Pour obtenir un reacutesultat

similaire avec aIF2α3 l‟eacutenergie cineacutetique des eacutelectrons a eacuteteacute augmenteacutee jusqu‟agrave 2 eV

Les proteacuteines marqueacutees sont introduites dans le spectromegravetre de masse par le systegraveme de

seringue refroidie qui est deacutecrit dans le Chap IV Afin de minimiser l‟eacutechange inverse en

solution l‟analyse ne doit pas exceacuteder dix minutes Dans ce laps de temps relativement court

deux cents scans sont accumuleacutes par spectre ECD

L‟analyse du spectre ECD d‟aIF2α3 reacutealiseacute sans seacutelection d‟eacutetat de charge permet

l‟identification d‟un total de 83 ions fragments correspondant agrave 39 ions c et 44 ions z dont 18

paires d‟ions compleacutementaires Cela se traduit par un tregraves bon pourcentage de couverture de

seacutequence de 706 (Fig III 7) L‟identification des ions fragments b et y permet d‟ameacuteliorer

leacutegegraverement la couverture de seacutequence en augmentant le pourcentage de 55 (1 ion b et 4 ions

y suppleacutementaires pour lesquels il n‟y a pas d‟ions c et z correspondants) atteignant donc la

valeur de 761

111

aIF2a3_noHD_ECD_000008d +MS

0

1

2

3

4

5

7x10

Intens

400 600 800 1000 1200 1400 1600 mz

~ ~

~

~

~

~

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+9H]9+ [M+8H]8+

[M+7H]7+

~[M+6H]6+

250 300 350 400 450 500 550 mz0

1

2

3

4

5

6

6x10

Intens

+MS

z2+

z3+

z4+ z5

+

c2+

c3+

c4+

Intens

mz

Fig III 7 Spectre ECD drsquoaIF2α3 obtenu sans seacutelection drsquoeacutetat de charge sur un instrument

FT-ICR APEX III et sa couverture de seacutequence associeacutee Un agrandissement de la reacutegion mz

250-550 a eacuteteacute ajouteacute montrant la complexiteacute du spectre

Des problegravemes de stabiliteacute du signal et de sensibiliteacute sont apparus au cours de ces

expeacuteriences ECD il arrivait freacutequemment que le taux de fragmentation diminue brutalement

sans raison apparente au cours d‟une cineacutetique d‟eacutechange Pour pouvoir poursuivre nos

expeacuteriences nous avons deacutecideacute de continuer nos travaux sur l‟APEX-Qe accessible agrave

l‟Universiteacute Paris-Sud Une reacute-optimisation des paramegravetres pour l‟ECD a donc eacuteteacute neacutecessaire

car cet instrument nest pas le mecircme que celui du DCMR et notamment le fait que les sources

dionisation soient diffeacuterentes nous laissait agrave penser que des ajustements au moins au niveau

de la source seraient neacutecessaires (voir Chap II)

Expeacuteriences reacutealiseacutees sur l‟APEX-Qe du Laboratoire de Chimie Physique agrave Orsay

Pour aIF2α3 les nouveaux paramegravetres optimiseacutes pour maximiser la couverture de

seacutequence obtenue en ECD ont eacuteteacute les suivants une cathode agrave 18 A et une irradiation par des

eacutelectrons de 17 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 10 ms Contrairement aux expeacuteriences

reacutealiseacutees sur l‟APEX III nous n‟avons pas utiliseacute la technique de pieacutegeage dynamique des

ions En effet un gain de sensibiliteacute a eacuteteacute apporteacute par les laquo ion funnels raquo Dans ces conditions

expeacuterimentales l‟analyse du spectre ECD a permis l‟identification d‟un total de 59 ions

112

fragments correspondant agrave 19 ions c et 40 ions z dont 3 paires d‟ions compleacutementaires Le

pourcentage de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 608 (Fig III 8)

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

00

05

10

15

20

7x10

Intens

400 600 800 1000 1200 1400 1600 mz

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+9H]9+[M+8H]8+

[M+7H]7+

[M+6H]6+

[M+13H]13+

~

~

~

~~

~

~

~

mz

Intensx107

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

250 300 350 400 450 500 550 mz

z2+

c2+

z3+

c3+

z4+

z5+

c4+

Fig III 8 Spectre ECD drsquoaIF2α3 obtenu sans seacutelection drsquoeacutetat de charge sur un instrument

FT-ICR APEX-Qe La couverture de seacutequence correspondante agrave la fragmentation et

lrsquoagrandissement de la reacutegion mz 250-550 sont eacutegalement montreacutes

Si l‟on compare les deux spectres ECD ci-dessus une meilleure efficaciteacute de fragmentation

a eacuteteacute obtenue sur l‟APEX III permettant d‟avoir une meilleure reacutesolution en ce qui concerne la

zone [20-55] correspondant agrave la partie de la proteacuteine aIF2α3 qui se retrouve en contact avec la

sous-uniteacute γ lorsque leur association est effective Neacuteanmoins la fragmentation ECD de la

proteacuteine sur l‟APEX-Qe permet aussi d‟avoir un bon pourcentage de couverture de seacutequence

pour deacuteterminer des cineacutetiques d‟eacutechange HD par acide amineacute notamment au niveau des

extreacutemiteacutes

113

III2213 Reacutesultats en HDXECD

L‟eacutetape suivante a consisteacute agrave combiner les eacutechanges HD et la fragmentation par ECD

Pour cela nous avons mis en application notre protocole de marquage pour un temps

d‟incubation dans D2O d‟une heure (Fig III 5)

L‟observation des spectres ECD apregraves eacutechange HD montre que les massifs isotopiques

avec l‟incorporation de deuteacuteriums se deacuteplacent vers des rapports masse sur charge plus

importants tout en s‟eacutelargissant car lincorporation progressive de deuteacuteriums ajoute des pics

isotopiques dans le massif (Fig III 9) La premiegravere conseacutequence agrave cet eacutelargissement est que

l‟intensiteacute totale du signal obtenu pour un ion fragment est reacutepartie sur un nombre plus grand

de pics composant le massif Il en reacutesulte une diminution de l‟intensiteacute globale du signal

pouvant entraicircner une perte de deacutetection Dans ce contexte le nombre de fragments pouvant

ecirctre interpreacuteteacutes de maniegravere correcte car lenveloppe isotopique preacutesente une intensiteacute

suffisante diminue par rapport agrave lexpeacuterience sans deuteacuterium Parfois mecircme certains

fragments disparaissent complegravetement dans le bruit de fond contribuant agrave son augmentation

En effet les ions fragments c et z de faible intensiteacute avant l‟eacutechange ne sont plus deacutetectables

dans les spectres apregraves eacutechange Une autre conseacutequence de l‟eacutelargissement des massifs

isotopiques ayant incorporeacute des deuteacuteriums est leur superposition compliquant aussi fortement

l‟analyse des reacutesultats Plus le nombre de fragments est grand et moins il est facile de suivre

l‟incorporation des deuteacuteriums Par ailleurs pour les hauts rapports mz on note eacutegalement

l‟apparition de pics intenses agrave toutes les uniteacutes de masse perturbant davantage l‟interpreacutetation

des reacutesultats Ce pheacutenomegravene indeacutesirable reacutesultant de la recapture successive d‟un eacutelectron

avait eacutegalement eacuteteacute observeacute lors de la thegravese de M Duchateau (15) Une solution pour le

limiter a eacuteteacute d‟optimiser au maximum le temps d‟irradiation par des eacutelectrons pour eacuteviter les

recaptures successives tout en obtenant suffisamment de fragmentations (eacutenergie cineacutetique

des eacutelectrons de 17 eV pendant 10 ms)

114

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

000

025

050

075

100

125

7x10

Intens

870 872 874 876 878 880 882 884 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

6x10

870 872 874 876 878 880 882 884 mz

[M+12H]12+

[M+12H]12+

z324+

z324+

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

4

5x10

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

z10+

z10+

Fig III 9 Comparaison des spectres ECD drsquoaIF2α3 sans HDX (en bleu) et avec HDX t=1h

(en rouge) Agrandissements des reacutegions du spectre mz 869-884 (a) et mz 1080-1150 (b)

L‟analyse des spectres ECD montre donc une perte importante de sensibiliteacute apregraves eacutechange

HD essentiellement pour les hauts rapports mz La conseacutequence immeacutediate est une

diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence apregraves eacutechange HD ce qui n‟est pas

favorable pour obtenir une bonne reacutesolution Nous avons identifieacute au total 43 ions fragments

correspondant agrave 23 ions c et 20 ions z dont une paire d‟ions compleacutementaires Le pourcentage

de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 456 (Fig III 10)

(a)

(b)

115

Fig III 10 Couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 apregraves eacutechange HD suivi drsquoune fragmentation

par ECD

Lanalyse de la Fig III 10 montre clairement que si lanalyse des petits fragments

(extreacutemiteacutes N- et C-terminales) ne pose pas de problegraveme lanalyse dions fragments plus gros

correspondant agrave une rupture plutocirct au niveau du milieu de la seacutequence polypeptidique est

bien plus probleacutematique A la diffeacuterence de l‟APEX III en pieacutegeage dynamique il semble que

sur l‟APEX-Qe la capaciteacute de pieacutegeage du piegravege hexapolaire soit limitante et ne permette pas

d‟accumuler autant d‟ions dans la cellule Pour eacuteviter ce problegraveme il faudrait pouvoir

accumuler plus de temps pour faire sortir les pics peu intenses du bruit de fond (mais ce nest

pas possible avec notre systegraveme de seringue refroidie car leacutechange inverse devient trop grand

au bout de 10 minutes) Une autre solution agrave ce problegraveme aurait pu eacutegalement ecirctre une

augmentation du champ magneacutetique qui aurait permis d‟augmenter la gamme dynamique

ainsi que la vitesse de balayage

III2214 Analyse des donneacutees

L‟extraction des donneacutees est reacutealiseacutee agrave partir du logiciel Data Analysis (Bruker Daltonics)

L‟analyse des spectres de fragmentation MSMS est effectueacutee entiegraverement manuellement ce

qui la rend longue et fastidieuse

La premiegravere eacutetape de l‟analyse consiste agrave identifier les ions fragments c et z preacutesents dans

le spectre enregistreacute avant l‟eacutechange HD Une liste de pics est alors geacuteneacutereacutee Elle contient

tous les pics des massifs isotopiques correspondant aux ions fragments identifieacutes Cette liste

reacutepertorie le rapport mz et l‟intensiteacute de chaque pic A partir de celle-ci les masses moyennes

pondeacutereacutees des fragments n‟ayant pas incorporeacute de deuteacuteriums sont calculeacutees Il s‟agit ensuite

de proceacuteder de la mecircme maniegravere pour les fragments ayant incorporeacute des deuteacuteriums apregraves

eacutechange Pour la seacuteparation des massifs isotopiques eacutelargis et la deacutetermination de leur masse

moyenne pondeacutereacutee la preacutecision sur la mesure de masse et la reacutesolution de l‟instrument sont

deux critegraveres essentiels Afin de cartographier les eacutechanges isotopiques des hydrogegravenes

d‟amide le choix de spectromegravetres de masse agrave tregraves haute reacutesolution (FT-ICR et Orbitrap) est

116

justifieacute Enfin le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour chaque ion fragment peut ecirctre

deacutetermineacute Il est obtenu en faisant la diffeacuterence entre la masse moyenne pondeacutereacutee d‟un ion

fragment donneacute apregraves eacutechange isotopique avec celle obtenue sans eacutechange et en multipliant

par la charge Le taux de deuteacuteration correspondant est deacuteduit en divisant le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par le nombre d‟hydrogegravenes d‟amide eacutechangeables (multiplieacute par cent)

La repreacutesentation la plus directe des reacutesultats consiste agrave tracer le graphe du nombre total de

deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion fragment en fonction de sa position (numeacutero de reacutesidu)

dans la seacutequence Pour un temps d‟incubation de la proteacuteine dans D2O donneacute deux graphes

peuvent alors ecirctre reacutealiseacutes correspondant agrave l‟analyse des deux seacuteries d‟ions c et z (Fig III 11)

La ligne noire repreacutesente une redistribution statistique dans la seacutequence de tous les deuteacuteriums

incorporeacutes dans la proteacuteine Cette courbe theacuteorique correspond donc agrave l‟incorporation

moyenne en deuteacuteriums pour chaque ion fragment Elle tient compte du contenu maximal de

deuteacuteriums incorporeacutes par la proteacuteine Dans le cas que nous preacutesentons qui correspond agrave un

temps d‟incubation d‟une heure dans D2O la proteacuteine intacte eacutetait marqueacutee agrave 61 Chaque

point de la ligne noire correspond donc agrave une incorporation de 061 deuteacuterium par reacutesidu Les

deacutecrochements de la courbe sont dus agrave la preacutesence de proline dans la seacutequence de la proteacuteine

qui est le seul acide amineacute qui ne possegravede pas de groupement amide N-H de liaison Si notre

expeacuterience avait abouti agrave un reacutearrangement total des deuteacuteriums sur les hydrogegravenes d‟amide le

long de la chaicircne peptidique tous les points expeacuterimentaux en rose et en bleu se situeraient

sur la courbe noire Or ce n‟est pas le cas Par conseacutequence nous pouvons conclure que nous

n‟avons pas de redistribution aleacuteatoire totale des deuteacuteriums avant fragmentation par ECD

117

c-type fragments (N-terminus)

0

5

10

15

20

25

30

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Numeacutero de reacutesidu

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

0

5

10

15

20

25

30

35

40

0 10 20 30 40 50 60

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Fig III 11 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion

fragment en fonction de son numeacutero de reacutesidu pour les seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure

drsquoincubation dans D2O

Une autre maniegravere de repreacutesenter ces reacutesultats est de tracer le nombre de deuteacuteriums par

reacutesidu (et non plus le nombre cumuleacute de deuteacuteriums le long de la seacutequence) (Fig III 12) Ce

nombre est calculeacute en faisant la diffeacuterence du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour deux

ions fragments conseacutecutifs Par exemple si on considegravere l‟extreacutemiteacute N-terminale le nombre

de deuteacuteriums incorporeacutes par le reacutesidu numeacutero dix a eacuteteacute deacutetermineacute en faisant le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par le fragment c10 moins celui du fragment c9 Le taux de deuteacuteration

obtenu pour ce reacutesidu a eacuteteacute de 68 Lorsqu‟il manquait des ions fragments une moyenne

d‟incorporation des deuteacuteriums entre les deux reacutesidus les plus proches a alors eacuteteacute calculeacutee

Dans ce cas la diffeacuterence du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour les deux fragments

correspondants a donc eacuteteacute diviseacutee par le nombre de reacutesidus les seacuteparant Ainsi entre les

reacutesidus 33 et 44 le taux moyen de 70 a eacuteteacute calculeacute en faisant le nombre de deuteacuteriums

incorporeacutes dans c44 moins celui dans c33 diviseacute par 11

118

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Numeacutero de reacutesidu

Fig III 12 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour les

seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure drsquoincubation dans D2O

L‟ensemble des points se situe en dessous de un qui est la valeur maximale de deuteacuteration

attendue correspondant exactement agrave l‟incorporation d‟un deuteacuterium par hydrogegravene d‟amide

Plus le taux de deuteacuteration s‟eacuteloigne de la valeur de un plus la zone correspondante de la

proteacuteine est structureacutee Inversement plus le taux est proche de un moins la proteacuteine est

structureacutee Ces reacutesultats peuvent donc ecirctre exploiteacutes pour obtenir des informations structurales

sur la sous-uniteacute α3 du complexe d‟initiation de la traduction aIF2 chez Sulfolobus

solfataricus Ils ont eacuteteacute reporteacutes sur la structure primaire d‟aIF2α3 dans laquelle des eacuteleacutements

de structure connus (heacutelices feuillets et boucles) ont eacuteteacute indiqueacutes (Fig III 13) Les zones en

bleu caracteacuteriseacutees par une incorporation faible de deuteacuteriums indiquent une zone tregraves

structureacutee de la proteacuteine Le passage de bleu agrave rouge (avec des zones intermeacutediaires en vert

jaune ou orange) montre des segments de la proteacuteine de moins en moins structureacutes

119

Fig III 13 Repreacutesentation scheacutematique sur la structure primaire et secondaire drsquoaIF2α3 du

nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par reacutesidu Ce nombre a eacuteteacute calculeacute agrave partir des taux de

deuteacuteration drsquoions fragments conseacutecutifs ou proches pour les seacuteries c et z apregraves une heure

drsquoincubation de la proteacuteine dans D2O

Malgreacute la diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence apregraves eacutechange HD des

informations de structure sont deacuteduites sur une grande partie de la proteacuteine Une reacutesolution agrave

l‟acide amineacute pregraves est principalement obtenue au niveau des extreacutemiteacutes et dans des zones non

structureacutees de la proteacuteine Notons que la zone pour laquelle agrave la fois des ions c et z sont

obtenus preacutesente une parfaite correacutelation entre nos reacutesultats ce qui constitue une validation

suppleacutementaire de notre approche Neacuteanmoins nous n‟observons pas toujours une tregraves bonne

correacutelation entre les taux d‟incorporation des deuteacuteriums que nous avons calculeacutes et les

eacuteleacutements structuraux proposeacutes par la cristallographie et notamment en ce qui concerne la

zone [20-55] Cette zone qui comprend l‟heacutelice α1 le feuillet β2 et le deacutebut du feuillet β3

correspond agrave la partie de la proteacuteine qui interagit avec la sous-uniteacute γ lorsqu‟il y a formation

du complexe

Il est eacutegalement possible de suivre l‟incorporation de deuteacuteriums dans la proteacuteine entiegravere

ou au niveau des ions fragments au cours du temps en reacutealisant des cineacutetiques d‟eacutechange HD

En faisant varier le temps d‟incubation de la proteacuteine dans D2O il est alors possible

d‟obtenir diffeacuterents points de cineacutetique et donc de tracer une courbe de cineacutetique

d‟incorporation des deuteacuteriums (Fig III 14) Elle nous renseigne sur la vitesse

d‟incorporation des deuteacuteriums dans la proteacuteine et sur le taux de deuteacuteration maximal atteint

120

Dans le cas de la proteacuteine aIF2α3 la vitesse d‟eacutechange HD est tregraves rapide Un plateau est

atteint degraves trente minutes d‟incubation correspondant agrave un marquage maximal d‟environ 66

0

20

40

60

80

100

0 500 1000 1500

d

eu

teri

ation

Time (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

3710242568m1

0018179008279m2

3538122127m3

2287919802m4

NA15165Chisq

NA098423R

Temps (minutes)

Po

urc

enta

ge

de

deu

teacutera

tio

n

Fig III 14 Cineacutetique drsquoincorporation des deuteacuteriums pour la proteacuteine entiegravere

Les vitesses d‟eacutechange pour les diffeacuterents ions fragments peuvent eacutegalement ecirctre traceacutees

(Fig III 15) Une autre maniegravere simple (autre que celle discuteacutee dans III2214) de s‟assurer

qu‟il n‟y a pas eu un reacutearrangement aleacuteatoire total des deuteacuteriums le long de la chaicircne

peptidique est de veacuterifier que les pourcentages de deuteacuteration observeacutes pour les ions

fragments c et z de mecircme taille ne sont pas identiques En effet deux cineacutetiques d‟eacutechange

identiques pour des ions fragments c et z comportant le mecircme nombre d‟hydrogegravenes

eacutechangeables seraient la signature d‟une redistribution aleacuteatoire totale des deuteacuteriums ayant

eu lieu avant la formation de ces ions

0

10

20

30

40

50

60

0 500 1000 1500

c13

2+

d

euteacute

ratio

n

Temps (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

9193319575m1

0053075008066m2

9422930195m3

045244084732m4

NA12581Chisq

NA097786R

0

10

20

30

40

50

60

70

0 500 1000 1500

z13

2+

d

euteacute

ratio

n

Temps (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

1007264506m1

3463903455m2

11624-095451m3

095437m4

NA93538Chisq

NA099061R

Fig III 15 Cineacutetique drsquoincorporation des deuteacuteriums pour les ions fragments c13 et z13

dichargeacutes

121

Nous avons donc geacuteneacutereacute un important jeu de donneacutees par la reacutealisation d‟une cineacutetique

d‟eacutechange HD combineacutee agrave une fragmentation par ECD Nous avons montreacute que notre

approche permettait de limiter la redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums le long de la chaicircne

peptidique en phase gazeuse et d‟obtenir des informations de structure sur une grande partie

de la proteacuteine Neacuteanmoins la comparaison de nos reacutesultats de HDX avec les donneacutees obtenues

par cristallographie montre des diffeacuterences que l‟on peut peut-ecirctre expliquer par le fait que les

donneacutees de cristallographie sont issues du complexe (16) La proteacuteine adopterait une

conformation particuliegravere (en heacutelice et feuillets) lorsqu‟elle serait en interaction avec la sous-

uniteacute γ afin de stabiliser la formation du complexe tandis qu‟en absence de son partenaire

proteacuteique elle resterait deacutestructureacutee Une analyse du sous-complexe aIF2α3γ permettra de

confirmer cette hypothegravese

En conclusion nos reacutesultats sont encourageants mais ils doivent eacutegalement ecirctre ameacutelioreacutes

pour que nous puissions obtenir des cineacutetiques d‟eacutechange HD par acide amineacute pour une

grande partie de la proteacuteine qui nous permettraient de distinguer tregraves nettement des zones

structureacutees de segments deacutesordonneacutes

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ

III2221 Optimisation du protocole drsquoanalyse

La premiegravere eacutetape a consisteacute agrave optimiser les paramegravetres de source et la concentration de

l‟eacutechantillon proteacuteique afin d‟obtenir une bonne intensiteacute du signal sur l‟APEX-Qe Alors que

la proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute analyseacutee agrave la concentration de 57 microM une concentration de 74 microM

apregraves laquo quench raquo et deacutenaturation a eacuteteacute neacutecessaire agrave l‟obtention d‟un spectre de masse aussi

intense que celui qui avait eacuteteacute obtenu pour la proteacuteine seule De plus nous avons reacutegleacute

l‟instrument pour maximiser l‟observation de la sous-uniteacute α3 en particulier via les reacuteglages

du quadripocircle de l‟instrument car nous avions deacutejagrave un jeu de donneacutees sur cette proteacuteine Le

spectre de masse d‟aIF2α3 en complexe avec γ ainsi obtenu est donneacute dans la Fig III 16

122

aIF2a3g_ss_noHD_000003d +MS

0

1

2

3

4

7x10

Intens

200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz

[M+13H]13+

[M+12H]12+

[M+11H]11+

[M+10H]10+

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+7H]7+[M+14H]14+

mz

Intensx107

Fig III 16 Spectre MS drsquoaIF2α3 en complexe avec γ avant eacutechange HDX obtenu sur lrsquoAPEX-

Qe avec maximisation de lrsquointensiteacute de la sous-uniteacute α3

Dans une deuxiegraveme eacutetape les paramegravetres ECD ont eacuteteacute optimiseacutes pour obtenir la plus

grande couverture de seacutequence possible pour la sous-uniteacute α3 en complexe avec γ avant

l‟ajout de l‟eacutetape d‟eacutechange HD Le meilleur pourcentage de couverture de seacutequence obtenu

a eacuteteacute d‟environ 40 avec les paramegravetres suivants une cathode agrave 18 A et une irradiation par

des eacutelectrons de 1 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 35 ms Le spectre ECD correspondant est

donneacute dans la Fig III 17

aIF2a3g_ss_noHD_000005d +MS

0

1

2

3

6x10

Intens

200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 mzmz

Intensx106

Fig III 17 Spectre ECD drsquoaIF2α3 en complexe avec γ avant eacutechange HD enregistreacute sur

lrsquoAPEX-Qe

123

Finalement le complexe a eacuteteacute analyseacute par HDXECD Le protocole de marquage du

complexe aIF2α3γ est identique agrave celui utiliseacute pour la proteacuteine α3 seule Le principe est

rappeleacute dans la Fig III 18 La fragmentation ECD est reacutealiseacutee sur la sous-uniteacute α3 apregraves

diffeacuterents temps d‟incubation du complexe α3γ dans D2O

Fig III 18 Scheacutema de notre protocole optimiseacute pour lrsquoeacutetude de la sous-uniteacute alpha3 en

complexe avec gamma (aIF2α3γ) en HDXMS par analyse laquo top-down raquo ECD

III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD

L‟incorporation des deuteacuteriums dans la proteacuteine aIF2α3 en complexe avec γ a eacuteteacute suivie au

cours du temps et compareacutee agrave celle qui avait eacuteteacute obtenue pour la sous-uniteacute α3 seule (Fig III

19) Les deux courbes de cineacutetique d‟eacutechange HD preacutesentent la mecircme allure Neacuteanmoins

une diffeacuterence notable au niveau du taux maximal de deuteacuteration a eacuteteacute mise en eacutevidence

apregraves association de la proteacuteine En effet lorsque la proteacuteine a eacuteteacute complexeacutee la valeur

maximale atteinte a diminueacute d‟environ 20 passant de 66 (pour la proteacuteine seule) agrave 48

(pour la proteacuteine en complexe) Ce reacutesultat est encourageant dans la mesure ougrave l‟on attend une

baisse de la deuteacuteration pour α3 apregraves son association avec γ En effet une diminution des

vitesses d‟eacutechange HD est attendue dans la zone d‟interaction des deux sous-uniteacutes

124

0

20

40

60

80

100

0 500 1000 1500

Sous uniteacute alpha3 seulSous uniteacute alpha3 en complexe

d

eu

teriatio

n

Time (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

3710242568m1

0018179008279m2

3538122127m3

2287919802m4

NA15165Chisq

NA098423R

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

5657830388m1

00240560048802m2

5050216726m3

5630328684m4

NA43553Chisq

NA091987R

Temps (minutes)

Pourc

enta

ge

de

deu

teacutera

tion

Fig III 19 Cineacutetiques drsquoincorporation des deuteacuteriums pour la sous-uniteacute alpha3 seule

(aIF2α3 courbe en noir) et en complexe avec gamma (aIF2α3γ courbe en rouge)

Nous nous sommes ensuite inteacuteresseacutes aux diffeacuterences locales d‟incorporation des

deuteacuteriums pour la proteacuteine en complexe que nous avons compareacutees agrave celles qui avaient eacuteteacute

obtenues pour la proteacuteine seule (Fig III 12) afin de deacuteterminer la surface d‟interaction Pour

cela nous avons repreacutesenteacute comme nous l‟avions fait pour la proteacuteine seule (III2214) le

nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par fragments en fonction du numeacutero de reacutesidu

correspondant ainsi que le nombre de deuteacuteriums par acide amineacute calculeacute agrave partir des ions des

deux seacuteries c et z Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans les Fig III 20 et Fig III 21

Ainsi nous avons pu constater que nous n‟avions toujours pas de redistribution aleacuteatoire

totale des deuteacuteriums avant fragmentation par ECD car l‟incorporation des deuteacuteriums le long

de la seacutequence ne suit pas la moyenne statistique (Fig III 20)

0

2

4

6

8

10

12

14

0 5 10 15 20 25 30 35

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Numeacutero du reacutesidu

Ions fragments c

Fig III 20 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion c issu

de la fragmentation ECD drsquoaIF2α3 en fonction de son numeacutero de reacutesidu apregraves une heure

drsquoincubation du complexe aIF2α3γ dans D2O

125

De plus en comparant le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour α3 seule

et α3 en complexe avec γ on a pu mettre en eacutevidence des zones de la proteacuteine qui

eacutechangeaient moins rapidement (flegraveches descendantes Fig III 21) dans le cas de

l‟association des sous-uniteacutes Les graphes montrent eacutegalement des segments peptidiques qui

ont un taux d‟eacutechange plus important (flegraveches ascendantes) ou similaire (signes eacutegal) dans la

proteacuteine en complexe par rapport agrave la proteacuteine seule

Nous avons ensuite repreacutesenteacute les diffeacuterences de deuteacuteration obtenues par reacutesidu ou

segment peptidique entre la proteacuteine α3 seule et en complexe avec γ (deacutetermineacutees agrave partir de

Fig III 21) sur la structure tridimensionnelle de la proteacuteine (Fig III 22) afin d‟eacutemettre des

hypothegraveses quant agrave la maniegravere dont les sous-uniteacutes se lient entre elles Les reacutesultats montrent

que l‟ensemble de la proteacuteine semble voir la vitesse d‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide

modifieacutee dans le complexe et qu‟il n‟est pas possible de localiser preacuteciseacutement de surface

d‟interaction On notera en particulier que la reacuteduction de vitesse d‟eacutechange aurait pu donner

la zone de contact par une baisse d‟accessibiliteacute mais que la reacuteduction de la vitesse d‟eacutechange

peut aussi ecirctre lieacutee agrave des changements conformationnels ou agrave des variations de la dynamique

de la sous-uniteacute α3 en complexe avec γ

126

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mbre

de

deu

teacuteri

um

s

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

Fig III 21 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour les

seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure drsquoincubation dans D2O Les reacutesultats obtenus pour la

sous-uniteacute alpha3 seule (aIF2α3 points en noir) sont compareacutes agrave ceux de la sous-uniteacute

alpha3 en complexe avec gamma (aIF2α3γ points en rouge)

Sous-uniteacute 3

N-ter

Heacutelice 2

C-ter

Heacutelice 1

D

Sous-uniteacute

Sous-uniteacute

Fig III 22 Structure tridimensionnelle du complexe aIF2αβγ de S solfataricus obtenu par

cristallographie (16) Zoom sur la sous-uniteacute α3 sur laquelle ont eacuteteacute reporteacutees les diffeacuterences

de deuteacuteration entre la proteacuteine seule et en complexe

127

Nous avons ensuite voulu comparer l‟ETD agrave l‟ECD en termes de sensibiliteacute rapiditeacute et

efficaciteacute de fragmentation avec pour objectif de gagner en reacutesolution spatiale Pour cela nous

avons fragmenteacute en ETD la proteacuteine aIF2α3 et compareacute ces reacutesultats agrave ceux obtenus

auparavant en ECD

III23 Fragmentation par ETD

III231 Spectre de masse

Comme indiqueacute preacuteceacutedemment ces expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse ont eacuteteacute

reacutealiseacutees sur un instrument de type Orbitrap (Fig III 23) Le spectre de masse d‟aIF2α3 a eacuteteacute

obtenu apregraves infusion directe via le systegraveme de seringue refroidie de la proteacuteine agrave la

concentration de 57 microM et apregraves son ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

Fig III 23 Spectre MS drsquoaIF2α3 obtenu sur un spectromegravetre de masse LTQ Orbitrap Velos

apregraves ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes

128

III232 Reacutesultats obtenus en ETD

Nous avons observeacute le mecircme pheacutenomegravene en ETD qu‟en ECD la couverture de seacutequence

obtenue apregraves seacutelection d‟un eacutetat de charge particulier est moins bonne que celle obtenue sans

seacutelection Le problegraveme est que si on peut travailler sans seacutelection sur le FT-ICR ce nest pas

le cas pour lOrbitrap Nous avons eacutegalement constateacute que comme en ECD le nombre d‟ions

fragments deacutetecteacute eacutetait lieacute agrave l‟eacutetat de charge seacutelectionneacute de la proteacuteine mecircme si une meilleure

couverture de seacutequence est obtenue sans seacutelection Il est classiquement observeacute que plus l‟eacutetat

de charge seacutelectionneacute est important meilleure est la fragmentation En ETD comme en ECD

nous avons observeacute que la fragmentation eacutetait meilleure lorsqu‟un eacutetat de charge pair eacutetait

seacutelectionneacute et qu‟elle eacutetait toujours moins bonne pour les eacutetats de charge impairs Nous avons

donc deacutecideacute de fragmenter en ETD deux eacutetats de charge pairs de la proteacuteine correspondant agrave

l‟eacutetat de charge pair le plus eacuteleveacute et agrave celui le plus intense Dans notre cas les eacutetats de charge

14+ et 12+ ont eacuteteacute seacutelectionneacutes (Fig III 23) pour ecirctre ensuite fragmenteacutes (Fig III 24)

L‟eacutetude des reacutesultats de fragmentation de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 12+ a permis

l‟identification de 51 ions fragments correspondant agrave 29 ions c et 22 ions z dont deux paires

d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de

533 (Fig III 24 (a)) L‟analyse du spectre ETD de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 14+ a

quant agrave elle reacuteveacuteleacute la preacutesence de 61 ions fragments correspondant agrave 31 ions c et 30 ions z

dont aucune paire d‟ions compleacutementaires Une meilleure couverture de seacutequence avec un

pourcentage de 663 a ainsi eacuteteacute obtenue (Fig III 24 (b)) Afin d‟optimiser le pourcentage

de couverture de seacutequence de la proteacuteine trois temps d‟activation (10 15 et 25 ms) d‟une

minute chacun ont eacuteteacute testeacutes conseacutecutivement Il est apparu que la combinaison de tous les

scans enregistreacutes pendant ces trois minutes de fragmentation ETD a permis d‟obtenir le

meilleur reacutesultat de recouvrement de seacutequence L‟option laquo supplemental activation raquo a eacuteteacute

utiliseacutee Sur la base de ces reacutesultats nous avons donc choisi de fragmenter l‟eacutetat de charge

14+ apregraves eacutechange avec ces trois temps d‟activation

129

1102001-01_3_110105164919 300-536 RT 349-648 AV 237 NL 254E4T FTMS + p ESI sa Full ms2 86974etd1000 [23000-200000]

300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700

mz

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Re

lative

Ab

un

da

nce

1102001-01_3_110105164919 64-296 RT 048-344 AV 233 NL 257E4T FTMS + p ESI sa Full ms2 74564etd1000 [23000-200000]

300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700

mz

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Re

lative

Ab

un

da

nce

Fig III 24 Spectre ETD de la sous-uniteacute aIF2α3 seule sans eacutechange HD avec seacutelection de

lrsquoeacutetat de charge 12+ (a) et 14+ (b) et leur couverture de seacutequence associeacutee

III233 Reacutesultats en HDXETD

L‟eacutetape suivante a consisteacute agrave combiner les eacutechanges HD et la fragmentation par ETD De

la mecircme maniegravere qu‟en ECD nous avons proceacutedeacute au marquage d‟aIF2α3 pendant un temps

d‟incubation dans D2O d‟une heure

L‟analyse du spectre ETD de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 14+ reacutevegravele eacutegalement apregraves

eacutechange HD une diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence agrave 533 (Fig III

25) au lieu de 663 Nous avons identifieacute au total 49 ions fragments correspondant agrave 25 ions

c et 24 ions z dont aucune paire d‟ions compleacutementaires

(a)

(b)

130

Fig III 25 Couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 apregraves eacutechange HD suivi drsquoune fragmentation

par ETD de lrsquoeacutetat de charge 14+

Le nombre de fragments identifieacutes dans les spectres ETD est leacutegegraverement plus important

que celui obtenu par ECD En revanche apregraves eacutechange HD en ETD comme en ECD une

importante perte de sensibiliteacute est observeacutee reacuteduisant consideacuterablement le pourcentage de

couverture de seacutequence (Fig III 26) Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment pour l‟ECD

une des ameacuteliorations agrave ce problegraveme serait d‟augmenter la dureacutee d‟analyse pour pouvoir

accumuler (ou combiner en ETD) un plus grand nombre de scans MSMS afin de faire sortir

les petits pics du bruit de fond Lagrave ougrave en ECD nous avions utiliseacute la totaliteacute des dix minutes

d‟analyse autoriseacutees avec le systegraveme de seringue refroidie avant que le laquo back-exchange raquo

devienne un problegraveme majeur en ETD en revanche seulement trois minutes de

fragmentation ont eacuteteacute reacutealiseacutees Ces expeacuteriences HDX eacutetant preacuteliminaires il conviendra par la

suite de profiter des dix minutes que nous disposons avec le systegraveme de seringue refroidie

pour reacutealiser la fragmentation ETD

Neacuteanmoins ces reacutesultats nous ont paru encourageants pour lutilisation de lETD plutocirct que

lECD pour ces approches laquo top-down raquo HDX car lETD est disponible sur un nombre de

spectromegravetres de masse bien plus important que lECD qui reste speacutecifique des FT-ICR

131

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

4

5x10

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

z10+

z10+

1102001-02_110111172633 11012011 172634ion transfer tube closed

1102001-02_110111172633 233-453 RT 180-470 AV 221 NL 220E3T FTMS + p ESI sa Full ms2 74973etd1000 [25000-200000]

1080 1085 1090 1095 1100 1105 1110 1115 1120 1125 1130 1135 1140 1145

mz

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

75

80

85

90

95

100

Rela

tive

Abun

danc

e

11206548

11186450

11226640

11046457

1093632811446618

1132659511096422

1137659710876289

11406533

10849925

11256479

1128648611026351

11111505

10896333

11166401

10986460

10951423

Fig III 26 Comparaison des spectres ECD (en rouge) et ETD (en noir) drsquoaIF2α3 apregraves une

heure drsquoincubation de la proteacuteine dans D2O Agrandissements des reacutegions du spectre mz

1080-1150 En bleu le spectre ECD de la proteacuteine sans eacutechange HD

III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats drsquoECD

L‟extraction des donneacutees est reacutealiseacutee agrave partir du logiciel Xcalibur (Thermo Scientific) La

fenecirctre du logiciel peut ecirctre diviseacutee en trois parties correspondant au chromatogramme au

spectre de masse et agrave la liste de pics associeacutes (Fig III 27) Le spectre ETD de l‟ion preacutecurseur

d‟eacutetat de charge 14+ agrave eacuteteacute geacuteneacutereacute agrave partir du chromatogramme Comme nous l‟avons vu

preacuteceacutedemment (III232) il reacutesulte de la combinaison des reacutesultats obtenus pour trois temps

d‟activation (10 15 et 25 ms) et correspond agrave une dureacutee d‟analyse d‟environ trois minutes

Les reacutesultats ETD peuvent eacutegalement ecirctre preacutesenteacutes sous forme d‟une liste de pics associant

chaque rapport mz d‟un ion agrave son abondance relative dans le spectre

132

[M+14H]14+

Fragmentation ETD (10 15 et 25 ms)

1 min temps d‟activation

RT ~3 min

Chromatogramme

Spectre ETDListe

des pics

Fig III 27 Preacutesentation de la fenecirctre du logiciel Xcalibur pour le traitement des spectres

ETD

Les reacutesultats ETD sont analyseacutes de la mecircme maniegravere qu‟en ECD Les ions fragments sont

identifieacutes dans les spectres sans eacutechange et apregraves eacutechange Leur masse moyenne pondeacutereacutee est

ensuite deacutetermineacutee dans les deux conditions (sans eacutechange et apregraves eacutechange) Le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion fragment est calculeacute en faisant la diffeacuterence de ses deux

masses moyennes pondeacutereacutees et en multipliant le reacutesultat par sa charge Le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par reacutesidu est finalement deacuteduit par soustraction du nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par deux ions fragments conseacutecutifs Dans le cas ougrave les ions fragments

ne sont pas conseacutecutifs cette diffeacuterence de deuteacuteriums incorporeacutes est moyenneacutee sur

l‟ensemble des acides amineacutes les seacuteparant Les reacutesultats ETD ont eacuteteacute compareacutes agrave ceux qui

avaient eacuteteacute obtenus par ECD (Fig III 28)

133

0

02

04

06

08

1

12

14

0 10 20 30 40 50Numeacutero de reacutesidu

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

0

02

04

06

08

1

12

14

0 10 20 30 40 50Numeacutero de reacutesidu

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Fig III 28 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute apregraves une

heure drsquoincubation dans D2O Les reacutesultats obtenus en ETD (points en vert) sont compareacutes agrave

ceux obtenus en ECD (points en rose et en bleu respectivement pour les seacuteries drsquoions c et z)

Le taux de deuteacuteration de la proteacuteine entiegravere est de 66 en ECD contre 60 en ETD

Le premier constat agrave l‟issue de l‟analyse des reacutesultats ETD a eacuteteacute l‟obtention de nombres de

deuteacuteriums incorporeacutes supeacuterieurs agrave la valeur maximale attendue (gt 1) pour quelques reacutesidus

Deux hypothegraveses peuvent expliquer ce reacutesultat La premiegravere consiste agrave penser que le lavage

des chaicircnes lateacuterales n‟a pas eacuteteacute total Autrement dit il resterait des deuteacuteriums au niveau des

chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes qui n‟auraient pas eacuteteacute reacute-eacutechangeacutes avant l‟analyse

Cependant nous avons utiliseacute le mecircme protocole de marquage et le mecircme systegraveme

d‟introduction des eacutechantillons pour l‟analyse des eacutechanges isotopiques par ETD par rapport agrave

celle qui avait eacuteteacute reacutealiseacutee en ECD Or de telles valeurs n‟ont pas eacuteteacute obtenues en ECD

Notons ici que dans le cas de l‟analyse des ions z les zones pour lesquelles on obtient des

valeurs anormales en ETD correspondent agrave des reacutegions de la proteacuteine pour lesquelles tregraves peu

134

d‟informations en ECD avaient eacuteteacute extraites (incorporation moyenne de deuteacuteriums sur une

dizaine d‟acides amineacutes) La seconde hypothegravese repose sur le fait qu‟en ETD certains ions

fragments suivis apregraves eacutechange HD n‟auraient pas eacuteteacute correctement attribueacutes Des

expeacuteriences de MSMS sur ces ions fragments (expeacuteriences de MS3) permettraient de

confirmer ou d‟infirmer cette hypothegravese Des essais ont eacuteteacute reacutealiseacutes mais n‟ont

malheureusement pas eacuteteacute concluants La faible intensiteacute des fragments obtenus par MS3 ne

nous a pas permis d‟identifier les ions fragments issus de la MSMS Un problegraveme de fuite au

niveau du montage de seringue refroidie en a eacuteteacute probablement la cause Nous n‟avons pas eu

le temps de reproduire les expeacuteriences

Neacuteanmoins on obtient une relativement bonne correacutelation pour les ions fragments c si on

compare les reacutesultats ETD agrave ceux obtenus en ETD tandis que des diffeacuterences notoires

d‟incorporation des deuteacuteriums par reacutesidu pour les ions fragments z sont observeacutees Les

graphes ne se superposent pas agrave l‟exception de petites zones qui s‟alignent entre elles

III235 Conclusion

Contrairement aux analyses reacutealiseacutees en ECD les expeacuteriences ETD requiegraverent la seacutelection

preacutealable d‟un eacutetat de charge Malgreacute cette contrainte une couverture de seacutequence

leacutegegraverement meilleure a eacuteteacute obtenue en ETD (sans eacutechange et apregraves eacutechange HD) Elle a eacuteteacute

deacuteduite de la combinaison de spectres enregistreacutes pour trois temps d‟activation diffeacuterents (10

15 et 25 ms) correspondant agrave trois minutes de fragmentation au total Les spectres ECD

reacutesultent quant agrave eux de l‟accumulation de scans correspondant agrave la dissociation de la

proteacuteine par un faisceau d‟eacutelectrons d‟eacutenergie cineacutetique et de temps d‟irradiation fixeacutes

pendant dix minutes d‟analyse

Nous avons ensuite deacutecideacute de comparer la fragmentation CID sur des ions preacutecurseurs de

haut eacutetat de charge afin de limiter le laquo scrambling raquo (10) vs les meacutethodes d‟activation par les

eacutelectrons (ECD et ETD)

135

III24 Fragmentation par CID

III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3

III2411 Spectres de masse

La proteacuteine aIF2α3 a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacutee par une approche HDX laquo top-down raquo CID La

premiegravere eacutetape a consisteacute agrave reacutealiser les spectres de masse sans eacutechange et apregraves eacutechange HD

gracircce agrave un instrument de type Q-ToF La proteacuteine deuteacutereacutee a eacuteteacute injecteacutee dans le spectromegravetre

de masse par le systegraveme de seringue refroidie puis ioniseacutee par eacutelectrospray dans des

conditions deacutenaturantes La faible reacutesolution de l‟instrument (Fig III 29) nous a ensuite

obligeacutes agrave veacuterifier les fenecirctres d‟isolation avant la fragmentation par CID Finalement les

eacutenergies de collision ont eacuteteacute optimiseacutees pour chaque eacutetat de charge

Sans eacutechange HD

Apregraves eacutechange HD

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+12H]12+

[M+11H]11+

[M+10H]10+

[M+9H]9+

Fig III 29 Spectres MS drsquoaIF2α3 obtenus sans eacutechange (courbe rouge) et apregraves eacutechange

HD pendant une heure (courbe verte) agrave lrsquoaide drsquoun spectromegravetre de masse Q-ToF Premier

Un agrandissement de lrsquoion preacutecurseur drsquoeacutetat de charge 13+ a eacuteteacute ajouteacute

136

III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID

L‟analyse des spectres CID des ions preacutecurseurs d‟eacutetat de charge 10+ agrave 16+ de la proteacuteine

aIF2α3 dans H2O a permis l‟identification d‟un total de 54 ions fragments correspondant agrave 23

ions b et 31 ions y dont deux paires d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de couverture de

seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 565 (Fig III 30 (a)) Il regroupe l‟ensemble de tous les ions

fragments identifieacutes dans les spectres correspondant agrave la dissociation des diffeacuterents eacutetats de

charge Apregraves incubation de la proteacuteine dans D2O pendant une heure et fragmentation par

CID seulement 20 ions fragments au total ont pu ecirctre suivis correspondant agrave 14 ions b et 6

ions y dont aucune paire d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de la couverture de

seacutequence a ainsi eacuteteacute reacuteduit agrave 217 apregraves eacutechange HD (Fig III 30 (b))

b ions y ions Fig III 30 Pourcentages de couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 sans eacutechange (a) et apregraves

eacutechange HD (b) obtenus par fragmentation CID des ions preacutecurseurs drsquoeacutetat de charge 10+ agrave

16+

La Fig III 31 illustre la complexiteacute du traitement des donneacutees en CID De la mecircme

maniegravere qu‟en ECD ou en ETD l‟analyse a consisteacute agrave deacuteterminer des masses moyennes

pondeacutereacutees d‟ions fragments La reacutesolution relativement faible de l‟instrument ainsi que la

faible abondance de certains ions fragments ont contribueacute agrave la diminution du nombre de

fragments pouvant ecirctre suivis apregraves eacutechange HD Ainsi le fragment b375+

a pu ecirctre interpreacuteteacute

dans les spectres de fragmentation par CID des ions preacutecurseurs 12+ agrave 16+ mais pas dans

ceux des eacutetats de charge 10+ et 11+ (Fig III 31) D‟autres (eg y2+ y3

+ y4

+ hellip) n‟ont pu ecirctre

suivis dans aucun des spectres (Fig III 30)

(a)

(b)

137

b375+[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+16H]16+

[M+11H]11+

[M+13H]13+

Fig III 31 Spectres CID des ions preacutecurseurs drsquoeacutetat de charge 10+ agrave 16+ Agrandissement

(a) de la reacutegion mz 832-852 permettant de suivre le massif isotopique de lrsquoion fragment b375+

dans les diffeacuterents eacutetats de charge et (b) du massif isotopique lui-mecircme dans les eacutetats de

charge 11+ et 13+ pour montrer la complexiteacute de lrsquoanalyse

Nous avons ensuite calculeacute le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par les fragments qu‟il

nous eacutetait possible de suivre apregraves eacutechange HD dans les spectres CID des diffeacuterents eacutetats de

charge Nous avons reporteacute ces valeurs en fonction du numeacutero de reacutesidu dans la seacutequence

(Fig III 32) Rappelons que la ligne noire repreacutesente une redistribution statistique dans la

seacutequence de tous les deuteacuteriums incorporeacutes dans la proteacuteine Il s‟agit donc dune courbe

theacuteorique Elle donne le nombre moyen de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque fragment

calculeacute agrave partir du contenu maximal en deuteacuteriums de la proteacuteine Dans le cas que nous

preacutesentons qui correspond agrave un temps d‟incubation d‟une heure dans D2O la proteacuteine intacte

(a)

(b)

138

eacutetait marqueacutee agrave 57 Chaque point de la ligne noire correspond donc agrave une incorporation de

057 deuteacuterium par reacutesidu

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Courbe theacuteorique

11+

12+

13+

14+

15+

16+

Numeacutero du reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Ions fragments b ( Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

11+

13+15+14+

11+

14+15+

13+

12+

Fig III 32 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion

fragment b issus de la dissociation de lrsquoion preacutecurseur dans les eacutetats de charge 11+ agrave 16+ en

fonction de son numeacutero de reacutesidu La proteacuteine a eacuteteacute incubeacutee pendant une heure dans D2O

avant analyse

A la vue de ces reacutesultats on note que tous les points expeacuterimentaux ne sont pas aligneacutes sur

la courbe theacuteorique Par conseacutequent nous pouvons conclure de ce premier constat que nos

expeacuteriences HDXCID ne semblent pas aboutir agrave un reacutearrangement aleacuteatoire total des

deuteacuteriums le long de la chaicircne peptidique On remarque eacutegalement que les points

correspondant agrave la fragmentation du plus petit eacutetat de charge le 11+ (points en rouge sur la

Fig III 32) sont effectivement les plus proches de la redistribution totale des deuteacuteriums

Ainsi il semble reacuteellement y avoir un rapport entre le taux de redistribution HD et leacutetat de

charge du preacutecurseur Neacuteanmoins il est curieux dobserver que cest lion chargeacute 13+ qui

conduit aux ions fragments les plus eacuteloigneacutes de cette redistribution totale

Nous avons ici voulu reproduire les expeacuteriences HDXCID meneacutees tregraves reacutecemment par

l‟eacutequipe d‟I Kaltashov (10) sur notre systegraveme d‟eacutetude Ils ont montreacute qu‟il eacutetait possible

d‟analyser les eacutechanges isotopiques HD au sein des proteacuteines par une approche laquo top-down raquo

associeacutee agrave une activation collisionnelle (CID) En effet la seacutelection et la dissociation d‟ions

139

proteacuteiques de hauts eacutetats de charge limiteraient le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Or dans son

article I Kaltashov n‟a consideacutereacute qu‟un seul fragment le b19 pour en arriver agrave cette

conclusion Il ne s‟est donc inteacuteresseacute qu‟aux reacutesultats contenus sur une verticale du graphe

Dans notre cas si on se place au niveau des deux verticales que nous avons traceacutees sur la Fig

III 32 nos reacutesultats sont coheacuterents avec ceux de l‟article En revanche la discrimination nette

entre les grands et les petits eacutetats de charge n‟est pas toujours eacutevidente et parfois les reacutesultats

contredisent ceux obtenus par I Kaltashov

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines

Pour rendre l‟eacutetude du pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo plus facile agrave mettre en eacutevidence

l‟article de I Kaltashov (10) se basait sur l‟utilisation d‟une eacutetiquette poly-histidines placeacutee agrave

l‟extreacutemiteacute soit N- soit C-terminale de la proteacuteine qu‟ils ont eacutetudieacutee L‟inteacuterecirct eacutetait que ces

segments sont connus comme eacutetant non structureacutes et qu‟on peut par conseacutequent preacutedire que la

vitesse d‟eacutechange y sera maximale par rapport agrave la partie structureacutee de la proteacuteine Dans le

cadre de leurs expeacuteriences la proteacuteine est initialement totalement marqueacutee par des deuteacuteriums

par dissolution dans du D2O et l‟incubation se fait en conditions natives apregraves dilution dans un

tampon H2O 10 mM aceacutetate d‟ammonium De ce fait on attend une perte rapide de la

deuteacuteration sur l‟extreacutemiteacute poly-histidines des proteacuteines Ils observent ainsi (Fig III 33) que

l‟activation par CID conduit agrave un laquo scrambling raquo important pour les eacutetats de charge faibles (9+

agrave 11+) alors qu‟il est nettement reacuteduit pour les eacutetats de charge 14+ agrave 20+

Nous avons souhaiteacute construire un systegraveme eacutequivalent pour notre proteacuteine aIF2α3 afin de

voir si nous aussi en CID pouvions mettre en eacutevidence la preacutesence de laquo scrambling raquo ou non

Pour cela nous avons construit un mutant de la proteacuteine aIF2α3 et l‟avons exprimeacute en

collaboration avec le Laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole Polytechnique La seacutequence de ce

mutant est donneacutee sur la Fig III 34

140

22 D

11 D

Avec Redistribution des D

Sans redistribution des D

Segment non structureacute de 21 acides amineacutes

Fig III 33 Nombre moyen de deuteacuteriums pour le fragment b19 en fonction de lrsquoeacutetat de charge

de lrsquoion preacutecurseur Les lignes horizontales en gris indiquent le nombre moyen de deuteacuteriums

calculeacute dans le cas drsquoune redistribution aleacuteatoire totale des hydrogegravenes et deuteacuteriums labiles

au sein de lrsquoion preacutecurseur avant la dissociation (en haut) et dans le cas de lrsquoabsence de

pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo (en bas)

Fig III 34 Seacutequence drsquoaIF2α3 comportant lrsquoeacutetiquette poly-histidines (acides amineacutes en vert)

En rose les fragments eacutetudieacutes par HDXCID

Notons degraves maintenant qu‟il nous eacutetait impossible de reproduire exactement l‟expeacuterience

d‟I Kaltashov avec notre proteacuteine en effet elle est instable dans des conditions non-salines

et ne peut ecirctre lyophiliseacutee Par conseacutequent il sera neacutecessaire de proceacuteder par un double

eacutechange tel que fait jusqu‟agrave preacutesent ie commencer par diluer la proteacuteine dans une solution

D2O NaCl 330 mM puis arrecircter l‟eacutechange par une dilution frac12 dans une solution H2O acide

formique 2 avant de proceacuteder au dessalage sur colonne De ce fait on ne profite plus de

l‟aspect deacutestructureacute de la chaicircne poly-histidines (qui sera rapidement deuteacutereacutee dans l‟eacutetape

d‟eacutechange) mais de la grande vitesse de reacute-eacutechange de la chaicircne poly-histidines une fois celle-

ci placeacutee en condition d‟arrecirct tel qu‟observeacute sur les peptides de T Joslashrgensen au Chap II On

peut consideacuterer que l‟eacutechange inverse (laquo back-exchange raquo) sera de la mecircme faccedilon que pour le

141

peptide P1 (HHHHHHIIKIIK) nettement plus rapide sur la partie poly-histidines que sur le

reste de la seacutequence proteacuteique

Nous avons ensuite eacutetudieacute par HDXCID les fragments b2-10 correspondant aux fragments

situeacutes dans l‟eacutetiquette poly-histidines (en vert sur Fig III 34) ainsi que les fragments

communs avec ceux de la proteacuteine sans poly-histidines soit les fragments b21-22 et b28

correspondant aux fragments b9-10 et b16 de la proteacuteine sans eacutetiquette poly-histidines Les

reacutesultats obtenus sont preacutesenteacutes dans la Fig III 35 Ils sont compareacutes agrave ceux de la Fig III 32

0

2

4

6

8

10

12

14

16

0 5 10 15 20 25 30

Courbe theacuteorique

17+

16+

15+

14+

13+17+

14+

16+15+

17+

14+

16+

15+

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Numeacutero du reacutesidu

Fig III 35 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums contenus dans les ions b issus de la

fragmentation de lrsquoion preacutecurseur dans les eacutetats de charge 13+ agrave 17+ en fonction de leur

position dans la seacutequence (numeacutero de reacutesidu) La proteacuteine laquo taggeacutee raquo a eacuteteacute incubeacutee pendant

une heure dans D2O Son analyse en MS reacutevegravele un pourcentage de deuteacuteration de 57

On constate tout d‟abord que les fragments b2 agrave b10 preacutesentent un taux de deuteacuteration

largement infeacuterieur (jusqu‟agrave 2 D d‟eacutecart pour b10) agrave la courbe de laquo scrambling raquo complet Ceci

montre deux choses Le premier reacutesultat est que le laquo scrambling raquo est tregraves loin d‟ecirctre total sur

cette reacutegion Par conseacutequent mecircme en cas de laquo scrambling raquo partiel ce reacutesultat ne peut ecirctre

obtenu que si la deuteacuteration locale est tregraves infeacuterieure agrave la moyenne sur lensemble de la

proteacuteine On peut donc en deacuteduire ce second reacutesultat comme nous lavions espeacutereacute un laquo back-

exchange raquo rapide des hydrogegravenes damide des histidines a bien eu lieu On ne peut pas par

contre savoir si ce laquo back-exchange raquo a eacuteteacute total ou pas On note par ailleurs que dans cette

142

partie de la proteacuteine l‟eacutetat de charge ne semble pas jouer un rocircle important sur la deuteacuteration

nettement moins en tout cas que les effets observeacutes pour la proteacuteine sans eacutetiquette

Si on s‟inteacuteresse maintenant aux fragments b21-22 et b28 on constate une dispersion des

niveaux de deuteacuteration nettement reacuteduite par rapport agrave celle de la proteacuteine non-marqueacutee et en

tout cas sans aucune rupture brutale similaire agrave celle preacutesenteacutee dans l‟article d‟I Kaltashov Il

est par contre difficile de comparer un agrave un les niveaux de deuteacuteration car on ne connaicirct pas a

priori le niveau de deuteacuteration restant sur la partie poly-histidines Toutefois on notera

qu‟entre les fragments b22 et b28 de la proteacuteine portant un His-tag on a 35 D de diffeacuterence On

retrouve une diffeacuterence similaire entre les fragments b10 et b16 de la proteacuteine portant un His-

tag

Pour compleacuteter ce travail il nous manque un eacuteleacutement qui est la veacuterification du taux reacuteel de

deuteacuteration sur la partie poly-histidines Ce travail reste agrave faire avec un suivi par ECD en

faisant l‟hypothegravese d‟une absence de laquo scrambling raquo dans ce cas

Mais au final une tendance nette semble neacuteanmoins se deacutegager dans une approche laquo top-

down raquo l‟activation par CID ne conduit pas neacutecessairement agrave un laquo scrambling raquo total des

deuteacuteriums d‟amide au moins dans certaines conditions L‟article d‟I Kaltashov semble avoir

identifieacute l‟eacutetat de charge comme eacutetant un facteur Dans notre cas l‟eacutetat de charge ne semble

pas jouer un rocircle aussi marqueacute Mais il faut noter d‟une part que l‟article d‟I Kaltashov

comme notre approche avec le His-tag n‟ont regardeacute le laquo scrambling raquo qu‟au niveau des

extreacutemiteacutes de la proteacuteine et d‟autre part que dans les deux cas un laquo scrambling raquo partiel

semble observeacute puisqu‟il reste une fraction de deuteacuteriums au niveau de l‟extreacutemiteacute

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en

eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse

Les expeacuteriences sont difficilement reproductibles par une mecircme technique ce qui

complique la comparaison entre les diffeacuterentes meacutethodes Plusieurs raisons permettent

d‟expliquer ce fait Tout d‟abord il est tregraves difficile d‟obtenir le mecircme pourcentage initial de

deuteacuteration pour la proteacuteine entiegravere De plus l‟efficaciteacute de fragmentation varie en fonction du

de l‟instrument mais aussi en fonction du temps pour un mecircme instrument N‟oublions pas de

mentionner eacutegalement les problegravemes techniques que nous avons rencontreacutes qui sont lieacutes au

143

montage de seringue refroidie et qui concernent la fuite du systegraveme Un autre fait surprenant

est que nous ne sommes pas parvenus apregraves des temps longs d‟incubation dans D2O agrave un

maximum de deuteacuteration pour la proteacuteine entiegravere proche des 90-95 deacutecrits dans la

litteacuterature En effet le taux maximal de deuteacuteration obtenu pour aIF2α3 si on se reacutefegravere au

laquo fit raquo de double exponentielle de sa cineacutetique d‟incorporation des deuteacuteriums (Fig III 14) a

eacuteteacute de 66 seulement A partir de ce constat deux hypothegraveses peuvent ecirctre formuleacutees

- nous ne sommes pas arriveacutes au bout de la cineacutetique d‟eacutechange de la proteacuteine Dans ce cas

des temps d‟incubation dans D2O plus longs seraient neacutecessaires pour que les hydrogegravenes

d‟amide qui preacutesentent des vitesses d‟eacutechange tregraves lentes finissent par s‟eacutechanger Le laquo fit raquo

de la cineacutetique serait alors agrave revoir

- d‟importantes pertes de deuteacuteriums sont enregistreacutees ce qui n‟est pas souhaitable et pose

le problegraveme de l‟interpreacutetation des reacutesultats

Afin de deacutepartager ces deux hypothegraveses et ainsi de mieux comprendre le sens de nos

reacutesultats nous avons deacutecideacute de deacuteterminer la valeur maximale de reacutefeacuterence ie le taux

maximal de deuteacuteration pour la proteacuteine aIF2α3 Pour cela la proteacuteine a eacuteteacute analyseacutee avec le

mecircme protocole qui a eacuteteacute deacutecrit dans la Fig III 5 agrave l‟exception pregraves qu‟elle a eacuteteacute initialement

placeacutee dans des conditions deacutenaturantes et non plus natives

Afin de deacuteterminer le taux maximal de deuteacuteration de la proteacuteine aIF2α3 nous avons donc

deacutecideacute de la deacutenaturer avec du chlorure de guanidinium preacutealablement agrave l‟analyse HDXMS

Il a eacuteteacute montreacute que ce composeacute chaotropique utiliseacute agrave forte concentration eacutetait capable de

deacutenaturer totalement les proteacuteines (17) ce qui rendrait tous les hydrogegravenes d‟amide

accessibles agrave l‟eacutechange

La proteacuteine aIF2α3 a donc eacuteteacute incubeacutee dans une solution de chlorure de guanidinium agrave 3 M

dans D2O agrave 50degC sous agitation pendant 24 heures Puis elle a eacuteteacute analyseacutee en MS afin de

calculer son taux de deuteacuteration Malheureusement aucun signal n‟a eacuteteacute deacutetecteacute indiquant

que la proteacuteine a eacuteteacute deacutegradeacutee ou a preacutecipiteacute suite au traitement chimique La seacutequence de la

proteacuteine aIF2α3 ne comportant que tregraves peu d‟acides amineacutes aromatiques (seulement trois

tyrosines) n‟a pas permis la mesure de la concentration de l‟eacutechantillon par

spectrophotomeacutetrie UV agrave 280 nm Par ailleurs la solution de chlorure de guanidinium quant

agrave elle absorbe agrave la longueur donde utiliseacutee pour les proteacuteines

144

Dans le but de tester si le traitement chimique pour la deacutenaturation deacutegrade la proteacuteine

nous avons deacutecideacute de reacutealiser un gel SDS-PAGE 16 permettant de tester la preacutesence

d‟aIF2α3 (10 kDa) Nous avons eacutegalement souhaiteacute tester si c‟est l‟eacutetape de dessalage qui

conduit agrave la perte de la proteacuteine Pour cela un autre eacutechantillon traiteacute mais non dessaleacute agrave eacuteteacute

preacutepareacute Malheureusement les eacutechantillons sont si visqueux qu‟il est impossible de les

deacuteposer L‟origine de cette viscositeacute n‟est pas tregraves claire neacuteanmoins un temps d‟incubation de

24 heures dans le chlorure de guanidinium semble trop long

Nous avons donc reacutealiseacute d‟autres tests dans des conditions diffeacuterentes afin de deacuteterminer le

temps maximal d‟incubation dans le chlorure de guanidinium pour lequel la proteacuteine n‟est pas

deacutegradeacutee Diffeacuterents temps d‟incubation ont eacuteteacute testeacutes t0=0s t=5h et t=24h Pour chaque

temps d‟incubation le premier eacutechantillon proteacuteique n‟a pas eacuteteacute dessaleacute tandis que le second

l‟a eacuteteacute (Fig III 36) Dans le cas ougrave une eacutetape de dessalage a eacuteteacute reacutealiseacutee (puits 4 6 et 8) la

solution d‟eacutelution correspondant agrave la proteacuteine dans H2OACNAF (49492) a eacuteteacute eacutevaporeacutee

par SpeedVac pour ecirctre ensuite resuspendue dans H2O afin de faciliter son deacutepocirct sur gel apregraves

ajout du tampon Laemmli Sans dessalage la proteacuteine traiteacutee au chlorure de guanidinium est

dilueacutee dans H2OAF2 afin de mimer l‟eacutetape d‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange (Fig III 5)

Les eacutechantillons non dessaleacutes sont ensuite preacutepareacutes avec du tampon Laemmli Neacuteanmoins agrave

l‟issue du meacutelange avec le tampon les eacutechantillons ont preacutecipiteacute empecircchant leur deacutepocirct preacutevu

dans les puits 3 5 et 7 Ce qui explique l‟absence de bandes dans ces puits et donc l‟absence

de proteacuteine Un marqueur de poids moleacuteculaire a eacuteteacute deacuteposeacute dans le premier puits Il s‟agit

d‟un meacutelange de proteacuteines de reacutefeacuterence dont la taille est connue servant agrave estimer la taille des

moleacutecules d‟inteacuterecirct Un teacutemoin positif a eacuteteacute deacuteposeacute dans le deuxiegraveme et dernier puits Il est

constitueacute de la proteacuteine aIF2α3 n‟ayant pas subi de traitement chimique ni de dessalage Une

bande intense autour de 10 kDa est observeacutee dans ces deux puits teacutemoignant de la preacutesence de

la proteacuteine Une mecircme quantiteacute de mateacuteriel (18 microg) a eacuteteacute deacuteposeacutee dans tous les puits lorsque

le deacutepocirct eacutetait possible

145

Marqueurα3H2O

α3G3M agrave t0

sans incubation

avec dessalage

α3G3M

avec incubation de 5h

et dessalage

α3G3M avec

incubation de 24h

et dessalage

α3H2O

Jour + 1

1 2 3 4 5 6 7 8 9

18 microg 18 microg 18 microg 18 microg 18 microg

10 kDa

Fig III 36 Image du gel SDS-PAGE 16 La proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute deacutenatureacutee apregraves

diffeacuterents temps drsquoincubation dans une solution de chlorure de guanidinium agrave 3 M Pour

chaque temps drsquoincubation deux eacutechantillons sont testeacutes sans et avec lrsquoeacutetape de dessalage

La proteacuteine aIF2α3 est preacutesente dans les puits 4 et 6 alors qu‟elle a subi le traitement

chimique avec le chlorure de guanidinium et l‟eacutetape de dessalage mais elle n‟est pas retrouveacutee

dans le puits 8 Pourtant dans ce cas lagrave elle a aussi eacuteteacute traiteacutee par le chlorure de guanidinium

mais pendant un temps beaucoup plus long (24 heures) et dessaleacutee

Par conseacutequent on peut conclure que c‟est le temps du traitement chimique (incubation

dans une solution de chlorure de guanidinium 3 M agrave 50degC sous agitation) qui est critique

dans le maintien de l‟inteacutegriteacute de la proteacuteine En effet la proteacuteine aIF2α3 est deacutegradeacutee suite agrave

une incubation pendant une dureacutee de vingt-quatre heures tandis qu‟elle est toujours preacutesente

pour un temps d‟incubation infeacuterieur ou eacutegal agrave cinq heures

Le taux de deuteacuteration maximal de la proteacuteine aIF2α3 a donc eacuteteacute deacutetermineacute par

spectromeacutetrie de masse apregraves deacutenaturation de la proteacuteine dans une solution de chlorure de

guanidinium 3 M preacutepareacutee dans du D2O Les temps d‟incubation t=1h et t=5h ont eacuteteacute testeacutes

(Tab III 1)

Nous obtenons des pourcentages de deuteacuteration leacutegegraverement plus eacuteleveacutes dans le cas d‟une

deacutenaturation de la proteacuteine pendant des temps d‟une heure et cinq heures (73) par rapport agrave

une incubation classique dans D2O (66) Afin de s‟assurer que la proteacuteine a bien eacuteteacute

deacutenatureacutee par le traitement chimique d‟autres conditions ont eacuteteacute testeacutees tempeacuterature

146

d‟incubation de 95degC concentration en chlorure de guanidinium de 6 M Les reacutesultats sont

preacutesenteacutes dans le Tab III 2 Malgreacute diffeacuterentes conditions de deacutenaturation testeacutees nous

n‟obtenons pas de pourcentage de deuteacuteration proche de la limite supeacuterieure de 875 donneacutee

par la dilution agrave 18 de la solution H2O dans du D2O

Tab III 1 Taux de deuteacuteration maximal dans des conditions natives (0 M de deacutenaturant) et

deacutenaturantes (3 M de deacutenaturant) La proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute incubeacutee soit dans un tampon

NaCl 330 mMD2O (conditions natives) soit dans une solution de chlorure de guanidinium 3

MD2O (conditions deacutenaturantes) pendant des temps variables Elle a ensuite eacuteteacute dessaleacutee

avant drsquoecirctre analyseacutee par MS La valeur de reacutefeacuterence (66) obtenue dans des conditions

natives est indiqueacutee Une valeur moyenne (triplicats) a eacuteteacute calculeacutee dans les diffeacuterentes

conditions deacutenaturantes

Concentration

du deacutenaturant 0 M 3 M 3 M

Conditions

drsquoincubation 1 h

37degC 600 rpm 1 h

50degC 700 rpm 5 h

50degC 700 rpm

Taux de

deuteacuteration 66 73 73

Tab III 2 Taux de deuteacuteration maximal dans des conditions deacutenaturantes La proteacuteine

aIF2α3 a eacuteteacute incubeacutee dans une solution de chlorure de guanidiniumD2O dans diffeacuterentes

conditions Elle a ensuite eacuteteacute dessaleacutee avant drsquoecirctre analyseacutee par MS Une valeur moyenne

(triplicats) a eacuteteacute calculeacutee dans les diffeacuterentes conditions

Concentration

du deacutenaturant 3 M 6 M

Conditions

drsquoincubation 5 min

95degC 700 rpm 1 h

50degC 700 rpm Taux de

deuteacuteration 70 72

En reconsideacuterant donc les deux hypothegraveses formuleacutees preacuteceacutedemment il semblerait que le

pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse soit important dans nos conditions expeacuterimentales Il a lieu en

solution avant l‟analyse finale en MS lors de la preacuteparation des eacutechantillons (eacutetape de

dessalage) et au cours de leur introduction dans le spectromegravetre de masse avec le systegraveme de

seringue refroidie utiliseacute

Afin de mettre en eacutevidence l‟influence de l‟eacutetape de dessalage sur l‟eacutechange inverse nous

avons mesureacute les pourcentages de deuteacuteration de peptide et proteacuteine modegraveles complegravetement

deuteacutereacutes avec notre systegraveme de seringue refroidie La substance P (peptide de onze reacutesidus) a

donc eacuteteacute incubeacutee dans une solution ACND2O (7525) pendant une heure agrave 37degC sous

agitation La reacuteaction d‟eacutechange a eacuteteacute arrecircteacutee par diminution du pH et de la tempeacuterature puis

147

le peptide totalement marqueacute a eacuteteacute dilueacute dans H2OACNAF (49492) afin d‟ecirctre analyseacute par

MS L‟expeacuterience a eacuteteacute reconduite une seconde fois mais en incluant l‟eacutetape de dessalage

avant l‟analyse par MS Sur le FT-ICR les pourcentages moyens (triplicats) de deuteacuteration

obtenus sont les suivants 914 sans l‟eacutetape de dessalage et 77 avec l‟eacutetape de dessalage

Sur le Q-TOF le taux maximum sans dessalage n‟atteint que 856 indiquant que c‟est bien

l‟introduction dans la source qui conduisait agrave un accroissement du laquo back-exchange raquo sur

celui-ci Il semblerait que l‟eacutetape de dessalage conduise agrave une perte d‟environ 15 de la

totaliteacute du marquage pour les peptides Il convient de noter que ces expeacuteriences ont eacuteteacute

reacutealiseacutees directement agrave partir de la poudre donc sans dilution initiale Par conseacutequent si on

considegravere les 77 de deuteacuteration obtenus apregraves dessalage appliqueacutes sur une solution agrave 875

de deuteacuteriums on trouve un maximum de deuteacuteration de 67 soit assez proche des 72-73

obtenus apregraves deacutenaturation complegravete

III4 Conclusion

Nos reacutesultats montrent qu‟il est possible deacuteviter une redistribution des deuteacuteriums dans la

seacutequence polypeptidique au moment de la fragmentation en phase gazeuse de proteacuteines par

approches laquo top-down raquo L‟ECD et l‟ETD semblent preacutesenter une bonne capaciteacute agrave garder la

localisation initiale des deuteacuteriums Dans le cas de l‟activation par CID nos reacutesultats

rejoignent ceux de la litteacuterature en restant incertains il ne nous a pas eacuteteacute possible ni de

montrer l‟absence de laquo scrambling raquo ni de montrer un laquo scrambling raquo complet tombant ainsi

dans une zone intermeacutediaire ougrave les paramegravetres controcirclant l‟extensiviteacute du laquo scrambling raquo

restent incertains

Un autre enseignement de cette partie est qu‟un des problegravemes majeurs de notre approche

est leacutechange inverse qui a lieu en solution avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Ce

pheacutenomegravene est accentueacute dans notre cas par lobligation que nous avons deffectuer une eacutetape

de dessalage des proteacuteines avant leur analyse et la difficulteacute agrave savoir ce qui relegraveve de cette

eacutetape ou de la source dionisation Un autre problegraveme lieacute agrave celui-lagrave est quil est difficile

daccumuler un grand nombre de spectres car au bout dune dizaine de minutes leacutechange

inverse est devenu trop important

Dans ce contexte et avec lideacutee de controcircler beaucoup mieux leacutechange inverse nous avons

deacutecideacute de deacutevelopper un systegraveme d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le

148

spectromegravetre de masse complegravetement nouveau baseacute sur l‟utilisation d‟une enceinte isoleacutee

refroidie permettant de stocker les eacutechantillons agrave tregraves basse tempeacuterature ce qui eacutevite le

deacutemarquage pendant des temps longs et permet eacutegalement de travailler avec des deacutebits

faibles Le deacuteveloppement de cette laquo cryosource raquo et les premiers reacutesultats obtenus en

lutilisant font lobjet du dernier chapitre de cette thegravese

149

III5 Bibliographie

1 Wang L and Smith D L (2003) Downsizing improves sensitivity 100-fold for

hydrogen exchange-mass spectrometry Anal Biochem 314 46-53

2 Kaltashov I A and Eyles S J (2002) Crossing the phase boundary to study protein

dynamics and function combination of amide hydrogen exchange in solution and ion

fragmentation in the gas phase J Mass Spectrom 37 557-565

3 Hamuro Y Tomasso J C and Coales S J (2008) A simple test to detect

hydrogendeuterium scrambling during gas-phase peptide fragmentation Anal Chem

80 6785-6790

4 Rand K D Zehl M Jensen O N and Jorgensen T J (2009) Protein hydrogen

exchange measured at single-residue resolution by electron transfer dissociation mass

spectrometry Anal Chem 81 5577-5584

5 Landgraf R R Chalmers M J and Griffin P R (2012) Automated

hydrogendeuterium exchange electron transfer dissociation high resolution mass

spectrometry measured at single-amide resolution J Am Soc Mass Spectrom 23 301-

309

6 Pan J Han J Borchers C H and Konermann L (2009) Hydrogendeuterium

exchange mass spectrometry with top-down electron capture dissociation for

characterizing structural transitions of a 17 kDa protein J Am Chem Soc 131 12801-

12808

7 Pan J Han J Borchers C H and Konermann L (2010) Characterizing short-lived

protein folding intermediates by top-down hydrogen exchange mass spectrometry

Anal Chem 82 8591-8597

8 Pan J Han J Borchers C H and Konermann L (2008) Electron capture

dissociation of electrosprayed protein ions for spatially resolved hydrogen exchange

measurements J Am Chem Soc 130 11574-11575

9 Abzalimov R R Kaplan D A Easterling M L and Kaltashov I A (2009)

Protein conformations can be probed in top-down HDX MS experiments utilizing

electron transfer dissociation of protein ions without hydrogen scrambling J Am Soc

Mass Spectrom 20 1514-1517

10 Abzalimov R R and Kaltashov I A (2010) Controlling hydrogen scrambling in

multiply charged protein ions during collisional activation implications for top-down

hydrogendeuterium exchange MS utilizing collisional activation in the gas phase

Anal Chem 82 942-950

11 Rand K D Adams C M Zubarev R A and Jorgensen T J (2008) Electron

capture dissociation proceeds with a low degree of intramolecular migration of peptide

amide hydrogens J Am Chem Soc 130 1341-1349

12 Zehl M Rand K D Jensen O N and Jorgensen T J (2008) Electron transfer

dissociation facilitates the measurement of deuterium incorporation into selectively

labeled peptides with single residue resolution J Am Chem Soc 130 17453-17459

13 Kaltashov I A Bobst C E and Abzalimov R R (2009) HD exchange and mass

spectrometry in the studies of protein conformation and dynamics is there a need for a

top-down approach Anal Chem 81 7892-7899

14 Sterling H J and Williams E R (2010) Real-Time HydrogenDeuterium Exchange

Kinetics via Supercharged Electrospray Ionization Tandem Mass Spectrometry

Analytical Chemistry 82 9050-9057

15 Duchateau M (2010) Deacutetermination de surface dinteraction dassemblages

biologiques macromoleacuteculaires par marquage au deuteacuterium et analyse par

spectromeacutetrie de masse FT-ICR

150

16 Yatime L Mechulam Y Blanquet S and Schmitt E (2007) Structure of an

archaeal heterotrimeric initiation factor 2 reveals a nucleotide state between the GTP

and the GDP states P Natl Acad Sci USA 104 18445-18450

17 Tanford C (1968) Protein denaturation Adv Protein Chem 23 121-282

151

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source

refroidie

152

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source refroidie 151

IV1 Echange inverse 153

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction 155

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo 156 IV22 Avec une approche laquo top-down raquo 158

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection 165

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo 166 IV32 Mateacuteriel et meacutethodes 166

IV321 Instrumentation 166

IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes 168

IV33 Reacutesultats 169 IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine 169

IV3311 Reacutealisation de la maquette 169

IV3312 Reacutealisation des prototypes 169

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides 174

IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK 175

IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK 175

IV33221 Deacutetermination du temps d‟incubation pour le deacutemarquage seacutelectif 176

IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo 179

IV3323 Cas du peptide GluF 186

IV34 Conclusion 187

IV4 Bibliographie 189

153

IV1 Echange inverse

Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment dans la partie introductive l‟association des

eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium en solution avec la spectromeacutetrie de masse

(HDXMS) est devenue une meacutethode de choix pour obtenir des informations sur la structure

tridimensionnelle d‟une proteacuteine ou sur son changement de conformation induit par la fixation

d‟un ligand ou d‟un partenaire proteacuteique Neacuteanmoins cette approche souffre de deux

limitations importantes (i) l‟eacutechange inverse ou laquo back-exchange raquo qui peut avoir lieu en

solution agrave diffeacuterentes eacutetapes de l‟expeacuterience et (ii) la migration intramoleacuteculaire des protons

et des deuteacuterons ou laquo scrambling raquo qui peut se deacuterouler en phase gazeuse particuliegraverement

au cours d‟expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS) Ces deux processus

doivent ecirctre minimiseacutes pour obtenir des reacutesultats interpreacutetables Nous avons vu dans le Chap

II que la minimisation du laquo scrambling raquo neacutecessitait une optimisation minutieuse et speacutecifique

des potentiels de la source d‟ionisation et des optiques de transfert ionique afin de rendre

minimale l‟excitation vibrationnelle des ions peptidiques deuteacutereacutes Les paramegravetres

instrumentaux ne peuvent neacuteanmoins pas ecirctre directement transfeacutereacutes d‟un instrument agrave un

autre Il convient donc d‟optimiser individuellement les diffeacuterents reacuteglages de l‟instrument

quand on en change pour eacuteviter la redistribution aleacuteatoire des hydrogegravenes et deuteacuteriums Cela

peut ecirctre commodeacutement reacutealiseacute par l‟utilisation de peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes

servant de sonde du laquo scrambling raquo pendant la fragmentation ECD ou ETD (1-3)

Ce dernier chapitre de ma thegravese est consacreacute agrave la minimisation du laquo back-exchange raquo lors

d‟expeacuteriences HDXMS En effet l‟eacutechange inverse reste et demeure une neacutecessiteacute mais

eacutegalement un problegraveme seacuterieux inheacuterent agrave la technique HDX Il conduit agrave une variation du

nombre de deuteacuteriums entre l‟eacutetape de marquage et l‟analyse finale par spectromeacutetrie de

masse En geacuteneacuteral cette variation prend la forme d‟une perte de deuteacuteration apregraves eacutechange

en solution deuteacutereacutee la reacuteaction d‟eacutechange sur les hydrogegravenes d‟amide est fortement ralentie

mais pas totalement arrecircteacutee par passage en conditions acides (pH 25) et agrave tempeacuterature reacuteduite

(0degC) geacuteneacuteralement dans un solvant majoritairement hydrogeacuteneacute Par conseacutequent ce laquo back-

exchange raquo peut avoir lieu lors des eacutetapes de preacuteparation de l‟eacutechantillon (digestion

dessalage concentration seacuteparationhellip) jusqu‟agrave son injection dans le spectromegravetre de masse

et son ionisation en phase gazeuse Ce pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse est neacutecessaire pour

assurer un retour des hydrogegravenes porteacutes par les chaicircnes lateacuterales sous forme hydrogeacuteneacutee mais

doit ecirctre controcircleacute pour maintenir en place le plus grand nombre possible des deuteacuteriums en

position amide pendant le temps neacutecessaire agrave l‟analyse

154

La maniegravere la plus simple de minimiser l‟eacutechange inverse est de maintenir un pH ougrave

l‟eacutechange est minimal et de rester agrave froid (Fig I 11) Comme nous l‟avons vu

preacuteceacutedemment le pH et la tempeacuterature sont ajusteacutes respectivement agrave 25 et agrave 0degC Sous ces

conditions de laquo quench raquo l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide est diminueacute de cinq ordres de

grandeur par rapport agrave un pH de 7 et une tempeacuterature de 25degC

La demi-vie pour l‟eacutechange inverse dans des conditions d‟arrecirct de la reacuteaction est entre

trente et cent vingt minutes en fonction de la seacutequence peptidique Par conseacutequent les eacutetapes

d‟analyse doivent ecirctre reacutealiseacutees le plus rapidement possible degraves lors que la reacuteaction est

bloqueacutee Ainsi il n‟est pas envisageable de reacutealiser une digestion enzymatique d‟une heure

suivie d‟un gradient d‟une heure suppleacutementaire pour l‟eacutetape de seacuteparation

chromatographique Des protocoles et dispositifs expeacuterimentaux ont eacuteteacute mis au point afin

d‟optimiser les eacutetapes de digestion et de seacuteparation (4-5) Si ces eacutetapes tiennent dans un

minimum de temps d‟environ trente minutes au total le recouvrement en deuteacuteriums peut ecirctre

supeacuterieur agrave 85 Il faut noter que quelques eacutechanges inverses ont lieu dans l‟interface de

l‟eacutelectrospray mais qu‟ils n‟excegravedent pas 5 geacuteneacuteralement

Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment les hydrogegravenes des chaicircnes lateacuterales s‟eacutechangent

plus vite que les hydrogegravenes d‟amide Par conseacutequent lorsque la proteacuteine ou les peptides

marqueacutes sont placeacutes dans les solvants hydrogeacuteneacutes utiliseacutes pour la digestion ou l‟analyse

chromatographique tous les deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales redeviennent rapidement des

hydrogegravenes Ainsi un increacutement de masse pourra ecirctre associeacute agrave l‟incorporation d‟un

deuteacuterium sur une fonction amide du squelette polypeptidique Le problegraveme est un peu plus

compliqueacute pour les proteacuteines ou les peptides riches en arginine car comme nous l‟avons vu

l‟arginine possegravede sur sa chaicircne lateacuterale deux hydrogegravenes qui eacutechangent agrave la vitesse des

hydrogegravenes d‟amide et pour lesquels l‟eacutetape de lavage (substitution de D en H) sera donc

moins efficace

Notons eacutegalement que les conditions de l‟eacutechange inverse (pH acide solvant organique)

favorisent a priori une forme deacutenatureacutee pour la proteacuteine initiale conduisant agrave un eacutechange

inverse moins deacutependant des structures secondaire tertiaire et quaternaire Par conseacutequent les

vitesses d‟eacutechange ne deacutependent globalement que de la seacutequence primaire Pour des peptides

typiques cette seacutequence conduit agrave une vitesse d‟eacutechange globalement proche pour tous les

sites conduisant agrave un eacutechange inverse de type laquo aleacuteatoire raquo Ceci rend en partie compte de la

forme gaussienne des distributions isotopiques obtenues pour les peptides deuteacutereacutes

155

Finalement le choix d‟une approche laquo top-down raquo semblerait ecirctre la meilleure solution

pour minimiser l‟eacutechange inverse Dans ce cas la proteacuteine entiegravere apregraves arrecirct de la reacuteaction

d‟eacutechange par diminution du pH et de la tempeacuterature est fragmenteacutee directement en phase

gazeuse Cette approche offre donc la possibiliteacute unique de reacuteduire consideacuterablement l‟effet

du laquo back-exchange raquo voire mecircme de presque l‟eacuteliminer dans des conditions expeacuterimentales

strictes (6) Ceci est ducirc au fait qu‟il n‟y a pas d‟eacutetape preacutealable agrave l‟analyse par spectromeacutetrie

de masse telle qu‟une digestion enzymatique agrave la pepsine ou une seacuteparation

chromatographique en phase liquide Cependant il faut noter le fait qu‟il n‟est pas toujours

possible d‟opter pour une approche laquo top-down raquo En effet pour des systegravemes de taille trop

importante par exemple l‟efficaciteacute de fragmentation en ECD est trop faible pour obtenir une

reacutesolution agrave l‟acide amineacute pregraves pour la plus grande partie de la proteacuteine

Dans tous les cas apregraves le laquo quench raquo de la reacuteaction de marquage l‟eacutechantillon doit ecirctre

injecteacute si possible agrave froid et le plus rapidement dans la source du spectromegravetre de masse pour

limiter le laquo back-exchange raquo

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction

Plusieurs modes d‟introduction de l‟eacutechantillon marqueacute dans le spectromegravetre de masse ont

eacuteteacute deacuteveloppeacutes en fonction de l‟approche MS adopteacutee laquo bottom-up raquo ou laquo top-down raquo La

mise au point de ces diffeacuterents systegravemes d‟injection doit eacutegalement prendre en compte la

technique d‟ionisation utiliseacutee La technique d‟analyse par MS la plus communeacutement utiliseacutee

pour les expeacuteriences HDX est l‟eacutelectrospray (ESI) tandis que la meacutethode MALDI est plus

rarement employeacutee (7-11) Cela s‟explique par le fait que contrairement agrave la technique ESI

elle ne peut ecirctre coupleacutee en ligne avec des systegravemes de chromatographie liquide qui sont tregraves

utiles pour l‟analyse de meacutelanges complexes

Autrement dit seule l‟eacutelectrospray autorise le couplage avec une chromatographie liquide

en phase inverse (HPLC-ESI-MS) permettant l‟isolation de peptides et de proteacuteines en

meacutelange complexe Cette eacutetape de seacuteparation est indispensable dans beaucoup d‟eacutetudes

d‟identification et de caracteacuterisation de biomoleacutecules par spectromeacutetrie de masse Elle est

d‟autant plus neacutecessaire dans le cas d‟analyses de systegravemes proteacuteiques de grande taille en

HDXMS En effet la superposition des nombreux massifs isotopiques qui ont eacuteteacute deacuteplaceacutes et

eacutelargis par le marquage complique eacutenormeacutement l‟analyse En pratique apregraves avoir arrecircteacute la

156

reacuteaction d‟eacutechange l‟eacutechantillon est directement introduit dans la source eacutelectrospray via une

HPLC (laquo High-Performance Liquid Chromatography raquo)

La technique HPLC-ESI-MS preacutesente donc plusieurs avantages Elle est tout d‟abord

particuliegraverement bien adapteacutee pour la seacuteparation temporelle d‟un grand nombre de peptides

L‟eacutetape de seacuteparation en HPLC participe eacutegalement au lavage des chaicircnes lateacuterales des

acides amineacutes (12) Elle est compatible avec la plupart des tampons et avec la preacutesence

d‟agents deacutenaturants et offre la possibiliteacute de concentrer rapidement des eacutechantillons dilueacutes

En contre partie l‟avantage du MALDI-MS par rapport agrave l‟ESI-MS est qu‟un grand nombre

d‟eacutechantillons peuvent ecirctre analyseacutes dans une courte peacuteriode de temps De plus cette

technique est plus toleacuterante aux sels que l‟eacutelectrospray et ne requiert donc pas d‟eacutetape

preacutealable de dessalage de l‟eacutechantillon Bien que l‟ionisation MALDI soit plus facilement

reacutealisable et interpreacutetable elle conduit neacuteanmoins agrave une perte en deuteacuteriums significativement

plus eacuteleveacutee par rapport agrave la meacutethode ESI mecircme si des essais ont eacuteteacute meneacutes pour reacuteduire ces

pertes (13) De plus il n‟est pas envisageable d‟utiliser la technique MALDI pour l‟analyse de

systegravemes proteacuteiques complexes de hauts poids moleacuteculaires En effet les informations de tous

les peptides sont fournies dans un mecircme spectre de masse le rendant laquo illisible raquo et il n‟est pas

possible de reacutealiser preacutealablement agrave l‟analyse une seacuteparation par HPLC qui serait pourtant

indispensable pour ce type d‟eacutechantillon

Les deux sous-paragraphes suivants constitueront un bilan des diffeacuterents systegravemes

d‟introduction de l‟eacutechantillon marqueacute dans le spectromegravetre de masse qui ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes

avant mon arriveacutee au laboratoire des Meacutecanismes Reacuteactionnels Ils ont eacuteteacute mis au point par

l‟eacutequipe ou par d‟autres groupes dans un contexte de minimisation de l‟eacutechange inverse

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo

Une extension eacutevidente de la meacutethode HDXESI-MS est l‟utilisation du nano-deacutebit bien

qu‟elle ne soit pas encore systeacutematique En effet ce choix est particuliegraverement pertinent pour

des proteacuteines qui sont difficiles agrave obtenir (eacutechantillons biologiques preacutecieux) ainsi que pour

celles qui forment des agreacutegats proteacuteiques agrave forte concentration Ces derniegraveres suscitent un vif

inteacuterecirct car elles sont pour la plupart responsables de maladies neurodeacutegeacuteneacuteratives telles que

les maladies agrave prion dAlzheimer ou de Parkinson Dans la litteacuterature on trouve quelques

eacutetudes HDX utilisant la technique d‟analyse nano-ESI-MS laquo off-line raquo (14-15) ou coupleacutee en

157

ligne aux eacutetapes de digestion enzymatique et de seacuteparation chromatographique (16) Par la

reacuteduction du systegraveme il a eacuteteacute obtenu une sensibiliteacute supeacuterieure d‟un facteur cent tout en

conservant la deuteacuteration

Lors de la thegravese de Thorsten Daubenfeld (17) notre eacutequipe a valideacute un systegraveme par

injection directe nano-ESI-FTMS pour l‟eacutetude structurale de proteacuteines par HDX En effet les

tregraves hautes performances d‟un instrument de type FT-ICR tant au niveau de la reacutesolution que

de la preacutecision sur la mesure de masse ont permis de s‟affranchir d‟une seacuteparation

chromatographique pour les proteacuteines eacutetudieacutees (18) L‟eacutechange inverse relatif agrave cette eacutetape a

ainsi eacuteteacute eacutelimineacute Cependant comme le systegraveme n‟eacutetait pas refroidi une aiguille nanospray

autorisait un temps d‟analyse de trois minutes seulement avant le reacutechauffement de la solution

menant au pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse Il faut noter ici que plus le temps d‟analyse est

faible moins il est aiseacute de deacutetecter des peptides deuteacutereacutes couvrant une gamme dynamique

importante seule l‟accumulation d‟un nombre important de spectres permet de gagner en

gamme dynamique Par ailleurs plus la taille du systegraveme proteacuteique est grande moins il est

facile de suivre l‟incorporation de deuteacuteriums des peptides car leur nombre croicirct fortement et

leurs massifs isotopiques deacuteplaceacutes et eacutelargis se superposent

Ce problegraveme de superposition des massifs isotopiques est classiquement reacutesolu par le

couplage du spectromegravetre de masse avec une technique de seacuteparation chromatographique (16

19) permettant d‟isoler les diffeacuterents peptides preacutesents dans l‟analyte dans une seconde

dimension Cette seacuteparation doit dans le cas d‟eacutetudes en HDXMS respecter les contraintes

lieacutees agrave la technique ie qu‟elle doit limiter les eacutechanges inverses Pour cela plusieurs

meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees Elles utilisent soit des solvants protiques auquel cas la

seacuteparation doit se faire agrave froid en conditions acides et rapidement soit des solvants non-

protiques Par exemple la chromatographie supercritique a eacuteteacute proposeacutee comme alternative

aux gradients sur phase inverse classiques permettant de s‟affranchir des problegravemes de

tempeacuterature et de dureacutee d‟eacutelution (20) De plus le temps de reacutetention associeacute agrave un peptide

reste inchangeacute quel que soit son degreacute de deuteacuteration En effet l‟incorporation en deuteacuteriums

des peptides n‟altegravere que tregraves peu leur temps de reacutetention (21-22) Par conseacutequent ils

serviront de reacutefeacuterence pour identifier les peptides apregraves eacutechanges HD

158

Lors de la thegravese de Magalie Duchateau (23) notre eacutequipe a mis au point et optimiseacute un

systegraveme nano-LC-ESI-FTMS refroidi pour l‟analyse structurale de proteacuteines de haut poids

moleacuteculaire et de complexes proteacuteiques tels que des complexes d‟initiation de la traduction

chez les archeacutees et les eucaryotes par HDX Le montage comprenant deux vannes nano une

preacute-colonne et une colonne est immergeacute dans de l‟eau glaceacutee pendant toute la dureacutee de

l‟analyse pour refroidir un maximum le systegraveme et ainsi minimiser les eacutechanges inverses Il

est coupleacute agrave une chaicircne de nano-chromatographie liquide

Notons eacutegalement que Waters commercialise deacutesormais un systegraveme complegravetement inteacutegreacute

pour les eacutetudes HDXMS appeleacute laquo nanoACQUITY UPLC System with HDX Technology raquo

qui peut ecirctre coupleacute agrave un spectromegravetre de masse du mecircme constructeur Le systegraveme integravegre

eacutegalement une proteacuteolyse laquo on-line raquo Les vannes et colonnes sont refroidies agrave 0degC par des

modules agrave effet Peltier

IV22 Avec une approche laquo top-down raquo

Une meacutethode populaire consiste agrave geacuteneacuterer et agrave envoyer un flux continu de solution

contenant la proteacuteine deuteacutereacutee vers la source d‟ionisation Ce dernier reacutesulte du meacutelange de la

solution de proteacuteine dans son tampon d‟eacutechange avec celle d‟arrecirct de la reacuteaction Sur ce

principe un dispositif avec deux seringues relieacutees ensemble et connecteacutees eacutegalement avec le

spectromegravetre de masse a eacuteteacute imagineacute (24) (Fig IV 1) Les deux seringues contiennent les

deux solutions agrave meacutelanger donneacutees ci-dessus Ce montage permet de proceacuteder agrave l‟arrecirct de la

reacuteaction d‟eacutechange au point de connexion des deux seringues Cette eacutetape s‟effectue laquo on-

line raquo puisque le flux reacutesultant du meacutelange des deux solutions est directement dirigeacute vers

l‟entreacutee du spectromegravetre de masse Dans ces conditions le temps pendant lequel peut avoir

lieu le laquo back-exchange raquo correspond uniquement agrave la courte dureacutee de reacutesidence dans le tube

capillaire (eg une minute) qui s‟eacutetend du nœud de connexion reliant les deux seringues agrave la

source d‟ionisation eacutelectrospray (scheacutematiseacute en violet sur la Fig IV 1) De cette faccedilon le

laquo back-exchange raquo peut ecirctre efficacement reacuteduit

159

Seringue 1 proteacuteine dans D2O

Seringue 2 solution H2O (pH 25 0degC)

Source drsquoionisation

eacutelectrospray

Arrecirct de la

reacuteaction drsquoeacutechange

Fig IV 1 Scheacutema drsquoun dispositif drsquointroduction des eacutechantillons dans une approche laquo top-

down raquo HDX mettant en œuvre le flux continu

Une autre meacutethode d‟introduction minimisant le laquo back-exchange raquo consiste agrave deacutesolvater et

ioniser directement la solution de proteacuteine dans son tampon d‟eacutechange sans passer par une

eacutetape preacutealable d‟arrecirct de la reacuteaction (25) (Fig IV 2) La reacuteaction d‟eacutechange HD est alors

arrecircteacutee au moment mecircme ougrave la proteacuteine est deacutesolvateacutee Des ions en phase gazeuse sont alors

geacuteneacutereacutes

Source ESI

Spectromegravetre

de masse

Aiguille nanospray avec solution de

proteacuteine dans tampon drsquoeacutechange

+ 1 NBA (reacuteactif superchargeacute)

Fig IV 2 Scheacutema du mode drsquointroduction des eacutechantillons par spray direct dans une

approche laquo top-down raquo HDX

Le profil de deuteacuteration en phase gazeuse devant impeacuterativement refleacuteter celui en solution

ces deux modes d‟injection sont privileacutegieacutes car ils permettent de reacuteduire le laquo back-exchange raquo

D‟autre part l‟ajout d‟une solution acide pour l‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange HD ou

l‟utilisation d‟un reacuteactif superchargeacute tel que le NBA (laquo nitrobenzyl alcohol raquo) augmente de

faccedilon significative l‟eacutetat de charge de la proteacuteine Cela se traduit donc par une ameacutelioration

consideacuterable de l‟efficaciteacute de fragmentation par ECD (ou ETD) meacutethode choisie pour limiter

le laquo scrambling raquo Toutefois notons que ces deux montages excluent la possibiliteacute de reacutealiser

une eacutetape de dessalage preacutealable agrave l‟injection dans le spectromegravetre de masse Or dans le cas

d‟eacutechantillons reacuteels les proteacuteines sont initialement conserveacutees en conditions natives dans leur

160

tampon de purification qui est riche en sels L‟eacutelectrospray eacutetant tregraves sensible agrave la preacutesence de

sels ou d‟additifs qui contribuent agrave la suppression du signal une eacutetape de dessalage est alors

neacutecessaire avant leur analyse Par conseacutequent afin de pouvoir analyser des eacutechantillons

proteacuteiques reacuteels le deacuteveloppement de nouveaux dispositifs d‟introduction laquo off-line raquo s‟est

reacuteveacuteleacute indispensable Il est donc tregraves important de travailler agrave froid

Le systegraveme d‟injection que j‟ai utiliseacute au deacutebut de ma thegravese a eacuteteacute mis en place au sein du

laboratoire trois mois avant mon arriveacutee avec la collaboration du Professeur Joslashrgensen Il

s‟agit eacutegalement d‟un montage en flux continu mais laquo off-line raquo constitueacute d‟une seule

seringue (Fig IV 3)

Proteacuteine deuteacutereacutee dans

solution H2O (pH 25 0degC)

Source ESI

Carboglace

(-78degC)Spectromegravetre

de masse

Gaz de neacutebulisation

N2 (TdegC ambiante)

Fig IV 3 Scheacutema de notre ancien dispositif drsquointroduction des eacutechantillons en flux continu

laquo off-line raquo la seringue refroidie

Avec ce type de dispositif la preacuteparation de l‟eacutechantillon correspondant agrave son marquage et

agrave son dessalage peut ecirctre reacutealiseacutee en amont Elle se deacutecline en trois eacutetapes qui sont les

suivantes (1) initiation de la reacuteaction d‟eacutechange HD en diluant la proteacuteine dans son tampon

de purification deuteacutereacute puis (2) fixation du marquage apregraves un temps d‟incubation t donneacute en

ajoutant une solution acide (pH final de 25) agrave basse tempeacuterature (0degC) et enfin (3) dessalage

et concentration de l‟eacutechantillon agrave l‟aide d‟une colonne de phase inverse C8 Cette derniegravere

eacutetape doit ecirctre reacutealiseacutee dans la glace et pendant un temps tregraves court (une minute environ) afin

de limiter l‟eacutechange inverse L‟eacutechantillon est ensuite chargeacute immeacutediatement dans la seringue

preacutealablement refroidie agrave 0degC puis injecteacute dans la source eacutelectrospray du spectromegravetre de

masse FT-ICR

161

refroidie

Longueur minimale

Carboglace

deuteacutereacutee

Agrave 0 C

(pH 25 0 C)

Fig IV 4 Photographie de notre systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons marqueacutes la

seringue refroidie

La photographie de notre systegraveme d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes est preacutesenteacutee ci-

dessus (Fig IV 4) Ce dernier a eacuteteacute minutieusement optimiseacute afin de reacuteduire au maximum le

laquo back-exchange raquo Pour cela la seringue d‟injection est preacutealablement refroidie agrave 0degC entre

deux sachets de glace Au terme de la dureacutee d‟eacutechange HD preacutedeacutefinie la reacuteaction est arrecircteacutee

en diluant l‟eacutechantillon dans une solution acidifieacutee (pH final de 25) agrave 0degC L‟eacutechantillon est

conserveacute dans la glace Pour des eacutechantillons reacuteels une eacutetape de dessalage est reacutealiseacutee sous

ces mecircmes conditions strictes L‟eacutechantillon est alors preacuteleveacute gracircce agrave la seringue refroidie et

injecteacute dans la source du spectromegravetre de masse FT-ICR Pendant toute la dureacutee de l‟analyse

il est lui-mecircme refroidi par un sachet de carboglace surplombant la seringue Il est transfeacutereacute

par un capillaire en PEEK qui lui est agrave tempeacuterature ambiante et dont la longueur a par

conseacutequent eacuteteacute rendue minimale Pour des raisons techniques le capillaire ne mesure pas

moins de trente et un centimegravetres Un deacutebit d‟injection important eacutegal agrave 10 microLmin a donc

eacuteteacute utiliseacute Dans ces conditions il avait eacuteteacute montreacute que ce dispositif permettait un maintien

des deuteacuteriums agrave leur place pendant au moins dix minutes d‟acquisition de donneacutees Ainsi

l‟analyse d‟un point de cineacutetique de l‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange HD agrave la fin de

l‟acquisition en MS durait environ douze minutes Le dispositif d‟analyse ideacuteal combinerait

la consommation d‟une faible quantiteacute d‟eacutechantillon tout en minimisant les eacutechanges inverses

avec un temps d‟acquisition le plus long possible

162

Apregraves quelques mois d‟expeacuterimentation de ce systegraveme j‟ai pu dresser un rapide bilan des

difficulteacutes lieacutees agrave son utilisation La premiegravere surprise a eacuteteacute le nombre de seringues que l‟on

peut fecircler ou casser avec ce dispositif En effet bien que le modegravele de seringue choisi

(seringues Hamilton seacuterie 800) propose un piston renforceacute l‟eacutechantillon refroidi par la

carboglace a tendance agrave congeler Il forme alors un glaccedilon Tandis que le pousse-seringue

continue agrave fonctionner et agrave envoyer l‟eacutechantillon vers le spectromegravetre de masse une

surpression finit par ecirctre exerceacutee au niveau du verre de la seringue jusqu‟agrave sa fecirclure si

l‟analyse n‟est pas interrompue ou l‟eacutechantillon reacutechauffeacute Par ailleurs les deacutebits d‟injection

utiliseacutes impliquent de disposer d‟importantes quantiteacutes d‟eacutechantillon Dans le cas de l‟analyse

d‟eacutechantillons biologiques preacutecieux cette technique ne pourrait pas ecirctre utiliseacutee De plus

comme nous l‟avons vu dans le chapitre preacuteceacutedent les expeacuteriences sont difficilement

reproductibles Ayant pour objectif d‟ameacuteliorer le systegraveme j‟ai testeacute l‟effet du refroidissement

de l‟eacutechantillon par la carboglace lors de l‟analyse par MS et l‟influence du deacutebit d‟injection

sur le laquo back-exchange raquo

Pour cela j‟ai utiliseacute un systegraveme modegravele l‟ubiquitine Il s‟agit d‟une petite proteacuteine de 76

reacutesidus (86 kDa) dont la structure a eacuteteacute complegravetement deacutecrite dans la litteacuterature et qui est

souvent utiliseacutee dans la mise au point d‟approches par eacutechange HD Apregraves avoir deuteacutereacute

complegravetement l‟ubiquitine par incubation dans D2O (Annexe Mateacuteriel et meacutethodes) elle est

dilueacutee au centiegraveme dans une solution acidifieacutee H2OMeOH (4060) agrave environ 0degC Des

meacutelanges H2OACN (5050) eacutetaient auparavant utiliseacutes Le fait de choisir le meacutethanol comme

solvant et de l‟utiliser en plus grande proportion permet d‟une part d‟ameacuteliorer le processus

d‟ionisation par eacutelectrospray et d‟autre part de diminuer consideacuterablement le point de

congeacutelation de la solution agrave analyser Cela empecircche la formation systeacutematique de glaccedilons dus

au refroidissement de la solution par la carboglace L‟ubiquitine est ensuite directement

preacuteleveacutee par la seringue refroidie et injecteacutee dans la source ESI du spectromegravetre de masse FT-

ICR L‟analyse MS est reacutealiseacutee avec ou sans le sachet de carboglace surplombant la seringue

puis en testant diffeacuterents deacutebits d‟injection Le pourcentage de deuteacuteration de l‟ubiquitine est

suivi au cours des dix minutes d‟analyse autoriseacutes par le systegraveme de seringue refroidie afin de

mesurer l‟eacutechange inverse Les expeacuteriences sont reacutealiseacutees en duplicats ou triplicats pour

estimer l‟erreur de mesure

En theacuteorie en absence d‟eacutechange inverse la valeur du pourcentage de deuteacuteration devrait

rester constante et maximale en fonction du temps Dans la situation ideacuteale l‟ensemble des

hydrogegravenes d‟amide devraient ecirctre marqueacutes et aucun autre site ne devrait ecirctre deuteacutereacute

163

deacutefinissant ainsi un 100 theacuteorique En pratique ce pourcentage doit ecirctre corrigeacute pour

prendre en compte la preacutesence de deuteacuteriums dilueacutes dans la solution d‟eau leacutegegravere acidifieacutee On

peut par conseacutequent corriger le ratio maximal par la formule suivante

ougrave Ntot est le nombre total de sites eacutechangeables (hydrogegravenes d‟amide et chaicircnes lateacuterales)

Namide est le nombre de liaisons peptidiques R est le pourcentage de deuteacuteriums dans la

solution dilueacutee rapporteacute au nombre total d‟hydrogegravenes et de deuteacuteriums Damide est le taux de

deuteacuteration reacuteel des hydrogegravenes d‟amide ducirc au marquage et Dexp est le ratio de deuteacuteration

expeacuterimental donneacute par la formule suivante

ougrave nD est le nombre de deuteacuteriums (mesureacute par spectromeacutetrie de masse par exemple) Du fait

de la preacutesence de deuteacuteriums dans la solution on s‟attend donc agrave une surestimation du taux de

deuteacuteration Ainsi par exemple si on considegravere une dilution au 1100e dans une solution 6040

meacutethanoleau on trouve un ratio de deuteacuteration R de 19

ougrave 18 et 32 sont les masses molaires de l‟eau et du meacutethanol 079 est la densiteacute du meacutethanol

(celle de l‟eau est prise agrave 1) 4060 sont les proportions d‟eau et de meacutethanol

On s‟attend par conseacutequent agrave un taux de deuteacuteration maximal (avec Ntot = 146 Namide = 72)

d‟environ 102

De plus un excegraves de deuteacuteration suppleacutementaire peut ecirctre ducirc au non reacute-eacutechange d‟un

hydrogegravene pour les chaicircnes lateacuterales d‟arginine or l‟ubiquitine comporte 4 arginines dans sa

seacutequence Dans la suite de ce manuscrit une reacutefeacuterence agrave 105 sera prise qui correspond au

maximum expeacuterimentalement observeacute pour les diffeacuterents montages qui seront tenteacutes

164

Dans le cas des injections utilisant le montage d‟origine l‟eacutevolution preacutesenteacutee ci-dessous

est observeacutee (Fig IV 5)

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Avec carboglace Sans carboglace

Fig IV 5 Evolution du taux de deuteacuteration de lrsquoubiquitine mesureacute en fonction du temps apregraves

le deacutebut de lrsquoinjection Lrsquoubiquitine complegravetement deuteacutereacutee est introduite dans la source ESI

par le systegraveme de seringue refroidie Bleu pas de carboglace placeacute sur la seringue rouge

avec carboglace

Lors des cinq premiegraveres minutes les courbes avec et sans carboglace preacutesentent la mecircme

allure et se confondent presque La solution d‟ubiquitine agrave 0degC injecteacutee agrave 10 microLmin par la

seringue refroidie n‟a pas le temps de se reacutechauffer mecircme en l‟absence de carboglace Au

bout de cinq minutes la solution d‟ubiquitine se reacutechauffe en l‟absence de carboglace Ils

s‟opegraverent alors des eacutechanges inverses faisant chuter le pourcentage de deuteacuteration Par

conseacutequent en l‟absence de carboglace on divise le temps d‟analyse par deux au moins dans

des expeacuteriences HDXMS La partie initiale avec un taux de deuteacuteration plus eacuteleveacute

correspond agrave la combinaison d‟une perte de deuteacuteriums au cours du temps avec un effet de

deacutebit car initialement la seringue est maintenue agrave un deacutebit eacuteleveacute jusqu‟agrave apparition du signal agrave

t=0

L‟effet du deacutebit d‟injection de l‟eacutechantillon sur l‟eacutechange inverse (Fig IV 6) a ensuite eacuteteacute

testeacute pour le deacutebit de reacutefeacuterence de 10 microLmin et pour un deacutebit diviseacute par cinq de 2 microLmin

165

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie 10 microLmin 2 microLmin

Fig IV 6 Effet du deacutebit drsquoinjection sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse

MS Lrsquoubiquitine complegravetement deuteacutereacutee est introduite dans la source ESI par le systegraveme de

seringue refroidie surplombeacutee de carboglace Rouge deacutebit de 10 microLmin-1

violet deacutebit de

2 microLmin-1

Avec un faible deacutebit d‟injection (2 microLmin) de l‟eacutechantillon marqueacute le pourcentage de

deuteacuteration de l‟ubiquitine diminue consideacuterablement au cours de l‟analyse MS Les eacutechanges

inverses sont donc plus nombreux dans ces conditions expeacuterimentales On enregistre un

laquo back-exchange raquo moyen apregraves eacutequilibration de 35

Les graphes des Fig IV 5 et Fig IV 6 montrent que le systegraveme de seringue refroidie

permet de reacuteduire au maximum le laquo back-exchange raquo si l‟eacutechantillon est lui-mecircme refroidi par

la carboglace lors de l‟analyse MS et qu‟il est injecteacute agrave un deacutebit eacuteleveacute (10 microLmin)

Cependant le laquo back-exchange raquo moyen reste non neacutegligeable eacutegal agrave 20 Ayant eacutetudieacute

l‟ensemble des paramegravetres possibles en restant sur la base de ce systegraveme nous ne pouvons

guegravere plus l‟ameacuteliorer Nous avons donc deacutecideacute d‟inventer et de deacutevelopper un nouveau

systegraveme d‟introduction

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection

L‟ideacutee a eacuteteacute d‟imaginer un dispositif capable de stocker l‟eacutechantillon marqueacute aux

deuteacuteriums agrave tregraves basse tempeacuterature en dessous de zeacutero degreacute avant son analyse finale par

spectromeacutetrie de masse

166

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo

La laquo cryosource raquo est le nom que nous avons donneacute agrave notre dispositif d‟injection (Fig IV

7) Il s‟agit d‟une enceinte close thermostateacutee agrave tempeacuterature controcircleacutee avec comme objectif

initial une plage de tempeacuterature allant de la tempeacuterature ambiante agrave -100degC C‟est une boicircte

thermiquement isoleacutee issue de la transformation d‟une glaciegravere Elle se branche directement

sur la source ESI Elle est traverseacutee par un flux reacuteguleacute de gaz refroidi agrave l‟azote liquide (78 K)

La tempeacuterature interne de la boicircte est mesureacutee en continu par une sonde thermique et ajusteacutee

par un reacutegulateur de tempeacuterature controcirclant une reacutesistance chauffante L‟eacutechantillon est

introduit dans la laquo cryosource raquo puis injecteacute dans la source ESI du FT-ICR par un systegraveme de

vanne et boucle d‟injection Il est entraicircneacute vers le spectromegravetre de masse gracircce agrave l‟entreacutee d‟un

flux continu de solvant geacuteneacutereacute par un pousse-seringue situeacute agrave l‟exteacuterieur de la laquo cryosource raquo

deuteacutereacute agrave pH 25 et agrave 0 C

-30 C

Reacutegulateur de tempeacuterature

N2 (-30 C)

Azote liquide

Fig IV 7 Photographie de la laquo cryosource raquo

IV32 Mateacuteriel et meacutethodes

IV321 Instrumentation

Dans un premier temps voici la description de la version optimiseacutee de la laquo cryosource raquo et

des conditions expeacuterimentales neacutecessaires agrave la reacutealisation d‟expeacuteriences pour l‟eacutetude de la

167

structure de petites proteacuteines en HDXMS Elle est illustreacutee dans le scheacutema ci-apregraves (Fig IV

8)

L‟enceinte inteacuterieure de la laquo cryosource raquo est refroidie agrave une tempeacuterature de -30degC par

l‟arriveacutee d‟un gaz froid via un tuyau en cuivre Celui-ci forme un serpentin plongeacute dans un

reacutecipient rempli d‟azote liquide (78 K) qui permet le refroidissement du flux continu de gaz

entrant dans le systegraveme Une partie du gaz froid est envoyeacutee dans la laquo cryosource raquo agrave l‟aide

d‟un raccord en T tandis que l‟autre partie traverse le systegraveme et vient refroidir la ligne de

transfert de l‟eacutechantillon qui est introduit dans la source ESI

L‟inteacuterieur de la boicircte est maintenu agrave une tempeacuterature constante par un reacutegulateur de

tempeacuterature eacutequipeacute d‟une sonde thermique et d‟un ruban chauffant La sonde thermique de

type K est positionneacutee au niveau de la boucle contenant l‟eacutechantillon tandis que le ruban

chauffant entoure les tuyaux en cuivre deacuteposeacutes au fond de la boicircte Un ventilateur placeacute dans

l‟enceinte assure l‟homogeacuteneacuteiteacute de la tempeacuterature dans celle-ci

L‟eacutechantillon introduit dans une boucle de 75 microL par une vanne d‟injection est pousseacute vers

la source ESI du spectromegravetre de masse FT-ICR par le solvant agrave l‟aide d‟un pousse-seringue

Il est programmeacute agrave 2 microLmin correspondant agrave la valeur minimale du deacutebit pour laquelle le

spray est stable pour notre montage Les deacutebits infeacuterieurs deviennent instables lors du

refroidissement du montage probablement agrave cause de l‟augmentation de la viscositeacute des

solvants agrave -30degC Le volume injecteacute pour le remplissage de la boucle est de 100 microL

Finalement le gaz de neacutebulisation est eacutegalement refroidi par l‟azote liquide Il est envoyeacute agrave

l‟inteacuterieur du dispositif par un second tuyau en cuivre et est relieacute agrave l‟aiguille de neacutebulisation

de la source ESI permettant son refroidissement

168

Fig IV 8 Scheacutema du principe de la laquo cryosource raquo

IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes

Loptimisation de tous les paramegravetres expeacuterimentaux pour la laquo cryosource raquo a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave

laide de l‟ubiquitine proteacuteine modegravele et de peptides de reacutefeacuterence que l‟on peut deuteacuterer de

maniegravere seacutelective (peptides modegraveles conccedilus par le Prof T Joslashrgensen Universiteacute dOdense

Danemark)

L‟ubiquitine (100 microM) et les peptides modegraveles (1 mM) sont complegravetement deuteacutereacutes par

incubation dans D2O Ils sont ensuite dilueacutes (au 1100e) dans une solution H2OMeOH

(4060) agrave basse tempeacuterature contenant de l‟acide formique (2) pour l‟ubiquitine et de

l‟acide aceacutetique pour les peptides (05 M pH=23) L‟ubiquitine est alors immeacutediatement

analyseacutee par FT-ICR MS Les peptides quant agrave eux sont analyseacutes apregraves une incubation dans

H2O glaceacutee pendant un temps agrave deacuteterminer (environ 10 min avec le systegraveme de seringue

refroidie) afin de deacutemarquer seacutelectivement l‟extreacutemiteacute N-terminale et conserver un nombre

moyen de 45 deuteacuteriums du cocircteacute C-terminal (26-27)

L‟eacutetape de dessalage a eacuteteacute reacutealiseacutee manuellement sur colonne Une cartouche Sep-Paktrade

C8 a eacuteteacute utiliseacutee

169

IV33 Reacutesultats

IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine

IV3311 Reacutealisation de la maquette

Cette phase de reacutealisation de la maquette initiale a permis une grande creacuteativiteacute de notre

part et a deacutetermineacute la faisabiliteacute technologique des choix de conception Elle a eacuteteacute conccedilue agrave

l‟aide d‟un bac agrave glace isotherme et de son couvercle Cette boicircte en polystyregravene a montreacute de

bonnes capaciteacutes de stockage agrave basse tempeacuterature malgreacute des fuites thermiques non

neacutegligeables causant une perte de froid En particulier elle a permis de valider la plage de

tempeacuterature atteignable (0degC agrave -100degC) et de veacuterifier la faisabiliteacute de l‟utilisation de meacutelanges

eausolvant organique agrave ces tempeacuteratures On notera en particulier que bien que les

tempeacuteratures de cristallisation des meacutelanges eaumeacutethanol et eauaceacutetonitrile soient connues

la viscositeacute de ceux-ci ne l‟est pas Pour les meacutelanges eaumeacutethanol qui preacutesentent des

tempeacuteratures de cristallisation infeacuterieures agrave -100degC agrave forts rapports meacutethanoleau il s‟est

aveacutereacute impossible d‟obtenir un deacutebit stable agrave des tempeacuteratures infeacuterieures agrave -80degC Pour les

meacutelanges eauaceacutetonitrile la limite se situe vers -25degC pour un minimum theacuteorique agrave -43degC

IV3312 Reacutealisation des prototypes

Le produit a ensuite eacuteteacute deacuteveloppeacute et des prototypes ont eacuteteacute reacutealiseacutes pour permettre sa

validation apregraves une seacuterie de tests

Pour cela une glaciegravere de la marque Campingaz qui preacutesentait l‟avantage d‟avoir des

joints d‟eacutetancheacuteiteacute ainsi qu‟une reacutesistance garantie agrave des tempeacuteratures de -78degC a eacuteteacute

transformeacutee en laquo cryosource raquo Dans la premiegravere version de notre dispositif d‟introduction agrave

froid des eacutechantillons marqueacutes dans le spectromegravetre de masse le gaz de neacutebulisation a eacuteteacute

laisseacute agrave tempeacuterature ambiante (Fig IV 9)

170

Fig IV 9 Scheacutema du prototype de la laquo cryosource raquo avec le gaz de neacutebulisation agrave

tempeacuterature ambiante

Afin de valider le prototype nous lavons compareacute agrave l‟ancien systegraveme d‟injection la

seringue refroidie Les reacutesultats obtenus avec la premiegravere version de la laquo cryosource raquo (courbe

en violet) sont assez similaires agrave ceux enregistreacutes avec la seringue refroidie (courbe en rouge)

(Fig IV 10) L‟ubiquitine preacutesente un taux de deuteacuteration un peu plus eacuteleveacute lorsqu‟elle est

introduite par la laquo cryosource raquo par rapport agrave la seringue refroidie Par contre le pourcentage

de deuteacuteration est instable au cours de l‟analyse MS La laquo cryosource raquo dans cette

configuration n‟apporte pas de valeur ajouteacutee agrave la seringue refroidie Elle doit donc ecirctre

ameacutelioreacutee pour ecirctre valideacutee

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource N2 (Ta) Seringue refroidie

Fig IV 10 Effet du systegraveme drsquoinjection utiliseacute sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de

lrsquoanalyse MS Les dispositifs ici compareacutes sont le systegraveme de seringue refroidie et la premiegravere

version de la laquo cryosource raquo avec le gaz de neacutebulisation agrave tempeacuterature ambiante

Ubiquitine

171

L‟ameacutelioration de notre dispositif a porteacute sur le refroidissement du gaz de neacutebulisation par

l‟azote liquide (78 K) (Fig IV 8) Il est envoyeacute dans l‟enceinte isoleacutee agrave -30degC par un tuyau en

cuivre qui traverse la boicircte L‟extreacutemiteacute du tuyau de cuivre agrave la sortie de la laquo cryosource raquo

est brancheacutee au niveau de la source ESI L‟aiguille de spray est par ce systegraveme elle-mecircme

refroidie

On obtient alors un spray refroidi stable qui nous donne les reacutesultats suivants (courbe en

bleu fonceacute) (Fig IV 11) Dans cette configuration l‟ubiquitine preacutesente un pourcentage

moyen de deuteacuteration nettement supeacuterieur agrave celui obtenu avec les autres systegravemes (ou

versions de systegravemes) et le taux de deuteacuteration est stable tout au long de l‟analyse MS (Fig

IV 11 Tab IV 1)

Tab IV 1 Pourcentages moyens de deuteacuteration de lrsquoubiquitine obtenus agrave lrsquoaide de la

seringue refroidie et de la laquo cryosource raquo dans les versions 1 et 2 et calculeacutes agrave diffeacuterents

temps de lrsquoanalyse par MS

1 min d‟analyse 5 min d‟analyse 10 min d‟analyse

Seringue refroidie 8870 8518 8484

Cryosource version 1 9773 9167

Cryosource version 2 10388 10433 10388

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource N2 (-30degC)

Seringue refroidie Cryosource N2 (Ta)

Fig IV 11 Effet du refroidissement du gaz de neacutebulisation agrave -30degC avec la laquo cryosource raquo

sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

Ubiquitine

172

La Fig IV 11 montre que la ldquocryosourcerdquo dans sa version ameacutelioreacutee (avec le gaz de

neacutebulisation refroidi) agrave -30degC et pour un deacutebit d‟injection de 2 microLmin conduit agrave un

pourcentage de deuteacuteration tregraves proche de la valeur maximale attendue (105) et qui reste

stable pendant toute la dureacutee de l‟analyse par rapport au systegraveme de seringue refroidie La

laquo cryosource raquo avec ses diffeacuterents paramegravetres optimiseacutes est alors valideacutee

Nous avons ensuite testeacute diffeacuterentes tempeacuteratures dans la cryosource pour voir l‟influence

du paramegravetre tempeacuterature sur la deuteacuteration J‟ai donc eacutegalement testeacute les tempeacuteratures de -

20degC (courbe en violet) et -10degC (courbe en rouge) (Fig IV 12) Quelle que soit la

tempeacuterature de la laquo cryosource raquo elle nous permet de maintenir constant le taux de

deuteacuteration au cours de l‟analyse Cependant plus la tempeacuterature augmente plus le laquo back-

exchange raquo est important En effet agrave -30degC il est infeacuterieur agrave 3 tandis qu‟agrave -20degC le laquo back-

exchange raquo moyen est de 25 et agrave -10degC il est de 35 Ceci peut s‟expliquer par le fait que la

partie correspondant agrave la sortie de laquo cryosource raquo juste avant l‟entreacutee dans la source ESI

n‟est pas recouverte par un manchon isolant Elle est certes refroidie par l‟arriveacutee d‟un gaz

froid agrave -30degC mais qui se reacutechauffe au contact de l‟air conduisant agrave une perte de froid

Lorsque l‟inteacuterieur de la boicircte est agrave -30degC alors la sortie de la laquo cryosource raquo enregistre une

tempeacuterature d‟environ -10degC suffisante pour eacuteviter le reacute-eacutechange des deuteacuteriums avec les

hydrogegravenes Mais lorsque la tempeacuterature de la laquo cryosource raquo est supeacuterieure agrave -30degC ie agrave -

20degC ou agrave -10degC la sortie preacutesente des tempeacuteratures positives conduisant agrave du laquo back-

exchange raquo

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie -30degC -20degC -10degC

Fig IV 12 Effet de la tempeacuterature interne de la laquo cryosource raquo sur le maintien en place des

deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

173

Les Fig IV 11 et Fig IV 12 montrent que l‟utilisation de la laquo cryosource raquo agrave -30degC et

avec le refroidissement du gaz de neacutebulisation permet de reacuteduire le deacutebit d‟injection agrave 2

microLmin avec un laquo back-exchange raquo minimal (lt 3)

Nous avons ensuite voulu quantifier le laquo back-exchange raquo imputable agrave l‟eacutetape de dessalage

En effet le but ultime de cette eacutetude est de pouvoir utiliser notre dispositif d‟introduction des

eacutechantillons marqueacutes pour l‟analyse structurale de proteacuteines et de complexes proteacuteiques reacuteels

D‟apregraves le graphe de la Fig IV 13 nous concluons que l‟eacutetape de dessalage conduit agrave une

perte de 20 de la deuteacuteration lui aussi tregraves stable au cours du temps

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Sans dessalage Avec dessalage

Fig IV 13 Effet du dessalage sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

Nous avons deacuteveloppeacute un dispositif d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le

spectromegravetre de masse qui reacuteduit consideacuterablement le laquo back-exchange raquo Nous avons

deacutetermineacute un ensemble de paramegravetres optimiseacutes conduisant agrave moins de 3 d‟eacutechange inverse

en solution Pour cela il est indispensable d‟utiliser la laquo cryosource raquo pour refroidir

l‟eacutechantillon la tempeacuterature optimale du systegraveme eacutetant de -30degC pour un deacutebit d‟injection de

l‟analyte de 2 microLmin Le gaz de neacutebulisation doit ecirctre eacutegalement refroidi agrave -30degC La

laquo cryosource raquo preacutesente plusieurs avantages Elle permet de refroidir l‟eacutechantillon agrave tregraves basse

tempeacuterature agrave une valeur bien au-dessous de zeacutero degreacute Celsius ce qui allonge

consideacuterablement le temps d‟analyse La tempeacuterature est en effet stable pendant des temps

longs allant jusqu‟agrave une heure Et elle autorise de plus faibles deacutebits d‟injection Les diffeacuterents

paramegravetres optimiseacutes au niveau de l‟ancien et du nouveau dispositif d‟introduction des

eacutechantillons marqueacutes sont reacutecapituleacutes et compareacutes dans le tableau (Tab IV 2) Le dessalage

174

est maintenant l‟eacutetape critique pour la minimisation du laquo back-exchange raquo Il faudrait ecirctre

capable de le reacutealiser eacutegalement agrave -30degC dans la laquo cryosource raquo

Tab IV 2 Comparaison des paramegravetres optimiseacutes pour les systegravemes de seringue refroidie et

de laquo cryosource raquo

Finalement il convient de noter qu‟une derniegravere ameacutelioration a eacuteteacute apporteacutee agrave la

laquo cryosource raquo suite agrave l‟observation de problegravemes de reproductibiliteacute preacutesenteacutes ci-dessous Il

apparaissait reacuteguliegraverement des problegravemes de bouchage du montage ougrave apregraves injection le

montage se retrouvait agrave monter en pression au-delagrave de la limite permise par le pousse-

seringue Apregraves recherche de l‟origine de ce problegraveme reacutecurrent nous avons pu identifier ce

problegraveme comme eacutetant arriveacute lors de l‟ajout du gaz de neacutebulisation refroidi et eacutetant lieacute agrave une

tempeacuterature du tuyau d‟ameneacutee de ce gaz largement infeacuterieure agrave celle de l‟enceinte (-65degC

mesureacutes agrave la jonction avec la source ESI) L‟augmentation de viscositeacute voire la cristallisation

au niveau de ces points froids pourrait ecirctre agrave l‟origine de ces pheacutenomegravenes de bouchage Ce

problegraveme a eacuteteacute reacutegleacute en ameacuteliorant les eacutechanges thermiques dans l‟enceinte agrave la fois par

l‟augmentation du contact tuyau du gaz de neacutebulisationruban chauffant mais eacutegalement par

l‟ajout d‟un ventilateur dans l‟enceinte Une contrepartie de ces ajouts est une perte de la

capaciteacute de refroidissement en dessous de -30degC

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides

Nous avons ensuite souhaiteacute valider notre dispositif d‟introduction des eacutechantillons

marqueacutes permettant la minimisation du laquo back-exchange raquo sur des peptides modegraveles

seacutelectivement deuteacutereacutes En effet ces peptides sont speacutecifiquement construits pour la mise au

point d‟expeacuteriences HDXMS Leur analyse permet d‟eacutetudier les pheacutenomegravenes de laquo back-

exchange raquo et plus particuliegraverement de laquo scrambling raquo

175

IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK

Le peptide HHHHHHIIKIIK complegravetement deuteacutereacute est seacutelectivement deacutemarqueacute du cocircteacute N-

terminal apregraves dilution dans une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature Apregraves dix minutes

d‟incubation dans H2O glaceacutee le peptide introduit par la cryosource dans le spectromegravetre de

masse FT-ICR contient bien 45 deuteacuteriums Le reacutesultat est conforme agrave la publication de T

Joslashrgensen (26) De plus au cours de l‟analyse MS le nombre de deuteacuteriums reste constant par

rapport agrave l‟utilisation du systegraveme de seringue refroidie (Fig IV 14) La laquo cryosource raquo permet

donc de reacuteduire au maximum l‟eacutechange inverse dans le cas eacutegalement de l‟analyse du peptide

HHHHHHIIKIIK par HDX Le systegraveme peptide modegravele laquo cryosource raquo permettra d‟eacutetudier

par la suite le laquo scrambling raquo avec preacutecision

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1

2

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6

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No

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Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource Seringue refroidie

Fig IV 14 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse Comparaison de la

laquo cryosource raquo vs la seringue refroidie

IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK

La mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee avec le peptide KKDDDDDDIIKIIK qui appartient agrave la

mecircme famille que HHHHHHIIKIIK Dans un premier temps il est complegravetement deuteacutereacute par

incubation dans D2O Puis il est seacutelectivement deacutemarqueacute du cocircteacute N-terminal par dilution dans

une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature Apregraves dix minutes d‟incubation dans H2O

glaceacutee le peptide est finalement injecteacute dans la laquo cryosource raquo puis analyseacute en spectromeacutetrie

de masse Son nombre de deuteacuteriums est alors supeacuterieur (56) agrave celui attendu (45) (Fig IV

15) Avant de tester la stabiliteacute de la laquo cryosource raquo il nous faut deacuteterminer le temps

HHHHHHIIKIIK

176

d‟incubation dans H2O glaceacutee pour lequel le peptide aura incorporeacute 45 deuteacuteriums

Apparemment ce temps serait supeacuterieur agrave quatorze minutes

5586311

5589655

5592998

55963595599711

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000001d +MS2(5586)

0

1

2

3

4

7x10

Intens

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5596387

5599738

5603078

5606417 5609768

5613124

5616476

56198265623171

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000010d +MS2(5609)

00

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10

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20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5589678 5593021 5596386

5599737

5603078

56064175609769

5613122

5616475

56198235623167

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000017d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5593029

5596384

5599727

5603066

5606408

5609760

5613115

5616464

5619811

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000030d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

58 D

Reacutefeacuterence sans HDX

Avec HDX sans incubation dans

H2O analyse agrave t0 = 0 min

Avec HDX incubation dans H2O

pendant 10 min56 D

Avec HDX incubation dans H2O

pendant 14 min

50 D

(a)

(b)

(c)

(d)

Fig IV 15 Zoom du massif isotopique de lrsquoion parent [M+3H] 3+

dans les spectres MS du

peptide KKDDDDDDIIKIIK Les eacutechantillons marqueacutes sont introduits par la laquo cryosource raquo

et le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes est calculeacute apregraves diffeacuterents temps drsquoincubation dans

H2O t0=0 min (b) 10 min (c) et 14 min (d) par rapport agrave la reacutefeacuterence sans marquage (a)

IV33221 Deacutetermination du temps drsquoincubation pour le deacutemarquage seacutelectif

J‟ai donc deacutecideacute de retravailler avec le systegraveme de seringue refroidie pour pouvoir

deacuteterminer ce temps Le montage reacutealiseacute a eacuteteacute le suivant apregraves que l‟eacutechantillon ait eacuteteacute

complegravetement deuteacutereacute il a eacuteteacute dilueacute dans une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature pour

bloquer la reacuteaction d‟eacutechange HD Il a ensuite eacuteteacute immeacutediatement preacuteleveacute et injecteacute agrave 10

microLmin par la seringue refroidie qui a eacuteteacute entoureacutee par deux sachets de glace L‟acquisition

des donneacutees a eacuteteacute reacutealiseacutee pendant vingt-cinq minutes Les reacutesultats sont donneacutes dans la Fig

IV 16 Avec le systegraveme de seringue refroidie le temps requis semble ecirctre de quatorze

minutes alors qu‟il paraissait ecirctre supeacuterieur avec la laquo cryosource raquo

La difficulteacute geacuteneacuterale agrave laquelle nous n‟avions pas penseacute initialement est la suivante les

hydrogegravenes d‟amide ne se deacutemarquent pas agrave la mecircme vitesse et dans les expeacuteriences de T

Joslashrgensen la fin du deacutemarquage a lieu dans le capillaire de transfert qui est agrave tempeacuterature

177

ambiante Elle est donc incontrocirclable La laquo cryosource raquo quant agrave elle ne comporte pas de

capillaire de transfert agrave tempeacuterature ambiante pour finir le deacutemarquage Par conseacutequent il

nous faut deacuteterminer avec ce nouveau mode d‟introduction le temps d‟incubation des

peptides dans H2O pour les deacutemarquer seacutelectivement et avoir exactement le bon nombre

initial de deuteacuteriums Il semblerait que ce temps d‟incubation soit plus long dans le cas de

l‟utilisation de la laquo cryosource raquo

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0 5 10 15 20 25

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Temps danalyse (en minutes)

Fig IV 16 Nombre de deuteacuteriums de lrsquoion parent [M+3H] 3+

du peptide KKDDDDDDIIKIIK

calculeacute en fonction du temps de reacutesidence dans la seringue refroidie agrave 0degC tout au long de

lrsquoanalyse

Par conseacutequent j‟ai travailleacute de nouveau avec la laquo cryosource raquo par tacirctonnements J‟ai

reacutealiseacute plusieurs essais (Fig IV 17) Un essai correspond agrave une incubation du peptide

complegravetement marqueacute dans H2O glaceacutee et agrave une ou plusieurs injections dans la laquo cryosource raquo

agrave diffeacuterents temps D‟apregraves les reacutesultats du premier essai (points en bleu) le nombre de

deuteacuteriums retenu par le peptide seacutelectivement deacutemarqueacute apregraves vingt minutes d‟incubation est

supeacuterieur (53) agrave ce qui est attendu (45) mais apregraves trente minutes il est infeacuterieur (40) Un

deuxiegraveme essai a donc eacuteteacute reacutealiseacute apregraves vingt-cinq minutes d‟incubation (point rouge)

supposeacute ecirctre le temps que l‟on cherche agrave deacuteterminer Mais le nombre de deuteacuteriums s‟est

aveacutereacute bien supeacuterieur (68) agrave ce que nous attendions Un troisiegraveme essai (point orange) agrave trente

minutes d‟incubation a donneacute exactement le mecircme nombre de deuteacuteriums (53) qu‟une

mesure effectueacutee preacuteceacutedemment agrave vingt minutes (1er

essai) Un dernier essai a eacuteteacute reacutealiseacute pour

diffeacuterents temps d‟incubation allant de vingt agrave soixante minutes (points en violet) laissant

supposer que vingt-cinq minutes serait le temps rechercheacute Notons ici que je n‟ai pas eu de

178

signal en spectromeacutetrie de masse pour des temps d‟incubation infeacuterieurs agrave vingt minutes

Pourtant j‟ai testeacute les temps t= 0 15 min Par conseacutequent les reacutesultats ne sont pas

reproductibles et il semblerait que j‟ai rencontreacute des problegravemes de bouchage en raison de

l‟apparition de points froids dans le montage

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Temps dincubation dans H2O glaceacutee (en minutes)

Theacuteorie 1er essai 2e essai 3e essai 4e essai

Fig IV 17 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoincubation dans H2O glaceacutee

J‟ai alors reacutealiseacute le mecircme type d‟expeacuterience un autre jour en augmentant le deacutebit agrave 25

microLmin (courbe noire Fig IV 18) Cela m‟a permis finalement d‟obtenir du signal pour des

temps t= 0 15 min Cependant le temps d‟incubation dans H2O glaceacutee pour avoir le bon

nombre de deuteacuteriums initial semble avoir consideacuterablement eacuteteacute reacuteduit (de 25 agrave 10 min

environ) Pour s‟assurer de la reproductibiliteacute des reacutesultats la mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee un

autre jour (courbe orange) Puis j‟ai effectueacute deux autres essais (courbes bleue et rouge) le

mecircme jour apregraves avoir recouvert la sortie de la laquo cryosource raquo qui se branche sur la source

ESI du FT-ICR par un manchon isolant L‟ideacutee ici est de limiter au maximum les pertes de

froid agrave cet endroit La tempeacuterature diminue passant de -8degC agrave -15degC Ainsi le nombre de

deuteacuteriums est augmenteacute Les reacutesultats semblent reproductibles et deacutesormais un temps

d‟incubation de quinze minutes semble convenir

179

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Temps dincubation dans H2O glaceacutee (en minutes)

Fig IV 18 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoincubation dans H2O glaceacutee Le

deacutebit drsquoinjection a eacuteteacute augmenteacute agrave 25 microLmin et la sortie de la laquo cryosource raquo isoleacutee

thermiquement (courbes en bleu et en rouge)

IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo

Apregraves quinze minutes d‟incubation dans H2O glaceacutee le peptide est de nouveau injecteacute dans

la laquo cryosource raquo puis analyseacute par spectromeacutetrie de masse Son nombre de deuteacuteriums est une

nouvelle fois supeacuterieur (56) agrave celui attendu (45) De plus un pheacutenomegravene tout agrave fait

incompreacutehensible est observeacute le nombre de deuteacuteriums augmente lors des premiegraveres minutes

de l‟analyse alors que le peptide est stockeacute agrave -30degC dans la laquo cryosource raquo Le peptide gagne

deux deuteacuteriums suppleacutementaires au bout de cinq minutes passant de 56 agrave 76 deuteacuteriums

(Fig IV 19) Dans ces conditions la minimisation du laquo scrambling raquo en utilisant le peptide

KKDDDDDDIIKIIK et la laquo cryosource raquo ne peut pas ecirctre envisageacutee

180

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Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource

Fig IV 19 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse

Pour s‟assurer que ce pheacutenomegravene n‟est pas un arteacutefact expeacuterimental mais qu‟il est

reproductible la mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee agrave diffeacuterents temps t= 0 15 20 25 30 min

d‟incubation dans H2O glaceacutee (Fig IV 20) Les diffeacuterentes courbes preacutesentent la mecircme allure

deacutefinie par deux parties La premiegravere partie qui correspond aux cinq premiegraveres minutes

d‟analyse montre une augmentation du nombre de deuteacuteriums tandis que la seconde partie est

caracteacuteriseacutee par une diminution du nombre de deuteacuteriums Le temps d‟incubation dans H2O

glaceacutee a eacuteteacute changeacute et vingt minutes semblent maintenant convenir

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Temps danalyse (en minutes)

Theacuteorie

0 min

15 min

20 min

25 min

30 min

Fig IV 20 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents temps

drsquoincubation dans H2O glaceacutee

KKDDDDDDIIKIIK

181

Pour essayer de comprendre scientifiquement le pheacutenomegravene en utilisant le mecircme jeu de

donneacutees j‟ai traceacute le graphe suivant intensiteacute des ions formeacutes en fonction du temps

d‟analyse (Fig IV 21) Les courbes preacutesentent la mecircme allure que celles du graphe de la

figure preacuteceacutedente (Fig IV 20) L‟intensiteacute des ions semble varier comme le nombre de

deuteacuteriums

00E+00

20E+07

40E+07

60E+07

80E+07

10E+08

12E+08

0 5 10 15 20 25 30

Inte

nsi

teacute d

es

ion

s

Temps danalyse (en minutes)

0 min

15 min

25 min

30 min

Fig IV 21 Intensiteacute des ions en fonction du temps drsquoanalyse pour les diffeacuterents temps

drsquoincubation testeacutes

Nous deacutecidons alors de tracer le graphe de l‟intensiteacute des ions en fonction du nombre de

deuteacuteriums (Fig IV 22) Il apparaicirct alors clairement qu‟il existe une correacutelation entre le

nombre d‟ions formeacutes et le nombre de deuteacuteriums retenus Or les facteurs qui peuvent

influencer le nombre d‟ions formeacutes sont le pH et la concentration en analyte En effet un pH

acide et une concentration eacuteleveacutee d‟eacutechantillon favorisent la formation d‟ions Sachant que les

eacutechanges HD sont controcircleacutes non seulement par la tempeacuterature mais aussi par le paramegravetre

pH alors le pheacutenomegravene que nous observons ressemblerait agrave un effet de pH Cet effet de pH

s‟expliquerait par un effet de meacutelange entre la solution contenant l‟eacutechantillon (peptide

complegravetement deuteacutereacute dilueacute au 1100e dans une solution H2OMeOH 4060 acidifieacutee) et le

solvant (H2OMeOH 4060) qui sert agrave pousser l‟analyte vers la source du spectromegravetre de

masse (Fig IV 23)

182

00E+00

20E+07

40E+07

60E+07

80E+07

10E+08

12E+08

2 3 4 5 6 7 8 9 10

Inte

nsi

teacute d

es

ion

s

Nombre de deuteacuteriums

0 min

15 min

25 min

30 min

Fig IV 22 Intensiteacute des ions en fonction du nombre de deuteacuteriums pour les diffeacuterents temps

drsquoincubation testeacutes

Injection avec pousse-seringue

EchantillonSolvant Solvant

Δ pH

Δ concentration

Analyse en MS

Cryosource

Δ pH

Δ concentration

Chargement de lrsquoeacutechantillon

Injection de lrsquoeacutechantillon

Cas ideacuteal

Cas reacuteel

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

Injection avec pousse-seringue

EchantillonSolvant Solvant

Δ pH

Δ concentration

Analyse en MS

Cryosource

Δ pH

Δ concentration

Chargement de lrsquoeacutechantillon

Injection de lrsquoeacutechantillon

Cas ideacuteal

Cas reacuteel

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

Fig IV 23 Scheacutema explicatif de lrsquohypothegravese de lrsquoeffet de meacutelange observeacute

Afin de s‟affranchir de l‟effet de meacutelange nous avons deacutecideacute de modifier la composition

du solvant de faccedilon agrave avoir exactement la mecircme que pour l‟eacutechantillon Autrement dit nous

l‟avons acidifieacute et leacutegegraverement deuteacutereacute Le nouveau solvant est un meacutelange H2OMeOH 4060

auquel a eacuteteacute ajouteacute 05 M d‟acide aceacutetique et 1 de D2O Il est conserveacute agrave -20degC avant

chaque utilisation Un sachet de glace est eacutegalement deacuteposeacute sur la seringue contenant le

solvant lors de l‟analyse par MS Le lavage des capillaires en PEEK (boucle et celui

183

d‟introduction de l‟eacutechantillon dans le spectromegravetre de masse) est deacutesormais reacutealiseacute gracircce au

nouveau solvant Puis j‟ai testeacute l‟effet du deacutebit d‟injection sur la reacutetention du marquage dans

la laquo cryosource raquo (Fig IV 24 et Fig IV 25) Les reacutesultats montrent que pheacutenomegravene

s‟amplifie avec l‟augmentation du deacutebit ce qui est inattendu

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150 microLh (25 microLmin)

350microLh

600 microLh (10 microLmin)

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Fig IV 24 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Les analyses sont reacutealiseacutees dans lrsquoordre

croissant du deacutebit drsquoinjection

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150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)

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Fig IV 25 Zoom de la Fig IV 24 pour les dix premiegraveres minutes drsquoanalyse

Les mecircmes expeacuteriences ont ensuite eacuteteacute reacutealiseacutees en changeant l‟ordre des diffeacuterents deacutebits

d‟injection testeacutes (Fig IV 26 et Fig IV 27)

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150 microLh (25 microLmin)

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Fig IV 26 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Le deacutebit drsquoinjection de 600 microLh est testeacute en

premier puis celui de 150 microLh et enfin celui de 350 microLh

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600 microLh (10 microLmin)1

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Fig IV 27 Zoom de la Fig IV 26 pour les dix premiegraveres minutes drsquoanalyse

Les reacutesultats ne sont pas reproductibles Nous deacutecidons alors de raccourcir au maximum le

capillaire en PEEK qui transfegravere le solvant dans la laquo cryosource raquo (67 cm 22 cm) et de

recommencer une nouvelle seacuterie de mesures en changeant une nouvelle fois l‟ordre des

diffeacuterents deacutebits d‟injection testeacutes (Fig IV 28) Les reacutesultats obtenus ne sont toujours pas

satisfaisants

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)

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Fig IV 28 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Le deacutebit drsquoinjection de 150 microLh est testeacute en

premier puis celui de 360 microLh et enfin celui de 350 microLh

Nous avons ensuite voulu deacutecoupler l‟effet du deacutebit agrave celui du temps en reacutealisant trois fois

conseacutecutivement la mecircme expeacuterience dans les mecircmes conditions avec le mecircme deacutebit et en

testant les deux deacutebits extrecircmes 2 microLmin et 10 microLmin (reacutealisation de triplicats) De

nouvelles conditions expeacuterimentales ont eacuteteacute deacutefinies La laquo cryosource raquo est eacutequilibreacutee pendant

trente minutes apregraves qu‟elle ait atteint sa tempeacuterature de -30degC Auparavant les analyses

eacutetaient lanceacutees sans l‟eacutetape de stabilisation de la laquo cryosource raquo De plus l‟ajout d‟azote

liquide dans le reacutecipient servant agrave refroidir le systegraveme n‟est deacutesormais plus effectueacute pendant

l‟analyse mais uniquement entre deux analyses Les reacutesultats sont donneacutes dans la Fig IV 29

Le nombre de deuteacuteriums n‟est toujours pas stable lors de l‟analyse par MS

Il semblerait que la tempeacuterature agrave l‟inteacuterieur de la laquo cryosource raquo ne soit pas homogegravene en

tout point L‟ajout d‟une seconde sonde thermique proche de la source du spectromegravetre de

masse pourrait mettre en eacutevidence le diffeacuterentiel de tempeacuterature

Une ideacutee serait de rincer la boucle d‟injection avec un solvant identique mais

complegravetement deuteacutereacute (D2OCH3ODCH3COOD) afin de comparer les reacutesultats

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

600 microLh (10 microLmin)

Fig IV 29 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour les deacutebits drsquoinjection

de 2 microLmin et 10 microLmin sans incubation dans H2O glaceacutee

Le peptide KKDDDDDDIIKIIK semble ecirctre tregraves sensible vis-agrave-vis de la deuteacuteration agrave un

(ou plusieurs) paramegravetre(s) relatif(s) agrave l‟utilisation de la laquo cryosource raquo que nous n‟identifions

ni ne controcirclons Pour veacuterifier si ces problegravemes eacutetaient geacuteneacuteraux ou speacutecifiques de ce peptide

nous avons deacutecideacute deffectuer nos tests sur un peptide plus classique le Glufibrinopeptide

(GluF)

IV3323 Cas du peptide GluF

Le peptide GluF n‟est pas un peptide classiquement utiliseacute pour la mise au point

d‟expeacuteriences HDXMS mais il nous sert au laboratoire comme standard de calibration en

MSMS car il se fragmente pour donner de nombreux ions b et y en CID

Fort heureusement lanalyse du GluF agrave laide de la cryosource apregraves incubation dans D2O

et dilution dans les solvants hydrogeacuteneacutes indique que le marquage reste stable au cours de

l‟analyse par spectromeacutetrie de masse (Fig IV 30) Ces reacutesultats montrent que les problegravemes

que nous avons rencontreacutes preacuteceacutedemment semblent lieacutes agrave la nature du peptide K2D6IIKIIK et

permettent enfin de valider lutilisation de la laquo cryosource raquo minutieusement optimiseacutee pour

des eacutetudes HDXMS

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

Fig IV 30 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse apregraves injection du peptide

GluF deuteacutereacute dans la laquo cryosource raquo

IV34 Conclusion

Nous avons deacuteveloppeacute un nouveau systegraveme dintroduction des proteacuteines deuteacutereacutees dans le

spectromegravetre de masse que nous avons appeleacute laquo cryosource raquo Lutilisation de cette

laquo cryosource raquo permet le stockage des eacutechantillons dans une enceinte isoleacutee agrave -30degC ce qui

eacutevite le deacutemarquage pendant des temps longs (une heure) et permet eacutegalement de travailler

avec des deacutebits faibles de lordre de 2 microLmin

Loptimisation de tous les paramegravetres expeacuterimentaux pour la laquo cryosource raquo a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave

laide de peptides seacutelectivement marqueacutes et eacutegalement sur lubiquitine proteacuteine modegravele de 86

kDa

L‟analyse du peptide de reacutefeacuterence KKDDDDDDIIKIIK a permis une optimisation plus

fine des paramegravetres Des ameacuteliorations techniques ont eacuteteacute apporteacutees Le solvant utiliseacute pour

pousser l‟eacutechantillon jusqu‟agrave la source du spectromegravetre de masse a eacuteteacute modifieacute Il a eacuteteacute

acidifieacute (acide aceacutetique 05M) et deuteacutereacute (1 D2O) afin d‟avoir la mecircme composition que

celle de l‟eacutechantillon Il a eacutegalement eacuteteacute conserveacute agrave -20degC avant son utilisation L‟analyse est

reacutealiseacutee avec un sachet de glace sur la seringue contenant le solvant et le capillaire en PEEK

d‟entreacutee dans la laquo cryosource raquo a eacuteteacute raccourci (67 cm 22 cm) La sortie de la

laquo cryosource raquo assurant le couplage avec la source ESI a eacuteteacute quant agrave elle isoleacutee La

188

tempeacuterature optimale de la laquo cryosource raquo est de -30degC pour un deacutebit optimum de 25 microLmin

Avant le deacutebut des analyses la laquo cryosource raquo est eacutequilibreacutee agrave -30degC pendant trente minutes

pendant lesquelles le solvant est continuellement injecteacute permettant le rinccedilage des capillaires

Le remplissage d‟azote liquide pour le refroidissement du systegraveme est reacutealiseacute entre deux

analyses concomitamment agrave une eacutetape de lavage des capillaires de vingt minutes gracircce au

solvant

La toute derniegravere innovation apporteacutee agrave la laquo cryosource raquo est l‟ajout d‟un ventilateur afin

d‟homogeacuteneacuteiser la tempeacuterature agrave l‟inteacuterieur de la boicircte

Notre objectif final est dutiliser le dispositif d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes que

nous avons deacuteveloppeacute dans une approche HDX top-down ECD pour obtenir des informations

structurales sur des complexes proteacuteiques responsables de l‟initiation de la traduction dans le

cadre dune collaboration avec laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole Polytechnique Et plus

geacuteneacuteralement de fournir agrave la communauteacute des biologistes structuraux une meacutethodologie

robuste pour l‟analyse de proteacuteines et complexes proteacuteiques par eacutechanges isotopiques HD et

spectromeacutetrie de masse agrave tregraves haute reacutesolution (FT-ICR)

J‟aimerais souligner le fait que des travaux similaires ont eacuteteacute meneacutes par l‟eacutequipe du Prof

T Joslashrgensen au Danemark pour le mecircme objectif de reacuteduire le laquo back-exchange raquo lors

d‟eacutetudes HDX par top-down ECD ou ETD Dans leur cas ils ont deacuteveloppeacute un systegraveme de

refroidissement des eacutechantillons agrave -15degC tout aussi efficace agrave partir du systegraveme TriVersa

NanoMate de la socieacuteteacute Advion (28)

189

IV4 Bibliographie

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protein hydrogen exchange measured by subzero-cooled chip-based nanoelectrospray

ionization tandem mass spectrometry Analytical Chemistry 84 4467-4473

191

Conclusion geacuteneacuterale

192

193

Lobjectif initial de ce travail de thegravese eacutetait de mettre au point une meacutethode robuste top-

down HDX-MSMS (cest-agrave-dire combinant eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium en solution et

fragmentation de proteacuteines entiegraveres en phase gazeuse) pour pouvoir obtenir des informations

structurales sur des complexes proteacuteiques reacuteels Combiner eacutechanges HD et spectromeacutetrie de

masse nest pas nouveau mais les meacutethodes classiquement utiliseacutees dites bottom-up et

baseacutees sur une digestion enzymatique preacutesentent linconveacutenient majeur decirctre peu reacutesolutives

(5-10 acides amineacutes en moyenne) Mettre au point des approches sur proteacuteines entiegraveres

preacutesente sur le principe un grand nombre davantages le premier gain attendu est pour la

reacutesolution (qui peut atteindre un seul acide amineacute) le second est pour leacutechange inverse

(laquo back-exchange raquo) qui devrait en theacuteorie ecirctre plus limiteacute car le nombre deacutetapes lors

desquels ce pheacutenomegravene peut se produire (digestion enzymatique seacuteparation

chromatographique) est reacuteduit

Ce travail de thegravese montre cependant quil nest pas aiseacute de mettre une meacutethode top-down

HDX au point et que nous avons ducirc faire face agrave un certain nombre de problegravemes

Tout dabord les reacutesultats obtenus pour les peptides que lon peut seacutelectivement marquer

montrent quil est important doptimiser de maniegravere fine un certain nombre de paramegravetres

expeacuterimentaux que ce soit dans la source dionisation ou agrave diffeacuterents endroits de linstrument

pour eacuteviter au maximum leacutechange inverse entre deuteacuteriums et hydrogegravenes Nos reacutesultats

montrent eacutegalement que ces paramegravetres sont deacutependants du spectromegravetre de masse sur lequel

les expeacuteriences sont reacutealiseacutees et que lanalyse de peptides seacutelectivement marqueacutes devrait ecirctre

un preacute-requis pour toutes les eacutetudes par eacutechange HD Nos reacutesultats confirment eacutegalement que

lECD peut ecirctre utiliseacute pour localiser de maniegravere preacutecise les deuteacuteriums dans la seacutequence et

quune reacutesolution agrave lacide amineacute pregraves peut ecirctre obtenue ce qui est une ameacutelioration majeure

par rapport aux expeacuteriences classiques de bottom-up sans fragmentation

Sur la base du protocole optimiseacute pour des peptides nous avons souhaiteacute poursuivre

lanalyse du complexe aIF2 impliqueacute dans linitiation de la traduction chez les archeacutees Nous

avons alors fait face agrave un certain nombre de problegravemes Le premier a eacuteteacute le manque de

reproductibiliteacute de nos expeacuteriences avec des variations importantes au niveau du nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes et de leur localisation Un point crucial que nous avons mis en

eacutevidence au cours de nos travaux est que pour une proteacuteine contrairement agrave un peptide le

nombre de fragments est important leur intensiteacute couvre un large domaine dynamique et la

deuteacuteration reacuteduit fortement l‟intensiteacute totale Par conseacutequent il est neacutecessaire d‟accumuler un

194

grand nombre de scans MSMS pour faire augmenter le rapport signal sur bruit des fragments

peu intenses et que dans ce cas le problegraveme de leacutechange inverse devient majeur En effet

alors que pour des peptides leacutelargissement des pics ducirc agrave la deuteacuteration ne pose pas reacuteellement

de problegraveme danalyse car les masses des fragments ne sont pas tregraves eacuteleveacutees et le nombre de

fragments nest pas tregraves important le problegraveme est tout autre quand on passe sur des systegravemes

plus grands ne serait-ce que pour une petite proteacuteine de 10 kDa Ainsi il devient tout agrave fait

crucial de pouvoir accumuler pendant un temps suffisant pour pouvoir analyser correctement

les massifs isotopiques larges qui sont obtenus (et qui seacutelargissent au fur et agrave mesure que la

cineacutetique de deuteacuteration avance) Par ailleurs le nombre de fragments obtenus pour une

proteacuteine de 10 kDa est bien supeacuterieur agrave ce que lon attend pour un peptide et le

chevauchement des massifs isotopiques dans les spectres MSMS devient eacutegalement un

problegraveme qui conduit agrave une diminution importante des couvertures de seacutequence entre

leacutechantillon non deuteacutereacute et leacutechantillon deuteacutereacute

Nos reacutesultats obtenus sur aIF2 sont neacuteanmoins prometteurs et montrent quil est reacuteellement

possible dobtenir une reacutesolution agrave lacide amineacute pregraves sur certains segments de la proteacuteine et

que de nouvelles ameacuteliorations de lapproche devraient permettre darriver agrave lobjectif initial

que nous nous eacutetions fixeacutes LECD et lETD sont des meacutethodes de choix pour ces approches

mais certains reacutesultats que nous avons obtenus en CID montrent quil est sans doute possible

dutiliser ce mode de fragmentation installeacute sur tous les spectromegravetres de masse sous

certaines conditions qui restent encore agrave deacuteterminer

Lensemble de nos reacutesultats nous a ainsi conduits agrave consideacuterer que notre systegraveme

dintroduction des eacutechantillons baseacute initialement sur une seringue refroidie ne convenait pas

aux approches top-down et quil eacutetait absolument essentiel de trouver une solution

alternative permettant de maintenir le taux de deuteacuteration initial pendant un temps

suffisamment long pour quun grand nombre de scans MSMS puissent ecirctre accumuleacutes Nous

avons donc deacutecideacute de mettre au point un systegraveme complegravetement diffeacuterent de ce qui existe

aujourdhui dans les diffeacuterentes eacutequipes travaillant dans le domaine baseacute sur lutilisation dune

enceinte isoleacutee refroidie permettant de stocker les eacutechantillons agrave tregraves basse tempeacuterature ce qui

eacutevite le deacutemarquage pendant des temps longs et permet eacutegalement de travailler avec des

deacutebits faibles Le deacuteveloppement de cette cryosource nous a pris plusieurs mois car

maintenir une tempeacuterature de -30degC pour le stockage des eacutechantillons jusquagrave leur

introduction dans le spectromegravetre de masse induit un certain nombre de contraintes (viscositeacute

du solvant formation de bouchons difficulteacute agrave reacutealiser des meacutelanges homogegravenes sur des

195

temps courts) Neacuteanmoins les reacutesultats que nous avons obtenus avec la derniegravere version

optimiseacutee sont tregraves encourageants car ils montrent quil est deacutesormais possible de travailler

pendant des temps longs avec les eacutechantillons deuteacutereacutes sans que le taux de deuteacuteration ne

varie au cours de lanalyse Malheureusement nous navons pas eu le temps au cours de ma

thegravese de revenir sur les proteacuteines du complexe aIF2 et de les analyser avec ce nouveau

systegraveme dintroduction mais nous pensons que lutilisation de cette source devrait enfin

rendre notre approche robuste et applicable agrave des eacutechantillons reacuteels

Ainsi je considegravere que mon travail de thegravese a permis de faire un grand pas en avant pour

rendre les approches top-down HDX applicables agrave des systegravemes preacutesentant un inteacuterecirct

biologique important (ce qui nest pas exactement le cas de tout ce qui a eacuteteacute deacutecrit dans la

litteacuterature jusquici) et que dans quelques anneacutees ces approches complegraveteront de maniegravere

robuste larsenal des meacutethodes danalyse utiliseacutees en biologie structurale apportant des

informations compleacutementaires agrave ce que la RMN ou les rayons X sont capables de fournir

196

197

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes

198

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes 197

A1 Instrumentation 199

A11 Ionisation par eacutelectrospray 199 A111 Formation des gouttelettes chargeacutees 200 A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes 201 A113 Formation d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites gouttelettes fortement

chargeacutees 201 A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS) 203

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 203 A1211 Principe physique 206 A1212 Pieacutegeage des ions 206 A1213 Obtention des spectres de masse 208

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 212 A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse 212 A1222 Sensibiliteacute 212 A1223 Gamme dynamique 213 A1224 Gamme de masse 213

A123 Technologie Orbitrap214 A13 Fragmentation en phase gazeuse 216

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR 216 A132 Fragmentation par ETD sur l‟Orbitrap 218 A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF 220

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium 220

A21 Marquage 220 A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes 220 A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine 221 A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ 221

A22 Dessalage 222 A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse 222

A3 Bibliographie 224

199

A1 Instrumentation

A11 Ionisation par eacutelectrospray

La premiegravere eacutetape d‟une expeacuterience par spectromeacutetrie de masse consiste agrave vaporiser et

ioniser l‟analyte (des moleacutecules) ie agrave former agrave partir d‟un milieu gazeux liquide ou solide

des moleacutecules ioniseacutees isoleacutees manipulables dans le vide pousseacute preacutesent dans le spectromegravetre

de masse Pour cela diffeacuterentes sources d‟ionisation ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees adapteacutees agrave diffeacuterents

types d‟eacutechantillons et agrave diffeacuterents analyseurs

L‟eacutelectroneacutebulisation (ou eacutelectrospray ESI) est une meacutethode d‟ionisation agrave pression

atmospheacuterique qui permet de transfeacuterer et ioniser simultaneacutement des macromoleacutecules intactes

(eg des proteacuteines) preacutesentes en solution en phase gazeuse La formation des ions en phase

gazeuse par cette technique est reacutealiseacutee par des meacutecanismes de deacutesolvatation peu eacutenergeacutetiques

n‟induisant quasiment pas de fragmentation L‟eacutelectrospray est donc consideacutereacutee comme une

technique dionisation douce par opposition agrave d‟autres techniques comme l‟impact

eacutelectronique technique tregraves eacutenergeacutetique qui conduit agrave un grand nombre de fragmentations lors

de leacutetape dionisation De plus les ions isoleacutes sont formeacutes directement agrave partir des moleacutecules

en solution ce qui permet d‟eacuteviter une eacutetape de vaporisation par chauffage qui peut conduire

agrave la deacutegradation de l‟analyte L‟eacutelectroneacutebulisation a eacuteteacute deacuteveloppeacutee par John Fenn (1) sur la

base de travaux plus anciens de Malcolm Dole (2) et John Zeleny (3) et aujourd‟hui elle est

(avec le MALDI) la meacutethode de choix pour l‟eacutetude des biomoleacutecules par spectromeacutetrie de

masse

La formation des ions en phase gazeuse par eacutelectrospray se deacuteroule en trois eacutetapes

principales (i) formation des gouttelettes chargeacutees agrave l‟extreacutemiteacute dun capillaire meacutetalliseacute (ii)

eacutevaporation du solvant et fission des gouttelettes par explosions coulombiennes successives

et finalement (iii) obtention d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir des gouttelettes

fortement chargeacutees issues des deux premiegraveres eacutetapes Les meacutecanismes preacutecis de la formation

des espegraveces ioniseacutees et deacutesolvateacutees dans les deux derniegraveres eacutetapes sont aujourd‟hui encore

assez mal deacutefinis et sujets agrave controverse

200

A111 Formation des gouttelettes chargeacutees

L‟eacutetape initiale du processus d‟eacutelectrospray est la formation de gouttelettes chargeacutees agrave

partir d‟une solution Pour cela l‟eacutechantillon est introduit dans un capillaire meacutetallique (ou

une aiguille meacutetalliseacutee) porteacute agrave un fort potentiel eacutelectrique de plusieurs kilovolts (kV)

L‟application d‟une telle diffeacuterence de potentiel entre ce capillaire et une contre-eacutelectrode

placeacutee quelques millimegravetres plus loin induit une seacuteparation des charges agrave linteacuterieur du liquide

par un pheacutenomegravene eacutelectrophoreacutetique de migration des eacutelectrolytes (cations et anions) Lorsque

le capillaire est utiliseacute comme eacutelectrode positive les espegraveces cationiques s‟accumulent alors agrave

son extreacutemiteacute tandis que les anions migrent en sens inverse en s‟accumulant agrave l‟inteacuterieur

jusqu‟agrave s‟oxyder agrave la surface du capillaire (Fig A 1)

Fig A 1 Scheacutema simplifieacute du fonctionnement drsquoune source eacutelectrospray (4)

Ainsi en mode dit positif les cations sont attireacutes par l‟eacutelectrode neacutegative (contre-

eacutelectrode) et les anions par l‟eacutelectrode positive (capillaire) La seacuteparation des charges induit

une deacuteformation du liquide agrave l‟extreacutemiteacute du capillaire deacuteformation qui met en jeu un

eacutequilibre entre les forces eacutelectrostatiques (reacutepulsives) et la tension de surface (attractive) du

liquide Lorsque les forces eacutelectrostatiques atteignent la valeur de la tension de surface du

liquide la deacuteformation est conique et porte le nom de cocircne de Taylor (5) Une faible

augmentation du champ eacutelectrique suffit alors agrave deacutestabiliser le cocircne qui se rompt agrave son

extreacutemiteacute dispersant la solution en nombreuses gouttelettes qui emportent une partie des

charges preacutesentes agrave la pointe Apregraves cette eacutetape les gouttelettes se deacuteplacent sous l‟influence

du champ eacutelectrique mais eacutegalement sous celle d‟un gradient de pression creacuteeacute par la

deacutepression agrave lentreacutee du spectromegravetre de masse

201

A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes

Les gouttelettes chargeacutees issues du cocircne de Taylor migrent donc vers l‟interface du

spectromegravetre de masse Sur leur trajet elles entrent en collision avec le gaz atmospheacuterique et

suivant les interfaces avec un gaz de seacutechage et subissent une eacutevaporation du solvant alors

que le nombre de charges reste constant L‟eacutevaporation du solvant est favoriseacutee par la

tempeacuterature souvent eacuteleveacutee de la source dionisation (80-140degC) La diminution du rayon R

des gouttelettes posseacutedant une charge constante q conduit agrave l‟augmentation de la reacutepulsion

eacutelectrostatique des charges agrave sa surface jusqu‟agrave ce que les gouttelettes atteignent la limite de

stabiliteacute de Rayleigh donneacutee par

213

0 )(8 RqRy

ougrave 0 permittiviteacute du vide R rayon de densiteacute de charges et tension de surface stabilisant

la goutte

Cette eacutequation donne les conditions pour lesquelles les forces de reacutepulsions

eacutelectrostatiques deviennent eacutegales agrave celles de tension de surface A partir de la limite de

Rayleigh la gouttelette chargeacutee devient instable ce qui conduit agrave une explosion

coulombienne correspondant agrave la fission de la gouttelette en gouttelettes de plus petites tailles

Les travaux de Rayleigh en 1882 (6) puis de Gomez et Tang en 1994 (7) ont montreacute que la

fission des gouttelettes s‟effectuait par eacutemission d‟un jet tregraves fin de gouttelettes sans reacuteelle

relation de symeacutetrie Ce pheacutenomegravene d‟eacutevaporation se reproduit jusqu‟agrave ce que les nouvelles

gouttelettes aient agrave nouveau atteint la limite de Rayleigh

A113 Formation drsquoions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites

gouttelettes fortement chargeacutees

Dans la litteacuterature deux meacutecanismes ont eacuteteacute proposeacutes pour expliquer ce pheacutenomegravene Le

premier modegravele dit modegravele des reacutesidus chargeacutes ou laquo Charged Residue Model raquo (CRM) a eacuteteacute

deacutecrit par Dole en 1968 (2) L‟hypothegravese est la suivante la succession d‟explosions

coulombiennes conduirait agrave des gouttelettes de plus en plus petites jusqu‟agrave ce que la derniegravere

gouttelette ne possegravede plus qu‟une seule et unique moleacutecule d‟analyte (Fig A 2 (a)) Dans

ce modegravele l‟eacutevaporation totale du solvant reacutesiduel accumule les charges sur l‟analyte et

permet l‟obtention d‟ions multichargeacutes en phase gazeuse

202

En 1979 une seconde theacuteorie baseacutee sur de nouveaux meacutecanismes a eacuteteacute proposeacutee par Iribarne

et Thomson (8) Il s‟agit du modegravele de l‟eacutevaporation ionique ou laquo Ion Evaporation Model raquo

(IEM) Leur theacuteorie repose comme celle de Dole sur une succession initiale de fissions de

type coulombiennes qui reacuteduit la taille des gouttelettes et augmente leur densiteacute de charge

Cependant selon la theacuteorie dIribarne et Thomson pour des gouttelettes avec un rayon tregraves

petit (de l‟ordre de 10 nm) et une densiteacute de charge tregraves eacuteleveacutee le champ eacutelectrostatique agrave leur

surface serait assez intense pour expulser directement des ions preacuteformeacutes en phase gazeuse

(Fig A 2 (b)) Ce pheacutenomegravene appeleacute eacutevaporation ionique suggegravere que l‟explosion

coulombienne ne constitue pas le meacutecanisme majoritaire pour les petites gouttelettes de rayon

R le 10 nm

Fig A 2 Les deux theacuteories de lrsquoobtention drsquoions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de

gouttelettes chargeacutees (a) Modegravele des reacutesidus chargeacutes par Dole (b) Modegravele de lrsquoeacutevaporation

ionique par Iribarne et Thomson

Cependant aujourd‟hui encore aucun de ces deux modegraveles n‟est consideacutereacute comme

applicable agrave l‟ensemble des pheacutenomegravenes observeacutes en eacutelectrospray (9) Le consensus semble

ecirctre l‟existence d‟un effet de taille de l‟analyte les grosses moleacutecules eacutetant plutocirct orienteacutees

vers une formation d‟ions en phase gazeuse par le meacutecanisme de reacutesidus chargeacutes de Dole (10-

12) John B Fenn eacutemet l‟hypothegravese que cette theacuteorie s‟applique aux moleacutecules de haut poids

moleacuteculaire agrave partir du moment ougrave les dimensions lineacuteaires de ces moleacutecules sont

sensiblement plus grandes que la gouttelette qui les contient

Quel que soit le meacutecanisme responsable de la formation des ions en phase gazeuse

leacutelectrospray est aujourdhui une meacutethode dionisation extrecircmement utiliseacutee dans des

domaines varieacutes (biologie chimie pharmaciehellip)

203

A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS)

Parmi les diffeacuterents spectromegravetres de masse commercialiseacutes les instruments FT-ICR et

Orbitrap occupent une place de choix pour l‟eacutetude de proteacuteines entiegraveres par approche laquo top-

down raquo en raison de leurs tregraves grandes performances en termes de reacutesolution et de preacutecision

sur la mesure de masse

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR

Notre eacutetude sur les peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen qui est preacutesenteacutee dans le

Chap II de ce manuscrit a eacuteteacute reacutealiseacutee sur un spectromegravetre APEX III de Bruker (Brecircme

Allemagne) eacutequipeacute d‟un aimant supraconducteur de 7 Tesla d‟une cellule ICR de type

Infinity Cell et d‟une source eacutelectrospray Apollo I

Needle on

ground

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

PL1 PL2

(DPL2)

pulsed

PL4

(DPL4)

pulsed

HVO

(XDFL)

pulsed

(YDFL)

gate valve

FOCL1 FOCL2

PL9

(3kV)

Endplate

(~plusmn3600)

Capillary

(~plusmn4200)

CapExit

Skimmer2

Offset

ESI Source

ExtractTrap amp

pulsing between

(EV2DEV2)

Infinity cell

Skimmer1

Needle on

ground

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

PL1 PL2

(DPL2)

pulsed

PL4

(DPL4)

pulsed

HVO

(XDFL)

pulsed

(YDFL)

gate valve

FOCL1 FOCL2

PL9

(3kV)

Endplate

(~plusmn3600)

Capillary

(~plusmn4200)

CapExit

Skimmer2

Offset

ESI Source

ExtractTrap amp ExtractTrap amp

pulsing between

(EV2DEV2)

Infinity cell

Skimmer1

Fig A 3 Scheacutema du FT-ICR APEX III Bruker de la source eacutelectrospray agrave la cellule ICR

Infinity Cell (drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Les ions sont formeacutes au niveau de la source ESI puis transfeacutereacutes via un ensemble de

lentilles eacutelectrostatiques au centre de la cellule de pieacutegeage situeacutee au cœur de l‟eacutelectroaimant

supraconducteur (Fig A 3)

Un hexapocircle de stockage est inseacutereacute apregraves le capillaire de transfert de la source eacutelectrospray

et avant le systegraveme de transfert eacutelectrostatique afin dy accumuler les ions avant de les

envoyer dans la cellule ICR Cette derniegravere placeacutee dans un vide pousseacute (10-10

mbar environ)

repreacutesente l‟eacuteleacutement cleacute du spectromegravetre puisqu‟elle va servir d‟analyseur et de deacutetecteur par

la mesure de la freacutequence cyclotron des ions pieacutegeacutes

204

Au cours de cette thegravese notre spectromegravetre a beacuteneacuteficieacute d‟importantes eacutevolutions

instrumentales Ainsi en janvier 2011 nous avons fait l‟acquisition du chariot de la socieacuteteacute

Sanofi-Aventis de Toulouse notre APEX III devenant alors APEX-Q Les principales

diffeacuterences entre les deux instruments sont l‟ajout d‟un quadripocircle et d‟une cellule de

collision et la source d‟ionisation (Apollo I sur lAPEX III et CombiSource premier modegravele

sur l‟APEX-Q) (Fig A 4)

Ion transfer

optics

UV Laser

Lens

Windows

Mirror

Medium pressure

chamber

Movable

hexapole

PPP

MALDI

sample

plate

Second

skimmer

Ion transfer

capillary

ESI

skimmer

Funnel

Electrospray

nebulizer

End

cap

ICR trap

Attenuator Magnet

Mirrors

PP

P

Storage hexapole

Trapextractplate

Collision

gas tube

Pulsed

valve

Collision hexapole

Quadrupole

ESI

Sprayed

sample

Hollow

cathode

IRMPDECD

Fig A 4 Scheacutema du FT-ICR APEX-Q Bruker de la combi-source agrave la cellule ICR Infinity

Cell (drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Puis en avril 2012 nous avons reccedilu le nouveau chariot de Bruker le SolariX (Fig A 5) Il

apporte les ameacuteliorations suivantes une combisource nouvelle geacuteneacuteration l‟ajout d‟un

module ETS (possibiliteacutes de CID ou d‟ECDETD) et d‟un hexapocircle pour acheminer les ions

de la cellule de collision agrave la cellule ICR (Fig A 6)

205

Fig A 5 Photographie du FT-ICR SolariX (Bruker)

Fig A 6 Scheacutema du FT-ICR SolariX Bruker de la combi-source agrave la cellule ICR Infinity Cell

(drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Comme il a deacutejagrave eacuteteacute speacutecifieacute dans le Chap III de ce manuscrit nous avons eacutegalement eacuteteacute

ameneacutes agrave travailler sur l‟APEX-Qe d‟Orsay Les diffeacuterences majeures entre l‟APEX III et

l‟APEX-Qe sont la preacutesence dun quadripocircle sur lAPEX-Qe permettant de reacutealiser la

seacutelection d‟ions preacutecurseurs avant leur entreacutee dans la cellule ICR la preacutesence dlaquo ion

funnels raquo (qui ameacuteliorent la sensibiliteacute de linstrument) et la source dionisation (Apollo I sur

lAPEX III Apollo II sur lAPEX-Qe)

206

A1211 Principe physique

Le principe de la spectromeacutetrie de masse agrave reacutesonance cyclotronique ionique (laquo Ion

Cyclotron Resonance raquo ICR) repose sur le fait qu‟une particule chargeacutee animeacutee dune vitesse

v se deacuteplaccedilant dans un champ magneacutetique uniforme B subit la force de Lorentz (Eq A 1)

BvqF

(Eq A 1)

Cette force conduit la particule chargeacutee agrave adopter une trajectoire heacutelicoiumldale autour d‟un

axe parallegravele agrave celui du champ magneacutetique B (conventionnellement axe z) dont la projection

dans le plan orthogonal (xy) est un mouvement circulaire uniforme (Fig A 7)

Fig A 7 Mouvement cyclotron drsquoun ion dans un champ magneacutetique

Ce mouvement de rotation est appeleacute mouvement cyclotron et en l‟absence de champ

eacutelectrique sa freacutequence νc ne deacutepend que du champ magneacutetique et du rapport masse sur

charge (Eq A 2) On conccediloit degraves lors quune mesure de cette freacutequence de rotation permet

une deacutetermination du rapport mz de lespegravece consideacutereacutee

zm

B

m

Bqc

105356111

2

7

(Eq A 2)

A1212 Pieacutegeage des ions

Jusquici seul le mouvement dans le plan xy a eacuteteacute consideacutereacute En labsence dautres champs

la vitesse suivant laxe z reste constante et la trajectoire reacutesultante est un mouvement

heacutelicoiumldal autour dun axe parallegravele agrave z qui se poursuivra indeacutefiniment Pour construire un

piegravege une possibiliteacute est de fermer le mouvement suivant z par deux plaques de pieacutegeage

207

perpendiculaires agrave laxe z porteacutees agrave un potentiel reacutepulsif Ainsi est neacutee la cellule ICR aussi

appeleacutee piegravege de Penning et le premier modegravele en est la cellule cubique (Fig A 8)

Fig A 8 Cellule cubique simple (13)

Sil eacutetait possible dappliquer un champ eacutelectrique homogegravene parallegravele au champ

magneacutetique avec des plaques de longueurs infinies le mouvement dun ion serait heacutelicoiumldal

avec des oscillations peacuteriodiques suivant laxe z Cette freacutequence d‟oscillations ou freacutequence

de pieacutegeage νt est principalement due aux reacutepulsions successives des deux plaques de

pieacutegeage et peut ecirctre exprimeacutee par (Eq A 3)

2

2

2

1

am

Vq trap

t

(Eq A 3)

ougrave Vtrap potentiel de pieacutegeage a distance entre les deux plaques et α facteur geacuteomeacutetrique

eacutegal agrave 2 dans le cas ideacuteal

Cependant il n‟est pas possible de se situer dans le cas ideacuteal d‟un champ eacutelectrique

homogegravene qui suppose des plaques infinies Le champ eacutelectrique ne peut pas ecirctre exactement

parallegravele au champ magneacutetique et une composante radiale est alors agrave prendre en compte Par

conseacutequent un troisiegraveme mouvement propre au mouvement de deacuteplacement des charges

pieacutegeacutees s‟ajoute aux deux preacuteceacutedents mouvements (cyclotron et pieacutegeage) Ce mouvement dit

mouvement magneacutetron s‟oppose agrave la force de Lorentz et se traduit par un abaissement de la

freacutequence cyclotronique

208

Ce pieacutegeage suppose toutefois que la trajectoire des ions les ait ameneacutes agrave ecirctre confineacutes

dans la cellule Cela peut ecirctre obtenu en produisant des ions in situ (ionisation eacutelectronique

MALDI) mais des difficulteacutes suppleacutementaires sont agrave prendre en compte lorsque les ions sont

formeacutes initialement agrave l‟exteacuterieur de la cellule (cas de l‟ionisation par eacutelectrospray) En effet la

conservation de l‟eacutenergie cineacutetique impose que pour des ions transporteacutes suivant l‟axe z s‟ils

ont suffisamment d‟eacutenergie pour entrer dans la cellule et que le potentiel des plaques ne

change pas ils en ont assez pour ressortir

Le pieacutegeage dynamique est une solution agrave ce problegraveme au lieu dappliquer des tensions

continues sur les plaques de pieacutegeage on va jouer sur des variations de tension pour sassurer

du pieacutegeage des ions On synchronise les tensions sur la plaque de la cellule situeacutee cocircteacute source

avec le deacuteplacement des ions (Fig A 9) Neacuteanmoins cette technique introduit une

discrimination en masse par la diffeacuterence de temps de vol des espegraveces

Fig A 9 Principe du pieacutegeage dynamique des ions

A1213 Obtention des spectres de masse

Une fois les ions pieacutegeacutes la mesure de leur freacutequence cyclotronique n‟est pas possible

directement Bien qu‟ayant une freacutequence de rotation identique tous les ions de mecircme rapport

masse sur charge ne preacutesentent pas un mouvement coheacuterent En effet les ions ont eacuteteacute produits

agrave des temps variables et avec des eacutenergies cineacutetiques diffeacuterentes ce qui se traduit par une

209

phase (position sur l‟orbite) et un rayon variables Afin de pouvoir mesurer les freacutequences

cyclotroniques il est neacutecessaire que ce mouvement global devienne coheacuterent ie que tous les

ions de mecircme rapport masse sur charge se preacutesentent avec la mecircme phase et avec le mecircme

rayon Ce reacutesultat est obtenu par une proceacutedure d‟excitation-deacutetection deacutetailleacutee ci-apregraves

Excitation des ions

Comme cela vient d‟ecirctre dit une fois pieacutegeacutes les ions de mecircme rapport masse sur charge

ont la mecircme freacutequence cyclotronique mais ne forment pas un paquet coheacuterent En effet la

position de leur axe de rotation et la phase de leur mouvement ne sont pas eacutegales De plus le

rayon de leur orbite cyclotronique est trop faible pour induire un quelconque signal sur les

plaques de deacutetection L‟application d‟un pulse de radiofreacutequence sur les plaques d‟excitation agrave

leur freacutequence cyclotron permet de rendre le mouvement des ions coheacuterent et de les conduire

sur une trajectoire de mecircme rayon agrave proximiteacute des plaques de deacutetection En effectuant un

balayage de freacutequence il est possible d‟exciter des populations d‟ions de rapports masse sur

charge diffeacuterents qui adoptent alors une trajectoire circulaire de mecircme rayon avec des

freacutequences de rotation diffeacuterentes Cette eacutetape permet non seulement d‟obtenir des paquets

d‟ions deacutecrivant un mouvement coheacuterent mais aussi de les rapprocher des deux plaques de

deacutetection afin de pouvoir analyser ce mouvement Dans le cas ideacuteal il conviendrait d‟exciter

les ions sur une orbite la plus grande possible afin d‟augmenter le signal et la sensibiliteacute

Cependant ceci n‟est pas applicable puisque la non homogeacuteneacuteiteacute du champ eacutelectrique pregraves

des plaques conduirait agrave l‟eacutejection progressive des ions C‟est la raison pour laquelle il est

usuel de ne pas exciter les ions sur des rayons supeacuterieurs agrave 08 fois le rayon de la cellule

Plusieurs types de champs eacutelectriques sinusoiumldaux peuvent ecirctre appliqueacutes pour exciter les

ions La Fig A 10 preacutesente trois types d‟excitations diffeacuterentes

210

a)

b)

c)

a)

b)

c)

Fig A 10 Types drsquoexcitations usuellement utiliseacutees agrave gauche dans le domaine temporel et agrave

droite dans le domaine des freacutequences (a) sinusoiumlde monofreacutequence tronqueacutee (b) balayage

de freacutequence (chirp) (c) balayage par SWIFT

Le premier type permet l‟excitation des ions agrave une seule freacutequence (Fig A 10 (a))

L‟excitation monofreacutequence n‟est donc pas vraiment utile pour la deacutetection de tous les ions

preacutesents dans la cellule qui est le cas le plus couramment rencontreacute En effet dans ce cas il

faudrait reacutealiser une excitation monofreacutequence pour chacun des ions preacutesents Il est donc

preacutefeacuterable d‟utiliser un mode d‟excitation par balayage de freacutequence (Fig A 10 (b)) qui va

balayer toute la gamme de freacutequences des ions en une seule impulsion Le balayage par

SWIFT (laquo Stored-Waveform Inverse Fourier Transform raquo) (Fig A 10 (c)) permet de calculer

l‟onde d‟excitation agrave partir du domaine des rapports masse sur charge eacutetudieacute Cependant le

SWIFT n‟est employable que sur les instruments eacutequipeacutes d‟un geacuteneacuterateur arbitraire de

freacutequences

Deacutetection du courant induit

La rotation coheacuterente des ions sur une orbite large creacutee un courant induit sur les deux

plaques de deacutetection qui est deacutetectable apregraves amplification par une eacutelectronique adapteacutee Ce

courant est proportionnel agrave la charge totale du paquet d‟ions ayant un mouvement coheacuterent

et ne deacutepend pas de la freacutequence cyclotronique des ions

Forme du signal mesureacute

La collision des ions avec des moleacutecules de gaz reacutesiduelles pendant le temps de mesure

conduit agrave une perte de coheacuterence du paquet d‟ions et donc agrave une perte d‟intensiteacute du signal

211

De ce fait le signal obtenu correspond agrave une sinusoiumlde amortie exponentiellement (Fig A

11) Or la preacutecision en masse est directement lieacutee agrave la preacutecision sur la mesure de la freacutequence

de rotation cyclotron des ions pieacutegeacutes Par conseacutequent une mesure de masse preacutecise neacutecessite

une pression la plus faible possible dans la cellule

Fig A 11 Signal sinusoiumldal amorti exponentiellement (agrave gauche eacutechelle en temps) et le

reacutesultat apregraves transformation de Fourier (agrave droite eacutechelle en freacutequence)

Digitalisation et transformation de Fourier

Comme l‟indique le nom de l‟appareil c‟est la transformeacutee de Fourier (laquo Fourier

Transform raquo FT) qui permet de mesurer en une seule expeacuterience l‟ensemble des freacutequences

de rotation des ions (Fig A 12)

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

FT

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

FT

Fig A 12 Spectre de masse obtenu apregraves transformeacutee de Fourier du signal

Le courant induit mesureacute sur les plaques de deacutetection correspond agrave un interfeacuterogramme (ou

laquo Free Induction Decay raquo FID) ougrave les sinusoiumldes amorties de l‟ensemble des ions preacutesents

dans la cellule sont additionneacutees les unes aux autres La digitalisation de ce signal suivie

d‟une transformation de Fourier permet de convertir cet interfeacuterogramme en un spectre

contenant les informations sur les freacutequences (convertibles en rapport masse sur charge via la

relation A 2) et les abondances des ions pieacutegeacutes dans la cellule En additionnant plusieurs

deacutetections successives il est possible d‟ameacuteliorer le rapport signal sur bruit du spectre

transformeacute

212

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR

A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse

La particulariteacute de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR qui consiste agrave ramener la mesure des

rapports masse sur charge agrave la mesure d‟une freacutequence lui confegravere ses caracteacuteristiques en

termes de reacutesolution Dans des conditions approprieacutees ie avec un vide tregraves pousseacute dans la

cellule permettant un enregistrement pendant un temps suffisamment long sans perte de

signal il est possible d‟atteindre des reacutesolutions supeacuterieures agrave 106 pour un ion de mz 1000

dans un champ magneacutetique de 7 Tesla En plus du temps d‟enregistrement pour obtenir de la

haute reacutesolution la principale contrainte est le transfert et le stockage d‟interfeacuterogrammes de

grande taille (jusqu‟agrave 8 Mega points) De ce fait la reacutesolution expeacuterimentale utiliseacutee est

freacutequemment de l‟ordre de 60 000 pour minimiser les temps d‟acquisition ainsi que la taille

de stockage

La preacutecision en masse deacutepend principalement de la reacutesolution mais eacutegalement de la charge

d‟espace En effet la preacutesence d‟un tregraves grand nombre d‟ions pieacutegeacutes dans la cellule modifie le

champ eacutelectrique et geacutenegravere une force de reacutepulsion entre les ions Cette force a pour

conseacutequence la deacuteviation de la trajectoire des ions ce qui biaise les mesures de masses Ce

pheacutenomegravene pose le problegraveme eacutevident de la calibration externe En effet pour que l‟eacutetalonnage

externe soit le plus preacutecis possible il faut qu‟il soit effectueacute avec une charge d‟espace

comparable agrave celle de l‟eacutechantillon ce qui est difficilement controcirclable Il est ainsi

recommandeacute de travailler avec de faibles quantiteacutes d‟ions pour limiter au maximum la

deacuteviation due agrave ce pheacutenomegravene Une preacutecision de lordre de quelques ppm est alors obtenue

Cependant l‟eacutetalonnage interne permet de saffranchir de ce problegraveme de charge d‟espace

puisque les ions calibrants sont preacutesents dans la cellule en mecircme temps que les ions de

l‟eacutechantillon et subissent la mecircme charge d‟espace On atteint alors en routine des preacutecisions

en masse de l‟ordre d‟une ppm voire moins

A1222 Sensibiliteacute

Des calculs theacuteoriques ont montreacute que le nombre de charges minimum ayant un

mouvement coheacuterent neacutecessaire pour deacutetecter un signal eacutetait de l‟ordre de 200 Ceci constitue

une limite ultime de la sensibiliteacute de ce type d‟instrument En pratique il faut tenir compte de

213

l‟efficaciteacute de chacune des eacutetapes permettant de passer de l‟analyte neutre aux ions pieacutegeacutes et

exciteacutes dans la cellule Il faut eacutegalement tenir compte des eacutetats de charge et de l‟existence de

massifs isotopiques qui augmentent le nombre de freacutequences sur lesquelles se reacutepartissent les

ions Les sensibiliteacutes records atteintes actuellement sur des peptides de masse 1000 Da sont

de l‟ordre de 10 attomoles consommeacutees en nano-eacutelectrospray Dans un instrument

commercial avec les protocoles standards on peut obtenir un signal exploitable avec environ

10 femtomoles de produit consommeacute

A1223 Gamme dynamique

Un point sur lequel la spectromeacutetrie de masse FT-ICR nest pas particuliegraverement bien

placeacutee est la gamme dynamique qui repreacutesente la capaciteacute agrave discriminer des ions

d‟abondances diffeacuterentes dans un mecircme spectre Le problegraveme est lieacute agrave celui de la charge

d‟espace dans la mesure ougrave les mouvements des ions de faible abondance sont perturbeacutes par

ceux des ions majoritairement preacutesents dans la cellule Il est admis qu‟il est difficile de

mesurer avec une bonne preacutecision la masse d‟un ion dont l‟abondance est infeacuterieure agrave 1 de

celle de l‟ion le plus abondant

A1224 Gamme de masse

La gamme de masse est quant agrave elle en theacuteorie quasiment illimiteacutee La limite de masse

infeacuterieure deacutepend uniquement de l‟eacutelectronique et plus preacuteciseacutement des capaciteacutes du

digitaliseur et du geacuteneacuterateur de freacutequences Pour un aimant de 7 Tesla eacutequipeacute d‟un

digitaliseur agrave 8 MHz cela eacutequivaut agrave une limite infeacuterieure de mz 29 En ce qui concerne la

limite supeacuterieure elle deacutepend de la capaciteacute de la cellule agrave pieacuteger les ions Dans le cas d‟un

aimant de 7 Tesla cette limite est atteinte pour un ion de mz 274 000 Malheureusement des

problegravemes apparaissent avant cette limite notamment agrave cause des limites sur les dureacutees

d‟acquisition de signal Les signaux des masses eacuteleveacutees correspondant agrave de basses freacutequences

se trouvent consideacuterablement eacutelargis (mz 274 000 eacutequivaut agrave mesurer une freacutequence de 393

Hz) De ce fait la limite expeacuterimentale couramment admise se situe agrave mz 27 000 pour un

aimant de 7 Tesla

214

A123 Technologie Orbitrap

L‟Orbitrap est une technologie relativement reacutecente (baseacutee sur le principe d‟un piegravege

orbitalaire eacutelectrostatique) inventeacutee par A Makarov (14) L‟Orbitrap repose sur le pieacutegeage

des ions par un champ eacutelectrostatique quadripolaire qui creacutee l‟oscillation des ions pieacutegeacutes Ces

oscillations proportionnelles au rapport (mz)-12

sont deacutetecteacutees par la mesure du courant

induit et traduites en spectre de masse par la transformeacutee de Fourier (Fig A 13) Il existe

donc de grandes similitudes au niveau de la deacutetection des ions par spectromeacutetrie de masse FT-

ICR et Orbitrap

Fig A 13 Deacutetection des ions par la technologie Orbitrap Les courants induits correspondent

agrave un interfeacuterogramme qui est la superposition de freacutequences de plusieurs espegraveces Le

traitement du signal qui est reacutealiseacute de la mecircme maniegravere que par spectromeacutetrie de masse FT-

ICR avec les mecircmes contraintes et limitations suivi eacutegalement drsquoune transformation de

Fourier permet de convertir cet interfeacuterogramme en un spectre de freacutequence facilement

convertible en spectre de masse

De ce fait les performances de la technologie Orbitrap en termes de reacutesolution (jusque

100 000) et preacutecision sur la mesure de masse (de l‟ordre de 1-2 ppm) rivalisent avec celles de

la spectromeacutetrie de masse FT-ICR De plus la reacutesolution de l‟Orbitrap eacutetant proportionnelle

au rapport (mz)-12

elle diminue moins vite avec l‟augmentation du rapport mz que dans le

cas du FT-ICR Par ailleurs la gamme dynamique de l‟Orbitrap contrairement agrave la

spectromeacutetrie de masse FT-ICR est satisfaisante (gt 3 deacutecades) (15) L‟Orbitrap est

principalement utiliseacutee en spectromeacutetrie de masse en tandem associeacutee agrave un piegravege lineacuteaire

Le scheacutema et la photographie du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher) que

nous avons utiliseacute pour nos expeacuteriences HDX correspondent aux Fig A 14 et Fig A 15

215

L‟instrument est composeacute d‟une source ESI de type laquo Z-spray raquo suivie d‟une optique ionique

de type laquo S-lens raquo permettant de mieux focaliser les ions et d‟ameacuteliorer la sensibiliteacute Une

optique de transfert ionique (quadripocircle octopocircle) performante en termes de stabiliteacute et

efficaciteacute de transmission des ions permet leur acheminement dans une trappe lineacuteaire Dans

cette trappe ionique il est possible de fragmenter les ions par CID ou ETD et de proceacuteder agrave

leur deacutetection Il est eacutegalement possible de les deacutetecter par transformation de Fourier dans

l‟Orbitrap avec une meilleure reacutesolution Dans ce cas les ions sont transfeacutereacutes de la trappe

lineacuteaire agrave la C-trappe via un quadripocircle puis eacutejecteacutes dans l‟analyseur Orbitrap Une cellule de

collision placeacutee agrave proximiteacute de la C-trappe permet eacutegalement de fragmenter les ions par HCD

(laquo High-energy Collisional Dissociation raquo) Les ions sont ensuite analyseacutes dans l‟Orbitrap

Fig A 14 Scheacutema du LTQ-Orbitrap Velos (drsquoapregraves la documentation de Thermo Ficher

Scientific)

Fig A 15 Photographie du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher Scientific) de

la plateforme proteacuteomique de lInstitut Jacques-Monod (Paris 7)

216

A13 Fragmentation en phase gazeuse

La spectromeacutetrie de masse en tandem consiste (i) dans une premiegravere eacutetape agrave seacutelectionner

l‟ion d‟inteacuterecirct (appeleacute ion parent ou ion preacutecurseur) et (ii) dans une seconde eacutetape agrave

analyser les ions fragments (ou ions fils) obtenus par la dissociation de l‟ion parent Selon

les instruments utiliseacutes les eacutetapes de seacutelection et d‟analyse des fragments se font soit dans

l‟espace (tQ Q-TOF TOF-TOF) soit dans le temps (IT FT-ICR) soit en combinant des

eacutetapes dans le temps et l‟espace (q-FT-ICR IT-Orbitrap)

Comme les sources d‟ionisation dites douces (ESI MALDI) celles utiliseacutees pour

l‟analyse des biomoleacutecules conduisent agrave des ions avec peu d‟eacutenergie interne il faut induire la

fragmentation par un apport d‟eacutenergie au systegraveme Cet apport d‟eacutenergie peut se faire de

diffeacuterentes faccedilons (16) collision avec un gaz inerte (fragmentation de haute ou basse

eacutenergie) collision avec une surface irradiation par des photons irradiation par des eacutelectrons

(speacutecifique des FT-ICR) reacuteactions ion-moleacutecule ou ion-ion (dont l‟ETD) Le controcircle de

l‟eacutenergie deacuteposeacutee est un paramegravetre important comme nous avons pu le voir dans le Chap I

dans le cadre des eacutetudes HDX il est important de pouvoir controcircler l‟eacutenergie apporteacutee aux

ions pour ne pas conduire agrave un reacutearrangement aleacuteatoire total des hydrogegravenes et deuteacuteriums le

long du squelette polypeptidique

La spectromeacutetrie de masse en tandem permet d‟obtenir des informations de structure de

l‟ion fragmenteacute (qu‟il soit organique ou biologique) et permet dans le cas de meacutelanges

complexes de seacutelectionner speacutecifiquement une espegravece parmi les autres pour obtenir son

spectre de fragmentation

Les deux principaux types de fragmentation utilisables dans le cadre des eacutetudes HDX sont

deacutetailleacutes dans les sous-paragraphes suivants Il s‟agit des meacutethodes d‟activation par les

eacutelectrons (ECDETD) preacutesenteacutees preacuteceacutedemment dans le Chap I

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR

Ce mode de dissociation consiste agrave irradier les ions multichargeacutes par un faisceau

d‟eacutelectrons La recombinaison entre un eacutelectron et l‟ion conduit agrave la formation d‟un cation

radical (Fig A 16) et permet un gain d‟eacutenergie de l‟ordre de quelques eV (2-3 eV) (17) Ce

type de fragmentation est speacutecifique des FT-ICR et a eacuteteacute preacutesenteacute dans le Chap I dans la

217

partie consacreacutee agrave la fragmentation des peptides proteacuteolytiques marqueacutes La grande diffeacuterence

avec la fragmentation CID repose sur la formation initiale d‟un radical cation dont les voies

de fragmentation seront pour des polypeptides tregraves diffeacuterentes de celles du cation Cela se

traduira en particulier par la formation de fragments de type c et z De plus comme vu dans le

Chap II l‟ECD conduit agrave une faible redistribution des deuteacuteriums avant fragmentation ce

que les proposants de meacutecanismes pour l‟ECD ont attribueacute soit agrave une vitesse de fragmentation

rapide ne permettant pas une redistribution initiale de l‟eacutenergie (hypothegravese non-ergodique)

soit plus vraisemblablement agrave une barriegravere de fragmentation suffisamment abaisseacutee pour

rendre la vitesse de rupture des liaisons amide dans le radical cation supeacuterieure agrave celles des

autres voies de fragmentation etou de transferts de protons

e-

[M nH]n+ [M nH](n-1)+bull F1m+ + F2

k+bull

Fig A 16 Capture exothermique drsquoun eacutelectron par une moleacutecule multichargeacutee (positive)

Mode drsquoactivation ECD passe par une voie de fragmentation de type radicalaire

D‟un point de vue technique les eacutelectrons sont formeacutes par une cathode chauffeacutee

indirectement qui a remplaceacute le filament afin d‟obtenir un flux suffisant pour que la capture

d‟eacutelectron soit efficace La fragmentation a lieu dans la cellule ICR ougrave les ions sont pieacutegeacutes agrave

proximiteacute du centre de la cellule Trois paramegravetres influencent l‟efficaciteacute de fragmentation

par ECD (i) le potentiel de la cathode qui controcircle l‟eacutenergie des eacutelectrons mais a eacutegalement

un effet sur le courant d‟eacutelectrons (ii) la tempeacuterature de la cathode et (iii) la dureacutee

d‟irradiation par des eacutelectrons qui controcircle le taux de fragmentation Notons que l‟efficaciteacute

de capture deacutecroicirct rapidement avec l‟eacutenergie des eacutelectrons et qu‟il est important d‟optimiser

au maximum le temps d‟irradiation par des eacutelectrons pour eacuteviter les recaptures successives

tout en obtenant suffisamment de fragmentations (voir Chap III)

Lors de nos expeacuteriences ECD nous avons utiliseacute une cathode chauffeacutee agrave 16 A pour

l‟APEX III et 18 A pour l‟APEX-Qe avec une irradiation par des eacutelectrons de l‟ordre de

quelques eV d‟eacutenergie cineacutetique (de 09 eV pour l‟ubiquitine agrave 2 eV pour aIF2α3) pendant

quelques dizaines de millisecondes (optimum agrave 10 ms) Nous avons travailleacute sur tous les eacutetats

de charge sans seacutelection

218

A132 Fragmentation par ETD sur lrsquoOrbitrap

L‟ETD est un analogue de l‟ECD Il procegravede par une reacuteaction ion-moleacutecule entre un

radical anion formeacute geacuteneacuteralement dans une source CI neacutegatif et un cation multichargeacute La

difficulteacute est de maximiser le transfert d‟eacutelectron en limitant le transfert de proton Les

reacuteactifs ont eacuteteacute optimiseacutes pour cela et le fluoranthegravene utiliseacute dans ce travail est le reacuteactif

geacuteneacuteralement utiliseacute De plus il est possible via le choix du reacuteactif de controcircler la

thermochimie du transfert d‟eacutelectrons On obtient en ETD une fragmentation similaire agrave celle

en ECD mais pas identique

L‟ETD preacutesente tous les avantages de l‟ECD il ne deacutepend pas de la seacutequence

polypeptidique (nature en acides amineacutes et longueur) il permet de localiser des modifications

post-traductionnelles labiles et il permet d‟obtenir une couverture de seacutequence importante

pour les peptides non tryptiques (issus de la digestion de la proteacuteine agrave la trypsine) pour les

proteacuteines et les peptides hautement basiques La meacutethode ETD comme la technique ECD est

donc particuliegraverement bien adapteacutee aux analyses laquo top-down raquo Par ailleurs contrairement agrave

l‟ECD qui requiert un FT-ICR la fragmentation ETD peut ecirctre reacutealiseacutee dans une trappe

ionique quadripolaire radiofreacutequence voire dans un piegravege hexapolaire qui demandent une

faible maintenance et que l‟on retrouve sur une grande varieacuteteacute d‟instruments moins coucircteux

D‟un point de vue technique le fluoranthegravene est utiliseacute comme reacuteactif pour la

fragmentation ETD reacutealiseacutee agrave l‟aide du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos L‟anion radicalaire

du fluoranthegravene qui constitue donc le reacuteactif ETD est produit par la reacuteaction preacutesenteacutee dans

Fig A 17

Fig A 17 Production du reacuteactif ETD (anion radicalaire) agrave partir du fluoranthegravene

Cette reacuteaction est reacutealiseacutee dans le module ETD (Fig A 18) de l‟instrument qui est donc

constitueacute d‟une source agrave ionisation chimique utilisant

- deux reacuteservoirs indeacutependants de reacuteactifs dont un pour les reacuteactions de type transfert

d‟eacutelectron (ETD) et l‟autre pour les reacuteactions par transfert de proton (PTR)

- une ligne de transfert chauffeacutee

219

- un volume d‟ion chargeacute en eacutelectron par un filament

- une optique de transfert utilisant un quadripocircle pour filtrer le reacuteactif chargeacute en eacutelectron

Il est placeacute agrave proximiteacute de la C-trappe (Fig A 14)

Fig A 18 Module ETD de lrsquoinstrument LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher Scientific)

Le reacuteactif ETD est ensuite envoyeacute dans la trappe lineacuteaire ougrave la reacuteaction ionion entre le

peptide multiprotoneacute et un anion radicalaire aura lieu conduisant agrave la fragmentation de l‟ion

peptidique consideacutereacute La dissociation est reacutealiseacutee sur un eacutetat de charge particulier qui a eacuteteacute au

preacutealable seacutelectionneacute dans la cellule de haute pression de la trappe ionique

Trois temps d‟activation (5 15 et 25 ms) correspondant agrave trois dureacutees pendant lesquelles se

deacuteroule la reacuteaction ETD ont eacuteteacute utiliseacutes conseacutecutivement sur un mecircme eacutetat de charge afin de

maximiser la couverture de seacutequence En effet des profils de fragmentation diffeacuterents sont

obtenus en fonction du temps d‟activation Pour chaque temps d‟activation une minute

environ de fragmentation a eacuteteacute enregistreacutee

L‟option laquo Supplemental Activation raquo a eacutegalement eacuteteacute utiliseacutee Elle permet d‟apporter au

systegraveme une petite quantiteacute d‟activation collisionnelle suppleacutementaire afin de faciliter la

dissociation de l‟ion preacutecurseur En effet il a eacuteteacute montreacute que dans beaucoup de cas le transfert

d‟eacutelectron avait lieu sans que la dissociation soit pour autant effective

220

A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF

Des expeacuteriences de collision avec un gaz inerte (CID) ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur le Q-ToF

Premier (Waters) (Fig A 19) Les diffeacuterents eacutetats de charge des ions multichargeacutes (positifs)

ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dans le quadripocircle du spectromegravetre de masse avant d‟ecirctre fragmenteacutes dans

la cellule de collision L‟eacutenergie de collision est le paramegravetre agrave optimiser pour la dissociation

de chaque eacutetat de charge

Fig A 19 Scheacutema du Q-ToF Premier (Waters)

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

A21 Marquage

A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes

Les peptides de synthegravese (P1 HHHHHHIIKIIK P2 KKDDDDDDIIKIIK P3

KKDDDIIKIIK P4 KKDDDIIK) ont eacuteteacute acheteacutes chez Genscript Corporation (Piscataway

NJ) Une solution stock agrave 1 mM de chaque peptide a eacuteteacute preacutepareacutee en diluant le peptide

lyophiliseacute dans D2O Afin d‟eacutechanger complegravetement tous les sites eacutechangeables (hydrogegravenes

d‟amide de la liaison peptidique et hydrogegravenes labiles des chaicircnes lateacuterales des acides

amineacutes) la solution est incubeacutee agrave tempeacuterature ambiante pendant au moins 1 heure Le

221

deacutemarquage (seacutelectif du cocircteacute N-terminal) est initieacute en diluant au 1100e la solution stock dans

H2O glaceacutee (0degC) et acide (AA 05 M pH 23) MeOH 11 (vv)

A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine

L‟ubiquitine petite proteacuteine modegravele a eacuteteacute utiliseacutee (avec les peptides modegraveles de T

Joslashrgensen) pour eacutetudier le laquo back-exchange raquo Elle a donc eacuteteacute totalement marqueacutee par dilution

de sa poudre lyophiliseacutee dans D2O agrave la concentration finale de 100 microM et incubation pendant

1 heure agrave 37degC sous agitation (600 rpm)

De la mecircme maniegravere la substance P et le Glu F sont deux peptides qui ont eacuteteacute

ponctuellement utiliseacutes comme sonde de l‟eacutechange inverse Leur poudre lyophiliseacutee a donc

eacuteteacute eacutegalement dilueacutee dans D2O agrave la concentration finale de 100 microM puis le meacutelange a eacuteteacute

incubeacute pendant 1 heure agrave 37degC sous agitation (600 rpm)

A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ

L‟eacutechange isotopique de la proteacuteine ou du complexe proteacuteique d‟inteacuterecirct sous sa forme

native se fait par incubation dans une solution correspondant agrave son tampon de purification

contenant des deuteacuteriums eacutechangeables Une fois le temps d‟eacutechange souhaiteacute atteint le

marquage doit ecirctre arrecircteacute dans des conditions figeant les deuteacuteriums d‟amide du squelette

polypeptidique sur leur position et en deacutemarquant les autres sites eacutechangeables (hydrogegravenes

labiles des chaicircnes lateacuterales) Pour cela il faut diminuer tregraves rapidement la tempeacuterature du

milieu et repasser en conditions acides et en milieu protoneacute Dans ces conditions seuls les

deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes seront eacutechangeacutes par des hydrogegravenes et les

deuteacuteriums sur la fonction amide de la liaison peptidique conserveront leur localisation

aIF2α3 Sulfolobus solfataricus

112 microL de D2O NaCl 330 mM ont eacuteteacute ajouteacutes agrave 16 microL de solution proteacuteique aIF2α3 agrave 178

microM dans H2O NaCl 330 mM Le meacutelange a eacuteteacute incubeacute pendant des temps variables agrave une

tempeacuterature de 37degC sous agitation (600 rpm) et l‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium a eacuteteacute bloqueacute

lors de l‟eacutetape de dessalage par ajout de 128 microL de H2OAF 2

222

aIF2α3γ Sulfolobus solfataricus

112 microL de D2O NaCl 330 mM ont eacuteteacute ajouteacutes agrave 16 microL de solution proteacuteique agrave aIF2α3γ agrave

1156 microM dans H2O NaCl 330 mM Le meacutelange a eacuteteacute incubeacute pendant des temps variables agrave

une tempeacuterature de 37degC sous agitation (600 rpm) et l‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium a eacuteteacute

bloqueacute lors de l‟eacutetape de dessalage par ajout de 128 microL de H2OAF2

A22 Dessalage

Le dessalage se deacuteroulant apregraves les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium il doit obligatoirement

ecirctre effectueacute agrave faible tempeacuterature (dans la glace) et pH afin de minimiser les eacutechanges

inverses Pour cette mecircme raison il est obligatoire d‟utiliser une technique de dessalage

rapide excluant de ce fait bon nombre de systegravemes

Un dessalage laquo off-line raquo a eacuteteacute reacutealiseacute imposeacute par le type d‟approche choisi (approche

laquo top-down raquo) Une Sep-Paktrade C8 (Waters) a eacuteteacute utiliseacutee

Les colonnes sont activeacutees deux fois avec 1 mL ACNMeOHAF 499 499 02 puis

rinceacutees deux fois avec 1 mL H2OAF 1 La colonne conditionneacutee est conserveacutee au

reacutefrigeacuterateur jusqubdquoagrave utilisation L‟eacutechantillon meacutelangeacute agrave eacutegal volume avec H2OAF 2 (eacutetape

d‟arrecirct de la reacuteaction) est chargeacute immeacutediatement sur la colonne Les sels sont eacutelimineacutes par

trois lavages successifs avec 1 mL H2OAF 1 glaceacute

A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse

Le mode d‟ionisation utiliseacute a eacuteteacute l‟eacutelectrospray Les eacutechantillons proteacuteiques ont eacuteteacute

injecteacutes dans le spectromegravetre de masse par le dispositif de seringue refroidie (ou par le

nouveau systegraveme d‟introduction la laquo cryosource raquo que nous avons mis au point et preacutesenteacute

dans Chap V)

Pour cela les proteacuteines dessaleacutees sont finalement eacutelueacutees avec un meacutelange H2OACNAF

49 49 2 (500 microL pour aIF2α3 concentration finale agrave 57 microM et 250 microL pour aIF2α3γ

concentration finale agrave 74 microM) et immeacutediatement analyseacutees par FT-ICR

223

Les peptides seacutelectivement marqueacutes sont analyseacutes dans H2O glaceacutee (0degC) et acide (AA 05

M pH 23) MeOH 11 (vv) agrave la concentration finale de 10 microM

Les eacutechantillons totalement marqueacutes (ubiquitine peptides) sont dilueacutes au 1100e dans

H2OACNAF 49 49 2 pour ecirctre analyseacutes en spectromeacutetrie de masse agrave la concentration

finale de 1 microM

224

A3 Bibliographie

1 Fenn J B Mann M Meng C K Wong S F and Whitehouse C M (1989)

Electrospray ionization for mass spectrometry of large biomolecules Science 246 64-

71

2 Dole M Mack L L Hines R L Mobley R C Ferguson L D and Alice M B

(1968) Molecular Beams of Macroions The Journal of Chemical Physics 49 2240-

2249

3 Zeleny J (1914) The Electrical Discharge from Liquid Points and a Hydrostatic

Method of Measuring the Electric Intensity at Their Surfaces Physical Review 3 69-

91

4 Kebarle P (2000) A brief overview of the present status of the mechanisms involved

in electrospray mass spectrometry J Mass Spectrom 35 804-817

5 Taylor G (1964) Disintegration of Water Drops in an Electric Field Proceedings of

the Royal Society of London Series A Mathematical and Physical Sciences 280 383-

397

6 Rayleigh L (1882) XX On the equilibrium of liquid conducting masses charged with

electricity Philosophical Magazine Series 5 14 184-186

7 Gomez A and Tang K (1994) Charge and fission of droplets in electrostatic sprays

Physics of Fluids 6 404-414

8 Iribarne J V and Thomson B A (1976) On the evaporation of small ions from

charged droplets The Journal of Chemical Physics 64 2287-2294

9 Cole R B (2000) Some tenets pertaining to electrospray ionization mass

spectrometry Journal of Mass Spectrometry 35 763-772

10 Fernandez de la Mora J (2000) Electrospray ionization of large multiply charged

species proceeds via Dole‟s charged residue mechanism Analytica Chimica Acta 406

93-104

11 Kebarle P and Peschke M (2000) On the mechanisms by which the charged

droplets produced by electrospray lead to gas phase ions Analytica Chimica Acta 406

11-35

12 Fenn J B (1993) Ion formation from charged droplets roles of geometry energy

and time Journal of the American Society for Mass Spectrometry 4 524-535

13 Marshall A G Hendrickson C L and Jackson G S (1998) Fourier transform ion

cyclotron resonance mass spectrometry a primer Mass Spectrom Rev 17 1-35

14 Makarov A (2000) Electrostatic axially harmonic orbital trapping a high-

performance technique of mass analysis Anal Chem 72 1156-1162

15 Makarov A Denisov E Kholomeev A Balschun W Lange O Strupat K and

Horning S (2006) Performance evaluation of a hybrid linear ion traporbitrap mass

spectrometer Anal Chem 78 2113-2120

16 Sleno L and Volmer D A (2004) Ion activation methods for tandem mass

spectrometry J Mass Spectrom 39 1091-1112

17 Zubarev R A (2003) Reactions of polypeptide ions with electrons in the gas phase

Mass Spectrom Rev 22 57-77

Page 4: DÉVELOPPEMENT DE NOUVELLES MÉTHODOLOGIES PAR …

ii

Le geacutenie crsquoest 1 drsquoinspiration

et 99 de transpiration

Thomas Edison

So mushkil vakt comando sakth

A close friend

iii

Remerciements

Je tiens tout d‟abord agrave remercier Gilles Ohanessian Directeur du laboratoire des

Meacutecanismes Reacuteactionnels de l‟Eacutecole Polytechnique de m‟avoir accueillie au sein de son

Uniteacute de Recherche et de m‟avoir donneacute l‟opportuniteacute de reacutealiser ce travail de thegravese

Ce travail de thegravese a eacuteteacute reacutealiseacute sous la direction de Julia Chamot-Rooke et la co-direction

de Guillaume van der Rest Je vous remercie de votre aide de votre soutien et de vos

encouragements dans les moments plus difficiles qui surviennent au cours d‟une thegravese Un

grand merci agrave tous les deux de m‟avoir accompagneacutee jusqu‟au bout de cette belle aventure

J‟adresse mes plus sincegraveres remerciements agrave Madame Emmanuelle Leize et Monsieur

Christian Rolando d‟avoir accepteacute d‟ecirctre les rapporteurs de ce travail Merci eacutegalement agrave

Monsieur Jean-Michel Camadro d‟avoir participeacute agrave l‟eacutevaluation de ma Thegravese de Doctorat

Je tiens aussi agrave exprimer ma profonde reconnaissance agrave Eacutedith et Christian de m‟avoir

eacutepauleacutee quand j‟en avais besoin dans mes expeacuteriences et de m‟avoir enseigneacute les rouages des

spectromegravetres de masse du laboratoire plus ou moins capricieux Je suis d‟accord avec Eacutedith

bien que Christian ait toujours raison le FT-ICR (sous toutes ses versions) est le meilleur

instrument du monde entier J‟exprime eacutegalement ma gratitude agrave Vincent d‟Orsay et agrave

Thibaut et Manuel de Paris 7 de m‟avoir aideacutee agrave dompter leur machine

Un grand merci agrave Yves Meacutechulam Directeur du laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole

Polytechnique de m‟avoir offert l‟opportuniteacute d‟enseigner au sein de son deacutepartement et de

travailler en collaboration avec son laboratoire Merci aussi agrave Emmanuelle pour ses conseils

Un tregraves grand merci agrave toutes celles et ceux qui ont partageacutes mon bureau et mon amitieacute

pendant ces trois anneacutees de dur labeur Notamment merci agrave Yasmine Jianqing Jana et Jan

J‟adresse eacutegalement mes sincegraveres remerciements agrave Eacutedith et Julien pour vos pauses cafeacute (ou

plutocirct theacute ) que j‟ai beaucoup appreacutecieacutees en cette fin de thegravese et agrave Joe pour tes discussions agrave

n‟en plus finir et ton humour anglais Best of Luck Merci aux anciens Mag Renjiehellip

Merci enfin agrave toutes les personnes que jrsquoai cocirctoyeacutees ou croiseacutees au DCMR pendant ces

trois anneacutees meacutemorables Merci agrave Theacuteregravese Carine Sophie Steph Michel Chris Gilles

Ash P-H Vanessa Tatianahellip Et pour finir je tiens eacutegalement agrave remercier chaleureusement

mes entraineurs de boxe agrave l‟X Merci agrave Reacutemy Fred et Gilou pour votre coaching deacutecoiffant

Un exemple de prochain challenge les JO de Rio de Janeiro en 2016hellip

iv

Je nrsquooublierai pas de remercier eacutegalement

Jean-Baptiste

Je ne te remercierai jamais assez de ta preacutesence agrave mes cocircteacutes depuis maintenant quelques

anneacutees deacutejagrave et de tout ce que tu fais pour moi Notre rencontre remonte au deacutebut de notre vie

eacutetudiante et voici que nous la finissons ensemble J‟espegravere te retrouver tregraves prochainement

pour le commencement d‟une nouvelle vie agrave deux Merci pour ton soutien et ta compliciteacute

Merci de partager mon quotidien et de me remonter le moral quand il est dans les chaussettes

Merci de partager mes joies mes peines Merci de t‟ecirctre inteacuteresseacute agrave mon travail et d‟avoir

chercheacute avec moi des solutions Merci pour tes petits plats mijoteacutes avec amourhellip Un grand

merci pour TOUT ton amour avec un grand A

Mes parents et mes sœurs

Merci de m‟avoir insuffleacute la soif d‟apprendre et la curiositeacute intellectuelle de m‟avoir

donneacute l‟envie et les moyens de faire des eacutetudes Merci de m‟avoir soutenue et encourageacutee

jusqu‟au bout de ma longue formation Merci de vous ecirctre tenus au courant de l‟avanceacutee de

mon travail de recherche Merci pour votre amour votre tendresse et votre reacuteconfort de tous

les jours Merci pour tout Ma reacuteussite est eacutegalement la vocirctre

Ma famille et belle-famille

Merci agrave vous tous pour votre affection et votre bienveillance mais je tiens agrave remercier plus

particuliegraverement ma Mamie d‟ecirctre encore pregraves de moi aujourd‟hui Merci du fond du cœur de

m‟avoir toujours beaucoup aideacutee soutenue encourageacutee reacuteconforteacutee entoureacuteehellip durant toutes

ces anneacutees et encore plus ces trois derniegraveres Merci pour notre cohabitation nos fous rires nos

discussionshellip merci pour tous ces tregraves bons moments que nous avons partageacutes ensemble

Mes amis

Laurence ma sœur siamoise du hand avec laquelle j‟ai lieacute une sincegravere amitieacute il y a six

ans deacutejagrave Merci d‟avoir gardeacute le contact et de m‟avoir soutenue durant ces trois derniegraveres

anneacutees malgreacute les contraintes d‟espace et de temps imposeacutees par la thegravese et la vie active

J‟espegravere que maintenant nous allons nous revoir plus souvent autour d‟une triple Carmeacutelite

Ash my best male friend I met you in DCMR lab two years ago where you were pursuing

a post doctoral research work Thanks a lot for ALL your happiness your support your

helphellip You taught me how to be self-confident I found in you a confidant and a collaborator

Un grand merci agrave vous tous

v

Liste des abreacuteviations

AA acide formique

ACN aceacutetonitrile

AF acide formique

aIF2 facteur d‟initiation 2 chez les archeacutees

ATD distribution des temps d‟arriveacutee

ATP adeacutenosine triphosphate

ARN(mt) acide ribonucleacuteique (messagertransfert)

BN-PAGE eacutelectrophoregravese sur gel de polyacrylamide en condition bleue native

CI ionisation chimique

CID dissociation induite par collision

DNA acide deacutesoxyribonucleacuteique

DSG DiSuccinimidyl Glutarate

ECD dissociation par capture d‟eacutelectron

EGTA acide eacutethylegravene glycol teacutetraaceacutetique

ESI ionisation par eacutelectroneacutebulisation

ESSI ElectroSonic Spray Ionisation

ETD dissociation par transfert d‟eacutelectron

FID Free Induction Decay

FT-ICR reacutesonance cyclotronique ionique agrave transformeacutee de Fourier

FT-MS spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier

GTP guanosine triphosphate

HDX eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

HDXMS eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium analyseacute par spectromeacutetrie de masse

HIV virus de limmunodeacuteficience humaine

HMQC correacutelation quantique multiple heacuteteacuteronucleacuteaire

HPLC chromatographie en phase liquide agrave haute performance

HSQC correacutelation quantique unique heacuteteacuteronucleacuteaire

vi

IgG immunoglobulines G

IRMPD dissociation multiphotonique infrarouge

ISD In-Source Decay

LC chromatographie en phase liquide

LC-MSMS chromatographie en phase liquide coupleacutee agrave la spectromeacutetrie de masse en

tandem

LILBID Laser-Induced Liquid Beam IonizationDesorption

m-NBA alcool m-nitrobenzylique

MALDI deacutesorptionionisation au laser assisteacutee par matrice

MPT modification post-traductionnelle

MS spectromeacutetrie de masse

MSMS spectromeacutetrie de masse en tandem

NHS N-HydroxySuccinimide

nOe effet Overhauser nucleacuteaire

Q-ToF quadripocircle-temps de vol

RMN reacutesonance magneacutetique nucleacuteaire

SAXS diffusion des rayons X aux petits angles

SDS-PAGE eacutelectrophoregravese sur gel de polyacrylamide en conditions deacutenaturantes contenant

du dodeacutecyl sulfate de sodium

SMI spectromeacutetrie de mobiliteacute ionique

SORI Sustained Off-Resonance Irradiation

SPR reacutesonance plasmonique de surface

TAP-Tag purification par affiniteacute en tandem

TEV virus de la gravure du tabac

TROSY spectroscopie de relaxation transversale optimiseacutee

UPLC chromatographie en phase liquide ultra haute performance

UV ultraviolet

vii

Table des matiegraveres

Introduction geacuteneacuterale 1

Chapitre I Introduction 7

I1 Analyse de complexes proteacuteiques 9

I11 Structure des proteacuteines 9 I111 Structure primaire 10 I112 Structure secondaire 12 I113 Structure tertiaire 15 I114 Structure quaternaire 17

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique 19 I121 Meacutethodes classiques pour l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines 19

I1211 Cristallographie des proteacuteines 19 I1212 Spectroscopie RMN 21

I122 Meacutethodes pour l‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des assemblages

macromoleacuteculaires 24 I1221 Diffusion aux petits angles 24 I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique 24 I1223 Chromatographie d‟exclusion steacuterique 26 I1224 Reacutesonance plasmonique de surface 27 I1225 Spectromeacutetrie de masse 28

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique 37

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique structurelle des proteacuteines en solution 40

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux proteacuteines en solution 40

I211 Quel type d‟hydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX 40 I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de l‟accessibiliteacute des proteacuteines 42 I213 Meacutecanismes de la reacuteaction d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les proteacuteines et peptides 43

I2131 Deacutefinition du facteur chimique 43 I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique 43 I2133 Catalyse de la reacuteaction 46 I2134 Cineacutetique d‟eacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de protection 46 I2135 Deux modegraveles de cineacutetique d‟eacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et repliement

des proteacuteines 47 I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines 49

I221 Marquage continu 50 I222 Marquage pulseacute 50

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par spectromeacutetrie de masse 51

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN 51 I232 Approche classique laquo bottom-up raquo 52

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS 53 I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques 56

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD 60 I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD 60 I2332 Approches top-down et HDX 62 I2333 Limitations des approches top-down HDX 64

I3 Bibliographie 65

viii

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles validation de lrsquoapproche combinant eacutechanges HD et fragmentation ECD 79

II1 Introduction 81

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX 81 II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen 82

II2 Reacutesultats 84

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons 84 II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence84 II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo 85

II3 Conclusions 92

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III 92 II32 Autres instruments FT-ICR 93

II4 Bibliographie 96

Chapitre III Deacuteveloppement de lrsquoapproche HDX top-down ECD 99

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD 101

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo 101 III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo 102

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo 106

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX 106 III211 Proteacuteines d‟eacutetude 106 III212 Protocole d‟analyse HDXMS 107 III213 Instruments utiliseacutes 108

III22 Fragmentation par ECD 109 III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3 109

III2211 Spectre de masse 109 III2212 Reacutesultats obtenus en ECD 109 III2213 Reacutesultats en HDXECD 113 III2214 Analyse des donneacutees 115

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ 121 III2221 Optimisation du protocole d‟analyse 121 III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD 123

III23 Fragmentation par ETD 127 III231 Spectre de masse 127 III232 Reacutesultats obtenus en ETD 128 III233 Reacutesultats en HDXETD 129 III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats d‟ECD 131 III235 Conclusion 134

III24 Fragmentation par CID 135 III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 135

III2411 Spectres de masse 135 III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID 136

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines 139

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse 142

III4 Conclusion 147

III5 Bibliographie 149

ix

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source refroidie 151

IV1 Echange inverse 153

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction 155

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo 156 IV22 Avec une approche laquo top-down raquo 158

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection 165

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo 166 IV32 Mateacuteriel et meacutethodes 166

IV321 Instrumentation 166 IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes 168

IV33 Reacutesultats 169 IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine 169

IV3311 Reacutealisation de la maquette 169 IV3312 Reacutealisation des prototypes 169

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides 174 IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK 175 IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK 175

IV33221 Deacutetermination du temps d‟incubation pour le deacutemarquage seacutelectif 176 IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo 179

IV3323 Cas du peptide GluF 186 IV34 Conclusion 187

IV4 Bibliographie 189

Conclusion geacuteneacuterale 191

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes 197

A1 Instrumentation 199

A11 Ionisation par eacutelectrospray 199 A111 Formation des gouttelettes chargeacutees 200 A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes 201 A113 Formation d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites gouttelettes fortement

chargeacutees 201 A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS) 203

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 203 A1211 Principe physique 206 A1212 Pieacutegeage des ions 206 A1213 Obtention des spectres de masse 208

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 212 A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse 212 A1222 Sensibiliteacute 212 A1223 Gamme dynamique 213 A1224 Gamme de masse 213

A123 Technologie Orbitrap 214 A13 Fragmentation en phase gazeuse 216

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR 216 A132 Fragmentation par ETD sur l‟Orbitrap 218 A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF 220

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium 220

A21 Marquage 220 A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes 220 A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine 221 A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ 221

x

A22 Dessalage 222 A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse 222

A3 Bibliographie 224

xi

1

Introduction geacuteneacuterale

2

3

Acteurs essentiels de l‟organisation cellulaire et de la reacutegulation du meacutetabolisme les

proteacuteines sont agrave la fois des cibles theacuterapeutiques et des meacutedicaments potentiels Leacutetude de ces

proteacuteines agrave grande eacutechelle appeleacutee analyse proteacuteomique a eacuteteacute rendue possible ces derniegraveres

anneacutees par la mise au point dapproches robustes baseacutees sur des deacuteveloppements importants

en spectromeacutetrie de masse Cependant un simple inventaire de ces proteacuteines ne suffit pas agrave

comprendre les pheacutenomegravenes biologiques complexes qui reacutegissent lactiviteacute cellulaire Ainsi

appreacutehender la maniegravere dont sont organiseacutees ces proteacuteines en complexes multiproteacuteiques est

un des deacutefis actuels de la proteacuteomique Le nombre dinteractions entre proteacuteines au sein d‟une

cellule eacutetant tregraves important linvestigation de ces multiples reacuteseaux proteacuteiques neacutecessite de

nouveaux deacuteveloppements agrave la fois en spectromeacutetrie de masse mais aussi en bioinformatique

pour fournir des meacutethodologies adapteacutees ainsi que des outils puissants pour les analyser

Les interactions entre proteacuteines sont gouverneacutees par leur agencement et repliement dans

l‟espace faisant de la structure tridimensionnelle de ces complexes un eacuteleacutement-cleacute dans

l‟eacutetude et la compreacutehension de la vie de la cellule Les meacutethodes physico-chimiques les plus

couramment utiliseacutees pour ces eacutetudes structurales sont la cristallographie et la spectroscopie

RMN Bien que ces meacutethodes d‟analyse soient les piliers de la biologie structurale actuelle

elles preacutesentent toutefois des limitations majeures la cristallographie des proteacuteines

eacutegalement appeleacutee diffraction des rayons X neacutecessite de pouvoir cristalliser les proteacuteines et la

spectroscopie RMN est limiteacutee agrave des systegravemes de taille modeste Par ailleurs les deux

techniques requiegraverent des quantiteacutes relativement importantes d‟eacutechantillon et ne donnent

quune image statique qui est loin de la reacutealiteacute de la structure des proteacuteines Il est donc

devenu indispensable de deacutevelopper des meacutethodes alternatives permettant de sinteacuteresser agrave la

dynamique de ces systegravemes biologiques tout en travaillant avec des quantiteacutes les plus faibles

possibles d‟eacutechantillon

Dans ce contexte la spectromeacutetrie de masse est devenue ces derniegraveres anneacutees un outil

inteacuteressant pour la biologie structurale La spectromeacutetrie de masse preacutesente l‟avantage de

permettre des eacutetudes sur des proteacuteines non cristallisables d‟ecirctre peu consommatrice en

mateacuteriel et de permettre des analyses rapides sur des systegravemes complexes tant par la diversiteacute

que par la taille Il existe aujourd‟hui trois grandes approches baseacutees sur la spectromeacutetrie de

masse pour eacutetudier l‟organisation structurale d‟un complexe proteacuteique La premiegravere consiste agrave

utiliser des conditions d‟ionisation adapteacutees permettant de maintenir en phase gazeuse des

interactions non covalentes au sein de complexes proteacuteiques La deuxiegraveme approche repose

sur le pontage covalent des proteacuteines en association suivi d‟une digestion enzymatique et

4

analyse par spectromeacutetrie de masse Les agents pontants permettent dobtenir des informations

de topologie du complexe initial en creacuteant des liaisons covalentes entre des acides amineacutes

proches dans la structure tertiaire Une derniegravere technique consiste agrave effectuer un marquage de

la surface accessible du complexe qui peut ecirctre soit permanent par l‟utilisation de reacuteactifs

chimiques particuliers ou par l‟exposition aux radicaux hydroxyles soit labile Dans ce

dernier cas les eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium sont geacuteneacuteralement utiliseacutes La

vitesse deacutechange des hydrogegravenes damide dun squelette polypeptidique deacutepend de

l‟accessibiliteacute au solvant mais eacutegalement de la stabiliteacute de la structure locale Ainsi les

hydrogegravenes d‟amide situeacutes dans les reacutegions flexibles ou non structureacutees de la proteacuteine telles

que les boucles et les coudes ou dans les reacutegions accessibles au solvant ont des vitesses

d‟eacutechange rapides identiques agrave celles observeacutees dans le cas d‟un peptide non structureacute Au

contraire ceux qui sont impliqueacutes dans des structures secondaires stables comme les heacutelices

α et les feuillets β ainsi que ceux enfouis dans le cœur hydrophobe des proteacuteines s‟eacutechangent

plus lentement car ils sont proteacutegeacutes La mesure des vitesses deacutechange permet donc de sonder

localement la structure dune proteacuteine ou dun complexe L‟avantage majeur de cette approche

est qu‟elle ne modifie pas la structure tridimensionnelle du complexe ce qui n‟est pas

toujours le cas avec des marquages covalents De plus elle permet de sinteacuteresser agrave des

complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire En revanche le fait que le marquage soit labile

impose des conditions expeacuterimentales strictes agrave respecter pour eacuteviter le deacutemarquage et

davantage de contraintes au niveau de la rapiditeacute de l‟analyse Malgreacute ces limitations

l‟association des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium et de la spectromeacutetrie de masse

(HDXMS) est devenue une meacutethode largement employeacutee pour l‟eacutetude structurale et

dynamique des proteacuteines et complexes proteacuteiques

L‟analyse par spectromeacutetrie de masse des proteacuteines marqueacutees au deuteacuterium est

classiquement reacutealiseacutee par une approche laquo bottom-up raquo Cette derniegravere consiste agrave analyser des

peptides obtenus par digestion enzymatique de la proteacuteine dinteacuterecirct Chaque hydrogegravene

remplaceacute par un deuteacuterium conduit agrave un increacutement en masse de 1 Da facilement deacutetectable par

spectromeacutetrie de masse Pour chaque peptide une cineacutetique d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

peut donc ecirctre obtenue Si cette approche a montreacute tout son inteacuterecirct mecircme pour des systegravemes

tregraves grands l‟inconveacutenient majeur en est la reacutesolution qui est limiteacutee par la taille des peptides

geacuteneacutereacutes (en moyenne 5-10 acides amineacutes) Une alternative qui sest deacuteveloppeacutee ces derniegraveres

anneacutees est celle qui consiste agrave introduire la proteacuteine intacte en phase gazeuse (approche laquo top-

down raquo) et agrave la fragmenter par capture ou transfert dun eacutelectron En effet contrairement aux

approches de fragmentation classiques par CID (laquo Collision Induced Dissociation raquo) qui

conduisent agrave une redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums dans la seacutequence ces approches ECD

5

ou ETD permettent de localiser les deuteacuteriums dans la seacutequence avec une reacutesolution qui peut

ecirctre agrave lacide amineacute

Ce travail de thegravese sinscrit dans cette theacutematique de deacuteveloppement dapproches top-down

apregraves eacutechanges HD pour lanalyse de complexes proteacuteiques Les systegravemes biologiques sur

lesquels nous avons choisi de travailler sont les complexes dinitiation de la traduction et ce

travail est meneacute en collaboration avec le laboratoire de Biochimie de lEacutecole Polytechnique

(E Schmitt et Y Meacutechulam) Il a eacuteteacute initieacute lors de la thegravese de M Duchateau (soutenue en

feacutevrier 2010)

Cette thegravese comporte quatre grands chapitres

Le premier est un chapitre bibliographique Il comprend des geacuteneacuteraliteacutes sur la structure des

proteacuteines les meacutethodes physico-chimiques classiquement utiliseacutees en biologie structurale et

fait eacutegalement le point sur les diffeacuterentes approches baseacutees sur la spectromeacutetrie de masse

permettant dobtenir des informations structurales sur des proteacuteines ou des complexes

proteacuteiques Le principe des eacutechanges HD et leur analyse par spectromeacutetrie de masse incluant

les derniers deacuteveloppements dans le domaine fait lobjet de la fin de ce chapitre

Le chapitre II est consacreacute agrave leacutetude de peptides modegraveles qui peuvent ecirctre seacutelectivement

marqueacutes au deuteacuterium Ces peptides ont eacuteteacute utiliseacutes comme sonde (i) du deacutemarquage (D H)

qui peut avoir lieu agrave diffeacuterents endroits du spectromegravetre de masse et (ii) du reacutearrangement

aleacuteatoire des deuteacuteriums et des hydrogegravenes dans la seacutequence polypeptidique lors dexpeacuteriences

de spectromeacutetrie de masse en tandem Lobjectif de ces eacutetudes eacutetait de mettre au point une

approche robuste par ECD ou ETD pour lanalyse de peptides deuteacutereacutes en vue de lappliquer agrave

des proteacuteines

Dans le chapitre III sont regroupeacutes les reacutesultats obtenus pour lanalyse du complexe aIF2 et

notamment toute la mise au point de lapproche top-down HDX sur une des sous-uniteacutes de ce

complexe Des essais ont eacuteteacute reacutealiseacutes agrave la fois en ECD sur diffeacuterents spectromegravetres de masse

FT-ICR et en ETD sur un instrument de type Orbitrap installeacute sur la plateforme proteacuteomique

de Paris Diderot dirigeacutee par J-M Camadro Ce chapitre montre toute la difficulteacute quil peut y

avoir pour rendre lapproche robuste et reproductible notamment pour des eacutechantillons reacuteels

pour lesquels de nouvelles contraintes apparaissent (quantiteacute disponible dessalage

stabiliteacute)

Sur la base des reacutesultats obtenus dans le chapitre III il nous est apparu eacutevident quun

problegraveme majeur de reproductibiliteacute eacutetait lieacute agrave leacutetape dintroduction des eacutechantillons deuteacutereacutes

dans le spectromegravetre de masse Nous avons donc deacutecideacute de mettre au point un systegraveme

complegravetement diffeacuterent de tout ce qui avait eacuteteacute deacuteveloppeacute jusquagrave preacutesent baseacute sur lutilisation

6

dune enceinte isoleacutee qui peut ecirctre maintenue agrave -30degC La mise au point de ce montage

expeacuterimental que nous avons appeleacute cryosource fait lobjet du quatriegraveme chapitre de ce

manuscrit Les diffeacuterentes modifications ayant conduit agrave la version finale de cette cryosource

les difficulteacutes rencontreacutees et la maniegravere donc nous les avons reacutesolues et les performances que

lon peut atteindre sur des peptides ou des proteacuteines sont deacutecrites dans ce chapitre

Le manuscrit se termine par une conclusion geacuteneacuterale et les perspectives lieacutees agrave ce travail et

une annexe deacutecrivant les mateacuteriels et meacutethodes

7

Chapitre I Introduction

8

Chapitre I Introduction 7

I1 Analyse de complexes proteacuteiques 9

I11 Structure des proteacuteines 9 I111 Structure primaire 10

I112 Structure secondaire 12

I113 Structure tertiaire 15

I114 Structure quaternaire 17

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique 19 I121 Meacutethodes classiques pour l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines 19

I1211 Cristallographie des proteacuteines 19

I1212 Spectroscopie RMN 21

I122 Meacutethodes pour l‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des assemblages

macromoleacuteculaires 24

I1221 Diffusion aux petits angles 24

I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique 24

I1223 Chromatographie d‟exclusion steacuterique 26

I1224 Reacutesonance plasmonique de surface 27

I1225 Spectromeacutetrie de masse 28

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique 37

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique structurelle des proteacuteines en solution 40

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux proteacuteines en solution 40

I211 Quel type d‟hydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX 40

I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de l‟accessibiliteacute des proteacuteines 42

I213 Meacutecanismes de la reacuteaction d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les proteacuteines et peptides 43

I2131 Deacutefinition du facteur chimique 43

I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique 43

I2133 Catalyse de la reacuteaction 46

I2134 Cineacutetique d‟eacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de protection 46

I2135 Deux modegraveles de cineacutetique d‟eacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et

repliement des proteacuteines 47

I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines 49 I221 Marquage continu 50

I222 Marquage pulseacute 50

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par spectromeacutetrie de masse 51

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN 51

I232 Approche classique laquo bottom-up raquo 52

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS 53

I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques 56

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD60

I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD 60

I2332 Approches top-down et HDX 62

I2333 Limitations des approches top-down HDX 64

I3 Bibliographie 65

9

I1 Analyse de complexes proteacuteiques

Les proteacuteines sont des composants essentiels de la cellule En effet elles assurent

l‟immense majoriteacute des fonctions cellulaires responsables de la vie Les proteacuteines sont

responsables de la catalyse enzymatique du transport des moleacutecules de la deacutefense de l‟hocircte

de la conversion eacutenergeacutetique ainsi que de beaucoup d‟autres processus cellulaires essentiels

Les proteacuteines sont des macromoleacutecules biologiques de haut poids moleacuteculaire qui

comportent diffeacuterents niveaux de structuration allant de leur seacutequence en acides amineacutes agrave leur

structure tridimensionnelle au sein de complexes proteacuteiques La structure tridimensionnelle

d‟une proteacuteine est intimement lieacutee agrave sa fonction Toute l‟information requise pour qu‟une

proteacuteine adopte une conformation native particuliegravere est contenue dans sa seacutequence en acides

amineacutes (1) Les multiples conformations que sont capables d‟adopter les proteacuteines leur

permettent de remplir la varieacuteteacute de tacircches qui leur incombent mais en font des systegravemes

complexes agrave analyser

Cependant aussi puissantes que les proteacuteines puissent ecirctre individuellement leur veacuteritable

pouvoir et leur complexiteacute deacutecoulent des interactions qu‟elles entretiennent avec d‟autres

moleacutecules Beaucoup d‟entre elles ne remplissent leur fonction que si elles sont lieacutees agrave des

ligands tels que des ions meacutetalliques des groupes prostheacutetiques ou agrave d‟autres proteacuteines (2) En

effet un grand nombre de pheacutenomegravenes biologiques implique l‟activiteacute de plusieurs proteacuteines

agrave travers la formation de complexes multi-proteacuteiques Ainsi la compreacutehension des processus

cellulaires au niveau atomique passe par la deacutetermination de la structure tridimensionnelle de

ces complexes

I11 Structure des proteacuteines

L‟analyse de la structure tridimensionnelle revient agrave deacutecrire la position relative des

diffeacuterents atomes constituant une proteacuteine donneacutee De la seacutequence de la proteacuteine agrave la

formation de complexes oligomeacuteriques il existe quatre niveaux de structuration de la

proteacuteine

10

I111 Structure primaire

Les proteacuteines sont des assemblages d‟acides amineacutes (nombre supeacuterieur agrave 50) lieacutes entre eux

par des liaisons peptidiques Il existe vingt acides amineacutes naturels reacutepondant tous agrave la mecircme

structure geacuteneacuterale (Fig I 1) Ce sont des moleacutecules organiques formeacutees d‟un atome de

carbone central (alpha) auquel sont lieacutes un atome d‟hydrogegravene un radical R appeleacute aussi

chaicircne lateacuterale (R repreacutesente un groupement fonctionnel et correspond agrave la portion variable

d‟un acide amineacute agrave l‟autre) ainsi que deux groupements terminaux conserveacutes une amine et un

acide carboxylique

Fig I 1 Structure geacuteneacuterale des acides amineacutes Agrave pH physiologique les groupements

terminaux -NH2 et -COOH sont retrouveacutes respectivement sous la forme -NH3+ et -COO

-

Les acides amineacutes peuvent ecirctre distingueacutes suivant les proprieacuteteacutes physico-chimiques de leur

chaicircne lateacuterale (Fig I 2) Un premier groupe est formeacute par les acides amineacutes preacutesentant des

chaicircnes lateacuterales aliphatiques tels que la glycine (Gly G)1 l‟alanine (Ala A) la valine (Val

V) la leucine (Leu L) l‟isoleucine (Ile I) et la proline (Pro P) Ces acides amineacutes sont

apolaires On peut classer dans une seconde cateacutegorie ceux qui sont aromatiques

pheacutenylalanine (Phe F) tyrosine (Tyr Y) et tryptophane (Trp W) On distingue eacutegalement les

acides amineacutes basiques (lysine [Lys K] arginine [Arg R] histidine [His H]) et acides (acide

aspartique [Asp D] acide glutamique [Glu E]) L‟asparagine (Asn N) et la glutamine [Gln

Q] sont deux acides amineacutes polaires non ionisables Les deux derniers groupes sont constitueacutes

des acides amineacutes hydroxyleacutes (seacuterine [Ser S] threacuteonine [Thr R]) et ceux qui contiennent du

soufre (cysteacuteine [Cys C] meacutethionine [Met M]) Chacun des vingt acides amineacutes possegravede

donc une chaicircne lateacuterale avec une fonction chimique qui lui est propre L‟existence

simultaneacutee d‟une grande diversiteacute de fonctions chimiques est en partie agrave l‟origine de la

1 Les abreacuteviations entre parenthegraveses correspondent agrave la nomenclature en trois lettres et en une lettre des acides

amineacutes Elles seront utiliseacutees dans la suite de ce manuscrit

11

multitude de fonctions biochimiques que peuvent remplir les proteacuteines dans le monde du

vivant

Fig I 2 Tableau des vingt acides amineacutes naturels Ils peuvent ecirctre apolaires (hydrophobes) et

dans ce cas ils sont retrouveacutes le plus souvent au cœur des proteacuteines ou au contraire polaires

(hydrophiles) et localiseacutes geacuteneacuteralement agrave leur surface Parmi ces derniers certains sont acides

dautre basiques dautres encore sont neutres

Les acides amineacutes peuvent se lier entre eux de maniegravere covalente par la formation d‟une

liaison amide appeleacutee aussi liaison peptidique Elle s‟eacutetablit entre le groupement acide (-

COOH) dun acide amineacute et le groupement amine (-NH2) d‟un autre et permet la formation

12

d‟un dipeptide Au cours de la reacuteaction de condensation une moleacutecule deau est eacutelimineacutee Les

polymegraveres comprenant un plus grand nombre d‟acides amineacutes (de 10 agrave 100) sont nommeacutes

polypeptides Ces derniers servent dans la synthegravese des proteacuteines qui sont de longues chaicircnes

polypeptidiques

La structure primaire d‟une proteacuteine est donneacutee par la seacutequence lineacuteaire des acides amineacutes

la constituant Elle est orienteacutee Le premier acide amineacute de la seacutequence est par convention

celui qui possegravede une extreacutemiteacute amine libre on parle dextreacutemiteacute N-terminale De maniegravere

symeacutetrique le dernier acide amineacute est celui qui possegravede une extreacutemiteacute carboxyle libre on

parle d‟extreacutemiteacute C-terminale Cette convention correspond eacutegalement agrave l‟ordre de la synthegravese

de la proteacuteine par les ribosomes Par exemple la description AGSLK correspond agrave

l‟enchaicircnement des acides amineacutes alanine-glycine-seacuterine-leucine-lysine

Cependant une proteacuteine ne peut ecirctre simplement deacutecrite par une structure primaire

lineacuteaire En effet ses proprieacuteteacutes deacutecoulent eacutegalement de sa capaciteacute agrave former des structures

plus eacutelaboreacutees

I112 Structure secondaire

La structure secondaire d‟une proteacuteine correspond au repliement local de sa chaicircne

principale2 Il s‟eacutetablit alors des liaisons hydrogegravenes entre des acides amineacutes qui sont

relativement proches dans sa seacutequence primaire donnant naissance agrave des motifs structuraux

particuliers Lexistence de structures secondaires est due au fait que les repliements

eacutenergeacutetiquement favorables de la chaicircne peptidique sont en nombres limiteacutes et que seules

certaines conformations sont possibles Ainsi une proteacuteine se deacutecrit par sa seacutequence dacides

amineacutes mais aussi par l‟enchaicircnement de ses eacuteleacutements de structure secondaire

En d‟autres termes certaines conformations se trouvent nettement favoriseacutees car

particuliegraverement stabiliseacutees par des liaisons hydrogegravene entre les groupements amide (-NH) et

carbonyle (CO) du squelette peptidique Il existe trois principaux types de structures

secondaires selon le repliement des liaisons peptidiques et l‟eacutetablissement de ponts hydrogegravene

entre les acides amineacutes les heacutelices les feuillets et les coudes

2 La chaicircne principale dune proteacuteine correspond aux atomes impliqueacutes dans la structure de base du polypeptide

(-NH-CαH-CO-) Les chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes (souvent noteacutees -R) nappartiennent donc pas au

squelette carboneacute

13

L‟heacutelice est une structure reacuteguliegravere dans laquelle la chaicircne principale de la proteacuteine adopte

un repliement heacutelicoiumldal peacuteriodique L‟heacutelice est dite laquo droite raquo quand elle tourne dans le sens

horaire Il s‟agit du cas rencontreacute le plus freacutequent A linverse lorsquune heacutelice tourne dans le

sens anti-horaire elle est dite laquo gauche raquo Lheacutelice droite de type alpha est un motif structural

tregraves retrouveacute au sein des proteacuteines (Fig I 3) L‟heacutelice α est une structure tregraves stable

caracteacuteriseacutee par la formation de liaisons hydrogegravene entre le groupement carbonyle dun reacutesidu

n et le groupement amide dun reacutesidu n+4 Un tour dheacutelice α moyen est constitueacute de 36

acides amineacutes Dans une heacutelice α les chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes sont localiseacutees en

peacuteripheacuterie de lheacutelice et pointent vers lexteacuterieur perpendiculairement agrave l‟axe de la spirale La

structure compacte eacutenergeacutetiquement favorable de lheacutelice α a eacuteteacute preacutedite par Linus Pauling et

Robert Corey en 1951 (3) agrave partir de calculs theacuteoriques Elle a ensuite eacuteteacute observeacutee pour la

premiegravere fois en 1958 dans la myoglobine en huit exemplaires impliquant environ 75 des

acides amineacutes de la proteacuteine La structure tridimensionnelle de cette derniegravere fut la premiegravere

eacutelucideacutee par cristallographie des proteacuteines (4)

Fig I 3 Scheacutema de l‟heacutelice droite de type α tregraves reacutepandue dans le repliement des proteacuteines

Le pas de l‟heacutelice est de 54 Aring (5)

Le feuillet becircta est une structure reacuteguliegravere dans laquelle la chaicircne principale de la proteacuteine

adopte un repliement eacutetendu peacuteriodique Le feuillet β est composeacute de plusieurs brins β qui

eacutetablissent des liaisons hydrogegravene entre eux afin de stabiliser la structure De ce fait les ponts

hydrogegravenes qui le stabilisent se font entre reacutesidus distants plutocirct quentre reacutesidus conseacutecutifs

comme c‟est le cas dans une heacutelice α Dans un feuillet β les chaicircnes lateacuterales des acides

amineacutes sont situeacutees alternativement en dessus et en dessous du plan du feuillet Le repliement

β est favoriseacute par des acides amineacutes portant des petits groupements lateacuteraux laquoRraquo non chargeacutes

De la mecircme maniegravere que pour la structure de lheacutelice α la structure du feuillet β a eacuteteacute preacutedite

14

par Pauling et Corey en 1951 (6) Les feuillets β sont repreacutesenteacutes par des flegraveches (Fig I 4)

correspondant aux chaicircnes polypeptidiques qui les constituent Ces derniegraveres sont plisseacutees et

peuvent ecirctre aligneacutees de maniegravere parallegravele et dans ce cas elles ont la mecircme orientation ou de

maniegravere antiparallegravele avec des orientations opposeacutees Le sens est deacutetermineacute par la polariteacute des

chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes Lorsque deux brins β sorganisent de maniegravere

antiparallegravele les groupements -NH et -CO dun reacutesidu i du premier brin forment des liaisons

hydrogegravene avec les groupements -CO et -NH dun reacutesidu j appartenant au second

Typiquement deux brins β conseacutecutifs relieacutes par un coude forment un feuillet β antiparallegravele

Lorsque deux brins β sont orienteacutes dans le mecircme sens ils s‟organisent en un feuillet parallegravele

Les groupements -NH et -CO dun reacutesidu dun brin A forment alors des liaisons hydrogegravene

avec les groupements -CO dun premier reacutesidu et -NH d‟un second reacutesidu appartenant tous les

deux agrave un brin B Le feuillet β antiparallegravele est plus stable que le feuillet parallegravele car les ponts

hydrogegravene sont dans un alignement parfait

Fig I 4 Scheacutema du feuillet β anti-parallegravele qui est la juxtaposition de brins β ayant des

orientations opposeacutees (5)

Les coudes ne sont pas des structures reacuteguliegraveres et peacuteriodiques Il sagit plutocirct dun

repliement particulier de la chaicircne principale localiseacute sur trois ou quatre reacutesidus conseacutecutifs

Les coudes permettent bien souvent de relier deux structures secondaires peacuteriodiques telles

que les heacutelices etou les brins

15

Les heacutelices α les feuillets β et les coudes ne sont pas les seuls motifs structuraux

secondaires mais sont ceux qui sont le plus freacutequemment rencontreacutes Il existe une grande

varieacuteteacute de motifs moins courants qui ne seront pas deacutetailleacutes dans ce manuscrit

I113 Structure tertiaire

La structure tertiaire d‟une proteacuteine correspond agrave sa structure tridimensionnelle

d‟ensemble Il s‟agit de la structure finale adopteacutee par une proteacuteine apregraves le repliement dans

l‟espace des heacutelices α feuillets β et autres eacuteleacutements de la structure secondaire

Bien que la plupart des proteacuteines neacuteosyntheacutetiseacutees aient la capaciteacute de se replier

correctement certaines en sont incapables sans l‟intervention de proteacuteines dicirctes chaperonnes

Une proteacuteine chaperonne est donc une proteacuteine particuliegravere dont une des fonctions est

dassister dautres proteacuteines dans leur maturation en leur assurant un repliement

tridimensionnel adeacutequat Le repliement dans l‟espace des chaicircnes polypeptidiques est un

processus co-traductionnel (7) Les proteacuteines chaperonnes ont eacuteteacute co-deacutecouvertes en 1989 par

Arthur L Horwich et Franz-Ulrich Hartl (8-9)

La structure tertiaire donne une forme particuliegravere agrave la proteacuteine la rendant ainsi

fonctionnelle Pour cela elle faccedilonne la surface des proteacuteines de maniegravere complexe leur

permettant d‟interagir speacutecifiquement avec des ligands ou d‟autres macromoleacutecules comme

des proteacuteines partenaires (10) La structure tridimensionnelle est thermodynamiquement

stable dans un domaine restreint de tempeacuterature pH et force ionique Au-delagrave de ce domaine

une proteacuteine peut se deacuteplier et perdre son activiteacute biologique on dit alors qu‟elle est

deacutenatureacutee A l‟inteacuterieur des cellules ce sont les proteacuteines chaperonnes qui interviennent Elles

preacuteviennent les dommages potentiels causeacutes par de telles variations des conditions physico-

chimiques et regraveglent la perte de fonction due au mauvais repliement tridimensionnel pouvant

conduire agrave une varieacuteteacute de pathologies telles que la maladie d‟Alzheimer ou les maladies agrave

prion (11) L‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines est donc un eacuteleacutement cleacute

dans la compreacutehension de leurs fonctions biochimiques Son importance est aussi retrouveacutee

dans l‟industrie biopharmaceutique notamment dans le controcircle de la conception de proteacuteines

pharmaceutiques Il faut noter par ailleurs que la structure tridimensionnelle d‟une proteacuteine

en solution n‟est pas totalement rigide mais dynamique (12-13) En effet la chaicircne

polypeptidique subit des mouvements thermiques et est susceptible de se deacuteformer lors

16

d‟interactions avec d‟autres moleacutecules Ces fluctuations de conformations sont souvent

consideacutereacutees comme une condition preacutealable agrave la fonction biologique (14-15)

Cette organisation structurale dans l‟espace est obtenue et rendue possible gracircce agrave

diffeacuterents types dinteractions qui la stabilisent Ces interactions plus ou moins fortes sont

eacutetablies entre les radicaux de diffeacuterents acides amineacutes geacuteneacuteralement eacuteloigneacutes dans la structure

primaire La chaicircne principale de la proteacuteine aura donc tendance agrave se replier sur elle-mecircme

pour adopter une structure tridimensionnelle preacutecise Parmi les interactions les plus notables

sont retrouveacutees les interactions covalentes non covalentes ainsi que les interactions

hydrophobes

Les interactions covalentes eacutetablissent des liaisons fortes entre deux acides amineacutes qui

peuvent ecirctre tregraves proches dans la structure tertiaire mais tregraves eacuteloigneacutes dans la structure

primaire de la proteacuteine De ce fait la formation de cette liaison conduit agrave une stabilisation

accrue de la structure tertiaire Dans le cas des proteacuteines il s‟agit principalement de la

creacuteation d‟un pont disulfure par une reacuteaction d‟oxydation se deacuteroulant entre les fonctions

thiols de deux cysteacuteines Les interactions non covalentes regroupent quant agrave elles les liaisons

eacutelectrostatiques les liaisons hydrogegravene et les liaisons de van der Waals Elles se distinguent

par leur geacuteomeacutetrie leur longueur et leur speacutecificiteacute Elles sont affecteacutees de diffeacuterentes faccedilons

par la preacutesence d‟eau

Les liaisons eacutelectrostatiques peuvent s‟eacutetablir entre deux groupements portant une charge

nette positive ou neacutegative Cette interaction peut conduire agrave un effet reacutepulsif (charges de signe

identique) ou attractif (charges opposeacutees) Une interaction entre deux groupes de charge

opposeacutee est eacutegalement appeleacutee liaison ionique liaison saline pont salin ou paire d‟ions Il

s‟agit de l‟interaction la plus forte parmi les interactions non covalentes Elle est plus forte

dans le vide et plus faible dans un milieu tel que l‟eau

Les liaisons hydrogegravene peuvent ecirctre formeacutees aussi bien entre des moleacutecules non chargeacutees

que des moleacutecules chargeacutees Elle correspond agrave une liaison entre deux atomes eacutelectroneacutegatifs

assureacutee par un atome d‟hydrogegravene partageacute entre les deux L‟atome auquel l‟hydrogegravene est le

plus fermement lieacute est le donneur d‟hydrogegravene tandis que l‟autre est l‟accepteur d‟hydrogegravene

Avec des eacutenergies de liaison de l‟ordre de 3 agrave 7 kcalmol les liaisons hydrogegravene sont plus

fortes que celles de van der Waals Les liaisons hydrogegravene sont directionnelles Les plus

fortes sont celles dans lesquelles le donneur l‟hydrogegravene et l‟accepteur sont colineacuteaires

17

Les liaisons de van der Waals force attractive non speacutecifique entrent en jeu lorsque deux

atomes sont distants de 3 agrave 4 Aring Elle est due au fait que la distribution de la charge

eacutelectronique autour d‟un atome varie dans le temps A un instant donneacute la distribution de la

charge n‟est pas parfaitement symeacutetrique Cette asymeacutetrie transitoire de la charge eacutelectronique

autour d‟un atome induit une asymeacutetrie semblable dans la distribution eacutelectronique des

atomes voisins non lieacutes Ceci conduit donc agrave des interactions de type dipocircle-dipocircle induit

L‟eacutenergie des interactions de van der Waals est faible avec une eacutenergie de stabilisation de

l‟ordre de 06 kcalmol Comme pour les liaisons hydrogegravene le nombre de ces interactions au

sein d‟une proteacuteine peut ecirctre tregraves eacuteleveacute La somme de l‟eacutenergie mise en jeu est alors

substantielle A titre d‟exemple dans le cytochrome C de cheval et dans la myoglobine de

cachalot les interactions de van der Waals agrave l‟inteacuterieur de la proteacuteine contribuent pour

l‟essentiel agrave la stabiliteacute de la structure

Dans une solution aqueuse une moleacutecule apolaire tend agrave interagir avec d‟autres moleacutecules

apolaires plutocirct que de s‟entourer de moleacutecules d‟eau On nomme cette proprieacuteteacute

hydrophobiciteacute et cela conduit agrave des interactions entre moleacutecules qu‟on appelle des

interactions hydrophobes Ces derniegraveres engendrent dans le cas des proteacuteines un

regroupement des reacutesidus apolaires geacuteneacuteralement vers le centre formant un cœur hydrophobe

ou encore au niveau d‟autres reacutegions hydrophobes de la cellule comme dans les membranes

lipidiques Les interactions hydrophobes constituent une force essentielle dans le repliement

des proteacuteines

I114 Structure quaternaire

La structure quaternaire d‟une proteacuteine est donneacutee par l‟association des diffeacuterentes chaicircnes

polypeptidiques la constituant Elles peuvent ecirctre identiques ou diffeacuterentes et sont relieacutees par

des liaisons non covalentes (liaisons hydrogegravene liaisons ioniques interactions hydrophobes)

et plus rarement par des ponts disulfures Leffet hydrophobe est un facteur preacutepondeacuterant dans

lassemblage des eacuteleacutements structuraux y compris dans lassociation des chaicircnes Chacune de

ces chaicircnes est appeleacutee monomegravere (ou sous uniteacute) et lensemble oligomegravere ou proteacuteine

multimeacuterique

18

Seulement certaines proteacuteines preacutesentent une telle organisation Lheacutemoglobine est un

exemple de proteacuteine posseacutedant une structure quaternaire Elle est constitueacutee de quatre sous-

uniteacutes deux sous-uniteacutes α (de 141 acides amineacutes) et deux sous-uniteacutes β (de 146 acides

amineacutes)

Ces assemblages polypeptidiques peuvent ecirctre parfaitement bien deacutefinis mais certains

peuvent former des complexes multiproteacuteiques uniquement transitoires tout en eacutetant

fonctionnellement importants En effet dans l‟environnement cellulaire les proteacuteines sont

rarement isoleacutees et les interactions qu‟elles peuvent creacuteer avec d‟autres partenaires sont

essentielles agrave leur fonction Dans d‟autres cas comme dans les macroassemblages amyloiumldes

la formation d‟un complexe entre des proteacuteines peut conduire agrave la formation d‟assemblages

potentiellement pathogegravenes (16) L‟eacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des

macroassemblages est donc primordiale agrave la compreacutehension de leur fonctionnement et

dysfonctionnement

~

Nous venons de mettre en eacutevidence l‟importance de l‟eacutetude structurale des proteacuteines ainsi

que sa complexiteacute qui en font un veacuteritable deacutefi analytique La structure tridimensionnelle

d‟une proteacuteine donneacutee n‟est pas neacutecessairement unique elle peut fluctuer temporellement ou

deacutependre des autres moleacutecules (proteacuteines ou ligands) avec lesquelles la proteacuteine interagit dans

l‟environnement cellulaire Il existe un grand nombre de techniques physico-chimiques

biophysiques ou biochimiques permettant d‟obtenir des informations structurales sur des

proteacuteines et des complexes proteacuteiques Les approches les plus couramment employeacutees pour

identifier et caracteacuteriser des interactions proteacuteine-proteacuteine combinent des meacutethodes

biochimiques et biophysiques

Parmi ces techniques deux meacutethodes physico-chimiques sont couramment utiliseacutees pour

l‟eacutetude de la structure tridimensionnelle des proteacuteines Il s‟agit de la cristallographie et de la

reacutesonance magneacutetique nucleacuteaire (RMN) En ce qui concerne l‟analyse des complexes

proteacuteiques qui sont geacuteneacuteralement des eacutedifices macromoleacuteculaires bien plus importants ces

derniegraveres anneacutees ont vu le deacuteveloppement de meacutethodes alternatives telles que la cryo-

microscopie eacutelectronique la diffraction de rayons X ou de neutrons aux petits angles ou

encore diffeacuterentes techniques baseacutees sur l‟utilisation de la spectromeacutetrie de masse Il est aussi

possible d‟aborder la composition des complexes proteacuteiques par des meacutethodes biochimiques

parmi lesquelles le TAP-Tag et le double hybride occupent une place de choix

19

Les paragraphes suivants seront consacreacutes agrave une description des grandes meacutethodes

d‟analyse physico-chimique et biochimique utilisables pour appreacutehender la structure des

proteacuteines mais surtout celle des complexes proteacuteiques

I12 Meacutethodes drsquoanalyse physico-chimique

I121 Meacutethodes classiques pour lrsquoeacutetude de la structure tridimensionnelle des

proteacuteines

I1211 Cristallographie des proteacuteines

La cristallographie est la science qui eacutetudie les systegravemes cristallins agrave leacutechelle atomique

Les macromoleacutecules dont font partie les proteacuteines sont geacuteneacuteralement trop petites pour ecirctre

observeacutees directement par microscopie optique En effet leur taille nest pas suffisante pour

diffracter la lumiegravere dans les longueurs d‟onde du domaine visible du spectre

eacutelectromagneacutetique En revanche les distances interatomiques au sein des proteacuteines (environ

15 Aring) sont du mecircme ordre de grandeur que la longueur d‟onde des rayons X Par conseacutequent

la diffraction des rayons X par les atomes d‟une proteacuteine peut quant agrave elle ecirctre envisageacutee

Dans un cristal reacutegulier les proteacuteines forment un arrangement peacuteriodique suivant des axes de

l‟espace tridimensionnel de mailles eacuteleacutementaires deacutefinies comme eacutetant le plus petit eacuteleacutement

repreacutesentant le cristal entier Des translations suivant les axes d‟une maille eacuteleacutementaire

permettent de reconstituer l‟ensemble du cristal

Chaque atome d‟une proteacuteine a donc exactement la mecircme position dans toutes les mailles

Le cristal est ainsi composeacute de plans d‟atomes Ces plans d‟atomes ou plutocirct les nuages

d‟eacutelectrons correspondants produisent un motif de diffraction lors de l‟irradiation du cristal

aux rayons X (17) Le motif de diffraction contient les informations sur la position de tous les

atomes de la maille Par conseacutequent il est possible par l‟analyse de ce motif de calculer les

angles de diffraction ainsi que les distances interatomiques pour reconstituer la structure

moleacuteculaire

La haute reacutesolution reste le principal avantage de cette technique Malgreacute des donneacutees

relativement complexes agrave analyser la diffraction des rayons X donne des informations tregraves

preacutecises sur la structure moleacuteculaire des proteacuteines souvent agrave une reacutesolution atomique

20

infeacuterieure ou eacutegale agrave 12 Aring (18) A des reacutesolutions encore plus eacuteleveacutees ie infeacuterieures ou

eacutegales agrave 08 Aring les atomes d‟hydrogegravene deviennent visibles et les atomes ne peuvent plus ecirctre

consideacutereacutes comme des sphegraveres en raison de la deacuteformation des nuages eacutelectroniques Une telle

visualisation des eacutelectrons permet de deacuteterminer la distribution des charges et la polarisation

des liaisons (19) Une image tregraves deacutetailleacutee de la structure de la proteacuteine est alors obtenue

Toutefois la technique preacutesente des limites La principale difficulteacute lieacutee agrave la meacutethode reste

l‟obtention de cristaux avec des tailles suffisantes Il est indispensable de disposer de

plusieurs cristaux identiques car ils sont souvent deacutegradeacutes en preacutesence des rayons X (par

chauffage ou par des radicaux libres) Pour faire pousser des cristaux il est neacutecessaire de

produire une proteacuteine extrecircmement pure Il est eacutegalement indispensable d‟exprimer des

quantiteacutes importantes de proteacuteine afin de trouver les conditions optimales de cristallisation

Ces derniegraveres eacutetant proteacuteines deacutependantes il est impeacuteratif d‟en tester un grand nombre Les

cristaux peuvent se former rapidement ou au contraire apparaicirctre apregraves un temps

consideacuterablement long Parfois mecircme il est malheureusement impossible d‟en obtenir Les

chaicircnes polypeptidiques partiellement replieacutees telles que le prion sont un exemple probant de

proteacuteines difficilement cristallisables (20) De plus si des cristaux sont finalement obtenus

alors les segments peptidiques qui sont non structureacutes en solution apparaicirctront soit ordonneacutes

par des liaisons intermoleacuteculaires au sein du systegraveme cristallin ou n‟apparaicirctront pas Par

conseacutequent il est important de deacutevelopper une meacutethode alternative permettant d‟eacutetudier la

structure de proteacuteines partiellement replieacutees ou mecircme deacutesordonneacutees

Par deacutefinition l‟eacutetude cristallographique est baseacutee sur des structures statiques (les cristaux)

de l‟eacutetat le plus stable Il est donc peu probable que cette technique renseigne sur la

dynamique des moleacutecules Si la proteacuteine cristalliseacutee preacutesente une dynamique sans mouvement

agrave grande eacutechelle alors des eacuteveacutenements dynamiques peuvent ecirctre caracteacuteriseacutes En revanche les

mouvements agrave grande eacutechelle sont quasiment toujours bloqueacutes dans le cristal D‟importants

deacuteveloppements technologiques ont eacuteteacute apporteacutes agrave la technique pour ameacuteliorer l‟observation

de la dynamique agrave courte eacutechelle Il s‟agit de la cryo-cristallographie (21-23) ou des meacutethodes

de cristallographie en temps reacutesolu (24-26)

L‟avegravenement du synchrotron a consideacuterablement acceacuteleacutereacute la vitesse d‟acquisition des

donneacutees En effet celle-ci a eacuteteacute reacuteduite de quelques semaines agrave quelques heures gracircce agrave la

production d‟un rayonnement X intense stable de longueur d‟onde variable et de grande

21

qualiteacute optique Actuellement la plupart des donneacutees de cristallographie sont collecteacutees agrave

partir d‟un synchrotron

La diffraction des rayons X est eacutegalement un outil de choix pour l‟eacutetude de complexes

proteacuteiques permettant d‟obtenir des informations structurales de tregraves grande qualiteacute mecircme

pour des systegravemes tregraves complexes (27) ou membranaires (28-29)

I1212 Spectroscopie RMN

La spectroscopie RMN est eacutegalement devenue une meacutethode performante pour l‟eacutetude de la

conformation des proteacuteines Deacuteveloppeacutee en 1945 elle n‟a cesseacute d‟ecirctre ameacutelioreacutee depuis sa

mise au point En raison de l‟impact scientifique exceptionnel qu‟elle a eu au fil des anneacutees

elle a eacuteteacute reacutecompenseacutee par quatre prix Nobel Le dernier en date (2002) a eacuteteacute deacutecerneacute au

Professeur Kurt Wuumlthrich pour ses deacuteveloppements porteacutes agrave la RMN qui ont permis

l‟eacutelucidation de la structure tridimensionnelle des macromoleacutecules biologiques en solution

Plus particuliegraverement il a eacuteteacute primeacute pour son eacutetude structurale de la proteacuteine prion

partiellement replieacutee (30)

Technique d‟analyse chimique et structurale non destructive elle est baseacutee sur l‟absorption

de la radiation agrave une radio freacutequence par des noyaux atomiques Les niveaux d‟eacutenergie de spin

des noyaux sont seacutepareacutes dans un champ magneacutetique (effet Zeeman) Sous l‟effet d‟une radio

freacutequence chaque noyau de la moleacutecule va reacutesonner agrave sa freacutequence speacutecifique (freacutequence de

Larmor) Chaque noyau de la proteacuteine a donc sa propre freacutequence de Larmor qui deacutepend de

l‟environnement local du noyau (par exemple protection par des champs magneacutetiques locaux)

Un spectre RMN contient ainsi des pics correspondants aux reacutesonances de tous les noyaux de

l‟eacutechantillon chacun avec une freacutequence (caracteacuteriseacutee par le deacuteplacement chimique δ)

caracteacuteristique de son environnement chimique De plus la surface sous un pic est

proportionnelle au nombre des noyaux reacutesonnant agrave cette freacutequence ce qui permet de

quantifier les reacutesidus identifieacutes et caracteacuteriseacutes

Un facteur tregraves important permettant la deacutetermination de la structure des proteacuteines est la

correacutelation entre des noyaux d‟une moleacutecule La perturbation locale des nuages d‟eacutelectrons

par le spin des noyaux conduit agrave un couplage scalaire entre des noyaux qui sont lieacutes de faccedilon

covalente avec un maximum de quatre liaisons entre eux L‟origine de ce couplage est le

22

changement des niveaux d‟eacutenergie des eacutetats de spin des noyaux en question pour conduire agrave

des nouveaux niveaux d‟eacutenergie en fonction de l‟alignement des spins des noyaux (parallegravele

ou anti-parallegravele) Le nombre et la nature des noyaux voisins produit des motifs et des

constantes de couplage speacutecifiques qui permettent d‟attribuer une structure covalente Dans

les proteacuteines chaque chaicircne lateacuterale d‟un acide amineacute preacutesente un motif de couplage scalaire

caracteacuteristique Il est alors aiseacute d‟attribuer les signaux RMN agrave la structure d‟une proteacuteine

L‟eacutetude d‟une proteacuteine peut ecirctre reacutealiseacutee par RMN homonucleacuteaire ou heacuteteacuteronucleacuteaire Les

noyaux protons sont alors observeacutes respectivement seuls ou avec les noyaux carbones etou

azotes Les expeacuteriences RMN permettent l‟observation des couplages scalaires et dipolaires

entre spins Le transfert d‟aimantation par couplage dipolaire produit des effets Overhauser

nucleacuteaires (nOe) entre noyaux situeacutes agrave moins de 5 Aring l‟un de l‟autre La mise en eacutevidence de

ces pheacutenomegravenes permet l‟estimation des distances entre les noyaux consideacutereacutes Cependant la

RMN homonucleacuteaire preacutesente certaines limites pour l‟eacutetude des proteacuteines en solution en

raison du taux de superposition des pics sur les spectres et du mauvais transfert d‟aimantation

entre protons par couplage scalaire Ces inconveacutenients qui rendaient probleacutematique l‟emploi

de la RMN pour l‟eacutetude de proteacuteines de taille supeacuterieure agrave cent acides amineacutes ont eacuteteacute

surmonteacutes par l‟utilisation des proprieacuteteacutes RMN de noyaux autres que le proton En effet des

noyaux diffeacuterents reacutesonnent dans des gammes de freacutequences diffeacuterentes ce qui permet de

reacutesoudre les superpositions de deacuteplacements chimiques De plus les constantes de couplage

heacuteteacuteronucleacuteaires ameacuteliorent la sensibiliteacute du couplage scalaire

Les trois isotopes de spin 12 naturellement preacutesents dans les proteacuteines sont 1H

15N et

13 C

Cependant les faibles abondances naturelles des isotopes 13

C du carbone (11 ) et 15

N de

l‟azote (037 ) ne permettent pas de reacutealiser des expeacuteriences de correacutelation heacuteteacuteronucleacuteaire

les impliquant Par conseacutequent un enrichissement des eacutechantillons proteacuteiques en isotopes 13

C

et 15

N preacutealable agrave l‟analyse en RMN doit ecirctre envisageacute

La preacuteparation d‟eacutechantillons marqueacutes est reacutealiseacutee le plus souvent par clonage

moleacuteculaire et par techniques de surexpression et de purification de proteacuteines La

surexpression des proteacuteines isotopiquement enrichies peut se faire agrave partir d‟une culture en

milieu minimum ou en milieu riche Le milieu minimum est preacutepareacute de faccedilon agrave ne renfermer

qu‟une seule source du noyau dont on veut enrichir la proteacuteine (eg glucose avec 13

C

chlorure d‟ammonium avec 15

N) Les cultures en milieu riche se font en utilisant un milieu

standard enrichi en isotopes Si l‟on souhaite simplement proceacuteder agrave un marquage partiel de la

23

proteacuteine sur certains types de reacutesidus alors on peut utiliser un organisme heacuteteacuterotrophe Ce

dernier incapable de syntheacutetiser certains acides amineacutes devra donc les puiser dans son milieu

de culture Ces organismes sont cultiveacutes dans un milieu contenant les acides amineacutes marqueacutes

que l‟on veut incorporer dans la proteacuteine

Les expeacuteriences de RMN heacuteteacuteronucleacuteaire peuvent ecirctre reacutealiseacutees sur des eacutechantillons

simplement marqueacutes au 15

N ou doublement marqueacutes (15

N 13

C) Dans le cas de proteacuteines

marqueacutees agrave l‟isotope lourd de l‟azote (15

N) des expeacuteriences 2D HSQC ou HMQC

(laquo Heteronuclear Single Multiple Quantum Correlation raquo) peuvent ecirctre meneacutees Elles

permettent d‟observer les pics de correacutelation dus au couplage scalaire entre l‟hydrogegravene

amide et l‟azote de chaque reacutesidu La strateacutegie d‟attribution baseacutee sur le double marquage

utilise quant agrave elle exclusivement les couplages scalaires homo- et heacuteteacuteronucleacuteaires Si l‟on

souhaite augmenter la limite de taille des systegravemes eacutetudieacutes alors en sus du marquage 15

N et

13C on peut remplacer 70 agrave 100 des protons par des deuteacuteriums En effet cela permet de

diminuer la fuite de l‟aimantation due aux interactions dipolaires entre protons La diminution

de la relaxation transverse agrave l‟aide de l‟expeacuterience TROSY (laquo Transverse Relaxation-

Optimized SpectroscopY raquo) permet eacutegalement de repousser cette limite (31) Des expeacuteriences

combinant les deux approches ont eacutegalement eacuteteacute deacuteveloppeacutees pour l‟analyse de complexes

proteacuteiques de haut poids moleacuteculaire (gt 50 kDa) (32)

Les intermeacutediaires du repliement d‟une proteacuteine peuvent aussi ecirctre caracteacuteriseacutes par

l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide avec le deuteacuterium de l‟eau lourde Enfin une interpreacutetation

qualitative des deacuteplacements chimiques en fonction de la structure primaire de la moleacutecule

permet la deacutetection des structures secondaires telles que l‟heacutelice α ou le feuillet β

Si l‟avantage majeur de la RMN par rapport agrave la diffraction des rayons X est de permettre

l‟eacutetude de proteacuteines en solution elle preacutesente des limites importantes qui sont d‟une part la

quantiteacute de mateacuteriel neacutecessaire pour reacutealiser les expeacuteriences (des concentrations de l‟ordre du

millimolaire de proteacuteine sont geacuteneacuteralement utiliseacutees et d‟une centaine de micromoles avec

l‟utilisation d‟une cryosonde) mais surtout la taille des systegravemes qui peuvent ecirctre eacutetudieacutes (lt

50 kDa) Il faut par ailleurs noter que dans certains cas des concentrations d‟eacutechantillon tregraves

eacuteleveacutees peuvent induire des perturbations de la structure quaternaire des proteacuteines (agreacutegation

ou preacutecipitation de certaines proteacuteines)

24

I122 Meacutethodes pour lrsquoeacutetude de la structure quaternaire des proteacuteines et des

assemblages macromoleacuteculaires

I1221 Diffusion aux petits angles

La diffusion aux petits angles des rayons X en solution (laquo Small Angle X-ray Scattering raquo

SAXS) est une technique qui repose sur la diffusion eacutelastique des rayons X par des proteacuteines

et des macro-assemblages dans la gamme 10-1000 Aring (33) Bien qu‟il ne soit pas possible

d‟obtenir une reacutesolution atomique par cette meacutethode elle fournit des informations structurales

preacutecieuses agrave basse reacutesolution (forme globale de la proteacuteine structures tertiaire et quaternaire)

Elle permet donc d‟eacutetudier les changements conformationnels de macromoleacutecules ainsi que la

formation d‟assemblages supramoleacuteculaires dans des conditions quasi-physiologiques La

diffusion en solution qui n‟est pas soumise aux principales limitations de la cristallographie

et de la RMN apparaicirct comme une technique compleacutementaire pour l‟eacutetude structurale des

macromoleacutecules

Les eacutechantillons reacuteels sont le plus souvent complexes (co-existence de plusieurs espegraveces de

proteacuteines) et heacuteteacuterogegravenes (manque dhomogeacuteneacuteiteacute au niveau de la conformation des

moleacutecules) Leur eacutetude repreacutesente un deacutefi majeur pour cette technique En effet dans un tel

cas le profil de diffusion contiendra des contributions de tous les composants rendant

l‟analyse complexe Cette difficulteacute peut ecirctre surmonteacutee par des meacutethodes de traitement des

donneacutees afin de caracteacuteriser des conformegraveres individuels de proteacuteines (34) ou bien des

agreacutegats de proteacuteines (35)

I1222 Cryomicroscopie eacutelectronique

La cryomicroscopie eacutelectronique se base sur les principes geacuteneacuteraux de la microscopie

eacutelectronique agrave transmission tout en eacutevitant les eacutetapes de preacuteparation endommageant les

eacutechantillons Elle repose sur l‟observation de moleacutecules ayant eacuteteacute fixeacutees de maniegravere brutale

par congeacutelation agrave tregraves basse tempeacuterature (processus de quelques millisecondes agrave environ -

170degC) afin d‟eacuteviter la formation de cristaux de glace Les moleacutecules totalement englobeacutees

dans un fin film d‟eau vitrifieacutee sont ainsi preacuteserveacutees dans leur environnement et leur eacutetat

natifs Compleacutementaire agrave la cristallographie des proteacuteines et agrave la spectroscopie RMN cette

meacutethode permet d‟obtenir la structure de larges assemblages macromoleacuteculaires en solution

25

La microscopie eacutelectronique permet d‟obtenir des images bidimensionnelles correspondant

agrave des projections de toute leacutepaisseur de leacutechantillon Cependant elles ne possegravedent quun

contraste tregraves faible et lanalyse dimages est alors indispensable Celle-ci consiste dans un

premier temps agrave additionner des images de faible contraste afin de moyenner le bruit preacutesent

et dobtenir un meilleur rapport signal sur bruit Dans un deuxiegraveme temps ces moyennes qui

repreacutesentent des vues de leacutechantillon sous diffeacuterents angles peuvent ecirctre combineacutees de

maniegravere matheacutematique pour calculer la structure tridimensionnelle de lobjet de deacutepart (36)

Cette technique de reconstruction en 3D utilisant des images obtenues sous diffeacuterents angles

est appeleacutee tomographie

La cryomicroscopie eacutelectronique est particuliegraverement bien adapteacutee agrave l‟observation de

moleacutecules de masse moleacuteculaire supeacuterieure agrave 200 ou 300 kDa (37) En effet seuls des eacutedifices

macromoleacuteculaires de grande taille remplissent les critegraveres neacutecessaires pour ecirctre visualiseacutes au

dessus du bruit de fond Il est possible d‟obtenir une reacutesolution de l‟ordre de 10 agrave 30 Aring (38)

Pour des macro-assemblages on peut envisager de compleacuteter une structure agrave basse reacutesolution

avec des structures agrave haute reacutesolution des proteacuteines individuelles Ces derniegraveres peuvent ecirctre

obtenues par exemple par cristallographie Il est ainsi possible d‟obtenir des informations

structurales agrave une reacutesolution presque atomique de structures subcellulaires (39)

Cette technique permet l‟eacutetude du changement conformationnel d‟assemblages

macromoleacuteculaires par imagerie de complexes fixeacutes par vitrification dans diffeacuterents eacutetats

conformationnels (37 40) La microscopie eacutelectronique permet eacutegalement aujourd‟hui

d‟obtenir des informations sur des macromoleacutecules et leurs assemblages dans le contexte

cellulaire par imagerie de la structure biologique entiegravere (41-43) Ceci a eacuteteacute rendu possible par

les progregraves effectueacutes dans le deacuteveloppement de la tomographie eacutelectronique et l‟eacutelaboration

de la cryomicroscopie de sections vitreuses

Il existe de nombreuses eacutetudes de complexes macromoleacuteculaires par cryomicroscopie

eacutelectronique parmi lesquelles la structure du ribosome agrave une reacutesolution de 115 Aring (44) et celle

de virus (45) l‟environnement cytosolique total de cellules eucaryotes (46) ainsi que l‟eacutetude

d‟une interaction proteacuteine chaperone-substrat (47)

La cryomicroscopie eacutelectronique possegravede plusieurs avantages par rapport agrave la

cristallographie et agrave la RMN En effet elle requiert de plus faibles quantiteacutes de mateacuteriel

(environ 2 mL agrave une concentration de 01-10 mgmL-1

par grille) elle ne neacutecessite pas

26

l‟obtention de cristaux et elle permet l‟observation d‟objets de lordre de grandeur de 300 kDa

agrave 1000 MDa Mais cette meacutethode preacutesente aussi des limites Les eacutechantillons doivent ecirctre

purs uniformes et sans agreacutegats et contenir seulement une faible concentration de sel et de

solvants afin de maximiser le contraste entre la proteacuteine et le tampon

I1223 Chromatographie drsquoexclusion steacuterique

La chromatographie est une technique de chimie analytique quantitative et qualitative Il

s‟agit d‟une meacutethode physique de seacuteparation d‟espegraveces chimiques Le principe est le suivant

leacutechantillon renfermant une ou plusieurs espegraveces est entraicircneacute par une phase mobile le long

dune phase stationnaire Chaque espegravece a une vitesse de migration propre qui deacutepend de ses

caracteacuteristiques et de celles des deux phases

La chromatographie d‟exclusion steacuterique appeleacutee aussi filtration sur gel permet de seacuteparer

des proteacuteines ou autres moleacutecules biologiques suivant leur taille (48) tandis que la plupart des

meacutethodes chromatographiques utilisent l‟affiniteacute chimique avec un support La phase

stationnaire est un gel hydrateacute constitueacute de pores de tailles diffeacuterentes Les macromoleacutecules de

l‟eacutechantillon entrent et sortent de ces pores selon leur taille Les moleacutecules les plus petites

peuvent entrer dans un plus grand nombre de pores ce qui allonge la dureacutee de leur migration

alors que les plus grosses moleacutecules sont eacutelueacutees plus rapidement En conseacutequence les

macromoleacutecules sont seacutepareacutees selon leurs dimensions

Plus rigoureusement cette meacutethode permet de seacuteparer des macromoleacutecules en fonction de

leur taille mais aussi de leur forme ie suivant leur volume hydrodynamique Ainsi deux

macromoleacutecules de mecircme masse moleacuteculaire mais d‟architecture diffeacuterente pourront ecirctre

distingueacutees En effet une macromoleacutecule peu structureacutee aura un plus grand volume

hydrodynamique qu‟une macromoleacutecule de mecircme masse moleacuteculaire mais de structure tregraves

globulaire Par conseacutequent la premiegravere sera plus rapidement eacutelueacutee que la seconde bien que

les deux masses soient identiques

Une eacutetude reacutecente a montreacute qu‟il eacutetait possible de caracteacuteriser des macroassemblages de

tregraves grande taille jusqu‟agrave plusieurs millions de daltons par chromatographie d‟exclusion

steacuterique (49)

27

I1224 Reacutesonance plasmonique de surface

La reacutesonance plasmonique de surface (laquo Surface Plasmon Resonance raquo SPR) est un

pheacutenomegravene physique baseacute sur les proprieacuteteacutes de la lumiegravere Lorsquun faisceau de lumiegravere

polariseacutee monochromatique illumine une surface placeacutee entre deux milieux dindice de

reacutefraction diffeacuterent une partie du rayon incident est reacutefleacutechie tandis que lautre partie est

reacutefracteacutee agrave travers la surface Selon langle dincidence du rayon toute la lumiegravere peut ecirctre

reacutefleacutechie Lorsquil ny a pas de reacutefraction ie sous les conditions de reacuteflexion interne totale

une des composantes eacutelectromagneacutetiques de la lumiegravere londe eacutevanescente se propage

perpendiculairement agrave la surface sur une distance eacutequivalente agrave sa longueur donde Si une

couche fine de meacutetal riche en eacutelectrons libres est deacuteposeacutee sur cette surface alors ceux-ci

entrent en reacutesonance avec les photons du faisceau incident et creacuteent la reacutesonance plasmonique

de surface Une conseacutequence eacutenergeacutetique de cette reacutesonance est visible dans le faisceau

reacutefleacutechi qui preacutesente une chute dintensiteacute agrave un angle deacutefini Cet angle pour lequel on observe

une intensiteacute minimale est langle de reacutesonance Il varie en fonction de lindice de reacutefraction

du milieu dans lequel londe eacutevanescente se propage

Depuis sa deacutecouverte par Wood en 1902 (50-51) la reacutesonance plasmonique de surface est

principalement utiliseacutee comme senseur ie comme deacutetecteur placeacute agrave la source mecircme du

pheacutenomegravene eacutetudieacute capable de deacuteceler des modifications au niveau moleacuteculaire L‟application

de cette technique pour le controcircle des interactions biomoleacuteculaires a eacuteteacute deacutemontreacutee pour la

premiegravere fois en 1983 (52) La reacutesonance plasmonique de surface permet de mettre en

eacutevidence la formation d‟une liaison entre un ligand et un reacutecepteur adsorbeacute agrave la surface

meacutetallique par mesure de la variation de lindice de reacutefraction (Fig I 5) Lanalyte est mis au

contact de la surface meacutetallique greffeacutee Les changements induits par lassociation ou la

dissociation des complexes modifient la reacutefringence du milieu et deacutecalent la position de

langle de reacutesonance Lenregistrement de la variation de langle de reacutesonance permet de suivre

en temps reacuteel la fixation des moleacutecules injecteacutees Cette technique permet donc d‟obtenir des

donneacutees cineacutetiques sur des interactions mettant en jeu deux ou plusieurs partenaires (53)

28

Fig I 5 Scheacutema du principe de la reacutesonance plasmonique de surface utiliseacute par la technologie

Biacore TM pour l‟analyse des interactions entre moleacutecules en temps reacuteel et sans marquage

Dans un tel systegraveme les deux milieux d‟indices de reacutefraction diffeacuterents sont la solution dans

laquelle se trouvent les moleacutecules agrave analyser et le verre d‟une lame qui sert de senseur Le

film conducteur agrave l‟interface des deux est un tregraves fin film d‟or agrave la surface de la lame de verre

La reacutesonance plasmonique de surface permet donc de deacutetecter et de quantifier des

interactions entre moleacutecules en temps reacuteel et sans avoir recours au marquage de ces derniegraveres

Par le suivi en temps reacuteel de la formation et de la dissociation des complexes il est possible

de caracteacuteriser minutieusement la force des associations et d‟obtenir les cineacutetiques des

interactions moleacuteculaires La technique ne neacutecessitant pas l‟utilisation de marquage pour la

deacutetection et eacutetant non destructrice les biomoleacutecules qui sont seacutelectivement retenues sur la

surface du capteur peuvent ecirctre par la suite reacutecupeacutereacutees et analyseacutees par spectromeacutetrie de

masse Cette combinaison de technologies offre donc une toute nouvelle gamme

d‟applications telle que l‟identification et la rapide caracteacuterisation de nouvelles interactions

proteacuteineproteacuteine entre une proteacuteine d‟inteacuterecirct et un meacutelange complexe de proteacuteines (54-55)

I1225 Spectromeacutetrie de masse

Bien que les techniques de diffraction des rayons X et de spectroscopie RMN soient les

deux meacutethodes phares pour l‟eacutelucidation structurale des proteacuteines nous avons vu

preacuteceacutedemment qu‟elles preacutesentaient des limites En effet elles sont toutes les deux peu

sensibles et la cristallographie des proteacuteines neacutecessite l‟obtention de cristaux tandis que la

spectroscopie RMN est limiteacutee en gamme de masse Ainsi le choix de ces meacutethodes

29

classiques pour l‟eacutetude des complexes proteacuteiques n‟est pas toujours possible En revanche

l‟apport de la spectromeacutetrie de masse dans ce domaine est en constante progression La

spectromeacutetrie de masse ne permet pas d‟obtenir des informations structurales avec la mecircme

reacutesolution spatiale que les rayons X ou la RMN mais apporte un gain important en termes de

sensibiliteacute et rapiditeacute par rapport aux deux meacutethodes preacuteceacutedentes Il existe plusieurs

approches par spectromeacutetrie de masse permettant d‟obtenir des informations de structure

L‟une d‟entre elles repose sur le pontage covalent de proteacuteines en association suivi d‟une

digestion enzymatique et analyse par spectromeacutetrie de masse Une deuxiegraveme implique des

eacutechanges isotopiques (ou un marquage covalent) permettant soit de deacuteterminer des zones de

flexibiliteacute induites par la liaison d‟un ligand agrave une proteacuteine soit des zones d‟interaction entre

macromoleacutecules au sein d‟un complexe La spectromeacutetrie de masse offre eacutegalement

l‟opportuniteacute de caracteacuteriser des complexes non covalents (proteacuteine-proteacuteine proteacuteine-ligand)

gracircce agrave l‟utilisation de modes d‟ionisation adapteacutes On peut noter pour l‟analyse de

complexes proteacuteiques intacts l‟eacutemergence de spectromegravetres de masse eacutequipeacutes d‟une cellule

de mobiliteacute ionique

Approche par pontage covalent

Les interactions proteacuteine-proteacuteine peuvent donc ecirctre analyseacutees par pontage covalent

(laquo crosslinking raquo) et spectromeacutetrie de masse L‟avantage majeur de cette approche est qu‟elle

permet d‟obtenir agrave la fois des informations sur la composition et sur la structure des

complexes gracircce agrave la grande sensibiliteacute de la spectromeacutetrie de masse Le laquo crosslinking raquo est

une technique qui permet de relier chimiquement les sous-uniteacutes d‟un complexe non covalent

ce qui permet de stabiliser les interactions au sein de l‟eacutedifice macromoleacuteculaire et d‟en

faciliter l‟eacutetude Ceci est reacutealiseacute par des agents pontants ou laquo crosslinkers raquo qui sont des

composeacutes chimiques posseacutedant un groupe reacuteactif agrave leur extreacutemiteacute capable de reacuteagir avec des

fonctions speacutecifiques des proteacuteines ou d‟autres moleacutecules (eg amines primaires

sulfhydryles hellip) Les agents pontants eacutetablissent des liaisons covalentes entre des acides

amineacutes proches dans la structure tertiaire L‟utilisation de laquo crosslinkers raquo de taille diffeacuterente

permet d‟obtenir des contraintes de distance entre les peptides des partenaires proteacuteiques du

complexe L‟analyse des peptides ponteacutes par spectromeacutetrie de masse permet d‟obtenir des

informations sur la topologie initiale du complexe Il existe maintenant une grande varieacuteteacute

d‟agents pontants multifonctionnels (homo- ou heacuteteacuterofonctionnels) disponibles dans le

commerce (wwwpiercenetcom)

30

Fig I 6 Scheacutema de la reacuteaction de pontage covalent entre deux proteacuteines utilisant le DSG

(DiSuccinimidyl Glutarate) reacuteactif homobifonctionnel Il a deux groupes identiques des

esters de NHS agrave chacune de ses extreacutemiteacutes qui reacuteagissent avec les amines primaires des

proteacuteines (extreacutemiteacute N-terminale et chaicircne lateacuterale des lysines) Son bras espaceur long de 77

Aring est constitueacute de cinq atomes

Les groupes reacuteactifs peuvent ecirctre des esters de NHS (N-HydroxySuccinimide) (Fig I 6)

ou des maleacuteimides qui ciblent les thiols des cysteacuteines ou encore des aryl azides qui s‟insegraverent

dans des liaisons C-H ou N-H sous activation UV Les esters de NHS et leurs deacuteriveacutes solubles

sulfonyleacutes sont les plus couramment utiliseacutes malgreacute les reacuteactions secondaires qu‟ils

entraicircnent compliquant l‟analyse des spectres obtenus apregraves digestion enzymatique du

complexe proteacuteique En effet si les amines primaires des lysines (ou des extreacutemiteacutes N-

terminales) sont les cibles majeures des groupements NHS il n‟est pas rare d‟observer des

reacuteactions de pontage impliquant les groupements hydroxyles des tyrosines des seacuterines ou

encore des threacuteonines (56) De plus les esters de NHS conventionnels ont une forte tendance

agrave s‟hydrolyser pendant l‟eacutetape de pontage conduisant agrave des produits de type laquo dead-end raquo

qu‟il est difficile de seacuteparer des autres (57) Par conseacutequence avec la connaissance de toutes

les cibles possibles des laquo crosslinkers raquo l‟eacutelucidation de la structure des complexes proteacuteiques

pourrait ecirctre significativement ameacutelioreacutee due agrave la plus grande fraction d‟espegraveces ponteacutees

identifieacutees

Bien que l‟association pontage covalent et spectromeacutetrie de masse soit devenue un outil

analytique performant pour l‟eacutetude des complexes proteacuteiques elle preacutesente des limites qui

sont (i) la faible intensiteacute dans les spectres de masse des pics correspondant aux peptides

ponteacutes et (ii) la difficulteacute agrave les identifier parmi les autres due au fait qu‟ils sont tregraves

minoritaires dans les meacutelanges obtenus Dans ce contexte le choix d‟un spectromegravetre de

masse alliant excellente reacutesolution et tregraves bonne preacutecision sur la mesure de masse (FT-ICR

orbitrap) est judicieux Il permet d‟une part de bien seacuteparer les diffeacuterents constituants obtenus

31

apregraves la digestion des complexes et d‟autre part d‟utiliser la masse exacte comme critegravere de

seacutelection Des strateacutegies permettant d‟identifier plus facilement les peptides ponteacutes dans le

meacutelange tregraves complexe obtenu apregraves digestion enzymatique ont eacutegalement eacuteteacute deacuteveloppeacutees

ces derniegraveres anneacutees Elles sont baseacutees sur l‟utilisation d‟agents pontants posseacutedant des

isotopes stables (58) ou inteacutegrant une fonction biotine permettant un enrichissement seacutelectif

des peptides ponteacutes (59) Des agents pontants permettant une identification plus aiseacutee des

peptides ponteacutes en MSMS ont eacutegalement eacuteteacute mis au point ces derniegraveres anneacutees (60-62)

Reacutecemment l‟utilisation de laquo crosslinkers raquo photoactivables a permis de mettre en eacutevidence

des sites d‟interaction diffeacuterents entre trois activateurs de la transcription (Gal4 Gcn4 et

VP16) et le cofacteur MD15 (63) Cette eacutetude montre par ailleurs la compleacutementariteacute des

modes d‟ionisation MALDI et ESI pour retrouver un grand nombre de peptides ponteacutes Dans

un exemple un peu moins reacutecent Rappsilber et al ont proposeacute un modegravele tridimensionnel

pour un complexe du pore nucleacuteaire chez la levure (64)

Approche par marquage

Une deuxiegraveme approche consiste agrave modifier chimiquement la surface du complexe

proteacuteique accessible en solution et agrave identifier les sites de modifications par spectromeacutetrie de

masse Les segments peptidiques impliqueacutes dans des interactions proteacuteine-proteacuteine ne sont

pas accessibles en solution et a priori ne seront pas modifieacutes La comparaison des cartes

d‟accessibiliteacute pour des proteacuteines seules et associeacutees permet de remonter agrave la topologie initiale

du complexe La modification chimique peut ecirctre reacuteversible ou irreacuteversible Les eacutechanges

hydrogegravenedeuteacuterium (HDX) des amides de la liaison peptidique sont un exemple de

modifications labiles (65-67) La modification chimique des chaicircnes lateacuterales par des reacuteactifs

speacutecifiques tels que l‟aceacutetanhydride le dieacutethylpyrocarbonate ou le phenylglyoxal est quant agrave

elle permanente (67-68) ce qui impose moins de contraintes au niveau de la rapiditeacute de

l‟analyse apregraves modifications La premiegravere strateacutegie qui fait l‟objet de cette thegravese sera deacutecrite

en deacutetails dans la seconde partie de cette introduction

Les radicaux hydroxyles peuvent eacutegalement ecirctre utiliseacutes dans une approche par marquage

covalent Leur formation peut avoir lieu de diffeacuterentes faccedilons ie par chimie Fenton

radiolyse de l‟eau eacutelectrochimie ou photolyse UV du peroxyde d‟hydrogegravene Ces techniques

aboutissent agrave des concentrations en radicaux diffeacuterentes avec des eacutechelles de temps varieacutees

mais en principe les reacuteactions avec les proteacuteines conduisent aux mecircmes produits Les produits

d‟oxydation sont nombreux puisque quatorze acides amineacutes sur vingt peuvent ecirctre modifieacutes

(Cys Met Trp Tyr Phe His Leu Ile Arg Lys Val Ser Gln et Glu) L‟analyse des

32

produits de la reacuteaction et des sites de modification est geacuteneacuteralement reacutealiseacutee par couplage LC-

MSMS apregraves digestion enzymatique La cineacutetique d‟oxydation des diffeacuterents peptides permet

d‟obtenir des informations de structure Elle est eacutetablie agrave partir de la disparition des peptides

non modifieacutes mais eacutegalement agrave partir de l‟apparition des peptides oxydeacutes Si le temps

d‟exposition aux radicaux est court (infeacuterieur agrave quelques centaines de ms) alors la vitesse

d‟oxydation enregistreacutee pour un peptide donneacute deacutependra principalement (i) de la reacuteactiviteacute

intrinsegraveque des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes et (ii) de leur accessibiliteacute au solvant dans

la structure tridimensionnelle de la proteacuteine (ou du complexe) Ainsi la comparaison des

vitesses d‟oxydation mesureacutees pour deux peptides dont les acides amineacutes modifieacutes sont

identiques permettra d‟obtenir des informations en termes d‟accessibiliteacute relative agrave la surface

de deux reacutegions diffeacuterentes d‟une proteacuteine

L‟avantage majeur des approches par marquage covalent reacuteside dans le fait de pouvoir

analyser les peptides modifieacutes sans prendre de preacutecautions particuliegraveres puisque la

modification n‟est pas labile En revanche la technique des eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium

impose de travailler dans des conditions expeacuterimentales strictes permettant de conserver le

marquage jusqu‟agrave l‟analyse finale en spectromeacutetrie de masse Cependant cette derniegravere

approche ne modifie pas la structure tridimensionnelle du complexe ce qui n‟est pas toujours

le cas avec des approches par marquage covalent En effet une alteacuteration de la structure des

macroassemblages peut ecirctre observeacutee sous l‟effet de l‟oxydation par l‟utilisation de radicaux

hydroxyles (69)

L‟approche par marquage peut eacutegalement ecirctre utiliseacutee pour obtenir des informations sur la

dynamique structurelle des proteacuteines et complexes proteacuteiques La caracteacuterisation des

modifications dans des conditions expeacuterimentales diffeacuterentes permet de remonter aux

changements structuraux Ainsi Dumoulin et al ont eacutetudieacute le changement conformationnel

du lysozyme induisant la formation d‟agreacutegats multimeacuteriques (70) Un autre exemple est

l‟eacutetude des changements d‟interaction proteacuteine-proteacuteine lors de la maturation des capsides du

virus HIV-1 (71) Des informations sur les changements conformationnels d‟une proteacuteine lors

de la fixation d‟un ligand ont pu eacutegalement ecirctre obtenues (72-74) Par ailleurs une eacutetude

reacutecente du complexe Arp23 formeacute de sept sous-uniteacutes proteacuteiques a permis de mettre en

eacutevidence finement des modifications de structure tridimensionnelle induites par la liaison agrave

l‟ATP en utilisant les radicaux hydroxyles (75)

33

Approche par proteacuteolyse meacutenageacutee

Une autre approche consiste agrave reacutealiser une proteacuteolyse meacutenageacutee Les premiers travaux

rapportant l‟eacutetude d‟une empreinte proteacuteique par proteacuteolyse meacutenageacutee datent de 1987 et sont

directement inspireacutes des travaux de laquo DNA footprint raquo (76) Le principe ici consiste agrave tester

l‟accessibiliteacute agrave diffeacuterentes proteacuteases des proteacuteines eacutetudieacutees Un profil proteacuteolytique diffeacuterent

peut traduire des surfaces accessibles qui ne sont pas identiques ou un masquage par une

moleacutecule de ligand Associeacutee agrave la spectromeacutetrie de masse la proteacuteolyse meacutenageacutee est ainsi

devenue un outil puissant dont l‟une des applications premiegraveres a eacuteteacute l‟identification preacutecise

d‟eacutepitopes agrave partir de complexes antigegravene-anticorps immobiliseacutes (77) Depuis cette technique

est largement utiliseacutee pour des eacutetudes de dynamique structurelle (78) d‟interaction proteacuteine-

ligand (79-82) de diffeacuterences conformationnelles lieacutees agrave des mutations (83-84) ou pour

l‟eacutelucidation de domaines structuraux (85-87)

Les enzymes classiquement utiliseacutees sont la trypsine qui clive apregraves les acides amineacutes

basiques tels que les reacutesidus lysine et arginine et la proteacutease V8 qui coupe speacutecifiquement

apregraves les reacutesidus acide aspartique et acide glutamique Elles ont eacuteteacute choisies

preacutefeacuterentiellement en raison de la haute freacutequence de ces reacutesidus dans les proteacuteines et de la

compleacutementariteacute des profils proteacuteolytiques obtenus Par ailleurs la proteacuteolyse doit ecirctre la plus

limiteacutee possible afin de ne pas deacutestructurer la proteacuteine conduisant agrave d‟autres sites de coupure

non repreacutesentatifs de la structure tertiaire La reacutesolution de cette meacutethode est cependant

modeste C‟est la raison pour laquelle la proteacuteolyse meacutenageacutee est tregraves souvent coupleacutee avec des

approches par eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium afin d‟obtenir des reacutesultats compleacutementaires

(88-89)

Analyse de complexes non covalents

L‟avegravenement des techniques d‟ionisation douces telles que l‟ESI (laquo ElectroSpray

Ionisation raquo) (90) et le MALDI (laquo Matrix Assisted Laser DesorptionIonisation raquo) (91) a

ouvert agrave la spectromeacutetrie de masse un nouveau champ d‟application celui de l‟analyse de

macromoleacutecules biologiques intactes (92) Pour le deacuteveloppement de ces meacutethodes qui ont

ces derniegraveres anneacutees largement participeacute agrave l‟essor de la spectromeacutetrie de masse dans le cadre

des analyses proteacuteomiques J Fenn et K Tanaka ont eacuteteacute reacutecompenseacutes en 2002 par

l‟attribution du prix Nobel de chimie

34

Par comparaison aux diffeacuterentes techniques utiliseacutees pour la caracteacuterisation des proteacuteines

la spectromeacutetrie de masse apporte plusieurs avantages Tout d‟abord elle est tregraves sensible En

effet quelques picomoles voire mecircme attomoles de peptides suffisent agrave obtenir un signal Par

ailleurs la spectromeacutetrie de masse est caracteacuteriseacutee par sa grande preacutecision en masse Elle est

ainsi capable de deacuteterminer des masses moleacuteculaires agrave moins d‟une partie par million (ppm)

pour les instruments les plus preacutecis alors que la technique de SDS-PAGE (laquo Sodium Dodecyl

Sulfate-PolyAcrylamide Gel Electrophoresis raquo) donne des erreurs de l‟ordre de 20 Enfin la

spectromeacutetrie de masse est une meacutethode d‟analyse rapide A titre de comparaison un spectre

de masse est enregistreacute en quelques secondes agrave minutes tandis qu‟une expeacuterience de SDS-

PAGE dure plusieurs heures

Dans le cadre de l‟eacutetude des complexes proteacuteiques la spectromeacutetrie de masse est

susceptible de fournir d‟une part des informations preacutecises sur la stœchiomeacutetrie des

macroassemblages et d‟autre part des donneacutees structurales en combinaison avec du

marquage

Une des questions souvent poseacutees aux spectromeacutetristes de masse concerne la possibiliteacute de

reacutealiser une mesure de masse directe d‟un complexe proteacuteique intact dans le but d‟obtenir des

informations sur la stœchiomeacutetrie de l‟interaction Il convient de noter que la mesure de

masse est alors effectueacutee sur le complexe en phase gazeuse alors que pour le biologiste

l‟interaction d‟inteacuterecirct est celle qui a lieu en solution Dans ces conditions une interaction non

covalente preacutesente en solution peut ne pas ecirctre deacutetecteacutee en phase gazeuse C‟est le cas par

exemple des interactions hydrophobes Des eacutetudes ont ainsi montreacute l‟impossibiliteacute de

corroborer les reacutesultats obtenus en phase gazeuse et en solution pour ce type d‟interaction (93-

94) A l‟inverse des interactions principalement eacutelectrostatiques seront renforceacutees en phase

gazeuse et un complexe mecircme peu stable en solution peut ecirctre deacutetecteacute facilement par

spectromeacutetrie de masse Compte tenu de ces eacuteleacutements il nest pas toujours facile de relier des

stabiliteacutes en phase gazeuse eacutetudieacutees par exemple en modifiant la tension agrave l‟interface aux

stabiliteacutes en solution Dans certains cas le problegraveme est encore plus complexe puisque le

type d‟interaction en phase gazeuse peut ecirctre diffeacuterent de celui en solution L‟exemple retenu

est celui des complexes entre des cyclodextrines et des acides amineacutes aromatiques (95) en

solution l‟interaction est principalement de type hydrophobe entre le groupe aromatique et la

caviteacute de la cyclodextrine alors qu‟en phase gazeuse il s‟agit d‟une interaction ion-dipocircle agrave

l‟exteacuterieur de la caviteacute Ceci implique la formation en phase gazeuse de complexes

inexistants en solution donnant ainsi naissance agrave des faux positifs

35

Malgreacute ces contraintes quelques revues reacutecentes de la litteacuterature montrent l‟inteacuterecirct de la

spectromeacutetrie de masse pour la deacutetermination des masses moleacuteculaires de complexes

proteacuteiques entiers (96-99) Actuellement il est mecircme possible de mesurer des masses

moleacuteculaires de l‟ordre de plusieurs millions de daltons Parmi les plus importantes jamais

atteintes il a celles des heacutemocyanines de 22 MDa de crabes abyssaux (100) du ribosome de

Thermus thermophilus de 233 MDa (98) des assemblages viraux des capsides du virus de

l‟heacutepatite B de 3 et 4 MDa (101) et du complexe multiproteacuteique de l‟ureacutease de Helicobacter

pylori agrave 426 MDa (98)

La technique d‟ionisation de reacutefeacuterence pour analyser les complexes proteacuteiques est

l‟eacutelectrospray (ou sa variante le nano eacutelectrospray) Dans des cas particuliers il est mecircme

possible de les eacutetudier par MALDI (102) bien que cette meacutethode ne soit probablement pas

geacuteneacuteralisable agrave tous les systegravemes Quelques techniques eacutemergentes pour l‟analyse

d‟assemblages macromoleacuteculaires ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees reacutecemment ou sont en cours de

deacuteveloppement comme la mobiliteacute ionique (SMI) (103) l‟laquo ElectroSonic Spray Ionization raquo

(ESSI) (104) ou le laquo Laser-Induced Liquid Beam IonizationDesorption raquo (LILBID) (105) Le

processus d‟ionisation doit ecirctre reacutealiseacute en conditions non deacutenaturantes (pH controcircleacute) pour

conserver les complexes proteacuteiques dans leur conformation active Il faut donc choisir un

tampon (nature des sels) qui soit compatible agrave la fois avec la meacutethode d‟ionisation employeacutee

et le maintien de l‟inteacutegriteacute des complexes biologiques Dans le cas de l‟eacutelectrospray des sels

volatils comme l‟aceacutetate d‟ammonium (AcNH4) sont preacutefeacuterentiellement utiliseacutes Neacuteanmoins

lors de la preacuteparation des eacutechantillons une eacutetape de dessalage (par centrifugation gel

filtration hellip) est indispensable En ce qui concerne l‟analyseur du spectromegravetre de masse le

choix est porteacute sur les temps de vol (laquo Time of Flight raquo ToF et laquo Quadrupole Time of

Flight raquo Q-ToF) qui permettent d‟analyser des ions avec des rapports masse sur charge

eacuteleveacutes proprieacuteteacute inteacuteressante pour la deacutetermination des masses moleacuteculaires de complexes

proteacuteiques entiers Une optimisation des paramegravetres instrumentaux est preacutealablement requise

pour controcircler l‟eacutenergie communiqueacutee aux ions dans l‟interface du spectromegravetre de masse

Pour les complexes proteacuteiques qui restent intacts apregraves leur ionisation en phase gazeuse la

spectromeacutetrie de masse est ainsi devenue un outil tregraves puissant pour obtenir des informations

sur leur masse moleacuteculaire et donc pour deacuteterminer leur stœchiomeacutetrie

36

Comme indiqueacute preacuteceacutedemment la spectromeacutetrie de masse est souvent combineacutee agrave une

autre technique pour obtenir des informations de structure On peut dans ce contexte citer les

derniers deacuteveloppements dans le domaine de la mobiliteacute ionique qui permet de seacuteparer

diffeacuterents complexes proteacuteiques en fonction de leur structure en phase gazeuse Le principe de

la Spectromeacutetrie de Mobiliteacute Ionique (SMI) est illustreacute dans la Fig I 7 L‟utilisation en

routine de la SMI a eacuteteacute rendue possible par la commercialisation par Waters de spectromegravetres

de masse eacutequipeacutes d‟une cellule de mobiliteacute ionique

Fig I 7 Scheacutema du principe de la meacutethode de spectromeacutetrie de mobiliteacute ionique (SMI)

coupleacutee agrave la spectromeacutetrie de masse (SM) Les ions produits par la source eacutelectrospray (ES)

sont introduits dans la cellule de laquo drift raquo dans laquelle regravegne un champ eacutelectrique E Le

frottement avec les moleacutecules d‟heacutelium contenues dans la cellule eacutetant plus important avec

des ions de conformation deacuteplieacutee ceux-ci arriveront plus tard au deacutetecteur Ici les ions sont

seacutelectionneacutes en masse par un quadripocircle apregraves la cellule de drift

La mobiliteacute ionique est l‟eacutequivalent en phase gazeuse de la mobiliteacute eacutelectrophoreacutetique les

ions sont agrave la fois acceacuteleacutereacutes dans le champ eacutelectrique et freineacutes par les nombreuses collisions

avec le gaz-tampon (heacutelium) Il s‟eacutetablit donc un reacutegime stationnaire les ions atteignent une

vitesse de translation constante La mobiliteacute ionique correspond au rapport entre la vitesse de

laquo drift raquo et le champ eacutelectrique appliqueacute Plus l‟ion a une conformation compacte moins sa

section efficace est grande et moins il est freineacute par des collisions donc plus sa vitesse est

eacuteleveacutee Il arrivera plus rapidement au deacutetecteur par rapport agrave un ion de conformation plus

deacuteployeacutee Un ion laquo funnel raquo ou un piegravege agrave ions quadripolaire est placeacute en amont de la cellule

de laquo drift raquo afin de focaliser les ions en paquets agrave envoyer agrave un temps zeacutero et ainsi pour

pouvoir mesurer la distribution des temps d‟arriveacutee (laquo Arrival Time Distribution raquo ou ATD)

Les premiers instruments de SMI ont eacuteteacute conccedilus par quelques groupes pionniers en la

matiegravere (Bowers (106-107) Jarrold (108) et Clemmerb (109) pour les biomoleacutecules) La

socieacuteteacute Waters (Milford Etats-Unis wwwwaterscom) a reacutecemment commercialiseacute le

systegraveme Synapttrade High Definition MS qui inclut une cellule de mobiliteacute de type laquo travelling

37

wave raquo (champ eacutelectrique oscillant entre les anneaux successifs d‟un tunnel agrave ions) entre un

filtre quadripolaire et un analyseur agrave temps de vol

L‟analyse des complexes proteacuteiques par SMIMS permet non seulement d‟obtenir des

informations sur leur taille mais eacutegalement des donneacutees de topologie (110) L‟agencement des

proteacuteines au sein des complexes peut ecirctre sondeacute suivant deux approches diffeacuterentes La

premiegravere consiste agrave dissocier le complexe en phase gazeuse les proteacuteines se trouvant agrave la

peacuteripheacuterie se deacutetachent theacuteoriquement en premier Neacuteanmoins il est difficile de fragmenter en

phase gazeuse des complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire Par ailleurs l‟activation

neacutecessaire agrave la dissociation conduit agrave une augmentation des sections efficaces de collision et

donc agrave une perturbation partielle de la conformation native des proteacuteines du complexe Il est

alors possible que les proteacuteines qui se seacuteparent du complexe en premier ne soient pas celles

qui ont initialement les surfaces d‟interaction les plus petites avec les autres partenaires

proteacuteiques (111) Neacuteanmoins l‟utilisation reacutecente de la dissociation sur surface par le groupe

de V Wysocki pour dissocier ces complexes en maintenant les structures des sous-uniteacutes

semble ouvrir des perspectives nouvelles et prometteuses dans le domaine (112) L‟autre

approche consiste agrave deacutenaturer progressivement le complexe en solution et agrave analyser les

diffeacuterents sous-complexes par SMI pour reconstruire la topologie initiale L‟avantage majeur

de cette approche est que les sous-complexes sont formeacutes en solution et reflegravetent donc de

maniegravere plus fidegravele la composition du complexe dans son eacutetat natif Le laboratoire de Carol

Robinson en Angleterre est devenu ces derniegraveres anneacutees leader pour l‟analyse structurale par

SMI de ces complexes proteacuteiques de tregraves grande taille (113)

I13 Meacutethodes drsquoanalyse biochimique

Ces meacutethodes permettent de travailler sur l‟objet biologique lui-mecircme Parmi elles le

TAP-Tag (laquo Tandem Affinity Purification-Tag raquo) et le double hybride occupent une place de

choix pour l‟eacutetude des interactions proteacuteine-proteacuteine Il s‟agit de deux techniques in-situ

La meacutethode du TAP-Tag permet d‟isoler le complexe proteacuteique eacutetudieacute qui est dans sa

conformation native par deux eacutetapes de purification successives (Fig I 8) La premiegravere

utilise une colonne constitueacutee de billes greffeacutees avec des immunoglobulines G (IgG) qui ont

une forte affiniteacute pour la proteacuteine A proteacuteine recombinante dite appacirct agrave laquelle est fixeacute le

complexe proteacuteique Le complexe retenu sur cette colonne est ensuite eacutelueacute speacutecifiquement par

38

coupure avec la proteacutease TEV Puis il est appliqueacute sur la seconde colonne constitueacutee de billes

de calmoduline En preacutesence d‟ions calcium la calmoduline est sous sa forme active

favorisant l‟attachement du complexe L‟eacutelution est reacutealiseacutee par l‟ajout d‟un cheacutelateur de

calcium (EGTA) qui rend la calmoduline inactive et donc libegravere le complexe Finalement ce

dernier pourra ecirctre analyseacute par spectromeacutetrie de masse afin de deacuteterminer ses diffeacuterents

constituants ou bien ecirctre utiliseacute pour des eacutetudes fonctionnelles

Fig I 8 Scheacutema du principe de la technique du TAP-Tag

Cette meacutethode a eacuteteacute appliqueacutee agrave l‟analyse agrave haut deacutebit du proteacuteome de la levure

Saccharomyces cerevisiae (114-116) Son utilisation chez les eucaryotes supeacuterieurs reste plus

complexe mais tout de mecircme envisageable (117) Des ameacuteliorations de l‟approche TAP-

TagMS ont eacuteteacute apporteacutees pour la possibiliteacute d‟utiliser cette meacutethode agrave haut deacutebit chez les

eucaryotes supeacuterieurs (118)

La technique du double hybride permet quant agrave elle de mettre en eacutevidence une interaction

physique entre deux proteacuteines X et Y Le principe est le suivant par geacutenie geacuteneacutetique deux

proteacuteines de fusion sont syntheacutetiseacutees puis exprimeacutees dans la levure La premiegravere est constitueacutee

de la proteacuteine X agrave laquelle est fusionneacute le domaine de liaison agrave l‟ADN (DL) d‟un facteur de

transcription tandis que la seconde est formeacutee de la proteacuteine Y et du domaine d‟activation de

39

la transcription (DA) de ce mecircme facteur Les deux domaines ont eacuteteacute dissocieacutes et le gegravene

rapporteur de la β-galactosidase est sous le controcircle de la seacutequence ougrave vient se fixer

speacutecifiquement le DL La β-galactosidase est une enzyme qui transforme un substrat soluble

et incolore en un composeacute bleu insoluble Lorsque la proteacuteine Y interagit avec la proteacuteine X

le DA est de nouveau associeacute au DL permettant alors la transcription du gegravene rapporteur Les

clones capables d‟utiliser le galactose preacutesent dans le milieu peuvent donc ecirctre seacutelectionneacutes

(colonies bleues) En effet le changement de couleur teacutemoigne de l‟interaction entre les deux

proteacuteines

Ce systegraveme a eacuteteacute agrave l‟origine mis au point pour tester l‟interaction pouvant exister entre

deux proteacuteines connues (119) De nouvelles variantes de la meacutethode double hybride ont fait

leur apparition reacutecemment permettant la deacutetection des proteacuteines impliqueacutees dans des

interactions avec l‟ADN (laquo one-hybrid system raquo) l‟ARN (laquo RNA-based three-hybrid

system raquo) de petits ligands (laquo small molecule-based threehybrid system raquo) et des proteacuteines

ayant subi des modifications post-traductionnelles (laquo tribrid system raquo) (120)

Il existe eacutegalement des techniques de seacuteparation des complexes proteacuteiques en conditions

non deacutenaturantes pour conserver intactes les interactions Ainsi l‟eacutelectrophoregravese sur gel de

polyacrylamide en condition bleue native ou BN-PAGE (laquo Blue Native-PolyAcrylamide Gel

Electrophoresis raquo) permet d‟isoler les macro-assemblages dans leur conformation native en

fonction de leur taille et de leur forme En combinaison avec une seconde dimension de

seacuteparation sur gel cette fois-ci en conditions deacutenaturantes les proteacuteines d‟un mecircme complexe

peuvent agrave leur tour ecirctre isoleacutees puis identifieacutees par spectromeacutetrie de masse Il est donc

possible par cette technique de mettre en eacutevidence le nombre et la masse moleacuteculaire des

proteacuteines impliqueacutees dans le complexe

Cette technique peut ecirctre utiliseacutee pour l‟isolation de complexes proteacuteiques membranaires

ou pour les complexes proteacuteiques extraits de cellules entiegraveres Un grand nombre

d‟applications pour cette technique concerne l‟analyse de complexes proteacuteiques issus de

plantes (121)

40

I2 Meacutethode associant les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium agrave la

spectromeacutetrie de masse pour lrsquoeacutetude de la dynamique

structurelle des proteacuteines en solution

La technique des eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium (HDX) en solution s‟est reacuteveacuteleacutee tregraves

performante pour l‟eacutetude de la conformation et de la dynamique structurelle des proteacuteines La

spectroscopie RMN agrave deux dimensions a longtemps eacuteteacute choisie comme meacutethode d‟analyse de

ces eacutechanges isotopiques (32 122-123) L‟utilisation de la spectromeacutetrie de masse comme

meacutethode alternative d‟analyse apregraves eacutechanges HD s‟est deacuteveloppeacutee ces derniegraveres anneacutees La

spectromeacutetrie de masse qui permet de s‟inteacuteresser agrave des complexes proteacuteiques de tregraves haut

poids moleacuteculaire ouvre ainsi de nouvelles opportuniteacutes pour l‟eacutetude de systegravemes proteacuteiques

plus importants (gtgt 50 kDa) Par ailleurs en raison de sa meilleure sensibiliteacute cette technique

requiert une quantiteacute initiale de mateacuteriel beaucoup moins importante (de l‟ordre de quelques

dizaines de nganalyse) Elle permet eacutegalement de deacutetecter la coexistence de diffeacuterents

conformegraveres proteacuteiques en solution (124)

Les premiers travaux combinant les eacutechanges HD et la spectromeacutetrie de masse datent de

1991 Ils portent alors sur l‟analyse de proteacuteines entiegraveres (125) Depuis les avantages de la

spectromeacutetrie de masse ont permis aux eacutechanges isotopiques HD d‟eacutetudier des proteacuteines

individuelles de poids moleacuteculaires plus importants (126) des proteacuteines s‟associant pour

former des polymegraveres de haut poids moleacuteculaire (127) des particules virales (71 128) ainsi

que des complexes proteacuteine-ligand (129) ou proteacuteine-proteacuteine (130) De plus l‟association

HDXMS semble prometteuse pour l‟analyse structurale de proteacuteines membranaires connues

pour ecirctre difficilement eacutetudiables par beaucoup d‟autres techniques (131-133)

I21 Principe des eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium appliqueacutes aux

proteacuteines en solution

I211 Quel type drsquohydrogegravene va-t-on sonder dans nos expeacuteriences HDX

Les hydrogegravenes lieacutes agrave des heacuteteacuteroatomes dans les moleacutecules biologiques telles que les

proteacuteines sont labiles Autrement dit les atomes d‟hydrogegravene appartenant aux groupements

O-H N-H et S-H peuvent s‟eacutechanger avec ceux des moleacutecules d‟eau environnantes Il s‟agit

des hydrogegravenes des proteacuteines qui sont repreacutesenteacutes en bleu et en rouge sur la Fig I 9

41

Fig I 9 Scheacutema des diffeacuterents types d‟hydrogegravene dans une proteacuteine

Si un atome d‟hydrogegravene est eacutechangeacute avec un autre atome d‟hydrogegravene alors il est eacutevident

que ce remplacement ne sera pas deacutetecteacute par spectromeacutetrie de masse En revanche

l‟exposition d‟une proteacuteine agrave de l‟eau lourde (D2O ou 2H2O) conduit agrave des remplacements

d‟hydrogegravenes (1H) par des deuteacuteriums (

2H) qui accroissent la masse totale de la proteacuteine de 1

Da par hydrogegravene eacutechangeacute Lorsque les eacutechanges isotopiques se reacutealisent dans le sens deacutecrit

preacuteceacutedemment ie 1H

2H alors on utilise l‟expression laquo exchange-in raquo Mais les eacutechanges

isotopiques peuvent ecirctre reacutealiseacutes dans les deux directions On emploie alors le terme de

laquo exchange-out raquo pour eacutevoquer les eacutechanges qui s‟opegraverent dans le sens 2H

1H quand une

proteacuteine complegravetement deuteacutereacutee est incubeacutee dans de l‟eau leacutegegravere et que des deuteacuteriums sont

alors remplaceacutes par des hydrogegravenes (134) Les eacutetudes d‟eacutechange HD sont principalement

reacutealiseacutees suivant le principe laquo exchange-in raquo En effet ce dernier ne neacutecessite pas d‟eacutetape

suppleacutementaire qui consisterait agrave deuteacuterer complegravetement les proteacuteines avant le deacutebut des

expeacuteriences HDXMS C‟est la strateacutegie que nous avons adopteacutee pour notre eacutetude structurale

de complexes proteacuteiques

Si on considegravere maintenant les hydrogegravenes qui sont lieacutes de maniegravere covalente agrave un atome

de carbone dans les proteacuteines dessineacutes en vert sur la Fig I 9 ces derniers ne subiront pas

d‟eacutechange isotopique dans nos conditions expeacuterimentales Seule une catalyse chimique

importante serait agrave envisager pour proceacuteder agrave l‟eacutechange isotopique de ces hydrogegravenes Mais il

semblerait qu‟il soit possible d‟eacutechanger l‟hydrogegravene de la liaison C(ε1)-H du groupement

imidazole de la chaicircne lateacuterale de lhistidine (Fig I 10) (135)

42

Fig I 10 Scheacutema de l‟acide amineacute histidine

Parmi les hydrogegravenes eacutechangeables des proteacuteines il y a

- ceux des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes (en bleu sur la Fig I 9) et des extreacutemiteacutes N-

et C-terminales (groupements amino et carboxy) qui ont des vitesses d‟eacutechange isotopique

tregraves rapides de l‟ordre de la milliseconde agrave la seconde Dans l‟eacutechelle de temps de nos

expeacuterimentations ces vitesses d‟eacutechange sont trop rapides pour que nous puissions les

observer

- les hydrogegravenes d‟amide des liaisons peptidiques (en rouge sur la Fig I 9) qui ont des

vitesses d‟eacutechange isotopique plus lentes de l‟ordre de la minute agrave l‟heure et donc qui sont

compatibles avec une deacutetection par spectromeacutetrie de masse Au cours de nos expeacuteriences

HDXMS nous allons par conseacutequent nous inteacuteresser aux eacutechanges isotopiques de ces

hydrogegravenes

Dans une proteacuteine tous les acides amineacutes agrave l‟exception de la proline et du premier reacutesidu

de la chaicircne polypeptidique possegravedent un groupement amide N-H de liaison Il est par

conseacutequent possible d‟obtenir des informations structurales tout le long de la chaicircne

polypeptidique

I212 Des eacutechanges isotopiques deacutependant de la structure et de lrsquoaccessibiliteacute

des proteacuteines

La vitesse des eacutechanges isotopiques HD deacutepend de l‟accessibiliteacute au solvant mais

eacutegalement de la stabiliteacute de la structure locale des proteacuteines Autrement dit les hydrogegravenes

d‟amide situeacutes dans les reacutegions flexibles ou non structureacutees de la proteacuteine tels que les boucles

et les coudes ou dans les reacutegions accessibles au solvant ont des vitesses d‟eacutechange plus

rapides identiques agrave celles observeacutees dans le cas d‟un peptide non structureacute Au contraire

43

ceux qui sont impliqueacutes dans des structures secondaires stables comme les heacutelices α et les

feuillets β ainsi que ceux enfouis dans le cœur hydrophobe des proteacuteines s‟eacutechangent plus

lentement car ils sont proteacutegeacutes (136)

I213 Meacutecanismes de la reacuteaction drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans les

proteacuteines et peptides

I2131 Deacutefinition du facteur chimique

Il vient d‟ecirctre dit que l‟eacutechange isotopique est plus rapide quand l‟hydrogegravene d‟amide de la

liaison peptidique est complegravetement exposeacute au solvant et non impliqueacute dans des liaisons

hydrogegravene intramoleacuteculaires stables Dans ces conditions la constante de vitesse du

remplacement de N-H par N-D (laquo exchange-in raquo) est noteacutee kch Il s‟agit du facteur chimique

I2132 Facteurs influenccedilant le facteur chimique

Pour chaque hydrogegravene d‟amide du squelette polypeptidique consideacutereacute individuellement la

valeur de kch est deacutetermineacutee selon une seacuterie de facteurs le pH la tempeacuterature et la

composition du solvant la pression la force ionique du milieu et la seacutequence locale en acides

amineacutes Nous deacutetaillerons uniquement l‟influence des trois facteurs les plus repreacutesentatifs

soit le pH (ou pD en solution deuteacutereacutee) la tempeacuterature et la seacutequence locale

Les eacutechanges isotopiques HD sont fortement deacutependants du pH ce qui est un point

extrecircmement important qui est utiliseacute pour leur analyse par spectromeacutetrie de masse La

reacuteaction peut s‟effectuer par des meacutecanismes de catalyse acide ou basique (II133) Le

facteur chimique kch s‟exprime comme suit

kch = kD3O+ [D3O+] + kOD

- [OD-] + kD2O

ougrave kD3O+ et kOD- sont les constantes d‟eacutechange en catalyse acide et en catalyse basique

respectivement

Des eacutetudes sur des peptides modegraveles des polyalanines ont montreacute que kOH- est supeacuterieure

d‟un facteur 108 agrave kH3O+ (137) Le pH influence donc les vitesses d‟eacutechange qui sont

44

principalement conditionneacutees par les ions OH- pour des pH supeacuterieurs agrave 3 et par les ions H3O

+

pour des pH infeacuterieurs agrave 3

Ainsi la constante de vitesse d‟eacutechange kch peut ecirctre relieacutee au pD (Fig I 11) Le minimum

d‟eacutechange se produit pour un pD voisin de 2-3 pour lequel les eacutechanges dus agrave la catalyse

acide sont eacutequivalents agrave ceux dus agrave la catalyse basique (pDmin)

pH

T(degC)

Fig I 11 Scheacutema repreacutesentant le taux d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium en fonction du pH

La plupart des hydrogegravenes eacutechangeables des chaicircnes lateacuterales ont des pHmin plus grands

que ceux des hydrogegravenes d‟amide Ainsi lorsque le pH est ajusteacute agrave 25 pour minimiser

l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse les hydrogegravenes

des chaicircnes lateacuterales continuent de s‟eacutechanger par catalyse acide agrave l‟exception des Hε et Hη de

l‟arginine

Les vitesses d‟eacutechange HD sont eacutegalement deacutependantes de la tempeacuterature Elles sont

multiplieacutees par trois pour chaque increacutement de 10degC (138) Ainsi lorsque l‟on veut minimiser

les eacutechanges une diminution de la tempeacuterature de 20degC agrave 0degC conduit agrave une diminution de la

vitesse d‟eacutechange d‟un facteur 10 ce qui n‟est pas neacutegligeable

Le facteur chimique kch est principalement affecteacute par des changements de tempeacuterature En

effet la constante d‟ionisation de l‟eau varie avec la tempeacuterature alteacuterant les concentrations

de catalyseurs disponibles pour l‟eacutechange Par ailleurs agrave basse tempeacuterature les coefficients de

diffusion sont eacutegalement modifieacutes et la probabiliteacute de collision entre le donneur de proton et

45

le receveur diminue conduisant agrave un nombre de transfert (et donc un taux d‟eacutechange) moins

grand Le facteur chimique kch s‟exprime donc plutocirct comme suit

kch (t) = kD3O+ (t) [D3O+] + kOD

- (t) [OD-] + kD2O (t)

Les expeacuteriences d‟eacutechange HD s‟effectuent agrave pD physiologique pendant des temps

d‟incubation dans D2O variables et agrave une tempeacuterature adapteacutee agrave la proteacuteine d‟inteacuterecirct Pour ne

garder que les deuteacuteriums eacutechangeacutes avec les hydrogegravenes d‟amide des liaisons peptidiques et

donc pour s‟affranchir de ceux des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes la proteacuteine est remise

dans de l‟eau leacutegegravere (H2O) avant analyse Les deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales sont alors

rapidement reacute-eacutechangeacutes en hydrogegravenes Mais cette eacutetape doit ecirctre controcircleacutee afin de ne pas reacute-

eacutechanger eacutegalement les deuteacuteriums d‟amide en hydrogegravenes Ainsi pour diminuer au

maximum les vitesses d‟eacutechange la reacuteaction d‟eacutechange est arrecircteacutee en ajoutant de l‟eau (H2O)

agrave pH acide (25) et en diminuant brusquement la tempeacuterature de l‟eacutechantillon (0degC) C‟est

cette approche de deacutemarquage dans H2O des chaicircnes lateacuterales avant analyse que nous avons

choisie pour ma thegravese D‟autres approches peuvent neacuteanmoins ecirctre envisageacutees comme le

marquage de la proteacuteine suivie de l‟analyse de tous les deuteacuteriums (139) Dans ce dernier cas

il ny a pas d‟eacutetape de deacutemarquage

Enfin les vitesses d‟eacutechanges des hydrogegravenes d‟amide dans une proteacuteine ou dans un

peptide sont sensibles aux effets de blocage steacuterique ou inductif lieacutes agrave la preacutesence proche de

certaines chaicircnes lateacuterales (138 140) Les effets inductifs sont dus principalement agrave la

preacutesence de groupements voisins attracteurs d‟eacutelectrons (chaicircnes lateacuterales polaires) qui vont

augmenter l‟aciditeacute des protons d‟amide en diminuant le pK favorisant la deacuteprotonation

Dans le cas d‟une catalyse basique la vitesse d‟eacutechange est donc augmenteacutee Les effets

d‟encombrement steacuterique sont quant agrave eux lieacutes agrave la preacutesence de reacutesidus aliphatiques

(isoleucine par exemple) ou aromatiques Les chaicircnes lateacuterales de ces amides amineacutes bloquent

steacuteriquement l‟interaction entre le catalyseur et le squelette polypeptidique ralentissant

l‟eacutechange

L‟additiviteacute de ces deux pheacutenomegravenes a eacuteteacute eacutetudieacutee en deacutetails et a permis d‟eacutetablir une

eacutequation pour kch tenant compte de facteurs correctifs associeacutes agrave la nature des chaicircnes lateacuterales

des acides amineacutes voisins (agrave droite et agrave gauche du reacutesidu d‟inteacuterecirct) pour une catalyse acide A

ou basique B

46

kch (t) = kD3O+ (t) (Agauche x Adroite) [D3O+] + kOD

- (t) (Bgauche x Bdroite) [OD-]

+ kD2O (t) (Bgauche x Bdroite)

I2133 Catalyse de la reacuteaction

Les eacutechanges peuvent se produire soit par catalyse basique soit par catalyse acide (Fig I

12) Dans les conditions physiologiques dans lesquelles les proteacuteines et les peptides se

trouvent geacuteneacuteralement la catalyse basique est la plus freacutequente

Fig I 12 Catalyse basique ou acide permettant lrsquoeacutechange isotopique drsquoun hydrogegravene drsquoamide

sur le squelette polypeptidique

La premiegravere eacutetape en catalyse basique est l‟abstraction d‟un proton amidique par un ion

hydroxyde (OD-) et formation d‟un anion imidate Cet imidate est ensuite reprotoneacute par D2O

pour proceacuteder agrave l‟eacutechange Nous venons de voir preacuteceacutedemment que le facteur chimique kch est

minimal pour un pDasymp25 Au-delagrave d‟un pD eacutegal agrave 4 il augmente d‟un ordre de grandeur

(facteur 10) avec chaque uniteacute de pD atteignant des valeurs de l‟ordre de 103 s

-1 pour un pD

de 9 (141) (Fig I 11) La possibiliteacute de reacutegler kch en controcirclant la basiciteacute du solvant est

cruciale dans beaucoup de strateacutegies HDXMS

I2134 Cineacutetique drsquoeacutechange au niveau de la proteacuteine et deacutefinition du facteur de

protection

Comme la vitesse d‟eacutechange N-H N-D est moduleacutee par les proprieacuteteacutes

conformationnelles des proteacuteines il devient alors possible d‟utiliser la technique des eacutechanges

isotopiques HD pour les eacutetudes structurales Les reacutegions structureacutees possegravedent une multitude

de liaisons hydrogegravenes intramoleacuteculaires N-Hhellip

O=C qui sont autant de sites proteacutegeacutes

difficilement accessibles par les moleacutecules de solvant Les vitesses d‟eacutechange isotopique vont

47

donc varier consideacuterablement selon l‟implication de l‟hydrogegravene concerneacute dans des structures

secondaires stables (142) ou la flexibiliteacute de la reacutegion peptidique agrave laquelle il appartient (141)

ou encore suivant sa distance par rapport agrave la surface de la proteacuteine (143) Ces diffeacuterents

facteurs contribuent agrave la protection des hydrogegravenes d‟amide telle que la constante de vitesse

globale d‟eacutechange kHDX soit bien infeacuterieure agrave kch Le facteur de protection P correspondant est

donneacute par la formule qui suit

P= kchkHDX

ougrave kHDX est la constante de vitesse globale d‟eacutechange d‟un hydrogegravene d‟amide donneacute dans la

conformation native d‟une proteacuteine et kch la constante de vitesse d‟eacutechange de l‟hydrogegravene

concerneacute si celui-ci se trouvait dans un peptide non structureacute P est la probabiliteacute que

l‟hydrogegravene en question soit proteacutegeacute agrave l‟accegraves du solvant (et aux catalyseurs) P est alors

deacutependant de l‟accessibiliteacute au solvant et de la participation de l‟hydrogegravene concerneacute agrave des

liaisons hydrogegravene Le facteur de protection peut exceacuteder parfois la valeur de 106 pour une

proteacuteine dans sa conformation native replieacutee

I2135 Deux modegraveles de cineacutetique drsquoeacutechange en fonction de la vitesse de deacutepliement et

repliement des proteacuteines

Neacuteanmoins mecircme un hydrogegravene d‟amide proteacutegeacute peut ecirctre eacutechangeacute En effet une proteacuteine

en solution est une moleacutecule dynamique Autrement dit mecircme dans son eacutetat natif replieacute elle

peut subir des fluctuations conformationnelles reacutesultant de son deacutepliement pendant un temps

tregraves court L‟eacutechange isotopique d‟un hydrogegravene d‟amide proteacutegeacute ne peut donc avoir lieu que

lorsque la proteacuteine adopte des d‟eacutetats intermeacutediaires transitoires deacuteplieacutes Ce deacutepliement peut

ecirctre localiseacute ou impliquer la proteacuteine dans sa globaliteacute Les constantes de vitesse du

deacutepliement et du repliement sont deacutesigneacutees par k1 et k-1 respectivement et le meacutecanisme

geacuteneacuteral de l‟eacutechange peut ecirctre deacutecrit comme suit

avec l‟existence d‟une combinaison unique de valeurs de k1 k-1 et pour chaque hydrogegravene

d‟amide En accord avec ce modegravele l‟eacutechange isotopique ne peut avoir lieu qu‟apregraves une

rupture transitoire des liaisons intramoleacuteculaires de la proteacuteine replieacutee rendant les hydrogegravenes

48

d‟amide eacutechangeables Puis la proteacuteine se replie pour revenir agrave un eacutetat natif La constante de

vitesse globale d‟eacutechange kHDX est donneacutee par la formule suivante

Deux modegraveles de cineacutetique EX1 et EX2 (123 144) sont discuteacutes agrave partir de ce meacutecanisme

d‟eacutechange Le premier modegravele (EX1) (Fig I 13) est caracteacuteriseacute par

kch gtgt k-1gt k1

impliquant que tous les hydrogegravenes d‟amide sont eacutechangeacutes avant le repliement de la proteacuteine

au cours du tout premier eacuteveacutenement de deacutepliement L‟eacutetape cineacutetiquement limitante est donc

le deacutepliement de la proteacuteine ce qui se traduit par

kHDX= k1

N - Hreplieacute N - Hdeacuteplieacute N - Ddeacuteplieacute N - Dreplieacute

kch

Fig I 13 Principe de lrsquoeacutechange HD dans le cas drsquoune cineacutetique EX1

Inversement le second modegravele (EX2) (Fig I 14) est caracteacuteriseacute par

k-1 gtgt kchgtgt k1

menant agrave l‟expression

kHDX= K1kch

ougrave K1=k1k-1 est le constante d‟eacutequilibre de deacutepliement de la proteacuteine native Comme la

proteacuteine se replie plus vite qu‟elle n‟eacutechange la probabiliteacute d‟eacutechange pendant un seul

49

eacuteveacutenement deacutepliementrepliement est faible L‟eacutetape cineacutetiquement limitante est donc la

vitesse d‟eacutechange kch et l‟eacutechange d‟un hydrogegravene a geacuteneacuteralement lieu apregraves un grand nombre

d‟eacutetapes de deacutepliementrepliement Dans ce modegravele le facteur de protection est donneacute par

P= K1-1

N - Hreplieacute N - Hdeacuteplieacute N - Ddeacuteplieacute N - Dreplieacute

kch

Fig I 14 Principe de lrsquoeacutechange HD dans le cas drsquoune cineacutetique EX2

Dans des conditions physiologiques le premier modegravele (EX1) est moins freacutequent que le

second (EX2) Les vitesses d‟eacutechange par le meacutecanisme EX2 deacutependent de maniegravere lineacuteaire

de la concentration en catalyseurs alors que dans le meacutecanisme EX1 la vitesse ne varie pas

avec la quantiteacute de catalyseurs Ce dernier est geacuteneacuteralement forceacute par l‟utilisation de

conditions deacutenaturantes telles que des tempeacuteratures ou un pH eacuteleveacutes ou encore par

l‟utilisation de chaotropes On peut neacuteanmoins rencontrer le cas de proteacuteines pour lesquelles

diffeacuterentes reacutegions s‟eacutechangent simultaneacutement avec des cineacutetiques d‟ordre 1 (modegravele EX1) et

2 (modegravele EX2) Par ailleurs il ne faut pas perdre de vue que mecircme une proteacuteine native peut

preacutesenter des hydrogegravenes d‟amide non proteacutegeacutes de faccedilon permanente ie exposeacutes au solvant

et non impliqueacutes dans des liaisons hydrogegravene L‟eacutechange agrave ces sites est reacutealiseacute sans

deacutepliement de la proteacuteine la vitesse y est alors plus rapide (kHDXasympkch)

I22 Techniques drsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines

Pour mesurer un taux d‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium dans une proteacuteine en condition

laquo exchange-in raquo la premiegravere eacutetape consiste agrave l‟exposer agrave du deuteacuterium Il existe deux grandes

strateacutegies d‟incorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines L‟exposition aux deuteacuteriums

peut ecirctre reacutealiseacutee de maniegravere continue (marquage continu) ou pulseacutee (marquage pulseacute) La

meacutethode sera choisie en fonction du type d‟information que l‟on souhaite obtenir (145)

50

I221 Marquage continu

Il s‟agit de la meacutethode la plus simple utiliseacutee dans la plupart des eacutetudes HDXMS Elle

consiste agrave diluer d‟un facteur quinze agrave vingt une proteacuteine qui se trouve initialement dans son

tampon hydrogeacuteneacute dans un tampon identique mais contenant 100 de D2O (146)

L‟incorporation des deuteacuteriums est alors suivie en fonction du temps d‟exposition de la

proteacuteine en condition native dans le D2O Une dilution d‟au moins un facteur quinze permet

de s‟assurer qu‟une fois qu‟un hydrogegravene est remplaceacute par un deuteacuterium la reacuteaction ne

revient pas en arriegravere

Le marquage continu est alors poursuivi jusqu‟agrave ce que le temps maximum d‟exposition

aux deuteacuteriums choisi initialement soit atteint Typiquement il varie des minutes aux heures

(parfois mecircme aux jours) En pratique des aliquotes de la solution sont preacuteleveacutes

reacuteguliegraverement leur reacuteaction est brusquement arrecircteacutee et l‟analyse se fait par spectromeacutetrie de

masse

Au cours de l‟eacutechange la masse de la proteacuteine augmente progressivement avec

l‟incorporation en deuteacuteriums selon les paramegravetres de cineacutetique deacutecrits preacuteceacutedemment Les

reacutegions preacutesentant une conformation deacuteplieacutee pendant un temps tregraves long subiront des

eacutechanges plus rapides que d‟autres reacutegions ayant une conformation plus compacte D‟apregraves le

meacutecanisme geacuteneacuteral de l‟eacutechange le marquage continu permet d‟obtenir essentiellement des

informations sur la dynamique conformationnelle des proteacuteines dans des conditions

d‟eacutequilibre plutocirct que sur leur structure agrave proprement parler Cependant il existe un lien

eacutevident entre ces deux aspects En effet des reacutegions hautement structureacutees sont geacuteneacuteralement

moins dynamiques que des reacutegions deacutesordonneacutees

I222 Marquage pulseacute

Le marquage pulseacute est quant agrave lui essentiellement utiliseacute pour eacutetudier les meacutecanismes de

repliement des proteacuteines ainsi que pour deacutetecter et caracteacuteriser des eacutetats intermeacutediaires

transitoires (147)

Dans les expeacuteriences de marquage pulseacute une proteacuteine initialement deacutenatureacutee est

rapidement transfeacutereacutee dans un solvant approprieacute permettant le deacuteclenchement du processus de

51

repliement A des temps bien deacutefinis au cours de la reacuteaction la proteacuteine est ensuite exposeacutee agrave

du deuteacuterium pendant un temps tregraves court (typiquement 10 s ou moins) Comme le temps de

marquage est tregraves court seuls les hydrogegravenes d‟amide accessibles et eacutechangeables facilement

(ceux qui sont dans les parties non structureacutees de la proteacuteine ou dans les parties les plus

accessibles au solvant) sont deuteacutereacutes Des seacuteries de mesures sont effectueacutees en faisant varier

l‟intervalle de temps entre l‟initiation du repliement et le pulse de deuteacuterium De cette faccedilon

il est possible d‟obtenir des aperccedilus deacutetailleacutes de la seacutequence temporelle des eacuteveacutenements qui

conduisent la proteacuteine d‟un eacutetat deacuteplieacute agrave sa conformation native Les pulses de deuteacuterium

requiegraverent des conditions basiques (pD 8-10) pour s‟assurer qu‟un grand nombre d‟eacutechanges

isotopiques se produisent pendant l‟eacutetape courte de marquage La reacuteaction de marquage est

arrecircteacutee par une rapide baisse du pH et de la tempeacuterature (agrave pH 25 et agrave 0degC) de la solution ou

par l‟eacutevaporation du solvant pendant le processus d‟ionisation par eacutelectrospray lors

d‟expeacuteriences laquo on-line raquo HDXMS L‟usage d‟un systegraveme automatiseacute est neacutecessaire pour

reacutealiser des pulses sur des temps tregraves courts (lt 10 ms) et acceacuteder ainsi agrave des dynamiques tregraves

rapides

La deacutenaturation preacutealable de la proteacuteine est effectueacutee par l‟addition d‟un agent qui va

perturber sa structure (148) Ces agents sont geacuteneacuteralement des chaotropes mais peuvent

eacutegalement ecirctre des ligands qui vont venir se fixer sur la proteacuteine ou un simple changement de

tempeacuterature ou de pH

I23 Analyse de lrsquoincorporation des deuteacuteriums dans les proteacuteines par

spectromeacutetrie de masse

Les eacutechanges HD en solution sont donc devenus ces derniegraveres deacutecennies un outil

technique puissant pour l‟analyse structurale et dynamique des proteacuteines (149) Alors que la

plupart des eacutetudes HDX initiales utilisaient la RMN agrave haute reacutesolution (32) comme meacutethode

pour le suivi des cineacutetiques d‟eacutechange HD la spectromeacutetrie de masse occupe deacutesormais une

place de choix (150-153)

I231 Analyse des eacutechanges avantages de la MS vs RMN

C‟est le deacuteveloppement de meacutethodes de spectroscopie RMN multidimensionnelle de haute

reacutesolution (154-155) qui a permis d‟exploiter toute la puissance de la technique HDX (156)

52

La RMN est resteacutee pendant longtemps l‟outil de choix pour suivre les eacutechanges HD car de

ces deux isotopes seul l‟hydrogegravene conduit agrave un signal deacutetectable Ainsi remplacer des

hydrogegravenes d‟amide par des deuteacuteriums peut ecirctre facilement suivi en observant la disparition

des signaux correspondant dans les spectres RMN L‟analyse des eacutechanges HD par RMN

devient alors facile une fois que tous les signaux ont eacuteteacute attribueacutes Par ailleurs elle est reacutealiseacutee

en solution dans la continuiteacute du marquage rendant son interpreacutetation aiseacutee Un profil de

deuteacuteration en solution est observeacute en solution n‟engendrant pas de problegravemes quelconques

L‟eacutechange d‟un hydrogegravene par un deuteacuterium conduisant agrave un increacutement de masse de 1 Da

peut eacutegalement ecirctre suivi de maniegravere tregraves simple par spectromeacutetrie de masse Cette technique

plus reacutecente offre par ailleurs plusieurs avantages importants par rapport agrave la RMN Elle

permet des analyses plus rapides sur des systegravemes plus complexes tant par la diversiteacute que par

la taille avec moins de mateacuteriel initialement Neacuteanmoins l‟association HDXMS n‟atteint que

rarement la haute reacutesolution spatiale facilement accessible par la technique HDXRMN La

spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS) est reacutecemment apparue comme une solution agrave ce

problegraveme faisant de la technique HDX-MSMS un candidat potentiel pour devenir une

meacutethode de choix pour l‟analyse structurale et dynamique des proteacuteines

I232 Approche classique laquo bottom-up raquo

Comme il a eacuteteacute dit preacuteceacutedemment la strateacutegie du marquage continu est choisie pour la

plupart des eacutetudes en HDXMS Elle consiste agrave suivre le taux de deuteacuteration des proteacuteines en

fonction de leur temps d‟exposition t agrave D2O pour deacutetecter le plus souvent des diffeacuterences en

reacuteponse agrave des modifications chimiques ou expeacuterimentales (157-158) agrave la liaison de ligands

(159-160) ou encore agrave la formation de complexes (161) L‟incorporation des deuteacuteriums peut

ecirctre mesureacutee au niveau de la proteacuteine entiegravere (eacutechange global) etou pour des courts segments

proteacuteiques (eacutechange local) Seulement la mesure de l‟eacutechange global ne preacutesente aucune

reacutesolution spatiale puisque elle est reacutealiseacutee pour l‟ensemble des hydrogegravenes d‟amide de la

proteacuteine Les expeacuteriences spatialement reacutesolues apportent quant agrave elles des informations sur

le comportement vis-agrave-vis de la deuteacuteration de reacutegions speacutecifiques de la proteacuteine

53

I2321 Digestion proteacuteolytique et analyse par LC-MS

Les expeacuteriences spatialement reacutesolues deacuterivent pour la plupart de l‟approche classique de

fragmentation enzymatique en solution (146 162-163) appeleacutee approche laquo bottom-up raquo La

digestion des proteacuteines par des proteacuteases conduisant agrave des fragments peptidiques pour

lesquels le taux d‟eacutechange peut ecirctre calculeacute a permis une premiegravere ameacutelioration de la

reacutesolution de l‟approche (164-166) La digestion proteacuteolytique a ensuite eacuteteacute associeacutee agrave une

seacuteparation chromatographique en phase liquide coupleacutee en ligne agrave la spectromeacutetrie de masse

(LC-MS) (141 167) Dans le cadre de l‟analyse des eacutechanges HD par LC-MS des meacutethodes

chromatographiques de courte dureacutee et agrave basse tempeacuterature doivent ecirctre impeacuterativement mises

au point afin de minimiser le laquo back-exchange raquo (168-169) Pour reacutealiser une analyse rapide

des colonnes courtes sont utiliseacutees Bien qu‟elles ne permettent qu‟une seacuteparation grossiegravere

des peptides elles limitent neacuteanmoins le deacutemarquage L‟utilisation de la spectromeacutetrie de

masse agrave tregraves haute reacutesolution est importante car elle peut permettre une identification plus

fiable des peptides sur la base de leur masse preacutecise L‟approche classique est dutiliser une

seacuteparation par HPLC (laquo High-Performance Liquid Chromatography raquo) et de placer toute la

chaicircne chromatographique dans une armoire reacutefrigeacutereacutee Notons quun systegraveme commercial

optimiseacute pour limiter leacutechange inverse a eacuteteacute deacuteveloppeacute reacutecemment par la socieacuteteacute Waters Le

choix d‟une meacutethode HPLC et non d‟une chaicircne de nano-chromatographie liquide conduit agrave

utiliser une quantiteacute importante d‟eacutechantillon C‟est la raison pour laquelle notre eacutequipe a mis

au point une approche par nano-LC pour l‟eacutetude des eacutechanges HD en solution Ce travail a

fait lobjet dune partie de la thegravese de Magalie Duchateau au laboratoire Les diffeacuterents

systegravemes d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le spectromegravetre de masse seront plus

deacutetailleacutes dans le Chap IV Le plus souvent les peptides sont analyseacutes en utilisant

l‟eacutelectrospray comme mode d‟ionisation (LCESI-MS) La technique MALDI-MS est moins

communeacutement utiliseacutee (170-172)

Choix des enzymes

Bien eacutevidemment la proteacuteolyse doit ecirctre reacutealiseacutee dans les conditions expeacuterimentales de

l‟arrecirct de la reacuteaction (agrave pH final 25 et agrave 0degC) afin d‟empecirccher l‟eacutechange inverse (D H)

avant l‟analyse finale en spectromeacutetrie de masse Il est par conseacutequent neacutecessaire d‟utiliser

des proteacuteases acides L‟enzyme la plus couramment utiliseacutee pour ce type d‟expeacuteriences est la

pepsine (173) Cette enzyme est non speacutecifique contrairement agrave la trypsine ou la

chymotrypsine mais elle est active dans les conditions expeacuterimentales requises et peut geacuteneacuterer

de nombreux peptides chevauchants permettant de localiser des zones d‟inteacuterecirct avec une

54

meilleure reacutesolution Cependant cette faible speacutecificiteacute (174) rend neacutecessaire une eacutetape

preacutealable aux eacutechanges HD d‟identification des peptides obtenus par spectromeacutetrie de masse

en tandem

La reacutesolution spatiale attendue avec l‟approche de digestion enzymatique agrave la pepsine est

de l‟ordre de 5 agrave 10 acides amineacutes Elle est limiteacutee par la taille des fragments geacuteneacutereacutes par

l‟eacutetape de digestion et le nombre de peptides chevauchants En revanche l‟utilisation de

proteacuteases immobiliseacutees sur des colonnes semble permettre d‟une part de standardiser le

protocole HDXMS et d‟autre part dans certains cas d‟atteindre une reacutesolution spatiale

proche de l‟acide amineacute pregraves (175-176) Notons le deacuteveloppement reacutecent d‟une nouvelle

approche baseacutee sur une digestion agrave la pepsine mais utilisant des conditions de haute pression

(177) semblant encore ameacuteliorer les reacutesultats

D‟autres proteacuteases acides peuvent eacutegalement ecirctre utiliseacutees mais les conditions

expeacuterimentales imposent qu‟elles soient capables de digeacuterer leur substrat en moins de cinq

minutes afin de minimiser l‟eacutechange inverse L‟utilisation combineacutee de diffeacuterentes proteacuteases

permet de geacuteneacuterer un grand nombre de peptides chevauchants et ainsi d‟augmenter

consideacuterablement la reacutesolution spatiale (178) La proteacutease de type XIII d‟Aspergillus saitoi

(179) ainsi que celle de type XVIII extraite des diffeacuterentes espegraveces de Rhizopus (178) ou

encore plus reacutecemment la plasmepsine II de Plasmodium falciparum (180) peuvent ecirctre

utiliseacutees dans les eacutetudes HDXMS (172 179 181-182) Par ailleurs une version recombinante

de la proteacutease de type XVIII vient d‟ecirctre mise au point Elle permettrait l‟utilisation d‟un

rapport enzymeproteacuteine beaucoup plus faible qu‟avec la version sauvage (183)

Une meacutethode permettant de geacuteneacuterer un tregraves grand nombre de peptides chevauchants baseacutee

sur l‟utilisation de deux proteacuteases acides et de les identifier efficacement et preacuteciseacutement a

reacutecemment eacuteteacute deacuteveloppeacutee pour les analyses HDXMS (184-185) La difficulteacute de lanalyse

du fait de la grande quantiteacute de donneacutees geacuteneacutereacutees par la proteacuteolyse (nombreux peptides

chevauchants) combineacutee agrave la complexiteacute des informations obtenues par HDX (incorporation

des deuteacuteriums perte du marquage) a encourageacute le deacuteveloppement d‟une plateforme ougrave les

expeacuteriences et le traitement de donneacutees sont totalement automatiseacutes (186)

Problegraveme de leacutechange inverse

Malgreacute une optimisation des conditions expeacuterimentales (diminution du pH et de la

tempeacuterature de l‟eacutechantillon ainsi que du temps d‟analyse) le pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse

55

reste un problegraveme crucial lors des eacutetapes de digestion proteacuteolytique et d‟analyse des

fragments peptidiques En effet chaque clivage enzymatique conduit agrave une perte

d‟information au niveau de deux sites eacutechangeables Les sites concerneacutes sont l‟hydrogegravene

d‟amide du squelette peptidique qui a eacuteteacute cliveacute et converti en amine libre et celui adjacent agrave

l‟extreacutemiteacute N-terminale (168) Par ailleurs le deacutemarquage peut eacutegalement avoir lieu au cours

de l‟eacutetape de digestion Or la perte totale de la deuteacuteration au niveau de sites particuliers tels

que ceux proteacutegeacutes par une interaction proteacuteine-partenaire signifierait que les surfaces

d‟interaction de macroassemblages ne pourraient pas ecirctre deacutetermineacutees par cette approche

C‟est la raison pour laquelle plusieurs tentatives de correction systeacutematique du laquo back-

exchange raquo ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees (187) Une meacutethode de reacuteajustement a ainsi eacuteteacute deacutecrite par

Zhang et al (141) Briegravevement elle consiste agrave mesurer le taux d‟eacutechange de peptides

complegravetement deuteacutereacutes et agrave le comparer agrave la reacutefeacuterence sans eacutechange Les analyses sont

reacutealiseacutees dans les mecircmes conditions de digestion et de seacuteparation par HPLC Le facteur de

correction du laquo back-exchange raquo relative agrave l‟expeacuterience est alors deacutetermineacute Mais cela

implique que le deacutemarquage soit identique pour tous les sites eacutechangeables ce qui n‟est pas le

cas (I2132) Le taux d‟eacutechange inverse est consideacuterablement diffeacuterent d‟un site agrave un autre

site et donc d‟un peptide agrave un autre peptide Il peut neacuteanmoins ecirctre preacutedit pour des peptides

non structureacutes en utilisant les paramegravetres de calcul de kch suivant la formule donneacutee au

I2132 (188)

Exemples de complexes proteacuteiques analyseacutes

Malgreacute les problegravemes poseacutes par l‟eacutechange inverse et la reacutesolution relativement faible de

l‟approche un des avantages majeurs des approches laquo bottom-up raquo est leur utilisation pour

l‟eacutetude de complexes de tregraves haut poids moleacuteculaire puisque ce sont des peptides issus d‟une

digestion enzymatique qui sont analyseacutes Ainsi cette approche a eacuteteacute utiliseacutee par l‟eacutequipe de

V Wysocki afin d‟eacutetudier des complexes proteacuteiques proteacuteine chaperonne-substrat et ainsi de

mieux comprendre leur meacutecanisme d‟action (I113) (189) Il s‟agit de proteacuteines s‟associant

pour former des oligomegraveres de tregraves haut poids moleacuteculaire Les complexes qui ont eacuteteacute

analyseacutes par la technique HDXMS coupleacutee agrave une approche laquo bottom-up raquo sont les suivants

TaHsp169-MDH (gt 1000 kDa) et PsHsp181-MDH (~600-700 kDa) Un pourcentage de

couverture peptidique de 100 a eacuteteacute obtenu pour les deux proteacuteines Par ailleurs une eacutetude

du complexe Arp23 avait permis de mettre en eacutevidence finement des modifications de

structure tridimensionnelle induites par la liaison agrave l‟ATP ou agrave des proteacuteines activatrices telles

que les proteacuteines WASp en utilisant l‟approche par marquage avec les radicaux hydroxyles

(75) (I1225) Plus reacutecemment le complexe Arp23 a eacuteteacute analyseacute par une approche

56

compleacutementaire HDXMS afin de mettre en eacutevidence des modifications de structure et de

dynamique reacutesultant de l‟activation par les proteacuteines WASp et de comparer les reacutesultats avec

les modegraveles du meacutecanisme preacuteexistants Pour autant que nous sachions le complexe Arp23

de sept sous-uniteacutes proteacuteiques avec un poids moleacuteculaire de 220 kDa est le plus important

macroassemblage jamais eacutetudieacute par HDXMS Ceci a eacuteteacute possible gracircce agrave une analyse par

laquo bottom-up raquo (190)

Comment ameacuteliorer la reacutesolution

Une faccedilon d‟augmenter la reacutesolution des approches bottom-up serait de recourir agrave la

fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques afin de localiser plus preacuteciseacutement

les deuteacuteriums dans la seacutequence D‟une maniegravere geacuteneacuterale la fragmentation peut ecirctre reacutealiseacutee

de diffeacuterentes maniegraveres dans un spectromegravetre de masse Tout d‟abord il est possible de

fragmenter les ions dans la source (laquo In-Source Decay raquo ou ISD) en les acceacuteleacuterant dans une

reacutegion de haute pression mais ce processus ne conduit agrave aucune seacutelectiviteacute et pose donc des

problegravemes quant agrave l‟analyse des meacutelanges La spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS)

peut eacutegalement ecirctre utiliseacutee pour la dissociation des peptides Elle est adapteacutee agrave l‟eacutetude des

meacutelanges apporte des informations structurales de qualiteacute et est doteacutee d‟une grande

sensibiliteacute Elle consiste agrave seacutelectionner un ion preacutecurseur par un premier analyseur agrave le

fragmenter (par diffeacuterentes techniques d‟activation) et agrave analyser les fragments obtenus agrave

l‟aide d‟un autre analyseur (le mecircme pour les instruments de type trappe ionique)

Neacuteanmoins comme cela sera deacutetailleacute dans le paragraphe suivant le choix de la technique

d‟activation pour des peptides deuteacutereacutes est tregraves important pour obtenir des informations

valables

I2322 Fragmentation en phase gazeuse des peptides proteacuteolytiques

L‟objectif des expeacuteriences de MSMS sur les peptides deuteacutereacutes est de pouvoir preacuteciseacutement

localiser les deuteacuteriums incorporeacutes dans la seacutequence au niveau des diffeacuterents hydrogegravenes

d‟amide afin d‟obtenir une reacutesolution agrave l‟acide amineacute pregraves En theacuteorie la spectromeacutetrie de

masse en tandem constitue donc un moyen inteacuteressant et simple pour ameacuteliorer la reacutesolution

des approches HDXMS

Il existe diffeacuterents modes d‟activation susceptibles d‟ecirctre utiliseacutes pour fragmenter les

peptides Dans une approche proteacuteomique classique la meacutethode de dissociation induite par

57

collision (CID) est largement preacutefeacutereacutee Le principe consiste agrave fragmenter la moleacutecule par

collision avec un gaz inerte (heacutelium diazote argon ou xeacutenon) Malheureusement dans le

cadre d‟eacutetudes HDXMS ces meacutethodes conventionnelles de fragmentation par activation

collisionnelle de proteacuteines et peptides protoneacutes ont rapidement eacuteteacute eacutecarteacutees En effet bien que

la litteacuterature soit contradictoire il a eacuteteacute montreacute qu‟elles conduisent tregraves souvent agrave une

redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums partielle ou totale le long de la chaicircne polypeptidique

(y compris au niveau des chaicircnes lateacuterales) (191-194) pendant l‟eacutetape de fragmentation Le

processus de migration intramoleacuteculaire des hydrogegravenes en phase gazeuse est appeleacute

laquo scrambling raquo en anglais

En fait ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo peut se produire agrave diffeacuterents endroits du

spectromegravetre de masse Le premier est lors de la deacutesolvatation des ions encore solvateacutes dans la

source dans les toutes premiegraveres eacutetapes preacuteceacutedant leur transmission vers l‟analyseur (195-

196) Une autre possibiliteacute est donc dans la cellule de collision au moment de la

fragmentation Le laquo scrambling raquo est induit par un apport d‟eacutenergie vibrationnelle conduisant

agrave un eacutechange des hydrogegravenes et des deuteacuteriums avant la dissociation Il est clair que le

meacutecanisme de fragmentation des peptides protoneacutes dit meacutecanisme du proton mobile

proposeacute par Simon Gaskell (197) et Vicky Wysocki (198-200) n‟est pas en faveur d‟une

conservation de la position des deuteacuteriums d‟amide avant la fragmentation En effet ce

meacutecanisme (Fig I 15) fait l‟hypothegravese que preacutealablement agrave la fragmentation un proton

migre des sites les plus basiques de la moleacutecule vers un azote d‟amide eacutevegravenement preacutealable agrave

une cyclisation pour former des ions b et y Cette eacutetape eacutetant a priori reacuteversible les

deuteacuteriums peuvent ecirctre meacutelangeacutes avec des hydrogegravenes agrave ce moment lagrave

HN

NHO

R1

R2

OR3

R1

O

N

O

R2

H+

HN

NH2O

R1

R2

OR3

H3N Nter+

+

Nter

Cter Cter

R3

NH2

Cter

R1

O

N

O

R2

H+

Nter

NH

R3

Cter

R1

O

N

O

R2

H+

Nter

H3N

R3

Cter

+

ion b ion y

Proton

Mobile

Attaque

Nucleacuteophile

Reacutearrangement

Fig I 15 Formation des ions b et y (201)

58

Le laquo scrambling raquo conduit donc agrave une perte d‟information au niveau du profil de

deuteacuteration rendant l‟analyse difficilement interpreacutetable La litteacuterature indique que ce

pheacutenomegravene semble deacutependre de la seacutequence du peptide fragmenteacute (202) mais eacutegalement de

l‟eacutenergie de collision apporteacutee et de la flexibiliteacute de la chaicircne polypeptidique en phase

gazeuse (195 203) Ces deux derniers facteurs joueraient un rocircle deacuteterminant dans le

reacutearrangement aleacuteatoire des deuteacuteriums et des hydrogegravenes le long du squelette peptidique

avant la dissociation Une faible eacutenergie de collision et donc une lente activation des ions en

phase gazeuse seraient favorables agrave une migration intramoleacuteculaire des hydrogegravenes En

revanche la reacuteduction de la flexibiliteacute des ions proteacuteiques pourrait diminuer la mobiliteacute du

proton dans des conditions d‟activation collisionnelle de basse eacutenergie Le pheacutenomegravene du

laquo scrambling raquo a pu ecirctre mis en eacutevidence par l‟utilisation de peptides modegraveles (204-206) Le

principe des peptides seacutelectivement deuteacutereacutes deacuteveloppeacutes par T Jorgensen sera deacutetailleacute dans

le Chap II

La conclusion des eacutetudes de fragmentation par CID de peptides deuteacutereacutes est que les

meacutethodes d‟activation conduisant agrave une augmentation progressive de l‟eacutenergie vibrationnelle

(CID IRMPD SORI-CID) (195) ne peuvent pas ecirctre utiliseacutees pour localiser les deuteacuteriums

dans la seacutequence peptidique De ce fait d‟autres meacutethodes de fragmentation en phase gazeuse

ont eacuteteacute investigueacutees Parmi elles les meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons telles que l‟ECD

et l‟ETD se sont reacuteveacuteleacutees tregraves prometteuses (207-209)

L‟ECD est une technique de dissociation speacutecifique des spectromegravetres de masse FT-ICR

Son principe repose sur la capture exothermique (~4-5 eV) d‟un eacutelectron par une espegravece

multichargeacutee (210) L‟ion proteacuteique multichargeacute est irradieacute par un faisceau d‟eacutelectrons de

faible eacutenergie (lt 1 eV) Apregraves capture d‟un eacutelectron l‟ion radicalaire se fragmente La

reacuteactiviteacute est diffeacuterente par rapport aux meacutethodes par activation collisionnelle en raison de la

preacutesence d‟un eacutelectron dans le systegraveme et notamment le meacutecanisme du proton mobile n‟est

pas celui qui explique la fragmentation rendant son utilisation possible pour analyser des

peptides ou des proteacuteines deuteacutereacutes (139 207 211-212) En ECD on n‟observe pas la rupture

des liaisons peptidiques (pour conduire agrave des ions b et y) ni geacuteneacuteralement la perte de

modifications post-traductionnelles labiles comme ce qui est observeacute pour l‟activation par

CID Le site de clivage quasi-speacutecifique en ECD est la liaison N-Cα entraicircnant la formation

d‟ions fragments de type c et z le plus souvent mais aussi parfois a b et y (Fig I 16) Une

charge positive eacutetant neutraliseacutee par un eacutelectron la technique d‟ECD ne peut ecirctre utiliseacutee que

sur des ions preacutecurseurs qui sont au minimum deux fois chargeacutes (doublement protoneacutes)

59

Fig I 16 Nomenclature des fragments peptidiques issus de la spectromeacutetrie de masse en

tandem

L‟ETD qui a reacutecemment eacuteteacute deacuteveloppeacutee est une technique similaire agrave l‟ECD conduisant

eacutegalement agrave la formation d‟ions fragments de type c et z (213) La fragmentation repose sur

la reacuteaction ionion qui se produit entre le peptide multiprotoneacute et un anion radicalaire Cet

anion se trouve seacutequestreacute dans un piegravege agrave ions Quand les deux ions se trouvent agrave une distance

suffisante il se produit le transfert d‟un eacutelectron de l‟anion vers le peptide chargeacute

positivement ce qui induit sa fragmentation L‟avantage majeur de l‟ETD est qu‟il peut ecirctre

reacutealiseacute sur une varieacuteteacute de types d‟instruments standards utilisant la radiofreacutequence d‟un champ

eacutelectrique oscillant pour pieacuteger les ions (213-215) L‟ECD quant agrave lui neacutecessite des champs

eacutelectrique et magneacutetique stables disponibles exclusivement sur des spectromegravetres de masse

FT-ICR (207 216)

Bien que le meacutecanisme des techniques ECD et ETD ne soit pas encore complegravetement

eacutelucideacute il passe par une voie alternative de fragmentation de type radicalaire dont on a pu

discuter du caractegravere ergodique ou non (217) n‟induisant pas de laquo scrambling raquo pourvu que

les paramegravetres instrumentaux soient controcircleacutes et optimiseacutes pour la minimisation du

pheacutenomegravene Il s‟agit d‟une part de minimiser les paramegravetres des optiques de transfert ionique

tels que le potentiel de deacutesolvatation des ions et la tension des lentilles du tube de transfert et

d‟autre part de minimiser l‟excitation vibrationnelle des ions pendant leur filtration et avant

leur fragmentation en augmentant le paramegravetre fenecirctre d‟isolation (207) Il a eacuteteacute montreacute que la

fragmentation des ions par ECD se produisait avant que l‟eacutenergie puisse ecirctre redistribueacutee au

niveau du site de clivage de la liaison le plus favorable (210 218-219) Cette rapide et

efficace meacutethode d‟activation conduit donc agrave une limitation du laquo scrambling raquo et permet donc

de localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans la seacutequence peptidique (207) Une reacutesolution agrave

l‟acide amineacute pregraves de l‟incorporation des deuteacuteriums a eacutegalement pu ecirctre obtenue par

60

fragmentation ETD au niveau de peptides seacutelectivement marqueacutes (208) ainsi que de peptides

proteacuteolytiques issus de la digestion enzymatique de la β2-microglobuline deuteacutereacutee (209)

L‟incorporation des deuteacuteriums par reacutesidu est calculeacutee en faisant la diffeacuterence des contenus en

deuteacuteriums de fragments conseacutecutifs pour les seacuteries d‟ions c (c2-c1 c3-c2 hellip) et z (z2-z1 z3-z2

hellip) Une cineacutetique deacutechange HD par acide amineacute peut eacutegalement ecirctre obtenue en suivant

l‟incorporation des deuteacuteriums des ions c ou z au cours du temps

Cette approche combinant la digestion enzymatique en solution et la fragmentation ETD en

phase gazeuse est devenue tregraves reacutecemment assez robuste pour ecirctre utiliseacutee sur de vrais

systegravemes biologiques Elle a eacuteteacute complegravetement automatiseacutee en plateforme HDX (220)

La spectromeacutetrie de masse en tandem peut donc ecirctre utiliseacutee pour ameacuteliorer la reacutesolution

des expeacuteriences utilisant les eacutechanges HD La fragmentation en phase gazeuse des ions

peptidiques obtenus apregraves digestion enzymatique du systegraveme biologique dinteacuterecirct permet donc

d‟obtenir la localisation preacutecise des deuteacuteriums dans la seacutequence Pour cela elle doit ecirctre

reacutealiseacutee en utilisant des meacutethodes alternatives d‟activation par les eacutelectrons (ECD ETD) tout

en controcirclant les processus de deacutesolvatation transfert et seacutelection des ions preacutealables agrave la

fragmentation (207-208) Ces meacutethodes ayant eacutegalement fait leur preuve pour la

fragmentation de proteacuteines entiegraveres (221-222) il est rapidement apparu qu‟il serait possible de

les utiliser dans des approches dites laquo top-down raquo pour des eacutetudes HDXMS Dans cette

derniegravere approche l‟eacutetape de digestion enzymatique n‟est plus requise

I233 Approche moderne laquo top-down raquo ECD ou ETD

L‟approche laquo top-down raquo s‟affranchit donc de l‟eacutetape de proteacuteolyse et de seacuteparation des

peptides en chromatographie liquide Au lieu de cela la proteacuteine est introduite entiegravere dans le

spectromegravetre de masse et fragmenteacutee directement en phase gazeuse (223)

I2331 Meacutethodes de fragmentation de proteacuteines intactes par ECD ou ETD

Il existe plusieurs modes d‟activation pour la fragmentation en phase gazeuse de proteacuteines

entiegraveres Les meacutethodes dissociatives par capture ou transfert deacutelectron (ECD ou ETD) sont

particuliegraverement utiliseacutees dans ce type d‟approche

61

Des couvertures de seacutequence importantes peuvent ecirctre obtenues par ces approches sur

proteacuteines entiegraveres conduisant eacutegalement agrave la localisation de modifications post-

traductionnelles (MPT) (223-225) Le laboratoire pionnier dans le domaine est celui de Neil

Kelleher aux USA qui a deacuteveloppeacute une veacuteritable approche inteacutegreacutee pour lanalyse

proteacuteomique laquo top-down raquo allant de la seacuteparation des proteacuteines entiegraveres agrave lanalyse

automatiseacutee des spectres MSMS complexes obtenus lorsque lon fragmente une proteacuteine

entiegravere Ses proteacuteines de preacutedilection sont les histones petites proteacuteines de 13 kDa que lon

peut retrouver sous un grand nombre disoformes diffeacuterentes (mecircme stucture primaire mais

modifications post-traductionnelles diffeacuterentes et dynamiques) lieacutees au code des histones

Lavantage majeur des approches laquo top-down raquo en proteacuteomique est de permettre non

seulement lidentification des isoformes de proteacuteines par simple mesure de masse mais aussi

dobtenir des informations structurales (preacutesence de MPT notamment) sur lensemble de la

seacutequence Cela nest pas possible par des approches classiques par laquo bottom-up raquo car tous les

peptides issus de la digestion ne sont pas retrouveacutes lors de lanalyse

Neacuteanmoins elles preacutesentent encore certaines limitations comme leacutetape cruciale de

seacuteparation des proteacuteines entiegraveres le poids moleacuteculaire des proteacuteines qui peuvent ecirctre

fragmenteacutees et la sensibiliteacute Le problegraveme majeur rencontreacute avec les proteacuteines de haut poids

moleacuteculaire est leur propension agrave se replier en phase gazeuse formant un reacuteseau de liaisons

hydrogegravene qui conduit agrave une perte defficaciteacute au niveau de la fragmentation par ECD ou

ETD En effet bien que leacutelectron soit captureacute par un site peptidique et la liaison N-Cα

rompue les deux morceaux de la proteacuteine (parties N-terminales et C-terminales) restent

lieacutees entre elles et les fragments ne peuvent ecirctre deacutetecteacutes Une solution consiste agrave introduire

une eacutetape de chauffage lent des ions (photons infrarouge par exemple) pour rompre ce reacuteseau

de liaisons hydrogegravene avant ou apregraves la capture de leacutelectron Neacuteanmoins si lapproche

fonctionne souvent bien dans le cas de proteacuteines non deuteacutereacutees elle ne peut ecirctre envisageacutee

dans le cadre des eacutetudes HDX car le chauffage lent conduira agrave un eacutechange des hydrogegravenes et

des deuteacuteriums avant la fragmentation

62

I2332 Approches top-down et HDX

Dans les eacutetudes HDX le deacuteveloppement de l‟approche laquo top-down raquo ECD ou ETD comme

meacutethodologie alternative agrave l‟approche classique de laquo bottom-up raquo semble tregraves prometteur En

effet l‟approche laquo top-down raquo permet d‟une part d‟eacuteliminer le laquo back-exchange raquo relatif aux

eacutetapes de digestion enzymatique en solution et de seacuteparation en chromatographie liquide et

d‟autre part d‟obtenir une meilleure reacutesolution spatiale tout au moins pour des proteacuteines de

petite agrave moyenne taille (211)

La faisabiliteacute d‟expeacuteriences HDX par laquo top-down raquo ECD spatialement reacutesolues a eacuteteacute

reacutecemment deacutemontreacutee par Pan et al pour l‟eacutetude d‟une proteacuteine de 17 kDa (211) Il est

eacutegalement possible gracircce agrave cette approche d‟obtenir des informations structurales au niveau

d‟espegraveces speacutecifiques en meacutelange heacuteteacuterogegravene en isolant au preacutealable un ion preacutecurseur (212)

De plus en raison de son association avec des meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons qui

limitent le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo dans des conditions expeacuterimentales bien controcircleacutees

et conduisent agrave de bonnes couvertures de seacutequence elles permettent de localiser preacuteciseacutement

la position des deuteacuteriums dans la seacutequence (Fig I 17)

La meilleure reacutesolution spatiale obtenue par l‟approche laquo top-down raquo s‟explique de la

maniegravere suivante tandis que l‟expeacuterience laquo bottom-up raquo consiste agrave cliver la proteacuteine au

niveau de plusieurs sites geacuteneacuterant des peptides de taille relativement petite l‟eacutetude laquo top-

down raquo quant agrave elle conduit agrave un seul eacuteveacutenement de fragmentation au niveau de chaque

chaicircne polypeptidique Il en reacutesulte la formation d‟une paire d‟ions compleacutementaires cz

dans le cas de la fragmentation ECD ou ETD issus de l‟extreacutemiteacute N- et C-terminale Une

reacutesolution spatiale agrave l‟acide amineacute pregraves peut donc ecirctre obtenue avec l‟approche laquo top-down raquo

car les proteacuteines en phase gazeuse sont cliveacutees une seule fois agrave diffeacuterents sites (Fig I 17)

63

Fig I 17 Scheacutema illustrant la diffeacuterence conceptuelle entre les approches MS de laquo bottom-

up raquo et laquo top-down raquo appliqueacutees aux eacutetudes HDX (226) Lrsquoapproche par fragmentation en

phase gazeuse de la proteacuteine entiegravere dite laquo top-down raquo permet de localiser preacuteciseacutement les

deuteacuteriums dans la seacutequence proteacuteique

Dans le cadre des eacutetudes HDXMS un autre avantage des approches laquo top-down raquo par

rapport agrave celles dites de laquo bottom-up raquo est le fait qu‟il est possible en theacuteorie de reconstruire

une cineacutetique d‟eacutechange par acide amineacute Cela sera deacutetailleacute dans le Chap III de ce manuscrit

Il est eacutegalement avantageux de pouvoir saffranchir des eacutetapes de digestion enzymatique et de

seacuteparation en chromatographie liquide En effet un gain de temps et une possible reacuteduction

du laquo back-exchange raquo sont des eacuteleacutements cruciaux pour ces eacutetudes

64

I2333 Limitations des approches top-down HDX

La limitation majeure de la fragmentation des proteacuteines deuteacutereacutees par ECD reste la taille

des systegravemes comme en analyse laquo top-down raquo classique De tregraves bonnes couvertures de

seacutequence peuvent ecirctre obtenues pour des proteacuteines de faible masse moleacuteculaire (lt 20 kDa)

Au-delagrave de cette valeur l‟efficaciteacute de fragmentation diminue avec le plus souvent une reacutegion

centrale de la proteacuteine peu fragmenteacutee au contraire des extreacutemiteacutes N- et C-terminales en

raison de la structuration des proteacuteines en phase gazeuse deacutecrite preacuteceacutedemment

Un autre problegraveme est d‟arriver agrave maintenir la proteacuteine entiegravere avec ses deuteacuteriums sans

qu‟elle se deacutemarque pendant le temps de l‟analyse En effet pour obtenir des couvertures de

seacutequence importantes un grand nombre de spectres doivent ecirctre accumuleacutes (ideacutealement

pendant trente minutes agrave une heure) et le maintien de l‟inteacutegriteacute de la proteacuteine en termes de

position des deuteacuteriums dans la seacutequence est primordial

Enfin le dernier inconveacutenient de ces approches est l‟analyse de proteacuteines reacuteelles qui

demeure compliqueacutee En effet sans seacuteparation par chromatographie liquide un dessalage des

eacutechantillons biologiques reacuteels doit se faire indeacutependamment et preacutealablement agrave lanalyse par

spectromeacutetrie de masse Il est donc effectueacute de maniegravere laquo off-line raquo et conduit

malheureusement agrave un certain deacutemarquage Par ailleurs il doit obligatoirement ecirctre reacutealiseacute agrave

froid ce qui complique le deacuteroulement des expeacuteriences

65

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79

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles

validation de lrsquoapproche combinant

eacutechanges HD et fragmentation ECD

80

Chapitre II Analyse de peptides modegraveles validation de lrsquoapproche combinant eacutechanges HD et fragmentation ECD 79

II1 Introduction 81

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX 81 II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen 82

II2 Reacutesultats 84

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons 84 II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence84 II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo 85

II3 Conclusions 92

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III 92 II32 Autres instruments FT-ICR 93

II4 Bibliographie 96

81

II1 Introduction

II11 Spectromeacutetrie de masse en tandem et HDX

Comme indiqueacute dans le chapitre preacuteceacutedent un des problegravemes expeacuterimentaux majeurs lieacute

aux eacutetudes par HDX-MSMS est le laquo scrambling raquo qui correspond agrave une redistribution

aleacuteatoire des hydrogegravenes et des deuteacuteriums preacutesents dans la seacutequence peptidique par des

processus qui ont lieu en phase gazeuse

Le plus connu est celui qui intervient au moment de la fragmentation par CID et qui

sexplique par le modegravele du proton mobile (1-4) Dans ce modegravele leacutenergie apporteacutee par la

collision conduit agrave une mobiliteacute du proton qui se trouve initialement sur le site le plus basique

du peptide (Lysine Arginine ou amine N-terminale) Ce proton se met donc agrave se deacuteplacer

dans le peptide pour aller vers des sites de protonation moins basiques tels que loxygegravene ou

lazote de la liaison peptidique Bien que la protonation sur lazote de lamide soit

thermodynamiquement moins favorable que la protonation sur l‟oxygegravene des carbonyles cest

ce site protoneacute qui conduit agrave la rupture de la liaison amide et agrave la formation des ions b et y La

protonation reacuteversible des atomes dazote des diffeacuterentes fonctions amides du squelette dans

le contexte dune eacutetude HDX conduit donc si lintermeacutediaire reacuteactionnel a un temps de vie

suffisamment long et si la cineacutetique de la voie retour est comparable agrave la cineacutetique de

fragmentation agrave un eacutechantillonnage du proton sur tous les amides et donc un meacutelange

complet des hydrogegravenes et des deuteacuteriums Pour eacuteviter ce pheacutenomegravene il faut (i) soit que la

protonation sur lamide ne soit pas reacuteversible (ii) soit que la dissociation de la liaison

peptidique soit plus rapide que la deacuteprotonation de lazote damide Paizs et Suhai (5) ont

eacutevalueacute la constante de vitesse de dissociation de la liaison amide par des calculs RRKM et ont

obtenu une valeur de lordre de la microseconde pour des eacutenergies internes denviron 45

kJmol soit une vitesse relativement lente due entre autre agrave la neacutecessaire cyclisation de la

partie b et donc probablement compeacutetitive avec de simples transferts de protons Ainsi de

nombreux exemples de la litteacuterature montrent quil nest pas possible dutiliser des approches

par CID pour localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans des peptides marqueacutes car le

laquo scrambling raquo qui a lieu avant la fragmentation est total (6-11)

Neacuteanmoins il est curieux de constater que certaines eacutetudes arrivent agrave des conclusions

opposeacutees A titre dexemple il a eacuteteacute montreacute par Deng et al pour une seacuterie de peptides issus de

82

la digestion du cytochrome C de cheval (12) ou par Kim et al sur des fragments peptidiques

de thioreacutedoxine oxydeacutee et reacuteduite d‟E coli (13-14) que les ions b preacutesentaient un

laquo scrambling raquo modeacutereacute alors que les ions y correspondants preacutesentaient au contraire un

laquo scrambling raquo total Des reacutesultats similaires deacutecrivant un pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

partiel ont eacutegalement eacuteteacute obtenus sur des proteacuteines entiegraveres (15-17)

Ce qui semble ressortir de ces articles est que les conditions expeacuterimentales utiliseacutees et la

seacutequence des peptides jouent un rocircle tregraves important sur le type de reacutesultat qui est obtenu Dans

ce contexte mieux comprendre les diffeacuterents facteurs affectant le reacutearrangement aleacuteatoire des

hydrogegravenes et des deuteacuteriums dans la seacutequence avant la fragmentation semble un point crucial

pour pouvoir deacutevelopper des approches de spectromeacutetrie de masse tandem robustes en HDX

Neacuteanmoins le problegraveme majeur pour reacutealiser de telles eacutetudes est de disposer dun systegraveme

modegravele permettant de caracteacuteriser la preacutesence du meacutelange entre les hydrogegravenes et les

deuteacuteriums quil soit partiel ou total

Cest le groupe de T Joslashrgensen au Danemark qui a reacutesolu ce problegraveme en mettant au

point des peptides modegraveles qui peuvent ecirctre deuteacutereacutes seacutelectivement sur leur extreacutemiteacute N-

terminale ou C-terminale Lutilisation de ces peptides lui a ainsi permis de montrer (i) quen

controcirclant finement un certain nombre de paramegravetres expeacuterimentaux et (ii) en utilisant des

meacutethodes dactivation baseacutees sur le transfert ou la capture dun eacutelectron (ECDETD) il eacutetait

possible de limiter consideacuterablement le laquo scrambling raquo et localiser preacuteciseacutement les deuteacuteriums

dans la seacutequence (18-19)

II12 Principe des peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen

Les premiers travaux publieacutes par T Joslashrgensen sont baseacutes sur lutilisation dun peptide qui

peut ecirctre marqueacute au deuteacuterium de maniegravere seacutelective gracircce agrave linteraction dune partie de sa

seacutequence avec un reacutecepteur La partie en interaction avec la proteacuteine eacutetant masqueacutee ne

conduit agrave aucun eacutechange HD alors que la partie libre eacutechange facilement ses hydrogegravenes

damide pour des deuteacuteriums (20) Neacuteanmoins il est vite apparu que le modegravele eacutetait trop

compliqueacute agrave manipuler et neacutecessitait decirctre simplifieacute

83

Pour ce faire T Joslashrgensen a deacutecideacute de maniegravere tout agrave fait astucieuse de mettre agrave profit le

fait quen solution les hydrogegravenes damide du squelette peptidique ont des vitesses deacutechange

avec le solvant qui varient fortement en fonction des acides amineacutes voisins pour construire

des peptides qui peuvent ecirctre seacutelectivement deuteacutereacutes Linfluence des reacutesidus voisins peut ecirctre

soit dordre steacuterique soit dordre inductif (21) A titre dexemple lhydrogegravene dun amide se

trouvant entre deux isoleucines eacutechange dix fois moins vite quun hydrogegravene damide situeacute

entre deux alanines Ces vitesses deacutechange ont eacuteteacute mesureacutees par des expeacuteriences de

spectroscopie RMN (22) Thomas Joslashrgensen a donc utiliseacute pour eacutetablir la seacutequence de ses

peptides modegraveles des acides amineacutes qui eacutechangent tregraves rapidement (histidine ou acide

aspartique) quil a placeacutes en N-terminal et des acides amineacutes qui eacutechangent beaucoup plus

lentement (isoleucine) en C-terminal Il a eacutegalement introduit des acides amineacutes basiques

(lysine) pour sassurer de la solubiliteacute de ses peptides La seacutequence geacuteneacuterale de ses peptides

est donc (His)n(Ile-Ile-Lys)m ou (Lys)2(Asp)n(Ile-Ile-Lys)m Ainsi apregraves un eacutechange complet

dans D2O et dilution dans H2O (acide et glaceacutee) les amides de la partie N-terminale des

peptides (His)n ou (Lys)2(Asp)n se retrouvent complegravetement hydrogeacuteneacutes alors que ceux de la

partie C-terminale (Ile-Ile-Lys)m portent encore des deuteacuteriums

Lutilisation de ces peptides a permis agrave T Joslashrgensen de montrer quil eacutetait possible de

trouver des conditions en ECD (18) mais aussi en ETD (19 23-24) qui permettent de

minimiser le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Diffeacuterents instruments ont eacuteteacute utiliseacutes pour ses

expeacuteriences un spectromegravetre de masse FT-ICR (LTQ-FT) de la socieacuteteacute Thermo pour les

expeacuteriences en ECD (18) et une trappe ionique Agilent (19) ainsi qu‟un spectromegravetre de

masse LTQ-Orbitrap XL (Thermo) (23 25) pour les expeacuteriences ETD Une des conclusions

de ces eacutetudes est que quel que soit le spectromegravetre de masse utiliseacute loptimisation des

conditions expeacuterimentales de la source eacutelectrospray et notamment tous les paramegravetres lieacutes agrave

la deacutesolvatation est un paramegravetre crucial pour eacuteviter le laquo scrambling raquo Ce reacutesultat nest pas

eacutetonnant dans la mesure ougrave avant leur arriveacutee dans une reacutegion de tregraves basse pression les ions

subissent un certain nombre de collisions qui peuvent augmenter leur eacutenergie interne (26) et

favoriser ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Pour les expeacuteriences ECD T Joslashrgensen a

eacutegalement montreacute que la fenecirctre de seacutelection choisie dans le piegravege lineacuteaire pour isoler lion agrave

fragmenter est eacutegalement un paramegravetre agrave controcircler finement Une fenecirctre trop eacutetroite conduit

en effet agrave une excitation de lion preacutecurseur et au pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

Dans ce contexte nous avons souhaiteacute utiliser les peptides deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen

comme sondes du laquo scrambling raquo sur le spectromegravetre de masse FT-ICR APEX III du

84

laboratoire afin de pouvoir deacuteterminer les conditions expeacuterimentales propres agrave reacutealiser de

lECD sur des peptides puis des proteacuteines deuteacutereacutes Ce travail a eacuteteacute initieacute lors de la thegravese de

Magalie Duchateau (27) mais navait pas pu ecirctre termineacute pour des problegravemes instrumentaux

Afin dassurer la coheacuterence des reacutesultats toutes expeacuteriences reacutealiseacutees preacuteceacutedemment ont eacuteteacute

dupliqueacutees et compleacuteteacutees au deacutebut de ma thegravese Une mise agrave jour de linstrument en APEX-Q

puis en SolariX nous a ensuite conduits agrave devoir reacute-optimiser certains paramegravetres Les

reacutesultats obtenus lors de ce travail font lobjet du deuxiegraveme chapitre de cette thegravese Les

peptides choisis sont les suivants

P1 HHHHHHIIKIIK

P2 KKDDDDDDIIKIIK

P3 KKDDDIIKIIK

P4 KKDDIIK

II2 Reacutesultats

II21 Systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons

Le systegraveme deacuteveloppeacute par T Joslashrgensen est celui que nous avons utiliseacute Il est constitueacute

dune seringue preacutealablement placeacutee entre deux sacs de glace puis refroidie pendant la dureacutee

de lanalyse par un sachet de carboglace La longueur du capillaire en PEEK (125 microm de

diamegravetre interne) entre la sortie de la seringue et lentreacutee dans la source dionisation a eacuteteacute

minimiseacutee agrave environ 30 cm et le deacutebit utiliseacute est de 600 microLmin afin de minimiser leacutechange

inverse pendant le transfert de leacutechantillon entre la seringue refroidie et la source dionisation

(voir Chap IV) Les expeacuteriences sont reacutealiseacutees pendant 10 minutes avec le mecircme eacutechantillon

et la stabiliteacute du marquage (qui doit resteacutee dans les 10 du marquage initial qui sert de

reacutefeacuterence) est suivie par lacquisition reacuteguliegravere de spectres MS

II22 Marquage des peptides de reacutefeacuterence

Parmi les quatre peptides que nous avons choisis deux ont deacutejagrave eacuteteacute eacutetudieacutes preacuteceacutedemment

par T Joslashrgensen (18-19 21) Notre premier objectif eacutetait donc de retrouver le mecircme nombre

de deuteacuteriums initial que ce quil avait trouveacute Les peptides ont eacuteteacute conccedilus de telle sorte que

85

seule lextreacutemiteacute C-terminale doit porter des deuteacuteriums au niveau du motif IIKIIK pour les

peptides P1 P2 et P3 En theacuteorie on sattend donc agrave cinq eacutechanges H D pour ces peptides

Les reacutesultats expeacuterimentaux montrent que lon natteint pas tout agrave fait cette valeur mais quune

moyenne de 42 D est obtenue comme lindique le Tab II 1 Cette perte de 08 D

sexplique par le fait que le marquage au niveau de lamide situeacute entre la derniegravere histidine et

la premiegravere isoleucine nest pas parfait et quil existe un meacutelange de populations de peptides

pour lesquels cest bien un D qui est agrave cette place et des peptides pour lesquels le D a eacuteteacute

remplaceacute par un H De la mecircme faccedilon on nobtient pas exactement 2 D pour le peptide P4

mais seulement 16 Les reacutesultats regroupeacutes dans le Tab II 1 montrent eacutegalement que la taille

et la nature de la partie du peptide qui eacutechange vite (seacuterie dhistidines ou enchainement

lysine-acide aspartique) nont pas dinfluence sur le marquage global du peptide

Tab II 1 Seacutequence des quatre peptides utiliseacutes dans cette eacutetude Nombre de deuteacuteriums

retenus au niveau des acides amineacutes de lrsquoextreacutemiteacute C-terminale dans les diffeacuterents eacutetats de

charge apregraves reacute-eacutechange de certains deuteacuteriums avec les hydrogegravenes du solvant protieacute dans

des conditions controcircleacutees (Chap V)

Peptide Seacutequence Masse

monoisotopique MH

1+ MH2

2+ MH3

3+ Reacutefeacuterence

P1 HHHHHHIIKIIK 15498975 -

43 39 (18 21)

P2 KKDDDDDDIIKIIK 16738956 44a

43 43 (19)

P3 KKDDDIIKIIK 13288148 40b

42 42

P4 KKDDDIIK 9745517 20 16 -

Potentiel de deacutesolvatation a entre 200 et 250 V et

b entre 150 et 250 V

II23 Influence des paramegravetres de source sur le laquo scrambling raquo

Afin deacutevaluer le taux de laquo scrambling raquo ducirc agrave la source eacutelectrospray les spectres ECD des

peptides ont eacuteteacute enregistreacutes en faisant varier les conditions expeacuterimentales dans la source

Comme les peptides sont construits pour ne porter des deuteacuteriums quagrave leur extreacutemiteacute C-

terminale les ions de type c (N-terminaux) fournissent des massifs isotopiques diagnostics

simples En labsence de laquo scrambling raquo les ions c de petite taille (comme lion c4 par

exemple) doivent conserver un massif isotopique identique agrave celui obtenu pour le peptide non

deuteacutereacute En revanche sil y a eu laquo scrambling raquo les enveloppes isotopiques seront deacuteplaceacutees

vers des rapports mz plus eacuteleveacutes

86

A titre dexemple la Fig II 1 montre le deacuteplacement du massif isotopique obtenu pour

lion c4 du peptide P2 lorsque lon augmente leacutenergie de deacutesolvatation

Fig II 1 Spectres ECD du peptide KKDDDDDDIIKIIK (P2) (a) Spectre complet du peptide

non marqueacute (b) Massif isotopique de lrsquoion fragment c4+

obtenu agrave partir du peptide

seacutelectivement marqueacute pour des valeurs de potentiel de deacutesolvatation eacuteleveacutee (180 V spectre du

haut) et basse (40 V spectre du milieu) Le spectre du bas montre lrsquoion fragment c4+

obtenu agrave

partir du peptide agrave lrsquoeacutequilibre (marquage homogegravene) agrave 100 V

Alors quagrave 40 V correspondant agrave une basse eacutenergie de deacutesolvatation le massif isotopique

obtenu est le mecircme que pour le peptide non deuteacutereacute on observe agrave 180 V un deacuteplacement tregraves

clair du massif vers les hauts mz signature de lincorporation de deuteacuteriums du cocircteacute N-

terminal du peptide et donc de laquo scrambling raquo

Par cette approche diffeacuterents paramegravetres de source ont eacuteteacute testeacutes le potentiel de

deacutesolvatation (laquo CapExit raquo sur notre instrument) la tempeacuterature du gaz de deacutesolvatation et le

temps daccumulation dans lhexapocircle Parmi ces trois paramegravetres seul le potentiel de

deacutesolvatation a un effet majeur sur le laquo scrambling raquo comme le montre leacutevolution du nombre

de deuteacuteriums dans les diffeacuterents ions c et z formeacutes agrave partir du peptide P2 (Fig II 2)

87

88

Fig II 2 Graphes du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque fragment ECD obtenu agrave

partir de lrsquoion preacutecurseur trichargeacute du peptide KKDDDDDDIIKIIK (P2) seacutelectivement

marqueacute en fonction du potentiel de deacutesolvatation

Avec un potentiel de deacutesolvatation conduisant agrave tregraves peu de laquo scrambling raquo (40 V) on

nobserve pas deffet marquant de la tempeacuterature de la source (varieacutee de 50 agrave 140degC) ni du

temps daccumulation dans lhexapocircle (varieacute de 05 agrave 2 s) Les conditions optimales ayant eacuteteacute

obtenues pour limiter le laquo scrambling raquo nous navons pas chercheacute agrave faire varier dautres

paramegravetres qui par ailleurs ont eacutegalement une influence sur lefficaciteacute de transmission des

ions

Neacuteanmoins nous avons souhaiteacute comprendre un peu mieux le rocircle de leacutenergie de

deacutesolvatation et pour ce faire les spectres MS et MSMS en ECD ont eacuteteacute enregistreacutes Pour les

peptides P1-P3 les spectres ECD obtenus agrave partir dions preacutecurseurs trichargeacutes montrent des

courbes similaires agrave celles deacutecrites sur la Fig II 2 agrave bas potentiel de deacutesolvatation les

fragments contiennent un nombre de deuteacuteriums constant mais lorsque le potentiel est

augmenteacute on observe une incorporation de deuteacuteriums croissante pour les ions c et une perte

de deuteacuteriums pour les ions z Le seuil agrave partir duquel le laquo scrambling raquo commence est le

mecircme pour les diffeacuterents fragments dun mecircme peptide mais est diffeacuterent dun peptide agrave

lautre Pour le peptide P4 aucun fragment ECD na pu ecirctre observeacute agrave partir de lion

doublement chargeacute et lion triplement chargeacute nest apparemment pas formeacute

Ces reacutesultats sont tregraves proches de ce qui avait eacuteteacute observeacute par T Joslashrgensen sur le LTQ-FT

(18) et sur la trappe ionique (19) et ne semblent pas deacutependre de la taille et de la nature de la

partie du peptide qui preacutesente un eacutechange rapide

89

Un examen des spectres MS en fonction de leacutenergie de deacutesolvatation (Fig II 3) apporte

un eacuteclairage nouveau sur ce qui se passe dans la source qui est un pheacutenomegravene indeacutependant du

laquo scrambling raquo

Fig II 3 Intensiteacute des ions des diffeacuterents eacutetats de charge du peptide KKDDDIIKIIK (P3)

ainsi que celle de ses ions fragments geacuteneacutereacutes dans la source ionique en fonction du potentiel

de deacutesolvatation Lrsquointensiteacute des fragments correspond agrave la somme des intensiteacutes des ions

fragments b et y (a) Intensiteacutes absolues (b) Intensiteacutes relatives par rapport agrave lrsquointensiteacute

totale des ions

Tout dabord le type dion observeacute (simplement doublement ou triplement chargeacute) et

lapparition de fragments sont correacuteleacutes avec les potentiels de deacutesolvatation (Fig II 3) Comme

lindique la Fig II 3 les ions triplement chargeacutes sont largement favoriseacutes agrave bas potentiels de

deacutesolvatation et la fragmentation est quasi-inexistante Pour le peptide P3 on peut observer

une chute de lintensiteacute de lion triplement chargeacute au-delagrave de 160 V avec une augmentation

concomitante de lintensiteacute de lion moleacuteculaire doublement chargeacute et de celle des fragments

En intensiteacute absolue lion (1+) deacutecroicirct quant agrave lui lentement agrave partir de 200 V Ces reacutesultats

90

sexpliquent au moins en partie par le fait que lion (3+) est le premier agrave se fragmenter

lorsque lon augmente le potentiel de deacutesolvatation car chaque collision est trois fois plus

eacutenergeacutetique que pour son eacutequivalent monochargeacute

Si lon trace leacutevolution de la deuteacuteration de lion parent en fonction de leacutenergie de

deacutesolvatation un reacutesultat surprenant est obtenu (Fig II 4) le nombre de deuteacuteriums diminue

aux hauts potentiels de deacutesolvatation

Fig II 4 Nombre de deuteacuteriums dans les diffeacuterents eacutetats de charge de lrsquoion preacutecurseur en

fonction du potentiel de deacutesolvatation (a) Peptide P1 (HHHHHHIIKIIK) (b) Peptide P2

(KKDDDDDDIIKIIK)

Ce reacutesultat explique le comportement observeacute pour les ions c111+

et c132+

aux hauts

potentiels de deacutesolvatation la diminution du nombre de deuteacuteriums pour ces ions fragments

est correacuteleacutee agrave celle de lion preacutecurseur Par ailleurs le nombre de deuteacuteriums perdu semble lieacute

(a)

30

32

34

36

38

40

42

44

46

48

50

0 50 100 150 200 250 300

o

f d

eu

teri

um

Desolvation potential (V)

M 2+

M 3+

M 4+

(b)

30

32

34

36

38

40

42

44

46

48

100 150 200 250 300 350

o

f d

eu

teri

um

Desolvation potential (V)

M3+

M2+

M1+

91

agrave la fois agrave la nature et agrave leacutetat de charge du peptide Par exemple le peptide P2 trois fois

chargeacute perd 08 D alors que le peptide P3 avec le mecircme eacutetat de charge perd au moins 2 D

Cette perte de deuteacuteriums ne peut sexpliquer que par lintervention dune autre moleacutecule

posseacutedant des hydrogegravenes eacutechangeables avec laquelle un eacutechange inverse D H peut avoir

lieu Cette moleacutecule peut par exemple provenir du solvant de spray utiliseacute pour les

expeacuteriences eau meacutethanol acide aceacutetique En effet il est possible deacutemettre lhypothegravese que

des reacuteactions ionmoleacutecule dans la source dans laquelle la pression est importante conduisent

agrave cet eacutechange dhydrogegravenes et de deuteacuteriums Le fait que P1 ne subisse aucune perte de

deuteacuterium permet mecircme de postuler que les acides amineacutes responsables de cet eacutechange sont

les acides aspartiques reacutesidus que lon retrouve dans tous les peptides eacutetudieacutes agrave lexception de

P1 Compte tenu du faible nombre de peptides eacutetudieacutes il est difficile de conclure sur un

meacutecanisme geacuteneacuteral permettant dexpliquer cet eacutechange en phase gazeuse mais le meacutecanisme

de flip-flop deacutecrit par Beauchamp et al (28-29) pourrait expliquer les reacutesultats observeacutes

Il est inteacuteressant de noter que les pheacutenomegravenes deacutecrits preacuteceacutedemment (apparition de

fragments dans la source laquo scrambling raquo perte de deuteacuteriums) apparaissent tous agrave une limite

preacutecise (mais diffeacuterente) de potentiel de deacutesolvatation (Tab II 2) Comme le potentiel de

deacutesolvatation est directement lieacute agrave leacutenergie interne des ions produits par la source

eacutelectrospray (26) il est possible dutiliser la valeur des seuils observeacutes comme indication de

leacutenergie requise pour chaque pheacutenomegravene Bien que les seuils deacutependent du peptide (et de son

eacutetat de charge) il est possible deacutetablir un ordre dapparition de chaque pheacutenomegravene car il est

conserveacute dune seacutequence et dun eacutetat de charge agrave lautre ainsi le laquo scrambling raquo apparaicirct en

premier avec un seuil assez bas deacutenergie de deacutesolvatation suivi dune perte du marquage et

enfin de lapparition de fragments aux plus hautes eacutenergies

Tab II 2 Valeurs de potentiel de deacutesolvatation (en V) pour lrsquoapparition de chaque

pheacutenomegravene observeacute laquo scrambling raquo perte de deuteacuteriums et fragmentation dans la source

Peptide

Desolvation potential (V) at onset

Scrambling Loss of D atom

Fragmentation

from 3+ from 2+

P1 100

- - 150

P2 110 160 - 170

P3 100 110 180 140

P4 - - - 120

92

Lordre des deux premiers pheacutenomegravenes indique que les hydrogegravenes damide ne sont pas

directement eacutechangeables avec ceux des moleacutecules de solvant vaporiseacutees Deux meacutecanismes

diffeacuterents peuvent alors ecirctre envisageacutes soit un eacutechange direct en phase gazeuse dun atome

dhydrogegravene du solvant avec un deuteacuterium porteacute par un azote dune des liaisons peptidiques

ce qui implique une eacutenergie dactivation importante soit un eacutechange agrave un autre site labile

apregraves transfert du deuteacuterium Comme la courbe du deacutemarquage est tregraves proche de celle du

laquo scrambling raquo deacutetermineacutee par les expeacuteriences ECD on peut supposer que la reacuteaction a lieu

en deux eacutetapes reacutearrangement intramoleacuteculaire dans le peptide conduisant agrave eacutechanger les

deuteacuteriums damide avec les hydrogegravenes carboxyliques des acides aspartiques puis reacuteaction

ionmoleacutecule avec le solvant en phase gazeuse En absence de ces acides carboxyliques relais

(cas de P1) seul le laquo scrambling raquo peut avoir lieu Ce meacutecanisme ne reacutepond toutefois pas agrave

une question qui est la suivante pourquoi dans le cas de P2 et pas de P3 le deacutemarquage

conduit-il agrave un eacutechange limiteacute agrave 08 D alors qu‟on devrait s‟attendre agrave suivre la courbe du

laquo scrambling raquo Si lon revient au scheacutema de la source dionisation de linstrument utiliseacute il

convient de se souvenir quapregraves leur deacutesolvatation dans le capillaire de transfert chauffeacute les

ions sont stockeacutes pendant une seconde environ dans un hexapocircle dans lequel regravegne une

pression assez importante (10-6

mbar environ) Ainsi un eacutechange HD partiel semble indiquer

que les deux pheacutenomegravenes observeacutes ont lieu dans deux reacutegions diffeacuterentes de linstrument le

reacutearrangement aurait lieu dans linterface entre le capillaire et le premier laquo skimmer raquo qui est

une reacutegion agrave haute pression et soumise agrave un potentiel eacutelectrique important tandis que les

reacuteactions ionmoleacutecule auraient plutocirct lieu dans lhexapocircle Ainsi si tous les sites labiles du

peptide ne participent pas aux reacuteactions ionmoleacutecule avec leur environnement gazeux (ce qui

est le cas dans lhypothegravese ougrave les acides aspartiques sont lieacutes speacutecifiquement agrave cet eacutechange) le

reacutearrangement conduirait agrave un nombre fini de sites eacutechangeables portant un atome de

deuteacuterium et ceux situeacutes sur dautres sites ne pourraient donc pas participer au deacutemarquage

II3 Conclusions

II31 Conclusion sur lrsquoAPEX III

Lobjectif initial de ce travail eacutetait de deacuteterminer quels paramegravetres expeacuterimentaux de la

source eacutelectrospray Apollo I de lAPEX III devaient ecirctre optimiseacutes pour minimiser le

reacutearrangement intramoleacuteculaire des hydrogegravenes et des deuteacuteriums qui a lieu en source Parmi

les diffeacuterents paramegravetres testeacutes les reacutesultats preacutesenteacutes preacuteceacutedemment montrent que cest le

93

potentiel de deacutesolvatation qui est le plus critique Gracircce agrave lutilisation de lECD sur des

peptides seacutelectivement marqueacutes nous avons ainsi pu montrer que le potentiel de deacutesolvatation

doit ecirctre maintenu agrave une valeur leacutegegraverement infeacuterieure agrave celle conduisant agrave un maximum

dintensiteacute pour les ions formeacutes soit entre 80 et 110 V pour eacuteviter le laquo scrambling raquo Cette

valeur est sensiblement la mecircme pour tous les peptides que nous avons eacutetudieacutes

Les reacutesultats obtenus sur les peptides seacutelectivement marqueacutes montrent clairement quil faut

faire extrecircmement attention agrave optimiser ce paramegravetre avant dutiliser lECD ou lETD pour

localiser des deuteacuteriums dans des peptides ou des proteacuteines qui ont eacuteteacute marqueacutes et pouvoir

tirer des conclusions sur la preacutesence de zones structureacutees ou non Utiliser des peptides

seacutelectivement marqueacutes pour deacuteterminer les conditions expeacuterimentales de source propres agrave

reacutealiser lanalyse de peptides ou de proteacuteines deuteacutereacutes (conditions qui deacutependent de

linstrument utiliseacute) devrait ainsi ecirctre leacutetape preacuteliminaire agrave toute expeacuterience HDX-MSMS

Au cours de ce travail nous avons eacutegalement mis en eacutevidence un pheacutenomegravene de reacuteactions

ionmoleacutecule dans la source qui sont potentiellement agrave lorigine deacutechanges entre les

deuteacuteriums preacutesents sur la seacutequence peptidique et des hydrogegravenes issus fort probablement de

moleacutecules de solvant en phase gazeuse Il est apparu au cours de notre travail que ce

pheacutenomegravene eacutetait particuliegraverement marqueacute pour les peptides portant des acides aspartiques par

rapport agrave ceux portant des histidines Ce pheacutenomegravene eacutetant a priori baseacute sur une premiegravere

eacutetape qui est leacutechange entre un deuteacuterium preacutesent sur une liaison amide et un hydrogegravene

carboxylique de la chaicircne lateacuterale des Asp il peut ecirctre reacuteduit par un reacuteglage approprieacute des

paramegravetres de source (diminution de leacutenergie de deacutesolvatation)

II32 Autres instruments FT-ICR

Nous avons proceacutedeacute agrave l‟laquo upgrade raquo de nos instruments agrave deux reprises (APEX III gt

APEX-Q en janvier 2011 et APEX-Q gt SolariX en avril 2012) De la mecircme maniegravere que pour

l‟APEX III nous avons pu deacuteterminer pour l‟APEX-Q et le SolariX le paramegravetre ou les

paramegravetres critiques qu‟il faut optimiser pour limiter le laquo scrambling raquo En effet agrave chaque

changement ou modification d‟instrument une reacute-optimisation de l‟ensemble des paramegravetres

entre la source et la cellule est requise pour eacuteviter un eacutechauffement des ions lors de leur

formation ou de leur transfert Les reacutesultats sont reacutesumeacutes dans le tableau ci-apregraves (Tab II 3)

94

Tab II 3 Paramegravetre(s) critique(s) agrave optimiser pour limiter le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

en fonction de lrsquoinstrument utiliseacute

APEX III Tension agrave la sortie du capillaire de source

(Potentiel de deacutesolvatation ou laquo CapExit)

lt 80 V

APEX-Q

APEX-Qe

Tension dans la cellule de collision

(laquo CollisionVoltage raquo)

gt 0 V

(3-5 V)

SolariX Tension du premier eacutecorceur (SK1)

Conditions de la cellule de collision

collision activeacutee

tension de collision en entreacutee

lt 50 V

Non

lt 2 V

Fig II 5 Nombre de deuteacuteriums dans lrsquoion preacutecurseur triplement chargeacute du peptide P2

(KKDDDDDDIIKIIK) et dans les fragments c2 c6 et z6 en fonction du potentiel du premier

eacutecorceur

A titre d‟illustration la Fig II 5 reprend les reacutesultats obtenus sur le SolariX avec le

peptide P1 en faisant varier la tension du premier eacutecorceur (laquo skimmer raquo) SK1 montrant une

valeur optimale vers 40 V On notera par contre la preacutesence d‟un taux de deuteacuteration non nul

sur les fragments c2 et c6 degraves les basses tensions Il faut noter que ces expeacuteriences ont eacuteteacute

reacutealiseacutees sur un ion preacutecurseur triplement chargeacute preacutesentant un taux de deuteacuteration plus eacuteleveacute

que ce qui est attendu

0

1

2

3

4

5

6

0 10 20 30 40 50 60 70

o

f d

eu

teri

um

SK1 (V)

C2 C6 Z6 Parent M3+

95

Les deux versions successives (APEX-Q et SolariX) preacutesentent une eacutevolution majeure qui

est l‟introduction d‟une cellule de collision sur le chemin optique des ions (Annexe Fig A 4

et Fig A 6) En conseacutequence on observe que cette seconde reacutegion agrave pression de gaz eacuteleveacutee

ajoute une seconde reacutegion susceptible de conduire agrave un deacutepocirct d‟eacutenergie dans les ions et par

conseacutequent agrave du laquo scrambling raquo Les paramegravetres optimiseacutes concernent par conseacutequent ces

deux reacutegions L‟ajout d‟entonnoirs agrave ions (laquo ion funnels raquo) au premier eacutetage de deacutesolvatation

semble rendre la tension en sortie de capillaire (laquo CapExit raquo) nettement moins critique sans

doute parce que les distances sont plus grandes (et donc le champ eacutelectrique plus faible) Par

contre sur le SolariX de l‟eacutenergie peut ecirctre deacuteposeacutee entre le premier eacutecorceur (SK1) et le

second entonnoir qui joue un rocircle critique dans le deacutepocirct d‟eacutenergie (Annexe Fig A 6)

En conclusion dans cette partie nous avons utiliseacute un jeu de peptides speacutecifiquement

marqueacutes par des deuteacuteriums pour valider notre instrumentation et trouver les paramegravetres

optimaux par rapport au pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo ou meacutelange des deuteacuteriums lors des

eacutetapes de transfert en phase gazeuse et d‟introduction dans le vide du spectromegravetre de masse

Nous avons eacutegalement valideacute au passage que l‟ECD permet effectivement de mesurer des

fragments donc le nombre de deuteacuteriums correspond agrave celui attendu apregraves deacutemarquage seacutelectif

de peptides modegraveles Dans la partie suivante nous allons transposer ces reacutesultats agrave un systegraveme

reacuteel

96

II4 Bibliographie

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97

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20 Jorgensen T J Gardsvoll H Dano K Roepstorff P and Ploug M (2004)

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Gas-Phase Hydrogen Scrambling Analytical Chemistry 82 9755-9762

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29 Campbell S Rodgers M T Marzluff E M and Beauchamp J L (1995)

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Studies of Gas Phase HD Exchange Reactions of Protonated Glycine Oligomers with

D2O CD3OD CD3CO2D and ND3 Journal of the American Chemical Society 117

12840-12854

98

99

Chapitre III Deacuteveloppement de

lrsquoapproche HDX top-down ECD

100

Chapitre III Deacuteveloppement de lrsquoapproche HDX top-down ECD 99

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD 101

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo 101 III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo 102

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo 106

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX 106 III211 Proteacuteines d‟eacutetude 106 III212 Protocole d‟analyse HDXMS 107 III213 Instruments utiliseacutes108

III22 Fragmentation par ECD 109 III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3 109

III2211 Spectre de masse 109 III2212 Reacutesultats obtenus en ECD 109 III2213 Reacutesultats en HDXECD 113 III2214 Analyse des donneacutees 115

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ121 III2221 Optimisation du protocole d‟analyse 121 III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD 123

III23 Fragmentation par ETD 127 III231 Spectre de masse 127 III232 Reacutesultats obtenus en ETD 128 III233 Reacutesultats en HDXETD 129 III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats d‟ECD131 III235 Conclusion 134

III24 Fragmentation par CID 135 III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 135

III2411 Spectres de masse 135 III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID 136

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines 139

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse 142

III4 Conclusion 147

III5 Bibliographie 149

101

III1 Pourquoi faire une analyse laquo top-down raquo des eacutechanges HD

III11 Problegravemes et limitations de lrsquoapproche laquo bottom-up raquo

Comme nous l‟avons vu dans le premier chapitre de ce manuscrit (voir Chap I) les

eacutechanges HD coupleacutes agrave la spectromeacutetrie de masse (HDXMS) permettent d‟obtenir des

informations sur l‟organisation structurale des proteacuteines L‟approche classique dite

laquo bottom-up raquo (Fig III 1) repose sur une digestion enzymatique de la proteacuteine d‟inteacuterecirct apregraves

marquage afin de deacuteterminer la localisation des deuteacuteriums incorporeacutes Pour cela les peptides

issus de la digestion sont analyseacutes par spectromeacutetrie de masse une eacutetape preacutealable de

seacuteparation par chromatographie liquide eacutetant le plus souvent requise Les eacutetapes de digestion

enzymatique et de seacuteparation chromatographique qui se deacuteroulent en solution doivent ecirctre

reacutealiseacutees dans les conditions de conservation du marquage Des cineacutetiques deacutechange HD

peuvent alors ecirctre calculeacutees pour chaque peptide en mesurant le deacuteplacement de leur masse

dans les spectres Ces cineacutetiques sont correacuteleacutees dune part agrave laccessibiliteacute au solvant et dautre

part agrave la structure locale de la proteacuteine

Fig III 1 Scheacutema repreacutesentant les eacutetapes des approches laquo bottom-up raquo et laquo top-down raquo dans

des eacutetudes en HDXMS Le segment en bleu correspond agrave la proteacuteine hydrogeacuteneacutee tandis que

les portions en rouge correspondent aux zones de la proteacuteine qui ont eacuteteacute deuteacutereacutees Les

flegraveches vertes repreacutesentent le moment de la fragmentation en phase gazeuse

Cependant cette approche souffre de deux limitations majeures La premiegravere est l‟eacutechange

inverse entre les deuteacuteriums et les hydrogegravenes qui a lieu en solution lors des eacutetapes de

digestion et de seacuteparation avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Bien que le laquo back-

exchange raquo puisse ecirctre minimiseacute il ne peut ecirctre eacuteviteacute (1) La seconde limitation est la

reacutesolution qui deacutepend directement de la taille des peptides issus de la fragmentation

enzymatique par la pepsine et qui est typiquement de lordre de cinq agrave dix acides amineacutes

102

Une possibiliteacute pour ameacuteliorer la reacutesolution est de combiner diffeacuterentes enzymes Une

autre est de fragmenter les peptides obtenus dans le spectromegravetre de masse pour localiser

preacuteciseacutement les deuteacuteriums (2) Il a neacuteanmoins eacuteteacute montreacute que les techniques classiques par

chauffage lent (Collision Induced Dissociation CID) ne peuvent ecirctre utiliseacutees car une

migration intramoleacuteculaire et par conseacutequent un meacutelange des hydrogegravenes et des deuteacuteriums a

lieu dans la seacutequence avant la rupture des liaisons peptidiques ce qui fait perdre linformation

de leur localisation (Fig III 2) (3) En revanche comme nous l‟avons montreacute dans le chapitre

preacuteceacutedent (voir Chap II) lutilisation de meacutethodes de fragmentation baseacutees sur la capture ou

le transfert dun eacutelectron (Electron Capture Dissociation ECD ou Electron Transfer

Dissociation ETD) permet de reacuteduire consideacuterablement ce pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo De

plus linteacuterecirct de ces modes de fragmentation alternatifs est quils peuvent ecirctre utiliseacutes aussi

bien dans une approche laquo bottom-up raquo sur les peptides proteacuteolytiques marqueacutes (4-5) que

directement sur la proteacuteine deuteacutereacutee dans une approche dite laquo top-down raquo Dans ce dernier

cas l‟incorporation des deuteacuteriums peut alors ecirctre mesureacutee pour chaque ion fragment comme

nous l‟avons fait pour les peptides modegraveles

Avec redistribution

NH2 COOHNH2

COOH

NH2COOH

CID ETDECD

NH2

COOH

by ionscz ions

D D DDD

H HH

H

NH2

COOH

Sans redistributionActivation

Fragmentation

Fig III 2 Illustration du pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo qui est freacutequent lors de la

fragmentation par activation collisionnelle (CID) Les meacutethodes drsquoactivation par les eacutelectrons

(ECD ETD) ne conduisent pas agrave de la redistribution quand les conditions sont optimales

III12 Etat de lrsquoart de la strateacutegie laquo top-down raquo

Dans une approche laquo top-down raquo la proteacuteine entiegravere est fragmenteacutee directement en phase

gazeuse (Fig III 1) On s‟affranchit alors de l‟eacutetape de digestion proteacuteolytique De cette

maniegravere une partie du laquo back-exchange raquo qui a lieu en solution notamment lors de la

103

digestion enzymatique de la proteacuteine deuteacutereacutee (1) est eacutelimineacutee De plus dans la mesure ougrave

lobjet agrave analyser nest pas coupeacute en de nombreux morceaux en solution lutilisation dune

seacuteparation chromatographique n‟est pas requise ce qui permet eacutegalement de s‟affranchir de

l‟eacutechange inverse relatif agrave cette eacutetape L‟approche laquo top-down raquo est geacuteneacuteralement combineacutee agrave

une fragmentation par ECD ou ETD Comme nous l‟avons montreacute dans les chapitres

preacuteceacutedents (voir Chap I et II) l‟utilisation de ces techniques de dissociation par capture ou

transfert d‟eacutelectron permet de limiter au maximum le laquo scrambling raquo qui peut avoir lieu en

phase gazeuse au cours d‟expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse en tandem Elles sont donc

particuliegraverement bien adapteacutees pour deacuteterminer la position preacutecise des deuteacuteriums incorporeacutes

le long de la seacutequence polypeptidique

Des reacutesultats obtenus tregraves reacutecemment par diffeacuterents groupes utilisant aussi bien l‟ETD que

l‟ECD sur des proteacuteines modegraveles ont ainsi montreacute que ces techniques de dissociation utiliseacutees

en combinaison avec les eacutechanges HD permettent danalyser la structure native des proteacuteines

(6) ou encore de caracteacuteriser des espegraveces transitoires ce qui est essentiel pour la

compreacutehension des meacutecanismes de repliement (7) Il a mecircme eacuteteacute montreacute au cours de ces

eacutetudes qu‟une reacutesolution agrave lrsquoacide amineacute pregraves peut ecirctre obtenue Les premiers reacutesultats

provenant d‟une association entre eacutechanges HD et analyse laquo top-down raquo ont eacuteteacute obtenus en

2008 par l‟eacutequipe de Lars Konermann au Canada sur une petite proteacuteine modegravele de 86 kDa

l‟ubiquitine (8) Il montre dans son article que les informations de structure quil obtient sont

tregraves proches de celles issues de la RMN (Fig III 3)

Fig III 3 Symboles pleins taux de deuteacuteration des ions fragments ECD de lrsquoubiquitine apregraves

30 min incubation dans 95 de D2O agrave 22degC Symboles vides taux de deuteacuteration obtenus

par RMN dans les mecircmes conditions HDX

104

Dans une eacutetude plus reacutecente encore Igor Kaltashov a preacutesenteacute des reacutesultats tregraves

prometteurs sur une proteacuteine de 18 kDa en utilisant un spectromegravetre de masse FT-ICR

(Bruker) sur lequel une source d‟ionisation chimique permettant de faire des expeacuteriences ETD

a eacuteteacute installeacutee (9) Il a eacutegalement montreacute tregraves reacutecemment en travaillant sur la mecircme proteacuteine

modegravele que la fragmentation par activation collisionnelle (CID) pouvait ecirctre combineacutee agrave une

approche laquo top-down raquo dans des eacutetudes HDX indiquant que le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo

pouvait ecirctre controcircleacute lorsque des eacutetats de charge tregraves eacuteleveacutes eacutetaient choisis pour la

fragmentation (10) Bien que les meacutethodes d‟activation par les eacutelectrons pour la fragmentation

de peptides (11-12) et de petites proteacuteines (6 8 13) se soient reacuteveacuteleacutees tregraves encourageantes

pour augmenter la reacutesolution des eacutetudes en HDX-MSMS elles ne fournissent pas une

couverture de seacutequence complegravete en particulier pour les gros polypeptides C‟est pour cette

raison qu‟il serait inteacuteressant de pouvoir utiliser en compleacutement les reacutesultats de la

fragmentation par CID qui conduit agrave des ions fragments souvent compleacutementaires agrave ceux

obtenus par dissociation ECD ou ETD Ainsi la possibiliteacute d‟utiliser les meacutethodes

d‟activation collisionnelle en plus des techniques d‟activation par les eacutelectrons dans les eacutetudes

laquo top-down raquo HDX conduirait agrave une reacutesolution spatiale significativement ameacutelioreacutee

permettant de sonder la conformation et la dynamique des proteacuteines Une autre faccedilon

d‟augmenter la reacutesolution est l‟utilisation d‟un reacuteactif tel que l‟alcool m-nitrobenzylique (m-

NBA) qui augmente leacutetat de charge des ions proteacuteiques en provoquant leur rapide

deacutenaturation lors du processus d‟ionisation par ESI Il en reacutesulterait le deacutepliement de la

proteacuteine dans la goutte eacutelectrospray mais sans l‟apparition de modifications significatives de

sa structure par rapport agrave celle de la solution initiale permettant d‟ameacuteliorer l‟efficaciteacute de

fragmentation et donc la couverture de seacutequence par ECD ou ETD Ainsi dans une eacutetude

reacutecente Evan Williams (14) a montreacute que lajout de m-NBA dans le spray utiliseacute pour ioniser

lubiquitine permet de former des ions de plus hauts eacutetats de charge dont la mobiliteacute ionique a

reacuteveacuteleacute quils eacutetaient comme attendu plus deacuteplieacutes que leurs homologues de plus bas eacutetat de

charge Ainsi comme lefficaciteacute de la fragmentation ECDETD augmente avec leacutetat de

charge du preacutecurseur Williams a pu montrer dans le cas de lubiquitine quune meilleure

couverture de seacutequence pouvait ecirctre obtenue simplement par lajout de m-NBA Une autre

possibiliteacute est de combiner les reacutesultats obtenus pour diffeacuterents eacutetats de charge d‟ions

preacutecurseurs ce qui peut ameacuteliorer un peu plus la reacutesolution spatiale des expeacuteriences ETD

Ceci peut devenir d‟autant plus important que le systegraveme proteacuteique est grand dans le cas ougrave

typiquement la fragmentation par ETD est limiteacutee

105

Les diffeacuterents exemples reacutecents deacutecrits preacuteceacutedemment montrent que les approches laquo top-

down raquo ont fait l‟objet de deacuteveloppements importants dans le contexte des eacutechanges HD ces

derniegraveres anneacutees Neacuteanmoins jusquagrave maintenant seules des proteacuteines modegraveles stables et

disponibles en quantiteacute importante ont eacuteteacute lobjet de ces deacuteveloppements Dans ce contexte

lobjet de ma thegravese a eacuteteacute de poursuivre les eacutetudes reacutealiseacutees au laboratoire dans lobjectif de

mettre au point une meacutethodologie robuste combinant eacutechanges HD et approche laquo top-

down raquo pour des complexes proteacuteiques reacuteels en collaboration avec le laboratoire de

Biochimie de lEacutecole Polytechnique Notre objectif est donc (i) de disposer dune meacutethode

permettant de localiser rapidement et preacuteciseacutement les deuteacuteriums dans la seacutequence

polypeptidique et deacuteterminer ainsi des cineacutetiques deacutechange pour chaque acide amineacute (ii) de

pouvoir appliquer cette meacutethodologie agrave leacutetude structurale des complexes d‟initiation de la

traduction La difficulteacute ici reacuteside dans le fait qu‟il s‟agit d‟eacutechantillons biologiques reacuteels et

de grande taille Cela implique des eacutetapes additionnelles dans le protocole de preacuteparation et

d‟analyse des eacutechantillons et donc des preacutecautions suppleacutementaires agrave prendre vis-agrave-vis de la

conservation du marquage Notre eacutetude HDXMS preacuteliminaire qui a eacuteteacute meneacutee sur des

peptides de reacutefeacuterence et qui a eacuteteacute preacutesenteacutee dans le chapitre preacuteceacutedent (voir Chap II) a

montreacute que l‟utilisation de meacutethodes de fragmentation telle que la dissociation par capture

d‟eacutelectron (ECD) eacutetait adapteacutee pour mesurer les taux d‟eacutechanges HD pour chaque acide

amineacute Pour cela une optimisation fine des conditions de source et des paramegravetres

instrumentaux a eacuteteacute requise preacutealablement agrave l‟analyse pour reacuteduire au maximum le

laquo scrambling raquo pendant les processus de deacutesolvatation et de transfert des ions en phase

gazeuse Nous avons dans ce troisiegraveme chapitre reacuteutiliseacute ces paramegravetres optimiseacutes pour

l‟analyse laquo top-down raquo de nos eacutechantillons proteacuteiques Dans un premier temps cette partie se

focalisera sur l‟eacutetude laquo top-down raquo HDX avec activation par ECD qui est la technique

d‟activation pour laquelle le plus de reacutesultats ont eacuteteacute obtenus Ensuite pour mieux

comprendre le rocircle des meacutethodes d‟activation sur les migrations d‟hydrogegravene le mecircme

systegraveme a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacute avec d‟autres modes d‟activation (ETD et CID)

106

III2 Comparaison des diffeacuterentes techniques de fragmentation

lors drsquoeacutetudes HDXMS par approche laquo top-down raquo

III21 Deacuteveloppement de lapproche laquo top-down raquo HDX

III211 Proteacuteines drsquoeacutetude

Nous avons travailleacute sur le complexe proteacuteique aIF2 (archaeal Initiation Factor 2) de

Sulfolobus solfataricus (Fig III 4) qui est un des complexes responsables de l‟initiation de

la traduction chez les archeacutees Son rocircle est de recruter l‟ARNt meacutethionyleacute lieacute agrave l‟ARNm au

niveau de la petite sous-uniteacute du ribosome Nous savons deacutejagrave par des donneacutees

cristallographiques qu‟il est constitueacute de trois sous-uniteacutes α β et γ La sous-uniteacute γ (45

kDa) qui constitue la proteacuteine centrale du complexe est connue pour interagir avec les deux

autres sous-uniteacutes α (30 kDa) et β (15 kDa) au sein d‟aIF2 Afin d‟obtenir des informations

structurales sur l‟organisation de ce complexe nous avons deacuteveloppeacute notre meacutethodologie agrave

partir de l‟analyse de la proteacuteine aIF2α3 de 10 kDa qui est une version tronqueacutee de la sous-

uniteacute α du complexe aIF2 mais qui contient le site d‟interaction avec γ Ce travail a eacuteteacute initieacute

lors de la thegravese de M Duchateau (15) pendant laquelle l‟eacutetude de la proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute

reacutealiseacutee par HDXECD sur l‟APEX III Dans le cadre du travail actuel nous avons eacutetendu

notre eacutetude au sous-complexe aIF2α3γ et compareacute les diffeacuterents modes de fragmentation en

utilisant d‟autres spectromegravetres de masse

Fig III 4 Scheacutema du complexe heacuteteacuterotrimeacuterique aIF2αβγ

107

III212 Protocole drsquoanalyse HDXMS

L‟analyse d‟eacutechantillons biologiques reacuteels a neacutecessiteacute une optimisation du protocole mis au

point pour les peptides En effet ces eacutechantillons proteacuteiques preacutesentent des inconveacutenients

majeurs qui sont les suivants

- ils ne sont pas disponibles en grande quantiteacute

- le maintien de leur structure native neacutecessite des concentrations importantes de sels non

volatils

- ils se deacutegradent rapidement agrave tempeacuterature ambiante

L‟ensemble des eacutetapes du protocole allant des conditions de l‟eacutechange en solution (pH

tempeacuterature tampons dessalage) agrave la fragmentation par ECD a donc eacuteteacute minutieusement

optimiseacute (Fig III 5) pour tenir compte de ces limitations Au deacutebut de l‟expeacuterience la

proteacuteine aIF2α3 est dans son eacutetat natif En effet elle est conserveacutee dans son tampon de

purification qui est riche en sels (chlorure de sodium) et qui lui permet ainsi de garder sa

conformation native La premiegravere eacutetape de notre protocole qui a consisteacute agrave initier la reacuteaction

d‟eacutechange HD a eacuteteacute de diluer aIF2α3 dans un tampon deuteacutereacute riche eacutegalement en sels

(solution de NaCl agrave 330 mM dans D2O) afin de ne pas deacutenaturer la proteacuteine et donc de sonder

sa conformation active Une incubation du meacutelange agrave 37degC sous agitation est reacutealiseacutee pendant

diffeacuterents temps agrave l‟issu desquels la reacuteaction de marquage est bloqueacutee Cette eacutetape d‟arrecirct de

la reacuteaction d‟eacutechange est effectueacutee par l‟addition d‟une solution aqueuse (H2O) acide (pH

final de 25) et glaceacutee (agrave 0degC) Etant donneacute que les fortes concentrations en sels non volatils

ne sont absolument pas compatibles avec une ionisation par eacutelectrospray nous avons ducirc

ajouter et optimiser une eacutetape de dessalage dans les conditions de conservation du marquage

Apregraves cette eacutetape de dessalage dont la dureacutee totale a eacuteteacute optimiseacutee agrave seulement une minute

(15) la proteacuteine deuteacutereacutee est precircte pour l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Elle est injecteacutee

par le systegraveme de seringue refroidie ioniseacutee par eacutelectrospray et fragmenteacutee par ECD dans la

cellule ICR

108

Alpha3 dans des conditions natives Arrecirct de la reacuteaction

H2O pH 25 et 0degC

Dilution dans D2O

NaCl 330 mM

Incubation

Temps variables

1 Dessalage

2 Eacutelution dans H2OACNAF2Alpha3 deuteacutereacutee dans le solvant pour ESI

ECD

Fig III 5 Scheacutema de notre protocole optimiseacute pour lrsquoeacutetude drsquoaIF2α3 en HDXMS par

analyse laquo top-down raquo

Pour eacuteviter l‟eacutetape de dessalage et optimiser encore plus le protocole nous avons fait de

nombreux essais pour essayer de remplacer les sels non volatils par des sels volatils

compatibles avec une analyse par ESI mais dans tous les cas la proteacuteine a preacutecipiteacute ou sest

deacutegradeacutee

III213 Instruments utiliseacutes

Les fragmentations par ECD ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur des spectromegravetres de masse de type FT-

ICR Les premiegraveres expeacuteriences ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur un spectromegravetre APEX III qui nest pas

eacutequipeacute dun quadripocircle de seacutelection avant la cellule ICR puis sur un APEX-Qe disponible agrave

Orsay (P Maicirctre Laboratoire de Chimie Physique) Les diffeacuterences majeures entre les deux

instruments sont la preacutesence dun quadripocircle sur lAPEX-Qe permettant de reacutealiser la

seacutelection d‟ions preacutecurseurs avant leur entreacutee dans la cellule ICR la preacutesence dlaquo ion

funnels raquo (qui ameacuteliorent la sensibiliteacute de linstrument) et la source dionisation (Apollo I sur

lAPEX III Apollo II sur lAPEX-Qe)

Les expeacuteriences ETD ont quant agrave elles eacuteteacute effectueacutees sur un instrument LTQ Orbitrap

Velos (Thermo Scientific) en collaboration avec la plateforme proteacuteomique de Paris 7 dirigeacutee

par Jean-Michel Camadro

Les expeacuteriences CID ont eacuteteacute obtenues sur un spectromegravetre de masse Q-ToF Premier

(Waters) installeacute au laboratoire DCMR

109

III22 Fragmentation par ECD

III221 Analyse de la sous-uniteacute aIF2α3

III2211 Spectre de masse

Le spectre de masse d‟aIF2α3 dont la masse monoisotopique est 10422985 Da a eacuteteacute

obtenu apregraves ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes (Fig III 6)

aiF2alpha3ss1 +MS

0

2

4

6

8

6x10

Intens

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+7H]7+

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+6H]6+

mz

Intensx106

Fig III 6 Spectre MS drsquoaIF2α3 enregistreacute sur notre instrument FT-ICR APEX III

III2212 Reacutesultats obtenus en ECD

Expeacuteriences reacutealiseacutees sur l‟APEX III du DCMR

La premiegravere eacutetape a consisteacute agrave optimiser les paramegravetres pour l‟ECD afin d‟obtenir la plus

grande couverture de seacutequence possible pour cette proteacuteine de 10 kDa sans eacutechange HD

Pour cela nous avons tout d‟abord utiliseacute une autre petite proteacuteine l‟ubiquitine (86 kDa)

pour optimiser lensemble des paramegravetres expeacuterimentaux

110

Lors de la thegravese de M Duchateau (15) notre eacutequipe a montreacute que la fragmentation par

ECD d‟aIF2α3 eacutetait beaucoup plus efficace sans seacutelection d‟un eacutetat de charge Nous avons

donc proceacutedeacute de la mecircme maniegravere

Pour l‟ubiquitine les spectres ECD les plus informatifs ont eacuteteacute obtenus avec une cathode

chauffeacutee agrave 16 A et une irradiation par des eacutelectrons de 09 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 80

ms Nous utilisons eacutegalement la technique de pieacutegeage dynamique des ions dans la cellule

afin de maximiser la quantiteacute d‟ions accumuleacutes avant la fragmentation ECD En effet la

qualiteacute des spectres ECD deacutepend en grande partie de lintensiteacute des ions preacutecurseurs et il

existe un veacuteritable seuil pour le nombre dions pour obtenir des spectres ECD de qualiteacute Le

pourcentage de couverture de seacutequence ainsi obtenu est de 68 Pour obtenir un reacutesultat

similaire avec aIF2α3 l‟eacutenergie cineacutetique des eacutelectrons a eacuteteacute augmenteacutee jusqu‟agrave 2 eV

Les proteacuteines marqueacutees sont introduites dans le spectromegravetre de masse par le systegraveme de

seringue refroidie qui est deacutecrit dans le Chap IV Afin de minimiser l‟eacutechange inverse en

solution l‟analyse ne doit pas exceacuteder dix minutes Dans ce laps de temps relativement court

deux cents scans sont accumuleacutes par spectre ECD

L‟analyse du spectre ECD d‟aIF2α3 reacutealiseacute sans seacutelection d‟eacutetat de charge permet

l‟identification d‟un total de 83 ions fragments correspondant agrave 39 ions c et 44 ions z dont 18

paires d‟ions compleacutementaires Cela se traduit par un tregraves bon pourcentage de couverture de

seacutequence de 706 (Fig III 7) L‟identification des ions fragments b et y permet d‟ameacuteliorer

leacutegegraverement la couverture de seacutequence en augmentant le pourcentage de 55 (1 ion b et 4 ions

y suppleacutementaires pour lesquels il n‟y a pas d‟ions c et z correspondants) atteignant donc la

valeur de 761

111

aIF2a3_noHD_ECD_000008d +MS

0

1

2

3

4

5

7x10

Intens

400 600 800 1000 1200 1400 1600 mz

~ ~

~

~

~

~

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+9H]9+ [M+8H]8+

[M+7H]7+

~[M+6H]6+

250 300 350 400 450 500 550 mz0

1

2

3

4

5

6

6x10

Intens

+MS

z2+

z3+

z4+ z5

+

c2+

c3+

c4+

Intens

mz

Fig III 7 Spectre ECD drsquoaIF2α3 obtenu sans seacutelection drsquoeacutetat de charge sur un instrument

FT-ICR APEX III et sa couverture de seacutequence associeacutee Un agrandissement de la reacutegion mz

250-550 a eacuteteacute ajouteacute montrant la complexiteacute du spectre

Des problegravemes de stabiliteacute du signal et de sensibiliteacute sont apparus au cours de ces

expeacuteriences ECD il arrivait freacutequemment que le taux de fragmentation diminue brutalement

sans raison apparente au cours d‟une cineacutetique d‟eacutechange Pour pouvoir poursuivre nos

expeacuteriences nous avons deacutecideacute de continuer nos travaux sur l‟APEX-Qe accessible agrave

l‟Universiteacute Paris-Sud Une reacute-optimisation des paramegravetres pour l‟ECD a donc eacuteteacute neacutecessaire

car cet instrument nest pas le mecircme que celui du DCMR et notamment le fait que les sources

dionisation soient diffeacuterentes nous laissait agrave penser que des ajustements au moins au niveau

de la source seraient neacutecessaires (voir Chap II)

Expeacuteriences reacutealiseacutees sur l‟APEX-Qe du Laboratoire de Chimie Physique agrave Orsay

Pour aIF2α3 les nouveaux paramegravetres optimiseacutes pour maximiser la couverture de

seacutequence obtenue en ECD ont eacuteteacute les suivants une cathode agrave 18 A et une irradiation par des

eacutelectrons de 17 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 10 ms Contrairement aux expeacuteriences

reacutealiseacutees sur l‟APEX III nous n‟avons pas utiliseacute la technique de pieacutegeage dynamique des

ions En effet un gain de sensibiliteacute a eacuteteacute apporteacute par les laquo ion funnels raquo Dans ces conditions

expeacuterimentales l‟analyse du spectre ECD a permis l‟identification d‟un total de 59 ions

112

fragments correspondant agrave 19 ions c et 40 ions z dont 3 paires d‟ions compleacutementaires Le

pourcentage de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 608 (Fig III 8)

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

00

05

10

15

20

7x10

Intens

400 600 800 1000 1200 1400 1600 mz

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+9H]9+[M+8H]8+

[M+7H]7+

[M+6H]6+

[M+13H]13+

~

~

~

~~

~

~

~

mz

Intensx107

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

250 300 350 400 450 500 550 mz

z2+

c2+

z3+

c3+

z4+

z5+

c4+

Fig III 8 Spectre ECD drsquoaIF2α3 obtenu sans seacutelection drsquoeacutetat de charge sur un instrument

FT-ICR APEX-Qe La couverture de seacutequence correspondante agrave la fragmentation et

lrsquoagrandissement de la reacutegion mz 250-550 sont eacutegalement montreacutes

Si l‟on compare les deux spectres ECD ci-dessus une meilleure efficaciteacute de fragmentation

a eacuteteacute obtenue sur l‟APEX III permettant d‟avoir une meilleure reacutesolution en ce qui concerne la

zone [20-55] correspondant agrave la partie de la proteacuteine aIF2α3 qui se retrouve en contact avec la

sous-uniteacute γ lorsque leur association est effective Neacuteanmoins la fragmentation ECD de la

proteacuteine sur l‟APEX-Qe permet aussi d‟avoir un bon pourcentage de couverture de seacutequence

pour deacuteterminer des cineacutetiques d‟eacutechange HD par acide amineacute notamment au niveau des

extreacutemiteacutes

113

III2213 Reacutesultats en HDXECD

L‟eacutetape suivante a consisteacute agrave combiner les eacutechanges HD et la fragmentation par ECD

Pour cela nous avons mis en application notre protocole de marquage pour un temps

d‟incubation dans D2O d‟une heure (Fig III 5)

L‟observation des spectres ECD apregraves eacutechange HD montre que les massifs isotopiques

avec l‟incorporation de deuteacuteriums se deacuteplacent vers des rapports masse sur charge plus

importants tout en s‟eacutelargissant car lincorporation progressive de deuteacuteriums ajoute des pics

isotopiques dans le massif (Fig III 9) La premiegravere conseacutequence agrave cet eacutelargissement est que

l‟intensiteacute totale du signal obtenu pour un ion fragment est reacutepartie sur un nombre plus grand

de pics composant le massif Il en reacutesulte une diminution de l‟intensiteacute globale du signal

pouvant entraicircner une perte de deacutetection Dans ce contexte le nombre de fragments pouvant

ecirctre interpreacuteteacutes de maniegravere correcte car lenveloppe isotopique preacutesente une intensiteacute

suffisante diminue par rapport agrave lexpeacuterience sans deuteacuterium Parfois mecircme certains

fragments disparaissent complegravetement dans le bruit de fond contribuant agrave son augmentation

En effet les ions fragments c et z de faible intensiteacute avant l‟eacutechange ne sont plus deacutetectables

dans les spectres apregraves eacutechange Une autre conseacutequence de l‟eacutelargissement des massifs

isotopiques ayant incorporeacute des deuteacuteriums est leur superposition compliquant aussi fortement

l‟analyse des reacutesultats Plus le nombre de fragments est grand et moins il est facile de suivre

l‟incorporation des deuteacuteriums Par ailleurs pour les hauts rapports mz on note eacutegalement

l‟apparition de pics intenses agrave toutes les uniteacutes de masse perturbant davantage l‟interpreacutetation

des reacutesultats Ce pheacutenomegravene indeacutesirable reacutesultant de la recapture successive d‟un eacutelectron

avait eacutegalement eacuteteacute observeacute lors de la thegravese de M Duchateau (15) Une solution pour le

limiter a eacuteteacute d‟optimiser au maximum le temps d‟irradiation par des eacutelectrons pour eacuteviter les

recaptures successives tout en obtenant suffisamment de fragmentations (eacutenergie cineacutetique

des eacutelectrons de 17 eV pendant 10 ms)

114

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

000

025

050

075

100

125

7x10

Intens

870 872 874 876 878 880 882 884 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

6x10

870 872 874 876 878 880 882 884 mz

[M+12H]12+

[M+12H]12+

z324+

z324+

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

4

5x10

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

z10+

z10+

Fig III 9 Comparaison des spectres ECD drsquoaIF2α3 sans HDX (en bleu) et avec HDX t=1h

(en rouge) Agrandissements des reacutegions du spectre mz 869-884 (a) et mz 1080-1150 (b)

L‟analyse des spectres ECD montre donc une perte importante de sensibiliteacute apregraves eacutechange

HD essentiellement pour les hauts rapports mz La conseacutequence immeacutediate est une

diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence apregraves eacutechange HD ce qui n‟est pas

favorable pour obtenir une bonne reacutesolution Nous avons identifieacute au total 43 ions fragments

correspondant agrave 23 ions c et 20 ions z dont une paire d‟ions compleacutementaires Le pourcentage

de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 456 (Fig III 10)

(a)

(b)

115

Fig III 10 Couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 apregraves eacutechange HD suivi drsquoune fragmentation

par ECD

Lanalyse de la Fig III 10 montre clairement que si lanalyse des petits fragments

(extreacutemiteacutes N- et C-terminales) ne pose pas de problegraveme lanalyse dions fragments plus gros

correspondant agrave une rupture plutocirct au niveau du milieu de la seacutequence polypeptidique est

bien plus probleacutematique A la diffeacuterence de l‟APEX III en pieacutegeage dynamique il semble que

sur l‟APEX-Qe la capaciteacute de pieacutegeage du piegravege hexapolaire soit limitante et ne permette pas

d‟accumuler autant d‟ions dans la cellule Pour eacuteviter ce problegraveme il faudrait pouvoir

accumuler plus de temps pour faire sortir les pics peu intenses du bruit de fond (mais ce nest

pas possible avec notre systegraveme de seringue refroidie car leacutechange inverse devient trop grand

au bout de 10 minutes) Une autre solution agrave ce problegraveme aurait pu eacutegalement ecirctre une

augmentation du champ magneacutetique qui aurait permis d‟augmenter la gamme dynamique

ainsi que la vitesse de balayage

III2214 Analyse des donneacutees

L‟extraction des donneacutees est reacutealiseacutee agrave partir du logiciel Data Analysis (Bruker Daltonics)

L‟analyse des spectres de fragmentation MSMS est effectueacutee entiegraverement manuellement ce

qui la rend longue et fastidieuse

La premiegravere eacutetape de l‟analyse consiste agrave identifier les ions fragments c et z preacutesents dans

le spectre enregistreacute avant l‟eacutechange HD Une liste de pics est alors geacuteneacutereacutee Elle contient

tous les pics des massifs isotopiques correspondant aux ions fragments identifieacutes Cette liste

reacutepertorie le rapport mz et l‟intensiteacute de chaque pic A partir de celle-ci les masses moyennes

pondeacutereacutees des fragments n‟ayant pas incorporeacute de deuteacuteriums sont calculeacutees Il s‟agit ensuite

de proceacuteder de la mecircme maniegravere pour les fragments ayant incorporeacute des deuteacuteriums apregraves

eacutechange Pour la seacuteparation des massifs isotopiques eacutelargis et la deacutetermination de leur masse

moyenne pondeacutereacutee la preacutecision sur la mesure de masse et la reacutesolution de l‟instrument sont

deux critegraveres essentiels Afin de cartographier les eacutechanges isotopiques des hydrogegravenes

d‟amide le choix de spectromegravetres de masse agrave tregraves haute reacutesolution (FT-ICR et Orbitrap) est

116

justifieacute Enfin le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour chaque ion fragment peut ecirctre

deacutetermineacute Il est obtenu en faisant la diffeacuterence entre la masse moyenne pondeacutereacutee d‟un ion

fragment donneacute apregraves eacutechange isotopique avec celle obtenue sans eacutechange et en multipliant

par la charge Le taux de deuteacuteration correspondant est deacuteduit en divisant le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par le nombre d‟hydrogegravenes d‟amide eacutechangeables (multiplieacute par cent)

La repreacutesentation la plus directe des reacutesultats consiste agrave tracer le graphe du nombre total de

deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion fragment en fonction de sa position (numeacutero de reacutesidu)

dans la seacutequence Pour un temps d‟incubation de la proteacuteine dans D2O donneacute deux graphes

peuvent alors ecirctre reacutealiseacutes correspondant agrave l‟analyse des deux seacuteries d‟ions c et z (Fig III 11)

La ligne noire repreacutesente une redistribution statistique dans la seacutequence de tous les deuteacuteriums

incorporeacutes dans la proteacuteine Cette courbe theacuteorique correspond donc agrave l‟incorporation

moyenne en deuteacuteriums pour chaque ion fragment Elle tient compte du contenu maximal de

deuteacuteriums incorporeacutes par la proteacuteine Dans le cas que nous preacutesentons qui correspond agrave un

temps d‟incubation d‟une heure dans D2O la proteacuteine intacte eacutetait marqueacutee agrave 61 Chaque

point de la ligne noire correspond donc agrave une incorporation de 061 deuteacuterium par reacutesidu Les

deacutecrochements de la courbe sont dus agrave la preacutesence de proline dans la seacutequence de la proteacuteine

qui est le seul acide amineacute qui ne possegravede pas de groupement amide N-H de liaison Si notre

expeacuterience avait abouti agrave un reacutearrangement total des deuteacuteriums sur les hydrogegravenes d‟amide le

long de la chaicircne peptidique tous les points expeacuterimentaux en rose et en bleu se situeraient

sur la courbe noire Or ce n‟est pas le cas Par conseacutequence nous pouvons conclure que nous

n‟avons pas de redistribution aleacuteatoire totale des deuteacuteriums avant fragmentation par ECD

117

c-type fragments (N-terminus)

0

5

10

15

20

25

30

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Numeacutero de reacutesidu

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

0

5

10

15

20

25

30

35

40

0 10 20 30 40 50 60

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Fig III 11 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion

fragment en fonction de son numeacutero de reacutesidu pour les seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure

drsquoincubation dans D2O

Une autre maniegravere de repreacutesenter ces reacutesultats est de tracer le nombre de deuteacuteriums par

reacutesidu (et non plus le nombre cumuleacute de deuteacuteriums le long de la seacutequence) (Fig III 12) Ce

nombre est calculeacute en faisant la diffeacuterence du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour deux

ions fragments conseacutecutifs Par exemple si on considegravere l‟extreacutemiteacute N-terminale le nombre

de deuteacuteriums incorporeacutes par le reacutesidu numeacutero dix a eacuteteacute deacutetermineacute en faisant le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par le fragment c10 moins celui du fragment c9 Le taux de deuteacuteration

obtenu pour ce reacutesidu a eacuteteacute de 68 Lorsqu‟il manquait des ions fragments une moyenne

d‟incorporation des deuteacuteriums entre les deux reacutesidus les plus proches a alors eacuteteacute calculeacutee

Dans ce cas la diffeacuterence du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes pour les deux fragments

correspondants a donc eacuteteacute diviseacutee par le nombre de reacutesidus les seacuteparant Ainsi entre les

reacutesidus 33 et 44 le taux moyen de 70 a eacuteteacute calculeacute en faisant le nombre de deuteacuteriums

incorporeacutes dans c44 moins celui dans c33 diviseacute par 11

118

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Numeacutero de reacutesidu

Fig III 12 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour les

seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure drsquoincubation dans D2O

L‟ensemble des points se situe en dessous de un qui est la valeur maximale de deuteacuteration

attendue correspondant exactement agrave l‟incorporation d‟un deuteacuterium par hydrogegravene d‟amide

Plus le taux de deuteacuteration s‟eacuteloigne de la valeur de un plus la zone correspondante de la

proteacuteine est structureacutee Inversement plus le taux est proche de un moins la proteacuteine est

structureacutee Ces reacutesultats peuvent donc ecirctre exploiteacutes pour obtenir des informations structurales

sur la sous-uniteacute α3 du complexe d‟initiation de la traduction aIF2 chez Sulfolobus

solfataricus Ils ont eacuteteacute reporteacutes sur la structure primaire d‟aIF2α3 dans laquelle des eacuteleacutements

de structure connus (heacutelices feuillets et boucles) ont eacuteteacute indiqueacutes (Fig III 13) Les zones en

bleu caracteacuteriseacutees par une incorporation faible de deuteacuteriums indiquent une zone tregraves

structureacutee de la proteacuteine Le passage de bleu agrave rouge (avec des zones intermeacutediaires en vert

jaune ou orange) montre des segments de la proteacuteine de moins en moins structureacutes

119

Fig III 13 Repreacutesentation scheacutematique sur la structure primaire et secondaire drsquoaIF2α3 du

nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par reacutesidu Ce nombre a eacuteteacute calculeacute agrave partir des taux de

deuteacuteration drsquoions fragments conseacutecutifs ou proches pour les seacuteries c et z apregraves une heure

drsquoincubation de la proteacuteine dans D2O

Malgreacute la diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence apregraves eacutechange HD des

informations de structure sont deacuteduites sur une grande partie de la proteacuteine Une reacutesolution agrave

l‟acide amineacute pregraves est principalement obtenue au niveau des extreacutemiteacutes et dans des zones non

structureacutees de la proteacuteine Notons que la zone pour laquelle agrave la fois des ions c et z sont

obtenus preacutesente une parfaite correacutelation entre nos reacutesultats ce qui constitue une validation

suppleacutementaire de notre approche Neacuteanmoins nous n‟observons pas toujours une tregraves bonne

correacutelation entre les taux d‟incorporation des deuteacuteriums que nous avons calculeacutes et les

eacuteleacutements structuraux proposeacutes par la cristallographie et notamment en ce qui concerne la

zone [20-55] Cette zone qui comprend l‟heacutelice α1 le feuillet β2 et le deacutebut du feuillet β3

correspond agrave la partie de la proteacuteine qui interagit avec la sous-uniteacute γ lorsqu‟il y a formation

du complexe

Il est eacutegalement possible de suivre l‟incorporation de deuteacuteriums dans la proteacuteine entiegravere

ou au niveau des ions fragments au cours du temps en reacutealisant des cineacutetiques d‟eacutechange HD

En faisant varier le temps d‟incubation de la proteacuteine dans D2O il est alors possible

d‟obtenir diffeacuterents points de cineacutetique et donc de tracer une courbe de cineacutetique

d‟incorporation des deuteacuteriums (Fig III 14) Elle nous renseigne sur la vitesse

d‟incorporation des deuteacuteriums dans la proteacuteine et sur le taux de deuteacuteration maximal atteint

120

Dans le cas de la proteacuteine aIF2α3 la vitesse d‟eacutechange HD est tregraves rapide Un plateau est

atteint degraves trente minutes d‟incubation correspondant agrave un marquage maximal d‟environ 66

0

20

40

60

80

100

0 500 1000 1500

d

eu

teri

ation

Time (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

3710242568m1

0018179008279m2

3538122127m3

2287919802m4

NA15165Chisq

NA098423R

Temps (minutes)

Po

urc

enta

ge

de

deu

teacutera

tio

n

Fig III 14 Cineacutetique drsquoincorporation des deuteacuteriums pour la proteacuteine entiegravere

Les vitesses d‟eacutechange pour les diffeacuterents ions fragments peuvent eacutegalement ecirctre traceacutees

(Fig III 15) Une autre maniegravere simple (autre que celle discuteacutee dans III2214) de s‟assurer

qu‟il n‟y a pas eu un reacutearrangement aleacuteatoire total des deuteacuteriums le long de la chaicircne

peptidique est de veacuterifier que les pourcentages de deuteacuteration observeacutes pour les ions

fragments c et z de mecircme taille ne sont pas identiques En effet deux cineacutetiques d‟eacutechange

identiques pour des ions fragments c et z comportant le mecircme nombre d‟hydrogegravenes

eacutechangeables seraient la signature d‟une redistribution aleacuteatoire totale des deuteacuteriums ayant

eu lieu avant la formation de ces ions

0

10

20

30

40

50

60

0 500 1000 1500

c13

2+

d

euteacute

ratio

n

Temps (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

9193319575m1

0053075008066m2

9422930195m3

045244084732m4

NA12581Chisq

NA097786R

0

10

20

30

40

50

60

70

0 500 1000 1500

z13

2+

d

euteacute

ratio

n

Temps (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

1007264506m1

3463903455m2

11624-095451m3

095437m4

NA93538Chisq

NA099061R

Fig III 15 Cineacutetique drsquoincorporation des deuteacuteriums pour les ions fragments c13 et z13

dichargeacutes

121

Nous avons donc geacuteneacutereacute un important jeu de donneacutees par la reacutealisation d‟une cineacutetique

d‟eacutechange HD combineacutee agrave une fragmentation par ECD Nous avons montreacute que notre

approche permettait de limiter la redistribution aleacuteatoire des deuteacuteriums le long de la chaicircne

peptidique en phase gazeuse et d‟obtenir des informations de structure sur une grande partie

de la proteacuteine Neacuteanmoins la comparaison de nos reacutesultats de HDX avec les donneacutees obtenues

par cristallographie montre des diffeacuterences que l‟on peut peut-ecirctre expliquer par le fait que les

donneacutees de cristallographie sont issues du complexe (16) La proteacuteine adopterait une

conformation particuliegravere (en heacutelice et feuillets) lorsqu‟elle serait en interaction avec la sous-

uniteacute γ afin de stabiliser la formation du complexe tandis qu‟en absence de son partenaire

proteacuteique elle resterait deacutestructureacutee Une analyse du sous-complexe aIF2α3γ permettra de

confirmer cette hypothegravese

En conclusion nos reacutesultats sont encourageants mais ils doivent eacutegalement ecirctre ameacutelioreacutes

pour que nous puissions obtenir des cineacutetiques d‟eacutechange HD par acide amineacute pour une

grande partie de la proteacuteine qui nous permettraient de distinguer tregraves nettement des zones

structureacutees de segments deacutesordonneacutes

III222 Analyse du sous-complexe aIF2α3γ

III2221 Optimisation du protocole drsquoanalyse

La premiegravere eacutetape a consisteacute agrave optimiser les paramegravetres de source et la concentration de

l‟eacutechantillon proteacuteique afin d‟obtenir une bonne intensiteacute du signal sur l‟APEX-Qe Alors que

la proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute analyseacutee agrave la concentration de 57 microM une concentration de 74 microM

apregraves laquo quench raquo et deacutenaturation a eacuteteacute neacutecessaire agrave l‟obtention d‟un spectre de masse aussi

intense que celui qui avait eacuteteacute obtenu pour la proteacuteine seule De plus nous avons reacutegleacute

l‟instrument pour maximiser l‟observation de la sous-uniteacute α3 en particulier via les reacuteglages

du quadripocircle de l‟instrument car nous avions deacutejagrave un jeu de donneacutees sur cette proteacuteine Le

spectre de masse d‟aIF2α3 en complexe avec γ ainsi obtenu est donneacute dans la Fig III 16

122

aIF2a3g_ss_noHD_000003d +MS

0

1

2

3

4

7x10

Intens

200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz

[M+13H]13+

[M+12H]12+

[M+11H]11+

[M+10H]10+

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+7H]7+[M+14H]14+

mz

Intensx107

Fig III 16 Spectre MS drsquoaIF2α3 en complexe avec γ avant eacutechange HDX obtenu sur lrsquoAPEX-

Qe avec maximisation de lrsquointensiteacute de la sous-uniteacute α3

Dans une deuxiegraveme eacutetape les paramegravetres ECD ont eacuteteacute optimiseacutes pour obtenir la plus

grande couverture de seacutequence possible pour la sous-uniteacute α3 en complexe avec γ avant

l‟ajout de l‟eacutetape d‟eacutechange HD Le meilleur pourcentage de couverture de seacutequence obtenu

a eacuteteacute d‟environ 40 avec les paramegravetres suivants une cathode agrave 18 A et une irradiation par

des eacutelectrons de 1 eV d‟eacutenergie cineacutetique pendant 35 ms Le spectre ECD correspondant est

donneacute dans la Fig III 17

aIF2a3g_ss_noHD_000005d +MS

0

1

2

3

6x10

Intens

200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 mzmz

Intensx106

Fig III 17 Spectre ECD drsquoaIF2α3 en complexe avec γ avant eacutechange HD enregistreacute sur

lrsquoAPEX-Qe

123

Finalement le complexe a eacuteteacute analyseacute par HDXECD Le protocole de marquage du

complexe aIF2α3γ est identique agrave celui utiliseacute pour la proteacuteine α3 seule Le principe est

rappeleacute dans la Fig III 18 La fragmentation ECD est reacutealiseacutee sur la sous-uniteacute α3 apregraves

diffeacuterents temps d‟incubation du complexe α3γ dans D2O

Fig III 18 Scheacutema de notre protocole optimiseacute pour lrsquoeacutetude de la sous-uniteacute alpha3 en

complexe avec gamma (aIF2α3γ) en HDXMS par analyse laquo top-down raquo ECD

III2222 Reacutesultats obtenus en HDXECD

L‟incorporation des deuteacuteriums dans la proteacuteine aIF2α3 en complexe avec γ a eacuteteacute suivie au

cours du temps et compareacutee agrave celle qui avait eacuteteacute obtenue pour la sous-uniteacute α3 seule (Fig III

19) Les deux courbes de cineacutetique d‟eacutechange HD preacutesentent la mecircme allure Neacuteanmoins

une diffeacuterence notable au niveau du taux maximal de deuteacuteration a eacuteteacute mise en eacutevidence

apregraves association de la proteacuteine En effet lorsque la proteacuteine a eacuteteacute complexeacutee la valeur

maximale atteinte a diminueacute d‟environ 20 passant de 66 (pour la proteacuteine seule) agrave 48

(pour la proteacuteine en complexe) Ce reacutesultat est encourageant dans la mesure ougrave l‟on attend une

baisse de la deuteacuteration pour α3 apregraves son association avec γ En effet une diminution des

vitesses d‟eacutechange HD est attendue dans la zone d‟interaction des deux sous-uniteacutes

124

0

20

40

60

80

100

0 500 1000 1500

Sous uniteacute alpha3 seulSous uniteacute alpha3 en complexe

d

eu

teriatio

n

Time (min)

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

3710242568m1

0018179008279m2

3538122127m3

2287919802m4

NA15165Chisq

NA098423R

y = m1(1-exp(-m2M0))+m3(1

ErrorValue

5657830388m1

00240560048802m2

5050216726m3

5630328684m4

NA43553Chisq

NA091987R

Temps (minutes)

Pourc

enta

ge

de

deu

teacutera

tion

Fig III 19 Cineacutetiques drsquoincorporation des deuteacuteriums pour la sous-uniteacute alpha3 seule

(aIF2α3 courbe en noir) et en complexe avec gamma (aIF2α3γ courbe en rouge)

Nous nous sommes ensuite inteacuteresseacutes aux diffeacuterences locales d‟incorporation des

deuteacuteriums pour la proteacuteine en complexe que nous avons compareacutees agrave celles qui avaient eacuteteacute

obtenues pour la proteacuteine seule (Fig III 12) afin de deacuteterminer la surface d‟interaction Pour

cela nous avons repreacutesenteacute comme nous l‟avions fait pour la proteacuteine seule (III2214) le

nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par fragments en fonction du numeacutero de reacutesidu

correspondant ainsi que le nombre de deuteacuteriums par acide amineacute calculeacute agrave partir des ions des

deux seacuteries c et z Les reacutesultats sont preacutesenteacutes dans les Fig III 20 et Fig III 21

Ainsi nous avons pu constater que nous n‟avions toujours pas de redistribution aleacuteatoire

totale des deuteacuteriums avant fragmentation par ECD car l‟incorporation des deuteacuteriums le long

de la seacutequence ne suit pas la moyenne statistique (Fig III 20)

0

2

4

6

8

10

12

14

0 5 10 15 20 25 30 35

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Numeacutero du reacutesidu

Ions fragments c

Fig III 20 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion c issu

de la fragmentation ECD drsquoaIF2α3 en fonction de son numeacutero de reacutesidu apregraves une heure

drsquoincubation du complexe aIF2α3γ dans D2O

125

De plus en comparant le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour α3 seule

et α3 en complexe avec γ on a pu mettre en eacutevidence des zones de la proteacuteine qui

eacutechangeaient moins rapidement (flegraveches descendantes Fig III 21) dans le cas de

l‟association des sous-uniteacutes Les graphes montrent eacutegalement des segments peptidiques qui

ont un taux d‟eacutechange plus important (flegraveches ascendantes) ou similaire (signes eacutegal) dans la

proteacuteine en complexe par rapport agrave la proteacuteine seule

Nous avons ensuite repreacutesenteacute les diffeacuterences de deuteacuteration obtenues par reacutesidu ou

segment peptidique entre la proteacuteine α3 seule et en complexe avec γ (deacutetermineacutees agrave partir de

Fig III 21) sur la structure tridimensionnelle de la proteacuteine (Fig III 22) afin d‟eacutemettre des

hypothegraveses quant agrave la maniegravere dont les sous-uniteacutes se lient entre elles Les reacutesultats montrent

que l‟ensemble de la proteacuteine semble voir la vitesse d‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide

modifieacutee dans le complexe et qu‟il n‟est pas possible de localiser preacuteciseacutement de surface

d‟interaction On notera en particulier que la reacuteduction de vitesse d‟eacutechange aurait pu donner

la zone de contact par une baisse d‟accessibiliteacute mais que la reacuteduction de la vitesse d‟eacutechange

peut aussi ecirctre lieacutee agrave des changements conformationnels ou agrave des variations de la dynamique

de la sous-uniteacute α3 en complexe avec γ

126

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Numeacutero de reacutesidu

No

mbre

de

deu

teacuteri

um

s

0

02

04

06

08

1

0 10 20 30 40 50

Numeacutero de reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

Fig III 21 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute pour les

seacuteries drsquoions c et z apregraves une heure drsquoincubation dans D2O Les reacutesultats obtenus pour la

sous-uniteacute alpha3 seule (aIF2α3 points en noir) sont compareacutes agrave ceux de la sous-uniteacute

alpha3 en complexe avec gamma (aIF2α3γ points en rouge)

Sous-uniteacute 3

N-ter

Heacutelice 2

C-ter

Heacutelice 1

D

Sous-uniteacute

Sous-uniteacute

Fig III 22 Structure tridimensionnelle du complexe aIF2αβγ de S solfataricus obtenu par

cristallographie (16) Zoom sur la sous-uniteacute α3 sur laquelle ont eacuteteacute reporteacutees les diffeacuterences

de deuteacuteration entre la proteacuteine seule et en complexe

127

Nous avons ensuite voulu comparer l‟ETD agrave l‟ECD en termes de sensibiliteacute rapiditeacute et

efficaciteacute de fragmentation avec pour objectif de gagner en reacutesolution spatiale Pour cela nous

avons fragmenteacute en ETD la proteacuteine aIF2α3 et compareacute ces reacutesultats agrave ceux obtenus

auparavant en ECD

III23 Fragmentation par ETD

III231 Spectre de masse

Comme indiqueacute preacuteceacutedemment ces expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse ont eacuteteacute

reacutealiseacutees sur un instrument de type Orbitrap (Fig III 23) Le spectre de masse d‟aIF2α3 a eacuteteacute

obtenu apregraves infusion directe via le systegraveme de seringue refroidie de la proteacuteine agrave la

concentration de 57 microM et apregraves son ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes

[M+9H]9+

[M+8H]8+

[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

Fig III 23 Spectre MS drsquoaIF2α3 obtenu sur un spectromegravetre de masse LTQ Orbitrap Velos

apregraves ionisation eacutelectrospray dans des conditions deacutenaturantes

128

III232 Reacutesultats obtenus en ETD

Nous avons observeacute le mecircme pheacutenomegravene en ETD qu‟en ECD la couverture de seacutequence

obtenue apregraves seacutelection d‟un eacutetat de charge particulier est moins bonne que celle obtenue sans

seacutelection Le problegraveme est que si on peut travailler sans seacutelection sur le FT-ICR ce nest pas

le cas pour lOrbitrap Nous avons eacutegalement constateacute que comme en ECD le nombre d‟ions

fragments deacutetecteacute eacutetait lieacute agrave l‟eacutetat de charge seacutelectionneacute de la proteacuteine mecircme si une meilleure

couverture de seacutequence est obtenue sans seacutelection Il est classiquement observeacute que plus l‟eacutetat

de charge seacutelectionneacute est important meilleure est la fragmentation En ETD comme en ECD

nous avons observeacute que la fragmentation eacutetait meilleure lorsqu‟un eacutetat de charge pair eacutetait

seacutelectionneacute et qu‟elle eacutetait toujours moins bonne pour les eacutetats de charge impairs Nous avons

donc deacutecideacute de fragmenter en ETD deux eacutetats de charge pairs de la proteacuteine correspondant agrave

l‟eacutetat de charge pair le plus eacuteleveacute et agrave celui le plus intense Dans notre cas les eacutetats de charge

14+ et 12+ ont eacuteteacute seacutelectionneacutes (Fig III 23) pour ecirctre ensuite fragmenteacutes (Fig III 24)

L‟eacutetude des reacutesultats de fragmentation de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 12+ a permis

l‟identification de 51 ions fragments correspondant agrave 29 ions c et 22 ions z dont deux paires

d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de couverture de seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de

533 (Fig III 24 (a)) L‟analyse du spectre ETD de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 14+ a

quant agrave elle reacuteveacuteleacute la preacutesence de 61 ions fragments correspondant agrave 31 ions c et 30 ions z

dont aucune paire d‟ions compleacutementaires Une meilleure couverture de seacutequence avec un

pourcentage de 663 a ainsi eacuteteacute obtenue (Fig III 24 (b)) Afin d‟optimiser le pourcentage

de couverture de seacutequence de la proteacuteine trois temps d‟activation (10 15 et 25 ms) d‟une

minute chacun ont eacuteteacute testeacutes conseacutecutivement Il est apparu que la combinaison de tous les

scans enregistreacutes pendant ces trois minutes de fragmentation ETD a permis d‟obtenir le

meilleur reacutesultat de recouvrement de seacutequence L‟option laquo supplemental activation raquo a eacuteteacute

utiliseacutee Sur la base de ces reacutesultats nous avons donc choisi de fragmenter l‟eacutetat de charge

14+ apregraves eacutechange avec ces trois temps d‟activation

129

1102001-01_3_110105164919 300-536 RT 349-648 AV 237 NL 254E4T FTMS + p ESI sa Full ms2 86974etd1000 [23000-200000]

300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700

mz

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Re

lative

Ab

un

da

nce

1102001-01_3_110105164919 64-296 RT 048-344 AV 233 NL 257E4T FTMS + p ESI sa Full ms2 74564etd1000 [23000-200000]

300 400 500 600 700 800 900 1000 1100 1200 1300 1400 1500 1600 1700

mz

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Re

lative

Ab

un

da

nce

Fig III 24 Spectre ETD de la sous-uniteacute aIF2α3 seule sans eacutechange HD avec seacutelection de

lrsquoeacutetat de charge 12+ (a) et 14+ (b) et leur couverture de seacutequence associeacutee

III233 Reacutesultats en HDXETD

L‟eacutetape suivante a consisteacute agrave combiner les eacutechanges HD et la fragmentation par ETD De

la mecircme maniegravere qu‟en ECD nous avons proceacutedeacute au marquage d‟aIF2α3 pendant un temps

d‟incubation dans D2O d‟une heure

L‟analyse du spectre ETD de l‟ion preacutecurseur d‟eacutetat de charge 14+ reacutevegravele eacutegalement apregraves

eacutechange HD une diminution du pourcentage de la couverture de seacutequence agrave 533 (Fig III

25) au lieu de 663 Nous avons identifieacute au total 49 ions fragments correspondant agrave 25 ions

c et 24 ions z dont aucune paire d‟ions compleacutementaires

(a)

(b)

130

Fig III 25 Couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 apregraves eacutechange HD suivi drsquoune fragmentation

par ETD de lrsquoeacutetat de charge 14+

Le nombre de fragments identifieacutes dans les spectres ETD est leacutegegraverement plus important

que celui obtenu par ECD En revanche apregraves eacutechange HD en ETD comme en ECD une

importante perte de sensibiliteacute est observeacutee reacuteduisant consideacuterablement le pourcentage de

couverture de seacutequence (Fig III 26) Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment pour l‟ECD

une des ameacuteliorations agrave ce problegraveme serait d‟augmenter la dureacutee d‟analyse pour pouvoir

accumuler (ou combiner en ETD) un plus grand nombre de scans MSMS afin de faire sortir

les petits pics du bruit de fond Lagrave ougrave en ECD nous avions utiliseacute la totaliteacute des dix minutes

d‟analyse autoriseacutees avec le systegraveme de seringue refroidie avant que le laquo back-exchange raquo

devienne un problegraveme majeur en ETD en revanche seulement trois minutes de

fragmentation ont eacuteteacute reacutealiseacutees Ces expeacuteriences HDX eacutetant preacuteliminaires il conviendra par la

suite de profiter des dix minutes que nous disposons avec le systegraveme de seringue refroidie

pour reacutealiser la fragmentation ETD

Neacuteanmoins ces reacutesultats nous ont paru encourageants pour lutilisation de lETD plutocirct que

lECD pour ces approches laquo top-down raquo HDX car lETD est disponible sur un nombre de

spectromegravetres de masse bien plus important que lECD qui reste speacutecifique des FT-ICR

131

aIF2a3_ss_noHD_000002d +MS

0

1

2

3

4

5

6x10

Intens

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

aIF2_a3ss_HD_000003d +MS

0

1

2

3

4

5x10

1080 1090 1100 1110 1120 1130 1140 mz

z10+

z10+

1102001-02_110111172633 11012011 172634ion transfer tube closed

1102001-02_110111172633 233-453 RT 180-470 AV 221 NL 220E3T FTMS + p ESI sa Full ms2 74973etd1000 [25000-200000]

1080 1085 1090 1095 1100 1105 1110 1115 1120 1125 1130 1135 1140 1145

mz

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

55

60

65

70

75

80

85

90

95

100

Rela

tive

Abun

danc

e

11206548

11186450

11226640

11046457

1093632811446618

1132659511096422

1137659710876289

11406533

10849925

11256479

1128648611026351

11111505

10896333

11166401

10986460

10951423

Fig III 26 Comparaison des spectres ECD (en rouge) et ETD (en noir) drsquoaIF2α3 apregraves une

heure drsquoincubation de la proteacuteine dans D2O Agrandissements des reacutegions du spectre mz

1080-1150 En bleu le spectre ECD de la proteacuteine sans eacutechange HD

III234 Analyse de donneacutees et comparaison avec les reacutesultats drsquoECD

L‟extraction des donneacutees est reacutealiseacutee agrave partir du logiciel Xcalibur (Thermo Scientific) La

fenecirctre du logiciel peut ecirctre diviseacutee en trois parties correspondant au chromatogramme au

spectre de masse et agrave la liste de pics associeacutes (Fig III 27) Le spectre ETD de l‟ion preacutecurseur

d‟eacutetat de charge 14+ agrave eacuteteacute geacuteneacutereacute agrave partir du chromatogramme Comme nous l‟avons vu

preacuteceacutedemment (III232) il reacutesulte de la combinaison des reacutesultats obtenus pour trois temps

d‟activation (10 15 et 25 ms) et correspond agrave une dureacutee d‟analyse d‟environ trois minutes

Les reacutesultats ETD peuvent eacutegalement ecirctre preacutesenteacutes sous forme d‟une liste de pics associant

chaque rapport mz d‟un ion agrave son abondance relative dans le spectre

132

[M+14H]14+

Fragmentation ETD (10 15 et 25 ms)

1 min temps d‟activation

RT ~3 min

Chromatogramme

Spectre ETDListe

des pics

Fig III 27 Preacutesentation de la fenecirctre du logiciel Xcalibur pour le traitement des spectres

ETD

Les reacutesultats ETD sont analyseacutes de la mecircme maniegravere qu‟en ECD Les ions fragments sont

identifieacutes dans les spectres sans eacutechange et apregraves eacutechange Leur masse moyenne pondeacutereacutee est

ensuite deacutetermineacutee dans les deux conditions (sans eacutechange et apregraves eacutechange) Le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion fragment est calculeacute en faisant la diffeacuterence de ses deux

masses moyennes pondeacutereacutees et en multipliant le reacutesultat par sa charge Le nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par reacutesidu est finalement deacuteduit par soustraction du nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes par deux ions fragments conseacutecutifs Dans le cas ougrave les ions fragments

ne sont pas conseacutecutifs cette diffeacuterence de deuteacuteriums incorporeacutes est moyenneacutee sur

l‟ensemble des acides amineacutes les seacuteparant Les reacutesultats ETD ont eacuteteacute compareacutes agrave ceux qui

avaient eacuteteacute obtenus par ECD (Fig III 28)

133

0

02

04

06

08

1

12

14

0 10 20 30 40 50Numeacutero de reacutesidu

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Ions fragments z (Analyse de l‟extreacutemiteacute C-ter)

0

02

04

06

08

1

12

14

0 10 20 30 40 50Numeacutero de reacutesidu

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Ions fragments c (Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

Fig III 28 Repreacutesentation du nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par acide amineacute apregraves une

heure drsquoincubation dans D2O Les reacutesultats obtenus en ETD (points en vert) sont compareacutes agrave

ceux obtenus en ECD (points en rose et en bleu respectivement pour les seacuteries drsquoions c et z)

Le taux de deuteacuteration de la proteacuteine entiegravere est de 66 en ECD contre 60 en ETD

Le premier constat agrave l‟issue de l‟analyse des reacutesultats ETD a eacuteteacute l‟obtention de nombres de

deuteacuteriums incorporeacutes supeacuterieurs agrave la valeur maximale attendue (gt 1) pour quelques reacutesidus

Deux hypothegraveses peuvent expliquer ce reacutesultat La premiegravere consiste agrave penser que le lavage

des chaicircnes lateacuterales n‟a pas eacuteteacute total Autrement dit il resterait des deuteacuteriums au niveau des

chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes qui n‟auraient pas eacuteteacute reacute-eacutechangeacutes avant l‟analyse

Cependant nous avons utiliseacute le mecircme protocole de marquage et le mecircme systegraveme

d‟introduction des eacutechantillons pour l‟analyse des eacutechanges isotopiques par ETD par rapport agrave

celle qui avait eacuteteacute reacutealiseacutee en ECD Or de telles valeurs n‟ont pas eacuteteacute obtenues en ECD

Notons ici que dans le cas de l‟analyse des ions z les zones pour lesquelles on obtient des

valeurs anormales en ETD correspondent agrave des reacutegions de la proteacuteine pour lesquelles tregraves peu

134

d‟informations en ECD avaient eacuteteacute extraites (incorporation moyenne de deuteacuteriums sur une

dizaine d‟acides amineacutes) La seconde hypothegravese repose sur le fait qu‟en ETD certains ions

fragments suivis apregraves eacutechange HD n‟auraient pas eacuteteacute correctement attribueacutes Des

expeacuteriences de MSMS sur ces ions fragments (expeacuteriences de MS3) permettraient de

confirmer ou d‟infirmer cette hypothegravese Des essais ont eacuteteacute reacutealiseacutes mais n‟ont

malheureusement pas eacuteteacute concluants La faible intensiteacute des fragments obtenus par MS3 ne

nous a pas permis d‟identifier les ions fragments issus de la MSMS Un problegraveme de fuite au

niveau du montage de seringue refroidie en a eacuteteacute probablement la cause Nous n‟avons pas eu

le temps de reproduire les expeacuteriences

Neacuteanmoins on obtient une relativement bonne correacutelation pour les ions fragments c si on

compare les reacutesultats ETD agrave ceux obtenus en ETD tandis que des diffeacuterences notoires

d‟incorporation des deuteacuteriums par reacutesidu pour les ions fragments z sont observeacutees Les

graphes ne se superposent pas agrave l‟exception de petites zones qui s‟alignent entre elles

III235 Conclusion

Contrairement aux analyses reacutealiseacutees en ECD les expeacuteriences ETD requiegraverent la seacutelection

preacutealable d‟un eacutetat de charge Malgreacute cette contrainte une couverture de seacutequence

leacutegegraverement meilleure a eacuteteacute obtenue en ETD (sans eacutechange et apregraves eacutechange HD) Elle a eacuteteacute

deacuteduite de la combinaison de spectres enregistreacutes pour trois temps d‟activation diffeacuterents (10

15 et 25 ms) correspondant agrave trois minutes de fragmentation au total Les spectres ECD

reacutesultent quant agrave eux de l‟accumulation de scans correspondant agrave la dissociation de la

proteacuteine par un faisceau d‟eacutelectrons d‟eacutenergie cineacutetique et de temps d‟irradiation fixeacutes

pendant dix minutes d‟analyse

Nous avons ensuite deacutecideacute de comparer la fragmentation CID sur des ions preacutecurseurs de

haut eacutetat de charge afin de limiter le laquo scrambling raquo (10) vs les meacutethodes d‟activation par les

eacutelectrons (ECD et ETD)

135

III24 Fragmentation par CID

III241 Analyse de la proteacuteine aIF2α3

III2411 Spectres de masse

La proteacuteine aIF2α3 a eacutegalement eacuteteacute eacutetudieacutee par une approche HDX laquo top-down raquo CID La

premiegravere eacutetape a consisteacute agrave reacutealiser les spectres de masse sans eacutechange et apregraves eacutechange HD

gracircce agrave un instrument de type Q-ToF La proteacuteine deuteacutereacutee a eacuteteacute injecteacutee dans le spectromegravetre

de masse par le systegraveme de seringue refroidie puis ioniseacutee par eacutelectrospray dans des

conditions deacutenaturantes La faible reacutesolution de l‟instrument (Fig III 29) nous a ensuite

obligeacutes agrave veacuterifier les fenecirctres d‟isolation avant la fragmentation par CID Finalement les

eacutenergies de collision ont eacuteteacute optimiseacutees pour chaque eacutetat de charge

Sans eacutechange HD

Apregraves eacutechange HD

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+12H]12+

[M+11H]11+

[M+10H]10+

[M+9H]9+

Fig III 29 Spectres MS drsquoaIF2α3 obtenus sans eacutechange (courbe rouge) et apregraves eacutechange

HD pendant une heure (courbe verte) agrave lrsquoaide drsquoun spectromegravetre de masse Q-ToF Premier

Un agrandissement de lrsquoion preacutecurseur drsquoeacutetat de charge 13+ a eacuteteacute ajouteacute

136

III2412 Reacutesultats obtenus en HDXCID

L‟analyse des spectres CID des ions preacutecurseurs d‟eacutetat de charge 10+ agrave 16+ de la proteacuteine

aIF2α3 dans H2O a permis l‟identification d‟un total de 54 ions fragments correspondant agrave 23

ions b et 31 ions y dont deux paires d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de couverture de

seacutequence obtenu a donc eacuteteacute de 565 (Fig III 30 (a)) Il regroupe l‟ensemble de tous les ions

fragments identifieacutes dans les spectres correspondant agrave la dissociation des diffeacuterents eacutetats de

charge Apregraves incubation de la proteacuteine dans D2O pendant une heure et fragmentation par

CID seulement 20 ions fragments au total ont pu ecirctre suivis correspondant agrave 14 ions b et 6

ions y dont aucune paire d‟ions compleacutementaires Le pourcentage de la couverture de

seacutequence a ainsi eacuteteacute reacuteduit agrave 217 apregraves eacutechange HD (Fig III 30 (b))

b ions y ions Fig III 30 Pourcentages de couverture de seacutequence drsquoaIF2α3 sans eacutechange (a) et apregraves

eacutechange HD (b) obtenus par fragmentation CID des ions preacutecurseurs drsquoeacutetat de charge 10+ agrave

16+

La Fig III 31 illustre la complexiteacute du traitement des donneacutees en CID De la mecircme

maniegravere qu‟en ECD ou en ETD l‟analyse a consisteacute agrave deacuteterminer des masses moyennes

pondeacutereacutees d‟ions fragments La reacutesolution relativement faible de l‟instrument ainsi que la

faible abondance de certains ions fragments ont contribueacute agrave la diminution du nombre de

fragments pouvant ecirctre suivis apregraves eacutechange HD Ainsi le fragment b375+

a pu ecirctre interpreacuteteacute

dans les spectres de fragmentation par CID des ions preacutecurseurs 12+ agrave 16+ mais pas dans

ceux des eacutetats de charge 10+ et 11+ (Fig III 31) D‟autres (eg y2+ y3

+ y4

+ hellip) n‟ont pu ecirctre

suivis dans aucun des spectres (Fig III 30)

(a)

(b)

137

b375+[M+10H]10+

[M+11H]11+

[M+12H]12+

[M+13H]13+

[M+14H]14+

[M+15H]15+

[M+16H]16+

[M+11H]11+

[M+13H]13+

Fig III 31 Spectres CID des ions preacutecurseurs drsquoeacutetat de charge 10+ agrave 16+ Agrandissement

(a) de la reacutegion mz 832-852 permettant de suivre le massif isotopique de lrsquoion fragment b375+

dans les diffeacuterents eacutetats de charge et (b) du massif isotopique lui-mecircme dans les eacutetats de

charge 11+ et 13+ pour montrer la complexiteacute de lrsquoanalyse

Nous avons ensuite calculeacute le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes par les fragments qu‟il

nous eacutetait possible de suivre apregraves eacutechange HD dans les spectres CID des diffeacuterents eacutetats de

charge Nous avons reporteacute ces valeurs en fonction du numeacutero de reacutesidu dans la seacutequence

(Fig III 32) Rappelons que la ligne noire repreacutesente une redistribution statistique dans la

seacutequence de tous les deuteacuteriums incorporeacutes dans la proteacuteine Il s‟agit donc dune courbe

theacuteorique Elle donne le nombre moyen de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque fragment

calculeacute agrave partir du contenu maximal en deuteacuteriums de la proteacuteine Dans le cas que nous

preacutesentons qui correspond agrave un temps d‟incubation d‟une heure dans D2O la proteacuteine intacte

(a)

(b)

138

eacutetait marqueacutee agrave 57 Chaque point de la ligne noire correspond donc agrave une incorporation de

057 deuteacuterium par reacutesidu

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

0 5 10 15 20 25 30 35 40

Courbe theacuteorique

11+

12+

13+

14+

15+

16+

Numeacutero du reacutesidu

No

mb

re d

e d

euteacute

riu

ms

Ions fragments b ( Analyse de l‟extreacutemiteacute N-ter)

11+

13+15+14+

11+

14+15+

13+

12+

Fig III 32 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums incorporeacutes par chaque ion

fragment b issus de la dissociation de lrsquoion preacutecurseur dans les eacutetats de charge 11+ agrave 16+ en

fonction de son numeacutero de reacutesidu La proteacuteine a eacuteteacute incubeacutee pendant une heure dans D2O

avant analyse

A la vue de ces reacutesultats on note que tous les points expeacuterimentaux ne sont pas aligneacutes sur

la courbe theacuteorique Par conseacutequent nous pouvons conclure de ce premier constat que nos

expeacuteriences HDXCID ne semblent pas aboutir agrave un reacutearrangement aleacuteatoire total des

deuteacuteriums le long de la chaicircne peptidique On remarque eacutegalement que les points

correspondant agrave la fragmentation du plus petit eacutetat de charge le 11+ (points en rouge sur la

Fig III 32) sont effectivement les plus proches de la redistribution totale des deuteacuteriums

Ainsi il semble reacuteellement y avoir un rapport entre le taux de redistribution HD et leacutetat de

charge du preacutecurseur Neacuteanmoins il est curieux dobserver que cest lion chargeacute 13+ qui

conduit aux ions fragments les plus eacuteloigneacutes de cette redistribution totale

Nous avons ici voulu reproduire les expeacuteriences HDXCID meneacutees tregraves reacutecemment par

l‟eacutequipe d‟I Kaltashov (10) sur notre systegraveme d‟eacutetude Ils ont montreacute qu‟il eacutetait possible

d‟analyser les eacutechanges isotopiques HD au sein des proteacuteines par une approche laquo top-down raquo

associeacutee agrave une activation collisionnelle (CID) En effet la seacutelection et la dissociation d‟ions

139

proteacuteiques de hauts eacutetats de charge limiteraient le pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo Or dans son

article I Kaltashov n‟a consideacutereacute qu‟un seul fragment le b19 pour en arriver agrave cette

conclusion Il ne s‟est donc inteacuteresseacute qu‟aux reacutesultats contenus sur une verticale du graphe

Dans notre cas si on se place au niveau des deux verticales que nous avons traceacutees sur la Fig

III 32 nos reacutesultats sont coheacuterents avec ceux de l‟article En revanche la discrimination nette

entre les grands et les petits eacutetats de charge n‟est pas toujours eacutevidente et parfois les reacutesultats

contredisent ceux obtenus par I Kaltashov

III242 Analyse de la proteacuteine aIF2α3 avec une eacutetiquette poly-histidines

Pour rendre l‟eacutetude du pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo plus facile agrave mettre en eacutevidence

l‟article de I Kaltashov (10) se basait sur l‟utilisation d‟une eacutetiquette poly-histidines placeacutee agrave

l‟extreacutemiteacute soit N- soit C-terminale de la proteacuteine qu‟ils ont eacutetudieacutee L‟inteacuterecirct eacutetait que ces

segments sont connus comme eacutetant non structureacutes et qu‟on peut par conseacutequent preacutedire que la

vitesse d‟eacutechange y sera maximale par rapport agrave la partie structureacutee de la proteacuteine Dans le

cadre de leurs expeacuteriences la proteacuteine est initialement totalement marqueacutee par des deuteacuteriums

par dissolution dans du D2O et l‟incubation se fait en conditions natives apregraves dilution dans un

tampon H2O 10 mM aceacutetate d‟ammonium De ce fait on attend une perte rapide de la

deuteacuteration sur l‟extreacutemiteacute poly-histidines des proteacuteines Ils observent ainsi (Fig III 33) que

l‟activation par CID conduit agrave un laquo scrambling raquo important pour les eacutetats de charge faibles (9+

agrave 11+) alors qu‟il est nettement reacuteduit pour les eacutetats de charge 14+ agrave 20+

Nous avons souhaiteacute construire un systegraveme eacutequivalent pour notre proteacuteine aIF2α3 afin de

voir si nous aussi en CID pouvions mettre en eacutevidence la preacutesence de laquo scrambling raquo ou non

Pour cela nous avons construit un mutant de la proteacuteine aIF2α3 et l‟avons exprimeacute en

collaboration avec le Laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole Polytechnique La seacutequence de ce

mutant est donneacutee sur la Fig III 34

140

22 D

11 D

Avec Redistribution des D

Sans redistribution des D

Segment non structureacute de 21 acides amineacutes

Fig III 33 Nombre moyen de deuteacuteriums pour le fragment b19 en fonction de lrsquoeacutetat de charge

de lrsquoion preacutecurseur Les lignes horizontales en gris indiquent le nombre moyen de deuteacuteriums

calculeacute dans le cas drsquoune redistribution aleacuteatoire totale des hydrogegravenes et deuteacuteriums labiles

au sein de lrsquoion preacutecurseur avant la dissociation (en haut) et dans le cas de lrsquoabsence de

pheacutenomegravene de laquo scrambling raquo (en bas)

Fig III 34 Seacutequence drsquoaIF2α3 comportant lrsquoeacutetiquette poly-histidines (acides amineacutes en vert)

En rose les fragments eacutetudieacutes par HDXCID

Notons degraves maintenant qu‟il nous eacutetait impossible de reproduire exactement l‟expeacuterience

d‟I Kaltashov avec notre proteacuteine en effet elle est instable dans des conditions non-salines

et ne peut ecirctre lyophiliseacutee Par conseacutequent il sera neacutecessaire de proceacuteder par un double

eacutechange tel que fait jusqu‟agrave preacutesent ie commencer par diluer la proteacuteine dans une solution

D2O NaCl 330 mM puis arrecircter l‟eacutechange par une dilution frac12 dans une solution H2O acide

formique 2 avant de proceacuteder au dessalage sur colonne De ce fait on ne profite plus de

l‟aspect deacutestructureacute de la chaicircne poly-histidines (qui sera rapidement deuteacutereacutee dans l‟eacutetape

d‟eacutechange) mais de la grande vitesse de reacute-eacutechange de la chaicircne poly-histidines une fois celle-

ci placeacutee en condition d‟arrecirct tel qu‟observeacute sur les peptides de T Joslashrgensen au Chap II On

peut consideacuterer que l‟eacutechange inverse (laquo back-exchange raquo) sera de la mecircme faccedilon que pour le

141

peptide P1 (HHHHHHIIKIIK) nettement plus rapide sur la partie poly-histidines que sur le

reste de la seacutequence proteacuteique

Nous avons ensuite eacutetudieacute par HDXCID les fragments b2-10 correspondant aux fragments

situeacutes dans l‟eacutetiquette poly-histidines (en vert sur Fig III 34) ainsi que les fragments

communs avec ceux de la proteacuteine sans poly-histidines soit les fragments b21-22 et b28

correspondant aux fragments b9-10 et b16 de la proteacuteine sans eacutetiquette poly-histidines Les

reacutesultats obtenus sont preacutesenteacutes dans la Fig III 35 Ils sont compareacutes agrave ceux de la Fig III 32

0

2

4

6

8

10

12

14

16

0 5 10 15 20 25 30

Courbe theacuteorique

17+

16+

15+

14+

13+17+

14+

16+15+

17+

14+

16+

15+

Nom

bre

de

deu

teacuteri

um

s

Numeacutero du reacutesidu

Fig III 35 Repreacutesentation du nombre total de deuteacuteriums contenus dans les ions b issus de la

fragmentation de lrsquoion preacutecurseur dans les eacutetats de charge 13+ agrave 17+ en fonction de leur

position dans la seacutequence (numeacutero de reacutesidu) La proteacuteine laquo taggeacutee raquo a eacuteteacute incubeacutee pendant

une heure dans D2O Son analyse en MS reacutevegravele un pourcentage de deuteacuteration de 57

On constate tout d‟abord que les fragments b2 agrave b10 preacutesentent un taux de deuteacuteration

largement infeacuterieur (jusqu‟agrave 2 D d‟eacutecart pour b10) agrave la courbe de laquo scrambling raquo complet Ceci

montre deux choses Le premier reacutesultat est que le laquo scrambling raquo est tregraves loin d‟ecirctre total sur

cette reacutegion Par conseacutequent mecircme en cas de laquo scrambling raquo partiel ce reacutesultat ne peut ecirctre

obtenu que si la deuteacuteration locale est tregraves infeacuterieure agrave la moyenne sur lensemble de la

proteacuteine On peut donc en deacuteduire ce second reacutesultat comme nous lavions espeacutereacute un laquo back-

exchange raquo rapide des hydrogegravenes damide des histidines a bien eu lieu On ne peut pas par

contre savoir si ce laquo back-exchange raquo a eacuteteacute total ou pas On note par ailleurs que dans cette

142

partie de la proteacuteine l‟eacutetat de charge ne semble pas jouer un rocircle important sur la deuteacuteration

nettement moins en tout cas que les effets observeacutes pour la proteacuteine sans eacutetiquette

Si on s‟inteacuteresse maintenant aux fragments b21-22 et b28 on constate une dispersion des

niveaux de deuteacuteration nettement reacuteduite par rapport agrave celle de la proteacuteine non-marqueacutee et en

tout cas sans aucune rupture brutale similaire agrave celle preacutesenteacutee dans l‟article d‟I Kaltashov Il

est par contre difficile de comparer un agrave un les niveaux de deuteacuteration car on ne connaicirct pas a

priori le niveau de deuteacuteration restant sur la partie poly-histidines Toutefois on notera

qu‟entre les fragments b22 et b28 de la proteacuteine portant un His-tag on a 35 D de diffeacuterence On

retrouve une diffeacuterence similaire entre les fragments b10 et b16 de la proteacuteine portant un His-

tag

Pour compleacuteter ce travail il nous manque un eacuteleacutement qui est la veacuterification du taux reacuteel de

deuteacuteration sur la partie poly-histidines Ce travail reste agrave faire avec un suivi par ECD en

faisant l‟hypothegravese d‟une absence de laquo scrambling raquo dans ce cas

Mais au final une tendance nette semble neacuteanmoins se deacutegager dans une approche laquo top-

down raquo l‟activation par CID ne conduit pas neacutecessairement agrave un laquo scrambling raquo total des

deuteacuteriums d‟amide au moins dans certaines conditions L‟article d‟I Kaltashov semble avoir

identifieacute l‟eacutetat de charge comme eacutetant un facteur Dans notre cas l‟eacutetat de charge ne semble

pas jouer un rocircle aussi marqueacute Mais il faut noter d‟une part que l‟article d‟I Kaltashov

comme notre approche avec le His-tag n‟ont regardeacute le laquo scrambling raquo qu‟au niveau des

extreacutemiteacutes de la proteacuteine et d‟autre part que dans les deux cas un laquo scrambling raquo partiel

semble observeacute puisqu‟il reste une fraction de deuteacuteriums au niveau de l‟extreacutemiteacute

III3 Deacutetermination du taux maximal de deuteacuteration mise en

eacutevidence du pheacutenomegravene drsquoeacutechange inverse

Les expeacuteriences sont difficilement reproductibles par une mecircme technique ce qui

complique la comparaison entre les diffeacuterentes meacutethodes Plusieurs raisons permettent

d‟expliquer ce fait Tout d‟abord il est tregraves difficile d‟obtenir le mecircme pourcentage initial de

deuteacuteration pour la proteacuteine entiegravere De plus l‟efficaciteacute de fragmentation varie en fonction du

de l‟instrument mais aussi en fonction du temps pour un mecircme instrument N‟oublions pas de

mentionner eacutegalement les problegravemes techniques que nous avons rencontreacutes qui sont lieacutes au

143

montage de seringue refroidie et qui concernent la fuite du systegraveme Un autre fait surprenant

est que nous ne sommes pas parvenus apregraves des temps longs d‟incubation dans D2O agrave un

maximum de deuteacuteration pour la proteacuteine entiegravere proche des 90-95 deacutecrits dans la

litteacuterature En effet le taux maximal de deuteacuteration obtenu pour aIF2α3 si on se reacutefegravere au

laquo fit raquo de double exponentielle de sa cineacutetique d‟incorporation des deuteacuteriums (Fig III 14) a

eacuteteacute de 66 seulement A partir de ce constat deux hypothegraveses peuvent ecirctre formuleacutees

- nous ne sommes pas arriveacutes au bout de la cineacutetique d‟eacutechange de la proteacuteine Dans ce cas

des temps d‟incubation dans D2O plus longs seraient neacutecessaires pour que les hydrogegravenes

d‟amide qui preacutesentent des vitesses d‟eacutechange tregraves lentes finissent par s‟eacutechanger Le laquo fit raquo

de la cineacutetique serait alors agrave revoir

- d‟importantes pertes de deuteacuteriums sont enregistreacutees ce qui n‟est pas souhaitable et pose

le problegraveme de l‟interpreacutetation des reacutesultats

Afin de deacutepartager ces deux hypothegraveses et ainsi de mieux comprendre le sens de nos

reacutesultats nous avons deacutecideacute de deacuteterminer la valeur maximale de reacutefeacuterence ie le taux

maximal de deuteacuteration pour la proteacuteine aIF2α3 Pour cela la proteacuteine a eacuteteacute analyseacutee avec le

mecircme protocole qui a eacuteteacute deacutecrit dans la Fig III 5 agrave l‟exception pregraves qu‟elle a eacuteteacute initialement

placeacutee dans des conditions deacutenaturantes et non plus natives

Afin de deacuteterminer le taux maximal de deuteacuteration de la proteacuteine aIF2α3 nous avons donc

deacutecideacute de la deacutenaturer avec du chlorure de guanidinium preacutealablement agrave l‟analyse HDXMS

Il a eacuteteacute montreacute que ce composeacute chaotropique utiliseacute agrave forte concentration eacutetait capable de

deacutenaturer totalement les proteacuteines (17) ce qui rendrait tous les hydrogegravenes d‟amide

accessibles agrave l‟eacutechange

La proteacuteine aIF2α3 a donc eacuteteacute incubeacutee dans une solution de chlorure de guanidinium agrave 3 M

dans D2O agrave 50degC sous agitation pendant 24 heures Puis elle a eacuteteacute analyseacutee en MS afin de

calculer son taux de deuteacuteration Malheureusement aucun signal n‟a eacuteteacute deacutetecteacute indiquant

que la proteacuteine a eacuteteacute deacutegradeacutee ou a preacutecipiteacute suite au traitement chimique La seacutequence de la

proteacuteine aIF2α3 ne comportant que tregraves peu d‟acides amineacutes aromatiques (seulement trois

tyrosines) n‟a pas permis la mesure de la concentration de l‟eacutechantillon par

spectrophotomeacutetrie UV agrave 280 nm Par ailleurs la solution de chlorure de guanidinium quant

agrave elle absorbe agrave la longueur donde utiliseacutee pour les proteacuteines

144

Dans le but de tester si le traitement chimique pour la deacutenaturation deacutegrade la proteacuteine

nous avons deacutecideacute de reacutealiser un gel SDS-PAGE 16 permettant de tester la preacutesence

d‟aIF2α3 (10 kDa) Nous avons eacutegalement souhaiteacute tester si c‟est l‟eacutetape de dessalage qui

conduit agrave la perte de la proteacuteine Pour cela un autre eacutechantillon traiteacute mais non dessaleacute agrave eacuteteacute

preacutepareacute Malheureusement les eacutechantillons sont si visqueux qu‟il est impossible de les

deacuteposer L‟origine de cette viscositeacute n‟est pas tregraves claire neacuteanmoins un temps d‟incubation de

24 heures dans le chlorure de guanidinium semble trop long

Nous avons donc reacutealiseacute d‟autres tests dans des conditions diffeacuterentes afin de deacuteterminer le

temps maximal d‟incubation dans le chlorure de guanidinium pour lequel la proteacuteine n‟est pas

deacutegradeacutee Diffeacuterents temps d‟incubation ont eacuteteacute testeacutes t0=0s t=5h et t=24h Pour chaque

temps d‟incubation le premier eacutechantillon proteacuteique n‟a pas eacuteteacute dessaleacute tandis que le second

l‟a eacuteteacute (Fig III 36) Dans le cas ougrave une eacutetape de dessalage a eacuteteacute reacutealiseacutee (puits 4 6 et 8) la

solution d‟eacutelution correspondant agrave la proteacuteine dans H2OACNAF (49492) a eacuteteacute eacutevaporeacutee

par SpeedVac pour ecirctre ensuite resuspendue dans H2O afin de faciliter son deacutepocirct sur gel apregraves

ajout du tampon Laemmli Sans dessalage la proteacuteine traiteacutee au chlorure de guanidinium est

dilueacutee dans H2OAF2 afin de mimer l‟eacutetape d‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange (Fig III 5)

Les eacutechantillons non dessaleacutes sont ensuite preacutepareacutes avec du tampon Laemmli Neacuteanmoins agrave

l‟issue du meacutelange avec le tampon les eacutechantillons ont preacutecipiteacute empecircchant leur deacutepocirct preacutevu

dans les puits 3 5 et 7 Ce qui explique l‟absence de bandes dans ces puits et donc l‟absence

de proteacuteine Un marqueur de poids moleacuteculaire a eacuteteacute deacuteposeacute dans le premier puits Il s‟agit

d‟un meacutelange de proteacuteines de reacutefeacuterence dont la taille est connue servant agrave estimer la taille des

moleacutecules d‟inteacuterecirct Un teacutemoin positif a eacuteteacute deacuteposeacute dans le deuxiegraveme et dernier puits Il est

constitueacute de la proteacuteine aIF2α3 n‟ayant pas subi de traitement chimique ni de dessalage Une

bande intense autour de 10 kDa est observeacutee dans ces deux puits teacutemoignant de la preacutesence de

la proteacuteine Une mecircme quantiteacute de mateacuteriel (18 microg) a eacuteteacute deacuteposeacutee dans tous les puits lorsque

le deacutepocirct eacutetait possible

145

Marqueurα3H2O

α3G3M agrave t0

sans incubation

avec dessalage

α3G3M

avec incubation de 5h

et dessalage

α3G3M avec

incubation de 24h

et dessalage

α3H2O

Jour + 1

1 2 3 4 5 6 7 8 9

18 microg 18 microg 18 microg 18 microg 18 microg

10 kDa

Fig III 36 Image du gel SDS-PAGE 16 La proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute deacutenatureacutee apregraves

diffeacuterents temps drsquoincubation dans une solution de chlorure de guanidinium agrave 3 M Pour

chaque temps drsquoincubation deux eacutechantillons sont testeacutes sans et avec lrsquoeacutetape de dessalage

La proteacuteine aIF2α3 est preacutesente dans les puits 4 et 6 alors qu‟elle a subi le traitement

chimique avec le chlorure de guanidinium et l‟eacutetape de dessalage mais elle n‟est pas retrouveacutee

dans le puits 8 Pourtant dans ce cas lagrave elle a aussi eacuteteacute traiteacutee par le chlorure de guanidinium

mais pendant un temps beaucoup plus long (24 heures) et dessaleacutee

Par conseacutequent on peut conclure que c‟est le temps du traitement chimique (incubation

dans une solution de chlorure de guanidinium 3 M agrave 50degC sous agitation) qui est critique

dans le maintien de l‟inteacutegriteacute de la proteacuteine En effet la proteacuteine aIF2α3 est deacutegradeacutee suite agrave

une incubation pendant une dureacutee de vingt-quatre heures tandis qu‟elle est toujours preacutesente

pour un temps d‟incubation infeacuterieur ou eacutegal agrave cinq heures

Le taux de deuteacuteration maximal de la proteacuteine aIF2α3 a donc eacuteteacute deacutetermineacute par

spectromeacutetrie de masse apregraves deacutenaturation de la proteacuteine dans une solution de chlorure de

guanidinium 3 M preacutepareacutee dans du D2O Les temps d‟incubation t=1h et t=5h ont eacuteteacute testeacutes

(Tab III 1)

Nous obtenons des pourcentages de deuteacuteration leacutegegraverement plus eacuteleveacutes dans le cas d‟une

deacutenaturation de la proteacuteine pendant des temps d‟une heure et cinq heures (73) par rapport agrave

une incubation classique dans D2O (66) Afin de s‟assurer que la proteacuteine a bien eacuteteacute

deacutenatureacutee par le traitement chimique d‟autres conditions ont eacuteteacute testeacutees tempeacuterature

146

d‟incubation de 95degC concentration en chlorure de guanidinium de 6 M Les reacutesultats sont

preacutesenteacutes dans le Tab III 2 Malgreacute diffeacuterentes conditions de deacutenaturation testeacutees nous

n‟obtenons pas de pourcentage de deuteacuteration proche de la limite supeacuterieure de 875 donneacutee

par la dilution agrave 18 de la solution H2O dans du D2O

Tab III 1 Taux de deuteacuteration maximal dans des conditions natives (0 M de deacutenaturant) et

deacutenaturantes (3 M de deacutenaturant) La proteacuteine aIF2α3 a eacuteteacute incubeacutee soit dans un tampon

NaCl 330 mMD2O (conditions natives) soit dans une solution de chlorure de guanidinium 3

MD2O (conditions deacutenaturantes) pendant des temps variables Elle a ensuite eacuteteacute dessaleacutee

avant drsquoecirctre analyseacutee par MS La valeur de reacutefeacuterence (66) obtenue dans des conditions

natives est indiqueacutee Une valeur moyenne (triplicats) a eacuteteacute calculeacutee dans les diffeacuterentes

conditions deacutenaturantes

Concentration

du deacutenaturant 0 M 3 M 3 M

Conditions

drsquoincubation 1 h

37degC 600 rpm 1 h

50degC 700 rpm 5 h

50degC 700 rpm

Taux de

deuteacuteration 66 73 73

Tab III 2 Taux de deuteacuteration maximal dans des conditions deacutenaturantes La proteacuteine

aIF2α3 a eacuteteacute incubeacutee dans une solution de chlorure de guanidiniumD2O dans diffeacuterentes

conditions Elle a ensuite eacuteteacute dessaleacutee avant drsquoecirctre analyseacutee par MS Une valeur moyenne

(triplicats) a eacuteteacute calculeacutee dans les diffeacuterentes conditions

Concentration

du deacutenaturant 3 M 6 M

Conditions

drsquoincubation 5 min

95degC 700 rpm 1 h

50degC 700 rpm Taux de

deuteacuteration 70 72

En reconsideacuterant donc les deux hypothegraveses formuleacutees preacuteceacutedemment il semblerait que le

pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse soit important dans nos conditions expeacuterimentales Il a lieu en

solution avant l‟analyse finale en MS lors de la preacuteparation des eacutechantillons (eacutetape de

dessalage) et au cours de leur introduction dans le spectromegravetre de masse avec le systegraveme de

seringue refroidie utiliseacute

Afin de mettre en eacutevidence l‟influence de l‟eacutetape de dessalage sur l‟eacutechange inverse nous

avons mesureacute les pourcentages de deuteacuteration de peptide et proteacuteine modegraveles complegravetement

deuteacutereacutes avec notre systegraveme de seringue refroidie La substance P (peptide de onze reacutesidus) a

donc eacuteteacute incubeacutee dans une solution ACND2O (7525) pendant une heure agrave 37degC sous

agitation La reacuteaction d‟eacutechange a eacuteteacute arrecircteacutee par diminution du pH et de la tempeacuterature puis

147

le peptide totalement marqueacute a eacuteteacute dilueacute dans H2OACNAF (49492) afin d‟ecirctre analyseacute par

MS L‟expeacuterience a eacuteteacute reconduite une seconde fois mais en incluant l‟eacutetape de dessalage

avant l‟analyse par MS Sur le FT-ICR les pourcentages moyens (triplicats) de deuteacuteration

obtenus sont les suivants 914 sans l‟eacutetape de dessalage et 77 avec l‟eacutetape de dessalage

Sur le Q-TOF le taux maximum sans dessalage n‟atteint que 856 indiquant que c‟est bien

l‟introduction dans la source qui conduisait agrave un accroissement du laquo back-exchange raquo sur

celui-ci Il semblerait que l‟eacutetape de dessalage conduise agrave une perte d‟environ 15 de la

totaliteacute du marquage pour les peptides Il convient de noter que ces expeacuteriences ont eacuteteacute

reacutealiseacutees directement agrave partir de la poudre donc sans dilution initiale Par conseacutequent si on

considegravere les 77 de deuteacuteration obtenus apregraves dessalage appliqueacutes sur une solution agrave 875

de deuteacuteriums on trouve un maximum de deuteacuteration de 67 soit assez proche des 72-73

obtenus apregraves deacutenaturation complegravete

III4 Conclusion

Nos reacutesultats montrent qu‟il est possible deacuteviter une redistribution des deuteacuteriums dans la

seacutequence polypeptidique au moment de la fragmentation en phase gazeuse de proteacuteines par

approches laquo top-down raquo L‟ECD et l‟ETD semblent preacutesenter une bonne capaciteacute agrave garder la

localisation initiale des deuteacuteriums Dans le cas de l‟activation par CID nos reacutesultats

rejoignent ceux de la litteacuterature en restant incertains il ne nous a pas eacuteteacute possible ni de

montrer l‟absence de laquo scrambling raquo ni de montrer un laquo scrambling raquo complet tombant ainsi

dans une zone intermeacutediaire ougrave les paramegravetres controcirclant l‟extensiviteacute du laquo scrambling raquo

restent incertains

Un autre enseignement de cette partie est qu‟un des problegravemes majeurs de notre approche

est leacutechange inverse qui a lieu en solution avant l‟analyse par spectromeacutetrie de masse Ce

pheacutenomegravene est accentueacute dans notre cas par lobligation que nous avons deffectuer une eacutetape

de dessalage des proteacuteines avant leur analyse et la difficulteacute agrave savoir ce qui relegraveve de cette

eacutetape ou de la source dionisation Un autre problegraveme lieacute agrave celui-lagrave est quil est difficile

daccumuler un grand nombre de spectres car au bout dune dizaine de minutes leacutechange

inverse est devenu trop important

Dans ce contexte et avec lideacutee de controcircler beaucoup mieux leacutechange inverse nous avons

deacutecideacute de deacutevelopper un systegraveme d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le

148

spectromegravetre de masse complegravetement nouveau baseacute sur l‟utilisation d‟une enceinte isoleacutee

refroidie permettant de stocker les eacutechantillons agrave tregraves basse tempeacuterature ce qui eacutevite le

deacutemarquage pendant des temps longs et permet eacutegalement de travailler avec des deacutebits

faibles Le deacuteveloppement de cette laquo cryosource raquo et les premiers reacutesultats obtenus en

lutilisant font lobjet du dernier chapitre de cette thegravese

149

III5 Bibliographie

1 Wang L and Smith D L (2003) Downsizing improves sensitivity 100-fold for

hydrogen exchange-mass spectrometry Anal Biochem 314 46-53

2 Kaltashov I A and Eyles S J (2002) Crossing the phase boundary to study protein

dynamics and function combination of amide hydrogen exchange in solution and ion

fragmentation in the gas phase J Mass Spectrom 37 557-565

3 Hamuro Y Tomasso J C and Coales S J (2008) A simple test to detect

hydrogendeuterium scrambling during gas-phase peptide fragmentation Anal Chem

80 6785-6790

4 Rand K D Zehl M Jensen O N and Jorgensen T J (2009) Protein hydrogen

exchange measured at single-residue resolution by electron transfer dissociation mass

spectrometry Anal Chem 81 5577-5584

5 Landgraf R R Chalmers M J and Griffin P R (2012) Automated

hydrogendeuterium exchange electron transfer dissociation high resolution mass

spectrometry measured at single-amide resolution J Am Soc Mass Spectrom 23 301-

309

6 Pan J Han J Borchers C H and Konermann L (2009) Hydrogendeuterium

exchange mass spectrometry with top-down electron capture dissociation for

characterizing structural transitions of a 17 kDa protein J Am Chem Soc 131 12801-

12808

7 Pan J Han J Borchers C H and Konermann L (2010) Characterizing short-lived

protein folding intermediates by top-down hydrogen exchange mass spectrometry

Anal Chem 82 8591-8597

8 Pan J Han J Borchers C H and Konermann L (2008) Electron capture

dissociation of electrosprayed protein ions for spatially resolved hydrogen exchange

measurements J Am Chem Soc 130 11574-11575

9 Abzalimov R R Kaplan D A Easterling M L and Kaltashov I A (2009)

Protein conformations can be probed in top-down HDX MS experiments utilizing

electron transfer dissociation of protein ions without hydrogen scrambling J Am Soc

Mass Spectrom 20 1514-1517

10 Abzalimov R R and Kaltashov I A (2010) Controlling hydrogen scrambling in

multiply charged protein ions during collisional activation implications for top-down

hydrogendeuterium exchange MS utilizing collisional activation in the gas phase

Anal Chem 82 942-950

11 Rand K D Adams C M Zubarev R A and Jorgensen T J (2008) Electron

capture dissociation proceeds with a low degree of intramolecular migration of peptide

amide hydrogens J Am Chem Soc 130 1341-1349

12 Zehl M Rand K D Jensen O N and Jorgensen T J (2008) Electron transfer

dissociation facilitates the measurement of deuterium incorporation into selectively

labeled peptides with single residue resolution J Am Chem Soc 130 17453-17459

13 Kaltashov I A Bobst C E and Abzalimov R R (2009) HD exchange and mass

spectrometry in the studies of protein conformation and dynamics is there a need for a

top-down approach Anal Chem 81 7892-7899

14 Sterling H J and Williams E R (2010) Real-Time HydrogenDeuterium Exchange

Kinetics via Supercharged Electrospray Ionization Tandem Mass Spectrometry

Analytical Chemistry 82 9050-9057

15 Duchateau M (2010) Deacutetermination de surface dinteraction dassemblages

biologiques macromoleacuteculaires par marquage au deuteacuterium et analyse par

spectromeacutetrie de masse FT-ICR

150

16 Yatime L Mechulam Y Blanquet S and Schmitt E (2007) Structure of an

archaeal heterotrimeric initiation factor 2 reveals a nucleotide state between the GTP

and the GDP states P Natl Acad Sci USA 104 18445-18450

17 Tanford C (1968) Protein denaturation Adv Protein Chem 23 121-282

151

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source

refroidie

152

Chapitre IV Deacuteveloppement drsquoune source refroidie 151

IV1 Echange inverse 153

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction 155

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo 156 IV22 Avec une approche laquo top-down raquo 158

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection 165

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo 166 IV32 Mateacuteriel et meacutethodes 166

IV321 Instrumentation 166

IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes 168

IV33 Reacutesultats 169 IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine 169

IV3311 Reacutealisation de la maquette 169

IV3312 Reacutealisation des prototypes 169

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides 174

IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK 175

IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK 175

IV33221 Deacutetermination du temps d‟incubation pour le deacutemarquage seacutelectif 176

IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo 179

IV3323 Cas du peptide GluF 186

IV34 Conclusion 187

IV4 Bibliographie 189

153

IV1 Echange inverse

Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment dans la partie introductive l‟association des

eacutechanges isotopiques hydrogegravenedeuteacuterium en solution avec la spectromeacutetrie de masse

(HDXMS) est devenue une meacutethode de choix pour obtenir des informations sur la structure

tridimensionnelle d‟une proteacuteine ou sur son changement de conformation induit par la fixation

d‟un ligand ou d‟un partenaire proteacuteique Neacuteanmoins cette approche souffre de deux

limitations importantes (i) l‟eacutechange inverse ou laquo back-exchange raquo qui peut avoir lieu en

solution agrave diffeacuterentes eacutetapes de l‟expeacuterience et (ii) la migration intramoleacuteculaire des protons

et des deuteacuterons ou laquo scrambling raquo qui peut se deacuterouler en phase gazeuse particuliegraverement

au cours d‟expeacuteriences de spectromeacutetrie de masse en tandem (MSMS) Ces deux processus

doivent ecirctre minimiseacutes pour obtenir des reacutesultats interpreacutetables Nous avons vu dans le Chap

II que la minimisation du laquo scrambling raquo neacutecessitait une optimisation minutieuse et speacutecifique

des potentiels de la source d‟ionisation et des optiques de transfert ionique afin de rendre

minimale l‟excitation vibrationnelle des ions peptidiques deuteacutereacutes Les paramegravetres

instrumentaux ne peuvent neacuteanmoins pas ecirctre directement transfeacutereacutes d‟un instrument agrave un

autre Il convient donc d‟optimiser individuellement les diffeacuterents reacuteglages de l‟instrument

quand on en change pour eacuteviter la redistribution aleacuteatoire des hydrogegravenes et deuteacuteriums Cela

peut ecirctre commodeacutement reacutealiseacute par l‟utilisation de peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes

servant de sonde du laquo scrambling raquo pendant la fragmentation ECD ou ETD (1-3)

Ce dernier chapitre de ma thegravese est consacreacute agrave la minimisation du laquo back-exchange raquo lors

d‟expeacuteriences HDXMS En effet l‟eacutechange inverse reste et demeure une neacutecessiteacute mais

eacutegalement un problegraveme seacuterieux inheacuterent agrave la technique HDX Il conduit agrave une variation du

nombre de deuteacuteriums entre l‟eacutetape de marquage et l‟analyse finale par spectromeacutetrie de

masse En geacuteneacuteral cette variation prend la forme d‟une perte de deuteacuteration apregraves eacutechange

en solution deuteacutereacutee la reacuteaction d‟eacutechange sur les hydrogegravenes d‟amide est fortement ralentie

mais pas totalement arrecircteacutee par passage en conditions acides (pH 25) et agrave tempeacuterature reacuteduite

(0degC) geacuteneacuteralement dans un solvant majoritairement hydrogeacuteneacute Par conseacutequent ce laquo back-

exchange raquo peut avoir lieu lors des eacutetapes de preacuteparation de l‟eacutechantillon (digestion

dessalage concentration seacuteparationhellip) jusqu‟agrave son injection dans le spectromegravetre de masse

et son ionisation en phase gazeuse Ce pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse est neacutecessaire pour

assurer un retour des hydrogegravenes porteacutes par les chaicircnes lateacuterales sous forme hydrogeacuteneacutee mais

doit ecirctre controcircleacute pour maintenir en place le plus grand nombre possible des deuteacuteriums en

position amide pendant le temps neacutecessaire agrave l‟analyse

154

La maniegravere la plus simple de minimiser l‟eacutechange inverse est de maintenir un pH ougrave

l‟eacutechange est minimal et de rester agrave froid (Fig I 11) Comme nous l‟avons vu

preacuteceacutedemment le pH et la tempeacuterature sont ajusteacutes respectivement agrave 25 et agrave 0degC Sous ces

conditions de laquo quench raquo l‟eacutechange des hydrogegravenes d‟amide est diminueacute de cinq ordres de

grandeur par rapport agrave un pH de 7 et une tempeacuterature de 25degC

La demi-vie pour l‟eacutechange inverse dans des conditions d‟arrecirct de la reacuteaction est entre

trente et cent vingt minutes en fonction de la seacutequence peptidique Par conseacutequent les eacutetapes

d‟analyse doivent ecirctre reacutealiseacutees le plus rapidement possible degraves lors que la reacuteaction est

bloqueacutee Ainsi il n‟est pas envisageable de reacutealiser une digestion enzymatique d‟une heure

suivie d‟un gradient d‟une heure suppleacutementaire pour l‟eacutetape de seacuteparation

chromatographique Des protocoles et dispositifs expeacuterimentaux ont eacuteteacute mis au point afin

d‟optimiser les eacutetapes de digestion et de seacuteparation (4-5) Si ces eacutetapes tiennent dans un

minimum de temps d‟environ trente minutes au total le recouvrement en deuteacuteriums peut ecirctre

supeacuterieur agrave 85 Il faut noter que quelques eacutechanges inverses ont lieu dans l‟interface de

l‟eacutelectrospray mais qu‟ils n‟excegravedent pas 5 geacuteneacuteralement

Comme nous l‟avons vu preacuteceacutedemment les hydrogegravenes des chaicircnes lateacuterales s‟eacutechangent

plus vite que les hydrogegravenes d‟amide Par conseacutequent lorsque la proteacuteine ou les peptides

marqueacutes sont placeacutes dans les solvants hydrogeacuteneacutes utiliseacutes pour la digestion ou l‟analyse

chromatographique tous les deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales redeviennent rapidement des

hydrogegravenes Ainsi un increacutement de masse pourra ecirctre associeacute agrave l‟incorporation d‟un

deuteacuterium sur une fonction amide du squelette polypeptidique Le problegraveme est un peu plus

compliqueacute pour les proteacuteines ou les peptides riches en arginine car comme nous l‟avons vu

l‟arginine possegravede sur sa chaicircne lateacuterale deux hydrogegravenes qui eacutechangent agrave la vitesse des

hydrogegravenes d‟amide et pour lesquels l‟eacutetape de lavage (substitution de D en H) sera donc

moins efficace

Notons eacutegalement que les conditions de l‟eacutechange inverse (pH acide solvant organique)

favorisent a priori une forme deacutenatureacutee pour la proteacuteine initiale conduisant agrave un eacutechange

inverse moins deacutependant des structures secondaire tertiaire et quaternaire Par conseacutequent les

vitesses d‟eacutechange ne deacutependent globalement que de la seacutequence primaire Pour des peptides

typiques cette seacutequence conduit agrave une vitesse d‟eacutechange globalement proche pour tous les

sites conduisant agrave un eacutechange inverse de type laquo aleacuteatoire raquo Ceci rend en partie compte de la

forme gaussienne des distributions isotopiques obtenues pour les peptides deuteacutereacutes

155

Finalement le choix d‟une approche laquo top-down raquo semblerait ecirctre la meilleure solution

pour minimiser l‟eacutechange inverse Dans ce cas la proteacuteine entiegravere apregraves arrecirct de la reacuteaction

d‟eacutechange par diminution du pH et de la tempeacuterature est fragmenteacutee directement en phase

gazeuse Cette approche offre donc la possibiliteacute unique de reacuteduire consideacuterablement l‟effet

du laquo back-exchange raquo voire mecircme de presque l‟eacuteliminer dans des conditions expeacuterimentales

strictes (6) Ceci est ducirc au fait qu‟il n‟y a pas d‟eacutetape preacutealable agrave l‟analyse par spectromeacutetrie

de masse telle qu‟une digestion enzymatique agrave la pepsine ou une seacuteparation

chromatographique en phase liquide Cependant il faut noter le fait qu‟il n‟est pas toujours

possible d‟opter pour une approche laquo top-down raquo En effet pour des systegravemes de taille trop

importante par exemple l‟efficaciteacute de fragmentation en ECD est trop faible pour obtenir une

reacutesolution agrave l‟acide amineacute pregraves pour la plus grande partie de la proteacuteine

Dans tous les cas apregraves le laquo quench raquo de la reacuteaction de marquage l‟eacutechantillon doit ecirctre

injecteacute si possible agrave froid et le plus rapidement dans la source du spectromegravetre de masse pour

limiter le laquo back-exchange raquo

IV2 Diffeacuterents systegravemes drsquointroduction

Plusieurs modes d‟introduction de l‟eacutechantillon marqueacute dans le spectromegravetre de masse ont

eacuteteacute deacuteveloppeacutes en fonction de l‟approche MS adopteacutee laquo bottom-up raquo ou laquo top-down raquo La

mise au point de ces diffeacuterents systegravemes d‟injection doit eacutegalement prendre en compte la

technique d‟ionisation utiliseacutee La technique d‟analyse par MS la plus communeacutement utiliseacutee

pour les expeacuteriences HDX est l‟eacutelectrospray (ESI) tandis que la meacutethode MALDI est plus

rarement employeacutee (7-11) Cela s‟explique par le fait que contrairement agrave la technique ESI

elle ne peut ecirctre coupleacutee en ligne avec des systegravemes de chromatographie liquide qui sont tregraves

utiles pour l‟analyse de meacutelanges complexes

Autrement dit seule l‟eacutelectrospray autorise le couplage avec une chromatographie liquide

en phase inverse (HPLC-ESI-MS) permettant l‟isolation de peptides et de proteacuteines en

meacutelange complexe Cette eacutetape de seacuteparation est indispensable dans beaucoup d‟eacutetudes

d‟identification et de caracteacuterisation de biomoleacutecules par spectromeacutetrie de masse Elle est

d‟autant plus neacutecessaire dans le cas d‟analyses de systegravemes proteacuteiques de grande taille en

HDXMS En effet la superposition des nombreux massifs isotopiques qui ont eacuteteacute deacuteplaceacutes et

eacutelargis par le marquage complique eacutenormeacutement l‟analyse En pratique apregraves avoir arrecircteacute la

156

reacuteaction d‟eacutechange l‟eacutechantillon est directement introduit dans la source eacutelectrospray via une

HPLC (laquo High-Performance Liquid Chromatography raquo)

La technique HPLC-ESI-MS preacutesente donc plusieurs avantages Elle est tout d‟abord

particuliegraverement bien adapteacutee pour la seacuteparation temporelle d‟un grand nombre de peptides

L‟eacutetape de seacuteparation en HPLC participe eacutegalement au lavage des chaicircnes lateacuterales des

acides amineacutes (12) Elle est compatible avec la plupart des tampons et avec la preacutesence

d‟agents deacutenaturants et offre la possibiliteacute de concentrer rapidement des eacutechantillons dilueacutes

En contre partie l‟avantage du MALDI-MS par rapport agrave l‟ESI-MS est qu‟un grand nombre

d‟eacutechantillons peuvent ecirctre analyseacutes dans une courte peacuteriode de temps De plus cette

technique est plus toleacuterante aux sels que l‟eacutelectrospray et ne requiert donc pas d‟eacutetape

preacutealable de dessalage de l‟eacutechantillon Bien que l‟ionisation MALDI soit plus facilement

reacutealisable et interpreacutetable elle conduit neacuteanmoins agrave une perte en deuteacuteriums significativement

plus eacuteleveacutee par rapport agrave la meacutethode ESI mecircme si des essais ont eacuteteacute meneacutes pour reacuteduire ces

pertes (13) De plus il n‟est pas envisageable d‟utiliser la technique MALDI pour l‟analyse de

systegravemes proteacuteiques complexes de hauts poids moleacuteculaires En effet les informations de tous

les peptides sont fournies dans un mecircme spectre de masse le rendant laquo illisible raquo et il n‟est pas

possible de reacutealiser preacutealablement agrave l‟analyse une seacuteparation par HPLC qui serait pourtant

indispensable pour ce type d‟eacutechantillon

Les deux sous-paragraphes suivants constitueront un bilan des diffeacuterents systegravemes

d‟introduction de l‟eacutechantillon marqueacute dans le spectromegravetre de masse qui ont eacuteteacute deacuteveloppeacutes

avant mon arriveacutee au laboratoire des Meacutecanismes Reacuteactionnels Ils ont eacuteteacute mis au point par

l‟eacutequipe ou par d‟autres groupes dans un contexte de minimisation de l‟eacutechange inverse

IV21 Avec une approche laquo bottom-up raquo

Une extension eacutevidente de la meacutethode HDXESI-MS est l‟utilisation du nano-deacutebit bien

qu‟elle ne soit pas encore systeacutematique En effet ce choix est particuliegraverement pertinent pour

des proteacuteines qui sont difficiles agrave obtenir (eacutechantillons biologiques preacutecieux) ainsi que pour

celles qui forment des agreacutegats proteacuteiques agrave forte concentration Ces derniegraveres suscitent un vif

inteacuterecirct car elles sont pour la plupart responsables de maladies neurodeacutegeacuteneacuteratives telles que

les maladies agrave prion dAlzheimer ou de Parkinson Dans la litteacuterature on trouve quelques

eacutetudes HDX utilisant la technique d‟analyse nano-ESI-MS laquo off-line raquo (14-15) ou coupleacutee en

157

ligne aux eacutetapes de digestion enzymatique et de seacuteparation chromatographique (16) Par la

reacuteduction du systegraveme il a eacuteteacute obtenu une sensibiliteacute supeacuterieure d‟un facteur cent tout en

conservant la deuteacuteration

Lors de la thegravese de Thorsten Daubenfeld (17) notre eacutequipe a valideacute un systegraveme par

injection directe nano-ESI-FTMS pour l‟eacutetude structurale de proteacuteines par HDX En effet les

tregraves hautes performances d‟un instrument de type FT-ICR tant au niveau de la reacutesolution que

de la preacutecision sur la mesure de masse ont permis de s‟affranchir d‟une seacuteparation

chromatographique pour les proteacuteines eacutetudieacutees (18) L‟eacutechange inverse relatif agrave cette eacutetape a

ainsi eacuteteacute eacutelimineacute Cependant comme le systegraveme n‟eacutetait pas refroidi une aiguille nanospray

autorisait un temps d‟analyse de trois minutes seulement avant le reacutechauffement de la solution

menant au pheacutenomegravene d‟eacutechange inverse Il faut noter ici que plus le temps d‟analyse est

faible moins il est aiseacute de deacutetecter des peptides deuteacutereacutes couvrant une gamme dynamique

importante seule l‟accumulation d‟un nombre important de spectres permet de gagner en

gamme dynamique Par ailleurs plus la taille du systegraveme proteacuteique est grande moins il est

facile de suivre l‟incorporation de deuteacuteriums des peptides car leur nombre croicirct fortement et

leurs massifs isotopiques deacuteplaceacutes et eacutelargis se superposent

Ce problegraveme de superposition des massifs isotopiques est classiquement reacutesolu par le

couplage du spectromegravetre de masse avec une technique de seacuteparation chromatographique (16

19) permettant d‟isoler les diffeacuterents peptides preacutesents dans l‟analyte dans une seconde

dimension Cette seacuteparation doit dans le cas d‟eacutetudes en HDXMS respecter les contraintes

lieacutees agrave la technique ie qu‟elle doit limiter les eacutechanges inverses Pour cela plusieurs

meacutethodes ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees Elles utilisent soit des solvants protiques auquel cas la

seacuteparation doit se faire agrave froid en conditions acides et rapidement soit des solvants non-

protiques Par exemple la chromatographie supercritique a eacuteteacute proposeacutee comme alternative

aux gradients sur phase inverse classiques permettant de s‟affranchir des problegravemes de

tempeacuterature et de dureacutee d‟eacutelution (20) De plus le temps de reacutetention associeacute agrave un peptide

reste inchangeacute quel que soit son degreacute de deuteacuteration En effet l‟incorporation en deuteacuteriums

des peptides n‟altegravere que tregraves peu leur temps de reacutetention (21-22) Par conseacutequent ils

serviront de reacutefeacuterence pour identifier les peptides apregraves eacutechanges HD

158

Lors de la thegravese de Magalie Duchateau (23) notre eacutequipe a mis au point et optimiseacute un

systegraveme nano-LC-ESI-FTMS refroidi pour l‟analyse structurale de proteacuteines de haut poids

moleacuteculaire et de complexes proteacuteiques tels que des complexes d‟initiation de la traduction

chez les archeacutees et les eucaryotes par HDX Le montage comprenant deux vannes nano une

preacute-colonne et une colonne est immergeacute dans de l‟eau glaceacutee pendant toute la dureacutee de

l‟analyse pour refroidir un maximum le systegraveme et ainsi minimiser les eacutechanges inverses Il

est coupleacute agrave une chaicircne de nano-chromatographie liquide

Notons eacutegalement que Waters commercialise deacutesormais un systegraveme complegravetement inteacutegreacute

pour les eacutetudes HDXMS appeleacute laquo nanoACQUITY UPLC System with HDX Technology raquo

qui peut ecirctre coupleacute agrave un spectromegravetre de masse du mecircme constructeur Le systegraveme integravegre

eacutegalement une proteacuteolyse laquo on-line raquo Les vannes et colonnes sont refroidies agrave 0degC par des

modules agrave effet Peltier

IV22 Avec une approche laquo top-down raquo

Une meacutethode populaire consiste agrave geacuteneacuterer et agrave envoyer un flux continu de solution

contenant la proteacuteine deuteacutereacutee vers la source d‟ionisation Ce dernier reacutesulte du meacutelange de la

solution de proteacuteine dans son tampon d‟eacutechange avec celle d‟arrecirct de la reacuteaction Sur ce

principe un dispositif avec deux seringues relieacutees ensemble et connecteacutees eacutegalement avec le

spectromegravetre de masse a eacuteteacute imagineacute (24) (Fig IV 1) Les deux seringues contiennent les

deux solutions agrave meacutelanger donneacutees ci-dessus Ce montage permet de proceacuteder agrave l‟arrecirct de la

reacuteaction d‟eacutechange au point de connexion des deux seringues Cette eacutetape s‟effectue laquo on-

line raquo puisque le flux reacutesultant du meacutelange des deux solutions est directement dirigeacute vers

l‟entreacutee du spectromegravetre de masse Dans ces conditions le temps pendant lequel peut avoir

lieu le laquo back-exchange raquo correspond uniquement agrave la courte dureacutee de reacutesidence dans le tube

capillaire (eg une minute) qui s‟eacutetend du nœud de connexion reliant les deux seringues agrave la

source d‟ionisation eacutelectrospray (scheacutematiseacute en violet sur la Fig IV 1) De cette faccedilon le

laquo back-exchange raquo peut ecirctre efficacement reacuteduit

159

Seringue 1 proteacuteine dans D2O

Seringue 2 solution H2O (pH 25 0degC)

Source drsquoionisation

eacutelectrospray

Arrecirct de la

reacuteaction drsquoeacutechange

Fig IV 1 Scheacutema drsquoun dispositif drsquointroduction des eacutechantillons dans une approche laquo top-

down raquo HDX mettant en œuvre le flux continu

Une autre meacutethode d‟introduction minimisant le laquo back-exchange raquo consiste agrave deacutesolvater et

ioniser directement la solution de proteacuteine dans son tampon d‟eacutechange sans passer par une

eacutetape preacutealable d‟arrecirct de la reacuteaction (25) (Fig IV 2) La reacuteaction d‟eacutechange HD est alors

arrecircteacutee au moment mecircme ougrave la proteacuteine est deacutesolvateacutee Des ions en phase gazeuse sont alors

geacuteneacutereacutes

Source ESI

Spectromegravetre

de masse

Aiguille nanospray avec solution de

proteacuteine dans tampon drsquoeacutechange

+ 1 NBA (reacuteactif superchargeacute)

Fig IV 2 Scheacutema du mode drsquointroduction des eacutechantillons par spray direct dans une

approche laquo top-down raquo HDX

Le profil de deuteacuteration en phase gazeuse devant impeacuterativement refleacuteter celui en solution

ces deux modes d‟injection sont privileacutegieacutes car ils permettent de reacuteduire le laquo back-exchange raquo

D‟autre part l‟ajout d‟une solution acide pour l‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange HD ou

l‟utilisation d‟un reacuteactif superchargeacute tel que le NBA (laquo nitrobenzyl alcohol raquo) augmente de

faccedilon significative l‟eacutetat de charge de la proteacuteine Cela se traduit donc par une ameacutelioration

consideacuterable de l‟efficaciteacute de fragmentation par ECD (ou ETD) meacutethode choisie pour limiter

le laquo scrambling raquo Toutefois notons que ces deux montages excluent la possibiliteacute de reacutealiser

une eacutetape de dessalage preacutealable agrave l‟injection dans le spectromegravetre de masse Or dans le cas

d‟eacutechantillons reacuteels les proteacuteines sont initialement conserveacutees en conditions natives dans leur

160

tampon de purification qui est riche en sels L‟eacutelectrospray eacutetant tregraves sensible agrave la preacutesence de

sels ou d‟additifs qui contribuent agrave la suppression du signal une eacutetape de dessalage est alors

neacutecessaire avant leur analyse Par conseacutequent afin de pouvoir analyser des eacutechantillons

proteacuteiques reacuteels le deacuteveloppement de nouveaux dispositifs d‟introduction laquo off-line raquo s‟est

reacuteveacuteleacute indispensable Il est donc tregraves important de travailler agrave froid

Le systegraveme d‟injection que j‟ai utiliseacute au deacutebut de ma thegravese a eacuteteacute mis en place au sein du

laboratoire trois mois avant mon arriveacutee avec la collaboration du Professeur Joslashrgensen Il

s‟agit eacutegalement d‟un montage en flux continu mais laquo off-line raquo constitueacute d‟une seule

seringue (Fig IV 3)

Proteacuteine deuteacutereacutee dans

solution H2O (pH 25 0degC)

Source ESI

Carboglace

(-78degC)Spectromegravetre

de masse

Gaz de neacutebulisation

N2 (TdegC ambiante)

Fig IV 3 Scheacutema de notre ancien dispositif drsquointroduction des eacutechantillons en flux continu

laquo off-line raquo la seringue refroidie

Avec ce type de dispositif la preacuteparation de l‟eacutechantillon correspondant agrave son marquage et

agrave son dessalage peut ecirctre reacutealiseacutee en amont Elle se deacutecline en trois eacutetapes qui sont les

suivantes (1) initiation de la reacuteaction d‟eacutechange HD en diluant la proteacuteine dans son tampon

de purification deuteacutereacute puis (2) fixation du marquage apregraves un temps d‟incubation t donneacute en

ajoutant une solution acide (pH final de 25) agrave basse tempeacuterature (0degC) et enfin (3) dessalage

et concentration de l‟eacutechantillon agrave l‟aide d‟une colonne de phase inverse C8 Cette derniegravere

eacutetape doit ecirctre reacutealiseacutee dans la glace et pendant un temps tregraves court (une minute environ) afin

de limiter l‟eacutechange inverse L‟eacutechantillon est ensuite chargeacute immeacutediatement dans la seringue

preacutealablement refroidie agrave 0degC puis injecteacute dans la source eacutelectrospray du spectromegravetre de

masse FT-ICR

161

refroidie

Longueur minimale

Carboglace

deuteacutereacutee

Agrave 0 C

(pH 25 0 C)

Fig IV 4 Photographie de notre systegraveme drsquointroduction des eacutechantillons marqueacutes la

seringue refroidie

La photographie de notre systegraveme d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes est preacutesenteacutee ci-

dessus (Fig IV 4) Ce dernier a eacuteteacute minutieusement optimiseacute afin de reacuteduire au maximum le

laquo back-exchange raquo Pour cela la seringue d‟injection est preacutealablement refroidie agrave 0degC entre

deux sachets de glace Au terme de la dureacutee d‟eacutechange HD preacutedeacutefinie la reacuteaction est arrecircteacutee

en diluant l‟eacutechantillon dans une solution acidifieacutee (pH final de 25) agrave 0degC L‟eacutechantillon est

conserveacute dans la glace Pour des eacutechantillons reacuteels une eacutetape de dessalage est reacutealiseacutee sous

ces mecircmes conditions strictes L‟eacutechantillon est alors preacuteleveacute gracircce agrave la seringue refroidie et

injecteacute dans la source du spectromegravetre de masse FT-ICR Pendant toute la dureacutee de l‟analyse

il est lui-mecircme refroidi par un sachet de carboglace surplombant la seringue Il est transfeacutereacute

par un capillaire en PEEK qui lui est agrave tempeacuterature ambiante et dont la longueur a par

conseacutequent eacuteteacute rendue minimale Pour des raisons techniques le capillaire ne mesure pas

moins de trente et un centimegravetres Un deacutebit d‟injection important eacutegal agrave 10 microLmin a donc

eacuteteacute utiliseacute Dans ces conditions il avait eacuteteacute montreacute que ce dispositif permettait un maintien

des deuteacuteriums agrave leur place pendant au moins dix minutes d‟acquisition de donneacutees Ainsi

l‟analyse d‟un point de cineacutetique de l‟arrecirct de la reacuteaction d‟eacutechange HD agrave la fin de

l‟acquisition en MS durait environ douze minutes Le dispositif d‟analyse ideacuteal combinerait

la consommation d‟une faible quantiteacute d‟eacutechantillon tout en minimisant les eacutechanges inverses

avec un temps d‟acquisition le plus long possible

162

Apregraves quelques mois d‟expeacuterimentation de ce systegraveme j‟ai pu dresser un rapide bilan des

difficulteacutes lieacutees agrave son utilisation La premiegravere surprise a eacuteteacute le nombre de seringues que l‟on

peut fecircler ou casser avec ce dispositif En effet bien que le modegravele de seringue choisi

(seringues Hamilton seacuterie 800) propose un piston renforceacute l‟eacutechantillon refroidi par la

carboglace a tendance agrave congeler Il forme alors un glaccedilon Tandis que le pousse-seringue

continue agrave fonctionner et agrave envoyer l‟eacutechantillon vers le spectromegravetre de masse une

surpression finit par ecirctre exerceacutee au niveau du verre de la seringue jusqu‟agrave sa fecirclure si

l‟analyse n‟est pas interrompue ou l‟eacutechantillon reacutechauffeacute Par ailleurs les deacutebits d‟injection

utiliseacutes impliquent de disposer d‟importantes quantiteacutes d‟eacutechantillon Dans le cas de l‟analyse

d‟eacutechantillons biologiques preacutecieux cette technique ne pourrait pas ecirctre utiliseacutee De plus

comme nous l‟avons vu dans le chapitre preacuteceacutedent les expeacuteriences sont difficilement

reproductibles Ayant pour objectif d‟ameacuteliorer le systegraveme j‟ai testeacute l‟effet du refroidissement

de l‟eacutechantillon par la carboglace lors de l‟analyse par MS et l‟influence du deacutebit d‟injection

sur le laquo back-exchange raquo

Pour cela j‟ai utiliseacute un systegraveme modegravele l‟ubiquitine Il s‟agit d‟une petite proteacuteine de 76

reacutesidus (86 kDa) dont la structure a eacuteteacute complegravetement deacutecrite dans la litteacuterature et qui est

souvent utiliseacutee dans la mise au point d‟approches par eacutechange HD Apregraves avoir deuteacutereacute

complegravetement l‟ubiquitine par incubation dans D2O (Annexe Mateacuteriel et meacutethodes) elle est

dilueacutee au centiegraveme dans une solution acidifieacutee H2OMeOH (4060) agrave environ 0degC Des

meacutelanges H2OACN (5050) eacutetaient auparavant utiliseacutes Le fait de choisir le meacutethanol comme

solvant et de l‟utiliser en plus grande proportion permet d‟une part d‟ameacuteliorer le processus

d‟ionisation par eacutelectrospray et d‟autre part de diminuer consideacuterablement le point de

congeacutelation de la solution agrave analyser Cela empecircche la formation systeacutematique de glaccedilons dus

au refroidissement de la solution par la carboglace L‟ubiquitine est ensuite directement

preacuteleveacutee par la seringue refroidie et injecteacutee dans la source ESI du spectromegravetre de masse FT-

ICR L‟analyse MS est reacutealiseacutee avec ou sans le sachet de carboglace surplombant la seringue

puis en testant diffeacuterents deacutebits d‟injection Le pourcentage de deuteacuteration de l‟ubiquitine est

suivi au cours des dix minutes d‟analyse autoriseacutes par le systegraveme de seringue refroidie afin de

mesurer l‟eacutechange inverse Les expeacuteriences sont reacutealiseacutees en duplicats ou triplicats pour

estimer l‟erreur de mesure

En theacuteorie en absence d‟eacutechange inverse la valeur du pourcentage de deuteacuteration devrait

rester constante et maximale en fonction du temps Dans la situation ideacuteale l‟ensemble des

hydrogegravenes d‟amide devraient ecirctre marqueacutes et aucun autre site ne devrait ecirctre deuteacutereacute

163

deacutefinissant ainsi un 100 theacuteorique En pratique ce pourcentage doit ecirctre corrigeacute pour

prendre en compte la preacutesence de deuteacuteriums dilueacutes dans la solution d‟eau leacutegegravere acidifieacutee On

peut par conseacutequent corriger le ratio maximal par la formule suivante

ougrave Ntot est le nombre total de sites eacutechangeables (hydrogegravenes d‟amide et chaicircnes lateacuterales)

Namide est le nombre de liaisons peptidiques R est le pourcentage de deuteacuteriums dans la

solution dilueacutee rapporteacute au nombre total d‟hydrogegravenes et de deuteacuteriums Damide est le taux de

deuteacuteration reacuteel des hydrogegravenes d‟amide ducirc au marquage et Dexp est le ratio de deuteacuteration

expeacuterimental donneacute par la formule suivante

ougrave nD est le nombre de deuteacuteriums (mesureacute par spectromeacutetrie de masse par exemple) Du fait

de la preacutesence de deuteacuteriums dans la solution on s‟attend donc agrave une surestimation du taux de

deuteacuteration Ainsi par exemple si on considegravere une dilution au 1100e dans une solution 6040

meacutethanoleau on trouve un ratio de deuteacuteration R de 19

ougrave 18 et 32 sont les masses molaires de l‟eau et du meacutethanol 079 est la densiteacute du meacutethanol

(celle de l‟eau est prise agrave 1) 4060 sont les proportions d‟eau et de meacutethanol

On s‟attend par conseacutequent agrave un taux de deuteacuteration maximal (avec Ntot = 146 Namide = 72)

d‟environ 102

De plus un excegraves de deuteacuteration suppleacutementaire peut ecirctre ducirc au non reacute-eacutechange d‟un

hydrogegravene pour les chaicircnes lateacuterales d‟arginine or l‟ubiquitine comporte 4 arginines dans sa

seacutequence Dans la suite de ce manuscrit une reacutefeacuterence agrave 105 sera prise qui correspond au

maximum expeacuterimentalement observeacute pour les diffeacuterents montages qui seront tenteacutes

164

Dans le cas des injections utilisant le montage d‟origine l‟eacutevolution preacutesenteacutee ci-dessous

est observeacutee (Fig IV 5)

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Avec carboglace Sans carboglace

Fig IV 5 Evolution du taux de deuteacuteration de lrsquoubiquitine mesureacute en fonction du temps apregraves

le deacutebut de lrsquoinjection Lrsquoubiquitine complegravetement deuteacutereacutee est introduite dans la source ESI

par le systegraveme de seringue refroidie Bleu pas de carboglace placeacute sur la seringue rouge

avec carboglace

Lors des cinq premiegraveres minutes les courbes avec et sans carboglace preacutesentent la mecircme

allure et se confondent presque La solution d‟ubiquitine agrave 0degC injecteacutee agrave 10 microLmin par la

seringue refroidie n‟a pas le temps de se reacutechauffer mecircme en l‟absence de carboglace Au

bout de cinq minutes la solution d‟ubiquitine se reacutechauffe en l‟absence de carboglace Ils

s‟opegraverent alors des eacutechanges inverses faisant chuter le pourcentage de deuteacuteration Par

conseacutequent en l‟absence de carboglace on divise le temps d‟analyse par deux au moins dans

des expeacuteriences HDXMS La partie initiale avec un taux de deuteacuteration plus eacuteleveacute

correspond agrave la combinaison d‟une perte de deuteacuteriums au cours du temps avec un effet de

deacutebit car initialement la seringue est maintenue agrave un deacutebit eacuteleveacute jusqu‟agrave apparition du signal agrave

t=0

L‟effet du deacutebit d‟injection de l‟eacutechantillon sur l‟eacutechange inverse (Fig IV 6) a ensuite eacuteteacute

testeacute pour le deacutebit de reacutefeacuterence de 10 microLmin et pour un deacutebit diviseacute par cinq de 2 microLmin

165

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie 10 microLmin 2 microLmin

Fig IV 6 Effet du deacutebit drsquoinjection sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse

MS Lrsquoubiquitine complegravetement deuteacutereacutee est introduite dans la source ESI par le systegraveme de

seringue refroidie surplombeacutee de carboglace Rouge deacutebit de 10 microLmin-1

violet deacutebit de

2 microLmin-1

Avec un faible deacutebit d‟injection (2 microLmin) de l‟eacutechantillon marqueacute le pourcentage de

deuteacuteration de l‟ubiquitine diminue consideacuterablement au cours de l‟analyse MS Les eacutechanges

inverses sont donc plus nombreux dans ces conditions expeacuterimentales On enregistre un

laquo back-exchange raquo moyen apregraves eacutequilibration de 35

Les graphes des Fig IV 5 et Fig IV 6 montrent que le systegraveme de seringue refroidie

permet de reacuteduire au maximum le laquo back-exchange raquo si l‟eacutechantillon est lui-mecircme refroidi par

la carboglace lors de l‟analyse MS et qu‟il est injecteacute agrave un deacutebit eacuteleveacute (10 microLmin)

Cependant le laquo back-exchange raquo moyen reste non neacutegligeable eacutegal agrave 20 Ayant eacutetudieacute

l‟ensemble des paramegravetres possibles en restant sur la base de ce systegraveme nous ne pouvons

guegravere plus l‟ameacuteliorer Nous avons donc deacutecideacute d‟inventer et de deacutevelopper un nouveau

systegraveme d‟introduction

IV3 Deacuteveloppement drsquoun nouveau dispositif drsquoinjection

L‟ideacutee a eacuteteacute d‟imaginer un dispositif capable de stocker l‟eacutechantillon marqueacute aux

deuteacuteriums agrave tregraves basse tempeacuterature en dessous de zeacutero degreacute avant son analyse finale par

spectromeacutetrie de masse

166

IV31 Qursquoest-ce que la laquo cryosource raquo

La laquo cryosource raquo est le nom que nous avons donneacute agrave notre dispositif d‟injection (Fig IV

7) Il s‟agit d‟une enceinte close thermostateacutee agrave tempeacuterature controcircleacutee avec comme objectif

initial une plage de tempeacuterature allant de la tempeacuterature ambiante agrave -100degC C‟est une boicircte

thermiquement isoleacutee issue de la transformation d‟une glaciegravere Elle se branche directement

sur la source ESI Elle est traverseacutee par un flux reacuteguleacute de gaz refroidi agrave l‟azote liquide (78 K)

La tempeacuterature interne de la boicircte est mesureacutee en continu par une sonde thermique et ajusteacutee

par un reacutegulateur de tempeacuterature controcirclant une reacutesistance chauffante L‟eacutechantillon est

introduit dans la laquo cryosource raquo puis injecteacute dans la source ESI du FT-ICR par un systegraveme de

vanne et boucle d‟injection Il est entraicircneacute vers le spectromegravetre de masse gracircce agrave l‟entreacutee d‟un

flux continu de solvant geacuteneacutereacute par un pousse-seringue situeacute agrave l‟exteacuterieur de la laquo cryosource raquo

deuteacutereacute agrave pH 25 et agrave 0 C

-30 C

Reacutegulateur de tempeacuterature

N2 (-30 C)

Azote liquide

Fig IV 7 Photographie de la laquo cryosource raquo

IV32 Mateacuteriel et meacutethodes

IV321 Instrumentation

Dans un premier temps voici la description de la version optimiseacutee de la laquo cryosource raquo et

des conditions expeacuterimentales neacutecessaires agrave la reacutealisation d‟expeacuteriences pour l‟eacutetude de la

167

structure de petites proteacuteines en HDXMS Elle est illustreacutee dans le scheacutema ci-apregraves (Fig IV

8)

L‟enceinte inteacuterieure de la laquo cryosource raquo est refroidie agrave une tempeacuterature de -30degC par

l‟arriveacutee d‟un gaz froid via un tuyau en cuivre Celui-ci forme un serpentin plongeacute dans un

reacutecipient rempli d‟azote liquide (78 K) qui permet le refroidissement du flux continu de gaz

entrant dans le systegraveme Une partie du gaz froid est envoyeacutee dans la laquo cryosource raquo agrave l‟aide

d‟un raccord en T tandis que l‟autre partie traverse le systegraveme et vient refroidir la ligne de

transfert de l‟eacutechantillon qui est introduit dans la source ESI

L‟inteacuterieur de la boicircte est maintenu agrave une tempeacuterature constante par un reacutegulateur de

tempeacuterature eacutequipeacute d‟une sonde thermique et d‟un ruban chauffant La sonde thermique de

type K est positionneacutee au niveau de la boucle contenant l‟eacutechantillon tandis que le ruban

chauffant entoure les tuyaux en cuivre deacuteposeacutes au fond de la boicircte Un ventilateur placeacute dans

l‟enceinte assure l‟homogeacuteneacuteiteacute de la tempeacuterature dans celle-ci

L‟eacutechantillon introduit dans une boucle de 75 microL par une vanne d‟injection est pousseacute vers

la source ESI du spectromegravetre de masse FT-ICR par le solvant agrave l‟aide d‟un pousse-seringue

Il est programmeacute agrave 2 microLmin correspondant agrave la valeur minimale du deacutebit pour laquelle le

spray est stable pour notre montage Les deacutebits infeacuterieurs deviennent instables lors du

refroidissement du montage probablement agrave cause de l‟augmentation de la viscositeacute des

solvants agrave -30degC Le volume injecteacute pour le remplissage de la boucle est de 100 microL

Finalement le gaz de neacutebulisation est eacutegalement refroidi par l‟azote liquide Il est envoyeacute agrave

l‟inteacuterieur du dispositif par un second tuyau en cuivre et est relieacute agrave l‟aiguille de neacutebulisation

de la source ESI permettant son refroidissement

168

Fig IV 8 Scheacutema du principe de la laquo cryosource raquo

IV322 Preacuteparation et analyse des eacutechantillons marqueacutes

Loptimisation de tous les paramegravetres expeacuterimentaux pour la laquo cryosource raquo a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave

laide de l‟ubiquitine proteacuteine modegravele et de peptides de reacutefeacuterence que l‟on peut deuteacuterer de

maniegravere seacutelective (peptides modegraveles conccedilus par le Prof T Joslashrgensen Universiteacute dOdense

Danemark)

L‟ubiquitine (100 microM) et les peptides modegraveles (1 mM) sont complegravetement deuteacutereacutes par

incubation dans D2O Ils sont ensuite dilueacutes (au 1100e) dans une solution H2OMeOH

(4060) agrave basse tempeacuterature contenant de l‟acide formique (2) pour l‟ubiquitine et de

l‟acide aceacutetique pour les peptides (05 M pH=23) L‟ubiquitine est alors immeacutediatement

analyseacutee par FT-ICR MS Les peptides quant agrave eux sont analyseacutes apregraves une incubation dans

H2O glaceacutee pendant un temps agrave deacuteterminer (environ 10 min avec le systegraveme de seringue

refroidie) afin de deacutemarquer seacutelectivement l‟extreacutemiteacute N-terminale et conserver un nombre

moyen de 45 deuteacuteriums du cocircteacute C-terminal (26-27)

L‟eacutetape de dessalage a eacuteteacute reacutealiseacutee manuellement sur colonne Une cartouche Sep-Paktrade

C8 a eacuteteacute utiliseacutee

169

IV33 Reacutesultats

IV331 Conception du produit et optimisation sur une petite proteacuteine

IV3311 Reacutealisation de la maquette

Cette phase de reacutealisation de la maquette initiale a permis une grande creacuteativiteacute de notre

part et a deacutetermineacute la faisabiliteacute technologique des choix de conception Elle a eacuteteacute conccedilue agrave

l‟aide d‟un bac agrave glace isotherme et de son couvercle Cette boicircte en polystyregravene a montreacute de

bonnes capaciteacutes de stockage agrave basse tempeacuterature malgreacute des fuites thermiques non

neacutegligeables causant une perte de froid En particulier elle a permis de valider la plage de

tempeacuterature atteignable (0degC agrave -100degC) et de veacuterifier la faisabiliteacute de l‟utilisation de meacutelanges

eausolvant organique agrave ces tempeacuteratures On notera en particulier que bien que les

tempeacuteratures de cristallisation des meacutelanges eaumeacutethanol et eauaceacutetonitrile soient connues

la viscositeacute de ceux-ci ne l‟est pas Pour les meacutelanges eaumeacutethanol qui preacutesentent des

tempeacuteratures de cristallisation infeacuterieures agrave -100degC agrave forts rapports meacutethanoleau il s‟est

aveacutereacute impossible d‟obtenir un deacutebit stable agrave des tempeacuteratures infeacuterieures agrave -80degC Pour les

meacutelanges eauaceacutetonitrile la limite se situe vers -25degC pour un minimum theacuteorique agrave -43degC

IV3312 Reacutealisation des prototypes

Le produit a ensuite eacuteteacute deacuteveloppeacute et des prototypes ont eacuteteacute reacutealiseacutes pour permettre sa

validation apregraves une seacuterie de tests

Pour cela une glaciegravere de la marque Campingaz qui preacutesentait l‟avantage d‟avoir des

joints d‟eacutetancheacuteiteacute ainsi qu‟une reacutesistance garantie agrave des tempeacuteratures de -78degC a eacuteteacute

transformeacutee en laquo cryosource raquo Dans la premiegravere version de notre dispositif d‟introduction agrave

froid des eacutechantillons marqueacutes dans le spectromegravetre de masse le gaz de neacutebulisation a eacuteteacute

laisseacute agrave tempeacuterature ambiante (Fig IV 9)

170

Fig IV 9 Scheacutema du prototype de la laquo cryosource raquo avec le gaz de neacutebulisation agrave

tempeacuterature ambiante

Afin de valider le prototype nous lavons compareacute agrave l‟ancien systegraveme d‟injection la

seringue refroidie Les reacutesultats obtenus avec la premiegravere version de la laquo cryosource raquo (courbe

en violet) sont assez similaires agrave ceux enregistreacutes avec la seringue refroidie (courbe en rouge)

(Fig IV 10) L‟ubiquitine preacutesente un taux de deuteacuteration un peu plus eacuteleveacute lorsqu‟elle est

introduite par la laquo cryosource raquo par rapport agrave la seringue refroidie Par contre le pourcentage

de deuteacuteration est instable au cours de l‟analyse MS La laquo cryosource raquo dans cette

configuration n‟apporte pas de valeur ajouteacutee agrave la seringue refroidie Elle doit donc ecirctre

ameacutelioreacutee pour ecirctre valideacutee

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource N2 (Ta) Seringue refroidie

Fig IV 10 Effet du systegraveme drsquoinjection utiliseacute sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de

lrsquoanalyse MS Les dispositifs ici compareacutes sont le systegraveme de seringue refroidie et la premiegravere

version de la laquo cryosource raquo avec le gaz de neacutebulisation agrave tempeacuterature ambiante

Ubiquitine

171

L‟ameacutelioration de notre dispositif a porteacute sur le refroidissement du gaz de neacutebulisation par

l‟azote liquide (78 K) (Fig IV 8) Il est envoyeacute dans l‟enceinte isoleacutee agrave -30degC par un tuyau en

cuivre qui traverse la boicircte L‟extreacutemiteacute du tuyau de cuivre agrave la sortie de la laquo cryosource raquo

est brancheacutee au niveau de la source ESI L‟aiguille de spray est par ce systegraveme elle-mecircme

refroidie

On obtient alors un spray refroidi stable qui nous donne les reacutesultats suivants (courbe en

bleu fonceacute) (Fig IV 11) Dans cette configuration l‟ubiquitine preacutesente un pourcentage

moyen de deuteacuteration nettement supeacuterieur agrave celui obtenu avec les autres systegravemes (ou

versions de systegravemes) et le taux de deuteacuteration est stable tout au long de l‟analyse MS (Fig

IV 11 Tab IV 1)

Tab IV 1 Pourcentages moyens de deuteacuteration de lrsquoubiquitine obtenus agrave lrsquoaide de la

seringue refroidie et de la laquo cryosource raquo dans les versions 1 et 2 et calculeacutes agrave diffeacuterents

temps de lrsquoanalyse par MS

1 min d‟analyse 5 min d‟analyse 10 min d‟analyse

Seringue refroidie 8870 8518 8484

Cryosource version 1 9773 9167

Cryosource version 2 10388 10433 10388

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource N2 (-30degC)

Seringue refroidie Cryosource N2 (Ta)

Fig IV 11 Effet du refroidissement du gaz de neacutebulisation agrave -30degC avec la laquo cryosource raquo

sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

Ubiquitine

172

La Fig IV 11 montre que la ldquocryosourcerdquo dans sa version ameacutelioreacutee (avec le gaz de

neacutebulisation refroidi) agrave -30degC et pour un deacutebit d‟injection de 2 microLmin conduit agrave un

pourcentage de deuteacuteration tregraves proche de la valeur maximale attendue (105) et qui reste

stable pendant toute la dureacutee de l‟analyse par rapport au systegraveme de seringue refroidie La

laquo cryosource raquo avec ses diffeacuterents paramegravetres optimiseacutes est alors valideacutee

Nous avons ensuite testeacute diffeacuterentes tempeacuteratures dans la cryosource pour voir l‟influence

du paramegravetre tempeacuterature sur la deuteacuteration J‟ai donc eacutegalement testeacute les tempeacuteratures de -

20degC (courbe en violet) et -10degC (courbe en rouge) (Fig IV 12) Quelle que soit la

tempeacuterature de la laquo cryosource raquo elle nous permet de maintenir constant le taux de

deuteacuteration au cours de l‟analyse Cependant plus la tempeacuterature augmente plus le laquo back-

exchange raquo est important En effet agrave -30degC il est infeacuterieur agrave 3 tandis qu‟agrave -20degC le laquo back-

exchange raquo moyen est de 25 et agrave -10degC il est de 35 Ceci peut s‟expliquer par le fait que la

partie correspondant agrave la sortie de laquo cryosource raquo juste avant l‟entreacutee dans la source ESI

n‟est pas recouverte par un manchon isolant Elle est certes refroidie par l‟arriveacutee d‟un gaz

froid agrave -30degC mais qui se reacutechauffe au contact de l‟air conduisant agrave une perte de froid

Lorsque l‟inteacuterieur de la boicircte est agrave -30degC alors la sortie de la laquo cryosource raquo enregistre une

tempeacuterature d‟environ -10degC suffisante pour eacuteviter le reacute-eacutechange des deuteacuteriums avec les

hydrogegravenes Mais lorsque la tempeacuterature de la laquo cryosource raquo est supeacuterieure agrave -30degC ie agrave -

20degC ou agrave -10degC la sortie preacutesente des tempeacuteratures positives conduisant agrave du laquo back-

exchange raquo

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie -30degC -20degC -10degC

Fig IV 12 Effet de la tempeacuterature interne de la laquo cryosource raquo sur le maintien en place des

deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

173

Les Fig IV 11 et Fig IV 12 montrent que l‟utilisation de la laquo cryosource raquo agrave -30degC et

avec le refroidissement du gaz de neacutebulisation permet de reacuteduire le deacutebit d‟injection agrave 2

microLmin avec un laquo back-exchange raquo minimal (lt 3)

Nous avons ensuite voulu quantifier le laquo back-exchange raquo imputable agrave l‟eacutetape de dessalage

En effet le but ultime de cette eacutetude est de pouvoir utiliser notre dispositif d‟introduction des

eacutechantillons marqueacutes pour l‟analyse structurale de proteacuteines et de complexes proteacuteiques reacuteels

D‟apregraves le graphe de la Fig IV 13 nous concluons que l‟eacutetape de dessalage conduit agrave une

perte de 20 de la deuteacuteration lui aussi tregraves stable au cours du temps

40

60

80

100

120

0 100 200 300 400 500 600

Po

urc

en

tage

de

de

uteacute

rati

on

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Sans dessalage Avec dessalage

Fig IV 13 Effet du dessalage sur le maintien en place des deuteacuteriums lors de lrsquoanalyse MS

Nous avons deacuteveloppeacute un dispositif d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes dans le

spectromegravetre de masse qui reacuteduit consideacuterablement le laquo back-exchange raquo Nous avons

deacutetermineacute un ensemble de paramegravetres optimiseacutes conduisant agrave moins de 3 d‟eacutechange inverse

en solution Pour cela il est indispensable d‟utiliser la laquo cryosource raquo pour refroidir

l‟eacutechantillon la tempeacuterature optimale du systegraveme eacutetant de -30degC pour un deacutebit d‟injection de

l‟analyte de 2 microLmin Le gaz de neacutebulisation doit ecirctre eacutegalement refroidi agrave -30degC La

laquo cryosource raquo preacutesente plusieurs avantages Elle permet de refroidir l‟eacutechantillon agrave tregraves basse

tempeacuterature agrave une valeur bien au-dessous de zeacutero degreacute Celsius ce qui allonge

consideacuterablement le temps d‟analyse La tempeacuterature est en effet stable pendant des temps

longs allant jusqu‟agrave une heure Et elle autorise de plus faibles deacutebits d‟injection Les diffeacuterents

paramegravetres optimiseacutes au niveau de l‟ancien et du nouveau dispositif d‟introduction des

eacutechantillons marqueacutes sont reacutecapituleacutes et compareacutes dans le tableau (Tab IV 2) Le dessalage

174

est maintenant l‟eacutetape critique pour la minimisation du laquo back-exchange raquo Il faudrait ecirctre

capable de le reacutealiser eacutegalement agrave -30degC dans la laquo cryosource raquo

Tab IV 2 Comparaison des paramegravetres optimiseacutes pour les systegravemes de seringue refroidie et

de laquo cryosource raquo

Finalement il convient de noter qu‟une derniegravere ameacutelioration a eacuteteacute apporteacutee agrave la

laquo cryosource raquo suite agrave l‟observation de problegravemes de reproductibiliteacute preacutesenteacutes ci-dessous Il

apparaissait reacuteguliegraverement des problegravemes de bouchage du montage ougrave apregraves injection le

montage se retrouvait agrave monter en pression au-delagrave de la limite permise par le pousse-

seringue Apregraves recherche de l‟origine de ce problegraveme reacutecurrent nous avons pu identifier ce

problegraveme comme eacutetant arriveacute lors de l‟ajout du gaz de neacutebulisation refroidi et eacutetant lieacute agrave une

tempeacuterature du tuyau d‟ameneacutee de ce gaz largement infeacuterieure agrave celle de l‟enceinte (-65degC

mesureacutes agrave la jonction avec la source ESI) L‟augmentation de viscositeacute voire la cristallisation

au niveau de ces points froids pourrait ecirctre agrave l‟origine de ces pheacutenomegravenes de bouchage Ce

problegraveme a eacuteteacute reacutegleacute en ameacuteliorant les eacutechanges thermiques dans l‟enceinte agrave la fois par

l‟augmentation du contact tuyau du gaz de neacutebulisationruban chauffant mais eacutegalement par

l‟ajout d‟un ventilateur dans l‟enceinte Une contrepartie de ces ajouts est une perte de la

capaciteacute de refroidissement en dessous de -30degC

IV332 Validation de la laquo cryosource raquo et optimisation sur des peptides

Nous avons ensuite souhaiteacute valider notre dispositif d‟introduction des eacutechantillons

marqueacutes permettant la minimisation du laquo back-exchange raquo sur des peptides modegraveles

seacutelectivement deuteacutereacutes En effet ces peptides sont speacutecifiquement construits pour la mise au

point d‟expeacuteriences HDXMS Leur analyse permet d‟eacutetudier les pheacutenomegravenes de laquo back-

exchange raquo et plus particuliegraverement de laquo scrambling raquo

175

IV3321 Validation de la laquo cryosource raquo pour HHHHHHIIKIIK

Le peptide HHHHHHIIKIIK complegravetement deuteacutereacute est seacutelectivement deacutemarqueacute du cocircteacute N-

terminal apregraves dilution dans une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature Apregraves dix minutes

d‟incubation dans H2O glaceacutee le peptide introduit par la cryosource dans le spectromegravetre de

masse FT-ICR contient bien 45 deuteacuteriums Le reacutesultat est conforme agrave la publication de T

Joslashrgensen (26) De plus au cours de l‟analyse MS le nombre de deuteacuteriums reste constant par

rapport agrave l‟utilisation du systegraveme de seringue refroidie (Fig IV 14) La laquo cryosource raquo permet

donc de reacuteduire au maximum l‟eacutechange inverse dans le cas eacutegalement de l‟analyse du peptide

HHHHHHIIKIIK par HDX Le systegraveme peptide modegravele laquo cryosource raquo permettra d‟eacutetudier

par la suite le laquo scrambling raquo avec preacutecision

0

1

2

3

4

5

6

0 100 200 300 400 500 600

No

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e d

eu

teacuteri

um

s

Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource Seringue refroidie

Fig IV 14 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse Comparaison de la

laquo cryosource raquo vs la seringue refroidie

IV3322 Cas du peptide KKDDDDDDIIKIIK

La mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee avec le peptide KKDDDDDDIIKIIK qui appartient agrave la

mecircme famille que HHHHHHIIKIIK Dans un premier temps il est complegravetement deuteacutereacute par

incubation dans D2O Puis il est seacutelectivement deacutemarqueacute du cocircteacute N-terminal par dilution dans

une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature Apregraves dix minutes d‟incubation dans H2O

glaceacutee le peptide est finalement injecteacute dans la laquo cryosource raquo puis analyseacute en spectromeacutetrie

de masse Son nombre de deuteacuteriums est alors supeacuterieur (56) agrave celui attendu (45) (Fig IV

15) Avant de tester la stabiliteacute de la laquo cryosource raquo il nous faut deacuteterminer le temps

HHHHHHIIKIIK

176

d‟incubation dans H2O glaceacutee pour lequel le peptide aura incorporeacute 45 deuteacuteriums

Apparemment ce temps serait supeacuterieur agrave quatorze minutes

5586311

5589655

5592998

55963595599711

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000001d +MS2(5586)

0

1

2

3

4

7x10

Intens

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5596387

5599738

5603078

5606417 5609768

5613124

5616476

56198265623171

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000010d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5589678 5593021 5596386

5599737

5603078

56064175609769

5613122

5616475

56198235623167

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000017d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

5593029

5596384

5599727

5603066

5606408

5609760

5613115

5616464

5619811

111005_KKDDDDDDIIKIIK_cryosource_000030d +MS2(5609)

00

05

10

15

20

25

7x10

5590 5595 5600 5605 5610 5615 5620 5625 5630 mz

58 D

Reacutefeacuterence sans HDX

Avec HDX sans incubation dans

H2O analyse agrave t0 = 0 min

Avec HDX incubation dans H2O

pendant 10 min56 D

Avec HDX incubation dans H2O

pendant 14 min

50 D

(a)

(b)

(c)

(d)

Fig IV 15 Zoom du massif isotopique de lrsquoion parent [M+3H] 3+

dans les spectres MS du

peptide KKDDDDDDIIKIIK Les eacutechantillons marqueacutes sont introduits par la laquo cryosource raquo

et le nombre de deuteacuteriums incorporeacutes est calculeacute apregraves diffeacuterents temps drsquoincubation dans

H2O t0=0 min (b) 10 min (c) et 14 min (d) par rapport agrave la reacutefeacuterence sans marquage (a)

IV33221 Deacutetermination du temps drsquoincubation pour le deacutemarquage seacutelectif

J‟ai donc deacutecideacute de retravailler avec le systegraveme de seringue refroidie pour pouvoir

deacuteterminer ce temps Le montage reacutealiseacute a eacuteteacute le suivant apregraves que l‟eacutechantillon ait eacuteteacute

complegravetement deuteacutereacute il a eacuteteacute dilueacute dans une solution H2O acide et agrave basse tempeacuterature pour

bloquer la reacuteaction d‟eacutechange HD Il a ensuite eacuteteacute immeacutediatement preacuteleveacute et injecteacute agrave 10

microLmin par la seringue refroidie qui a eacuteteacute entoureacutee par deux sachets de glace L‟acquisition

des donneacutees a eacuteteacute reacutealiseacutee pendant vingt-cinq minutes Les reacutesultats sont donneacutes dans la Fig

IV 16 Avec le systegraveme de seringue refroidie le temps requis semble ecirctre de quatorze

minutes alors qu‟il paraissait ecirctre supeacuterieur avec la laquo cryosource raquo

La difficulteacute geacuteneacuterale agrave laquelle nous n‟avions pas penseacute initialement est la suivante les

hydrogegravenes d‟amide ne se deacutemarquent pas agrave la mecircme vitesse et dans les expeacuteriences de T

Joslashrgensen la fin du deacutemarquage a lieu dans le capillaire de transfert qui est agrave tempeacuterature

177

ambiante Elle est donc incontrocirclable La laquo cryosource raquo quant agrave elle ne comporte pas de

capillaire de transfert agrave tempeacuterature ambiante pour finir le deacutemarquage Par conseacutequent il

nous faut deacuteterminer avec ce nouveau mode d‟introduction le temps d‟incubation des

peptides dans H2O pour les deacutemarquer seacutelectivement et avoir exactement le bon nombre

initial de deuteacuteriums Il semblerait que ce temps d‟incubation soit plus long dans le cas de

l‟utilisation de la laquo cryosource raquo

2

3

4

5

6

0 5 10 15 20 25

No

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Temps danalyse (en minutes)

Fig IV 16 Nombre de deuteacuteriums de lrsquoion parent [M+3H] 3+

du peptide KKDDDDDDIIKIIK

calculeacute en fonction du temps de reacutesidence dans la seringue refroidie agrave 0degC tout au long de

lrsquoanalyse

Par conseacutequent j‟ai travailleacute de nouveau avec la laquo cryosource raquo par tacirctonnements J‟ai

reacutealiseacute plusieurs essais (Fig IV 17) Un essai correspond agrave une incubation du peptide

complegravetement marqueacute dans H2O glaceacutee et agrave une ou plusieurs injections dans la laquo cryosource raquo

agrave diffeacuterents temps D‟apregraves les reacutesultats du premier essai (points en bleu) le nombre de

deuteacuteriums retenu par le peptide seacutelectivement deacutemarqueacute apregraves vingt minutes d‟incubation est

supeacuterieur (53) agrave ce qui est attendu (45) mais apregraves trente minutes il est infeacuterieur (40) Un

deuxiegraveme essai a donc eacuteteacute reacutealiseacute apregraves vingt-cinq minutes d‟incubation (point rouge)

supposeacute ecirctre le temps que l‟on cherche agrave deacuteterminer Mais le nombre de deuteacuteriums s‟est

aveacutereacute bien supeacuterieur (68) agrave ce que nous attendions Un troisiegraveme essai (point orange) agrave trente

minutes d‟incubation a donneacute exactement le mecircme nombre de deuteacuteriums (53) qu‟une

mesure effectueacutee preacuteceacutedemment agrave vingt minutes (1er

essai) Un dernier essai a eacuteteacute reacutealiseacute pour

diffeacuterents temps d‟incubation allant de vingt agrave soixante minutes (points en violet) laissant

supposer que vingt-cinq minutes serait le temps rechercheacute Notons ici que je n‟ai pas eu de

178

signal en spectromeacutetrie de masse pour des temps d‟incubation infeacuterieurs agrave vingt minutes

Pourtant j‟ai testeacute les temps t= 0 15 min Par conseacutequent les reacutesultats ne sont pas

reproductibles et il semblerait que j‟ai rencontreacute des problegravemes de bouchage en raison de

l‟apparition de points froids dans le montage

0

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10 20 30 40 50 60

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Temps dincubation dans H2O glaceacutee (en minutes)

Theacuteorie 1er essai 2e essai 3e essai 4e essai

Fig IV 17 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoincubation dans H2O glaceacutee

J‟ai alors reacutealiseacute le mecircme type d‟expeacuterience un autre jour en augmentant le deacutebit agrave 25

microLmin (courbe noire Fig IV 18) Cela m‟a permis finalement d‟obtenir du signal pour des

temps t= 0 15 min Cependant le temps d‟incubation dans H2O glaceacutee pour avoir le bon

nombre de deuteacuteriums initial semble avoir consideacuterablement eacuteteacute reacuteduit (de 25 agrave 10 min

environ) Pour s‟assurer de la reproductibiliteacute des reacutesultats la mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee un

autre jour (courbe orange) Puis j‟ai effectueacute deux autres essais (courbes bleue et rouge) le

mecircme jour apregraves avoir recouvert la sortie de la laquo cryosource raquo qui se branche sur la source

ESI du FT-ICR par un manchon isolant L‟ideacutee ici est de limiter au maximum les pertes de

froid agrave cet endroit La tempeacuterature diminue passant de -8degC agrave -15degC Ainsi le nombre de

deuteacuteriums est augmenteacute Les reacutesultats semblent reproductibles et deacutesormais un temps

d‟incubation de quinze minutes semble convenir

179

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6

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0 10 20 30 40 50 60

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Temps dincubation dans H2O glaceacutee (en minutes)

Fig IV 18 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoincubation dans H2O glaceacutee Le

deacutebit drsquoinjection a eacuteteacute augmenteacute agrave 25 microLmin et la sortie de la laquo cryosource raquo isoleacutee

thermiquement (courbes en bleu et en rouge)

IV33222 Veacuterification de la stabiliteacute de la deuteacuteration dans la laquo cryosource raquo

Apregraves quinze minutes d‟incubation dans H2O glaceacutee le peptide est de nouveau injecteacute dans

la laquo cryosource raquo puis analyseacute par spectromeacutetrie de masse Son nombre de deuteacuteriums est une

nouvelle fois supeacuterieur (56) agrave celui attendu (45) De plus un pheacutenomegravene tout agrave fait

incompreacutehensible est observeacute le nombre de deuteacuteriums augmente lors des premiegraveres minutes

de l‟analyse alors que le peptide est stockeacute agrave -30degC dans la laquo cryosource raquo Le peptide gagne

deux deuteacuteriums suppleacutementaires au bout de cinq minutes passant de 56 agrave 76 deuteacuteriums

(Fig IV 19) Dans ces conditions la minimisation du laquo scrambling raquo en utilisant le peptide

KKDDDDDDIIKIIK et la laquo cryosource raquo ne peut pas ecirctre envisageacutee

180

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0 100 200 300 400 500 600

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Temps danalyse (en secondes)

Theacuteorie Cryosource

Fig IV 19 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse

Pour s‟assurer que ce pheacutenomegravene n‟est pas un arteacutefact expeacuterimental mais qu‟il est

reproductible la mecircme expeacuterience est reacutealiseacutee agrave diffeacuterents temps t= 0 15 20 25 30 min

d‟incubation dans H2O glaceacutee (Fig IV 20) Les diffeacuterentes courbes preacutesentent la mecircme allure

deacutefinie par deux parties La premiegravere partie qui correspond aux cinq premiegraveres minutes

d‟analyse montre une augmentation du nombre de deuteacuteriums tandis que la seconde partie est

caracteacuteriseacutee par une diminution du nombre de deuteacuteriums Le temps d‟incubation dans H2O

glaceacutee a eacuteteacute changeacute et vingt minutes semblent maintenant convenir

2

3

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0 5 10 15 20 25 30

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Temps danalyse (en minutes)

Theacuteorie

0 min

15 min

20 min

25 min

30 min

Fig IV 20 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents temps

drsquoincubation dans H2O glaceacutee

KKDDDDDDIIKIIK

181

Pour essayer de comprendre scientifiquement le pheacutenomegravene en utilisant le mecircme jeu de

donneacutees j‟ai traceacute le graphe suivant intensiteacute des ions formeacutes en fonction du temps

d‟analyse (Fig IV 21) Les courbes preacutesentent la mecircme allure que celles du graphe de la

figure preacuteceacutedente (Fig IV 20) L‟intensiteacute des ions semble varier comme le nombre de

deuteacuteriums

00E+00

20E+07

40E+07

60E+07

80E+07

10E+08

12E+08

0 5 10 15 20 25 30

Inte

nsi

teacute d

es

ion

s

Temps danalyse (en minutes)

0 min

15 min

25 min

30 min

Fig IV 21 Intensiteacute des ions en fonction du temps drsquoanalyse pour les diffeacuterents temps

drsquoincubation testeacutes

Nous deacutecidons alors de tracer le graphe de l‟intensiteacute des ions en fonction du nombre de

deuteacuteriums (Fig IV 22) Il apparaicirct alors clairement qu‟il existe une correacutelation entre le

nombre d‟ions formeacutes et le nombre de deuteacuteriums retenus Or les facteurs qui peuvent

influencer le nombre d‟ions formeacutes sont le pH et la concentration en analyte En effet un pH

acide et une concentration eacuteleveacutee d‟eacutechantillon favorisent la formation d‟ions Sachant que les

eacutechanges HD sont controcircleacutes non seulement par la tempeacuterature mais aussi par le paramegravetre

pH alors le pheacutenomegravene que nous observons ressemblerait agrave un effet de pH Cet effet de pH

s‟expliquerait par un effet de meacutelange entre la solution contenant l‟eacutechantillon (peptide

complegravetement deuteacutereacute dilueacute au 1100e dans une solution H2OMeOH 4060 acidifieacutee) et le

solvant (H2OMeOH 4060) qui sert agrave pousser l‟analyte vers la source du spectromegravetre de

masse (Fig IV 23)

182

00E+00

20E+07

40E+07

60E+07

80E+07

10E+08

12E+08

2 3 4 5 6 7 8 9 10

Inte

nsi

teacute d

es

ion

s

Nombre de deuteacuteriums

0 min

15 min

25 min

30 min

Fig IV 22 Intensiteacute des ions en fonction du nombre de deuteacuteriums pour les diffeacuterents temps

drsquoincubation testeacutes

Injection avec pousse-seringue

EchantillonSolvant Solvant

Δ pH

Δ concentration

Analyse en MS

Cryosource

Δ pH

Δ concentration

Chargement de lrsquoeacutechantillon

Injection de lrsquoeacutechantillon

Cas ideacuteal

Cas reacuteel

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

Injection avec pousse-seringue

EchantillonSolvant Solvant

Δ pH

Δ concentration

Analyse en MS

Cryosource

Δ pH

Δ concentration

Chargement de lrsquoeacutechantillon

Injection de lrsquoeacutechantillon

Cas ideacuteal

Cas reacuteel

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

KKDDDDDDIIKIIK

Fig IV 23 Scheacutema explicatif de lrsquohypothegravese de lrsquoeffet de meacutelange observeacute

Afin de s‟affranchir de l‟effet de meacutelange nous avons deacutecideacute de modifier la composition

du solvant de faccedilon agrave avoir exactement la mecircme que pour l‟eacutechantillon Autrement dit nous

l‟avons acidifieacute et leacutegegraverement deuteacutereacute Le nouveau solvant est un meacutelange H2OMeOH 4060

auquel a eacuteteacute ajouteacute 05 M d‟acide aceacutetique et 1 de D2O Il est conserveacute agrave -20degC avant

chaque utilisation Un sachet de glace est eacutegalement deacuteposeacute sur la seringue contenant le

solvant lors de l‟analyse par MS Le lavage des capillaires en PEEK (boucle et celui

183

d‟introduction de l‟eacutechantillon dans le spectromegravetre de masse) est deacutesormais reacutealiseacute gracircce au

nouveau solvant Puis j‟ai testeacute l‟effet du deacutebit d‟injection sur la reacutetention du marquage dans

la laquo cryosource raquo (Fig IV 24 et Fig IV 25) Les reacutesultats montrent que pheacutenomegravene

s‟amplifie avec l‟augmentation du deacutebit ce qui est inattendu

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0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350microLh

600 microLh (10 microLmin)

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3

Fig IV 24 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Les analyses sont reacutealiseacutees dans lrsquoordre

croissant du deacutebit drsquoinjection

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0 2 4 6 8 10

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)

1

2

3

Fig IV 25 Zoom de la Fig IV 24 pour les dix premiegraveres minutes drsquoanalyse

Les mecircmes expeacuteriences ont ensuite eacuteteacute reacutealiseacutees en changeant l‟ordre des diffeacuterents deacutebits

d‟injection testeacutes (Fig IV 26 et Fig IV 27)

184

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0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)1

23

Fig IV 26 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Le deacutebit drsquoinjection de 600 microLh est testeacute en

premier puis celui de 150 microLh et enfin celui de 350 microLh

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0 2 4 6 8 10

150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)1

2

3

Fig IV 27 Zoom de la Fig IV 26 pour les dix premiegraveres minutes drsquoanalyse

Les reacutesultats ne sont pas reproductibles Nous deacutecidons alors de raccourcir au maximum le

capillaire en PEEK qui transfegravere le solvant dans la laquo cryosource raquo (67 cm 22 cm) et de

recommencer une nouvelle seacuterie de mesures en changeant une nouvelle fois l‟ordre des

diffeacuterents deacutebits d‟injection testeacutes (Fig IV 28) Les reacutesultats obtenus ne sont toujours pas

satisfaisants

185

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0 2 4 6 8 10

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Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

350 microLh

600 microLh (10 microLmin)

1

2

3

Fig IV 28 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour diffeacuterents deacutebits

drsquoinjection sans incubation dans H2O glaceacutee Le deacutebit drsquoinjection de 150 microLh est testeacute en

premier puis celui de 360 microLh et enfin celui de 350 microLh

Nous avons ensuite voulu deacutecoupler l‟effet du deacutebit agrave celui du temps en reacutealisant trois fois

conseacutecutivement la mecircme expeacuterience dans les mecircmes conditions avec le mecircme deacutebit et en

testant les deux deacutebits extrecircmes 2 microLmin et 10 microLmin (reacutealisation de triplicats) De

nouvelles conditions expeacuterimentales ont eacuteteacute deacutefinies La laquo cryosource raquo est eacutequilibreacutee pendant

trente minutes apregraves qu‟elle ait atteint sa tempeacuterature de -30degC Auparavant les analyses

eacutetaient lanceacutees sans l‟eacutetape de stabilisation de la laquo cryosource raquo De plus l‟ajout d‟azote

liquide dans le reacutecipient servant agrave refroidir le systegraveme n‟est deacutesormais plus effectueacute pendant

l‟analyse mais uniquement entre deux analyses Les reacutesultats sont donneacutes dans la Fig IV 29

Le nombre de deuteacuteriums n‟est toujours pas stable lors de l‟analyse par MS

Il semblerait que la tempeacuterature agrave l‟inteacuterieur de la laquo cryosource raquo ne soit pas homogegravene en

tout point L‟ajout d‟une seconde sonde thermique proche de la source du spectromegravetre de

masse pourrait mettre en eacutevidence le diffeacuterentiel de tempeacuterature

Une ideacutee serait de rincer la boucle d‟injection avec un solvant identique mais

complegravetement deuteacutereacute (D2OCH3ODCH3COOD) afin de comparer les reacutesultats

186

4

5

6

7

8

9

10

11

12

0 2 4 6 8 10

No

mb

re d

e d

eu

teacuteri

um

s

Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

600 microLh (10 microLmin)

Fig IV 29 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse pour les deacutebits drsquoinjection

de 2 microLmin et 10 microLmin sans incubation dans H2O glaceacutee

Le peptide KKDDDDDDIIKIIK semble ecirctre tregraves sensible vis-agrave-vis de la deuteacuteration agrave un

(ou plusieurs) paramegravetre(s) relatif(s) agrave l‟utilisation de la laquo cryosource raquo que nous n‟identifions

ni ne controcirclons Pour veacuterifier si ces problegravemes eacutetaient geacuteneacuteraux ou speacutecifiques de ce peptide

nous avons deacutecideacute deffectuer nos tests sur un peptide plus classique le Glufibrinopeptide

(GluF)

IV3323 Cas du peptide GluF

Le peptide GluF n‟est pas un peptide classiquement utiliseacute pour la mise au point

d‟expeacuteriences HDXMS mais il nous sert au laboratoire comme standard de calibration en

MSMS car il se fragmente pour donner de nombreux ions b et y en CID

Fort heureusement lanalyse du GluF agrave laide de la cryosource apregraves incubation dans D2O

et dilution dans les solvants hydrogeacuteneacutes indique que le marquage reste stable au cours de

l‟analyse par spectromeacutetrie de masse (Fig IV 30) Ces reacutesultats montrent que les problegravemes

que nous avons rencontreacutes preacuteceacutedemment semblent lieacutes agrave la nature du peptide K2D6IIKIIK et

permettent enfin de valider lutilisation de la laquo cryosource raquo minutieusement optimiseacutee pour

des eacutetudes HDXMS

187

7

8

9

10

11

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13

14

0 2 4 6 8 10

No

mb

re d

e d

eu

teacuteri

um

s

Temps danalyse (en minutes)

150 microLh (25 microLmin)

Fig IV 30 Nombre de deuteacuteriums en fonction du temps drsquoanalyse apregraves injection du peptide

GluF deuteacutereacute dans la laquo cryosource raquo

IV34 Conclusion

Nous avons deacuteveloppeacute un nouveau systegraveme dintroduction des proteacuteines deuteacutereacutees dans le

spectromegravetre de masse que nous avons appeleacute laquo cryosource raquo Lutilisation de cette

laquo cryosource raquo permet le stockage des eacutechantillons dans une enceinte isoleacutee agrave -30degC ce qui

eacutevite le deacutemarquage pendant des temps longs (une heure) et permet eacutegalement de travailler

avec des deacutebits faibles de lordre de 2 microLmin

Loptimisation de tous les paramegravetres expeacuterimentaux pour la laquo cryosource raquo a eacuteteacute reacutealiseacutee agrave

laide de peptides seacutelectivement marqueacutes et eacutegalement sur lubiquitine proteacuteine modegravele de 86

kDa

L‟analyse du peptide de reacutefeacuterence KKDDDDDDIIKIIK a permis une optimisation plus

fine des paramegravetres Des ameacuteliorations techniques ont eacuteteacute apporteacutees Le solvant utiliseacute pour

pousser l‟eacutechantillon jusqu‟agrave la source du spectromegravetre de masse a eacuteteacute modifieacute Il a eacuteteacute

acidifieacute (acide aceacutetique 05M) et deuteacutereacute (1 D2O) afin d‟avoir la mecircme composition que

celle de l‟eacutechantillon Il a eacutegalement eacuteteacute conserveacute agrave -20degC avant son utilisation L‟analyse est

reacutealiseacutee avec un sachet de glace sur la seringue contenant le solvant et le capillaire en PEEK

d‟entreacutee dans la laquo cryosource raquo a eacuteteacute raccourci (67 cm 22 cm) La sortie de la

laquo cryosource raquo assurant le couplage avec la source ESI a eacuteteacute quant agrave elle isoleacutee La

188

tempeacuterature optimale de la laquo cryosource raquo est de -30degC pour un deacutebit optimum de 25 microLmin

Avant le deacutebut des analyses la laquo cryosource raquo est eacutequilibreacutee agrave -30degC pendant trente minutes

pendant lesquelles le solvant est continuellement injecteacute permettant le rinccedilage des capillaires

Le remplissage d‟azote liquide pour le refroidissement du systegraveme est reacutealiseacute entre deux

analyses concomitamment agrave une eacutetape de lavage des capillaires de vingt minutes gracircce au

solvant

La toute derniegravere innovation apporteacutee agrave la laquo cryosource raquo est l‟ajout d‟un ventilateur afin

d‟homogeacuteneacuteiser la tempeacuterature agrave l‟inteacuterieur de la boicircte

Notre objectif final est dutiliser le dispositif d‟introduction des eacutechantillons marqueacutes que

nous avons deacuteveloppeacute dans une approche HDX top-down ECD pour obtenir des informations

structurales sur des complexes proteacuteiques responsables de l‟initiation de la traduction dans le

cadre dune collaboration avec laboratoire de Biochimie de l‟Eacutecole Polytechnique Et plus

geacuteneacuteralement de fournir agrave la communauteacute des biologistes structuraux une meacutethodologie

robuste pour l‟analyse de proteacuteines et complexes proteacuteiques par eacutechanges isotopiques HD et

spectromeacutetrie de masse agrave tregraves haute reacutesolution (FT-ICR)

J‟aimerais souligner le fait que des travaux similaires ont eacuteteacute meneacutes par l‟eacutequipe du Prof

T Joslashrgensen au Danemark pour le mecircme objectif de reacuteduire le laquo back-exchange raquo lors

d‟eacutetudes HDX par top-down ECD ou ETD Dans leur cas ils ont deacuteveloppeacute un systegraveme de

refroidissement des eacutechantillons agrave -15degC tout aussi efficace agrave partir du systegraveme TriVersa

NanoMate de la socieacuteteacute Advion (28)

189

IV4 Bibliographie

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protein hydrogen exchange measured by subzero-cooled chip-based nanoelectrospray

ionization tandem mass spectrometry Analytical Chemistry 84 4467-4473

191

Conclusion geacuteneacuterale

192

193

Lobjectif initial de ce travail de thegravese eacutetait de mettre au point une meacutethode robuste top-

down HDX-MSMS (cest-agrave-dire combinant eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium en solution et

fragmentation de proteacuteines entiegraveres en phase gazeuse) pour pouvoir obtenir des informations

structurales sur des complexes proteacuteiques reacuteels Combiner eacutechanges HD et spectromeacutetrie de

masse nest pas nouveau mais les meacutethodes classiquement utiliseacutees dites bottom-up et

baseacutees sur une digestion enzymatique preacutesentent linconveacutenient majeur decirctre peu reacutesolutives

(5-10 acides amineacutes en moyenne) Mettre au point des approches sur proteacuteines entiegraveres

preacutesente sur le principe un grand nombre davantages le premier gain attendu est pour la

reacutesolution (qui peut atteindre un seul acide amineacute) le second est pour leacutechange inverse

(laquo back-exchange raquo) qui devrait en theacuteorie ecirctre plus limiteacute car le nombre deacutetapes lors

desquels ce pheacutenomegravene peut se produire (digestion enzymatique seacuteparation

chromatographique) est reacuteduit

Ce travail de thegravese montre cependant quil nest pas aiseacute de mettre une meacutethode top-down

HDX au point et que nous avons ducirc faire face agrave un certain nombre de problegravemes

Tout dabord les reacutesultats obtenus pour les peptides que lon peut seacutelectivement marquer

montrent quil est important doptimiser de maniegravere fine un certain nombre de paramegravetres

expeacuterimentaux que ce soit dans la source dionisation ou agrave diffeacuterents endroits de linstrument

pour eacuteviter au maximum leacutechange inverse entre deuteacuteriums et hydrogegravenes Nos reacutesultats

montrent eacutegalement que ces paramegravetres sont deacutependants du spectromegravetre de masse sur lequel

les expeacuteriences sont reacutealiseacutees et que lanalyse de peptides seacutelectivement marqueacutes devrait ecirctre

un preacute-requis pour toutes les eacutetudes par eacutechange HD Nos reacutesultats confirment eacutegalement que

lECD peut ecirctre utiliseacute pour localiser de maniegravere preacutecise les deuteacuteriums dans la seacutequence et

quune reacutesolution agrave lacide amineacute pregraves peut ecirctre obtenue ce qui est une ameacutelioration majeure

par rapport aux expeacuteriences classiques de bottom-up sans fragmentation

Sur la base du protocole optimiseacute pour des peptides nous avons souhaiteacute poursuivre

lanalyse du complexe aIF2 impliqueacute dans linitiation de la traduction chez les archeacutees Nous

avons alors fait face agrave un certain nombre de problegravemes Le premier a eacuteteacute le manque de

reproductibiliteacute de nos expeacuteriences avec des variations importantes au niveau du nombre de

deuteacuteriums incorporeacutes et de leur localisation Un point crucial que nous avons mis en

eacutevidence au cours de nos travaux est que pour une proteacuteine contrairement agrave un peptide le

nombre de fragments est important leur intensiteacute couvre un large domaine dynamique et la

deuteacuteration reacuteduit fortement l‟intensiteacute totale Par conseacutequent il est neacutecessaire d‟accumuler un

194

grand nombre de scans MSMS pour faire augmenter le rapport signal sur bruit des fragments

peu intenses et que dans ce cas le problegraveme de leacutechange inverse devient majeur En effet

alors que pour des peptides leacutelargissement des pics ducirc agrave la deuteacuteration ne pose pas reacuteellement

de problegraveme danalyse car les masses des fragments ne sont pas tregraves eacuteleveacutees et le nombre de

fragments nest pas tregraves important le problegraveme est tout autre quand on passe sur des systegravemes

plus grands ne serait-ce que pour une petite proteacuteine de 10 kDa Ainsi il devient tout agrave fait

crucial de pouvoir accumuler pendant un temps suffisant pour pouvoir analyser correctement

les massifs isotopiques larges qui sont obtenus (et qui seacutelargissent au fur et agrave mesure que la

cineacutetique de deuteacuteration avance) Par ailleurs le nombre de fragments obtenus pour une

proteacuteine de 10 kDa est bien supeacuterieur agrave ce que lon attend pour un peptide et le

chevauchement des massifs isotopiques dans les spectres MSMS devient eacutegalement un

problegraveme qui conduit agrave une diminution importante des couvertures de seacutequence entre

leacutechantillon non deuteacutereacute et leacutechantillon deuteacutereacute

Nos reacutesultats obtenus sur aIF2 sont neacuteanmoins prometteurs et montrent quil est reacuteellement

possible dobtenir une reacutesolution agrave lacide amineacute pregraves sur certains segments de la proteacuteine et

que de nouvelles ameacuteliorations de lapproche devraient permettre darriver agrave lobjectif initial

que nous nous eacutetions fixeacutes LECD et lETD sont des meacutethodes de choix pour ces approches

mais certains reacutesultats que nous avons obtenus en CID montrent quil est sans doute possible

dutiliser ce mode de fragmentation installeacute sur tous les spectromegravetres de masse sous

certaines conditions qui restent encore agrave deacuteterminer

Lensemble de nos reacutesultats nous a ainsi conduits agrave consideacuterer que notre systegraveme

dintroduction des eacutechantillons baseacute initialement sur une seringue refroidie ne convenait pas

aux approches top-down et quil eacutetait absolument essentiel de trouver une solution

alternative permettant de maintenir le taux de deuteacuteration initial pendant un temps

suffisamment long pour quun grand nombre de scans MSMS puissent ecirctre accumuleacutes Nous

avons donc deacutecideacute de mettre au point un systegraveme complegravetement diffeacuterent de ce qui existe

aujourdhui dans les diffeacuterentes eacutequipes travaillant dans le domaine baseacute sur lutilisation dune

enceinte isoleacutee refroidie permettant de stocker les eacutechantillons agrave tregraves basse tempeacuterature ce qui

eacutevite le deacutemarquage pendant des temps longs et permet eacutegalement de travailler avec des

deacutebits faibles Le deacuteveloppement de cette cryosource nous a pris plusieurs mois car

maintenir une tempeacuterature de -30degC pour le stockage des eacutechantillons jusquagrave leur

introduction dans le spectromegravetre de masse induit un certain nombre de contraintes (viscositeacute

du solvant formation de bouchons difficulteacute agrave reacutealiser des meacutelanges homogegravenes sur des

195

temps courts) Neacuteanmoins les reacutesultats que nous avons obtenus avec la derniegravere version

optimiseacutee sont tregraves encourageants car ils montrent quil est deacutesormais possible de travailler

pendant des temps longs avec les eacutechantillons deuteacutereacutes sans que le taux de deuteacuteration ne

varie au cours de lanalyse Malheureusement nous navons pas eu le temps au cours de ma

thegravese de revenir sur les proteacuteines du complexe aIF2 et de les analyser avec ce nouveau

systegraveme dintroduction mais nous pensons que lutilisation de cette source devrait enfin

rendre notre approche robuste et applicable agrave des eacutechantillons reacuteels

Ainsi je considegravere que mon travail de thegravese a permis de faire un grand pas en avant pour

rendre les approches top-down HDX applicables agrave des systegravemes preacutesentant un inteacuterecirct

biologique important (ce qui nest pas exactement le cas de tout ce qui a eacuteteacute deacutecrit dans la

litteacuterature jusquici) et que dans quelques anneacutees ces approches complegraveteront de maniegravere

robuste larsenal des meacutethodes danalyse utiliseacutees en biologie structurale apportant des

informations compleacutementaires agrave ce que la RMN ou les rayons X sont capables de fournir

196

197

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes

198

Annexe Mateacuteriels et meacutethodes 197

A1 Instrumentation 199

A11 Ionisation par eacutelectrospray 199 A111 Formation des gouttelettes chargeacutees 200 A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes 201 A113 Formation d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites gouttelettes fortement

chargeacutees 201 A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS) 203

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 203 A1211 Principe physique 206 A1212 Pieacutegeage des ions 206 A1213 Obtention des spectres de masse 208

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR 212 A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse 212 A1222 Sensibiliteacute 212 A1223 Gamme dynamique 213 A1224 Gamme de masse 213

A123 Technologie Orbitrap214 A13 Fragmentation en phase gazeuse 216

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR 216 A132 Fragmentation par ETD sur l‟Orbitrap 218 A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF 220

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium 220

A21 Marquage 220 A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes 220 A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine 221 A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ 221

A22 Dessalage 222 A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse 222

A3 Bibliographie 224

199

A1 Instrumentation

A11 Ionisation par eacutelectrospray

La premiegravere eacutetape d‟une expeacuterience par spectromeacutetrie de masse consiste agrave vaporiser et

ioniser l‟analyte (des moleacutecules) ie agrave former agrave partir d‟un milieu gazeux liquide ou solide

des moleacutecules ioniseacutees isoleacutees manipulables dans le vide pousseacute preacutesent dans le spectromegravetre

de masse Pour cela diffeacuterentes sources d‟ionisation ont eacuteteacute deacuteveloppeacutees adapteacutees agrave diffeacuterents

types d‟eacutechantillons et agrave diffeacuterents analyseurs

L‟eacutelectroneacutebulisation (ou eacutelectrospray ESI) est une meacutethode d‟ionisation agrave pression

atmospheacuterique qui permet de transfeacuterer et ioniser simultaneacutement des macromoleacutecules intactes

(eg des proteacuteines) preacutesentes en solution en phase gazeuse La formation des ions en phase

gazeuse par cette technique est reacutealiseacutee par des meacutecanismes de deacutesolvatation peu eacutenergeacutetiques

n‟induisant quasiment pas de fragmentation L‟eacutelectrospray est donc consideacutereacutee comme une

technique dionisation douce par opposition agrave d‟autres techniques comme l‟impact

eacutelectronique technique tregraves eacutenergeacutetique qui conduit agrave un grand nombre de fragmentations lors

de leacutetape dionisation De plus les ions isoleacutes sont formeacutes directement agrave partir des moleacutecules

en solution ce qui permet d‟eacuteviter une eacutetape de vaporisation par chauffage qui peut conduire

agrave la deacutegradation de l‟analyte L‟eacutelectroneacutebulisation a eacuteteacute deacuteveloppeacutee par John Fenn (1) sur la

base de travaux plus anciens de Malcolm Dole (2) et John Zeleny (3) et aujourd‟hui elle est

(avec le MALDI) la meacutethode de choix pour l‟eacutetude des biomoleacutecules par spectromeacutetrie de

masse

La formation des ions en phase gazeuse par eacutelectrospray se deacuteroule en trois eacutetapes

principales (i) formation des gouttelettes chargeacutees agrave l‟extreacutemiteacute dun capillaire meacutetalliseacute (ii)

eacutevaporation du solvant et fission des gouttelettes par explosions coulombiennes successives

et finalement (iii) obtention d‟ions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir des gouttelettes

fortement chargeacutees issues des deux premiegraveres eacutetapes Les meacutecanismes preacutecis de la formation

des espegraveces ioniseacutees et deacutesolvateacutees dans les deux derniegraveres eacutetapes sont aujourd‟hui encore

assez mal deacutefinis et sujets agrave controverse

200

A111 Formation des gouttelettes chargeacutees

L‟eacutetape initiale du processus d‟eacutelectrospray est la formation de gouttelettes chargeacutees agrave

partir d‟une solution Pour cela l‟eacutechantillon est introduit dans un capillaire meacutetallique (ou

une aiguille meacutetalliseacutee) porteacute agrave un fort potentiel eacutelectrique de plusieurs kilovolts (kV)

L‟application d‟une telle diffeacuterence de potentiel entre ce capillaire et une contre-eacutelectrode

placeacutee quelques millimegravetres plus loin induit une seacuteparation des charges agrave linteacuterieur du liquide

par un pheacutenomegravene eacutelectrophoreacutetique de migration des eacutelectrolytes (cations et anions) Lorsque

le capillaire est utiliseacute comme eacutelectrode positive les espegraveces cationiques s‟accumulent alors agrave

son extreacutemiteacute tandis que les anions migrent en sens inverse en s‟accumulant agrave l‟inteacuterieur

jusqu‟agrave s‟oxyder agrave la surface du capillaire (Fig A 1)

Fig A 1 Scheacutema simplifieacute du fonctionnement drsquoune source eacutelectrospray (4)

Ainsi en mode dit positif les cations sont attireacutes par l‟eacutelectrode neacutegative (contre-

eacutelectrode) et les anions par l‟eacutelectrode positive (capillaire) La seacuteparation des charges induit

une deacuteformation du liquide agrave l‟extreacutemiteacute du capillaire deacuteformation qui met en jeu un

eacutequilibre entre les forces eacutelectrostatiques (reacutepulsives) et la tension de surface (attractive) du

liquide Lorsque les forces eacutelectrostatiques atteignent la valeur de la tension de surface du

liquide la deacuteformation est conique et porte le nom de cocircne de Taylor (5) Une faible

augmentation du champ eacutelectrique suffit alors agrave deacutestabiliser le cocircne qui se rompt agrave son

extreacutemiteacute dispersant la solution en nombreuses gouttelettes qui emportent une partie des

charges preacutesentes agrave la pointe Apregraves cette eacutetape les gouttelettes se deacuteplacent sous l‟influence

du champ eacutelectrique mais eacutegalement sous celle d‟un gradient de pression creacuteeacute par la

deacutepression agrave lentreacutee du spectromegravetre de masse

201

A112 Evaporation du solvant et explosions coulombiennes

Les gouttelettes chargeacutees issues du cocircne de Taylor migrent donc vers l‟interface du

spectromegravetre de masse Sur leur trajet elles entrent en collision avec le gaz atmospheacuterique et

suivant les interfaces avec un gaz de seacutechage et subissent une eacutevaporation du solvant alors

que le nombre de charges reste constant L‟eacutevaporation du solvant est favoriseacutee par la

tempeacuterature souvent eacuteleveacutee de la source dionisation (80-140degC) La diminution du rayon R

des gouttelettes posseacutedant une charge constante q conduit agrave l‟augmentation de la reacutepulsion

eacutelectrostatique des charges agrave sa surface jusqu‟agrave ce que les gouttelettes atteignent la limite de

stabiliteacute de Rayleigh donneacutee par

213

0 )(8 RqRy

ougrave 0 permittiviteacute du vide R rayon de densiteacute de charges et tension de surface stabilisant

la goutte

Cette eacutequation donne les conditions pour lesquelles les forces de reacutepulsions

eacutelectrostatiques deviennent eacutegales agrave celles de tension de surface A partir de la limite de

Rayleigh la gouttelette chargeacutee devient instable ce qui conduit agrave une explosion

coulombienne correspondant agrave la fission de la gouttelette en gouttelettes de plus petites tailles

Les travaux de Rayleigh en 1882 (6) puis de Gomez et Tang en 1994 (7) ont montreacute que la

fission des gouttelettes s‟effectuait par eacutemission d‟un jet tregraves fin de gouttelettes sans reacuteelle

relation de symeacutetrie Ce pheacutenomegravene d‟eacutevaporation se reproduit jusqu‟agrave ce que les nouvelles

gouttelettes aient agrave nouveau atteint la limite de Rayleigh

A113 Formation drsquoions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de petites

gouttelettes fortement chargeacutees

Dans la litteacuterature deux meacutecanismes ont eacuteteacute proposeacutes pour expliquer ce pheacutenomegravene Le

premier modegravele dit modegravele des reacutesidus chargeacutes ou laquo Charged Residue Model raquo (CRM) a eacuteteacute

deacutecrit par Dole en 1968 (2) L‟hypothegravese est la suivante la succession d‟explosions

coulombiennes conduirait agrave des gouttelettes de plus en plus petites jusqu‟agrave ce que la derniegravere

gouttelette ne possegravede plus qu‟une seule et unique moleacutecule d‟analyte (Fig A 2 (a)) Dans

ce modegravele l‟eacutevaporation totale du solvant reacutesiduel accumule les charges sur l‟analyte et

permet l‟obtention d‟ions multichargeacutes en phase gazeuse

202

En 1979 une seconde theacuteorie baseacutee sur de nouveaux meacutecanismes a eacuteteacute proposeacutee par Iribarne

et Thomson (8) Il s‟agit du modegravele de l‟eacutevaporation ionique ou laquo Ion Evaporation Model raquo

(IEM) Leur theacuteorie repose comme celle de Dole sur une succession initiale de fissions de

type coulombiennes qui reacuteduit la taille des gouttelettes et augmente leur densiteacute de charge

Cependant selon la theacuteorie dIribarne et Thomson pour des gouttelettes avec un rayon tregraves

petit (de l‟ordre de 10 nm) et une densiteacute de charge tregraves eacuteleveacutee le champ eacutelectrostatique agrave leur

surface serait assez intense pour expulser directement des ions preacuteformeacutes en phase gazeuse

(Fig A 2 (b)) Ce pheacutenomegravene appeleacute eacutevaporation ionique suggegravere que l‟explosion

coulombienne ne constitue pas le meacutecanisme majoritaire pour les petites gouttelettes de rayon

R le 10 nm

Fig A 2 Les deux theacuteories de lrsquoobtention drsquoions deacutesolvateacutes en phase gazeuse agrave partir de

gouttelettes chargeacutees (a) Modegravele des reacutesidus chargeacutes par Dole (b) Modegravele de lrsquoeacutevaporation

ionique par Iribarne et Thomson

Cependant aujourd‟hui encore aucun de ces deux modegraveles n‟est consideacutereacute comme

applicable agrave l‟ensemble des pheacutenomegravenes observeacutes en eacutelectrospray (9) Le consensus semble

ecirctre l‟existence d‟un effet de taille de l‟analyte les grosses moleacutecules eacutetant plutocirct orienteacutees

vers une formation d‟ions en phase gazeuse par le meacutecanisme de reacutesidus chargeacutes de Dole (10-

12) John B Fenn eacutemet l‟hypothegravese que cette theacuteorie s‟applique aux moleacutecules de haut poids

moleacuteculaire agrave partir du moment ougrave les dimensions lineacuteaires de ces moleacutecules sont

sensiblement plus grandes que la gouttelette qui les contient

Quel que soit le meacutecanisme responsable de la formation des ions en phase gazeuse

leacutelectrospray est aujourdhui une meacutethode dionisation extrecircmement utiliseacutee dans des

domaines varieacutes (biologie chimie pharmaciehellip)

203

A12 Spectromeacutetrie de masse agrave transformeacutee de Fourier (FT-MS)

Parmi les diffeacuterents spectromegravetres de masse commercialiseacutes les instruments FT-ICR et

Orbitrap occupent une place de choix pour l‟eacutetude de proteacuteines entiegraveres par approche laquo top-

down raquo en raison de leurs tregraves grandes performances en termes de reacutesolution et de preacutecision

sur la mesure de masse

A121 Principe de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR

Notre eacutetude sur les peptides modegraveles deacuteveloppeacutes par T Joslashrgensen qui est preacutesenteacutee dans le

Chap II de ce manuscrit a eacuteteacute reacutealiseacutee sur un spectromegravetre APEX III de Bruker (Brecircme

Allemagne) eacutequipeacute d‟un aimant supraconducteur de 7 Tesla d‟une cellule ICR de type

Infinity Cell et d‟une source eacutelectrospray Apollo I

Needle on

ground

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

PL1 PL2

(DPL2)

pulsed

PL4

(DPL4)

pulsed

HVO

(XDFL)

pulsed

(YDFL)

gate valve

FOCL1 FOCL2

PL9

(3kV)

Endplate

(~plusmn3600)

Capillary

(~plusmn4200)

CapExit

Skimmer2

Offset

ESI Source

ExtractTrap amp

pulsing between

(EV2DEV2)

Infinity cell

Skimmer1

Needle on

ground

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

EV1

PV1 PV2

Excitation

Detection

EV2b

PV2quench

EV2a

PL1 PL2

(DPL2)

pulsed

PL4

(DPL4)

pulsed

HVO

(XDFL)

pulsed

(YDFL)

gate valve

FOCL1 FOCL2

PL9

(3kV)

Endplate

(~plusmn3600)

Capillary

(~plusmn4200)

CapExit

Skimmer2

Offset

ESI Source

ExtractTrap amp ExtractTrap amp

pulsing between

(EV2DEV2)

Infinity cell

Skimmer1

Fig A 3 Scheacutema du FT-ICR APEX III Bruker de la source eacutelectrospray agrave la cellule ICR

Infinity Cell (drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Les ions sont formeacutes au niveau de la source ESI puis transfeacutereacutes via un ensemble de

lentilles eacutelectrostatiques au centre de la cellule de pieacutegeage situeacutee au cœur de l‟eacutelectroaimant

supraconducteur (Fig A 3)

Un hexapocircle de stockage est inseacutereacute apregraves le capillaire de transfert de la source eacutelectrospray

et avant le systegraveme de transfert eacutelectrostatique afin dy accumuler les ions avant de les

envoyer dans la cellule ICR Cette derniegravere placeacutee dans un vide pousseacute (10-10

mbar environ)

repreacutesente l‟eacuteleacutement cleacute du spectromegravetre puisqu‟elle va servir d‟analyseur et de deacutetecteur par

la mesure de la freacutequence cyclotron des ions pieacutegeacutes

204

Au cours de cette thegravese notre spectromegravetre a beacuteneacuteficieacute d‟importantes eacutevolutions

instrumentales Ainsi en janvier 2011 nous avons fait l‟acquisition du chariot de la socieacuteteacute

Sanofi-Aventis de Toulouse notre APEX III devenant alors APEX-Q Les principales

diffeacuterences entre les deux instruments sont l‟ajout d‟un quadripocircle et d‟une cellule de

collision et la source d‟ionisation (Apollo I sur lAPEX III et CombiSource premier modegravele

sur l‟APEX-Q) (Fig A 4)

Ion transfer

optics

UV Laser

Lens

Windows

Mirror

Medium pressure

chamber

Movable

hexapole

PPP

MALDI

sample

plate

Second

skimmer

Ion transfer

capillary

ESI

skimmer

Funnel

Electrospray

nebulizer

End

cap

ICR trap

Attenuator Magnet

Mirrors

PP

P

Storage hexapole

Trapextractplate

Collision

gas tube

Pulsed

valve

Collision hexapole

Quadrupole

ESI

Sprayed

sample

Hollow

cathode

IRMPDECD

Fig A 4 Scheacutema du FT-ICR APEX-Q Bruker de la combi-source agrave la cellule ICR Infinity

Cell (drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Puis en avril 2012 nous avons reccedilu le nouveau chariot de Bruker le SolariX (Fig A 5) Il

apporte les ameacuteliorations suivantes une combisource nouvelle geacuteneacuteration l‟ajout d‟un

module ETS (possibiliteacutes de CID ou d‟ECDETD) et d‟un hexapocircle pour acheminer les ions

de la cellule de collision agrave la cellule ICR (Fig A 6)

205

Fig A 5 Photographie du FT-ICR SolariX (Bruker)

Fig A 6 Scheacutema du FT-ICR SolariX Bruker de la combi-source agrave la cellule ICR Infinity Cell

(drsquoapregraves la documentation de Bruker)

Comme il a deacutejagrave eacuteteacute speacutecifieacute dans le Chap III de ce manuscrit nous avons eacutegalement eacuteteacute

ameneacutes agrave travailler sur l‟APEX-Qe d‟Orsay Les diffeacuterences majeures entre l‟APEX III et

l‟APEX-Qe sont la preacutesence dun quadripocircle sur lAPEX-Qe permettant de reacutealiser la

seacutelection d‟ions preacutecurseurs avant leur entreacutee dans la cellule ICR la preacutesence dlaquo ion

funnels raquo (qui ameacuteliorent la sensibiliteacute de linstrument) et la source dionisation (Apollo I sur

lAPEX III Apollo II sur lAPEX-Qe)

206

A1211 Principe physique

Le principe de la spectromeacutetrie de masse agrave reacutesonance cyclotronique ionique (laquo Ion

Cyclotron Resonance raquo ICR) repose sur le fait qu‟une particule chargeacutee animeacutee dune vitesse

v se deacuteplaccedilant dans un champ magneacutetique uniforme B subit la force de Lorentz (Eq A 1)

BvqF

(Eq A 1)

Cette force conduit la particule chargeacutee agrave adopter une trajectoire heacutelicoiumldale autour d‟un

axe parallegravele agrave celui du champ magneacutetique B (conventionnellement axe z) dont la projection

dans le plan orthogonal (xy) est un mouvement circulaire uniforme (Fig A 7)

Fig A 7 Mouvement cyclotron drsquoun ion dans un champ magneacutetique

Ce mouvement de rotation est appeleacute mouvement cyclotron et en l‟absence de champ

eacutelectrique sa freacutequence νc ne deacutepend que du champ magneacutetique et du rapport masse sur

charge (Eq A 2) On conccediloit degraves lors quune mesure de cette freacutequence de rotation permet

une deacutetermination du rapport mz de lespegravece consideacutereacutee

zm

B

m

Bqc

105356111

2

7

(Eq A 2)

A1212 Pieacutegeage des ions

Jusquici seul le mouvement dans le plan xy a eacuteteacute consideacutereacute En labsence dautres champs

la vitesse suivant laxe z reste constante et la trajectoire reacutesultante est un mouvement

heacutelicoiumldal autour dun axe parallegravele agrave z qui se poursuivra indeacutefiniment Pour construire un

piegravege une possibiliteacute est de fermer le mouvement suivant z par deux plaques de pieacutegeage

207

perpendiculaires agrave laxe z porteacutees agrave un potentiel reacutepulsif Ainsi est neacutee la cellule ICR aussi

appeleacutee piegravege de Penning et le premier modegravele en est la cellule cubique (Fig A 8)

Fig A 8 Cellule cubique simple (13)

Sil eacutetait possible dappliquer un champ eacutelectrique homogegravene parallegravele au champ

magneacutetique avec des plaques de longueurs infinies le mouvement dun ion serait heacutelicoiumldal

avec des oscillations peacuteriodiques suivant laxe z Cette freacutequence d‟oscillations ou freacutequence

de pieacutegeage νt est principalement due aux reacutepulsions successives des deux plaques de

pieacutegeage et peut ecirctre exprimeacutee par (Eq A 3)

2

2

2

1

am

Vq trap

t

(Eq A 3)

ougrave Vtrap potentiel de pieacutegeage a distance entre les deux plaques et α facteur geacuteomeacutetrique

eacutegal agrave 2 dans le cas ideacuteal

Cependant il n‟est pas possible de se situer dans le cas ideacuteal d‟un champ eacutelectrique

homogegravene qui suppose des plaques infinies Le champ eacutelectrique ne peut pas ecirctre exactement

parallegravele au champ magneacutetique et une composante radiale est alors agrave prendre en compte Par

conseacutequent un troisiegraveme mouvement propre au mouvement de deacuteplacement des charges

pieacutegeacutees s‟ajoute aux deux preacuteceacutedents mouvements (cyclotron et pieacutegeage) Ce mouvement dit

mouvement magneacutetron s‟oppose agrave la force de Lorentz et se traduit par un abaissement de la

freacutequence cyclotronique

208

Ce pieacutegeage suppose toutefois que la trajectoire des ions les ait ameneacutes agrave ecirctre confineacutes

dans la cellule Cela peut ecirctre obtenu en produisant des ions in situ (ionisation eacutelectronique

MALDI) mais des difficulteacutes suppleacutementaires sont agrave prendre en compte lorsque les ions sont

formeacutes initialement agrave l‟exteacuterieur de la cellule (cas de l‟ionisation par eacutelectrospray) En effet la

conservation de l‟eacutenergie cineacutetique impose que pour des ions transporteacutes suivant l‟axe z s‟ils

ont suffisamment d‟eacutenergie pour entrer dans la cellule et que le potentiel des plaques ne

change pas ils en ont assez pour ressortir

Le pieacutegeage dynamique est une solution agrave ce problegraveme au lieu dappliquer des tensions

continues sur les plaques de pieacutegeage on va jouer sur des variations de tension pour sassurer

du pieacutegeage des ions On synchronise les tensions sur la plaque de la cellule situeacutee cocircteacute source

avec le deacuteplacement des ions (Fig A 9) Neacuteanmoins cette technique introduit une

discrimination en masse par la diffeacuterence de temps de vol des espegraveces

Fig A 9 Principe du pieacutegeage dynamique des ions

A1213 Obtention des spectres de masse

Une fois les ions pieacutegeacutes la mesure de leur freacutequence cyclotronique n‟est pas possible

directement Bien qu‟ayant une freacutequence de rotation identique tous les ions de mecircme rapport

masse sur charge ne preacutesentent pas un mouvement coheacuterent En effet les ions ont eacuteteacute produits

agrave des temps variables et avec des eacutenergies cineacutetiques diffeacuterentes ce qui se traduit par une

209

phase (position sur l‟orbite) et un rayon variables Afin de pouvoir mesurer les freacutequences

cyclotroniques il est neacutecessaire que ce mouvement global devienne coheacuterent ie que tous les

ions de mecircme rapport masse sur charge se preacutesentent avec la mecircme phase et avec le mecircme

rayon Ce reacutesultat est obtenu par une proceacutedure d‟excitation-deacutetection deacutetailleacutee ci-apregraves

Excitation des ions

Comme cela vient d‟ecirctre dit une fois pieacutegeacutes les ions de mecircme rapport masse sur charge

ont la mecircme freacutequence cyclotronique mais ne forment pas un paquet coheacuterent En effet la

position de leur axe de rotation et la phase de leur mouvement ne sont pas eacutegales De plus le

rayon de leur orbite cyclotronique est trop faible pour induire un quelconque signal sur les

plaques de deacutetection L‟application d‟un pulse de radiofreacutequence sur les plaques d‟excitation agrave

leur freacutequence cyclotron permet de rendre le mouvement des ions coheacuterent et de les conduire

sur une trajectoire de mecircme rayon agrave proximiteacute des plaques de deacutetection En effectuant un

balayage de freacutequence il est possible d‟exciter des populations d‟ions de rapports masse sur

charge diffeacuterents qui adoptent alors une trajectoire circulaire de mecircme rayon avec des

freacutequences de rotation diffeacuterentes Cette eacutetape permet non seulement d‟obtenir des paquets

d‟ions deacutecrivant un mouvement coheacuterent mais aussi de les rapprocher des deux plaques de

deacutetection afin de pouvoir analyser ce mouvement Dans le cas ideacuteal il conviendrait d‟exciter

les ions sur une orbite la plus grande possible afin d‟augmenter le signal et la sensibiliteacute

Cependant ceci n‟est pas applicable puisque la non homogeacuteneacuteiteacute du champ eacutelectrique pregraves

des plaques conduirait agrave l‟eacutejection progressive des ions C‟est la raison pour laquelle il est

usuel de ne pas exciter les ions sur des rayons supeacuterieurs agrave 08 fois le rayon de la cellule

Plusieurs types de champs eacutelectriques sinusoiumldaux peuvent ecirctre appliqueacutes pour exciter les

ions La Fig A 10 preacutesente trois types d‟excitations diffeacuterentes

210

a)

b)

c)

a)

b)

c)

Fig A 10 Types drsquoexcitations usuellement utiliseacutees agrave gauche dans le domaine temporel et agrave

droite dans le domaine des freacutequences (a) sinusoiumlde monofreacutequence tronqueacutee (b) balayage

de freacutequence (chirp) (c) balayage par SWIFT

Le premier type permet l‟excitation des ions agrave une seule freacutequence (Fig A 10 (a))

L‟excitation monofreacutequence n‟est donc pas vraiment utile pour la deacutetection de tous les ions

preacutesents dans la cellule qui est le cas le plus couramment rencontreacute En effet dans ce cas il

faudrait reacutealiser une excitation monofreacutequence pour chacun des ions preacutesents Il est donc

preacutefeacuterable d‟utiliser un mode d‟excitation par balayage de freacutequence (Fig A 10 (b)) qui va

balayer toute la gamme de freacutequences des ions en une seule impulsion Le balayage par

SWIFT (laquo Stored-Waveform Inverse Fourier Transform raquo) (Fig A 10 (c)) permet de calculer

l‟onde d‟excitation agrave partir du domaine des rapports masse sur charge eacutetudieacute Cependant le

SWIFT n‟est employable que sur les instruments eacutequipeacutes d‟un geacuteneacuterateur arbitraire de

freacutequences

Deacutetection du courant induit

La rotation coheacuterente des ions sur une orbite large creacutee un courant induit sur les deux

plaques de deacutetection qui est deacutetectable apregraves amplification par une eacutelectronique adapteacutee Ce

courant est proportionnel agrave la charge totale du paquet d‟ions ayant un mouvement coheacuterent

et ne deacutepend pas de la freacutequence cyclotronique des ions

Forme du signal mesureacute

La collision des ions avec des moleacutecules de gaz reacutesiduelles pendant le temps de mesure

conduit agrave une perte de coheacuterence du paquet d‟ions et donc agrave une perte d‟intensiteacute du signal

211

De ce fait le signal obtenu correspond agrave une sinusoiumlde amortie exponentiellement (Fig A

11) Or la preacutecision en masse est directement lieacutee agrave la preacutecision sur la mesure de la freacutequence

de rotation cyclotron des ions pieacutegeacutes Par conseacutequent une mesure de masse preacutecise neacutecessite

une pression la plus faible possible dans la cellule

Fig A 11 Signal sinusoiumldal amorti exponentiellement (agrave gauche eacutechelle en temps) et le

reacutesultat apregraves transformation de Fourier (agrave droite eacutechelle en freacutequence)

Digitalisation et transformation de Fourier

Comme l‟indique le nom de l‟appareil c‟est la transformeacutee de Fourier (laquo Fourier

Transform raquo FT) qui permet de mesurer en une seule expeacuterience l‟ensemble des freacutequences

de rotation des ions (Fig A 12)

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

FT

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

7+

6+

600 800 1000 1200 1400 1600 1800 mz00

10

20

30

5+ 4+8+

FT

Fig A 12 Spectre de masse obtenu apregraves transformeacutee de Fourier du signal

Le courant induit mesureacute sur les plaques de deacutetection correspond agrave un interfeacuterogramme (ou

laquo Free Induction Decay raquo FID) ougrave les sinusoiumldes amorties de l‟ensemble des ions preacutesents

dans la cellule sont additionneacutees les unes aux autres La digitalisation de ce signal suivie

d‟une transformation de Fourier permet de convertir cet interfeacuterogramme en un spectre

contenant les informations sur les freacutequences (convertibles en rapport masse sur charge via la

relation A 2) et les abondances des ions pieacutegeacutes dans la cellule En additionnant plusieurs

deacutetections successives il est possible d‟ameacuteliorer le rapport signal sur bruit du spectre

transformeacute

212

A122 Performances de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR

A1221 Reacutesolution et preacutecision en masse

La particulariteacute de la spectromeacutetrie de masse FT-ICR qui consiste agrave ramener la mesure des

rapports masse sur charge agrave la mesure d‟une freacutequence lui confegravere ses caracteacuteristiques en

termes de reacutesolution Dans des conditions approprieacutees ie avec un vide tregraves pousseacute dans la

cellule permettant un enregistrement pendant un temps suffisamment long sans perte de

signal il est possible d‟atteindre des reacutesolutions supeacuterieures agrave 106 pour un ion de mz 1000

dans un champ magneacutetique de 7 Tesla En plus du temps d‟enregistrement pour obtenir de la

haute reacutesolution la principale contrainte est le transfert et le stockage d‟interfeacuterogrammes de

grande taille (jusqu‟agrave 8 Mega points) De ce fait la reacutesolution expeacuterimentale utiliseacutee est

freacutequemment de l‟ordre de 60 000 pour minimiser les temps d‟acquisition ainsi que la taille

de stockage

La preacutecision en masse deacutepend principalement de la reacutesolution mais eacutegalement de la charge

d‟espace En effet la preacutesence d‟un tregraves grand nombre d‟ions pieacutegeacutes dans la cellule modifie le

champ eacutelectrique et geacutenegravere une force de reacutepulsion entre les ions Cette force a pour

conseacutequence la deacuteviation de la trajectoire des ions ce qui biaise les mesures de masses Ce

pheacutenomegravene pose le problegraveme eacutevident de la calibration externe En effet pour que l‟eacutetalonnage

externe soit le plus preacutecis possible il faut qu‟il soit effectueacute avec une charge d‟espace

comparable agrave celle de l‟eacutechantillon ce qui est difficilement controcirclable Il est ainsi

recommandeacute de travailler avec de faibles quantiteacutes d‟ions pour limiter au maximum la

deacuteviation due agrave ce pheacutenomegravene Une preacutecision de lordre de quelques ppm est alors obtenue

Cependant l‟eacutetalonnage interne permet de saffranchir de ce problegraveme de charge d‟espace

puisque les ions calibrants sont preacutesents dans la cellule en mecircme temps que les ions de

l‟eacutechantillon et subissent la mecircme charge d‟espace On atteint alors en routine des preacutecisions

en masse de l‟ordre d‟une ppm voire moins

A1222 Sensibiliteacute

Des calculs theacuteoriques ont montreacute que le nombre de charges minimum ayant un

mouvement coheacuterent neacutecessaire pour deacutetecter un signal eacutetait de l‟ordre de 200 Ceci constitue

une limite ultime de la sensibiliteacute de ce type d‟instrument En pratique il faut tenir compte de

213

l‟efficaciteacute de chacune des eacutetapes permettant de passer de l‟analyte neutre aux ions pieacutegeacutes et

exciteacutes dans la cellule Il faut eacutegalement tenir compte des eacutetats de charge et de l‟existence de

massifs isotopiques qui augmentent le nombre de freacutequences sur lesquelles se reacutepartissent les

ions Les sensibiliteacutes records atteintes actuellement sur des peptides de masse 1000 Da sont

de l‟ordre de 10 attomoles consommeacutees en nano-eacutelectrospray Dans un instrument

commercial avec les protocoles standards on peut obtenir un signal exploitable avec environ

10 femtomoles de produit consommeacute

A1223 Gamme dynamique

Un point sur lequel la spectromeacutetrie de masse FT-ICR nest pas particuliegraverement bien

placeacutee est la gamme dynamique qui repreacutesente la capaciteacute agrave discriminer des ions

d‟abondances diffeacuterentes dans un mecircme spectre Le problegraveme est lieacute agrave celui de la charge

d‟espace dans la mesure ougrave les mouvements des ions de faible abondance sont perturbeacutes par

ceux des ions majoritairement preacutesents dans la cellule Il est admis qu‟il est difficile de

mesurer avec une bonne preacutecision la masse d‟un ion dont l‟abondance est infeacuterieure agrave 1 de

celle de l‟ion le plus abondant

A1224 Gamme de masse

La gamme de masse est quant agrave elle en theacuteorie quasiment illimiteacutee La limite de masse

infeacuterieure deacutepend uniquement de l‟eacutelectronique et plus preacuteciseacutement des capaciteacutes du

digitaliseur et du geacuteneacuterateur de freacutequences Pour un aimant de 7 Tesla eacutequipeacute d‟un

digitaliseur agrave 8 MHz cela eacutequivaut agrave une limite infeacuterieure de mz 29 En ce qui concerne la

limite supeacuterieure elle deacutepend de la capaciteacute de la cellule agrave pieacuteger les ions Dans le cas d‟un

aimant de 7 Tesla cette limite est atteinte pour un ion de mz 274 000 Malheureusement des

problegravemes apparaissent avant cette limite notamment agrave cause des limites sur les dureacutees

d‟acquisition de signal Les signaux des masses eacuteleveacutees correspondant agrave de basses freacutequences

se trouvent consideacuterablement eacutelargis (mz 274 000 eacutequivaut agrave mesurer une freacutequence de 393

Hz) De ce fait la limite expeacuterimentale couramment admise se situe agrave mz 27 000 pour un

aimant de 7 Tesla

214

A123 Technologie Orbitrap

L‟Orbitrap est une technologie relativement reacutecente (baseacutee sur le principe d‟un piegravege

orbitalaire eacutelectrostatique) inventeacutee par A Makarov (14) L‟Orbitrap repose sur le pieacutegeage

des ions par un champ eacutelectrostatique quadripolaire qui creacutee l‟oscillation des ions pieacutegeacutes Ces

oscillations proportionnelles au rapport (mz)-12

sont deacutetecteacutees par la mesure du courant

induit et traduites en spectre de masse par la transformeacutee de Fourier (Fig A 13) Il existe

donc de grandes similitudes au niveau de la deacutetection des ions par spectromeacutetrie de masse FT-

ICR et Orbitrap

Fig A 13 Deacutetection des ions par la technologie Orbitrap Les courants induits correspondent

agrave un interfeacuterogramme qui est la superposition de freacutequences de plusieurs espegraveces Le

traitement du signal qui est reacutealiseacute de la mecircme maniegravere que par spectromeacutetrie de masse FT-

ICR avec les mecircmes contraintes et limitations suivi eacutegalement drsquoune transformation de

Fourier permet de convertir cet interfeacuterogramme en un spectre de freacutequence facilement

convertible en spectre de masse

De ce fait les performances de la technologie Orbitrap en termes de reacutesolution (jusque

100 000) et preacutecision sur la mesure de masse (de l‟ordre de 1-2 ppm) rivalisent avec celles de

la spectromeacutetrie de masse FT-ICR De plus la reacutesolution de l‟Orbitrap eacutetant proportionnelle

au rapport (mz)-12

elle diminue moins vite avec l‟augmentation du rapport mz que dans le

cas du FT-ICR Par ailleurs la gamme dynamique de l‟Orbitrap contrairement agrave la

spectromeacutetrie de masse FT-ICR est satisfaisante (gt 3 deacutecades) (15) L‟Orbitrap est

principalement utiliseacutee en spectromeacutetrie de masse en tandem associeacutee agrave un piegravege lineacuteaire

Le scheacutema et la photographie du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher) que

nous avons utiliseacute pour nos expeacuteriences HDX correspondent aux Fig A 14 et Fig A 15

215

L‟instrument est composeacute d‟une source ESI de type laquo Z-spray raquo suivie d‟une optique ionique

de type laquo S-lens raquo permettant de mieux focaliser les ions et d‟ameacuteliorer la sensibiliteacute Une

optique de transfert ionique (quadripocircle octopocircle) performante en termes de stabiliteacute et

efficaciteacute de transmission des ions permet leur acheminement dans une trappe lineacuteaire Dans

cette trappe ionique il est possible de fragmenter les ions par CID ou ETD et de proceacuteder agrave

leur deacutetection Il est eacutegalement possible de les deacutetecter par transformation de Fourier dans

l‟Orbitrap avec une meilleure reacutesolution Dans ce cas les ions sont transfeacutereacutes de la trappe

lineacuteaire agrave la C-trappe via un quadripocircle puis eacutejecteacutes dans l‟analyseur Orbitrap Une cellule de

collision placeacutee agrave proximiteacute de la C-trappe permet eacutegalement de fragmenter les ions par HCD

(laquo High-energy Collisional Dissociation raquo) Les ions sont ensuite analyseacutes dans l‟Orbitrap

Fig A 14 Scheacutema du LTQ-Orbitrap Velos (drsquoapregraves la documentation de Thermo Ficher

Scientific)

Fig A 15 Photographie du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher Scientific) de

la plateforme proteacuteomique de lInstitut Jacques-Monod (Paris 7)

216

A13 Fragmentation en phase gazeuse

La spectromeacutetrie de masse en tandem consiste (i) dans une premiegravere eacutetape agrave seacutelectionner

l‟ion d‟inteacuterecirct (appeleacute ion parent ou ion preacutecurseur) et (ii) dans une seconde eacutetape agrave

analyser les ions fragments (ou ions fils) obtenus par la dissociation de l‟ion parent Selon

les instruments utiliseacutes les eacutetapes de seacutelection et d‟analyse des fragments se font soit dans

l‟espace (tQ Q-TOF TOF-TOF) soit dans le temps (IT FT-ICR) soit en combinant des

eacutetapes dans le temps et l‟espace (q-FT-ICR IT-Orbitrap)

Comme les sources d‟ionisation dites douces (ESI MALDI) celles utiliseacutees pour

l‟analyse des biomoleacutecules conduisent agrave des ions avec peu d‟eacutenergie interne il faut induire la

fragmentation par un apport d‟eacutenergie au systegraveme Cet apport d‟eacutenergie peut se faire de

diffeacuterentes faccedilons (16) collision avec un gaz inerte (fragmentation de haute ou basse

eacutenergie) collision avec une surface irradiation par des photons irradiation par des eacutelectrons

(speacutecifique des FT-ICR) reacuteactions ion-moleacutecule ou ion-ion (dont l‟ETD) Le controcircle de

l‟eacutenergie deacuteposeacutee est un paramegravetre important comme nous avons pu le voir dans le Chap I

dans le cadre des eacutetudes HDX il est important de pouvoir controcircler l‟eacutenergie apporteacutee aux

ions pour ne pas conduire agrave un reacutearrangement aleacuteatoire total des hydrogegravenes et deuteacuteriums le

long du squelette polypeptidique

La spectromeacutetrie de masse en tandem permet d‟obtenir des informations de structure de

l‟ion fragmenteacute (qu‟il soit organique ou biologique) et permet dans le cas de meacutelanges

complexes de seacutelectionner speacutecifiquement une espegravece parmi les autres pour obtenir son

spectre de fragmentation

Les deux principaux types de fragmentation utilisables dans le cadre des eacutetudes HDX sont

deacutetailleacutes dans les sous-paragraphes suivants Il s‟agit des meacutethodes d‟activation par les

eacutelectrons (ECDETD) preacutesenteacutees preacuteceacutedemment dans le Chap I

A131 Fragmentation par ECD sur le FT-ICR

Ce mode de dissociation consiste agrave irradier les ions multichargeacutes par un faisceau

d‟eacutelectrons La recombinaison entre un eacutelectron et l‟ion conduit agrave la formation d‟un cation

radical (Fig A 16) et permet un gain d‟eacutenergie de l‟ordre de quelques eV (2-3 eV) (17) Ce

type de fragmentation est speacutecifique des FT-ICR et a eacuteteacute preacutesenteacute dans le Chap I dans la

217

partie consacreacutee agrave la fragmentation des peptides proteacuteolytiques marqueacutes La grande diffeacuterence

avec la fragmentation CID repose sur la formation initiale d‟un radical cation dont les voies

de fragmentation seront pour des polypeptides tregraves diffeacuterentes de celles du cation Cela se

traduira en particulier par la formation de fragments de type c et z De plus comme vu dans le

Chap II l‟ECD conduit agrave une faible redistribution des deuteacuteriums avant fragmentation ce

que les proposants de meacutecanismes pour l‟ECD ont attribueacute soit agrave une vitesse de fragmentation

rapide ne permettant pas une redistribution initiale de l‟eacutenergie (hypothegravese non-ergodique)

soit plus vraisemblablement agrave une barriegravere de fragmentation suffisamment abaisseacutee pour

rendre la vitesse de rupture des liaisons amide dans le radical cation supeacuterieure agrave celles des

autres voies de fragmentation etou de transferts de protons

e-

[M nH]n+ [M nH](n-1)+bull F1m+ + F2

k+bull

Fig A 16 Capture exothermique drsquoun eacutelectron par une moleacutecule multichargeacutee (positive)

Mode drsquoactivation ECD passe par une voie de fragmentation de type radicalaire

D‟un point de vue technique les eacutelectrons sont formeacutes par une cathode chauffeacutee

indirectement qui a remplaceacute le filament afin d‟obtenir un flux suffisant pour que la capture

d‟eacutelectron soit efficace La fragmentation a lieu dans la cellule ICR ougrave les ions sont pieacutegeacutes agrave

proximiteacute du centre de la cellule Trois paramegravetres influencent l‟efficaciteacute de fragmentation

par ECD (i) le potentiel de la cathode qui controcircle l‟eacutenergie des eacutelectrons mais a eacutegalement

un effet sur le courant d‟eacutelectrons (ii) la tempeacuterature de la cathode et (iii) la dureacutee

d‟irradiation par des eacutelectrons qui controcircle le taux de fragmentation Notons que l‟efficaciteacute

de capture deacutecroicirct rapidement avec l‟eacutenergie des eacutelectrons et qu‟il est important d‟optimiser

au maximum le temps d‟irradiation par des eacutelectrons pour eacuteviter les recaptures successives

tout en obtenant suffisamment de fragmentations (voir Chap III)

Lors de nos expeacuteriences ECD nous avons utiliseacute une cathode chauffeacutee agrave 16 A pour

l‟APEX III et 18 A pour l‟APEX-Qe avec une irradiation par des eacutelectrons de l‟ordre de

quelques eV d‟eacutenergie cineacutetique (de 09 eV pour l‟ubiquitine agrave 2 eV pour aIF2α3) pendant

quelques dizaines de millisecondes (optimum agrave 10 ms) Nous avons travailleacute sur tous les eacutetats

de charge sans seacutelection

218

A132 Fragmentation par ETD sur lrsquoOrbitrap

L‟ETD est un analogue de l‟ECD Il procegravede par une reacuteaction ion-moleacutecule entre un

radical anion formeacute geacuteneacuteralement dans une source CI neacutegatif et un cation multichargeacute La

difficulteacute est de maximiser le transfert d‟eacutelectron en limitant le transfert de proton Les

reacuteactifs ont eacuteteacute optimiseacutes pour cela et le fluoranthegravene utiliseacute dans ce travail est le reacuteactif

geacuteneacuteralement utiliseacute De plus il est possible via le choix du reacuteactif de controcircler la

thermochimie du transfert d‟eacutelectrons On obtient en ETD une fragmentation similaire agrave celle

en ECD mais pas identique

L‟ETD preacutesente tous les avantages de l‟ECD il ne deacutepend pas de la seacutequence

polypeptidique (nature en acides amineacutes et longueur) il permet de localiser des modifications

post-traductionnelles labiles et il permet d‟obtenir une couverture de seacutequence importante

pour les peptides non tryptiques (issus de la digestion de la proteacuteine agrave la trypsine) pour les

proteacuteines et les peptides hautement basiques La meacutethode ETD comme la technique ECD est

donc particuliegraverement bien adapteacutee aux analyses laquo top-down raquo Par ailleurs contrairement agrave

l‟ECD qui requiert un FT-ICR la fragmentation ETD peut ecirctre reacutealiseacutee dans une trappe

ionique quadripolaire radiofreacutequence voire dans un piegravege hexapolaire qui demandent une

faible maintenance et que l‟on retrouve sur une grande varieacuteteacute d‟instruments moins coucircteux

D‟un point de vue technique le fluoranthegravene est utiliseacute comme reacuteactif pour la

fragmentation ETD reacutealiseacutee agrave l‟aide du spectromegravetre LTQ-Orbitrap Velos L‟anion radicalaire

du fluoranthegravene qui constitue donc le reacuteactif ETD est produit par la reacuteaction preacutesenteacutee dans

Fig A 17

Fig A 17 Production du reacuteactif ETD (anion radicalaire) agrave partir du fluoranthegravene

Cette reacuteaction est reacutealiseacutee dans le module ETD (Fig A 18) de l‟instrument qui est donc

constitueacute d‟une source agrave ionisation chimique utilisant

- deux reacuteservoirs indeacutependants de reacuteactifs dont un pour les reacuteactions de type transfert

d‟eacutelectron (ETD) et l‟autre pour les reacuteactions par transfert de proton (PTR)

- une ligne de transfert chauffeacutee

219

- un volume d‟ion chargeacute en eacutelectron par un filament

- une optique de transfert utilisant un quadripocircle pour filtrer le reacuteactif chargeacute en eacutelectron

Il est placeacute agrave proximiteacute de la C-trappe (Fig A 14)

Fig A 18 Module ETD de lrsquoinstrument LTQ-Orbitrap Velos (Thermo Fisher Scientific)

Le reacuteactif ETD est ensuite envoyeacute dans la trappe lineacuteaire ougrave la reacuteaction ionion entre le

peptide multiprotoneacute et un anion radicalaire aura lieu conduisant agrave la fragmentation de l‟ion

peptidique consideacutereacute La dissociation est reacutealiseacutee sur un eacutetat de charge particulier qui a eacuteteacute au

preacutealable seacutelectionneacute dans la cellule de haute pression de la trappe ionique

Trois temps d‟activation (5 15 et 25 ms) correspondant agrave trois dureacutees pendant lesquelles se

deacuteroule la reacuteaction ETD ont eacuteteacute utiliseacutes conseacutecutivement sur un mecircme eacutetat de charge afin de

maximiser la couverture de seacutequence En effet des profils de fragmentation diffeacuterents sont

obtenus en fonction du temps d‟activation Pour chaque temps d‟activation une minute

environ de fragmentation a eacuteteacute enregistreacutee

L‟option laquo Supplemental Activation raquo a eacutegalement eacuteteacute utiliseacutee Elle permet d‟apporter au

systegraveme une petite quantiteacute d‟activation collisionnelle suppleacutementaire afin de faciliter la

dissociation de l‟ion preacutecurseur En effet il a eacuteteacute montreacute que dans beaucoup de cas le transfert

d‟eacutelectron avait lieu sans que la dissociation soit pour autant effective

220

A133 Fragmentation par CID sur le Q-ToF

Des expeacuteriences de collision avec un gaz inerte (CID) ont eacuteteacute reacutealiseacutees sur le Q-ToF

Premier (Waters) (Fig A 19) Les diffeacuterents eacutetats de charge des ions multichargeacutes (positifs)

ont eacuteteacute seacutelectionneacutes dans le quadripocircle du spectromegravetre de masse avant d‟ecirctre fragmenteacutes dans

la cellule de collision L‟eacutenergie de collision est le paramegravetre agrave optimiser pour la dissociation

de chaque eacutetat de charge

Fig A 19 Scheacutema du Q-ToF Premier (Waters)

A2 Expeacuteriences drsquoeacutechange hydrogegravenedeuteacuterium

A21 Marquage

A211 Peptides modegraveles seacutelectivement deuteacutereacutes

Les peptides de synthegravese (P1 HHHHHHIIKIIK P2 KKDDDDDDIIKIIK P3

KKDDDIIKIIK P4 KKDDDIIK) ont eacuteteacute acheteacutes chez Genscript Corporation (Piscataway

NJ) Une solution stock agrave 1 mM de chaque peptide a eacuteteacute preacutepareacutee en diluant le peptide

lyophiliseacute dans D2O Afin d‟eacutechanger complegravetement tous les sites eacutechangeables (hydrogegravenes

d‟amide de la liaison peptidique et hydrogegravenes labiles des chaicircnes lateacuterales des acides

amineacutes) la solution est incubeacutee agrave tempeacuterature ambiante pendant au moins 1 heure Le

221

deacutemarquage (seacutelectif du cocircteacute N-terminal) est initieacute en diluant au 1100e la solution stock dans

H2O glaceacutee (0degC) et acide (AA 05 M pH 23) MeOH 11 (vv)

A212 Proteacuteine modegravele ubiquitine

L‟ubiquitine petite proteacuteine modegravele a eacuteteacute utiliseacutee (avec les peptides modegraveles de T

Joslashrgensen) pour eacutetudier le laquo back-exchange raquo Elle a donc eacuteteacute totalement marqueacutee par dilution

de sa poudre lyophiliseacutee dans D2O agrave la concentration finale de 100 microM et incubation pendant

1 heure agrave 37degC sous agitation (600 rpm)

De la mecircme maniegravere la substance P et le Glu F sont deux peptides qui ont eacuteteacute

ponctuellement utiliseacutes comme sonde de l‟eacutechange inverse Leur poudre lyophiliseacutee a donc

eacuteteacute eacutegalement dilueacutee dans D2O agrave la concentration finale de 100 microM puis le meacutelange a eacuteteacute

incubeacute pendant 1 heure agrave 37degC sous agitation (600 rpm)

A213 Proteacuteine aIF2α3 et complexe proteacuteique aIF2α3γ

L‟eacutechange isotopique de la proteacuteine ou du complexe proteacuteique d‟inteacuterecirct sous sa forme

native se fait par incubation dans une solution correspondant agrave son tampon de purification

contenant des deuteacuteriums eacutechangeables Une fois le temps d‟eacutechange souhaiteacute atteint le

marquage doit ecirctre arrecircteacute dans des conditions figeant les deuteacuteriums d‟amide du squelette

polypeptidique sur leur position et en deacutemarquant les autres sites eacutechangeables (hydrogegravenes

labiles des chaicircnes lateacuterales) Pour cela il faut diminuer tregraves rapidement la tempeacuterature du

milieu et repasser en conditions acides et en milieu protoneacute Dans ces conditions seuls les

deuteacuteriums des chaicircnes lateacuterales des acides amineacutes seront eacutechangeacutes par des hydrogegravenes et les

deuteacuteriums sur la fonction amide de la liaison peptidique conserveront leur localisation

aIF2α3 Sulfolobus solfataricus

112 microL de D2O NaCl 330 mM ont eacuteteacute ajouteacutes agrave 16 microL de solution proteacuteique aIF2α3 agrave 178

microM dans H2O NaCl 330 mM Le meacutelange a eacuteteacute incubeacute pendant des temps variables agrave une

tempeacuterature de 37degC sous agitation (600 rpm) et l‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium a eacuteteacute bloqueacute

lors de l‟eacutetape de dessalage par ajout de 128 microL de H2OAF 2

222

aIF2α3γ Sulfolobus solfataricus

112 microL de D2O NaCl 330 mM ont eacuteteacute ajouteacutes agrave 16 microL de solution proteacuteique agrave aIF2α3γ agrave

1156 microM dans H2O NaCl 330 mM Le meacutelange a eacuteteacute incubeacute pendant des temps variables agrave

une tempeacuterature de 37degC sous agitation (600 rpm) et l‟eacutechange hydrogegravenedeuteacuterium a eacuteteacute

bloqueacute lors de l‟eacutetape de dessalage par ajout de 128 microL de H2OAF2

A22 Dessalage

Le dessalage se deacuteroulant apregraves les eacutechanges hydrogegravenedeuteacuterium il doit obligatoirement

ecirctre effectueacute agrave faible tempeacuterature (dans la glace) et pH afin de minimiser les eacutechanges

inverses Pour cette mecircme raison il est obligatoire d‟utiliser une technique de dessalage

rapide excluant de ce fait bon nombre de systegravemes

Un dessalage laquo off-line raquo a eacuteteacute reacutealiseacute imposeacute par le type d‟approche choisi (approche

laquo top-down raquo) Une Sep-Paktrade C8 (Waters) a eacuteteacute utiliseacutee

Les colonnes sont activeacutees deux fois avec 1 mL ACNMeOHAF 499 499 02 puis

rinceacutees deux fois avec 1 mL H2OAF 1 La colonne conditionneacutee est conserveacutee au

reacutefrigeacuterateur jusqubdquoagrave utilisation L‟eacutechantillon meacutelangeacute agrave eacutegal volume avec H2OAF 2 (eacutetape

d‟arrecirct de la reacuteaction) est chargeacute immeacutediatement sur la colonne Les sels sont eacutelimineacutes par

trois lavages successifs avec 1 mL H2OAF 1 glaceacute

A23 Analyse par spectromeacutetrie de masse

Le mode d‟ionisation utiliseacute a eacuteteacute l‟eacutelectrospray Les eacutechantillons proteacuteiques ont eacuteteacute

injecteacutes dans le spectromegravetre de masse par le dispositif de seringue refroidie (ou par le

nouveau systegraveme d‟introduction la laquo cryosource raquo que nous avons mis au point et preacutesenteacute

dans Chap V)

Pour cela les proteacuteines dessaleacutees sont finalement eacutelueacutees avec un meacutelange H2OACNAF

49 49 2 (500 microL pour aIF2α3 concentration finale agrave 57 microM et 250 microL pour aIF2α3γ

concentration finale agrave 74 microM) et immeacutediatement analyseacutees par FT-ICR

223

Les peptides seacutelectivement marqueacutes sont analyseacutes dans H2O glaceacutee (0degC) et acide (AA 05

M pH 23) MeOH 11 (vv) agrave la concentration finale de 10 microM

Les eacutechantillons totalement marqueacutes (ubiquitine peptides) sont dilueacutes au 1100e dans

H2OACNAF 49 49 2 pour ecirctre analyseacutes en spectromeacutetrie de masse agrave la concentration

finale de 1 microM

224

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