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CnHtERS DEs 4133 DU SAN THEODOROS A MOSQUTTO L'AMERIQUE LATINE EN BULLES Alnrru MussËT* urur annÉnrQuE BADTNE? epuis Napoléon lll, la France rêve d'une Amérique latine auxyeux de braise et auxlèvres de sang. Les nuits chaudes de la Havane, la moi- teur étouffante des jungles amazoniennes, les pyramides aztèques, plaquées d'or et jonchées de cæurs tout palpitants, hantent l'imaginaire de maints aventuriers qui n'ontjamais quitté leur chambre d'adolescent. Au fond de chaque Français, ily a souvent un Cortés ou un Zapata qui sommeille. La chanson, le roman, le cinéma ont Iargement façonné l'image d'uneAmérique latine à lafois dolente et violente, pleine de bruitet de douceur, tour à tour las- cive et démoniaque. Dans la mise en place de cet imaginaire latino-américain, la bande dessinée joueun rôle important car elle forgeet perpétue desclichés qui, proposés à des regards d'enfants, nourrissent ensuite la mémoire des adultes. Mais il n'est pas question ici de faire le procès des " petits Mickeys " : bien au contraire. Toute caricature estbonne à prendre, car elle en révèle autant sur les préjugés de sonauteur quesurle caractère de savictime et surlesattentes de ses lecteurs. Or,depuis ledébut du siècle, des dizaines d'albums ont été consa- crés au monde latino américain. Dans la quête mystique de tout héros de ban- de dessinée, le pays des Incas est devenu aussi incontournable quela Chine de Mao ou l'Afrique deshommes-léopards. Pourtant, malgré les apparences, les représentations du monde latino-américain ne sont pas homogènes. Eneffet, elles ont évolué avec le temps, même si le jeu complexe desrééditions tend à masquer lesétapes chronologiques d'une forme d'expression que seuls les spécialistes considèrent commeun art à part entière. Entre le San Salvador décritpar Tif et Tonduen 1950 et le Costa Verde de Xlll (publiéen 1992), l'Amérique centrale a changé de visage : les archétypes banalisés d'un monde encore mal connuont laissé la place à desallusions claires au conflit qui a déchiré le Nicaragua dans les années 1970-1980. ll faut en outreidentifier le AMÉnlQuES LnINES No28/29 I ilEffi E{ffi r Université de Paris X. Institut universitaire de France, CREDAL Z3
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Du San Theodoros à Mosquito, l’Amérique latine en bulles

Jan 26, 2023

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Page 1: Du San Theodoros à Mosquito, l’Amérique latine en bulles

CnHtERS DEs

4133

DU SAN THEODOROS A MOSQUTTOL'AMERIQUE LATINE EN BULLES

Alnrru MussËT*

urur annÉnrQuE BADTNE?epuis Napoléon lll, la France rêve d'une Amérique latine aux yeux debraise et aux lèvres de sang. Les nuits chaudes de la Havane, la moi-teur étouffante des jungles amazoniennes, les pyramides aztèques,

plaquées d'or et jonchées de cæurs tout palpitants, hantent l ' imaginaire demaints aventuriers qui n'ont jamais quitté leur chambre d'adolescent. Au fondde chaque Français, ily a souvent un Cortés ou un Zapata qui sommeille. Lachanson, le roman, le cinéma ont Iargement façonné l' image d'une Amériquelatine à la fois dolente et violente, pleine de bruit et de douceur, tour à tour las-cive et démoniaque. Dans la mise en place de cet imaginaire latino-américain,la bande dessinée joue un rôle important car elle forge et perpétue des clichésqui, proposés à des regards d'enfants, nourr issent ensuite la mémoire desadultes.

Mais il n'est pas question ici de faire le procès des " petits Mickeys " : bienau contraire. Toute caricature est bonne à prendre, car elle en révèle autant surles préjugés de son auteur que sur le caractère de sa victime et sur les attentesde ses lecteurs. Or, depuis le début du siècle, des dizaines d'albums ont été consa-crés au monde latino américain. Dans la quête mystique de tout héros de ban-de dessinée, le pays des Incas est devenu aussi incontournable que la Chine deMao ou l'Afrique des hommes-léopards. Pourtant, malgré les apparences, lesreprésentations du monde latino-américain ne sont pas homogènes. En effet,elles ont évolué avec le temps, même si le jeu complexe des rééditions tend àmasquer les étapes chronologiques d'une forme d'expression que seuls lesspécialistes considèrent comme un art à part entière. Entre le San Salvadordécrit par Tif et Tondu en 1950 et le Costa Verde de Xlll (publié en 1992),l'Amérique centrale a changé de visage : les archétypes banalisés d'un mondeencore mal connu ont laissé la place à des al lusions claires au conf l i t qui adéchiré le Nicaragua dans les années 1970-1980. ll faut en outre identifier le

AMÉnlQuESLnINESNo28/29

I i lEf f i E{f f ir Université de Paris X. Institut universitaire de France, CREDAL Z3

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lecteur potentiel de l'album. Les productions destinées aux enfants ou auxadolescents vont longtemps se limiter à répéter les mêmes schémas d'action,les mêmes types de personnage, les mêmes paysages. En revanche, les ouvragesconçus pour les adultes (de plus en plus nombreux à partir des années 1960)vont s'attacher à décrire des pays et des situations qui ont été largement média-tisées par la presse (écrite ou parlée) et par la télévision. L'album, inoffensif en

apparence, devient alors un roman à clefs dont il faut décrypter le code si l 'on

veut en comorendre le sens.En évoquant l 'Amérique lat ine vue par la bande dessinée (essent iel lement

européenne, pour ne pas dire franco-belge !) ie n'ai pas l ' intent ion de faire un

travai l d 'érudit ion, qui serai t à la fois long et fast idieux. J 'ai plutôt envie de

convier le lecteur à un voyage immobi le sur un bateau de papier dont la seu-le ambit ion est de faire des ronds dans l 'eau.

Ftcunt n" 1 : Ln ronÊr AMAZoNIÊNNE vut pnR Sornr oeNs lTnarnzorur.

l l ne faut pourtant pas croire que ce voyage est inut i le. La bande dessinée

est en effet un excel lent support pédagogique, ut i l isable à tous les niveaux du

système éducatif, depuis la maternelle jusqu'à l'université. En outre, nombreuxsont les lat ino-américanistes qui, après avoir tété le lai t spir i tuel d 'Hergé et

d'Hugo Pratt , ont par la sui te décidé de suivre les traces de Tint in au San

Theodoros ou celles de Corto Maltese à Mosquito. Si mes parents ne m'avaientpas offert, vers l'âge de

.l 4 ans, Le secret des Mayas de Bob Morane, je ne serais

peut-être pas devenu aujourd'hui un géographe spécialiste du Mexique et de

l'Amérique centrale... Au diable donc l'analyse quantitative et les droites de

régression ! La géographie que l 'on aborde ic i est largement imaginaire et,quand on parle d'amour, on ne calcule pas.

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( UN SOMBRERO SUR LE NEZ.. . l

La bande dessinée a largement répandu l' image du latino-américain oisif,enveloppé dans son poncho multicolore et coiffé d'un sombrero à larges bords.Le mélange des genres ne l'effraie pas : un tiers de mexicain, un tiers de boli-vien, un tiers de brésilien et un bon tiers d'indien mal défini (tout dépend dela grosseur des tiers), voilà qui a longtemps fait, aux yeux du lecteur mal ren-seigné, un Latino-Américain très honorable. Pourtant, même dans les bandesdessinées les plus traditionnelles et les moins documentées, on peut décelerl 'ébauche d'une di f férenciat ion ethnique et sociale qui remet chacun à sa pla-ce et permet d' ident i f ier les Bons et les Méchants, quel le que soit l ,époque oùse déroule l 'act ion.

Une ( terre sauvage ,r?

Les paysages lat ino-américains sont un mélange de quatre éléments debase qui peuvent se combiner ou se succéder à l ' intér ieur d'un même album,parfois au mépris de toute vraisemblance: la forêt , les marais, le désert ,la montagne'. L'Amazonie fascine et ses sombres étendues végétales, où l,hom-me se dissout dans l' inextricable fouill is des arbres géants et des marais putrides,offre au dessinateur l 'occasion de montrer son talent et de mettre en scène sesfantasmes - tels ceux de Pichard dans Poulette en Amazonie ou de Manara dansHP et Giuseppe Bergman. Tout voyageur désireux de s'enfoncer dans la jungledoit affronter une nature hostile, dont la faune et la flore se liguent pour lui inter-dire le passage : " llfaut s'ouvrir un chemin à la machette, au milieu du bour-donnement incessant de myriades de mouches et de moustiques, sur un solspongieux, fangeux, grouillant de sangsues " (Morc Docier : Les sept cités deCibolo, p.29). Tintin, l 'un des premiers, a expérimenté cette fatale luxuriancequi manque de coûter la vie à son jeune guide, Zorr ino, happé par un gigan-tesque anaconda (Le temple du soleil, p. 36). La bande dessinée contribue doncà di f fuser l ' image désormais classique de la forêt amazonienne perçue commeun véritable ,. enfer vert " (figure n' 1). Harassé, à bout de force après plusieursjours de marche dans la jungle, le professeur Clairembart déclare ainsi à BobMorane, ,, le renacal, c'est la pestilence, l 'enfer " (Le tigre des lagunes, p. l6).Dans Terre sauvage, Sirius illustre toutes les difficultés rencontrées par l 'expé-di t ion de Balboa pour t raverser l ' is thme de Panama et découvr i r l 'océanPacif ique. Vue par la bande dessinée, la jungle du Darien n'a r ien à envier auxvastes étendues amazoniennes où sont al lés se perdre tant de conquistadorsavides d'or et de gloire: u Flèches empoisonnées.. . Javelots empoisonnés.. .Insectes au dard empoisonné... Eaux mortes où dorment les poisons des fièvresmortel les.. . Beaucoup d'hommes gl issèrent dans la mort, englout is dans lavase des laEunes ou digérés par des plantes voraces " (p. 30).

Au moins autant que la forêt vierge, le désert attire les scénaristes. Mais sil'Amazonie est la matrice de toutes les forêts, c'est le Nord du Mexique qui sertde modèle aux dessinateurs en quête d'horizons désertiques. Depuis Tintin(L'oreille cassée), jusqu'à Archie Cash (te déserteur de Toro Toro), en passant

ZS

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par Blondin et Cirage (Blondin et Cirage au Mexique), Cil Jourdan (L'enfer deXique Xique) ou Lucky Luke (foftll/o pour les Dalton),le désert n'est qu'une suc-cession de sierras arides et de grandes plaines brÛlées par le soleil, où ne pous-sent que de maigres buissons épineux, quelques nopoles coriaces et de rares cac-tus cierges (f igure n' 2). Le talent extraordinaire de Ciraud permet cependantau lieutenant Blueberry d'échapper à cette longue galerie de stéréotypes : sesreprésentations du désert du Chihuahua comptent parmi les plus beaux tableauxjamais produits par la bande dessinée. Quand l'action se déroule dans un décormontagneux, ce sont les Andes qui servent de modèle - en théorie du moins,puisque seufs des noms à consonance ibérique (Cerro el Condor dans Le fils del'lnca ou Nevado de Huascan dans L'abominable homme des Andes), permettentde distinguer ces grands sommets américains de leurs homologues suisses oufrançais. Encore une fois, c'est le Tintin du Temple du soleilqui donne le ton deces paysages insolites où l'on voit la neige et le froid régner sous un ciel tropical.

Frcunr N'2 : Dnns L'wrm ot Xteut-Xeur, Crr lounoan Dorr AFFRONTER uN DESERT PARTICULIEREI\,IENT

HO\l l lL, ( QUI VAUI L[ Vt l t l IUR BARBI-LL DU \4O\IJE >.

Mais l'Amérique latine est aussi une région instable, sulette à de violentes

convulsions de l'écorce terrestre : les scénaristes sont là pour nous le rappeler.

Presque tous les personnages de bande dessinée, à un moment ou à un autre

de leur aventure, subissent l 'épreuve d'un tremblement de terre ou d'une

éruption volcanique dont les conséquences sont dramatiques sur la population

locale. Le jeune Khéna est ainsi découvert par des Indiens dans le village péru-

vien de Popshopamac, dévasté par un séisme (L'héritier de I'lnco, p. 29)' Dans

Tif et Tondu en Amérique centrale (1 950), les deux héros sont en fâcheuse pos-

ture quand le volcan local se réveille : les secousses sismiques sèment la mort

et la désolation, mais elles permettent au général Tif de se montrer généreuxen ordonnant à ses soldats de secourir les habitants de la vi l le ennemie, santaAna. on voit alors les militaires des deux camps se prêter main forte pour trans_porter les blessés sur des brancards et secourir avec un bel enthousiasme leursadversaires de la veille (figure n" 3).

cependant, cette vis ion idyl l ique (et peu vraisembrabre) d,une commu-nauté déchirée dont le malheur resserre les liens a fait son temps. Les auteurscontemporains n'hési tent plus à dénoncer l ' incur ie des autor i tés locales qui nefont rien pour prévenir la catastrophe et qui abandonnent à leur sort les popu-lations sinistrées. selon le représentant de Médecins du monde mis en scène dansLe f i ls de l ' lnca ( les aventures de . leannette pointu, 19g2, p. 32), le tremble-ment de terre qui a dévasté la région du cerro condor a détruit quinze vil_lages et fait plus de 25 000 victimes. Cette catastrophe, loin de favoriser un orandmouvement de sol idar i té, a permis la réussi te d'un putsch mil i ta ire rn.n? pu,un colonel ambit ieux. Comme le di t un brave prêtre à l ,hérolne blessée aucours du séisme, et qui v ient de passer quinze. jours dans le coma ; . Le colo_nel Pérez a pris le pouvoi.r et n'a rien fait pour secourir les sinistrés. La popura-tion s'est révoltée. C'est la querre civile ! ,.

i l t t \ r \ ,1At50r!5 s ' tcRoùt iNl

Des sociétés inégal i ta i res

5i un hasard malheureux est parfois à l'origine d,une guerre civile, les racinesdu mal sont cependant plus profondes. Dans pour Mària, de w. Vance et 1.Van Hamme, l 'un des personnages, invi té à une récept ion du dictateur locai,le général ort iz, ne peut s 'empêcher de s 'exclamer, en contemplant le luxedu palais présidentiel : " le faste de cet îlot de richesse isolé dans un ocean depauvreté me fascine " (p. 25). cynique et sans i l lusion, le même individu (unagent double au service d'une grande compagnie minière nord-américaine)précise que le Costa verde est l 'un des pays les plus pauvres du continent lati-no-américain, " ce qui n'est pas peu dire ,. Très tôt, la bande dessinée a mis envaleur le contraste opposant quelques riches propriétaires terriens à des peonesmisérables : la pauvreté semblai t alors se l imiter à un monde rural archaTgue,tandis que la ville (moderne, forcément moderne) permettait à chacun de gra_vir tous les échelons de la société. Les petits paysans de Btonclin et ciroqe auMexique, enveloppés dans un poncho pult icolore et coi f fés du tradi t iJnnel

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FcÉ QLJÉ \JÉ.iÀONÉ?LJEICLIÉ 6HO5Él

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FtcuRE No 3 : QunNo Lt voLCAN st nÉvrrrr t , LA TIRRE TREI\4BLE(Tr r Tortou rN AuÉaput cervrnrur).

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,URE N. 4lN peysnN

MEXICAIN'PIQUË/ VUr JUÉ DANSTOND/N ÉICnnæ euMrxpur.

sombrero à larges bords, vivent chichement mais dignement, dans leurs mai-sons d'adobe aux murs couverts de chaux (figure n" +;. tn revanche, dansLe moître de lo Sierro (1 960), Jijé nous présente de malheure ux peones maltrai_tés par un hocendado arrogant, don carlos Diaz de castro. parfois, querquesdétails de la vie quotidienne permettent de donner au récit une certaine authen-ticité'.Dans El Zopilote, publié par Le journal de spirou en 1962, onvoit jerry springinstallé dans une petite maison des environs de Mendoza ,

"n 2yd6ps-plan, là

mère de famille prépare des tortillas en pressant la pâte de mars entre ses mains.La pauvreté souvent abstraite

des débuts fait cependant vite pla-ce à des considérations plus terreà terre, à des al lusions plus pré-cises, à des descr ipt ions moinsédulcorées'. La misère ne se limi-te plus au monde rural mais se dif-fuse au cæur des villes. Dans lintlnet les Picaros, l'avion qui amène leshéros au San Theodoros passe audessus des quartiers centraux dela capitale, visités par de nombreuxtouristes, avant de longer la péri-phér ie de la v i l le, formée debaraques en planches et en tôleondulée, peuplées d'enfants enhai l lons. Deux mil i ta ires casquéset armés sont là pour montrer quel 'ordre règne à Tapiocapol is. À la

elle à cheval toute r'étendue du domaine et rui présente 'ensembre

de sesactivités : <. L'hociendo s'étend sur 500 000 hectares et comprend trois viilages.Nous avons 30 000 vaches, l0 000 moutons et 2 000 chevaux.. . Nous fai_sons aussi du mais, un peu de café, de canne à sucre .t a,ugu;*. Ce n,est pasla main-d'æuvre qui manque ! o. En effet, le personnel de l,hacienoa se com_pose pour ressentier de paysans chassés de leur terre, ou de réfugiés venus dupays voisin. Toute ressembrance avec une situation réeile ne serait en aucun casune corhcidence !

Des Indiens méprisés et marginal isésMais l 'Amériaue r1t]n1 n'oubrie pas qu'ete est aussi indienne et que rescommunaurés indigènes, depuis re rio crande jurq, a t, i.ir.îË Ëài,, o..up.n,une prace peu enviabre dans des sociétés rarqement dominées par res popura_tions d'origine europée_nne. zorrino, te';.r1"'.ur.hand d,oranges qui va aiderTint in à découvrir re rempre ou soiei l 'e i i i insi .brutar iré pr; ; ; ; ;mét is quiveutent t'humirier. En rui venant

"" ;ii";;.1;i-ci s,attire r"i no""lï grâces deHuascar, un srand o'"u,:.^*i]:.,,;*n;;; b rr;;ù.;-jù.rir',on arrivéeau callao : o Je l'ai u'i da mes yeux vu,-prendre tout seur ra défense de cetenfant, que brutarisaient deux de ces inîimes étrangers que nous haissons >(Le temple du soleir, n. s!), Les otrung.ir

"n qr"ura,on ne sont autres que des tadi_nos, considérés par les descendants"des tn.ài .orr. res héritiers à"s corquis-todores. Depuis Tintin, ,l:9*l

ï,9g!.."n générat présenré comme ta victimed'un système politique.et social hérité Ou i,Ëpoqr. coloniale.. Dans cet ensemble, les Indiens d,Amazonieà tou r présentés co m É e de te rrib |es ., " ", ùr,.iii,'liit#:5]Ë:,ti.llride vivre en harmonie avec Mère

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)".1:::l]:r:oortrait peut donner FrcuRE No5nte vertise aux erhnorosues res f m -[l_-:"]F-

-rf --#-ii:iï;".,;moins aguerr isJ. Pour pel los, qui t l l 'X , , ' { - . , , A.( ' , l l .v , ro*oi l ,

toujours là, les habitants sont toujours aussi misérabres, mais les gardes ontchangé d'uniforme et sur les pancartes de ra propagande officiell e, on lit vivoAlcozor, au lieu de vivo Topioco. Les dernières scènes de La veutveiVoire sedéroulent aussi dans une fovela sordide de Rio de Janeiro (ou d,une ville qui luiressemble), le quartier de Patrézalez. Comme le signale le chef de la police auxamis de Natacha, qui vient de s'aventurer dans le oéoale des taudis aécrochés àla colline : o C'est le plus dangereux bidonville du pays ! L,enfer I > (p. 43).

certaines bandes dessinées actuel les, en apparence dest inées à un publ icenfantin, sont de véritables pamphlets qui dénoncent ouvertement les inéga-lités sociales, les discriminations raciales et le régime policier des pays latino-amé-ricains. c'est en particulier le cas du Firs de Itnco, de wasterlain, où JeannettePointu s ' indigne de voir une pet i te f i l le d 'or igine indienne dormir sur le trot toir ,en face de son hôtel. celle-ci est alors rapidement chassée par un des employésde l 'établ issement. La même Jeannette pointu, réfugiée dans une hocienda,découvre ce qui s igni f ie la grande propriété en Amérique lat ine. Dans unepage à la fois lumineuse et pédagogique, digne de figurer dans tous les manuelsd'économie ou de géographie, un homme de main deYhocendado parcourt avec

fin de l'ouvrage, les baraques sont

redoutables réducteurs de biroutes, qui ,'"n [r.nnent au marheureux #:: ;ila pulpeuse héroÏne. Ce,ile-ci intervient arors'lue |objet du dérit esiaela ptacésur le billot : ' Arrêtez I bande de sauvages !' vous décapitez ra curture occi_dentale!"(p.21).L9

iitrï5r'i'.1çJïi;ï i ll,, q'Rffi W'lï trïî;,axifi#ffi i:;i"i",:i:î,;:: t fr *'v,;# ]'[: _

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-* f f i . - -J p): : inaiÏs, ils fonr de Ribourdingue re ';;- ,Æ;ffi=Ë, Ichef de leur rribu et tuiorrienr à m>) l}-1YFffiÆFtrE

i l1!::!ïJi l, l i ,t luï#: w lff i En" 5a). Dans un autre regii tre, 4 2) 'WÂ3y"Z::,1!::T"!:,^,.j:.!:!.r:: ,<y3rodie de Natacha, hôtesse de t,oir),mer en scène tes

2B aaHtFaç nFç ÂÀ/FatôrrFç | ^TrNrEC

rro?Q/2O

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* sauvage , (avec ses dérivés : < primitif > ou " barbars "), est un terme qut

revient régulièrement dans la bande dessinée, au premier ou au second degré,

pour identifier des lndiens coupés du monde et qui refusent les bienfaits de la

civi l isat ion. Les hommes de la forêt sont cruels et sans pi t ié, comme le rappel-

le le capitaine monteguanayen qui vient de massacrer à la mitraillette une bon-

ne dizaine de guerriers à demi nus, armés d'arcs et de flèches : " Ces parfaits

modèles du geire humain n'attaquent que des adversaires isolés ou trop faibles'

Tout autre idée mettra encore un siècle ou deux à pénétrer le cerveau de leurs

descendants , (Bernard Prince : Cuéritto pour un fantôme, p' 39)' Quant à ceux

qui ont délà du plomb dans la cervelle, leur sort semble définitivement ré91é.. 'Heureusement, cette vis ion pour le moins part iel le et part iale des lndiens

d'Amazonie n'est pas partagée par tout le monde. Dès 1947, Hergé fai t des

Arumbayas un peuple digne de respect (L'oreille cassée) même si, trente ans plus

tard, Tintin découvre avéc horreur que les fiers guerriers de sa ieunesse, entrés

en contact avec la . civilisation >, sont devenus des ivrognes invétérés (Tintin

et les Picaros). Pour Hugo Pratt, la férocité des Jivaros s'explique par leur désir

de maintenir éloignés de leurs terres les Blancs qui veulent les dépouiller : " Les

chercheurs d'or. . . et d 'émeraudes.. . arr ivent et i ls tuent les Indiens.. . l ls nous

font faire la guerre les uns contre les autres, nous font un tas de promesses

qu,ils ne tiennent pas et nous obligent à nous cacher dans la jungle... votre morl

arrêtera les Blancs pour quelque temps " (corto Maltese : Têtes de champignons,

p. 24). Sergio Macedo va plus loin encore en peignant de manière réaliste la lutte

du très *Àdiut iqr. chef Raoni contre les grandes compagnies brési l iennes qui

veulent tracer une route à travers les terres du peuple kayapo-metuktire, dans

le parc Xingu (Brosil ). Cette bande dessinée engagée met en scène tous lesacteurs d'un drame désormais bien connu : les Indiens, les technocrates deBrasilia, les ouvriers du chantier, les hommes de main payés par les promoteursde l'opération et, bien sûr, les employés de la FUNAI qui se posent des ques-t ions sur le rôle ambigu que l 'Etat leur fai t jouer ( f igure n" 5b).

iVIVA LA REVOLUCIôN!

Les disparités économiques et les tensions sociales ne peuvent déboucherque sur une révolutron, étape incontournable de tout héros de bande dessinéedans son périple latino-américain. Celle-ci se fait sur fond de guerre civile et deconflits frontaliers, où l'on voit des États sous influence envoyer à la mort descohortes de combattants innocents afin de satisfaire l'ambition d'un dictateursans vergogne ou les appétits financiers de grandes compagnies multinationales.

Guerres inut i les et d ictatures d 'opéret te?

Les guerres qui déchirent l 'Amérique latine sont souvent présentées au lec-teur moyen comme l'expression d'une très grande frivolité, typique de l' imma-turité politique des pays situés au sud du rio Crande. Le vieux concept " d'arméemexicaine ,', où l'on trouve plus de colonels que d'hommes de troupe, faittoujours recette. Comme le fait remarquer le colonel Diaz au général Alcazar,qui veut nommer Tintin colonel : " Ne pensez-vous pas, mon général, qu'il vau-drait mieux le nommer caporal ?.. Nous n'en avons que quarante-neuf alors qu'ily a dé;à trois mille quatre cent quatre-vingt-sept colonels. " (L'Oreille cossée,p.2\. Àpeine débarqués au Salvador, Tif et Tondu sont ainsi recrutés, l 'un com-me général , l 'autre comme simple bidasse. Après le tremblement de terre quia rasé la ville de Santa Ana, alors que les soldats de San Salvador ont prêtémain forte à leurs anciens ennemis, les gouverneurs des deux provinces tom-bent dans les bras l'un de l'autre et l 'on assiste à ce dialogue immortel : " Puis-je me permettre de vous demander pourquoi nos deux villes sont toujours enguerre ? - Le sais-je ? Peut-être par habitude. Oui, au fait, pourquoi ? C'eststupide " (Tif et Tondu en Amérique centrale, p. 1 6). La catastrophe naturelle per-met donc ici de résoudre un problème politique ardu, puisque les Salvadorienseux-mêmes ne savent pas pourquoi i ls se battent entre eux depuis si long-temps.. . C'est la force de l 'habitude !

Cependant, confronté à la même situation, Tintin n'est pas dupe des appa-rences. Pour Hergé, la guerre qui oppose le San Theodoros et le Nuevo Rico n'arien d'anecdotique. Les deux pays, manipulés par des compagnies étrangères(la 5enerol Americon Oilet la Compagnie anglaise des pétroles sud-américains)se battent pour assurer à leurs bailleurs de fonds le contrôle de riches terrainspétrolifères - qui ne tiendront d'ailleurs pas leurs promesses. Cette guerre n'arien d'imaginaire, puisqu'elle fait référence au conflit meurtrier qui a opposéla Bol iv ie et le Paraguay entre 1932 et I935, dans la steppe semi-ar ide duCran Chaco (transformée en Cron Chapo dans L'Oreille cassée). Pour mieuxdénoncer ces interventions étrangères, Hugo Pratt a orienté la bande dessinée

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vers un réalisme poétique aux effets ravageurs. Dans lo conga des,Bonones,Corto Maltese doit ainsi faire face à un complot organisé par les Etats-Unispour protéger les intérêts des compagnies bananières qui ont fai t main bassesur Mosquito. Confortablement installé à la terrasse d'un café, le marin voits 'avancer une automitrai l leuse et ne peut s 'empêcher de dire, en t i rant pensi-vement sur son cigorillo: ( même des autos blindées pour défendre les bananes.L'histoire devient sér ieuse.. . " ( f igure n" 6).

FICUNT N" 6 : HUCO PR,NN OÉNONCI AVEC HUIV1OUR LA POTITIOUE INTERVTNTIONNISTI OtS ETNTS.UNIS TI'I

AvÉnreur cENTRALT (Lt coNca ors a,rrvnrurs).

L'action de la Conga des bananes, qui se déroule vers I 91 3, évoque claire-ment le rôle des compagnies nord-américaines qui, au début du siècle, se sonttai l lées de vér i tables empires en Amérique centrale. A plusieurs reprises, lesÉtats-Unis ont occupé les ports bananiers du Honduras et du Costa Rica, sousprétexte de venir en aide à leurs ressortissants menacés par des nationalistesintransigeants, des " révolutionnaires " plus ou moins communistes ou toutsimplement par des ouvriers agricoles en grève. En 1924,l'entrée d'un bataillonde Morines à Tegucigalpa provoqua un fort mouvement de contestation de lapart des intellectuels et des politiciens locaux. Ce n'est pas un hasard si cesviei l les histoires reviennent au goût du jour dans les années 1970, quand HugoPratt écrit son récit. C'est l 'époque où, dans un continent de plus en plus mar-qué par l 'af frontement Est-Ouest, la chute d'Al lende et la " résist ible ascen-sion " du général Pinochet ont donné à la CIA toutes ses let tres de noblesse.

Pourtant, la manière la plus simple d'expl iquer les querel les intest ines etles guerres civiles qui caractérisent les pays latino-américains est d'en faire por-ter la responsabilité à l'appétit de pouvoir d'un sombre dictateuf. Rares sontles auteurs de bandes dessinées qui résistent au plaisir de brosser le portrai td'un tyran typiquement sud-américain, caractérisé par ses moustaches noires,ses uniformes d'opérette et ses lubies meurtrières. Dans L'Oreille cossée, Tintindoit affronter le général Alcazar, qui vient de renverser un autre dictateur, le géné-ral Tapioca. Dans le dernier album d'Hergé, Tintin et les Picaros, l'infâme Tapiocaoccupe à nouveau la tête du San Theodoros. Mégalomane, il a rebaptisé la capi-ta le de son pays, Las Dopicos, pour lu i donner son nom : Tapiocapol is.En cela, i l ne fa i t que s ' inspirer du dictateur dominicain Rafael Truj i l lo

Frcune N'7 :LE COUSIN

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(1891-1961) qui avait t ransformé l 'ancienne Santo Domingo en Ciudad Truj i l lo.Heureusement, grâce à l' intervention du jeune reporter, les guérilleros du géné-ral Alcazar chassent à leur tour le tyran et Tapiocapolis devient Alcazaropolis.Spirou et Fantasio, quant à eux, empêchent le général Zanlas, maître de laPalombie, d 'envahir le terr i to i re de la républ ique vois ine de Guaracha(Le Dktateur et Ie Champignon, 1956). Mais ici, l'image du dictateur est différente.La parodie, féroce, fait de Zantas un pâle émule d'Hitler, dont il partage à la foisles costumes, la gestuelle et l 'attirail symbolique : l 'aigle (changé en perroquet)et la croix gammée (métamorphosée en cercle orné de trois flèches noires).(figure n' 7).

Le temps des révolut ions

Quand le petit peuple, pourtant présenté comme patient et fataliste, selasse de trop de misère et d ' in just ice, la révolut ion devient inévi table. La ban-de dessinée se fait largement l 'écho des guerres civiles qui ont ensanglantétous les pays latino-américains depuis leur accession à l' indépendance. C'est auMexique que les scénaristes en mal de copie ont déniché l 'archétype univer-sel de la révolution, avec ses quelques éléments de base : le dictateur perfide,les soldats " fédéraux " aux uniformes impeccables, le train tiré par une antiquelocomotive à vapeur, le peôn courageux mais débraillé, coiflé d'un large som-brero,le bandit d'honneur devenu malgré lui le chef des révoltés. Dans leur sérieLes gringos,.lean-Michel Charlier et Victor de la Fuente ont fait de cette révo-lution idéalisée une véritable épopée rythmée par de glorieux faits d'armes etde lâches trahisons. Les al lusions histor iques ne manquent pas et l 'on assiste

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( en direct " à des événements qui ont marqué la mémoire collective du peuplemexicain, comme la prise de Parral par les cavaliers de Pancho Villa, ou l'assas-sinat du président Madero par les hommes du général Huerta'.

Dès 1923, mais dans un registre plus ironique, les Pieds-Nickelés de Fortonavaient pris la place de Villa pour renverser le tyran Cabrades (clone mal défini dePorfirio Diaz), Pourtant, dans un grand élan de sincérité, le brave Ribouldinguen'hésitait pas à haranguer ses troupes au cri de " Mes amis et moi, on s'enfiche de la Révolution mexicaine ! ". Dans Vivo Popa,le père d'Achille Talondevient à son tour le porte-drapeau d'une armée de rebelles qui veulent ren-verser le dictateur local, le général Ahuéadia (Vivo Popo). Cette parodie de laRévolution mexicaine accumule allégrement clichés et poncifs pour mieux lesdétourner. Ainsi, les partisans de la Révolution entonnent en coeur la chansonqui va devenir l 'hymne des révoltés, El Moustachero, sur l 'air mondialementconnu de la Cucoracha (figure n" 8) u. Dans le même registre, Peter de Smet s'ins-pire d'une des principales icônes de la Révolution mexicaine pour créer le per-sonnage de Zapapa, chef dér isoire d'une bande d' insurgés aussi vel léi tairesqu'incompétents (Vivo Zopopo).

Avec le temps, cependant, la bande dessinée devient adulte et le regardqu'elle porte sur le monde latino-américain évolue. Les mouvements révolu-t ionnaires, présentés au début du siècle comme une maladie endémique ducontinent, perdent progressivement leur caractère " typique > et superficielpour s'ancrer dans la réalité sociologique de pays marqués par de profondesinégalités sociales. Directement influencées par l 'histoire immédiate, les aven-tures de Xlll, le héros amnésique de W. Vance et J. Van Hamme, font référen-ce au conflit meurtrier qui, dans les années 1980, a opposé sandinistes et somo-

FtcunÉ no 9 : UNe rprncr RoMANTTeUE DEs cANCACEtRos eRÉstrtrNs (Stt ' tsnlvrcTnFur).

zistes au Nicaragua. Dans la petite république du Costa Verde, le général Ortiza renversé un président démocratiquement élu après un siècle et demi de dic-tature militaire, José Enrique de Los Santos. Comme le dit le propre fils du pré-sident assassiné par les mi l i ta ires locaux, eux-mêmes soutenus par la CIA :o Dans un pays comme celui-ci , quand on veut sincèrement le bien de sonpeuple, on ne peut être que socialiste. ll fut donc socialiste ,, (Pour Maria, p.31).Ses part isans, les. santosistes " se sont réfugiés dans les montagnes impéné-trables de l ' intér ieur et harcèlent cont inuel lement les troupes du dictateur,soutenu par les États-Unis. Paradoxe de l'histoire, ils ne réussiront à s'emparerdu pouvoir que grâce à l'appui financier d'une compagnie minière du Minnesota,désireuse de s'approprier les gisements de zinc du pays, exceptionnellementr iches en germanium'.

Plus éloignée dans le temps, la révolte des cangaceiros du Nordeste brési-l ien occupe néanmoins une place importante dans la bande dessinée contem-poraine. Dans Samba avec Tir Fixe, l 'une des premières aventures de CortoMaltese, Hugo Pratt brosse le portrait de quelques uns de ces insurgés qui ontfait trembler les potentats locaux et le gouvernement central du Brésil au débutdu siècle ( f igure n' 9). Le Tir Fixe d'Hugo Pratt ressemble beaucoup au plusillustre des cangaceiros, Virgulino Ferreira da Silva, plus connu sous le nom deLampiâo : même traits érnaciés, même regard ténébreux, et surtout mêmetenue extravagante (cartouchières croisées sur la poitrine et large bicorne ornéd'amulettes). Vingt ans plus tard, Hugo Pratt récidive sur le même thème avecune æuvre marquée par de nombreuses scènes oniriques, La Mocumba dugringo, où ilretrace la mort de Corisco, quifut le lieutenant et l 'amide Limpiâo.Mais c'est peut-être à Hermann que l'on doit la plus belle æuvre consacrée àl'épopée des cangaceiros : dans son album intitulé Caotingo, il allie virtuosité dutrait et intensité du récit pour mettre en image la lutte des petits paysans dusertôo contre les " colonels " tout puissants qui les exploitent et les humilient.Pour ces parias de la société brési l ienne, i l n 'y a pas d'autre choix que lamisère ou la mort.

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Page 8: Du San Theodoros à Mosquito, l’Amérique latine en bulles

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dant à un public averti, car la malheureuse Indienne doit subir bien des outragesavant de se retrouver dans les geôles de l'évêque de Veracruz. Si la part du fan-tasme reste considérable, Mit ton s 'appuie sur une sol ide documentat ion pourillustrer les aventures de son héroîne : dans Lo montagne de song, il propose unevue générale de la val lée de Mexico tout à fai t crédible, où l 'on peutapprécierle tracé des lacs, la localisation des principales villes et l 'organisation des chaus-sées qui rel ient Tenocht i t lan à la terre ferme (f igure n' 10). De tel les préoccu-pations ne sont pourtant pas partagées par tous les auteurs de bande dessinée.En effet, les civilisations précolombiennes sont un terrain de choix pour des scé-naristes à l ' imaginat ion débridée, qui n 'hési tent pas à faire des lncas ou desMayas les héritiers d'une science extra-terrestre (Cranoch de Morganloup : Le voya-geur des portes, Champakou). Même Hugo Pratt, fasciné par la magie, le vau-dou et l 'ésotér isme, cède aux sirènes de Mû, le cont inent mythique, et lanceà plusieurs reprises Corto Maltese à la poursuite de l'Atlantide sur les terresmal connues de l'Amazonie et du Yucatan (Mû, Sous le signe du Capricorne).

Quand i l s 'agi t de mettre en scène les Indiens d'aujourd'hui , les dérapagesethnologiques sont tout aussi f réquents. 5i les populat ions péruviennes béné-f ic ient en général d 'un trai tement de faveur, grâce à des costumes tradi t ion-nels faci lement ident i f iables, lesIndiens du Mexique paraissentmoins bien lot is car, depuis qu' i lsont perdu leurs plumes, les dessi-nateurs semblent avoir du mal àles ident i f ier ! Bien malgré el le, labande dessinée se fai t doncl 'apôtre du métissage biologiqueet cul turel qui touche I 'ensembledes sociétés lat ino-américaines.Mais ce métissage involontaire nese l imi te pas aux seules popula-t ions. Si l 'on se réfère à tous lesvest iges archéologiques d'or igineinca, maya et même aztèque quela bande dessinée a pu découvrirsur les bords de l 'Orénoque, durio Negro ou de l 'Amazone, onpeut parler d 'un vér i table syncré-t isme amazonien. Comme tantd 'autres (Bob Morane, CortoMaltese, Marc Dacier. . . ) , c 'est presque par hasard que la jeune Sophie, tom-bée au fond d'un cenote (figure n'12), découvre à la lueur d'une torche élec-tr ique les vest iges d'une ci té maya qui fai t i r résist iblement penser à la vi l led'Uxmal (Le tombeau des glyphes). De la même manière, l 'Epervier bleu explo-re, dans la jungle d'un pays d'Amérique du Sud non-ident i f ié, les ruines d'untemple o pré-aztèque " dorrt l 'architecture apparaît pour le moins fantaisiste,

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FtcuRt r . r" 10 : La v,qlrÉt ot Mrxrco AVANT LA coNeuETF EspACNoLE, vut pnR Mrrrou onrusl,q Monrac,vr Dr iANc.

QUAND L'AMÉRIQUE EN PERD SON LATIN

Même quand un pays lat ino-américain est c lairement nommé et ident i f ié,la descr ipt ion qui en est fa i te correspond souvent peu à la réal i té(c'est le cas du Salvador hautement fantaisiste de Tif et Tondu, où l'on rerrou-ve pourtant les deux principales villes du pays ; San Salvador et Santa Ana). Cettedérive s 'accentue quand on pénètre dans des pays imaginaires comme le SanTheodoros, la Palombie ou l'Amerzone, même si l 'util isation d'un pseudonymepermet aux auteurs de dénoncer des si tuat ions pol i t iques, économiques etsociales qui, el les, sont bien réel les. Mais la géographie pol i t ique de cetteAmérique lat ine de pacot i l le n 'a r ien à envier aux mult iples avatars de popula-t ions indiennes mises à toutes les sauces et aux vert iges insondables d'une his-toire pour le moins chahutée par des scénaristes sans vergogne I

Des dérapages incontrôlés

L'Amérique lat ine de la bande dessinée est essent iel lement une Amériquecontemporaine. Pourtant, la mode actuel le de la bande dessinée histor ique,dont l 'édi teur Clénat est devenu le fer-de-lance, a permis d'or ienter le regarddes lecteurs vers des périodes plus reculées de l'histoire américaine. Si l 'époquecoloniale inspire peu les créateurs, les grandes civi l isat ions préhispaniques fonten revanche rêver des lecteurs en quête d'idéal et de retour aux sources. En nar-rant les aventures de la jeune Mixtèque Malana ome Xochitla, Mitton tente ain-si de reconstltuer la vie quotidienne d'une civilisation qui s'est effondrée sousles coups de boutoir des conquistadors (Quefzalcoatl). Son récit s'adresse cepen-

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Page 9: Du San Theodoros à Mosquito, l’Amérique latine en bulles

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Pays Capitrlc Source

Paysqes

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Guaviare ( Rep.de)

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Castil lo Blanæ

Slrf acion

Cd. Ombligo Nacioni

Chiquitcr

Tbxtlan

Las Dopicus

Bob Morxne,I4 terrcur rerte

Canardo, I'Anterzonc

lrs Pieth Nickclés cltez. les réducraurs de tête

Izs Anges d'ttcier

Les Angcs cl'acia, Sur la jungle des dannÉs

Sptro!, Le tli.ldteut'et le chenpigon

Les Angcs d acia, Sur la jungle tlcs dtuutés

Ron4 L'or du Mttthr f'icltu

B. Princc Guërillu y)ur La1JLnllônrc

Mart i rr Mi lm,1-csckx'hurds de la jugle

T rnin, L' or e i I I e L'a s sée

Aclrillc Talon. k trlstt'de Virgule

Spitou, Le di.lulaut'ct le clr.uilpigolt

Sofliie, La tiort: tle Matlot llolotdilurl

1 intin, L' or ei Ll e cu s sée,

B. Princq Guéri l la pour ut fut t tônut

Autrcs milieu

gé0graphiques

Coromdo

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Juan Solo, l ; i l .s i l : . f l ingue

B. Priicg Lt cltttt:uuitara

G. Jordan, L'eil?r tfu Xique Xitpre

Buck Danny,,41r:rre ntut t n i t l u e

B. Prince, kr tlyntuuitcnt

Sanrrry, Izs goril/c s nkt)qLt?ilt ût Lnl

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Ftcunr no 1 2 : UNr ctrÉ N/AvA rN pLEtNE Avnzotre (Soeu6 tt TaMBEAU DEs ÇLypHEs).

même si certains colosses de pierre semblent vaguement inspirés des Atlantesde Tula (Lo vallée interdite).

Mais le cauchemar des ethnologues se transforme parfois en rêve éveillé,quand on apprend que certaines communautés indiennes ont échappé audrame de la conquête espagnole : au fin fond de contrées inaccessibles, descivilisations que l'on croyait à jamais disparues sont touiours vivantes. Le Templedu soleilfixe à bien des égards les canons de cette découverte : au-delà des mon-tagnes, au-delà des forêts, les derniers lncas, habillés comme sur les gravuresde Guaman Poma de Ayala, adorent encore le Dieu Solei l et exercent uneinf luence occulte sur l 'ensemble de la populat ion indienne : . L ' lnca.. . L ' lnca.. .l l y aurai t donc encore un Inca ?.. À notre époque?.. C'est incroyable.. . , ,s 'exclame Tint in. Ce à quoi Zorr ino lui répond : " Blancs ignorer sefror : toiseul savoir maintenant.. . " (p. 22). Dans L'Empire du Soleil,le jeune reporter MarcDacier suit les traces de son glorieux aîné et découvre lui aussi que le sommetdu Nevado de Huascan est occupé par une poignée d' lncas i rréduct ibles quirésistent encore et toujours à l'envahisseur espagnol, dans une ville dont l 'archi-tecture rappelle vaguement celle de Machu-Picchu. Quelques temps plus tard,c'est au cæur de la forêt amazonienne qu'il trouve une nouvelle cité peupléepar des lncas ([es sept cités de Cibola). Les Pieds Nickelés à leur tour réussissentà entrer par la ruse dans une ville inca " dont l 'architecture était bien faitepour étonner des Européens > (Au poys des lncos, p.13). Pourtant, malgré les

1. Le Huatuico de Bess et Jodorowsky, dominé par un parti unique, le POR, a beaucoup de points com-muns avec le Mexique. Dans les chiens du pouvoir, on peut même reconnaître la bibliothèque de laUNAM, ornée des célèbres mosaiques de Juan 0'Corman.

efforts méritoires du dessinateur, qui tente de donner un peu de couleur loca-le à son récit en en multipliant les images d'un Dieu Soleilfranchement surréaliste(f igure n" 11), l 'archi tecture de la vi l le imaginée par Pel los a aussi de quoiétonner le plus novice des archéologues. Quant à Bob Morane, c'est la cité per-due des Mayas que lui révèlent ses amis lacandons, qu' i l v ient de dél ivrer dujoug d'un infâme tortionnaire (Lo cité des rêves).

Les dérives du cont inent

Pour des raisons " diplomatiques ), de nombreux auteurs de bande dessi-née ont préféré inventer le nom du pays visité par leur héros, plutôt que d'uti-liser celui d'un Etat existant dont le gouvernement pourrait s'estimer offensé

3338 cAHIERS DÊS AMÉRIQUEs LATINEs N"28/29

Page 10: Du San Theodoros à Mosquito, l’Amérique latine en bulles

(souvent à juste titre !) et réclamer des comptes à I'éditeur. La géographie poli-tique de l'Amérique latine est donc bouleversée par l 'apparition d'une multi-tude de nouveaux États, plus ou moins imaginaires, qui s'intercalent tant bienque mal entre les frontières officielles du continent (tableau 1 et 2) 8. La topo-nymie révèle bien des trésors cachés. Certains noms sont relativement trans-parents : la Palombie de Spirou (capitale Chiquito), fait irrésistiblement penserà une Colombie déguisée, dotée d'une capitale d' inspirat ion équator ienne(Quito). Le Nica-Rica de Martin Milan est un mélange de Nicaragua (transfor-mé en Caniguara par les Pieds Nickelés) et de Costa-Rica. Le Managua desChevaliers du Ciel (Les anges noirs) et de Buck Danny (Zone interdite) est un simpledécalque du nom de la capitale du Nicaragua, alors que le Varaiso de RicHochet, où les opposants à la dictature du président Zaroz disparaissent com-me par enchantement (Le disporu de l'enfer), n'est qu'une contraction deValparaiso : Zaroz et Pinochet, même combat !

Le Mosquito visité par Corto Maltese n'existe pas, mais l'allusion à la Costade los Mosquitos, qui couvre le littoral atlantique du Honduras et du Nicaragua,est évidente (La congo des bananes). Amazonia (Bob Morane) ou Amerzone(Canardo) sont fondés sur une référence majeure : l 'Amazonie. La capitale del'Etat d'Amazonia, Amazonia Ciudad, n'est d'ailleurs qu'une transposition littéraireet graphique de Brasilia : cette ville nouvelle, ultramoderne, hérissée de buildingsde verre et d'acier, a été fondée au cceur d'une forêt impénétrable que lescourageux Amazoniens ont défriché à grands coups de bombes atomiques.Le Port Ducal de Corto Maltese, dirigé par le président Chevalier (dont le nom

Tnsrenu 2: Qutteuts Érors wrctNtnts o'AuÈapur cÊNrRAtÊ rt ors Arulturs

rappelle celui de François Duvalier, de sinistre mémoire) fait sans doute réfé-rence à Port-au-Prince et à Haiti. crâce à Buck Danny et surtout à son fécondscénariste, Jean-Michel Charlier, la petite île d'lnagua (qui appartient à l,archi-pel des Caicos), devient un Etat indépendant, doté d'un gouvernement parti-culièrement hostile à l' impérialisme américain (Alerte à Cop Kennedy). De lamême manière, Ia station balnéaire de Huatulco (Mexique) offre son nom aupays qui a vu naître le sinistre et lumineux Juan Solo (Fils de flingue).

D'autres noms ne sont que des dérives linguistiques fondées sur des jeuxde sons ou sur des al l i térat ions à consonance ibér ique : Le Nuevo Rico deTintin évoque irrésistiblement, sur le plan homophonique, l 'î le de puerto Rico,et le Mantegua de Buck Danny semble être un mixage de Managua et decuatemala. Pour mieux stigmatiser les dérives de . l 'amour-foot o qui enflam-me les populations latino-américaines, Cauvin et Berck font quant à eux débar-quer leurs héros au Pégrou (contraction de pègre et de pérou), afin d,assurerla protection des joueurs d'une équipe de football (Les gorilles morquent unbuf). Maître incontesté du calembour et du jeux de mots, Creg ne résiste pasau plaisir d'inventer des noms de pays particulièrement évocateurs. Le. t,as pascent balles " d'Achille Talon (capitale : " sans un rond >) illustre parfaitement ladétresse financière d'un pays dont la seule ressource est le jus de cactus (vivoPapo l). Quant au Platopabo du Trésor de Virgule, son nom se passe de com-mentaire.

Localiser tous ces pays n'est pas une tâche facile, même si certains élé-ments permettent de les replacer dans leur contexte régional. Comme le signa-le à juste titre le testament de la tante Épidaymie, qui retrace les aventures deson défunt mari dans les forêts du Platopabo : " Je ne te ferai pas l' injure, à toisi forte en géographie, de te dire où c'est o (le trésor de Virgule, p. 7). Souvent,le scénariste signale que les héros prennent l 'avion (ou le bateau) pour aller o enAmérique centrale >> ou < en Amérique du Sud ". Quand i ls survolent ou tra-versent des Etats bien réels, avant d'atteindre le lieu de leurs exploits, on peutdeviner leur dest inat ion f inale, au moins de manière approximative (pour serendre au Platopabo, Achille Talon doit passer par Brasilia). Parfois, le dessinateurs'aventure à dessiner une carte, dont les contours permettent de préciser la loca-lisation du pays concerné. La Planche 31 de Pour Morio, monTre ainsi une car-te de l'Amérique centrale placée derrière le chef des guérilleros. On constatealors que le Costa Verde (dont le nom évoque plutôt le Costa Rica) pourrait bienêtre le Nicaragua.

L' inénarrable Ti l l ieux va même jusqu'à ouvrir son at las pour mieux nousfaire connaître la république de Massacara, petit territoire contesté entre leBrésil et la Cuyane françaisen: < pays pauvre et sec. Mines d'étain et de wolframà Mandacaru. Déserts de gypse et de sable blanc. Bande de forêt équatorialele long de la mer et de la Cuyane, habitée par des Indiens chir iquis coupeursde têtes. Côtes désolées et impraticables à cause de plateaux à mezos, sorted'immenses tables séparées entre elles par des crevasses insondables " (L'enferde Xique Xique, p. 7) . Quant à la jeune Sophie, qui a bien travai l lé àl'école, elle n'est pas désorientée quand on lui apprend qu'elle se trouve en

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XlIl, Pour Mcu'ia

Bob Morane, Le secret des sept lenrple.t

Tanguy, les ortges noirs

Buck Danny, -Zone irttenlite

C. Maltese, kt Corrya des Buurrcs

Bob Morarre, br cité tles rêves

T:Lnguy, les artges noirs

Bob Morane, GrÉrillt it'l\uttbugtr

Bob Morane. Guérilltt ù Ttuttbactt

Antil les Guabiura

"ile aux phénomènes"

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Kaiwoi

Port Ducal

Plâta Costa

Santa Marguita

Sertdo

Rio de la Bana

Fort-Lundi

Port Ducal

Plata Costa

Tabasco

Port-Serado

Inagua

IJarelli et le.t dgent.\ secrcts

Archie Cash, Le Cancrtil des zonùies

Buck Danny, Alerle ùCup Kermedy

Sanmy, El presiderte

C- Maltese, Vaudou ltour M.le Présidert

Benoit Brisefcr, L' i le dt Lr,lestutiott

Condor, L'otuge

Boh Morane- Pourc sèclrc ùSenulo

40 cAHTERS prs nvÉRreurs LATTNEs N"28129

Page 11: Du San Theodoros à Mosquito, l’Amérique latine en bulles

^ ,v,vrvur I w . L AtvtrKtQUt LA f lNE EN BULLES .

Amérique du Sud, dans la république de San Corazon. Pour impressionner sonauditoire, elle n'a même pas besoin d'ouvrir son livre de classe : ,. Je connais :c 'étai t à mon programme de géo, l 'année passée.. . San Corazon, républ ique :76 000 km2, 1 500 000 habitants de langue espagnole, capitale : Toxt lan,principales ressources : bananes et caoutchouc... o (lo tiare de Motlot Holatomotl,p. 40). Cette géographie scolaire, pour être classique, n'en est pas moins effi-cace. Ainsi décrit, le San Corazon n'est pas invraisemblable et pourrait se glis-ser sans beaucoup de peine parmi les authentiques Etats latino-américains quilui ont servi de modèle.

Les thèmes qui sont ici à peine effleurés peuvent donner lieu à des étudesplus approfondies, qui seraient riches en enseignements sur l ' image de l'Amériquelat ine en France et en Europe. l l y aurai t tout un travai l à faire sur la vie quot i-dienne des paysans, sur l 'évolution des paysages urbains, sur la représentationdes disparités sociales ou sur la perception des conflits politiques... Cette ana-lyse est d'autant plus intéressante que, pour la mener à bien, il faut prendre encompte non seulement la structure du récit et l 'élaboration du discours (expli-cite ou implicite), mais aussi la typologie du dessin, la création des codes gra-phiques et la mise en scène du décor et des personnages. Pourtant, s i la ban-de dessinée peut et doit être un objet d'étude, il ne faut pas oublier sa vocationpremière : elle est avant tout une machine à rêves dont les images (vraies oufausses, qu'importe ?) sont conçues pour nous donner l'envie d'aller découvrirdes temples perdus dans la forêt vierge ou de rejoindre des guérilleros en lut-te contre un dictateur de papier.

Notes

1 Dans la conférence qu' i l donne en févr ier 1965 à l ' IHEAL (cf . ce numéro desCAL), Alelo Carpentier évoque lui aussi deux éléments de base qui marquent lespaysages lat ino-américains : la montagne (" c 'est la montagne incroyable,absolument incroyable, comme on ne la conçoit pas en Europe ") et la forêt(" vous avez, en Amérique du Sud, des forêts, ce qu'on appelle la haute forêfc'est-à-dire des arbres de soixante mètres comme il n'en existe probablementplus nulle part ".2 Dans Le sauveur de Io lineo, Constant et Vandam brossent un tableau sansconcession des enfants de la rue qui, au volant de leurs fragiles carrioles, jouentavec la mort en slalomant entre les voi tures et les camions, sur la route deBogota. De manière particulièrement crue, Bess et lodorowski évoquent quantà eux la violence d'une société fondée sur la misère des pauvres, I'opulence desgouvernants, la corruption des élites et le crime organisé Quon Solo).

3 Le lecteur désireux de rectifier cette image pourra consulter avec profit ledossier coordonné par Christ ian Cros (Amozonies indiennes, Amazonienouvelle.), dans le numéro 23 des Cohiers des Amériques lotines. La BD, vecteurtrès populaire de diffusion culturelle, peut cependant faire æuvre pédagogiqueet < politique ". La découverte de l'Amérique est à cet égard de plus en plusreprésentée comme un " v iol " , perpétré contre une humanité innocente(Altan, Manara, Harr iet et Mata.. . ) .

4 Dans la bande dessinée contemporaine, ce rôle est de plus en plus attribué auxbarons de la drogue, qui modernisent l ' image traditionnelle du potentat latino-

, . américain (voir par exemple Le fils de I'inco, de Wasterlain, ou Zone interdite eL14 [z Tonnerre sur lo cordillère, de Bergèse.

5 Plus récemment, Marazano et cassini ont mis en scène res prémisses de raRévolution mexicaine, dans Tequiro Desperad.os, où r,on voit Je'purur., peonesaux prises avec un râch_e hqcendodo qui domine toute ra région o. pintu Branca.6 Les Moustocheros de creg, comme ies Mostachosos de VJrnes et Attanasio (roterreur verte), font bien évidemment référence aux Borbudosde Fider Castro.7 La bande dessinée p,eut aussi opérer à visage découvert : c,est sous ra formed'un reportage que Manfred Sommer relate la chute d,Anastasio o Tacho ,Somoza et la v ictoire f inare des forces sandinistes sur ra carde nat ionarenicaraguayen ne, en 1979 (Somozo et Gomorrhe) A Oi"" 0", eg;;ai, ,,nn-'Oriqrulat ine devient le révérateur des cr ivages por i t iques "rrope-"nr.-b

ans Hp etGiuseppe Bergmon, Manara envoie , , iunéi"n mi l i tant d,àxtrême gauche sefrotter aux réarités américaines. Hanté par re suicide de Maiakovski, ir apprendle sens et le cynisme de < l,Aventure ,, concept jusqu,à présent extrêmementr ,omant ique. L 'engagement pol i t ique, l .engouement pour les Indiens,l 'exotisme et l 'érotisme n" ront évoqués'que pour être rejetés : ce sont desvaleurs révolutionnaires prostituées poùr tromper |ennui " pâtit-torig.or, ,.8 Dans son Çrand A.trqs des poys'imaginoires cre Io bonde dessinée (r992,Crenoble, Phænix), J.-F. Douvry a répeitorié 30 albums dont l,action se passeen Amérique latine (re prus souvent, ir s'agit de pays inventés par-ià-scenariste;.9 Ce territoire imaginaire peut être mis Ën reration avec res véritabres dérivesgéographiques qui ont marqué l 'histoire des relations frontalières entre le Brésilet la_Cuyane française, comme nous le rappel le Emmanuel làry Oanr.enuméro des CAL. Malo Louarn, dans t,or ài Mocne_1ir1.,,u,,; inr.. it dans latradi t ion de ces longs errements géopol i t iques, puisque son Macho_Fichu" enclave irrationnelle entre le grésil et la Cuyane o est devenu indépendant" suite à une erreur de tracé d'un cartographe passabrement éméché, qui paramusement avait entouré au feutre une tache de cognac, rors du redécolpagedes frontières coloniales ,.

BIBIIOCRAPHIE

La bibliographie présentée ici n'est pas exhaustive : eile se résume aux ouvrages quej'ai util isés pour écrire cet articre (et qui font partie de ma bibriothèque person_nelle). La classification proposée permettra au lecteur d,aller à l,essentier dans sarecherche, même si chaque arbum aborde une grande variété de thèmes, prus oumoins approfondis. on trouvera entre paren' thèses re rreu et L,épàque où sedéroule l 'act ion.

Peintures de mæurs

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RÉsu tttÉ

Trop souvent considérée comme super-f ic ie l le ou car icaturale. la bande dessinéepeut être à la fo is un out i l d 'analyse etun objet d 'étude permettant de mieuxcomprendre la percept ion et la repré-sentat ion de l 'Amérioue lat ine dansl ' imaginaire f rançais et européen. Sansrenoncer à sa vocat ion première ( ladétente) el le inci te ses le i teurs à réf té-chir sur de orands oroblèmes contem-porains ( le i d ictaiures mi l ta i res, laviolence, la pauvreté, les lut tes eth-niq ues.. . ) .

RrsurvrrvLos histor ietas estan muy o menudoconsideradas como demqsiodo suoerfi-cioles o coricoturescos. Sin emborgo', pue-den volver o ser una herrqmiento de ono-lisis o un objeto de estudios, que permitecomprender mejor tonto lo percepciôncomo lo reoresentociôn de América Lotinaen el imaâinorio fronces v europeo. 5indejar ol lddo su propôsitci inicio:t (o ilu-sr6n), es una manera muy pedogôgtco detrotar qrondes temas de octuolidod (lasdictodirqs militares, la violencio, lo pobre-zo. los luchqs étnicos. . . ) .