Documents Martinistes-INSTRUCTIONS AUX HOMMES DE DESIR
Voici en dix leons, un cours de martinisme. Un frre autoris dont
la science sallie avec beaucoup de sagesse, la rdig pour ses frres.
Plusieurs en ont dj tir profit. Puisque la Providence ma confi ces
pages, alors que tant dhommes et de femmes de dsir rclament quon
les instruise, je leur transmets mon tour, fraternellement. Avril
1979, Robert AmadouPremire Instruction: De lmanation et de la
cration, et des nombres.Joie, paix, salut celui qui mentend
Mes frres,
Avec le secours de lEternel, je vais tcher de vous entretenir
des principes qui font la base fondamentale de notre ordre, et qui,
runis en un corps, pourront faire un cours de physique temporelle
passive et de physique spirituelle ternelle.
Le premier principe de la science que nous cultivons est le
dsir. Dans aucun art temporel, nul ouvrier na jamais russi sans une
assiduit, un travail et une continuit defforts pour parvenir
connaitre les diffrentes parties de lart quil se propose
dembrasser. Il serait donc inutile de penser que lon peut parvenir
la sagesse sans dsir, puisque la base fondamentale de cette sagesse
nest quun dsir de la connaitre, qui fait vaincre tous les obstacles
qui se prsentent pour en fermer lissue; et il ne doit pas paraitre
surprenant que ce dsir soit ncessaire puisque cest positivement la
pense contraire ce dsir qui en a loign tous ceux qui cherchent y
entrer.
Or, il faut, pour y revenir, faire le chemin en raison de
lloignement o lon est. Tel croit y tre arriv, qui en est encore
bien loin, et tel croit en tre loign qui na plus quun pas faire: ce
qui doit faire voir que le premier pas quon doit faire, doit tre
dans le sentier de lhumilit, de la patience et de la charit. Ces
vertus sont si ncessaires dans notre ordre que lon ne peut y faire
aucun progrs quautant quon savance dans ces vertus. Mais lon
pourrait peut-tre me demander quelle connexit il y a des vertus
avec les sciences? Cette instruction va tre employe en dmontrer la
ncessit.
LEtre ncessairement existant par lui-mme, Eternel crateur et
conservateur de tout tre, mana de son immensit divine, avant le
temps des tres libres, pour sa plus grande gloire. Il leur donna
une loi, un prcepte et un commandement sur lesquels tait fonde leur
manation. Ces esprits taient libres, et lon ne peut les considrer
diffremment sans dtruire la personnalit distincte de ces
esprits.
Ils vinrent prvariquer. Quelle fut leur prvarication? Sans
entrer dans tous les dtails, je rpondrais que le premier crime fut
la dsobissance. Etant libres, ils conurent de leur pleine et entire
libert une pense contraire la loi, au prcepte et au commandement de
lEternel. Pour mieux donner une ide de cette dsobissance, je
suppose une sentinelle que lon pose en faction, qui lon dit
dobserver les diffrents points de sa consigne: cette sentinelle est
libre, elle na besoin que personne vienne lui souffler de rester ou
ne pas rester. De sa pure volont, elle quitte son poste, et dsobit
tous les points de sa consigne, on la rattrape, et on lui fait
casser la tte. Voil une ide de la prvarication des premiers
esprits. Leur prvarication fut davoir dsobi la loi, prcepte et
commandement qui leur avaient t donns ds leur manation, et davoir
conu une pense contraire celle de lEternel.
Ds lors, la communication o ils taient avec lEternel fut rompue.
Dieu cra lespace, dans lequel il les prcipita. Mais de qui se
servit-il pour les chasser de sa cour divine? Il se servit des
esprit de leur nature qui avaient t man dans le mme instant queux,
qui conurent bien leur pense mauvaise, puisquils en reurent la
souillure, mais qui firent un usage diffrent de leur libre-arbitre,
mais qui firent un usage diffrent de leur libre-arbitre, en restant
inviolablement attachs aux loi, prcepte et commandement de
lEternel. Ce qui prouve bien dmonstrativement que les premiers
esprits ont conus leur pense de prvarication, de leur pleine et
entire libert. Cest la fidlit de ces derniers qui, sans avoir ni
plus ni moins de facults que ces prvaricateurs, firent un bon usage
de leur libre-arbitre, en rejetant la pense mauvaise qui leur fut
prsente par les prvaricateurs et en servant dinstruments de la
justice que Dieu lana sur eux ds linstant de leur prvarication.
Cest de ce combat dont parle lEcriture, quand elle dit que Michel
et ses anges combattirent contre les dmons et ses anges, et que
Michel ayant t vainqueur les prcipita hors de la cours divine dans
lespace qui venait dtre cr.
Il nexistait point encore de temps, qui nest que la succession
ou la rvolution des diffrents corps. Il ny avait pas alors de
matire subtile ou grossire, il nexistait que des esprits purs et
simples; des esprits bons dans la cour divine, et des esprits
mauvais dans lespace. Ds lors, Dieu conut dans son imagination
pensante de crer cet univers de forme apparente passive pour servir
de bornes et de barrire aux oprations mauvaises des dmons; il
mancipa pour cet effet les esprits ternaires de laxe feu central
qui vinrent fermer le cercle de lespace dans lequel les esprits
pervers taient renferms et il conut dans son imagination pensante
divine de crer le corps principal du chef de cet univers tant
spirituel divin que temporel passif, de la forme triangulaire
quilatral. Ce triangle quilatral, qui a t tant renomm chez tous les
peuples de la terre comme contenant en lui limage apparente que
lEternel avait conue dans son imagination pour la cration du chef
de cet univers; ce triangle, dis-je, nous est encore reprsent dans
nos glises avec quatre caractres ineffables dont je donnerai
lexplication dans la suite.
Dieu manifesta sa pense de cration aux esprits de laxe feu
central par ce mme triangle quilatral au centre duquel tait contenu
son verbe ternaire de cration, ainsi que la figure suivante le fait
voir:
Ces esprits ayant inn en eux, ds leur principe dmanation, la
facult dextraire de leur sein les trois essences spiritueuses qui y
taient innes, sortirent deux-mmes ces trois essences pour oprer ce
verbe de lEternel. Lon demandera qutait ce verbe? Je dirais que ce
verbe contenait en lui, le plan, lexcution et lopration de cet
univers. En consquence, ces esprits de laxe commencrent de lexcuter
en tirant de leur sein les trois essences quy taient innes. Ces
trois essences taient dans leur principe, la matire dans son
indiffrence parce quelles navaient pas encore t travailles par ces
mmes esprits et quelles taient sans distinction. Elles taient donc,
selon le langage de lEcriture, sans forme ou dans leur indiffrence,
et vides parce que la vie passive navait pu tre insre dans les
formes puisquil ny en avait point encore. Ce vide doit sentendre de
la privation du principe de mouvement ncessaire tous les corps de
cet univers.
Avant daller plus loin, je dois parler du principe fondamental
de toute manation et de toute cration, qui est le nombre. Tous les
sages de tous les temps ont reconnu quon ne pourrait avoir aucune
connaissance certaine, soit de la partie spirituelle divine, soit
de la partie universelle gnrale terrestre, soit des particulires,
sans la sciences des nombres, puisque cest par ces nombres que
lEternel fait tous ses plans dmanation et de cration. Le nombre
tant co-ternel la Divinit, puisque de toute ternit, Dieu est le
nombre, (le nombre) a donc t de toute ternit en lui puisque Dieu a
son nombre. Car, si Dieu avait pu crer le nombre, il semblerait
quil aurait pu se crer lui-mme, ce qui est impossible, car rien ne
subsiste sans son nombre. Or, Dieu tant lEtre ncessaire existant
par lui-mme, a donc contenu de toute ternit tout nombre; il en a
dou tous les esprits, suivant son infinie sagesse et son action
ternelle. Aucun de ses ouvrages nest sorti de ses mains sans tre
marqu de ce sceau: tant les esprits mans que la cration de cet
univers, tout a son nombre. Or, il sensuit dmonstrativement que la
connaissances de toutes les oeuvres de Dieu est renferme dans la
connaissance des nombres. Cest donc l, mes frres, o nous devons
chercher admirer les oeuvres de lEternel, non des sens de notre
forme apparente passive, mais des sens de notre entendement
spirituel divin ternel.
De toute ternit, Dieu a t un ou . Cette unit nous fait voir la
Divinit, puisquelle est le principe de toute cration; et le cercle
qui la renferme, en contenant lunit, contient tout ce qui en est
provenu. Les premiers esprits mans avaient donc leur nombres :
Les suprieurs 10,Les majeurs 8,Les infrieurs 7,Les mineurs
4.
Leur nombre, avant leur prvarication, tait plus fort que ceux
que nous donnons vulgairement aux chrubins, sraphins, archanges et
anges qui navaient point encore t mans.
Je marrterai un peu considrer ltat de lunivers des esprits avant
la prvarication des esprits. Toute la cour de la Divinit jouissait
de la paix la plus parfaite, aucun soupon de mal nexistait puisque
le possible du mal na jamais exist dans la Divinit: tout tre est
sorti pur, saint et sans tche de son sein. Do est donc venu le mal?
Le mal na pris son principe que dans la pense que le chef
dmoniaque, qui tait libre, conut de lui-mme, oppose la loi, au
prcepte et au commandement de lEternel; non que le dmon soit le mal
mme, puisque sil changeait ds aujourdhui sa pense mauvaise, son
action changerait aussi et, ds cet instant, il ne serait plus
question de mal dans toute ltendue de cet univers. Le mal, je le
rpte, na pris sa naissance que dans la pense du dmon oppose celle
de la Divinit, pense quil a conue de son pur libre-arbitre et par
laquelle il sest spar de la Divinit; ce qui a donn le nombre de
deux, ou (nombre) de confusion, comme ayant voulu exister
indpendamment de la Divinit ou Crateur tout-puissant.
Dieu manifesta sa justice contre cet esprit pervers, en le
prcipitant avec ses adhrents de la cour divine dans le cercle de
lunivers; lespace ayant dabord t cr aprs leur prvarication, et
ayant t renferm par les esprit de laxe feu central, qui furent
mancips en mme temps. Cest ce que veut dire le psaume, quand il
dit: non accedet ad te malum[footnoteRef:1], le mal napprochera
point de toi, par la barrire que forment ces esprits de laxe aux
oprations mauvaises des dmons. Ds que les esprits de laxe feu
central eurent reu le verbe de lEternel, ils sortirent de leur sein
les trois essence spiritueuses qui y taient innes ds leur
mancipation, et ils modifirent cette matire dans son indiffrence,
en distinguant ces essences de manire quelles pussent retenir
impression. Ce travail des esprits de laxe forme une distinction
des trois essences, qui dans leur premier principe, taient sans
forme. Ds que la distinction eut lieu dans les essences, tout eut
forme, et les diffrents corps furent crs; et ds que les corps
eurent forme, les esprits de laxe insrrent dans chacun deux un
vhicule de leur feu spiritueux, qui est le principe de la vie de
tous les corps. [1: Psaume 90: Non accedet ad te malum : et
flagellum non appropinquabit tabernaculo tuo (Le mal n'approchera
pas de toi, et les flaux s'loigneront de ta tente).]
Lon me demandera peut-tre o rsidaient toutes ces matires avant
le dbrouillement de ce quon nomme vulgairement le chaos, et que
nous nommons la matire dans son indiffrence? Je rpondrai que cette
matire sans forme et vide dans son indiffrence rsidait dans le
matras philosophique ainsi que la figure suivante le dsigne:
Le travail de tous les diffrents esprits de laxe fut conduit par
la sagesse de lEternel, que lEcriture sainte nous reprsente se
mouvant sur les eaux. Or, rien ne nous reprsente mieux la matire
dans son indiffrence quune eau sans cours et sans mouvement. Ctait
sur ce principe des essences que lesprit doublement fort de
lEternel conduisait, dirigeait et fixait les bornes tous les
diffrents tres de cet univers, et conduisait tout espce dopration
de travail des esprits facteurs oprants ou fabricants de laxe feu
central, ou feu incr. Cest cette sagesse, et elle qui marchait
devant lEternel et qui applaudissait par de saints transports
chaque pense divine que lEternel manifestait pour la cration de cet
univers en disant: Je suis en toi et en tes oeuvres, Crateur tout
puissant, comme tu es en moi et dans les miennes. Celui qui viendra
aprs nous instruira ta crature du culte dont tu dois tre servi. Ce
travail des diffrents esprits de laxe sopre encore sur cette
surface, et soprera jusqu la fin des sicles, tel quils lont opr
dans le principe pour la cration de tous les corps de cet univers;
ce que je ferai voir clairement dans la suite.
Pour le prsent, je me contenterai de donner lexplication de la
figure reprsentant la Divinit. Cette lettre hbraque reprsente un
nom ineffable de la divinit. Cest pourquoi les juifs nont jamais
prononc, par respect pour ce nom, cette lettre; aleph,
prononciation quils lui donnent ntant pas la vritable. , beth,
second caractre reprsente laction directe de la Divinit. , guimel,
reprsente lEsprit saint conduisant lopration des esprits de laxe;
et , daleth, reprsente le verbe ternaire de lEternel, par lequel il
manifeste aux esprits de laxe son immense pense pour la cration de
cet univers.
Les trois globules qui sont dans le matras philosophique
reprsentent le principe des essences, ou la matire dans son
indiffrence. Quoique lon considre Mercure comme tant le principe
des trois essences, on ne lui donne pourtant point une unit
absolue, puisquelle nappartient qu la Divinit, ou aux esprits
suprieurs 10, et non aucune essence. Ainsi, cette unit que lon
donne Mercure est ternaire, et reprsente les trois essences dans
leur indiffrence, en aspect les unes des autres, sans mouvement,
sans formes; parce quelles navaient point encore t travailles,
modifies et opres par limmensit des esprits agents, facteurs ou
oprants de laxe feu central. On les nomme axe feu central parce
quils sont le centre de tout mouvement, et on les nomme incrs parce
quils sont adhrents la cour de la Divinit et ternels.
Lon pourrait peut-tre me demander pourquoi Dieu, ayant prvu la
pense mauvaise des dmons ne les a pas contenus dans les bornes qui
leur taient prescrites? Je rpondrai cette objection que Dieu est
immuable dans ses dcrets, soit de ce quil approuve ou condamne sa
crature et quil ne prend aucune part aux causes secondes ayant fond
tout tre sur des lois invariables, et la premire de ces lois est la
libert. Or, Dieu ne peut pas dtruire, dans quelque esprit que ce
soit, sa pense sans dtruire sa libert.; sil dtruisait sa libert, il
dtruirait la loi quil a donne cet esprit ds son manation. Or
limmutabilit de Dieu est irrvocable, il ne peut y avoir daucune
faon connaissance de lusage que fera de son libre-arbitre tout tre
libre. Car, si la Divinit avait eu connaissance, il semblerait
quelle aurait permis le mal, ce qui est impossible. Dieu, tant
ncessairement bon, na pu maner que des tres tel que lui, mais
distincts dans leur personnalit et libres. Or, Dieu naurait pu
dtruire quand mme il aurait eu connaissance de cette pense dans ces
esprits sans dtruire les attributs et la manifestation de sa gloire
et de sa justice: de sa gloire envers les esprits fidles, et de sa
justice envers les esprits pervers. Soyons donc bien convaincus mes
frres, que lEternel ne prvoit jamais ce qui nexiste pas en fait de
pense dun tre libre. Car, sil pouvait prvoir lusage de son
libre-arbitre, cet esprit, ds cet instant, cesserait dtre libre.
Mais ce que la Divinit conoit parfaitement, cest lusage que fait
quelque esprit que ce soit de son libre-arbitre. Ds linstant que
cet esprit a conu sa pense, soit bonne, soit mauvaise, elle est lue
et juge par la Divinit. Ce qui lui donne le nom de Dieu vengeur et
rmunrateur: vengeur de loutrage fait sa loi, et rmunrateur du bon
usage de cette loi pour sa plus grande gloire.
Nous voyons donc bien, mes frres, que le principe ou lorigine du
mal est venu de lorgueil. Or, par une suite ncessaire, le principe
de tout bien doit tre lhumilit, la patience et la charit: la
patience par la ncessit o nous sommes dendurer les fatigues dun
pnible voyage, et la charit par la ncessit absolue de supporter les
fautes de nos semblables et de tcher de les corriger en les rendant
bons. Cette vertu est si ncessaire quune compagnie de sclrats ne
subsisterait pas vingt-quatre heures si elle en tait entirement
prive. Cette vertu dans sa perfection fait la runion de toutes les
autres puisque cest celle qui approche de plus prs la Divinit. Cest
donc, mes frres, par la pratique constante de ces vertus que notre
union sera durable, et quelle enfantera des fruits sans nombre
dintelligence, de connaissance et de sapience. En tablissant une
correspondance plus suivie des membres des uns aux autres, elle
rendra communes les connaissances particulires de chacun, et
produira ainsi lunit, qui est la base de lordre.
Je me flicite, mes frres, de ce que lEternel me fait la grce de
vous entretenir. Soyez bien assurs de mon zle, de mon attachement
et de mon dsir sincre pour le bien gnral de cet orient.
La grce que je vous demande, cest dy porter chacun le mme zle,
et Dieu secondera nos desseins.Seconde Instruction: De lextraction
des essences et de la matire dans lindiffrence.Mes frres,
Nous avons vu dans le discours prcdent le motif de la cration de
cet univers, ou du temps, qui ne doit, sentendre que dans la dure
successive des diffrents corps qui le composent, qui par leur cours
de correspondance forment des intervalles gaux dont la mesure est
ce quon appelle vulgairement le temps. (Je ferai voir dans la suite
comment lme est assujettie au temps pendant quelle est dans sa
prison, ou dans le corps de lhomme.) Car il ne faut pas penser que
la Divinit puisse tre renferme par aucune borne: son immensit tant
infinie, aucune cration ne peut la contenir, ni la circonscrire.
Cest, au contraire, la Divinit qui contient tout espce dmanation en
fait desprit, et de cration en fait de formes apparentes. Cela est
si vrai quun esprit pur et simple ne saurait tre lui-mme assujetti
au temps, puisqutant sans corps de matire, aucun corps de cette
matire apparente ne peut lui servir de borne, puisque sa loi tant
suprieure celle des formes, il pntre travers toutes les diffrentes
lois qui forment lapparence des formes et il leur commande et les
dirige suivant la volont de lEternel. Voil pourquoi aucune partie
de la cration ne peut avoir son existence que par lopration de ces
mmes esprits; ce que jexplique encore mieux dans la suite quand je
parlerai des corps plantaires. Poursuivons la cration.
La matire dans son indiffrence rsidait dans le matras
philosophique, ainsi que lexplique la figure prcdente. Rien navait
forme; les essences spiritueuses, tant en aspect les unes des
autres sans mouvement, taient dans cet tat que lon nomme
vulgairement chaos. Quest-ce qui rompit cet tat dindiffrence, et
donna principe la formation des diffrents corps? Ce fut lopration
des esprits de laxe feu central, ou feu incr, qui avaient man de
leur sein ces mmes essences. Quelle fut leur opration? Leur
opration fut de modifier les essences, de manire retenir
impression, et de former distinction entre les essences. Cest cette
distinction qui donna principe aux formes, en adaptant les
diffrentes divisions et subdivisions du nombre ternaire aux
modifications que les esprits de laxe avaient faites des essences,
cest--dire que leur opration, rendit lessence de mercure plus
solide que celles du soufre et du sel, celle du soufre plus mobile
que celles du mercure et du sel, et celle du sel plus fluide que
celles du mercure et du soufre.
Cette premire distinction donna dabord naissance au nombre
snaire, puisque, dans le premier principe de la matire dans son
indiffrence, le mixte ternaire rsidant dans son indiffrence dans le
matras philosophique ne formait aucun corps apparent, ni
susceptible de retenir aucune impression. Ce furent donc les
esprits de laxe feu central qui furent ceux qui, conformment la
pense de lEternel qui leur avait t notifie par son nombre ternaire,
enfantrent par leur opration le nombre snaire, en donnant la
distinction aux essences: mercure, 1; soufre, tant la seconde
distinction, 2; et sel, tant la troisime, 3. Or en additionnant
mystrieusement, 1 et 2 font 3, et 3 font 6. Voil donc la
manifestation des six penses de lEternel; et non des six jours que
lEcriture attribue emblmatiquement lEternel, puisque comme je lai
dit ci-dessus, lEternel tant infini dans son immensit ne peut avoir
aucune borne de dure successive, qui nest que le changement de
succession, ou de relation, des corps les uns avec les autres. Mais
lEternel manifeste des penses que les diffrents esprits excutent
suivant le plan qui leur est donn. Nous voyons donc que du nombre
ternaire est venu le snaire, puisque le verbe ternaire de lEternel
ayant t de toute ternit en lui, ne peut avoir de principe, puisquil
est man de lEternel, mais le nombre snaire a t enfant par lopration
des esprits de laxe. Do je prouve dmonstrativement la ncessit de la
fin de cet univers, puisquil ny a en principe que par lopration des
esprits de laxe, et que lopration de tout esprit quelconque tant
finie, ne peut durer que tout le temps que lEtre infini le
commande, ce qui fait tomber plat lobjection de lternit de la
matire, puisquil est impossible que tout ce quil a eu principe
puisse durer toujours, devant de toute ncessit avoir fin.
Nous voyons donc la naissance du nombre snaire quant aux formes.
Il ne faut pas confondre les nombres avec les corps. Le nombre,
comme je lai dj dit ci-devant, est co-ternel, puisque, de toute
ternit le nombre a t en Dieu. Mais les corps ntant purement
quapparents, et ne subsistant que par lopration des esprits, ne
peuvent se considrer que comme passifs. Ds que lopration des
diffrents esprits sera finie, ils cesseront, et il ne sera pas plus
question de cet univers quil nen tait avant sa formation. Jappelle
la division des essences mercure 1, soufre 2 et sel 3 la naissance
du nombre snaire, puisque cest lopration des esprits de laxe qui
lui a donn naissance. Le principe de tous les corps a donc t le
nombre ternaire, la formation de ces mmes corps le nombre snaire
qui a accompli les six penses que Dieu avaient eues pour la cration
de cet univers, manifestes aux esprits agents, facteurs ou
fabricants de laxe feu central. Ds que le nombre snaire a eu son
accomplissement , les formes ont eu leur naissance, et pour mieux
le prouver, on na qu observer ce qui suit sur les trois nombres 3,
6, 9. Le nombre neuvaire est la subdivision des essences dans tous
les corps. Le principe de mercure est un mixte ternaire qui
contient le soufre et le sel,3; le soufre contient sel et mercure,
3; le sel contient mercure et soufre, 3. La subdivision donne donc
9 ; car lunit proprement dite ne saurait appartenir aux corps, elle
nappartient qu la Divinit. Lunit attribue dans la division simple
mercure nest considre que relativement au mixte mercure, qui la
base des deux autres. Le nombre neuvaire est donc la subdivision
des 3 essences, ou des diffrents corps ainsi quil suit: 3 mercure,
3 au soufre, 3 au sel, font 9. Ainsi 3 pour les essences considres
dans leur particularit, 6 pour la division, et 9 pour la
subdivision: 3, 6, 9 / 18 / 9. Voil donc lorigine de la matire.
Il nous reste parler du triangle, ce que nous ferons dans la
suite; pour le prsent, je me contenterai de le considrer par son
nombre.: 1 louest, 1 au sud, 1 au nord, nous donne le nombre 3, ou
ternaire, de sorte que, lajoutant au produit ci-dessus, nous avons:
3, 6, 9 / 18 / 9,3/12/3. Nous avons le produit de 3, qui nous fait
voir clairement que le complment de lopration des esprits de laxe
nous donne le nombre ternaire aprs avoir pass par la division, et
la subdivision, toujours pour accomplir la loi que lEternel avait
manifeste aux esprits de laxe. Le verbe de lEternel tait ternaire,
et lopration des esprits de laxe lest aussi. Additionnons le verbe
3 avec lopration des esprits de laxe, nous aurons le nombre 6. Or
le verbe ternaire tant venu de Dieu doit retourner lui, mais le
produit ternaire des esprits de laxe ayant eu commencement est
passif, ou doit prendre fin. Il ny a donc que la pense de lEternel
qui forme la loi de lunivers, et qui soutient toute cration. Les
lois dapparence des diffrents corps ne peuvent durer quautant que
cette loi subsistera, puisque cest elle qui soutient cette mme
opration. Lhomme de dsir qui suit les lois de lEternel ne saurait
donc plus connaitre de privation, puisque, sunissant intimement la
loi ternelle, la loi passive des formes de saurait tre une borne
pour lui.
Vous voyez donc, mes frres, un principe de la ncessit que nous
avons tous de suivre ces saintes lois, puisqu mesure que nous
approchons de lEternel, la lumire sapproche de nous. Si nous nous
en sparons, les tnbres sen emparent. Je donnerai dans lexplication
suivante les diffrentes dimensions du triangle; pour le prsent, je
continuerai encore sur la cration des diffrents corps.
Lon me demandera peut-tre comment les esprits de laxe ont pu
maner de leur sein les 3 essences, et comment ils ont pu par elles
former tous les corps de cet univers sans aucune matire quelconque?
Je rpondrai que, ds le principe de leur manation, ces tres avaient
innes dans leur sein ces 3 essences, qui ne doivent se considrer
que comme un produit de leur opration. Cest donc de cette opration
seule conformment la pense de lEternel, que toutes les formes ont
lieu. Or, je dirai que la preuve physique que cette opration des
diffrents esprits est la seule chose qui donne existence aux
formes, cest que les esprits qui commandent aux diffrents corps de
cet univers ne sauraient tre borns par ces mmes corps, ainsi que
lon peut observer quil y a des hommes qui voient dans le corps dun
homme la circulation du sang, dautres dans le corps gnral de la
terre la circulation des eaux, dautres qui voient, une hauteur ou
un loignement prodigieux, des corps que les autres hommes ne
sauraient apercevoir. Les vertus particulires ces hommes nous font
bien voir que les lois de la privation ne sont pas les mmes chez
tous les hommes puisque la plupart des autres hommes sont privs de
voir les choses dont je viens de parler. Si la matire tait relle,
tous les homes la verraient de la mme faon, il ny aurait pour eux
tous que la mme loi, ainsi que lon peut sen convaincre par la
pense, qui est la mme chez tous les hommes dans les objets ternels
comme elle, tels que les nombres. Le triangle , prsent tous les
hommes de lunivers, donne la pense distincte du nombre ternaire,
puisquun angle nest pas lautre, quoique les proprits de cette
figure soient immenses. Mais, dans linstant o chaque homme le
considre, la pense qui en rsulte par les nombres est la mme. La
supriorit des hommes vient donc du plus ou moins de puret qui leur
fait observer un plus grand nombre de proprits. Or la particularit
distincte de chaque homme en fait desprit vient de la pense, qui
est plus ou moins varie dans ses proprits toujours relatives
lopration de ces mmes esprits. La matire nest donc quapparente, et
ne subsiste que par le travail que les diffrents esprits font pour
nous la faire paratre telle quelle est, il ny a aucun des esprits
qui loprent qui ne soit infiniment suprieur elle, puisque, leur
opration tant finie, et tant tous ternels, ils commandent tous
leurs travaux, qui ne subsistent que par la loi de lEternel et qui
ne prendront fin que quand cette loi sera accomplie. Cest donc, mes
frres, du nombre ternaire que toute production de forme a eu lieu,
ainsi quil suit 1 la Divinit, 2 au dmon, et 3 aux formes qui sont
venues pour contenir ces mmes dmons.
Les esprits de laxe feu central ont en eux toute espce de
facults pour la production, lentretien et la rintgration des
diffrents corps. Il nest donc pas surprenant que leur opration ait
produit cet univers, qui fut cr pour contenir les premiers esprits
pervers et pour servir de barrire leurs oprations mauvaises qui ne
prvaudront jamais contre les lois inaltrables que lEternel a
assignes chaque partie de lunivers. Le nombre ternaire, comme nous
lavons vu, est lopration que les diffrents esprits font pour
contenir la confusion. Aussi tous les efforts de ces esprits ne
dtruiront jamais aucun genre ni aucune espce des corps qui
composent cette cration, ni naltreront en rien sa dure, puisque les
soutiens de ces mmes corps sont des esprits suprieurs tous leurs
antagonistes et ayant Dieu leur tte; au lieu que les esprits
mauvais sont continuellement borns dans leurs travaux de
destructions, parce que la destruction ne pouvant avoir quune force
borne par la dsunion qui en rsulte, se trouve force de cder lunion
indissoluble des parties constitutives du tout, oprantes pour le
soutien de la Nature, comme lon peut sen convaincre en jetant un
coup dil sur les reproductions de la vgtation. Si le semeur qui sme
un champ semait du bl ou autre grain, et que la moiti de la
production de la vgtation de sa semence ft bonne et lautre gte, lon
ne pourrait jamais tirer du bl de la terre, puisque la pourriture
tant gale la bonne vgtation; cela produirait un mlange informe qui
ne donnerait jamais de la farine. Or, il est dmontr que lon retire
des diffrentes semences que lon sme sur le corps gnral, ou la
terre, plus de bon grain quon nen retire de mauvais puisque tous
les tres de forme apparente qui sont sur sa surface sen
nourrissent. Cette induction peut nous conduire observer quil en
est de mme pour tous les diffrents corps, qui sont sans cesse
attaqus et qui subissent tous des maladies; cependant, depuis le
commencement de cet univers, aucun genre des diffrents corps na t
dtruit. Ce qui doit nous convaincre de la supriorit de lopration
des esprits oprant pour le bien ceux qui oprent pour le mal: lune
est bnigne et pure, sainte et durable, et lautre est impure et
passive ds que lunivers aura fait sa rintgration, lopration des
mauvais esprits contre lui sera finie, ou bien que celle de tous
les esprits bons qui ont contribu sa production, son entretien et
sa rintgration, commencera un nouveau genre dactions suivant les
lois trs saintes quil plaira lternel de leur tracer. Voil, mes
frres, pour le nombre ternaire. Dans le discours suivant, nous
parlerons des diffrentes proprits du triangle et de lmanation de
lhomme.
Je vous souhaite tous une union ternelle et indissoluble que
rien ne puisse altrer. Votre constance vous unir sera le sceau de
votre bonheur. Unissez-vous moi pour prier lEternel quil nous fasse
tous la grce de marcher de plus en plus dans la lumire. Lordre que
vous avez embrass est le dpositaire du flambeau qui doit vous y
conduire. Votre exactitude, votre zle et votre persvrance le
suivre, seront amplement rcompenss, et, pendant que tout conspire
carter lhomme de son principe, vous serez les dpositaires de la
route qui doit y conduire lhomme pour ne plus sen carter. Que la
charit soit ternellement avec nous tous.Amen.Troisime Instruction:
De la modification des essences et des diverses proprit du
triangle.Mes frres,
Nous avons vu par les discours prcdents la matire dans son
indiffrence rsidant(e) dans le matras philosophique; nous allons
suivre maintenant les diffrents travaux des esprits de laxe feu
central qui donnrent forme cet amas informe dessences
spiritueuses.
LEternel ayant conu de crer cet univers pour tre lasile des
premiers esprits pervers et pour contenir leur opration mauvaise
qui ne prvaudra jamais contre ses saintes lois, il lui apparut,
dans son imagination pensante divine, la forme du triangle
quilatral, pour tre celle du chef de cet univers, ou de lhomme, et
du corps gnral, ou de la terre, et pour tre celle de lopration de
tous les corps immenses de cet univers. Or, comme nulle pense ne
peut rester en lEternel sans action, il dtacha hors de son sein son
verbe de cration qui tait au centre du triangle quilatral, et le
fit descendre chez les esprits de laxe feu central, pour quils
lexcutassent conformment son contenu. La suite de ce discours va
faire voir que le triangle quilatral contient non seulement tous
les nombres de forme de cet univers, mais encore tous les nombres
co-ternels.
Cette figure, renomme chez les tous les anciens et considre avec
tant de vnration nous annonce quelle renferme de grandes choses. En
effet, cest par le triangle que lon monte toutes connaissances,
soit spirituelles divines, soit spirituelles temporelles. Ce
triangle quilatral contenait par son verbe ternaire, la loi, le
plan, lopration de tous les corps de cet univers. Il fut aux
esprits de laxe feu central ce que le plan dun superbe palais aux
maons qui lexcutent: ayant inns en eux les matriaux convenables
cette excution, il nest pas surprenant quils laient excut avec tant
de rgularit, dordre et de proportion, puisque la sagesse du Pre
dirigeait elle-mme lexcution de ce plan et prsidait aux diffrents
travaux ncessaires, et fixait tout tre la borne quil devait avoir.
Laspect de la figure du triangle inscrit dans le cercle nous donne
clairement lide dun nombre ternaire par ses trois angles: nous
donnons louest langle saillant infrieur, le sud au second, et le
nord au troisime. Ces trois angles nous donnent lide de la division
que les esprit de laxe ont donne la matire de luniversalit des
formes, en modifiant les essences suivant la forme triangulaire,
cest--dire en donnant la partie solide louest, que nous nommons
mercure, la partie fougueuse au midi donne au soufre, et la partie
saline au nord donne au sel, ou la partie aquatique. Cest
positivement cette distinction qui donna forme tout lunivers. Mais,
pour la mieux faire sentir, je vais en donner une image palpable
dans la formation dun enfant au sein de sa mre.
Si nous observons le sminal reproductif, non seulement du corps
de lhomme, mais de la plupart des animaux, il nous reprsente la
matire dans son indiffrence. Lon ne dira pas quil donne les indices
dun mixte modifi, puisquil na positivement point de forme; de mme
tait la premire essence que les esprits de laxe central extraient
de leur sein. Ce sminal insr dans la matrice, qui sert de four pour
la cuisson de lembryon, est dabord travaill par les esprits de laxe
et les esprits lmentaires, qui modifient le mercure et forment une
distinction. Ds que la distinction est forme, lembryon a pris
forme, cest--dire ds que lessence de mercure, qui forme la partie
osseuse, a t distincte de la partie sulfureuse qui forme le sang et
la partie saline qui forme la chair. Ds lors, lembryon a pris
forme, ce qui arrive au bout de quarante jours. Comme tous les
sages de lunivers savent physiquement que ltre spirituel divin
descend dans le corps de lenfant rsidant au centre de la matrice et
nageant dans le fluide, couvert dun voile ou enveloppe, ne doutons
point, mes frres, que ce travail qui se fait pour la formation de
lenfant ne soit rellement le mme qui sest fait pour la cration de
cet univers. Les esprits de laxe possdaient ds leur manation une
essence spiritueuse que nous pouvons considrer comme sminal
productif des formes. De mme que ce sminal est opr dans la matrice,
de mme ils loprent dans le matras philosophique, que lon peut
considrer comme la matrice de lunivers.
Mais quel fut le plan que suivirent les esprits de laxe? Ce fut,
comme je lai dj dit, le triangle quilatral (voy. La figure). Nous
donnons 1, mercure louest, formant le solide; 2, au soufre au midi,
formant le fougueux; et 3 au sel au nord, ou fluide. Lunit est
encore donne mercure, comme ayant t le premier mixte; 2 au soufre
comme ayant t le second; et 3 au sel, comme ayant t le troisime; ce
qui nous donne clairement le nombre de facture 6, comme dit
lEcriture emblmatiquement que Dieu employa 6 jours pour la
formation de cet univers. Or, nous savons que Dieu est un tre
infini, tout-puissant et sans bornes. Ce qui est sans bornes ne
peut tre assujetti au temps. Ainsi, les six jours signifient que
Dieu a employ 6 penses pour la formation de cet univers, et la
preuve en est palpable, car tous les corps en portent limage.
Quel est maintenant le plan que ces mmes esprits suivent pour la
formation du corps de lenfant? Limage de cet univers, qui nest
autre chose que la rptition de celle du triangle. Le corps de
lhomme a une figure triangulaire parfaite et contient en petit tout
ce que lunivers contient dans son immensit; ce qui fait que les
sages ont nomm le corps de lhomme le microcosme, ou le petit monde.
Nous voyons donc une ressemblance parfaite de lopration des esprits
de laxe pour la formation de lunivers, avec celles quils font
encore tous les jours pour la formation du corps dun enfant. Dans
lune, ils ont suivi le plan que lEternel leur a envoy, qui est le
triangle quilatral au centre duquel tait le verbe ternaire de
cration. Les mmes esprits emploient, dans lautre, pour la formation
du corps de lenfant, le plan de tout cet univers: ce que je ferai
voir en dtail par la suite, en dmontrant, dans lnumration de toutes
les parties du corps de lhomme, sa similitude avec celles du grand
monde, ou lunivers, que nous distinguons en trois parties, savoir
luniversel[footnoteRef:2] qui est donn au cercle de laxe feu
central, le gnral[footnoteRef:3] donn la terre, et le
particulier[footnoteRef:4] donn tous les tres spirituels divins et
animaux spirituels de cet univers. [2: Universel : Qui s'tend par
tout, qui est bon tout, qui comprend tout. L'Eglise Catholique est
universelle, son nom le porte. Le dluge universel est celui qui
noya tout le genre humain, la rserve de No & de sa famille.]
[3: Gnral : Qui comprend tout, qui s'tend tout. On le dit encore
collectivement pour signifier l'universalit.] [4: Particulier :
terme relatif qui regarde l'espce ou l'individu, & qui est
oppos au genre, l'universel. L'Eglise croit un Jugement
particulier, en attendant le gnral de la fin du monde.]
Les diffrents esprits de laxe excutrent donc le plan que
lEternel leur avait manifest par son verbe de cration au centre du
triangle quilatral. Dans le premier principe, le mixte de mercure
dans son indiffrence tait ternaire, puisque lunit proprement dite
est purement spirituelle et ne saurait appartenir aux formes, mais
lon considre les essences dans le matras philosophique comme tant
sans mouvement, en aspect les unes des autres. Le travail que
firent les esprits fut de les distinguer, do nous voyons natre les
diffrents nombres de cration, savoir 3 ces trois essences, 6 la
subdivision simple, ainsi que nous lavons dit ci-dessous, et 9 la
subdivision, parce que les ces trois essences tant mixtes,
contiennent, quoique distinctes, chacune une partie les unes des
autres. Additionnez les trois nombres: 3, 6, 9 / 18 / 9. Ils
donnent celui de 18 qui additionn lui-mme, donne celui de 9.
Additionnez encore ce 9, les 3 angles du triangles quilatral: 9 et
3 font 12 / 3. Nous voyons donc que le plan qui apparut dans
limagination de lEternel tait ternaire, puisque ctait un triangle
quilatral. Aussi, les esprits de laxe ont-ils opr dans la cration
de cet univers le nombre ternaire, puisque tous les corps de cet
univers, tant clestes que terrestres, contiennent ce nombre, aprs
les quatre oprations de production, division, subdivision et de
figure; ce que lon peut observer dans toute la nature, puisque lon
ne voit que la terre donne, au solide mercure, du feu donn au
soufre et de leau donne au sel. Il faut bien se garder de faire
quatre principes, comme les hommes de tnbres de ce sicle, qui
distinguent la partie arienne. Il ny a positivement que trois
principes. Lair nest quune eau rarfie et, si lon voulait diviser,
lon trouverait encore le nombre ternaire: leau, lair et lther que
nous nommons cristallin et que lEcriture sainte appelle les eaux
suprieures. Toute la diffrence quil y a de ces eaux avec celles qui
entourent le corps gnral, ou la terre, cest que, plus elles
descendent, plus elles ont de pesanteur; ce que lon peut vrifier
par la diffrence de lair dune partie basse celui que lon respire
sur une partie leve: lun est pais et lautre rarfi, et lest en
raison de llvation. Toutes les formes ont pris leurs principes de
ces trois essences, et cest par elles quelles sont alimentes
pendant leur dure de production, de vgtation et de rintgration; ce
qui forme la dure successive des diffrents corps de cet univers,
qui ne peuvent durer en fait de vie, de forme et de figure,
quautant quils sont aliments par le mixte de leur nature.
Do je dmontre physiquement quaucun tre spirituel divin ne peut
avoir la vie spirituelle divine sans tre uni au Pre, au Fils et au
Saint-Esprit, car les corps les plus bruts de cet univers, comme
les plus orns et les plus parfaits, ont t crs de par lEternel pour
crer une image palpable de ce qui se passe dans la partie
spirituelle divine.
Nous voyons donc la similitude quil y a en fait de ressemblance
de ltre spirituel divin: lun est ternel et lautre est passif.
Cependant, comme le passif a t cr pour servir de prison ltre mineur
ternel, il contient non seulement en lui son existence particulire,
mais il sert encore de livre de loi ltre spirituel divin. Voil ces
tables fumeuses que Mose portait sur ses deux mains en descendant
la montagne! Lune, sur sa main droite, figurait la loi que lEternel
a inne dans ltre mineur spirituel divin, et celle de sa main gauche
figurait la loi quil a inne dans la forme, pour la constituer en
force pendant le temps de son cours temporel.
Que sagit-il donc mes frres? Sagit-il de faire des recherches
immenses et de passer sa vie dans la mditation? Point du tout. Il
sagit de suivre, chacun de nous, cette loi ineffable que Dieu a
grave dans chacun de nous et qui parle sans cesse nous-mmes. Cest
en coutant la voix de celui qui nous la prsente sans cesse, que
nous parviendrons dcouvrir les choses qui nous ont t caches par le
voile que nous avons laiss mettre sur les tables de la Loi, de mme
quIsral fora Mose de mettre un voile sur sa tte en leur disant la
Loi, parce que leur me ntait pas assez pure pour supporter laspect
des rayons de feu qui partaient de la tte de Mose. Or, tous les
hommes ont ce voile tant quils font le mal, et ils le dchirent en
faisant le bien. Celui qui en a le moins est ltre le plus parfait.
Cest donc vers cette lumire divine que doivent tendre toutes nos
recherches qui ne sont pnibles quautant que celui qui travaille y
parvenir, y emploie de la volont.
Toutes ces vrits nous sont dmontres chaque jour sous nos yeux
par les diffrents tres qui nous entourent et qui ne russissent dans
aucune entreprise de quelque nature quelle soit, que par la
constance quils ont la suivre. Or, cette constance part dun grand
dsir possder ce que lon cherche. Je citerai cet effet lexemple dun
homme qui est tomb dans un puits bien profond, et qui se trouve
seul. Il faut, pour quil en sorte, quil se donne le mouvement
ncessaire. Si, quand il est peu prs au milieu, il commence
simpatienter de ce quil nest pas arriv au-dessus, il court (le)
risque de retomber, et si son impatience continue, il court grand
risque de ster les forces ncessaires pour en sortir, mme avec tous
les secours humains.
Nous venons de voir comment le triangle contient en lui les
diffrentes dimensions des formes apparentes, et que cest par lui,
selon la loi de lternel insre au centre du dit triangle, que
limmensit des esprits de laxe feu central a opr toutes les formes
de cet univers. Je ferai voir dans le discours suivant comment se
fit lexplosion des formes contenues dans le matras philosophique.
Il me reste de me recommander vos prires et de vous prier moi-mme
que vos assembles prennent une entire rgularit et soient suivies
sans aucune interruption, ce que je demande de toute mon me
lternel, et quil soit sans cesse avec nous tous. Amen. Amen. Amen.
Amen.
Quatrime Instruction: De lexplosion des formes et de la ncessit
du quaternaireMes frres,
Ds que limmensit des esprits de laxe eut modifi les essences
quils avaient extraites hors de leur sein au point de retenir
impression, cest--dire quils eurent distingu les trois principes en
solide donn mercure, en mobile donn au soufre et en fluide donn au
sel; ds lors, tout prit vie par le vhicule axe central, que les
esprits insrrent dans chaque corps pour servir de point de
ralliement lopration de ces mmes esprits pour la production,
vgtation et rintgration; ds lors de vide dont parle lEcriture
cessa. Le vide ne doit sentendre que de la privation de ce vhicule
dans tous les corps, de mme que ce quelle dit, que tout tait sans
forme, doit sentendre de lindiffrence de la matire de son principe,
par le dfaut de la modification et de la distinction qui donna
forme ce qui tait informe, et la vie ce qui en tait priv. La matire
rsidant dans le matras philosophique, selon que les esprits
lavaient mane hors deux-mmes, tait dans son indiffrence, 1. Les
esprits de laxe la modifirent, et, ds que ses principes furent
distincts dans leurs mixtes, tout eut forme, 2. Ds que tout eut
forme, ils donnrent, pour former la vie ou le mouvement de tous les
corps, leur vhicule axe central dans tous ces corps, 3.
Arrtons-nous ici. Les esprits de laxe, ayant fait tout ce
travail, eurent accompli la loi, le prcepte et le commandement qui
tait inns en eux, ds leur manation, en excutant les six penses de
lEternel contenues dans le triangle quilatral, image que lEternel
avait conue pour la cration de cet univers et de celui qui devait y
prsider, et dans le verbe ternaire rsidant au centre du triangle
tel que la figure du discours prcdent le reprsente et donne
clairement lide du nombre ternaire, puisque quel homme que soit de
lunivers ne pourra se refuser que langle douest nest pas langle du
sud, langle du sud nest pas langle du nord, et langle du nord na
rien des deux autres, ce qui donne clairement lide du nombre
ternaire.
Le verbe qui tait au centre est aussi ternaire, ainsi que je
vais te dmontrer par la figure suivante.
Considrez le triangle inscrit dans les trois cercles. Il nest
pas besoin dtre mathmaticien; la nature agit plus simplement que
leurs procds factices et purement matriels. Il nest besoin que
davoir des yeux pour voir que le centre est gnrateur du triangle;
et non seulement de lui, mais de toute figure. Pour sen convaincre,
on na qu remarquer la difficult que lon a de dcrire un triangle
quilatral sans son centre, que lon dcrit avec facilit ds que lon
part de lui. La nature choisit toujours la voie la plus simple, et
tout ce qui nest pas marqu ce sceau doit tre regard comme
apocryphe. Non seulement le centre est le gnrateur du triangle,
mais il est encore sa vie: les trois lignes qui partent du centre
nous font voir sa relation intime avec les trois angles. Si cette
relation cessait, le triangle quilatral serait mort, cest--dire
quil aurait une autre figure qui ne serait plus la sienne. Or la
figure du triangle quilatral, contenant tous les nombres
co-ternels, ne peut point passer, puisquelle a t produite par la
pense directe de lternel.
Or, ce qui sort de cette source ineffable et imprissable comme
elle, cest positivement le plan des esprits de laxe, ainsi que je
vais le faire sentir bien clairement. Nest-il pas vrai que, ds que
les trois principes mercure, soufre et sel, eurent t distincts, ils
formrent tous les corps de lunivers? Je marrte celui du corps
gnral, ou la terre, qui est un triangle quilatral. Nest-il pas vrai
encore que ces trois angles terrestres, vu de toute forme
quelconque, ne pourraient avoir ici mouvement, ni vgtation, ni
production quelconque, sans ce vhicule qui est la vie de tous les
corps? Or, nous voyons bien physiquement, que ce vhicule est
ternaire: par lune de ses modifications il opre sur mercure, par
lautre sur soufre, et par la troisime il opre sur sel. Sil ny avait
pas le nombre ternaire, il ne pourrait pas actionner sur les trois
principes des diffrents corps par une loi immuable que lEternel a
tablie dans lunivers des esprits comme dans celui des corps,
quaucun tre ne peut sunir un autre sil na des principes de la
nature de cet tre. Or tous les corps de lunivers sunissent les uns
aux autres, ce qui prouve bien clairement quils ont tous les mmes
principes. Nous voyons donc que la vie de tous les corps est
ncessairement ternaire, pour pouvoir entretenir les trois principes
du mixtes qui les composent tous. Cela est si vrai que la retraite
de ce vhicule produit ce quon appelle vulgairement la mort du
corps, et que nous nommons rintgration.
Sil y avait quelques incrdules l-dessus, voici une exprience
pour les convaincre. Quand tu cherches bien loin dans lunivers,
homme, mes ouvrages, tu ignores quils sont auprs de toi;
cherche-les non dans des livres, recueil de limagination
orgueilleuse de tes semblables, mais dans mes ouvrages les plus
simples. Observe ton foyer, pour te convaincre que la rintgration
des corps vient de la retraite du vhicule. Observe que tu as besoin
de sortir de ce vhicule, dabord dun feu, 1, qui se communique celui
dune pierre, 2, et qui donne enfin lexplosion un feu plus subtil,
qui est celui du soufre contenu dans celui dune allumette, 3. Lon
peut considrer le feu de cette allumette comme le gnrateur de celui
du bois. Lallumette, 1, occasionne le feu du bois, 2, et celui du
bois celui de larien, qui est la flamme, 3. Voyons maintenant leur
rintgration, et commenons par larien donn au sel. La fume, 1,
commence se rintgrer dans son principe lair ou le sel; le fougueux,
2, se rintgre dans son principe solaire, ou soufre; et enfin,
mercure, corps, solide, reste sur la surface terrestre en composant
la cendre 3.
Nous voyons, par tous ces exemples, que la matire a pris forme
par la disposition des trois essences et que les formes ont eu vie
par le vhicule. Il en est de mme de la rupture du matras
philosophique, qui se fit par la retraite de lesprit doublement
fort du Crateur, qui contenait en privation de mouvement toutes les
formes contenues dans le matras. Mais, ds quil vit quelles avaient
t formes par les esprits de laxe, et quils avaient opr suivant la
pense de son pre ternel, ce verbe du Pre rompit la barrire quil
avait mise tous les corps, et leur traa tous, ainsi quaux diffrents
tres spirituels divins qui la conduisaient, les diffrentes
oprations quils devaient suivre, tant en fait dactions spirituelles
divines que de lois de cours pour les diffrents tres corporiss. Or,
la rupture du matras philosophique, ou ce quon appelle vulgairement
le chaos, commena se faire par la place que le corps gnral, dirig
en cela par la Sagesse, vint prendre au centre du cercle universel,
le corps gnral devant tre par sa forme triangulaire le point
central de lopration des diffrents corps de tout lunivers; ce que
je dmontrerai encore mieux dans la suite quand je parlerai des
corps clestes.
Ds que le corps gnral eut pris sa place, les corps particuliers
prirent la leur, qui leur fut de mme fixe par la sagesse divine du
Pre. Nous voyons encore le nombre ternaire par le cercle universel,
le corps gnral et les corps particuliers. Cest de la runion daction
de ces trois classes dtres de cet univers que tout a vie passive,
et que la loi des formes apparentes subsiste pendant leur cours de
vgtation, production et jusqu leur rintgration; ce que lon voit des
yeux de la forme, que, sans laction spirituelle des esprits de laxe
feu central qui actionnent sans cesse sur tous les corps, sur le
vhicule axe central quils y ont insr, sans la raction de lastre
solaire, rien nayant vivification dans cette surface ne pourrait
rien produire.
Remarquez bien mes frres, que ds que lunivers eut t sa place
selon que lEternel lavait conu dans sa pense, il fut prsent par
notre divin matre, qui lui prsenta son ouvrage accompli, pour quil
daignt lui accorder le sceau de sa bndiction. Cest cette bndiction,
ou cet ddicace du temple universel faite lEternel, qui nous fait
concevoir le principe du nombre quaternaire en fait de corps, et du
nombre septnaire. Jai fait voir, par tout ce qui a prcd, que
lunivers, tant snaire par son double ternaire de forme apparente et
de vie de forme, a t fait sur le plan que lEternel avait envoy aux
diffrents esprits de laxe, par son verbe ternaire au centre du
triangle. Car les trois essences sont leur vhicule ce que le
triangle est au verbe de lEternel. Cest ce verbe que Dieu a conu et
manifest, au centre de son triangle, aux esprits de laxe feu
central, qui fait le soutien de tout cet univers, de mme que le
vhicule fait le soutient de toutes les formes. Le vhicule prend fin
en se rintgrant chez les esprits de laxe qui lont produit, au lieu
que le verbe du Pre, tant ternel, subsistera jamais dans lEtre tout
puissant qui la man, aprs quil laura rintgr au dedans de lui-mme.
Le nombre quaternaire a pris principe par lunion que lEternel a
faite de tout son univers en se le ddiant, et en formant la
vivification de tous les esprits, de toutes les vies et de toutes
les formes, et en servant de centre vivifiant, vivant et de vie
ternelle pour les tres spirituels divins, et de vie de production,
vgtation et rintgration pendant le cours de la dure de toutes les
formes de cet univers.
Dieu est si essentiellement essentiel la dure de tout tre de cet
univers quun grain de sable ne peut avoir de forme quautant quil
est uni lui. Le grain de sable contient les trois essences et le
vhicule, 6. Or, le vhicule lui-mme ne peut avoir de vie quautant
quil est vivifi. Or, la vivification appartient ncessairement Dieu,
qui entretient sans cesse tout lunivers des tres, ce qui forme le
nombre quaternaire: les essences, 1; la forme, 2; la vie, 3; et la
vivification, 4. De mme, en divisant les trois essences, 3, la vie
des formes, 3, donne le nombre snaire, 6.
La vivification ne peut avoir lieu que par le septnaire: cest le
rayon divis six fois qui est engendr par le centre, et qui forme
six triangles quilatraux, pour montrer que la loi de lEternel est
universelle, puisquil est impossible de dcrire un cercle sans
partir du centre. Le centre est au cercle ce que le vhicule est
tous les corps. Lignorance de ce centre rend le cercle inutile pour
tout homme qui veut oprer sur lui, et la retraite du vhicule rend
toute forme sans mouvement en putrfaction, et fait cesser
dfinitivement sa loi dapparence par sa rintgration.
Faisons mieux sentir la ncessit du nombre quaternaire. Laxe
central, 1, a produit et entretient tous les corps de cet univers,
2; le soleil les vivifie, 3. Or, comme le cercle axe central est en
communication directe avec le surcleste, il tire la vivification,
quil leur communique, de la Divinit, 4. Ce qui nous fait voir que,
depuis le cdre jusqu lhysope, depuis linsecte jusqu llphant, depuis
la baleine jusqu lichneumon, tout subsiste dans cet univers par le
nombre redoutable quaternaire, comme tant celui de la Divinit, et
qui complte sa quatriple essence indivisible, immuable, infinie et
inaltrable: indivisible, parce que rien ne peut subsister que par
son union et que, hors de lui, tout cesse dtre, mme en fait de vie
spirituelle divine, puisquil tombe dans la mort de la privation
ternelle; immuable, parce quil ne change jamais, sa nature tant
inpuisable; infini, puisquil est co-ternel la Divinit, sans
principe ni fin; et inaltrable parce que cest par lui que la
Divinit opre toute manation, toute cration, toute rintgration. Cest
enfin par lui que toute la loi divine opre, tant sur les tres les
plus parfaits des esprits ternels que sur les tres les plus bruts
de forme apparente de cette surface, puisque rien ne peut avoir
forme, mouvement et vie que par lui, et que rien ne peut exister
que par son union. Cest enfin lui qui nous fait voir le Pre, le
Fils, le Saint-Esprit et le mineur.
Dans le discours suivant, nous parlerons des diffrentes
productions de la nature, des diffrentes formes de cet univers.
Pour le prsent, observons mes frres, que tout ce que jai dit dans
les discours prcdents, et ce que je viens de dire nous prouve que
cet univers avait pris forme et commenait dj doprer, que lhomme
ntait pas encore sorti du sein du Crateur. Ce ne sera que dans le
sixime discours o je traiterais, avec le secours de lEternel, de
son manation.Cinquime Instruction: Des diffrentes productions de la
nature et des diffrentes formes de cet universMes frres,
Ce vaste univers, cr par la pense toute-puissante de lEternel,
offre plusieurs beauts que lon peut contempler en dtail. Les trois
cercles de la figure ci-dessus sont les trois principales parties
qui vivifient la surface du corps gnral terrestre. Le premier de
ces cercles, nomm cercle universel, est compos dun nombre
innombrable desprit fougueux axe feu central, qui actionnent sans
cesse sur tout ce qui a vie dans cet univers, comme contenant un de
leurs vhicules. Laction de ces esprits est si prodigieuse quelle
consumerait bientt tous les corps clestes et terrestres; mais la
Sagesse ternelle y a pourvu par le second cercle que nous nommons
cristallin, qui est compos aussi dun nombre prodigieux desprits
dont laction bnigne humide calme le grand feu des premiers. Le
troisime cercle est compos des esprits lmentaires qui nous
entourent. Cest de ces trois cercles que toute la nature est
entretenue.
La preuve physique de ce que je dis de ces cercles se trouve
dans les trois angles du triangle quilatral de notre terre, qui
nous fait voir laction de ces trois cercles sur elle. Langle douest
contient tous les solides; cest dans lui que se trouvent tous les
rochers; il est aussi donn mercure. Langle du midi est donn au
soufre; ainsi voyons que cet angle de la terre est rempli de feux,
tous les volcans y semblent runis. Langle du nord, donn au sel,
runit toutes les glaces qui, comme tout le monde sait, nest quun
sel congel; puisque lon fait de la glace par le moyen du sel,
etc... La runion de ces trois angles et de ces trois cercles nous
donnent le nombre snaire, qui nous fait voir les six penses de
lEternel.
La partie suprieure nourrit linfrieure, de mme que la bouche,
qui nest que le passage des aliments, nourrit le reste du corps: il
en est de mme de toute la surface terrestre. Une preuve palpable
quil y a que trois lments, la terre, le feu et leau et non lair,
qui nest quune eau plus rarfie , qui sont les trois rgnes: il ny a
srement point de rgne dans la partie arienne. Tout ce qui y est a
pris vie sur le corps gnral, ou la terre, et est lui-mme contenu
dans ces trois rgnes. Toute lespce volatile a pris vie sur la
surface terrestre et ne peut mme se soutenir dans larien que par un
mouvement continuel qui lui fait bien sentir par la par la fatigue
quil lui donne quelle nest pas faite pour vivre dans lair, comme le
poisson, par exemple, qui fait ses ufs et donne sa reproduction
dans les eaux. Il nen est pas de mme de larien: tous les insectes
qui paraissent dans cette partie ont commenc de prendre vie
ici-bas, et la preuve en est bien claire, car il ny en a aucun qui
ne se nourrisse des aliments qui sont sur cette surface.
Les rgnes diffrents qui sont dans la terre nous prouvent encore
la vertu du nombre ternaire: le vgtal, le minral et lanimal sont
considrs chacun en leur particulier comme particuliers distincts
des autres. Cependant, quel nombre prodigieux dtres de forme
apparente ne contiennent-ils pas chacun en leur particulier? Ce qui
nous donne encore une confirmation de ce que jai dit dans les
discours prcdents sur le mixte ternaire qui compose tous les corps,
mercure, soufre et sel; ils sont, en effet, toutes les formes de
lunivers ce que les trois rgnes sont tous les corps de la terre. De
mme que ces trois rgnes renferment une prodigieuse quantit dtres de
formes diffrentes, qui viennent se ranger sous chacun de ces trois
rgnes, de mme la modification prodigieuse de toutes les formes
universelles vient toujours se ranger sous le mixte ternaire de
mercure, soufre et sel, comme tant le gnrateur, lentretien et
laliment de tous les corps. Ds quils cessent leur union, il ny a
plus de formes; ce que lon peut voir par la du rintgration du
soufre, qui sopre sur le corps du bois dun foyer: ds que lessence
sulfureuse est rintgre, il ny a plus de forme; tant quil en reste,
le corps nest pas dtruit. Comme dans le charbon: il y a une forme,
mais ds que le charbon a reu une nouvelle action fougueuse qui a
rintgr ce qui lui restait de sa partie sulfureuse, il ne reste plus
de forme que la cendre; que lon mette de nouveau cette cendre dans
un grand feu, elle se rintgrera aussi son tour.
Je demanderai maintenant: Quest devenue la forme de ce bois? Que
sont devenues les essences qui la composaient? Et quest devenu le
nombre de sa figure? Je rpondrai que la forme est entirement
dissipe, puisquil en parait plus aucun vestige; que ces essences
sont rintgres dans la partie lmentaire, mais quil reste toujours le
nombre, et voici comment je le prouve. Le nombre est co-ternel,
ainsi que je lai fait voir dans les discours prcdents; les formes
ont beau varier, ntant quune pure apparence, les esprits qui les
ont formes ont produit et leur ont communiqu leur nombre. Ils ne
peuvent donc pas le perdre; il faut, de toute ncessit, quil
retourne eux, tel quils lont donn. Les esprits de laxe ont reu ds
leur manation, le nombre ternaire. Il est de toute ncessit que ce
qui sopre porte le nombre de ses facteurs, agents ou fabriquants,
puisque cest par ce mme nombre quils oprent sur tous les corps qui
sont sortis de leur sein. Ils y oprent par leur nombre ternaire: il
faut donc que ce mme nombre du corps quelconque retourne sa source
premire, puisque le nombre na assurment ni figure ni forme
quelconque, quoique nous ne puissions pas le concevoir sans cela.
Mais nous sentons bien, par exemple, quun esprit na point de forme;
il en est du mme du nombre. Mais voyons donc, par l, que toute la
matire ne subsiste, na forme et dure, que par lopration continuelle
des esprits de laxe feu central qui lont produite, que par celle
des esprits cristallins qui la modifient, et par celle des esprits
lmentaires qui lui donnent sa nourriture par la partie dinfluence
quils lui communiquent selon quils la reoivent par le surcleste de
la Divinit.
Il ne faut pas croire que le nombre prodigieux desprits qui
entretiennent tous les corps de ce vaste univers, aient besoin
eux-mmes de recevoir une matire relle subsistante pour lentretenir.
Point du tout. Ces esprits ont inns dans leur sein, ds leur
manation, la facult dextraire des essences spiritueuses et de les
entretenir comme un pre nourrit son enfant, parce quil a de quoi
lui fournir manger: il en est de mme de ces esprits. Ils ont tout
ce qui peut entretenir la production, la vgtation et la rintgration
de tous les corps de cet univers, sans quil soit question, dun
vhicule de matire relle existante, puisque la matire na de ralit
que par son apparence, et que son apparence ne subsiste que par
lopration de ces mmes esprits, qui est purement spiritueuse,
distincte de ces esprits purs et simples, en ce que les esprits
ternaires sont dous de toute espce de facult, de mouvement et de
correspondance pour lentretien de tous les corps, mais ils nont pas
lintelligence ni la pense qui sont donns aux esprits purs tels que
lhomme, etc. Voil ce que veut dire laction spiritueuse, et peut se
qualifier de mouvement, puisque laction proprement dite appartient
des tres suprieurs ceux dont nous parlons et est purement
spirituelle, ce que lon peut concevoir par la diffrence immense et
incomparable de la pense davec toute espce de mouvement des corps.
Lon peut faire plusieurs fois le tour de lunivers par elle dans un
instant , au lieu que pour dplacer ltre le plus petit de la surface
une distance de quelques toises; il faut un temps sensible, ce qui
nappartient point du tout la pense, qui na aucune borne et qui nest
point assujettie au temps.
Les corps ne sont donc que ce que les enfants nous font voir sur
du verre o ils mettent de leau et du savon, et avec un chalumeau
ils forment un corps apparent qui a son plein ou son poids, sa
mesure ou sa figure, et son nombre qui est lopration des agents des
formes. Lon souffle ce corps arien une hauteur au-del de celle o il
a pris forme; la raction quil opre en tombant lui fait rompre son
union, il se rintgre dans larien, sans quil en reste le moindre
vestige aux yeux de ceux qui le voyent. Il en est de mme de toutes
les formes: tout ce qui a eu principe doit prendre fin. Ce corps,
dont la dure na t que dun instant, est limage relle des corps les
plus solides de la terre, tels que les diamants, les pierres, les
rochers les plus durs. Leur rintgration aura lieu par les mmes lois
qui ont fait celle des bulles de savon, chacune suivant la
modification de ce qui la compose. Aussi, nous ne pouvons pas plus
concevoir une matire relle existante que nous ne pouvons concevoir
lusage continuel dun habit sans suser. Un habit forme tous les
jours sa rintgration et a besoin dtre renouvel; ce qui nous fait
voir la dure successive des diffrents corps, qui ne subsistent que
par lopration continuelles des diffrents tres qui les actionnent,
qui nous font bien voir dans la fin continuelle de ces mmes corps
la fin de cet univers apparent. Htons-nous de considrer linstant o
tous les tres nauront plus de bornes que celles quils se seront
mises eux-mmes, par lusage de leur libre-arbitre dans celle quils
auront eue ici-bas.
LEtre tout-puissant qui prside tout et dont la bont infinie se
fait sentir tous les tres, non content davoir grav en caractres
ineffables ses saintes lois dans nos mes et dans nos curs, a voulu
nous donner lui-mme lexemple de ce que nous devions suivre pour
participer au bonheur de ses lus. Ses trs saintes manifestations de
gloire ont commenc chez Adam, 1; se sont renouveles sous la postrit
dAdam par le saint homme, Enoch, 2; ont continu par No, 3, la
rconciliation de la terre; elles ont enfin signal leur puissance
sous Abraham, 4; de l sous Mose, 5 dans la dlivrance du peuple lu.
La mme dlivrance sest faite voir sous Zorobabel, 6, par le retour
de la captivit de Babylone, pour venir former le centre de ses
oprations spirituelles divines; par la rgnration du mineur, par la
naissance de notre divin matre J.C., qui est venu mettre le sceau
aux mineurs qui sen sont rendus, sen rendent et sen rendront
dignes, par la 7me lection quil a faite au centre de son rceptacle,
comme devant tre le point de runion de tous les esprits qui uniront
leur volont la sienne, participant aux promesses de lEternel, au
fruit de tant dlection, laction du Saint-Esprit, lopration de tant
de grce, la destruction de la barrire qui nous sparait de la
communication divine par le pch de notre premier pre, lopration des
aptres, des prophtes et des patriarches, aux dons ineffables du
Saint-Esprit, et, plus que tout cela, au sang prcieux de J.C.
offert lEternel pour notre sanctification et rpandu sur ltre
spirituel divin et sur la forme apparente de chacun de nous qui
voulons suivre les saintes lois quil nous a traces pendant sa
vie.
Unissons-nous donc tous ensemble, mes trs chers frres, dune mme
pense, volont et action pour aborder lautel de ses compassions dans
le saint temps de la semaine sainte, o lunivers entier clbre la
mort de notre divin Sauveur; mourons tous avec lui au monde, son
orgueil et ses convoitises, pour ressusciter avec lui, avec lhabit
dune nouvelle vie toute spirituelle divine, entirement dvous suivre
en tout les saintes lois, prceptes et commandements de lEternel.
Dieu nous en fasse tous la grce. Amen. Amen. Amen. Amen.Sixime
Instruction: De lEmanation de lhommeMes frres,
Faut-il retracer le tableau de lmanation du premier homme pour
en faire le sujet de notre gloire ou de nos regrets: de notre
gloire par ltat sublime dans lequel il fut mis dans son premier
principe, et de nos regrets par ltat dabaissement, derreurs et de
tnbres o il sest plong par sa prvarication? Mais comment remonter
ce premier tat si nous nen avons pas une juste ide? Cest cependant
notre devoir, car tous nos travaux ont pour but de racqurir les
connaissances que nous avons eu le malheur de perdre par la
prvarication de notre premier pre.
Lunivers tait cr, tous les tres qui le composent remplissaient
dj les lois de leur manation, telles que la divine Sagesse les
leurs avaient prescrites; tous les corps occupaient leurs places,
quand lEternel lmana, lhomme, ou Adam, ou homme roux ou raux, qui
signifie tre rehauss en gloire spirituelle divine. Il lmana dans un
corps de gloire incorruptible, qui ntait assujetti aucune influence
de la partie lmentaire; il ny avait besoin daucune espce daliment
pour sa forme, qui tait toute spirituelle; lesprit le plus pur de
laxe feu central navait pas plus de prise sur cette forme que celui
qui opre sur la partie la plus grossire de la matire, puisquun
corps de gloire nest autre chose que la forme apparente dun pur
esprit, quil prend sa volont et quil quitte de mme en devenant
esprit pur et simple. Cette forme tait semblable de figure celle
que nous avons prsent. Le triangle quilatral, premire image qui
apparut dans limagination pensante de lEternel, tait cette mme
forme; elle ntait diffrente de celle que nous avons que dans la
nature: lune tait glorieuse, spirituelle et
impassive[footnoteRef:5], et lautre est tnbreuse, matrielle et
passive. [5: Impassif : "Qui ne subit rien". A. Impassible. B.
Inaltrable.Impassible: A. - [Ide de souffrance]. 1. "Qui n'est pas
susceptible de souffrir". 2. "Qui reste insensible la souffrance".
3. "Qu'il est impossible de souffrir, de supporter". B. - [Ide
d'altration] "Qui n'est pas susceptible de s'altrer"]
LEternel avait tout cr pour cet homme, qui il donna le nom
dhomme-dieu de la terre. Aprs lui avoir fait manifester son immense
puissance sur tout cet univers cr qui lui obit avec respect, il lui
donna sa loi, son prcepte et son commandement pour pouvoir oprer
envers et contre les premiers esprits pervers; il linstruisit du
but de son manation, qui devait tre dattaquer, combattre et rduire
dans la plus grande privation les premiers esprits pervers et oprer
par l leur rconciliation; il devait, enfin, faire en leur faveur ce
quils ont depuis, et quils font encore, contre lhomme, en le
sduisant et lentrainant dans les piges derreur et de sduction
impure quils employent contre lui pour le porter au mal. Adam
devait les porter au bien par les diffrents travaux quil devait
oprer sur eux. Il avait reu de lEternel un verbe de postrit de Dieu
semblable lui, par lequel il se serait vu renatre, en faisant
descendre dans des formes glorieuses semblables la sienne un tre
spirituel divin que lEternel aurait envoy: Adam aurait opr par son
verbe un corps de gloire dans lequel lEternel aurait fait descendre
un esprit. Ainsi lopration dAdam naurait fait quun avec lEternel,
et il se serait vu renatre dans une postrit de Dieu, dont toute la
gloire aurait fait ladmiration des cieux et de la terre.
Lon pourrait peut-tre me demander comment un verbe peut produire
une forme. Je rpondrais que lEternel tant un pur esprit, sans
espace, sans borne et sans tendue, puisquil est infini, ne peut
maner des tres spirituels divins et des formes apparentes que par
sa pense toute-puissante. Or lesprit quil mane est certainement
verbe, ainsi quon peut le considrer: la pense enfante la volont, et
la volont le verbe. Il nen est point de la Divinit comme des tres
borns: tout verbe en lEternel est un esprit, au lieu que, chez tous
les tres mans, tout verbe nest quune action de ce mme esprit. Nulle
pense en la Divinit ne peut rester sans action. Or, tout tre quelle
mane hors delle-mme tant dou de sa part des facults ncessaires pour
manifester sa volont, a inn en lui un verbe par lequel il doit la
manifester. Ce verbe est si intimement li son tre quil est cens tre
lui-mme; ce que je vais expliquer dans un plus grand dtail avant
daller plus avant.
Le Verbe ternel de la Divinit, rsidant de toute ternit en union
intime avec la Divinit Dieu le Pre, puisquil est son action directe
et est ainsi la Divinit mme, ainsi que le Saint-Esprit qui est
laction ternelle de lun et de lautre, ne doit point tre confondu
avec aucune espce dmanation, puisque ce sont les essences de la
Divinit. Mais tout tre spirituel divin, tant man de la Divinit, est
considr comme ayant inn en lui le verbe de son manation, comme tant
venu de la triple essence de la Divinit. Par son manation du Pre
ternel, il a inne en lui la pense; par celle du Fils ternel, ou du
Verbe, il a aussi son verbe; et par celle du Saint-Esprit, il a son
action. Ce verbe est si intimement inn en lui que cest lui qui
constitue la loi, le prcepte et le commandement quil doit suivre;
il contient en lui le nombre qui, tant co-ternel, fait lopration de
la pense du Pre, de la volont du Fils, et de laction de lEsprit.
Cest ce que lEcriture veut dire, quand elle dit: Les cieux et la
terre passeront, mais mes verbes ne passeront point; parce que
toute manation est ternelle: 1) par la pense, 2) par le verbe, 3)
par le nombre, et 4) par lessence mme qui la compose, qui tant
spirituelle divine, se trouve avoir innes en elle quatre facults
ternelles, puisquelle est une manation de la quatriple essence de
la Divinit. Un verbe proprement dit est un esprit, car la Divinit
ne manifeste sa pense toute-puissante que par des esprits. Or,
pensant ncessairement toujours il mane donc aussi ncessairement
sans cesse des esprits, qui il cre des vertus, des puissances et
des proprits, ce que lui donne le nom de lEternel Crateur. Adam
avait t fait dpositaire, de par lEternel, dun de ses verbes de
cration de forme glorieuse, dans laquelle lEternel aurait fait
descendre un esprit divin semblable, et il se serait vu ainsi
renatre dans une postrit de Dieu.
Adam ayant manifest, par lordre et en la prsence de lEternel,
limmense puissance dont il tait revtu, fut laiss seul par la
Divinit, pour oprer la force, vertu et puissance dont il tait
revtu. Adam connaissait parfaitement le but de son manation, il
savait quil tait venu pour combattre sans cesse le mauvais dmon, et
pour oprer en sa faveur. Adam, laiss seul, commena de rflchir sur
limmense puissance dont il tait revtu, quil crut gale celle de la
Divinit mme, et, dans cette perplexit, il voulut lire dans
limmensit divine, chose qui lui avait t dfendue par la Divinit, qui
lui avait dit expressment de ny lire jamais que par sa
participation ou par son ordre. (Cette immensit divine est
incomprhensible tout tre man, puisquil faut tre Dieu mme pour la
comprendre). Ces recherches inconsidres plongrent Adam dans une
perplexit, ne pouvant pas dfinir ce quil ne lui avait pas t permis
de lire. La pense quAdam avait de lire dans limmensit divine ne
tarda pas un instant dtre connue des premiers esprits pervers.
Avant daller plus avant, je dirai quAdam avait t man au centre
des six circonfrences spirituelles divines, dont il tait le centre,
et qui lui faisaient sentir par l quil tait fait pour commander
tout cet univers. Il habitait le centre du paradis terrestre, qui
nest autre chose que le centre des cieux, puisquun corps de gloire,
tant spirituel, na pas besoin de base solide pour le soutenir. Les
diffrents fruits quon a attribus allgoriquement ce paradis ne sont
autre chose que ceux que lEternel attendait de ce premier homme,
sil et suivi le plan de son manation. Ils reprsentent encore quAdam
ntait susceptible dtre nourri par aucun des fruits crasses de cette
matire, mais quil ntait aliment que de fruits purement spirituels
divins de sa nature, car un esprit pur et simple, tel qutait Adam
ne boit ni ne mange pour entretenir sa forme, puisquil la quitte et
la reprend quand il lui plat. Le paradis de la terre, ou terrestre,
nest donc autre chose que le centre des cieux dAdam devait habiter
avec toute sa postrit, sil navait point prvariqu, et les premiers
esprits pervers auraient habit alors la partie infrieure, ou la
terre, o ils auraient t renferms dans des formes de matire
apparente peu prs semblables celles que nous avons. Il nest pas
douteux que, si Adam avait [sic] rest fidle la loi de lEternel, il
net t un mdiateur de rconciliation en faveur de ces premiers
esprits pervers. La premire loge qui se tint dans lunivers fut
celle du Crateur, de son Fils divin sous le nom dHly, et Adam. Ils
la tinrent pour conclure la forme quils donneraient aux premiers
esprits pervers. Adam devait donc bien sentir que tout le plan de
cette loi quon allait donner ces tres prvaricateurs, dpendait de la
force avec laquelle il les repousserait dans son combat, puisque le
chef des dmons, ayant conu la pense impie dattaquer la Divinit mme,
attaquerait sans doute les tres mans qui en proviendraient, et
ctait positivement sur ce combat quAdam avait t dou de la divinit,
dune puissance immense pour lui rsister et le contenir.
Adam, tant en aspect de la divinit, lisait alors la pense de
lEternel; il lisait aussi celle de lesprit pervers; parce que
desprit esprit pur et simple il ny a rien de cach. Il nen est pas
ce quil en est parmi les hommes, qui cachent leurs penses et qui
les masques par des paroles souvent opposes. Devant lesprit, tout
est sans voile, sans nuage et dcouvert. Voil pourquoi le langage de
lesprit bon est incomprhensible aux hommes de matires, parce que,
par leur jonction impure avec lesprit mauvais, ils reoivent sans
cesse de nouveaux voiles qui leur cachent la vrit. Cest ce voile
dabomination qui rend tout homme qui sen laisse couvrir, homme
derreur, de doutes, dobscurit, et le conduit dfinitivement dans la
privation ternelle, en lui persuadant quil suit la loi de lEternel,
ainsi que le dmon le persuada Adam. Car, si lesprit mauvais
dmontrait lhomme toute lhorreur de ses penses, il ne sen laisserait
pas sduire, mais cest par une foule de prestiges quil sait tre
susceptibles de plaire par la volont mauvaise de ltre spirituel
quil attaque, quil sduit insensiblement les sens de sa matire, et
ensuite ltre divin.
Je suppose un homme qui contemple dcouvert un endroit de dlices,
dont toutes les beauts runies causent un ravissement son me; je
suppose que cet homme ait reu pour loi davoir toujours les yeux
vers ce lieu, et que ds linstant quil se laissera sduire pour
regarder ailleurs, il cessera alors de voir le lieu de dlices.
Quelquun lappelle derrire lui, et lui dit de dtourner la tte, quil
y a un autre lieu plus agrable que le premier. Cet homme est libre,
il contemple cet endroit, et il voit bien que rien ne peut lgaler.
Mais, enfin, de sa pleine volont, se laissant sduire, il tourne la
tte: au lieu de voir un endroit de dlices, il ne voit que des
objets dhorreur! Il veut retourner la vue de son premier objet,
mais on a mis un mur de dix pieds dpaisseur qui lui en empche la
vue. Demandez-lui maintenant quil vous donne le plan de ce premier
lieu: il lui sera bien difficile; il viendra mme, par lloignement o
il en est, douter de ce que lui diront ceux qui le voyent dans ce
moment.
Adam avait son libre-arbitre, ainsi que les premiers esprits
pervers: puisquil venait oprer sur eux une justice, il tait de la
nature quil ft dou de la facult par laquelle les premiers esprits
pervers avaient pch, pour leur servir dexemple, dinstruction et de
leon vivante qui aurait opr sur eux un changement considrable. En
resserrant de plus en plus laction mauvaise de ces premiers esprits
et leur servant dintelligence bonne, il les aurait ramens
insensiblement un changement daction, ou une rgnration puisque tout
esprit qui change de loi change ncessairement daction. Car, si le
chef des esprits pervers venait changer, en adoptant la loi de
lEternel, il ne serait plus question de mal dans toute ltendue de
cet univers, puisquil est larbre de vie du mal; non quil soit le
mal mme: puisque par son manation il a inne en lui la loi de
lEternel, il ne peut quenfanter le mal, et non le crer daucune
espce de manire toute cration appartenant ncessairement Dieu,
Eternel Crateur. Les esprits pervers ne peuvent quenfanter des
actions opposes au bien; ce qui se fait toujours en eux avec une
diminution considrable de leur action, puisque, le souverain bien
existant ncessairement dans la Divinit, et le possible du mal ny
ayant jamais t, il est dune ncessit absolue que tout tre
particulier qui veut attaquer lEtre ncessaire deviennent le plus
faible de tous les tres. Puisquagissant par des principes opposs
ceux qui sont inns en lui il sent au moment mme de ses victoires,
des combats au-dedans de lui-mme, qui lhumilient plus que ses
victoires ne peuvent lenorgueillir. Ces combats proviennent de la
conviction parfaite, quil ne peut pas dtruire en lui, que tout ce
quil fait est oppos sa nature mme dtre spirituel divin, et par le
manque de satisfaction o il est quil nest que le partage de ceux
qui suivent les lois de lEtre ncessaire; ce que lon peut considrer
par la vie des hommes dici-bas, qui noprent le mal quavec peine et
travail, et ne trouvent quun vide affreux aprs la russite des
entreprises mauvaises, desquelles ils se sont promis les plus
grandes satisfactions. Cest cet tat malheureux de lhomme qui en a
conduit beaucoup dans le dsespoir au moment mme que leurs
semblables guids par la mme erreur, les croyaient au fate du
bonheur. Rien ne peut dtruire, je le rpte, la nature des lois que
lEternel a tablies. Tout tre qui sen carte est le plus malheureux
des tres, parce que la nature conspire contre lui, tout tant fond
sur le bien. Il devient alors le double rceptacle du mal et du
bien: du mal quil opre avec peine, et du bien qui fait son
supplice, puisquil ne peut jamais dtruire ce qui est inn en
lui.
Lon peut voir, par tout ce que je viens de dire, que lorigine du
mal ne doit point tre considre comme tant louvrage mme daucun
esprit qui soit le mal mme; il nest proprement que la volont,
oppose celle de lEtre ncessaire, qui enfante le mal. Cest cet
enfantement du mal qui fait voir le peu de solidit de toutes les
recherches des hommes sur des objets opposs leur nature,
puisquelles ne tendent toutes qu les rendre les tres les plus
malheureux de la nature, en les unissant aux professeurs du mal; ce
qui se voit tous les jours sous nos yeux par la malheureuse
conduite des hommes, qui, se laissant conduire par ce quon appelle
vulgairement les passions, et que nous nommons le mauvais
intellect, cherchent cependant dans ces tnbres la lumire, et ne la
trouvent jamais, semblables ces vaisseaux qui, dans la guerre, se
croyant, par le dfaut de leur estime, en pleine mer et qui voyant
quelques feux, les ont pris pour des navires, et, cinglant sur eux
pleine voile, ne croyant jamais arriver temps, nont trouv que des
rochers dune cte escarpe, sur lesquels ils se sont briss, et ont
trouv la mort dans ce quils croyaient devoir faire leur bonheur
dans cette vie. Cette image est celle de tout homme qui se laisse
sduire par notre commun ennemi, dont tout le travail consiste faire
paratre aux hommes ses lois dabomination aussi claires que les lois
spirituelles divines.
Mais lhomme a de puissantes armes lui opposer. Les plus
puissantes sont celles de la prire: cest par elle que lhomme sunit
plus particulirement laction infinie du Saint-Esprit, qui lui
communique une force suprieure toutes celles de ses ennemis. Aprs
la prire, je mets la rgularit de la conduite, car il est bien
difficile de pouvoir sapprocher du feu sans se brler. La troisime
sont [sic] les bonnes oeuvres, qui sont proprement celui qui les
fait, puisquelles lui procurent un fruit inaltrable de grces de
lEternel; qui le conduisent enfin, mme ds cette vie, labris de
toutes les attaques de ses ennemis. Ce que je prie lEternel de nous
accorder tous. A lui soit gloire, honneur et louanges par tout tre
man et cr, aux sicles des sicles. Amen. Amen. Amen. Amen. Septime
Instruction: De la prvarication de lhommeMes frres,
Aprs vous avoir retrac ltat glorieux de notre premier pre, nous
allons examiner celui o il tomb par sa prvarication.
Il avait t man pour manifester la plus grande gloire de
lEternel, et il voulut manifester sa puissance pour sa satisfaction
particulire, en se laissant sduire par son ennemi qui lui
communiqua un plan tout oppos celui des lois de lEternel. Adam se
revtit de la puissance dmoniaque pour attaquer lEternel et commit
son crime en prsence des esprits pervers et leur prjudice, puisque,
comme je lai dj dit, il avait t man pour oprer en faveur de ces
premiers esprits un culte de rconciliation[footnoteRef:6]. [6:
Rconciliation : Se dit de l'absolution qu'on reoit de ses pchers au
Sacrement de Pnitence, laquelle fait entrer le pcheur en grce,
& le rconcilie.Rconcilier : se dit en termes de dvotion, des
Hrtiques qui abjurent leur hrsie, qui rentrent dans le giron de
l'glise ; & des pcheurs qui rentrent en grce par le moyen du
Sacrement de Pnitence. La bont de Dieu nous donne des grces pour
nous rconcilier avec lui.Rconcilier : se dit d'une seconde
confession qu'on fait pour tre plus pur et plus net, avant de se
prsenter la communion, soit en s'accusant de quelques lger pchers
omis, sois qu'on les ait commis de nouveau depuis la dernire
confession. Dans l'ancienne Eglise, il fallait avoir accompli le
temps de pnitence, pour tre rconcili par l'imposition des mains et
l'absolution de l'Evque.]
Adam, prcipit par la justice de lEternel du centre des rgions
clestes, fut contraint daller se revtir dans les abmes de la terre
dune forme semblable celle que nous avons: il devint sombre et
tnbreux par son crime et par la nudit o il se trouva avec la
compagne et lobjet de son malheur, par le dpouillement que Dieu lui
fit de son corps de gloire, ainsi que lEcriture, parlant
emblmatiquement, dit que Dieu leur fit des habits. Or, lhabit quil
leur fit nest autre chose que celui de la forme apparente qui
couvre notre tre spirituel divin, ou notre me.
Dieu les chassa du paradis terrestre, ou du ciel, pour venir
ramper sur la terre, comme le reste des animaux, et les assujettit
au temps. Cest cet assujettissement qui fit sentir Adam toute
lhorreur de son crime, puisque dans son premier tat de gloire, tant
tre pensant en la Divinit, il ne connaissait aucun obstacle pour se
communiquer elle; au lieu que dans son corps second de matire, il
se trouve assujetti aux attaques de lintellect qui vient sans cesse
attaquer le cours de sa forme apparente, pour attaquer ensuite, ds
quil sen est rendu matre, ltre spirituel quelle renferme. Or,
pendant que lme fait ce combat, elle nest point pensante, mais
pensive. Il nen tait point de mme dAdam, qui ayant reu de la
Divinit un corps de gloire incorruptible recevait communication de
la pense de lEternel par un tre suprieur que Dieu lui envoyait sous
une forme apparente et qui lui communiquait sans aucun voile sa
volont; au lieu qutant devenu pensif par le travail quil est oblig
de faire sans cesse contre lintellect mauvais, il ne peut plus tre
pensant que par temps par lunion intime avec lesprit.
Or, cette union nest que la rcompense de la force avec laquelle
il repousse lintellect mauvais, ce qui satisfait la justice de
lEternel relativement au crime de notre premier pre, puisque ltre
de la terre qui a joui le plus de lunion de lesprit doit
ncessairement tre celui qui en a senti le plus la privation,
puisque pendant le temps quil a livr combat contre le mauvais, son
me tait dans le ptiment de la privation et de la crainte, qui est
ce que nous appelons peine desprit: de la privation par lloignement
de lesprit bon et lapproche du mauvais, et de crainte par la
terreur o est lhomme de tomber en proie son ennemi.
Or, cest la fidlit du mineur dans cette bataille spirituelle qui
a fait les aptres et les prophtes, et cest elle encore qui fait les
sages. Ltre pensant est directement dans la Divinit, au lieu que
ltre pensif ny peut jamais lire quand il est pensif, puisqui est en
privation. Lhomme est donc maintenant pensif, puisquil est en
privation. Lhomme est donc maintenant pensif et pensant; pensif par
lassujettissement o il est de faire un combat dexpiation, et
pensant par la rcompense que Dieu accorde ses victoires en
lunissant intimement lesprit par lequel il lit alors dans la
Divinit. Si chacun de nous veut observer ce qui se passe
journellement sur lui, il sentira la certitude de ce que je viens
de dire.
Cette chute dAdam, telle quelle est qualifie dans lEcriture, o
il est dit que Dieu lui avait dit de manger de tout fruit du
paradis terrestre lexception du fruit de larbre de vie de la
science du bien ou du mal. Larbre de vie ntait autre chose que le
chef dmoniaque, qui est larbre de vie du mal pour une ternit. Cest,
en effet, pour avoir mang de son fruit, ou pour avoir retenu
impression de sa pense mauvaise, puisque, comme je lai dit
ci-dessus, Adam tait un pur esprit qui ne buvait ni ne mangeait
aucune nourriture lmentaire, mais il tait aliment dune nourriture
toute spirituelle divine de sa nature. Le fruit dfendu ntait autre
chose que la pense dmoniaque quAdam reut et qui lui donna la mort,
en le mettant en privation de la communication spirituelle divine,
et par laquelle il attaqua, avec ses adhrents, la Divinit.
Cest ce crime horrible qui lui fit sentir sa nudit, puisqu peine
leut-il commis quil fut dpouill de son corps de gloire et fut chass
du ciel, ou du paradis terrestre, et vint ramper sur la terre comme
le reste des animaux. Adam sentit un trouble inconcevable dans sa
forme de matire. LEsprit bon compagnon lui reprsentait sans cesse
lhorreur de son crime, en lui offrant sans cesse limage. Adam conut
le plus amer repentir et commena sa pnitence qui dura quarante
jours pendant lesquels il ne cessa de gmir avec sa compagne sur son
crime. Ce premier culte dexpiation fut inspir Adam par notre divin
matre Jsus-Christ, sous le nom de Hly, qui offrait lui-mme Dieu son
pre un culte pour que lhomme ou le mineur, ne ft point mis par la
justice de lEternel dans la privation ternelle. Sans ce culte de
lhomme divin, Adam naurait pu faire pnitence de son crime et serait
rest mineur des mineurs dmoniaques, car la pnitence ou la douleur
du pch, ne peut jamais venir directement de c