UE 83 FdL – JA, Octobre 2010 1 U N I V E R S I T É P A R I S 1 P A N T H É O N - S O R B O N N E MASTER PROFESSIONNEL /R.H. – R.S.E. M2 SPECIALITE PROFESSIONNELLE : R.H. ET RESPONSABILITE SOCIALE ENTREPRISE SEMINAIRE DE LECTURE « ACCELERATION » HARMUT ROSA ACCELERATION UNE CRITIQUE SOCIALE DU TEMPS EDITEUR : LA DECOUVERTE – COLLECTION : THEORIE CRITIQUE TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR DIDIER RENAULT AVRIL 2010 FICHE DE LECTURE REDIGEE PAR : DIDIER LE PICAUT CS 2010 INSTITUT D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES DE PARIS
fiche de lecture - Or l'accélération tous azimuts affecte les rapports sociaux et les individus, sommés d'être flexible et up to date, entraînant des pathologies comme le stress ou la dépression
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UE 83 FdL – JA, Octobre 2010 1
U N I V E R S I T É P A R I S 1 P A N T H É O N - S O R B O N N E
MASTER PROFESSIONNEL /R.H. – R.S.E. M2
SPECIALITE PROFESSIONNELLE : R.H. ET RESPONSABILITE SOCIALE ENTREPRISE
SEMINAIRE DE LECTURE
« ACCELERATION »
HARMUT ROSA
ACCELERATION UNE CRITIQUE SOCIALE DU TEMPS
EDITEUR : LA DECOUVERTE – COLLECTION : THEORIE CRITIQUE
TRADUIT DE L’ALLEMAND PAR DIDIER RENAULT AVRIL 2010
FICHE DE LECTURE REDIGEE PAR :
DIDIER LE PICAUT CS 2010
INSTITUT D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES DE PARIS
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1. Présentation de l’éditeur et de la collection (0.5 p maxi). Quelle est la politique éditoriale ? Quels sont les
axes principaux de cette politique ? Interrogations nécessaires pour replacer la publication de l’ouvrage dans
son contexte. S’agit-il d’un compte-rendu de recherche, d’un essai, d’une étude de consultant, … ?
Appartenant à Vivendi Universal depuis 2001, cette maison respecte le projet éditorial fondateur basé sur
l’indépendance et l’engagement à décrypter les articulations politiques, économiques, intellectuelles et
sociologiques de nos sociétés industrielles post-modernes. Aujourd’hui, elle publie des travaux, études et essais
apportant une connaissance nouvelle dans la compréhension de phénomènes économiques, sociaux et
sociologiques complexes, en s’appuyant sur la méthode de la rigueur scientifique.
La Collection Théorie Critique est dirigée par Olivier VOIROL, doctorant en sociologie (2006, E.H.E.S.S. Paris),
enseignant chercheur à l’école de Lausanne. Cette collection s’inscrit dans le projet séminal du courant de pensée
développé par l’Ecole de Francfort : l’étude « Accélération » s’inscrit dans ce sillage, et son auteur Hartmut ROSA
propose une relecture critique de l’Histoire Moderne et en particulier une critique sociale du temps.
L’ouvrage « Accélération » a été traduit de l’allemand vers le français, par l’enseignant de Philosophie et professeur
de langue allemande, Didier Renault, dans le cadre d’un programme de coopération franco-allemand entre Goethe-
Institut et la Maison des Sciences de l’Homme (Paris).
2. Présentation de l’auteur (0.5 p maxi). ‘D’ou parle-t-il’? Quel est son parcours ? Que fait-il ? A-t-il déjà publié
et quoi ?
Né en 1965, Hartmut ROSA est sociologue et philosophe, professeur à l’université Friedrich Schiller de Iéna en
Allemagne. Il appartient à une nouvelle génération d’intellectuels qui travaillent dans le sillage de la Théorie
Critique : l’Ecole de Francfort.
Depuis 1998, il axe ses recherches sur les champs de la prospective des modes de vie et du facteur 4, i.e. l’objectif de
division par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre à 2050.
Dans le champ de la Théorie Critique, Hartmut ROSA concentre l'ensemble de ses travaux de recherche scientifique
sur la question de l'accélération pour en développer une grille de lecture systémique permettant de revisiter
l'analyse politique, économique, sociologique et culturelle de l’histoire de la modernité de nos sociétés
contemporaines.
Parmi une bibliographie comportant quinze productions de connaissances nouvelles, deux textes importants sont à
retenir :
- Identität und Kulturelle Praxis. Politische Philosophie nach Charles Taylor (1998) / Campus Francfort - N.Y.,
- High-speed society. Social acceleration, Power and Modernity avec William Scheuerman (2009) / The
Pennsylvannia State University Press.
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3. Isoler la (ou les) question (s) de l’auteur (1,5p maxi). Distinguer question(s) explicite(s) et/ou question(s)
implicite(s). S’interroger sur la pertinence de la (ou les) question(s).
« L’urgence : c’est tout, plus vite et tout, tout de suite » : dans son ouvrage, Hartmut ROSA souhaite reformuler
cette parabole des temps modernes, sous forme de questionnement scientifique.
La société contemporaine est soumise à l’Accélération de l’Histoire. Selon l’auteur, ce processus clairement défini
est perçu comme un concept vague par les individus, dans le monde entier.
Hartmut ROSA construit la problématique centrale de son étude sur "une analyse critique sociale du temps". Son
analyse démarre d'une perception individuelle erronée qui est : "l'histoire de la modernité s'explique par le processus
de l'accélération de l'histoire qui trouve son origine dans le fait que tout s'accélère". L'erreur provient de la méthode
d'analyse de la modernité qui a été étudiée selon les processus de rationalisation et d'individualisation. Selon l’auteur, cette erreur serait le produit du paradigme dominant des sociologues du XXe siècle préférant comme objet d’analyse les structures statiques.
D’après Hartmut ROSA, l'étude scientifique et systématique de la Vitesse et de son Accélération permet d'expliquer
la dynamique de la modernité. L'auteur construit cette explication selon une démonstration en quatre grandes
parties1 pour développer la théorie de l'accélération sociale qui pense en tout systémique l'accélération technique,
l'accélération du changement social et l'accélération du rythme de vie et dont le résultat final pour l’individu est une
expérience de stress et de frustration par manque de temps.
La grille de lecture fournie par l’auteur, c'est-à-dire une relecture critique de l’histoire de la modernité par le prisme
de l’accélération sociale, initie à l’utilisation d’un outil scientifique différent d’analyse sociale et de politique
contemporaine. L’utilisation de la question de la vitesse, au sens scientifique du terme, comme point d’entrée
d’analyse de l’étude des phénomènes économiques, sociaux et culturels permet d’explorer de nouveaux champs
d’études et de recherches inexploités.
L’auteur constate en effet que la littérature académique comporte peu d’ouvrages apportant des connaissances
nouvelles quant au traitement détaillé, systématique et scientifique de la question de la Vitesse.
Dans le champ des sciences sociales et humaines, l’étude de la philosophie de l’espace et du temps proposée par
Hartmut ROSA, donnera la possibilité au lecteur de son ouvrage de mobiliser une méthode d’analyse exigeante mais
à multiples entrées, selon son école de pensée et son parcours académique personnel. Le lecteur pourra s’interroger
sur les questions suivantes :
- Dans un système sociétal en mutabilité permanente où tout s’efface, où plus rien ne laisse de trace,
pourquoi l’accélération ne doit pas être improductive2 ?
- Pourquoi les gens ne croient plus en rien ?
- Pourquoi faut-il redonner la place au temps long ? et tout particulièrement en entreprise, pourquoi faut-il
accompagner les transformations profondes induites par la mondialisation, si rapides afin d’éviter le conflit
des acteurs pris dans le mouvement des intérêts et des injonctions contradictoires.
1 Pour se guider dans le plan d’étude détaillé, reprendre la table des matières de l’ouvrage page 11 du présent document. 2 « La communication transformative » : Pour en finir avec la société des idées vaines, Laurent Habib, septembre 2010.
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4. Synthétiser la problématique de l’auteur (2-3p). Quelle est la justification du sujet ? S’assurer de la qualité
de la littérature mobilisée. Vérifier la cohérence interne et externe. Isoler, si nécessaire, le cadre théorique
retenu et/ou l’école de pensée de l’auteur. Isoler les hypothèses et discuter de leur pertinence. Discuter de la
posture épistémologique retenue.
Cette étude systémique se termine par un point d’orgue final qui est un diagnostic pessimiste, au sens critique du
terme, « de fin de l’histoire de l’accélération ». L’Accélération recouvre de nombreux processus réels et observés au
quotidien dans nos sociétés depuis la première révolution industrielle : accélération des transports mécaniques, du
transport des données numériques, accélération des cycles production-consommation, intensification, imbrication
des vies personnelles-professionnelles et accroissement de la fréquence des évolutions socio-culturelles induites par
les sauts de ruptures technologiques.
En mobilisant les auteurs classiques de l’histoire de la pensée économique tels que MARX, WEBER et SIMMEL,
Hartmut ROSA propose des résultats primitifs définis comme suit : l’accélération ne concerne ni tout le monde, par
exemple, l’Afrique est exclue par l’absence d’un investissement capitalistique suffisant, et ni l’ensemble des
composantes de la population où elle se développe, ainsi les chômeurs de longue durée et les retraités sont de fait
écartés par leur déclassement anachronique.
Sur le critère des transformations sociales, tous les facteurs de la vie sociale n’accélèrent pas de la même façon,
notamment dans le domaine de la physiologie humaine : le terme nominal d’une grossesse est toujours de neuf
mois, même si l’âge du premier enfant recule et même si la pression de la vie professionnelle conduit la mère à
revenir de plus en plus vite à son poste de travail. En revanche, chacun peut transférer d’un clic de souris une
somme d’argent à l’autre bout de la terre pour investir dans un projet de capital risque. L’auteur en déduit un principe selon lequel le capital humain est immobile et inflexible tandis que le capital financier est parfaitement liquide en tout point du globe.
De fait, ce cycle auto-réalisateur de transformations contingentes rend obsolète le temps politique de régulation
bureaucratique des Etats qui courent continuellement après des phénomènes structurellement instantanés et
recombinés par résonance, qu’ils ne maîtrisent plus et dont l’une des nombreuses conséquences est l’effondrement
de la valeur de la parole de la personne publique.
L’auteur s’interroge sur la nature du déterminant de l’accélération sociale.
Reprenant son point de départ de la théorie classique, Hartmut ROSA distingue des déterminants anthropologiques
(la nature humaine à la recherche continue de l’efficacité dans son combat pour la survie : WEBER) ; des
Ce travail de reprise lui a permis, lors de l’étude des conséquences de ces transformations sociales provoquées par
l’accélération sociale au moment de la mutation de la modernité classique vers la modernité tardive, de réfuter
l’objectif originel du projet politique de la modernité, c'est-à-dire la promesse d’une autonomie retrouvée pour
l’individu dans sa vie de tous les jours (VIRILIO).
En questionnement final, Hartmut ROSA dépasse la démonstration centrale initiale de l'histoire de la modernité
comme histoire de l'accélération sociale pour en dégager une nouvelle question toute aussi importante : Quelles seront les limites de l’accélération ?
H0 : une accélération, un phénomène continue sans fin, sans limite ?
(Versus)
H1 : une accélération, un phénomène qui prendra fin par une action concertée de l’humanité ?
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Dans la veine de l’Ecole de la Théorie Critique3, Hartmut ROSA livre une puissante synthèse globale (posture
épistémologique retenue) où il maille les apports de connaissance scientifique en sciences sociales des principaux
auteurs dans leur champ de discipline respectif (BAUMAN, CATELLS, HABERMAS, HONNETH, MARX, NIETZSCHE,
SENNETH, SIMMEL, VIRILIO, WEBER).
Puis au fil de l’instruction d’un schéma de réponse à sa problématique centrale, il passe au crible critique les apports
théoriques et perspectives proposés par l’Ecole de la Théorie Critique qu’il qualifie de non pertinents dans la
formulation de scénarii de sortie positive du processus d’accélération sociale, c'est-à-dire dans l’identification d’un
chemin critique amenant vers le projet « l’autonomie retrouvée pour l’individu ».
Ces apports théoriques sont :
- Les propositions de MARX fondées sur l’espérance révolutionnaire prolétarienne (Ecole de la Théorie
Critique version initiale et historique),
- Les propositions de HABERMAS fondées sur l’effondrement interne de la modernité et les propositions
d’HONNETH de reconnaissance (grammaire morale des modes de reconnaissance - Ecole de la Théorie
Critique 2ème
génération).
Ces apports sont devenus obsolètes face aux conséquences des transformations sociales produites par l’immobilité
fulgurante de nos sociétés contemporaines.
3 Pour se repérer, reprendre la définition du paragraphe 2 du présent document.
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5. S’interroger sur le terrain d’analyse choisi par l’auteur (1p). Quels sont les données collectées et les
instruments de traitement retenus. Quelle est la pertinence ces choix ?
Hartmut ROSA adopte la rigueur de la posture scientifique dont l’objectif est de construire une relecture de l’histoire
de la modernité, c'est-à-dire une critique sociale du temps, par l’utilisation de la théorie de l’accélération sociale.
L’Objectif de ce diagnostic à production cumulée de connaissance dans le champ de la sociologie, et en particulier en
mobilisant les apports théoriques de l’Ecole de Francfort, est de définir et situer sociologiquement la dynamique de
l’accélération dans la trame structurelle et culturelle de la modernité. L’auteur souhaite que son processus de
déconstruction-reconstruction de l’analyse critique de l’histoire de la modernité soit contributif à une théorie
systématique de la société empiriquement fondée et à une redéfinition sociologique de la modernité. Rappelant le
critère global des sciences de la sociologie et mobilisant le processus de recherche scientifique : décrire - expliquer - prédire - contrôler, Hartmut ROSA postule que ses recherches à portée critique tentent d’ordonner et d’interpréter
des phénomènes empiriques en postulant des connexions structurelles et culturelles qui peuvent et doivent être
soumises à vérification. Selon l’auteur, le bien-fondé des réflexions centrales de son travail ne peut être validé qu’à
l’aide d’une seule méthode, parce qu’il n’existe pas de méthode dans la sociologie empirique qui permette
d’appréhender à la fois les observations corrélées entre elles, de théorie du sujet, de l’action des structures et de la
complexité de la stratification des modèles et des perspectives temporelles. En produit final, Hartmut ROSA délivre
une phénoménologie de la théorie de l’accélération pour en tirer le concept du "slipping slopes"4.
Afin d’appréhender les étapes essentielles de la démarche de recherche en sociologie, Hartmut ROSA reprend la
posture épistémologique de WEBER « l’exigence de l’honnêteté intellectuelle », c'est-à-dire éviter la subsomption
logique et la sélection, de travaux d’études qui confirment seulement l’hypothèse d’accélération, mais plutôt de
fouiller leurs résultats d’un point de vue neutre et sans plaquer sur eux des hypothèses préétablies. Pour ce faire,
l’auteur utilisera uniquement des matériaux empiriques vérifiables au travers des données primaires d’un grand
nombre de travaux de la sociologie et de la psychologie du temps. Pour vérifier l’hypothèse d’élévation du rythme de
vie, l’auteur mobilise de nombreuses informations issues des études de type « budget-temps ». Afin de tester la
modification de l’expérience du temps chez les individus, l’auteur travaille avec des investigations qualitatives
analysant les raisons des transformations de la pratique de la gestion du temps chez eux. De manière à comprendre
les transformations temporelles des modèles d’identité, l’auteur a recours aux travaux de la psychologie et de la
sociologie. Sur l’item compréhension des modifications des structures sociales de nos sociétés contemporaines,
Hartmut ROSA interprète les analyses de processus de mondialisation et de géographie du temps.
Dans l’intention d’organiser sa démonstration selon un protocole d’étude construit en quatre parties5, l’auteur
démarre son chantier en développant la théorie de l’accélération du changement, i.e. compression du présent, pour
chercher ensuite des preuves et des contre-preuves d’une transformation correspondante des rythmes de
transformation des structures sociales du temps. Une fois ces vérifications d’hypothèses opérées, Hartmut ROSA
série les preuves en tendance lourde en passant en revue l’analyse des transformations des structures de la
formation, de la profession et de la famille.
Ces résultats empiriques, dits calculés, permettent à l’auteur de réfuter la thèse universelle et vague de
l’accélération de la vie sociale. A partir de ce nouveau socle théorique, en refondant son projet de redéfinir les
relations entre théorie de la société et sciences sociales énoncés en introduction de son diagnostic (HABERMAS),
Hartmut ROSA élabore un nouveau paradigme de recherche dont le barycentre serait l’accélération dans les
structures temporelles de la société moderne. Hartmut ROSA boucle ainsi sa recherche par un retour sur les
hypothèses et l'ancrage théorique initiaux vus à travers de la paire de lunettes de la Théorie Critique de l’Ecole de
Francfort.
4 Voir la définition précisée, page 8 – paragraphe 6 du présent document.
5 Pour se guider dans le plan d’étude détaillé, reprendre la table des matières de l’ouvrage page 11 du présent document.
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6. Rappeler explicitement les principaux résultats obtenus par l’auteur au terme de son travail (2-3p) et
boucler avec l’ensemble du processus d’analyse critique : le travail proposé débouche-t-il sur un (des)
réponse(s) ? Les réponses sont-elles cohérentes avec le protocole d’études et quels rapports entretiennent-
elles avec l’état de la connaissance ?
L'histoire de la modernité est revisitée au travers de la théorie de l'accélération sociale. Le principal apport de cette théorie montre que les processus de croissance et d’accélération entrent en résonnance systémique. Afin de décrypter la question fondamentale d'une critique sociale du temps, des conséquences sur le projet de
modernité et d'en dégager une réponse éclairée, Hartmut ROSA organise une relecture des résultats empiriques
issus du processus des transformations produites par l'immobilité fulgurante dans son dernier état de la modernité
tardive, afin de les dépasser, de les mettre en perspective et enfin d’objectiver un scénario prospectif peu optimiste,
i.e. au sens de critiquable, d'un modèle final spécifié.
Selon l'auteur, la théorie de l'accélération contient dans ses gènes les conditions d'une mise à jour renouvelée de la
sourde violence normative des structures temporelles qui engendre des pathologies de souffrance aussi bien
individuelles que collectives (sentiment de stress - frustration) :
"... on a plus le temps pour ce qui compte réellement dans la vie de façon indépendante des ressources de temps
libre p. 367... La théorie de l'accélération amène les individus à vouloir ce qu'ils ne veulent pas... p. 368".
Ce résultat est légitimé au travers du cadre de la dialectique proposée par Karl MARX6 entre des forces
d’accélération et des institutions vouées à dépérir dès lors qu’elles deviennent un frein aux forces d’accélération :
"… l'accélération sociale doit être comprise à la fois comme un principe fondamental irréductible et
tendanciellement dominant de la modernité et de la modernisation et ce pour trois raisons qui sont reliées entre
elles... p. 348".
Raison 1 : avec le delta croissance comptable par unité de temps, l'accélération sociale relie les produits dérivés des
composantes structure, culture, personnalité et relation à la nature.
Raison 2 : l'accélération sociale devient une clé de lecture des modifications historiques observées, des individus et
des sociétés qui dans la modernité tardive acquièrent un positionnement biographique situatif (ch. 11 & 12) ==> cf.
figure 15 - les processus de modernisation - P. 347.
Raison 3 : les conséquences de l'accélération sociale dans le rapport de la perception au temps provoquent chez les
individus et sociétés un double processus de transformation de temporalisation et de détemporalisation (i.e.
l'immobilité fulgurante) ==> cf. figure 16 - dialectique de la temporalisation et de la détemporalisation - P. 352.
Selon Hartmut ROSA, la fin de l'histoire temporalisée de la modernité provoque la remise en cause du projet
politique de la modernité, c’est à dire l'effacement de la promesse d'autonomie individuelle retrouvée par la
domestication de la nature à l'aide de l'accélération technique et la domestication des transformations sociales par
le pouvoir normatif de la bureaucratie politique. Croissance et accélération se sont retournées contre le projet originel de modernité.
L'individu est plongé dans un fatalisme de l'immobilité fulgurante (un lac frénétique en surface et pétrifié en
profondeur). Dans la compression de l'instant présent, l'individu n'a plus le temps de faire l'essentiel, sa vie n'a pas
de sens, plus de sens. En résultat final, l'inertie, la pétrification sociale l'a emportée sur le mouvement.
6 I.e. dialectique des forces productives et des rapports de production.
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Dans nos sociétés contemporaines, nous sommes condamnés au "slipping slopes" pour éviter l'immobilité fulgurante
: la compression et l'instabilité du temps présent nous positionnent sur des pentes qui s'éboulent, nous dansons de
plus en plus vite simplement pour rester au même endroit.
D’après l'auteur, la mondialisation, qui est le dernier état observable et contemporain de la modernité avancée, est
un train sans frein dévastant tout sur son passage et les individus dépressifs sont devenus les sismographes les plus
sensibles de l'accélération et de la transformation sociale enregistrées.
Enfin, sa conclusion se veut manifestement tournée vers une voie de résolution qui est sortie du champ contextuel
théorique de l’Ecole de la Théorie Critique dernière livrée et Hartmut ROSA encourage au développement de
recherches à portée critique qui auraient pour objet d’éviter que le projet de la modernité soit radicalement menacé
par l’accélération.
Hartmut ROSA7 indique que l'étude sociologique des conséquences du processus d'accélération sociale et des
transformations sociales associées devrait permettre d'identifier et de mettre au point un système intelligent de
contre-mesures capable de gérer toutes les conséquences de l'accélération sociale, dont nos sociétés modernes et
leurs décideurs commencent seulement et à peine de prendre la véritable mesure.
(Pages 373-374 : hypothèse du rôle de la sociologie contemporaine formulée par le sociologue Pierre Bourdieu).
Le format et la nature de la question finale posée par Hartmut ROSA constituent un questionnement fondamental en
science de l’étude de la vitesse et en particulier en dromologie8. Sa portée en tant qu’activateur de connaissance
académique nouvelle est pertinente puisqu’elle permet d’articuler dans une fertilisation croisée des apports issus
des sciences humaines et sociales (selon les critères de spécificités, identité, unicité) avec des apports de sciences de
gestion (selon les critères de légitimité, frontières, particularités). En revenant et mobilisant le point de vue de Pierre
Bourdieu, c’est une façon pour l’auteur de se réinscrire dans le projet séminal du courant de pensée développé par
l’Ecole de Francfort tout en proposant une refondation : c'est-à-dire, produire une analyse critique des sciences sociales dans une perspective néo-marxiste.
7 Par analyse des similarités : l'étude de la loi de gravitation qui donna naissance à l'avion comme système permettant de combattre les effets de la gravité. 8 Définition de la dromologie (Paul VIRILIO) : Etude du rôle joué par la vitesse dans les sociétés modernes.
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7. Et si le lecteur reprenait la question de l’auteur (1p) ? Quelles seraient les modifications qu’il pourrait
apporter à l’ouvrage dans sa conception, dans son organisation, dans ses références, dans son terrain,
Selon Hartmut ROSA, l'accélération auto-réalisatrice est étroitement liée à l'analyse économique du temps du travail
de Marx : "Le temps, c'est de l'argent : le moteur économique (1er moteur)". La survie du capitalisme dans la société
industrielle impose que la vitesse devienne une nécessité absolue. A l'aide de ce paradigme dominant, Hartmut
ROSA fouille la dynamique de l'accélération sociale comme fonction de la dynamique de croissance, elle même
fonction d'une croissance quantitative par unité de temps. L'auteur étend ces principes à la vitesse de rotation du
Capital pour prouver par des faits empiriques que la révolution de l'horloge (Taylorisme) induit l'accélération du
commerce et du transport qui ont précédé historiquement l'accélération de la production.
Mais y-a-t-il une accélération de l’histoire9 ?
Selon Reinhardt KOSELLECK, historien allemand moderniste et contemporanéiste, il faut être prudent quant à la datation du début du processus d’accélération sociale (date de naissance de la modernité). Selon les auteurs
classiques de l’histoire de la pensée économique, l’accélération sociale débute réellement avec la Révolution
française et la Révolution industrielle, qui mettent fin à un ordre des choses longtemps considéré comme
immuable… En revanche selon KOSELLECK, l’accélération de l’histoire est une forme de sécularisation de la
problématique judéo-chrétienne de l’apocalypse et de la vie future, instrumentalisée par des mouvements politiques
aux projets révolutionnaires.
P. 131 : «… l’imbrication avec la tradition apocalyptique du discours sur l’accélération de l’Histoire refait toujours
surface, sous divers artifices, lorsqu’il s’agit de donner une fin à l’Histoire, dont l’humanité se doit de hâter la venue
… »
En prenant comme point départ le point zéro de l’échelle des temps du projet politique séminal de la Théorie
Critique «… produire une analyse critique des sciences sociales dans une perspective néo-marxiste … » pour
développer sa théorie de l’accélération sociale, Hartmut ROSA n’a-t-il pas introduit un biais d’analyse ? N’est-il pas
victime de sa propre paire de lunettes ?
Lors de la délivrance de sa première série de résultats primitifs, Hartmut ROSA indique que l’accélération ne
concerne ni tout le monde ni l’ensemble des composantes de la population où elle se développe : notamment sur la
géographie de l’accélération sociale, où par exemple le continent Afrique est exclu par absence d’un investissement
capitalistique suffisant.
Le botaniste dendrologue Francis Hallé10
propose une toute autre analyse notamment fondée sur la perception du
temps dans les basses latitudes des tropiques (23° Nord / 23° Sud). Il défend une hypothèse biologique fondée sur la
sensibilité de l'homme aux variations de longueur des jours, le principe du photopériodisme. Celle-ci expliquerait les
différences comportementales qui, entre les tropiques et les latitudes tempérées, influencent profondément les
structures psychologiques, les progrès scientifiques et les constructions sociales. Selon ce scientifique, les
révolutions sociales sont une pathologie de nos sociétés en zone tempérée et elles trouvent leur origine dans la
gestion d’un temps long linéaire propice à l’accumulation des maux des hommes qui cristallisent leurs pensées dans
le geste révolutionnaire. Pour preuve, la date symbolique de la prise de la bastille du 14 juillet 1789, qui est une
journée particulièrement longue en terme de lumière. Dans la zone délimitée entre les tropiques nord et sud, la
gestion du temps se veut circulaire avec un apprentissage de la structure sociale du temps basé sur la répétition des
situations, des événements.
Cette accumulation d’expériences permet aux individus, de dégager des oasis de décélération et de se prémunir de
l’accumulation capitalistique. Selon Francis Hallé, il n’y a de richesse que d’homme, et sa théorie de l’analyse de la
structure sociale du temps et de sa décélération sont opposables aux conceptions théoriques développées dans le
modèle d’Hartmut ROSA.
9 Reinhardt Koselleck « Gibet es eine Beschleunigung der Geschichte ? », in Zeitschichten : Studien zur Historik, Suhrkamp Verlag, Francfort, 2000.
10 Francis Hallé, botaniste, auteur de « La condition tropicale » (Actes Sud, 2010).
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ANNEXES
Sommaire, in extenso page 11
Résumé de l’ouvrage page 13
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TABLE DES MATIERES
5
Ch. 1. Introduction 13
Les structures temporelles dans la société 13
Deux diagnostics de l’époque actuelle ? 28
Réflexions préliminaires pour une théorie de l’accélération sociale 36
PARTIE I /Les fondements conceptuels d’une théorie de l’accélération sociale
Ch. 2. De l’amour du mouvement à la loi de l’accélération : regards sur la modernité 53
L’accélération et la culture de la modernité 53
Modernisation, accélération et théorie sociale 66
Ch. 3. Qu’est-ce que l’accélération sociale ? 85
Réflexion préliminaire : accélération et intensification 85
Trois dimensions de l’accélération sociale 94
Cinq formes de l’inertie 105
Sur la relation entre le mouvement et l’inertie dans la modernité 116
PARTIE II / Effets et manifestations : une phénoménologie de l’accélération sociale
Ch. 4. Accélération technique et révolution du régime spatio-temporel 125
Ch. 5. Des pentes qui s’éboulent : l’accélération du changement social et l’augmentation des contingences 137
Ch. 6. L’accélération du rythme de vie et les paradoxes de l’expérience du temps 151
Paramètres objectifs : l’augmentation de la vitesse d’action 153
Paramètres subjectifs : la pression temporelle et l’expérience du temps déchaîné 164
Structures temporelles et rapport à soi 180
PARTIE III / Causes
Ch. 7. L’accélération sociale comme processus autoalimenté : la spirale de l’accélération 187
Ch. 8. Accélération et croissance : les forces motrices externes de l’accélération sociale 199
Le temps, c’est de l’argent : le moteur économique 200
La promesse de l’accélération : le moteur culturel 215
La temporalisation de la complexité : le moteur sociostructurel 227
Ch. 9. Pouvoir, guerre et vitesse - l’État et l’armée comme facteurs institutionnels centraux de l’accélération 241
Ch. 11. Identité situative : des flâneurs et des joueurs 275
La dynamisation de soi dans les temps modernes 275
De l’identité substantielle à l’identité stable a posteriori : la temporalisation de la vie 278
De l’identité permanente à l’identité situative : la temporalisation du temps 283
Ch. 12. Politique situative : des horizons temporels paradoxaux entre désynchronisation et désintégration 307
Le temps dans la politique ? la politique dans le temps 307
La temporalisation de l’histoire dans la modernité 311
Des horizons temporels paradoxaux : la détemporalisation de l’histoire dans la modernité avancée 316
Ch. 13. Accélération et pétrification : une tentative de redéfinition de la modernité 337
363
375
377
411Notes
En guise d’avant-propos
Conclusion
Une immobilité fulgurante ? La fin de l’histoire
Remerciements
Bibliographie
UE 83 FdL – JA, Octobre 2010 12
Résumé
RESUME / DEMARCHE / IDEES CLEFS
Deux histoires courtes sont uti l isées afin de présenter la thèse centrale de l 'ouvrage : dans nos sociétés modernes chacun d'entre nous n'a plus le temps de rien faire d'essentiel pour
sa vie alors que l 'introduction de techniques nouvelles nous en fait économiser toujours plus. Il faut décrypter ce paradoxe d'accélération permanente. Première histoire : Dans la
vi l le artisanale de Kairos, le copiste Patience croit dans une vie future meil leure, par la promesse d'un temps gagné l ié à l 'introduction de technique nouvelle au sein de la société
devenue industrielle. In fine, le résultat temporel net final est négatif, puisque le temps épargné par ces techniques est consommé par le temps de travail nécessaire à la production de
ces dernières. Deuxième histoire : Un entrepreneur s'accordant un "oasis de décélération, des vacances" propose à un pêcheur à la l igne pauvre la promesse d'une vie meil leure par la
mise en œuvre d'un projet d'entreprise de pêche industrielle. En conclusion circulaire de l 'échange pêcheur et entrepreneur, le seul gain net de ce projet pour le pêcheur-entrepreneur,
s'i l réussit, est que notre pêcheur initial pourrait s'accorder un moment de temps l ibre pour pêcher...
Ch. 1. Introduction
Hartmut ROSA construit la problématique centrale de son étude "une analyse critique sociale du temps". Démarrant d'une perception individuelle erronée "l 'histoire de la modernité
s'explique par le processus de l 'accélération de l 'histoire qui trouve son origine dans le fait que tout s'accélère ?". L'erreur vient dans la méthode d'analyse de la modernité qui a été
étudiée selon les processus de rationalisation et d'individualisation. Selon Hartmut ROSA, l 'étude scientifique et systématique de la vitesse et de son accélération permet d'expliquer
la dynamique de la modernité. L'auteur construit cette explication selon une démonstration en quatre grandes parties pour développer la théorie de l 'accélération sociale qui pense en
tout systémique, l 'accélération technique, l 'accélération du changement social, l 'accélération du rythme de vie et qui a pour résultat individuel une expérience de stress et de
frustration par manque de temps.
TABLE DES MATIERES
En guise d’avant-propos
PARTIE
Ch.2. De l’amour du mouvement à la loi de
l’accélération : regards sur la modernité
Différentes formes d'accélérations sociales sont observées depuis la révolution industrielle avec l 'introduction d'innovation mécanique (1890- 1910) jusqu'au concept actualisé le
plus abouti de mondialisation. La mondialisation s'explique par une accélération de la vitesse des transactions financières rendue possible par une accélération de la vitesse de
transfert des données numériques. Entre ces 2 bornes, l 'accélération du changement social s'explique par un accélération technique du processus d'accumulation dans un temps
l inéaire de plus en plus court. L'auteur déconstruit les composantes du concept de modernité en mobil isant quatre entrées de lecture d'auteur classique de l 'histoire de la pensée
économique : Marx > l 'accélération sociale est l iée au capitalisme industriel qui grâce au capital "volati lise tout ce qui est solide et bien établi" - Weber > accélération du temps
engendre un processus de rationalisation du temps "la perte de temps devient le plus grave de tous les péchés" - Durkheim > le risque d'anomie est du au rythme trop rapide de
transformation sociale - Simmel > le rôle de la pression du temps moderne monétise tous les rapports "l 'argent est le symbole du mouvement absolu de tous l'univers" (i .e.
l 'accumulation extrême) ==> cf. figure 1 - le processus de modernisation - P. 80.
Ch. 3. Qu’est-ce que l’accélération sociale ?
A partir d'un recueil de descriptions de situations simples et naïves issues de l 'accélération technique telles que "l 'achat d'une automobile ne réduit pas le temps de transport, mais
permet de faire plus de voyage ou d'aller plus loin", l 'auteur démontre que le gain de temps est transformé en nombre de réalisations plus important. En conséquence le rythme de vie
s'élève en fonction d'un temps de plus en plus réduit pour réaliser des transformations de plus en plus grandes par unité de temps. Au final, on constate une compression du temps
présent, une dictature de l 'urgence, un stress généralisé et la peur permanente de ne plus pouvoir survivre, c'est à dire ne plus pouvoir faire l 'essentiel de sa vie. Page 91, l 'auteur
établit l 'hypothèse centrale de son étude : "dans la société moderne, comme société de l'accélération, se produit une combinaison de deux formes d'accélération, technique et par une
augmentation du rythme de vie par réduction des ressources temporelles - et donc une combinaison de croissance et d'accélération". Derrière cette société de l'accélération, apparaît une
pétrification structurelle et culturelle : en apparence (en surface) tout s'accélère, en profondeur le système se pétrifie (pétrification de l 'histoire) où il devient impossible de modifier
l 'essentiel, concept de forces d'inertie s'opposant au concept de force d'accélération.
I / Les fondements conceptuels d’une théorie de l’accélération sociale
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PARTIE
Ch.4. Accélération technique et révolution du
régime spatio-temporel
l 'accélération technique, c'est-à-dire les accélérations transport, communication et production-consommation interagissent entre-elles pour se recombiner ensemble dans un tout
systémique, la société de l 'accélération. L'individu dans la vie quotidienne se trouve triangulé (cf. figure 7 - Effets et manifestations : une phénoménologie de l’accélération sociale - P.
134) par une transformation de l'espace en temps, par la réduction du nombre de choix pertinents dans la prise de décision et par la renonciation au plaisir de découvrir et de
disposer simplement des choses de la vie. L'usure physique est remplacée par l 'usure morale, i l faut jeter / remplacer plutôt que réparer, tout est transitoire - modifiable (Das Kapital,
Marx). La conception et la perception de l 'espace - temps - rythme de vie s'en trouvent profondément modifiées, ce qui génère stress et frustration.
Ch.
5. Des pentes qui s’éboulent :
l’accélération du changement social et
l’augmentation des contingences
Dans l 'instruction phénoménologique de l 'accélération du changement social, l 'auteur détail le les conséquences de l 'interaction dynamique accélération technique et accélération
sociale. Sur le plan concret, i l pointe les résultats tels que le couple à durée déterminée, la carrière professionnelle résumée à la période 25 et 45 ans, la polychronocité des Jeunes
face à l 'anachronisme des Anciens pour en dégager deux invariants structurants de nos rapports individuels à la société moderne. D'une part la fluidification des relations sociales et
matérielles (le matériel s'envole, le capital immatériel reste) et la temporalisation de la complexité, c'est à dire la propension à accumuler toujours plus d'informations pour
organiser des arbitrages décisionnels dans un champ de possibles toujours plus grand et laissé volontairement ouvert de peur de prendre la mauvaise décision, de faire le mauvais
choix. Il termine sa démonstration sur le résultat que nous sommes condamnés au "slipping slopes " pour éviter "l'immobilité fulgurante " : "la compression et l'instabilité du temps
présent, nous positionnent sur des pentes qui s'éboulent, nous dansons de plus en plus vite simplement pour rester au même endroit ".
Ch.6. L’accélération du rythme de vie et les
paradoxes de l’expérience du temps
L'auteur dans son travail méthodique d'un relevé précis de toutes les manifestations, symptômes observés de l 'accélération sociale, termine sa démonstration en auditant la
transformation de notre expérience subjective au temps. Le temps étant le seul bien qui ne peut être ni modifié, ni échangeable, l 'accélération sociale traduite en accélération du
rythme de vie concomitant à une augmentation du temps l ibre sur la même période d'observation (1955 - 1995). Comment expliquer ce paradoxe ? Stressés par la pression du temps,
nous organisons une restructuration hiérarchique de nos valeurs, nous remplaçons des activités consommatrices de temps par des activités économisatrices de temps. Nous
établissons nos choix d'activité dans le ratio Input / Output pour sélectionner les activités procurant des gratifications immédiates sans effort (i .e. la pause cigarette). Notre peur de
manquer du temps induit de nouveaux positionnements situationnels tels que : "deadline, speed-dating, multitâche, connotation positive d'être overbooked, happening permanent,
suppression de la pause déjeuner, mutabilité osmotique vie professionnelle-vie privée ..."
II / Effets et manifestations : une phénoménologie de l’accélération sociale
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PARTIE
Ch.7. L’accélération sociale comme processus
autoalimenté : la spirale de l’accélération
Afin de tester la robustesse et la véracité de son hypothèse centrale de l'accélération sociale principale force motrice de la modernité, Hartmut ROSA s'attache dans une démonstration
épistémologique et méthodologique à déconstruire les causes de l 'accélération sociale. Il démarre son travail de décomposition causale en partant du caractère réfutable du
présupposé de sens commun "dans la modernité, tout s'accélère ! ". Deux résultats empiriques prouvent le contraire. Les voitures modernes vont de plus en plus vite en valeur absolue,
en revanche il y a toujours autant de bouchons et de trafics ralentis à proximité des cités. Neuf mois de grossesse sont toujours nécessaires à la naissance de l 'être humain. En
revanche, comme démontré précédemment, l 'accélération du rythme de vie, et l 'accélération technique vecteur de contagion de toutes les composantes de la société moderne,
économique, structurelle et culturelle, font de l'accélération sociale une processus auto-réalisateur de ces trois composantes pour en faire un mouvement autoalimenté et circulaire :
"une spirale de l'accélération" . Tout mouvement en réaction du type "oasis de décélération " est voué à l 'échec.
Ch.8. Accélération et croissance : les forces
motrices externes de l’accélération sociale
l 'accélération auto-réalisatrice est étroitement l iée à l 'analyse économique du temps du travail de Marx : "Le temps, c'est de l 'argent : le moteur économique (1er moteur)". La survie du
capitalisme dans la société industrielle impose que la vitesse devienne une nécessité absolue. A l 'aide de ce paradigme dominant, Hartmut ROSA fouil le la dynamique de
l 'accélération sociale comme fonction de la dynamique de croissance, elle même fonction d'une croissance quantitative par unité de temps. L'auteur étend ces principes à la vitesse de
rotation du Capital pour prouver par des faits empiriques que la révolution de l 'horloge (Taylorisme) induit l 'accélération du commerce et du transport qui ont précédé historiquement
l 'accélération de la production. Dans notre modernité tardive, la nouvelle économie, l'abandon du temps chronomètre pour le temps projet permet à l 'employeur d'économiser les
temps morts improductifs , et permet de décorréler le temps l inéaire du temps de l 'évènement pour permettre par exemple de l ivrer une production indépendamment des temps de
production et temps de l ivraison nécessaires. Pour l'individu, cette multi-temporalité recombine temps de travail et temps personnel dans la temporalisation de la complexité, la clef
de passage vers les structures culturelles & socioculturelles (2eme & 3eme moteur). Avec la promesse l ibératoire d'un temps l ibrement consenti contenue dans la modernité et rendue
possible par l 'accélération technique, l 'individu peut multiplier à l'infini les expériences dans un champ de choix possible sans limite du point vue économique. Croissance &
accélération se trouvent culturellement unifiées. La fusion et la recombinaison des temporalités temps de travail et temps personnel, avec la pléthore d'outils modernes de
communication asynchrone, façonne l 'individu à traiter l 'expérience du temps en fonction de l 'urgence des processus : "il y a toujours quelque chose d'utile à faire, le travail tend à ne
jamais cesser " ==> cf. figure 10 - les forces motrices externes de l 'accélération - P. 238.
Ch.
9. Pouvoir, guerre et vitesse - l’État et
l’armée comme facteurs institutionnels
centraux de l’accélération
L'auteur passe en revue les facteurs Politiques, Bureaucratique et Armée. Il distingue 2 périodes, la modernité classique, celle étudiée par Marx & Weber, puis la modernités tardive,
celle qui démarre partir des année 70 et qui connaîtra la plus forte accélération. Lors de la première période, L'Etat nation avec notamment la Bureaucratie vecteur puissant de
rationalisation complétée par la puissance militaire créent les conditions d'une planification long terme. Ces conditions favorisent un déploiement de grand ampleur et nominal de
l 'accélération scientifique, technique et industrielle. En revanche ces mêmes facteurs deviennent des freins dans la modernité tardive. L'auteur avance l 'hypothèse que le temps du
politique devient anachronique, i l perd son rôle de temps normatif de fixer le calendrier de l 'évolution sociale de la société, face à un rythme accéléré des transformations
économiques et sociales fixé par les marchés financiers dans la globalisation mondiale de l 'économie ==> cf. figure 11 - Accélérateurs de la modernité devenus des freins dans la
modernité tardive - P. 254.
III / Causes
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PARTIE
Ch.10. Accélération, mondialisation,
postmodernité
Dans le prolongement des travaux de Paul VIRILIO s'interrogeant sur les conséquences profondes et irréversibles des méfaits de la vitesse sur notre société (i .e. les ouvrages "le Grand
accélérateur - sept10 - Gali lée / La Bombe informatique - 98 - Galilée") , Hartmut ROSA organise la description des conséquences induites du passage de la modernité classique (XXe
siècle) vers la modernité tardive (XXIe siècle). Sa démonstration repose sur un étude séminale de la mondialisation au travers de deux axes d'interrogation le "Global flows" et
"Instant delivery". Le "Global flows" est une accélération l iquide avec la transformation de l 'espace en temps accompagnée par l 'accroissement exponentiel d'expériences par unité de
temps. "Instant delivery" (i .e. simultanéisation = temps instantané), c'est à dire une modernité liquide exprimée par écoulement incessant des capitaux, des hommes, des
marchandises, des maladies en tout point du globle. Ce qui compte ce n'est pas l 'endroit où cela se produit, mais le moment où cela se produit. La ressource capital est mobile et
instantanée en tout l ieu, en revanche la ressource humaine est inflexible et immobile. Dans la phase 2 de la modernité tardive, c'est à dire le début de la modernité avancée, avec la
généralisation de l 'économie numérique, l'accélération sociale (du changement social) a dépassé un seuil critique ayant pour conséquences la fragmentation et la dispersion des
identités sociales, et au renoncement de l 'organisation politique & normative de la société. "... la mondialisation, est un train sans frein dévastant tout sur son passage..." ==> cf. figure
12 - formes de simultanéisation - P. 270.
Ch.11. Identité situative : des flâneurs et des
joueurs
Tout s'efface, plus rien ne laisse de trace, on existe pas, on se situe. L'auteur reprend le concept d'immobilité fulgurante pour étudier les impacts du rapport à soi et du rapport de soi à
la société. Dans la modernité classique, l 'individu s'identifiait par sa position dans des trajectoires professionnelles et personnelles parfaitement balisées. "... Le sujet voit sa propre
vie, comme un projet qu'il s'agit d'organiser... ". Dans l'instabil ité de la modernité avancée, l 'accélération sociale provoque une double rupture d'individualisation et d'accélération du
rapport à soi. La fin de la gestion du temps l inéaire provoque le mixage des temps passé, présent & futur dans l 'instant présent et induit chez l 'individu une biographie personnelle qui
se recompose au rythme du temps. On est quelque chose (son identité) dans une situation temporelle, la temporalisation du temps. Hartmut ROSA propose le concept de personnalité
situative, c'est à dire protéiforme / pastiche à la situation temporelle donnée. Dans son rapport au collectif, face à la recombinaison des transformations sociales accélérées,
l 'individu pour conserver sa position, organise son quotidien dans une pratique temporelle orientée exclusivement vers l 'évènement (temporalisation de la complexité). L'individu
devient un joueur qui jongle avec le temps pour maintenir son jeu le plus ouvert et le plus flexible possible (ne pas se tromper dans sa décision, possibil ité de changer son choix pour
revenir au choix d'avant ou pour un choix meil leur). En revanche, la contrepartie de ce gain manifeste de souveraineté, dans cette culture de la vitesse (l 'immobil ité fulgurante) se
caractérise par une perte d'autonomie sur sa propre vie, et provoque donc stress - frustration. La forme la plus typique de cette perception du temps qui fi le à toute allure et de la perte
de contrôle de sa vie est la pathologie médicale de la dépression. Selon l'auteur, les dépressifs sont les sismographes les plus sensibles de l'accélération et de la transformation sociale.
Ch.
12. Politique situative : des horizons
temporels paradoxaux entre
désynchronisation et désintégration
Le projet politique de la modernité ? L'auteur étudie la position des facteurs institutionnels d'accélération de la modernité classique dans la modernité avancée. Il concentre son
analyse sur le facteur politique, le temps politique face à l 'accélération des transformations sociales de nos sociétés. Le constat est précis, le temps politique est révolu, parce que le
temps politique reste dans son temps de système de production (dont le produit est la norme de la Loi) qui est désynchronisé du temps du système sociale. Le temps politique est
devenu systématiquement en retard sur les transformations des structures sociales de l 'économie et de la société. Le temps politique a perdu sa faculté de normer le temps de
production de la transformation sociale, et donc de "designer" l 'histoire de la modernité. La temporalisation du temps politique provoque la détemporalisation du temps de l 'histoire :
"... avec la politique situative, c'est à dire un ayant un rôle de participant réactif au grès des épisodes, l'histoire perd de son sens. La république des idées vaines, où les décisions immédiates
remplacent les visions historiques ..." . Hartmut ROSA termine sa démonstration sur la transformation du cl ivage politique Gauche / Droite observé depuis la modernité classique pour
une inversion de polarité dans la modernité avancée. Face à aux "Global flows" et "Instant delivery", les progressistes d'hier mil itent pour une régulation politique stricte de la
mondialisation, et les conservateurs pour une levée de toutes les entraves réglementaires et économiques afin de libérer toutes les forces motrices de l 'accélération globale support à
l 'efficacité du marché (p. 326).
Ch.13. Accélération et pétrification : une
tentative de redéfinition de la modernité
L'histoire de la modernité comme histoire de l 'accélération sociale, où croissance & accélération entrent en résonnance systémique ? L'auteur construit sa thèse principale : "…
l'accélération sociale doit être comprise à la fois comme un principe fondamental irréductible et tendanciellement dominant de la modernité et de la modernisation et ce pour trois raisons qui
sont reliées entre elles..." . Raison 1 : avec le delta croissance comptable par unité de temps, l 'accélération sociale relie les produits dérivés des composantes structure, culture,
personnalité et relation à la nature. Raison 2 : l'accélération sociale devient une clé de lecture des modifications historiques observées, des individus et des sociétés qui dans la
modernité tardive acquièrent un positionnement biographique situatif (ch. 11 & 12) ==> cf. figure 15 - les processus de modernisation - P. 347. Raison 3 : les conséquences de
l 'accélération sociale dans le rapport de la perception au temps provoquent chez les individus et sociétés un double processus de transformation de temporalisation &
détemporalisation (i .e. l 'immobilité fulgurante) ==> cf. figure 16 - dialectique de la temporalisation et de la détemporalisation - P. 352. Pour l 'auteur, avec la fin de l 'histoire
temporalisée de la modernité, c'est la remise en cause du projet politique de la modernité, l 'effacement de la promesse d'autonomie individuelle retrouvée par la domestication de la
nature à l 'aide de l 'accélération technique et la domestication des transformations sociales par le pouvoir normatif de la bureaucratie politique. Croissance & accélération se sont
retournées contre le projet originel de modernité. L'individu est plongé dans un fatalisme de l 'immobil ité fulgurante (un lac frénétique en surface et pétrifié en profondeur). Dans la
compression de l 'instant présent, l 'individu n'a plus le temps de faire l 'essentiel, sa vie n'a pas de sens, plus de sens. En résultat final, l'inertie, la pétrification sociale l'a emportée sur
le mouvement.
IV / Conséquences
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Afin de décrypter la question fondamentale d'une critique sociale du temps, des conséquences sur le projet de modernité et d'en dégager une réponse éclairée, l 'auteur organise une
relecture des résultats empiriques issus du processus des transformations produites par l'immobil ité fulgurante dans son dernier état de la modernité tardive, pour les dépasser, les
mettre en perspective et enfin objectiver un scénario prospectif peu optimiste d'un modèle final spécifié. Pour l 'auteur, la théorie de l 'accélération contient dans ses gènes les
conditions d'une mise à jour renouvelée de la sourde violence normative des structures temporelles qui engendre des pathologies de souffrance aussi bien individuelles que
collectives (sentiment de stress - frustration) : "... on a plus le temps pour ce qui compte réellement dans la vie de façon indépendante des ressources de temps libre p. 367... La théorie de
l'accélération amène les individus à vouloir ce qu'ils ne veulent pas... p. 368" . C'est une réaffirmation de son enseignement fondamental de la rupture de promesse d'autonomie contenu
dans le projet politique séminal de la modernité. En conclusion, Hartmut ROSA fait une synthèse des résultats de l 'examen des conséquences de l 'accélération sociale pour en
déterminer une nouvelle question d'analyse : dans son dernier état, de la modernité avancée, l 'accélération sociale (ch. 10 à 13) prend la forme d'un processus auto-réalisateur sans
possible champ de forces contraires pour l 'arrêter, ni individuel (utopie de l'oasis de décélération), ni de collectif (inefficacité de la régulation politique). Afin d'éviter une catastrophe
finale et globale (i.e. écologique, économique et environnementale), l 'auteur par translation positive en articulant l 'étude de la loi de gravitation qui donna naissance à l 'avion comme
système permettant de combattre les effets de la gravité, indique que l 'étude sociologique des conséquences du processus d'accélération sociale et des transformations sociales
associées devrait permettre d'identifier et de mettre au point un système intell igent de contre-mesures capable de gérer toutes les conséquences de l'accélération sociale dont nos
sociétés modernes et leurs décideurs commencent seulement et à peine de prendre la véritable mesure (Pages 373-374 : hypothèse du rôle de la sociologie contemporaine formulée
par le sociologue Pierre Bourdieu).
Une immobilité fulgurante ? La fin de l’histoire
Conclusion
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Les critiques déjà publiées
Après un travail de recherche documentaire et d’analyse des contenus en profondeur, Hartmut ROSA ne se voit pas
opposer de critique publiée comme réponse formelle à son ouvrage.
Un témoignage individuel a été relevé concernant un point bibliographie de l’ouvrage Accélération, mais la posture
* Transformation des techniques de l'information et de la communication qui permettent, à l'échelle
mondiale, un échange simultané et un accès aux informations et aux idées.
* Transformation techniques (et organisationnelles) qui vont faire disparaître la distinction entre le jour
et la nuit, les journées de travail et les week-ends, le loisir et le travail.
* L'interchangeabilité croissante des biens, des lieux et des images dans un monde où tout est "jetable".
* Le caractère de plus en plus éphémère et transitoire des modes, des biens, des méthodes de travail, des
idées et des images.
* Une accentuation de la nature "temporaire" des biens, des jobs, des carrières, de la nature, des valeurs
et des relations.
* La prévalence, souvent démesurée, de nouvelles marchandises, de formes de technologie flexible et
des montagnes de détritus.
* L'augmentation des contrats de travail à durée limitée, du recours à une main-d'œuvre "just-in-time" de
même que la tendance à établir de longues listes de tâches.
* La croissance du commerce "non stop" à l'échelle du monde avec des valeurs papier et des devises.
* La croissance "modularisation" du temps libre, de la formation et de la formation permanente et du
travail.
* L'augmentation immense de la disponibilité des biens et des usages des sociétés les plus diverses en
tout point du monde.
* L'élévation du taux de divorce et d'autres formes de dissolution des ménages.
* Une confiance intergénérationnelle qui disparaît, de même que la solidarité intergénérationnelle.
* Le sentiment d'un rythme de vie trop élevé (à l'échelle mondiale) qui entre dans la contradiction avec
l'expérience humaine fondamentale.
* Une volatilité croissante des comportements électoraux en politique.
Fig.12 Formes de simultanéisation (Urry, 2006) – Page 270
UE 83 FdL – JA, Octobre 2010 23
Chapitre 13. Accélération et pétrification : une tentative de redéfinition de la modernité
Conséquences
Structure
Personnalité
Culture
Relation à la nature
Dimensions du temps : l’accélération sociale
Accélération du changement culturel /
compression du présent
Accélération (et désynchronisation) des
processus systémiques / accélération du
changement structurel des groupes et
des rôles sociaux
Accélération techniqueAccélération du rythme de vie
Fig.14 le processus de modernisation (b) – page 343
Structure
Personnalité
Culture
Relation à la nature
Paradoxe complémentaire :
pétrification sociale
retour éternel du même,
cristallisation culturelle
Consolidation
et autonomisation des contraintes de
l’accélération et de la croissance, les filtres de
sélection
L’ennui existentiel
Manifestation pathologique :
le temps gelé de la dépression
Immobilité physique croissante
(Virilio), catastrophes normales
Fig.15 le processus de modernisation (c) – page 347
UE 83 FdL – JA, Octobre 2010 24
Chapitre 13. Accélération et pétrification : une tentative de redéfinition de la modernité
Conséquences
Prémodernité et débuts de la modernité Modernité « classique » Modernité tardive
Rythme du
changement social
endogène
Le changement structurel et culturel reste inférieur au rythme de
la succession des généra-tions (rythme intragénérationnel)
Le changement structurel et culturel se rapproche d'un rythme «
générationnel »
Le rythme du changement culturel et structurel est supérieur à celui
de la succession des générations (rythme intragénérationnel)
Perspective
historique
Perspective historique stable, le temps historique est le temps
des « histoires »
Temporalisation de l'histoire : l 'histoire devient un processus
compréhensible, dirigé et organisable (idée du progrès) ; l 'indice
directionnel politique est temporel
(progressistes/conservateurs); la politique dicte le rythme de
l 'histoire.
« Fin de l 'histoire » comprise comme progrès et comme philosophie
de l 'histoire ; perte de l 'index directionnel politique due au rythme
élevé du changement (politique situative) : « détemporalisation de
l'histoire »
Perspective de la vie
Perspective de vie « situative » et résolution des problèmes (à
cause externe) du quotidien sur le fondement d'une « identité
substantielle a priori» ; les fluctuations de la vie sont
enracinées d'une part de manière exogène, d'autre part aux
plans métaphysique et culturel
Temporalisation de la vie : Perspective d'un parcours de vie
planifiable et défini narrativement comme histoire d'une
évolution, sur la base d'une identité stable et auto- déterminée a
posteriori et de sa garantie institutionnelle (régime du parcours
de vie)
Désinstitutionnalisation du parcours de vie; abandon de l 'identité
stable au profit d'un « projet de vie » ; identité et conduite de vie
« situatives » : « détemporalisation de la vie »
Indice : les
structures familiales
et professionnelles
Les structures familiales et professionnelles (la famille étant
comprise comme unité économique) restent stables à l 'échelle
intergénérationnelle
Structures familiales et métiers changent selon le rythme de la
succession des générations : «fonder une famille » et « choisir
un métier » comme actes individuels et fondateurs de l 'identité;
les générations sont les vecteurs de l 'innovation
Temps atemporel et « temporalisation du temps » : le rythme, la
durée, la séquence et le moment précis des actions et des événements
se décident pendant qu'i ls ont l ieu
Perspective
temporelle
Coïncidence de l 'espace d'expérience et de l 'horizon d'attente
(temps cyclique)
Disjonction des horizons temporels du passé et de l 'avenir
(temps l inéaire)
Structures familiales et professionnelles changent à un rythme plus
rapide que l 'alternance des générations : une succession d'activités
(jobs) remplace le métier; une série de « compagnons d'une partie de
la vie » remplace le conjoint pour une vie entière
Fig.16 De l'histoire "temporalisée" à "l'immobilité fulgurante" : dialectique de la temporalisation et de la détemporalisation (engendrée par l'accélération) dans la modernité – page 352.
UE 83 FdL – JA, Octobre 2010 25
POUR PROLONGER LA LECTURE (BIBLIOGRAPHIE NON EXHAUSTIVE)
- Nicole Aubert, Le Culte de l’urgence, Flammarion, coll. « Champs essais », 2010,
- Régis Debray, Cours de médiologie générale, Gallimard, 1991,
- Régis Debray, Dégagements, Gallimard, 2010,
- Daniel Halévy, Essai sur l’accélération de l’histoire, De Fallois, 2001 (1re édition, 1948),
- Francis Hallé, La condition tropicale, Actes Sud, 2010,
- Daniel Innerarity, Le Futur et ses ennemis, Climats, 2008,
- Zaki Laïdi, Le Sacre du présent, Flammarion, 2000,
- Joseph Stiglitz, Le Triomphe de la cupidité, LLL, 2010.