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LL Number: lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll ILL
Number: 7003825
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Title: Dialectiques
Article Author: Salvadori, Massimo Article Title: Gramsci et le
PCI: deux conceptions de Ia
hegemonie Volume/Issue: 1 {18-19)
Part Pub. Date: Spring 1977 Pages: 121-136
Pub. Place: Paris Borrower: UCSC McHenry Library
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Printed Date: 20-JUL-2015
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or OCLC #: 7001 003
ID: USC2 ISBN/ISSN:
Publisher: David Kaisergruber./Paris
Address: Interlibrary Loan, McHenry Library University of
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enlcelien : C c!Jlal~ Le Pt~.uot~.ic el no.u~ ( po.uLanle.a~/
kaiflecgcubec)
Pt~.Ailio.n~ : po.uc une nt~.uoell e pcalique ~ de La polilique
(j..-p. eo.in)
anaLg~eA : La dielaluce du pcoLelacial en c!Juc.ope de L~ o.ueAl
( eo.lleelil alle1nand)
Hiver 1977
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liennes : le debat sur l'eurocommunisme, sur les rapports
democratie/ socialisme, pluralisme/ centralisme democra-tique, sur
les voies de la revolution (politique et culturelle) est
aujourd'hui (nous l'affirmions deja dans notre numero consacre a
Althusser) europeen.
Ce debat est aussi pour nous le prolongement d'un tra-vail
entrepris des notre premier numero : sur I'Etat, sur la nature de
classe de la transition, sur la revolution un r peu partout dans la
culture, travail qui se poursuit par exemple avec le numero 17.
En somme un numero d'exploration, de recherche, un
numero-dossier qui donne aussi les moyens de mieux ana-lyser ce qui
se passe actuellement.
I
Ce numero a ete rassemble sous la direction I . de Danielle
Kaisergruber 1 ,
I
i
--J'italie et nous p. INGRAO, l'ltalie aujourd'hui: strategie
politique et dialectique sociale. M. DIANI, le mouvement syndical
italien. B. TRENTIN, un syndicalisme pour la revolution. D.
SASSOON, vers l' eurocommunisme. J. RONY, note sur
l'historiographie du P. C. I.
M. MONTANARI, 1968, intellectuels et classe ouvriere en ltalie.
A. TORTORELLA, intellectuels, hegemonie et culture. T. DE MAURO,
langue et politique. A. TOSEL, Ia philosophie marxiste en ltalie.
AU TRAVERS DES REVUES.
M. L. SALVADOR!, gramsci et le P. C. I. : deux conceptions de
l'hegemonie. C. BUCI-GLUCKSMANN, eurocommunisme et problemes de
l'Etat.
A TRAVERS LA PRESSE, etat, pluralisme, stalinisme (COLLETTI, SAL
V ADORI, INGRAO, CHIAROMONTE).
Deja en 54/55 ... N. BOBBIO, democratie et dictature. P.
TOGLIATTI, sur la question des libertes.
p. 7 a 17 p. 19 a 20 p. 21 a 30 p. 31 a 57 p. 58 a 59
p. 63 a 70
p. 71 a 77 p. 78 a 92 p. 93 a 109 p. 110 a 117
p. 121 a 136
p. 137 a 152
p. 153 a 165
p. 166 a 173
p. 174 a 179
3
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------------- , rJASSIMO SAL V ADORI
le numero 4/5, numero special GRAMSCI,
a ete r6-edite,
a~gmente d'un dossier de presse
extraits de l'Unita, Le Monde, La Quinzaine Litteraire, La
Nou-velle Critique, Critica Marxista ...
Gramsci et l'etat C. BUCI-GLUCKSMANN
jacobinisme et antijacobinisme H. PORTELLI
le concept d'hegemonie L. GRUPPI
la litterature dans la theorie marxiste J. THIBAUDEAU
35 F
120
conception du monde, philosophie spontanee, folklore A.M.
CIRESE
le probleme de la revolution N. BADALONI
Labriola et Gramsci V. GERRATANA
actualite de Gramsci M. SALVADOR!
gramsci et le P.C.I. : deux conceptions de l'hegemonie Mgemonie
et I ou dictature du proletariat
traduit de l'italien par Michel Franchitti
et David Kaisergruber
Le sens originel, du terme hegemonie regroupe deux elements :
!'idee d'un commandement pour celui qui exerce l'hegemonie et
!'idee que ce commandement
. est assure par celui qui le detient en vue des objectifs
suivants : 1) diriger des allies, 2) mener avec eux une action
violente contre un ou plusieurs groupes adverses. II apparait ainsi
que le concept d'hegemonie dans sa double articulation implique
d'une part la recherche d'un consensus a l'interieur d'un bloc
d'alliances et, d'autre part, d'une domination sur les adversaires,
que l'on obtient par la force. Ces deux aspects sont absolument
indissociables.
Nous savons tous que, dans la culture politique italienne ( et
pas seulement italienne) contemporaine, ce debat sur l'hegemonie et
ses implications est lie a !'ceuvre d'Antonio Gramsci et, en
particulier, a la sigtaification du concept d'hege-monie dans les
Cahiers de Prison. Si bien que l'on peut affirmer globalement que
Gramsci apparait aujourd'hui, avant tout, comme le theoricien de
l'hegemonie . L'attention particuliere portee ala theorie
gramscienne de l'hegemonie a ses racines dans la recherche menee
par le P. C. I. sur les formes d 'nne voie au socialisme adap-tee a
la complexite du developpement de la societe civile et de l'Etat
dans les pays industriellement developpes. Ceci en sachant bien que
le modele de socialisme represente par les pays socialistes de type
bolchevico-stalinien n'est plus desormais ni realisable, ni
souhaitable. L'reuvre de Gramsci, et plus precisement les Cahiers,
est consideree par les theoriciens et les ideologues communistes
comme une etape centrale, comme un trait d'union entre le Ieninisme
et le post-Ieninisme. Les inter-pretations, disons les plus
courantes, et celles de nature plus directement politique (celle de
Luciano Gruppi est exemplaire a cet egard) tendent a suggerer une
lee-
........._
* Les textes de Gramsci auxquels Salvadori fait reference sont :
dans Ia partie L'Experience consiliaire, Alcuni temi della
questione meridionale, in La Costructione det partito communista,
1923-1926 et l'Ordine Nuovo, 1919-1920 ; dans la partie Les theses
de Lyon, La Situazione italiana e i compiti del PC, la Costructione
economica; dans la partie L'hegemonie comme fondement de la
dictature, la Costructione economica et les Quaderni; dans la
partie L'abandon de la conception gramscienne, Athos Lisa; Memorie,
in Carcere con Gramsci.
121
-
ture ~elon laquelle -~ramsc~ ~ur~it ?~compli u?~ ~orte de
rotation t~eorique , peut 9ualifier synthetiquement de
lenini~te-r~voluti~mna_ire _au sens qu'inaugure Au debut de
celle-ct t1 seratt a 1 tnteneur du lerurusme et dans sa perspecttve
tna histortquement 1917 ; dans le cas contratre, il seratt
necessatre de demander au a }a fi~ il ouvrirait, .r:reciseme~t. au
terme de 1' elaboration d~ la ~eorie de l'h~~ p. C. I. ~ ~claircir
~n. termes mieux definis et la natu:e . reelle de son . rapp~rt
gemorue , la route a la strategte actuelle du P. C. 1., fondee sur
1 acceptation d a Ja traditton bolchevtque et sa nature de force
soctaliste. On peut, Je crots, pluralisme , sur la democratie
politique, sur un dialogue entre forces politiqueu affirmer sans
etre contredit que !'absence d'une clarification adequate du
rap-d.ifferentes,, s,ur une strategie ~e ~ef~rmes. . s port entre
la theorie et la pratique conduit a l' empirisme tant theorique que
Les elements de la theonsatton gramsctenne contenue dans les Cahier
pratique. main tenant les plus utilises concernent : s ' Pour etre
plus explicite : le P. C. I. est le parti le plus important de la
gauche
1) la _necessite pour une force qui entend fonder un Etat
nouveau d'etre italienne, il a un grand succes populaire ; bien
plus qu~ le P. S. 1., il a su mener hegemoruque avant meme
d'assumer le pouvoir, une politique de grande envergure sur le
front ideologique; il represente, pour 2) la necessite pour le
proletariat de se lier un bloc de forces historiques , conclure, la
force centrale et decisive de la gauche italienne et a un poids
crois-afin d'etre en mesure d'exprimer la complexite de la societe
civile, ' sant a l'echelle internationale. Pour c~tte raison, il a
les responsabilites les plus 3) la necessite d'assigner un role
capital a la liaison avec les intellectuels grandes car les
problemes qui se posent a lui sont inevitablement, directement ou
4) la ne~essite de mener en Occident une lutte qui tienne compte
e~ac- indirectement, ceux que rencontre la gauche tout entiere dans
notre pays. tement des differences entre les formes de la
revolution sociale en Russie et les' Les dirigeants du P. C. 1., a
divers echelons, font sans cesse valoir cette force formes d'un
processus revolutionnaire dans Ies pays bourgeois developpes, en ,
comme preuve effective d'une capacite theorique et pratique qui, a
elle seule, devrait somme de terur compte des ler;ons decoulant d~
l'echec de la revolution dans l'Eu. ~ rendre prudents ceux qui le
critiquent. On peut, a ce sujet, faire deux observa-rope centrale
et occidentale de l'immediat apres-guerre. 1 dons. La premiere,
c'est que l'histoire nous a deja fourni l'exemple de partis
un probleme politique ouvriers et socialistes qui, parvenus au
maximum de leur force, en terme de consen-sus electoral, de
solidite et d'extension de leur assise dans les masses populaires,
~ debouchent sur une impasse strategique, egalement caracterisee
par une rup-
- I ture entre la theorie et }a pratique (qu'on pense simplement
a la Social-democtatie Qu'une force ayant le poids politique du P.
C. I. tende a utiliser sa tradi- allemande a la veille de la
premiere guerre mondiale ou au Parti socialiste italien tion
theorique, et avant tout ce qui en elle est lie a la figure de son
plus grand des annees vingt). La seconde observation c'est que le
P. C. 1., de toute fac;on, penseur, voila qui est non seulement
naturel mais juste. Mais ceci dit, il me semble I devrait evaluer
attentivement (s'il ne l'a deja fait) le fait que sa force actuelle
que le debat doit etre porte sur un plan plus fecond, c'est-a-dire
au niveau des provient, pour parler un peu brutalement, dans une
mesure appreciable de l'espece modalites d'une telle utilisation.
de rente que le malgoverno de la D. C. et les faiblesses
historiques de la Une telle interrogation sur le comment peut
partir de deux exigences qui peu- domination bourgeoise ont presque
offert au principal patti d'opposition, faisant vent rester isolees
mais qu'il est cependant bon d'unir etroitement. La premiere de
confluer vers lui des forces interclassistes et heterogenes, forces
qui etaient a c~lles-ci a un ,ca:actere histori~ue et consiste a
determiner exactement la sign~fica- ; juste titre eoce~rees par la
D. C. et ,d~~ues par_l'inc~pacite
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11: I I
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clair que, si l'on repo~d ~j'a~~nce d~s m~nt:n~nt q~e c'est _mon
cas) 9,u:entre les~ pretation :
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qu'?Ue fac;~>t~ brillante e_t im~gee d'~firmer qu'il ne peut
Y, avoir de ve~it~ble dotni. \ 5ence de superstructures ~ues. au
plus grand developpe~ent du capit~sme rend plus natton poliuque
sans duectton sociale et une fac;on de denoncer les lim1tes d'un
jlente e! plu~ prudente 1 a~tlon des masses, et reqmert par
consequent du parti dictature de parti qu'on fait passer pour la D.
D.P. II est clair, en meme tempe revo!utwnnaue une s~rategie et une
~actique bien plus complexes et de plus longue que la strategie de
l'hegemonie, durant la periode des Conseils, est l'instrume~' I
haleme que cell~s qm fure~~ necessaues aux bolcheviques entre mars
et novembre par excellence non d'un elargissement de la democratie,
mais d'un renvers t 1917 . Gramsci_ devance Ici, avec une
perfection achevee, ce qu'il ecrira dans les ment de l'ordre etabli
: le Conseil est l'antithese du pouvoir patronal dans l'usin e.
Cahi~rs sur les, d~erences entre l'Orient et !'Occident. Mais quels
autres elements la recherche par le proletariat d'alliances avec
les paysans et les intellectuels com;' met-~ en corr~lauon avec cet
asp~ct de son argumentation ? En bref, a quoi lui moyen de briser
le bloc social de la bourgeoisie ; la reforme intellectuelle e~
sert-il de souligne; la complexlte de !'Occident ? A inaugurer un
discours mora!e des masses etant l'objectif a atteindre pour
aneantir l'hegemonie hour nouveau sur 1 Etat, sur les composantes
sociales du bloc historique ? A elabo-geoise-capitaliste sur la
societe et rendre impossible la domination de l'Etat qu: rer une
conception. de l'hegemonie qui s'exprime dans une formule qui
modifie le en est !'expression. 1
1 proj~t de constructiOn ?e la d~ctature, et permet la mise sur
pied d'une politique
Cette serie d'antitheses est demeuree au fondement de la pensee
politique d d'alliances d: typ~ democratique .? Au contraire. Son
argumentation est entie-Gramsci jusqu'a son achevement. Mais si
ceci est exact, il s'ensuit qu'une theorie reroent fon,~ee, dune
part, sur la pnse de conscience des difficultes supplemep-de
l'Etat, d,es alliances sociales, du role des intellectuels, qui
culmine dans le renon~ tair~s ~> cree~s par le plus grand
developpement atteint en Occident par la societe cement a la
mobilisation contre le capitalisme et l'Etat bourgeois au lieu de:
caplt?hste, ? aut:e pa~t, su~ la r~cherche d'une strategie qui
permette d'arriver a penser cette mobilisation en termes de
creation d'une base sociale de la D. D. p un resul~at I~entlque a
celm at~emt par les bolcheviques russes. La difference qu'il et de
l'Etat ouvrier , ne peut pretendre etre gramscienne. entend
etablir. avec le bolchevisme s'appuie entierement sur une
conception plus
Le raisonnement que faisait Gramsci pendant les annees 1919-1920
peut etre comple~e et disons plus mure de la dictature du
proletariat. C'est pourquoi assez rapidement retrace. II part de
!'hypothese commune au mouvement revolu- Gra~sci peu~ af~rmer au
moment oil il reflechit sur les differences entre tionnaire se
reclamant du bolchevisme, a savoir que la Premiere Guerre mondiale
!'Orient et 1 Occident, q_ue l'o~jectif a atteindre est d'arriver
aux conditions avait marque en termes historiques generaux la mort
du capitalisme. En pronon- dans_ lesquelles se tr?uvaient deJa les
bolcheviques russes au moment de Ia cons-~ant la condamnation de
cette hypothese, il se preoccupait de savoir comment on ututwn de
leur Paru_ . arriverait en Italie a un systeme de D. D.P. qui
donnerait a cette dictature un En somme, la difficulte pour Gramsci
consiste a surmonter tous les obstacles caractere expansif, en
mesure d'assumer positivement deux taches : la gestion de que _la
complexite .?e la societe bourgeoise en Occident, avec la creation
d'une la machine productive et la construction d'un bloc de forces
sociales qui, dans son: anstocratle ouvnere et ses annexes,
bureaucratie syndicale et groupes sociaux ensemble, serait Capable
de s'opposer aVeC maturite et done SUCCeS aU bloc dorni- I
derooct~teS , oppose a la bolchevisation du proletariat et
d'arriver, grace a l'exis-nant. Le germe de la theorie de
l'hegemonie residait precisement dans la prise de I tence bien
anc~ee_ de forces dem?cratiques , a une politique des alliances qui
conscience que !'utilisation de la force seule contre les classes
ennemies ne mene permett~ la creatton d\m bloc historique
revolutionnaire. Par consequent, la pas au succes de la revolution
si celle-ci n' atteint pas une maturite sociale pro pre perspe;uye
ql!e Gramsci entend donner au mouvement ouvrier et sa conception de
c' est-a-dire si on ne construit pas une reserve suffisante de
consensus politique et un; l', hege~ome sont totalement determinees
par I' idee de battre : 1) la social-capacite technique et
gestionnaire. Le Conseil des ouvriers et des paysans etait pour,
democratle, 2) les _force~ de ~a democratie qourgeoise. Gramsci se
rend compte lui le creuset, la cellule premiere et fondamentale de
la direction du parti que, par rapp~rt a 1~ situation russe, la
revolution et le bolchevisme ne peuvent revolutionnaire sur la
masse des producteurs et de la dictature sur les classes a abat- :
reusstr en Occident SI, avant meme la revolution, on ne provoque
pas un deplace-tre. Tenant pour un fait acquis, en un certain sens,
la maturation objective de ment des forces dans un sens
revolutionnaire, en mesure d'assurer sur une base la revolution, le
probleme de Gramsci etait la construction de la maturation sub-
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le Parti populaire, le Parti republicain et le Patti socialiste
reformiste. De mem . cifte nouvelle. Cette derniere necessite un
consensus actif des masses laborieuses divers Partis democratiques
regionaux, tels le Parti d'action sarde, represente~~ s~; doit
s'exprimer dans le cadre des institutions issues de la revolution
et de la un obstacle pour la realisation d'une alliance entre
ouvriers et paysans, sou 4upture de l' appareil de gouvernement
bourgeois. la direction du P. C. I. L'attention portee aux luttes
sectorielles sert l'objectll 1 Gramsci met cet aspect en valeur
parce qu'il concerne non seulement la de laD. D.P. et la fondation
de l'Etat ouvrier . Les derniers points des These rrategie
italienne et plus generalement occidentale, mais egalement la
strategie ( 42 a 44) indiquent tres bien la relation entre une
tactique qui utilise ~ de ]'Union sovietique. C'est de cette fa~on,
c'est-a-dire a la lumiere de sa theorie dessein. des mots d'ordre .
democratiq~es et ~ne, strategie ,qu~ a pour objectif de
l'hegemonie, qu'?n peut lire l'affirmati?n faite a Tog~iatti, selo~
laquelle a~jourl'excluslOn de toute solutiOn ne condmsant pas a 1
Etat proletanen fonde sur la ' "hui, neuf ans apres octobre 1917,
ce nest plus le fazt de la przse du pouvozr par dictature. La
tactique du front unique comme action politique "mouvement" fes
bolcheviques qui peut mener les masses occidentales a la
revolution, puisque a po~It role la .creation des pr~misses d'un: .
'!irection ~fficace d,es mass~s par le 'cela est ?e!a co~nu et a
produit. ~es effets. Au1ourd'hui, c'est 1~ c~nviction (s~ elle
Parti commumste et la conquete de la maJonte en leur sem. Elle
echouerart si elle existe), 1deolog1quement et pohtiquement active,
que le proletanat, une f01s le ne permettait pas de demasquer les
partis et les groupes soi-disant proletariens et 'pouvoir pris,
peut construire le socialisme . Toutes les reserves exprimees par
revolutionnaires . C'est d'ailleurs par rapport a la question de Ia
determination Gramsci vis-a-vis des methodes de Staline sont
motivees par Ia preoccupation qu'une d'une voie efficace vers Ia
dictature qu'est introduite !'observation selon laquelle capacite
d'hegemonie vienne a manquer en U. R. S. S. et que Ia domination
l'em-la tactique du front unique et l'adoption tactique de mots
d'ordre democra- porte unilateralement sur la direction. tiques
sont rendues necessaires, car il existe une aclil~sion des masses
aux partis ' Je suis convaincu que ce qui caracterise Gramsci et sa
theorie de l'hegemonie, ct au." groupes que l'on doit detruire
politiquement. Cette adhesion rend la lutte ce n'est pas du tout
d'avoir introduit des elements propres a ouvrir Ia route a une
frontale inopportune dans certaines circonstances. conception de
l'Etat de type liberal-parlementaire et a une voie nationale,
au
On doit done voir dans ce probleme Ia racine de !'affirmation
des Cahiers sens que lui donne aujourd'hui le ~.C. 1., mais bien
plutot le fait que cette theorie selon laquelle il faut retarder la
guerre de mouvement , tant que la guerre de i est !'expression la
plus elaboree et la plus complexe de sa tentative pour donner
position n'a pas porte ses fruits. C'est pourquoi entre les deux
concepts de I a !a D. D.P. un fondement adequat, de sorte que
Gramsci est le disciple le plus guerre il n'y a pas opposition,
mais bien correlation fonctionnelle. On ne peut { independant et
meme le plus autonome, mais le disciple a tous egards de la se
lancer a l'assaut en vue de la prise du pouvoir (Etat ouvrier et
dictature du doctrine leniniste. Bien sur, il l'etait et il
entendait bien toujours le rester en proletariat) tant que la lutte
de tranchees n'a pas ouvert la voie au succes : l'assaut 1926. Les
Cahiers ouvrent-ils une phase nouvelle ? Et en quel sens ? pour la
destruction de l'adversaire demeure cependant le but supreme. A tel
point 1 que la conclusion des Theses (expression d'un mouvement de
pensee dont les Quez-
1
------.----------------.-----------
ques themes sur la question meridionale sont une explicitation
particuliere), est Ia' I'hegemonte comme fondement de la dtctature
suivante : la formule de gouvernement ouvrier et paysan (mot
d'ordre qu'en 1 ---------------------------------un certain sens
nous pouvons dire democratique ) est une formule d'agitation, I
mais ne correspond pas a une phase reelle du developpement
historique si ce n'est I II n'est pas necessaire de chercher a
attenuer Ia signification de la maniere dont en tant que solution
de transition ( ... ). Sa realisation en fait ne peut etre
con~e
1
Gramsci caracterise Lenine dans les Cahiers, precisement en ce
lieu ou la theorie par le Parti que comme le point de depart d'une
lutte revolutionnaire directe, !a de l'hegemonie re~oit son
achevement philosophique . A propos de Lenine, il guerre civile,
ayant a sa tete le proletariat allie aux paysans pour la conquete
du affirme deux choses fondamentales que l'on doit examiner dans
leur unite concep-pouvoir. Le Patti pourrait etre conduit a de
graves deviations par rapport a sa I tudle : tache, qui est de
guider la revolution, s'il interpretait le gouvernement ouvrier et
1) Lenine doit etre considere comme celui qui a jete les fondements
de la paysan comme une reponse a une phase reelle du developpement
de la lutte pour \ theorie ( le principe theorico-pratique de
l'hegemonie, a lui aussi une portee gno-le pouvoir, c'est-a-dire
s'il considerait que ce mot d'ordre indique Ia possibilite de ,
seologique et, partant, c'est dans ce domaine qu'on doit
rec;hercher !'apport theori-resoudre le probleme de l'Etat dans I'
interet de la classe ouvriere sous une forme que le plus important
d'Illich a la philosophie de la praxis ). qui ne soit pas celle de
laD. D.P. . 2) Lenine pourtant n'a pas eu le temps d'approfondir sa
formule . Or,
Done Gramsci, au moment meme ou il parvient a une connaissance
precise ou Gramsci decouvre-t-il une insuffisance de Lenine ?
Precisement dans les (identique en tous points a celle exprimee
dans les Cahiers) des differences entre indications concernant le
passage en Occident d'une guerre de position a une !'Orient et
!'Occident, au moment meme ou il exprime dans Quelques themes sur
guerre de mouvement , pour parvenir en tout etat de cause ala D.
D.P. C'est la question meridionale la conception de la maturite de
la theorie de l'hegemo- l une veritable deformation d'imaginer que
Ia tentative gramscienne de developper le nie et du bloc historique
, eclaircit egalement sans equivoque possible !a I leninisme sur la
base d'une conscience des diHerences entre !'Occident et !'Orient
signification meme de sa strategic : la D. D.P. et l'Etat ouvrier.
Qu'est-ce qui a pour corollaire Ia mise au grenier de la theorie
leniniste de l'Etat et de I'ob-differencie alors Gramsci des
partisans les plus attardes de la dictature et de jectif de D. D.P.
l'Etat ouvrier? C'est qu'il n'entend pas fonder la dictature et
l'Etat sur Ia seule Quand il dit, dans une formule deyenue celebre,
et qui a pour lui Ia valeur force, convaincu qu'elle ne peut
resoudre les problemes lies a !'edification d'une 1 de principe
general dans une science de la politique : la suprematie de tout
groupe 128 129
I
l
- ~ocial s'exprime de deux fa
-
consensus et rien d'autre , qu' il n'existe que l'Etat et
naturellement l'Etat. gouvernement, etc. ;
2) pour Croce, l'histoire est en revanche ethico-politique ,
c'est-a-dire qu celui-ci entend maintenir la distinction entre
societe civile et societe politiquee entre hegemonic et dictature .
'I
Comment pouvons-nous, a partir de la, synthetiser la position de
Gramsci ~ En fait, dans sa conception de l'hegemonie, il se detache
de Gentile en refusan~ ( c'est la un trait particulier)
d'identifier dictature et hegemonic, puisque toute s . ~onception
vis; ,a expliquer .l'exist~nce d'Etats A s'appuyant sur la
dictature Illai:' mcapables d'hegemome ; et 11 se detache de meme
de Croce en ce sens qu'il ne distingue pas, de la meme maniere que
lui, hegemonic et dictature societe civile et societe politique .
En synthetisant ce qui precede, on peu~ affirmer que, selon
Gramsci, le systeme de l'begemonie peut se ramener au systeme de la
dictature, mais qu'il peut exister un systeme de dictature
incapable de s'expri-l mer en termes d'begemonie, alors que
l'hegemonie doit intervenir comme caracte .. ristique d'une
dictature capable d' effectuer a la fois la dominq#on sur les
classes' adverses et la direction des classes alliees et des
groupes proches.
II semble evident, pour conclure, que lorsqu'il cherche quel est
le mode d'etre. adequat de l'Etat ouvrier, Gramsci le decouvre a
travers sa conception de l'hege.l monie. II existe bien sur un
systeme hegemonique bourgeois fonde sur le mode I de production
capitaliste et qui a son expression dans l'Etat democratique-bour.
' geois. II faut selon lui qu'existe aussi un systeme begemonique,
fonde sur le depas- t sement du mode de production capitaliste. Ce
systeme s'exprimera dans l'Etat qui organisera, pour les classes et
les groupes appartenant au bloc historique revo. lutionnaire des
formes de democratic proletarienne et, pour les classes et les '
groupes hostiles a l'Etat ouvrier, des formes de controle et de
repression fondees sur la violence. Ce qui, de toute fa\;on, semble
inacceptable pour Gramsci, c'est une conception de l'Etat, comme
expression generale de la democratic ( telle celle qui s'est
traduite dans le systeme liberal-representatif), du marxisine comme
ideo-. Iogie parmi d'autres, en concurrence avec elles et integree
dans le pluralis.rne' institutionnalise d'un parti dans lequel le
marxisme pourrait cohabiter .avec des croyances religieuses ou des
doctrines de types divers.
Pour etre bref, je pense qu'on doit affirmer avec force cette
idee que la theorie de l'hegemonie gramscienne est !'expression la
plus haute et la plus com- . plexe du leninisme, en aucune fa\;on
un point de passage entre le leninisme et une : conception de la
lutte politique et de l'Etat qui opposerait le systeme de l'hege- 1
monie au systeme de la dictature et de l'Etat tel qu'ils
s'expriment chez Lenine, I que Gramsci, comme s'il voulait eviter
toute equivoque pour l'avenir, appelle le ~ saint-Paul du marxisme.
Dans la vision gramscienne, le moment constantinien . etait encore
a venir.
Ia troisieme internationale
Si l'on ~eut saisir la motivation profonde de ce Ieninisme
structure! de Gramsci, il est necessaire de souligner qu'il est
etroitement lie a une interpretation de la nature de l'epoque
historique qui est celle de la Troisieme Internationale eta
132
........_
}'analyse theorique de l'imperialisme selon Lenine. Gramsci
etait absolument convaincu que le socialisme etait mur
objectivement depuis longtemps deja. Comme le rappelle Athas Lisa
dans ses Memoires, resumant cette conviction en quelques mots,
Gramsci pensait que les conditions objectives de la revolution
proleta-rienne existaient en Europe depuis plus de cinquante ans
.
C'est seulement en tenant compte de cette conviction qu'on peut
apprecier exactement le sens reel de !'opposition de Gramsci a la
theorie du social-fascisme et a la ligne politique aventuriste qui
en decoulait. II ne s'opposait pas a cette derniere parce qu'il
considerait que la lutte contre le fascisme devait etre menee au
nom de la reconstitution d'un systeme de democratic de type liberal
dans le cadre d'une Constituante de type democratique, telle celle
qui existait en Italic apres la Premiere Guerre mondiale ; mais il
s'y opposait parce qu'il estimait
nc~cessaire une phase intermediaire qui, avec les differences
qui s'imposaient, permettrait au Parti revolutionnaire d'accumuler
les forces necessaires pour un Octobre italien. Son opposition a la
ligne du social-fascisme tenait a ce que celle-d pretendait
realiser un objectif qui etait aussi le sien mais sans la phase
tac-tique appropriee deja definie en 1924 : la recherche d'une voie
permettant de se placer dans les conditions des bolcheviques et
d'arriver ala D. D.P. En bref, son opposition tenait a ce qu'il
accusait le P. c. I. et l'Internationale 'd;avoir con\;U de
fa~on schematique les premisses de la dictature et de n'avoir
pas compris !'impor-tance de la construction d'une dimension
hegemonique tout aussi indispen-sable. I1 existait done une
opposition entre deux conceptions ayant comme objet unique les
bases de la D. D.P.
Lisa est tres precis : l'expose (de Gramsci) sur la question de
la Constituante etablissait ces deux idees :
1) la tactique pour la conquete d'allies du proletariat; 2) la
tactique pour la conquete du pouvoir . La phase de transition a
pour but de faire comprendre aux masses rura-
les la justesse du programme communiste et la faussete de celui
des autres partis politiques ; l'objectif du Parti est la prise du
pouvoir par la violence et la D. D.P. qu'il doit instaurer en
utilisant la strategic qui repond le mieux a une situation
historique determinee, au rapport de forces entre les classes, aux
divers moments de la lutte ; "la Constituante" represente une forme
organisee dans laquelle peuvent etre posees les revendications les
plus avancees de la classe laborieuse. C'est au sein de celle-d que
peut et doit s'exercer, par l'inter-mediaire de ses representants,
!'action du Parti qui consiste a deprecier tout pro-jet de reforme
pacifique et a montrer a la classe laborieuse italienne que la
seule solution possible en Italic reside dans la revolution
proletari~nne .
On comprend bien comment, voulant eviter toute. equivoque
possible sur une interpretation democratique de sa conception du
role de la Constituante, Gramsci rappelle qu'en Russie !'Article 1
du Programme de Gouvernement du Parti bolchevique prenait en compte
la Constituante et conclut en disant que le mot d'ordre du Parti
doit etre : Republique des Soviets ouvriers et paysans en
Ita-lie.
Ne pas tenir compte de tous ces elements dans une interpretation
de la theorie de l'hegemonie exprimee par Gramsci dans les Cahiers
signifie la mutiler afin de la faire servir une actualite politique
qui n'a rien a voir avec la situation et les perspectives de
Gramsci.
133
-
. --- ----- ------------ -------.----- ""?'
I , , - 1) }fi moyen d'une teflexion entre hommes politiques
egaux c'est-a-dite 1 I abandon de la conception gramsctenne tre
communistes sur les presupposes et les modalites de leur
action,
- en 2) le moyen pour diriger des forces sociales subalternes ,
~ .3) le moyen permettant au Patti revolutionnaire de rassembler
les energies
On ne peut comprendre les positions de Gramsci mentionnees
ci-dessus si ecessaires pour detruire par la rationalite et la
persuasion ces fausses idoles ne, l~s replace pa~ dans so~
ar:ai;:se plu; generale du capitalisme et dans celle pl~~ I ~ui
dominent encore la cons~ience des allies s~baltern~s et ~reer, par
conse-SJ.?ecifique du _fas~lsme. II n,amvalt pas~ penser_m;e phase
a venit d'expansion orga. quent, l~s bases pour une. dt~tatur~ ~ur
~es s_outle_n_s ,actifs du vte~ ~onde .. Le ruque du capttahsme. Et
~est pourqll:o1 il_constd~rait 9ue la lutte des classes etait ,
plur~lis~e .de Grar;:sct (st, ce~m-c1 a Jamats utilise le terme) _n
av~t ~ertam~-~ondamentalement marquee ~ar la dial~~tlque
revolutton-contre-revolution, a une rnent nen a volt ~vee 1
mterp:etatton qu~ le P_. C. I. en dor:ne ~UJ~urd h~t,
relat~-epo:rue dont !a nat_ure essenuelle est d etre, une epoque de
revolution sociale. Le vernent aux; P!oblemes que _lu~ pose son
msertton dans les m~tltuttons democratt-fasctsme ;epresentatt u,ne
fo~me de c_ontre-~evolution in~apable er: soi d'etre autre '
ques-r~publicames de type hberal, dans lesq_uelles u~e conception
~u monde entre chose qu ~e con.~re:revo~utton passtve; c est
pourquot Gramsct pensait que la en hbre concurr;?ce . avec les
autres,, vtsant ,,a ce q~e la metlleure gagne >~. fin. du
fasctsflle c~mctder~tt ave~ le renouveau de l'actualite de Ia
revolution prole- Sans d?u~e, 1 evolutton du P. C. I. n a pas, ete
tou~ d ab~r~ ~e, nature. doctn-tancnne, meme s1 celle-ct devatt
rencontrer des problemes tactiques identiques , I nale . elle etatt
par contre et av~nt tout le resultat dune realite economtque et
ceux que nous rappelions ci-dessus. a sodaie precise. Face a la
realite du capitalisme international et aux rapports entre
L~ situation qui s'ouvrit de f,ai~ avec la. fin du fascisme dans
le monde, Puis r Ies blocs ~> qui, en O~cident et en Italie,
avaient rendu irrealisables. une modifi-e~ Italie, fut tout autre,
.et la strategte gramsctenne fut ecartee. Le capitalisme mon-
cation relattve~en~ raptde de_s r~pp?rts de fo,rces entre,
c~as,ses, soctales en. vue dtal ~rouva ~on. leaders~up dans les
Etats-Unis, sous la direction duquel Ia recons- d'abattre le
capttaltsme et ses ms~l~utlons, face a la dure realite Ad un
conservatr,sme tr?ctl?n capttahst~ d~ 1 ~urope, eut lie~, a l'ecart
de.la sphere sovietique. Ceci vou- s'appuyant st;r u?e large base
polittque de masse, le P. C. I. a .du se fix~r ~me tache latt dtre
que les mstttutlons democrattques-bourgeotses et les Etats qui en
etaie nouvelle : s mserer dans un tel contexte, accepter les
techniques qm reglent les !'expression ?evenaienAt le milieu da_ns
lequel, ~t pour to~te une epoque historiq: , rapports entre classe~
et ~roupes s~ciau~ differents, entre les divers partis d~ masse?
nouve~e (qm est la notre), les !'ar!ts ~ommurustes devratent
trouver leur place. II et abar;d~nner le p~o)et dune m~d!catton de
ce~ ~appo.rts selon _une dynam1que qut Y avatt _done une profonde
redistrt~utton des cartes par rapport a !'hypothese de mene a 1
Etat _ou~ne~. Con~ronte a ;me ~ourgeo~ste q~t, en Italie, a eu les
~o;:ens Gramsct.. Les rapports de classe s ~n trouve~ent modifies
avant tout en ce qui d'irnp?ser ses. mstttuuon~ d Etat, mem~ s1
cela s e~t f~tt dans un cadre c~ns~tut:on-concernatt les rapports
de forces nattonaux et mternationaux qui rendaient irreali _ nel
democrauque avance, le P. C. I. s est propose d occuper les
mstttuttons tes tout. projet ~e lutte contre les in~~tutions pour
leur transformation dans u~ 1 par une action ,hegemm;liqu: qui,
d'une. par~, renon;e a l'Etat ouvri~r et a _I~ sens anttbourgeots.
La guerre de posttton brisait, pour ainsi dire ses liens avec D.
D.P., et, de 1 autre, vtse a prendre la directton de 1 Etat
parlementatre. Votla la guerre de mouvement . ' une conception de
1' hegemonic bien differente de celle de Gramsci.
C'est ?ans ce co~texte nouveau qll:e, traversant contradictions
et desaccords, I II est pourt~folt indeniable q~e le ~C. I: es~
a,us~i parvenu .a cette strate?ie le P. C.! ~~bora peu a peu u?~
co?ceptlon de l'hegemonie , assumee ensuite de nouvelle en utthsant
Gra~sc~. Apres avotr re~e~h1 sur la cnse du .
-
ment ses comptes avec la tradition theorique et abandonne cette
sagesse catho. lique pour laquelle tout est adaptation et rien
n'est mutation . Sa theorie de l'hegemonie est qualitativement
differente, sans equivoque possible, de celle de Gramsci. Dans ses
buts comme dans ses moyens, la theorie de Gramsci est !'expres-sion
theorique la plus haute, comme je le soulignais plus haut, de cette
phase his-torique du mouvement communiste international qui s'ouvre
par la revolution d'Octobre et se termine lorsque le stalinisme
s'erige en regime. La theorie de l'he. gemonie selon le P. C. I.,
elle, exprime la tentative d'elaborer une strategie sur Ia base
fondamentale de !'acceptation des institutions existant en Occident
et sur celle d'une liquidation progressive de la phase historique
du stalinisme.
Demander au P. C. I. d'appuyer sa pratique sur une confrontation
moins tac-ticienne avec le patrimoine theorique du passe ne repond
pas seulement a une exigence de verite . II s'agit avant tout d'une
exigence politique. La gauche italienne tout entiere dont, et tout
le monde le sait, le P. C. I. est une composante essentielle, a
besoin de plus de verite pour un plus grand realisme. Celui qui
ecrit est convaincu que, dans ses aspects essentiels, la politique
du P. C. I. est propre a rattacher ce Parti a une conception de
l'Etat, des rapports entre les classes, du chemin du pouvoir , du
role des gouvernements de coalition , propre au marxisme
social-democrate, bien plus qu'a la conception leniniste et meme
grams-cienne. Malgre une seule exception : le residu leniniste, de
grande importance, des criteres d'organisation interne du Parti,
residu dont la survivance est pour le moins sujette a caution. Si
c'est la la realite, il faut en parler. Si la realite est autre, il
est necessaire d'en clarifier les elements.
Ce n'est jamais un signe de force d'etablir un rapport clerical
et commemoratif avec le passe (s'il y a une force du passe, c'est
pour les conservateurs), sauf si, dans les faits, on agit de
maniere transformiste . Le transformisme a une place considerable
dans le clericalisme marxiste . Lorsque les sociaux-democra-tes se
rattacherent a une conception liberale de l'Etat, ils dirent le
faire en rein-terpretant Marx ; quand Staline fit ce que l'on sait,
il declara faire du pur leni-nisme ; et ainsi de suite.
Aujourd'hui, alors que le socialisme est confronte a des situations
difficiles, il est necessaire d'assumer pleinement ses
responsabilites et en premier lieu ses responsabilites theoriques.
II me parait clair en tout cas que la stra-tegie du compromis
historique , le pluralisme ideologique , la lutte pour la
transformation democratique de l'Etat, n'ont rien a voir avec la
pensee d'Anto-nio Gramsci, le plus grand et le plus fecond
interprete du leninisme historique, et marguent un tournant
definitif par rapport a ce dernier.
L'histoire est interessante aussi en ce qu'elle ne permet a
personne de vivre au-dela d'un certain seuil de rentes accumulees
par le passe. On peut, ala rigueur, agir ainsi pendant un certain
temps, mais tot ou tard on se retrouve nus , et il n'est pas dit,
en derniere analyse, que ce soit toujours un mal, car elle nous
permet de nous voir tels que nous sommes.
De Massimo Salvadori, on peut lire dans Dialectiques, Actualites
de Gramsci, in n 4/5, special Gramsci.
136
cH. BUCI-GLUCKSMANN
I eurocommumsme , de l'etat
et problemes
L
Gramsci en question
C'est un fait maintenant admis, un certain eurocommunisme
politique est ne a Madrid en mars dernier. Certes, il ne s'agit pas
d'une variante ou d'un modele regional de socialisme niant la
specificite des situations nationales et encore moins d'un nouveau
pole organisationnel du mouvement communiste international creant
un nouveau schisme succedantl a Tito ou Mao. Mais la reconnaissance
explicite d'une evaluation convergente des problemes de la
democratie et du socialisme , l'enonce de principes communs au
cours de declarations bilaterales, puis au som-met de Madrid
presuppose bien une strategie difjerente de celle de 1917 et des
pays de l'Est, et partant une conception nouvelle du socialisme
dans la liberte . En ce sens, dans les societes en crise de
!'Occident capitaliste, l'eurocommunisme exprime une nouvelle etape
de la lutte pour le socialisme et peut constituer un ferment
revolutionnaire, voire quelque chose de plus : un element de
destabilisa-tion des rapports sociaux et du statu quo social et
politique qui modifie la bipolarite des rapports U.S. A.-U. R. S.
S. 1
1. . F.urocommunisme et Etat
Les principaux aspects de cette elaboration politique qui voit
converger les dif-ferentes voies nationales au socialisme sont
desormais connus : affirmation du pluralisme politique et
ideologique, developpement de toutes les libertes indi-viduelles et
collectives, distinction du parti et de l'Etat, reconnaissance du
role du
* Cet article est le developpement d'un article publie dans
Paese Sera (20 janv. 77), l'Etat et l'begemonie chez Gramsci, et
d'une Conference faite a la Maison de la culture de Milan (23 fevr.
77).
1. Sur l'eurocommunisme on peut se reporter a : Mariangela Bosi
et Hugues Portelli : Les P. C. espagnol, franfais et italien face
au pouvoir (Bourgois) ; Bernardo Valli Gli euro-comunisti
(interviews de J. Elleinstein P. Spriano et Santiago Carrillo)
Bompiani; ? Que es el eurocomunismo ?, Maximo Loizu - Pere Vilanova
- Editorial Avance; Les socialistes les communistes et les autres,
J.P. Chevenement, chapitre cinquieme (Aubier) ; Peut-on parler d'
eurocommunisme ? , article de Gerard Streiff publie dans France
Nouvelle, 28 fevrier 77.
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