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LITTRATURE: AU DE LA DU ROMANTISME En France il y a trois
mouvements qui suprent le Romantisme: EN OPPOSITION : . - 1) le
Naturalisme. -2) Le Parnasse, qui constitue un retour lart
classique (CPR. Carducci), le refus de la posie politique et le
culte du Beau de lart pour lart. EN CONTINUATION - Le
Symbolisme-Dcadentisme, qui est la naturelle continuation du
Romantisme A. EN POESIE Symbolisme, qui est lvolution progressive
et intimiste ou esthtique du Romantisme potique qui commencent avec
Chateaubriand (Ren), Senancour (Oberman), Constant (Adolphe),
Lamartine (lyrisme amoureux dans les Mditations Potiques), Hugo
(drame paternel dans les Contemplations), B. EN PROSE le
Dcadentisme, qui est lvolution progressive et extriorise ou
esthtique du Romantisme prosaque qui commencent avec De Vigny (ide
de lcrivain comme paria Chatterton-Stello), Hugo (ide du pote
prophte et mage dans Les Pomes), Balzac (ide hyperraliste des
romans philosophiques Louis Lambert, Sraphita).
LE PARNASSE Ecritures 2 p. 138 Thophile Gautier, qui Baudelaire
a ddi ses Fleurs du mal, est rest dans l'histoire littraire comme
un fougueux romantique qui, avec l'ge, s'est converti l'esthtique
plus tranquille de l'Art pour l'Art. Figure importante du XIXe
sicle, il concentre un peu les diverses facettes de la vie
littraire de son poque. Aprs Gautier et sa premire raction au
Romantisme, le deuxime tournant dans la posie franaise, c'est
Leconte de Lisle qu'on le doit. Lui aussi a d'abord t sduit par le
Romantisme: il se croyait alors investi d'une mission historique,
et la posie tait pour lui le vhicule d'ides morales et politiques.
Autour de Leconte de Lisle se rassemblent une quarantaine de potes
qui, anims d'une mme conception de la posie, publient leurs uvres
dans une revue qu'ils intitulent Le Parnasse contemporain (1866).
Le Parnasse est en fait une montagne de Grce prs de Delphes o les
Anciens situaient le sjour des Muses et d'Apollon, et par consquent
de la posie. Ces potes se rattachent l'idal grec de puret et de
clart, d'o le nom de Parnasse qui, dans la mythologie grecque, est
la montagne sacre o sjournent les Muses. Donc il y a un retour au
Classicisme, au mythe en opposition au Romantisme. THEMATIQUES - Le
culte de la beaut: l'Art ne vise que le Beau et ne se proccupe dtre
utile - Le refus du lyrisme : il y a la recherche de
l'impersonnalit (CPR. Naturalisme). -L'attrait pour le Classicisme
: Les thmes sont emprunts la mythologie, l'histoire ancienne, la
Grce, l'Orient. Le parti pris est celui de l'objectivit et de
l'rudition. -La perfection stylistique, fruit d'un travail
conscient et laborieux sur la langue. Les parnassiens cultivent la
difficult technique (rime, rythme, images, etc.).
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Un deuxime Parnasse contemporain est publi en 1871, aprs la
Commune. Les premires divergences commencent se manifestera
l'intrieur du groupe. Mallarm et Verlaine sont mis l'cart, Charles
Cros prend ses distances. Le troisime Parnasse contemporain, publi
en 1876, donne une image dfinitive et cohrente du mouvement
parnassien au moment mme o le groupe va se dissoudre. Bien qu'il se
prsente comme une rupture avec le romantisme, c'est dans le
romantisme lui-mme qu'il faut chercher les ides et les tendances
qui vont se radicaliser dans le Parnasse. Dans la prface des
Feuilles d'Automne, Victor Hugo revendiquait le droit de publier un
pur ouvrage d'art . Aussi Hugo sentait l'exigence d'un Art pour
lArt, d'un art qui exprime le Beau idal . Cette tendance se
renforce. Thophile Gautier (1811-1872), qui fonde Le Parnasse,
refuse tout engagement dans les combats politiques et affirme le
principe que la cration artistique doit tre totalement gratuite. Le
courant esthtique de L'Art pour l'Art se renforce aprs 1848, mesure
que s'accentue la foi dans le progrs. Gautier dcide de se consacrer
l'Art, au culte de la Beaut de la Forme. Leconte de Lisle
(1818-1894) suit le mme itinraire : Hors de la cration du Beau,
point de salut , affirme Leconte de Lisle. Le pote ne doit pas
donner d'enseignements ni se laisser aller aux complaisances
sentimentales. Indiffrent son temps, il doit travailler la forme,
cultiver la difficult technique (la rime, le vers, le rythme) pour
atteindre une perfection comparable celle d'une statue de marbre.
En effet, c'est dans les arts plastiques, dans l'Antiquit, dans la
mythologie, mais aussi dans le monde des animaux et dans les
paysages exotiques, qu'il trouvera la matire de son inspiration
(CPR. Classicismo de Carducci). Ils font partie du groupe : Sully
Prudhomme, Thodore de Banville, Jos Maria de Heredia, mais aussi
pour un temps Charles Baudelaire, Paul Verlaine et Stphane Mallarm.
La thorie de l'Art pour l'Art est apparue ds les annes 1830, et le
mouvement parnassien proprement dit s'est teint vers 1876.
LE DCANDETISME ET LE SYMBOLISME Ecritures 2 p. 200-201 Le
Dcadentisme et le Symbolisme sont deux mouvements littraires et
artistiques trs semblables (simili), qui sopposent au Naturalisme
et qui sont la continuation naturelle du Romantisme, qui se sont
dvelopps en France la fin du XIXe sicle. En gnral on parle de
Dcadentisme pour les uvres en prose et de Symbolisme pour les uvres
en posie. Il sera trs difficile d'tablir des distinctions entre
dcadents et symbolistes, car ils ont vcu le mme climat moral et
potique ; ils ont les mmes origines et les mmes gouts, jusqu'au
moment o les symbolistes renient le dcadentisme. LE DCANDETISME.
Croyant vivre dans une poque de dcadence semblable celle qui a port
la ruine de l'empire romain, nourris de la philosophie pessimiste
de Schopenhauer, certains artistes refusent avec violence la
science, l'industrialisation, mai aussi le conformisme bourgeois.
Les ralistes aussi dnoncent les excs de la bourgeoisie dans leurs
uvres, mais pas dans leur vie comme le font ces nouveaux artistes
la fois dsabuss et provocants. Ces artistes bohmes se runissent
dans des cabarets, dont le plus fameux est le Chat noir Montmartre.
Tous s'inspirent de Verlaine, qu'ils reconnaissent comme leur
maitre, et se dfinissent dcadents. Le terme Dcadentisme vient de la
posie de Paul Verlaine Langueur qui dit : Je suis LEmpire la fin de
la dcadence. Le Dcadentisme prsente
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des uvres en prose. Le mouvement dcadent franais n'est donc pas
une cole littraire. Il est plutt une attitude, un mode de vie,
bohmien et non-conformiste, caractris par le gout de la
mystification. Prolongement du dandysme de la gnration de 1820, il
devient une sorte de raction devant l'poque, une manire de se
distinguer et de se dsolidariser d'un monde bourgeois qu'on refuse.
Cependant, travers ce mouvement, une volution de la sensibilit se
produit : la prise de conscience des excs du romantisme et le
dpassement du romantisme national conduisent la dcouverte du monde
inconnu de l'inconscient et la libration de l'art. THEMATIQUES.. -
Anticonformisme : les dcadents sopposent la bourgeoise et au
peuple. Les romans dcadents ne parlent pas de pauvres et des
humbles (comme Victor Hugo dans Les Misrables), mais de lindividu
dexception (nobles, riche desprit et dargent). - --- -Esthtisme :
les personnages sont des esthtes ou dandy, des excentriques qui
exaltent leur vie, art et beaut (Huysmans-Dannunzio-Wilde). Ils
veulent vivre la vie comme une uvre dart.. - Mal du sicle et
solitude : Lcrivain romantique sait vive son intrieur et vivre dans
le monde. Lcrivain dcadent vit sa propre solitude sans communiquer
(mal du sicle) et il se rfugie dans une dimension esthtique et
individualiste, presque contemplative de la vie. COMPAIRAISONS DE
THEMES ET DES MOUVEMENTS LITTERAIRES
4) engagement social Romantisme social qui veut enseigner et
donner lexemple des humbles (Hugo Les Misrables )
4) esthtisme : lcrivain ne veut pas enseigner, mais il un dandy,
un esthte qui veut faire de sa vie une uvre dart
5) lcrivain est le guide du peuple Il a une mission prophtique,
la posie doit se faire peuple (Hugo disait : pote me de cristal et
De Vigny disait dans Chatterton du pote: il lit dans les astres, la
route que nous montre le doigt du seigneur )
5) lcrivain est un antihros antisocial, incapable de comprendre
le peuple quil ddaigne
Romantisme Dcadentisme 1) Exaltation du sentiment (il valorise
la sensibilit, lirrationnel, la folie, le dlire)
1) Exaltation de la folie (il valorise la sensibilit,
lirrationnel, la folie, le dlire)
2) La fuite dans lespace: (Chateaubriand, Stendhal) et des pays
exotiques (Nerval)
2) Fuite dans lgotisme : le dcadent se ferme dans son monde,
celui de lindividualisme
3) Contraste entre la ralit et lidal (Oberman, Ren, Adolphe
souffrent de solitude et ils nacceptent pas la ralit du monde : ils
voudraient vivre leurs fantaisies) et entre lindividu et le monde
(lcrivain se sent dtach du monde, diffrent, un paria de la socit
(De Vigny)
3) Refus du rel : cest lidal de la Beaut qui est recherch
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6. Mal du sicle romantique 6. Angoisse, spleen, ennui : cest la
douleur, le tdium vitae, lide du philosophe Schopenhauer la vie est
une pendule entre lennui et la douleur
JORIS-KARL HUYSMANS Ecritures 2 p. 200. BIOGRAPHIE Huysmans est
Paris en fvrier 1848. Il perd son pre lge de huit ans. Comme
Baudelaire, il commence des tudes de droit quil abandonne
rapidement pour mener une vie de bohme dans le Quartier latin. En
1870, il est garde mobile dans la Garde nationale de la Seine, mais
tombe malade. partir de 1876, il frquente Zola et les frres
Goncourt. Dans le recueil naturaliste Les Soires de Mdan, il publie
la nouvelle Sac au dos (1880). Puis viennent Les Surs Vatard
(1879), En mnage (1881) et vau-lau (1882). 1884 est lanne de
publication de rebours. La parution du roman cause une brouille
avec Zola et Huysmans reconnat bien plus tard quil sagissait dune
dnonciation du Naturalisme. Ds 1890, Huysmans entre dans une priode
de satanisme ; cf. le roman L-bas (1891) o le personnage Durtal est
un adepte de la magie noire. Le livre fait scandale. Mais les
derniers romans de Huysmans confirment son volution vers un
catholicisme orthodoxe : La Cathdrale (1896), Sainte Lydwine de
Schiedam (1901). Huysmans meurt en mai 1907. A REBOURS (1884). En
1884, la Dcadence trouve son hros dans le personnage principal du
roman de Huysmans, Rebours. Le roman le plus reprsentatif du
dcadentisme est rebours (1884) de Joris-Karl Huysmans. Dans le
roman ne s'y passe presque rien : la narration se focalise presque
entirement sur le personnage principal, Des Esseintes, un anti-hros
esthte et excentrique, comme Andrea Sperelli dans Il Piacere et est
le catalogue de ses gots et dgots. Resum : L'intrigue est rduite sa
plus simple expression. L'antihros, des Esseintes, aprs une vie
agite pendant laquelle il a fait l'exprience de tout ce que pouvait
lui offrir la socit de son temps, se retire dans un pavillon,
Fontenay-aux-Roses, dans lequel il runit les ouvrages les plus
prcieux ses yeux, les objets les plus rares, pour se consacrer
l'oisivet et l'tude. De l'ensemble de la littrature franaise et
latine, il ne retient qu'un petit nombre d'auteurs qui le
satisfont. Il admire les tableaux de Gustave Moreau, les uvres
d'Odilon Redon, cre des parfums raffins, un jardin de fleurs
vnneuses Cest un jeune aristocrate en mal de vivre, Des Esseintes
se retire loin dans monde et se plonge dans la littrature latine
dcadent. Finalement, des Esseintes ne parvient pas sortir de son
tdium vitae ; aprs quelque temps, il doit renoncer cette vie et
rentrer Paris. Mais il ne parvient pas gurir de sa nvrose, et son
seul salut est Dieu. Des Esseintes, trouve des frres italiens dans
Corrado Silla, le protagoniste de Malombra (1881), crit par
Fogazzaro, ou dans Andrea Sperelli, le personnage le plus important
du roman de D'Annunzio, ll piacere (1889). Ce roman est repris de
DAnnunzio dans Le Piacere et de Wilde dans Le Portrait de Dorian
Gray, pour le thme du personnage de l'esthte, c'est- -dire de
l'intellectuel dcadent, qui se retire
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dans son refuge et vit en solitude l'impossibilit de s'adapter
au monde. la suite de ce roman, les dcadents sont accuss de
misanthropie et de mysticisme pervers. LE SYMBOLISME.... Le
Symbolisme est un mouvement littraire et artistique apparu en
France et en Belgique vers 1870, en raction au Naturalisme. Le
terme Symbolisme vient du Manifeste de Jean Moras, mais lide se
trouve dj dans la posie Correspondances de Baudelaire. Le
Symbolisme prsente des uvres en posie et prsente des crivains qui
sont des potes maudits (Baudelaire-Verlaine-Rimbaud-Apollinaire).
Le Symbolisme est un Dcadentisme intrioris o le pote a la
conscience de la dcadence, du mal de sicle et il se ferme en
lui-mme (Baudelaire-Verlaine-Rimbaud-Pascoli). En 1886 Jean Moras
publie sur le Figaro Le Manifeste littraire, o il dfinit la
doctrine symboliste. Le mot symboliste remplace le mot dcadent .
Verlaine, Corbire, Rimbaud, Mallarm, Lautramont, sont pratiquement
inconnus du public de leur poque. Les Chants de Maldoror (1869) de
Lautramont n'ont aucun cho dans la vie littraire. Verlaine est tenu
l'cart ds 1871-72 et ses Romances sans paroles (1874) sont tout
fait ignores. Quant Rimbaud, il n'est connu que de quelques amis;
et Mallarm, install Paris la fin de 1871, publie L'Aprs-midi d'un
faune (1876) dans l'indiffrence gnrale. Tous ces potes, sauf
Lautramont, ont commenc crire dans le groupe parnassien. Trs tt,
ils s'cartent de cette cole laquelle ils reprochent le caractre
inhumain, artificiel et formel de la posie. Ils pensent que !es
potes, comme !es peintres impressionnistes, doivent chanter la vie
moderne, ses frmissements et ses exaltations, au lieu de s'enfermer
dans le culte de la Beaut ternelle. Mais si la vie moderne est
intressante, ce n'est pas en tant que matire ; c'est en tant
qu'univers de signes o des correspondances intuitives et
mtaphysiques s'tablissent entre les choses et entre tres et choses.
Il ne faut donc pas chercher dcrire une ralit qui, au fond, n'est
peut-tre qu'une apparence, il faut suggrer. C'est ainsi que
Verlaine va dvelopper une vritable esthtique de la suggestion, dans
la quelle la musique de la langue potique joue un grand rle.
Mallarm, lui, va beaucoup plus loin encore : refusant toute
reprsentation, tout message et toute fiction, il veut purifier
l'acte potique de toute scorie matrielle. Pour les Symbolistes, la
posie ne s'adresse ni au sentiment ni la raison du lecteur, mais
son inconscient. La parole n'est plus utilise comme lment du
discours logique, mais pour son pouvoir vocateur et suggestif. La
posie devient donc un moyen de connaissance, le seul qui mne
l'Absolu. Cette connaissance se ralise grce l'vocation des
correspondances existant entre les mondes visible et invisible,
travers les synesthsies, et grce la cration de symboles, qui sont
la transposition dans une image concrte d'une ralit abstraite.
Certes, l'utilisation du symbole n'est pas nouvelle en posie. Il
suffit de penser Vigny et Leconte de Lisle. Mais le symbole des
symbolistes est trs diffrent car l'objet concret qui symbolise la
ralit spirituelle n'est pas nomm ni immdiatement identifiable. Il
est suggr travers un rseau de sensations. Dans le domaine du
langage, une double rvolution s'accomplit. D'une part, les
symbolistes acceptent la leon de Mallarm qui voit dans l'obscurit
une ncessit de l'expression potique ; d'o la prdilection pour les
mots rares, les constructions syntaxiques complexes, denses, les
images allusives. De l'autre, la leon de Verlaine met l'accent sur
la valeur allusive de la musicalit.
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LAUTREAMONT Ecritures 2 p. 200 BIOGRAPHIE Fils dun chancelier du
consulat de France de Montevideo, Lautramont, de son vrai nom
Isidore Ducasse, commence ses tudes chez les jsuites, avant dtre
envoy en France pour prparer le concours dentre lcole
polytechnique, dabord au lyce de Tarbes (1859), puis celui de Pau
(1863). En 1868 il sort sous lanonymat le premier des six Chants de
Maldoror. Le recueil complet, sign cette fois du comte de
Lautramont, est publi en 1869 et passa totalement inaperu. Le mme
accueil est rserv ses fragments en prose (Posies, 1870), rdigs peu
de temps avant sa mort, dont les circonstances exactes ne furent
jamais lucides. CHANTS DE MALDOROR (1869) Lautramont occupe une
place toute particulire. loign des courants littraires, il semble
se situer la pointe du romantisme satanique. Tourment comme
Baudelaire parle nostalgie de la puret et de l'infini et par
l'exprience du mal, il ne cesse d'prouver la cruaut de sa
condition. Les six pomes en prose des Chants de Maldoror sont une
vertigineuse invitation au spectacle du mal. Le hros, Maldoror, au
nom symbolique ( mal d'aurore ), est une sorte de vampire accompagn
d'un bestiaire rpugnant ( serpents.), qui parcourt de nuit les rues
dsertes la recherche d'adolescents innocents dont il boit le sang.
Il commet ses crimes avec la volont d'atteindre le Mal absolu. Un
sentiment de rage irnpuissante et un humour corrosif traversent
ainsi l'uvre de Lautramont dont l'criture, riche de mtaphores
irnprvues, donne l'irnpression de dlire et cre une sorte de
vertige.
COMPAIRAISONS DE THEMES ET DES MOUVEMENTS LITTERAIRES
Naturalisme en opposition Dcadentisme 1) Culte de la raison (qui
est au dessus de toutes les facults)
1) Exaltation de la folie, du rve, de linconscient
2) Foi dans la science 2) Mystre du monde : le monde n'est pas
si facile comprendre, comme pourrait le faire croire la science; il
est mystrieux, saisissable en apparence; il est fait de signe,
qu'il faut savoir dchiffrer car, selon une philosophie idaliste, le
monde visible n'est qu'une reprsentation du monde invisible.
3) La ralit est dterminisme : si on connait la race, le contexte
social et le moment historique, on connait lhomme (race. milieu et
moment)
2) La ralit est une interprtation des symboles : il s'agit alors
d'interprter les symboles dont la ralit est pleine pour dcouvrir
des mondes inconnus. Le pote, qui est dot d'une intelligence
intuitive, a la capacit de dcouvrir les correspondances entre des
parfums, les couleurs et les sons (Baudelaire). Il est le voyant
(Rimbaud).
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THEMATIQUES..
- Le monde est un symbole : Le symbolisme nat de la posie
Correspondances de Baudelaire, o le pote dit que la nature est un
temple des symboles que le pote seulement sait comprendre. Donc le
monde visible a aussi un aspect invisible. La posie utilise des
symboles. Le symbole est donc la reprsentation concrte dune ide
abstraite pour tablir un lien entre le monde des ides et le monde
des choses, mais chez les symbolistes ce mot acquiert un sens
particulier. L'objet matriel qui symbolise une ralit
4) description de la socit, des btes humaines
4) protestation contre la socit
Romantisme en continuit/opposition Dcadentisme 1) Exaltation du
sentiment (il valorise la sensibilit, lirrationnel, la folie, le
dlire)
1) Exaltation de la folie, du dlire : il y a la recherche
daccder linfini travers les drogues, lalcool, le sexe
2) Christianisme. LUnivers est un grand organisme, fils de Dieu.
Dieu est prsent dans lhistoire. Il y a la recherche de lunit
mystrieuse entre le moi et le monde. Dieu est immanent il
intervient dans lhistoire.
2) Panisme et Panthisme. Dieu est prsent dans la nature, dans
ses symboles dchiffrer (Baudelaire). Il y a la recherche de lunit
mystrieuse entre le moi et le monde. Dieu nintervient pas dans
lhistoire.
3) Mal du sicle : les hros romantiques souffrent du mal du
sicle
3) Angoisse, spleen et ennui : Les symbolistes reprennent lide
de Schopenhauer que la vie est une pendule entre lennui et la
douleur. Voil langoisse ou spleen ou tdium vitae.
4) Contraste entre la ralit et lidal (Oberman, Ren, Adolphe
souffrent de solitude et ils nacceptent pas la ralit du monde : ils
voudraient vivre leurs fantaisies) et entre lindividu et le
monde
4) Contraste entre spleen et lidal Baudelaire dit que lidal est
lme qui aspire Dieu et le spleen qui est le corps qui tend la
douleur.
5) Le pote est guide du peuple, prophte de vrit (Hugo) lcrivain
est dtach du monde, diffrent, un paria de la socit (De Vigny)
5) Le pote est un maudit : il est un voyant, qui interprte la
nature et ses symboles, cest un albatros (Baudelaire), mais il est
incompris par la socit
6) La nature est une mre La Nature est une mre qui donne de la
consolation lhomme Chateaubriand dans le Gnie du Christianisme,
Lamartine dans Les Mditations Potiques exaltent la nature comme
sensible lhomme Pour De Vigny, au contraire, la nature est martre
comme pour Leopardi, elle est indiffrente lhomme elle une froide
nature , un monstre pour lhomme.
6) La Nature est un univers dchiffrer : elle est une sorte
dincarnation de Dieule panthisme et panisme symboliste portent le
pote linterprtation des symboles CCPR. Baudelaire Correspondances)
et la synesthsie, perception globale et indiffrencie des sensations
visuelles, olfactives et unitives. On peroit la Nature travers le
drglement des sens (CPR. Rimbaud)
7) Roman comme engagement social : Hugo veut enseigner au peuple
Balzac qui est le secrtaire de la socit. Il dit : je veux faire
concurrence ltat civile ,
7) Posie comme lyrisme personnel, comme consolation la
souffrance, comme refuge. La musique de la posie comme consolation
(Verlaine).
8) Lcrivain est exemple de moralit et justice (Hugo-Vigny)
8) Lcrivain est un anticonformiste, un dandy, un pote maudit,
qui soppose la socit, donc il y a une protestation contre la
socit
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spirituelle est simplement suggr et non nomm directement.
Symbole comme reprsentation du monde invisible : Le symbole est un
moyen de connaissance : le pote travers le symbole va du monde
visible au monde invisible. Le monde visible nest quune
reprsentation du monde invisible. Toute la ralit nest quun symbole
interprter pour connaitre des mondes inconnus. - Le symbole n'est
pas immdiat, il n'est pas toujours directement comprhensible. Le
loup de La Mort du loup de Vigny symbolisait directement l'attitude
de refus de la socit; l'albatros qui se traine sur le bateau du
pome L'Albatros de Baudelaire symbolisait les difficults du pote
oblig de vivre dans le monde. Le pote n'explique pas ses symboles.
Au lecteur la tache de trouver son interprtation. --La suggestion
est prfre la reprsentation. Verlaine par exemple dans son pome Le
Ciel est pardessus le toit ne dit pas ce qu'il pense ou ce qu'il
ressent, il le fait comprendre en tablissant des correspondances
entre le paysage et son tat d'me, en faisant en sorte que
l'harmonie musicale du texte soit significative de ses motions. Les
paysages, les couleurs, la musique sont ainsi des symboles. - Le
pote est un voyant (veggente) : le pote nest pas seulement un mage
comme pour Victor Hugo, mais il est linterprte de mondes inconnus :
il est un albatros comme dit Baudelaire (oiseau solitaire qui vole
au-dessus des ttes des bourgeois) il est un voyant. Comme soutient
Rimbaud, le pote est le voyant qui sait interpreter la foret des
symboles , que Baudelaire voit dans la nature (CPR. Baudelaire,
Correspondances), cest--dire cest celui qui voit ce que les autres
ne peuvent pas voir. - Le pote est incompris, mais visionnaire : le
pote nest pas un paria de la socit (De Vigny), ni un mage, mais
cest un voyant et un albatros, seul et incompris, mais suprieur aux
bourgeois (il faut pater les bourgeois Baudelaire), parce quil est
dou dune intelligence intuitive, qui lui permet de dcouvrir les
correspondances entre les parfums, les couleurs et les sons , donc
il comprend ce quil y a derrire les apparences. Donc les
symbolistes, au contraire du Romantisme, sopposent la socit et ils
vivent dans leur monde dhallucinations pour combattre la douleur et
lennui... - Le pote est un maudit: les symbolistes sont appels
aussi potes maudits, parce quils vivent leurs vies en utilisant des
alcooliques, des drogues, pour combattre lennui. Ils vivent des
vies bohmiennes sans travail. Ils vivent pour crire. - La posie est
musique : La posie parnassienne se tournait vers les arts
plastiques, parce que les parnassiens voulaient dcrire des choses
tangibles et d'une faon prcise. La posie symboliste, au contraire,
se tourne vers la musique, parce que les symbolistes recherchent le
vague et l'indfini. La musicalit est la base de la posie
symboliste. Verlaine est le pote de la musique. Il soppose la rime
et il crit : De la musique avant toutes choses et pour cela je
prfre limpair Art potique (1874). Les mots et les vers doivent
suggrer non seulement travers leur sens premier, mais aussi travers
la musicalit qui leur est propre. Les symbolistes
(Mallarm-Pascoli-DAnnunzio) utilisent lonomatope et la rptition de
mots (Verlaine : O triste triste tait mon me / cause, cause dune
femme).- e vers libre : Les Symbolistes adoptent une versification
libre, en opposition aux Parnassiens, ils cherchent rendre la
phrase plus fluide, avec labolition de la rime et lusage de
lassonance et de lallitration (CPR. Verlaine) - La posie est
synesthsie : La posie Correspondance de Baudelaire dit Les parfums,
les couleurs et les sons se rpondent cest--dire que la posie est la
fusion
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de sensations visuelles, auditives et olfactives (Pascoli :
odore di fragole rosse). Ainsi, selon la thorie de Rimbaud dans son
sonnet Voyelles, chaque son vocalique est associ une couleur et aux
images qui l'voquent. des sensations auditives correspondent des
sensations colores et le pouvoir de suggestion sensorielle des mots
s'largit considrablement. Tissant des liens profonds entre les
diffrents mondes et les diffrentes sensations, la posie symboliste
unit aussi les diffrents arts, intgrant l'influence de Wagner et de
Debussy et de la peinture impressionniste. -Lart pour lart: la
posie ne doit pas enseigner (CPR. Le Parnasse), mais suggrer
linvisible, labsolu. Lart sert au beau, pas lutile. Le Beau nest
pas seulement dans le Bien, mais aussi dans le Mal (Le titre Fleurs
du Mal).
COMPARAISON : Symbolisme en France et en Italie 1) Baudelaire,
la bohme parisienne et la scapigliatura italienne Paris, vers la
moiti du XIXe sicle, on appelait bohmiens les artistes qui
mprisaient la socit de leur temps fonde sur le matrialisme et la
productivit. Pour afficher leur hostilit, ils menaient des vies
irrgulires et dsordonnes, en marge de la vie sociale, comme des
gitans ou des Bohmiens. Scapigliatura est un mot introduit par
Cleto Arrighi, qui l'utilise dans le titre de son roman La
scapigliatura e il 6 febbraio (1862) pour rendre en italien le mot
franais bohme. Les scapigliati sont proches du maledettismo franais
et refusent la socit bourgeoise en se refugiant dans le reve et
dans tout ce qui est hors norme. 2) Le symbolisme en ltalie.. La
voie du Symbolisme, ouverte par Baudelaire, s'est affirme avec
Verlaine, Rimbaud et Mallarm, des potes trs connus en ltalie. Les
crivains les plus sensibles cette nouvelle tendance sont surtout
Gabriele D'Annunzio (1863-1938), Giovanni Pascoli (1855-1912).
Comme les symbolistes, les crivains italiens donnent beaucoup
d'importance : 1) la musicalit, la composante sonore de leurs
textes (il suffit de lire par exemple un pome comme L'assiuolo de
Pascoli ou La sera fiesolana de D'Annunzio pour y reprer de
nombreux vers contenant de prcieuses recherches phoniques 2) le
symbole, qui devient un renvoi mystrieux et obscur une ralit cache
derrire la ralit visible;.. 3) la synesthsie, qui joue sur la
fusion de diffrentes sphres sensorielles, et qui revient par
exemple dans les premires strophes de La sera fiesolana de
D'Annunzio ou de La digitale Purpurea de Pascoli.
-
89
CHARLES BAUDELAIRE Ecritures 2 p. 176-184-187 Charles Pierre
Baudelaire est un pote franais, l'un des potes les plus clbres du
XIXe sicle : il a rompu avec l'esthtique classique et il a cre la
posie franaise moderne et il a invent la prose potique. Baudelaire
est pote un maudit: il vit sa vies en utilisant des alcooliques,
des drogues, pour combattre lennui. Il vit une vie bohmienne pour
crire. Cest avec Baudelaire qui nait la posie moderne, engrangement
intrieur la recherche dune rsolution aux conflits intrieurs et un
moyen de connaissance du monde. Marqu par ses exprience (la
jalousie pour la mre, la solitude, la maladie), Baudelaire fait de
sa vie une rvolte, qui nait du conflit entre le cur et la raison,
le rve de puret et le tourment du pche, lamour pur et la sensualit.
Ce conflit explique la profondeur de son
-
90
l'autre vers Satan. L'invocation Dieu, ou spiritualit, est un
dsir de monter en grade; celle de Satan, ou animalit, est une joie
de descendre>>. -Le corps est la prison de l'me: Selon
Baudelaire le corps est la prison de l'me, parce que le corps est
fini et au contraire l'me est infinie (ide qui drive de Platon).
L'homme vit la prison du corps qui empche l'me d'imaginer et de
percevoir l'infini (M. Badiali, Baudelaire : entre Paradis et
enfer, Universit de Lyon, en Baudelaire me et esprit, d. Folio p.
93). - -Pote maudit : Se sentant diffrent, le pote mne une vie
non-conformiste, en dandy, en bohmien. Ls problmes politiques et
sociaux ne l'intressent gure, mais le gout du choc, de la
provocation (CPR. en opposition au Naturalisme). Cette attitude
extrieure est une forme de rvolte contre la socit bourgeoise qu'il
dteste, un d'affirmation de sa supriorit spirituelle. Peu peu la
cration potique devient une ncessit intrieure, un moyen pour voir
clair son conflit intrieur. -Spleen et Idal : Baudelaire a fait
entrer dans la langue franaise un mot anglais, spleen qui
appartient au vocabulaire mdical et signifie humeur noire (en
anglais signifie milza); par extension le mot dsigne l'tat d'me qui
drive de cette (humeur noire): ennui, angoisse de l'existence,
dgout de tout, dcouragement qui provoque des crises accompagnes
d'hallucinations, mlancolie exacerbe qu'accentue l'angoisse du
Temps. Le pote vit sa vie entre le spleen qui drive du corps et
lidal qui drive de lme. Le spleen est le tdium vitae, lhumeur noire
dangoisse et dennui et lidal est la recherche de Dieu et de la
Beaut. Il se sent un faux accord dans la divine symphonie . Dans la
posie Spleen le pote est opprim par le spleen et la terre devient
une prison suffocante sans esprance. Dans le cur de l'homme se
livre donc la bataille de la chair avec l'esprit, de l'enfer avec
le ciel, de Satan avec Dieu. Les pomes des deux grands recueils de
Baudelaire, les Fleurs du Mal et le Spleen de Paris, racontent cet
itinraire, douloureux mais exaltant lorsque la cl se trouve tre la
dcouverte de la Beaut. Comment chapper au
spleen?.....................................................................................
1) Par le voyage? Mais le seul voyage n'est-il pas celui de la
mort? Le pote rve d'chapper son univers oppressant en partant loin.
Or l'homme porte en soi son spleen, le Voyage n'est pas une
libration, mais une vasion passagre. C'est ce que conclut
Baudelaire dans le dernier pome des Fleurs du Mal intitul prcisment
Le Voyage (CPR. Voyage). La mort y apparat comme le but de
l'itinraire humain, la seule libration dfinitive, l'unique
possibilit de retrouver l'idal. .. 2) Par les paradis artificiels
ou l'amour charnel? Baudelaire s'est adonn l'ivresse, la drogue,
dont il apprcie les pouvoirs hallucinatoires, mais qui sont
trompeurs, car l'idal n'est pas l. L'amour pourrait-il tre
rdempteur? Trois femmes et trois formes d'amour s'offrent au pote:
l'amour charnel reprsent par Jeanne Duval, la multresse, l'amour
spirituel incarn par Mme Sabatier et l'amour fraternel dont le
gratifie Marie Daubrun, La femme aux yeux verts . Le pote oscille
sans jamais atteindre l'idal. 3) Par la beaut? Pour dpasser sa
profonde angoisse existentielle, pour trouver l'apaisement, le rve,
li la mmoire d'un autrefois mythique, semble la seule solution.
Alors l'idal platonicien d'un ordre parfait o rgne la Beaut peut
s'accomplir. Cette beaut n'est pas lie du reste la morale: comme
l'indique le titre mme du recueil des Fleurs du Mal. - Lart est
beau, pas utile : la posie ne doit pas enseigner. Lart sert au
beau, pas lutile.
-
91
- Lamour : la victime et le bourreau : Dans les Fleurs du mal il
y a la reprsentation de lamour charnel et spirituel. Selon
Baudelaire dans un rapport damour il y a une victime qui es suivie
et un bourreau qui suit.. - Le Beau est dans le bien et dans le mal
: il veut librer l'esthtique de toute considration morale ou
thique. Le Beau nest pas seulement dans le Bien, mais aussi dans le
Mal (Le titre Fleurs du Mal CPR. Wilde Portrait de Dorian Gray). -
La posie est une recherche dabsolu : la posie doit suggrer
linvisible. - Le pote est un phare de vrit : le pote nest pas
seulement un mage comme pour Victor Hugo, mais il est linterprte de
mondes inconnus : il est un albatros comme dit Baudelaire (oiseau
solitaire qui vole au-dessus des ttes des bourgeois) il est un
voyant ou phare de vrit, cest--dire il voit ce que les autres ne
peuvent pas voir - Le monde est un symbole : BAUDELAIRE FONDE LE
SYMBOLISME dans la posie Correspondances, o le pote dit que la
nature est un temple des symboles qui seulement lui sait
comprendre. Donc le monde visible a aussi un aspect invisible. - La
posie est synesthsie : La posie Correspondance de Baudelaire dit
Les parfums, les couleurs et les sons se rpondent cest--dire que la
posie est la fusion de sensations visuelles, auditives et
olfactives (Pascoli : odore di fragole rosse). - Les arts sont
interdpendants : la posie est lie la peinture et la musique.
BAUDELAIRE/PASCOLI Si lusage des symboles chez Baudelaire est
conscient et intellectuel, le Symbolisme de Pascoli est inconscient
. UVRE LES FLEURS DU MAL (1857) . La premire dition est du 1857, la
mme anne que Madame Bovary de Flaubert, et suscite un scandale et
Baudelaire a un procs, parce que le livre de posies est considr
immoral pour son contenu (exaltation de la douleur, de la mort, de
la drogue et du sexe) et contient 100 posies. Mais six pomes sont
retranchs, condamns pour immoralit, prcisment ceux appartenant la
section qui donne son nom l'ensemble du recueil. C'est pourquoi,
aprs avoir chou contre Flaubert, le ministre public songe prendre
une revanche toute trouve contre Baudelaire, pote maudit. Le
substitut qui avait requis contre Mme Bovary, va requrir prsent
contre les "Fleurs du mal". Le Tribunal jugera ainsi : "
condamnation : Dlit d'outrage la morale et aux bonnes murs,
Baudelaire paiera une amende de 300 F et on ordonne la suppression
de quelques pices du recueil". Baudelaire a t condamn par la socit
la plus moralisatrice, et la critique la plus conservatrice a eu
gain de cause ! (M. Badiali, Baudelaire : entre Paradis et enfer,
Universit de Lyon, en Baudelaire me et esprit, d. Folio p. 88).
Victor Hugo a t un grand dfenseur de Baudelaire. Dans la deuxime
dition de 1861, on compte cent vingt-six pomes. Une 3ime dition
parlt en Belgique avec les textes censurs. Enfin en 1868, aprs la
mort du pote, ses amis proposent une 4ime dition, riche de pomes
nouveaux. La deuxime dition est de 1868 et compte 152 posies.
Baudelaire considre Les Fleurs du mal le livre de sa vie et il crit
: Dans ce livre atroce, jai mis toute ma pense, tout mon cur, toute
ma religion, toute ma haine . Les Fleurs du Mal sont diviss en six
parties :
-
92
1. Spleen et ldal. C'est la partie la plus riche, dans laquelle
Baudelaire dcouvre la dualit de la condition humaine. L'homme
aspire l'Absolu, mais est incapable de le raliser ici-bas, do le
sens d"'Ennui, le dgout de lui-mme, le spleen. 2. Tableaux
parisiens. La ville, reprsente comme un lieu horrible et fascinant
la fois, est la premire tape du voyage de la rvolte contre Dieu,
pote qui regarde tout autour de lui pour voir comment vivent les
autres hommes. Dans la ville il voit, au milieu d'un dcor sinistre,
des prostitues, des mendiants, des infirmes, des exils : certains
acceptent leur destin, d'autres luttent pour y chapper. Et dans la
ville, il voit plusieurs possibilits d'vasion travers le choix
dlibr du mal. 3. Le Vin. L'alcool est une premire tentative, phmre,
d'vasion vers l' ailleurs . 4. Les Fleurs du mal. A travers
l'exprience sexuelle, les amours interdites et les paradis
artificiels, lhomme cherche connaitre sa nature. 5. La Rvolte Il ne
reste que la rvolte contre Dieu, qui a voulu l'homme dans cette
condition, et l'invocation Satan. .. 6. La Mort. La rvolte est
inutile. Dieu est sourd ou ne peut rien faire. (CPR. De Vigny Le
mont des Oliviers). La mort est alors le dernier espoir de l'homme
: C'est la Mort qui console, hlas ! Et qui fait vivre. Seule la
mort peut apporter au pote la libration souhaite. la fin du
recueil, le conflit entre spleen et idal, salut et damnation, ne
trouve pas de solution. Reste, puissant et dsespr, l'espoir du pote
d'un voyage qui le conduise hors de l'Univers dans un espace
inconnu, affranchi dfinitivement du Temps. (CPR. Le Voyage)
Baudelaire romantique ? Au moment mme o il dpasse le romantisme
franais, Baudelaire apparat donc comme le premier, grand,
romantique. Presque tous les thmes du premier romantisme sont
accepts mais amplifis, ports aux extrmes consquences : l'amour
devient amour spirituel, rdempteur, mais aussi rotisme, pch,
sensualit pure; le thme religieux devient mysticisme; le vague l'me
devient spleen, vide moral, angoisse mtaphysique; le thme de
l'vasion devient voyage vers les paradis artificiels, vers
l'inconnu, mais aussi vers la Beaut idale; la mort n'est plus lan
vers le haut, mais anantissement physique de l'homme. Quant au rle
du pote, l aussi on reconnat des affinits. Dj le pote romantique se
considrait comme un tre suprieur, incompris des hommes. Mais il
s'agissait l d'une attitude aristocratique envers la mdiocrit du
monde. Maintenant, le pote fait de cette attitude une exprience de
vie. Maudit, il fait de sa diffrence et de son dandysme une sorte
d'hrosme. La mission du pote est de dcouvrir le sens profond des
choses, de pntrer les apparences pour rvler l'invisible. Le pote
ne
-
93
dcrit pas, il accomplit une c:euvre de magie incantatoire, il
suggre. Quant la nature, elle n'est ni bonne ni belle (CPR. Nature
mre de Lamartine/Nature martre de Vigny) et elle ne satisfait pas
la soif d'infini. Il faut aller au-del des apparences, percevoir
des analogies, des correspondances entre les mondes sensible et
suprieur. En accord avec le principe de la synesthsie (transfert
rciproque de facults sensibles: les parfums voquent des sons et des
couleurs et vice-versa), grce son imagination et un langage purifi,
le pote peut faire merger l'invisible et faire dcouvrir l'unit de
l'univers. Baudelaire parnassien ? . C'est du Parnasse que lui
vient le culte de la Beaut pure et lexigence d'un travail formel
rigoureux. Les Parnassiens ont voulu redonner au mot son relief
plastique. Baudelaire accepte cette conception et l'approfondit :
pour lui, la posie a une valeur symbolique. La musicalit devient la
voix secrte des choses. Le langage potique est une sorte de liquide
dou dun pouvoir magique. Baudelaire utilise surtout des formes
traditionnelles, lies au Parnasse, aux rgles rigides, comme le
sonnet. CORRESPONDANCES Ecritures 2 p. 184 Analyse du texte
-
94
SPLEEN Ecritures 2 p. 177 Analyse du texte
LALBATROS
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'quipage prennent des
albatros, vastes oiseaux des mers, qui suivent, indolents
compagnons de voyage, le navire glissant sur les gouffres amers. A
peine les ont-ils dposs sur les planches, que ces rois de l'azur,
maladroits et honteux, laissent piteusement leurs grandes ailes
blanches comme des avirons traner ct d'eux. Ce voyageur ail, comme
il est gauche et veule! Lui, nagure si beau, qu'il est comique et
laid! L'un agace son bec avec un brle-gueule, L'autre mime, en
boitant, l'infirme qui volait! Le Pote est semblable au prince des
nues Qui hante la tempte et se rit de l'archer; exil sur le sol au
milieu des hues, ses ailes de gant l'empchent de marcher.
Spesso, per dilettarsi, gli uomini della ciurma catturano gli
albatros, grandi uccelli marini che seguono, indolenti compagni di
viaggio, la nave che scivola sugli amari flutti. Appena deposti
sulle assi della tolda questi re dell'azzurro, maldestri e
vergognosi lasciano pietosamente le grandi ali bianche trascinarsi
come remi accanto a s. Quant' goffo e fiacco questo viaggiatore
alato! Lui, prima cos bello, quant' comico e brutto! Uno tormenta
il suo becco con un mozzicone acceso, l'altro mima, zoppicando,
l'infermo che volava. Il Poeta assomiglia al principe delle nubi
che sfida la tempesta e sbeffeggia l'arciere; esiliato al suolo in
mezzo al baccano le sue ali di gigante gli impediscono il
cammino.
-
95
Lalbatros Analyse du texte Le Voyage Ecritures 2 p. 178
-
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ELEVATION Ecritures 2 p. 182 Analyse du texte
PARADIS ARTICIELS (1860).. Les Paradis artificiels est un essai
de Charles Baudelaire paru en 1860, o le pote traite de la relation
entre les drogues et la cration potique. Baudelaire met cependant
en question l'intimit du lien qui pourrait exister entre les
drogues et le pote, le pote vritable n'ayant pas besoin de drogues
pour trouver l'inspiration. L'ouvrage de Baudelaire est structur en
deux parties. La premire partie, intitule Le pome du haschisch, est
un essai sur le haschich. Le pote y mle des observations sur la
prise de la drogue par ses amis ainsi que par lui mme avec des
passages vocation pharmacologique, psychologique ou mtaphysique. La
seconde partie est un commentaire du livre Confessions d'un mangeur
d'opium anglais de Thomas de Quincey paru en 1821. Pour l'criture
de cette partie, Baudelaire oscille entre passages traduits,
commentaires littraires, philosophiques et biographiques.
L'expression ayant fait flors, les mots paradis artificiels
dsignent aujourd'hui toute drogue (en particulier les hallucinognes
comme la mescaline ou le LSD)
-
97
consomme dans le but de stimuler la crativit potique et
l'invention d'images indites. Cette exprience des drogues (qui peut
aller jusqu' la dpendance ou l'intoxication, comme pour Thomas de
Quincey) et, d'une manire plus gnrale, une vie comportant des
prises de risques importantes pour la stabilit mentale, s'intgre la
conception dcadente des potes maudits . . PETITS POEMES EN PROSE
(1869) Le Spleen de Paris est un recueil de 50 pomes en prose,
crits depuis 1855, et publis aprs la mort du pote sous le titre
Petits Pomes en prose. sa mort, la moiti seulement avait t compose.
L'unit thmatique du recueil est vidente : il s'agit
essentiellernent de tableaux de la vie parisienne, qui prolongent
les Tableaux parisiens. L'expression de pome en prose est en
elle-mme paradoxale, parce que ce qui est vers est originellement
dfini comme ce qui n'est pas prose, et viceversa. S'opposant la
versification classique, le pome en prose en refuse les lois de
mtrique et de la prosodie. La posie du langage est alors assure par
d'autres systmes de rythmes et de rptitions: petits paragraphes,
versets, l'intrieur desquels, s'installent des systmes de rptitions
lexicales et syntaxiques. Les images permettent de provoquer
smantiquement les phnomnes d'cho qui ne sont plus assurs par les
sonorits. La ville est le cadre o l'homme oscille entre le haut et
le bas, entre Dieu et Diable, entre l'espoir et l'angoisse, d'o le
premier titre Spleen de Paris. Baudelaire s'est attach peindre
Paris dans tous ses aspects ngatifs, avec tous ses habitants
mendiants et exils, qui peuplent ses ruelles sinistres qu'il
considre comme ses frres. La grande mtropole prcisment le lieu o se
joue le drame de l'homme moderne qui veut la fuir, rve d'ailleurs
et en reste prisonnier.
ENIVREZ-VOUS Il faut tre toujours ivre. Tout est l: c'est
l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps
qui brise vos paules et vous penche vers la terre, il faut vous
enivrer sans trve. Mais de quoi? De vin, de posie ou de vertu votre
guise. Mais enivrez-vous. Et si quelquefois, sur les marches d'un
palais, sur l'herbe verte d'un foss, dans la solitude morne de
votre chambre, vous vous rveillez, l'ivresse dj diminue ou
disparue, demandez au vent, la vague, l'toile, l'oiseau, l'horloge,
tout ce qui fuit, tout ce qui gmit, tout ce qui roule, tout ce qui
chante, tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le
vent, la vague, l'toile, l'oiseau, l'horloge, vous rpondront: "Il
est l'heure de s'enivrer! Pour n'tre pas les esclaves martyriss du
Temps, enivrez-vous; enivrez-vous sans cesse! De vin, de posie ou
de vertu, votre guise." Analyse du texte : . Le texte de Baudelaire
dsigne clairement un ennemi contre lequel il nous invite la lutte :
1) Aspiration de l'Homme fuir sa condition mortelle soumise au
Temps qui passe : il s'agit du Temps (CPR. Lamartine), sorte de
tyran qui terrorise toute la cration. En effet, Baudelaire semble
tre obnubil par le passage du temps puisqu'il emploi ce mot deux
reprises avec une majuscule. Il le considre comme un fardeau et
pense tre un esclave martyris du temps. Tout le champ lexical du
passage du temps est prsent : horloge, heure, fuit, roule
apparaissent et confirment cette menace constante du temps passant.
2) L'Ivresse considre comme un remde ce mal mtaphysique 3)
L'enthousiasme lyrique marqu par le rythme qui dtruit la limite
entre posie et prose, qui une prose potique. MA PAGE SUR FACEBOOK
https://www.facebook.com/pages/charles-BAUDELAIRE/101351126580793?fref=ts
ESSAIS http://www.massimilianobadiali.it/baudelaire2.htm
http://www.massimilianobadiali.it/baudelaire.htm
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98
LA COMMUNE DE PARIS et LA 3ime RPUBLIQUE Ecritures 2 p. 127-128
Aprs la chute de Napolon III, il y a une autre Rvolution (la
troisime aprs 1789 et 1848): l'insurrection communarde de Paris,
appele la Commune de Paris ((18 mars - 28 mai 1871), o le peuple
soppose aux fauteurs de lEmpire et suivant les ides socialistes et
radicales fait imposer la rpublique, appele la Troisime
Rpublique.
La Troisime Rpublique est le rgime politique de la France de
1871 1945. La Troisime Rpublique prit fin de facto le 10 juillet
1871 jusqu la fin de la Seconde Guerre Mondiale (1945).
PAUL VERLAINE Ecritures 2 p. 188-196-197 Marie-Paul Verlaine est
le pote franais de la musicalit : cest lui qui a lanc la notion de
potes maudits et quil a invent le terme Dcadentisme . BIOGRAPHIE
Paul Verlaine nant Metz en 1844, mais il passe sa jeunesse Paris o
il fait des tudes classiques. Bien vite son gout pour les lettres
s'affirme. Verlaine lit les potes contemporains (Baudelaire,
Gautier, Banville), frquente les milieux parnassiens. Il entre dans
l'administration de la Mairie du IX arrondissement, mais la posie
est en lui. En 1866, il publie compte d'auteur son premier recueil,
Pomes saturniens, encore marqu par le Parnasse. Aprs la mort de son
pre, puis de sa cousine qu'il affectionnait, Verlaine se rfugie
dans l'alcool. Il continue d'crire; en 1869 paraissent les Ftes
galantes, petit recueil o l'esthtique verlainienne, faite de
raffinement et d'vanescence, s'affirme pour la premire fois. Par
deux fois, ivre, il tente de tuer sa mre. En 1870, il pouse
Mathilde Maut, et connait une priode d'apaisement, qui transparait
dans La Bonne Chanson. Mais le sige de Paris et la Commune, puis la
rencontre avec Rimbaud, brisent ce bonheur fragile. Verlaine et
Rimbaud voyagent pendant deux ans en Angleterre et en Belgique.
Verlaine crit les Ariettes oublies et les Romances sans paroles
(1874). Mais les deux amants se brouillent et Verlaine tente
d'assassiner Rimbaud le 10 juillet 1873. Verlaine se retrouve en
prison o il entreprend une conversion spirituelle et morale. Le
recueil Sagesse en 1880 tmoigne de sa nouvelle orientation. Mais
Verlaine ne parvient pas s'en sortir. Le recueil Jadis et Nagure
(1884), qui regroupe des pices disparates, parlt compte d'auteur.
Verlaine est quasiment oubli dans le milieu littraire. Il rechute,
brutalise de nouveau sa mre. la mort de celle-ci, il se retrouve
seul, et commence le cycle des sjours en hpital. Ses amours sont
brves, instables. C'est alors que ses pairs le reconnaissent et le
sacrent prince des potes . Verlaine est invit faire des confrences
l'tranger. Il publie paralllement Bonheur(1891), Mes H6pitaux, Mes
Prisons, Mes Confessions.
-
99
En 1894, il est sacr prince des potes " Ses sjours dans les
hpitaux sont de plus en plus frquents. Toujours divis entre la
sensualit et le mysticisme, Verlaine partage la vie de prostitues,
donne des confrences en Belgique et en Angleterre. La sant ruine
par l'alcool, il meurt pendant l'hiver 1896 dans la misre. Un long
cortge d'admirateurs suit le convoi funbre.
THEMES FONDAMENTAUX - Verlaine fonde le terme Dcadentisme dans
la posie de Langueur qui dit : Je suis l'Empire la fin de la
dcadence, / Qui regarde passer les grands Barbares blancs/En
composant des acrostiches indolents/D'un style d'or o la langueur
du soleil danse ( Sono l'Impero alla fine della decadenza, che
guarda passare i grandi Barbari bianchi componendo acrostici
indolenti dove danza il languore del sole in uno stile d'oro. ). -
Le pote est un maudit: il vit sa vie en utilisant des alcooliques,
des drogues, pour combattre la mlancolie. Il vit sa vie bohmienne
avec Rimbaud. Ils vivent ensemble pour crire. - La vie comme
langueur et mlancolie : oscillation psychotique entre le pch et le
remords: Verlaine a la tendance intime de se rendre victime de
chaque situation. Son cur corrompu cherche la candeur perdue dans
la femme, en Rimbaud et dans la conversion religieuse. Il y a une
oscillation entre le pch de la chair et le remords. Chez Verlaine,
en comparaison avec Baudelaire, il y a quelque chose de languissant
et malade : Mathilde, Rimbaud et le Catholicisme sont des masques
inconscients qui mettent en vidence la nature alcoolique
psychotique du pote. Son je sexorcise dans la musique pour
dissoudre les psychoses dans les rythmes (M. Badiali. Verlaine ou
lexorcisme musical, Universit de Lyon, art. en Verlaine pote de la
musique, 1996). - La posie est nature : Le paysage pour Verlaine
est la base de la posie : Verlaine comme Pascoli est le pote de la
nature. Objets de posies devient la campagne, le ciel, les fleurs,
mais comme pour Pascoli ils sont chargs dune valeur plus intime. -
La posie est musique : la musicalit est la base de la posie de
Verlaine, qui est le pote de la musique. Verlaine est considr le
Mozart de la posie. Il soppose la rime et il condamne lloquence. Il
prfre un vers motif : De la musique avant toutes choses et pour
cela je prfre limpair (Art potique). Il y a une musicalit simple,
loine de lloquence et de la rhtorique. "Prends lloquence et
tords-lui son cou" (Art Potique). La posie devient un exorcisme
musical travers lonomatope et la rptition de mots (O triste triste
tait mon me / cause, cause dune femme) La parole perd la valeur de
concept : elle devient musique.. Influence de Rimbaud : Rimbaud
donne Verlaine une incitation rejeter les traditions de la forme
pour oser des transgressions, pour oser rechercher une langue
potique nouvelle. Verlaine pousse alors beaucoup plus loin sa
rflexion dj commence sur la musique de la langue : le titre du
recueil dit bien ce qu'il affirme dans son Art potique,- qui date
de 1874 mais qui paraitra seulement en 1882 ->. La logique du
pome ne doit pas se fonder sur le sens des mots, mais sur une
mlodie, sur le chant qui se cre. La langue s'allge et se dpouille.
- La posie est pure et innovation mtrique : La posie est pure. Chez
Verlaine la posie est pure, pas intellectuelle. Ennemi de la
rgularit et de la symtrie, Verlaine ne se soucie pas beaucoup de la
construction de la phrase. Il refuse la prcision lexicale et fait
recours des mots vagues et irnprecis. La rime est fminine, les
sonorits sont bien choisies pour donner l'impression de langueur,
le vers est impair, les coupes inhabituelles. Plutt que les
couleurs nettes, il recherche le flou, les couleurs nuances, les
contours flous. Dans les
-
100
posies de Verlaine les articulations grammaticales sont rduites
au minimum, les rythmes sont impairs. Il y a une dcomposition de
lintrieur, recompos dans lextrieur dun paysage dune sensation. Pour
le rythme lalexandrin est trait dans une manire originelle: il
devient purement musical. En ces vers il ny a plus une component
logique, mais limmensit de lesprit. Il utilise les enjambements,
les assonances, les rptitions et reprises de strophes. Lalexandrin
traditionnel a 4 accents, Verlaine utilise vers de 3 syllabes comme
dans Chansons dautomne ou 5 syllabes comme dans Il pleure dans mon
cur.
UVRE
POEMES SATURNIENS (1866) Les Pomes Saturniens doivent un peu au
Romantisme et beaucoup au Parnasse. Dans certains pomes restent
visibles les influences de Hugo, de Gautier, de Leconte de Lisle et
du Parnasse, influences qui laissent supposer des crations plus
anciennes, mais, mme dans ces cas-l, il est trs difficile de faire
la part entre influence directe et volont de Verlaine de parodier
les potes qui l'ont prcd. Ce qui est certain, c'est que Verlaine a
dj pens son art de faon magistrale, comme le montre le long article
qu'il consacre la potique de Baudelaire dans les numros de novembre
dcembre 1865 de la revue LArt. ll y affirme sa rupture avec les
conceptions lamartiniennes et autres ; il ne veut pas de lyrisme
sentimental : la posie n'a d'autre but qu'elle-mme ; il
CHANSON DAUTOMNE Ecritures 2 p. 189 Analyse du texte
-
101
faut rechercher l'amour exclusif du Beau et l'impeccabilit de
l'expression. Verlaine est particulirement dur envers le mythe
romantique de l'inspiration, comme il le rpte dans le pome qui sert
d'pilogue aux Pomes satumiens. Non seulement il dclare de rompre
avec le pass, mais il ralise ce qu'il dclare. Et ce qu'il apporte
de neuf, se situe surtout dans le domaine de l'criture: il ne
s'agit plus de choisir les mots pour leur sens et d'en faire un
discours ; il s'agit de les choisir d'abord pour leur puissance
musicale et mtaphorique : la mlodie du vers se mle aux sensations
pour crer un impressionnisme de sons et d'images. L'adjectif
Saturnien , comme l'explique Verlaine, inscrit le pote dans la
ligne des potes maudits. Verlaine se dplace sous l'influence
ngative de Saturne qui apporte aux hommes le malheur. A travers son
chant et son rythme, il exprime ses inquitudes vagues, ses remords,
sa tristesse. On reconnat l l'influence de Baudelaire, dans lequel
Verlaine voit le pote qui exprime puissamment l'homme moderne et sa
sensibilit ainsi que le caractre conscient et volontaire d'une uvre
o chaque mot est le rsultat d'une longue mditation
FETES GALANTES (1869) crits partir de 1867, les pomes des Ftes
galantes constituent le premier chef-d'ceuvre de Verlaine. Il y
voque des paysages champtres avec bosquets, bassins de marbre, jets
d'eau la manire de Watteau, peintre du XVIII sicle. Au milieu de
ces paysages, voluent des personnages de la comdie de l'art, des
Arlequins, des Pierrots, des dames galantes, des personnages
trompeurs et charmants, qui chantent et qui rient. Pour eux, la vie
et l'amour ne sont qu'un jeu. Mais leur gaiet n'est qu'une
apparence derrire laquelle se cache une vague inquitude et une
profonde tristesse. Verlaine voque ces atmosphres prcieuses avec
une grande grce mais aussi avec une subtile ironie. Dans ces
paysages, plus suggestifs que descriptifs, le pote retrouve le
paysage de son me : la musique, la tristesse, la nostalgie d'une
gaiet perdue et d'une tendresse protectrice. LA BONNE CHANSON
(1872) Achev ds 1870, le recueil de La Bonne Chanson ne paratra
qu'en 1872 cause de la guerre. Dans ces pomes, qui constituent le
journal de ses fianailles, Verlaine renonce la suggestion au profit
d'un discours clair et d'une posie spontane aux sentiments trs
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simples. La Bonne Chanson a un caractre trs personnel. Le pote y
raconte, d'une faon sincre et mouvante, sa rencontre avec Mathilde
Maut, ses joies, son enthousiasme, son amour. L'espoir et les
images de l'amour et de la lumire prennent la place de l'inquitude
et des images crpusculaires et nocturnes. Cette nouvelle conception
de la posie correspond un nouvel tat d'me du pote qui espre trouver
le bonheur avec Mathilde et entrer dans une vie range. ROMANCES
SANS PAROLES (1872) Le recueil intitul Romances sans paroles est
plus significatif dans la production verlainienne. Ce sont 28 pomes
ddis Arthur Rimbaud. Cet poux fatal constitue en effet l'lment
autobiographique de plusieurs de ces pomes. Dans ce recueil, divis
en six sections, qui contient quelques-uns des pomes les plus
clbres (Il pleure dans mon cur), le pote exploite les ressources
musicales des mots et des phrases. Le titre mme sans paroles,
souligne la primaut du son des mots sur leur signification. Les
thmes dominants sont: la femme, relle ou immatrielle; le paysage,
toujours suggr et non dcrit, comme une peinture impressionniste; la
tristesse, espce de langueur injustifie, sans raison apparente.
Verlaine abandonne l'esthtique parnassienne et s'intresse la
peinture impressionniste qu'il traduit en posie, crant ainsi une
esthtique nouvelle qui conduira au symbolisme. Dans lexchange
potique et amoureux Verlaine enseigne Rimbaud la mtrique la plus
juste, les rgles potiques et Rimbaud renouvle la pense de Verlaine
: Rimbaud veut lui faire comprendre que la posie est autre chose
qu'une uvre d'art, qu'un parcours esthtique : elle est action,
investissement de tout l'tre, et exige un don total de soi. Rimbaud
lui communique aussi le gout du risque et de la libert totale, le
courage d'tre lui-mme. Au moment o il crit Romances sans paroles,
Verlaine est donc fascin par Rimbaud. Mais mme pendant cette priode
de grande dpendance envers l'ange en exil , le Satan adolescent ,
l'influence de Rimbaud rie fait pas perdre la posie de Verlaine son
originalit propre, qui consiste dans la cration d'une rverie vague
dans une atmosphre mlancolique. Pour Verlaine, tre lui-mme, c'est
avant tout trouver et exprimer son me. Mais, puisque l'une est
quelque chose d'ineffable, tout alors devient nuance, allusion,
atmosphre. Le pote ne dit jamais ses motions : il les suggre
travers la musique et les correspondances entre les couleurs et les
sons (CPR. Baudelaire). Les paysages sont de pures impressions, des
paysages d'me. Publi en 1874, alors que Verlaine est en prison, le
recueil n'a aucun cho. Il reprsente cependant une nouveaut capitale
dans l'histoire de la posie franaise.
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Il pleure dans mon cur Il pleure dans mon cur Comme il pleut sur
la ville; Quelle est cette langueur Qui pntre mon cur? bruit doux
de la pluie Par terre et sur les toits! Pour un cur qui s'ennuie,
le chant de la pluie! Il pleure sans raison Dans ce cur qui s'cure.
Quoi ! nulle trahison?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la
pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon cur a
tant de peine!
se rpondent d'une strophe sur l'autre. Strophes I et III,
interrogations et strophes II et IV exclamations. Aux questions, la
pense du pote se heurte un double vide que rien ne peut combler. La
seconde formule interrogative est elliptique : " nulle trahison "
?....Et le point d'interrogation suivi de points de suspension
laisse le lecteur dans l'expectative. Il est probable que le pote
se demande s'il est sr de ne pas avoir t tromp 5) Le jeu des rimes
Pour les rimes, le pome repose sur quatre notes (eur, uie, son,
eine) et la reprise systmatique de la mme rime aux premiers et
derniers vers de chaque strophe. S'y ajoutent de nombreuses rimes ,
au premier vers " pleure " et " cur", au vers 5 " bruit " et "
pluie ", aux vers 9 et 10 " pleure " et "cur". 6) Le rythme Le pome
donne la sensation de monotonie et de rptition de la pluie. Les
mmes mots et les mmes sons rgulirement repris reproduisent la
pluie, doucement rptitive. 7) Le vocabulaire Ds le premier vers
apparat un nologisme " il pleure " qui reproduit le clich d'une
pluie de larmes. C'est sur les ressemblance phoniques avec " il
pleut " que ce " pleure " tire sa force. Le sens et le son se
renforce, c'est de la pure posie. " il pleure dans mon cur" est une
mtaphore du chagrin 8) Fusion des verbes pleurer et pleuvoir Tout
le charme du pome consiste nous faire confondre la pluie et les
pleurs et nous situer, insensiblement dans une autre ralit. Nous
entrevoyons l'action de la pluie une langueur qui imprgne le cur
comme la pluie imprgne les vtements. 9) Une musique de l'me
L'identification des sensations pleurer et pleuvoir est accentue
par l'effet sonore produit par la pluie. "Oh chant de la pluie ",
l'exclamatif " " valorise le chant de la pluie qui peut-on penser
berce l'ennui du cur dans lequel " il pleure ". Mais le thme de la
pluie serait li mtaphoriquement non seulement aux larmes mais la
douceur lyrique du texte. Il y a, dans la progression du texte, un
effacement progressif du prtexte la mlancolie (la pluie) au profit
de la mlancolie elle-mme, qu'atteste la disparition de la pluie
aprs la 2me strophe. Observons aussi la passivit des formules
impersonnelles , il pleut, il pleure 10) chos de tristesse et de
mlancolie La note dominante du pome est le chagrin qui apparat
d'emble " il pleure ", est ensuite repris " deuil " et confirm par
" peine". Mais ce chagrin doit tre modul et il s'agirait plus d'une
sorte de spleen sans cause. Nous retrouvons dans ce texte le
sentiment permanent de Verlaine entre le chagrin et la douceur, une
me vide de toute motivation, une conscience aussi incolore que
l'eau de pluie. CONCLUSION C'est toujours la mme fatalit, la
mlancolie qui l'emporte sur la raison. Le pome s'achve sur une
dmission, un aveu d'impuissance et son pourquoi qui prcde les deux
derniers vers reste sans rponse. Verlaine a su nous suggrer partir
d'un lien entre la pluie et l'ennui, en soi des plus banals, un
sentiment subtil d'tonnement face sa tristesse qui nous
fascine.
Analyse du texte 1) La dcoupe des vers Six syllabes combines sur
deux vers reproduisent le rythme de l'alexandrin. Le pome se dcoupe
en quatre strophes de quatre vers. 2) Les rptitions Dans chacune
des strophes apparat, en position forte la rime ou la csure le mot
cur. Pour viter la raideur, le pote fait varier le dterminant qui
le prcde, "mon cur", "ce cur", "un cur" ainsi que la position du
mot dans le vers. Tout se fait cho dans ce pome cisel comme les
ballades ou les rondeaux du Moyen-ge qui jouaient avec virtuosit de
ce phnomne. 3)Les oppositions Il y a une double interrogation
suivie d'exclamations qui semblent leur apporter la rponse. La
pluie apaise-t-elle ou exacerbe-t-elle l'ennui ? laisse le lecteur
dans l'indcision qui fait le charme du pome. 4) Le rle de la
ponctuation Il y a un passage constant de l'interrogation
l'exclamation qui
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SAGESSE (1880) En prison, le pote retrouve Dieu. Les pomes de
Sage rendent compte de l'itinraire spirituel de Verlaine, de
mditation sur sa vie jusqu' la conversion. L'inspiration mystique
est trs sensible en particulier dans un groupe dix sonnets, inspirs
du livre de mditation, L'imitation Jsus Christ, o l'me du pcheur,
faible et toujours p de rechuter, dialogue avec Dieu. Verlaine vit
l'emprisonnement, le remords, la conversion et mme le retour ses
anciens dmons. Il prouve le besoin de se rassurer, de trouver le
droit chemin et d'y demeurer. Sagesse est un recueil de 47 pomes,
ddis sa mre, dont une trentaine sont d'inspiration religieuse et
sont considrs comme mdiocres. La conversion du pote, qui affirme
avoir connu une illumination religieuse, constitue le thme
principal, mais seuls les pomes en continuit avec ceux de Romances
sans paroles sont encore aujourd'hui apprcis comme par exemple Le
ciel est par dessus le toit. Il appelle donc de tous ses vux cette
sagesse dont il fait le titre d'un nouveau recueil. Son ambition
est de chanter ses nouvelles croyances religieuses dans une grande
uvre par la quelle il espre toucher un public nouveau, celui des
catholiques et des conservateurs. Mais encore une fois le recueil
passe inaperu. (N l'enfant des grandes villes) "Jai dit un adieu
lger A tout ce qui peut changer Au plaisir, au bonheur mme Et mme
tout ce que jaime Hors de vous, mon doux Seigneur".
LE CIEL EST, PAR DESSUS LE TOIT Ecritures 2 p. 189 Analyse du
texte
JADIS ET NAGUERE (1884) Dans ce recueil, lui aussi trs
disparate, Verlaine runit des pomes crits depuis une quinzaine
d'annes, parmi lesquels le sonnet Langueur et Art potique. Il
renouvelle la tradition potique en laborant une versification
personnelle: vers le plus souvent impair, strophes varies, prfrence
donne la rime fminine, rptition des mmes sonorits, emploi parfois
rptitif de mots vocateurs. Par sa sensibilit et par la musicalit
dlicate de ses vers, Verlaine est proche des peintres
impressionnistes et d'un musicien comme Debussy, qui a mis en
musique plusieurs de ses pomes. ESSAIS
http://www.massimilianobadiali.it/paul_verlaine.htm
http://www.massimilianobadiali.it/verlaine.htm
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ARTHUR RIMBAUD Ecritures 2 p. 188-198-199 Arthur Rimbaud (Jean
Nicolas Arthur Rimbaud), lycen brillant et pote prcoce, un vritable
enfant prodige, il a toujours boulevers les schmas tablis et
transgress les rgles. seize ans, quand il crit ses premiers pomes,
il a dj trouv sa voie et des cibles bien prcises. L'invitation de
Baudelaire, Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau , marque
profondment le jeune pote qui, cur par les bourgeois poussifs de
Charleville et dsireux d'chapper au joug d'une mre plus inflexible
que soixante-treize administrations casquettes de plomb , rve de
changer la vie. La posie devient une premire chappatoire, une fuite
de la ralit. Elle lui permet d'exprimer toute l'agressivit qu'il a
en lui, sa haine et sa rvolte contre la niaiserie fminine, contre
les hypocrisies bourgeoises, contre la guerre (Le Dormeur du
val),contre le christianisme et Dieu, ternel voleur des nergies
(Les Premires Communions, contente pas d'crire pour exprimer ses
rvoltes. Il fugue rellement, la recherche d'un ailleurs >>,
d'une autre vie, d'une nouvelle libert. Et sa propre aventure lui
inspire une posie plus intime dans laquelle il traduit ses
sensations et ses expriences (Ma Bohme, Roman, Le Bateau ivre).
Derrire le rvolt, derrire sa violence verbale, son got du scandale,
on reconnait une sensibilit aigue et une me pleine d'espoirs, de
rves, d'innocence, qui s'exalte pour les communards et aspire un
monde nouveau o rgneraient l'Amour et la Justice. BIOGRAPHIE La vie
d'Arthur Rimbaud, pote adolescent, courte mais si extraordinaire au
sens tymologique du terme, est devenue un mythe. Arthur Rimbaud nat
en 1864 dans une petite ville de province, Charleville, d'un pre
officier qui disparait vite et d'une mre tyrannique. C'est un bon
lve qui manifeste trs tt son gout pour la posie que son professeur
de rhtorique encourage avec enthousiasme. De bonne heure aussi se
manifeste son esprit de rvolte, son anticonformisme, sa rbellion
contre l'ordre tabli. Arthur Rimbaud a peine seize ans et il touffe
chez lui. cette poque, la guerre met fin ses tudes, il fugue et
gagne Paris et la Belgique. En 1871, Rimbaud est de nouveau Paris
en pleine insurrection de la Commune. Sa posie se fait toujours
plus dchirante, encore plus personnelle, plus originale. Dans son
long pome, le Bateau ivre (1871), Rimbaud dcrit symboliquement le
voyage la dcouverte d'un monde nouveau inconnu, comme Baudelaire
rvant de plonger (au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau). Il
crit la Lettre du Voyant, sorte de testament potique qui bouleverse
la posie. Il gagne enfin Paris, rencontre Verlaine, qui il montre
ses pomes. Rimbaud veut vivre librement et intensment, il refuse
toute compromission. Verlaine quitte sa femme pour le suivre
travers l'Europe, la Belgique, I Angleterre, dans un long drglement
de tous les sens : cest la priode de la bohme, partage entre
l'alcool, la drogue, l'homosexualit et l'criture. La rupture entre
les deux amis est tragique. L'aventure entre le deux amis, on le
sait, tourne mal: Verlaine, sous l'emprise de l'alcool, tire sur
l'ami et le blesse. Rimbaud retourne auprs de sa mre et crit une
trange autobiographie en prose potique qui est un constat d'chec,
Une Saison en enfer (1873). En 1875, il rencontre Verlaine
Stuttgart, une dernire fois. Dsormais Rimbaud n'crira plus aucun
pome. La vie de Rimbaud devient
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une longue srie de voyages, qui le ramnent toujours Charleville.
Brindisi, en Italie, il est frapp d'insolation et doit tre rapatri.
Vienne, dvalis, expuls par la police autrichienne, il repart pied
pour Charleville. On publie en 1886 les Illuminations, qui
expriment le dsir fulgurant de changer la vie , de trouver une
langue nouvelle . En 1880, il s'embarque pour I Egypte, traverse
les dserts d'thiopie, puis rejoint Aden. Pendant dix ans, sous le
soleil d'Afrique, il mne une vie solitaire, faisant commerce des
armes et de marchandises diverses. Atteint d'un cancer au genou, il
est ramen Marseille et meurt le 10 novembre 1891. THEMES
FONDAMENTAUX - Le pote est anticonformiste, maudit : Rimbaud est un
pote maudit : il naccepte pas la socit bourgeoise Son
anticonformisme sadresse aussi au Christianisme. - Le pote est un
voyant : Rimbaud considre Baudelaire son matre le premier voyant,
roi de potes un vrai Dieu . Dans sa posie principale le Bateau Ivre
il dit que le pote est un voyant et pour arriver lillumination de
la posie, qui est une vraie hallucination il faut un long, immense,
dmesur drglement de tous les sens . Rimbaud recherche lailleurs .La
volont de Rimbaud est de transgresser toutes les rgles et toutes
les lois: c'est l le premier objectif de la Voyance. .. - Drglement
social : Drglement social, d'abord. Rimbaud n'accepte pas la socit
bourgeoise dans laquelle il est n et o il est oblig de vivre. Il la
considre injuste, violente et aspire un changement radical. Mais il
s'aperoit qu'il ne peut pas y avoir une rvolution sociale sans une
rvolution personnelle et intrieure. Il faut donc commencer par soi
le grand drglement - --------Drglement personnel : Il faut
transformer le moi superficiel en un autre moi, plus profond,
inconnu: les hallucinations provoques par ce drglement intrieur
peuvent aider faire surgir l'autre qui est en nous (Car Je est un
autre dit-il). Enfin. Rimbaud, qui est un pote et donc un voyant,
pourra atteindre le niveau suprieur du drglement potique qui permet
de recrer le monde. Rimbaud ne se propose pas seulement une
correspondance, mais un rve potique accessible tous les sens de lme
pour lme Il proclamait qu'il faut tre absolument moderne . .
-Titanisme promteique : Rimbaud se proclame voleur de feu ,
cest-a-dire un Promthe qui offre le feu aux hommes, car il a dcid
d'tre profondment humain. Il prfre tre libre enchan qu'esclave chez
les dieux. Donc la rage de l'expression les transforme en Promthe,
un tre dpositaire d'une mission qu'il assume au-del de tout ordre
et de toute limite, et sans protection. Il y a donc un titanisme
provocatoire contre Dieu parce que ce feu est une vision, un verbe
librateur offert aux hommes. Et le refus de la compromission aux
dieux. Le voleur de feu est expuls du monde invisible pour intgrer
le monde terrestre et se condamne mourir. Le voleur de feu enseigne
une nouvelle langue, en tant que pote. ----Recherche dun langage
nouveau Pour traduire ses hallucinations, pour raconter ses visions
splendides, le pote doit renoncer aux formes ordinaires de la
posie. Rimbaud pratique donc des expriences indites: il se libre
des rgles de la versification, il invente le vers libre o
l'assonance remplace la rime, il choisit enfin le pome en prose.
L'image, souvent hardie, toujours originale, mlant toutes les
sensations, devient l'essentiel de son art. A travers les images,
qu'il enrichit de couleurs, il fera sentir l'inexprimable: Le
pote
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devra faire sentir, palper, couter ses inventions.. ....UVRE LES
LETTRES DU VOYANT (1871) ... En 1871, le programme potique de
Rimbaud commence prendre forme. Il l'expose d'abord dans deux
lettres envoyes le 13 mai son professeur Georges Izambard et le 15
mai son ami Paul Demeny. Au premier, Rimbaud crit : Je veux tre
pote et je travaille me rendre voyant : vous ne comprenez pas du
tout, je ne saurais presque vous expliquer. Il s'agit d'arrivera
l'inconnu par le drglement de tous les sens. Les souffrances sont
normes, mais il faut tre fort, tre n pote, et je me suis reconnu
pote . La lettre du 15 mai, dite du voyant , est encore plus
explicite. Je est un autre. En tournant le dos aux romantiques et
aux parnassiens, Rimbaud affirme que la posie ne doit plus tre le
chant qui accompagne le rel ni se modeler sur lui. La Posie ne
rythmera plus l'action; elle sera en avant , elle donnera des
visions de l'inconnu. En 1871, Rimbaud met fin son apprentissage
littraire, nourri des romantiques, des parnassiens et de
Baudelaire, et livre dans une lettre crite un ami et son professeur
sa profession de foi potique, connue sous le nom de Lettre du
Voyant. C'est un texte capital o le jeune homme affirme qu'il faut
renouveler l'inspiration potique. Le pote doit chercher du nouveau,
il doit se faire voyant pour atteindre un tat de permabilit
l'univers, et ce faisant, il pourra se tenir en avant, et conduire
l'humanit vers le vrai progrs...
POESIES (1871) Posies est un recueil de 44 pomes publis en
partie avant les Lettres du Voyant (1871) et en partie aprs. Ces
vers, crits par Rimbaud entre sa quinzime et sa dix-septime anne,
sont souvent une imitation de Musset, de Hugo et surtout des
Parnassiens Gautier et Banville dont il tait un grand admirateur.
Parmi ces pomes, on dcouvre de petits chef-duvre, comme Le Dormeur
du val, Ma Bohme, Voyelles, mais surtout Le Bateau ivre , qu'il
envoie Verlaine pour se faire connaitre, o il exprime le dsir de
rompre les amarres et de parcourir toutes les mers. Les thmes
dominants sont la recherche d'un ailleurs o le pote peut enfin
trouver la libert, la haine de Dieu qu'il considre comme le voleur
des nergies et l'amour pour la nature, non pas la nature romantique
mais une nature cre sa mesure, reconstruction intellectuelle de ce
qu'il dsire trouver. La posie Voyelles rvle le programme du pote
qui se propose de trouver un langage nouveau. La
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synesthsie est applique aux lettres de lalphabet qui voquent des
couleurs et des sensations.
VOYELLES
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu: voyelles, Je dirai
quelque jour vos naissances latentes: A, noir corset velu des
mouches clatantes Qui combinent autour des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des
glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles; I, pourpres, sang
crach, rire des lvres belles Dans la colre ou les ivresses
pnitentes; U, cycles, vibrement divins des mers virides, Paix des
ptis sems d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux
grands fronts studieux; O, suprme Clairon plein des strideurs
tranges, Silences traverss des Mondes et des Anges: - O l'Omga,
rayon violet de Ses Yeux!
Vocali
A nera, E bianca, I rossa, U verde, O blu: vocali, Io dir un
giorno le vostre nascite latenti: A, nero corsetto villoso di
mosche
Splendenti Che ronzano intorno a crudeli fetori, Golfi d'ombra;
E, candori di vapori e tende, Lance di fieri ghiacciai, bianchi re,
brividi d'umbelle;
I, porpora, sangue sputato, risata di belle labbra Nella collera
o nelle ubriachezze penitenti; U, cicli, vibrazioni divine dei
verdi mari, Pace di pascoli seminati d'animali, pace di rughe Che
l'alchimia imprime nelle ampie fronti studiose; O, suprema Tromba
piena di strani stridori, Silenzi attraversati da Angeli e Mondi: -
O l'Omega, raggio viola dei suoi Occhi!
Analyse du texte Voyelles
"Voyelles" est de loin le plus clbre des pomes de Rimbaud. Il
est vrai que ce pome de Rimbaud partage avec les "Correspondances"
de Baudelaire le privilge d'tre l'un des textes le plus souvent
soumis la rflexion. Tous deux ont cherch dcouvrir au-del des
apparences le sens profond du mystre universel. Rdig dans les
semaines qui suivent les "Lettres du voyant", recopi par Verlaine
et reproduit dans ses Potes maudits, le fameux sonnet se prte
videment de nombreuses interrogations. Le premier vers fixe les
perceptions chromatiques des 5 voyelles de l'alphabet franais,
A,E,I,O,U, numres ici dans le dsordre avec inversion entre le U et
le O. Le O final de la srie lui fait voquer l'omga, la lettre
ultime de l'alphabet grec. De la premire lettre A (alpha), la
dernire O (Omga) le systme est complet, parfait. Les voyelles sont
en majuscules, la construction parataxique (sans lien) avec le mot
"voyelles", dtach comme une sorte d'incantation. La syntaxe du pome
se compose de quatre distiques (groupe de vers, de mme sens) dans
l'ordre des voyelles ralise par l'artifice de l'enjambement des
Bateau Ivre Ecritures2 p. 194 Analyse du texte Rimbaud rejoint
en septembre 1871, Verlaine Paris avec ce long pome, le "Bateau
ivre", qu'il va rciter au cnacle parnassien. L'accueil est
enthousiaste ! Le dpart du navire (Q 1 et 2) L'obscurit du pome,
s'claire si l'on mne de front deux lectures, le rcit d'un voyage
maritime, d'une odysse, que raconte, le bateau lui-mme, et celui
d'une exprience, d'une qute potique. Le "je" dsignant tant le
bateau que Rimbaud. Le voyage est une longue mtaphore, en 25
quatrains d'alexandrins rimes croises, de l'entreprise
rimbaldienne. "Bateau ivre" est la fois l'odysse d'un bateau et
d'un pote adolescent la drive ! Toutes les expriences du bateau
ivre sont celles de Rimbaud. Par un jeu constant de mtaphores entre
pote et bateau, on assite la premire sparation, pour le navire
l'loignement des "haleurs" qui reprsentent les liens, les guides et
pour le pote les traditions, les conventions. Les "Fleuves
impassibles" reprsentent cette socit immobile, trangre ses lans
potiques. La violence de la sparation rendue par l'image du
massacre des haleurs est ici renforce par les "i" rouges que le
sonnet des "Voyelles" associait de brutales ivresses. Les
alexandrins amples, sans pauses fortes rendent
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golfes d'ombre. La dernire apostrophe, comme solennelle "- O
l'Omga rayon violet de Ses Yeux", isole par le tiret, est le point
d'orgue confirmant la vision du "voyant". Ainsi est suggr le
pouvoir du Verbe potique. Le premier systme de structuration du
monde, pour le pote est celui des mots, dont un des lments, les
voyelles en sont les quintessences. Mais un second systme vient
doubler le premier, celui des couleurs. Aux cinq voyelles Rimbaud
fait correspondre cinq couleurs. Certains ont soulign un ordre :
d'abord le contraste "noir/blanc" puis les trois couleurs du
spectre,"rouge/vert/bleu". Le dernier vers indique aussi le violet
situ l'extrmit du spectre. Le noir, qui commence la srie se conoit
comme une origine, symbolise du nant, des tnbres d'o va surgir la
lumire, le blanc qui les contient toutes. Mais tout le problme de
"Voyelles" n'est pas de savoir pourquoi A est noir plutt que bleu,
il est d'admettre que A est un objet avec lequel on peut jouer, un
signe auquel on peut donner diverses interprtation dans une
sorte