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Conservatoire botanique national du Bassin parisien
Une structure au cœur du développement durable Connaître
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11 Juin 2013 Sébastien Filoche CBNBP / MNHN
Critère d’identification des zones
humides à l’aide de la botanique
Conservatoire botanique national du Bassin parisien UMS 2699 – Unité Inventaire et suivi de la biodiversité
Muséum national d’Histoire naturelle 61, rue Buffon - CP 53 - 75005 Paris– France
Tél. : 01 40 79 35 54 – [email protected]
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1. Introduction à l’évaluation des zones
humides
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Généralité
Entre terre et eau
− Marais, tourbières, vallées alluviales, prairies humides ...
30% des plantes remarquables et menacées en France
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Généralité
La végétation (liste des espèces indicatrices annexée à
l’arrêté)
− Bien limiter la zone d’étude (végétation et milieu homogène)
− Définir une liste des espèces dominantes pour chaque strate
(herbacée, arbustive et arborescente)
- Noter le pourcentage de recouvrement des espèces
− Si au moins 50% des espèces sont considérées comme
hygrophiles (annexe) la zone est humide
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Habitat ou végétation
Habitat* : lieu de vie d'un organisme, d'une communauté végétale ou
d'un écosystème. Il correspond à une entité écologique incluant
espèces et communautés, ainsi que leur environnement biotique et
abiotique.
Végétation* : ensemble structuré (en formation, groupement …) des
végétaux présents sur un territoire, quelles que soient son étendue et
ses caractéristiques stationnelles.
HABITAT OU VÉGÉTATION ?
Il existe fréquemment une confusion entre les notions d’«habitat naturel»
et de «végétation» :
* Définitions tirées de : GÉHU J.-M. 2006, Dictionnaire de sociologie et synécologie végétales,
J.Cramer, Berlin-Stuttgart, 899 p.
Un habitat ne se réduit pas à sa seule végétation, elle n’en est
qu’une composante qui, par son caractère intégrateur, est
considérée comme un bon indicateur et permet de déterminer
l’habitat.
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LA VALEUR INDICATRICE DE LA VÉGÉTATION
Étude des communautés végétales (indicateurs des conditions
écologiques d’un Habitat)
A chaque fois qu’un territoire donné réunit les mêmes conditions
environnementales, on y retrouve sensiblement le même ensemble de
plantes ou groupement végétal.
Étude des communautés végétales (indicateurs des conditions
écologiques d’un Habitat)
Espace
géographique
Organisation dans
l’espace et le temps
HABITAT
Paramètres
environnementaux
(biotiques, abiotiques)
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LA VALEUR INDICATRICE DE LA VÉGÉTATION
Intégrateur des facteurs écologiques
Si la présence d’une espèce considérée isolément apporte déjà
toute une série d’information = trait de vie (physiologie,
écologique, répartition, dynamique, etc.)
…
L’assemblage d’espèce est encore plus informatif = relevés
phytosociologiques avec abondance/dominance
Prairie humide à Polygonum bistota
(Renouée bistorte)
Achillea ptarmica (Achillée
sternutatoire)
Allium angulosum
(Ail anguleux)
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LA VALEUR INDICATRICE DE LA VÉGÉTATION
Intégrateur des facteurs écologiques
• Unique référent instantané avec le sol assez stable dans l’espace et
dans le temps à l’échelle d’une unité ;
• Informe correctement sur ce qui se passe dans le sol jusqu’à 30 cm,
voire 50 cm ;
• Informe sur le type de perturbation, le type de gestion, le type
d’usage du sol présents mais aussi passé récent.
Pourquoi ?
Les plantes ne se déplacent pas et subissent tous les facteurs
écologiques qui ont affecté leur environnement : trophie, pH, humidité
du sol, hydrodynamie, perturbations …
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LA VALEUR INDICATRICE DE LA VÉGÉTATION
la phytosociologie
• La phytosociologie est la science qui étudie les communautés
végétales ;
• Postulat de base : l’espèce végétale, et mieux encore l’association
végétale, sont considérées comme les meilleurs intégrateurs de tous
les facteurs écologiques et biotiques responsables de la répartition de
la végétation ;
• Elle a pour objectif la description et la compréhension des
végétations et de leurs relations spatio-temporelles ;
• Elle est ordonnée dans un système hiérarchisé où l’association
végétale est l’unité élémentaire fondamentale ;
• Celle-ci repose sur un inventaire floristique préalable à partir duquel
peuvent être mis en évidence des groupement végétaux.
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Les cartes comme aide à la définition
La Géologie
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Les cartes topographiques
Les cartes comme aide à la définition
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Gaine Limbe
Inventaire exhaustif des pelouses,
landes humides, grèves d’étangs,
tourbières, plan d’eau avec végétation, mouillères,
forêts marécageuses
Inventaire quasi-exhaustif des prairies humides
Transects forestiers
Inventaire non exhaustif des autres formations végétales
Les cartes comme aide à la définition
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Limbe
Répartition des types d’habitats au sein d’un territoire
Les cartes comme aide à la définition
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Gaine Limbe
Les cartes comme aide à la définition
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2. LES PRINCIPALES VÉGÉTATIONS ET
ESPÈCES DE ZONES HUMIDES
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Végétations aquatiques
Les zones de contact avec les milieux humides
herbiers d’algues enracinées (Charetea fragilis)
Voile de végétations flottantes librement (Lemnetea minoris )
herbiers enracinés vivace (Potametea pectinati)
Herbiers des gouilles et chenaux de tourbières (Utricularietea
intermedio-minoris)
Herbier enraciné des eaux
calmes à Nénuphar jaune
(Nuphar lutea) Nymphion
albae
Herbier enraciné des eaux
courantes à Ranunculus
penicillatus (Renoncule des
rivières )
Batrachion fluitantis
Herbier à Hippuris vulgaris
(Pesse d’eau) Luronium natans (Fluteau nageant)
Ranunculus aquatilis
(Renoncule aquatique )
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Végétations amphibies
Végétations fontinales neutro-alcalines (Cardamino amarae -
Chrysosplenietalia alternifolii)
Végétations fontinales acidiphiles (Montion fontanae -
Cardaminetalia amarae)
Végétations basses des sources, ruisseaux et suintements
Suintements à Chrysosplenium
oppositifolium (dorine à feuilles
opposées) et Cardamine amara
(Cardamine amère)
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Végétations amphibies
Gazons annuels amphibies
Gazons annuels amphibies des sols longuement inondables (Elatino
triandrae-Cyperetalia fusci)
végétation pionnière riche en annuelles, des sols exondés
oligotrophes. (Nanocyperetalia)
Pelouses annuelles amphibies sur substrats eutrophes
(Bidentetea tripartitae)
Gazons d’annuels dans une
mouillère (Elatine alsinastrum et
Ranunculus sceleratus)
Platières à Ranunculus
nodiflorus (Renoncule à
fleurs nodales)
Bidens cernua
(Bident penché)
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Végétations amphibies
Pelouses vivaces amphibies des grèves oligotrophes
(Littorelletea uniflorae)
Gazons vivaces amphibies
Cressonnières et prairies flottantes
Cressonnières (Apion nodiflori)
Prairies flottantes (Glycerio fluitantis
- Sparganion neglecti)
Prairie flottante à Glycérie flottante
(Glyceria fluitans) et Grand rubanier
(Sparganium erectum)
Elodo palustris – Sparganion
Samolo valerandi - Baldellion
ranunculoidis.
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Roselières
Roselières à nappe d’eau à faibles variations (Phragmition communis)
Roselières des bas de berges (Phalaridion arundinaceae)
Parvoroselières pionnières (Oenanthion aquaticae)
Végétations amphibies
Phragmite
commun
Glycérie
Massette
Jonc des chaisiers
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Cariçaies
Cariçaies des sols mésotrophes tourbeux (Magnocaricion elatae)
Cariçaies des sols mésotrophes minéraux (Caricion gracilis)
Végétations amphibies
Cariçaies
Touradons de Carex
paniculata
Laîche des lièvre
(Carex leporina)
Carex acuta
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Prairies méso-hygrophiles
Prairies méso-hygrophiles de fauche (Colchico autumnalis –
Arrhenatherenion elatioris)
Prairies méso-hygrophiles pâturées (Cardamino pratensis –
Cynosurenion cristati)
Végétations prairiales
Colchicum autumnale Cardamine pratensis (Cardamine des prés)
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Prairies hygrophiles
Prairies courtement inondables
Prairies inondables pâturées mésotrophiles (Mentho
longifoliae - Juncion inflexi)
Prairies inondables piétinées eutrophiles (Potentillion
anserinae)
Prairies moyennement inondables
Prairies inondables fauchées mésotrophiles (Bromion
racemosi)
Végétations prairiales
Prairie humide à Polygonum bistota
(Renouée bistorte)
Achillea ptarmica (Achillée
sternutatoire)
Silene dioica (Compagnon
rouge)
Prairie humide de fauche
Potentilla anserina (Potentille
des oies)
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Prairies hygrophiles
Prairies longuement inondables (Oenanthion fistulosae)
Végétations prairiales
Prairie inondable à Allium angulosum (ail anguleux) et Viola elatior (Violette
élevée)
Oenanthe fistulosa
(Oenanthe
fistuleuse)
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Prairies marécageuses
Prairies marécageuses sur sols acides et oligo-à mésotrophes
(Juncion acutiflori)
Prairies marécageuses sur sols basiques et oligotrophes
(Molinion caerulae)
Végétations prairiales
Layon forestier marécageux à
Juncus acutiflorus (Jonc à sépales
aigues)
Prairie marécageuse à Molinia
caerulea (Molinie)
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Bas-marais et radeaux flottants
Pelouses pionnières des dépressions tourbeuses acides
(Rhynchosporion albae)
Prairies pionnières des dépressions tourbeuses alcalines
(et de transition) (Caricion lasiocarpae)
Prairies des bas-marais acides (Caricion fuscae)
Prairies des bas-marais alcalins (Hydrocotylo vulgaris – Schoenion
nigricantis)
Végétations prairiales
Bas-marais alcalins à Choin noiratre (Shoenus
nigricans) et hydrocotyle (hydrocotyle vulgaris)
Prairies de bas-marais acides à
Linaigrette
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Tourbières à Ericacées
Tourbières hautes (ombrotrophes) (Oxycocco palustris – Ericion
tetralicis)
Tourbières minérotrophes (Ericion tetralicis)
Végétations prairiales
Tourbières à Erica tetralix (Bruyères
à quatres angles et Drosera
rotundifolia (Rossolis à feuilles
rondes)
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Mégaphorbiaies
Mégaphorbiaies acidiphiles à acidiclines (Achilleo ptarmicae - Cirsion
palustris)
Mégaphorbiaies neutrobasiphiles (Thalictro flavi – Filipendulion
ulmariae)
Mégaphorbiaies alluviales eutrophiles (Convolvulion sepium)
Végétations prairiales
Mégaphorbiaies neutrobasiphiles
(Thalictro flavi – Filipendulion
ulmariae) Mégaphorbiaies alluviales eutrophiles
(Convolvulion sepium) Menthe aquatique
Grande Douve Lysimaque Salicaire Guimauve Aconit
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Végétations préforestières et forestières
Landes humides
Landes humides (Ulici minoris - Ericenion ciliaris)
Erica tetralix
Lande à bruyères humides
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Fourrés
Fourrés marécageux et tourbeux (Salicion cinereae)
Fourrés alluviaux (Salici cinereae - Rhamnion catharticae)
Fourrés méso-hygrophile des landes (Ulici europaei -
Franguletum alni)
Végétations préforestières et forestières
Saule blanc Lisières humides des fourrés
alluviaux
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Forêts méso-hygrophiles
Chênaies-frênaies neutrophiles à calcicoles
(Fraxino excelsioris -Quercion roboris)
Chênaies acidiphiles à Molinie bleue (Molinio
caeruleae -
Quercion roboris)
Végétations préforestières et forestières
Anemone ranunculoides
(Renoncule fausse-anémone)
Equisetum telmateia (Grande
prêle)
Chênaie-frênaie à
ail des Ours
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Forêts riveraines
Saulaies riveraines (Salicion albae)
Aulnaies-frênaies alluviales (Alnion incanae)
Végétations préforestières et forestières
Caltha palustris (Populage
des marais)
Salix purpurea (Saule
pourpre)
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Forêts marécageuses
Aulnaies marécageuses (Alnion glutinosae)
Aulnaies tourbeuses (Sphagno - Alnion glutinosae)
Végétations préforestières et forestières
Bois marécageux à Sphaignes
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3. LIMITES DU CRITÈRE BOTANIQUE DANS
L’IDENTIFICATION DES ZONES HUMIDES
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Limites
LIMITES DU CRITÈRE BOTANIQUE DANS l’IDENTIFICATION DES
ZONES HUMIDES
- Absence de végétation (pédologie)
- Parcelles cultivées
- Prairies eutrophisées et tous les milieux dégradées
- Certaines espèces végétales considérées comme indicatrices de zones
humides selon l’arrêté ministériel du 24 juin 2008 (modifié) ne permettent
pas de préciser le caractère humide d’une zone par leur seule présence
car :
- espèces à très large amplitude écologique ;
- Phénomène d’accommodats terrestres
Exemples : Renoncule rampante (Ranunculus repens), Jonc diffus
(Juncus effusus), Agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera) ou le
Saule roux-cendré (Salix atrocinerea).
-Les habitats en mosaïques topographiques peuvent être difficile à définir
- Certains habitats définis comme humide pourtant le relevés floristiques
n’est pas significatifs (ex : végétations dégradées, ou méso-
hygrophiles…)
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Limites
Comment mettre en œuvre l’étude
La meilleure définition des zones humides passent par la détermination
des végétations
Si végétations dégradées ou sol nu ou agricole avec potentialité de zone
humide mettre en place une étude pédologie
La méthode flore me semble plus lourde à mettre en œuvre et plus
délicate. Elle doit permettre néanmoins grâce à l’inventaire de quelques
espèces indicatrices la définition d’une potentialité. Ex : présence d’une
espèce loi sur l’eau dans une prairie dégradée.
Utilisées les végétations aquatiques même si non présente dans le décret
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4. Ouvrage à consulter ou en cours de
réalisation
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FARE A., DUTARTRE A. REBILLARD J.P.2001. Les principaux végétaux aquatiques du Sud-
Ouest de la France. Agence
de l’eau Adour-Garonne, Vivre avec la rivière, 190p.
Guide de détermination de la flore et des habitats des zones humides du Morbihan et de
Bretagne PDf sur ALTHIS.fr
Guide des végétations du Bassin parisien. Bournérias 2006
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MERCI DE VOTRE
ATTENTION
Vincent Colasse
Catherine Zambettakis
Conservatoire botanique national de Brest
Je remercie particulièrement le CBN de Brest (antenne Basse-Normandie), d’avoir bien voulu me faire
parvenir leur présentation sur le même sujet.