Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 1 Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic : the artist is present (profs) Séquence sur le rapport entre le corps et l’art. Déroulement : Séance 1 : 1) Projection de Marina Abramovic : the artist is present (106 minutes) 2) vocabulaire, étymologie, définition (50 minutes) Préraphaélites Cubisme Futurisme Surréalisme anatomie, harmonie, Homme de Vitruve Anthropomorphique Décorporéisation Dystopique Intégrité Désexué diptyque proportion, canons de la beauté, histoire du corps, modèle, image de soi, perfection, performance, Spectacularisation Epuré Se disloquer Réification Scientisme Hybride Agrégat Narcissisme Manichéisme Nihilisme dystopie, body art, futurisme Réactions Contextualisation Marina Abramović, appelée « grand-mère de l’Art performance », utilise comme objet de son art son propre corps. L’idée de sa création est l’exploration des frontières de son corps. Ce corps naturel, réel, immédiat, non symbolisé, apparaît dans toutes ses œuvres. Par exemple, dans Freeing the Body, elle danse nue, la tête couverte d’un foulard pendant huit heures jusqu’à tomber d’épuisement. = pour tirer des réflexions en lien avec le thème à partir de la projection de Marina Abramovic : the artist is present. Lecture cursive : Roald DAHL « Peau » + Quand j’étais une œuvre d’art E E Schmitt
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Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic : the …garance-hudrisier.e-monsite.com/medias/files/autour-de... · 2019-02-28 · Corps naturel, corps artificiel autour
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Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 1
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic : the artist is present
(profs)
Séquence sur le rapport entre le corps et l’art.
Déroulement :
Séance 1 :
1) Projection de Marina Abramovic : the artist is present (106 minutes)
2) vocabulaire, étymologie, définition (50 minutes) Préraphaélites Cubisme Futurisme Surréalisme anatomie, harmonie, Homme de Vitruve Anthropomorphique Décorporéisation Dystopique Intégrité
Désexué diptyque proportion, canons de la beauté, histoire du corps, modèle, image de soi, perfection, performance, Spectacularisation Epuré
Se disloquer Réification Scientisme Hybride Agrégat Narcissisme Manichéisme Nihilisme dystopie, body art, futurisme
Réactions
Contextualisation
Marina Abramović, appelée « grand-mère de l’Art performance », utilise comme
objet de son art son propre corps. L’idée de sa création est l’exploration des
frontières de son corps. Ce corps naturel, réel, immédiat, non symbolisé, apparaît
dans toutes ses œuvres.
Par exemple, dans Freeing the Body, elle danse nue, la tête couverte d’un foulard
pendant huit heures jusqu’à tomber d’épuisement.
= pour tirer des réflexions en lien avec le thème à partir de la projection de Marina
Abramovic : the artist is present.
Lecture cursive : Roald DAHL « Peau » + Quand j’étais une œuvre d’art E E Schmitt
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 2
Séance 2) Présentation du film Marina Abramović: The Artist is Present et
analyses par groupes
Le réalisateur :
A l’origine du film :
Marina Abramović: The Artist is Present de Matthew Akers (2012)
Depuis le début de sa carrière à Belgrade dans les années 70, Marina Abramović
est une pionnière en matière de performance artistique. Connue pour ses mises en
scène convoquant fréquemment la nudité et la privation comme modes d’expression
corporelle dans lesquelles le corps est à la fois son sujet et son instrument, elle
est l’une des rares artistes de sa génération à être encore active dans ce domaine.
La rétrospective “Marina Abramović: The Artist is Present“, qui s’est tenue de
mars à mai 2010, occupait plusieurs étages du MoMA, la plupart dédiés aux
premiers chapitres de la carrière de l’artiste. Mais l’événement de cette
rétrospective était la nouvelle performance de l’artiste : deux chaises face à face,
l’une accueillant l’artiste, l’autre le public se relayant, pour un échange, les yeux
dans les yeux, en silence. Durant trois mois - chaque jour d’ouverture - l’artiste
est restée quotidiennement assise sept heures et demi sans manger, boire, ou se
lever, un exploit d’endurance mentale et physique ; un défi, même, pour une
habituée de ce type de performances. L’expérience se révèle un surprenant
facteur de rassemblement social, brassant des personnes de tous âges, de toutes
origines, de toutes catégories. Conséquence du « dialogue direct des énergies »
entre Marina Abramović et le public, l’émotion devient palpable : certains fondent
en larmes, d’autres s’illuminent de sourires transcendants. En tout, près de 750
000 personnes ont assisté à la performance.
Résumé :
The Artist is Present documente sa rétrospective au Museum of Modern Art à
New York en 2010.
Figure historique de la performance, Abramović est connue pour sa réflexion
autour de la transmission de celle-ci.
Au-delà des seuls documents (film ou vidéo, photo, texte, traces diverses...) qui ne
peuvent permettre d’accéder réellement à l’œuvre, l’artiste n’hésite pas à faire
rejouer ses performances et celles d’autres artistes (2).
Trois mois durant, aux côtés de photographies et films présentant d’anciennes
œuvres, elle va faire rejouer par de jeunes performers quelques pièces maîtresses
de sa carrière : ces œuvres données une fois, parfois plusieurs, mais de courte
durée (au maximum quelques heures) et touchant donc une audience assez limitée,
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 3
vont alors pouvoir être vues quotidiennement dans des salles d’exposition.
D’événement ponctuel, la performance se fait œuvre vivante à exposer (3).
Mais surtout, Matthew Akers s’attache à décrire la mise en place de l’œuvre
maîtresse de la rétrospective : The Artist is Present montrant Marina Abramović
assise au centre d’une salle et accueillant en silence les visiteurs sur une chaise
face à elle, trois mois durant, tous les jours aux heures d’ouverture de l’exposition.
L’œuvre fit le succès de l’exposition (près de 800 000 visiteurs) et fut beaucoup
relayée par les médias. Le film prend le temps de réinscrire The Artist is Present
dans la carrière de l’artiste.
De 1981 à 1987, Abramović et Ulay donnèrent à plusieurs reprises Nightsea
Crossing, où le couple était assis face à face de part et d’autre d’une table, en
silence de longues heures durant. Si le dispositif, minimal, pouvait laisser dubitatif,
Ulay évoque dans son témoignage la difficulté physique d’une telle pratique, la
douleur d'une trop longue immobilité qui le poussa à interrompre la performance,
ce qui précipita sa séparation d’avec Marina.
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Avec sa performance, Abramović disait vouloir « créer une immobilité au milieu de
l’enfer », soit au cœur d’une ville où tout est mouvement et flux perpétuel, créer
un dispositif à même de ralentir le temps et les hommes. The Artist is Present est
un temps d’arrêt, une bulle au sein de l’espace clos du musée. Le documentaire ne
cherche pas à rendre l’expérience de l’œuvre - la coprésence avec l’artiste n’est
pas transmissible
Et ses effets sont aussi phénoménaux que dévastateurs, l’œuvre d'Abramović
devenant le miroir déformant de la société à l’heure de l’ultra-communication. D’un
engouement raisonnable de la part du monde de l’art et des médias, l’exposition
fait vite boule de neige et devient victime de son succès : tout le monde voulant
son quart d’heure d’Abramović bien à lui, ce qui forcera le musée à devoir repenser
son fonctionnement. Il est ainsi terrible de voir les gens se bousculer pour arriver
le premier, faire la queue des heures durant, camper devant le musée, prendre
leur ticket pour faire la queue, piquer des crises d'hystérie s'ils n'ont pu la voir,
photographier l’artiste non plus comme une bête de foire - comme elle pouvait être
considérée avant - mais comme le dernier phénomène à la mode. Au-delà de la
performance, c’est un vaste mouvement social que lance, involontairement, l’artiste
: là où les gens sont prêts à faire la queue pour des soldes, elle parvient à créer
une attente gratuite, pour de l’art, où aucun échange monnayable - si ce n’est celui
du droit d’entrée à l’exposition - ne sera produit. (à exploiter aussi seul avec tous)
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 5
« La performance devient la vie elle-même »
D’évènement quasi confidentiel dans les années 1970, la performance, par sa
présence dans une grande institution, est devenue une action visible et commentée
au cœur des médias (5).
La télé américaine n’hésite alors pas à comparer le travail et l’engagement de toute
une vie
A la provocation factice, organisée et marketée de Lady Gaga, avec une nette
préférence pour la fossoyeuse de la pop.
L’artiste est rattrapée par une marchandisation outrancière et ravalée au rang de
star face à ses groupies hystériques, se voit applaudie à tout rompre à la fin du
concert, pardon de l’exposition ou lors des retrouvailles en public avec Ulay après
vingt années de brouille.
Marina Abramović ne maîtrise pas tout, mais elle n’est pas dupe ; elle n’est pas
victime du système, mais au cœur de lui. Elle ne se doute pas de l’ampleur du
phénomène qu’elle va déclencher, mais en assume les conséquences.
Les réactions démesurées des médias et du public à The Artist is Present ne sont
alors que l’extension de celles reçues à l’occasion de Rythm 0, lors de laquelle les
vêtements de l’artiste avaient été déchirés, sa peau lacérée, un pistolet braqué
sur sa tempe provoquant une bagarre dans le lieu d’exposition.
Il ne permet peut-être pas totalement de comprendre et connaître le travail
d'Abramović, il montre sans doute avec clarté les raisons qui poussent l'artiste à
entreprendre ses actions. Comme elle, le documentaire dresse ainsi le portrait d’un
monde particulièrement effrayant dans lequel l'artiste apparaît comme un foyer
de résistance.
(1) En bien ou en mal, l’essentiel est qu’on parle de vous, Marina Abramović a ainsi
autorisé Sex & The City (un épisode de la saison 6) et Dr House (l’ultime épisode
de la saison 7) à rejouer et adapter à leur scénario deux de ses performances, au
risque de voir son travail tourné en dérision par les séries.
(2) Lors de sept soirées en novembre 2005 au Guggenheim Musem de New York,
elle rejoua avec Seven Easy Pieces sept pièces historiques des pionniers de la
performance des années 1970.
(3) La présentation de la performance sous forme d’exposition (et non plus la
présentation de documentation de performances ou d’installations créées à partir
d’elles) semble être une mouvance générale en ce début de XXIe siècle, qu’on pense
au travail de Marie Cool et Fabio Balducci ou à celui de Tino Sehgal qui exposait au
même moment en 2010 au Guggenheim Museum de New York. On peut voir en ce
Corps naturel, corps artificiel autour de Marina Abramovic (profs) 6
moment une performance étonnante de Sehgal dans l’exposition This is a Special
Backout Edition à la Kadist Foundation à Paris jusqu’au 16 décembre.
(4) Dans When Marina Abramović Dies, A Biography (Cambridge, MIT Press,
2010), James Westcott écrit à propos de Rhythm 0 : « Les critiques - incluant sa
mère - disaient toujours à Abramovic que les artistes de la performance étaient
des masochistes malsains, obsédés par l’idée de s’infliger des douleurs physiques.
Ainsi, dans Rhythm 0, à la Galleria Studio Mora à Naples au début de 1975, elle a
décidé de ne rien faire et de voir ce que le public ferait à sa place. », p.73.
(5) Elle a même eu droit à sa transcription en un parodique jeu vidéo par le créateur
Pippin Barr : The Artist is Present (trois heures de jeu, toujours pas assis devant
Marina et un abruti m’a piqué ma place dans la queue !).
Document A : Ovide, les Métamorphoses, (1er siècle avant JC)
Pygmalion, pour les1 avoir vues mener une existence vouée au crime, plein
d'horreur pour les vices que la nature a prodigalement départis à la femme, vivait
sans épouse, célibataire, et se passa longtemps d'une compagne partageant sa
couche. Cependant, avec un art et un succès merveilleux, il sculpta dans l'ivoire à
la blancheur de neige un corps auquel il donna une beauté qu'aucune femme ne peut
tenir de la nature ; et il conçut de l'amour pour son oeuvre. Elle avait toute
l'apparence d'une véritable vierge, que l'on eût crue vivante et, si la pudeur ne
l'en empêchait, désireuse de se mouvoir : tant l'art se dissimule grâce à son art
même. Pygmalion s'émerveille, et son coeur s'enflamme pour ce simulacre de corps.
Souvent il palpe des mains son oeuvre pour se rendre compte si c'est de la chair
ou de l'ivoire, et il ne s'avoue pas encore que c'est de l'ivoire. Il lui donne des
baisers et s'imagine qu'ils lui sont rendus ; il lui parle, il la serre contre lui et croit
sentir céder sous ses doigts la chair des membres qu'ils touchent ; la crainte le
prit même que ces membres, sous la pression, ne gardassent une marque livide.
Tantôt il lui prodigue les caresses, tantôt il lui apporte les présents qui sont
bienvenus des jeunes filles, des coquillages, des cailloux polis, de petits oiseaux et
des fleurs de mille couleurs, des lis, des balles peintes et des larmes tombées de
l'arbre des Héliades2. Il la pare aussi de vêtements, passe à ses doigts des bagues
de pierres précieuses, à son cou de longs colliers ; à ses oreilles pendent de légères
perles, des chaînettes sur sa poitrine. Tout lui sied, et, nue, elle ne paraît pas moins
belle. Il la place sur des coussins teints avec le murex de Sidon3, il lui décerne le
nom de compagne de sa couche, il fait reposer son cou incliné sur un mol amas de
plumes, comme si le contact devait lui en être sensible.
Le jour de la fête de Vénus, que tout Chypre célébrait en foule, était venu
; les génisses4 au cou de neige, l'arc de leurs cornes tout revêtu d'or, étaient
tombées sous le couteau, et l'encens fumait à cette occasion ; Pygmalion, les rites
1 Les femmes. 2 Les Héliades sont les sœurs de Phaéton, mort de n’avoir su maîtriser le char de son père le soleil (Hélios) qu’il conduisait. Elles se sont transformées en peuplier, pleurant encore des larmes de chagrin, sous forme de sève. Ovide en fait le récit dans les Métamorphoses. 3 Coquillage dont on tire une teinture de couleur pourpre. 4 Vaches n’ayant jamais mis bas.