Débat Cafébabel « Jeunesse européenne et marché de l’emploi : comment on s’organise ? » Compte-rendu A. Karima Delli / Bernard Conter « Les réponses européennes à la problématique de l’emploi des jeunes » Cafébabel : Dans le contexte d’une nouvelle Commission et d’un nouveau Parlement européen, peut- on oser aujourd’hui aller vers une harmonisation des conditions de travail et des droits sociaux des jeunes au niveau européen ? Comment ? Karima Delli (eurodéputée chez les Verts) Karima Delli accuse le manque de réactivité des pays de l’Union vis-à-vis de la situation des jeunes, qui, « en attendant la catastrophe », axent leur priorité sur le sauvetage des banques et le remboursement de la dette depuis la crise. Or, Karima Delli rappelle qu’en France, il y a 1,2 millions de stagiaires non rémunérés : il y a urgence d’agir et de revoir ses priorités. C’est pourquoi elle a par exemple fondé le collectif « génération précaire » qui vise à encadrer les stages et mettre la question des stages précaires au centre du débat public. Sur la question de la dette et de son remboursement érigé en priorité, dictant les politiques d’austérité imposées aux pays de l’Union, Karima remet les choses en perspective en faisant la différence entre ce qu’elle nomme la « bonne » et la « mauvaise » dette : investir dans la jeunesse est selon elle une bonne dette. Investir dans la transition numérique et énergétique est une bonne dette. Il faut orienter les financements en ce sens. Karima Delli s’inscrit d’ailleurs contre le discours défaitiste qui présente la jeunesse actuelle comme une « génération perdue » : elle insiste sur le fait que la jeunesse est déjà en mouvement, qu’elle est active et créative dans des tas de secteurs. Il s’agit de donner une visibilité à cette jeunesse là et de prendre appui sur son dynamisme. D’autre part, Karima affirme qu’il est urgent de rouvrir une vraie discussion sur un traité de l’Europe sociale. Selon elle, la garantie jeunesse est un outil, mais ne règlera pas le problème de fond, qui est celui du chômage en général. Pour résoudre ce problème il faut selon elle avoir le « courage politique » de mener plusieurs types d’action : d’abord investir dans l’innovation, la recherche et les services publics, ensuite réduire le temps de travail afin qu’il soit mieux réparti au sein de la population, et enfin régler la question de la pauvreté qui explose chez les jeunes en mettant en place
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Compte-rendu débat Cafébabel : jeunesse européenne et emploi, comment on s'organise ?
Compte-rendu du débat du 2 décembre 2014 sur la jeunesse européenne et l'emploi, disponible en version française et anglaise
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Débat Cafébabel
« Jeunesse européenne et marché de l’emploi :
comment on s’organise ? »
Compte-rendu
A. Karima Delli / Bernard Conter
« Les réponses européennes à la problématique de l’emploi des jeunes »
Cafébabel : Dans le contexte d’une nouvelle Commission et d’un nouveau Parlement européen, peut-
on oser aujourd’hui aller vers une harmonisation des conditions de travail et des droits sociaux des
jeunes au niveau européen ? Comment ?
Karima Delli (eurodéputée chez les Verts)
Karima Delli accuse le manque de
réactivité des pays de l’Union vis-à-vis de
la situation des jeunes, qui, « en
attendant la catastrophe », axent leur
priorité sur le sauvetage des banques et
le remboursement de la dette depuis la
crise. Or, Karima Delli rappelle qu’en
France, il y a 1,2 millions de stagiaires
non rémunérés : il y a urgence d’agir et
de revoir ses priorités. C’est pourquoi
elle a par exemple fondé le collectif
« génération précaire » qui vise à
encadrer les stages et mettre la question des stages précaires au centre du débat public.
Sur la question de la dette et de son remboursement érigé en priorité, dictant les politiques
d’austérité imposées aux pays de l’Union, Karima remet les choses en perspective en faisant la
différence entre ce qu’elle nomme la « bonne » et la « mauvaise » dette : investir dans la jeunesse
est selon elle une bonne dette. Investir dans la transition numérique et énergétique est une bonne
dette. Il faut orienter les financements en ce sens. Karima Delli s’inscrit d’ailleurs contre le discours
défaitiste qui présente la jeunesse actuelle comme une « génération perdue » : elle insiste sur le fait
que la jeunesse est déjà en mouvement, qu’elle est active et créative dans des tas de secteurs. Il
s’agit de donner une visibilité à cette jeunesse là et de prendre appui sur son dynamisme.
D’autre part, Karima affirme qu’il est urgent de rouvrir une vraie discussion sur un traité de l’Europe
sociale. Selon elle, la garantie jeunesse est un outil, mais ne règlera pas le problème de fond, qui est
celui du chômage en général. Pour résoudre ce problème il faut selon elle avoir le « courage
politique » de mener plusieurs types d’action : d’abord investir dans l’innovation, la recherche et les
services publics, ensuite réduire le temps de travail afin qu’il soit mieux réparti au sein de la
population, et enfin régler la question de la pauvreté qui explose chez les jeunes en mettant en place
un revenu minimum d’existence. Il faut dans ce cadre plus de collaboration à l’échelle européenne :
il faut donner à voir la créativité et le dynamisme de la jeunesse, mettre en valeur les initiatives qui
fonctionnent.
Karima termine en critiquant les initiatives européennes pour leur caractère inefficace, et en invitant
la société civile à une vraie mobilisation : la Charte européenne sur les stages, par exemple, n’est
qu’une mesure d’incitation non contraignante, qui n’a eu aucun résultat. Il faut selon elle mettre en
place des mesures contraignantes. Ensuite il faut revoir tous les modes d’organisation du travail, si
l’on veut revenir à un modèle d’emploi décent : que faire pour que demain on ne perde plus sa vie à
la gagner ? Notre modèle de course à la croissance n’est-il pas obsolète ? Karima est en effet pour la
croissance, mais pas la croissance économique dont les indicateurs ne prennent en compte que la
« production de richesses » sur un territoire : elle est pour la croissance du bonheur et du bien-être
des gens. Or, il n’existe à l’heure actuelle pas d’indicateur pour cette croissance là.
Concrètement, termine Karima Delli, il faut mettre tous les acteurs autours de la table : chercheurs,
ingénieurs, entrepreneurs, politiques … et il faut que la jeunesse s’organise, avec des propositions
claires et une feuille de route claire. Sinon ce sera toujours le haut qui décide pour le bas, les
politiques pour les citoyens. Au contraire : il faut selon elle que ce soient les citoyens qui orientent
l’Europe et les politiques.
Cafébabel : Vous dites que “la jeunesse mérite sans doute mieux que des parcours d’insertion
contraints aux perspectives limitées. » Ma question est donc la suivante: comment changer de
référentiel pour offrir aux jeunes de vraies opportunités de choix et une vraie sécurité au travail ?
Bernard Conter (politologue à l’IWEPS) :
En guise de préambule à sa réponse,
Bernard Conter précise qu’en tant que
chercheur son travail consiste d’abord dans
un travail d’étude et d’analyse. Il
commencera donc par avancer des constats
et des faits plutôt que des réponses sur le
mode prescriptif de ce qu’il « faudrait
faire ». Divers constats alarmants légitiment
selon lui la crainte des jeunes face à la crise
et à leur avenir. Il précise que la difficulté de
l’accès à l’emploi ne date pas de la crise de
2008 mais d’une transformation de la société, de l’économie et des services publics qui date des
années 80. Cette époque témoigne en effet d’un « changement de référentiel » qui a créé par effet
de cascade un certain nombre de victimes, dont les jeunes en première ligne. En effet, le déséquilibre
sur le marché du travail entre l’offre et la demande fait que l’employeur peut choisir et faire pression
à la baisse sur les conditions de travail.
Concrètement, quelles sont les différentes évolutions qui ont mené à ce changement de référentiel ?
Jusqu’au milieu des années 70 on vivait ce qu’on appelle une économie de « plein emploi ». Les
politiques sociales étaient au service d’un modèle de croissance, ce qui créait de l’offre en
permanence. Le contexte était celui d’un désir de stabilité après plusieurs décennies de troubles, et il
existait en Europe un mouvement social très fort. La logique de l’époque était celle du « mieux-être
social » : le référentiel politique était l’amélioration du bien-être (Traité de Rome).
Puis survint le tournant libéral des années 80, qui nous fait basculer sur une société de « plein
chômage » : le chômage pèse sur tous les individus de la société. Les politiques deviennent des
politiques de l’offre : le rôle de l’Etat n’est plus d’alimenter la consommation et la commande
publique, mais de favoriser le développement des entreprises en levant toutes leurs entraves en
terme de flexibilité et de coût du travail. On passe de l’Etat roi à l’entreprise reine. Au niveau
européen, la réponse au chômage sera l’approfondissement du marché. Et en 1997, le chômage
passe la barre symbolique des 10%.
La réponse de politique sociale à cette situation sera non pas de créer des emplois, mais d’aider les
individus à jouer la concurrence sur le marché du travail. Pour utiliser la métaphore de la chaise
musicale, il s’agira non pas de rajouter des chaises, mais d’aider les individus à courir plus vite. C’est
ce qui s’appelle « l’employabilité » : mettre les individus en concurrence face à un marché du travail
bouché. C’est là qu’il y a un problème, que répète le dispositif de la Garantie Jeunesse sans le
résoudre : tant que nous n’aurons pas d’augmentation du nombre d’emplois, il ne servira à rien de
multiplier les stages et les formations pour améliorer « l’employabilité » des chômeurs.
Par ailleurs, ajoute Bernard Conter, avant de se demander comment créer des emplois, il faut se
demander qui crée les emplois. Selon lui, il faut casser le mythe selon lequel ce sont les
entreprises qui sont créatrices d’emploi : le but de l’entreprise n’est pas de créer des emplois, mais
de répondre à un carnet de commandes. Si le carnet de commandes s’allonge, alors elle engagera
plus de travailleurs.
Si ce ne sont pas les entreprises qui créent de l’emploi, qui est-ce ? Selon Bernard Conter, on crée de
l’emploi par décret : par un certain nombre d’initiatives et d’investissements. Ainsi, la commande
publique est un levier énorme de création d’emploi. Or le cadre budgétaire européen ne permet pas
de penser la commande publique comme créatrice d’emploi. Bernard Conter se rallie ainsi à l’opinion
de Karima Delli en affirmant qu’il faut d’une part utiliser les leviers de la transition numérique,
éducative et écologique pour créer de l’emploi, d’autre part réduire de manière généralisée et
linéaire le temps de travail en Europe.
Question du public : Comment faire en sorte que la commande publique soit un levier durable de
création d’emploi ?
Bernard Conter retourne la question : est-ce que l’économie telle qu’elle est actuellement est
soutenable ? Est-elle durable ? Non. Le paradoxe est qu’on n’a jamais produit autant de richesses,
mais que la majorité de cette richesse est stockée sous forme de capital. Par le passé, 70 % de la
richesse revenait au travailleur à travers le salaire. Mais aujourd’hui, dans la distribution primaire
entre travail et capital, le rapport est nettement défavorable au travail. Or il n’y a que les travailleurs
qui créent la richesse, le capital seul ne crée pas de la richesse.
Question du public : Comment optimiser la dépense publique ?
Karima Delli répond que la première chose est de savoir sur quoi on investit : l’Europe investit pour
le moment sur ITER (la recherche sur le nucléaire), sur l’armement, sur l’automobile … les politiques
témoignent ainsi d’un manque criant de prospective : il faut arrêter de dessiner le monde tel qu’il est
aujourd’hui. Il faut voir vers quoi nous devons aller, et investir dans des secteurs d’avenir.
Ensuite, il faut régler le problème du dumping social et fiscal en Europe. Il va falloir agir local, mais
penser global : il faut une refonte totale de l’économie de proximité, qui est créatrice d’emploi (le
secteur de l’économie sociale et solidaire n’a en effet pas connu la crise). Parallèlement, il faut
mettre en place un véritable plan de relance à l’échelle européenne : pour Karima, tous les nouveaux
défis se présentent en effet à l’échelle européenne, aucun des pays de l’Union ne pourra s’en sortir
seul.
En ce qui concerne l’investissement dans le secteur de l’éducation, il faut commencer par ne plus
mettre en concurrence les différents types de formation selon une échelle de prestige : par exemple
il ne devrait pas y avoir de compétition entre l’enseignement général et le professionnel, ces deux
types d’enseignements sont complémentaires, il faut les valoriser pour ce qu’ils sont. Il faut aussi
que l’expérience compte, les stages, les services civiques doivent être reconnus.
Karima termine en s’insurgeant contre la création dans le discours d’une nouvelle catégorie de
jeunes : les « Neets ». C’est une catégorie de « riens » de jeunes « exclus » du système, supposés
passifs. Pour Karima, il est intolérable qu’une génération se dise « sans rien » : c’est pourquoi il faut
se manifester et se serrer les coudes, que les jeunes instruits et formés s’unissent à ces « Neets »
autours de revendications communes.
B. InternsGoPro / ThinkYoung / Conseil de la Jeunesse
« Les nouveaux moyens d’action et d’organisation des jeunes »
Cafébabel : Vous êtes l’organe officiel d’avis et porte parole des jeunes francophones de Belgique,
votre rôle et de faire participer les jeunes au processus démocratique, quelles sont les pistes et
recommandations concrètes face à la précarisation de l’emploi que vous portez et plus généralement
comment peser au niveau décisionnel ?
Matthieu Degrez (membre de l’Assemblée Générale du Conseil de la Jeunesse) :
Matthieu Degrez rappelle que le taux de chômage des jeunes s’élève à 25 % en Wallonie et à 33 % à
Bruxelles, et note qu’il existe d’importantes disparités selon les communes. Si les partis politiques
francophones en Belgique ont certes pris conscience de cette problématique, ces derniers pointent
surtout du doigt une inéquation entre l’offre et la demande, estimant que les jeunes ne seraient pas
assez formés aux réalités du marché du travail. Cette position fait reposer le chômage des jeunes sur
une responsabilité individuelle, celle des jeunes eux-mêmes.
Matthieu Degrez estime que les jeunes sont suffisamment formés de nos jours, et que la vraie
question est celle du manque d’emplois en général. Selon lui, la réduction collective du temps de
travail serait une réponse créatrice d’emploi. S’il faut certes créer de nouveaux postes, dans le
secteur non-marchand par exemple, il faut également s’attaquer au problème de la discrimination à
l’embauche, très présent à Bruxelles.
Pour mettre en œuvre au mieux des outils tels que
la Garantie Jeunesse, Matthieu Degrez préconise
une réelle concertation au sein de l’ensemble du
secteur qui travaille sur les questions de la
jeunesse : associations, syndicats, Conseil de la
jeunesse, etc. De plus, il est important de ne pas
répéter les erreurs faites dans le passé. Le
chômage massif des jeunes a des conséquences
bien plus larges qu’on ne l’imagine : il concerne
également ceux qui ont un emploi, car une
véritable pression sur les conditions sociales des employés se met en place. Ces derniers sont rendus
de plus en plus vulnérables par une main-d’œuvre extrêmement concurrentielle.
Cafébabel : Face à des conditions de stage dont tout le monde s’indigne, vous avez organisé le
European Interns Day. Quelle est la prochaine étape au niveau de la structuration de la mobilisation
collective des jeunes européens?
Régis Pradal (co-fondateur d’InternsGoPro) :
Régis Pradal souligne l’inefficacité des mesures politiques européennes quant à la question des
stages. Si seuls deux employeurs ont signé jusqu’à présent la charte européenne pour la qualité des
stages, aucun ne l’applique. La recommandation adoptée par le Conseil en mars dernier reste un
outil non-contraignant et la Garantie Jeunesse n’évoque à aucun moment la question de la qualité
d’un stage. Il y a donc une réelle différence entre les déclarations politiques d’une part et l’action
concrète d’autre part.
C’est donc aux jeunes de s’organiser pour
faire entendre leur voix. Le « Sandwich
protest » organisé en juillet 2013 par
InternsGoPro était une première initiative
pour rassembler les jeunes, mais il fallait aller
plus loin. Afin de mettre en place un système
de transparence et de pression, le site
d’InternsGoPro propose aux stagiaires de
noter leurs stages. L’organisation a également
lancé le premier label européen pour les
stages de qualité.
La question d’une rémunération minimum pour les stagiaires est une question compliquée. Faut-il
payer les stagiaires l’équivalent du seuil de pauvreté ? En Belgique, il est fixé à environ 1 100 euros
par personne, et pour Régis Pradal, il s’agit d’une convention économique qui ne signifie pas grand-
chose. InternsGoPro souhaite plutôt créer un index de niveau de subsistance pour les stagiaires en
Europe afin de couvrir leurs dépenses en logement, nourriture, santé et déplacements.
Le chômage des jeunes est certes une question de macroéconomie, mais c’est surtout une question
de compétences. Pour Régis Pradal, c’est aux universités et aux employeurs de former les jeunes.
Cafébabel : Comment la jeunesse européenne peut-elle se réapproprier les politiques qui la
concernent, peser dans le processus décisionnel et avancer des propositions de réformes structurelles
du marché du travail ?
Scott Horner (ThinkYoung) :
Beaucoup de gens estiment que la politique n’est
pas suffisamment accessible aux jeunes. Scott
Horner pense pourtant que les jeunes sont
intéressés par la politique, mais qu’ils s’y
engagent sous de nouvelles formes. Ainsi, très
peu d’entres eux vont voter ou s’engagent au sein
d’un parti. Pourtant, ils souhaitent le changement
et savent comment s’organiser, via les réseaux
sociaux ou au travers d’organisations comme
InternsGoPro ou le forum européen de la
jeunesse par exemple. Mais pour faire réellement entendre leur voix, les jeunes doivent aller voter.
Dans des démocraties comme les nôtres, le vote a un réel impact et la jeunesse d’aujourd’hui doit le
comprendre.
Questions du public : Que peut-on faire à part voter, en plus de voter ? En Belgique le vote est
obligatoire, dont a priori tout le monde vote. Ce n’est donc pas une recommandation très pertinente
dans le cas belge.
Scott Horner précise qu’il ne faut pas en effet juger que notre pouvoir d’action s’arrête une fois
passé aux urnes. Il existe différents moyens d’action et de pression efficace pour se faire entendre en
dehors du vote : signer des pétitions, manifester, exercer des pressions via les médias, participer à
des initiatives citoyennes … il faut en effet s’assurer que le processus démocratique suit son cours. Il
cite à cet égard l’exemple de « Podemos », parti politique espagnol fondé en 2014 sur base d’une
initiative citoyenne et ancrage d’une résistance politique à l’austérité et à la réponse européenne à la
crise.
Question du public : Les jeunes ne sont-ils pas une part du problème, en n’étant pas éduqués pour se
battre pour leurs droits, et en ne se fédérant pas ?
Régis Pradal répond qu’il se sent proche de cette question. Les jeunes qui acceptent sans broncher
les conditions actuelles de stage n’aident pas leur cause. Selon Régis Pradal il faut montrer à ces
jeunes à l’université, et même avant, qu’ils peuvent agir, qu’il y a des alternatives. InternsGoPro
essaie de rassembler les jeunes : qu’il ne soient pas en colère tous seuls, isolément. Il faut leur
montrer qu’ils peuvent avoir un impact, leur proposer des solutions concrètes.
C. Maria Logotheti / SMARTbe
« Des alternatives concrètes pour les jeunes »
Cafébabel : Comment les jeunes, via l’entreprenariat peuvent-ils placer la jeunesse comme acteur de
la transformation économique et sociale européenne ?
Maria Logotheti (membre de la Confédération Européenne des Jeunes Entrepreneurs) :
Maria Logotheti rappelle que ce sont les petites
et moyennes entreprises qui créent le plus
d’emplois. Elle juge également que
l’entreprenariat forme de meilleurs citoyens,
créatifs, innovants, responsables, et permet
d’exploiter et de mettre en oeuvre les
nouvelles technologies. L’entreprenariat
contribue selon elle à former une jeunesse
volontaire et responsable, en même temps
qu’il permet l’indépendance économique tout
en aidant les autres par la création d’emploi.
Cafébabel : Dans un marché du travail en crise, comment l’économie sociale aide-t-elle les jeunes à
mieux s’intégrer sur le marché du travail ?
Mounia Miri (SMART) :
SMART est un organisme d’économie sociale
qui aide les artistes à sortir de la précarité, et
aide les jeunes qui sortent de l’école à se
lancer dans le monde du travail et à facturer
leurs clients. Il fournit des outils sociaux et
fiscaux afin que les personnes puissent se
consacrer à leurs projets professionnels. Il
fournit également un service juridique et a mis
en forme une plate-forme sociale qui permet
aux artistes de proposer leurs services.
Chaque année Smart offre des bourses aux
jeunes qui veulent devenir entrepreneurs. Il s’agit donc d’un organisme qui soutient et assiste les
artistes et tout ceux qui souhaitent se lancer sur le marché du travail en transformant leur activité en