COMMENTAIRE DE DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES ÉPREUVE À OPTION : ORAL Adrien BAYSSE-LAINE (CNRS Alpes) et Amandine SPIRE (Université de Paris) Coefficient : 3 Durée de préparation : 90 minutes. Durée de passage devant le jury : 30 minutes dont 20 minutes d’exposé au plus et 10 minutes d’entretien au moins. Type de sujet donné : carte au 1/25 000 sur la France (France métropolitaine et DROM) complétée d’un document d’accompagnement (photographie, carte statistique ou thématique, plan, tableau ou graphique statistique, infographie, article de presse). Modalités de tirage du sujet : tirage au sort d’un sujet parmi deux sous enveloppe. Liste des ouvrages autorisés : atlas Nathan en salle de préparation. Le jury a écouté et discuté vingt-deux exposés, ce qui un record à l’échelle de la décennie passée. Les notes sont comprises entre 7 et 18, la moyenne s’établit à 11,84 et la médiane à 12. Trois candidat·es obtiennent 16 et plus, cinq 14 ou 15, et quatorze 13 ou moins. Les prestations sont donc dans l’ensemble de bonne tenue. Les meilleurs candidat·es ont su prendre le temps de problématiser leur exposé en introduction, mener une analyse à plusieurs échelles (étude de cas, zone de la carte, carte, contexte régional de la carte), s’appuyer sur des exemples concrets, proposer des lectures nuancées, discuter de notions géographiques et enfin réagir aux questions en élaborant des hypothèses quand elles et ils ne savaient pas répondre. En quelque sorte, elles et ils ont réussi à faire vivre les cartes, à en rendre les réalités sociales tout autant que paysagères (notamment en calculant des distances, surfaces ou densités). Rappelons en effet que, derrière les formes et les processus, il y a des acteurs et des rapports de pouvoir : il s’agit donc de bien prêter attention à intégrer l’espace comme une dimension des sociétés. Dans trop de commentaires, les profils socio-démographiques et économiques des populations sont indifférenciés et les mutations territoriales semblent advenir d’elles-mêmes. Prendre au sérieux le libellé du sujet constitue un critère de réussite : le jury invite les candidat·es à le considérer comme une invitation à réfléchir et non comme un simple prétexte. Traiter le sujet nécessite de définir et, le cas échéant, de redéfinir ses termes au cours de l’exposé : un candidat sur « La France du ‘vide’ sur la carte du Mont Lozère » a ainsi mis en regard ‘vide’, ‘hyper-rural’, ‘faibles densités’ avant de questionner le caractère dynamique du sujet (territoire « vidé » plutôt que « déjà- toujours-vide »). Ce travail de définition est nécessaire en ce qu’il permet de circonscrire le commentaire (notamment spatialement) pour le rendre plus analytique. Une telle démarche permet de formuler des hypothèses, ce qui est valorisé par le jury. Tout est néanmoins affaire de mesure et il faut prêter attention à ne pas déconnecter cette analyse des éléments tangibles, sans quoi le commentaire peut virer à la
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COMMENTAIRE DE DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES
ÉPREUVE À OPTION : ORAL
Adrien BAYSSE-LAINE (CNRS Alpes) et Amandine SPIRE (Université de Paris)
Coefficient : 3
Durée de préparation : 90 minutes.
Durée de passage devant le jury : 30 minutes dont 20 minutes d’exposé au plus et 10 minutes
d’entretien au moins.
Type de sujet donné : carte au 1/25 000 sur la France (France métropolitaine et DROM) complétée
d’un document d’accompagnement (photographie, carte statistique ou thématique, plan, tableau ou
graphique statistique, infographie, article de presse).
Modalités de tirage du sujet : tirage au sort d’un sujet parmi deux sous enveloppe.
Liste des ouvrages autorisés : atlas Nathan en salle de préparation.
Le jury a écouté et discuté vingt-deux exposés, ce qui un record à l’échelle de la décennie passée.
Les notes sont comprises entre 7 et 18, la moyenne s’établit à 11,84 et la médiane à 12. Trois candidat·es
obtiennent 16 et plus, cinq 14 ou 15, et quatorze 13 ou moins. Les prestations sont donc dans l’ensemble
de bonne tenue.
Les meilleurs candidat·es ont su prendre le temps de problématiser leur exposé en introduction,
mener une analyse à plusieurs échelles (étude de cas, zone de la carte, carte, contexte régional de la
carte), s’appuyer sur des exemples concrets, proposer des lectures nuancées, discuter de notions
géographiques et enfin réagir aux questions en élaborant des hypothèses quand elles et ils ne savaient
pas répondre. En quelque sorte, elles et ils ont réussi à faire vivre les cartes, à en rendre les réalités
sociales tout autant que paysagères (notamment en calculant des distances, surfaces ou densités).
Rappelons en effet que, derrière les formes et les processus, il y a des acteurs et des rapports de pouvoir :
il s’agit donc de bien prêter attention à intégrer l’espace comme une dimension des sociétés. Dans trop
de commentaires, les profils socio-démographiques et économiques des populations sont indifférenciés
et les mutations territoriales semblent advenir d’elles-mêmes.
Prendre au sérieux le libellé du sujet constitue un critère de réussite : le jury invite les candidat·es
à le considérer comme une invitation à réfléchir et non comme un simple prétexte. Traiter le sujet
nécessite de définir et, le cas échéant, de redéfinir ses termes au cours de l’exposé : un candidat sur « La
France du ‘vide’ sur la carte du Mont Lozère » a ainsi mis en regard ‘vide’, ‘hyper-rural’, ‘faibles
densités’ avant de questionner le caractère dynamique du sujet (territoire « vidé » plutôt que « déjà-
toujours-vide »). Ce travail de définition est nécessaire en ce qu’il permet de circonscrire le commentaire
(notamment spatialement) pour le rendre plus analytique. Une telle démarche permet de formuler des
hypothèses, ce qui est valorisé par le jury. Tout est néanmoins affaire de mesure et il faut prêter attention
à ne pas déconnecter cette analyse des éléments tangibles, sans quoi le commentaire peut virer à la
philosophie de l’espace (et notamment à l’emploi de notions non attestées, telle que la « fossilisation
territoriale choisie »).
A cet effet, le document d’accompagnement doit être lu, analysé et mis en regard de la carte. Le
jury attend que ce document soit présenté dès l’introduction du commentaire. Son choix est mûrement
réfléchi par le jury, qui le considère comme une aide, pas un piège. Par exemple, le document du sujet
« Filière et territoire sur la carte de Cognac » devait notamment permettre au candidat de comprendre
que des activités connexes à la production viticole (tonnellerie, verrerie, distillation, bouchage,
logistique internationale) étaient concentrées dans l’unité urbaine de Cognac, ce qui n’a pas été perçu.
Quelques lacunes en géographie régionale, que la présence d’un atlas dans la salle de préparation
devrait pourtant combler, se sont révélés dommageables : le jury encourage les candidat·es à se faire
tout au long des années de préparation une idée précise des découpages physiques et économiques de la
France. Il est en effet souvent utile de contextualiser l’espace de la carte dans la dynamique socio-
économique de la France : par exemple, la plateforme chimique de Roussillon (Isère) se comprend en
lien avec la Vallée de la chimie et le terminal pétrolier de Fos. Il est également de bon aloi de zoner la
carte quand des discontinuités importantes y apparaissent, en nommant les régions naturelles
concernées : par exemple, le sujet « La montagne sur la carte de Grenoble » devait conduire au moins à
distinguer le Vercors, la Chartreuse, Belledonne et le Taillefer, plutôt que de les considérer comme une
partie homogène des Alpes.
Des lacunes plus thématiques sont aussi apparues : en géographie de l’énergie, en histoire
coloniale des Outre-Mers ou en politique de la ville par exemple, mais surtout à propos des territoires
de protection de la nature. De nombreux·ses candidat·es ont eu de la peine à repérer des Parcs naturels
régionaux et à les intégrer à leur propos, ou bien à comparer le Parc national (habité) qu’ils avaient sous
les yeux à d’autres plus préservationnistes. Raisonner en termes de risques, notamment liés à l’eau,
semble également étranger à beaucoup de candidat·es : « Un arrière-pays méditerranéen sur la carte de
la vallée de la Roya » invitait notamment à aborder la question du régime de précipitations et des crues,
« Les transformations d’un littoral sur la carte de Saint-Malo » celle de la submersion marine des polders
et du changement climatique. Par ailleurs, des notions pourtant courantes en géographie ont été mal
employées et difficiles à définir, au premier titre desquelles on trouve le patrimoine, l’aire urbaine
(souvent confondue avec l’unité urbaine) et le dénivelé. Attention enfin aussi à la survalorisation des
figurés touristiques et des toponymes, monnaie courante de l’exercice, mais toujours présente.
Pour finir sur ces remarques relatives au fond, le jury a bien conscience que les préparationnaires
ne peuvent se tenir intimement au courant de l’actualité, mais a été étonné que des candidat·es soient
passés à côté de la crue dévastatrice de la Roya à l’automne 2020, ou du départ massif des classes
favorisées des villes vers leurs résidences secondaires lors du premier confinement.
Sur la forme, le jury tient à dire son étonnement face à la nonchalance ou la familiarité dont ont
fait preuve certain·es candidat·es. Rendre justice au caractère formel d’un oral de concours fait partie
intégrante de l’exercice : le langage doit être précis et éviter des formules trop orales (« On a plein de
petits villages qui trainent un peu partout », par exemple) ou des remarques en cours d’exposé dont on
ne sait au juste à qui elles s’adressent (telles que « Ouhla, je dis vraiment n’importe quoi (petit rire
retenu) »).
Dans le même ordre d’idées, le jury tient à souligner que les questions sont un moment important
de l’oral et constituent une véritable occasion d’améliorer la note. A ce titre, il est dommage que
certain·es se démobilisent une fois leur exposé terminé. Le jury adopte une posture de neutralité
bienveillante : accepter de dialoguer avec lui implique de ne pas évacuer ses questions, de réfléchir sans
crainte, en ping-pong si besoin (l’entretien ne conduit pas à retrancher des points de l’exposé, rappelons-
le), d’avoir enfin la franchise de ne savoir dire « Je ne sais pas » (sans pour autant s’en excuser). Ainsi,
un candidat qui avait formulé l’hypothèse d’un défrichement en cours des forêts du parc national des
forêts a rapidement reconsidéré son analyse et proposé une autre interprétation.
En conclusion, quelques critères d’évaluation majeurs – somme toute assez courants – sont la
structuration du propos, la clarté de la présentation (avec un débit adapté : parler avec hâte s’accompagne
parfois de propos de remplissage hors-sujet), l’exploitation de la carte en équilibre entre compte-rendu
de la diversité observable et hiérarchisation de l’information (il y a un juste milieu à trouver entre passer
à côté du Bourget sur la carte de Dammartin-en-Goëlle et approfondir successivement quatre exemples
similaires de finages pastoraux sur la carte de Grenoble), la confrontation avec le document et le respect
du sujet.
A suivre : sujets tels que tirés par les candidat·es
La rénovation urbaine sur la carte de Lille-Roubaix-Tourcoing
Carte au 1/25 000ème « Lille »
Document d’accompagnement : Typologie des quartiers et des communes de Lille Métropole
Communauté Urbaine
Source : Miot Yoan, « La ségrégation socio-spatiale dans la métropole lilloise et à Roubaix : l'apport
des mobilités résidentielles », Géographie, économie, société, 2012/2 Vol. 14, p. 171-195
Mise en valeur du territoire par le tourisme culturel sur la carte de
Carcassonne/Alzonne
Carte au 1/25 000ème « Carcassonne»
Document d’accompagnement : « carte du territoire »
Source : Office de tourisme de Carcassonne
Mobilités, transports et discontinuités sur la carte de Dammartin-en-Goëlle
Carte au 1/25 000ème « Dammartin-en-Goëlle »
Document d’accompagnement : Tracé du projet de liaison directe ferroviaire « CDG Express » entre la
gare de l’Est et l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, dont la mise en service est prévue en 2025.
Source : Site institutionnel du projet.
L'urbanisation sur la carte de Cayenne
Carte au 1/25 000ème « Cayenne (Guyane) »
Document d’accompagnement : Croissance de la population des communes la communauté
d’agglomération du Centre Littoral entre 2008 et 2018.
Source : note INSEE Flash Guyane n° 131, « Recensement de la population en Guyane : 276 128
habitants au 1ᵉʳ janvier 2018 », 2020.
La périurbanisation sur la carte de l'Arbresle
Carte au 1/25 000ème « l’Arbresle Monts de Tarare Col de la Luere »
Document d’accompagnement : Emprise spatiale des Périmètres de protection des espaces agricoles et
naturels périurbains (PENAP) dans l’Ouest lyonnais.
Source : Programme d’actions PENAP 2018-2021, Département du Rhône.
Territoire et projet d'infrastructures sur la carte de Joinville/Poissons
Carte au 1/25 000ème « Joinville/Poissons »
Document d’accompagnement : Frise et schéma descriptifs du projet Cigéo d’enfouissement des déchets
nucléaires à Bure-Saudron (Meuse/Haute-Marne).
Source : Site institutionnel de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA).
Les effets de frontière sur la carte de Thonon-les-Bains
Carte au 1/25 000ème « Thonon »
Document d’accompagnement : Part des travailleurs frontaliers parmi les personnes en emploi par
communes en 1999 et en 2016 (en %)
Source : INSEE
Eau et systèmes productifs agro-alimentaires sur la carte de Villard-les-
Dombes
Carte au 1/25 000ème « Villefranche-sur-Saône Villard-les-Dombes »
Document d’accompagnement : Provenance de l’eau d’irrigation dans l’Ain.
Source : Le Progrès, édition de l’Ain, 2020.
La mise en valeur des espaces forestiers sur la carte de Recey-sur-Ource
Carte au 1/25 000ème « Recey-sur-Ource »
Document d’accompagnement : Périmètres d’étude du parc national des forêts, finalement créé en 2020.
Source : Site du parc national des forêts.
La croissance d’une ville moyenne sur la carte d’Amiens
Carte au 1/25 000ème « Amiens »
Document d’accompagnement : Cartographie de la consommation foncière dans la communauté
d’agglomération d’Amiens.
Source : Préfecture de la Somme, 2016.
Les transformations d’un littoral français sur la carte de Saint-Malo
Carte au 1/25 000ème « Saint-Malo »
Document d’accompagnement : Répartition de la population de 15 ans ou plus par catégorie
socioprofessionnelle en 2015 (en %) dans trois périmètres spatiaux.
Source : INSEE.
L'industrie sur la carte de Vienne Roussillon
Carte au 1/25 000ème « Vienne Roussillon »
Document d’accompagnement : Entreprises installées à la plateforme chimique Les Roches Roussillon.