CO-COMPOSTAGE DE COQUES D’ARACHIDE AVEC DU FUMIER DE BOVINS Suivi du processus et qualité du compost MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU MASTER D’INGENIERIE DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT OPTION : Eau et Assainissement ------------------------------------------------------------------ Présenté et soutenu publiquement le [Date] par Sidlawendé Marie Danièle SEBGO Travaux dirigés par : M. Seyram SOSSOU et Dr. Igor OUEDRAOGO Ingénieur de Recherche LEDES/2iE Enseignant-chercheur LBEB/2iE Jury d’évaluation du stage : Président : Prénom NOM Membres et correcteurs : Prénom NOM Prénom NOM Prénom NOM Promotion [2014/2015]
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CO-COMPOSTAGE DE COQUES D’ARACHIDE
AVEC DU FUMIER DE BOVINS Suivi du processus et qualité du compost
MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU MASTER D’INGENIERIE DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT
OPTION : Eau et Assainissement ------------------------------------------------------------------
Présenté et soutenu publiquement le [Date] par
Sidlawendé Marie Danièle SEBGO
Travaux dirigés par :
M. Seyram SOSSOU et Dr. Igor OUEDRAOGO
Ingénieur de Recherche LEDES/2iE Enseignant-chercheur LBEB/2iE
Jury d’évaluation du stage : Président : Prénom NOM Membres et correcteurs : Prénom NOM Prénom NOM Prénom NOM
Promotion [2014/2015]
Co-compostage de coques d’arachide avec du fumier de bovins : Suivi du processus et qualité du compost
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Citation
Compostons ! Pour redonner vie à la Terre.
Jean Paul Collaert
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Dédicace
Je dédie ce travail de recherche,
À mon père SEBGO Zakari, modèle de courage et de persévérance qui m’a soutenu et aidé.
Qu’il trouve ici toute ma gratitude et ma reconnaissance.
À ma chère mère SEBGO Née MONE Nadège, qui m’a donné la vie et qui a guidé mes
premiers pas dans la recherche du savoir et de la réussite. Qu’elle trouve ici la joie et toute ma
reconnaissance.
À mon frère, ma sœur, mes cousins et ma cousine, qui m’ont toujours soutenu et donné de la
joie de vivre. Que l’amour et le pardon nous unissent toujours et d’avantage.
À mes oncles défunts Etienne, René, et Seydou qui auraient tant aimés voir ce jour arriver.
À tous mes oncles et tantes, pour leur soutien et leurs conseils.
À tous, je dédie ce travail.
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Remerciements
L’écriture de cette page est importante et difficile car le mot juste (désiré) et le juste mot
(approprié) sont souvent deux facettes de l’épreuve pour réussir à vous exprimer ma gratitude
simplement et efficacement. De nombreuses personnes ont contribué à la rédaction de ce
mémoire. En premier lieu, je tiens à adresser mes sincères remerciements à mes encadreurs et
maîtres de stage, M. Seyram SOSSOU et Dr. Igor OUEDRAOGO, qui n’ont ménagé aucun
effort pour la réussite de ce travail. Merci pour votre aide dans l’accomplissement de ce
document. Je remercie aussi le personnel LEDES, pour la contribution et la collaboration. Je
pense tout particulièrement à M. Noël TINDOURE, M. Sohamai HEMA et M. Pierre
KABORE. Le cadre fut convivial, accompagné d’une ambiance favorable à l’avancement des
travaux. Je vous en suis très reconnaissante.
Je n’oublie pas Dr. Hyacinthe KAMBIRE et le Pr. Edmond HIEN, pour leurs conseils, leur
appui, les informations précieuses et les orientations données à ce travail. Je remercie également
tous mes professeurs pour les connaissances transmises.
Aussi une pensée à mes très chers frères et sœurs, étudiants en fin de cycle Master à 2iE que je
ne pourrai tous nommer, je souhaite qu’ils trouvent ici toute ma reconnaissance.
À tous ceux qui m’ont aidé de près ou de loin, qui m’ont montré leur intérêt et qui ont contribué
à la réalisation de ce présent mémoire.
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Résumé
Les résidus de la filière arachide pourraient constituer un compost enrichissant du fait de leur
richesse en matière carbonée. Cette étude a porté sur la faisabilité du co-compostage aérobie
de coques d’arachide avec du fumier de bovins par la méthode chinoise à haute température.
Trois (03) andains identiques de 20 kg de coques pour 6,67 kg de fumier ont été constitués.
Le Burkina Phosphate, dosé à 80 g/kg a été employé comme catalyseur. Les tas ont été
retournés 1 fois tous les 15 jours et arrosés 1 fois tous les 3 jours. Le suivi des paramètres
physico-chimiques, microbiologiques et un essai de germination ont permis d’apprécier la
stabilité et la maturité. La teneur en éléments fertilisants a permis d’apprécier la valeur
agronomique et la qualité hygiénique a été évaluée. Les résultats obtenus montrent que, au 15e
jour, la phase oxydative prend fin (température maximal de 52,23 °C) et une tendance à la
stabilisation est observée dès le 45e jour. Un ratio C/N de 14,80 est atteint au 60e jour pour
une température de 37,2 °C, un pH de 7,03 et 14,29 % de porosité. La valeur agronomique du
compost obtenu a été évaluée à travers une teneur en éléments fertilisants appréciable (teneurs
de 0,34 %, 0,37 %, 0,62 % et 0,65 % respectivement pour le potassium, magnésium, calcium
et sodium) et un indice de germination (IG) de 76,78 %. La qualité hygiénique est acceptable,
avec de forts abattements allant de 5, 16 à 7, 58 unités log pour les indices de contamination
fécale et pour des valeurs finales inférieures à la norme CCME.
Mots Clés :
1. Co-compostage
2. Coques d’arachide
3. Fumier de bovins
4. Indice de germination
5. Valeur agronomique
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Abstract
Residues from the peanut sector are underexploited and could constitute an enriching compost
to soils in Burkina Faso because of their high content in lignin. This study focused on the
feasibility of co-composting peanut husks with cattle manure using the Chinese technique of
composting with aerated static piles. Three (03) identical swaths composed of 20 kg of husks
for 6.67 kg of manure were formed. Burkina Phosphate was used as catalyst in an amount of
80 g/kg. The swaths were returned 1 time every 15 days and watered 1 time every 3 days. The
measurement of physical, chemical, microbiological parameters and a germination test were
used to assess stability and maturity. Nutrient content was used to assess agronomic value and
hygienic quality was evaluated. The results indicated on day 15, the oxidative phase ends (peak
of 52.23 °C) and a trend towards stabilization is observed at day 45. A C/N ratio of 14.80 was
reached after 60 days of composting, for a temperature of 37.2 °C, a pH of 7.032 and a porosity
of 14.29 %. The agronomic value of the obtained compost was evaluated through an appreciable
content of nutrients (contents of 0.34 %, 0.37 %, 0.62 % and 0.65 % for potassium, magnesium,
calcium and sodium respectively) and a GI of 76.78%. The hygienic quality is acceptable, with
strong reduction ranging from 5.16 to 7.58 log units for fecal contamination indices and final
values below the recommended standards.
Keywords:
1. Agricultural value
2. Cattle manure
3. Co-composting
4. Germination index
5. Peanut husks
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Liste des abréviations
COT : Carbone Organique Total
CCME : Conseil Canadien des Ministres de l’Environnement
IG : Indice de germination
MEO : Ministère de l'Environnement de l'Ontario (Canada)
MO : Matière Organique
MVS : Matières Volatiles en Suspension
NTK : Azote Total Kjeldhal
PVC : Polychlorure de Vinyle
RAE : Réseau Assainissement Ecologique
STEP : Station de Traitement et d'Epuration
SuSanA : Sustainable Sanitation Alliance
UFC : Unité Formant Colonie
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Sommaire
CITATION ............................................................................................................................... II
I. REVUE DE LA LITTERATURE ....................................................................................... 3
1. LE COMPOSTAGE : GENERALITES ............................................................................................................................. 3
2. FACTEURS DETERMINANTS DU COMPOSTAGE AEROBIE ................................................................................................. 7
3. MICROBIOLOGIE DU COMPOSTAGE ........................................................................................................................ 11
4. STABILITE, MATURITE DU COMPOST ET VALEUR AGRONOMIQUE .................................................................................. 12
II. MATERIEL ET METHODES ......................................................................................... 15
1. SITE DE L’ETUDE ................................................................................................................................................ 15
2. INTRANTS UTILISES ET CONDITIONS EXPERIMENTALES DU COMPOSTAGE ........................................................................ 15
3. SUIVI DES PARAMETRES PHYSICO‐CHIMIQUES AU COURS DU COMPOSTAGE .................................................................... 16
4. SUIVI DES PARAMETRES MICROBIOLOGIQUES AU COURS DU COMPOSTAGE .................................................................... 19
5. SUIVI DE LA QUALITE HYGIENIQUE AU COURS DU COMPOSTAGE .................................................................... 20
6. SUIVI DE LA TENEUR EN ELEMENTS FERTILISANTS AU COURS DU COMPOSTAGE ................................................................ 20
7. ÉVALUATION DE LA PHYTOXICITE DU COMPOST PRODUIT ............................................................................................ 21
III. RESULTATS ET DISCUSSION .................................................................................... 22
1. ASPECT DU COMPOST A BASE DE COQUES D’ARACHIDE .............................................................................................. 22
2. SUIVI DES PARAMETRES PHYSICO‐CHIMIQUES AU COURS DU COMPOSTAGE .................................................................... 23
3. SUIVI DES PARAMETRES MICROBIOLOGIQUES ........................................................................................................... 31
4. APPRECIATION DE LA STABILITE ET DE LA MATURITE .................................................................................................. 32
5. APPRECIATION DE LA VALEUR AGRONOMIQUE ET DE LA QUALITE HYGIENIQUE ................................................................ 35
une température basse même si le compost est humidifié ;
aspect granuleux, foncé et odeur boisée agréable ;
plus de distinction à l’œil nu entre le compost et les composés d’origine.
L’observation des paramètres physico-chimiques permet également d’apprécier l’état de
maturité du compost. En effet, les pH acides sont caractéristiques des composts immatures alors
que les composts mûrs ont des pH compris entre 7 et 9 (Misra et al., 2005).
L’un des paramètres les plus couramment mesurés pour évaluer la maturité d’un compost est le
ratio C/N. Selon Jiménez et Garcia (1989), un ratio C/N inférieur à 20 et même 15 caractérise
un compost mûr.
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Le test de phytotoxicité est le seul moyen d’évaluer la toxicité liée à l’incorporation du compost
au sol. En effet, les composts mûrs ne doivent pas présenter de substance empêchant la
germination des graines et la croissance des plantes. La phytotoxicité est souvent évaluée par
l’étude de la germination ou par des tests de croissance (Said-Pullicino, Gigliotti, 2007). Un
indice de germination (IG) de 50% est reconnu comme étant celui d’un compost sans effet
phytotoxique (Chikae et al., 2007). Si cet indice est supérieur à 80 %, le compost peut être alors
considéré comme étant mature (Zucconi et al., 1981).
4.2. Valeur agronomique d’un compost
De façon générale, il est observé la chute du taux de matière organique et donc
l’appauvrissement des sols cultivés par excès d’utilisation d’engrais minéraux solubles
(Bresson et al., 2001). L’intérêt des amendements organiques est donc une diminution de la part
de ces engrais lixiviables et leur remplacement par des déchets organiques valorisés. Cela
permettra d’améliorer la structure du sol, la nutrition et la croissance des plantes, ainsi que leur
potentiel de survie surtout en saison sèche (Albrecht, 2007).
La valeur agronomique d’un compost se traduit alors par son aptitude à l’apport d’éléments
fertilisants (Albrecht, 2007) qui sont des composants nutritifs majeurs pour les plantes.
Plusieurs auteurs recommandent la mesure directe de la teneur en éléments minéralisés, ce qui
permet de mettre en évidence l’état avancé de décomposition en éléments minéraux. En
pratique, il s’agira de suivre l’évolution de la teneur de ces éléments dans le compost jusqu’à
ce qu’elle se stabilise (Francou, 2003; Guet, 2003).
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II. Matériel et Méthodes
1. Site de l’étude
L’expérimentation a été menée sur le campus de la Fondation 2iE, sise à Ouagadougou. Le site
de compostage est localisé à l’arrière du complexe Scientifique, non loin de la Station
d’Epuration (STEP) de 2iE. Il s’agit d’une aire de forme rectangulaire de 4 m x 4 m, soit
d’environ 16 m².
Figure 7 : Aire de compostage
Figure 8 : Préparation des casiers de
compost
2. Intrants utilisés et conditions expérimentales du compostage
Les intrants suivants ont été employés pour la confection des tas de compost :
des coques d’arachide sèches, concassées (matière sèche), de granulométrie 5 à 8 mm ;
du fumier de bovins légèrement humide (matière humide et inoculât) ;
du Burkina Phosphate ;
de l’eau pour assurer le mélange et le contrôle de la teneur en eau.
La méthode retenue est celle du compostage aérobie. Trois (03) tas de compost identiques ont
été confectionnés en suivant la méthode de compostage chinoise à haute température. Les
andains sont de forme pyramidale, avec une surface de base de 0,7 m x 0,7 m et une hauteur de
0,8 m. La matière sèche a été mélangée à la matière humide en respectant le ratio massique 2/3
de matière sèche pour 1/3 de matière humide (Misra et al., 2005). Le Burkina Phosphate a été
incorporé à l’eau utilisée, à dose de 80 g/kg de matières à composter (Segda et al., 2001). Les
quantités d’intrants employées pour constituer les tas sont fournies dans le tableau V.
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Des tuyaux PVC perforés ont été introduits dans le tas afin d’assurer une aération permanente.
La fréquence de retournement des tas est de 1 fois tous les 15 jours (Misra et al., 2005). Pour
assurer des conditions optimales pour la dégradation de la matière organique, la teneur en eau
des tas de compost a été suivie tout au long du processus afin de maintenir la teneur en eau dans
la plage de 50 à 60 % (Barrington, 2002).
Tableau V : Composition des tas de compostage
N° du Tas Tas n°1 Tas n°2 Tas n°3
Coques (Kg) 20 20 20
Fumier (Kg) 6,67 6,67 6,67
Eau (l) 40 40 40
Phosphate (Kg) 2,15 2,15 2,15
Dosage Phosphate (g/Kg) 80,61 80,61 80,61
Figure 9 : Aération
d'un tas de compost
Figure 10 : Vue des trois tas de compost
3. Suivi des paramètres physico-chimiques au cours du compostage
3.1. Suivi de la température
La température a été mesurée de façon journalière à l’aide d’une sonde de température EcoScan
Temp JKT à trois positions différentes sur l’axe vertical passant par le centre du tas de compost :
une mesure à 10 cm sous le sommet du tas (sub-surface), une mesure au milieu et une dernière
mesure à 10 cm au-dessus de la base du tas.
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3.2. Suivi du pH
Le pH a été mesuré de façon journalière à l’aide d’une sonde pH-mètre pH WTW 3310 SET 2
plongée dans une solution de 10 ml d’eau distillée contenant un échantillon de 4 g de compost
et agitée pendant 10 mn.
3.3. Suivi de la conductivité
La conductivité a été mesurée en début et en fin de compostage à l’aide d’un conductimètre
Cond WTW 3310 SET 1 plongé dans une solution de 20 ml d’eau distillée contenant un
échantillon de 4 g de compost et agitée pendant 10 mn.
3.4. Suivi de la teneur en eau
La teneur en eau a été mesurée 2 fois par semaine par passage d’un échantillon de 25 g de
compost à l’étuve (Memert 871629) à 105 °C pendant 24 h. L’équation suivante a permis de
faire le calcul de la teneur en eau.
%Wm mm
100 (1.)
Avec :
% WH2O : teneur en eau de l’échantillon
mo (g) : masse initiale de l’échantillon avant passage à l’étuve
m1 (g) : masse de l’échantillon à la sortie de l’étuve
3.5. Suivi de la porosité
La porosité du compost a été évaluée sur la base de la densité apparente et de la densité réelle.
Elle permet d’apprécier l’effectivité de la dégradation de la matière organique ainsi que le
niveau d’aération des tas. La densité apparente, mesurée 2 fois par semaine, a été obtenue par
mesure de la masse d’un échantillon non remanié de compost rapportée à un volume taré.
1
(2.)
Avec :
da : densité apparente de l’échantillon de compost
ms (g) : masse de l’échantillon non remanié de compost
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Vt (l) : volume de la tare
ɣw (g/l) : masse volumique de l’eau
La densité réelle (poids spécifique) a été évaluée au pycnomètre à air. Le calcul de la porosité
a été effectué par la relation suivante :
1 100
(3.)
Avec :
n (%) : porosité de l’échantillon de compost
da : densité apparente de l’échantillon de compost
dr : densité réelle de l’échantillon de compost
3.6. Suivi de la matière organique
La matière organique totale (MO) ou matière volatile en suspension (MVS) a été déterminée
par passage de l’échantillon sorti de l’étuve au four (Carbolite) à 550 °C pendant 2 h. La fraction
de matière organique a ainsi été déduite par la relation suivante :
%MOm mm
100 (4.)
Avec :
% MO : teneur en matière organique totale
m1 (g) : masse d’échantillon avant passage au four
m2 (g) : masse d’échantillon après sortie du four
3.7. Suivi du Carbone Organique Total (COT)
Le Carbone Organique Total (COT) a été estimé sur la base de la matière organique. Nelson et
Sommers (1982) recommandent un facteur de 1,76. Nous retiendrons le facteur de 2, défini sur
la base des travaux de Giroux et Audesse (2004) qui ont permis d’atteindre une meilleure
précision sur des amendements organiques analysés.
% COT
%MO2
(5.)
% COT : teneur en carbone organique total
% MO : teneur en matière organique
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3.8. Suivi de l’Azote Total Kjeldhal (NTK)
L’azote total (NTK) a été obtenu en trois étapes de manipulation :
une minéralisation dans un tube Kjeldhal de 100 ml d’échantillon et 10 ml d’acide
sulfurique concentré dans un minéralisateur BUCHI K-435 aux températures 180 °C
pendant 2 h, 250 °C pendant 2 h, 340 °C pendant 2 h, suivis d’un refroidissement
pendant 24 h ;
une distillation (au distillateur BUCHI K-355) ;
un dosage par titrimétrie avec l’acide chlorhydrique à 0,04 mol/l.
Le calcul de la teneur en azote a été obtenu par la relation suivante :
%NTK
0,014 0,1 V VV
10 (6.)
Avec :
% NTK : teneur en azote total Kjeldhal
V1 (ml HCl) : volume utilisé pour le dosage
V0 (ml HCl) : volume utilisé pour le blanc
VPE (ml) : volume de la prise d’essai, soit 150 ml
4. Suivi des paramètres microbiologiques au cours du compostage
Le suivi des paramètres microbiologiques au cours du compostage a été effectué par la mesure
de la flore bactérienne ou bactéries hétérotrophes, des actinomycètes et des mycètes. Une
solution mère a été obtenue à partir de 10 g d’échantillon et 90 ml d’eau peptonée tamponnée.
Un échantillon de 1 ml a été prélevé dans la solution mère, dilué dans 9 ml d’eau distillée
(dilution 10-1) et agitée au vortex. Des dilutions successives ont été effectuées à l’aide du réactif
de Ringer et 0,1 ml de chaque dilution a été ensemencé sur une boîte de Pétri dans des milieux
de culture spécifiques (Tableau VI). Les différentes Unités Formant Colonie (UFC) ont été
mesurées et exprimées en UFC/100g de compost.
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Tableau VI : Récapitulatif des conditions d’ensemencement pour la microbiologie
Groupe Cultivé
Température Temps d’incubation
Milieu d’incubation
Référence
Bactéries hétérotrophes
30°C, 37°C 18-24 h Nutri agar (Parthasarathi et al., 2007)
Actinomycètes 30°C, 37°C 10-12 jours Sabouraud agar
(Parthasarathi et al., 2007)
Mycètes 25°C, 28°C 4-7 jours Sabouraud agar
(Parthasarathi et al., 2007)
5. Suivi de la qualité hygiénique au cours du compostage
Afin d’apprécier la qualité hygiénique du compost, une solution a été composée à partir de 10
g d’échantillon dans 90 ml d’eau peptonée. Des dilutions successives ont été composées à l’aide
du réactif de Ringer et 0,1 ml de chaque dilution a été ensemencé en profondeur sur boîte de
Pétri dans des milieux de cultures sélectifs correspondant aux bactéries recherchées. Les
paramètres spécifiques sont récapitulés dans le tableau VII.
Tableau VII : Récapitulatif des conditions d’ensemencement pour la qualité hygiénique
Bactéries Milieu de
culture
Méthode
d’ensemence
ment
Temp. et
durée
d’incubation
Référence
Coliformes
fécaux et
Escherichia
coli
Chromocult
coliformes ES
gélose
En profondeur 44 °C, 24h 9215A
(APHA, AWWA, 1998)
Streptocoques
fécaux
Slanetz
Bartley gélose
En profondeur 37 °C, 24h 9215A
(APHA, AWWA, 1998)
6. Suivi de la teneur en éléments fertilisants au cours du compostage
La mesure de la teneur en éléments fertilisants permet d’apprécier les qualités agronomiques
du compost. Elle a porté sur le calcium (Ca), le magnésium (Mg), le potassium (K) et le sodium
(Na).
La mesure du calcium (Ca) et du magnésium (Mg) a été effectuée par volumétrie à partir de la
dilution d’un 1ml de solution mère (1 g d’échantillon de compost pour 10 ml d’eau distillée)
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pour 100 ml. Le titrage a été effectué à EDTA 0,02N.
La mesure du sodium (Na) et du potassium (K) a été effectué à partir de dilutions successives
d’une solution mère de 1 g d’échantillon de compost pour 10 ml d’eau distillée. Les teneurs en
sodium et potassium ont été données par mesure au multi-paramètre HANNA HI 4222.
7. Évaluation de la phytoxicité du compost produit
L’évaluation de la phytoxicité a été effectuée à travers des essais de germination. Ils ont été
réalisés avec un extrait préparé à partir de 4 g de compost, 20 ml d’eau distillée et 10 graines
de gombo (Abelmoschus esculentus) placées sur du papier Whatman. L'eau déminéralisée a été
utilisée comme témoin. Toutes les expériences ont été effectuées en triple. Les boîtes de Pétri
ont été scellées avec du Parafilm pour minimiser les pertes en eau tout en permettant la
pénétration de l'air, puis ont été maintenues dans l’obscurité pendant 72 h à 26 °C. L’indice de
germination (IG) a été calculé par la formule de Zucconi et al. (1981) :
100
(7.)
Avec :
IG (%) : indice de germination
nVSS : nombre de graines viables dans l'échantillon
nVSC : nombre de graines viables dans le témoin
RLS (mm) : longueur des racines dans l’échantillon
RLC (mm) : longueur des racines dans le contrôle
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III. Résultats et discussion
1. Aspect du compost à base de coques d’arachide
La figure 11 présente l’aspect du compost obtenu après 60 jours de compostage. Il a l’aspect
d’un terreau de couloir tendant vers le noirâtre, humide, caractéristiques d’un compost stabilisé.
Il ne dégage pas d’odeur particulière. Il apparait également que les coques d’arachide ont une
granulométrie plus fine de façon globale, mais sont dégradées à des stades divers dans le
compost obtenu. Cela s’explique par la forte teneur en cellulose et en lignine présente dans la
coque d’arachide, composés qui se dégradent difficilement. Seck (1987) effectue un constat
similaire au cours de ses travaux de co-compostage des coques d’arachide et propose
d’effectuer un prétraitement aux coques impliquant une étape de broyage intensif, l’idée étant
de faciliter l’action de dégradation des micro-organismes. Cependant, ce prétraitement implique
un inconvénient de taille : il nécessite une étape de tamisage à l’issue de laquelle la fraction
passante est de qualité nutritionnelle moindre que le substrat initial grossier, ce qui limite la
dégradation pendant le compostage.
Figure 11 : Aspect du compost à base de coques d'arachide obtenu
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2. Suivi des paramètres physico-chimiques au cours du compostage
Les paramètres physico-chimiques suivis au cours du compostage à base de coques d’arachide
sont la température, le pH, la conductivité, la teneur en eau, la porosité, la matière organique et
le ratio C/N. Les résultats détaillés sont consignés en annexe 1.
2.1. Suivi de la température
La figure 12 présente l’évolution de la température moyenne à l’intérieur du compost au cours
du compostage. La température est mesurée à différentes positions : à la sub-surface, au milieu
et en base du tas. Ces températures sont comparées avec la température de l’air ambiant.
Figure 12 : Evolution de la température moyenne à différentes positions dans le tas au
cours du compostage
Les résultats montrent qu’au cours du processus de compostage, la température à l’intérieur du
tas augmente et reste globalement au-dessus de la température ambiante. En début de
compostage, la température augmente du 1er au 21e jour, avec des chutes de température
observées au 10e et au 16e jour. Après le 21e jour, la température diminue vers la valeur
ambiante. La température la plus élevée est observée au 21e jour et est de 52,23 °C.
L’augmentation de la température serait due aux réactions d’oxydation de la matière organique
en début de compostage (Mustin, 1987; Misra et al., 2005). Seck (1987) atteint des pics de
température de 60 °C et de 70 °C pendant son compostage de coques d’arachide après 4 à 6
0,0
10,0
20,0
30,0
40,0
50,0
60,0
1 6 11 16 21 26 31 36 41 46 51 56
Tem
pér
atu
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°C)
Jours
T ambiante T sub‐surface T milieu T Base
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jours. Le retard observé dans le cadre de cette étude serait lié à la granulométrie des coques
d’arachide. En effet, plus la granulométrie du substrat est faible, plus rapide sera l’activité de
dégradation opérée par les micro-organismes et donc plus rapide sera l’élévation de température
en phase initiale.
Le caractère non uniforme de la distribution de la chaleur au sein du tas de compost a également
été observé. La figure 13 illustre la répartition de la température au sein d’un tas de compost et
à différentes dates au cours du processus de compostage.
Figure 13 : Distribution de la température dans le tas de compost à différentes dates
Les résultats montrent que les valeurs maximales de température en base, au milieu et en sub-
surface sont respectivement de 41,73 °C, 36,63 °C et 39,13 °C. L’analyse comparée des profils
de température permet de mettre en évidence que la région la plus chaude est à la base du tas
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pendant les dix (10) premiers jours, puis elle se déporte vers la sub-surface durant le reste du
processus. Seck (1987) au cours de ses travaux met en évidence que la zone la plus chaude reste
celle du milieu du tas pendant les 9 premiers jours, au profit du haut du tas pendant les jours
suivants. Ainsi donc, la zone qui est le siège de l’activité de dégradation se localise vers le bas
et le milieu du tas au cours de la phase oxydative pour se déporter vers le haut du tas lorsque
l’on se rapproche de la phase de maturation. Cet effet serait dû au glissement des particules les
plus petites (déjà dégradées) depuis le sommet et le milieu vers la base du tas, entraînant la
formation d’une zone plus tassée et moins aérée en base. Cette zone n’autorise alors qu’une
activité microbienne réduite (conditions proches de l’anaérobiose). Ce phénomène a été signalé
par Feller et al. (1981), Charnay (2005) et par Albrecht (2007) au cours de leurs travaux de co-
compostage.
2.2. Suivi du pH
La figure 14 montre l’évolution du pH moyen au cours du processus de compostage.
Figure 14 : Evolution du pH moyen des tas au cours du compostage
Ces résultats montrent que l’allure du pH moyen est décroissante et tend vers la neutralité au
bout de 60 jours de compostage. En début de compostage, le pH moyen diminue du 1er jour au
4e jour, augmente du 4e au 9e jour puis décroît graduellement jusqu’au 60e jour. Les valeurs
minimale et maximale, obtenues au 4e jour et au 8e jour sont respectivement de 7,476 et de
8,824. La chute de pH pendant les 4 premiers jours pourrait s’expliquer par la production
d’acides organiques, produits pendant la phase mésophile (en début de la phase oxydative).
5,000
5,500
6,000
6,500
7,000
7,500
8,000
8,500
9,000
9,500
1 11 21 31 41 51
pH
Jours
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Ensuite, le dégagement d’azote ammoniacal (NH4+) suite à l’activité microbienne de
dégradation serait responsable de la remontée du pH. Par la suite, le pH décroit lentement et
tend à se stabiliser à partir du 40e jour. Des résultats similaires ont été obtenus par Feller et al.
(1981) sur le compostage des coques d’arachide et par Albrecht (2007) sur le compostage de
déchets. Seck (1987) va plus loin en identifiant la fin de la phase mésophile dès le 2e jour, puis
la fin de la phase oxydative autour du 10e jour.
2.3. Suivi de la conductivité
Les résultats obtenus montrent une diminution de la conductivité électrique pendant le
processus de compostage. Au début du processus, la conductivité électrique moyenne des tas
est de 4,33 mS/cm et elle diminue à 3,01 mS/cm après 60 jours de compostage. La valeur initiale
de conductivité électrique plutôt élevée serait due à la salinité des intrants, notamment le fumier
de bovins. La diminution constatée au cours du processus serait due au lessivage du compost
du fait des arrosages. Ce comportement semble admis et rapporté par plusieurs références sur
le compostage (Znaïdi, 2002; Charnay, 2005; Albrecht, 2007; Tahraoui Douma, 2013). La
valeur finale de conductivité électrique est en adéquation avec les travaux de Saebo et Ferrini
(2006) qui estiment que les limites acceptables de conductivité électrique pour un compost sont
de l’ordre de 2 à 3 mS/cm.
2.4. Suivi de la teneur en eau
La teneur en eau des tas a été corrigée après chaque mesure par apport d’eau pour maintenir
l’optimum de 50 % à 60 % comme recommandé par Barrington (2002). La figure 15 montre
l’évolution de la teneur en eau moyenne des tas au cours du processus de compostage.
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Figure 15 : Evolution de la teneur en eau au cours du compostage
La teneur en eau moyenne des tas n’est pas constante et tend à diminuer progressivement avec
le temps. La teneur en eau moyenne mesurée évoluent autour 50 % pendant les 10 premiers
jours, puis diminue jusqu’à 45,33 % au 60e jour de compostage. La perte en eau plutôt rapide
des tas pourrait s’expliquer par plusieurs raisons, notamment la petite taille des tas, la porosité
du compost, l’évaporation forte ainsi que l’aération par tuyaux perforés. L’effet conjugué de
ces paramètres (qui a aussi impacté sur les températures) ne favorise pas la rétention d’eau à
l’intérieur des tas. En conséquence, les tas de compost ont tendance à s’assécher assez
rapidement. Tahraoui Douma (2013) obtient des teneurs en eau allant de 65 % à 36 % pour un
co-compostage en andains en étudiant l’influence du retournement au cours du compostage et
attribue les teneurs en eau faibles aux mêmes raisons.
30,00%
35,00%
40,00%
45,00%
50,00%
55,00%
60,00%
1 11 21 31 41 51
Ten
eur
en e
au (
%)
Jours
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2.5. Suivi de la porosité
La figure 16 montre l’évolution de la porosité moyenne des tas au cours du processus de
compostage.
Figure 16 : Evolution de la porosité au cours du compostage
La porosité moyenne des tas diminue progressivement durant le processus de compostage. En
début de compostage, la valeur de la porosité est de 48,61 % puis diminue jusqu’à 14,29 % au
60e jour. La porosité initiale plutôt élevée serait due à la taille initiale des substrats, notamment
les coques d’arachide concassées, qui sont des éléments grossiers. Par la suite, la baisse de la
porosité au cours du compostage s’expliquerait par la minéralisation du compost. Les particules
devenant plus fines se tassent, augmentant ainsi la densité apparente. Znaïdi (2002) attribue
cette perte de volume à un dégagement de CO2, ce qui entraine une diminution de la porosité.
Charnay (2005) suggère aussi que la densité initiale du compost serait corrélée à celle des
substrats d’origine et que tout au long du processus, une densification progressive du compost
et une perte en masse sont observés, ce qui explique la baisse de porosité.
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
1 11 21 31 41 51
Por
osit
é (%
)
Jours
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2.6. Suivi de la matière organique
La figure 17 montre l’évolution de la matière organique moyenne des tas au cours du processus
de compostage.
Figure 17 : Evolution de la matière organique au cours du compostage
L’allure générale de la courbe montre une tendance à la décroissance entre le 4e et le 32e jour,
puis une tendance à la stabilisation du 32e jour vers le 60e jour de compostage. En début de
compostage, la teneur en matière organique est de 74,46 % au 4e jour et diminue à 41,26 % au
60e jour. La valeur maximale est obtenue à 79,63 % au 7e jour. La baisse de la teneur en matière
organique au cours du compostage pourrait s’expliquer par la minéralisation des substrats. En
début de compostage, la dégradation de la matière organique présente est rapide, sous l’action
des micro-organismes présents. Par la suite, cette décomposition est ralentie du fait qu’il y a
moins de matière organique à dégrader. Tahraoui Douma (2013) observe une baisse de 58 % à
36 % de la matière organique sur son expérimentation de compostage en andains et s’appuie
sur les travaux de Grigatti et al. (2004) pour expliquer cette diminution par la minéralisation de
la matière organique sous l’action des micro-organismes. Aussi, le ralentissement de la
minéralisation marquerait le début de la phase de maturation du compost (Tahraoui Douma,
2013).
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
70,00%
80,00%
90,00%
4 14 24 34 44 54
% M
O
Jours
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2.7. Suivi du ratio C/N
La figure 18 montre l’évolution moyenne du rapport carbone sur azote (C/N) des tas au cours
du processus de compostage.
Figure 18 : Evolution du ratio C/N au cours du compostage
Le rapport C/N qui exprime la proportion des quantités respectivement bio-disponibles en
carbone et en azote baisse au cours du processus de compostage. En début de compostage, la
valeur du rapport C/N est de 39,99 et diminue pour atteindre la valeur de 14,80 au 60e jour.
Aussi, pendant les 30 premiers jours, la baisse du rapport C/N est rapide, puis tend à se stabiliser
entre le 30e et le 60e jour de compostage. La valeur du rapport C/N initialement élevée serait
due à la grande quantité de tissus ligneux présent dans la coque d’arachide, conduisant ainsi à
une valeur de C/N supérieure aux valeurs optimales (25 à 30) (Cooperband, 2002; Misra et al.,
2005). Feller et al. (1981) observent une réduction du rapport C/N de 48 à 36 en 15 jours de
compostage de coques d’arachide, qui se stabiliser à 20 à la fin du processus. Seck (1987)
obtient des résultats moins satisfaisants avec les coques d’arachide en faisant passer le ratio
C/N de 48,78 à 47,40. Il justifie la valeur finale obtenue par le prétraitement effectué aux
coques d’arachide qui aurait éliminé la partie riche. Ce prétraitement, nommé procédé
« KILBRO », implique un broyage des coques puis un tamisage. La fraction passant au tamis
est utilisée pour le compostage, mais serait de qualité nutritionnelle moindre que le substrat
entier initial. Cela a donc défavorisé l’action des micro-organismes, malgré l’apport d’azote et
de phosphate. Dans notre cas de figure, le concassage simple effectué en début de compostage
0,00
5,00
10,00
15,00
20,00
25,00
30,00
35,00
40,00
45,00
4 14 24 34 44 54
Rap
por
t C
/N
Jours
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a rendu sa dégradation plus difficile (en témoigne l’aspect final observé), mais n’a pas dénaturé
la coque d’arachide. En conséquence, la valeur finale du ratio C/N s obtenue après 60 jours de
compostage, soit de 14,80, reste dans l’intervalle recommandé de 10 à 15 (Cooperband, 2002).
3. Suivi des paramètres microbiologiques
La figure 19 montre l’évolution moyenne des paramètres microbiologiques des tas au cours du
processus de compostage, à savoir la flore hétérotrophe, les actinomycètes et les mycètes. Les
valeurs détaillées sont présentées en annexe 2.
Figure 19 : Evolution de la teneur en eau au cours du compostage
Les résultats montrent une évolution des populations microbiennes qui participent à la
dégradation de la matière organique au cours du processus de compostage. La population
dominante est la flore hétérotrophe, présente en grand nombre dès le 5e jour de compostage et
évolue de 1,55.103 à 1,38.1011 au 60e jour, soit une augmentation de 11,14 unités log. Les
actinomycètes se développent un peu plus tardivement et vont de 2,39.101 au 5e jour à 2,17.108
au 60e jour, soit une augmentation de 8,37 unités log. Il en est de même pour les mycètes qui,
eux, évoluent de 1,99.101 au 5e jour à 1,11.107
au 60e jour, soit une augmentation de 7,04 unités
log. Pour toutes les populations microbiennes, une tendance à la stabilisation s’observe à partir
du 55e jour. La présence élevée de la flore hétérotrophe dès le début du compostage pourrait
s’expliquer par le fait qu’il s’agit des organismes responsables de la dégradation des matières
facilement biodégradables en début du compostage : il s’agit de la phase mésophile. Par la suite,
1,00E+00
1,00E+01
1,00E+02
1,00E+03
1,00E+04
1,00E+05
1,00E+06
1,00E+07
1,00E+08
1,00E+09
1,00E+10
1,00E+11
1,00E+12
5 15 25 35 45 55
Dén
omb
rem
ent
Jours
Flore hétérotrophe
Actinomycètes
Mycètes
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les mycètes (champignons) et les actinomycètes attaquent les polymères difficilement
biodégradables (cellulose, lignine) pendant la phase de ralentissement de l’activité microbienne
pour porter le compost à maturation. Misra et al. (2005) et Tahraoui Douma (2013) qualifient
ce comportement de « succession de communautés microbiennes ». La présence de la flore
hétérotrophe est associée à la phase mésophile et l’apparition des actinomycètes et des mycètes
(qualifiés d’agents responsables de la lignocellulolyse) à la phase thermophile (Albrecht, 2007).
La figure 20 illustre les micro-organismes identifiés dans un échantillon de compost à base de
coques d’arachide.
Figure 20 : Micro-organismes présents dans un échantillon de compost
4. Appréciation de la stabilité et de la maturité
Dans le cadre de cette étude, les paramètres considérés pour l’appréciation de la stabilité et de
la maturité sont les paramètres physico-chimiques et microbiologiques.
L’observation de l’évolution de la température moyenne des tas permet d’identifier une
stabilisation à partir du 40e jour autour de 38 °C, valeur proche de la température ambiante. Le
pH tend à se stabiliser autour de 7 à 7,5 dès le 40e jour. La porosité moyenne des tas, toujours
en baisse de façon générale, ralentit considérablement sa diminution à partir du 53e jour en
passant de 15,82 % à 14,29 % au 60e jour. La teneur moyenne en matière organique,
globalement en baisse, tend à la stabilisation à partir du 46e jour en passant de 45,84 % à 41,26
% au 60e jour de compostage. Le ratio C/N, lui, présente un ralentissement de décroissance à
partir du 53e jour, en évoluant de 16,13 vers 14,80 au 60e jour. Quant aux valeurs dénombrées
de populations microbiennes, elles tendent à la stabilisation à partir du 48e jour, avec une
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constance pour l’abattement des nombres de la flore hétérotrophe, des actinomycètes et des
mycètes jusqu’au 60e jour. L’observation comparée de l’ensemble de ces paramètres permet de
définir, pour le compostage à base de coques d’arachide, une phase oxydative et une phase de
maturation. La phase oxydative se situe entre le 1er et le 21e jour, limites définies par le
comportement de la température. À l’intérieur de cette phase oxydative, le comportement du
pH permet de distinguer la phase mésophile de la phase thermophile dès le 4e jour, au passage
à la valeur minimale de pH 7,476. Après le 4e jour, la phase thermophile commence, marquée
par la résurgence forte des populations microbiennes, ce qui entraine l’élévation de la
température. Au 21e jour, le pic de température observé à 52,23 °C marque la fin de la phase
oxydative et le début de la phase de refroidissement. Cette phase de refroidissement, marquée
par une forte décroissance de la température, prend fin autour du 40e jour.
Les valeurs des différents paramètres suivis se stabilisent dans l’intervalle allant du 40e au 60e
jour et les résultats obtenus indiquent que le compost à base de coques d’arachide tend vers la
maturité à partir du 40e jour. Le tableau VIII résume les caractéristiques physico-chimiques et
microbiologiques finales du compost à base de coques d’arachide après 60 jours de compostage
et les compare aux caractéristiques d’un compost stable et ayant atteint la maturité, selon
Cooperband (2002) et MEO (2012).
Co-compostage de coques d’arachide avec du fumier de bovins : Suivi du processus et qualité du compost
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Tableau VIII : Comparaison des caractéristiques finales du compost obtenu avec celles
d’un compost stable et mature selon Cooperband (2002) et MEO (2012)
Paramètre
Compost à
base de coques
d’arachide
Compost stable
et mature
(Cooperband,
2002)
Compost
stable et
mature
(MEO, 2012)
Paramètres
physico-
chimiques
Température (°C) 37,2 Valeur
ambiante
Valeur
ambiante
pH 7,03 6 à 8 5,5 à 8,5
Conductivité
(mS/cm)
3,01 - < 4
Teneur en eau (%) 45,33 40 à 50 %
Porosité (%) 14,29 - -
Matière organique
(%)
41,26 Quantité
appréciable
Rapport C/N 14,80 10 à 15 < 22
Paramètres
microbiologiques
Flore hétérotrophe 1,38.1011 - -
Actinomycètes 2,17.108 - -
Mycètes 1,11.107 - -
Afin de confirmer ces résultats, la phytotoxicité du compost obtenu a été évaluée à travers un
essai de germination. La valeur de l’indice de germination (IG) obtenue est de 76,78 %. La
figure 21 présente les résultats de l’essai de germination après 72 h.
Figure 21 : Essai de germination
Un compost est considéré comme étant sans effet phytotoxique si son IG est supérieur à 50 %
par rapport au témoin. Cependant, la maturité est pleinement réalisée pour un compost dont
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l’IG est supérieur à 80% (Zucconi et al., 1981; Jiménez, Garcia, 1989). Le compost à base de
coques d’arachide obtenu peut être considéré comme étant sans effet phytotoxique, son IG
dépassant la valeur de 50 %. Par contre, après 60 jours de compostage, l’IG étant inférieur à 80
%, la maturité n’est pas encore atteinte en 60 jours de compostage.
5. Appréciation de la valeur agronomique et de la qualité hygiénique
5.1. Valeur agronomique du compost à base de coques d’arachide
L’appréciation de la valeur agronomique du compost obtenu a été effectuée sur la base de la
teneur en éléments fertilisants présents. La figure 22 présente l’évolution comparée de la teneur
en éléments fertilisants dans le compost à base de coques d’arachide. Les valeurs détaillées sont
présentées en annexe 3.
Figure 22 : Evolution comparée de la teneur en éléments fertilisants
De façon générale, il apparait une tendance à l’augmentation des différents éléments fertilisants
présents dans le compost à base de coques d’arachide. En début de compostage, 4 jours après
la mise en tas, l’élément le plus abondant est le calcium, avec une teneur de 0,29 % qui évolue
de manière pratiquement constante jusqu’à 0,62 % au 60e jour. Ensuite, nous avons le
potassium, avec une teneur de 0,27 % observée au 4e jour de compostage, qui évolue très
légèrement pour atteindre la valeur de 0,34 % au 60e jour, avec une tendance à la stabilisation
marquée dès le 46e jour. Le sodium est présent à hauteur de 0,22 % au 4e jour (en début de
0,10%
0,20%
0,30%
0,40%
0,50%
0,60%
0,70%
4 14 24 34 44 54
Ten
eurs
(%
)
Jours
Sodium Potassium Calcium Magnésium
Co-compostage de coques d’arachide avec du fumier de bovins : Suivi du processus et qualité du compost
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compostage), dépasse la teneur en potassium après le 28e jour puis devient l’élément dominant
à partir du 42e jour, pour atteindre la valeur finale de 0,65 %. Le magnésium, lui, reste
globalement l’élément en teneur la plus faible entre le 4e jour, avec une teneur de 0,14 % et le
35e jour, avec une teneur de 0,31 %. Par la suite, il atteint la valeur de 0,37 % au 60e jour de
compostage. Ces résultats concordent avec l’évolution des communautés microbiennes
responsables de la dégradation du compost. En effet, dès le 15e jour, les actinomycètes et les
mycètes, responsable de la dégradation des tissus lignocellulosiques, évoluent en grand nombre.
Cela correspond à une hausse dans la production des éléments fertilisants, notamment le
calcium, le sodium et le magnésium. Les teneurs des éléments minéraux obtenues en fin de
compostage sont comparées dans le tableau IX aux valeurs optimales définies par AL (2005)
ainsi qu’aux valeurs obtenues par Lompo et al. (2009) sur le co-compostage de substrats
ligneux.
Tableau IX : Comparaison des teneurs en éléments fertilisants avec les valeurs optimales
Éléments
minéraux
Compost à base de
coques d’arachide
Co-compost Paille maïs +
Fumier + Phosphate
(Lompo et al., 2009)
Valeurs
optimales
(AL, 2005)
Sodium (%) 0,65 - -
Potassium (%) 0,34 0,30 0,20
Magnésium (%) 0,37 0,03 0,30
Calcium (%) 0,62 0,20 3,00
Les résultats obtenus montrent que le compost à base de coques d’arachide produit plus
d’éléments minéraux que les autres substrats ligneux, communément retrouvés dans
l’agriculture locale. Ce résultat est corroboré par les études de Feller et al. (1981) qui comparent
les performances du compost de coques d’arachide à celui de paille de mil et de sorgho.
Cependant, nous observons un léger excès en magnésium par rapport à la valeur recommandée
qui pourrait être attribué à la composition chimique des coques d’arachide. Au vu de la teneur
en éléments fertilisants, il apparait que le compost à base de coques d’arachide présente de
meilleures qualités en co-compostage.
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5.2. Qualité hygiénique du compost à base de coques d’arachide
Les résultats des analyses de qualité hygiénique montrent un abattement important des agents
pathogènes au cours du compostage à base de coques d’arachide. Au début du compostage, les
valeurs mesurées pour les coliformes fécaux (CF) et les streptocoques fécaux (SF) sont
respectivement de 1.68.108 et de 7,28.105. Ces valeurs élevées seraient dues à l’un des substrats
d’origine, le fumier de bovins, qui est d’origine fécale. Au bout de 60 jours de compostage, ces
valeurs diminuent à 2,22.102 et à 2,05.102 respectivement. L’abattement en coliformes fécaux
est de 7,58 unités log et de 5,16 unités log pour les streptocoques fécaux. Cet abattement serait
dû aux températures élevées enregistrées au cours de la phase thermophile. Albrecht (2007) et
Tahraoui Douma (2013) parlent d’ « effet hygiéniste » du compostage. La comparaison des
valeurs finales avec la norme CCME (2005), présentée dans le tableau XI, montre que le
compost à base de coques d’arachide a une qualité hygiénique appréciable et appropriée pour
l’amendement des sols en agriculture. Les valeurs détaillées sont présentées en annexe 4.
Tableau X : Comparaison des paramètres de qualité hygiénique à la norme
Paramètre de qualité Compost à base
de coques d’arachide
Norme CCME
(CCME, 2005)
Coliformes fécaux (UFC/g) 2,22.102 < 103
Streptocoques fécaux (UFC/g) 2,05.102 -
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Conclusion
Au terme de cette étude, les résultats obtenus ont montré la faisabilité d’un co-compost à base
de coques d’arachides et de fumier de bovins, ainsi que sa valeur ajoutée. La caractérisation du
compost a révélé la présence d’éléments fertilisants en teneur appréciable, déterminants pour
l’amendement des sols. En ce qui concerne la valeur agronomique, le co-compost à base de
coques d’arachides apparaît meilleur et riche, sur la base de sa teneur en éléments fertilisants.
L’essai de germination après de 60 jours de compostage, montre que la maturité n’est pas
atteinte. Cependant, à stabilité, la qualité hygiénique apparait appréciable. En définitive,
l’utilisation d’un compost à base de coques d’arachide en agriculture pourrait permettre de
dispenser les agriculteurs, à terme, de l’utilisation d’engrais chimiques et par la même occasion,
une meilleure revalorisation des résidus de récolte, produits de la filière agricole au Burkina.
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Limites, recommandations et perspectives
Les conclusions observées à l’issue de cette expérimentation ont permis d’apporter quelques
éléments de connaissance sur le co-compostage à base de coques d’arachide. Néanmoins, il
reste possible de continuer l’étude sur quelques aspects qui n’ont pas pu être abordés.
L’expérimentation ici menée a permis de conclure que la forte teneur en cellulose et en lignine
présente dans la coque d’arachide a rendu difficile sa dégradation. Cependant, les travaux de
Seck (1987) montrent que pour un broyage poussé, le ratio C/N atteint au final apparaît peu
intéressant. Nous recommandons donc une étude sur la recherche de la valeur optimale de la
granulométrie à définir pour amorcer le compostage de la coque d’arachide.
Le pic de température observé en fin de phase oxydative, soit de 52,23 °C est assez faible.
Aussi, les tas ont tendance à s’assécher assez rapidement. Cela permet de poser l’hypothèse que
la taille des andains, relativement faible, a pénalisé les pics susceptibles d’être atteints.
Pourtant, si les pics de température atteints en phase thermophile sont plus élevés, cela pourrait
améliorer l’action hygiéniste du compost en favorisant l’abattement des paramètres de
contamination fécale. Il s’agit d’un aspect sensible puisque l’un des intrants, le fumier, est
d’origine fécale. Nous recommandons des andains plus grands, soit de 1 m au minimum en
hauteur pour une emprise en base de 1 à 1,5 m.
Les andains confectionnés dans le cadre de cette étude sont identiques et ont été soumis aux
mêmes conditions d’entretien. Il serait intéressant de reconduire cette expérimentation en
faisant varier le rapport matière sèche sur matière humide des intrants et d’étudier l’influence
du retournement afin de cerner leurs valeurs optimales et d’apprécier leur influence sur la durée
et le processus de compostage des coques d’arachide.
Feller et al. (1981) ainsi que Seck (1987) ont pu mettre en évidence l’action humifère
prépondérante du compost à base de coques d’arachide sur le sol, en entrainant une
augmentation du taux de carbone, de l’azote et des oligo-éléments tels le phosphore, le calcium
et le potassium. Cet aspect (action humifère), n’a pas été abordé dans le cadre de cette étude et
pourraient apporter un complément déterminant aux présentes conclusions.
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