Chronologie mésopotamienne synchronisée Résumé: La chronologie mésopotamienne synchronisée est constituée de deux chronologies couplées, l'une provenant du nord (Akkad/ Assyrie) datée par les éponymes et l'autre du sud (Sumer/Babylonie) datée par les années de règne. Cette chronologie "bicéphale", qui se termine à la chute de Babylone en octobre 539 BCE lorsque Cyrus II prend le pouvoir et chasse Nabonide (voir la Chronologie achéménide synchronisée), comporte de nombreux synchronismes datables par l'astronomie 1 . Les éponymes assyriens permettent ainsi de dater à +/- 1 an la période de -1872 à -609 et les règnes babyloniens servent à dater à +/- 1 an la période de -2243 à -539. Les phénomènes astronomiques comme les éclipses lunaires, le transit de Vénus, les doubles dates civile et lunaire, les levers héliaques de Sirius, etc., permettent d'ancrer précisément cette période. La reconstitution est effectuée en partant de la période la plus récente 609-539 BCE et en remontant à la plus ancienne 2243-2020 BCE. Les dates synchronisées permettent de dater plusieurs corégences actuellement ignorées des historiens. Période achéménide 539-331 BCE: Achéménide (usurpateur*) dates du règne durée date min. date max. mort estimée le: Cyrus II 539-530 9 19/VII/00 23/VI/09 xx/V/09 Cambyse II 530-522 8 12/VI/00 23/I/08 xx/I/08 Bardiya* 522 0 xx/II/00 3/VI/01 xx/VI/01 Darius I er 522-486 36 14/VII/00 10/IX/36 xx/IX/36 Xerxès I er 496-475 21 xx/III/00 20/V/21 14/V/21 Artaxerxès I er 475-434 41 xx/X/00 20/XII/41 Darius B* 434-426 8 14/IX/00 6/VII/08 xx/xx/08 Artaxerxès I er 426-425 1 4/VI/50 xx/XI/50 Xerxès II* 425-424 1 ? 21/XII/00 [xx/II/01] Sogdianos* 424 0 -- [20/XII/51] [xx/X/51] Darius II 424-405 19 20/XII/00 2/VI/19 xx/VIII/19 Artaxerxès II 405-359 46 11/I/01 10/VIII/46 xx/XI/46 Artaxerxès III 359-338 21 xx/xx/[01] 15/VII/21 xx/VII/21 Artaxerxès IV 338-336 2 29/X/[00] 20/XII/02 20/XII/02 Darius III 336-331 5 xx/xx/[02] 20/XII/04 xx/VII/05 PERIODE 609-539 BCE La reconstitution de cette période ne présente pas de difficultés majeures. Les principaux synchronismes sont les suivants: ! L'an 7 de Cambyse II est daté en -523 par l'astronomie grâce à deux éclipses de lune. ! Le II/5 de Cambyse II correspondant au V/2 de Psammétique III, soit mai -525. ! Après la chute de l'empire assyrien en octobre -609, la domination babylonienne a duré exactement 70 ans, jusqu'à sa chute en octobre -539, selon Jérémie 25:11,12. ! Selon la durée de vie des taureaux Apis, il s'est écoulé exactement 83 ans entre l'an 1 de Nékao II (en -609) et l'an 44 d'Amasis (en -526). ! L'an 12 d'Amasis est daté en -558 par l'astronomie grâce à une double date lunaire. ! L'an 1 d'Amêl Marduk (en -561) correspondant à l'an 37 de l'exil de Joiakîn, selon 2Rois 25:27. Cet exil a débuté juste après l'attaque de Jérusalem par Nabuchodonosor II durant l'an 7 de son règne (en -598). ! La chute de l'empire assyrien qui eut lieu en octobre -609 après la bataille d'Harrân, est caractérisée par un quadruple synchronisme, puisque l'an 3 d'A!!ur-uballi! II correspond à l'an 17 de Nabopolassar, à l'an 31 de Josias et à l'an 1 de Nékao II. ! Les ans 1 à 27 et 37-38 de Nabuchodonosor sont datés par l'astronomie 2 . 1 R. PRUZSINSKY – Mesopotamian Chronology of the 2 nd Millennium B.C. Wien 2009 Ed. Österreichischen Akademie der Wissenschaften pp. 17-104. 2 Le journal astronomique BM 38462 fixe les ans 1 à 27 en 604-578 et l'almanach VAT 4956 fixe les ans 37-38 en 568-567.
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Chronologie mésopotamienne synchronisée Résumé: La chronologie mésopotamienne synchronisée est constituée de deux chronologies couplées, l'une provenant du nord (Akkad/ Assyrie) datée par les éponymes et l'autre du sud (Sumer/Babylonie) datée par les années de règne. Cette chronologie "bicéphale", qui se termine à la chute de Babylone en octobre 539 BCE lorsque Cyrus II prend le pouvoir et chasse Nabonide (voir la Chronologie achéménide synchronisée), comporte de nombreux synchronismes datables par l'astronomie1. Les éponymes assyriens permettent ainsi de dater à +/- 1 an la période de -1872 à -609 et les règnes babyloniens servent à dater à +/- 1 an la période de -2243 à -539. Les phénomènes astronomiques comme les éclipses lunaires, le transit de Vénus, les doubles dates civile et lunaire, les levers héliaques de Sirius, etc., permettent d'ancrer précisément cette période. La reconstitution est effectuée en partant de la période la plus récente 609-539 BCE et en remontant à la plus ancienne 2243-2020 BCE. Les dates synchronisées permettent de dater plusieurs corégences actuellement ignorées des historiens. Période achéménide 539-331 BCE: Achéménide (usurpateur*) dates du règne durée date min. date max. mort estimée le: Cyrus II 539-530 9 19/VII/00 23/VI/09 xx/V/09 Cambyse II 530-522 8 12/VI/00 23/I/08 xx/I/08 Bardiya* 522 0 xx/II/00 3/VI/01 xx/VI/01 Darius Ier 522-486 36 14/VII/00 10/IX/36 xx/IX/36 Xerxès Ier 496-475 21 xx/III/00 20/V/21 14/V/21 Artaxerxès Ier 475-434 41 xx/X/00 20/XII/41 Darius B* 434-426 8 14/IX/00 6/VII/08 xx/xx/08 Artaxerxès Ier 426-425 1 4/VI/50 xx/XI/50 Xerxès II* 425-424 1 ? 21/XII/00 [xx/II/01] Sogdianos* 424 0 -- [20/XII/51] [xx/X/51] Darius II 424-405 19 20/XII/00 2/VI/19 xx/VIII/19 Artaxerxès II 405-359 46 11/I/01 10/VIII/46 xx/XI/46 Artaxerxès III 359-338 21 xx/xx/[01] 15/VII/21 xx/VII/21 Artaxerxès IV 338-336 2 29/X/[00] 20/XII/02 20/XII/02 Darius III 336-331 5 xx/xx/[02] 20/XII/04 xx/VII/05
PERIODE 609-539 BCE
La reconstitution de cette période ne présente pas de difficultés majeures. Les principaux synchronismes sont les suivants: ! L'an 7 de Cambyse II est daté en -523 par l'astronomie grâce à deux éclipses de lune. ! Le II/5 de Cambyse II correspondant au V/2 de Psammétique III, soit mai -525. ! Après la chute de l'empire assyrien en octobre -609, la domination babylonienne a duré
exactement 70 ans, jusqu'à sa chute en octobre -539, selon Jérémie 25:11,12. ! Selon la durée de vie des taureaux Apis, il s'est écoulé exactement 83 ans entre l'an 1 de
Nékao II (en -609) et l'an 44 d'Amasis (en -526). ! L'an 12 d'Amasis est daté en -558 par l'astronomie grâce à une double date lunaire. ! L'an 1 d'Amêl Marduk (en -561) correspondant à l'an 37 de l'exil de Joiakîn, selon 2Rois
25:27. Cet exil a débuté juste après l'attaque de Jérusalem par Nabuchodonosor II durant l'an 7 de son règne (en -598).
! La chute de l'empire assyrien qui eut lieu en octobre -609 après la bataille d'Harrân, est caractérisée par un quadruple synchronisme, puisque l'an 3 d'A!!ur-uballi! II correspond à l'an 17 de Nabopolassar, à l'an 31 de Josias et à l'an 1 de Nékao II.
! Les ans 1 à 27 et 37-38 de Nabuchodonosor sont datés par l'astronomie2.
1 R. PRUZSINSKY – Mesopotamian Chronology of the 2nd Millennium B.C. Wien 2009 Ed. Österreichischen Akademie der Wissenschaften pp. 17-104. 2 Le journal astronomique BM 38462 fixe les ans 1 à 27 en 604-578 et l'almanach VAT 4956 fixe les ans 37-38 en 568-567.
2 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
BABYLONIEN règne ASSYRIEN règne ÉGYPTIEN règne ISRAELITE règne Nabopolassar 627 - Sin-!ar-i!kun 626-612 Psammétique Ier 664-610 Josias 640 - -609 A!!ur-uballi! II 612-609 Nékao II 609 - Joachaz -609 /Nabucho. 609-605 Joiaqim 609 - Nabucho. II 605 - -594 -598 Psammétique II 594 - Sédécias 598-587 -588 Godolias* [587] -562 Apriès 588-567 Joiakîn 598 - Amêl-Marduk 562-560 Amasis 569 - -561 Nériglissar 560-556 Lâbâ!i-Marduk 556 Nabonide 556-539 Nabonide -539 Cyrus II 539-530 -526 Cambyse II 530-522 Psammétique III 526-525
PERIODE 1133-609 BCE
Le quadruple synchronisme en octobre -609 sert de point d'ancrage. La chronologie assyrienne sur 681-648 est fixée grâce aux éponymes3, mais la reconstitution sur la période allant de 648 à 609 ne peut être effectuée que grâce à une prosopographie minutieuse4. On considère que chaque nom dans une liste d'éponymes correspond à une année, ce qui permet un décompte année par année. Pour synchroniser la période comprise entre 911 et 609, on utilise les éclipses de lune durant les règnes babyloniens5 et l'éclipse de soleil datée à l'éponyme Bur-Sagalé, gouverneur de Guzana. Cette éclipse qui eut lieu au mois de Siwân est datée du 15 juin -763 par l'astronomie (éclipse totale de magnitude 106% qui fut visible à A!!ur la capitale de l'Assyrie). La datation de cette éclipse est contestée par certains car sa nature, partielle ou totale, n'est pas indiquée, et l'endroit de l'observation n'est pas précisé. Il faut d'abord noter que la mention de cette éclipse est unique parmi la liste des éponymes de 910 à 646 et qu'elle provient d'une chronique assyrienne et non d'une tablette astronomique babylonienne. Il est donc raisonnable de conclure que cette éclipse de soleil fut totale, ce qui justifia sa mention dans la chronique (une éclipse de magnitude inférieure à 98% passe souvent inaperçue à un observateur non prévenu), et qu'elle fut observée en Assyrie (assez près de la capitale). Si on admet ce critère de bon sens, il n'y eut que deux éclipses totales visibles en Assyrie6 entre 777 et 745, celle du 15 juin 763 BCE et celle du 10 février 765 BCE. L'éclipse de février ne peut correspondre à celle du mois de Siwan (mai/juin). Par contre, l'accord avec l'éclipse de juin est excellent, puisqu'en 763 BCE l'équinoxe de printemps débutait le 29 mars7 et que le 1er croissant visible près de cette date8, soit le 1er Nisan, tombait le 21 mars, ce qui date l'éclipse au 30 Siwan9 (l'éclipse de soleil coïncidant toujours avec la nouvelle lune). L'absence du mois intercalaire a décalé le 1er Nisan 8 jours avant l'équinoxe. D'autres éclipses ont été proposées, mais aucune ne satisfait à tous les critères. L'éclipse partielle du 24 juin 791 BCE correspond à la date (le 1er Nisan étant daté après l'équinoxe), mais elle ne pouvait pas être observée en Assyrie10. De plus, si la chronique assyrienne avait noté les éclipses partielles, il aurait dû y en avoir
3 S. PARPOLA – Assyrian Chronology 681-648 BC. in: Letters from Assyrian Scholars to the Kings Esarhaddon and Assurbanipal Part II Winona Lake 2007 Ed. Eisenbrauns pp. 381-430. 4 S. PARPOLA – The Prosopography of the Neo-Assyrian Empire Helsinki 1998 University of Helsinki pp. XVIII-XX. 5 Le canon de Ptolémée mentionne celles durant le règne de Mérodachbaladan II du 19 mars -721 en l'an 1 et des 8 mars et 1er septembre -720 en l'an 2 (Almagest IV, 6) et celle de Nabopolassar du 22 avril -621 en l'an 5 (Almagest V, 14). 6 F.R. STEPHENSON - Historical Eclipses and Earth's Rotation Cambridge 1997 Ed. Cambridge University Press pp. 125-127. 7 http://www.imcce.fr/fr/grandpublic/temps/saisons.php 8 http://www.imcce.fr/fr/grandpublic/phenomenes/phases_lune/index.php 9 http://www.imcce.fr/fr/ephemerides/astronomie/Promenade/pages4/429.html 10 http://eclipse.gsfc.nasa.gov/5MCSEmap/0701-0800/790-01-20.gif
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 3
plusieurs sur la période de 910 à 646. Or l'éclipse de Bur-Sagalé est la seule qui soit mentionnée, ce qui rend l'hypothèse de l'éclipse partielle peu vraisemblable. Il existe quelques variantes dans les listes d’éponymes, ce qui oblige une lecture critique. Ainsi, la période de 911 à 609 recèle quelques difficultés11, et les listes d’éponymes du 2e millénaire avant notre ère comportent une incertitude supplémentaire à cause du faible nombre de synchronismes12. De plus, les scribes babyloniens qui ont rédigé ces listes les ont "normalisées" selon leur vision. Par exemple, ils ont cité comme rois de Babylone: "ama!-!um-ukîn et Kandalanu, sans préciser que ces deux rois étaient en fait des corégents du roi assyrien A!!urbanipal, ce qui complique un peu la reconstitution chronologique de cette période13. Les principaux synchronismes sont les suivants: ! Selon une chronique babylonienne, Salmanazar V attaqua la Samarie, et selon les
annales de Sargon c'est ce roi qui la conquit dans la 2e année de son règne14. Selon la chronologie israélite (2Rois 18:9,10), la conquête de la Samarie débuta dans la 4e année d'Ézéchias (en -722), soit à la fin du règne de Salmanazar V, et se termina 3 ans plus tard dans la 6e année d'Ézéchias (en -720).
! L'an 10 d'A!!ur-dân III correspond à l'an 7 d'Erîba-Marduk, soit en -763. La chronologie assyrienne est reconstituée grâce au nombre d'éponymes jusqu'au roi Adad-nêrârî II (-912), puis grâce aux années de règne jusqu'au roi A!!ur-rê!-i!i Ier:
A!!ur-rê!-i!i II 972-967 Nabû-mukîn-apli 980-944 Roboam 977-960 Tiglath-phalazar II 967-935 Ninurta-kudurri-u"ur II 944-943 Abiyam 960-957 A!!ur-dân II 935-912 Mâr-bîti-ahhê-iddin 943- ? Asa 957-916 Adad-nêrârî II 912-891 "ama!-mudammiq ? -900 Josaphat 916-891 Tukultî-Ninurta II 891-884 Nabû-!um-ukîn Ier 900-888 Joram 893-885 A!!urna"irpal II 884-859 Nabû-apla-iddina 888-855 [Athalie] Yehoyada 885-879 Salmanazar III 859-824 Marduk-zâkir-!umi Ier 855-819 Joas 879-839 "am!î-Adad V 824-811 Marduk-balâssu-iqbi 819-813 Amasiah 839-810 Adad-nêrârî III 811-783 Bâba-ah-iddina 813- ? Ozias 810 - Salmanazar IV 783 - 5 rois inconnus
Ninurta-apla-[…] -773 Marduk-apla-u"ur ? -770
11 A. MILLARD – The Eponym Lists in English in: State Archives of Assyria Studies volume II (1994) pp. 55-71. 12 G. HAGENS – The Assyrian King List and Chronology: a Critique in: Orientalia vol. 74 (2005) pp. 23-41. 13 S. ZAWADZKI - The Fall of Assyria (..) in Light of the Nabopolassar Chronicle Poznan 1988 Ed. A. Mickiewick University Press. 14 J. BRIEND M.J SEUX - Textes du Proche-Orient ancien et histoire d'Israël Paris 1977 Éd. Cerf pp. 105-110.
4 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
A!!ur-dân III 773-755 Erîba-Marduk 770-761 -758 A!!ur-nêrârî V 755-745 Nabû-!um-i!kun 761-748 Yotham 758-742 Tiglath-phalazar III 745 - Nabû-na"ir 748-734 Achaz 742 -
Nabû-nâdin-zêri 734-732 Nabû-!um-ukîn II 732-731 Nabû-mukîn-zêri 731-729 -727 Tiglathphalazar III Pûlu 729-727 -726
Salmanazar V 727-722 Salmanazar V Ulûlaiu 727-722 Ézéchias 726 - Sargon II 722 - Mérodachbaladan II 722-710
-705 Sargon II 710-705 Sennacherib 705 - Sennachérib 705-703
Les nombreux synchronismes avec la chronologie babylonienne permettent de garantir une précision à +/- 1 an jusqu'aux deux rois: A!!ur-rê!-i!i Ier (1133-1115) et Ninurta-nâdin-!umi (1133-1127). Plusieurs synchronismes avec la chronologie égyptienne démontrent l'absence de mois intercalaire avant le roi Tiglat-phalazar Ier (1115-1076), ce qui oblige à diminuer les règnes assyriens de 1 an tous les 33 ans [1 an = 33x(365-354 jours)].
PERIODE 1375-1133 BCE
Les chronologies égyptienne et israélite durant cette période possèdent plusieurs dates fixées par l'astronomie (caractères gras):
ISRAELITE dates du règne
# ÉGYPTIEN dates du règne
synchronisme
Séqenenrê Taa 1544-1533 Moïse (Exode) 1533 - 40 Kamosis (versus Apopi) 1533-1530 Départ des Hyksos -1493 Ahmosis 1530-1505 Josué 1493 - 30 Amenhotep Ier 1505-1484 Thoutmosis Ier 1484-1472 -1463 Thoutmosis II 1472-1469 période sans juge 1463-1452 11 [Hatshepsout] [1469-1450] Kushân-Rishataïm 1452-1444 8 Thoutmosis III 1469-1418 Expansion du Mitanni Othniel 1444-1404 40 Amenhotep II 1420-1392 stoppée (1450-1440) Églon 1404-1386 18 Thoutmosis IV 1392-1383 Ehoud/ Shamgar 1386-1366 20 Amenhotep III 1383-1345 Yabîn/ (Siséra) 1366-1346 20 Akhenaton 1356-1340 Guerre des Apirou Barak 1346 - 40 Semenkhkaré 1340-1338 -Ankhkhépérouré 1338-1336 Toutankhamon 1336-1327 -1306 Aÿ 1327-1323 Madian 1306-1299 7 Horemheb 1323-1295 Gédéon 1299 - 40 Ramsès Ier 1295-1294 -1259 Séthy Ier 1294-1283
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 5
Abimélek 1259-1256 3 Ramsès II 1283 - Tola 1256-1233 23 Yaïr 1233-1211 22 -1216 période d'anarchie 1211 - 18 Merenptah 1216-1207 Stèle d'Israël de l'an 5 Séthy II 1207-1202 [Amenmès] [1206-1202] Siptah 1202-1196 -1193 -Taousert 1196-1194 Jephté 1193-1187 6 Sethnakht 1196-1192 Ibtsân 1187-1180 7 Ramsès III 1192 - Élôn 1180-1170 10 Arrivée des Peleset Abdôn 1170-1162 8 -1161 (peuples de la mer) [Eli] Philistins dominent 1162 - 40 Ramsès IV 1161-1155 Ramsès V 1154-1151 Ramsès VI 1151-1144 Ramsès VII 1144-1137 Ramsès VIII 1137-1137 -1122 Ramsès IX 1137-1119 Samson 1122-1102 20 Ramsès X 1119-1116 Fils de Samuel 1102-1097 5 Ramsès XI 1116-1090
La Chronologie israélite synchronisée fixe la mort de Séqenenrê Taa le II Shemou de l'an 11, coïncidant avec le 1/II/00 marquant le début des 40 ans d'Exode, soit à la date du 10 mai -1533 (éclipse totale de soleil). De plus, la période de 18 ans d'anarchie (débutant au 1er Nisan) datée du III Shemou 3 de l'an 5 de Merenptah coïncide avec le 20 avril -1211 (= 1er croissant après l'équinoxe de printemps). La chronologie babylonienne de la période cassite provient d'une quinzaine de chroniques royales15 utilisées pour reconstituer ces listes chronologiques16. Chronologie babylonienne17 de 1375 à 1155 BCE:
15 J.J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes n°22 Paris 1993 Éd. Belles Lettres pp. 137-179. 16 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 164,522,565,758 F. JOANNES - La Mésopotamie au 1er millénaire avant J.C. 2000 Paris Ed. Armand Colin pp. 186,187. 17 J.A. BRINKMAN – Materials and Studies for Kassite History Vol. I Chicago 1976 Ed. The Oriental Institute of the University of Chicago pp. 6-34.
6 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
L'accession de Kada!man-Enlil II (1264-1255) correspond à l'an 19 de Ramsès II18 soit en 1283 (= 1264 +19). Gasche a proposé d'avancer la chronologie babylonienne de 5 ans pour la calibrer sur la chronologie égyptienne avec une accession de Ramsès II en 127919. Cette solution n'est pas acceptable, car si le règne d'Enlil-nâdin-ahi est décalé de 5 ans (1153-1150 au lieu de 1158-1155), cela contredit la précision des éponymes assyriens et de la chronologie babylonienne, exacte à +/- 1 an sur cette période. En accord avec cette fiabilité il faut d'ancrer la chronologie égyptienne sur la chronologie babylonienne et non le contraire. Chronologie assyrienne entre -1390 et -1115, selon les années lunaires avec ou sans année intercalaire:
L'écart entre les deux versions (avec ou sans intercalation) est faible, mais peut être tranché grâce aux synchronismes suivants: ! Le roi assyrien Tukultî-Ninurta Ier a remplacé le roi babylonien Ka!tilia!u IV (1233-
1225) par Enlil-nâdin-!umi durant le 19e éponyme20 Ina-A!!ur-!umi-a"bat21. ! La mort d'Hattu!ili III est datée en l'an 42 de Ramsès II22. ! La bataille de Nihriya impliqua le roi hittite Tudhaliya IV, successeur d'Hattu!ili III, et
le roi assyrien Tukulti-Ninurta Ier dans les deux premières années de son règne23. ! Le règne24 de Hattu!ili III est situé à l'intérieur de celui de Salmanazar Ier. ! Le règne d'Urhi-Te!ub (Mur!ili III) a duré 7 ans et se termine en l'an 15 de Ramsès II25. Trevor Bryce a calé sa chronologie égyptienne sur un règne de Ramsès II débutant en -1279, car il date la mort du roi Hattu!ili III (en l'an 42 de Ramsès II) en -1237 (= -1279 + 42). Selon les synchronismes indiqués, la mort du roi hittite Hattu!ili III se confond avec celle de Salmanazar Ier à +/- 1 an. Mise en parallèle des chronologies:
18 W.A. WARD - The Present Status of Egyptian Chronology in: Bulletin of the American Schools of Oriental Research 288 (1991) pp. 55,56. 19 H. GASCHE, J.A. ARMSTRONG, S.W. COLE – Dating the Fall of Babylon in: Mesopotamian History and Environment (1998) Chicago p. 65. 20 W. RÖLLING – Eponymen in den Mittelassyrischen Dokumenten aus Tall Seh Hamad/Dur-Katlimmu in: Zeitschrift für Assyrologie und vorderasiatische Archäologie 94:1 (2004) pp 18-51. 21 E.C. CANCIK-KIRSCHBAUM – Mittelassyrischen aus Tall Seh Hamad in: Berichte der Ausgrabung Tall Seh Hamad 4:1 (1996) pp. 22 C. VANDERSLEYEN - L'Egypte et la vallée du Nil Tome 2 Paris 1995 Éd. Presses Universitaires de France p. 534 C. DESROCHES NOBLECOURT – Ramsès II la véritable histoire Paris 1996 Ed. Pygmalion p. 365. 23 T. BRYCE – The Kingdom of the Hittites Oxford 2005 Ed. Oxford University Press p. XV, 375-382. 24 G. BECKMAN – Hittite Chronology in: Akkadica 119-120 (2000) p. 24. 25 M.B. ROWTON - The Material from Western Asia and the Chronology of the Nineteenth Dynasty in: Journal of Eastern Studies XXV (1966) pp. 240-258.
Ka!tilia!u IV 1233-1225 Enlil-nâdin-!umi Kada!man-Harbe II
Ramsès II 06/1283-08/1216
(an 15 =)
(an 19 =) (an 21 =) (an 42 =)
Adad-!uma-iddina 1223-1217
Merenptah 08/1216-11/1207
Tut#aliya IV 1227-1209
Séthy II Arnuwanda III
Tukulti-Ninurta Ier 1241 -1205 [1244-1207]
(= an 17)
Siptah A!!ur-nâdin-apli Sethnakht A!!ur-nêrârî III
Adad-!uma-u!ur 1217-1187
Enlil-kudurri-u"ur
Ramsès III 04/1192-04/1161
(an 8 =)
"uppiluliuma II 1207 -1185
Ninurta-apil-Ekur Meli-"ipak 1187-1172
(= an 2)
Dans la chronologie assyrienne avec intercalation [dates entre crochets] l'an 42 de Ramsès II est daté en -1244 et, dans la chronologie sans intercalation, l'an 42 est en -1241. De plus, la deuxième possibilité donne une parfaite correspondance de dates. Deux autres synchronismes confirment ce résultat. La disparition de l'empire mitannien (Hanigalbat) qui devrait être datée en l'an 6 (ou 7) de Salmanazar Ier puisqu'il y a au moins 5 éponymes avant cette victoire26, et 7 éponymes au maximum27. Or, la paix et l'alliance conclues entre Hattu!ili III et le pharaon Ramsès II en l'an 21 ainsi que le resserrement des liens unissant Hattu!ili III et Kada!man-Turgu ont été des réponses à la menace qui pesait sur la frontière orientale du Hatti suite à la disparition du Hanigalbat28, ce qui implique un synchronisme: l'an 21 de Ramsès II correspod à l'an 7 de Salmanazar Ier. L'an 21 de Ramsès II (1283-1216) en -1263 coïncide avec l'an 7 de Salmanazar Ier (1270-1241) daté également en -1263 dans la chronologie assyrienne sans intercalation, mais en -1267 avec les intercalations. La lettre EA 1629 d'A!!ur-uballi! Ier adressée au pharaon Aÿ (1327-1323) ne peut s'accorder qu'avec la chronologie assyrienne sans intercalation qui correspond exactement avec la chronologie égyptienne pour les 3 cas. La chronologie babylonienne sert à confirmer la chronologie égyptienne:
an 0 de Kada!man-Enlil II = 1264 1265/1264 = an 19 de Ramsès II an 2 de Meli-"ipak = 1185 1185 = an 8 de Ramsès III
26 A. HARRAK – Assyria and Hanigalbat Hildesheim 1987 Georg Olms Verlag pp. 117-120, 157-162. 27 Y. BLOCH – The Order of Eponyms in the Reign of Shalmaneser I in: Ugarit-Forschungen Band 40/2008 (Münster 2009) pp. 143-178. 28 J. FREU – De la confrontation à l'entente cordiale: Les relations assyro-hittites in: Hittite Studies in Honor of Harry A. Hoffner Jr. (2003) Ede. Eisenbrauns pp. 102,103. 29 W.L. MORAN - Les lettres d'El Amarna in: LIPO n°13 Paris 1987 Éd. Cerf pp. 106-109.
8 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Les synchronismes sont surlignés et les dates d'ancrage sont en caractères gras.
Chronologie assyrienne Chronologie égyptienne intercalation avec sans
règne d'A!!ur-uballi! Ier période commune avec Aÿ
1364-1328 [-] #
1357-1322 [1327-1323]
1327-1323 1327-1323
règne d'Aÿ
an 7 de Salmanazar Ier = 1267 # 1263 1263/1262 an 21 de Ramsès II an 0 de Tukulti-Ninurta Ier = 1244 # 1241 1242/1241 an 42 de Ramsès II an 17 de Tukulti-Ninurta Ier = 1227 # 1224 1225 an 0 Enlil-nâdin-!umi
Ces synchronismes avec la chronologie égyptienne synchronisée confirment une absence d'intercalation avant Tiglath-phalazar Ier. Les années assyriennes sont donc lunaires (354 jours) avant ce roi, puis luni-solaires (365 jours) après, ce qui induit une réduction de 1 an tous les 33 ans dans le décompte des règnes, puisque 33 années lunaires ont approximativement la même durée que 32 années solaires30.
30 Le décalage est de 6 jours = 33x(29,530588x12) - 32x(365,24219). En fait, (Nx1,0306889) années lunaires = N années solaires.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 9
L'époque de l'adoption du calendrier luni-solaire d'inspiration babylonienne par les Assyriens est difficile à préciser à cause du faible nombre de documents. Selon la Liste Royale Assyrienne, les éponymes assyriens sont apparus à l'époque de Sulili (vers -1950) et furent enregistrés à partir d'Êri!u Ier (1873-1834). Le système assyrien de datation étant fondé sur le principe: 1 éponyme = 1 année, le calendrier paléo assyrien dû apparaître à cette époque. Les noms de 12 mois de l'année ont été influencés par les calendriers voisins sumérien et akkadien31 et se sont stabilisés sous l'éponymie de $abil-kenum32 (vers -1650):
N° SUMERIEN AKKADIEN JULIEN N° PALEO-ASSYRIEN ASSYRIEN I BARA-ZAG-GAR Nisannu Mars/avril i !ip’im "ippu II GUD-SI-SA2 Ayyaru Avril/mai ii Qarrâtim Qarrâtu III SIG4-GA Simanu Mai/juin iii Kanwarta Kalmartu IV "U-NUMUN-NA Du'ùzu Juin/juillet iv Te’inâtim dSin V NE-IZI-GAR Abu Juillet/août v Kuzallu Kuzallu VI KIN-dINNINA Ulûlû Août/sept. vi Allanâtim Allanâtu VII DU6-KU3 Ta!rîtu Septembre/oct. vii Bêltî-ekallim Belêt-ekalli VIII APIN-DU8-A Ara%samna Octobre/nov. viii !a sarratim "a sarrâte IX GAN-GAN-E Kisilimu Novembre/déc. ix Narmak A""ur "a kînâtim "a kênâte X AB-BA-E3 Tebêtu Décembre/jan. x Ma!!urili Mu##ur ilâni XI ZIZ2-AM "abâtu Janvier/fév. xi Ab "arrâni Abû !arrâni XII "E-KIN-KU5 Addâru Février/mars xii "ubur $ubur
Sous l'influence grandissante des relations internationales, causée par de nouveaux liens politiques et commerciaux, ce calendrier assyrien est progressivement remplacé par le calendrier mésopotamien standard instauré par le roi babylonien Samsuiluna (1654-1616). Cependant deux points majeurs distinguent ces calendriers: 1) les contrats babyloniens sont fréquemment datés: "jour J, mois M, an N du roi untel" alors que les contrats assyriens sont quelquefois (1% des cas)33 datés: "jour J, mois M, Éponyme untel"; 2) les Assyriens, contrairement aux Babyloniens, ne mentionnent jamais d'observations astronomiques, ce qui implique une absence de synchronisation entre l'année solaire (de 365 jours) avec les 12 mois lunaires (de 354 jours) grâce aux mois intercalaires. Cette différence fondamentale peut être détectée par 1) les campagnes militaires qui se déroulaient (presque) toujours en dehors de la saison des pluies, soit entre l'équinoxe de printemps (mois I du calendrier babylonien) et l'équinoxe d'automne (mois VII) ainsi que 2) la mention de saisons dans certains contrats34 (période 1800-1700): le printemps (équinoxe de printemps le 5 avril); l'hiver (solstice d'hiver le 5 janvier); la moisson d'été (solstice d'été le 8 juillet); la fin des récoltes et début des labours à l'automne (équinoxe d'automne le 7 octobre). Les contrats de marchands assyriens associent parfois un mois à une saison. Celui adressé à Ilî-âLUM (daté vers -1800) met en parallèle le mois de Narmak A!!ur avec le printemps, un autre adressé à "u-Hubur (de la même époque) met en parallèle le terme de l'année avec la moisson35 (juillet). Un autre contrat, dont Iddin-Suen est le garant, situe le mois de "ip’im au moment de la moisson36. Une deuxième série de contrats et de lettres, loesque "am!î-Adad a annexé Mari (1697-1680), montre qu'il existait un décalage de 5 mois entre le calendrier amorite de "am!î-Adad, mort au début du mois de "ip’im, et celui de
31 Les mois paléo-assyriens sont précédés du mot akkadien wara! "lunaison"et les mois assyriens du mot sumérien ITI "mois". 32 M.E. COHEN - The Cultic Calendars of the Ancient Near East Maryland 1993 Ed. CDL Press pp. 237-247, 297-305. 33 C. MICHEL – Correspondance des marchands de Kani! au début du IIe millénaire avant J.-C. in: Littératures Anciennes du Proche-Orient 19 (Cerf, 2001) pp. 547-548. 34 K.R. VEENHOF, J. EIDEM – Mesopotamia. The Old Assyrian Period in: Orbis Biblicus et Orientalis 160/5 (2008) pp. 234-245. 35 R. LABAT – Unusual Eponymy-datings from Mari and Assyria in: Revue d'Assyriologie et d'archéologie orientale 74:1 (1974) pp. 15-20. 36 J. G. DERCKSEN – The beginning of the Old Assyrian year in: Nouvelles Assyriologiques Brèves et Utilitaires 2011 N°4 pp. 90-91.
10 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Mari37. Certains de ces textes38 mettent en relation le mois de "ip’im avec la moisson (en juillet) et le mois de Te’inâtim avec la récolte des figues tardives (en Septembre/Octobre):
N° MARI N° "AMSI-ADAD (*)39 N° PALEO-ASSYRIEN JULIEN # VI i° "ubur (!ilib) i* Niqmum (vii) i !ip’im Juillet (moisson) 8 VII ii° Kinûnum ii* Kinûnum (viii) ii Qarrâtim Août 9 VIII iii° Dagan iii* Tamhîrum (ix) iii Kanwarta Septembre 10 IX iv° Lîlîatum iv* Nabrûm (x) iv Te’inâtim Octobre (figue) 11 X v° Bêlet-bîrî v* Mammîtum (xi) v Kuzallu Novembre 12 XI vi° Kiskissum vi* Mana (xii) vi Allanâtim Décembre 1 XII vii° Ebûrum vii* Ayyarum (i) vii Bêltî-ekallim Janvier (hiver) 2 I viii° Urâ!um viii* Niggalum (ii) viii !a sarratim Février 3 II ix° Malkânum ix* Maqrânum (iii) ix Narmak A""ur "a kînâtim Mars 4 III x° La!!um x* Du'uzum (iv) x Ma!!urili Avril (printemps) 5 IV xi° Abum xi* Abum (v) xi Ab "arrâni Mai 6 V xii° "ibirtum xii* Tîrum (vi) xii "ubur Juin 7
Ces équivalences montrent que le calendrier paléo-assyrien n'était pas synchronisé sur l'équinoxe de printemps comme le calendrier babylonien. "ip’im marque le début de l'année assyrienne, puisque qu'un contrat pluriannuel met son terme en liaison avec ce mois (juillet à cette époque) et qu'un autre (TPAK 1, 98) signale qu'il est le renouveau (edâ") [de l'année]. Comme aucun contrat assyrien n'est complètement daté, il n'est pas possible d'établir une correspondance exacte entre les mois, de plus, les deux séries (-1800 et -1700), étant séparées par une période d'environ 100 ans, la coïncidence avec les saisons est donc fortuite puisque 98 années solaires = 101 années lunaires. L'inscription40 suivante de Tiglath-phalazar Ier (1115-1076) comportant une double date permet de synchroniser le calendrier assyrien: J'ai traversé l'Euphrate 28 fois, 2 fois en une année, à la poursuite des Araméens a!lamû (...) J'ai capturé les palais de Babylone qui appartenaient à Marduk-nadîn-ahhê, roi de Karduniash41, et je les ai brûlés. Dans l'éponyme d'A""ur-"umu-ere" (et) dans l'éponyme de Ninuaya, 2 fois, j'ai conduit une bataille de chars en ligne contre Marduk-nadîn-ahhê, roi de Karduniash, et je l'ai défait (...) Mois de Hibur, équivalent du mois (babylonien) de Kislev, 18e jour, [éponyme] de Taklak-ana-A""ur. Une autre inscription précise: J'ai traversé l'Euphrate [27?] fois, 2 fois en une année, à la poursuite des Araméens a!lamû (...) Mois de Kuzallu, 13e jour, éponyme de Ninuaya, fils d'A""ur-aplu-li"ir. Selon la date à la fin de la première inscription, le calendrier babylonien était devenu la référence. Les rois assyriens effectuant traditionnellement une campagne militaire par an, la mention des 28 traversées de l'Euphrate, dont 2 en une seule année, implique de dater cette inscription peu après l'année 1088 (= 1115 - 27). Ainsi, à cette époque (en -1088), le 12e mois du calendrier assyrien ($ubur) correspondait au 9e mois du calendrier babylonien (Kislev), ce qui confirme leur désynchronisation42. La présence d'une double date dans le règne Tiglath-phalazar Ier prouve que le nouveau calendrier adopté par les Assyriens (le calendrier babylonien) n'était pas encore familier. Ce changement, ayant eu lieu peu avant le règne de Tiglath-phalazar Ier, implique une désynchronisation des éponymes puisque le début de l'année assyrienne débutait en
37 C. MICHEL – Correspondance des marchands de Kani! au début du IIe millénaire avant J.-C. in: Littératures Anciennes du Proche-Orient 19 (Cerf, 2001) pp. 309-310, 376-377. D. CHARPIN, N. ZIEGLER – Florilegium marianum V. Mari et le Proche-Orient à l'époque amorrite in: Mémoires de N.A.B.U. 6 (2003) pp. 155-156. 38 J. G. DERCKSEN – Weeks, Months and Years in Old Assyrian Chronology in: Bibliotheca Orientalis LXVII 3/4 (2011) pp. 234-243. 39 Les mois entre parenthèses correspondent à l'ancienne numérotation supposant un début de l'année assyrienne au solstice d'hiver. Le calendrier de Mari débute à Urâ!um (= (w)ar!um "mois") et se termine à Ebûrum ("récolte"), à l'équinoxe d'automne (octobre). 40 A.K. GRAYSON – Assyrian Royal Inscriptions part 2 Wiesbaden 1976 Ed. Otto Harrassowitz pp. 24-29. 41 Une liste synchronique situe cet événement dans la 2e année de Marduk-nadîn-ahhê (1101-1083). 42 L'année babylonienne débutait au 1er Nisan (12 avril en -1088) alors que l'année assyrienne débutait au 1er "ippu (13 janvier -1088).
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 11
"ippu alors que l'année babylonienne débutait en Nisan (équinoxe de printemps). L'éponyme marquant chaque nouvelle année assyrienne fut donc choisi à partir du mois de Nisan et non plus à partir du mois de "ippu, pour des raisons pratiques. En effet, l'équivalence: 1 année = 1 éponyme = 1 campagne, est généralement vérifiée mais, pour des raisons d'intendance (il fallait nourrir l'armée en campagne, de plus, les déplacements devaient s'effectuer sur un terrain praticable) les campagnes militaires se déroulaient en dehors de la saison des pluies, soit entre l'équinoxe de printemps (I) et l'équinoxe d'automne (VII). L'accomplissement de 2 campagnes en une année est effectivement exceptionnel. Le nombre d'années (Nb) est donc égal au nombre de campagnes moins un:
An mois Nb an Roi 1 X i "ippu 2 XI ii Qarrâtu 3 XII iii Kalmartu
[25] Tiglath-phalazar Ier
4 I iv dSin 5 II v Kuzallu 6 III vi Allanâtu 7 IV vii Belêt-ekalli 8 V viii "a sarrâte 9 VI ix "a kênâte 10 VII x Mu##ur ilâni 11 VIII xi Abû !arrâni
-1089
12 IX xii $ubur
26
(éponyme) Ninuaya fils d'A""ur-aplu-li"ir
1 X i "ippu 2 XI ii Qarrâtu 3 XII iii Kalmartu
[26]
4 I iv dSin 5 II v Kuzallu 6 III vi Allanâtu 7 IV vii Belêt-ekalli 8 V viii "a sarrâte 9 VI ix "a kênâte 10 VII x Mu##ur ilâni 11 VIII xi Abû !arrâni
(éponyme) Taklak-ana-A""ur
-1088
12 IX xii $ubur
27
1 X i "ippu 2 XI ii Qarrâtu 3 XII iii Kalmartu
[27]
Inscription à la fin de l'ancienne année assyrienne
4 I iv dSin
-1087
5 II v Kuzallu
28
[28]
Selon ce calendrier assyrien, l'an [1] de Tiglath-phalazar Ier débute en avril -1114 (et l'accession entre avril -1115 et mars -1114). Il est alors possible, grâce à la chute du Mitanni, de déterminer sous quel roi assyrien eut lieu le changement de calendrier (sans intercalation puis avec), car elle est datée précisément. Cet événement remarquable (entre avril et octobre) est daté en l'an 7 de Salmanazar Ier et coïncide avec l'accession de Kada!man-Enlil II (en -1264) or, entre ces deux événements il y a 152 éponymes (= 23 + 37 + 4 + 6 + 5 + 13 + 46 +18), soit 152 "années" au lieu des 149 années solaires (= 1264 – 1115).
Roi assyrien règne avec intercalation règne sans intercalation écart Salmanazar Ier 1274-1267
12 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
S'il s'agissait d'années lunaires de 354,36706 jours (au lieu des années solaires de 365,24219 jours), la chute du Mitanni tomberait en novembre -1262. Comme la période qui sépare les deux événements est de 149 années, les éponymes ont donc débuté à l'équinoxe de printemps (au lieu de "ippu marquant le début de l'année assyrienne) à partir du règne d'A!!ur-dân Ier (1179-1133). Ce règne assyrien débute donc en -1179 au lieu de l'an -1178 calculé précédemment (sans intercalation), ce qui remonte de 1 an tous les règnes avant ce roi, comme celui de Salmanazar Ier: (1271-1242) au lieu de (1270-1241). La chute du Mitanni (appelé Hanigalbat par les Assyriens) est datée en l'an 7 de Salmanazar Ier, soit durant son 8e éponyme43, parmi les 30, le dernier étant Ubru (la correspondance entre les années babylonienne et assyrienne est approximative)44:
Ubru 30 -1242 Tukultî-Ninurta Ier 1 [29]/[0] 4 -1241 Qibi-A!!ur Iba!!i-ili 2 [1] 5 -1240 Mu!allim-Adad "almanu-qarrâd 3e [2] 6 -1239 Adad-bêl-gabbe Roi 4e [3] 7
Le règne de Salmanazar Ier peut être reconstitué grâce à la prosopographie des 30 éponymes qui lui sont attribués, avec les incertitudes suivantes:
43 Y. BLOCH – The Order of Eponyms in the Reign of Shalmaneser I in: Ugarit-Forschungen Band 40/2008 (Münster 2009) pp. 143-178. 44 Les 30 éponymes de Salmanazar Ier correspondent à 30 années lunaires (de 354 jours) et équivalent à environ 29 années solaires (de 365 jours). Ainsi l'accession de Salmanazar Ier tombe en -1271 mais l'accession de Tukultî-Ninurta Ier tombe en -1242.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 13
! La place de certains éponymes (ceux avec le ?) n'est pas certaine. ! Il est possible que certains éponymes ne soient pas canoniques, mais cette possibilité
est très faible. En effet, lorsqu'un personnage mourait durant l'année de son éponymie, il était remplacé par un autre éponyme qui devenait canonique. Or, parmi les 84 règnes assyriens datés (n°33 à n°117), neuf ont une durée de 0 an (surreprésentation due aux assassinats), un a duré 1 an et un a duré 2 ans, ce qui donne une moyenne compensée de 2 morts durant la 1ère année de règne parmi les 84 cas recensés, soit 1 cas sur 40.
! Le contrat (IM 82970) indiquant qu'une réception de laine, enregistrée par le scribe Nabû-Mudammeq, daté du jour 26 du mois !a-sarrâte, l'année éponyme d'A""ur-nâdin-"umâte, précise seulement que la transaction eut lieu: le jour où le roi est parti vers Hanigalbat et que le pays de Habriuri s'était révolté. La chute du Mitanni dû donc avoir lieu (peu?) avant cette date.
Selon la Chronologie égyptienne synchronisée, les années de règne de Ramsès II débutaient en juin (mois V°). L'année assyrienne débute45 le 5 juin en -1264. Les années de règne entre crochets ont été calculées à partir de la durée estimée de ces règnes.
An mois [A] [B] [C] [D] [E] Roi 1 VII° X viii 2 VIII° XI ix 3 IX° XII x
17 [3]
4 X° I xi 5 XI° II xii
19
18
[6]
6 XII° III i 7 I° IV ii 8 II° V iii
[11?] [A] Ramsès II égyptien [B] Kada!man-Turgu babylonien [C] "attuara II mitannien [D] Salmanazar Ier assyrien [E] !attu!ili III hittite
9 III° VI iv 10 IV° VII v 11 V° VIII vi
-1264
12 VI° IX vii
[7]
Chute du Mitanni (Hanigalbat) ?
1 VII° X viii 2 VIII° XI ix 3 IX° XII x
0
[4]
La chute du Mitanni vient de se produire
4 X° I xi 5 XI° II xii
20
***
6 XII° III i 7 I° IV ii 8 II° V iii 9 III° VI iv 10 IV° VII v
21
[5] [B] Kada!man-Enlil II
11 V° VIII vi
-1263
12 VI° IX vii 1 VII° X viii 2 VIII° XI ix 3 IX° XII x
1
***
4 X° I xi 5 XI° II xii
***
[8]
6 XII° III i
-1262
7 I° IV ii 22
2
***
[9]
[6]
Traité de paix entre Ramsès II et "attu"ili III
Un deuxième synchronisme avec la chronologie babylonienne valide la chronologie assyrienne. La prise de Babylone et le remplacement de son roi (Ka!tilia!u IV) sont en effet datés d'(Ina)-A!!ur-!uma-a"bat46, 19e éponyme47 de Tukultî-Ninurta Ier (correspondant à l'an [18] du règne) ou de l'an 8 de Ka!tilia!u IV (1233-1225), soit en -1225. L'ordre des éponymes à partir de la prise de Babylone est ensuite incertain48:
45 L'année assyrienne lunaire (AL) débute le 13 janvier en -1088, or comme elle se décale de 10,875 jours (= AS – AL) chaque année solaire, l'année N (>1088) est décalée de (N – 1088 = AS)x10,875 jours par rapport à celle de -1088. Calcul de ce décalage: (AS)x365,24219 = (AL)x12x29,530588 + J, le nombre J + 13 donne la position du jour dans l'année julienne. Si N = 1264, (N – 1088)x365,24219 = (181)x12x29,530588 + 142 => 142 + 13 =155e jour de l'année julienne = 5 juin. 46 E.C. CANCIK-KIRSCHBAUM – Zu den Eponymenfolgen des 13.Jahrhunderts v. Chr. in Dûr-Katlimmu in: Berichte der Ausgrabung Tall Seh Hamad 4 (1996) pp. 9-18. 47 H. FREYDANK – Zu den Eponymenfolgen des 13.Jahrhunderts v. Chr. in Dûr-Katlimmu in: Altorientalische Forschungen 32 (2005) 1 pp. 45-56. 48 Y. BLOCH – The Order of Eponyms in the Reign of Tukultî-Ninurta I in: Orientalia 79:1 (2010) pp. 1-35.
14 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
An EPONYME ASSYRIEN FIL DE RANG AN ROI BABYLONIEN AN
-1242 Tukultî-Ninurta Ier 1er [29]/[0] "agarakti-!uria! 4 -1241 Qibi-A!!ur Iba!!i-ili 2e [1] 5 -1240 Mu!allim-Adad "almanu-qarrâd 3e [2] 6 -1239 Adad-bêl-gabbe Roi 4e [3] 7 -1238 "unu-qardû 5e [4] 8 -1237 Libur-zanin-A!!ur 6e [5] 9 -1236 A!!ur-nâdin-apli Roi 7e [6] 10 -1235 Urad-ilani (?) 8e [7] 11 -1234 Adad-uma’’i 9e [8] 12 -1233 Abattu Adad-!am!i 10e [9] Ka!tilia!u IV 13/0 -1232 Abattu Adad-!umu-lê!ir 11e [10] 1 -1231 A!!ur-da’’an 12e [11] 2 -1230 Etel-pî-A!!ur Kurbânu 13e [12] 3 -1229 U"ur-namkûr-!arri 14e [13] 4 -1228 A!!ur-bêl-ilâni 15e [14] 5 -1227 A!!ur-zera-iddina 16e [15] 6 -1226 Ninu’aju (?) A!!ur-iddin 17e [16] 7 -1225 A!!ur-mu!ab!i (?) (prise de Babylone) 18e [17] Enlil-nâdin-!umi 8/0 -1224 Ina-A!!ur-!uma-a"bat A!!ur-nâdin-!ume 19e [18]/1 Kada!man-Harbe II 1/0 -1223 Abi-ili (?) Katiri 20e [19]/2 Adad-!uma-iddina 1/0 -1222 "almanu-!uma-u"ur 21e [20]/3 1 -1221 Ellil-nâdin-apli (?) 22e [21]/4 2 -1220 Bêr-nâdin-apli (?) 23e [22]/5 3 -1219 Ka!tilia!u (?) 24e [23]/6 4 -1218 Bêr-i!manni (?) 25e [24]/7 5 -1217 Ilî-padâ (?) A!!ur-iddin 26e [25] Adad-!uma-u"ur 6/0 -1216 Qarrad-A!!ur (?) A!!ur-iddin 27e [26] 1 -1215 Sarniqu (?) 28e [27] 2 -1214 Ninurta-nâdin-apli (?) Bukruni 29e [28] 3 -1213 Urad-Kube (?) A!!ur-bel-ilani 30e [29] 4 -1212 Mudammiq-Nusku (?) Iba!!i-ili 31e [30] 5 -1211 Kidin-A!!ur (?) 32e [31] 6 -1210 Sin-uballi# (?) 33e [32] 7 -1209 Nabu-bela-u"ur (?) 34e [33] 8 -1208 Ri!-A!!ur (?) 35e [34] 9 -1207 A!!ur-nirari (?) "arri 36e [35] 10
Le décompte des règnes par les scribes babyloniens paraît erroné, car Tukultî-Ninurta Ier a régenté la Babylonie (et non régné) pendant 7 ans, par le biais de ses trois vice-rois successifs (dont les deux premiers furent tués par le roi d'Élam), soit 1,5 an, 1,5 an et 6 ans ce qui donne un total de 9 ans49. En fait, le système utilisé est à l'origine de ces écarts. Les 7 ans de Tukultî-Ninurta Ier correspondent à 7 éponymes et les 3 ans (= 1,5 + 1,5) des rois vassaux correspondent à 3 éponymes, soit 2 ans de règne, car une demie année n'a pas sens dans le système babylonien. Selon le décompte babylonien, Ka!tilia!u IV (1233-1225) a régné 8 ans, Enlil-nâdin-!umi (1225-1224) a régné 1 an, Kada!man-Harbe II (1224-1223) a régné 1 an et Adad-!uma-iddina (1223-1217) a régné 6 ans. Comme l'année assyrienne débutait le 27 mars en -122550, on obtient la chronologie suivante:
49 J.M. MUNN RANKIN – Assyrian Military Power, 1300-1200 B.C. in: The Cambridge Ancient History Vol. 2 Part 2 (2000, Cambridge University Press), pp. 287-291. 50 N = 1225, (N – 1088)x365,24219 = (141)x12x29,530588 + 72 => 72 + 13 = 85e jour de l'année = 27 mars.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 15
An mois assyrien [A] [B] Roi 1 X x Mu##ur ilâni 2 XI xi Abû !arrâni 3 XII xii $ubur
[17] 7 [A] Tukultî-Ninurta Ier roi assyrien [B] Ka!tilia!u IV roi babylonien
4 I i "ippu 5 II ii Qarrâtu 6 III iii Kalmartu
8 (19e éponyme) Ina-A""ur-"uma-a#bat
7 IV iv dSin 8 V v Kuzallu 9 VI vi Allanâtu 10 VII vii Belêt-ekalli 11 VIII viii "a sarrâte
-1225
12 IX ix "a kênâte 1 X x Mu##ur ilâni 2 XI xi Abû !arrâni 3 XII xii $ubur
[18]
0 (prise de Babylone) [B] Enlil-nâdin-!umi (vice-roi babylonien)
4 I i "ippu 5 II ii Qarrâtu 6 III iii Kalmartu 7 IV iv dSin 8 V v Kuzallu 9 VI vi Allanâtu 10 VII vii Belêt-ekalli 11 VIII viii "a sarrâte
-1224
12 IX ix "a kênâte 1 X x Mu##ur ilâni
1 (20e éponyme)
2 XI xi Abû !arrâni 3 XII xii $ubur
[19]
0 [B] Kada!man-Harbe II (vice-roi babylonien)
4 I i "ippu 5 II ii Qarrâtu
-1223
6 III iii Kalmartu
[20] 1 (21e éponyme)
Tukultî-Ninurta Ier a régenté la Babylonie du 19e au 25e éponyme. Enlil-nâdin-!umi et Kada!man-Harbe II ont gouverné la Babylonie du 19e au 21e éponyme. Le 3e roi vassal pro-assyrien, Adad-!uma-iddina, est ensuite renversé par les officiers babyloniens lors du 26e éponyme. Les Assyriens auraient voulu imposer leur candidat Enlil-kudur-u"ur (?), mais les Babyloniens établirent Adad-!uma-u"ur, se libérant de la suzeraineté assyrienne. À partir d'A!!ur-dân Ier (1179-1133) les éponymes débutent à l'équinoxe de printemps (Nisan):
An mois assyrien an Roi éponyme 1 X viii "a sarrâte 2 XI ix "a kênâte 3 XII x Mu##ur ilâni
45 A!!ur-dân Ier
4 I xi Abû !arrâni 5 II xii $ubur 6 III i "ippu 7 IV ii Qarrâtu 8 V iii Kalmartu 9 VI iv dSin 10 VII v Kuzallu 11 VIII vi Allanâtu
-1133
12 IX vii Belêt-ekalli 1 X viii "a sarrâte
46
2 XI ix "a kênâte 3 XII x Mu##ur ilâni
0 Ninurta-tukultî-A!!ur
Pi"qîya
4 I xi Abû !arrâni 5 II xii $ubur 6 III i "ippu 7 IV ii Qarrâtu 8 V iii Kalmartu 9 VI iv dSin 10 VII v Kuzallu 11 VIII vi Allanâtu
-1132
12 IX vii Belêt-ekalli 1 X viii "a sarrâte 2 XI ix "a kênâte 3 XII x Mu##ur ilâni
1
Mutakkil-Nusku A!!ur-re!-i!i Ier
Sîn-"êya
4 I xi Abû !arrâni
-1131
5 II xii $ubur 2
16 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Si à partir d'A!!ur-dân Ier (1179-1133) les éponymes débutent à l'équinoxe de printemps (Nisan) au lieu du 1er "ippu les années assyriennes sans intercalation restent la norme, puis à partir de Tiglath-phalazar Ier (1115-1076) les années assyriennes deviennent avec intercalation (comme les années babyloniennes). La période entre ces deux rois assyriens est donc de transition. Par exemple, l'an 46 d'A!!ur-dân Ier débute à l'éponyme Pi!qîya (30 mars -1133) puis Ninurta-tukultî-A!!ur règne du mois "a kênâte au mois Abû !arrâni (de février à avril -1132), puis Mutakkil-Nusku règne brièvement (quelques jours), puis l'an 1 d'A!!ur-re!-i!i Ier débute à l'éponyme Sîn-!êya (18 avril -1132). Il y a donc un décalage51 entre les éponymes qui débutent à l'équinoxe de printemps (avril) et l'année assyrienne qui débute à "ippu, soit le 16 juin en -1132. Le système des éponymes étant une institution typiquement assyrienne (bît limmi d'A!!ur), les calendriers datés par ces éponymes semble avoir eu le même type de fonctionnement (absence de mois intercalaire). Comme les éponymes d'A!!ur apparaissent dans les textes d'Hattu!a, le calendrier hittite devait ressembler au calendrier lunaire de type assyrien, mais les fêtes religieuses ayant lieu à des intervalles réguliers (chaque mois, chaque année, ou sur un cycle plus long) notamment au printemps, début de l'année hittite, comme la fête purulli qui marquait le Nouvel An52, et en automne, il est difficile de savoir si les rois hittites comptaient leurs règnes en années solaires (comme les Babyloniens) ou lunaires (comme les Assyriens). Dans ses annales, les 10 premières années du roi hittite Mur!ili II (1322-1295) sont ponctuées de fêtes religieuses53 saisonnières (et donc solaires).
PERIODE 1799-1375 BCE
La chronologie des règnes assyriens peut être reconstituée grâce à la durée corrigée des règnes (sans intercalation avant A!!ur-dân Ier et avec une valeur moyenne de 14 ans pour les règnes n° 27 à 32, calculée à partir de ceux de la période datée 1872-609). Le règne de Tudiya, le 1er roi assyrien, peut être estimé grâce à son traité avec Ibrium (in: Studi Eblaiti III 1980 pp. 129-155). Or, le roi d'Ebla I!’ar-Damu (2235-2200) eut comme vizir Ibrium (2237-2220), puis Ibbi-zikir (2220-2203), voir la Chronologie des rois d'Ebla (ci-après). De plus, I!’ar-Damu fut contemporain de Pépi Ier (2244-2202) et de Sargon d'Akkad (2243-2187).
51 Y. BLOCH – Solving the Problems of the Assyrian King List: Toward a Precise Reconstruction of the Middle Assyrian Chronology in: Journal of Ancient Civilizations Vol. 25 (2010, Northeast Normal University), pp. 1-87. 52 H. OTTEN – Ein Text zum Neujahrsfest aus Bo!azköy in: Orientalistische Literaturzeitung 51 (1956), pp. 101-105. P. H. J. HOUWINK VAN TEN CATE -Brief Comments on the Hittite Cult Calendar: The Outline of the AN.TA"."UM Festival in: Kani""uwar, A Tribute to Hans Güterbock (dir. H. A. Hoffner Jr. et G. Beckman), Chicago, 1986. 53 T. BRYCE – The Kingdom of the Hittites Oxford 2005 Ed. Oxford University Press pp. 190-220.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 17
16 U!pia [2100-2091?] [9?] 17 Apia!al [2091-2082?] [9?] dernier roi "sous la tente". 18 Halê [2082-2068?] [14] 10 rois avec filiation connue (n°17 à 19 Samânu [2068-2054?] [14] à n°26) 20 Hayâni [2054-2040?] [14] 21 Ilu-Mer [2040-2026?] [14] 22 Yakmesi [2026-2012?] [14] 23 Yakmeni [2012-1998?] [14] 24 Yazkur-El [1998-1984?] [14] 25 Ila-kabkabû [1984-1970?] [14] 26 Amînum [1970-1956?] [14] 27 Sulili 1956-1942 [14] premières listes d'éponymes (perdues) 28 Kikkia 1942-1928 [14] 29 Akia 1928-1914 [14] chute d'Ur (vers -1912) 30 Puzur-A!!ur Ier 1914-1900 [14] début de la période paléo-assyrienne 31 "alim-ahum 1900-1886 [14] 32 Ilu-!umma 1886-1872 [14] 33 Êri!u Ier 1873-1834 40 (-1) 40 premières chroniques 34 Ikunum 1834-1821 14 (-1) 35 Sargon Ier 1821-1782 40 (-1) 36 Puzur-A!!ur II 1782-1774 8 37 Naram-Sîn 1774-1722 [54] (-2) 38 Êri!u II 1722-1712 [10] 39 "am!î-Adad Ier 1712-1680 33 (-1)
159
40 I!me-Dagan Ier 1680-1670 11 (-1) an 33 de "am!î-Adad Ier = an 17 d'Hammurabi
1) Les durées de quatre règnes (n° 65, 66, 37, et 38) sont manquantes, mais peuvent être estimées grâce aux synchronismes provenant des annales assyriennes qui indiquent la durée exacte entre la reconstruction de quelques temples célèbres54. La durée moyenne d'un règne est de 13 ans sur la période allant du règne n° 55 au n° 75, et de 27 ans sur la période allant du n° 33 au n° 39, ce qui donne une fourchette de vérification. La durée moyenne d'un règne sur la totalité de la période est de 14 ans, mais cette valeur ne permet qu'une reconstitution approximative, car la durée d'un règne peut varier entre 0 et 46 ans, ce qui donne une valeur comprise entre 0 et 92 ans pour deux règnes réunis.
2) Salmanazar Ier (n° 77) affirme dans diverses inscriptions que le temple d'A!!ur (Ehursagkurkurra) fut construit par U!piya et reconstruit par Eri!u Ier, puis 159 ans plus tard par "am!î-Adad Ier et 580 ans plus tard par lui-même. Salmanazar Ier ne précise pas le
54 H. GASCHE, J.A. ARMSTRONG, S.W. COLE – Dating the Fall of Babylon in: Mesopotamian History and Environment (1998) Chicago pp. 57-80.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 19
point servant à fixer ces durées, mais Assarhaddon donne le chiffre de 126 ans pour la durée entre Eri!u Ier et "am!î-Adad Ier, prouvant que Salmanazar Ier englobait les 33 ans de règne de "am!î-Adad Ier dans son calcul (159 = 126 +33). Les 159 ans courent donc de la fin du règne d'Eri!u Ier à la fin du règne de "am!î-Adad Ier, et les 580 ans s'achèvent au début du règne de Salmanazar Ier (en -1271). Il y a donc un écart de 421 années lunaires (421 = 580 - 159) entre les règnes de "am!î-Adad Ier et Salmanazar Ier, soit une durée de 409 années solaires, ce qui fixe la fin du règne de "am!î-Adad Ier en 1680 (= 1271 + 409).
3) Tiglath-phalazar Ier (n° 87) affirme dans ses annales avoir rebâti le temple appelé Anu-Adad au début de son règne (en 1115), temple qui avait été construit 641 années plus tôt par "am!î-Adad Ier. Ces 641 années lunaires correspondent à 622 années solaires, ce qui remonterait le règne de "am!î-Adad Ier en 1737 (= 1115 + 622) au lieu de 1711, mais le scribe a vraisemblablement utilisé une liste royale donnant un règne de 40 ans au lieu de 11 pour I!me-Dagan Ier (car "am!î-Adad Ier est mort en l'an 17 d'Hammurabi et I!me-Dagan Ier est mort en l'an 28 de ce roi)55, ce qui réduit les 641 années lunaires à 612, soit une durée de 594 années solaires, ce qui fixe le début du règne de "am!î-Adad Ier en 1709 (= 1115 + 594), soit un écart d'environ 3 ans avec la date précédente de 1712 (= 1680 + 33 -1)56.
4) Assarhaddon (n° 112) affirme aussi avoir rebâti le temple d'A!!ur. Dans une inscription (Assur A) datée de l'éponyme Issi-Adad-anînu (679), soit au début de son règne, il affirme qu'il s'est écoulé 129 années entre la reconstruction d'Eri!u Ier et celle de "am!î-Adad Ier, puis 434 années après Salmanazar Ier a de nouveau rebâti ce temple, puis 580 années57 après Assarhaddon a finalement rebâti ce temple. Les informations d'Assarhaddon paraissent exactes. En effet, la première durée est correcte, car elle tombe effectivement dans le règne de Salmanazar Ier (679 + 580 = 1259). La durée entre le début du règne d'Assarhaddon et la fin du règne de "am!î-Adad Ier est de 1014 années (= 580 solaires + 434 lunaires), soit 1001 années solaires, ce qui fixe la fin du règne de "am!î-Adad Ier en 1680 (= 679 + 1001). Le règne de ce roi peut approximativement être fixé de 1712 à 1680. Un synchronisme avec la chronologie babylonienne ("am!î-Adad Ier étant mort en l'an 17 d'Hammurabi)58 permet d'ancrer cette chronologie, car un transit de Vénus dans le règne d'Ammi"aduqa et des éclipses lunaires (Ur III) sont datables par l'astronomie.
La datation dendrochronologique du palais d'Acemhöyük impose de situer la mort de "am!î-Adad Ier après -175259 ce qui élimine la chronologie moyenne datant ce règne de 1807-1775. La dynastie des rois assyriens débutant après la chute d'Ur60, avec le roi Puzur-A!!ur Ier, permet de dater très approximativement la chute de cette ville autour de -1914. La chronologie synchronisée obtenue à partir des listes royales assyriennes peut être vérifiée et confirmée, au moins sur la période allant d'Êri!u Ier (n° 33) à Libbaya (n° 49), grâce aux listes d'éponymes61. Quelques commentaires provenant de chroniques assyriennes associés à certains éponymes permettent de fixer plusieurs synchronismes:
55 H. GASCHE, J.A. ARMSTRONG, S.W. COLE – Dating the Fall of Babylon in: Mesopotamian History and Environment (1998) Chicago p. 52. 56 Les 33 années lunaires de "am!î-Adad Ier correspondent à 32 années solaires. Pour la date de 1680 le calcul donne 1679,5. 57 586 années dans l'inscription Assur B. 58 H. GASCHE, J.A. ARMSTRONG, S.W. COLE & V.G. GURZADYAN – A correction to Dating the Fall of Babylon in: Akkadica 108 (1998) pp.1-4. 59 C. MICHEL, P. ROCHER – La chronologie du IIe millénaire revue à l'ombre d'une éclipse de soleil in: Jaarbericht (...) Ex Oriente Lux N° 35/36 (1997-2000) Chicago pp. 111-126. 60 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 617-621,823. 61 K.R. VEENHOF – Some displaced Tablets from Kârum Kanesh (Kültepe) C. GÜNBATTI – An Eponym List (KEL G) from Kültepe G. KRYSZAT – Herrscher, Kult und Kulttradition in Anatolien nach den Quellen aus den altassyrischen Handelskolonien. Teil 3/1 in: Altorientalische Forschungen Band 38 (2008) 1 pp. 10-27, 103-132, 156-171. G. KRYSZAT – Herrscher, Kult und Kulttradition in Anatolien nach den Quellen aus den altassyrischen Handelskolonien. Teil 3/2 in: Altorientalische Forschungen Band 38 (2008) 2 pp. 195-219.
20 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Cette liste d'éponymes (servant à la reconstitution des règnes), reconstituée à partir de plusieurs listes partielles63, comporte les difficultés suivantes: ! La liste royale assyrienne compilée sous "am!î-Adad Ier précise que les éponymes de
Sulili à Il-!umma (rois n° 27 à 32) sont perdus, ce qui laisse supposer un début des éponymes assyriens seulement à partir de Sulili et une compilation à partir d'Êri!u Ier.
! Après l'accession du roi Ikunum, une liste donne "uli fils de "almah comme éponyme au lieu de Iddin-Suen frère de "uli (éponyme n° 41). Plutôt que supposer un oubli dans les listes et par conséquent conserver les deux éponymes, la présence d'un éponyme canonique remplaçant un éponyme non canonique (mort durant l'année de son éponymie) est plus vraisemblable.
62 J.-J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes Paris 2004 Éd. Les Belles Lettres pp. 157-160. D. CHARPIN, N. ZIEGLER – Florilegium marianum V. Mari et le Proche-Orient à l'époque amorrite in: Mémoires de N.A.B.U. 6 (2003) pp. 156-157. 63 Une liste complète d'éponymes devait comporter environ 150 noms (taille de la liste KEL G). A l'époque d'Assarhaddon, par exemple, les règnes d'Êri!u Ier (roi n°33) et de Sennachérib (roi n°111) étaient séparés par 1213 éponymes qui pouvaient être inscrits sur environ 8 tablettes de 150 noms.
24 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
! L'assombrissement du soleil mentionné à Puzur-I!tar (éponyme n°126), l'année juste après la naissance de "am!î-Adad Ier, a été interprété par certains comme étant une éclipse de soleil64. Or, il n'y a eu aucune éclipse totale de soleil visible en Assyrie (entre A!!ur et Ninive) sur cette période (1800-1700), mais seulement deux éclipses partielles peu visibles: celle du 10 octobre -1737 de magnitude 0,92 et celle du 8 septembre -1791 de magnitude 0,92. De plus, le terme utilisé [n]a-ah-du-ur, désigne une éclipse de manière métaphorique et est différent de l'usuel antalûm utilisé à Mari. Ces deux commentaires ont donc été ajoutés postérieurement à la liste d'éponymes, car "am!î-Adad Ier était initialement un roi amorite qui fut intégré à la dynastie assyrienne seulement vers la fin de son règne glorieux. Ainsi pour le copiste assyrien de cette époque, la naissance de "am!î-Adad Ier marquait en fait la fin (l'éclipse) de l'authentique dynastie assyrienne.
! Ni l'accession ni la mort d'Êri!u II ne sont précisées dans les listes, mais ce règne peut être encadré par deux dates: la 1ère année de Naram-Sîn (en -1773) durant l'éponymie de "u-Su’en, début de la liste MEC A, et la mort "am!î-Adad Ier durant l'éponymie de %ab-!illa-A!!ur (en -1680), après 33 années de règnes. La mort d'Êri!u II doit donc remonter vers 1713 (= 1680 + 33), début de la liste MEC D. Les éponymes de la liste KEL G étant complètement illisibles sur au moins 11 lignes, plus vraisemblablement sur 16 lignes (éponymes n° 179 à 194), ils ont été complétés par la liste MEC E dont la reconstitution reste incertaine65. Puisque l'accession de Naram-Sîn est en -1774 et que la mort d'Êri!u II est en -1712, ces deux rois ont donc régné en tout 62 années solaires (= 1774 - 1712), soit 64 années lunaires (ou éponymes). Le règne de Naram-Sîn a dépassé les 27 ans, car la liste KEL A comporte 27 éponymes après son accession. Or, selon les listes royales assyriennes, son règne est de [-]4 ans, ce qui implique une durée soit de 34, 44 ou 54 ans, ces deux dernières possibilités étant les plus probables66. En effet, durant l'éponymie d'Ibni-I!tar (éponyme n° 157) il est précisé que ""am!î-Adad Ier conquiert A!!ur" ce qui semble correspondre à la 1ère année d'Êri!u II, son père Naram-Sîn étant mort l'année précédente (début de la liste MEC D). Cela signifierait donc que le roi amorite "am!î-Adad Ier ne conquit l'Assyrie que progressivement, en commençant par la cité d'Ekallatum, à la fin du règne de Naram-Sîn. Ainsi, lorsque Êri!u II monta sur le trône, il ne régnait plus que sur une petite partie de l'Assyrie et à sa mort, après 10 ans de règne, ce qui restait de l'Assyrie fut absorbé par "am!î-Adad Ier.
! L'alliance avec Qatna sous l'éponymie d'Ikuppiya coïncide avec l'installation de Yasmah-Addu67 (1687-1680), comme roi de Mari, par "am!î-Adad Ier.
Cette reconstitution de la liste des éponymes confirme la fiabilité des listes royales assyriennes. Les scribes assyriens pouvaient aisément dater un événement du passé grâce à l'équivalence: 1 éponyme = 1 an. Toutefois l'année éponymale était lunaire (354,37 jours) avant A!!ur-dân Ier puis fut solaire (365,24 jours) à partir de son règne (l'intercalation du calendrier assyrien n'étant adoptée qu'à partir du règne de Tiglath-phalazar Ier). Le calendrier paléo-assyrien (ou amorrite) était lunaire alors que le calendrier mariote était luni-solaire comme celui de Babylone. À la mort de "am!î-Adad Ier il est possible d'obtenir les synchonysmes suivants entre les mois des différents calendriers68:
64 C. MICHEL, P. ROCHER – La chronologie du IIe millénaire revue à l'ombre d'une éclipse de soleil in: Jaarbericht (...) Ex Oriente Lux N° 35/36 (1997-2000) Chicago pp. 111-126. 65 D. CHARPIN, N. ZIEGLER – Florilegium marianum V. Mari et le Proche-Orient à l'époque amorrite in: Mémoires de N.A.B.U. 6 (2003) pp. 72-73, 134-169. 66 K.R. VEENHOF – The Old Assyrian List of Year Eponyms from Karum Kanish and its Chronological Implications Ankara 2002 Ed Turkish Historical Society pp. 1-78. 67 D. CHARPIN – Rapport sur les conférences 1995-1996 in: Livret 11 1995-1996 (École Pratique des Hautes Études, 1997) pp. 15-16. 68 D. CHARPIN, N. ZIEGLER – Florilegium marianum V. Mari et le Proche-Orient à l'époque amorrite in: Mémoires de N.A.B.U. 6 (2003) pp. 134-176, 260-262.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 25
N° BABYLONIEN JULIEN N° MARIOTE N° AMORRITE PALEO-ASSYRIEN X Tebêtu 1 Janvier (hiver) xi° Abum (IV) xi* Abum Ab "arrâni (v*) XI "abâtu 2 Février xii° "ibirtum (V) xii* Tîrum "ubur (vi*) XII Addâru 3 Mars i° "ubur ("ilib) i* Niqmum !ip’im (vii*) I Nisannu 4 Avril (printemps) ii° Kinûnum (VII) ii* Kinûnum Qarrâtim (viii*) II Ayyaru 5 Mai iii° Dagan (VIII) iii* Tamhîrum Kanwarta (ix*) III Simanu 6 Juin iv° Lîlîatum (IX) iv* Nabrûm Te’inâtim (x*) IV Du'ùzu 7 Juillet (été) v° Bêlet-bîrî (X) v* Mammîtum Kuzallu (xi*) V Abu 8 Août vi° Kiskissum (XI) vi* Mana Allanâtim (xii*) VI Ulûlû 9 Septembre vii° Ebûrum (XII) vii* Ayyarum Bêltî-ekallim (i*) VII Ta!rîtu 10 Octobre (automne) viii° Urâ!um (I) viii* Niggalum !a sarratim (ii*) VIII Ara%samna 11 Novembre ix° Malkânum (II) ix* Maqrânum Narmak A""ur (iii*) IX Kisilimu 12 Décembre x° La!!um (III x* Du'uzum Ma!!urili (iv*)
"am!î-Adad Ier est vraisemblablement mort vers le 14/xii°/33 (20 février -1679)69 car un prêtre exorciste (wa"ipum) est consulté le 11/xii°/33 et que l'huile pour l'offrande funéraire du roi est livrée le 16/xii°/33. Le mois VI à Mari coïncide avec le mois assyrien i* (les mois VI à XII sont datés "après l'éponyme %ab-!illa-A!!ur"):
An mois [A] [B] [C] [D] Roi et éponyme 1 IV xi° X 2 V xii° XI
32
3 VI i° XII
16 46
4 VII ii° I 5 VIII iii° II 6 IX iv° III 7 X v° IV 8 XI vi° V 9 XII vii° VI
6
"ab-#illa-A""ur
10 I viii° VII 11 II ix° VIII
-1680
12 III x° IX
1 IV xi° X
33
2 V xii° XI
7
0
[A] Yasmah-Addu roi de Mari [B] "am!î-Adad Ier roi d'Assyrie [C] Hammurabi roi de Babylone [D] Rîm-Sîn Ier roi de Larsa
3 VI i° XII
17 47
4 VII ii° I 5 VIII iii° II 6 IX iv° III 7 X v° IV
8 XI vi° V
9 XII vii° VI
0 après "ab-#illa-A""ur [A] Zimrî-Lîm roi de Mari [B] I!me-Dagan Ier roi d'Assyrie
10 I viii° VII 11 II ix° VIII
-1679
12 III x° IX
Ennam-A""ur
1 IV xi° X
2 V xii° XI
1
(fête d'I"tar70 au mois xi Ab !arrani)
3 VI i° XII
18 48
4 VII ii° I 5 VIII iii° II 6 IX iv° III 7 X v° IV 8 XI vi° V 9 XII vii° VI XIIb viii° VII
1
A""ur-emuqi
10 I ix° VIII 11 II x° IX
-1678
12 III xi° X
1 IV xii° XI
2
2 V i° XII 3 VI ii° XIIb
19 49
4 VII iii° I
-1677
5 IX iv° II
2
3
20 50
Abu-"alim
69 En -1679 le 1er Nisan est daté du 5 avril, le 1er Tishri du 30 septembre et le 1er "ip’im du 7 mars. L'an 33 de "am!î-Adad Ier a débuté par une éclipse totale de lune (mauvais présage) http://eclipse.gsfc.nasa.gov/5MCLEmap/-1699--1600/LE-1678-03-21T.gif 70 La fête d'I!tar est datée des mois: xi (an 1 de Zimrî-Lîm), ix (ans 6 à 8), viii (an 12), soit un décalage d'environ 3 mois sur 12 ans.
26 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
L'an 1 de Zimrî-Lîm comporte un mois intercalaire (xii°b); la chute de Larsa datée du [1-6]/XII/30 d'Hammurabi correspond au [1-6]/VI/60 de Rîm-Sîn Ier, car Zimrî-Lîm félicita Hammurabi de sa prise de Larsa dans sa lettre datée du 7/VI/12 (ARM XXV 9). "am!î-Adad Ier (1712-1680) étant mort en l'an 17 d'Hammurabi, l'année d'accession de ce roi babylonien remonterait donc en 1697 (= 1680 + 17). Un deuxième moyen de vérifier l'exactitude des listes royales assyriennes provient de la chronologie obtenue à partir des listes royales babyloniennes qui comportent de nombreux synchronismes dont certains peuvent être datées par l'astronomie:
Le synchronisme entre "am!î-Adad Ier et Hammurabi implique de dater la chute de Babylone en -1499 et le règne d'Ammi!aduqa de -1551 à -1530, ce que confirme l'astronomie. Une tablette (Enuma Anu Enlil 63), copiée au 7e siècle avant notre ère, décrit les levers et couchers de Vénus durant le règne d'Ammi"aduqa, un descendant d'Hammurabi. Bien que l'interprétation en soit difficile71, car de nombreuses données semblent avoir été mal recopiées, quatre possibilités sont possibles selon l'astronomie:
71 http://arxiv.org/pdf/physics/0311036 V.G. GURZADYAN – The Venus Tablet and Refraction in: Akkadica 124 (2003) pp. 13-17.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 27
Le règne d'Ammi"aduqa selon les synchronismes est 1551-1530, ce qui est exactement ce que donne l'astronomie (chronologie synchronisée). De plus, deux autres tablettes (Enuma Anu Enlil 20 & 21) mentionnent des éclipses lunaires à la fin du règne de "ulgi et de la dynastie Ur III, ce qui confirme cette chronologie synchronisée72. Dans une tablette de Mari un scribe mentionne une éclipse [totale] de lune durant l'éponymie d'Asqudum (= année 12 d'Hammurabi). Un texte économique trouvé à Tell Muhammad mentionne une éclipse lunaire73 datée entre les mois d'Abu et de Nisan de la "38e année après le rétablissement de Babylone" (on peut supposer que ce rétablissement, qui s'arrête à l'an 41, s'est produit quelques années après la chute). Ces éclipses74 lunaires ne coïncident qu'avec la chronologie synchronisée (et elles éliminent aussi la chronologie basse).
Malgré l'excellent accord de la chronologie synchronisée, la date de -1499 marquant la chute de Babylone est jugée trop basse par rapport aux chronologies cassite et hittite. Ce reproche est non fondé, car ces deux chronologies sont très approximatives, en effet les durées des règnes sont inconnues et elles ne possèdent pas d'ancrage par l'astronomie. Après la chute de la ville, la dynastie babylonienne fut remplacée par la dynastie cassite75 qui débute avec Ganda! un contemporain de Samsuiluna (1654-1616). Cette dynastie n'est précisément datée qu'à partir de Kada!man-Enlil Ier (1375-1360), mais les synchronismes76 (les règnes ont été surlignés) sont les suivants: ! L'apparition d'Ulam-Buria! coïncide avec la fin du rétablissement de Babylone daté de
l'an 41 après la destruction. ! Alliance entre le roi assyrien Puzur-A!!ur III (1491-1467) et Burna-Buria! Ier. ! Alliance entre le roi assyrien A!!ur-bêl-ni!e!u (1411-1403) et Kara-inda!. ! Une tablette (VAT 1429) qualifie le roi cassite Agum II de buka"u "duc" de Babylone. ! Une chronique babylonienne mentionne, en l'an 9 de Samsuiluna, une agression par les
troupes cassites, vraisemblablement dirigées par Ganda!, le premier roi cassite. ! Les durées de règne des premiers rois cassites sont mentionnées dans une liste royale
babylonienne77 très lacunaire (Babylonian King List A). Les quatre premiers règnes ont des durées respectives de: [2]678, 22, 22 et 8 ans.
La durée moyenne des huit règnes cassites sur la période datée de 1375 à 1255 est de 15 ans. Le synchronisme en l'an 9 de Samsuiluna, en -1645, impose une durée moyenne de règnes de 16 ans au lieu de 15 pour les rois cassites, ce qui donne:
72 H. GASCHE – La fin de la première dynastie de Babylone : une chute difficile in: Akkadica 124 (2003) pp. 205-221. 73 Puisqu'il s'agit d'un texte économique, l'éclipse lunaire mentionnée a du être totale. 74 http://nkonf14.aob.rs/pdf/251.pdf B. BANJEVIC – Ancient Eclipses and Dating the Fall of Babylon in: Publ. Astron. Obs. Belgrade N° 80 (2006) pp. 251-257. 75 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 164. 76 K. GRAYSON – Texts from Cuneiform Sources Volume V Assyrian and Babylonian Chronicles (ABC 20, 21) Winona Lake 2000 Ed. Eisenbrauns pp. 157-170. 77 J.B. PRITCHARD - Ancient Near Eastern Texts Princeton 1969 Ed. Princeton University Press p. 272). 78 J.A. BRINKMAN – Materials and Studies for Kassite History Vol. I Chicago 1976 Ed. The Oriental Institute of the University of Chicago p. 128.
28 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
10 Agum II 1503-1487 [16] Agum II est duc (buka"u) de Babylone selon VAT 1429 11 Burna-Buria! Ier 1487-1471 [16] Puzur-A!!ur III (1491-1467), roi assyrien 12 Ka!tilia! III 1471-1455 [16] 13 Ulam-Buria! 1455-1439 [16] Fin des 41 ans du rétablissement de Babylone en 1456 14 Agum III 1439-1423 [16] 15 Kada!man-Harbe Ier 1423-1407 [16] 16 Kara-inda! 1407-1391 [16] A!!ur-bêl-ni!e!u (1411-1403), roi assyrien 17 Kurigalzu Ier 1391-1375 [16] 18 Kada!man-Enlil Ier 1375-1360 15 19 Burna-Buria! II 1360-1333 27 20 Kara-#arda! 1333 0 21 Nazi-Buga! 1333 0 22 Kurigalzu II 1333-1308 25 23 Nazi-Marutta! 1308-1282 26 24 Kada!man-Turgu 1282-1264 18 25 Kada!man-Enlil II 1264-1255 9 26 Kudur-Enlil 1255-1246 9 27 "agarakti-!uria! 1246-1233 13 28 Ka!tilia!u IV 1233-1225 8 [Tukulti-Ninurta Ier] [1225-1224] [1] 29 Enlil-nâdin-!umi 1225-1224 1 30 Kada!man-Harbe II 1224-1223 1 31 Adad-!uma-iddina 1223-1217 6 32 Adad-!uma-u"ur 1217-1187 30 33 Meli-"ipak 1187-1172 15 34 Marduk-apla-iddina 1172-1159 13 35 Zababa-!uma-iddina 1159-1158 1 36 Enlil-nâdin-ahi 1158-1155 3 Fin de la période cassite
Le règne du roi cassite Ganda!, obtenu à partir des durées moyennes, est daté de 1651-1635 et coïncide avec le règne du roi assyrien Samsuiluna (1654-1616). Une liste royale babylonienne donne une durée de 576 ans (= 36x16!) pour le règne de ces 36 rois, mais ce chiffre est trop élevé, car 2 rois (n° 20, 21) n'ont pas régné et 3 autres ont eu un règne bref (n° 29, 30, 35). Une durée de 496 ans (= 31x16) est donc plus logique. Le règne du roi cassite Agum II (1503-1487) est en accord avec une chute de Babylone en -1499. Si on accepte la durée de 576 ans, le règne du roi cassite Ganda! aurait débuté vers 1731 (= 1155 + 576) au lieu de 1651 (=1155 + 496), ce qui appuierait la chronologie moyenne, mais dans ce cas la durée moyenne des règnes passerait de 16 à 32 ans (d'Abiratta! à Agum II), or aucun règne cassite connu n'a atteint une telle durée, de plus, l'interruption des règnes babyloniens aurait été totale pendant environ 75 ans (de 1595 à 1520):
Agum II 1522-1490 [32]* Agum II est duc (buka"u) de Babylone selon VAT 1429 Burna-Buria! Ier 1490-1470 [20] Puzur-A!!ur III (1491-1467), roi assyrien
Concernant la durée moyenne des règnes sur la période 1700-1500, celle des rois élamites confirme la chronologie synchronisée79, car il est possible d'estimer ces règnes grâce aux synchronismes suivants80: ! Siruk-tuh fut contemporain du roi assyrien "am!î-Adad Ier. ! Siwe-palar-huppak fut contemporain du roi mariote Zimrî-Lîm. ! Kudu-zulu! Ier fut contemporain du roi babylonien Hammurabi. ! Kuk-Na!ur II fut contemporain de la 1ère année du roi babylonien Ammi!aduqa. ! Tepti-ahar fut contemporain du roi cassite Kada!man-Harbe Ier. Le règne de Tepti-ahar (1425-1405) peut être estimé approximativement grâce au règne de Kada!man-Harbe Ier (1423-1403), car ce dernier précède celui de Kara-inda! (1407-1391), un contemporain du roi assyrien A!!ur-bêl-ni!e!u (1411-1403). La durée moyenne des 16 règnes élamites sur la période datée grâce aux synchronismes cassites81, soit de Tepti-ahar (1425-1405) à Hutelutu!-In!u!inak (1125-1105), est exactement de 20 ans (= [1425 – 1105]/16). En utilisant cette durée moyenne de 20 ans, le règne calculé de Kuk-Na!ur II (1565-1545) coïncide effectivement avec celui d'Ammi!aduqa (1551-1530), selon la chronologie synchronisée:
79 F. VALLAT – L'Elam du IIe millénaire et la chronologie courte in: Akkadica 119-120 (2000) pp. 7-17. 80 F. VALLAT – L'hommage de l'élamite Untash-Napirisha au Cassite Burnaburiash in: Akkadica 114-115 (1999) pp. 109-117. F. VALLAT – La chronologie méso-élamite et la lettre de Berlin in: Akkadica 127 (2006) pp. 123-135. 81 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 272-276.
30 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Vallat note que cette solution est peu vraisemblable, car différents textes montrent que cinq générations d'une même famille ont occupé l'espace qui sépare le règne de Kutir-Nahhunte de celui de Kuk-Na"ur III, le dernier sukkalmah. En attribuant une trentaine d'années à chaque génération, l'intervalle entre les deux rois est d'environ un siècle et demi. Et comme deux souverains ont exercé le sukkalmahat entre Kutir-Nahhunte et Kuk-Na"ur II (Temti-Agun et Kutir-Silhaha), on peut estimer qu'un siècle [et non deux] sépare le règne de Kuk-Na"ur II de celui de Kuk-Na"ur III. Freu82 refuse la chronologie synchronisée, car elle lui paraît trop courte d'un siècle par rapport à sa chronologie hittite (qui ne s'appuie sur aucun synchronisme daté par l'astronomie sur la période avant -1350!). Les quelques synchronismes avec des rois mitanniens ou cassites (datés selon la chronologie synchronisée) sont surlignés et le règne corrigé est reconstitué à partir d'une durée moyenne (#) plus petite pour les règnes hittites:
82J. FREU – Note sur les sceaux des rois de Mitanni/Mittani in: NABU (mars 2008) pp. 5-8.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 31
13 Zidanza (II) 1500-1485 15 1470-1465 5 14 $uzziya II 1485-1470 15 1465-1460 5 moyenne période 2 11 5
15 Muwatalli Ier 1470-1465 5 1460-1455 5 Ka!tilia! III 1471-1455 16 Tut#aliya Ier 1465-1440 25 1455-1435 20 "au!tatar Ier Thoutmosis III 1472-1418 17 $attu!ili II 1440-1425 15 1435-1425 10 Par!atatar 18 Tut#aliya II 1425-1390 35 1425-1395 30 "au!tatar II 19 Arnuwanda Ier 1400-1370 30 1395-1370 25 Artatama Ier Thoutmosis IV 1392-1383 20 Tut#aliya III 1370-1350 20 1370-1355 15 "utarna II moyenne période 3 23 18
21 "uppiluliuma Ier 1353-1322 31 1353-1322 31 "uppiluliuma Ier an 2 = Amenhotep III an 33 22 Arnuwanda II 1322 <1 1322 <1 23 Mur!ili II 1322-1295 27 1322-1295 27 éclipse totale de soleil (1312) en l'an 10 de Mur"ili II 24 Muwatalli II 1295-1275 20 1295-1275 20 25 Urhi-Teshub 1275-1268 7 1275-1268 7 26 $attu!ili III 1268-1241 27 1268-1241 27 27 Tut#aliya IV 1241-1209 32 1241-1209 32 28 Arnuwanda III 1209-1207 2 1209-1207 2 29 "uppiluliyama II 1207-1185 22 1207-1185 22 fin de l'empire hittite en l'an 8 de Ramsès III moyenne période 4 18 18
Ancien Empire hittite (n° 1 à 9); Moyen Empire (n° 10 à 20); Nouvel Empire (n° 21 à 29)
Cette chronologie hittite comporte quatre périodes distinctes. La première, la plus ancienne, est constituée de 3 rois, dont le règne moyen est de 23 ans, cette période ne comporte aucun synchronisme. La deuxième, qui commence avec la chute de Babylone, est constituée de 11 rois dont le règne moyen est de 11 ans. La troisième comporte 6 rois dont le règne moyen est de 23 ans et la quatrième comporte 9 rois dont le règne moyen est de 18 ans. La durée moyenne de ces règnes, retenue par Freu, est arbitraire, sauf pour la dernière période qui peut être datée précisément grâce aux nombreux synchronismes provenant des lettres d'El Amarna (ancrée par l'éclipse totale de soleil datée de l'an 10 de Mur!ili II). Freu a choisi une durée moyenne de 23 ans pour la troisième période sans raison apparente. Il est cependant plus logique de conserver la période de 18 ans, puisque cette troisième période précède et ressemble à la quatrième. Il faut donc abaisser les règnes donnés par Freu de 5 ans (= 23 - 18) pour cette période. La deuxième période fut très perturbée par de nombreux assassinats de rois, ce qui a sans doute conduit Freu à choisir une durée moyenne plus faible (11 ans au lieu de 23 pour la période suivante). Il faut donc abaisser les règnes donnés par Freu de 12 ans (= 23 - 11) pour cette troisième période. Enfin, Freu a de nouveau retenu une durée de 23 ans pour la durée moyenne de la première période. Il semble cependant plus logique de conserver la durée moyenne de 18 ans provenant de la quatrième période qui fut relativement stable. La reconstitution fondée sur la durée corrigée des règnes hittites donne une chronologie qui coïncide avec celle des rois cassites selon la chronologie synchronisée. Cette coïncidence, sans être une preuve définitive, démontre toutefois une forte cohérence entre les différentes chronologies, assyrienne, babylonienne, hittite et cassite, ce qui n'est pas le cas des systèmes qui fixent la chute de Babylone à une autre date que -1499. Il n'existe pas de synchronisme avec la chronologie égyptienne qui puisse ancrer les chronologies cassite et mitannienne. Le royaume du Mitanni apparaît pour la première fois sur la stèle thébaine de l'astronome Amenemhat, qui mentionne ce nom sous la forme "pays de Meten" ($3st Mtn), en précisant que c'était un pays ennemi contre lequel le pharaon Thoumosis Ier avait lancé une expédition en l'an 4 de son règne (en -1481). Or, le règne du premier roi du Mitanni (Kirta) correspond à cette période, selon la chronologie corrigée. Il est possible que la disparition du royaume babylonien (en -1499) ait favorisé la montée en puissance du Mitanni et que le pharaon ait voulu arrêter une éventuelle
32 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
extension vers l'ouest de ce nouveau royaume. Selon la chronologie israélite (Juges 3:8-15), il y eut une domination mitannienne ("au!tatar Ier ?)83 en Syrie sur la période 1452-1444. Le triple synchronisme entre Agum II, roi cassite, Kirta, roi mitannien, et Ammuna, roi hittite, impose de fixer le règne de ce dernier roi sur une période couvrant le règne d'Agum II (1503-1487). La durée corrigée du règne d'Ammuna (1495-1485) est alors 75 ans plus faible que celle proposée par Freu (1570-1550). La durée corrigée du règne de Mur!ili Ier (1510-1500 au lieu de 1600-158584), le roi hittite qui renversa la ville de Babylone, est en accord avec la date de -1499. La datation par le 14C des strates correspondant à la période de l'Ancien empire hittite donne bien 1600-150085 au lieu de 1670-1530 proposé par Freu.
PERIODE 2020-1799 BCE
Sur la période 2020-1799 de nombreux synchronismes86 entre les rois d'Ur, d'Isin et de Larsa, permettent de synchroniser la chronologie babylonienne des rois d'Ur. Quelques synchronismes sont contestés, car il y a parfois un désaccord entre la durée du règne donné par les listes royales et le nombre d'années "éponymes" (évoquant en fait des événements remarquables). Par exemple, le règne de Warad-Sîn87, un roi de Larsa, est de 12 ans selon la liste royale, mais comporte 13 années "éponymes", ce qui laisse supposer un règne de 13 ans. Chronologie synchronisée des rois babyloniens:
83 Ce roi du Mitanni a régné approximativement de -1455 à -1435. 84 Freu propose cette datation pour être en accord avec la chronologie dite "moyenne", qui fixe la chute de Babylone en -1595. 85 R.L. GORNY – Çadir Höyük in: 2006-2007 Annual Report, The Oriental Institute pp. 18-33. 86 http://cdli.ucla.edu/tools/yearnames/yearnames.htm 87 http://cuneiform.ucla.edu/staff/fitz/dissertation.pdf M.A. FITZGERALD - The Rulers of Larsa in: Dissertation of Yale University (May 2002) Directed by W.W. Hallo p. 4.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 33
Les chronologies suivantes sont liées par des synchronismes (zones hachurées) ainsi que par des phénomènes astronomiques datés (chiffres encadrés en gras):
42 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Le règne d'Hammurabi (1697-1654) peut être confirmé par deux synchronismes: il fut contemporain de Néferhotep Ier (1698-1686) et Abraham quitta Ur en -1963 (avant sa chute en -1912). Le premier synchronisme est cependant approximatif à cause de la grande incertitude concernant de nombreux règnes égyptiens dont certains peuvent être datés par le Carbone 14 (Ougaf est situé vers -1768 et Sébekhotep II vers -1740, mais l'erreur de mesures est de +/- 30 ans)88. Les durées inconnues89 ont été remplacées par une valeur moyenne de 5 ans (= 115/24), calculée à partir des 24 règnes connus sur cette période:
XIIIe dynastie (1778 - 1570?) pharaon (selon Canon de Turin) n durée règne 1 Ougaf Khoutaouyré 1 1 2 ans 3 mois 1778-1776 2 Amenemhat V fils de Sénébef Sékhemkaré 2 2 4? ans 1776-1770 3 (Amény)-Qemaou Amenemhat [5 ans] 1770-1765 4 Sehétepibré [5 ans] 1765-1760 5 Ioufni - 3 1? mois 1760-1760 6 (Amény-Antef)-Amenemhat VI Séankhibré 2 [5 ans] 1760-1755 7 Nebnoun Sémenkaré 4 1? mois 1755-1755 8 Hornedjhéritef [Se]Hétepibré [5 ans] 1755-1750 9 Séouadjkaré [5 ans] 1750-1745 10 Nédjemibré 5 7 mois 1745-1744 11 Sébekhotep Ier Khaankhré 6 1 3+ ans 1744-1740 12 Renséneb - 7 4 mois 1740-1740 13 Hor I Aouibré [5 ans] 1740-1735 14 (Kaÿ)-Amenemhat VII Sédjéfakaré 8 7 7 ans 1735-1728 15 (Amenemhat)-Sébekhotep II Sékhemré-Khoutaouy 9 6+ ans 1728-1721 16 Khendjer Ouserkaré 10 6 4+ ans 1721-1716 17 Sémenkhkaré [5 ans] 1716-1711 18 Antef IV Séhétepkaré [5 ans] 1711-1706 19 Seth [-]ibré 11 3+ ans 1706-1702 20 Sébekhotep III Sékhemré-Séouadjtaouy 12 19 4 ans 2 mois 1702-1698 21 Néferhotep Ier Khasékhemré 13 56 11 ans 4? mois 1698-1686 22 Sahathor - 14 (1) 1+ mois 1686-1686 23 Sébekhotep IV Khanéferré 15 71 8+ ans 1686-1677 24 Sébekhotep V Merhétepré 16 3 4 ans 8 mois 1677-1672 25 Sébekhotep VI Khahétepré 17 6 2 ans 2 mois 1672-1670 26 Ibia Ouahibré 20 7 10 ans 8 mois 1670-1659 27 Aÿ Mernéferré 18 55 23? ans 8 mois 1659-1635 28 Ani Merhétepré 19 1 2 ans 4? mois 1635-1633 29 Séouadjtou Séankhenré 21 - 3 ans 2+ mois 1633-1630 30 Néferhotep II Ined Mersékhemré 22 - 3 ans 1 mois 1630-1627 31 Hori Séouadjkaré 23 - 5 ans 1627-1622 32 Sébekhotep VII Merkaouré 24 1 2 ans 1622-1620 total: 115 ans
Le règne de Sébekhotep IV (1686-1677) est en accord avec la Chronologie israélite synchronisée qui fixe le début des Hyksos, en -1678 , après la mort de Joseph. Les chiffres du Canon de Turin recoupent ceux de la stèle de l'an 400 qui situe le début de la dynastie hyksos autour de -1679 (= -1279 -400), la date de -1279 (an 5 de Ramsès II) marquant le renouveau du culte de Seth. La date de -1679 coïncide avec la durée de 108 ans pour la dynastie Hyksos ou celle d'Hérodote de 106 ans (Enquête II:128), car cela suppose de nouveau un début vers -1679 (= -1533 -40 -106, Séqenenrê Taa étant mort en -1533).
88 C.B. RAMSEY, M.W. DEE, J.M. ROWLAND, T.F. G. HIGHAM, S.A. HARRIS, F. BROCK, A. QUILES, E.M. WILD, E.S. MARCUS, A.J. SHORTLAND - Radiocarbon - Based Chronology for Dynastic Egypt in: Science Vol 328 (10 june 2010) pp. 1554-1557. http://www.sciencemag.org/cgi/data/328/5985/1554/DC1/1 89 Selon le nombre (n) de sceaux trouvés, Néferhotep Ier (56), et Aÿ (55) auraient eu des règnes sensiblement équivalents, ce qui ramènerait les 23 ans de Aÿ à 13 ans (K.S.B. RYHOLT – The Political Situation in Egypt during the Second Intermediate Period c. 1800-1500 B.C. Copenhagen 1997, Ed. Carsten Niebuhr Institute Publications Vol. 20 pp. 37-38,192,336-359).
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 43
Eusèbe (Préparation évangélique IX:27:3-5) cite le livre "Des Juifs" de l'écrivain Artapan expliquant que la région au-dessus de Memphis fut divisée en divers royaumes sous le pharaon [Sébekhotep IV] Chenephres. L'information transmise par Artapan est exacte, car les activités royales durant la XIIIe dynastie sont attestées jusqu'à la fin du règne de Sébekhotep IV (le 21e roi du Canon)90 le plus prestigieux de cette dynastie91, davantage au nord de Thèbes qu'à Thèbes même (la capitale de l'Égypte reste Lisht jusqu'à la fin de la dynastie). À partir de ce pharaon, les titres acquièrent une allure militaire; ils concernent la sécurité et remplacent le caractère de fonction administrative des titres de la fin du Moyen Empire. De même, l'évolution de la sculpture —relief et ronde bosse— permet de suivre une évidente perte d'intérêt pour la qualité. Tous ces changements pourraient s'expliquer par la présence des dynasties asiatiques et plus particulièrement de la dynastie Hyksos.
PERIODE 2243-2020 BCE
La période de 2243-2020 possède très peu de synchronismes (la durée des règnes des dynasties d'Akkad, d'Uruk IV-V et d'Ur III est connue92) et aucun repère astronomique précisément datable. En supposant que les synchronismes entre les rois d'Akkad, d'Uruk et de Lagash soient corrects, il est possible d'évaluer une date des règnes en abaissant la chronologie moyenne93 de 92 ans (= 2004 - 1912). Il est possible d'évaluer la chronologie synchronisée en utilisant le synchronisme94 entre Sargon d'Akkad, I!’ar-Damu d'Ebla, et Pépi Ier dont la durée du règne est connue approximativement95. La chronologie des dynasties IX à XII est calée sur le début de la XIIe en -1975 et s'appuie sur la somme des années de règnes. La durée des dynasties VII et VIII fut brève, car 70 rois ont chacun régné 70 jours (= 13 ans), selon Manéthon, soit une période d'instabilité d'environ 10 ans. Le règne de 94 ans attribué à Pépi II par la tradition est peu crédible, une durée de 58 ans correspond au 33e et dernier recensement96 (effectué en moyenne tous les 1,7 an). Les règnes sont tous supposés consécutifs (sans être en parallèle avec d'autres règnes) et sans corégence, ce qui constitue la chronologie maximale:
ROI D'ÉGYPTE: durée règne ROI: AKKAD règne durée VIe dynastie Uruk IV, Ur III
90 J.P. ALLEN – The Second Intermediate Period in the Turin King-List in: Orientalia Lovaniensia Analecta 192 (Peeters, 2010) pp. 1-10. 91 C. VANDERSLEYEN - L'Egypte et la vallée du Nil Tome 2 Paris 1995 Éd. Presses Universitaires de France pp. 123,140,159,160. 92 J.-J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes Paris 2004 Éd. Les Belles Lettres pp. 137-141. 93 G. ROUX - La Mésopotamie Paris 1995 Éd. Seuil pp. 552-554. 94 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont p. 264. 95 P. VERNUS, J. YOYOTTE - Dictionnaire des pharaons Paris 1998 Éd. Noésis p. 159. 96 N. GRIMAL - Histoire de l'Égypte ancienne Paris 1988 Éd. Fayard pp. 106,115. 97 Selon la malédiction d'Agadé, l'expansionnisme démesuré de Narâm-Sîn aurait engendré des insurrections dans tout l'empire ce qui aurait finalement causé la perte (progressive) de sa capitale Agadé.
44 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Mentouhotep Ier - Antef Ier Séhertaouy
16 2118 - - 2102 -2101
Antef II Ouahankh 49 2102 - Irgigi/ Imi/ Nanum/ Ilulu
XIIe dynastie -1954 Amenemhat Ier Séhétepibré 29 1975-1946 Amar-Sîn 1954-1945 9 Sésostris Ier Khéparkaré 45 1946 - "u-Sîn 1945-1936 9 -1901 Ibbi-Sîn 1936-1912 24 Amenemhat II Nebkaouré 38 1901-1863 chute d'Ur Sésostris II Khakhéperré 8 ans 1863-1855 Sésostris III Khakaouré 19 ans 1855-1836 lever sothiaque
PERIODE 2800-2243 BCE
La période de 2800-2243 ne possède que quelques synchronismes peu précis et aucun repère astronomique susceptible d'être daté98. De plus, les chiffres des listes royales sont lacunaires et comportent de nombreuses erreurs. Joannès remarque99: Après le Déluge, la civilisation reprit, et Bérose donnait la liste complète (qui ne nous est pas parvenue) des quatre-vingt-six rois ayant régné entre Xisuthros et de la destruction de l'empire d'Akkad par les Gutis, sur une période qui varie selon les sources de 33091 à 34090 années. Le livre II se terminait par le règne de Nabonasaros (Nabû-nasir), dont Bérose dit qu'il aurait volontairement fait détruire les sources antérieures à son règne pour marquer celui-ci comme une origine absolue. Le troisième et dernier livre énumérait les dynasties ayant régné à Babylone depuis les rois néo-assyriens jusqu'à la conquête d'Alexandre, certains passages suivant de très près les Chroniques babyloniennes qui nous sont parvenues. Bérose était donc bien informé et ses informations paraissent fiables. Une ambiguïté du système de dénombrement akkadien pourrait être à l'origine des âges prodigieux qui nous ont été transmis. En effet, l'unité 1 et le nombre 60 s'écrivent de la même manière et sont notés par un "doigt ("U.SI) ou clou vertical", ainsi l'expression "5 doigts" peut se lire 600 (= 5x60) ou 5 selon la lecture du "doigt". Il est vraisemblable que cette lecture, 60 au lieu de 1, a multiplié artificiellement les nombres apparaissant dans l'original sumérien par 60. Cette multiplication s'effectue jusqu'à Gilgamesh, le dernier roi d'essence divine. En tenant compte de ce facteur multiplicatif, la période entre le début de la dynastie de Kish et Sargon d'Akkad (2243-2187) est de 540 ans. En effet, les listes royales sumériennes donne un total approximatif de 32400 ans (à cause de nombreuses variantes), soit en fait de 540 ans (= 32400/60), ce qui date le début de la dynastie de Kish vers 2780 (= 2240 + 540), soit autour de -2800. Un synchronisme supplémentaire appuie cette chronologie: durant la 1ère dynastie de Kish un événement remarquable a été noté lorsque "les dieux dessinèrent la ville100":
98 Sauf l'alignement des pyramides de la IVe dynastie (2530-2411) qui sert à confirmer astronomiquement la chronologie égyptienne. 99 F. JOANNES – Bérose in: Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne (Robert Laffont 2001) p. 124. 100 R. LABAT – Les religions du Proche-Orient asiatique Paris 1970 Éd. Fayard Denoël pp. 294-305.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 45
Etana le pasteur, celui qui monta au ciel, qui mit en ordre tous les pays, fut roi; il régna 1500 ans. De même, aux jours de Peleg la terre se réorganisa après l'échec de la Tour de Babel (un édifice qui devait atteindre le ciel): A Éber naquirent deux fils: le premier s'appelait Péleg [division], car ce fut en son temps que la terre fut divisée (Genèse 10:25; 11:1-9). Cet événement remarquable est daté en -2639. En utilisant les durées de la Septante, qui sont plus plausibles que celles du texte massorétique101 pour cette période avant Abraham, et celles d'une liste royale sumérienne (manuscrit G)102, on obtient (* = valeur corrigée): LXX né en: ROI SUMERIEN règne /60 (Déluge) 0 -3170 (Ziusudra/ Noé) -3200? Arpakshad 2 -3168 Kainan 135 -3033 Shélah 130 -2903 (Noé fin) (350) -2820 Kish I -2800 Gu[-]ur 1200 20 2800-2780 Éber 130 -2773 Kullassina-bel 960 16 2780-2764 Nan-gi!-li!ma 1200? 20 2764-2744 En-dara-ana 420 7 2744-2737 Babum 300 5 2737-2732 Pu’annum 840? 14 2732-2718 Kalibum 960 16 2718-2702 Kalumum 840 14 2702-2688 Zaqaqip 900 15 2688-2674 Atab 600 10 2674-2664 Ma!da 840 14 2664-2650 Arwi’um 720 12 2650-2638 Péleg 134 -2639 Etena 1500 25 2638-2613 Bali$ 400 7* 2613-2606 Enmé-nuna 660 11 2606-2595 Mélam-Ki! 900 15 2595-2580 Barsal-nuna 1200 20 2580-2560 Samug 140 10* 2560-2550
101 Pour défendre sa chronologie hébraïque Flavius Josèphe a utilisé sensiblement les mêmes chiffres que la Septante et non ceux du texte massorétique (si ces chiffres servant à son argumentation étaient erronés, ses compatriotes qui ne l'appréciaient guère, à cause de sa traîtrise, n'auraient pas manqué de le lui reprocher. Même remarque pour les Chrétiens de cette époque). Selon les deux textes (massorétique et Septante), Noé aurait vécu 350 ans après le Déluge (Genèse 9:28). 102 J.-J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes Paris 2004 Éd. Les Belles Lettres pp. 137-140.
46 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Cette reconstitution (reposant sur un seul manuscrit) suppose une durée moyenne similaire pour les règnes de Kish I (15 ans), d'Uruk I (16 ans) et d'Assyrie (14 ans). Avec une durée moyenne de 14 ans pour les 9 règnes de la dynastie de Lagash la fin est fixée en 2200 (= 2340 – 9x14). Les synchronismes, obtenus par prosopographie, entre les dynasties de Lagash, de Mari et d'Ebla103 sont surlignés (les années de règne estimées étant mises entre parenthèses)104. Puisqu'il y a 15 intervalles entre le premier roi de Lagash (Ur-Nan!e) et le dernier (Ikun-I!ar), chaque intervalle a une durée de 6 ans (= [2320 – 2234]/15), sauf les 2 derniers, le roi d'Ebla, I!’ar-Damu, ayant régné 35 ans et ses vizirs Ibrium, 15 ans, et Ibbi-Zikir, 17 ans. La fin d'Uruk I a chevauché le début de Lagash I d'environ 80 ans, le roi Lugal-kigine-dudu ayant été un contemporain d'En-metena. La fin de Kish I a chevauché le début d'Uruk I d'environ 40 ans, le roi Agga ayant été vaincu par Gilgamesh105.
Selon cette reconstitution, les synchronismes entre I!’ar-Damu (2235-2200), un roi de Mari, Ibrium (2237-2220), un vizir d'Ebla, Tudiya (2240?-2220?), un roi d'Assyrie et Sargon Ier (2243-2187), un roi d'Akkad, sont respectés. Cette chronologie peut être améliorée grâce aux synchronismes suivants entre les rois de Mari, d'Ebla et d'Akkad106: ! L'an 1 d'Irkab-damu, roi d'Ebla, correspond à l'an 1 de Nizi, roi de Mari. ! L'an 7 d'Irkab-damu, roi d'Ebla, correspond à l'an 1 d'I!’ar-Damu, roi d'Ebla. ! Hida’ar, roi de Mari, fut vaincu par Ibbi-Zikir en l'an 32 d'I!’ar-Damu, roi d'Ebla. ! La destruction d'Ebla par Sargon est datée de l'an 35 d'I!’ar-Damu, roi de Mari. ! La destruction de Mari en l'an ? de Sargon107 est datée de l'an 9 d'I!qi-Mari, roi de Mari. ! L'an 1 de Puzur-E!tar, roi de Mari, correspond à l'an 44 de "ulgi, roi d'Ur. ! Le règne d'Ur-Nammu, roi d'Ur, est inclus dans celui d'Apil-Kîn, roi de Mari.
103 A. ARCHI – Chronologie relative des archives d'Ébla in: Amurru 1 (1996) pp. 11-28. 104 F. JOANNES – Chronologie in: Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne (Robert Laffont 2001) pp. XVI, XVII D.R. FRAYNE – Presargonic Period (2700-2350 BC) Toronto 2008 Ed. University Press pp. 13-14,39,42-43,121,125,193,237-241,248,295-297,335-337,359,410 105 E. SOLLBERGER, J.-R. KUPPER – Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes in: Littératures Anciennes du Proche-Orient n°3 (1971, Cerf) pp. 8, 70-71, 84, 282--291. 106 D. CHARPIN – Mari au IIIe millénaire d'après les sources écrites in: Supplément au dictionnaire de la Bible. Fascicule 77-78 (2008) pp. 222-233. 107 C.H. GORDON, G.A. RENDSBURG – Eblaitica: Essays on the Ebla Archives and Eblaite Language Indiana 2002 Ed. Eisenbrauns pp. 62-72.
Les dates précédentes permettent de fixer approximativement les chronologies ayant des synchronismes non datés comme celle des rois d'Élam ou d'Ugarit. La chronologie élamite108 ne possédant aucune année de règne, ni de durée, et aucun phénomène astronomique daté, elle ne peut être reconstituée qu'à partir des synchronismes avec la chronologie mésopotamienne synchronisée. De plus, deux périodes élamites sont sans témoignage, celle allant de -1100 à -770 (fin des "utrukides et début des
108 F. VALLAT, H.GASCHE - Suse in: Supplément au dictionnaire de la Bible. Fascicule 73 (2002) pp. 374-391.
48 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Humbanides) et celle allant de -2000 à -1950 (fin de la dynastie Awan II et début de la dynastie de Sima!ki). Enfin, certaines périodes comportent des dynasties parallèles. Concernant la durée moyenne des règnes élamites sur la période 1700-1500, elle concorde exactement avec celle calculée à partir de la chronologie mésopotamienne synchronisée109, car il est possible d'estimer ces règnes grâce aux synchronismes suivants110: ! Puzur-In!u!inak contemporain d'Ur-nammu (2020-2002), roi d'Ur III. ! Tazitta Ier contemporain d'Amar-Sin (1954-1945), roi d'Ur III. ! Ebarat Ier contemporain de "u-Sin (1945-1936), roi d'Ur III. ! Siruk-tuh contemporain du roi assyrien "am!î-Adad Ier (1712-1680). ! Siwe-palar-huppak contemporain du roi mariote Zimrî-Lîm (1680-1667). ! Kudu-zulu! Ier contemporain du roi babylonien Hammurabi (1697-1654). ! Kuk-Na!ur II contemporain avec l'an 1 du roi babylonien Ammi!aduqa (1551-1530). ! Le règne de Tepti-ahar (1425-1405) peut être estimé approximativement grâce au règne
de Kada!man-Harbe Ier (1423-1403), car ce dernier précède celui de Kara-inda! (1407-1391), un contemporain du roi assyrien A!!ur-bêl-ni!e!u (1411-1403).
! Hutelutu!-In!u!inak contemporain du roi babylonien Nabuchodonosor Ier (1126-1104). La durée moyenne des 16 règnes élamites sur la période datée grâce aux synchronismes cassites111, soit de Tepti-ahar (1425-1405) à Hutelutu!-In!u!inak (1125-1105), est de 20 ans (= [1425 – 1105]/16). En utilisant cette durée, le règne calculé de Kuk-Na!ur II (1565-1545) coïncide effectivement avec celui d'Ammi!aduqa (1551-1530).
109 F. VALLAT – L'Elam du IIe millénaire et la chronologie courte in: Akkadica 119-120 (2000) pp. 7-17. 110 F. VALLAT – L'hommage de l'élamite Untash-Napirisha au Cassite Burnaburiash in: Akkadica 114-115 (1999) pp. 109-117. F. VALLAT – La chronologie méso-élamite et la lettre de Berlin in: Akkadica 127 (2006) pp. 123-135. 111 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 272-276.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 49
Napiri!a-unta! 1275-1245 Enlil-nâdin-!umi 1225-1224 Kidin-Hutran III 1245 -
Les synchronismes (surlignés) avec les rois babyloniens, cassites, assyriens et mariotes permettent de fixer la chronologie élamite jusqu'au règne de Siruk-tuh (1715-1690) et ceux avec les rois d'Akkad et d'Ur, jusqu'au règne de Luhhi-i!!an (2215-2190):
HUMBANIDES -770 Humban-tahra Ier 770-756 Humban-imena II 756-743 Humban-nika! Ier 743-717 "utruk-Nahhunte II 717-699 Hallu!u 699-693 Kutur-Nahhunte III 693-692 Humban-imena III 692-689 Humban-halta! Ier 689-681 Humban-halta! II 681-675 Urtak 675-664 Te-umman 664-653 Humban-nika! II 653-652 Tammaritu I 652-649 Indaabiga!/bi 649-648 Tammaritu II 648-647 Humban-halta! III 647-646 "utur-Nahhunte 646-625 Halluta!-In!u!inak 625-605 Atta-hamiti-In!u!inak 605-585 ROIS DE SUSE Ummanunu 585-570 "ilhak-In!u!inak II 570-555 Tepi-Humban-In!u!inak 555-539
La datation des règnes sur la période 2020-1935 dépend uniquement des listes royales qui donnent de nombreux chiffres divergents112 (la dynastie des 21 rois de Gutium a duré de 92 à 125 ans, suivant les listes), de plus, elles ne citent que les principales dynasties. Lorsqu'un roi est vaincu ses successeurs ne sont généralement plus mentionnés (sauf parfois comme gouverneur ou roi vassal). Selon la liste royale sumérienne, Tiriga fut le dernier roi de Gutium (et aurait régné 40 jours!) et Utu-$égal113, un roi d'Uruk (ayant régné
112 D. FRAYNE – Ur III period (2112-2004 BC) Toronto 1997 Ed. University of Toronto Press pp. 5-20 J.-J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes Paris 2004 Éd. Les Belles Lettres pp. 139-141, 259. 113 J.J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes n°22 Paris 1993 Éd. Belles Lettres pp. 113-117.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 51
420 ans et 6 jours!), contemporain d'Ur-nammu, expulsa les Gutis d'Akkad, ce qui fixe approximativement vers -2020 la fin de cette dynastie (qui a continué à régner après cette expulsion). Les rois des villes sumériennes de Lagash, Girsu, Umma, Nippur, Uruk, etc., sont mal connus114 après -2020, car la période 2020-1935 est caractérisée par des guerres épisodiques115 entre les cités-États et par de fréquents changements d'alliances. Le roi d'Ur "ulgi (2002-1954), par exemple, dirigeât des campagnes répétées contre des principautés du Zagros (pays de Gutium). Ainsi la ville d'Arbèles fut saccagée en l'an 43 de "ulgi (en -1960) et en l'an 2 d'Amar-Sîn (en -1952). "ulgi noua des alliances avec plusieurs rois, puisqu'il prit pour épouse une des filles d'un "akkanakku de Mari, d'un ENSI de E!nunna, et au moins 6 filles de "ulgi se marièrent à des princes du plateau iranien (pays d'Elam)116.
114 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 349-351,453-456,870-872, 890-893. 115 D. CHARPIN, J.-M. DURAND – La suzeraineté de l'empereur (sukkalmah) d'Elam sur la mésopotamie et le nationalisme amorite in: Mésopotamie et Elam. R.A.I. 36 Ed. University of Ghent (1991) pp. 59-66. 116 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 68,69,822-824.
52 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Les dynasties d'Uruk V et de Lagash II semblent s'achever avec la fin du règne de "ulgi (2002-1954), même si le règne de ces derniers rois est inconnu. Certains titres et règnes de cette époque, comme ceux d'Irgu et d'Ir-Nanna117, sont très confus.
De même le début de la dynastie de Larsa originellement dans l'orbite de Lagash118 semble débuter après la fin de cette dynastie, elle-même vassale des rois d'Ur. Toutefois, les rois mentionnés durant cette période troublée sont rares et énigmatiques119. Une vingtaine de tablettes économiques, datées de l'an 47 de "ulgi (1955/1954), mentionnent un incident et une prise de butin par les élamites120, ce qui est la confirmation indirecte d'une guerre (ou d'une razzia), mais la chronologie des campagnes élamites est complexe à établir121. Les synchronismes entre les rois de d'Uruk, de Larsa et d'Élam122 sont les suivants:
117 F. HUBER – La correspondance Royale d'Ur, un corpus apocryphe in: Zeitschrift für Assyrologie und vorderasiatische Archäologie 91:2 (2001) pp 169-206. 118 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 469-471,890-893. 119 Les rois Naplânum et Iemsium, par exemple, n'ont laissé aucune trace de leur existence, à part leurs noms dans une liste. 120 F. VALLAT, H.GASCHE - Suse in: Supplément au dictionnaire de la Bible. Fascicule 73 (2002) pp. 417, 433. 121 J.-J. GLASSNER -Chronologie élamite et chroniques mésopotamiennes in: Nouvelles Assyriologiques Brèves et Utilitaires (1993) n°38 p. 29. - La fin d'Akkadê : approche chronologique in: Nouvelles Assyriologiques Brèves et Utilitaires (1994) n°9 pp. 8-9. 122 L'Élam apparaît pour la première fois dans les textes babyloniens à l'occasion d'une expédition militaire conduite par En-Mebaragesi (2518-2503?), un roi de Kish.
Comme pour la chronologie élamite, sans année de règne ni de durée, la celle des rois d'Ugarit ne peut donc être reconstituée qu'à partir des synchronismes suivants123: ! Zimrî-Lîm (1680-1667), un roi de Mari, a rencontré un roi d'Ugarit, vraisemblablement
Lîm-il-Malik à cause de son affiliation au dieu Lîm. ! Niqmepa (1470-1450), un roi d'Alala# fils d'Idrimi, a écrit à Ibirânu [IV]. ! Un scarabée votif commémorant le mariage d'Amenhotep III et de la reine Tiyi, daté de
l'an 2 du pharaon (en -1382), a été retrouvé dans les ruines du palais d'Ugarit (brûlé peu après le règne de ce pharaon, selon la lettre d'El-Amarna EA 151, soit vers -1345). Cet objet coïncide avec une donation de Niqmepa V.
! Une tablette en ougaritique (KTU 1.78), exhumée dans les ruines de ce palais, décrit une éclipse de soleil au mois d'Iyyar (mai). Or, la seule éclipse totale de soleil au nord de la Syrie sur la période 1400-1345 est celle du 3 mai -1375, soit durant le règne de Niqmepa V (1380-1360).
! Il y a 14 rois entre Lîm-il-Malik (1680) et Ibirânu IV (1470) soit un règne moyen d'une durée de 15 ans (= [1680 – 1470]/14) en accord les autres règnes de cette époque.
123 J. FREU – Histoire politique du royaume d'Ugarit Paris 2006 Éd. L'Harmattan pp. 17-32, 259-260.
54 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
Ammuna 1495-1485 10 -1485 -1485 $uzziya II 1485 0 Niqmepa IV 1485 - [15] "utarna Ier 1485 - 5 Télipinu 1485-1480 5 -1480 Alluwamna 1480-1475 5 Barattarna Ier 1480 - 25 $antili II 1475-1470 5 Ta#urwaili Ier 1470 0 -1470 Zidanza (II) 1470-1465 5 Ibirânu IV 1470 - [20] $uzziya II 1465-1460 5 Muwatalli Ier 1460-1455 5 -1450 -1455 Tut#aliya Ier 1455-1435 20 Niqmaddu Ier 1450-1430 [20] "au!tatar Ier 1455-1435 20 $attu!ili II 1435-1425 10 Yaqaru 1430-1415 [15] Par!atatar 1435-1425 10 Tut#aliya II 1425-1395 30 Ibirânu V 1415-1395 [20] "au!tatar II 1425-1395 30 Arnuwanda Ier 1395 - 25 Niqmaddu II 1395-1380 [15] Barattarna II 1395-1390 5 -1370 Niqmepa V 1380 - [20] Artatama Ier 1390-1373 17 Tut#aliya III 1370-1355 15 -1360 "utarna II 1373-1355 18 "uppiluliuma Ier 1353 - 31 Ammi!tamru II 1360 - 15 Arta!umara 1355-1353 2 -1345 Tu!ratta 1353-1339 14 Niqmaddu III 1345 - 30 Artatama II 1339-1325 14 -1322 "utarna III 1339-1325 14 Arnuwanda II 1322 0 -1315 "attiwaza 1325 - 25 Mur!ili II 1322-1295 27 Ar#albu 1315-1310 5 -1300 Muwatalli II 1295 - 20 Niqmepa VI 1310 - 50 "attuara Ier 1300-1285 15 -1275 Wa!a!atta 1285-1275 10 Urhi-Teshub 1275-1268 7 -1260 "attuara II 1275-1265 10 $attu!ili III 1268-1241 27 Ammi!tamru III 1260-1230 30 Tut#aliya IV 1241 - 32 Ibirânu VI 1230-1220 10 Roi de Chypre -1209 Niqmaddu IV 1220-1210 10 Ku!me!u!a 1220 - Arnuwanda III 1209-1207 2 Ammurapi II 1210 - 25 -1200 "uppiluliyama II 1207-1185 22 -1185 [Cinyras?] 1200-1185
La chronologie synchronisée des rois d'Ugarit reste fragile. La datation du règne d'Idrimi124, contemporain de Pilliya, découle de plusieurs synchronismes en cascade125, mais débute après la chute d'Alep (causée par Mur!ili Ier) en -1500.
KIZZUWATNA règne ALALAH règne UGARIT règne E#eya 1515-1500 Ilimilima (roi d'Alep) 1510-1500 Niqmepa III 1515-1500 Pilliya 1500 - Idrimi /Addu-nirari 1500 - Ibirânu III 1500-1485 -1475 -1470 Niqmepa IV 1485-1470 "una!!ura Ier 1475-1450 Niqmepa 1470-1450 Ibirânu IV 1470-1450 Talzu 1450 - Ilimilimma 1450 - Niqmaddu Ier 1450-1430 -1425 -1425 Yaqaru 1430-1415 "una!!ura II 1425-1400 Ibirânu V 1415-1395 Niqmaddu II 1395-1380 (éclipse du 3 mai -1375) Niqmepa V 1380-1360
L'inscription de la tablette (KTU 1.78) trouvée dans les ruines du palais d'Ugarit, décrit vraisemblablement une éclipse de soleil: A été honteux [le] jour de la nouvelle lune [du] mois [de] Hiyar, descente [du] Soleil en journée avec Mars en conjonction/ Deux foies seront examinés: danger (btt ym %dt $yr ‘rbt "p" t&r-h r"p / kbdm tbkrn skn). Si la date de l'éclipse (3 mai -1375) ne semble pas poser problème126, le fait qu'aucun nom de roi n'apparaisse sur la tablette empêche de valider ce synchronisme de manière certaine. Niqmepa V est toutefois le roi d'Ugarit juste avant Ammi!tamru II (1360-1340) dont le palais a brûlé (vers -1345).
124 Le séjour d'Idrimi chez les Hâbiru de Canaan, qui a duré 7 ans, s'est déroulé avant le règne de Barattarna Ier (1480-1455) et plusieurs années après la chute d'Alep (en -1500), soit environ vers 1487-1480 (Canaan ayant été pacifié par les Hébreux de -1493 à -1488). 125 J. FREU – Histoire du Mitanni Paris 2003 Éd. L'Harmattan pp. 40,63. 126 C.B.F. WALKER – Eclipse seen at ancient Ugarit in: Nature 338 (1989) pp. 204-205, 239.
Chronologie des corégences La chronologie des règnes assyriens et babyloniens établis à partir des listes royales donne l'impression d'une succession ininterrompue de monarques, ayant tous exercés un pouvoir sans partage, car ces listes ne mentionnent jamais les usurpateurs et les corégences entre le père et son fils. Cette illusion est facile à dissiper pour les raisons suivantes: 1) les historiens grecs mentionnent le règne de certains usurpateurs et aussi l'existence de quelques corégences; 2) quelques contrats commerciaux sont datés au nom d'un roi qui fut ensuite considéré comme un usurpateur; 3) les chroniques assyriennes et babyloniennes relatent parfois le rôle d'un prince héritier, présenté comme un corégent. Beaucoup d'historiens considèrent que les monarques du passé ayant un pouvoir absolu, la chronologie de leurs règnes ne fut pas perturbée par la présence des usurpateurs ou des corégences. La Chronologie achéménide synchronisée montre que cette croyance repose sur une fiction bien orchestrée. En effet, si le bref règne de la plupart des usurpateurs (Bardiya, Nabuchodonosor III, Nabuchodonosor IV, Bel-shimanni, Shamash-eriba, Xerxès II) peut être ignoré à l'instar des brèves corégences (Cyrus II/ Cambyse II, Artaxerxès II/ Artaxerxès III) sans perturber la chronologie, il n'en est pas de même avec les 10 ans de corégence entre Darius Ier et son fils Xerxès Ier ou les 8 ans de corégences entre Artaxerxès Ier et son fils Darius B. Ces corégences modifient notablement la chronologie de ces deux derniers règnes, ce qui a des conséquences sur l'interprétation des données historiques (par exemple, Thémistocle, lors de son voyage en Perse en -474, rencontra Artaxerxès Ier, comme l'écrit Thucydide1, et non Xerxès Ier). La présence des corégences, loin d'être l'exception, était plutôt la règle pour la raison pratique suivante: le devoir du roi étant de conduire la guerre, il devait soit nommer un suppléant pour gouverner le royaume en son absence, soit nommer un général pour être à la tête de ses armées. Ces deux personnages (qui pouvaient aussi se confondre), dont la puissance rivalisait avec à la sienne, représentaient pour lui un risque réel d'être renversé et par conséquent d'être assassiné. Pour réduire cette éventualité, le roi ne nommait à ces postes importants que des hommes de confiance, mais la meilleure garantie pour dissuader un éventuel rival était de désigner un prince héritier parmi ses fils (le risque se limitant au parricide). Hérodote2 relate, par exemple, que Xerxès avait désigné Mardonios comme général en chef, Artaban comme suppléant et son fils aîné Darius comme héritier. Cependant, malgré ces précautions, Xerxès, ainsi que son fils Darius, furent assassinés avec la complicité d'Artaban pour laisser la place à Artaxerxès un autre fils. Cet exemple montre qu'un prince héritier trop faible n'était pas une protection suffisante contre l'assassinat, mais l'exemple de Darius B montre aussi qu'un prince héritier doté de tous les pouvoirs pouvait être tenté par le parricide. Comme les pouvoirs accordés au prince héritier dépendaient du roi, ce dernier devait judicieusement les doser, ce qui explique par conséquent pourquoi chaque corégence avait ses propres règles (jamais écrites).
COREGENCES SUR LA PERIODE 609-539 BCE
Sur la période de domination babylonienne (de 609 à 539), deux corégences se déduisent des chroniques. Nabopolassar a dû établir Nabuchodonosor II, son fils aîné, comme prince héritier peu après la bataille d'Harrân3 (octobre 609) et les inscriptions de Nabonide indiquent que dans sa 3e année de règne (en -553) il confia la royauté à son fils
1 La guerre du Péloponnèse I:137. 2 Enquête VII:52; VIII:54; IX:82; IX:108. 3 F. JOANNES - La Mésopotamie au 1er millénaire avant J.C. 2000 Paris Ed. Armand Colin pp. 87,88.
56 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
aîné, Bel!aru"ur4, et prit sa retraite à Teima. Selon ces indications, le roi effectif de Babylone en -539 était donc Bel!aru"ur (dans sa "14e année de règne") et non Nabonide (dans sa 17e année de règne). Ces corégences sont difficiles à mettre en évidence, car les documents datés ne mentionnent que les années de règne du roi et non celles de son corégent.
Les exemples babyloniens de corégences permettent de supposer que le prince héritier était perçu comme un véritable corégent lorsqu'il était placé à la tête de l'armée et qu'il possédait son propre palais. Dans ces conditions, le corégent était représenté à l'identique du "grand" roi, à l'exception de sa tiare. Le royaume babylonien n'ayant qu'une seule capitale, les documents et les contrats n'ont pas été datés du règne du corégent, même si celui-ci avait la fonction de roi (comme Bel-!ar-u"ur).
COREGENCES SUR LA PERIODE 745-609
Les règnes assyriens sont difficiles à fixer car à la différence des règnes babyloniens ils se réfèrent rarement à des années de règnes mais au nombre de campagnes. De plus, l'équivalence "une campagne par an" n'est pas toujours respectée notamment lors de l'accession. Comme certains rois ont parfois inclu dans leurs annales des actions de leurs prédécesseurs ou de leur corégence, l'équivalence entre le nombre d'années des règnes assyriens et les éponymes5 ou le nombre de campagnes est parfois contradictoire, ce qui rend la trame chronologique de certains événements impossible à reconstituer exactement6.
5 A. MILLARD – The Eponym Lists in English in: State Archives of Assyria Studies volume II (1994) pp. 70-71. 6 M. FORD – The Contradictory Records of Sargon II of Assyria and the Meaning of Palû in: Journal of Cuneiform Studies XXII (1969) pp.83,84. A. FUCHS, S. PARPOLA – The Correspondence of Sargon I, Part III in: State Archives of Assyria XV (2001) pp. XIV, XXII, XXXVI, LI notes 5,41, H. TADMOR – The Campaigns of Sargon II of Assur: a Chronological-Historical Study in: Journal of Cuneiform Studies 12:1 (1958) pp. 22-40. A.K. GRAYSON – The Chronology of the Reign of Ashurbanipal in: Zeitschrift für Assyriologie und Vorderasiatische Archäologie pp. 227-245. A. LAATO – Assyrian Propaganda and the Falsification of History in the Royal Inscriptions of Sennacherib in: Vetus Testamentum 45 (1995) pp. 198-226. L.D. LEVINE – Sennacherib's Southern Front: 704-689 B.C. in: Journal of Cuneiform Studies 34 (1982) pp. 28-58.
58 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
La corégence était en fait la règle pour l'ensemble des rois assyriens, puisque parmi les 8 règnes allant de Tiglath-phalazar III à Sin-!ar-i!kun seul Sargon II n'a exercé aucune corégence avec son prédécesseur7 (contrairement à ce qu'indique son nom, Sargon "roi légitime" devait être un usurpateur et cela expliquerait qu'il n'ait pas régné avec son père):
ROI ASSYRIEN dates du règne durée COREGENT dates du corègne durée Tiglath-phalazar III 745-727 18 Salmanazar V 740?-727 13? Salmanazar V 727-722 5 - 0 Sargon II 722-705 17 Sennachérib 715-705 10
La correspondance royale8 confirme la corégence entre Sargon et Sennachérib. L'interprétation de ces courriers est cependant compliquée par l'absence de dates, seules quelques lettres possèdent un éponyme (moins de 1%) et le destinataire est presque toujours anonyme, la formule d'introduction étant généralement: "au roi mon seigneur (a-na "arri be-li-ia)". L'expression: "au prince héritier mon seigneur (a-na mâr "arri be-li-ia)" qui apparaît également, montre que ce personnage était considéré comme un corégent. Nasiru écrit, par exemple, sa demande au prince héritier et mentionne seulement à la fin de sa lettre "devant le roi et le prince héritier". Plusieurs lettres, environ une dizaine, écrites par le prince héritier, Sennachérib, sont adressées au roi Sargon. Elles illustrent que Sennachérib, résidant à Kalhu, dirigeait l'Assyrie et que Sargon, à Kish, dirigeait la Babylonie (cette correspondance ne peut être datée que durant la période de -709 à -707). Cette royauté partagée est une corégence. Sîn-ahhê-erîba avait déjà une solide expérience du pouvoir lorsqu'il devint roi d'Assyrie à la mort de son père Sargon II. Bien qu'il ne fût sans doute pas le fils aîné (son nom signifie “Sîn a donné des frères en remplacement”), il avait exercé la charge de prince héritier et avait résidé dans le bît rêdûti, à la fois «maison de succession» et «palais du gouvernement». Les lettres datables de cette époque montrent qu'il exerçait la régence lorsque père était absent d'Assyrie, recevant notamment les rapports des gouverneurs provinciaux9. Le prince héritier avait un rôle de corégent, mais le roi pouvait aussi utiliser un haut fonctionnaire comme vice-roi "a-qu (les lettres n'explicitent pas les liens entre ce vice-roi et le corégent). La reconstitution chronologique des règnes de Sargon II et Sennachérib diffèrent selon les versions officielles consultées. Ainsi, selon une chronique néo-babylonienne, Sennachérib aurait été roi de Babylone de 704-703, puis la période de 688-681 aurait été sans roi10, alors que, selon le Canon de Ptolémée11, ces deux périodes furent sans roi. Cette contradiction est étonnante, car le règne babylonien de Sargon a, lui, bien été pris en
7 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 851,769,105,84. 8 L. WATERMAN – Royal Correspondence of the Assyrian Empire I-IV Ann Arbor 1930 Ed. University of Michigan Press I pp. 131-135, II pp. 13-15, 157, 377. 9 P. VILLARD – Sennacherib in: Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne (2001) p. 767. 10 J.J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes Paris 1993 Éd. Belles Lettres pp. 180-182. 11 L. DEPUYDT – More Valuable than all Gold: Ptolemy Royal Canon in: Journal of Cuneiform Studies 47 (1995) p. 98.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 59
compte dans le Canon de Ptolémée et, s'agissant de Sennachérib, il existe au moins deux contrats12 datés des années 3 et 4 de son règne babylonien soit durant la période 688-681. Ces désaccords prouvent que les règnes de Sargon et de Sennachérib étaient déjà sujet à interprétations dans le passé (la datation selon les éponymes diffère des années de règne)13. Levine14 a essayé de reconstituer l'ensemble des campagnes de Sennachérib tout en reconnaissant que la période allant de 705-702 était particulièrement embrouillée. En effet, selon une liste royale, les années -704 et -703 sont assignées à Sennachérib, puis Marduk-zakir-!umi II règne 1 mois, Merodachbaladan II règne 9 mois (sans année de règne) et les années -702 à -700 sont assignées à Bêl-ibni. Le deuxième règne de Mérodachbaladan II est situé durant la 1ère campagne (en -703, car la 2e campagne est datée dans l'éponymie de Nabû-lê’i, soit en -702). Selon une chronique babylonienne, cette campagne est attribuée à la 2e année de Sennachérib (en -703). Le canon des éponymes mentionne la capture des villes de Larak et Sarabanu sous l'éponyme de Nabû-dînî-êpu! (en -704). Et, enfin, Sennachérib dans ses différentes inscriptions place sa 1ère campagne "au début de sa royauté". Toutes ces informations sont inconciliables, ainsi Levine essaye de placer les règnes de Marduk-zakir-!umi II et de Merodachbaladan II en -703. Cette solution est cependant contredite par les dates des contrats économiques. En effet, les contrats15 sous Bêl-ibni sont datés du: 26/XI/00, 7/XII/00, 13/XII/00, 26/VI/02, 29/XI/02, 29/I/03, ce qui oblige à placer l'accession (et non l'an 1) de Bêl-ibni en -703 (au moins au 26/XI/00) car il a effectivement régné 3 ans. Cette nouvelle solution est de nouveau contredite par un autre contrat (BM 17310) daté paradoxalement sous Sargon du --/III/19. Il s'agit d'une date posthume renvoyant à l'année -703 (un autre contrat est daté, lui aussi de façon posthume, sous Merodachbaladan II du 11/IX/22). Les 3 premières campagnes mentionnées au début du règne de Sennachérib, dont le récit a été gravé dans le palais de Khorsabad durant les éponymes des années -703 à -701, sont assimilées aux 3 premières années de son règne mais cette supposition entraîne de sérieuses difficultés. L'équivalence entre le nombre d'années de règne et le nombre de campagnes est contradictoire16 et la trame chronologique de certains événements est impossible à reconstituer. De plus, plusieurs événements se reproduisent à l'identique. Ainsi, Sargon dans 12e année de règne chasse le roi babylonien Merodachbaladan II et rase sa ville fortifiée Dûr-Yakin, ce que fit également Sennachérib à la fin de sa 3e campagne. On constate que les informations données dans les lettres sont diamétralement opposées à ce qu'on lit dans les inscriptions royales, de plus, le laps de temps nécessaire à la réalisation de tous ces événements est impossible à respecter (notamment la durée entre la 1ère et la 2e campagne)17. La prosopographie des scribes, des gouverneurs, etc., permet souvent de dissocier deux événements apparemment identiques, mais ce n'est pas le cas ici car on retrouve les mêmes personnages à la fin du règne de Sargon et au début de celui de Sennachérib18. La reconstitution chronologique précise du règne de Sargon est impossible, car l'équation "campagne = année" est mise en défaut, une campagne ayant pu durer
12 J.A. BRINKMAN, D.A. KENNEDY -Documentary Evidence for Early Neo-Babylonian Society in: Journal of Cuneiform Studies 35 (1983) p. 14. 13 A. MILLARD – The Eponym Lists in English in: State Archives of Assyria Studies volume II (1994) pp. 70-71. 14 L.D. LEVINE – Sennacherib's Southern Front: 704-689 B.C. in: Journal of Cuneiform Studies 34 (1982) pp. 28-58. 15 J. EVERLING - Répartition chronologique et géographique des sources babyloniennes (catalogue des contrats non édité) in: Nouvelles Assyriologiques Brèves et Utilitaires (2000) pp. 42-45. 16 M. FORD – The Contradictory Records of Sargon II of Assyria and the Meaning of Palû in: Journal of Cuneiform Studies XXII (1969) pp.83,84. 17 A. FUCHS, S. PARPOLA – The Correspondence of Sargon I, Part III in: State Archives of Assyria XV (2001) pp. XIV, XXII, XXXVI, LI notes 5,41. 18 M. DIETRICH – The Babylonian Correspondence of Sargon and Sennacherib in: State Archives of Assyria XVII (2003) pp. XVI-XXI.
60 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
plusieurs années et une année ayant pu être sans campagne. Tadmor19 note, par exemple, que la datation de ces campagnes dans les annales de Khorsabad est inconsistante avec celle provenant des prismes fragmentaires de Ninive. Les annales de Sennachérib datent la campagne contre Merodach-Baladan dans l'année d'accession de Sennachérib (en -705) alors que la 1ère campagne de Sennachérib est datée de l'éponymie de Nabu-le’u (en -702). Tadmor en conclut que les historiographes de Sargon ont dû relater ses campagnes en Palestine et en Égypte plutôt en termes géographiques que de façon chronologique. Le règne d'Assurbanipal pose les mêmes problèmes de chronologie20 (l'arrangement des campagnes est plus géographique que chronologique et diffère des années de règne). En comparant les annales de Sargon21 avec celles de Sennachérib22 on constate une similitude entre les campagnes de Sargon (de la 8e à la 12e) et les celles de Sennachérib (de la 1ère à la 3e). Selon ses annales, Sargon, durant sa 12e année de règne, détrôna Merodachbaladan (Marduk-apal-iddina), le roi de Babylone et vainquit son allié élamite le roi Shutur-Nahundi. Puis il détruisit Dûr-Yakîn, la capitale de Merodachbaladan, dans sa 13e année de règne et neutralisa Ispâbara, le roi d'Ellipi, qui avait soutenu Shutur-Nahundi, et prit Marubishtu sa capitale. De même, Sennachérib, lors de sa première campagne, détrôna aussi Merodachbaladan qui, selon ses annales, avait acheté le soutien de l'élamite Shutur-Nahundu grâce à de l'or, de l'argent et des pierres précieuses. Puis lors de sa 2e campagne, il s'approcha du pays d'Ellipi ce qui provoqua la fuite d'Ispabâra leur roi et, tel un ouragan, il détruisit et brûla 34 cités y compris Marubishti et Akkudu, les deux résidences royales d'Ellipi. L'absence de corégence entre Sargon et Sennachérib cause un bouleversement dans la chronologie égyptienne de cette période puisque celle-ci est reconstituée à partir des données assyriennes. En effet, selon une stèle, datée de l'an 16 de Sargon23, le pharaon Chabataka lui livra Yamani, le roi d'Ashdod qui s'était enfui après la prise de sa ville (en -712), ce qui a conduit certains égyptologues à postuler une corégence invraisemblable entre Chabaka et Chabataka. La datation du règne de Sennachérib grâce au nombre de ses campagnes est donc contradictoire. En fait la prise de Lakish par Sennachérib, lors de sa 3e campagne en Judée, eut lieu la même année que la prise d'Ahsdod par Sargon II, lors de sa 10e campagne en -712. Dans ses annales, Sennachérib décrit une victoire sur les Égyptiens dans la plaine d'Elteqé (Josué 21:23), en précisant que le "déloyal roi Ézéchias" avait vainement cherché de l'aide auprès des rois d'Égypte et du roi d'Éthiopie, il précise: Au cours de ma [troisième] campagne j'assiégeai et je conquis les villes de Bit-Daganna, de Jaffa (Yappû), de Banayabarqa et d'Azuru, villes de Tsidqâ qui ne s'étaient pas promptement soumises à mes pieds, et j'y fis des prisonniers. Les gouverneurs, les nobles et les gens d'Éqrôn (Amqarruna) qui avaient mis aux fers leur roi Padî qui était lié à l'Assyrie par agrément et par serment et l'avaient livré par inimitié à Ézéchias (Hazaqiya’u) du pays de Juda (Ya’udu), leur cœur prit peur à cause de la vilenie qu'ils avaient commise; ils firent appel aux rois du pays d'Égypte (Muçur) et aux archers, aux chars et aux chevaux du roi d'Éthiopie (Meluhha), forces sans nombre, et ceux-ci vinrent à leur secours. Ayant établi leur ordre de bataille devant moi dans le plat pays d'Éltéqué (Altaqû), ils fourbirent leurs armes. En me confiant en Assur mon Seigneur je combattis contre eux et je leur infligeai
19 H. TADMOR – The Campaigns of Sargon II of Assur: a Chronological-Historical Study in: Journal of Cuneiform Studies 12:1 (1958) pp. 22-40. 20 A.K. GRAYSON – The Chronology of the Reign of Ashurbanipal in: Zeitschrift für Assyriologie und Vorderasiatische Archäologie pp. 227-245. 21 A.G. LIE – The Inscriptions of Sargon II King of Assyria Paris 1929 Éd. Librairie orientaliste Paul Geuthner pp. 41-75. 22 D. LUCKENBILL – The Annals of Sennacherib Chicago 1924 Ed. The University of Chicago Press pp. 48-69. 23 D. KAHN – The Inscription of Sargon II at Tang-i Var and the Chronology of Dynasty 25 in: Orientalia 70 (2001) pp. 1-18. K.A. KITCHEN – The Third Intermediate Period in Egypt Warminster 2004 Ed. Aris and Phillips pp. 152-161.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 61
une défaite24. Or, selon deux stèles de Kawa25, après la mort de Chabaka, son successeur Chabataka convoqua immédiatement une armée qu'il plaça sous les ordres de son frère Taharqa, un jeune fils de Pi(ankh)y alors âgé de 20 ans, pour repousser l'attaque assyrienne qui menaçait. De plus, Taharqa précise expressément sur ces stèles qu'il fut désigné comme prince héritier par Chabataka en dépit de ses autres frères et de tous les enfants. Si la 3e année de Sennachérib est datée en -702 et correspondant à la 1ère année de Chabataka, qui est ancrée sur cette date, cela entraîne plusieurs contradictions26 avec le texte biblique qui ne mentionne qu'une campagne, alors que les annales assyriennes en décriraient deux. En fait, la 1ère année de Chabataka coïncide avec la 3e campagne de Sennachérib. La publication de l'inscription27 de Sargon II, trouvée à Tang-i Var, a d'ailleurs permis de dater cette campagne en -712 et non en -702. On lit, selon les lignes 16 à 27 de l'inscription: 16) J'ai dispersé l'armée de l'Élamite 'umbaniga" ('umba-nika"). J'ai détruit le pays de K[aral]la (en -717), le
pays de !urda, la cité de Ki["es]im, la cité de 'ar$ar, le [pays mè]des, le pays d'Elli[pi (...)]. 17) J'ai dévasté le pays d'Urar(u (en -714), j'ai pillé la cité de [Mu#a#i]r et le pays Manéen, écrasé les pay[s ...]. 18) J'ai conquis les chefs du pays d'Amattu (Hamath), la cité de Karke[mish la cité de Kummu]$i, le pays de
Kammanu; sur tous les pays [...] j'ai placé des officiels. 19) J'ai pillé la cité d'Ashdod (en -712). Iamani son roi, a craint [mes armes] et ... s'est enfui vers la région du
pays de Melu$$a (Nubie) et a vécu comme un voleur. 20) !apataku’ (Chabataka), roi du pays de Melu$$a (Nubie), a entendu la puiss[ance] des dieux d'A""ur, Nabû
et Marduk qui se sont montrés à tous les pays, ... 21) Il lui (Iamani) mit les chaînes et les menottes ... Il l'amena captif en ma présence. 22) [J'ai dépeuplé] tous les pays de Tabâlu, Kasku, (et) 'ilakku; J'ai enlevé les campements appartenant à Metâ
(Midas), roi du pays de [Mu]sku, et réduit (la taille de) son pays. 23) À la cité de Rapi$u (Raphia) j'ai défait l'avant-garde de l'armée d'Égypte et compté comme butin le roi de la
cité d'Hâzutu (Gaza) qui ne s'était pas soumis à mon joug. 24) J'ai réduit au silence 7 rois du pays de Iâ’, une région du [pays de] Iadnâna (Chypre) — qui est située à une
distance de ... [au mi]lieu de la mer de l'Ouest. 25) De plus, (en -710) j'ai personnellement vaincu Marduk-apla-iddina (Merodachbaladan II), roi du pays de
Chaldée, qui demeurait sur les rivages de la mer (et) qui ex[er]çait la royauté sur Babylone contre la vol[onté des dieux].
26) De plus, tous les pays de Bît-Iakîn ... 27) A$undari, roi de Dilmun, dont la tanière [est situé] à une distance de ... [au milieu] de la mer comme un
poisson, a entendu ma puis[sance royale] et m'a apporté (en -709) [son] cade[au de bienvenu]. Cette inscription, rédigée par ordre chronologique, situe la bataille contre l'Égypte lors de la prise d'Ashdod en -712, ce qui confirme la coïncidence entre la 3e campagne de Sennachérib (durant sa corégence à partir de -714) et la 10e campagne de Sargon. Comme on l'a vu, les deux rois assyriens ont mené une campagne commune, Sargon relatant les prises de villes lors de sa 10e campagne et Sennachérib rapportant les siennes à sa 3e campagne, exploits qu'il ne fera graver qu'après la mort de son père (et non durant sa corégence). Les auteurs ont d'ailleurs noté une anomalie à la ligne 44 de l'inscription qui précise: Ils les ont compté comme butin, alors qu'on s'attendait plus logiquement de la part de Sargon à lire la phrase: Je les ai compté comme butin (avec la corégence l'anomalie disparaît).
24 J. BRIEND M.J SEUX - Textes du Proche-Orient ancien et histoire d'Israël Paris 1977 Éd. Cerf pp. 119,120. 25 M.F. LAMING MACADAM – The Temples of Kawa I. The Inscriptions London 1949 Ed. Oxford University Press pp. 14-32. L. TÖRÖK – The Kingdom of Kush Leiden 1997 Ed. Brill pp. 169-171. 26 W.R. GALLAGHER – Sennacherib's Campaign to Judah Leiden 1999 Ed. Brill pp. 2-14. 27 G. FRAME – The Inscription of Sargon II at Tang-i Var in: Orientalia 68:1 (1999) pp. 31-60.
62 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
La corégence entre Sargon et Sennachérib n'étant pas prise en compte, certains égyptologues28 ont proposé l'explication suivante: l'inscription se terminant par l'installation des dieux dans la nouvelle cité, datée en -707 grâce à l'éponyme de la Chronique de Sargon, l'attaque contre l'Égypte aurait eu lieu juste à la fin des événements mentionnés dans cette inscription, soit en 707/706, et aurait été déplacée de manière anachronique par le scribe. Cette hypothèse permet de remonter le règne de Chabataka de -701 en -706, en supposant aussi une corégence (non attestée) avec Chabaka, son prédécesseur. On le voit, tout cela n'est guère vraisemblable, car l'ordre chronologique de l'inscription est évident, de plus, cette datation est en parfait accord avec les 10 ans de corégence de Sennachérib. Hérodote complète ces informations, car après avoir mentionné les démêlés entre le roi éthiopien d'Anysis (Héracléopolis) et le roi égyptien Sabacôs (Chabaka), il écrit: Après lui régna, dit-on, le prêtre d'Héphaistos, qui s'appelait Séthon (…) Par la suite, quand Sennachérib, roi d'Arabie et d'Assyrie, marcha sur l'Égypte avec une armée nombreuse, les guerriers égyptiens refusèrent tout secours à leur roi. Le prêtre, en cette extrémité, pénétra dans le temple et vint aux pieds de la statue de son dieu gémir sur les malheurs qui le menaçaient (…) Confiant en ce songe et accompagné des Égyptiens qui voulurent bien le suivre, Séthon établit son camp à Péluse, qui est la porte de l'Égypte; aucun des guerriers ne se joignit à lui, mais seulement des commerçants, des artisans et des boutiquiers. Quand les ennemis arrivèrent devant Péluse, des rats des champs envahirent leur camp pendant la nuit et rongèrent leurs carquois, leurs arcs, et même les courroies de leurs boucliers, si bien que le lendemain, dépouillés de leurs armes, ils durent prendre la fuite et périrent en grand nombre (Enquête II:137,141). Le successeur de Chabaka fut Chabataka et Bocchoris n'eut pas de successeur. Ce nom Séthon est sans lien avec ces pharaons mais provient peut-être de la transcription d'un titre égyptien "noble (stny)" ou "séthien", de plus, Séthon est présenté comme un roi prêtre. Cet épisode ne peut se situer qu'en -712 ou avant, période29 pendant laquelle plusieurs pharaons ont effectivement régné en parallèle avec des pontifes thébains. Selon Flavius Josèphe, citant Bérose: Sennachérib, revenu à Jérusalem de son expédition contre l'Égypte, y trouva les troupes commandées par le général Rapsakès (en grand péril du fait de la peste). En effet, Dieu envoya à son armée, une maladie pestilentielle qui fit périr 185000 hommes avec leurs commandants et leurs taxiarques (Antiquités juives X:21). Les rats étant le vecteur de la peste, ce récit est plausible. La version de Sennachérib est évidemment différente, mais un point confirme la version d'Hérodote. La mention "des rois d'Égypte et du roi d'Éthiopie", n'a de sens qu'avant -712, car après cette date il n'y a plus qu'un seul roi d'Égypte, celui de la XXVe dynastie. L'imbroglio chronologique observé dans la reconstitution des événements consignés durant la 3e année de Sennachérib provient d'un amalgame avec ceux mentionnés durant la 10e année de Sargon30. Ces campagnes effectuées durant sa corégence ont été consignées seulement au début de son règne, quand Sennachérib devint l'unique souverain. Elles sont d'ailleurs placées avant trois autres campagnes peu détaillées (certains reliefs de la 1ère campagne évoquent des détails de la 4e campagne!)31. En examinant tous les documents de Sennachérib décrivant sa prise de Lakish, seule la date en -712 s'impose. En effet, lorsqu'il arrive devant Jérusalem, le texte de 2Rois 19:10-17 mentionne: les rois d'Assyrie ont exterminé les nations, sous-entendant Sargon et Sennachérib. De plus, les campagnes militaires de Sennachérib et de Sargon sont mentionnées en parallèle (2Rois 18:13-17; 2Chroniques 32:9; Isaïe 20:1). En effet, après
28 D. KAHN – The Inscription of Sargon II at Tang-i Var and the Chronology of Dynasty 25 in: Orientalia 70:1 (2001) pp. 1-18. 29 K.A. KITCHEN – The Third Intermediate Period in Egypt Warminster 2004 Ed. Aris and Phillips pp. 592,593. 30 A. LAATO – Assyrian Propaganda and the Falsification of History in the Royal Inscriptions of Sennacherib in: Vetus Testamentum 45 (1995) pp. 198-226. 31 J.M. RUSSEL – Sennacherib's Palace without Rival at Nineveh Chicago 1991 Ed. The University of Chicago Press pp. 152-165.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 63
qu'Ézéchias ait payé un tribut de 300 talents d'argent et 30 talents d'or, Sennachérib lui envoya son commandant (tartânu), fonctionnaire en chef (rab-sha-rêsh) et grand échanson (rab-shaqû), pour qu'il accepte sa reddition. Pendant le même temps Sargon envoya son commandant (tartânu) vers Ashdod avant de s'en emparer. Les annales32 de Sargon donnent les précisions suivantes: Je conquis et saccageai les villes de Shinuhtu, Samarie et tout Israël (bît Humria) (…) dans la 2e année de mon règne (…) [dans la 10e année] Je conquis et assiégeai les villes de d'Ashdod (Asdudu), Gath (…) les chefs de Palestine, Juda (Iaûdi), Edom, Moab et ceux qui vivent dans les îles m'apportent le tribut (…) propriété de Sargon (…) conquérant du pays de Juda (Iaûdu), et les annales de Sennachérib: En ma 3e campagne j'allai en Hatti (…) quant à Ézéchias de Juda (Hazaqiya’u Ya’udu) qui ne s'était pas soumis à mon joug, j'assiégeai et conquis 46 de ces villes à remparts lui appartenant (…) je l'enfermai dans Jérusalem (Ursalimmu) sa ville royale comme un oiseau en cage; j'érigeai contre lui des fortification et je lui interdis de sortir par la grande porte de sa ville (…) mon éclat terrible de souverain le renversa et il envoya derrière moi à Ninive (Nina), ma ville seigneuriale, les irréguliers et les soldats d'élite (…) avec 30 talents d'or, 800 talents d'argent. La ville d'Ashdod est donc prise la 10e année de Sargon, ce qui correspond à la 14e année d'Ézéchias (en -712) et le tribut payé par Ézéchias lors de la 3e campagne de Sennachérib est conforme à celui du texte biblique. Ce tribut est aussi perçu par Sargon, car dans une lettre d'un gouverneur à Sargon, on lit: J'ai reçu 45 chevaux de […] Les dignitaires d'Égypte (Muçur), de Gaza (Hazatu), de Juda (Ya’udu), de Moab (Ma’aba), d'Ammon (Ban-Ammana) sont arrivés le 12 à Kalhu, leurs tributs en leurs mains, celui de Gaza avec 24 chevaux à sa main, ceux d'Edom (Udumu). Le parallélisme, entre la campagne de Sargon datée de sa 10e année et la 3e campagne de Sennachérib, s'explique par une corégence entre ces deux souverains qui est particulièrement évidente sur un relief sculpté illustrant la prise de Lakish (ci-dessous):
Relief sculpté: passage en revue du butin de Lakish (détail de la dalle 11, salle XXVI)
32 J.B. PRITCHARD - Ancient Near Eastern Texts Princeton 1969 Ed. Princeton University Press pp. 284-288. J. BRIEND M.J SEUX - Textes du Proche-Orient ancien et histoire d'Israël Paris 1977 Éd. Cerf pp. 116-122.
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Sur ce relief sculpté33 représentant la prise de Lakish, l'élément central est le roi assis sur son trône, identifié par sa tiare et son sceptre, face au prince héritier34. En effet, l'art assyrien ou babylonien est stéréotypé: les dieux, les rois et leurs sujets sont représentés en fonction de leur grandeur. Lorsqu'un personnage à côté d'un roi est représenté de la même taille, avec une tiare, il s'agit d'un autre roi. Par exemple, Salmanazar III (859-824), roi d'Assyrie et Marduk-zakir-!umi Ier (855-819), roi de Babylone, se serrent la main, en signe d'alliance et de soutien réciproque35. Sans le sceptre et la tiare il s'agit d'un corégent comme Darius (522-486) représenté devant son corégent Xerxès (496-475):
Ces représentations ne comportent aucune exception. De plus, sans doute pour éviter une ambiguïté avec un haut fonctionnaire, le corégent est représenté comme une réplique du roi, avec aussi quelques attributs royaux: diadème (base de la tiare), rubans à pompon et bracelets portant des cocardes royales36. On trouve de telles représentations dans le palais de Khorsabad (photo ci-contre), Sennachérib faisant face à Sargon37. On note la très grande ressemblance avec le relief de Lakish: Sennachérib étant à gauche et Sargon à droite. Sur le relief sculpté de Lakish, le corégent faisant face au roi, ne peut être Ardu-Mulissu, ou Adrammélek (Isaïe 37:38), car celui-ci n'a été désigné prince héritier qu'en -698, soit 3 ans après la 3e de campagne de Sennachérib. Le roi assis sur le trône est donc Sargon, face à Sennachérib. Un autre
33 J.M. RUSSEL – Sennacherib's Palace without Rival at Nineveh Chicago 1991 Ed. The University of Chicago Press pp. 3,206. 34 Il ne s'agit donc pas d'Ézéchias (qui, de plus, aurait été représenté prosterné devant le roi, comme Jéhu devant Salmanazar III). 35 J. B. PRITCHARD - The Ancient Near East in Pictures Princeton 1969 Ed. Princeton University Press p. 351. 36 J. READE – Fez, Diadem, Turban, Chaplet: Power-dressing at the Assyrian Court in: Studia Orientalia vol. 106 (2009) pp. 239-264. 37 A. CAUBET – Khorsabad, le palais de Sargon II, roi d'Assyrie in: actes du colloque organisé au musée du Louvre (Paris 1995 La Documentation Française) p. 123, Fig.4,15.
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 65
élément confirme cette identification: l'étiquette au-dessus du corégent précise qu'il s'agit de Sennachérib, ce texte38 indique clairement sa position de corégent, puisqu'on lit:
md30-PAP.ME"-SU MAN "U2 MAN KUR a"+"ur Sennachérib, régent du monde, régent d'Assyrie ina GI".GU.ZA ne2-me-di u2-"ib-ma Assis dans un trône-à-socle et sal-la-at URU la-ki-su le butin de Lakish ma-ha-ar-"u e-ti-iq est passé en revue devant lui [Sargon].
(épigraphe au dessus de la tente de Sennachérib) za-ra-tum Tente "a md30-PAP.ME"-SU de Sennachérib LUGAL KUR a"+"ur roi d'Assyrie
Le signe MAN, écrit avec 2 têtes de clou, rendu par "roi", est traduit en akkadien par "anû qui signifie "second"39. Le terme pour "roi" n'est pas MAN GAL, littéralement "grand second/double", soit "grand régent" ou "grand vice-roi", mais LUGAL "grand homme" (on trouve ces deux termes dans les inscriptions de Sennachérib). Sennachérib ne pouvait porter le titre de roi du vivant de Sargon, car celui-ci était considéré comme étant "sans rival", mais seulement le titre de régent (le double du roi). De plus, le terme –ma signifiant "et" relie celui qui est assis à celui qui passe le butin en revue (donc Sargon). Une inscription de Sargon mentionne sa campagne contre Ézéchias, roi de Juda, ainsi que les prises d'Ékrôn (en -712)40 et d'Azeqah, proche de Lakish (Jérémie 34:7). Or les prises de Lakish et de Jérusalem (par Sennachérib) sont datées en -701! Cette hypothétique seconde campagne constitue une impossibilité chronologique41, sauf si on la date en -712. La tentative d'alliance entre Merodachbaladan et Ézéchias n'est plausible qu'en -712 car en -703 et en -700 le roi babylonien était en position de faiblesse (le seul soutien, mentionné dans les chroniques néo-babyloniennes est celui du roi d'Elam), si toutefois il régnait, et Ézéchias n'aurait eu aucun intérêt à s'allier avec lui, alors qu'en -712 Merodachbaladan était en position de force et le but de son alliance avec Ézéchias, qui avait apparemment repoussé Sennachérib, était de faire contrepoids à l'emprise assyrienne. La chronique de Sargon cette conclusion car ce roi fut perpétuellement en guerre contre Merodach-baladan sauf en -712 (à cause de sa campagne en Judée), et aussi en -711, mais sans raison apparente. Si les troupes de Sennachérib ont été décimées en -712, comme l'indique Hérodote, on peut vraisemblablement admettre que l'année suivante fut nécessaire à Sargon pour réorganiser son armée. On lit par exemple42: [Depuis l'année de l'avènement] de Merodach-baladan jusqu'à la 10e année [-712], [l'Assyrie] fut en guerre [c]ontre [Merodach-bal]adan. [La 10e année, Merodach-balad]an [dévasta] et [mit à sa]c le [Bît-….]ri. La [12e] année [(du règne) de Merodach-baladan, Sargon descendit en Akkad et livra] bataille [à Merodach-baladan. Devant lui,] Mero[dach-baladan battit en retraite et s'enfuit en Elam. Merodach-baladan régna] 12 an[s sur Babylone]. Sargon [s'assit sur le trône de Babylone (…) La 2e année [(du règne de) Sennachérib, celui-ci descendit en Akkad (Devant Ki"?), il livra bataille à Merodach-baladan. Devant lui,] Merodach-baladan battit en retraite et s'enfuit à Guzummânu (…) Il mit son pays à sac, […. et s'empara] de Larak et Sarrabanu. A son retour il fit s'asseoir Bêl-ibni sur le trône de Babylone. La 1ère année (du règne) de Bêl-
38 J.M. RUSSEL – Sennacherib's Palace without Rival at Nineveh Chicago 1991 Ed. The University of Chicago Press p. 276. 39 F. MALBRAN-LABAT - Manuel d'épigraphie akkadienne Paris 1999 Éd. Librairie orientaliste P. Geuthner p. 211. 40 G. GALIL – A New Look at the “Azekah Inscription” in: Revue Biblique n° 102:3 (1995) pp.321-329. 41 B. BECKING – Chronology: A Skeleton without Flesh? Sennacherib's Campaign as a Case-Study; E. BEN ZVI – Malleability and its Limits: Sennacherib's Campaign against Judah as a Case Study in: Journal for the Study of the Old Testament Supplement Series 363 (Ed. L.L. Grabbe, 2000) pp. 46-72, 168-200. 42 J.J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes Paris 1993 Éd. Belles Lettres p. 181.
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ibni, Sennachérib dévasta 'irimmu et 'ararâtum. La 3e année (du règne) de Bêl-ibni, Sennachérib descendit en Akkad et mit Akkad à sac. Il emmena Bêl-ibni et ses grands en exil en Assyrie. Bêl-ibni régna 3 ans sur Babylone. Sennachérib fit asseoir son fils A""ur-nâdin-"umi sur le trône de Babylone. Le règne de Sennachérib étant principalement daté par ses campagnes, il est difficile à reconstituer, cependant l'évolution de sa titulature permet de retrouver sa corégence avec Sargon. Sans elle on devrait admettre que Sennachérib fut paradoxalement d'une grande humilité puisqu'il ne prit le titre royal officiel de "roi du monde", puis de "roi des 4 coins [du monde]", seulement après sa 3e campagne. Selon l'évolution de sa titulature43, la corégence de Sennachérib débute en -714 avec l'achèvement du "Palais sans rival" (édifié par Sargon dans Dûr-"arrukîn, sa ville nouvelle), ce qui expliquerait pourquoi les éléments de sa 3e campagne durant sa corégence se retrouvent avec ceux de sa 3e campagne durant son règne. Sennachérib reprit ensuite le titre classique de "Roi des 4 coins [du monde]", car durant les trois premières campagnes de -714 à -712, il n'était que "Roi sans rival", mais pas "roi du monde" comme Sargon. Chronologie de la titulature de Sennachérib:
Roi assyrien Titulature de Sargon II Titulature de Sennachérib
721 1 Sargon II Roi des 4 coins [du monde] 720 2 "
719 3 "
718 4 "
717 5 "
716 6 "
715 7 (Sennachérib) "
714 8 (1ère campagne) (Palais sans rival achevé)* Roi sans rival*
704 1 Sennachérib Roi du monde 703 2 (1ère /4e campagne) "
702 3 (2e / 5e campagne) "
701 4 (3e / 6e campagne) "
700 5 Roi des 4 coins [du monde] 699 6 Ardu-Mulissu
Les amalgames entre les trois premières campagnes, relatées dans les annales de Sennachérib durant sa corégence avec Sargon (714-710), et celles effectuées au début de sa royauté (704-700), embrouillent la trame exacte des événements. Merodachbaladan, par exemple, aurait été détrôné en -710 puis aurait essayé de reconquérir son trône en -703 et de nouveau en -700, avec un bref succès44. Levine a d'ailleurs remarqué que la datation du règne bis de Merodachbaladan pose un problème insoluble. De plus, il a constaté que le tribut apporté par les Mèdes et reçu par Sennachérib durant sa 2e campagne ressemblait à celui reçu par Sargon durant sa 8e campagne. Concernant la prise manquée de Jérusalem, cette action peu glorieuse de Sennachérib effectuée durant le règne de son père, fut relatée sommairement dans ses propres annales (rédigées durant son règne) en gardant l'unique
43 J.M. RUSSELL – Sennacherib's Palace without Rival at Nineveh Chicago 1991 Ed. The University of Chicago Press pp. 153,156,242-244,258. 44 Il est possible que le roi vassal Bêl-ibni n'ayant pas correctement repoussé (en -700) les attaques de Merodachbaladan, Sennachérib l'ait destitué pour le remplacer par son fils aîné A!!ur-nâdin-!umi II (J.A. BRINKMAN – Sennacherib's Babylonian Problem: an Interpretation in: Journal of Cuneiform Studies 25 (1973) pp. 89-95).
CHRONOLOGIE MESOPOTAMIENNE SYNCHRONISEE 67
point positif: le prélèvement d'un tribut. Le fait que Sennachérib n'ait pas pris la ville de Jérusalem malgré sa supériorité militaire écrasante confirme indirectement la version biblique. Selon les annales de Sargon l'astrologie a joué un grand rôle durant cette période (cf. Isaïe 47:13), notamment l'interprétation d'une éclipse de lune en 714 BCE45. Chronologie des règnes assyriens et babyloniens de -760 à -600:
45 A.L. OPPENHEIM – The City of Assur in 714 B.C. (total lunar eclipse dated october 25th) in: Journal of Near Eastern Studies vol. XIX (1960) pp. 133-147.
68 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
roi assyrien (2) année de campagne attestée vassal du roi assyrien (2) année éponyme attestée roi babylonien [2] année non attestée 2 année de règne attestée (2*) année posthume
70 APPROCHE SCIENTIFIQUE D'UNE CHRONOLOGIE ABSOLUE
COREGENCE DE TIGLATH-PHALAZAR III
Les synchronismes avec le règne de Tiglath-phalazar III sont difficiles à établir pour les raisons suivantes: 1) les annales de ce roi ne sont pas datées à l'exception des 1ère, 2e, 3e, [8e] et 9e campagnes, 2) certaines pouvaient provenir d'une période de corégence avant leur période de règne. La corégence entre Tiglath-phalazar III et son fils, Salmanazar V, par exemple, est appuyée par un relief sculpté46 (ci-dessous) et par le texte biblique: le roi Ahaz envoie demander de l'aide aux rois d'Ashour (2Chroniques 28:16 Bible de Chouraqui). Certains événements relatés dans les annales sont anachroniques, comme le tribut de Ménahem de Samarie (Me-ni-$i-im-me alSa-me-ri-na-a-a) payé durant la 8e campagne III (-738), en parallèle avec l'installation d'Osée (A-u-si-’) suite au meurtre de Péqah (Pa-qa-$a). De plus, ce tribut de Ménahem de Samarie (Mi-in-$i-im-mu Samsimurana) apparaît de nouveau dans la 3e campagne de Sargon! Certains rois assyriens se sont donc attribués le tribut de leurs prédécesseurs.
L'homonymie est aussi une source de confusion car le royaume de Ya’udi (Sam’al) au nord de la Syrie peut se confondre avec celui de Juda.
Le tribut (non daté) payé par Ménahem (771-760) est étrange, car il est attesté aussi bien par le texte biblique que par les annales de Tiglath-phalazar III (745-727), mais l'accord chronologique semble impossible. En fait l'accord n'est qu'apparent car, selon le texte de 2Rois 15:19,20, Ménahem a payé un tribut à Pul47, un roi assyrien et non à Pulu (728-727), un roi babylonien. Ce roi a précédé Tiglath-phalazar (1Chroniques 5:26, Bible de Chouraqui) et selon ses annales le tribut de Ménahem aurait été payé avant sa 9e campagne (-737), soit 10 ans avant qu'il ne soit roi de Babylone sous le nom de Pulu. Or, pulu n'est pas un nom propre, mais un titre comme turtânu "général en chef" (Isaïe 20:1), un hypocoristique48 de aplu "fils héritier" apparaissant dans le nom des rois assyriens sous la forme apil. Le nom Tiglath-phalazar, par exemple, est la transcription de Tukultî-apil-E"arra "L'héritier de l'E!arra [=Ninurta] est mon secours". L'identification du roi assyrien nommé Bar Ga’yah en araméen est controversée49, mais correspond chronologiquement au Pul[u] de la Bible. Selon cette mise en parallèle des règnes assyriens et israélites, c'est A!!ur-dân III, et non Tiglath-phalazar III, qui était le roi assyrien à l'époque de Ménahem, le roi de Samarie, ce qui implique deux questions: 1) pourquoi le texte biblique ne donne-t-il pas le nom du souverain assyrien, mais seulement son titre de pulu "fils héritier [au trône]", alors qu'il nomme Tiglath-phalazar et 2) quel était le statut exact de ce "prince" assyrien considéré comme roi à l'époque de Ménahem. Les règnes assyriens sont mal documentés sur la période 850-745 car leurs annales n'ont pas été retrouvées. Ils connurent des crises et de nombreuses révoltes50 ce qui
46 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont pp. 312,849-851. 47 La liste des éponymes assyriens mentionne une campagne (en -765) contre Hatarikka au Nord d'Israël (Hadrak en Zacharie 9:1). 48 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne Paris 2001 Éd. Robert Laffont p. 850. 49 A. LEMAIRE, J-.M. DURAND – Les inscriptions araméennes de Sfiré et l'Assyrie de Shamshi-ilu in: Hautes études orientales 20 (Paris 1984) Éd. Librairie Droz pp. 37-51. 50 F. JOANNES - Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne. Paris 2001 Éd. Robert Laffont p. 564-566,818,864-865.
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entraîna un affaiblissement du pouvoir royal. De plus, comme Adad-nêrârî III (811-783) était monté très jeune sur le trône, sa mère Sammuramat (Sémiramis) exerça une régence pendant 4 ans avec le soutien des hauts dignitaires. Devenu adulte, il sut se montrer énergique, mais ses 3 fils (4 avec Tiglath-phalazar III): Salmanazar IV, A!!ur-dân III et A!!ur-nêrari V, semblent avoir été dominés par la personnalité du turtânu "am!i-ilu. Après la mort d'Adad-nêrârî III il y avait donc 4 fils héritiers (pulu). Salmanazar IV fut intronisé et Tiglath-phalazar III commença sa carrière comme gouverneur de Kalhu51, la nouvelle capitale de l'Assyrie, et s'est installé à Til Barsip où résidait "am!i-ilu, celle ville constituant une tête de pont pour les campagnes assyriennes vers l'ouest52. Bien que n'étant pas roi, ce gouverneur semble s'être arrogé assez vite des prérogatives royales. On dispose en effet de quatre traités, par lesquels le roi d'Arpad, Mati‘el, se reconnaissait vassal de l'Assyrie. Les trois premiers, en araméen, étaient gravés sur des stèles qui furent retrouvées à Séfiré. Le quatrième, défini comme "traité d'A!!ur-nêrari V", était inscrit en assyrien sur une tablette retrouvée à Ninive. Le premier traité a été conclu lorsque Mati‘el est monté sur le trône d'Arpad et les deux suivants lors des avènements de Salmanazar IV (en -782) et d'A!!ur-dân III (en -772), mais la personne à laquelle Mati‘el jure fidélité dans ces versions araméennes est Bar Ga’ah "fils de majesté", roi du KTK (province assyrienne de Bît-Adini au sud de Guzana). On ne peut pas identifier ce "fils de majesté" au turtânu "am!i-ilu, car seul un régent d'Assyrie pouvait exiger la fidélité d'un roi vassal et lui faire payer tribut (les rois d'Arpad payaient un tribut à l'Assyrie depuis -890)53. Si le turtânu "am!i-ilu avait été le roi qui se cachait derrière le "fils de majesté", Mati’-ilu aurait dû continuer à traiter avec lui à l'accession d'A!!ur-nêrari V, et non avec ce dernier. En fait, vu l'expansionnisme de Tiglath-phalazar III, il a voulu changer de protecteur (en -754), mais à tort, puisque celui-ci décidera d'annexer son royaume vers -74054. Les relations entre ces deux princes: le "général en chef" et le "prince héritier" (les deux principaux représentants de l'empire), étaient fixées par le roi. À cette époque, des princes assyriens, auteurs de pillages contre Israël, s'étaient d'ailleurs vu discerner le titre de roi (Isaïe 10:5-8). La principale différence entre ces princes concernait la succession au trône, car seul le fils du roi (mâr "arru) avait légitimement le droit de régner. Le général en chef, malgré son rôle de second du roi, selon l'étymologie de son nom55, n'est jamais représenté. À partir du 9e siècle avant notre ère, le turtânu revêtait l'éponymie en second, immédiatement après le souverain, un usage qui fut toutefois aboli par Salmanazar V. Par contre, le prince héritier, lorsqu'il existe, apparaît régulièrement sur les représentations comme corégent avec un diadème et deux rubans derrière la tête face au roi portant la tiare, lui aussi avec deux rubans derrière la tête. Par exemple, sur une scène célébrant une victoire, le roi A!!urna"irpal II (884-859) apparaît revêtu de cette façon (photo ci-contre)56 face au corégent Salmanazar III (en -877?).
51 F. JOANNES - La Mésopotamie au 1er millénaire avant J.C. 2000 Paris Ed. Armand Colin pp. 27-28. 52 Si les fouilles de cette ville ont livré des représentations picturales elles n'ont guère apportées d'informations historiques à cause du peu d'inscriptions (P. ALBENDA – Ornamental Wall Painting in the Art of the Assyrian Empire in: Cuneiform Monographs 28, Ed. Brill, 2005). 53 E. LIPINSKI – The Aramaeans in: Analecta 100, 2000, pp. 218-219. 54 Cette province assyrienne se révoltera en -720, mais sans succès. 55 Dans les textes de Nuzi, tardennu désigne le second fils par ordre d'âge. À Ugarit, tartennu signifie le "prince héritier" et le même sens est attesté à Bogazköy. En Assyrie, turtânu a pu se référer à l'origine au second dignitaire du royaume, après le roi. 56 Palais Nord-Ouest à Nimrud (ancienne Kalhu), représentation au Bristish Museum.
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Grâce aux chroniques éponymiques57, il est possible de reconstituer la carrière des généraux en chef sur la période 858-726 et 686-680:
Roi ("arru) Règne Prince héritier (aplu) Général en chef (turtânu) A!!urna"irpal II 884-877 [-] 883 - 877?-859 Salmanazar III -858 Salmanazar III 859-831 A!!ur-bêlu-ka’’in 858-854 831?-826 A!!ur-danin-pal Dayyân-A!!ur 854 - 826-824 "am!î-Adad V -823 "am!î-Adad V 824-815 Ya"âlu 823-815 815-811 (Adad-nêrârî III ?) Bêlu-lû-balâ# 815-810 Adad-nêrârî III 811-785 Nergal-ilâya 810-800? 785-783 (Tiglath-phalazar III ?) Nergal-ilâya / ("am!î-ilu ?) 800?-782 Salmanazar IV 783-773 Tiglath-phalazar III "am!î-ilu 782-772 A!!ur-dân III 773-755 Tiglath-phalazar III "am!î-ilu 772-754 A!!ur-nêrârî V 755-745 Tiglath-phalazar III "am!î-ilu 754-750? Tiglath-phalazar III 745-740 Nabû-da’inanni 744 - 740?-727 Salmanazar V -726 Salmanazar V 727-722 Sargon II 722-714 Turtânu ? 714-705 Sennachérib Turtânu de gauche/ de droite ? Sennachérib 705-699 ? 699-684 Arda-Mulassu Bêl-emuranni 686 - 684-681 Esarhaddon -680
Le général en chef était toujours désigné, ou reconduit, par le roi en titre. Vu son importance, il devait être remplacé s'il décédait (ou était destitué) en cours de son mandat (cas apparents d'A!!ur-bêlu-ka’in et de Ya"âlu). "am!î-ilu a joué un rôle important à partir de -800 (comme "chef eunuque"?)58, il est mort autour de -750 (Tiglath-phalazar III aurait alors assumé sa fonction de turtânu). Les carrières du général en chef "am!î-ilu et du fils héritier Tiglath-phalazar III, le Pul[u] de la Bible, ont été intimement liées. Deux objets: un récipient sculpté (à Tarbi!u, près de Ninive), dédicacé par le turtânu Bêlu-lû-balâ#, et un sceau cylindre (à Nimrud/ Kalhu), ayant appartenu à un fonctionnaire royal d'Adad-nêrârî III, éclairent la position du roi et des princes durant cette période59:
Ces deux représentations sont énigmatiques car, de façon anormale, le nom du roi n'apparaît nulle part. Sur la première, le roi (à droite) est agenouillé, il porte la tiare et les deux rubans, et fait face à son double (à gauche) qui porte le diadème et les deux rubans. Comme le récipient a été dédicacé par Bêlu-lû-balâ# (815-810) le roi anonyme pourrait être "am!î-Adad V, mais dans ce cas le prince héritier serait son fils Adad-nêrârî III, ce qui est surprenant, car celui-ci est
57 J.J. GLASSNER – Chroniques mésopotamiennes n°22 Paris 1993 Éd. Belles Lettres pp. 161-170. 58 La stèle d'Antakya mentionne "am!î-ilu à côté du roi Adad-nêrârî III en tant que turtânu (en -796, selon les campagnes assyriennes) ce qui contredit les chroniques éponymiques. En fait, comme cette stèle a été érigée postérieurement par "am!î-ilu, il a actualisé son titre. 59 J. READE – Fez, Diadem, Turban, Chaplet: Power-dressing at the Assyrian Court in: Studia Orientalia vol. 106 (2009) pp. 252-254.
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monté très jeune sur le trône. Vu son âge (12-13 ans?)60 il est peu vraisemblable qu'il ait été choisi comme prince héritier. Le corégent pourrait être Bêlu-lû-balâ# lui-même, mais cela suppose une confusion entre un prince héritier et un général en chef! La deuxième représentation est elle aussi problématique. La reine (à gauche) fait face au roi avec sa tiare, qui a derrière lui un eunuque (ou un jeune garçon) avec les deux rubans. Le roi est Adad-nêrârî III, mais le corégent ne peut être "am!î-ilu puisque le général en chef durant son règne était Nergal-ilâya61, de plus, les princes héritiers comme les rois sont systématiquement représentés avec la barbe. Il est donc possible que le prince héritier derrière le roi (Adad-nêrârî III) représente un jeune garçon, et non un eunuque, qui serait dans ce cas le futur Tiglath-phalazar III. Le rapport de Tiglath-phalazar III avec ses trois frères n'est pas explicité dans les rares documents retrouvés (selon sa longévité, il devait être le plus jeune). Le silence sur son ascendance (source de légitimité au trône) pourrait s'expliquer s'il était un demi-frère. On ignore aussi les raisons de cette succession inhabituelle entre frères plutôt que la succession père/fils, normale chez les rois assyriens. Le régent d'Assyrie anonyme nommé "fils de majesté" devait donc être pulu "fils héritier" ou Tiglath-phalazar III. Selon Flavius Josèphe (Antiquités juives IX:283-287), le roi assyrien qui reçu le nom de Pulas (Pulu) régna 36 ans: Elulaios (?) reçut le nom de Pulas et régna 36 ans (soit de 782 à 746), dans ces circonstances, Selampsas (Salmanazar IV?), le roi d'Assyrie envahit la Phénicie (...) selon les Annales tyriennes du temps de Salmanasses (Salmanazar V/ Elûlaiu). Aspirant à être le seul roi d'Assyrie, il semble qu'il ait profité de révoltes pour renverser son frère A!!ur-nêrari V62. Tiglath-phalazar III, mort le 24/X/1863 (soit le 25 janvier -726), a mené plusieurs campagnes qui sont difficiles à reconstituer chronologiquement à cause de nombreuses lacunes, et même d'erreurs64. De plus, les listes des tributaires pour les 1ère, 2e, 3e, [8e] et 9e campagnes sont presque similaires: ! Kustashpi de Commagène, Urik de Qu’é, Sibitti-be’l de Byblos, Enil de Hamath, Panammu de
Sam’al, Tarhulara de Gumgum, Sulumal de Militène, ..., Uassurme de Tabal, Ushhitti de Tuna, Urbala de Tuhana, Tuhamme d'Ishtunda, ... [Ma]tan-be’l d'Arvad, Sanipu de Bit-Ammon, Salamnu de Moab, ..., Mitinti d'Askélon, Jehoachaz de Juda, Kaushmalaku d'Édom, Muzr[i...], Hanno de Gaza.
! Kustashpi de Commagène, Rezon de Damas, Ménahem de Samarie, Hiram de Tyr, Sibitti-be’l de Byblos, Urik de Qu’é, Pisiris de Karkémish, I’nil de Hamath, Panammu de Sam’al, Tarhulara de Gumgum, Sulumal de Militène, Dadilu de Kaska, Uassurme de Tabal, Ushhitti de Tuna, Urbala de Tuhana, Tuhamme d'Ishtunda, Urimme d'Hubishna et Zabibe, la reine d'Arabie.
La deuxième liste de tributaires65 est une copie de la première, à quelques variantes (soulignées), car les noms sont identiques et ceux en plus semblent provenir d'anciennes listes. Ces approximations se retrouvent dans les tributs payés aux rois assyriens précédents. La prise en compte de toutes ces corégences modifie la chronologie de quelques règnes et campagnes. Le règne d'A!!urbanipal (669-627), par exemple, est en fait un peu plus court (669-630) et est suivi par celui d'A!!ur-etel-ilâni (630-626) un pseudo corégent. De même, la 3e campagne de Sennachérib, datée de la 3e année de son règne en -702, doit en fait être datée de la 3e année de la corégence avec son père, soit en -712.
60 Car sa mère a exercé la régence pendant environ 4 ans. Selon Plutarque (Cyropédie I:2), on était considéré chez les Perses comme un enfant de 1 à 17 ans, comme un éphèbe de 17 à 27 ans, comme un homme fait de 27 à 52 et comme un ancien après 52 ans. 61 Si "am!î-ilu était "chef eunuque" depuis -800, il pourrait (?) avoir été représenté en "corégent", mais cela serait un cas unique! 62 Sur la stèle de Bêl-harrân-bêl-usur, le majordome de Tiglath-phalazar III a écrit le nom du roi assyrien par-dessus le nom du roi précédent Salmanazar IV, ce personnage a donc servi un (même?) souverain à deux époques différentes (D.D. LUCKENBILL – Ancient Records of Assyria and Babylonia, 1926 Illinois, Ed. Th University of Chicago p. 295). 63 A.K. GRAYSON – Assyrian and Babylonian Chronicles Winona Lake 2000 Ed. Eisenbrauns pp. 72-73 64 H. TADMOR – The Inscriptions of Tiglath-Pileser III King of Assyria Jerusalem 1994 Ed. The Israel Academy of Sciences and Humanities pp. 232-237, 273-282. 65 J.B. PRITCHARD - Ancient Near Eastern Texts Princeton 1969 Ed. Princeton University Press p. 280.