Chapitre 1 1 Chapitre 1 En ce beau jour d’automne de l’année 1350, quatre pèlerins marchaient sur le chemin qui marquait la limite du Comté de Chaudefour, sans dire un mot. A leur allure, on comprenait tout de suite que c’était des pèlerins. Ils en portaient l’habit : un chaperon et une cape beige qui allait jusqu’à leurs pieds. Par-dessus leurs capuches, leurs têtes portaient un chapeau décoré d’une coquille st Jacques. Ils s’appuyaient sur des longs bâtons qui les aidaient à marcher. Le premier s’appelait Jean. C’était le plus gros des quatre. Malgré un sac qui paraissait lourd, il marchait la tête haute, bien droit sur ses jambes. Il semblait plein d’énergie et son ventre rebondi laissait penser qu’il aimait la nourriture. Sa carrure était impressionnante et ses épaules supportaient un cou si large qu’il rappelait celui des bœufs quand il tirent une charrue. Une impression de puissance se dégageait de l’homme. Derrière lui, marchant, l’un à coté de l’autre, suivaient deux autres hommes.
76
Embed
Chapitre 1 - ecole.ste.famille.free.frecole.ste.famille.free.fr/projets/Polar/pris au piege/pris au piege... · « Tu n’as pas oublié le jambon, ... Je n’aime pas le bruit !
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
Chapitre 1
1
Chapitre 1
En ce beau jour d’automne de l’année 1350, quatre
pèlerins marchaient sur le chemin qui marquait la limite
du Comté de Chaudefour, sans dire un mot. A leur
allure, on comprenait tout de suite que c’était des
pèlerins. Ils en portaient l’habit : un chaperon et une
cape beige qui allait jusqu’à leurs pieds. Par-dessus
leurs capuches, leurs têtes portaient un chapeau décoré
d’une coquille st Jacques. Ils s’appuyaient sur des longs
bâtons qui les aidaient à marcher.
Le premier s’appelait Jean. C’était le plus gros des
quatre. Malgré un sac qui paraissait lourd, il marchait la
tête haute, bien droit sur ses jambes. Il semblait plein
d’énergie et son ventre rebondi laissait penser qu’il
aimait la nourriture. Sa carrure était impressionnante et
ses épaules supportaient un cou si large qu’il rappelait
celui des bœufs quand il tirent une charrue. Une
impression de puissance se dégageait de l’homme.
Derrière lui, marchant, l’un à coté de l’autre,
suivaient deux autres hommes.
Chapitre 1
2
L’un d’entre eux s’appelait Henri. Il était chauve et
avait des besicles épaisses. Cela lui donnait l’air
intelligent. Son ami, Arthur, était petit. Il avait les
cheveux noirs et très bien coiffés. Quant à Charles qui
fermait la marche, il aimait rigoler.
* * *
A droite du sentier, une ronce colorée embellissait
la lisière de la forêt. Dix pas, plus loin, en s’enfonçant
dans la forêt, de majestueux chênes au feuillage coloré
se dressaient parmi les grands bouleaux aux troncs
blancs et aux feuilles jaunes. Plus loin, de grands arbres
marron clair s’élevaient très haut dans les airs. C’était
des hêtres.
A gauche du chemin, un joli ruisseau se jetait dans
une petite cascade qui rejoignait un nouveau cours
d’eau. Les champignons et la mousse sentaient la terre
brune. Dans un sapin, à côté d’un petit buis, les
branches s’alourdissaient de nombreuses pommes de
pin. Un petit écureuil grignotait son gland à moitié
biscornu. De grands arbres recouverts de feuilles
orange abritaient la rivière de leurs branches basses.
Au milieu, le large sentier, dont les bas-côtés
étaient couverts de feuilles mortes, traversait la forêt
en serpentant. Il présentait un aspect boueux et de
grandes ornières creusaient le chemin, le rendant
Chapitre 1
3
impraticable par endroits. Une odeur de champignon et
de châtaignes flottait dans les airs en chatouillant les
narines des pèlerins.
« Tu es à la traîne Arthur. Ça ne va pas trop? demanda
Jean.
— Non, mais, dans quelques mois, je pense que ça va
être dur! grogna Arthur.
— Que veux-tu dire?
— Bah, quand on passera les Pyrénées pour aller à
Compostelle, répéta Arthur, ce sera sûrement difficile!
— Oh ! Ça me rappelle ce gars qu’on a croisé hier à
l’abbaye où nous avons dormi. Qu’est-ce qu’il racontait
comme bêtises ! s’exclama Henri.
— Oui. Il était bien prétentieux ! confirma Charles.
D’ailleurs, il a fini par se faire renvoyer de l’église!
— Oui ! On a bien ri, en effet, mais cela ne doit pas
nous faire oublier notre mission…
— Au fait, ce n’est pas trop lourd, dans ton sac?
demanda Henri en s’adressant à Charles.
— Non, pas trop lourd. Mais tu devrais être plus discret
quand tu parles de ce sac ! On pourrait nous entendre,
Henri! …
— Tu as raison, répondit Henri en baissant la voix. Il
vaudrait mieux être moins bavards.
Chapitre 1
4
— Je commence à m’inquiéter pour ce soir ! dit Jean,
changeant brusquement de conversation. Où allons
nous nous arrêter pour dormir ?
— Nous trouverons bien une église ! répondit Arthur.
— Oh, j’ai faim ! On peut s’arrêter pour manger?
demanda Jean en écoutant son ventre gargouiller.
— Oui tu as raison, il est midi. Répondit Arthur en
marchant la tête haute.
— Ici il y a des pierres plates. Nous pourrions nous y
arrêter pour préparer notre repas, proposa Jean.
— Moi je veux bien faire le feu avec Charles. Proposa
Henri en se grattant la tête. Et vous, vous pouvez
ramasser des châtaignes et des champignons.
— Je préfère faire la cueillette ! s’écria Charles. »
Et les quatre pèlerins firent donc halte. Ils
commencèrent à s’affairer pour préparer leur repas.
Dans les sous bois, Charles et Jean étaient occupés
à la recherche de nourriture.
« Tu n’as pas oublié le jambon, Jean ? demanda Charles
en se penchant pour ramasser un gros cèpe.
— Je n’aurais pas pu égarer cette cuisse de cochon
répondit l’autre. »
Chapitre 1
5
Vingt minutes plus tard, Jean, Arthur et Charles
arrivaient avec de délicieux champignons et châtaignes.
« A table ! » dit Henri en les voyant arriver avec plein
de bonnes choses.
Après avoir fait cuire tout cela dans le feu qu’Henri
avait préparé, ils s’installèrent sur les pierres plates et
mangèrent.
«Mmm. C’est succulent ! Je veux bien en reprendre. »
dit Jean en faisant des ronds sur son ventre.
Pendant qu’ils mangeaient tranquillement leur
jambon et leurs champignons autour du feu qui
pétillait, Charles prit la parole :
« Comme il est long ce voyage!
— Et on n’est pas encore arrivé ! Il nous reste de longs
mois de marche avant d’être à Compostelle ! ajouta
Jean.
— Et dire qu’il y en a qui font le voyage sur les genoux !
murmura Arthur, rêveur.
— Ça ne fait qu’un mois qu’on est parti et j’en
ai déjà marre de manger des champignons et des
châtaignes tous les midis ! s’énerva Jean.
— Ne t’inquiète pas, on mangera mieux ce soir dans un
monastère, continua Henri. »
Chapitre 1
6
Pendant qu’Henri parlait, Jean rêvait de la
nourriture qu’il mangerait le soir : deux gros jambons
roses, des œufs bien cuits, douze grosses tomates,
quatre pêches juteuses.
« Et on dormira aussi mieux ce soir ! » s’exclama Henri.
Et Jean se mit à rêver d’un bon lit douillet.
Au Moyen Age, les pèlerins étaient, en effet, des
personnes protégées. Ils étaient accueillis dans les
abbayes, les monastères ou les simples églises. On les
nourrissait et on les logeait pour la nuit. Le voyage était
difficile et long, car il fallait franchir les Pyrénées, en
particulier au col de St Jean Pied de Port. Plusieurs
routes partant de France arrivaient à St Jacques de
Compostelle : l’une partait de Paris, depuis Notre
Dame, une autre partait de l’église de Vézelay, une
troisième commençait au Puy en Velay, dans le Massif
Central. Et enfin, un dernier chemin partait d’Arles,
dans le sud de la France.
Les quatre pèlerins qui cheminaient dans la forêt
de Chaudefour venaient de plus loin. Il comptaient
rejoindre la route de Paris.
Chapitre 1
7
Après le repas, Arthur proposa de faire la sieste.
Henri était d’accord mais à condition que quelqu’un
fasse le guet.
« Qui pourrait faire le guet ? Demanda Arthur, en
terminant ses fruits des bois.
— Moi, dit Jean. Je finis mon jambon.
— Moi j’aimerais bien dormir, mais ne vous inquiétez
pas, le bruit ne me gêne pas, dit Arthur.
— Eh bien moi, je veux du calme ! termina Henri.
— Ça ne gêne personne que Jean mange pendant que
l’on dort ? demanda Charles.
— Si moi, coupa Henri. Je n’aime pas le bruit ! Donc
essaie de ne pas en faire.
— D’accord, dit Jean. Je vous promets que je ne dirai
pas un mot »
Et jean alla s’asseoir sur un gros rocher, près du
feu, pour terminer son repas, pendant que les trois
autres s’endormaient sous un arbre.
En quelques instants, Arthur, Henri et Charles
dormaient paisiblement, pendant que Jean finissait de
manger. Autour d’eux, le silence s’installa. On
n’entendait plus que des ronflements très légers car ils
étaient cachés par le bruit du vent.
Chapitre 2
8
Chapitre 2 Derrière une grande colline parsemée d’arbres se
trouvait le petit village de Ponthieu. Ce dernier
comptait environ une quarantaine d’habitations
regroupées autour d’une belle église romane. Ses
habitants vivaient des jours heureux, sous la protection
du sieur Clotaire du Castel dont on apercevait d’ailleurs
le château. Les maisons construites en pierres jaunies
par le temps étaient chaleureuses. Des animaux
vivaient en liberté dans les ruelles pavées. Quelques
poules étaient à la recherche de grains de blé, des
corbeaux postés sur les toits se lançaient des cris et des
pigeons entraient et sortaient sans cesse des nichoirs
du pigeonnier qui se trouvait tout près de la sortie du
village.
Un peu sur les hauteurs se trouvait la fauconnerie.
Un jeune homme d’une quinzaine d’années terminait
de se préparer à la chasse un faucon. A en voir le soleil
dans le ciel, il devait être presque midi. Le faucon se
Chapitre 2
9
posa sur le gant en cuir du garçon. Ce dernier se
leva et se dirigea alors vers une porte sombre. Il l’ouvrit
et se trouva devant deux escaliers en pierre : l’un
montait tandis que l’autre descendait. Il s’engouffra
dans celui qui montait.
* * *
Cela faisait maintenant presque deux ans et demi
que Geoffroy vivait dans cette fauconnerie. Accusé à
tort par le fils du Comte de Chaudefour de l’avoir
blessé, Geoffroy avait eu la chance d’être secouru par
son ami Enguerrand. Ce dernier avait alors réussi à
prouver l’innocence du jeune garçon et à le sortir de
l’horrible cachot où il était emprisonné. Après cette
mésaventure, Geoffroy ne pouvait plus vivre auprès du
Comte, même si Ysengrin allait regretter son jeune
écuyer.
Enguerrand, maître fauconnier, l’avait alors pris
sous son aile et l’avait formé à son métier. Depuis,
Geoffroy s’occupait de la fauconnerie.
Geoffroy était orphelin. Son père avait été tué lors
de la bataille de Crécy en 1346. Sa mère, elle, avait
succombé à la terrible peste noire.
Enguerrand était désormais sa seule famille…
Chapitre 3
10
Enguerrand montait rapidement les escaliers en
pierre de la fauconnerie. C’était un homme d’une
cinquantaine d’années grand et musclé. Ses yeux d’un
bleu étincelant brillaient à la lumière du soleil. Ses
cheveux longs et bruns lui tombaient sur les épaules. Il
arriva devant une petite porte de bois poussiéreuse
qu’il ouvrit.
« Bonjour, Geoffroy, s’écria-t-il de sa voix forte. Es-tu
prêt pour partir à la chasse ?
— Oui, répondit-il, j’ai préparé le faucon. Veux-tu
manger un peu avant de partir ?
— Volontiers, dit Enguerrand en s’asseyant. »
Sur la table étaient posées deux tranches de pain et
une petite motte de beurre. Enguerrand prit une
tranche, la beurra à l’aide de son couteau et la mangea
d’une bouchée. Geoffroy prit l’autre tranche et
l’engloutit d’un seul coup.
« Bon, on peut y aller maintenant, s’exclama
l’homme. »
Geoffroy ouvrit la porte qui laissa échapper un
grincement sonore. Ils descendirent jusqu’à une petite
cour. Le soleil les éblouit et les obligea à fermer les yeux
Chapitre 2
11
quelques secondes. Le sourire d’Enguerrand s’éclaircit
aussitôt.
« Regarde, Geoffroy, rien de tel que de partir à la
chasse sous ce soleil merveilleux.
— C’est vrai, approuva le jeune homme.
— Bien, maintenant, préparons nos montures, dit enfin
Enguerrand. »
Ils firent quelques pas puis arrivèrent devant
l’écurie. Geoffroy savait très bien monter à cheval. Très
jeune, il avait été entraîné à l’équitation par un
chevalier du Comte Ysengrin de Chaudefour, Jean de
Fontignac. Il se dirigea vers le box d’un magnifique
étalon d’un noir brillant. Il caressa affectueusement le
cheval qui hennit en signe d’affection. Quand à
Enguerrand, il marcha lentement jusqu’à son cheval qui
était de couleur blanche.
Ils traversèrent le village où se tenait un petit
marché. Les paysans du coin venaient y vendre leurs
œufs, leurs légumes et quelques animaux. Des artisans
étaient aussi présents. Certains vendaient des paniers
en osier, d’autres des chaises ou des tabourets… Tout le
monde criait, chacun vantait sa marchandise.
Geoffroy rencontra un de ses amis, le jeune Arthur,
qui partait nettoyer avec son père et ses oncles les
Chapitre 3
12
douves du château du sieur Clotaire du Castel. Cela
faisait des nombreuses corvées que les paysans
devaient à leur seigneur…
* * *
Dès la sortie du village, le paysage était ravissant.
De magnifiques conifères plantés depuis des années
poussaient sur les hauteurs des collines. Des minces
ruisseaux dansaient parmi les arbres. Le soleil était
rayonnant.
L’immense château du seigneur Clotaire du Castel
dominait les environs. Il datait de la fin du Xème siècle,
à l’époque des premiers Capétiens. Il possédait le plus
grand donjon de la région. Les remparts, même s’ils
avaient une bonne épaisseur, étaient cependant un
peu abîmés. De larges douves entouraient l’édifice.
L’eau était noire à cause de la vase. Aucun poisson ne
pouvait y survivre. D’ailleurs, un groupe d’hommes était
en train de les nettoyer.
Les hourds venaient d’être réparés car le bois
semblait neuf. Sur le chemin de ronde, des soldats
faisaient le guet car on se méfiait des soldats anglais. Le
pont-levis était cependant abaissé.
Clotaire du Castel avait une puissante armée
composée d’une vingtaine d’arbalétriers et d’une
trentaine de chevaliers.
Chapitre 2
13
Geoffroy et Enguerrand traversèrent une lande. Au loin,
ils aperçurent des paysans qui travaillaient dans un
champ.
* * *
Le maître fauconnier et son jeune ami arrivèrent
devant le champ de luzerne où travaillaient trois
paysans. Ils étaient occupés à faucher de la luzerne. Le
premier était très gros et rougeaud. Son nez était
énorme et ses vêtements déchirés. Le second était sec
et maigre. Il avait une verrue sur son nez crochu. Le
troisième qui avait l’air grognon était de petite taille
mais trapu. C’est d’ailleurs lui qui se mit à crier à
l’encontre de Geoffroy et d’Enguerrand.
* * *
« Eh, vous ne pouvez pas aller sur les sentiers comme
tout le monde ! hurla le paysan.
— Ce chemin est le plus rapide pour aller à la forêt,
expliqua Enguerrand.
— Et alors, c’est un champ, que je sache ! répliqua le
paysan.
— Ce champ est la propriété du sieur Clotaire du Castel,
il n’est donc pas à vous ! Nous avons le droit de chasser
Chapitre 3
14
et donc de passer où bon nous semble ! rétorqua le
fauconnier.
— Et qui laboure les champs du sieur Clotaire ? Qui se
lève à des heures impossibles pour aller travailler ?
questionna le paysan. Nous, c’est nous ! continua-t-il. Et
vous, que faites vous pendant ce temps ? Vous vous
levez quand vous en avez envie, pendant que d’autres
travaillent !
— Sachez, mon cher, que chacun a ses occupations,
s’exclama Enguerrand.
— Mais, oui ! Mais, oui, Allez donc à vos occupations et
laissez nous nous échiner le dos dans ce champ de
luzerne !
— Nous ne vous ferons pas perdre votre temps plus
longtemps. Adieu, termina Enguerrand. »
Le fauconnier et Geoffroy reprirent leur chemin,
sous le regard noir des paysans.
« Il n’avait peut-être pas tout à fait tort, risqua
Geoffroy.
— Oui, tu as raison… La prochaine fois, nous passerons
par le sentier, répondit Enguerrand. »
* * *
Chapitre 2
15
Ils arrivèrent à l’orée de la forêt.
« Geoffroy, observons-bien les alentours et essayons de
trouver un endroit propice pour notre chasse. Tiens,
regarde là-bas. Cet endroit me paraît pas mal du tout !
— D’accord, répondit joyeusement Geoffroy. »
Et ils s’avancèrent vers l’endroit désigné.
« Bon, récapitulons, dit Enguerrand. Aujourd’hui, on
change les rôles. Moi, je vais essayer de te rabattre le
gibier. Je m’enfonce un peu dans la forêt et j’essaie de
débusquer des perdrix ou des lièvres. Toi, tu restes en
dehors de la forêt et tu lâches le faucon dès qu’un
animal sort de la forêt.
— J’ai compris, dit Geoffroy, fier et heureux que son
ami lui laisse le meilleur rôle.
— Allez, j’y vais. Bonne chance ! »
Et Enguerrand s’engouffra dans la forêt.
Chapitre 3
16
Chapitre 3
Jean mourait de faim. Pourtant, il avait déjà mangé
beaucoup de jambon. Alors, il rechercha quelques
restes de champignons, dans le fond de la gamelle qui
était encore près du feu. Il en restait encore quelques-
uns. Il les mangea, avec beaucoup de pain. Il se releva le
ventre plein. Qu’il était agréable de se détendre après
un bon repas !
Il regarda un très joli oiseau se poser sur une
branche. Il était si beau que Jean lui donna des miettes
de pain… Et pourtant, quand il s’agissait de nourriture,
Jean n’était pas des plus partageurs ! L’oiseau
s’approcha de plus en plus de lui et il était prêt à
manger les miettes de pain, dans la gamelle posée
juste à côté de Jean, quand soudain, il s’envola à tire
d’ailes.
Chapitre 3
17
Jean était étonné. Alors, il se retourna pour voir ce
qui avait effrayé l’animal. Et tout d’un coup, ce fut le
noir complet ! Il ressentit une douleur énorme sur son
crâne. Jean s’exclama :
« Mais qu’est ce qui se passe ? Je ….»
Il finit par reprendre ses esprits et comprit qu’il
avait un sac sur la tête. C’est pour cela qu’il ne voyait
que du noir !
En écoutant autour de lui, Jean entendit des cris,
des gens qui se débattaient, des grognements
d’animaux. Il reçut des coups, comme si on venait de
jeter quelqu’un contre lui.
Il comprit soudain ce qui se passait : on l’avait
attaqué et on avait capturé aussi ses camarades.
Maintenant, on était en train de les rassembler entre
eux.
« C’est vous mes amis ? pleura Jean, toujours plongé
dans le noir.
— Oui c’est nous Jean ! répondirent en cœur ses amis
pèlerins. »
Chapitre 3
18
Serrés les uns contre les autres, ils sentaient qu’ils
étaient maintenus par des bras forts et vigoureux. Leurs
bras étaient liés.
« Il faut trouver une solution ! dit Henri en s’inquiétant.
— Nous voilà faits prisonniers ! soupira Arthur.
— Mais non ! s’exclama Jean. Je suis sûr qu’il y a une
solution. N’est-ce pas Charles ?
— Chut ! Je prie ! dit Charles.
— Arrête de prier ! Ça ne nous mènera à rien ! s’énerva
Henri en râlant.
— Oh ! Quand sortirons-nous de cette histoire ? se
lamentait encore Arthur.
D’un seul coup, Jean, Arthur, Charles et Henri
entendirent des bruits de sabots et de chevaux. Alors,
les pèlerins sentirent qu’ils n’étaient plus
maintenus. Toujours, avec leurs sacs sur la tête, ils
entendirent le bruit des pas de leurs assaillants
s’éloigner. Le mystérieux cavalier dont le cheval avait
fait les bruits de sabots cria : « A l’attaque ! ».
« Mais que se passe t- il ? demanda Charles.
— Aucune idée ! Mais écoutez ! répondit Henri.
— On entend des bruits d’épée ! déclara Charles. Il y a
certainement un combat !
— Mais, au fait, moi je ne suis pas attaché ! déclara
Jean.
Chapitre 3
19
— Tu ne pouvais pas le dire plus tôt ! dit Arthur.
— Bah quoi ? se révolta Jean.
— Assez de bavardages comme ça déclara Henri. Jean,
délivre nous ! »
Alors, Jean enleva son sac, et vit la bataille. Tous les
assaillants les avaient laissés pour se battre contre un
cavalier dans les buissons voisins. Jean redoubla de
rapidité. Il sortit son couteau et scia les liens. Au bout
de quelques minutes, tout le monde fut délivré.
Arthur murmura :
« Filons, vite ! ».
* * *
Cela faisait maintenant plus d’une demi-heure
qu’Enguerrand était dans la forêt et Geoffroy
commençait à s’impatienter.
Soudain, une perdrix surgit du bois. Geoffroy lâcha
son faucon qui se précipita sur la perdrix.
Le rapace était beau, il avait une tête fine et un
regard perçant. Son ventre était de couleur ivoire
parsemé de petites tâches noires. Ses pattes puissantes
étaient jaunes et ses serres acérées de couleur dorée.
Chapitre 3
20
Ses ailes étaient magnifiques, longues et de couleur
noire.
Le faucon rapporta la perdrix qu’il avait tuée d’un coup
sec.
« Enguerrand, Enguerrand, j’ai une perdrix ! » cria de
joie Geoffroy.
Mais personne ne lui répondit.
« Enguerrand ? Enguerrand ? » cria Geoffroy en
direction de la forêt.
Comme personne ne répondait, Geoffroy
s’engouffra alors dans la forêt à la recherche de son
ami. Il se remit à crier : « Enguerrand ! Enguerrand ! ».
Mais toujours rien…
Au bout d’un temps qui lui parut interminable,
Geoffroy n’avait toujours pas retrouvé le fauconnier. Il
fallait se rendre à l’évidence :
Enguerrand avait disparu !
Chapitre 4
21
Chapitre 4
Après un instant de réflexion, Geoffroy décida de
continuer ses recherches : pour le moment, il n’y avait
rien d’autre à faire.
« Pourquoi ne revient-il pas ? Peut-il être blessé par un
sanglier ? Allons voir plus loin ! », se dit-il .
Il courut sur l’herbe fraîche du matin pour aller sur
le sentier qui traversait le bois. C’était d’ailleurs le seul