CLEC-Ateliers d’automne 2020 Page 1 / 5 Session 2 - Jeu 3 Cercle littéraire des écrivains cheminots Atelier spécial - Session 2 – Jeu 3 Novembre 2020 Solitudes ? Un homme seul attablé devant plusieurs tasses (vides ?), un arrière-fond mystérieux de l’artiste David Bonheur, des deux-roues en attente d’humains… tout cela rue des Cinq Diamants. Autant de pistes pour délirer en 1500 à 2000 signes sur cette photo prise lors de la sortie du CLEC du mois de septembre dans les rues du 13 e arrondissement de Paris. Qui est vraiment cette femme peinte sur le mur ? Quel est son véritable nom : Élisabeth, Marie, Éva,… ? Quelle vie a-t-elle connue ? Combien d’admirateurs discrets l’ont côtoyée ? Les fauteuils, les vélos, que font-ils ici ? Ces mystères ont bien titillé la curiosité de nos narrateurs … Solitude Norbert est assis dans la rue, accoudé à une table de café sur laquelle s’amoncellent les tasses que le serveur n’a pas daigné remballer au fur et à mesure de ses consommations. C’est son petit plaisir à lui de descendre à l’heure du goûter, chaque après-midi dans le bistrot d’en face, ou lorsqu’il fait beau comme aujourd’hui, assis à la terrasse, déportée un peu à gauche du café à présent qu’on doit respecter des distances physiques avec les autres consommateurs. La calvitie de Norbert est doucement chatouillée par une brise qui lui rappelle les délicieux mois de juin passés avec sa chère Élisabeth, ces mois de vacances qu’ils prenaient ensemble pour visiter le monde. Il se souvient de sa longue chevelure noire, de l’amour qu’ils faisaient au milieu des champs de coquelicots, les scarabées bourdonnant autour d’eux, de son visage aux yeux clos et aux lèvres entrouvertes laissant échapper les souffles de son plaisir ; il revit les bords de mer si bleus découverts main dans la main. C’était le temps du bonheur. Cinq décennies vécues avec elle, cinq diamants offerts, chacun un peu plus gros que le précédent, tous enterrés à son cou. Des passants déambulent, disséminés ; les deux jeunes gens qui sont venus acheter des livres à la librairie en bas de chez lui remontent chacun sur son vélo et s’en vont, pédalant et riant. Du coin de la porte du café, le serveur veille sur son scooter garé sur le trottoir devant la vitrine pour être sûr que personne n’y touche. Le temps s’écoule. Il est dix-sept heures trente, l’heure de remonter chez lui. — Garçon, l’addition s’il vous plait ! Marie-Noëlle Rouanet
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Solitudes ? Un homme seul attablé devant plusieurs tasses (vides ?), un arrière-fond mystérieux de l’artiste David Bonheur, des deux-roues en attente d’humains… tout cela rue des Cinq Diamants.
Autant de pistes pour délirer en 1500 à 2000 signes sur cette photo prise lors de la sortie du CLEC du mois de septembre dans
les rues du 13e arrondissement de Paris.
Qui est vraiment cette femme peinte sur le mur ? Quel est son véritable nom : Élisabeth,
Marie, Éva,… ? Quelle vie a-t-elle connue ? Combien d’admirateurs discrets l’ont côtoyée ?
Les fauteuils, les vélos, que font-ils ici ? Ces mystères ont bien titillé la curiosité de nos
narrateurs …
Solitude Norbert est assis dans la rue, accoudé à une table de café sur laquelle s’amoncellent les tasses que
le serveur n’a pas daigné remballer au fur et à mesure de ses consommations. C’est son petit plaisir à lui
de descendre à l’heure du goûter, chaque après-midi dans le bistrot d’en face, ou lorsqu’il fait beau
comme aujourd’hui, assis à la terrasse, déportée un peu à gauche du café à présent qu’on doit respecter
des distances physiques avec les autres consommateurs. La calvitie de Norbert est doucement
chatouillée par une brise qui lui rappelle les délicieux mois de juin passés avec sa chère Élisabeth, ces
mois de vacances qu’ils prenaient ensemble pour visiter le monde. Il se souvient de sa longue chevelure
noire, de l’amour qu’ils faisaient au milieu des champs de coquelicots, les scarabées bourdonnant
autour d’eux, de son visage aux yeux clos et aux lèvres entrouvertes laissant échapper les souffles de
son plaisir ; il revit les bords de mer si bleus découverts main dans la main. C’était le temps du bonheur.
Cinq décennies vécues avec elle, cinq diamants offerts, chacun un peu plus gros que le précédent, tous
enterrés à son cou.
Des passants déambulent, disséminés ; les deux jeunes gens qui sont venus acheter des livres à la
librairie en bas de chez lui remontent chacun sur son vélo et s’en vont, pédalant et riant. Du coin de la
porte du café, le serveur veille sur son scooter garé sur le trottoir devant la vitrine pour être sûr que
personne n’y touche. Le temps s’écoule. Il est dix-sept heures trente, l’heure de remonter chez lui.