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UDC: 572. 02(22) Title: Insula: international journal of isl.. Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2. 3-2^ International Journal of Island Affairs . ^--. . &.
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Aug 14, 2020

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UDC: 572. 02(22)

Title: Insula: international journal of isl..

Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014

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îles

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Bibliothèque

t Les es et ar |iipels participants dans laprem' re phase so les suivants : Madère, quiest ne région ins aire portugaise: les petitesîle du P na l uées sur la côte française dela Br agne; l'île de Skye située au nord-ouestde cosse; l'archipel de l'île Lipari ou des îlesEo gK^ies, au nord-est de la Sicile et l'île

edque de Samos située près de la Côte de..^l'Anatolie à l'est de la mer Egée.

A elles toutes, ces îles comptent un peu plus300. 000 habitants.

Samos

(SI

Madeira

Library

E-mail : library@unesco. orgTel. : +33 (0)1 45 68 03 56/607, Place de Fontenoy 75007 Paris, France

Lipari

RÉSEAU DE SERVICES l S IRES EUROPÈE S

Information et services

A.A_ .d . a. .A 4-S. d.OaaisSii 'S l'sst. /'iHMiMss^ :

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Teleinsula. com est un serveur sur internet qui propose des informations de caractèreinternational sur les applications télématiques en faveur d'un développement insulairedurable.

Ces informations sont présentées par secteurs d'activités, par le récit d'expériencesmenées et par programmes de coopération internationale. Ce serveur proposeégalement l'initiative européenne de réseau de services insulaires.Ce serveur permet ensuite d'accéder à certains services publics comme la

vidéoconférence, les groupes de discussion ou «chats», les forums et les news groups.Des informations sur le mode d'emploi de ces différents outils sont également proposés.

Bibliothèque de l'UNESCOUNESCO Librâry

ADM/DIT/LIB

Le dilemme insulaire

n 1994, les îles et les petits Etats insulau-es ont organisé à la-^ Barbade leurpropre version de la Conférence de Rio. Cette

rencontre a fait date dans l'histoire des îles de la planète.Les régions insulaires définissaient de cette manière leur propreconception de l'Agenda 21, en d'autrcs mots, le chemin spécifi-que qu' elles devaient suivre pour un développement durable. Maisil faut rappeler que, au-delà du simple slogan touristique, les îlessont véritablement différentes.

Les réflexions sur les défis que les îles doivent relever et sur leuroptions pour l'avenir se sont multipliées ces dernières années. Dès1982, la question des îles est appame au sein la communauté inter-nationale lors de l'application de la Convention des Nadons uniessur le droit maritmie. Mais, il faudra attendre dix ans, en 1992, pourque l'Agenda 21, fruit de la Conférence de Rio, affirme de façonprécise que les îles occupent une part essentielle dans la stratégiemondiale du développement durable. Le chapitre 17 de l'agenda 21affirme ainsi que «les îles représentent un cas particulier, tant pourl'environnement que pour le développement, et elles présentent desproblèmes très spécifiques pour la planificadon du développementdurable. Elles tendent à être sur le plan écologique, fragiles et vutoé-râblés». A leur passif, leur petite taille à chacune, leurs ressourceslimitées, leur dispersion géographique et leur isolement des mar-chés qui les situent en situation de handicap économique et qui lesempêchent d'avoir des économies d'échelle... «L'isolement géo-graphique implique qu'elles possèdent un nombre reladvement élevéd'espèces singulières de flore et de faune, d'au le fait qu'elles réu-nissent une part très importante de la biodiversité mondiale. De lamême manière, elles ont des cultures riches et diverses particuUè-rement adaptées au milieu insulaire».

La Conférence de la Barbade présente en outre dans son avant-propos, une attitude commune, la reconnaissance de la force del'insularité vis-à-vis de la communauté internationale: «Nous ob-

servons que, bien que individuellement les îles et les petits Etatsinsulaires représentent des territoires réduits, collectivement ilsexercent une juridiction sur un sixième de la surface de la terre».Et ce, dans compter l'influence des autres milliers d'îles qui dé-pendent administrativementdes Etats continentaux. L'esprit de laBarbade a perduré et a été actualisé dans ce sens trois ans plustard, lors de la Ire Conférence européenne sur le développementdurable des îles, où les fondements d'un Agenda insulaire pour ledéveloppement furent définis de façon plus précise.

L'apparition de cette nouvelle mentalité insulaire à la veille duXXIe siècle présente un point commun, la constatation de la partdes sociétés insulaires que la richesse et la diversité du patrimoinenaturel des îles sont sérieusement menacées, et que les stratégiesde sauvegarde de ce patrimoine doivent reposer sur des budgetsspécifiques. Il ne s'agit pas d'une situation nouvelle. La colonisa-tion des territoires insulaires sur la base de productions hyperspécialisées et superposées au territoire est une pratique com-mune depuis plus de trois cents ans. La plupart des îles de laplanète afait l'objet de transformadons profondes du fait qu'on lesa considérées comme plates-formes périphériques de production:sucre, bananes, thé, pêche, nitrates...

Mais aujourd'hui déjà, une nouvelle monoculture ajailli avecune force inusitée aux yeux des insulaires: le tourisme. Un phéno-mène ambivalent qui apporte des ressources nécessau-es aux éco-nomies insulaires, mais dont la capacité d'occupation et de concur-renée territoriale a des effets unprévisibles. D'après les chiffres del' OMT (Qrganisadon mondiale du Tourisme) portant sur le nombred'arrivées internationales, les îles seraient devenues la seconde

destination touristique mondiale après les villes historiques.Pour se faire une idée du phénomène touristique insulaire, il

suffit de comparer la densité normale de logements touristiquesdans certaines des îles de l'Union européenne les plus spéciali-sées dans le tourisme. On trouve ainsi des densités de logementsvacanciers qui oscillent entre 75 et 150 places au kilomètre carré,soit des chiffres bien supérieurs dans de nombreux cas au taux dedensité nonnal de population de zones peuplées du continent.Toutefois, si l'on compare en termes d'affluence, les résultatssont encore plus saisissants: les îles grecques reçoivent plus detouristes que le Brésil, les Baléares un nombre similaire à celui duPortugal et les îles Canaries reçoivent deux fois plus de visiteursque toute l'Afrique du Sud, la grande destination africaine émer-gente, qui accueille prés de 5, 5 millions de touristes.

Ainsi, les îles idéalisées par les naturalistes, les îles de Rous-seau, Linné ou Darwin, ces mêmes territoires qui émerveillèrentHumboldt, devront faire face à des défis très complexes dans lesannées qui viennent. En fait, cette réaction a déjà commencédepuis plusieurs décennies. Il suffit de regarder la grande partd'espaces protégés existant dans les îles par rapport au continent.A tib-e d'illustration, 30% du territoire de la Nouvelle Zélande, cet

archipel complexe avec ses plus de trois cents îles, est protégé; eten ce qui concerne les Canaries, 42% du temtoire de l'archipel estprotégé sous une forme ou une autre prévue dans la loi sur lesespaces naturels. Ces pourcentages sont tout simplement inima-ginables sur le continent.

Malgré cela, la vulnérabilité, l'échelle territoriale et les diver-ses formes de colonisation de l'espace insulaire représentent desdéfis de gestion dont la complexité est infiniment supérieure àcelle du continent. Et c'est justement l'un des plus importantsappels lancés à la communauté internationale à partir de l'optiqueinsulaire, car l'effort que les communautés insulaires doivent réa-User face aux nouveaux défis du progrès est nettement supérieuren tennes relatifs à celui réalisé par le continent.

La constitution du RTTME (Réseau insulaire tropical et méditer-ranéen) associé à INSULA, s'inscrit pleinement dans ce nouveaucourant, en abordant un thème à la fois complexe et controverséd'un point de vue scientifique: la question de la capacité de charge.La recherche d'instruments et de méthodologies intégratives per-mettant d'obtenir des indicateurs fiables pour le développement desîles est aujourd'hui un devoir inéluctable. Dans ce sens, la réflexionscientifique que cet ouvrage propose et les cas choisis consumentun excellent test à l'heure d'évaluer les efforts insulaires pour ré-pondre aux défis que nous apportent les temps nouveaux.

par Cipriano MarinInsula

http://www.teleinsula. com

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nsulaRevue internationale sur les questions insulaires

ISSN 1021 - (1814Février 1999

Année 8 Dossier

Direction éditoriale:

Rédacteur en chef:

Fier Giovanni d'Ayala

Coordinateur éditorial.

Cipriano Marin

Comité scientifique consultatif:

Prof. Salvino Busuttil, MALTE

Dr. Ronald G. Parris, BARBADE

Prof. Nicolas Margaris, GRECEProf. Patrick Nunn, FUI

ProfG. PrakashReddy, INDlAProf. Hiroshi Kakazu, JAPON

Dr. Henrique Pînto da Costa, SÂO TOME E PRINCIPEProf. Uno BrigugUo, MALTE

Coordination technique

Giuseppe Orlando

Eleana Feliei

Conception graphique:

Luis Mir Paya

Publié par INSULA, thé International Scientific Coundl for IslandDevelopment, avec le soutien de l'UNESCO

Les articles publiés dans cette revue ne reflètent pas obligatoirementles opinions de Insula ou de l'UNESCO.

Reproduction interdite sans l'accord préalable de l éditeur.

însula ,la revue internationale sur les questions insulaires estdistribuée gratuitement aux membres individuels et institutionnelsde INSULA. Pour tout abonnement, veuillez écme à:

insulac/o UNESCOl, meMiollis

75732 Paris, FRANCETél. : +33 l 45.68.40. 56, Fax: +331 45. 68. 58.04

E-mail; [email protected]

Imprimé par: TENYDEA S.L Iles Canaries, Espagne

PRÉFACE i,y -. .. ..... ...... ..... ...................... 3PRESENTATION by Gilles MANDHET, Rémy HURON................... 5

APPLICATION DE LA NOTION DE CAPACITÉ DE CHARGE AUCONTEXTE INSULAIRE: MYTHE OU RÉALITÉ ? :;;^ iïrt DAVID ..... 7

ELEVAGE ET INSULARITÉ DANS L OCÉAN INDIEN :NOTIONS DE CAPACITÉ DE CHARGE : ^;;s;- '.:... ..... ... 13

APPORTS ET CONTRAINTES DE LA NOTION DE CAPACITE DECHARGE AU DÉVELOPPEMENT INSULAIRE DANS UNE LOGIQUEDE DÉVELOPPEMENT INTÉGRÉ ET DURABLE: QUELQUESPISTES MÉTHODOLOGIQUES : ^, t^'. '^.... .. ............... .. 19

CAPACITÉ D'INTÉGRATION DE NOUVELLES ORGANISATIONSDE MARCHÉ POUR LES ECONOMIES INSULAIRES:Exemple de la Banane d'Exportation ly* : ^. '£n:' .. 25OUTIL DE DIALOGUE ET DE COMMUNICATION DANS LES PECHES:LATLAS DE VANUATU ET SES IMPLICATIONS POUR LEDEVELOPPEMENT. y . s, --. ;;^.;;^'. l. '0'J'.......... ..... .. 29

ORGANISATION SPATIALE ET DISCONTINUITÉ: OUTILS ETMÉTHODES D'INVESTIGATION >,^f. :^ ;. <.. ': . . .... . .... . ... 35

DÉVELOPPEMENT SOUTENABLE* ET CAPACITE DE CHARGEDES LITTORAUX EN MILIEU TROPICAL INSULAIRE: ̂ EXEMPLEDE L'ÎLE DE MAHÉ (Archipel des Seychelles, Océan Indien),,, VirginieCAZES-DUVAT............................................ . - 41REPENSER LA GESTION DES ZONES HUMIDES COTIERESÀMADAGASCAR?b; v.. ^-:^.. . ......... .. ...... 47LA PLAINE OCÉANIQUE ABYSSALE ET LASSAINISSEMENTDES PETITES ÎLES: LE CAS DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE" Francis ROUGER E ..................... ..................... . 53

CAPACITE D'ACCUEIL ET GESTION DES SITES NATURELSDES HAUTS DE LÎLE DE LA REUNION ", ; . ; . / "... ... 57

LE TOURISME RURAL DANS LA DERNIERE ETAPE DUNOUVEAU MODÈLE TERRITORIAL DE LILE DE MAJORQUE

61

LOGIQUES UTILITARISTES ET LOGIQUES SOCIALES: ASPECTS DELEXPANSION DE LELEVAGE BOVIN EN MILIEU MELANESIEN DENOUVELLE-CALÉDONIE ,, -. . . :'" 65

UN MILIEU CONTINENTAL ENCLAVE: LA CUVETTE DU LAC DE R'KIZ(Mauritanie).. l . '- .'. .. '. -" 71ORGANISATION SOCIALE, GESTION DE LESPACE ET DESRESSOURCES EN MILIEU INSULAIRE^Jean-PierreDOUMENG . .. .. .. .. ........ 75

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

FTME" (Réseau hisulau-e Tropical et Méditerranéen)rassemble des scientifiques et des professionnels(France, Espagne, Italie, Chypre, Malte, Maurice,

Trinidad et Tobago, Canada) sur l'étude scientifique des écosys-ternes insulaires, comme des sfructures sociales et économiques,à travers un type d' approche qui permet d'appréhender globale-ment les facteurs limitant du développement et de concevoir desmodèles de développement durable des ûes. Ce développementest abordé avec la prise en compte de plusieurs échelles de tempset d'espace pennettant de couvrir la grande diversité des réalitéssocio-éonomiques et tohniques. L'approche méthodologique dufoncûonnement des nuUeux insulaires est faite à l'échelle locale

mais aussi régionale, avec des équipes pluridisciplinaires qui tra-vaiïlentsurles milieux littoraux et marins (halieutique, urbanisme...)et sur les milieux terresù-es (Agricultore etElevage) tout en tenantcompte du développement des activités de loisir et de tourisme.En effet, il est indispensable pour avoir une bonne peroption dessystèmes insulaires de travailler sur deux échelles :. régionale, avec une dynamique des flux interfles,. tenitonale avec une dynamique des flux interne à l'ûe.

L'approcheRTTME réunit des équipesplundisdplinauies(agro-nomes, écologues, sodologues, politologues, éonomistes, socio-oonomistes, géographes, cartographes, urbanistes, architectes... ),

tant du monde scientifique que professionnel, impliquées dansdes problémadques du milieu insulaire. Fort de cette capitaUsa-tion de connaissance, et de son actualisation permanente par lesactivités de chacun, RTTME propose de travailler autour de troisaspects principaux permettant la défimdonetl'élaboradond'indi-cateurs de développement durable des milieux insulau-es:

l ) Elaboration d'un cadre d'approche original par l ' écheUe régio-nale pour appréhender la question du développement et de l ' amé-nagement rural des écosystèmes insulau-es caractérisés par:-leurisolement,- les ressources naturelles et humâmes Umitées,

- les contraintes spécifiques en termes de compétidvité pour l'es-pace et les ressources face à un fragilité particulière, à la foisenvironnementale et économique.

2) Mise en place d' une démarche novatrice, d'un pomt de vueméthodologique, intégrant au niveau de "régions insulaires"desapproches diversifiées (systémiques, filières, thématiques... ) pardes équipes pluridisciplinaircs. Plus rapidement qu'une approchemonodisciplmaire, elle permet de générer des plus-values au plandu développement économique et social, et de favoriser une dy-namique régionale.

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3) Prise en compte des préoccupations de la société pour sonenvù-onnementnaturelàtraversl'objectifdedurabaitédudéve-loppement

RTTME peut travailler sur d' autres thèmes de recherches enfoncdon des demandes des participants ou de l'émergence deproblémadques dontl'étude présenteraitune pnontêreconnue.

Dans uneprcmièrc phase RTTMEaorganisé un atelierintema-tional les l et 2 décembre 1997 à Montpellier (France) sur lethème de "la capacité de charge" des milieux insulaires.Ce thème vise à analyser la viabilité économique et sociale de osmiïieux en ternies de seuils deboule-versements ànepas dépas-ser dans chaque domaine d'intervendon de l'homme (limitesqu'uneflepeutsupporterpour son développementpar rapport auxobjectifs et aux réalisations). B permet de prenà-e en compte ladynamique des acteurs dans un espace réduit, notamment parl'étude du tissu des entreprises et des niveaux de décision, etd'analyser les capacités d'inter/endonduréseau. U s'agit d'unthème fondamental pour le développement des îles comme desterritoires enclavés. Une page web sur le site d'Insula(www.insula.org/ritme/) représente les résumés de la plupart descommunicadons qui ont animé cet atelier.

Cenuméro présente des réflexions approfondies sur lacapacitede charge en milieu insulaire avec des exemples d' applicadons

concernant le tourisme et l'élevage, des méthodes et outils dereprésentations et des exemples de réalisaûon ou proposition no-vatrice en milieu msulaire qui peuvent avoir valeur de modèlepour les îles mtertropicales. C'est le cas pour la gestion des dé-chets, sujet fort cmcial dans les espaces insulau-es, en proposantune solution novatrice de traitement des ordures par une solutionabysalle. L'exempledel'atlasdeVanuatuentantqu'outildedia-logue et de communication dans les pêches peut aussi avoir va-leur de modèle.

La notion de capacité de charge est parfois contrebalancéepar un déterminisme d'ordre culturel, social, économique oupolitique. Lorsque la dimension politico-sociale des effets demarché modifie les rapports de forces, la notion de capacité decharge, qui est intéressante pour obtenir des équilibres aux m-veaux méso et micro, est totalement inopérante et hors coursedu fait des déséquilbres à l'échelle macro, déséquilibres unpul-ses par l'économie mondiale et sur lesquels l'espace insulairen'aaucunepnse.

D'une manière générale il est important de poser le problèmede la capacité de charge d'un milieu en termes de production,d'environnement et de phénomène de société, d'aménagementdu territoire et de gestion de l'espace insulaire, mais aussi entermes de recherche d'un équilibre entre ressources, espaces etacteurs.

C///es MANDRET', Rémy HUGON"

* Créé en avril 1997, le Réseau Insulaire Tropical et Méditerranéen est coordonné par le Cirad (G. Mandret et R. Hugon),BP 5035, 34032 Montpellier Cedex l France, en collaboration avec des membres de l'Orstom, du Cheam, du CNRS, del'Inra, des universités de Montpellier l et 3, de Nice, de Perpignan, de Bordeaux, de St Denis de La Réunion, de l'Ifremer,de Creocean, de l'institut d'architecture de l'université Venise, de l'université de Basilicata en Italie, de l'université desBaléares, de l'université Me Master au Canada, du Conseil de l'Agriculture de la Pêche et de l'Alimentation des Canaries,de la municipalité de Limassol à Chypre, de la Mauritius deer farming coopérative à Maurice, du Cardi à Trinidad etTobago, de l'observatoire océanographique européen de Monaco, de la fondation des études internationales de Malte.RITME est associé à Insula (Unesco) et comprend 60 membres.** Cu-ad, B.P. 5035, 34032 Montpellier Cedexl France.

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

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Gilbert David '

Résumé

Cet article discute de la pertinence de l'emploi de la notion

de capacité de charge dans les contextes insulaires. L'île estbien plus complexe qu'un pâturage et la recherche d'indica-teurs globaux de capacité de charge intégrant l'ensemble des

rapports "activités anthropique - environnement insulaire"

relève de l'illusion. En revanche, la capacité de charge peut

être pertinente dans le cas d'activités sectorielles comme le

tourisme. A coté d'indicateurs globaux, comme la fréquenta-

tion touristique maximale, qui restent très réducteurs, il est

souhaitable de développer une batterie d'indicateurs formantun tableau de bord pour piloter la fréquentation touristique

dans le cadre d'une gestion intégrée du littoral.

Abstract

Thé stocking rate is usually used in tourism studies to

assess thé maximum human pressure on natural environments.

In this paper several indicators of stocking rate are discussed

in thé context of tourism in Mauricius and La Réunion. Thé

global indicators as thé number of visitors / total area of thé

island or thé lenght of thé coast, or thé beaches area, or thé

island population are not enough precised. There is crucial

need to build a synthetic indicator. This indicator should take

into considération several parameters : thé coastal touhsm

population and infrasructures concentration, thé damage onthé reefs ecosystem, thé local employment, thé supply offreshwater and thé sewage System. More numerous are thé

parameters, more precised is thé description of thé situation

but more difficult is thé aggregation of thé parameters into asynthetic indicator, especially social and cultural parameters.

Despite very difficult to quantify, they are very valuableparameters to understand thé dynamics of thé tourists per-

ception by thé local population and thé perception ofMauricius and la Réunion by thé visitors which are key con-

cepts to assess thé sustainability and vulnerability of thé

tourism economy in small islands.

Mots clef: capacité de charge, tourisme, îles, développementdurable, gestion intégrée des zones côtières, Océan indien.

Key words: stocking rate, tourism, islands, sustainabledevelopment, ICZM, Indian Océan.

'IRD, Centre ORSTOM de Montpellier, LEA B. P. 5045, 34032 Montpellier cedex 1, France

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a notion de capacité decharge fait partie de larhétorique qui accompagne la

notion de développement durable. Sonemploi tend à se généraliserpanni les or-ganisations internationales. Labo-ratoirespour l'analyse des relations homme-mi-Ueu-ressources, les îles sont les espacesidoines pour tester sa pertinence. Dans unepremière parde sera discutée l'applicationde la notion de capacité de charge à l en-sembled'unefle, via la métaphore de l'flepâturage. Dans une seconde partie, la ca-pacité de charge sera appliquée à une ac-dvitésotorielle: le tourismejes exemplesde la Réunion et de Maurice permettantd'examiner la pertinence de plusieursestimateurs globaux, syn-théûques etrcs-treints de capacité de charge tounsûque.

La métaphore del'île pâturage

LA CAPACITÉ DE CHARGE,UNE DÉFINITION OUVERTE

La notion de capacité de charge est cou-raniment employée pour gérer les ressour-ces naturelles. Elle a été introduite par lespastoralistes qui la définissent par le nom-bre maximum d'herbivores qui peuventpâturer une surface donnée sans détério-ration de la végétation durant un tempsdétemiiné (Hervé, 1998). Cette définitionpeut être aisément élargie à l'ensembledes milieux naturels et correspond alorsau nombre maximum ou optimum d ani-maux qu' un territoire peut tolérer sans quela ressource végétale ou le sol ne subis-sent de dégradation (de Bonneval, 1993).Appliquéeàl'espècehumaine, cette défi-nition renvoie à la notion de seuil critiquede densité de populadon que peut suppor-ter un espace donné, seuil âne pas dépas-ser au risque d'endommager le milieu na-turel et de compromettre la pérennité desactivités économiques faisant vivre cettepopuladon -si on intègre la composante

envu-onnementale dans la définiûon- ou,

tout simplement, seuil au delà duquel lescapacités productrices de l'espace sontmsufGsantespourréponàE auxbesoins dela population. Le seuil critique de densitéde population peut alors être assimilé à unseuil de surpopulaûon, notion qui depuisMalthusnoumtd'âpres discussions parmiles démographes, les écologues, les éco-nomistes et les géographes et qui a faitl'objetd'une abondante littérature depuisla date de parution du premier rapportMeadows sur les limites de la croissance

en 1971.Cette simplicité de la notion de capacité

de charge explique largement sa diffusion.Saquantificadon se ramène généralementàun calcul de densité ou de ratio soit entre

deux grandeurs de même nature, soit en-te un effectif et une distance; et de ce fait,

la capacité de charge revêt une dimen-sionnomiadve, fortapprcdéedesgestion-naires et des décideurs. Un seuil ayant étéfixé pour une activité etun milieu donnés,ilsuffitdenepasledépasserpourconser-ver le milieu en l'état et pérenniser ainsil'activité.

pâturage gomme cette hétérogénéité auprofitd'une valeur moyenne repré-sentantla pression s'exerçant sur le milieu, pla-cee en numérateur du ratio exprimant lacapacité de charge, et d'une autre valeurmoyenne, placée en dénominateur, reprè-sentant la taille du milieu ou des ressour-

ces qu'il porte. Déprime abord, appliquerla notion de capacité de charge à une îleentière, ou, afoniori, al'ensemble d'unarchipel apparaît donc omme très réduc-teur. Ce caractère réducteur est accentue

par le fait que la capacité de charge estconsidérée comme constante dans le

temps.Cette pérennité temporelle du seuil cri-

tiqueàne pas dépasser renvoieàunecon-ception «classique», très statique, de l'équi-libre en écologie, dominée par la notion declimax. Elle renvoie également à la for-mulation mathé-madque de la capacité decharge, représentée par un modèle logisti.-que dans lequel la capacité de charge nedépend que de la tailledelaprcssionanth-ropique et de son taux d'accroissementmtrinsèque, constant au cours du temps.Selon ce modèle, toute fluctuation de la

pression anthropique tend à se stabiliseren une valeur constante correspondant à

CE QUI EST VRAI POUR UNPÂTURAGE, NE L'EST PASTOUJOURS POUR UNE ÎLE

Aussi facUement que la clôture séparela prairie de son espace environnant, lamer délimite l'fle. Au delà de cette analo-

gie spatiale, la métaphore de l'ûe pâturageinterroge sur la possibUitéd'appliquer lanotion de capacité de charge aux ensem-blés insulaires dont les écosystèmes pré-sententunestmcturcetunfonctionnement

bienplusomplexequelepâturage. Alho-mogénéité de ce dernier en termes d' es-pèces végétales pâturées comme d'ani-mal con-sommateur et d'activité écono-

mique -1'embouche et/ou la productionlaidère - répond l'hétérogénéité de l'es-pace insulaire et des activités économi-ques qu'il porte. Or la métaphore de l'fle

St Denis de La Réunion:

le relief escarpé est une puissantecontrainte au développement urbain

8 Notion de capacité de charge

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

la capacité de charge, attracteur stable dela dynamique de la pression anthropiqueCLe Fur, 1998). Or, les recherches de ces30 dernières années ont montré que leséquilibres étaientessentiellementdynami-ques (Fronder et Hchot-Viale, 1992). Entoute logique, la capacité de charge de-vrait donc s'inscrire dans un équilibre dy-namique entre d'une part une pression an-thropique qui fluctue selon sa dynamiquepropre - dont la démo-graphie est la com-posante principale - et selon la réponse dumilieu etd'autiEpartla dynamique du mi-lieu qui se compose également d'une dy-namique propre, à laquelle se surimposeune dynamique adaptative à la pressionantfaropique.

L'hétérogénéité de l'espace et des acd-vités qu' U porte, amsi que les fluctuadonstemporelles de ces dernières, sorties deuxprmcipaux cntères de différenciadon en-tre le pâturage et l'île qui invalident lamétaphore de l'fle pâturage. La nature del'équiïibre entre le milieu etl'agression oula pression dont il fait l'objet est un troi-sième critère. Dans un pâturage, cet équi-libre est le fait d un gestionnau'e des res-sources qui modifie la pression sur le mi-lieu de manière à ce que celui-ci recouvreson potentiel productif. Ce mode de régu-ladon «active» se retrouve dans toutes les

activités requérant une gestion à l'équili-bre des ressources renouve-lables. Dans

les ûes, à otte régulation «active» se con-jugue une régulation «naturelle», Suit desinteractions négatives entre le rrulieu et lespopulations qui l'agressent. Ainsi, les dy-namiques intrinsèques au milieu ou auxressources qm le peuplent et aux popula-dons qui les exploitent peuvent faus l' ob-jet de rapides ou profondes transforma-dons, susceptibles de fortement perturberla dynamique globale de la relation mi-lieu-population. Les risques naturels,comme les cyclones ou les sécheresses,ou les mouvements sociaux et politiquesaisontlacause(0oumenge, 1983 ;Dupon,1988 ; StoddartetWalsh, 1992). Les unscomme les autres échappenttotalementàla nodon de capacité de charge qui, unefois encore, s'avère trop réductnce.

Faut-U alors rejeter de manière défini-tive la notion de capacité de charge enmilieu insulaire? Oui si la capacité decharge est présentée comme un paramè-trc devantintégrerl'ensemble des milieuxet des activités insulaires. Non, si elle s'ap-pUque de manière plus restreinte soit à unsecteur d'activité unique, soit à un seulmilieu ou à une unique ressource, commeva le montrer l'exemple du tourisme insu-lairc.

Capacité de charge etpression touristique

Le tourisme est le secteur dans lequel lanotion de capacité de charge est la pluscouramment employée. L' organi-sadonmondiale du tourisme l'a définit en 1981

comme «le nombre maximum de touns-tes visitantau même moment un site donné

sans causer à l'envi-ronnement aucune

desbiicdon d'oràe physique, biologique,économique, et socioculturel ni une mac-optable dégradation du degré de satisfac-don des touristes».

Cette définition est originale à deuxégards: la capacité de charge est repré-

sentée par un simple effectif et non par unratio; eUe intègre laperoption que le tou-riste a de son environnement et des dégra-dations qui ont pu lui êtreoccasionné, dufait de l'activité touristique d'ailleursomme d'aubes acdvités. Nous disposonsdonc maintenant de deux paramètres pourestimer la capacité de charge dans le sec-teurdutourisme:l'e£fotifdestounstesou

divers ratios : estimateurs globaux ouestimateurs synthétiques dont lapertinenova être testée a travers une comparaisonentre Maurice et la Réunion.

ESTIMATEURS GLOBAUX DE

PRESSION TOURISTIQUE ETDE CAPACITÉ DE CHARGE

Ratios

Les rados globaux de pression tourisd-que présentent l'avantage d'être aisés àélaborer, les statistiques qui les composentétaot facUement accessi-bles. Le nombre

annuel de touristes rapporté soit à la sur-fao de l'île, soitàlapopuladon totale sontles deux ratios globaux les plus simples.Le tableau l montie que os ratios ne sontpas concordants. Lorsqu'elle est estiméeen fonction du nombre de touristes rap-porté à la superficie totale de l'ûe, la pres-sion touristique de Maurice est l, 8 foisplus élevée qu'àlaRéunion ; enrevanche,lorsqu' elle est rapportée à l'effectif totalde la population, eUe est légèrement infé-rieure. Al'évidence, aucun des ces deux

rados n' est un bon estunateur de la pres-sion touristique. Un second problème sepose: commentpasserd'un estimateur depression tourisdque à un es&nateur de ca-pacité de charge, ce dernier correspon-dant au sedl de pression maximale qui doits'exercer sur un site touristique sans ledétériorer durablement, ni perturber outremesure la population résidente ? Fixer untel seuil suppose que l' on puisse fDcer unseuil de dégradadon acceptable pour tousles facteurs envu-onnementaux, culturels

et socio-économiques susopdbles d'être

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Mt

influencés par la pression touristique. Lacapacité de charge serait donc la sommede ces seuils acceptables de dégradation;mais il ne s'agit alors plus d'un estimateurglobal mais d'un estimateur synthétique.

Effectifs

Satisfaction maximale destouristes et capacité de charge

L'inacceptable «dégradation du degréde sadsfaction des touristes» dont U est fait

mendon dans la définition de l' organisa-don mondiale du tourisme suggère qu ilexiste un seuil au-delà duquel l' insatisfac-tion des touristes se solde par une image sinégative que la fréquentadon de la desti-nation touristique doroît. Le degré de sa-tisfacdon des touristes serait donc un bon

estimateur delaqualitédel'environnementet de l'unpact de lapression touristique surcelui-ci. Un degré de satisfaction maxi-mal orrespond à un àiuUibre optimal en-tre la pression touristique et l'envi-ronnementet se traduit par une fréquenta-tiontourisdquemaximalequi peut alors êtreassmdlée à la capacité de charge tounsti-que. Cetestimateural'avantaged'êtetrèssimple, est-ilrobuste Penl'oourrenoest-U constant dans le temps?

D'une manière générale, la fré-quentadontouristiqued'unefle ne dépendpas uniquement de ses qualités intrinsè-ques (beauté des paysages, etc. .), ni de lapercepdon qu' en ont les touristes, ni de lapublicité ou de la contre-publicité qu' ilspeuvent en faire auprès de leurs relationsà leur retour. Elle dépend également desmoyens pubUcitau'es mis dans la promo-don de la destination touristique et de laréceptivité du public à cet effort, paramè-très qui, tous deux, fluctuent dans le temps.Cet outil est particulièrement efficace etune campagne de promodon bien faite,réalisée dans un contexte économique fa-vorable, peu redynamiser une iréquenta-don touristique «enperte de vitesse». Cetteefficacité est-elle toutefois suffisante pourque la fiéquentation touristique évolue de

Tableau 1 - Quelques estimateurs globaux de pression touristique insulairePAYS Superficie

(km2)

nbde Population Estimateur a nb l Estimateur btouristes totale de touristes/ nb de touristes/en 1995 deltle superficie de population

rae

Maurice 7943 422. 463 1, 079 217/km2millions

La 2512 304. 000 660. 000 121/km2Réunion

0, 39/hab

0, 46/hab

manière analogue au budget qui est allouéàsa promotion ?, oquirevientàdirequ'iln' existe pas de seuil de fiequentadon maxi-mal dès lors que ce budget est illimité ? Laréponse estbien entendu négative. H existeun seuil de fi-équentadon au delà duquell'environnement est tellement dégradé etle degré de satisfaction des touristes telle-ment négatif que la fréquentation dimi-nuerainévitablementmalgréles efforts depromotiontourisbque. Cesedlorrcspondà la capacité de charge du miMeu dont lenombre maximal detouristes en unespao

donné par unité de temps est un bonestimateur. Sur le court terme, cette capa-

cité de charge est constante. Along terme,elle peut l'être également si les capacitésderé-généradonouderestauradondel'en-vironnement sont suffisantes pour que labaisse de fréquentation que sa dégrada-donainduiteluipennette de recouvrer unétat qui ofîre au touriste un degré de satis-faction maximal. En revanche, si ces ca-

pacités deré-généradon sont durablementaffectés, un nouvel équilibre s'établu-aautour d'une capacité de charge moinà-e,correspondant à un moinà-e degré de sa-tisfaction maximal des touristes.

L'analogie du touristeet du poisson

Selon l'approche qui vient d'être dé-veloppée, plus on s'approche de la capa-cité de charge, donc du seuil de fréquen-tadon maximal, etmoins l'accroissementdu budget promo-tionnel est efficace enterme de nouveau touriste attiré. Uana-

logie avec l' acCToissement de l'effort depêche et la stagnation des captures depoisson lorsqu'on arrive au seuil desurexploitadond'unstockhalieutiqueestici évidente. Elle est également très pra-tique car à l' unage de la prise maximaleéquilibrée qui correspond au sommet dela courbe en «cloche» que dessine lemodèle de Schaeffer entre l' effort de

pêche (axe des abscisses) et les capturesde poisson (axe des ordonnées), la capa-cité de charge touristique pourrait êtreestimée de manière graphique par le pointd' mflexion de la courbe de la fi-équenta-tion touristique évoluant en foncdon dubudget de promodon de la destination.

10 Notion de capacité de charge

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITE DE CHARGE

ESTIMATEURS SYNTHÉTIQUESET RESTREINTS DE PRESSIONTOURISTIQUE ET DECAPACITÉ DE CHARGE

L'illusion de

l'estimateur synthétiqueEstimer la capacité de charge en fonc-

don des seuils acoptables de dégradationdu rrulieu est plus précis qu'en utilisant lasadsfacdon des touristes - peuvent amsi êtoepris en compte divers paramètres commela diversité du paysage, larépartition et lastructure del'habitat, l'économie locale,

paramètres qui détemiinent la «capacité durmlieu insulaire» à «reovoii» les visiteurs -

mais aussi bien plus omplexe àcalculer. Dfautd'aknri estimer une capacité déchargepour chacun des paramètres pns en omptepuis ensuite agréger l'ensemble de ces ré-sultats en une capacité de charge synthéti-que. Compte tenu de l'hétérogénéité desparamètres qui le composent, il nous sem-blé Ulusoire d'essayer de déterminer un telestimateur synthétique de capacité decharge; en revanche, établir une batteried'indicateurs qui permettront d'avoir unesorte de tableau de tord de la pression tou-risdque sur l'envi-ronnement paraît mdis-pensable. Chacun d'eux sera qualifié derestreint car en dénominateur il n'intègrequ'un uniqueparamètrcenvironnemental àladUîérence des indicateurs synthétiquesquienintègrentplusieurs.

Le tableau de bord desindi-cateurs restreints

de pression touristiqueCe tableau de bord doit permettre une

gestion optimale de l'espao littoral qui faitl'objetde la fréquentation touristique enmaximisant le rendement économique decette fréquentation et en minimisant sonimpact envi-ronnemental. Dans le cas dutourisme balnéau-e en milieu récifal, ce

tableau intégrera cinq thèmes : laconcen-tradon de la populadon et des infrastructu-res touristiques, les dommages occasion-nés à l'écosystème récifal, l'emploi et

Zone portuaire de Port Louis, Maurice

l'éconQmie locale, laconsommationd'eau

par les touristes et leur producûon de dé-chets. Chaque thème sera représenté parun ou plusieurs indicateurs restreints.

Concentration de la

population balnéaireUne première estimation de cette con-

centration peut être donnée à l'échelle del'fle entière par: a) le % de localités littora-les ayant des équipement touristiques, b)le % de la population littorale habitant deslocalités littorales ayant des équipementtourisdques, e) le nombre de touristes Iré-quentantces équipements touristiques/popdes localités

Lorsqu' on dispose de cartes de mêmeoheûe(l/io0oou l/50(XX)parexem-pie), le nombre de touristes rapporté aulinéaire coder consdtue un autre estimateur

intéressant de lapression tourisdque en mi-lieu littoral. La comparaison entre la Réu-nion et Maurice en montre cependant leslimites.

Maurice présente un vaste lagon et denombreuses plages tout autour de l'fle ; enrevanche, la Réunion ne dispose que de 25km de côtes coralliennes sur lesquels seconcentre le tourisme bahéaire. Très lo-

giquement la pression touristique sur le lit-toral doit donc être bien supérieure à laRéunion qu' à Maurice. La réalité est cer-tainementplus nuancée car, àla différencede Maurice, le tourisme à la Réunion est

lom d'être de nature exclusivement bal-

néaire. Le positionnement de l'île sur lemarché du tourisme international est plu-tôt cenû-é sur les circuits de découvertes

des paysages de l'intérieur. Or aucune sta-tistique ofiicieUe n' établit une diïïérence

parmi les touristes entre les adeptes de cetourisme rural et ceux qui séjournent ex-clusivement sur le littoral. U est d' aiïleurs

probablequeotte distinction soit en partiefactice, car le potentiel hôtelier de la Réu-nion étantprindpalement concenù-é sur lelittoral, la probabilité est élevée pour quetouttouriste visitantl'mtérieur séjourne unou plusieurs jours sur le littoral ou mêmedécide de rayonner à partir de cet espace.Auquel cas, il contnbue en partie lui aussiàla pression touristique sur le Uttoral. Visi-blement, en cas de tourisme mixte, bal-néau-e-intérieur des terres, utiliser l' efiec-

ttf annuel global des touristes dans l'esti-madon de la pression touristique sur le Ilt-toral n'est guère sadsfaisant. Le nombreannuel de nuitées passées dans les hôtels,résidenos, gîtes des communes du littoralest un bien meilleur estimateur. En revan-

che, lorsque la fréquentation touristiqueporte exclusivement sur le littoral et lenombre de touristes rapporté au linéairecoder peut être utilisé.

Le tourisme bataéaire se focalisant sur

les plages, une estimation plus précise dela concentration touristique et des problè-mesd'assainissement qu'elle génère peutêtre donnée par le nombre de chambres /linéaire de plage ou / superficie des plagesattenantes aux hôtels. Pour identifier

d'éven-tuels problèmes de coexistenceavec lapopulation locale du fait de la satu-ration de l'espace balnéaire par les touris-tes la population communale rapportée àla superficie des plages publiques non at-tenantes aux hôtels estun estimateur com-

plémentaire du nombre de touristes fré-quentant ces éqmpements toun-stiques rap-porté à la population des localités dont ilfait mention plus haut.

Destruction potentielledes récifs

Par son ancrage, toute embarcation estune source potentielle de destmcdon mé-canique du corail, les rejets àlamerd'eauxusées et de déchets constituent égalementuneattemteàl envuunnement Cet état est

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ME

estimé par le nombre de bateaux de plai-sanoetd'embarcadonsdepêcheplaisan-cière des résidents que multiplie le nom-hre moyen de leurs sorties annuelles, nom-breauquels'ajoute letotal des bateaux deplaisance de passage que multiplie leurdurée moyenne de séjour.

Dans les îlots coraUiens isolés, le tou-

cher des paquebots peut constituer un autredangerpotentiel, les touristes occasionnantune destmctionméca-nique des coraux parpiétinement, ce danger peut être estimeparle nombre annuel de croisiéristes rap-porté au linéaire de plader récifal.

Approvisionnement eneau potable, répurgation

Dans les îles où les sources sont rares

et/ou la nappe phréatique est limitéeàunemince lentille d'eau douée, la fréquenta-tiontounstique peut être une grave sourcede problèmes, tout touriste consommantde l'eau et produisant des déchets, avantd' êti-e une source de devises. Deux para-

mètres rendent compte de otte situation :. onsommalioneneaudestouristes/on-

sommation totale ou/offre d'eau pota-blé.

. production de déchets des touristes/ca-padtés de collecte et traitement.

Economie nationale

Ce thème est complémentaire des thè-mes précédents qui se rapportent à l' utili-sation de l'espace msulaire et de ces res-sources. H permet d'apprécier les retom-bées du tourisme sur l' économie locale etpeut faire prendre conscience aux déci-deurs de l' mtérêt de prend-e en conipte lacomposante environne-mentale pour pé-renniser les revenus du tourisme. Trois in-

dicateurs seront utilisés pour apprécierotte thématique:. lenombrcd'emploisduïctsgénéréspar

le tourisme / total emplois salades,. lenombred'emploisinduitsgénCTéspar

le tourisme / total emplois salariés,. laplaodutourismeetdesactivitéséco-

nomiques mduites dans le PNB.

Conclusion

La capacité de charge est un conceptaisé à concevoir, mais beaucoup plus dtf-ficile à quantifier. Dans le cas du tourismeen milieu msulau-e, la capacité de chargepeut être appréhender de deux mamères,soit à partir de la réponse de l' environne-mentàla fréquentation tounsùque, soitâpartir de cette firéquentadon dont la dyna-mique intègre déjàles dégradations qu'elleapuoccasionneràl'environnementàtra-vers le degré de satisfaction que les touris-tes ont de leur destination de vacanos. En

complément de la fréquentation tounsti-que maximal, indicateur global très réduc-teur, etenaltemadveàdes indicateurs syn-Ûiétiques, peu opérationnels, il est souhai-tabledemettreenplaceuntableaudebordde la pression tourisdque sur le milieu quipermettra de piloter la fi-équentation tou-ristique en concertation avec les profes-sionnels du tourisme et oux de l' environ-

nement dans le cadre d'une gestion inté-

grée du littoral.

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12 Notion de capacité de charge

A A

G/7/es Mandret

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

Résumé Abstract

La notion de capacité de charge en élevage, telle que laconçoive les spécialistes de l'élevage, ne tient pas particuliè-

rement compte des problèmes liés à l'insularité. Dans les îles

de l'Océan Indien où le développement du tourisme prend de

plus en plus d'importance, l'impact environnemental de l'ac-tivité d'élevage sur le paysage et les ressources naturelles

doit être intégré dans les plans de développement de cette

activité afin de combiner productivité et environnement. Lecalcul de la capacité de charge des espaces pastoraux insulai-

res doit être pondéré par la contrainte socio-économique etécologique pour limiter cette capacité de charge aux seuils de

bouleversements de la relation ressources/espaces/acteurs.

C'est en ce sens qu'une nouvelle notion de capacité de charge

insulaire doit être élaborée pour être plus proche de la réalité.

Cette dernière doit être le reflet de l'évaluation des capacités

d'accueil de cette activité en termes de potentiel

socio-économique et écologique mais aussi d'impacts à la

fois sur la société et sur l'écosystème insulaire.

Today, tourism, thé protection of nature, landscapemanagement and territorial planning balance are new

goals, which must be taken into account within thé island

livestock development programs in order to combine

productivity and environment. Thé computation of thé

island livestock stocking rate must be balanced by thé

socio-economic constraint, so that it can be restricted

to thé threshold of dysfunction of thé Ressource/Actor

relationship. This is how we can talk about island

stocking rate which must reflect thé potentialities of thé

cattle breeding activity as to be received in terms of

socio-economical and écologie potential, but also in

considération of thé impacts both on thé society andthé insular ecosystem.

Mots clés: Elevage, Insulaire, Capacité de charge. Capacitéde charge insulaire. Océan Indien, Comores, Maurice, Réu-

mon.

Key words: Livestock, Island, stocking rate, islandstocking rate, Indian océan, Comores, Mauritius,Réunion.

"CIRAD TERA, Programme ERE, Espaces-Ressources, B. P. 5035, 34032 Montpellier Cedexl France.

13

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Mt

La Problématique

' île, insula en latin, est l'exprcssiondelanotion d'isolementàlaois dans le sens d'une séparation

«protectnce» et d'une séparation «castra-trio» par rapport à un ensemble continen-tal. Longtemps signe d'abondance et dequalité de viej'îleprendactuellement unesigfflficadonsouventinverse. La vision tra-ditionnelle et idyllique de l'fle, portion deterre entourée d'eau, escale incontouma-

blé dans les échanges entre continents abien évolué. Le développement des ré-seaux maritimes et aériens (lignes dkec-tes) et mformatiques risque d' accentuerl'isolement et le non-développement denombreuses ïïes, àmoins qu'elles seposi-donnent à l'intérieur de ces réseaux mfor-matiques pour récupérer le rôle d'escalesnécessaires dans les échanges entre con-tinents qu'elles avaient auparavant (déve-loppenient d'une stratégie de "nouds" deréseaux, acdvités de «service offshore»).Les sociétés msulairesdansl'océan indien

ont bien compris cet enjeu. Elles s' orien-tent de plus en plus vers des activités de«serviooffshore».L'exportation de biensrisque donc de subir une petite révolutioncarie «virtuel» rcmplaora déplus enplusle «matériel». Le développement des acti-vités de services favorise l'émergenced'une classe moyenne urbanisée et relati-vement aisée qui conditionne le marchélocal des produits de l'agriculture et del'élevage. On peutprévoir alors une orien-tation de l'élevage msulaire dans deux di-rccùons:

. pour les îles prospères : un élevage àcaractère social mais à fortes contrain-

tes environnementales, intégré dans lagestion du paysage (environnement etéco-tourisme) comme dans celle du dé-séquilibre spatial entre l'intérieur desterres et le littoral (gesdon de l'espace),et orienté sur des produits frais et dequalité, ayant une valeur ajoutée cer-taine par rapport aux produits importés(produits du terroir) ; l'élevage devient

unoutild'amé-nagementduterritoire (laRéunion, par exemple),

. pour les ûes moins prospères: une si-tuation qui évolue peu, avec un élevagetraditionnel en retard de développement,à faible contrainte environnementalemais soumis à une triple contramte éco-nomique - religieuse - culturelle, et sedéveloppantàpartirdel'exploitadondesressouros naturelles (les Comores, parexemple).Quel que soit le niveau de développe-

ment de l'île, l'élevage sera forcémentla résultante, à l'intérieur d'un«espace-temps», d'interactions, plus dé-termmantes que sur les continents, enti-eles ressources, les condidons climatiqueset le jeu des acteurs. Les systèmes her-bagersconsdtuentun élément écologiqueet socio-économique essentiel de la sur-face agricole utile (S. A.U. ) des milieuxinsulaires. Ces surfaces représentent unecomposante marquante de l'espace ruralqui ne concerne pas uniquement l' ani-mal dans la relation ressources/espaces/acteurs. La prise en compte du tourisme,la protection de la nature, la gestion del ' espace et l' équilibre de l'aménagementdu territon-e apparaissent comme des ob-jectifs qui doivent désormais compterdans le développement de l' élevage in-

sulaire afin de limiter l'impactenvironnemental de ce dernier. En éle-

vage, un des indicateurs de l'occupationde l'espace le plus utilisé est celui de la«capacité de charge». Du fait de sonmode de calcul, cet indicateur n' est pasle plus révélateur de la relation ressour-ces/espaces/acteurs et il devient in-dispensable de créer un nouvel indica-teur sur la «capacité de charge insulaire».C' est-à-dire une capacité de charge telleque la définissent les éleveurs, mais pon-dérée par les contraintessocio-économique et écologique pour lalimiter aux seuils de bouleversements decette relation. La capacité de charge in-sulau-e en élevage doit, par exemple, te-nir compte à la fois des capacités en eau,des possibilités d'approvisionnement enintrants et des rejets sous forme d'ef-fluents, mais aussi de son impact sur larelation ressources/espaces/acteurs. Ellenéossite un regard amont et aval sur l ac-tivité d'élevage elle-même. Le dévelop-pement d'une acdvité d'élevage ne peutplus fau-e l'impasse sur l' évaluadon descapacités d'accueil de cette activité entermes de potentiel socio-économique etécologique mais aussi d'impacts à la foissur la société et sur l'écosystème insu-lau-e.

Gestion de /'espace e( élevage en milieu insulaire (cliché Ph. Chardonnet)

14 Notion de capacité de charge

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHAREE

Notion de capacité decharge classique

La nodon de capacité de charge est unedonnée tohniqueparticulièrementutiliséepar tous les spécialistes de l'élevage demmmants. Elle pemiet de réduire les ns-quesdedégradadon toutentenantompted'une productivité suffisante du bétail. EnmiUeu tropical, elle est calculée en fonc-bon du nombre d'UBT' qui peut être en-tretenu sur l hectare de pâturage au coursd'une période donnée. Elle dépend de laphytomasse consommable produite et desa qualité liée à son stade d'exploitation età son hétérogénéité floristique. Dans dessystèmes basés essendeUement sur l' ex-ploitadon des ressources fourragères cettenotion prend toute sa valeur.

La capacité de charge est un indicateurde pression sur le mUieu qui est très appré-ciable, même s'U n'estpas très précis. Hpermet, entre autres, des comparaisonsd'éosystèmes pâturés. En milieu insulatieoù l'élevage fonctionne en 'ïlux tendus"du fait de la compéddon pour l'eau et pourl'espace, de l'isolement par rapport auxsources d'approvisionnement et des mar-chés, il n' est cependant pas adapté. U nedent pas compte, nous l' avons dit, des ca-pacités en eau, des intrants et des rejetssous forme d'efîluents.

Notion de capacitéde charge spécifiqueaux îles

Dans le cas du calcul de la capacité dechargedassique, les éléments surlesquelss'effectuent les mesures sont définis quel-les que soient les situations. Dans la capa-cité de charge insulaire, Us dépendent del' identi&cadon préalable des contraintesmajeurs de l'écosystème insulau-e.

L'EXEMPLE D'UNÉLEVAGE TRADITIONNEL:LES COMORES

Le poids du systèmesocio-économique

Aux Comores, on peut considérer troismodalités principales de onduite des trou-peaux: la divagation des animaux, l' atta-che au piquet sur le terroir villageois etl'attache au piquet dans les parcelles del'agnculteur. Ladivagadondes animauxn'estplus pratiquée qu'àla périphérie desterrou-s viïlageois, mais l'exiguïté de cesterroirs ainsi que les besoms de l' intenstfi-cadon de l'agriculture font disparaître pro-gressivement cette pratique (NuttensetSaid, 1995). Lepassagede la pratique dela divagation des bovins à la généralisa-

don de celle de la vache au piquet fixedans les parcelles du propriétaire résultedesbesoinsd'intensaicadonprovoquésparla pression foncière qui ont été ressentis àtravers une succession de crises : réduc-

tion de lajachère, duntnudon des rende-ments liée àla réduction des jachères, des-ùiicdon par les animaux des cultures dansles parolles mtenst&ées, manque de boispour la constmcdon des clôtures, manquede fourrage (Mandret et al., 1992). Leschangements de comportement des éle-veurs modifient la contrainte sur les res-

souros naturelles, et de ce fait la capacitéde charge msulaire.

L'interdépendance de l'élevage et del'agncultureestd'autantplus marquée quela densité de population est élevée. Lessuperficies disponibles pour les animauxsont de plus en plus étroites et une partimportante de l'alimentation du cheptelprovient des résidus de culture et de l'ex-ploitation des jachères. ParaUleurs, l'ac-croissement du prix des engrais, lié à ladévaluation du franc comorien, augmentela valeur relative des éléments fertilisants

des déjections ammales (Letenneur et al.,1995), o qui modifie la conduite de l'éle-vage.

L'attache au piquet sur le terroir n' estpas liée à la capacité de charge de ce der-nier. En effet, sur les parcelles éloignéesles contraintes de l' abreuvement de l'ani-

mal et du gardiennage pour le soir sontimportantes. «L'agro-éleveur» va avoirtendance à déplacer son ou ses animauxen foncdon des travaux agncoles et de larationalité de ses déplacements (transportdu bois de chauffe, de l'eau, récoltes, plan-tadonsetc).

Quelles que soient les capacités fourra-gères, on peut prévoir que la capacité decharge en élevage ne pourra pas dépasser2 UBT par «agro-éleveur», compte tenudes contraintes sur les temps de travauxen agriculture et des capacités en eau.Définir une capacité de charge classiquedans ces condidons n'aurait pas de sens.C'estpourtantune réalité quis'affiche de

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^ & /"

Organisation villageoise traditionnelle aux Comores (cliché P.C. Lefèvre)

plus en plus dans le monde msulaire: surl'île de Tristan da Cunha la capacité decharge a ainsi été fixée à 2 bovins par fa-miBe.

Le poids du culturel et religieuxn semblerait que les premiers peuple-

ments des Comores aient été efl'ectués à

partir del'Afrique onentale ÇBantou), puisàpardrd'Indonésieavantd'êtrecomplé-tés par des mcursions sémites. Ace mé-lange de populations afncame, sémite etasiatique, les Arabes chiraziens ont Epportéreligion et culture musulmanes qui se sonttraduites par l'instauration de sultanats enrivalité permanente etd'unehiâ-archiethé-OCTadque(SaintMartm, 1983)toujoursenvigour.

Le poids religieux et culturel de la so-ciété comorienne surl'élevage estimpor-tantpuisqu'ilvajusqu'àmodifierles sché-mas de sélection des animaux. Les bo-

vins, de type zébu, sont de petite taille (Imà l, 10maug?rrot)ettraduisentbienlemoded'exploitation du troupeau dans lequel lesplus beaux mâles sont sacrifiés pour lescérémonies traditionnelles dont la plusimportante est incontestablement ceUe du«Grand mariage». Par otte pratique cul-tureUe etreUgieuse, la société comoriennefait une sélection inverse, car les moinsbeaux mâles sont gardés pour la reproduc-

don. Tout schéma de développement del'élevage aux Comores doit donc mtégrerla dimension du «Grand manage» s'Uneveut pas se heurter aux valeurs essentiel-les de la société et s'orienter vers des

échos. Le calcul d'une charge théoriqueliée à un plan d' amélioration de la racedoit néossairement intégrer otte dimen-sion culturelle.

L'EXEMPLE D'ÎLES PROSPÈ-RES : LA RÉUNION ET MAU-RICE

Le poids du socio-économiqueet du politique

Si on compare la Réunion et Mauriceaux Comores, on s'aperçoit que os troisfles ont en commun des indicateurs démo-graphiques très élevés: 261 habitants/km2pour laRéunion, 532 habitants/km2pourMaurice et 274 habitants/km2 pour lesComorcs (INSEE-TER 96/97, 1997).

Dans des ûes prospères comme la Réu-nion et Maurice, dételles contramtes dé-mographiques vont se traduire par des ten-sions suri'occupation de l'espaceexaor-bées par la concurrence entre les diffé-rents secteurs de l'économie (y comprisl'urbanisme). AMaurice, bien qu'elle nereprésente que 7 % du P.I.B., la canne àsucre ooupe 88 % des surfaos agricoles

et, malgré le développement du secteurtDuristique2, ladiver-sificationyprendunetoute autre orientadon que oUe du secteuragricole puisque les deux derniers secteursqui se sont développés sont les services«offshore» et le port franc. Ala fin 1995,les services «offshore» ont procuré desbénéfices de l' orà-e de 7 millions de dol-lars, suivis en 1996 par l'enregistrementde plus de 4000 sociétés ( INSEE-TER96/97, 1997).

La petitesse des surfaces pastoralesoriente l'élevage vers un système «horssol»ûès vuhiérabledufaitque les prix desmatières premières, servant à la fabrica-don de nourriture pour animaux, sont enconstante hausse sur le marché mondial.La nouvelle politique prônée par le gou-vemement va vers la suppression du prixgaranti aux producteurs et vers la révisiondes subventions directes accordées à ce

secteur. Ces mesures gouvernementalesviennent donc remettre en question l' as-pect social et équilibrant du rôle de l'Etat.

A la Réunion, la surface agricole utilene représente que un quart de la superfidede l'fle dont 50 %, de cette S.A.U. consa-crée à la canne à sucre et 20 % aux terrons

pastoraux. Le soutien technique et social,garanti par une volonté politiqued'accom-pagner la mutation de la société agricoleetdercsoudieledéséquilitas spatial, sourcede troubles sodaux, permetàl'élevagedejouer un rôle clé dans l'aménagement dutenitoire. Si lafaible superficie des exploi-tarions constitue un lïein à l'optimisationde la capacité de charge, elle permet demaintenirlesexploitadons dans une dimen-sion très familiale. Le nombre des exploi-tarions de plus de 5 ha représente mamte-nant 20 % des exploitations conte 16 % ilya7 anset7 %ilya 15 ans.

Contrairement à Maurice, l'EtatFran-çaisetlaRégionRâmion, aidés par l'Unioneuropéenne, s'engagentvers unproces-sus de soutien al' agriculture quireprésenteplus de 50%des fonds del'aide publique(évaluée à environ l milliardd'ouspourla période 1994-1999) et dont bénéficie

16 Notion de capacité de charge

MILIEUX INSUIAIRES ET CAPACITE DE CHARGE

largementl'élevage, etplusparticulière-ment le paysage pastoral. En effet les sub-vendons couvrent jusqu'à 70 % du coûtdes aéations de prairies. Du même oràe,ontoouvedessubventionspourl'achatd'en-grais, de pesticides, l'installation de clôtu-res, la onsdtution de réserves fourragèressousfomied'ensUageetdefoin, etc, aux-quelles s'ajoutent des primes à l'animal(vaches allaitantes... ). Ce système d'aideconcourt à l' artificiaUsation de cette pro-ducdon qui est «administrée» mais U a sajustification dans la mesure où l'enjeu im-portantestsocial. Un enjeu purement éco-nomique ne permettrait pas de radonaUserlacapadtédechargedeottefle. L'élabo-ration d'une capacité de charge spécifi-que à l'île est donc un exollent mdicateurd'utilisation du milieu.

Le poids de l'environnementDans les fles les plus prospères, les éle-

veurs sont de plus en plus sensibiïisés auxproblèmes de pro-tection de l' environne-ment, notamment en matière de polludondes eaux. Pour les ûes classées zones ultra

pénphériques de l'Europe, dontlaRéunionfaitparde, lagesdondeseffluents d'élevagedevient un facteur limitant du développe-ment del'élevage. En efiet la réglementa-don européenne prévoit jusqu'àl'mterdic-don de mise en décharge des déchets fer-mentescibles tels que ceux issus de l'éle-vage. nestévident que la plupart des pedtsétats insulaircs qui développent un élevagesur une grande écheUe sont confi-ontés, àplus ou moins long terme, à ce problème.Le recyclage de os déchets dans l' agriciù-tureetl'élevage estunevoiepossiblemaiseUe a ses Umites, surtout quand l'élevage«hors sol» domine et que l'on cherche àdévelopper l'éco-tourisme. Le ratio «quan-dté d'effluents/SAU» doit donc intervenir

dans le calcul de la capacité de charge insu-laue;bienquenosconnaissanossurlaca-pacité d'épuration des diflërents milieux etsupports (pouvoir épurateur des sols et dusystème sol-plante, fabrication de compostàpartir de différents supports carbonés...)

ne soient pas encore très développées pouraffineroratio. La capacité du miïieuàac-cueiiïir des animaux d'élevage ne dépendpas uniquement de son potendel à les ali-menter mais aussi de la gestion des déchetsqu'Usengendrcntetdeleurintégradondanslepaysage.

Conclusion

Les impératifs écologiques, socio - éco-nomiques ettechniques, propres àuneuûli-sation rationnelle de l'espace msulaue con-ditionnent le chok de la capacité de chargede cet espace. L'utiïisadon de la notion decapacité de charge insulau-e a un sens trèsforten élevage puisqu'eUeexprimeàlafoisune agrcssivité vis-à-vis du milieu, des seuilsde bouleversements, mais aussi un déve-

loppementharmonieux. EUepennetd'en-visager des choix de développementlimitéou des transferts d'activités vers des zones

mieux adaptées.Dans les ûes les moms prospères, l' acti-

vite d'élevage peut se contenter, dans unpremier temps, d'une approcheoù la capa-cité de charge est utilisée comme indica-teur de son potendel de développement etnonpasdudéveloppementinsulairepossi-blé.

Dans les ûes les plus prospères l' appro-che du développement de l'élevage doitnécessairement se faire par des méthodessynchroniques de comparaisons de con-traintes entre systèmes d'élevage d'unepart et entre couples «contraintes - pro-ducdons» d'autre part. L'emploi d'indica-teurs de la relation «espaces-ressources-acteurs», comme la capacité de chargeinsulaue, sont alors plus proches du poten-tiel réel de l'espace insulaire pour une ac-tivité donnée. Ce type d'indicateur pennetd'intégrer les contraintes majeures qui pè-sent sur le ou les systèmes. Il est aussil'expression des interacdons entre la res-source et le jeu des acteurs. Il peut, àterme, devenir un indicateur d'évoludon

du paysage.D'une situationd'élevage tradi-donnel,

soumis à une triple contramte économi-que- religieuse- culturelle et basée surl'exploitation des ressources naturelles,les nouvelles formes de l'élevage insu-lau-e tendent vers un élevage à caractèresocial, intégré dans la gesdon du paysagecomme dans celle du déséquilibre spa-tial entre l'intérieur des terres et le litto-

rai, et orienté sur la production de pro-duits fi-ais et de qualité. Dans les Qes, l'éle-veur n' est plus le seul décideur du «à-oitd'élevage».

L'élevage à la Réunion a volontairement été concentrésur /es terres d'altitude (cliché Ph. Hassoun)

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CC=Capacité de ChargeBA=Phytomasse consommableK=Coefficient d'utilisation de laphytomasse par les animaux (0,1 à0,9)DP=Durée de la Période6,25=Poids de matière sèche con-sommée théoriquement par 1 UBT

2 Le tourisme a représenté en 1996une augmentation ponctuelle de ladensité de population de 44 %.

18 Notion de capacité de charge

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARfiE

DANS UNE LOGIQUE DE DÉVELOPPEMENT INTÉGRÉ ET

DURABLE: QUELQUES PISTES MÉTHODOLOGIQUES

Hélène Rey

Résumé

Cette communication propose un essai de réflexion qui se

veut essentiellement méthodologique par rapport à l'apport

et la validité de la notion de capacité de charge pour la ques-don du développement insulaire. Dans un premier temps la

notion est définie à partir de ses racines écologiques et sesprolongements possibles en économie d'environnement au

travers de la notion de capacité d'assimilation. On peut alorsen même temps montrer une logique proche de celle du déve-

loppement durable et de nombreuses limites tenant à la no-

tion de seuil, et par là d'équilibre et de possibilité de prévi-sion, que sous entend cette notion. Cette revue critique du

concept est suivie d'un rappel des spécificités majeures dessystèmes insulaires de façon à définir ensuite une «logique»

de développement économique adaptée. Celle-ci doit êtreadaptative et durable afin de prendre en compte à la fois lesnouveaux impératifs d'articulation entre écologie et écono-

mie et les particularités des écosystèmes insulaires.

Abstract

This paper will discuss, essentially from thé methodological

point ofview, thé bringing-in and thé validity of thé notion of«load capacity» about thé development in islands. In its first

part, this concept is analyzed from its ecological origins andpossible outcomes in environmental économies, notablythrough thé notion of assimilation capacity. We shall then

point out that thé logic of thé «load capacity» is in fact veryakin to that of sustainable development, but involves many

limits, notably linked to thé idea of «treshold» that it includes,

so by this way ideas of stabilty, and forecasting possibilities.This critical examination of thé concept will be followed by a

reminder of thé main characteristics of thé island Systems, to

define an adapted logic of economical development. That

one has to be at thé same time adaptative and durable, inorder to integer new constraints ofmatching between ecology

and économies, and specificities of thé island ecosystems.

Mots clés: capacité de charge, développement durable, îles,

systèmes insulaires, écologie, économie.

Key words: stocking rate, sustainable development, islands,

insular Systems, ecology, economy.

Centre d'Etudes de Projets, Faculté de Sciences Economiques, BP 9606 - 34054 Montpellier Cedex Ï, France.

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Introduction

a question d'un mode dedéveloppement durable etintégré des régions insulaires sup-

pose de proposer un modèle de dévelop-pement qui entre dans le nouveau contextede représentation de l'environnement,e' est-à-du-e qui puisse réponà-e à la pro-priété de durabilité. Untelmodèle s'mscritdans une approche diïïérente des rapportsNature/Société conduisant à la définidon

d'un objectif de co-viabilité des milieux etdes sociétés. Celui-ci s'ajoute à d'autres :survie, croissance, répartidon.... qui ontscandé le développement de nos sociétés.n induit une contramte majeure liée à lanotion d'irréversibilité : l'existence de«seuils de boule-versements» à ne pas

dépasser. Toutefois l'évaluation de cesseuils pose de nombreux problèmes, enpremier lieu du point de vue écologique dufait de la complexité des interactions, del'existence de mécanismes de régulationnaturels et plus généralement des diÊ&cul-tés d'observation des change-ments met-tant en oeuvre des échelles de temps detrès long terme. Ensuite la «conversion»de ces mdicateurs et seuils physiques enobjotifs économiques suppose la mesuredes impacts des acdvités par rapport à cesseuils et la hiérarchisation des utilités quela société leur accorde. C'estl'ensemblede ces difficultés qui a conduit à une ré-ponse en ternie de référence à un principede précaudon. Si on fait abstracdon de cesproblèmes, la quesdon de fond reste biencelle de la dé&rition d' un modèle de déve-

loppement propice à intégrer ce nouvelobjotifet les nouvelles propriétés qui luisont liées.

Le concept de capacitéde chargé et sa traduc-tion en terme de déve-Ipppementdurable

PRÉCISIONS SUR LECONCEPT DE CAPACITÉDE CHARGE

Le concept de capacité de charge estissudel'écologie. IntroduitparVerhulst(1938)Umontel'existenod'unelimiteàlaCToissanoouàl'expansionrésultantdel'interaction entre un orgamsme et un mi-

lieu, unepopulationetsonenvironnement,voire plus généralement d'un contenu etde son contenant. Par exemple sa traduc-don dans le domame de l'haMeutique faitréfércno àl'existence d'un maximum de

pression de pêche supportablepar une rcs-souroou un milieu. Lareprésentalionfor-maUsée de cette nodon fait intervenir une

foncdondetypelogistique, oùlacroissanodépend des caractéristiques mtnnsèquesde la ressource considérée et où le pomtlimite devient alors la cible recherchée

dans les approches en terme d' optimisa-tion. (LeFur, 1997).Ce concept peut êtrerapproché de la nodon de capacité d' assi-irulation. Le milieu naturel dispose d unecapacité d'assimiladon qui, étant limitée,devient notamment une contrainte' àrémission de déchets et, par là, àl'activitééconomique qui les génère. Cela revientdonc à définir des seuils critiques d' acti-vite ou de aoissance permettant de ne pasdépasser lacapacitéd'assurilation de l'en-vironnement Ceux-d peuvent donner lieuà la définition de nonnes techniques dansles fonctions de production.

DE LA CAPACITÉ DECHARGE À LA DURABILITÉ

On peut caractériser cette approche dupoint de vue de ses objectifs par le faitqu'elle cherche à maintenir constant lestock global de capital naturel. Le conoptde capacité de charge peut ainsi être envi-sage parrapportàla notion plus généralede durabilité, à laquelle U entend partici-per. Enefiètolle-ci appréhende les ques-tions envi-ronnementales au travers d'unecontrainte à la croissance qui est la préser-vation ou le maintien d'un stock global decapital. On suppose implidtement qu'il estpossible d'aménager, par des mécanismesd'mcitation, une fonne de CToissance quipuisse satisfaire au respect de cette con-trainte. L'objectif général estd'avoir unusage soutenable de l'envi-ronnement,permettant la préservation des fonctionsenvironnementales pour les générationsfutures sous deux fonnes. Dans lecasd unedurabilité forte le stok global correspondseulement au capital naturel tandis quedans la version faible de la durabiUté U est

étendu au capital technologique ethumain(Faucheux etNoël, 1995). Ces distinctionssont révélatiices de la pluralité des cou-rants et des conceptions qui prônentaujourd'hui lapnse en compte des préoc-cupadonsenwonnementaUstes en premierlieu dans les objectifs politiques puis encorollaire dans les polidques publiquesêonomiques.

D'un point de vue génériquel'évolutiondes relations Nature/Société, peut être ca-ractérisée par l'opposition des visions na-turaliste etrationaliste que l'on peut asso-cier à deux idéal-types de comportement(l) une conception de la nature «comme

20 Notion de capacité de charge

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

un objet utilitaire ou agréable, ordonné àl'homme comme un moyen par rapport àune fin» ou (2) «un associé, voire une par-tie intégrante au sein de laquelle l'hommedoit négocier par des procédures diverses(éthiques, religieuses symboliques... ) laohabitationetl'atliance»(Ki-Zerbo, 1992).L'histoire de la gestion des ressources enmême temps qu'elle s'avère être unpomtd'entrée intéressantpourl'étudedel'orga-nisadon des sodétés, devientontingente desreprésentadons que ces sociétés ont de lanature, enfoncdondel'histoire, des ontex-

tes et plus précisément des paradigmes quicaractâTsentl'évolutiondesonopdonsdel'univers. Plus généralement si l'on aànetquerobjectifdedurabilitéintooduitunenou-velle représentation de ces relations, on estconduit à penser qu'U en résultera, entreautres, des changements insdùidonnels auniveau del'organisadon des acteurs parrap-port aux ressources, avec comme consé-quences directes:. l'apparitiondenouveUesinteracdonsen

particulier entre le niveau global de lasociété civile et les secteurs d'activités

utilisateurs des ressources ;. un changement des modes de représen-

tarions dont les objotifs ne sontplus seu-lement sotoriels Q^alarié et Djoulden,1996).

FONDEMENTS ET LIMITESD'UN TEL CONCEPT

Dans ce contexte plusieurs critiquespeuvent être faites à la notion de capacitéde charge. La notion de durabilité prévoitla reproduction du capital naturel en ad-mettantla possibilité de subsdtudon de ca-

pital reproducdble au capital nafairel initial.L'objectif est d'en préserver les diïïéren-tes utilités pour les généradons futures. Lanodon de capacité de charge estàl'origineplus proche d'une approcheconservadonniste visant plutôt un état sta-donnaire. Sa prise en compte dans la pro-blémadqueà.idéveloppementinsulairedoitdonc se faire dans une aoepdon élargie. Dne s'agit plus d'observer un élément parrapport à son milieu, mais au contraire unechaîne d'interacdons complexes entre plu-sieure éléments onsdtutifsd'untoutoud'un

système dont les échelles de régulation,spatiales et temporelles, sont multiples.L'insularité, dans le cas des îles de petitedimension, introduitici uneécheUe «fron-dère» naturelle qui faciïite la délimitadonspatiale du système à prend-e en compte.La problématique ressort plutôt de l' ana-lyse de la co-viabiïité des dynamiques dedéveloppement et des dynamiques desécosystèmes définis comme « un réseaude populadons en interactions» (Pavé etBarbault, 1992). Dès lors le constat de laomplexité des reladons Naturc/Société estau coeur de cette nouvelle problématiqueet va conduire à de nouveUes questions etméthodologies de recherche.

Lanotion de seufl suppose implicitementunraisonnementàl'à:|uilibreciansuneon-opdon de l'évolution qui admet un ortaindéterminisme, lequel en corollaire ofire lapossibilité d'une prévision et d'une inter-vention pouvant influencer le devenir dusystème. Or au contraù-e les nombreuseset récentes recherches menées à proposdes relations Nature/Société ont montré

l' impossibUité de piévoir l'évolution de cessystèmes du fait de la multitude des inte-ractions pouvant amener des bifurcadons

et de leur forte dépendano aux conditionsinitiales, qui limite toute possibilité de gé-néralisadon. Par aflleurs la prise en comptedes dynamiques de très long terme com-plique l'observation du fait de l'existencede phénomène d'irréversibilité ou de ré-manence qui mduisent des écarts d' ajus-tement ou des effets de mémoire du sys-tème. U semble ommunément admis queles états actuels des écosystèmes fores-derss'expliquentpour partie par des chan-gements cUmadques d'origine très loin-taine mais qui ont laissé des traces dura-blés. Ces constats ont donné lieu à un pro-longement théorique «théorie du structu-ralisme dynamique» (Lordon, 1992) quimet l'accent sur l' identification des indi-

ces d'évolution dans les changements destructure, ceux-ci étant appréhendéscomme une résultante du fonctionnement

propre du système. Néanmoins l'intrc)dic-don du très long terme pose la quesûon dela définition des outils d' analyse et desdescripteurs ou indicateurs de ces chan-gements, souvent imperceptibles àl'écheUe du présent (Pavé et Rieu, 1993).

Enfin la omplexité de l ' objet nécessitelerecoursàlapluridisciplmarité, autre en-jeux méthodologique. La mise en placede programmes pluridisciplinaues à entreautres pemus d'étudier l'influence desmodes de contrôle social de l'espace etdes ressources, montrant amsi la néces-site de fau-e évoluer la forme des recom-mandations en matière de contrôle et de

régulation, voire le mode de mise enoeuvre des recherches, avec un dévelop-pement d'un courant de recherche diteaction, permettant une démarche pardci-pative avec les acteurs concernés(CatanzanoetRey, 1997).

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MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITE DE CHARGE

Quel modèle de déve-loppement pour lessystèmes insulaires?

Ces nouvelles relations Nature/Sociétéen mettant l'accent sur les mteractions et

les extemalités, supposentpar essence desapproches intégrées tandis que l'on doitpar aiïleurs prendre en compte certainesspécificités et impératifs particuliers liésau caractère insulaire des écosystèmes.

Dans le cas des systèmes insulaires,notamment ceux de petite taille, le carac-tère réduit et l' »isolement» de ces espa-

ces, inù-oduitdes contraintes pardculièresdu pomt de vue des dynamiques à la foisécologiques et socio-économiques. Ma-cArthur (1972) montre ainsi que si la ri-chesse spécifique d'un espace est à unmoment donné la résultante d'unproos-susd'immigra. tionetd'unproossusdex-tinction, alors otterichesse dépend de deuxparamètres qui conditionnent ces proes-sus:l'éloignementouisolementetlasur-face. Dès lors il est possible de déterminerun point d'équilibre en fonction du niveaudecesparamètees.

La fi-agiïité particulière des milieux m-sulaircs en matière d' envù-onnement, peutêti-e reliée à leur taille et leur isolement.

Toutefois certains constats et analyses, ilest vrai controversés, montrent que cette

fragilité ne onduit pas forcément toujoursàdes situations d'irréversibilité. On peuten efl'et citer plusieurs exemples de mi-lieux où des disparitions d'espèces résul-tantde catastrophes naturelles(émpdondevolcan parexemplepourl'îleduKrakatoaen 1883) ou d'interventions humaines(défaunestation d'flots au large de laFlo-ride) ont été naturellement reconsdtuéesde nombreuses années plus tard (Déléage,1992). Selon May(1986)ceUes-drésul-tent de valeurs critiques du taux de crois-sano de la population, dont onavu qu'ilétait fortement contraint par les situationsde confinement, caracténstiques des mi-lieux insulaires. Seules les valeurs moyen-nés semblent constantes sur le très long

terme (Déléage, 1992) et il est alors possi-blé que les caractéristiques des écosystè-mes insulaires condtdsent à des situations

de plus forte inordtude.L'insularité est souvent présentée

comme un handicap pour le développe-ment. Ce constat estfondésurl'identifica-

dondeproblèmes spécifiques d'inftastruc-ture et de taille des marchés conduisant àdes contraintes particulières en terme decompétitivité. Le caractère restremt destenitoires et par voie de conséquence desressources explique une plus grande oc-curreno des problèmes d' extemalités etde concurrence enti-e objectifs ou activitésau niveau des politiques publiques. Lespossibilités de régulation del'exode rural,ouplusgénéralementdes mutations sec-torielles sont limitées, conduisant à des

phénomènes exaorbés depériphérisation,de concentration des activités sur le littoral

et plus généralement à des difficultés ma-jeurcsenmatièred'aménagementduter-ritoirc. Dès lors ces pays sont plus souventque d'autres dépendant des politiquesd'aide internationale.

Enfin le caractère restreint et le «rela-tif» isolement des territoires msulaires en-

genàent des dynamiques particulières auniveau sodologiqueetconomant la coor-dinationdes acteurs. On peuteneffetfairel'hypothèse:

. d'une plus forte mterconnexion des ré-seaux de connaissances entre acteurs,

situation qui facilite le conttôle social ets'avère ainsifavorable àun développe-ment décentralisé et négocié, propice àl'application du principe de subsidianté.

. d'une plus forte merde fao au change-ment résultant de l'existence de os ré-seaux sociaux etd'unontrôle sodalplusfort ainsi que d'une faculté de mémon-sation que l'isolementrend plus grande.Le dépassement de oscontramtes rend

nécessaire uneréflexionsurl'échellespa-tiale la plus pertinente pour la définitiond'un programme de développement. Unniveau supàieurd'organisation : parexem-plel'échellerégionaleneserait-ilpassus-opdblede lever ortames contraintes troplimitatives au niveau local ?

Conclusion

Le caractère intégré de l'analyse sup-pose deprivilégieruneapproche «système»pennettant l'étude des interactions entreactivités et entiieespaos, ainsi qu'entrcsys-ternes d'exploitation et système derêgula-tion. En eflet lapnse en compte des objec-tifs de durabilité conduit à une transfonna-

tion de l'ensemble des composantes dessystèmes, y compns les systèmes de déci-sion et de régulation (Reyeta/., 1997).

Or dans toutprocessus de développe-ment il convient de veiller non seulement

au développement des composantes dusystème, mais aussi àl'évolution de leursinteractions, celles-ci conditionnant lemaintien delacoordination au sein du sys-terne et, par là, la réussite à moyen termedu proossus de développement en termesd' acoptation des acteurs et d'adaptationaux conditions locales initiales. Cette ap-prohe conduit à accorder un rôle spédfi-que et une priorité au changement msùtu-tionnel. Celui-ci permetd'accompagnerottedynamiqueen préservant et/ouadap-tant les capacités internes de coordinationdes systèmes sociaux face à des configu-

radons nouvelles d'organisation (au sensde CTéadon d' orà-e) au niveau de la coor-dination des acteurs et des institutions. On

se réclame ainsi d'une approche évolu-donniste et néo-insdtutionnaliste du déve-

loppement qui met l' acont sur le rôle desinnovations ou routines organisadonnelles-définies comme des dispositifs cogni-tifs coUotifs- ainsi que des dynamiquesdes insdtudons et des proossus d'apprcn-tissage des acteurs tant individuels quecollotifs.

U s'en suit la nécessité d' une progressi-vite des objectifs et de la mise en oeuvredu processus de développementfavorisantl' appren-dssage des acteurs et des institu-dons. U s'agit donc de proposer un déve-loppementévoluttf conçu avec différentsstades et offrant aux acteurs des itmérai-

res d'évolution entre ces stades (Rey eta/., 1996).

Le respect des conditions de durabiïitédes systèmes conduit à une transforma-don profonde des modes d'exploitadonetde régulation des économies et des éco-systèmes qu'elles «exploitent» et «utili-sent». L'af&madon aoissante des préoc-cupadonsenvironnementales suri'agendapolidquemodi&eprofondémentlaonduitedes acdons publiques, sortant d'une appro-che sectorielle et tentant de concilier de

nouveaux usages et de nouvelles valeursdites «d'existence» de bien collectif queconstitue le capital naturel des sociétés.La définition de nouvelles normes restric-

dves de gestion des écosystèmes liées auxobjectifs de co-viabilité soulève laques-don du respect et du contrôle de ces nor-mes en terme de mode et d'écheUe d'm-

tervendon, laquelle place le principe desubsidiarité au cour des débats. Questionpour laquelle, dès 1979, Passet(1979)sug-géraitleprindpe de «ontrainte minimale»ou encore de «déontralisadon par niveaud'organisadon» qui sdpule que toute déci-sion devrait être prise «au» et «par le» ni-veau d'organisation où elle développe sesconséquences, «plus» et «moins» étantégalement néfastes. U s'agitalors d'abou-

tir à un consensus négodé qui permette deconcUierl'ensemble des représentadonsaprion ontradictoires au sem d'un éventailplus large d'acteurs, dont les modes de re-présentadon sont différents et dont les ob-jecdfs ne sont plus seulement sectorielsmais qui incluent dès lors aussi des ques-tions de partage entre usages conflictuelsetplus largement des unpératifs d'aména-gement du littoral et de protection des éco-systèmes. Cette tension est d' autant plusforte dans un contexte de décentralisation

dans lequel système de décision et sys-tème de régulation deviennentpolyontnques et engagent à de nouvellesformes d'organisation des intérêts plustemtorialisés(ValariéetDjoulden, 1996).

' Une autre contrainte majeureest identifiée et intervient con-

fointement: il s'agit de la capacitéde renouvellement des ressour-ces renouvelables.

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22 Notion de capacité de charge23

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NE MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

A A A N

4?

Exemple de la Banane d'ExportationRémy Hugon *

t

RésuméDe nombreuses îles tropicales produisent des bananes dont

la partie exportée représente 2,5 millions de tonnes, soit prèsde 20% du trafic international de labanane-dessert. La moitié

de cette production provient de territoires européens (Marti-nique, Guadeloupe, Canaries, Madère... ) ou de pays ACP (Ja-

maïque, Dominique, Ste Lucie, St Vincent... ), tous assujettis à

une réglementation spécifique de l'Union européenne ten-dant à maintenir ces productions malgré le contexte de libéra-lisme souhaité par l'Organisation Mondiale du Commerce(OMC).

La nature et la taille des aires de production de ces îlesdéfinissent des profils de capacités de charge spécifiques.Les faibles infrastructures et la dépendance aux intrants exo-

gènes liés à l'insularité, ne permettent pas d'atteindre uneproductivité compétitive dans un contexte internationalouvert. Ces productions sont pourtant essentielles à la vieéconomique autant par les retombées directes qu'indirectes.Le respect total des règles de l'OMC reviendrait à condamnercette activité agricole et à pénaliser lourdement l'économiede ces îles dont la faible représentativité ne permet pas d'or-ganiser une défense efficace face aux productions massivesdes zones continentales activement soutenues par les com-

pagnies transnationales.

Les décisions politiques qui orienteront l'organisation du

marché de la banane auront d'énormes répercussions sur ledéveloppement de toutes ces îles et risquent de modifier les

profils de capacité de charge et d'induire des régressionséconomique et sociale importantes, facteurs de déséquilibrespolitiques graves dans certaines régions (Carai'bes... ).

Mots Clés: îles tropicales, banane, capacité de charge, mar-ché, OMC, pays ACP, Caraïbes, mondialisation.

AbstractMany tropical islands produce bananas, which exported

part represents 2. 5 million tons, that is to say nearly 20 % ofthé international trade in sweet bananas. Half of this produc-

tion cornes from European territories (Martinica, Guadeloupe,Canarian islands, Madeira) or from ACP countries (Jamaica,

Dominica, Saint Lucia, Saint Vincent...), ail liable to a spécifieeuropean régulation which tends to support thèses produc-dons, in spite of thé context of liberalism expected by théWorld Trade Organisation (WTO). Thé nature and size of théproduction areas in thèse islands outline spécifie stockingrates. Thé poor infrastructures and thé depedency onextraneous inputs linked to insularity do not give thé possibilityto reach a compétitive productivity within an open intema-tional context. Nonetheless, those productions are essential

for thé économie life due to both direct and indirect effects. A

total respect of WTO régulations would end up incondemning this agricultural activity and will heavily penalizethé economy of thèse islands. their poor representativenessdoes not permit thé organization of a protection efficientenough to confront thé massive productions of thé conti-nental zones, actively supported by transnational companies.

Thé political décisions, which will direct thé banana marketorganisation, will hâve huge répercussions on thédevelopment in ail thèse islands. They risk a modification ofthé outlined stocking rate and they might lead to important

economical and social déclines, risk factors to a senous

political imbalance within some régions.

Key words: tropical islands, banana, market, stocking rate,WTO. ACP countries, internationalization.

* Cirad-Flhor, B. P. 5035, 34032 Montpellier Cedex 1, France

24 Notion de capacité de charge 25

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Production mondiale Importance desde la banane productionsd'exportation insulaires

e marché de la banane

d'exportation est lepremier marché mondial des

fiuits en volume ( 14 millions de tonnes en19%) ainsi qu'envaleur(4, 8mil]iarisUS$en 1996). Suivant leur origine, ces bana-nés relèveront de règles de commerciali-sadon différentes. Trois systèmes sont àconsidérer suivant la nature géopolitiquedes pays de productions :- les territoires pâiphériques et ultra pén-phériques de l'Union européenne (U.E.)constitués des Canaries (Espagne), deMadère (Portugal), de la Crête (Grèce) etdes Antilles fi-ançaises. On désignera otteproduction sous le terme de ' lianane euro-péenne".- les pays dontles rapports avec les mem-bres del'U.E. restentforts (souventpourdes raisons historiques), signatau-esdesaccords de Lomé et appartenant de ce faitaux pays d'Afnque-Caraïbes-Pacifique(ACP) comme Belize, les Ues sous le vent,laRépublique Dominicaine, leCameroun,la Côted'Ivoire, Madagascar... On parleraalors de "bananeAO'.- les autres pays indépendants qui ne peu-vent que se placer dans un contexte com-mercial mtemational ouvert. Leur banane

d'exportadon seradite "banane dollars".Dans le caà-e de l' accès aux marchés

de l'Union européenne, les bananes U.E.etACP souhaitentonserver certains avan-

tages hérités de leur histoire et se défenàçainsi d'un UbéraUsme qui favoriserait lesbananes dollars. L'organisadonom-mune des marchés (OCM) pourla banane, décidée parl U.E., est le caà-e mou-

vant dans lequel cha-cun des pays tB-oduc-teyrsdel'UEetdespays ACP tente desauver ses mtérêts.

Les productions msulaires de bananesreprésentent 74% de la production euro-péenne etACP (tableau l). Le tonnagequ'elles représentent est très inférieur àcelui des pays aux bananeraies mdustriali-sées. Par contre eUes conoment de nom-

breux pays et un grand nombre d' opéra-teurs par rapport aux quelques ompagniesqui régissent les immenses plantations despays gros producteurs.

L'importano d'une producdon dans uncontexte national peut être également ap-préhendée en rapportant les chiffres d'ex-portation au nombre d'habitants. Enpre-nant en compte tous les pays producteursde banane, on constate par cette approcheque quatre fles figurentpamii les cinqpre-miers pays (classement en tonne de bana-nés exportées par habitant - tableau 2).

^

La banane aux Antilles

Un contexte deproduction très varié

Le produit final, bien connu des con-sommateurs, esttrcs standardisé puisqu'ilprovient de quelques cultivarsd'unmêmegroupe génétique (un nouveau marchépour d'autres variétés de bananes émerge,mais resteencoreembryonnaireetneserapas pris en considération dans ce qui suit).Cettehomogénéitéàiproduitàlaon-som-mation ne doit pas faire oublier une trèsgrande diversité de conditions de produc-don qui rend périlleuse toute approhe quis'appuierait sur un seul système de pro-àicdon.

Cette diversité se décline depuis les par-ticularités topographiques, pédo-logiques,climatiques et géographiques jusqu' auxomposantes sociales etpolitiques de cha-que pays. Quelques-unes sont citées ici etpeuventillustrCTl'oppositiondesonditionsde cultures entre zones continentales et

insulau-es tropicales.. Lesproducdmsdeplainepermettentde

ciddver de grandes surfaces homogè-nés, d'appliquer des itinéraires techni-ques àgrandes échelles, d'optimiser lesmti-ants. Elles s'opposent aux espaceshétérogènes constitués de plaines exi-gués, de vallons ou de plateaux qui kn-posent un parcellaire fragmenté et despratiques culturales souvent plus com-pfcxes.

26 Mondialisation et capacité de charge

MILIEUX INSUIAIRES ET CAPACITÉ DE GNARCE

Tableaul: Importance des productions insulaires de bananes (U. E. + ACP)

Production U.E. + ACP

Production insulaire U. E.

Crète 15 000 tMadère 50 000 t

Guadeloupe 150 000 tMartinique 219 000 tCanaries 420 000 t

Total U. E. 854 000 t

Production

Cap VertGrenade

DominiqueSt Vincent

JamaïqueSte Lucie

Total ACP

insulaire ACP

4800 t14 000 t7Î 000 t82 000 t

705 000 t127 000 t

403 800 t

1.700.000 t (100%)

1 257 8001 (74%)

Les sols profonds et drainant permet-tant des cultures pérennes contrastentavec les sols peu profonds ou asphyxiantsqui nécessitent des replantadons régu-Itères avec une préparation unportantedes sols.

De nombreuses zones deproduction sontexposées aux tornades ou aux cyclonesauxquels «la plus grande herbe dumonde» ne résiste pas.La distance «zones de productions /marchés de onsommadon» est toès va-

riable (Amérique centrale / USA-Ca-nada et Caraïbes / Europe par exemple)et influe fortement sur les coûts de re-vient

La nature des statuts fonciers détermine

la taille des plantadons et sera détemu-nante dans le choix des systèmes de pro-ductions (opposidon des grandes plan-tadons mdustneUes et des exploitadonsfamiliales).

La siùiation politique et l'histoirc de cha-que pays producteur impliquent souventdes relations entre production et mar-chés (pays indépendants, paysACP, dé-parlements ultra-périphériques euro-péens...)

Historique des règlesdu marché de labanane d'exportation

Dès l'origine de l'Union européenne(Traité de Rome), deux organisations demarché ont cohabité pour la ommerciali-sation de la banane.

. Lapremièrc qui rassemble les pays pro-ducteurs (France, Espagne, Portugal,Grèce) et les pays unpliqués dans le dé-veloppement des ACP (France,Royaume-Uni, Espagne, Belgique...)commercialise les bananes de l'U.E. et

Production de banane dessert d'exportation (1996)

PRODUCTION EN MILLIERS DE TONNES

12

1700

Banaiea $

Bananea OMC

s^e

aneaACP

Bananes U.E

des ACP à un prix supérieur au coursmondial. Cette pratique permettait demamtenir cette activité agricole dansl'U.E. et de contnbuer au développe-ment dans les pays AO

. La seconde, constituée des autres na-

tions européennes (Allemagne, paysnordiques et plus tardivement les autrespaysd'EuropeontFaleetduNord), gran-des consommatrices de bananes, com-mercialise les bananes dollars du mar-ché mondial à un coût moindre.

La persistance de ces deux organisa-dons devient anachronique avec l'unitécroissante de l'Europe.

Les débats ont été nombreux et intenses

pour arriver à des accords sucossifs d'or-ganisadon ommune des marchés (OCM)toujours plus complexes. Les plamtes dé-posées auprès del'OrganisationMondialedu Commerce par les producteurs de ba-nanes dollars ont abouti à une mise en de-

meure pour l'Europe de régulanser l' or-ganisadon de o marché dans le sens d'unelibéraUsadonpourle lerjanvier 1999.

27

Page 15: Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International ... · UDC: 572. 02(22) Title: Insula: international journal of isl.. Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International

NE

n faut noter que la part importante desproductions insulaires dans les bananes deFU.E. etdesACTaeuunrôleplutôtnéga-tif dans les négociations. Les îles et leuridentité propre très marquée (phénomènetypique de l'msularité) ont été un fi-em àrétablissement d'un consensus pmsque àla difficulté des débats s'ajoutaitla spéci-fidté d'états /territoires peu enclins à s'ex-primer d'une même vok.

Menace pour les îles

L' obligadon d'organiser le marché ba-nanier au niveau planétaire ne peut se fairequ'au détrimentdes producteurs déréglonsaux fortes contramtes. Les territoires msu-laires sont donc directement concernés.

Les consé<[uenos économiques et socia-les serontmajeures puisque l'importanode os productions y estparticuliè-rementforte (cf. tableau 2).

Du fait de l'insularité, certaines activi-

tés induites sontparticulièrementdévelop-pées [e.g. : la fonction de transport (autantpourlapK xiuctionquepourlesintrantsexo-gènes), le secteur de commercialisation /trans-formation des sous-produits ou desécarts de production]. Elles seront obliga-toirement touchées par l' évolu-tion de laculture de la banane, ce qui contiibuera àaggraver la situation économique locale.

Ces deux hypothèses sont insatis-faisantes et les solutions devront être in-

tennédiaires. Leur choix sera facilité parl'utilisation d'indicateurs pertments où lesnotions de capacité de charge, de seuilde tolérance, de durabilité devront êtreprises en considéradon pour chaque zonede production. Ces précautions serontd'autant plus nécessaires qu' elles con-cément des marchés très précis. On peuten effet imaginer d'autres systèmes deproduction (bananes de diversi-fication,mais également d'autres producdons hor-dcoles spécialisées) spécifiques des con-dirions de chaque site, pour lesquels desanalyses des contraintes devront être fai-tes pour détemuner les seuils etles capa-cités de charge propres.

D faut déplorer que les effets de la mon-dialisation ne soient souvent examines

que dans leurs composantes écononu-ques à court terme. La dimension politi-que est très souvent reléguée. U est pour-tant facile d'imaginer les effets induitspar la déroute d'un secteur économique

Tableau 2: Exportation de bananepar habitant

Pays Tonne de bananeexport/habitant

Sainte Lucie

Costa Rica *

Martinique

Dominique

Saint Vincent

* pays non insulaire

0. 900

0.642

0.538

0. 533

0.505

majeur dans une île au niveau de sa ré-gion. Les répercussions en terme d ins-tabilité politique, d' appauvnsse-ment, denouveaux flux migratoires, de sécuritésont évidents et devraient être intégrés

aux études de prospective pour mieuxsituer le réel mtérêt d' une nouvelle onen-

tationd'unmarché.

Conclusion

Lessolutionsàapporterrelèventduneproblémadque récurrente du développe-ment durable des zones aux conditions

de productions défavora-bles. Dans leursformes extrêmes, elles relèvent de deuxscénarios :

. unfortassistanat, ardfidaUsantl'ensem-

blé de la vie économique ;. unelibertédemarchéquisacrifieratous

les secteurs non concurrentiels et en-

traîherauneimportantebaisse du niveaudévie.

y

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28 Mondialisation et capacité de charge

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

'^ssy

Espérance Cillaurren

Résumé Abstract

L'atlas des pêches de Vanuatu représente une innovationdans le domaine des pêcheries côtières et a été réalisé pour

transmettre au mieux des informations sur la distribution spatio-

temporelle de la ressource. Ce travail a donné lieu à une ré-

flexion sur l'analyse et la transmission des informations,

compte tenu de l'identification et de la demande des acteurs

sociaux. La carte devient alors un outil de dialogue, de com-

munication et d'aide à la décision. Celle-ci est fortement dé-

pendante en halieutique avec la capacité de charge qui con-duit à évaluer un potentiel d'exploitation. En fait, les particu-

larités de l'environnement des petites îles semblent avoir plusd'influence sur les activités de pêche que la simple disponibi-

lité de la ressource. Il est donc logique d'intégrer l'utilisation

de l'indicateur «capacité de charge» dans une analyse glo-

baie qui prenne en compte la spatialisation.

Thé fisheries atlas ofVanuatu innovâtes in coastal fisheries

and is made in order to transmit as better as possible informa-

dons about thé distribution in space an time of thé marineressources abundance. This work give rise to a thouhgt about

thé analysis and thé sprcading of informations. Instead, doingthé atlas responds to various targets in relationship with thé

demands of thé différent social players. Mapping thé dataleads to build a tool of dialog, communication and décision.

Thèse last are in fisheries strongly dépendent to thé carrying

capacity which is allows to evaluate a catch potential. Actually,thé characteristics of thé small islands environment seem to

hâve greater influence for thé development of fishing activitiesthan thé simple availibility of thé ressource. Therefore thé

use of carrying capacity should be integrated in a global

analysis which take in account thé spatialization.

Mots clés: Vanuatu, pêche, atlas, capacité de charge. Key words: Vanuatu, fishing, atlas, stocking rate.

. IRD, Centre ORSTOM de Montpellier, LEA B. P. 5045, 34032 Montpellier cedex 1, France.

29

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NE

La place des atlas dansles'pêches, unedémarche entrepriseà Vanuatu

a cartographie des ressourceshalieutiques est encore peurépandue. Excepté à Hawaii,

aucun atlas des pêches côtières n' a étéréalisé avant celui de Vanuatu. En fait, lacartographie quandtadve est plutôt réser-vée aux ressources pélagiques du large(Fonteneau, 1997). Si des infor-mationsconcernant les ressouros aquatiques sont

souvent indiquées sur le support géogra-phique, les réflexions concernant le rôlede l'espace dans la dynamique de la res-source et de son exploitation est récente(Caddy et Garda, 1987). Dans ce sens lamodélisationintégrantl'hétérogénéité spa-tiale de la ressource (Petitgas, 1994; LePage, 1995 ; PeUetier, 1995 ; Hutchings,1996) est encore considérée comme diffi-cilement applicable par les acteurs so-daux. C'estpurtantdansotte optique queles systèmes d'informadons géographi-ques ont été mis au point principalementpour les zones côtières (Anonymes, 1995,1996;Maeden et DoChi, 1996) et ontainsi pemiis d'apporter une nouvelle si-gmfication al'étude delà répartition spa-dale des ressources marines. Cette procé-dure est d'un coût élevé et requiert parailleurs des moyens logistiques et des ba-ses de données qui sont encore peu dispo-nibles dans le Pacifique msulaire.

Vanuatu, archipel de quatre vingt îlessituées au nord de la Nouvelle Calédonie

possède une superficie terrestre cinquantefois inféneure à sa zone d'exclusivité éco-

nomique(6o(XX)km2). Avoses 150000habitants, le pays est marqué par son insu-larité et une économie faiblement

monétarisée. Le développement d'unepêche artisanale côtière lancé par le gou-vemementdès 1981 eutpourbutdedéve-lopper les circuits de commercialisationdes produits halieutiques irais afin d' amé-

liorcrlaqualitéprotéïquedel'aUmentadonet les revenus des populations mrales. Lesystème de rccuefld'mformationen tempsréel a permis à partir de l'analyse de 10Oo sorties de pêche réparties sur 120 zo-nés de pêche et couvrant dk années d' ex-ploitadon de suivre dans le temps et surl'ensembledel'archipell'évoludondesactivités de pêche. La représentation car-tographiquea alors été choisie comme lemoyen le plus adéquat etleplusoonomi-que de renà-e compte de l'état de la res-souroetl'évolution de lapêcherie. Cettedémarche nous a conduit àréfléchirsurlerôle de la carte dans l'analyse et dans ladiffusion des informations. Ensuite, une

proposition de gestion de la pêcherie estfaite compte tenues des variabUités spa-tiales observées dans l'effort de pêche etdans l'abondance de la ressource. Dansce cadre, la capacité de charge expnméeclassique-mentparlabiomasseexploita-blé (Gulland, 1983) paramètre couram-mentutilisédans la gestion des pêcheries,estroonsidéréomptetenu delavariabi-lité spadaledel'exploitation.

Cartes et atlas:les plateformesde Pinformation

Le fravail cartographique est basé surdes objectifs pragmatiques ; il s'agit dedécrire les meilleurs lieux et moments de

capture du poisson et d' évaluer par zonede pêche les quantités quel'onpeutpréle-ver sans épuiser la ressource. Ces intor-mations sont présentées de mamère à cequ' elles puissent être comprises et utUi-sées par le public le plus large.

AVanuatu, et de manière plus générale,en Océanie msulaire, l'identité des hom-mes, acteurs du déve-loppement, estfor-tement liée à leur territoire, c'est à direaux lieux qu'Us occupent et dont laper-option estapparentéeàl'utilisationqu Usen font (Bonnemaison, 1986). Dans cecontextel'écritetles tableaux de chiffresou les diagrammes " parlent " beaucoupmoins au lecteur que la carte qui au tra-vers de l' unage géoréférenciée ravive lelien que celui-ci a tissé avec les lieux(Cmaurren et David, 1995) formant son

30 Méthodes et outils

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

rB ougainui"el60°0BE^ 170°BOE 18B°00E

No uu e Ile Q

Géorgie

Chai*cul

Qb;. ^"tai"bei iiesSalomons^Malaita

Gc^10 00S .-"^^"nai1^ ^ Santa Cruz

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<"lunéa . "_.. °""'t«"'Nouuelle\'v^ v c^-tf»»Calédonie '^Y <ilMare

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0:_tf7 <,c

Situation géographique de l'Archipel de Vanuatu

espace quoddien. Nous avons alors distin-gué trois types de lecteurs ou acteurs so-ciaux selon les reladons qu'ils entreden-nent avec l'espace géo-graphique. Lesacteurs qui conçoivent lapoUdque du dé-veloppement des pêches ontunepercep-don du pays dans sa globalité et de sa si-tuation dans le Pacifique insulau-e. Lesagents del'administralion des pêches, char-gés d'appliquer les dirodves politiques,s'intéressentàl'organisation desacdvitésde pêche au sein de l'archipel, et plus par-dculièrement à la comparaison des poten-dalités d'exploitation entre les îles. Lepoheur desviïlagesestontiésursazonede pêche et sur son ïïe.

Lareprésentation des objets sur la carteobéit à l'itinérau-e cartographique décritpar Deffontaines et Lardon (1994). Lacarte ressource est un recueil des infor-mations collectées, la carte facteur est lerésultat de la combinaison de ces informa-

tionset la carte produit représentera lerésultat d'une modé-lisadon. Nous conce-

vons alors la représentation cartographi-que comme uneplateformedel'informa-don, où acquisition etproduction decon-naissanos sont reliées par un flux aUer etretour de l'informaûon. B s'agit là à la fois«d'unoutilde dialogue etdeconwnunica-tion» commeprcssentiparDesffontaines

et Lardon (1994) mais également d'unmoyen d'aiderladécision.

Pour la pêche commerciale des pois-sons deptDfondeuràVanuatu, lacarte«res-sources» indique pour chaque îlel'effortde pêche déployé et la producdon obte-nue, la carte «facteurs» montre révolution

annuelle des rendements, etla carte «pro-duits» mdique les quandtés annuelles quel ' on peut pêcher et le nombre d' embarca-tions qui peuvent être mises en activitésans épuiser laressource. Ds'agitlàd'unereprésentation de la capacité de charge decette ressourovisàvisd'un prélèvementcomme la définit Le Fur ( 1997).

La gestion desexpïoitationshalieutiques:la signication de lacapacité de chargedans un milieu insulaire

fortement marqué parl'éclatement de l'espace

A priori la capacité de charge est éva-luée soit à partu- de modèles globaux deproduction (Schaeffer, 1954; Fox, 1970)soit à partir de modèles analytiques qui uti-lisent les paramèties biologiques de la rcs-

source (BevertonetHolt, 1996) tels que lacroissance, la mortalité (mortalité naturelle

etolledueàl'effort de pêche) etlerecm-tement. Au départ définie spatialement, lacapacité décharge a ensuite été évaluéepar zone géographique selon un simple rap-portde surface. Qrune forte stmcturadondes habitats des poissons existe en fonc-don de la profondeur pour les vivaneauxreprésentés par les espèces du genrePristiponw'ides qui sont les plus superfi-délies et celles du genre Etelis qui viventdans les plus grandes profondeurs . Lesespèces du genre Epinephelus (loches)qui sont en revanche moins bien locali-sées selonla profondeur apparaissent con-ontrcs sur certaines iles (CUlaurren et al.,1998). Enfin, l'effort de pêche migre ens'mtensUiant au cours des ans de lapéri-phérie de l'archipel vers les fles centralesqui regroupent les zones urbaines et lesmeilleures infi-astmctures de communica-

tion(CyiaurrcnetSmiier, 1998). Pour êtreun outil d'aide à la décision efficace, la

capacité de charge ne peut omettre cesvariabilités.

Si la capacité de charge exprime la dis-ponibilité de la ressource selon une quan-

La capacité de charge de la ressourcedémersale à Vanuatu exprimée par la

prise maximale soutenue et le nombrede bateaux pouvant opérer

31

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ME

tité annuelle que l'on peut prélever, il estjudicieux d'établir ces quantités par es-pèces avec un index d' abondance géo-graphique pour les espèces intermédiai-res. Il s'agit là des espèces les plus vul-nérables à une pêche intensive. Si la ca-pacité de charge s'exprime selon unepression de pêche (ie. nombre de bateauxopérant ou nombre de jours de pêche),elle sera non seulement tributaire de la

disponibilité de la ressource, mais aussides conditions d'accès à cette dernière,

et des contraintes inhérentes à sa com-

mercialisadon. En effet, outre la difficulté

des condidons de navigation sur les côtesexposées aux houles et aux vents situéesà l'est de l'archipel, la pêche en milieumral est handicapée par le manque devoies de communication. Ainsi, les coûts

de transport du poisson vers les zonesurbaines où se situe la demande (repré-sentée par les hôtels et les restaurants)sont prohibitifs pour les bénéfices de lapêche (David, 1990). Enfin, les revenusdes consommateurs mraux ne leur per-mettent pasd'acquérir ce produit. C'estdonc en ville, lieu bien infrastincturé et

communicant avec l'extérieur, que descentres de pêche commerciale se sontdéveloppés au cours des ans sous l'égidede pêcheurs professionnels privés.Comme l'a montré!'arrêt progressif dela pêche à vocation commerciale dansles zones mrales, la gestion de la pêchedans un milieu insulau'e comme celui de

Vanuatu esttributau-e des particularitésde l'espace géographique. Maritime, ilinfluence la disponibilité de la ressource.Terresû-e, il est déterminant pour la via-bilité de l'activité économique. L' oudl"capacité de charge " devrait donc êtreconçu comme un élément mtxte, résultatde l'expression spatiale de l'abondancede la ressource et de l'effort de pêche.La capacité de charge est alors un mdi-cateur flexiblequi s'adapte dansletempsaux fluctuations spatiales de l' effort depêche et de la réponse de la ressource àcette pression.

Conclusion

La représentation carto-graphique aété réalisée au départ dans le but de ré-pondre de la manière la plus claire et dela façon la plus compréhensible aux ques-tions formulées par les acteurs sociaux.La simple présentadon des faits dans leurréalité géographique permet déjà demettre en évidence des informadons qmalimenteront de nouvelles problémati-ques. Il est donc essentiel à ce niveauque l'image carte soit évolutive et inte-ractive. Support fixe de l'information àun moment donné, la carte est aussi pro-ductrice d'une dynamique qui permetselon les termes de Desffontaines et Lar-

don (1994) le passage d'une recherche-finalisée vers une recherche- action.

C'est dans ce cadre que s'inscrit l'utili-sadon d'un indicateur identifié comme la

capacité de charge usuellement évaluéde manière spatiale. Toutefois, dans lemilieu insulaire océanien, compte tenuesdes variabilités mduites par l' éclatementdes espaces occupés par la pêcherie, ilparaît nécessaire d'intégrer la capacitéde charge dans une vision globale quiprenne en compte non seulement l'hété-rogénéité spatiale de la répartition de laressource mais aussi les caractéristiquesdes Ueux de pêche et leur appropriationpar les acteurs sociaux. La capacité decharge deviendra alors un objet spatialtel que le conçoivent Lardon étal. (1998)situéàl'interface des dynamiques res-pecdves delaressourceetdel'exploita-don halieutique et sera amsi un descnpteurutile pour la gesdon de la pêcherie. Danscette optique l'utilisadon des systèmesmulti-agentsspaûalisés paraît mdiquée,l'objectif recherché étant non seulementde décrire l'état du système pêche maisaussi d'étudier la flexibilité d'un

descripteur, ici la capacité de charge, visàvisdel'évoludon spatio-temporelle ducomportement des acteurs ou agents dece système.

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Nt MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARBE

A A

Isabelle Mor *

Résumé

Pour appréhender les territoires surchargés, il convient enpremier lieu de les délimiter et pour cela il faut analyser l'es-pace, déterminer précisément les discontinuités, les situer afinde mieux connaître les objets susceptibles d'intervenir et demodifier leur évolution. Diverses méthodes et de nombreux

outils sont à notre disposition. Chacun d'eux a une limited'exploitation mais peut être relayé par un autre de ces outils.Un tableau de synthèse présente chacune des méthodes, seschamps d'investigation, ses données, ses avantages et sesinconvénients.

Abstract

In order to understand overcrowded territories, we hâve to

define them first. For that purpose space must be analysedand discontinuities precisely settled. Thé détermination ofthé exact location of those discontinuities is necessary tohâve a better knowledge of thé phenomenon able to bring a

modification in thé évolution of thé territory. Various methodsand many tools are at our disposai. Each one has a limit ofuse

but can be relieved by another one. A synthetic table deseribesthose methods, their investigation fields, data, and pros andcons.

MotS-clés: Discontinuité, analyse spatiale, structure et dyna-mique territoriales, modélisation, île, notion de seuil, capacité

de charge, indices de concentration, indices de dispersion,SIG

Key words: discontinuity, spatial analysis, territorial struc-ture and dynamic, modelling, island, limit, stocking rate,

concentration indicators, dispersion indicators, GIS.

* Laboratoire d'Analyse Spatiale Equipe "Dynamiques territoriales", Université de Nice Sophia Antipolis, UPRESA 6046 duCNRS UMR Espace, 06000 Nice, France.

34 Méthodes et outils 35

Page 19: Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International ... · UDC: 572. 02(22) Title: Insula: international journal of isl.. Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International

Introduction

Le caractère commun au milieu médi-

terranéen réside dans l'inversion existant

dans les hiérarchies spadales et mentalesentre l'intérieur et le littoral. Insulaire, la

société pastorale s'est transformée aucours des siècles en une société mixte :

littoral/inténeur puis plus réommentqua-siment entièrement littoraliste. Ce chan-

gement profond organise l'espace en plu-sieurs zones: une forte concenti^tion ur-

bame littorale, une péri urbanisation et unmitage de la plame intérieure, un haut ar-nère-pays quasknent désert dominant lebas pays densémentpeuplé formant ainsiune profonde discontinuité à la fois topo-graphique ethumame. L'intérêtporte doncsurladélimitadon de ces zones afin d'éta-

blir les Uens qui peuvent à la fois les unirou les différender. L'ûe est un espace res-teint De ce fait, la pedtesse du milieu in-sulaire entraîne une saturationrapideetlesconséquences de la surcapacité de chargesont amplifiées. Les problèmes d' aména-gement du territoire se posent alors dansdes termes plus forts. Hs doivent surtoutêtre résolus plus rapidement puisque noussommes là à F interface entre deux milieux

mann et terrestre.

L'intérêt de déterminer de manière pré-cise les discontinuités permet de limiterles différents espaces et d'en établir destypologies en fonction des variables prisesen considération. Selon le choix de celles-ci, les limites se modUient mais nous les

connaissons toujours précisément. Demême, nous pouvons amver a compren-dre par quelles variables un développe-mentpeut être entraîné. La présenod'unediscontinuité spatiale est ontrainte par unnombre restemt de paramètres. En modi-fiant certains de ces paramètres, la dis-continuité évolue spatialement, renforçantou réduisant l'espace. La capacité decharge du miUeu évolue en conséquence.Ainsi, la charge tolérée pour telle ou teUevariable peut être connue comme sa li-mite : la surcapacité de charge.

Des discontinuitésaux répercussionsdifférentes

Ces discontinuités provoquent des ef-fets de dissymétriedans larépartition d'uneactivité d'un phénomène donné commepar exemple des activités motrices, desstations touristiques, des centres urbainsdynamiques... Ces effets de dissyméùies'obsCTventlorsqu'unedisontinuité séparedeux zones de niveaux sodoÀonomiquesdiïïérents. Al'inverse, des effets de symé-trie se renconti-ent lorsque les contrastesentre les deux entités territoriales sont fai-

blés ou bien lorsqu' elles exploitent toutesdeux une même richesse.

Les effets de dysfonctionnement sont lesigne d'une mauvaise intégradon et se tia-duisent par des limites aux aires d'in-fluence ou d'attraction. Par exemple,l'étude de la forme des réseaux de com-

munication permet d'obtenir une bonnemdicadondes dysfonctionne-ments. Lors-que les voies de communicadon entiie lesespaces s'apparentent à un système dedramage c'est à dire que seuls quelquesaxes traversent la discontinuité en despas-sages obligés, l'interdépendance est fai-blé comme on le rencontre souvent à l'in-teneur des ûes. Au contraire, si le réseau

s'organise selon un système d'irrigation,l'interdépendano est élevée.

La discontinuité peut êti-e considéréeomme un obstacle à la réalisation de l'op-timum éonomique. Par exemple, les coûtsde transport tendent à augmenter lorsqueles points de franchissement de la discon-tinuité sontrarcs. Déplus, les infrastructu-res de transport empruntent pratiquementle même itmérau-e devenant parfois con-currentes ente elles mais elles n'irradient

pas normalement leur espace, comme l' U-lustrent les iiriiastructures de communica-

tion desAlpes-Maritimes. Si les touristessont attirés par certains temtoires commedes littoraux, les points de passage obligéspar lesquels s'éoulentles flux touristiquesont du mal à les retenir, et bien souvent ils

ne font que traverser ces espaces qui nebénéficient pas de retombées positives.

Les outils de calculde délimitation desdiscontinuités

Défirir des seuUs, des limites (des fron-dèrcs invisibles mais bien réelles) est pos-sible grâce à diverses méthodes dont nousdisposons et qui peuvent être regroupéesen trois groupes : les tohniques de classi-ficadon qui découpent l'espao en ensem-blés régionaux, la recherche des plus fortscontrastes entre des unités spadales, le te-ai-tementdes images. Après avoir établi une

36 Méthodes et outils

MIIIEUX INSULAIRES ET CAPACITE DE CHARGE

STRUCTURE

Auto corrélation

Concentration spatiale

Analyse multivariée

Analyse différentielle

Modèle de potentiel

Morphologie mathématique

FiltrageSIC

DYNAMIQUE

Analyse différentielle

Modèle de potentiel

Morphologie mathématique

Filtrage

SIC

FLUX

Concentration spatiale

Analyse de voisinage

Morphologie mathématique

Filtrage

SIC

matrice à partir des données récoltées, cequi n'estpas toujours aisé en milieu insu-laire, une classificadon est établie. Plu-

d autre part les mouvements migratoires.En présence d'un pôle particulièrementattractif, comme par exemple la viïle deBastia ; son potentiel seraouplé avec unecarte isochrone afin de repérer au-delà dequelle distance-temps le phénomène s'in-verse et devient répulsif. On peut envisa-gerégalementl'étude de potentiels de cer-tains équipements tels que les hôpitaux afind'observer si leur champ de force s'étendou s'Us sont sous-udlisés.

La«morphologiemathémadque»cher-che à définir comment évoluent certaines

variables et jusqu'à quelle distance leurseffets se font sentir. Peu d'outils statisti-ques prennent en compte la distance, et

santé prindpalepermettentderésumerl'in-formation. Elles évaluent les dUïérences

de taux entre deux espaces, eUes distin- lorsque c'est le cas, la distance entre indi-sieurs méthodes et logiciels permettent guent les effets structurels des effets ré- vidus est favorisée par rapport à celle quiaprès traitement mathé-madque, de visua- gionaux. Les analyses diïïérendelles cal- séparent ces mêmes individus d'un élé-

culent l'écart par rapport à des modèles ment géographique donné (littoral, route,géographiques comme Christaller ou fiundère). Seulunnombrercslrcmtd'outilsHagerstrandpouronnaîtrcl'existenoou statistiques possède cette caractérisdque.nond'uneffetdebamère, l'objotif étant Ce sont ouxappar-tenant à la démarchede reonnaîtesila limite onsdtue un fiein

aux éléments d'intégration et de détermi-nerl'inertie du système.

Les «modèles de potendel» traduisenttre la capacité de celui-ci à les gérer, pour quant à eux la différence qui existe entredétecter les discontinuités, pour enfaire deuxpoints, etrévèlentlaprésenoounonunemodélisadon, pouramveràprévoiret d'un gradient, nestintéressantd'obteniranticiper, desoutasnouspermettentd'ap- parexempleunpotendeld'attractiondes les ainsi que leur forme (linéau-e, lenticu-préhenderla structure spadale, ladynami- principales unités urbaines insulau-es en laire, ponctuelle). D pemietpar exempleque spatiale ou la distance par l'étude des foncdon de ortams cntèrcs tels que le tra- de déceler des structures de peuplement,

vaU, les services, les logements, le degréd' accessibHité, puis de le comparer avecd'une part la réparddon de lapopuladon, et

User les résultats à l' échelle zonale, com-munale, régionale ou autre, ce qui estuneapprocheplusaboriablequehlectured'in-terminables équations.

Pour approcher la scission entre un litto-rai et un amère-pays insulaire, pour com-prendre quels processus inter-viennentdans la répartition des charges et connaî-

morphologique qui offrent la possibilité deprocéder à des analyses de condgmïé nonpas uniquement entre des éléments demême nature (points et points), mais entreun phénomène ponctuel et un phénomènede surface ou linéaire. Le «grapheperceptuel» détecte les stmctures spada-

flux et des réseaux. Les moyens de déli-mitation se positionnent souventdansl'unede ces trois approches mais seulementquelques-uns amvent à prendre en ompteces trois composantes. Le coefficientd'auto corréladon spadale, les mdices deconontradon spadale, les analyses de voi-sinage indiquent la concentradon ou nondelapopuladon, àquel type de distributionobéit cette concentration et quel phéno-mène en est responsable. En fait ce sontdes analyses de condguiïé.

Les analyses multi-variées, les analy-ses différendeUes mesurent les différen-

ces interrégionales. Les analyses muld-variées comme les analyses en compo-

la nature du dssu industriel ou bien encore

les zones de déprise agricole, et de com-parer les stmctures obtenues.

Schéma Points/Dilatations/Squelette

Points Dilatations Squelette

37

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Nt

Le «squelette» par zone d'influencedétermine!'espace d'attracdon théoriqued'un pomt donné. C' est la distance inter-points qui est prise en compte pour le cal-culer (ligne d' équidistano entre les points).La forme et la dimension de ces zones

d'influence théorique sont les paramètresà prendre en compte pour leur mterpréta-tion. Ainsi, ononsklère que des zones d'in-fluence théorique nombreuses et de petitetaille sortie signed'uneconcurrence spa-tiale entre les unités, ce sera le cas si ladiscontinuité joue un rôle attractif(fi-ontropisme des villes littorales) ; inver-sèment, plus la taille de ces zones estgrande, et plus on a affaire aune distribu-tionrelativementlâchedespoints(c'estlecas par exemple des communes de mon-tagne). Le ontregéodésiqued'un espacese situe à l'équidistance des deux pointsles plus éloignés lorsque l'on se trouve àl'intérieur de l'espace de référence. Onyfaitappellorsquel'onprivilégie un linéairecomme un littoral et que l'on souhaite po-sidonner au mieux une infrastmcture teUe

qu'une halte-garderie ou un regroupementde classes d'école par exemple.

Ces méthodes permettent de déceler uncertain nombre d'éléments et d' interrela-

tions majeures. Par exemple, elles rendentpossibles la délimitation des lieux et l' ob-

servation de la manière dont ils organisentl'espao autourd'eux. Elles pennettent decomprenàe la manière dont la aoissancedémographique et économique s' mscritdans l'espace, de découvrir les principa-les mutadons spadales et fonctionnelles.Amsi, par exemple, unmodèledu systèmedes anières-pays dépendants a été établi.

L'objectif de l'emploi des filtres con-siste à essayer de fau-e ressortir des struc-tures spadales en déformant la réalité con-tenue dans l'image d'origine pour mettreen valeur les grandes tendances généra-les. C'estun traitement mathémadquequis'exerceàparrird'une banque de donnéescartographiées: cartes, photographies parsatellite ou matrice statistique. Le filtrepasse-bas permet de visualiser l' effet ré-gional. Ce fûïK atténue fortement les peti-tes anomalies, considérées comme étant

un effet local négligeable. Le filtre passe-haut renforce ce qui est ponctuel, les élé-nients résiduels etlocaux qui peuventavoirune mflueno réeUe sur des confi^irationsspadales. Ainsi, l'étudedelarépartitiondeslogements prindpaux et secondaires danslesAlpes maritimes Ulustre l'utilisadon deos deux types de filtres. Ces deux cartesmontoentnotammentles oppositions entrezones littorales et intérieures qui existent àla fois au niveau de la répartition des loge-ments principaux (carte de gauche) quedes logements secondaires (carte de

à-oite) où apparaît un clivage entre le hautamère-pays (domame alpm) et le moyenamère-pays, entre l'espace imgué par desinfrastructures de communicaùon et l'es-

pace délaissé.Lessystèmesd'informationgéographi-

que sont l'outil d'une recherchetransdisciplinaire. L'utilité d'un SIG estdonc double : àlafoispemiettrel'élabora-don de cartes plus pertinentes et d'autori-ser des calculs d'optimisation dans desproessus d'aide à la décision. L' élabora-don de cartes teansformationnelles fait res-

sortir les disparités spaûales en fonctionde la distance ou de l'attraction exercée

par certains pôles, pour suggérer lameiïleure localisation d'une implan-tationd'une surface. Les SIGontun tapie intâêt: permettre une gesdon cohCTente des don-nées géoréférencées, permettre le traite-ment de données numériques ou / et logi-ques : analyse, modélisation et simulationspatiales numériques en mode raster, rai-sonne-ment spatial et simuladon (insertionen site et faisabilité), et enfin permettreune représentation cartographique. Lesdifiërents calques fhémadques ainsi CTééspermettent de mettre en reladon certainesdonnées et de vou- ainsi les contraintes

existant tant du point de vue physiquequ'humam, économique oujuridque etlesaménagements nécessaires pour unemeUleure exploitation de ces espaces in-

Cartes des Alpes Maritimes

38 Méthodes et outils

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

Tableau de synthèse et de comparaison des outils

Méthodes etOutils

Autoccorrélaton

spatiale

Indicé deconcentration

spatiale

Analyse devoisinage

Analyse différen-tielle

Champsd'application

Géographiehumaine

Géographiehumaine, activités,population

Géographiehumaine

Géographiehumaine

Les données

Statistiques

Statistiques

Statistiques

Statistiques

DMcnpdon des objectifs etdes méthodes

Différence entre milieux

contigus et milieux noncontigus.

Analyse de proximité, degréde spécialisation descommunes. Type dedistribution à laquelle obéitun phénomène.

Comparaison des variablesayant un profil voisin enfonction de la distance.

Type de distribution àlaquelle obéit unphénomène.

Etude interrégionale,Écart par rapport au modèlegéographique ou statistique.

Avantages et Inconvénients

Sa limite débouche sur la morphologiemathématique.Si on recherche plus de différences entredes régions de même nation qu'entre deuxrégions séparées par une discontinuité.

Bon indicateur des points d'ancrage

En réponse à des questions du type :existe-t-il un rééquilibre entre deuxrégions contiguës ?Inconvénient: d'autres facteurs peuventaussi influencer.

Si on recherche les différences de part etd'autre de la discontinuité. Permet d'établirdes niveaux de centralité à comparerensuite à des modèles comme celui de

Christaller par exemple.

Modèle depotentiel

Analysemultivariée

Morphologiemathématique:grapheperceptuel,squelette, centregéodésique

Filtre:Passe-basPasse-haut...

S. I.G.

Démographie

Géographiehumaine

Statistiques

Statistiques,Terrain

Géographieurbaine,géographiehumaine, habitat

Géographiephysique,géographiehumaine

Géographiephysique,géographiehumaine,aménagement

Statistiques,Cartes

Statistiques,Cartes

Statistiques,Cartes,Terrain,PhotossatellitairesPOS...

Mesure de l'interaction

spatiale entre le pointconsidéré et l'ensemble des

masses prises en compte

Explication desdifférenciations

interrégionales, évaluationdes différences de taux

entre deux espaces.Analyse factorielle,classification, régressionmultiple, 'A

Etude des formes de la

structure spatiale, Zonesd'influence théorique,équidistance de deux pointsles plus éloignés

Configurations spatiales:tendances régionales ouponctuelles des structuresd'un espace donné, écartentre deux zones

Inventaire puis combinaisondes données,fonctions multiples, les SICraster sont davantage dessystèmes de traitement quede gestion de l'informationcartographique.

Beaucoup de variables différentes peuventêtre prise en compte, c'est un avantagecar il est rare qu'une seule variable suffiseà représenter la complexité desphénomènes.

Analyse de l'empreinte spatiale de ladiscontinuité. Pour déceler des structuresde peuplement, la nature du tissuindustriel, les zones de déprise agricole 'A(graphe perceptuel); Pour localiser uneimplantation au sein d'un espace donné(centre géodésique).

Analyse la structure spatiale. Pour décelerles structures de peuplement, les structuresphysiques. Pour modéliser un processus.

Outil puissant dans la gestion et lareprésentation cartographique.Outil méthodologique et conceptuel.Inconvénients: mauvaise gestion del'information multidimensionnelle (3D sousforme de blocs diagrammes). Difficulté degérer le multi-échelle de l'information (lesSIC ne peuvent pas déduire une carte au1/50000 de cartes de la même zone au 1/25000),Il y a encore beaucoup à faire pourintégrer toutes les données multisources ettravailler en raster et vecteur,Absence d'un langage spatial,Problème des transferts de l'information

entre logiciels.

39

Page 21: Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International ... · UDC: 572. 02(22) Title: Insula: international journal of isl.. Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International

sulaires. Ces documents peuvent ainsiconstituer une aide àlarésoludon des pro-blêmes les plus divers. Ainsi, les SIG peu-vent donner une réponse à ladynamisation des activités agricoles fa-vorables au mamtien de certaines espè-ces animales et au maintien de la

biodiversité, de réguler les espèces intro-duites ou envahissantes et qui posent unproblème au milieu naturel.

Une étude faite sur toutes les commu-

nés de l'fle de Corse à partir de donnéesdémographiques couplées à la méthodedes SIC permet de comprendre certainsphénomènes et détemiine quelles varia-blés sontàmodifier, quels sontles aména-gements possibles et nécessaoes pour unemeilleure utilisadon de l'espace et amsiaugmenter la capacité de charge du mi-lieu.

Unautreexempledel'utilitédes SIGavecl'aménagementd'unenouveUeplagepourmieuxiépartirlefluxtouristiqueetlesonsé-quenos qui en découlent sur le ontoe de laville(modificadrai Al cenbe de gravité, nou-veUes implantadons commerciales1 ^); ou

bien la déterminadon des pentes «exploita-blés» oupas dans une autreommuneinsu-lairc, qui onylèteles études des utilisadmsde zones agncoles.

Conclusion

Ces méthodes d'analyses répondent àdes questions relativement différentes etl' mtérêt réside dans le fait de les utiliserchacune à bon escient. Les méthodes dé-

crites sont particulièrement adaptées àl'étude d'un milieu insulaire : en effet lafaible taille et le confinement de ce milieu

Umitent le nombre de facteurs extérieurs

perturbants. Les modèles ainsi effectuésen sont d'autant plus pertinents. Parailleurs, les charges exercées par l'utili-sation ou l'exploitation du milieu insulairen'ontpas les mêmes répercussims qu'enmilieu plus ouvert. En effet, lessurcapacités de charge quelles qu'ellessoient, se font sentirplus rapidement. Lesaménagements en milieu insulaire pertur-bentplusrapidementle milieu fragiUséparle confinement. La surexploitadon d'unefle entame son capital et modifie sonpay-sage et son image extérieure et à terme

son développement. La néossité de défi-nir et de quantifier précisément les seuUsspatiaux d'exploitation au-delà desquellesle milieu sera saturé et inapte à la réactionrendent absolumentindispensables l'utili-sadon de os métiiodes d' analyses.

Bibliographie

GHARREJ.J994.SIQ analyse spatialeetmodéïsa-tion, 37-42pp,Geo/»fft Groupe Dipont, Avignon.DuMOLARDR, 1994. Systèmesd'informationgéo-gcçhique :unevued'ensemble,9-13pp, Géopoint,GruupeDuponl, Avignon.McRl., IW.DéfanCTpou-mia. KpeiovM-lesstmc-tais, 'S1-X2pp, GlobalChangepen:eption, n°l, Géo&Clio,ed. BifflTchi&ass.,Milan, Italy.McRl, 1997. Le modèle desîks méditerranéennes :

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> 60% pas d'aménagem?nts sauf coûte prohibittfs!l 31-60%nécess:itêd'iménag«mBn1de restanques

l l 16-30% reboisements possiblesl l 0-15% agrwutt ure possible

Carte des Pentes

40 Méthodes et outils

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

%:

( RCHIPEL DES SEYCHELLES, OCÉ l Dl )

Virginie Cazes-Duvat

Résumé Abstract

L'évaluation de la capacité de charge des espaces côtiers à

vocation balnéaire dominante de l'île de Mahé est complexe

en raison de la diversité des interactions naturelles et anthro-

piques qui régissent le fonctionnement des plages et de lavulnérabilité spécifique d'unités sédimentaires de petite di-mension. Les dégradations (artificialisation paysagère, pol-lution des eaux côtières et érosion des plages) attestent de lavulnérabilité des espaces côtiers. Après des décennies d'amé-nagement spontané, puis de gestion sectorielle, un auditenvironnemental et une évaluation de la vulnérabilité spécifi-que de chacune des plages s'imposent afin qu'une gestionintégrée, globale et systémique puisse satisfaire les objectifsde la politique nationale de développement durable.

Thé ecological capacity of thé touristic coastal zone ofMahé islanâ is very difficult to détermine for two reasons:

thé close interactions between natural and human impacts

and thé high level of vulnerability of beaches. Changes ofcoastal landscape, water pollution and beach érosion show

thé high vulnerability of thé sandy coasts. After severaldécades of spontaneous development of thé coastal zone,

an environmental audit and studies on vulnerability are led

on thé purpose of an integrated, préventive and sustainablemanagement of every site.

Mots clés: archipel des Seychelles, Mahé, dégradationenvironnementale, préservation, audit environnemental, po-

litique environnementale, vulnérabilité, capacité de charge,gestion des plages.

Key words: Seychelles archipelago, Mahé island,environmental dégradation, préservation, environmentalaudit, environmental policy, vulnerability, stocking rate,

beach management.

* L'expression de développement soutenable sera préférée à celle de développement durable. // est en effet important d'insistersur /e caractère soutenable du développement sur le plan environnemental. L'objectif est celui d'un développement supporta-blé par le milieu. La traduction développement durable n'intègre que la nécessité d'une gestion prévisionnelle qui permette devaloriser à long terme les ressources du milieu."Laboratoire de Géographie de FEnvironnement Naturel, Université de la Réunion, BP 7151, St Denis Cedex 9, La Réunion,France.

41

Page 22: Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International ... · UDC: 572. 02(22) Title: Insula: international journal of isl.. Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International

Introduction

vec une superficie de 154km2, l'île de Mahé est la

plus vaste del'archipel des Sey-chelles, composé de groupes insulairesdistribués sur 1300(X)Okm2 deZEEente

4° et 11° de latitude sud et 45° et 56° delongitude esLAunoiri-estdel'archipel, l'flede Mahé est à la fois la plus peuplée (63(XX) habitants en 1998, soit 90% de la po-puladonnationale)etlaplusircquentéeparlapopulationtourisdque(130(X)0 touristespar an en moyenne sur les trois dernièresamées,MISD,1995). Ladéterminationdela capacité de charge ou capacité écologi-que des côtes sableuses permettrait depasser du développement spontané nonontrôléetpréjudidableàl'environnementcoder des dernières décennies à une poli-dque nouvelle, préventive, sans impact ir-réversible sur la qualité des paysages litto-raux et sur la biodiversité. H s'agit de par-venir, par la compréhension des dynami-ques spoi&ques etpar la connaissance dela Iragilité des équiïibres des milieux litto-raux, àdéfinir pour chacun des sites vouésau développement un plan de gestion etd'aménagement garant du maintien del'attracdvitédusite.

L'évaluation de la capacité de charged'un espace coder impose d'abord la réa-Usation d'un audk envu-onnemental per-mettant de connaître l'état de dégradationdu site. La capacité de réguladon des dé-gradations par les dynamiques naturellesetlavutaérabilitédes éosystèmes doiventensuite être détenninées avec précisionafin que soit mise en oeuvre une gestionpréventive qui propose des soludons auxdégradations prévisibles. La charge anth-ropique acceptable sur chacun des sitespourraitalors être contoôlo par des quotashôteliers alors que la distnbudon des rêsi-dents est commandée par la politique deconstruction des logements sodaux.

Auditenvironnemental:de la chargeanthropique à larupture écologique

Larcorientation de lapolidque nationalede développement de la République desSeychellesenfaveurd'une"soutenabilité"socio-écono-mique et écologique à longterme date de 1990. En 1995, le Pro-gramme Environnement de la Comrais-sion de l'océan Indien proposait en pre-

Pollution naturelle et érosion sur la côte artificialisée de l'est de Mahé

^

mière phase la réalisation d'un auditenvironnemental, qui demeure à ce jourinachevé. Des travaux de recherche con-

duits au cours des ti-ois dernières années

permettent de proposer un bilan del'arrificialisadon des paysages et de l'éro-sion des plages; lapoUudon côdère d'ori-gine naturelle est mieux connue que lapoUutionanthropique qui requiert des ana-lyses sous condidons strictes. Ces problè-mes environne-mentaux trouventdans des

milieux insulahiesonfinés une acuité partl-culière. Le niveau des dégradaûons mon-tre que les seuUs de soutenabiïité écologi-que du développement sont déjà dépasséssur un grand nombre de sites.

La mise en place des infi-astmctures dedéveloppementaportéatteinteàla qualitédes paysages côtiers, a réduit l' accessibi-lité du domame littoral et dégradé les éco-systèmes vutaérables (récifs coralliens etmangroves). Dès le débutdes années 1970,le dragage du platier réctfal peu profondde la côte orientale entre Victoria et les

Qes Ste Anne a permis de bâtir le remblaide l'aéroport international inauguré en1972. Dans les années suivantes, le déve-

loppementdel'aéroport, !'agrandissementet l'aménagement du port de pêchethonnière, l'ouverture de zones industnalo-portuaircs, laonstrucdon dequaitiers d'ha-bitat social et de la voie routière rapide, lacréation de stations d'épuration, de dé-charge et de stockage des déchets diversont rendu nécessaire la constmction denouveaux remblais au nord et au sud du

premier. Les espaces ainsi gagnés sur lamer attemà-ont une super&de de 400 hec-tares dès que les travaux en cours serontachevés. Ces aménagements ont eu plu-sieurs effets sur les paysages et sur l'envi-ronnementlittDral. La grande plage del'estqui faisait face aux fles a dispam et laisséla place à de grandes étendues bétonnéesinterdites au publie sur l 2 kilomètres delong. La destrucdon mécanique du platieraétésuivied'uneasphyxieprogjessivedescoraux des secteurs environnants par lesparticules fmes libérées depuis les travaux

42 Etudes de cas et réflexions - Littoral marin

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

sur les marges de remblais non imper-méabUisés. Le taux de nécrose des récifs

est élevé et retire progressivement aux ïïesdu parc Ste Anne une attractivité large-ment fondée sur des beautés sous-mari-nés facilement accessibles. La densUica-don des constructions en domaine côtier

s'est effectuée au détriment des mangro-ves, qui ne demeurent à Mahé que sur defaibles superficies à Port Launay (ParcNational), Grande Anse, Anse Boileau,Anse à la Mouche, Anse Gaulettes, AnseTakamaka, AnseIntendano, AnseRoyaleetAnse aux Pins. Les paysages côtiers ontété banalisés par les aménagements surles deux façades principales de l'île, etdans grand nombre de cas privés de leuramère-pays attrayant par la construcdond hôtels, de villas ou par le passage devoies de ommumcadon.

L anthropisadon massive des premièrespentes et des espaces côtiers a engenà-édeuxtypes depollution: unepoUutionnatu-relie par érosion des pentes déforestéeslors des épisodes pluvieux mtenses et unepoUudon d'origine humaine due au rejetd'eflluents domesdques etindustdels et aulessivage des terres agncoles. Ces pollu-tions connaissent des effets exacerbés parl' inondadon des plaines en période plu-vieuse. Les reliefs penûis des massifs on-ti-aux ont été progressivement déboisés

pourlaconstrucdonetl'élargissementdesroutes transversales etpourl'extension desquartiers d'habitot. Les caractères sinueuxdes routes et dispersé de l'habitat muld-plient les ouvertures artificielles dans lecouvât arboré. Lors des épisodes pluvieuxintenses (> 75 mm par jour) relativementfréquents (3 à 5 fois par an), une érosiontrès active s'exerce sur les pentes à nu.Les eaux courantes prélèvent sur les ver-sants la latérite friable qui teinte les eauxd'une couleur rougeâtre caractéristique.Eboulements, glissements de ten-ain etcoulées de solifluxion mobilisent des volu-

mes de matériaux plus importants encorequi sont partiellement pris en charge parles eaux. Les routes gouà-onnées à-ainentl'écoulement en nappe, en accélèrent lavitesse jusqu'aux plames littorales où degrandes étendues d'eau se constituent. Al'aval, dans le domame côtier, les coursd'eau en débit de cme ouvrent des tran-

chées dans les hauts de plage par mpturedes cordons; d'unportantes quandtés desable se trouvent évacuées sur les platiers.L'apportd'abondants maténauxtemgènesàlamerpendantplusieurs jours consécu-ttfs a pour effet l' asphyxie des coraux pardépôt des fmes et forte turbidité des eauxcôtièrcs. Les inondadons provoquent aussila mise en circulation de polluants stockésdans les terres agricoles, dans les sols, dans

les fosses sepdques peu profondes. En plusdes particules terrigènes, se trouvent ainsivéhiculés à la mer des phosphates, des ni-û-ates et une charge bactérienne impor-tante. Les grands épisodes de pollutionnaturelle provoquent de otte manière despointes de poUudon anthropique dans leseaux littorales. L'absence de systèmed'épuradon généralisé et le recours à dessystèmes de traitement individuels ne per-mettent pas de garantir un retraitementsatisfaisant des eaux usées, sans compterque les bidonvilles qui s'égrènentle longdes cours d'eau y rejettent directementleurs eaux sales.

Parmpture des cordons de plage et éva-cuation des sables vers la mer, les épiso-des pluvieux mtenses sont responsablesd un démaigrissement accidentel des pla-ges qui n' estpas forcément compensé parles apports des houles engraissantes del'année. Ilspeuventainsionsdtuerunfac-teur d'érosion. Le problème de l'érosionest aigu sur l'île de Mahé et sera classépnoritauEparleMmistèrcdel'Environne-menten 1999. Ala part incontestable desfacteurs physiques (faibles dimensions desplages et absence de réservoir dunaire,dérèglement de la saisonnalité des pluieset des mptures de cordon de plage, aug-mentation de fréquence des basses pres-sions et des surcotes hyà-ostadques asso-ciées depuis 1982) s'ajoute le poids deortaines pradques humaines dans un paysà déve-loppement économique récent etmal contrôlé: la constmcdon de murs desoutènement des routes littorales et de ca-

naux transversaux d'évacuadon des eaux,

les prélèvements de sable pour la cons-tmction sur les hauts de plage et à l'em-bouchure des cours d'eau, le ramassagedes matériaux à granu-lométrie grossièrequinuisentau confort des touristes, lacons-tructiondej'etées de remblaiement qui blo-quentles transits sédunentaues latéraux...Sur l'fle de Mahé qui possède de surcroîtpeu de plages (36 km, soit 34% de la lon-gueur de côte), l'érosion est un véritablefléau. Les premières à reculer ont été les

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AnaiîNorid'En

A^eBuk

B«ftT<sroay

BdtdcPoaLunry

Aiise rlitete"^*»

titue une sévère menao àtennepourl'ac-dvitétouristiqueexclusivementbahiéairequi constitue une des principales sourcesde devises du pays etsurlaqueUes'appuiele développement actuel.

L'acuité de l'érosion et de la pollutiondent à des facteurs variés et spécifiquesaux pedtes îles tropicales montagneuses.Elles peuvent êù-e considérées pour desraisons tant humaines que naturellescomme des entités à forte vulnérabilité

envi-ronnementale et par conséquent àfaible capacité de charge potendeUe.

GriiedAn^^,

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'l A°*°t Mitfic-LoBis

BaieWfet

Dégradation et vulnérabilité des milieux littoraux sur l'île de Mahé:l'artificialisation des paysages et les effets des dynamiques hydrologiques sur lesplages (situation au 15/8/97: épisode pluvieux intense des 13-17/8/97)

plages del'est, ente l'aéroportétlaPointeau Sel, où des épis sans grande efficacitéont été constmits. Les petites plagesd'Anse aux Pins ont été pratiquementanéanties par le recul, comme celles deBaie Lazare etd'AnseàlaMouche sur lafaçade ocidentale. Les plus grandes pla-gesdeMahésontactueUementenproieàun recul important sur une partie de leurlongueur, comme cela est le cas à BeauVaUonnord, au ontedelaplagede GrandAnse, à l'extrémité sud des plages desanses Intendance etTakamaka. La seule

plage d'une certaine dimension au nord-est, la plage d'Anse EtoUe, cannait aussiun recul marqué dans saparde septentrio-nale. Au cours de l' épisode pluvieux in-tense d'août 1997, les plages de GrandAnse et d'Anse à la Mouche ont connu un

recul de plusieurs mètres qu a provoquéla chute de gros arbres de la benne,comme les takamakas (Callophylluminophyllum) et les filaos (Casuarinaequisetifolia). L'érosion menace de dispa-rition plusieurs plages et onnait une nettereprise depuis quelques années. Elle ons-

Les facteurs de vulné-rabilité des littoraux

Les conditions morphodynamiques quirégissent révolution des plages, la naturedes ohanges hydrologiques entre la zonecôtièrc et les eaux du large, l' évoludon rê-onte des condidons climadques dans l'ar-chipel consdtuent des facteurs naturels devulnérabilité exacerbée des côtes de

Mahé, auxquels s'ajoute la sensibilité desécosystèmes et des espèces. Cette situa-tion réduit encore la capacité de chargepotentielle des espaos côtiers.

L' alimentadon des plages dépend desmatériaux fournis par les réctfs, les ap-ports continentaux n'intervenantquepour10% dans leur composition sédimentaire.En l'absence de déflation éolienne (ventsfaibles), la dynamique sédimentaire desplages est essenùellementommandée parles courants de dérive et par les vagues detempête, aussi les plages sont-elles étroi-tes (30 mètres de largeur maximale) etdénuées de dunes-réservoirs. Elles possè-dent par conséquent une faible capacitéd amortissement des fortes houles exop-tionneUes et un stock sableux de réserve

quasiment nul. Certames d'entre elles sontde surcroît situées à l' arrière d'un platierfossile sans dynamique liontale active quipuisse générer un réapprovisionnementrégulier en maténauxbiodétndques. L'im-partance de la réfracdon sur le plader ré-

44 Etudes de cas et réflexions - Littoral marin

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

duit considérablement la capacité dechargedes vagues. Cesplagespeuventêtrcconsidérées comme fossiles et toutprélè-vements'ytraduitparundéficitdansleurbudget sédimentairc. L'impactdel'hydro-logie continentale sur les cordons de plageaccroît encore à leur vuhérabilité à l'éro-

sion. Les mptures de cordon par efïet dechasse d'eau lors des cmes opèrent desprélèvements sédimentaires ponctuelsmais massifs qui ne sont pas forcémentcompensés par les houles engraissantes etqui constituent des phases de recmdes-cence del'érosion. L'évolutionréonte du

climat(période 1982-1998) aeupourcon-séquenos des mptures de cordon plus fié-quentes et des hausses anormales du ni-veau de la mer qui ont accm les prélève-ments sédimentaires. PoUudon et érosion

asphyxientles coraux etraenaontles her-biers de phanérogames, déjà très dégra-dés dans l'est, alors qu'ils protègent lesplages par amortissement des vagues. Lessites de reproducdon des tortues marinesEretmochelys imbricata sont en diminu-tion par destruction des bennes et ac-CToisse-ment des nuisanos.

La concurrence pour l'utilisation desespaos plans est à l' origme de la multipU-cation d'activités diverses incompadblesentre elles (tourisme, élevage, cultures,conserverie de thon) qui accroissent lespressions sur le milieu écologique. Iln'existe pas de plan d'aménagement duterritoire impératif qui permette de ontiu-1er le développement des espaos littorauxen foncdon de vocations prédéfinies. Le

Plan d'Aménagement Indicatif du Terri-tou-e (PIAT) de 1989 ne définit que desvocadons générales àpedte échelle etn'estaucunement opératoire. Le retard de dé-veloppement de la République des Sey-chelles jusqu'aux années 1970aété suivid'une période de û^nsition démographi-que et de promotion touristique acdve cu-muléesjusqu'àlafin des années 1980. Cesdeux déonnies de développement ont étécaractérisées par un important effet de rat-frapage en madère de croissance écono-mique mais par une négligence des équi-pements stiiicturels; les réseaux d'épura-don et de traitement des eaux usées sont

onstamment saturés etl'augmentadon desbesoins neparvientpas àêtoe couverte parl'augmentadon de la capacité des stations.Le manque de fonds nadonaux pourfinan-cer le développement contraint l'Etat sey-cheUois à dépende à la fois d'orientationspolitiques régionales (dans le caà-e de laCommission de l ' Océan hdien) et de par-tenau-es fmandere privés étrangers dont lesmvestissemmts sontmveisemmtpqxxtion-nels aux ontraintes locales. Ladépendanoexténeure limite alors laprise en compte del'impact environnemental des projets dedéveloppement imposée récemment parl'EnvironmentalActde 1994.

Conclusion

Les plages de l'île de Mahé, déjà sou-mises à une forte pression anthropique etdégradées, possèdent actuellementune ca-

pacité de charge d'autant plus faible queles dynamiques hyà-osédiïnentaires et lafragilité des écosystèmes les dotent d'unevutaérabilitéplus élevée que par le passé,encore exacerbée par les interventions an-thropiques. En cet interface que sont lesplages, ente des dynamiques physiquescomplexes et évolutives et uneanthropisadon toujours acaue aux formesdiversifiées, la vulnérabilité ne peut êtreétablie qu' au cas par cas. La politique desquotas touristiques (150000 touristes/anpour l'archipel) des années 1980 est dé-passée. La constitution, aujourd'hui encours, d'une base de données standardi-

sées permettra d'évaluer la capacité decharge de sites à développer, très attrac-tifs par leur cadre paysager et peu vutoé-râblés en raison d'une ouverture sur le

large comme ceux d'Anse Intendance etd Anse Bazarka dans le sud-ouest de

Mahé. Mais alors la charge écologiqueacceptable sera limitée par le retard dedéveloppanent des inftastmchjrcs élémen-taires. H est certain que nombreuses sontaujourd'hui les contraintes à un dévelop-pement équiïihé et écolo-giquement sou-tenable de l'espace seycheUois. Promou-voir un déve-loppement oologiquementsoutenable consdtue un véritable défi.

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45

Page 24: Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International ... · UDC: 572. 02(22) Title: Insula: international journal of isl.. Cat. no: 211537 Date: 07 Mar 2014 1-2.3-2^ International

MtMILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

A A^A AAd

Jacques lltis*

Résumé

Une cinquantaine de grands marais à mangrove jalonne le

domaine côtier de l'Ouest malgache. La pression humaine etéconomique sur cet écosystème a considérablement augmenté

depuis la fin des années 1980. Elle se mesure à l'aune des

besoins croissants en terres cultivables, en bois et en char-

bon de bois des populations riveraines, mais aussi aux con-

fortables revenus de l'exploitation industrielle des ressour-ces naturelles. Avec le risque de cumul et d'interaction des

impacts, la contrepartie écologique du phénomène commence

à être préoccupante, notamment autour de certains centres

urbains. La montée des enjeux écologiques, mais égalementsocio-économiques et fonciers, fait, à présent, ressortir unbesoin d'actions mieux coordonnées entre pouvoirs publics,

communautés locales et opérateurs économiques.

AbstractMay coastal wetlands in Madagascar be

managed differently?

About fifty large tidal marshes stretch along thé Westerncoast of Madagascar. Human and économie pressure on thisecosystem significantly increased since thé end of thé 1980's.Pressure is measurable through thé comfortable incomes of

industrial exploitation of related natural resources, but also

through increasing needs in agricultural land, domestic woodand charcoal. Environmental experts fear an increase of

hazards, especially around urban areas, because of

accumulated and interacted impacts of heterogeneous pro-duction Systems. Rising environmental, as well as économie,

social and land tenure stakes should now implicate bettercoordinated actions between government agencies, local

communities and économie operators.

«Ifyou think one year ahead, you will plant rice.

Ifyou think 10 years ahead, you will plant trees.

But ifyou are thinking 100 years ahead, you will educateyour people»

M. S. Swaminathan

Mots clés: Madagascar, marais, mangrove, gestion côtière,

capacité de charge, aquaculture, crevette.

Key words: Madagascar, wetlands, mangrove, coastal ma-nagement, slocking rate, aquaculture, shrimps.

IRD, Centre ORSTOM de Montpellier, LEA B.P. 5045, 34032 Montpellier cedex 1, France.

4746 Etudes de cas et réflexions - Littoral marin

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ME

Introduction

u dirigisme des années 1975-85, ont succédé dans les

.régions côtières de Mada-gascar-davantage que dans olles proches de lacapitale-, une présence amoinàie des ser-vices de l'Etat et une perte de dynamismede la plupart des sociétés nationales, ainsiqu' une dégradation accentuée des infra-strucù.iresetdel'environnement. Surfonddepland'ajustement stmcturel, fut procla-méerouverturcdel'économiequi, défait,a commencé à se concrétiser dans les an-nées 1990. Sur le domaine côtier du ver-sant occidental de la Grande He, les zones

humides àmangrove constituent un mar-queurpaysagique de otte évolution. Dansla période actuelle, elles révèlent aussi, aumême titre que les forêts de terre ferme,les besoins aoissants en terres culdvables

et en bois domesdque de communautéslocales recherchant des moyens de sub-sistance et diversifiant au maximum leurs

activités. Et, surtout, elles reflètent la nou-veUe donne économique, celle d'opéra-teurs industriels pour la plupart extérieursà "la" côte -mais influents sur la scène

nadonaleobtenant avec des contre-parùesminimes, tantôt des droits de pêche

crcvetdère, tantôt des terrams en domainemaritime pour l'aménagement de bassinsd'aquaculture.

Depuis plusieurs années, les grandsmarais côtiers de l'Ouest malgache et ledomaine maritime qui les jouxte consti-tuentl'écosystème naturel ayant la valeuréconomique la plus grande sur la scènenationale, loin devant les auties écosystè-mes, continentaux ou littoraux. La man-grave, forêt de palétuviers caracténstiquede ce milieu et point focal des enjeuxenvironnementaux en zone côtière, en oc-

cupe, dans des pro-pordons variables, lesdeux tiers (320 o0 hectares), auxquelss'ajoutent des tannes (près de 100 (XX) had'étendues sursalées, peu ou pasvégétalisées), des prairies et des forêtsmarécageuses, ainsi que des vasières, leplus souvent submergées. Cetéosystèmeconsdtue, tout à la fois, la niche écologi-que des jeunes crevettes pénéides, le subs-trat foncier d'activités aquacoles -ponc-tuelles, mais appelées à s'mtensifier-, ungisement quasi-mépuisable de sel et, pourdes riverains tournés davantage versl' auto-subsistance, une réserve de terrescultivables en riz et un réservou- de res-

sources ligneuses (bois et charbon de bois).Avec lapêche et l'aquaculture crcvettières,a est le support d'un secteur pourvoyeur

de la première masse de devises du pays.Les seules exportations de la pêchecrcvetdère représentaient en valeur drcla-rée41 mj]lionsde$USen 1991 et58rml-lions de$US en 1994. C'est sur le UttoralduNord-Ouest^quircgroupelaplupartdesgrandes embouchures fluviales de l ûe,que la pression humaine et éonomique ale plus augmenté. S'y cumulent et, par-fois, mteragissentles impacts écologiqueset socio-économiques, directs et indirects,de la plupart des activités prrcitées.

Paupérisation etstratégies de surviedes communautéslocales

Défrichement rizicole illégal de la mangrove de la basse Tsiribihina

^

Depuis le début des années 1990, onassisteàune prolifération de défiichementsagricoles, etprinci-palementrizicoles, surle domaine coder du versant occidental.

Le phénomène est de même nature quecelui qui affecte les massifs forestiers del' arrière-pays -préoccupant du reste lesautorités, une bonne partie de l'opinion etde nombreux experts, dontcertams n'hé-sitentpas àprédire le pire-. Les défhche-ments se sont, surtout, intensifiés sur lafrange nord-ouest, de Majunga jusqu'àDiego-Suarez. Des rizières sont appamesdans les marais à mangrove, mais égale-ment au contact de la terre ferme et des

marais, où eUes supplantent la végétationnaturelle établie sur une nappe d'eau douoquasi-permanente (raphièrcs, prairies ma-récageuses, mangroves). Les paysans ontcompris le parti à tirer de os pedtes zoneshumides, qui souvent prolongent un bas-fond cultivé en amont, et qu'ils s'appro-prient -plus ou moms rapidement- de ma-nière coutumière, ignorant généralementl' ad-ninistradon des domaines, en chargedu domaine maritune selon le droit for-

mel, mais de plus en plus évanescente.n en va ainsi également dans le delta de

laTsiribihina (Cenù-e-Ouest), où, depuisles années 1910, des migrants pratiquent

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MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

un type original de riziculture sans poldersni même diguettes, faisant appel aux seulsmouvements de décme fluviale et de ma-

rée. Dans le système, vivace et même encours d'inten-sificadon, la rizière profite,après déftichement de la mangrove et re-piquage, de l' inondadon saisonnière de laplaine deltaïque par une eau quasimentdessalée. L'abattage des palétuviers est,depuis des années, proscrit par les agentsforesders; mais l'interdiction s'apparenteà un vou pieux, tant est patente la discré-tion des agents et la prolifération des lo-pins -ortains d'entre eux étant simplementdissimulés derrière un rideau d'arbres con-

serve sur la berge-. Au bout de 3-4 ans,l'invasion des parcelles par les advendceset les crabes incite les paysans à abandon-ner le terrain et à rechercher des terres

neuves, de plus en plus près de la mer.Autour des villes de la côte, les prélève-

ments de bois de mangrove sont aussi ennette augmentation. Des exploitants orga-nisés, mais aussi des paysans en alternanceavec leurs acdvités agncoles, procèdent àdes coupes destinées à satisfaire la de-mande du pedt marché immobilier urbain(perches, gaulettes). D'autres encore selancent dans la fabricadon de charbon de

palétuvier. Les grands peuplements matu-res à Rhizophoracées des estuaires duNord-Ouest sont les plus convoités, étant àla fois réserves de bois de service et de

bois-énergie. Ds approvisionnent des ag-glomérations de taiUe moyenne, commeMajunga, ou plus petites, commeAntsohihy etMaromandia. Les riverains,par leurs ponctions spontanées etrépétées(petit bois de chauffe, pieux de palissade),contribuent également à cette pressioncroissante sur des ressources ligneusesjusqu'alors margmales.Al'origine de ospratiques, se trouvent, de manière onélée,les dUficultés économiques grandissantesdes populations et le tanssement des res-sources ligneuses de terre ferme. Au palé-tuvier, les autohtones préfèrent générale-ment les bois de forêt dense sèche; mais,quand oux-ci se fontrarcs ou sont vendus

.<

à des prix jugés élevés, leur regard setourne vers la mangrove-source abondanteet très accessible, physique-ment et éco-nomiquement. Délivrer des autorisadonsde coupe, dans un tel contexte, est devenuun acte un peu surréaliste!

La superexploitationde la crevette et lesespoirs suscités parl'aquaculture

Estuaires, deltas et baies du Nord-Ouest

et, dans une mesure moindre, ceux du

Centre-Ouest conontrent des potendali-tés en CTevettes pénéides telles que beau-coup ont vu -et continuent à voir- en ellesun véritable " orrose ". Certames années,la pêche crevetdère constitue effective-ment la première source de devises dupays. Chalutiers et pirogues pèchent sou-vent de conserve, mais sur fond d'un pro-fond désaoord. Alors qu'une exploitationradonneUe impliquerait que la pêche in-dustrieUe s'intéressé au stock de la plate-forme contmentale, et la pêche artisanale*à celui du rivage, l' embaUe-ment est telque les chalutiers s'affranchissentallègrement de la limite des deux milles etque, de leur côté, les pirogues tiennentpeucompte de la période de pêche autorisée.

Dans un contexte souvent confus, il estpatent, sinon avéré, que la crevette estsurexploitée dans certaines zones et, audemeurant, le volume annuel des capturesplafonne.

La mée vers la crevette est à la source

d'un autredésaoord entre pêcheurs. Ceuxdu "cru" reprochent aux chalutiers, nonseulement de pêcher quasiment sur le ri-vage, mais aussi de les priver du poissonpris dans les chaluts et presque toujoursrejeté dans la foulée. Les autorités ont eubeau légiférer pour inciter les bateaux àdébarquer au nunimum 50 % du poissond'accompa-gnement; la mesure n'estguère suivie. Et en divers enà-oits, notam-

ment à proximité des centres urbams, lesriverains peinentdoiénavantàremplirleursfilets. Entre toutes, la question sensible estdonc celle de la CTevette, pêchée sans ga-rande de renouvellement de la ressource

et source d'effets économiques et sociauxpervers. La survie de l' acdvité paraît Uéeal'application des dispositions préoniséesparortains experts, visant simultanémentà geler le nombre de licences de pêche età en augmenter le pnx, à doter les autori-tés de moyens de neufralisadon des ba-teaux clandestins et à développer la pro-duction de CTevettes d'élevage (GrifGn etal., 1998). Peut-êti-e fauà-a-t-il aussi queles autorités réservent des zones aux seuls

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chalutiers. Adéfaut de mesures efficien-

tes, la filière pourraitun jours'effondrer...dans le fil histonque des boms agncoleset des récessions subséquentes que l'Ouestmalgache a connus dans la première moi-dé du XXè siècle (pois du Cap, maïs, ta-bac).

L' augmentadon régulière de la onsom-mation mondiale de crevettes pénéides etla variabilité des captures rendent le déve-loppement de l' aqua-culture inéluctable.Madagascar possède, dans otte optique,des atouts majeurs : ses conditions natu-reUes, ses réserves foncières substantiel-

les en domame maritime -plus de 50 000hectares de tannes sont aménageables enbassins de grossissement-, des coûts demam d'ouvre très faibles et la libéralisa-

tion-quoique inachevée-de son oonomie.La production potendelle du secteur a étéestimée àplusieurs fois le total des captu-rcsdeCTevettes. En 1997, toutefois, la pro-duction efiecdve, amorcée quatre ans plustôt, s'élevait à peine au tiers du tonnagepéché; mais, s'agissantexclusivementdePenaeus monodon -espèce appréciée surle marché des pays du Nord-, eUe repré-sentait bien davantage en valeur. A cettedate, deux fermes avaient atteint le stade

de la production mdustneUe; avant la fmde la décennie, trois autres unités de pro-ducdon devraient voirie jour sur le littoral

nord-ouest <[ui focalise l' attendon des in-vesdsseurs, en particulier le tronçonMahajamba-Majunga-Soalala.

Etantdonnélaprobablesur-exploitadondes stocks de CTevette sauvage, les autori-tés délivrent, àprésent, de manière préfé-rentielle des lionces de pêche aux opéra-teurs en mesure d'investk dans la filière

aquacole. Ceux-ci obdennent en contre-partie de vastes terrains en marais mari-time etbénéfidentdu caàe fiscal avanta-

geux des zones franches industeieUes. Enl'absence de caà-e juridique et adminis-tradf adapté à une activité économiquenouvelle, une dérogadon aux principes dela domanialité est accordée aux sociétés

par le biais de baux emphytéotiques, en-traînant le déclassement, en général pourune durée de 50 ans, des terrains du do-

maine pubUc maritime, voire de oux dudomaine pubUc légal, et leur affectationdans le domaine privé national.

L'impact surl'envu-onnementdes pre-mières fermes est resté, jusqu'àprésent,modéré. En revanche, leur émergencedans des zones peu peuplées et économi-quement peu développées a entramé unafflux de population. La perspectived'unemploi ou de revenus connexes a attirédes miïliers de personnes extérieures auxrégions concernées et d'origine modeste.Celles-ci ont, souvent, édifié à la hâte un

Débarquement de bois de palétuvier dans le port de Mahajunga

-^r

habitat sommaire et exercent sur les alen-

tours une pression dont les effetsenvironnementaux sont nettement moins

contrôlables qu'àlafenne.Faoàdespro-blêmes inédits, les autorités ontommencéà élaborer un schéma national d' aména-

gement des fermes aquacoles, destiné àménager l' envu-onnement côtier et à sau-vegarderles activités traditionnelles éven-toelle-ment menacées. H est vrai qu' uneemprise trop forte des infrastmcturesaquacoles pourrait remettre en cause, iciou là, une coxisteno jusqu' alors pacifi-que avec les populations riverames. Un'estpas non plus exclu que se développe, àmoyen ternie, une compétition foncièreentre opérateurs aquacoles eux-mêmes,car peu nombreux sont, en défmidve, lessites possédant l'ensemble des atouts pré-dtés, auxquels il onvientd'ajouter laproxi-mité d'un centre urbain et d'équipementscollectifs.

Conclusion: unegestion mieuxmteçree des zoneshumides côtièresest-elle possible?

Il en est, à l'heure actuelle, des zoneshumides côdères de l'Ouest comme des

espaos naturels terrestres àMadaga-scar:la légalité des institutions et desrèglementadons officielles n'y est pas ouplus légitimée, tandis que la légitimité deslogiques et des pratiques locales n est paslégalisée (O.N.E., 1997). Or, en une dé-cennie, les enjeux écologiques et foncierset, donc, économiques et sociaux, sontmontés considérablement. La nécessité

d'une gestion mieux intégrée de os zonesressort à présent clairement; elle est re-dondanted'un besoin deoncertationamé-

Uorée enfre les parties impliquées : l'Etatet les collecdvités temtoriales, les opéra-teurs économiques et les communautéslocales. La domaniaUté, très artificielle,

n' est probablement pas le caà-ejuridico-

50 Etudes de cas et réflexions - Littoral marin

MIIIEUX INSUIAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

administratif le mieux approprié aux réali-tés de l'heure. Elle est même contestée

par les populadons riveraines, en tant quesymbole de la présence coloniale passée,puisd'une administration ontraleinterven-tionniste, dumoinsàrépoquedutout-EtaLDans la période actueUe de relâchementde la présence de l'Etat, ces populationssont, d'ailleure, tentées d'oouperoud'ex-ploiter spontanément le domaine public,où elles trouvent à bon marché des remè-des àcourt ternie àleurs dfficultés écono-miques. De leur côté, les opérateurs éco-nonuques, notamment ceux de l'aquacul-turc, sont actuellement en position favora-blé pour négocier, directement au niveaucentral, avec les pouvoirs publics en vued acquisitions foncières en zone maritime.

Dans le proche avenir, il est important,autant pour l'harmonie des relations entrefermes aquacoles etriverains que pour unegesdon durable des ressources naturelles,que les autorités procèdent au déclasse-ment du domaine public de manière me-surée. L'établissement d'un schéma

d'aménagement de la filière devrait les yaider, sous réservequ'il prenne réellementen considéradon les intérêts des commu-nautés locales, détentrices de à-oits histo-

riques ou simples usagers des marais.Adéfaut de pondération, un développementincontrôlé de filières de production auxrationalités divergentes pourrait s'ensuivrcet engendrer des fonnes de concurrencespatiale et de profonds désaccords. Maispourl'heure, quand désaoord U y a, celui-ci est rarement exprimé en public et serègle le plus souventàl'amiable.

Pour ménager l'avenir, l'exécutifcen-tral et le législateur ont, en liaison avecl'appui technique bilatéral et intemadonal,posé les premiers jalons d'une réformeaàiimistradveetfoncière àplusieurs com-posantes. L'une des composantes (Ges-tion Locale Sécurisée), au stade de loi-cadre, msdtue une possibilité de transfertdes ressources nafau-elles publiques auxcommunautés de base et de gestioncontractualisée de ces ressources. Les res-

Extraction artisanale de sel sur le tanne de Belo-sur-Mer

sources côtières, pour certaines du moins,entreraient dans le champ d' application dela loi, au même dtre que forêts et pâtura-ges terrestres. L'on peut, toutefois, s'inter-roger a priori sur l'adhésion à de tellesdisposidons des opérateurs industriels pri-vés des régions côtières. Une autre com-posante de laréfonne en préparadon, en-

' A Madagascar, on distingue unepêche «artisanale», pratiquée pardes embarcations motorisées de

moins de 50 CV, de la pêche «tra-ditionnelle», non motorisée oupratiquée à pied.

core plus hardie, envisage à court termeune déontralisation administrative pous-sée, avec un élargissement des compé-tences des collodvités loales et, surtout,provinciales. Dans ce cas, c'est en grandepartie du devenir d'une nation et de popu-lations conscientes de leur unité dont il

s'agit!

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ME MIIIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHAKGE

A A

A

^^

Francis Rougerie

Résumé

Alors que la fonction «ressource» de l'océan tend à attein-

dre ses limites (pêche, aménagement des zones côtières), lafonction «réceptacle» commence seulement à être utilisée defaçon rationnelle, en particulier grâce à la mise en service des

tuyaux-émissaires pour le rejet en subsurface des efïïuents

urbains et industriels non toxiques. De par ses dimensions, lazone abyssale océanique constitue notre seconde planète etpossède un énorme potentiel de charge dont l'usage adéquatpeut alléger de façon significative les problèmes de surchargedes îles et des côtes, en particulier dans le domaine des dé-chets urbains. A l'inverse de la modestie des superficies in-sulaires émergées (4000km2 pour une centaine d'îles), la zoneocéanique économique exclusive de Polynésie couvre une

surface de 4 millions de km2 avec une profondeur moyennede 4 km. La prise en compte de cet arrière-pays océanique,dont la partie profonde est caractérisée par le froid, l'obscu-rite totale et les hautes pressions, permet de proposer que laplaine abyssale soit utilisée pour le stockage et l'enfouisse-ment des déchets urbains.

Abstract

Thé océan resource function is near thé limit point forfisheries and coastal management, but thé dumping functionstart to be rationally used, specially with pipes for wastethrown out. Thé size of thé abyssal zone represent a secondplanet with a considérable potential for waste dumping. Thiscan be a gréât solution to résolve island urban waste

treatment. Polynesian islands cover a small part (4 000 km2for a hundred or so islands) of thé Pacifie océan (4 million

km2), and this océan where thé deep part is cold, dark andsubmitted to very high pressures, can be used for waste dum-

ping.

Mots clés: Polynésie française, abysses, déchets, océan, im-mersion profonde, capacité de charge.

Key words: French polynesia, abyssal zone, waste, dumping,stocking rate.

IRD (ORSTOM), Observatoire Océanologique Européen, avenue St Martin, 98000 Monaco.

52 Etudes de cas et réflexions Littoral marin 53

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ME

Les abysses, notredeuxième planète

l existe, dans la plupart desbassins océaniques et dans lesmers profondes, un découplage en-

tre la couche de surface (0-200 m) et

l'océan profond, au delà de 500 mètres.Cette stratification verticale de l'océan

assure une forte séparaûon entre la cou-che éclairée, où est photo-synthétisée lamadère vivante, etlapardeabyssalefoideet obscure, qui foncdonne comme un gi-gantesque bio-réacteur de régénération etd' accumuladon sédknentau-e. Tout rejetsous la bamère de densité constitue donc

un aller simple et définitif vers les abys-ses, et tout dépôtd'une charge solide sur laplaine abyssale onsdtue l'équivalent d' unenfouissement de type géologique.

Dans le cas des ordures ménagères etdohets urbains, le respect de la loi et desontraintes océanographiques implique unproessus d'immersion en trois étapes:. omprcssiondelachargebmteavoune

presse à ordures ménagères; productiondéballes de une à plusieurs tonnes et dedensité proche de l'unité, cerclées parfil métallique pour éviter leurdéUtesonce.

. chargementdecesballesdansunebargeéquipée d'une benne abyssale et trans-port au proche large, pour atteind-e desfonds d'au moins 3 km.

. descente de la benne jusqu'à 500 m deprofondeur, ouverture automatique etlargage des balles.La surpression (50 kg/cm2 à 500 m) et

les basses températures (mférieures à 10°Cà5ometà5 °Cà l(X)Om. )onduisentà une augmentation de la densité des bal-les, qui couleront jusqu'aufond et tendantà s'enfoncer dans le sédiment

argilo-vaseux. Le rejet à partir du mêmepomtpennettra de créer un dépotoir abys-sal sur une zone occupant quelques km2,

et donc facile à suivre au plan technique etscientifique. Il est important de noter que

les éléments contenus dans les déchets

ménagers (madères orga-niques, métaux,verres), et oux qui serontproduitsparleurdécomposidon éventuelle, ne peuvent enaucune manière poser un problème bio-chimique pour le milieu océanique ou lesédiment marin, où ils sont natoeUement

présents sous forme dissoute ouparticulaire: les fractions susopdbles dese dégrader en présence d' oxygène(dé-composition aérobie) enrichirontleréser-voir marin en matières organiques, selsmméraux et métaux dissous; les fractions

plus réfi-actaues (verres, plasdques) serontprogressivement enfouies àl'intérieurdusédiment et, sans ontact avec l'oxygène,subiront une 1res lente décomposition ana-érobie analogue à celle qui in fme conduitau pétrole, aux phosphorites ou aux nodu-lespolymétalliques.

N' oublions pas aussi que la madère or-ganique enfouie dans les abysses onservede ce fait une charge potendeUe en gaz àeffet de serre (C02, CH4), qui seront ainsidurablement séquestres en dehors de l' at-mosphèrc.

Application duconcept del'immérsion profonde:le cas de la Polynésie

Ce territoire est avant tout une provincemaritime avec seulement 4 (XX) km2 émer-gés pour une zone océanique économiqueexclusive de 4 million de km2, située au

ontre d'un océan qui représente la moitiéde la superficie de la planète. De plus lesprofondeurs sont importantes, de4km enmoyenne au-dessus de la plaine abyssale.Les fles et atolls représentent les sommetsde chaînes sous-marines, issues d'un vol-canisme intraplaque alimenté par despomts chauds, puis ceinturés de réctfs co-ralliens au fur et à mesure de la subsidencedesûes.

LE PROBLÈME DES DÉCHETSURBAINS

Avec ses 150 000 habitants à haut ni-

veau de vie et une unportation de plus de90% de ce qui est consommé, Tahiti pro-duit 150 à 3CX) tonnes de déchets parjour.Ces déchets sont déchargés dans des dé-potoirs en plein air installés de façon tradi-tionnelle dans les parties moyennes desvallées; la quasi-totalité des 10 grandesvallées de l'fle (à l' excepdon de la valléede Fataua qui fournit l' eau de Papeete) etdes 60 vaUées secondaires est amsi défi-

gurée par ces dépotoirs fumants qui ons-dtuentdes zones d'insalubrité permanente(rats, moustiques, cafards; pollution desrivières, nappes phréatiques et lagons;odeurs, fumées, obstacle à l' accès deshautes vaUéesetc).

En 1987, la décision fiit prise de cons-tmire à Tahiti une usine de traitement parincinération- méthanisation (procédéValorga, Amiens). L'usine fut consbruite àproximité de Papeete, au fond d'un cirquemontagneux, et entra en fonctionnementen 1991 ; opendant, après une sucossionde mal-fonctionnements (mauvais ttiage,

54 Etudes de cas et réflexions - Littoral marin

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

insuffisance de rendement de laméthanisadon, indnéradon incomplète) etd'atteinte àl'environnement (odeur, bmit,rabattementdes fiunées surlavffle), l'usmeestdéfirddvementferméefin 1993. Cette

usine aura coûté 3o millions de fi-ancs, etaprès beauoup d'agitarionpolidqueet so-ciale est actuellement en phase de démo-lidon.

Il reste que le problème des ordures estplus aigu que jamais, et que les tentativesde créer des dépotoirs à enfouissementcontrôlé en zones reculées se heurtent à

l'opinionpubliquedes communes conor-nées. Tahiti est malade de ses ordures,comme d'ailleurs la plupart des centresurbains des auù-es archipels polynésiens,îles hautes (Morea, Bora-Bora, Tubuai )ou atolls (Rangiroa). Le problème des ef-fluents urbains est également posé et unprojet dewait entrer en phase de réalisa-don: il s'agitde créer un réseau de collectedes eaux usées qui, après traitement préli-minau-e, seront envoyées dans un émis-sau-e pour un rejet dans l'oéan à 80 mè-très de profondeur, au à-oit de la digue duport de Papeete. On pourrait imagmer decoupler les deux futures usmes de traite-ment, celle pour les eaux et celle pour lessolides; c'est ce qui a été fait à Monaco enpleine ville, avec:. traitementpmnairc des eaux;. rejet par tuyau-émissau-e de l mèfre de

diamètre à io m de profondeur. mdnérationtotaledesboues,déchetsur-

bains et ordures ménagères en vrac (ycompris les matières plastiques et lespneus); on s'approche d'un degré zérode nuisance par triple nettoyage des fii-mos.

L'electridtéproduiteonEspondàréclai-rage inbain (3% du total) ; opendant, outrela surface au sol occupée et les contraintesdu trafic des bennes de ramassage, le coûtde otte filière, de l'ordrc du milliard pourchaque usine, rend ce chok irréaliste pour(fes olkcdvités en voie de dévek^yementDeplusfcproblèmercsteraitendardanslesautres îles et fflchipels.

L'IMMERSION-STOCKAGE ABYS-SAL

Les îles de plein océan comme Tahitisemblent particulièrement adaptées à lamise en oeuvre de la filière presse à ordu-res- barge- benne abyssale. Le proessusse déroulerait comme suit:

. Les ordures amenées par les camionsde ramassage sont directement déver-sées dans une presse à ordure ména-gère installée en zone portuaire, et qui,selon les modèles, peut en traiter 10 à50 tonnes par heure.

. Lesballesd'ordurcscompactéesetcer-clées sont ensuite déposées dans unebarge équipée d'une (ou de plusieurs)benne abyssale. Les jus de pressage sontégalement stockés dans la barge.

. Labargeautotractéegagneenquelquesheures la zone de rejet, sur des fondsd'au-mcans3km.

. La benne est descendue jusqu'à au-mauns 500 mètres de pofondeurpardé-roulement de son câble porteur; le pan-neauinfàieurs'ouviieauto-n-Kdiqomentsous l'effet de la pression, libérant les

balles compactées qui vont continuerleur descente jusqu' au fond.

. Les jus de pressage sont déversés ensurface ou refoulés en subsurface (etfavoriseront la CToissano du plancton).Unebaiçede25mdelongpourraitainsi

transporterles ioà2otonnesd'ordurcsquotidiennement produites dans l'île deTahiti. D'autres presses déplus faible ca-pacité pourraient être installées surlapres-qu'fle et sur l'fle voisine de Mooréa. Unebarge-benne abyssale pourrait ramasserrégulière-ment les balles compactées endifférents sites et les amener au prochelarge pour immersion. Le même principepeut s'appliquer aux îles sous le vent etdans les autres archipels, chaque ûe pro-duisant des baUes compactées ramasséeslors delatouméed'unebarge.

La desonte des balles etleurdisperssionseront fonction de leur densité et de la force

des courants océaniques; celles-ci sontfaibles en profondeur, de l'orà-e de quel-ques cm/soonde, ce qui fait que les ballestendront à s'accumuler sur une surface de

quelques km2, au d-oit du point de rejet.Leur enfoncement dans le sédiment pro-fond sera progressif, inéluctable et défini-tif. L'impact sur les organismes bentfaiquessera très loalisé, une partie de la chargeorganique pouvant, avant enfouisse-ment,être colonisée par des bactéries aérobiesou exploitée par des oursins, holoturies etétoUesdemer.

Ce procédé garanti que les ordures dujour seront dans les profondeurs océani-ques avant leur pourissement à terre, cequi est le cas actuellement. Une résorptiondes anciens dépotoirs pourra être entre-pnse, assainissant défi-nidvement les val-

lées et bandes côtières. Outre l'impactpositif sur la polludon et les diverses nui-sances associées, on peut penser que lavaleur des terrains ainsi récupérés seraprobablement supéneure au coût total dela mise en ouvre de ce procédé.

En Juin 1993, après une enquête contoa-dictoire et une audition de plusieurs ex-perts et scientifiques, leConseUEconomi-

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queet Social de PolynésieFrançaiseavaitémis un avis favorable à un test de mise en

service de cette filière presse à ordures-barge -benne abyssale.

Malheureusement, et malgré la ferme-ture de l'usme de traitement peu de tempsaprès, les ordures ont continué à être en-tassées et à polluer l' envi-ronnement, aupoint que ce problème consdtue un Ireinmajeur au développement de Tahid, et unesource de vive tension sociale et politique.Un premier pas vient toutefois d'être fait(octobre 1997) avec l'unmersion de car-casses compactées de voitures et de«monstres» électro-ménagers à 30 millesdansl'ouest de Tahid, sur des fonds de 3,5km. Plusieurs milliers de tonnes de fer-

raille et de plastiques composites ont ainsirejoint la plaine abyssale, soulageantd'autantlaplainecôdèns. Unprojetdeons-tmction d'une barge-benne est à l'étude,etpourraitaboutiren 1998.

Conclusion

n existe opendant un problème d' oràiepsychologique dansl'utilisa-dondel'océanprofond, un sorte de tabou diffus basé surune mauvaise connaissance des réalités

océaniques. U faut donc que les autoritéspolitiques et scientifiques fassent un grostravail d'informationetd'explication. Denombreux plaisanciers et pêcheurs se po-

sent en défenseur d'un océan idéal, de-

vant garder sa pureté originelle, sansrcali-ser qu'ils rejettent eux aussi beaucoup dedéchets solides et liquides (laflottillemon-diale est de l' orà-e du million d'unités) et

que la coque de leur bateau est enduited'unredoutable poison antiplanctonique !

La mise en service des tuyaux-émissai-res a constitué une première applicadondu concept de rejet océanique ensubsurface, et a montré son efficacité. Hreste simplement à ajouter que ce qui estvrai pourles rejets liquidesl'est égalementpour les rejets solides. On commence àbien connaîtis les conbraintes et les mcon-vénients des û-aitements des déchets à

terre, ainsi que les limites du recyclage, del'incméradon(émissiondegaztoxiquesetàeffet de serre) ou du stockageditontrolé(empnse au sol, percolation des eaux, pol-lution des nappes etc). Dans ce contextetendu, etdanslaperspodved'undouble-ment en 50 ans delà population mondiale(dont la moitié habite à moms de 200 kmdes rivages), il parait légitime de proposerquel'océan profondsoitmisàontributionpour aider les hommes à mieux gérer leursdéchets, en omplémentauxmuldplespro-cédés utilisés à terre. Etpour les îles etzones côdères déjà surchargées, etbor-dées d'océans ou de mers profonds, l' mi-mersion océanique peut constitoer l' accèsàunnouvel espace, une nouvelle ressourcepour le siècle à venir.

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56 Etudes de cas et réflexions - Littoral marin

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

A A

René Robert *

Résumé Abstract

Les hautes terres de la Réunion sont de plus en plus visi-

tées. Elles offrent des paysages volcaniques remarquables et

aussi des lieux de loisirs familiaux. Terres inhabitées, elles

sont traversées par différentes voies mises en place par l'Of-

fice National des Forets. Leur fréquentation entraîne des dif-ficultés de gestion. Il est pourtant souhaitable que l'accueil

du public y soit favorisé, avec quelques précautions.

More and more tourists and résidents visit thé high volcanic

lands of La Réunion island, which offer exceptional

landscapes. Thé Forestry National Service created roads that

made thèse uninhabited areas accessible. This récent human

pressure leads to managements problems as it seems

necessary to promote a well controlled development.

Mots Clés: tourisme, loisirs, capacité d'accueil, les hauts, la Key words; tourism, recreational activities, ecological capacity,Réunion, capacité de charge. Réunion island, stocking rate.

* Laboratoire de Géographie de l'Environnement, Université de la Réunion, BP 7151, St Denis, 97715 La Réunion, France.

57

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Mt

Introduction

es difficultés économiquesde la Réunion avaient

poussé les responsables àpro-mouvoir le tourisme dansl'île, omme cela

avait été le cas dans les fles voisines (Sey-chelles, Maurice). La promotion s'estd'abord intéressée aux quelques sites bal-néaires de l'ouest et du sud. Puis l'intérêt

des hautes terres s'est rapidement déve-loppé. Des pistes foresdères et des sen-tiers de randonnée, knagmés et créés parl' ONF, ont permis la découverte de sitesattractifs.

En 1997, des enquêtes sur la route fo-restière du Volcan ont montré que les utili-sateurs étaient différents. Les uns sont des

touristes qui viennent découvrir les grandspanoramas du volcan de la Fournaise. Lesautres viennent y chercher une au-e de pi-que-nique agréable.Les uns vont jusqu'aubout de la piste; les autres, promeneuK dudimanche, s'arrêtentle long du chemin dès

le moment où un espace intéressant a étérepéré. En semaine les touristes représen-tent la presque totalité du flux; le dknan-cheUs nereprésententplus que 50% de ceflux. D'autres enquêtes ont monti-é que lephénomèneestidendque sur les autres pis-tes des hauts de l'fle.

Les pression exercées sur la nature sontdifférentes dans l'un et l' autre cas. Les

passages de touristes vont augmenter dansles prochaines années; les besoms en loi-sirs dominicaux, également La qualité dessites estpour le moment maintenue ardfi-ciellement avec des fonds publics, maiseUe est insidieusement dégradée. L' étudedissocie les valeurs et inconvénients dutounsme de ceux des loisirs dominicaux.

Les sites uniques:une protection àrenforcer?

L'origmalité de laRéunion parmi les flesde l'océan Indien se trouve dans ses par-

Situation des zones de végétation altimontaine et des routes forestières dedesserte

10km S^int-Denis

des centrales. La multiplicité des paysa-ges volcaniques originels ou issus de latectonique d'efibnàiementetlavanété desouvrages de l'érosion torrentielle sont re-marquables (Robert, 1996). Les hautes ter-rcs de l'inténeur ont aussi un climat agréa-blé et attractif pour les personnes qui vi-vent sur le littoral à climat tropical chaud.

LES GRANDS SITES

Ce sont des espaces à petite échelle,faciles à contempler. Dans le nord-ouest,le masstfdu Piton<les-Neiges, qui culmineàplus de 3 000 m, of&E unbasdon de hau-tes mines centrales entouré de grandesexcavations (les cirques de Salazie,Mafate, Cilaos, Bébourg). Ces cirques sontdominés par les remparts des planèzes dontles sommets permettent de découvrir despanoramas grandioses (Roche Ecrite,Maïdo, les Makes, Dimitile). Au sud-est,le second volcan, la Fournaise, encoreactif, offre une succession de calderasemboîtées dont les deux dernières, lescalderas des Sables et de l'Enclos, sontdes sites très attractifs. Tous les douments

de publicité touristique proposentladeou-verte de ces grands sites.

Sainl-Oillcs

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Saint-Beaoit

Mtiiif duPïtoii-des-Nagffs

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Vdum de [email protected]âi^e

Saiint Piei

L'OUVERTURE DES GRANDSSITES AU PUBLIC

L'ONFontrôleenviron io(XX)ha, soit40% de la surface totale de la Réunion

(DoumengeetRenard, 1989). Pourdesser-vir les grands sites, U a créé des pistes fo-restières (350km), des sentiers de granderandonnée et des senders loaux (environ

1000 km). Les principales routes mènentvers le Volcan de la Fournaise, vers la Fe-

nêtre des Makes (panorama sur Cilaos),vers le Maido (panorama sur Mafate), versBébourg et Bélouve (panorama surSalarie). Les principaux sendffs vont versles sommets de la Fournaise et du Piton

des Neiges ou vers les sommets des pla-

58 Etudes de cas et réflexions - Littoral terrestre et intérieur

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

nèzes : Roche Ecrite (panoramas surSalazie et Mafate), Grand Bénard (pano-ramas sur Mafate et Cilaos), Dimitae(pa-norama sur Cilaos), Plaine des Fougères(panorama sur Salazie)... Ces voies sontde plus en plus utilisées.

LES DIFFICULTÉS DE GES-TION

Les enquêtes faites sur la piste du vol-can ne montrent pas une suriréquentadon:300à400véhicules vont jusqu'au bout dela piste le dimanche (soit 1000 à l 200personnes). Les superbes coulées de mars1998, visibles du tenninus de la route,étaient attendues depuis 1992. Le ûux decurieux a été tel que la pradque de la routeest devenue rapidement impossible et lagestion de la difficulté a demandé de nom-brcux efforts financiers et autres. Les stmc-turesd'aoueildel'ONFontmontréleurs

limites devant dette invasion tourisdque:les capacités n'étaient pas prévues pources finalités.

Sur les grands sites, la première diffi-culte est celle des déchets, laissés surplace, cachés dans les fourrés arbustifs,glissés dans les diaclases des roches vol-caniques. La soludon n'ajamais été trou-vée et les incitations diverses n' ont jamaisété suivies d'effets valables. Le fmance-

ment public assure un nettoyage, mais ladécision de conù-ôle, voire d' atdtude ré-

pressive, divise les responsables.Les pluies sont rares dans les hauts, en

raison de la stmcture de la basse atmos-

phère et les stmctures de surface sont trèsperméables. L'écoulement de surface estabsent: ilestimpossibledetiuuverdel'eausur place pour les besoins des touristes etles besoins de lutte contre les incendies.

La seule solution consisterait à transporterde l'eau de l'aval vers les hauts et à lastoker dans les citernes.

Les grands sites font déplus enplusl'ob-jet de réflexions diverses visant à leur ud-lisadon et à leur protodon (Robert, à pa-

raîù-e). Les deux démarches peuvent êtreen opposidon. Le constat actuel est celtdd'un effort considérable pour ouvrir leshauts et aoueiïlir les touristes. En contre-

parde, les difficultés apparaissent : con-trôle et organisation des flux ponctuels,enlaidissement des sites par les déchets,ravitaillement en eau, arrivée d'espècesexodques envahissantes... La solution nepeut venir que d'une politique globale: lasolution du parc naturel est à l'ordre dujour.

Les espaces delandes et pelousesaltimontaines:une adaptationnécessaire?

Sur les chenmis qui mènent aux grandssites, le long des pistes forestières, s'aou-mule le dunanche surtout, et aussi pendantles vacances scolaires, un nombre CTOÎS-sant de personnes. EUes ont quitté le litto-rai pour passer quelques heures agréablesdans les hauts. L' assodadon déterminante

est donc la voiture / le pique nique / leshauts.

LES RÉGIONS DE LOISIRS DANSLES HAUTS

Toutes les pistes sont utilisées, mais deuxseules mènent à des aldtudes supérieuresà 2000mètiies,pemiettant de gagner otterégion où l'arbre disparaît et où une landeorigmale se développe. La plus fi-équen-tée est oUe du volcan de la Fournaise où

les pique-niqueurs se massent surtout en-tre 1300 et l 500 m. Les aires aménagéesne sontplus suffisantes depuis longtemps.Ensuite vient celle du Maïdo dans les hautsdel'ouest: les flux conomentenviron500

à 700 personnes le dimanche. Les au-esd'accueU sont de deux types: aires amé-nagées et aires sauvages. Les aires amé-nagées profitent de trois ambianos dtffé-rentes: sous la futaie de cryptomerias(Cryptomeriajaponica), résineux intooduitpour sylviculture par l'ONF), souslaffltaiede tamarins des hauts (Acacia

/Kterop/îyfe), endémique présent sur tou-tes les pentes moyennes) et sur les landesalti-montaines.

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LES MENACES SUR LA LANDE

La lande altimontame s ' est développéesuruneau-e de grande importance: c'estlecas pour l'étage terminal au-dessus de1800-20om(Cadet, 1980) où sejuxtapc^sent des fourrés et des pelouses. Aucuneespèovégétalen'yestmenacéed'extinc-don, à la différence des autres strates vé-

gétales. Mais pour réchauffer ou cuire lesaliments du pique-nique, le visiteurs du di-manche utilisent les branches mortes des

bmyères. Ce geste répété par des rmUiersde personnes en quelques années a finipar réduu-e les fourrés le long de la routeforesdère: U faut chercher le bois mort de

plus enplus lom. Faute debois mortàproxi-nuté, des arbustes vivants sont maintenant

arrachés. Les agents de l'ONF l'ont re-marqué sur des sites particuliers.

UNE NÉCESSAIREADAPTATION

Pourtant cette région de landes est mté-ressante par comparaison avec les autresstrates de végétation où se fait l'accueildes visiteurs. EUe est présente au sommet

des deux massifs volcaniques et oftrc desespaces largement ouverts plus facUes àaménager et à vivre que les sous-bois desforêts situées en aval. S'il est nécessaire

de mener une politique préventive dans lecadre de l'aménagement des hauts pouraccueillir davantage de visiteurs, il est vraique les landes offrent un vaste domame oùla dégradation peut êti-e évitée au maxi-mum. Les conditions favorables sont mul-

tiples : absence ou rareté des sols, ouver-turcs natoreUes disponibles entre les four-rés, situation au-dessus de la couche d'in-version des alizés assurant un ensoleUle-

ment plus fort que celui des pentes moyen-nés, faibles menaces d'y voù- se dévelop-perdes exotiques envahissantes... Ces ré-gions ne sont pas accessibles partout parles routes (e' est le cas des sommets de la

planèze de la Roche Ecrite) et ne sont pastoutes à mettre en aménagement.

Conclusion

Le développement du tourisme et desloisirs est un phénomène de société quin'a rien d'origmal. Les différents flux serépartissent sur les stations balnéau-es et

dans les hauts. Les discussions portentactuellement sur la capacité d' accueiï deces sites, sur les difficultés rencontrées,

en distinguant les sites majeurs dontl' attractivité est le moteur du tourismedans les hauts et le besoin d'évasion des

autochtones. EUes n' ont pas permis en-core de décider d'une poUdque pour de-main. Les moyens de contrôle ne sontque ponctuels et insuffisants : il est possi-blé que cette mésentente vienne du nom-bre important d'interlocuteurs sur cemême thème.

Beaucoup pensent, dans os ondidons,que la solution la meilleure est celle de lamise en place d'un parc naturel dans leshauts. L'unicité directionnelle du parcpermettrait sans doute de pallier un défi-cit de décisions nécessaires. EUe permet-trait d'orienter les charges d'un ensem-blé d'écosystèmes pour éviter lasurfréquentation. Le cahier des chargesde ce parc a été agréé en février 1988par le Conseil Régional, et la création estprévue vers 2002-2003. L'adéquationentre besoins de l'homme et possibilitésde la nature est au centre des futures dis-

eussions.

Végétation altimontaine des Hauts de la Fournaise

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60 Etudes de cas et réflexions - Littoral terrestre et intérieur

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

Jaume Binimelis Sébastian, Antoni Ginard Bujosa, Joana Maria SeguiPons'

Résumé

Le développement du tourisme de masse dans les îles Ba-

léares a généré un nouveau modèle économique, social etterritorial. La dominance des espaces ruraux a disparu au pro-fit des zones urbaines et de la dynamique d'aménagement dulittoral. Ces dernières années, les espaces ruraux ont suc-combe à la dynamique globale de la "rururbanisation". Le

tourisme rural et l'écotourisme, formes nouvelles de spéciali-sation du tourisme, représentent un facteur de pénétrationurbaine vers l'intérieur des terres. Le tourisme mral ne corres-

pond pas à une stratégie d'aide au développement des ex-ploitations agricoles mais exprime la réponse à l'offre touris-tique, présenté comme une alternative au tourisme de masse.

Resumen

Al final de siglo, no hay dudas que la transformaciôneconômica, social y territorial producida en las Islas Baléaresen la segunda mitad del siglo XX es un efecto del impacto delproceso de desarrollo basado en el turismo de masas, que haprovocado una ruptura radical en la dinâmina de lasestructuras preexistentes, acelerando la introducciôn de

nue vos modelas de comportamiento a todos los nivelés. La

personalidad de las Islas se ha tambaleado en un pen'odo detiempo muy corto: en poco mas de treinta anos se ha

consolidado el paso de una sociedad tradicional mral y agraria,caracterfstica del sur del Mediterrâneo, a una sociedad

modema. La impronta ha sido tan profunda que cabe distinguirentre la sociedad de antes y la de después del inicio del turismode masas. En este sentido, puede hablarse de una sociedad

pre-turîstica y de una sociedad nueva, que esta devorandola herencia del pasado reciente y que ha estructurado unnuevo esquema économico, social y territorial.

Mots clés: tourisme de masse, îles Baléares, tourisme rural. Palabras dave: turismo de masas, Islas Baléares, turismo m-écotourisme, insulaire, rai, ecoturismo, insular.

* Universitat de les lies Balears, Cria Valldemosa, km 7, 5; 07071 Palma, Mallorca, Espagne.

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Introduction

'évolution économique, socialeet territoriale qui s'est produitedans les îles Baléares dans la

deuxième moidé du XXème siècle est la

résultante de l'impact du processus dedéve-loppement basé sur le tourisme demasse. Ce dernier a provoqué une mptureradicaledans la dynamique des structurespréexistantes, en aoélâ-ant l'mtroductionde nouveaux modèles de comportementsà tous les niveaux.

En un peu plus de trente ans, les îlesBaléares sont passées d'une société m-raie et agrau-e, caractérisdque du sud-mé-diterranéen, aune société moderne. Cette

mutation a été si profonde qu'U faut faireune distinction entre la société d'avant et .

celle d'après le début du tourisme demasse. Dansosens, onpeutparlerd'une«société pré-touristique»etd'unenouveUesociété, refusantl'héritaged'un passé ré-cent et consteuisant un nouveau schéma

économique, social et temtorial.

L'évolution dumodèle territorial

Bien que l'on puisse introduire quantitéde nuanos, l' évoludon du modèle temto-

rial des ûes Baléares (en particulier celuide Majorque) s'est fait en quatre grandesphases.

SOCIÉTÉ AGRAIRE ETDÉBUTS DU TOURISME(1930-1950/1960)

La situation qui précède le développe-ment du tourisme aux Baléares se définit

par la persistance d'une base économi-que et sociale archaïque et apparemmentmunuable, composée par un grand con-tingent de la population rurale active (plusde 50 % avant 1950). La «grande pro-priété» dominante coexistait avec une

stmcture de pedtes et moyennes proprié-tés d'artisans, de petites industries et decommerçants. Dans la première moitiédu XXème siècle, en l'absence desgrands courants sur l' industnaUsation etl'urbanisation, une économie agraire, pra-tiquementd'auto-consommation, semaintenait dans un dssu social plutôt sta-tique et conservateur. La société tradi-tionnelle se confortait dans un territoire

configuré par des espaos ruraux de pro-duction agncole et situés à l'intérieur desfies (le littoral et la montagne étaient desaires marginales). L'occupation des ter-res agricoles était basée sur des systè-mes à caractère extensif. Les îlots de

population à l'intérieur vivaient le dostourné à la mer. Excepdon faite des petitsports, la côte avait une maigre activité.Les capitales régionales, surtout Pahna(Mayorque) concentraient la fonction di-recdve sans que cela atteigne la sociététra-ditionnelle.

A l'aube du tourisme, et malgré la per-sistance du modèle teadidonnel agrau-e, lapénode des années 50rcprésenteuneétapetransitoire, avec des effets temtoriaux im-

portants. Le secteur primaire perd unegrande partie de ses effectifs au profitd'autres secteurs entraînant un exode m-

rai vers les zones urbames les plus dyna-miques. C'estle début du boomhôtelieraux environs de Pahna.

TOURISME DE MASSE ETDÉCADENCE AGRICOLE(1960-1973)

En 1960 débute la grande vague du tou-nsme qm augmente progrcssivementjus-qu'à la crise économique de 1973. Dansles Baléares, la spoialisadon économiquebasée sur le tourisme de masse joue lerôle de facteur de changement du modèleéconomiqueettemtorial qui débouche surla constitudon d'une société urbaine et de

services. Le tourisme de masse apparaîtcomme une conséquence des échangesopérés de l'extérieur plus que comme unproossus à caractère endogène. La crois-sance de l'éonomie en Europe Occiden-taie, ainsi que le développement desmoyens de transport (surtout l' avion) fa-vorisentl'amvée de 0-ands contingents detouristes dans les régions périphériques del'Europe du sud àla recherche du soleil etdes plages.

L' miage des Baléares (beauté du litto-rai, douceur du cUmat, société tradition-

nelle et bas niveau de vie, proximité géo-graphique) est extrême-ment favorable.

Ledéveloppementd'uneéconomietrèsspécialisée dans les services touristiqueset dépendante de la onjoncturcextérieurc,a amsi bouleversé le modèle ûradidonnel.

L'omniprésenteagnculturepluvialeexten-sive entrait dans un déclin méversible, lais-

62 Etudes de cas et réflexions - Littoral terrestre et intérieur

MILIEUX INSUIAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

sant la place aux cultures intensives irn-guées, pour réponàeàla demande dunou-veau marché uibainettouristique. Letrans-fert de la populadon active vers la cons-tmction et les servios, directement ou in-directement reliés à l'activité tourisdque,vidait ainsi les actifs des zones rurales.

Entre 1960et 1973, le développementdu tourisme est concentré sur le littoral.

Globalement, le changement du modèletemtorial se caractérise à la fois par l' ac-CToissement des zones urbaines dans une

dynamique du littoral et par lamarginalisation des espaces agricoles. Lesespaces ruraux, qui avaient été le supportde l ' économie traditionnelle, perdent leurrôle principal et se convertissent en réser-ves de résidences de loisirs ou d'espacesnaturels protégés.

TOURISME, RÉSIDENCE ETABANDON DE L'AGRICUL-TURE (1980-1990)

Dans les années 80, après une pâiode destagnation et debaisse, ononstateunenou-veUe période de croissance du tourisme demasse. Al'organisarionhôtelière se substi-tueprogrcssivementolledes appartementslégaux (ou illégaux) et pour réponà-e à la

saturadon des andennes zones tourisdqueslittorales, de nouvelles se créent.

Dès 1985, on constate un vieiïlisse-ment

alannant de la population acdve dans lesecteur primaire et un recul des exploita-tions imguées auparavantrentables. C'estle début d'un abandon généralisé de l'agri-culture. L'alternative au processus de «fos-silisation» des paysages et des activitésdans les zones mrales est représentée parl'agriculture à temps partiel et le jardinagede loisirs. En même temps, l'expansiondes grandes zones urbaines s'intensiïie.Dans les espaces mraux, la colonisationurbaine prend la forme de résidences se-condau-es ou principales destinées àlapo-puladonlocale. C'est aussil'anivée despremiers résidents étrangers àl'mtérieurdes terres et le début du tourisme rural.

URBANISATION RURALE ET

SOCIÉTÉ TOURISTIQUE(1990-2000)

Ces dernières années, cette spécialisa-tiontourisdque s'estmamtenue. Ladispa-rition des acdvités rurales devient un fait

incontestable (bien que nuancé par l' agri-culture à temps partiel et le jardinage deloisirs). La foncdon résidentielle dans les

Répartition des établissements hôteliers sur l'île de Mayorque

DISTKIBUCIÔN DE AGROTURISMOS ï HOTELES RURALESENIAISIADKMALLOKCA ^ ^

Pia^M ofcrtadas

&tipâdiî5 protepdas

05 5 K.

zones rurales se consolide, aussi bien pourla population loale que pour les résidentsétrangers, etleproessusd'urba-nisationdes campagnes se généralise.

La dernière phase du proossus d'urba-nisadon des campagnes a été spécialementétudiée par Jaume Binimelis Sébastien(1996) qui relèventl'apparitiond'un agentsignificatif de lacolonisadon territoriale,celui de l'accroissement des établisse-ments d'éco-tourisme.

Le tourisme ruraldans la dernièreétape de la définitiondu modèle territorialà Mayorque

Le tourisme rural et l'éco-tourisme for-

ment la partie de ce que communémentl on nomme le tourisme alternatif (exprcs-sion qui désigne l ' ensemble de l'offre tou-ristique). En principe, le tourisme mral etl'éco-tourisme sont conçus comme desdispositifs de relance sociale et économi-que des zones rurales défavorisées. Ilsconsdûient des formes d' oflrcs tourisdquesfavorisées par BmxeUes pour diminuerl'exodemral etpouroffrirune alternativeà la sauvegarde du patrimome culturel etpaysager des espaces agraires. Sous ré-ser/e de vaHdadon, nous considérons queles théories mentionnées ci-dessus ne con-

cernent que le tourisme rural et l' éco-tou-risme dans l'île de Mayorque. De notrepoint de vue, le tourisme rural et l'éco-tourisme sont des typologies del'offre tou-nstique qui engendrent la dernière étapedans la constmcdon du modèle territorial

d'origuietourisdquesurMayorque.La deuxième phase de la définition du

modèle temtorial se caractérise donc parla colonisation des espaces ruraux àl'mté-rieur de l'île. C'est un proossus d'origmeurbaine qui ttansfonne les zones agdcolespaupérisées en zones résidentielles tem-poraires ou per-manentes. La demandeprovient aussi bien de la populadon locale

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(surtout de Pahna, principal émetteur dedemandes urbanistiques), que des résidentsétrangers en augmentadon depuis les an-nées 1990. Le processus d'urba-nisationrurale se base surl'utilisationdes terres en

zones résidendelles comme principal mo-teur du changement des espaces mrauxde l'inténeur. Néanmoins, nous considé-

rons que le tourisme rural etl'éco-tounsmedoivent être intégrés dans la dernière étapede l'aménagement du territoire en tant quenouvel élément de colonisation basé sur

une nouvelle spécialisation du tourisme.Us suivent, en tantqu'ofiretourisdqueplusélitiste, un modèle de développement etde comportement spatial ù-ès proche decelui de la demande de résidences ébran-

gères.La majorité des mstaUations du tourisme

mral actuellement en acdvité a donc été

créé dans les années 1990. Ainsi, il est

possible de détecter diïîérentes zones deprédflodonpour le tourisme rural et l'éco-tounsme:

a En premier lieu, la plus grande conon-tradond'établissementsd'éco-tourismeet de tourisme rural se trouve dans la

Serra de Tramuntana, surtout dans lescommunes situées aux alentours de

l'axe «Pahm-SoUer».

b Un second groupe d'établissements sesitue dans les communes de l'est de l'île.

n s'agit d'une zone à la topographie ac-cidentée, par où coulent «las serres deUevant».

e Un troisième groupe forme une cein-ture autour du rivage de «Sa Rapita-EsTrenc», au sud de l'Qe, coïncidant avec

un des rares sites où le littoral a été pro-(Égé.

d Un dernier grouped'établissementsestlocalisé à proximité de «Randa» (dansle centre de l'île) ou de «Raiguer», lepiémont de la «Serra de Tramuntana»,dans l'axe «Pahna-Alcudia».En résumé, le tourisme rural et l' éco-

tourisme se situentdans les zones oùl'agn-culture traditionnelle a été abandonnée ou

subsiste de manière marginale. Par con-

tre, ce sont des zones pnvUégiées du pointde vue paysage (montagne et littoral sonttoujours présents). U existe un certam de-gré de correspondance spatiale entre ledéveloppement du tourisme mral et lesaires protégées.

En défmidve, à Mayorque, le nouveaumodèle de tourisme alternatif s' articule

autour des aires protégées de la prédationurbaine et qui ont une qualité paysagèreindéniable. Paronséquent, nous considé-rons que la disparition des activités agrico-lesetl'amvéedutourismeruraletdel'éco-

tourisme ne sont qu'une stratégie de sur-vie de l'exploitation agraire familiale quin'est qu'une nouvelle expression de l' of-fre touristique de masse et qu, à son tour,est orientée vers une demande socialement

différenciée, utilisant l'unage des airesprotégées. Pendant ce temps, les pedtsespaos ruraux tradidonnels de l'intérieurse ù-ouvent dans une situation de subsis-

tance, sans doute transitoire, mais en de-hors du processus global de transforma-ûon.

Conclusion

Le développement du tourisme demasse dans les Qes Baléares s'est traduit

par un modèle d'organisation du temtoireen opposition au modèle tradiûonnel. Pa-rallèlement au déclm de l' activité agricole,révolution du secteurtouristiqueagénéréune nouvelle image temtoriale qui se défi-nieparunedominadondes grandes zonesurbaines et une dynamisation des frangeslittDrales.

L'étape finale de ce processus est ac-tueUementla saturadon des zones touristi-

ques concentrées sur le littoral et la miseen place d'une politique globale d'urbani-sadon des espaces ruraux. Le dernier cha-pitre de la colonisadonurbame affecte plei-nement les aires tradidonneUes de l'mté-

rieur, surtout pour un usage résidentiel. Letourisme rural etl'éco-tourisme (nouvelle

forme de spécialisation du tourisme) re-

prcsententun facteur depénéteation urbaineveBl'intâieur.

Dans les années 1990, le tourisme et lademande résidentielle se sont concentrésdans les zones mrales en fonction de la

quaUté du paysage, sans que le tourismerural ne réponde à une stratégie de surviedes expldtadons agricoles. D estplutôtl'ex-pression d'une nouvelle manifestation del'offre tourisdque, présentée comme unealtemadve au tourisme de masse. L'ex-

pansionurbame et touristique vers l'mté-rieur des Ses apparaît comme un proces-sus de transformation à caractère

globalisateur.Le secteur tertiaire et les services, en

plus de l'activité touristique, repré-sententun segment stratégique des fles Baléarespuisqu'il génère entre 60 et 80 % de Pffidansl'économie insulaire et occupe 65 %de la population acdve.

En définitive, les Ses Baléares s' appro-chent du ù-oisième millénau-e avec une

sùiicturc oonomique et territoriale qui ré-pond aux paramètres d'une société urbaineettounstique.

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64 Etudes de cas et réflexions - Littoral terrestre et intérieur

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHAREE

PECTS DE L'EXP NSIO DE L'ELEV GE BOVI EMILIEU MÊLA ÉSI DE NOUVELLE-CALÉDO IE

Patrick Pillon

RésuméLes îles et archipels d'Océanie ne connnaissaient pas de

production marchande avant que les Européens ne s'y ins-tallent et ne les colonisent. Dans des contextes et avec des

modalités variables, les formes d'organisation précoloniale -ou ce qui en tient lieu après l'imposition des législations etdes dispositions coloniales - y restent le réfèrent de l'organi-sation sociale et de la production en milieu rural ; même trans-formées, les relations sociales y demeurent d'inflexion néo-traditionnelles, les obligations, solidarités ou entraides ne

s'inscrivant pas dans les échanges marchands ou utilisantceux-ci à d'autres fins. Les mouvements identitaires et cultu-

rels qui se sont multipliés de par le monde depuis les années1960 - et en Océanie plus particulièrement dans le courant des

années 1970 - ainsi que les enjeux économiques et politiquesinternes aux populations sont allés dans le même sens. De ce

fait, il n'existe fréquemment pas encore de petites paysanne-rie en Océanie, à savoir d'individus travaillant dans le cadre

dune exploitation" et se dédiant de manière centrale à la

production marchande ; un support de la production aussiessentiel que la terre est souvent d'appropriation supra-fami-liale, dépassant le cadre de l'unité domestique, lorsqu'il n'estpas devenu d'appropriation plus ou moins "communautaire"dans le cadre d'évolutions anciennes ou d'enjeux récents. Ilest devenu l'objet d'enjeux majeurs. Dans de tels contextes,les politiques et les opérations de développement ont étésouvent en porte à faux au regard du milieu social ou détour-

nées à d'autres fins. Les élevages bovins de groupe chez lesMélanésiens de Nouvelle-Calédonie montrent à quel point lamobilisation de la force de travail ou celle de la terre tout

comme la nature des engagements dans la production peu-vent y être éloignées des visées et des conceptions qui sontcelles des services de développement.

AbstractUtilitarian and social logics:

Aspects of thé expansion of cattle breeding in théMelanesian surroundings in New Caledonia

Thé islands and archpelagos in Oceania did not hâve com-mercial production before Europeans took aver thé islandsand colonized them. Within variable contexts and modalities,thé forms of pre-colonial organisation - or what stands of itafter colonial législations and dispositions were laid down -

remain thé réfèrent of social organisation and production inmral areas. Hère, social relationships, even altered, keep aneo-traditional bend, obligations, solidarities and mutual aids

do not fit in commercial trade or else use it for other purposes.Thé identification and cultural movements which increased

throughout thé world since thé sixties, and more specificallyin Oceania during thé seventies, as well as thé economical

interests and thé politics connected to thé populations, ail

followed thé same line. Therefore, most of thé rime t^ere areno small peasantry in Oceania that is individuals workingwithin thé structure of a farm to thé production of surplus forthé market. A médium of production as essential as land is

often of supra-family appropriation, outgrowing thé limits ofdomestic unity, sometimes becoming more or less a

community " appropriation within thé context of ancient

évolutions or new stakes. It has become thé subject of majorinterests. Within such contexts, politics and developmentprocess hâve often been particularly out of place from thésocial point of view, or they were diverted for other purposes.Melanesian group cattle breeders in New Caledonia showhow far thé mobilisation of thé labour forces, thé kind of

involvement in production, or thé concerns in terms ofstocking rate can be from thé aims and ideas which are those

of thé departments for development.

Mots clés: Océanie, Nouvelle Calédonie, élevage bovin, dé- Key words: Oceania, New Caledonia, cattle breeding,veloppement, logique sociales, capacité de charge, development, social trends, stocking rate.

. IRD, Centre ORSTOM de Montpellier, LEA B.P. 5045, 34032 Montpellier cedex 1, France.

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L'impératif dudéveloppement

es analyses cridques de la notionde «développement», desprésupposés dont eUe est porteuse

et des opérations auxquelles elle apu don-ner lieu abondent dans les écrits sociologi-ques et anthropolo-giques. Le «dévelop-pement» qui, depuis le début des années1960 est devenu un impératif politique etidéologique est avant tout interventiond'états ou d'instances internationales sur

des mraux des pays aujourd'hui dits «duSud» (et pour certains «moins dévelop-pés»), ceux-là mêmes qui étaient autre-fois dénommés «sous-déve-loppés». Deces acdons conçues à des fins d' accrois-sèment de la production, sociologues etanthropo-logues ont montré depuis long-temps qu'elles confrontaient souventdeux logiques, celle instmmentale despromoteurs et des conopteurs des politi-ques de développement (dans laquelle lesacteurs sociaux sont perçus commeautant «d'homo oeconomicus» inscnts

dans des universaux) et celles souventfort difîërentes des «sociétés» qui en fontl'objet : dépasser cette distorsion inhé-rente à la nature politique du développe-ment a dès lors amené les chercheurs à

envisager ces interventions comme desmodalités contemporaines du change-ment social, comme des procès de trans-formation sociale (Olivier de Sardan,

1997). Avec l'aoumulation des connais-sances, l' objecdvation des relations so-ciales et l'extension des pratiques démo-cratiques, une autre dimension a dû êtreconsidérée, celle d'individus se pensantcomme «les acteurs de leur histoire», et

pouvant fau-e autant d'enjeux des inter-vendons les plus diverses. C'est dans cecadre analytique que nous voudrions re-placer certains aspects des groupementsd'élevage bovm formalisés en milieu mé-lanésien de Nouvelle-Calédonie au regardde la nodon de «capacité de charge».

Aperçus sur l'élevajgebovin en NouvelfèCalédonie

L'élevage bovin occupe une place cen-traie dans l'histoire de la Nouvelle-Calé-

donie, tant au regard des reladons entrecolonisateurs etpopuladons autochtonesqu' à celui de la mise en valeur agncole dupays. Ces terres devenues fi-ançaises pourl'essentielen 1853 secomposentd'unefleprindpale appelée «Grande-Terre» et d'unarchipel des «fe5 Lo}'aMfe»éloignédeontkilomèti^s environ ; leur superficie est de19 iokm2, laGrande-TenEomptantpour16890W.Introduitsdanslesannées 1840dans un environnement n' ayant compnsavant les atterrages européens d'autresanimaux de l'ordre des mammiières quedes rats et des chauve-souris, les bovidés

deviendront le support de la productionagncole dominante en valeur et en super-ficies. Longtemps pradqué de manièreextensive, l'élevage s'instaUetrès tôt surses espaces d'élection en prenant appuisur la volonté de l'Etat d'une mise en va-

leur rapide de la colonie et sur la modicitédu coût de terres captées aux autochtones.Une forte demande de viande suscitée par

l'installadond'un bagne en 1864étenà-al'activité d'autant plus rapidement. En1881, lecheptelestde 104 000 têtes alorsqu'il estde 121 (XX) en 1983.

Plusieurs traits ressortent de cette pé-riode initiale dont ortains demeurent. En

premier lieu, la constitudon de grands do-maines fonders deplusieurs milliers d'hec-tares consaCTés à l'élevage sous la formede sociétés détenues par les fan-iilles euro-péennes les plus fortunées - ceci le plussouvent en association avec des intérêtsen secteur minier et dans le domaine ducommerce et de l' miport-export. Egale-ment, la prépondérance des Européens enmatière d'élevage, celui-ci ayant été long-temps leur apanage pour devenir ommunà une maj orité d' entre eux avec les recon-versions entraînées après la SecondeGuerre mondiale par l'effonàement de lacaféiculture et par la montée d'un désen-gagement agncole multipliant les double-actifs ; l'élevage est aussi devenu l'acti-

66 Etudes de cas et réflexions - Littoral terrestre et intérieur

MIUEUX INSUIAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

vite par excellence des niraux européensdu fait de la genèse coloniale de l' occupa-tion contemporaine du pays et de la cons-titudon d'une réserve foncière domaniale

pouvant faire l'objet de demandes : l'at-trait des Européens pour les propriétés «debrousse» sur lesquelles pêcher, chasser etlâcher des bovidés a de même multipliéles troupeaux. L'élevage est devenu em-b\éma!xpied\i«bmussard»etles«rodéos»ontété intégres au folklore. De l'implanta-don coloniale datent aussi les positions fon-cières de longue durée des Européens etdes autochtones : faites de disproportionsquantitatives et qualitadves, elles débou-chent dans les années 1960 sur des com-

pétitions de plus en plus aiguës pour lesterres domaniales puis à la fin des années1970 sur des occupadons de terres de co-Ions. Les réformes foncières de 1978, de1982etde 1985 en sontl'aboudssement.

Contrainte par ce partage foncier, la pré-seno des bovins en milieu mélanésien est

longtemps restée faible, etdévolue aux tn-bus de montagne où les éleveurs européensont recmté très tôt (Pillon, 1989a). Géo-graphie et histoire ont amsi débouché surune production marquée parl'opposidonentre une côte ouest de piedmonts et deplames alluviales étendues où se concen-tre le bétaU et une côte est dont les bandescôtières n'aoueillentquepeud'ammaux.Dès les origmes, l'élevage européen a ac-caparé la première, notamment sous laforme des grandes propriétés ; la secondeest devenue ultérieurement le Ueu d'im-

plantationd'unpedtcolonat, àl'Qrigineplusagnculteurqu'éleveur.L'élevagemélané-sien a été longtemps restreint aux zonesde montagne avant que les affrontementspolitiques de 1984-1985 et que les réfor-mes foncières ne redistribuent les implan-tarions parle départ des petits colons de lacôte est et le transfert de propriétés euro-péennes de la côte ouest. La dualité entreélevages européens etméla-nésiens restetoutefois marquée, les premiers constituantune plus forte proportion du cheptel, étantencore largement représentés sur les ter-

res les plus propices, étant dans certaineslimites plus étendus, plus capitalisés, plusintensifs et plus performants que les se-conds(Dekescaux, 1991) ;les deux popu-lations contrastent également à grandsti-aits une producdon et une propriété indi-viduelles de la terre et une production etune propriété de groupe qui ne sont pas«îradiïiormelles» pour autant.

Dans le cadre d'une agriculture qui nefoumitplus depuis lafm des années 1960qu'une faiblepart du produitintérieurbmt,l'élevagebovm conserve saplaoprépon-dérante : enl991, le nombre de bovidés

est estiméà 125 000 têtes réparties sur216000 ha, soit sur 94 % de la surface agrioleutile (I.T. S.E.E., 1993). Dans le courantdes années 1960, des efforts d'intensi-ficadon ont été aoomplis, qui se sont ac-centués avec le retournement de la con-

joncturc économique de la soonde moitiédes années 1970;ils ont surtout étélefait

d'éleveurs européens (Delzescaux, 1991).Plusieurs facteurs d'ordre géographique,social et économique font amsi que nom-bred'élevages de Nouvelle-Calédonie sont

menés selon des approches extensives àla fin des années l 990. Au recensementde 1996, la population estestimée à 196836 personnes composées à 34, 1%d'Européens, à 44, l % de Mélanésiens età9% deWallisiens etFutuniens (Ahned-Michaux, Ros, 1997:22).

Les groupementsd'élévagé formalisésen milieu mélanésien

RÉFORMES FONCIÈRES, MISEEN VALEUR ET ENCADRE-MENT DU SECTEUR RURAL

Des prodromes des années l 860 à lapériode contemporame, l'élevage en mi-lieu mélanésien s'est effectué dans des

conditions diversifiées quant aux caracté-risdques des acteurs, auxmodalités d'exer-cice, aux accès fonciers, au cadre juridi-que, à l'encaà-ement technique et auxmoyens financiers ; les paramètres ont étéceux des élevages mdividuels et des éle-

Eleveur Mélanésien

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vages de groupe, de la production en ré-serve ou sur terres privées, des pratiquesinformelles ou de celles associées à un

statat juridique, à un encaà-ement techni-que et à des aides financières (Pillon,1989a). Cette recomposidon de l'espacesocial qui se dessine avec la création dupremier organisme d'aide au développe-ment en milieurural mélanésien peuavant1978 s'institutionnalise avec la mise en

place des provinces en 1985, et plus en-coreavooUedes régions en 1989 (HUon,1989b). Elle aprésidé aux transferts detares inscrits dans les disposidons de 1982et de 1985 qui ont été liés de facto ou parréglementation à des obligations de miseen valeur. Entre 1978et 1988, io(XX)hec-tares environ ont changé de mains, les su-periicies attribuées revenant à des Méla-nésiens (Mapou, 1998) ; les transferts s'ac-compagnent d'autant plus facilement dela créaûon de groupements que les terressontdéjàonsacrées al'élevage. Les grou-pements devant revêtir une forme juridi-que afin de bénéficier d' aides et de sub-vendons, le statut prépondérant a d'abordété celui du «Groupement d'intérêt éco-nomique» (ou GIE)jusqu'ào queles dis-positions de 1985 et que la mise en placedes provinces ne généralisent le «Groupe-mentdedroitparticulierhccd» (ouGDPL): alors qu'iln'existaitpradquementquedesassociations uiformeUes d'élevage en sec-teur mélanésien jusqu' au milieu des an-nées 1970, les réformes foncières multi-

plient les groupements à statut juridique,les provinosenfaisantàleurtour un cadrelégald'intavendon. Aunonted'unedemi-douzameai 1975 etd'unevmgtameen 1978,les groupements d'élevage formalisés at-teignent la ontaine en 1987 ; ils sont esd-mésà 120 en 1992 pour la seule Provincenord à majorité démographique mélané-sienne CTour décote, 1992:6). L'expansiondelaformuleesttoutefois souvent allée de

paire avec des difficultés de foncdonnementet de nécessaires évolutions de même

qu' avec la faiblesse des revenus monétai-res dégagés etredistribués.

LOGIQUES DEDÉVELOPPEMENT ETLOGIQUES SOCIALES

A la fm des années 1990, les groupe-ments d'élevage formalisés en milieumélanésien datent pour les plus anciensde près de vmgt ans. Les études technico-économiques indiquent alors que ortamsd'entre eux ont intégré la fi-acdon des éle-vages les plus performants du pays au re-gard des marges bmtes et des revenus àl'hectare. Amvent à leur suite des groupe-ments qui, bien que composés de mem-bres dotés d'une maîtase technique suffi-santé relèvent des pradques extensives etdégagent peu d'argent. La dernière caté-gorie est faite de groupes en proie à deprofondes dissensions dontles activités sontaupointmort(Delzescaux, 1991:47). Cesgroupements n' en perdurent pas moinspour autant, ce qui doit ouvrir l' approheanalyùqueàd'autres considérations. Eneffet, bien que les groupements d'élevageformalisés aient été générés par un con-texte ayant débouché sur l' inscripdon deleur fmaUté dans la radonalité économi-

que, il doit être affinné que nul ne sauraitsaisir le fonctionnement des espaces so-ciaux qu'fls consdtuent en dehors de signi-ficadons, de pratiques etd'enjeux d'unetout autre nature - ceci restant vrai même

si la dimension économique a pu interve-nir dans la constitution de tel ou tel d' entre

eux, et même s'U en est qui dégagent desmarges appréciables (HUon, 1993).

En secteur mral mélanésien en efi'et,

les phénomènes ne relevant pas des con-duites reconnues aux acteurs sociaux parlathéorieoonomiqueclassiquesontnom-brcux, sans qu'il puisse être dit pour autantquel'éonomiemarchanden'yrcomposepas les relations sociales (Pillon, 1989a,1993). Dans la continuité de ce qui a puêtre noté au début du mouvement, nombre

de groupements formalisés ne distribuentque fort peu d'argent, les bénéfios étantutilisés aux remboursements d'emprunts,aux versements de quelque salaire et plusfréquemment encore à des rémuné-radonsà la tâche ; certains d'entre eux recourentencore à une main-d' ouvre bénévole, la

pratique ayant été autrefois générale(PiUon, Warcl, 1990:54-55). De même lesaoumuladons monétaires éventuellement

dégagées au fil des année ne sont-ellespas mvesties. La dknension la plus mar-quante du fonctionnement des groupe-ments reste toutefois que même ceux do-tés des assises économiques les plus lar-ges ne rapportent que de faibles sommes àleurs ayant-à-oit : de manière générale enefi'et, ils ne renvoient pas à des associa-dons de producteurs mais aux omposan-tes parentales dont celles-ci sont l' émana-don : le nombre de membres n' est en rien

lié aux capacités économiques des éleva-ges ni même à la quantité de travail néos-sau-e. Quel que soit le statut juridique dugroupement - et, dans le cas des GIE, lenombre de membres affiché -, ce sont des

groupes de parenté Ugnagère associés en-tre eux selon des modalités différentes

pouvant atlerjusqu'àrecouvnrl'ensem-bled'unetnbu qui sontles tenants des grou-pements (Pillon, 1993). Ceci rend ompte

68 Etudes de cas et réflexions Littoral terrestre et intérieur

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

de pradques aussi diverses que l'impor-tance du bénévolat, que le traitement «w-cial» del'accès aux rémunérations (effec-tifs sumumérames, travaux réservés àtelleou telle catégorie d'actifs) ou que des dis-tnbutions de profit mdépendantes du tra-vaiï accompli jusqu'àêtre affectées àdesfins communautaires (et amsi bénéficier àdesindividusn'ayantpastravaiïlé). Rele-vant de la catégorie que la théorie écono-mique appréhenderait comme la relationentre travail et rémunération est la prad-que des plus répandues des dons d' ani-maux aux membres effectifs ou putatifsdu groupement ; ces bêtes ne sont alorspas pour autant retirées du troupeau com-mun, des animaux d'appropriadon indivi-duelle d'une autre origme pouvant mêmes'y ajouter. B en découle que les pâturagessur lesquels reposent projections et rem-bourse-mentsd'empmntserventànoumrdes bêtes d' appropriadon mdividuelle quisont menées avec le troupeau au dtre desfi-ais généraux ; une surcharge en découlegénéralement. De tels exemples Ulustrentque deux logiques sociales sont à l ' ouvre,et que la rationalité sous-jacente aux éle-vages formalisés est ailleurs que dans lesvisées économiques ayant présidé au lan-cément du mouvement, à savoir dans le

rapport parental à la terre et dans la cons-trucûon d'un espace territorial et d'un or-à-e socio-politique fait de relations statu-taires et fonctionnelles entre les compo-santés parentales consdtudves des grou-pements. En e£fet, laposition qu'un lignageoccupe au regard de la terre sur laquellese déroule l'activité comme au regard del'ordre socio-politique du territoire localsont les deux dimensions des forces et des

faiblesses statutaires de ce groupe de pa-rente vis à vis des autres. Avec l'élevage,le à-oit à la terre en est venu à commander

l'accès aux produits et aux productions dufait que des dissensions ancrées dans lesdisparités foncières réduiraientl'acdvité ànéantCPfllon, 1993:715-720) ;ceci, améàl'autonomiedesUgnagesoudeshià-archieslignagères qui fait qu'un membre d'une

Bibliographie

parenté ne saurait être dirigé par un res-sordssantd'uneauûe parenté, rend comptedes situadons de blocage qui confrontentnombre de groupements. D est amsi aiséde comprenà-e que tant la nodon de «ca-pacité de charge» que le traitement desquestionsd'intensificationoud'accroisse-ment de la capitaUsadon que les servicestechniques envisagenttôtoutard sontd'ap-plicadon délicate dans de tels contextessodaux. Assezfréquemmentd'ailleurs, lesbases mêmes sur lesquelles les groupe-ments se sont établis ont résulté de luttes

polidques ou parentales inscrites pour lespremières dans des projets sociaux alter-natifs qui ne sont pas neutres au regard despratiques économiques puisqu'ils visenttoujours - quoique sous des formes diffé-rentes - le mamden de formes de contrôle

de groupe de la terre, et très frâ}uemmentde sonutiïisation (Pillon, 1993). Ce sontdetelles dunensions qui ondidonnentpour-tantl'avenir du projet qu'elles se donnentque des nodons telles que «le développe-ment» ou que «b capacité de charge» opa-ci&ent.

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NÉMILIEUX INSUIAIRES ET CAPACITÉ DE CHARGE

(MAURIT IE)

G. Forgiarini, F. Besse, l. Toure et G. Mandret

Résumé

La notion d'insularité s'applique en général aux îles océa-niques. Pourtant de nombreux milieux continentaux enclavés

relèvent d'une problématique insulaire du fait de leur isole-ment. La cuvette du lac de R'Kiz en Mauritanie en est l'exem-

pie même. De nombreuses analogies avec les îles océanien-nés sont relevées : espace restreint, fragilité du milieu, res-sources limitées, isolement... La présence du lac et des systè-mes de production qu'il induit font de cette cuvette un pôled'attraction pour la production agricole et l'élevage. La capa-cité de charge très élevée de ce milieu, par rapport à celle despâturages dunaires environnants, attire tous les troupeauxde la région au risque d'être dépassée très rapidement et dedéboucher sur une dégradation irréversible des ressources

fourragères naturelles. L'utilisation de modèles de gestiondes milieux insulaires serait nécessaire pour assurer un déve-loppement durable de ce type de milieu continental enclavé.La cartographie de la cuvette a permis de mettre en évidencela dynamique des flux sur cet espace particulier.

AbstractA continental landlocked surroundings:

thé basin of lake R'Kiz in Mauritania

Thé notion ofinsularity generally applies to oceanic islands.However, many continental landlocked surroundings, as aresult oftheir isolation, corne within thé insular problematics.Thé basin of thé lake R'Kiz in Mauritania is thé very exempleof a continental insular surroundings. Numerous analogieswith thé oceanic islands can be found (restricted area, fragilityof thé surroundings, limited resources, isolation^). Thé lakeand thé production Systems induced by it, lead this basin tobecome a centre of attraction for agricultural production andcattle breeding. Thé very high stocking rate of this area,compared to thé stocking rate of thé surrounding sand dunepastures, attracts ail thé cattle of thé région, and thé risk of

being very quickly overioad might lead to irréversible damagesof thé natural fodder resources. Thé use of insular manage-ment patterns would be necessary to insure a sustainabledevelopment of this type of continental landlockedsurroundings. Thé cartography of this basin has revealedthé dynamic of thé flows in this particular area.

Mots Clés: milieu enclavé, milieu continental, Mauritanie, R' Kiz,SIG, pâturages, élevage, milieu insulaire, capacité de charge.

Key words: landlocked surroudings, continentalsurroundings, Mauritania, R'Kiz basin, GIS, pasture, cattlebreeding, insular surroundings, stocking rate.

^ CIRAD, départements EMVT, FORET et TERA, Campus international de Baillarguet, BP 5035, 34032 Montpellier CedexfFrance.

70 Etudes de cas et réflexions - Littoral terrestre et intérieur 71

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Présentation

a cuvette du lac de R'kiz est

située dans la vallée fossile

de l'Aftout ech Chergui (ancienlit du fleuve Sénégal) au milieu d'une suc-cession de dunes et dépressionsmterdunaires alignées parallèlement dansla même orientation que les vents domi-nants : nord est - sud ouest. Cette granderégion dunaiie, ouvre une supaficied'en-viron 500 000 ha où la cuvette du lac de

R'kiz ne représente que 8 533 ha. Elle aune aldtude inférieure au niveau de la mer,etestinondéeparleLaouvaja, défluentdufleuve Sénégal.

Cette succession de dunes et dépres-sionsmterdunairesaoueiïle 114vUlagesreprésentant une population totale de 103663 habitants (Besse F, et al., 1996).

Identification de lacapacité charge parl'outil SIC

L'OUTIL SIC

La cuvette du lac de R'Kiz a faitl'objetd'une cartographie précise et d'un mven-taire florisdque exhaustif(Forgiarim et a/,1994 et 1995). Complé-tées parles limitesdes ouvrages hydrauliques et celles desparolles culdvées, os données ontfonnéla base d'un système d'infonnadon géo-graphique CTouré, 1997). Ce SIC constitueun outil de gestion, de prévision et de suiviindispensable pour un rruUeu fi-agile où secôtoientquoùdiennementdes agnculteurset des éleveurs. Les enquêtes de terrain,saisies dans une base de données, peuventêtre réactualisées en cas de changementsdans l' ooupation du sol ou dans les systè-mesdepnxlucdon.

L'outil SIG permet de représenter l'étatdes ressources naturelles et de l'environ-nementetleurévoludonafindemieuxiden-

tifier la capacité de charge du milieu. U estun instiument indispensable de dialogue etd'aideàlaprisededédsionoUodvedansla gestion de cette cuvette. L'accèsàl'in-formadon spadalisée permet d'orienter ladécision des acteurs dans laréglementa-don des usages et la gesûon du milieu surcet espace.

La carte numérisée sous SIG de l' occu-

pation du sol, représente onze unités car-tographiques identffiées parl'étude de ter-rain et leur Im-dtes par photo-interpréta-don, et désignées par le nom de la plantequi domine dans le cortège floristique.D'une superficie de 5741 ha la cuvetteorientale est subdivisée en quatre bassinsséparés par des digues, d' altitude dégres-sive depuis le déversoir de contrôle deGoueUd. Les cultures sont localisées es-

Carte de la cuvette orientale du lac de R'Kiz

@e©uj3Hîi@M m ®@L oiu: . pvg ©^ F3rKni

ÊV¥iii:mi @[R!i][i:N;%!,_iCFD, CIRAD-EMVT, SONADER

' R'KIZ

NDARANDER .-

DOUZ-DOUZ

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LÉQENDE

Cultures

l . J Cypé racéesi. J Cypéracées et Sot nu

Indigofera__ Indigofera et Cypéracées[~ Indigofera et Cultures

G. FORGIARINI&I. TOUR

Bourgou et Riz sauvageRiz sauvage et CypéracéesRiz sauvage (parfois avec Vossia)Bourgou et Sol nuBalanites et Sol nu

IS52. Urbain-'-. Piste o 1, 5 Kilomètres

Piège

D'apres fa couvertune aérienne MAUO 15/400 P> IGN du 21-11-93

72 Etudes de cas et réflexions Littoral terrestre et intéintérieur

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHABGE

sentiellement dans les parties hautes etpériphériques de la cuvette. Les cypéra-cées sont largement dominantes dans lapartie centrale.

Les cypéracées composées de trois es-pèces principales, préjudiciables pour laculture, non appelées par les animaux etde faible valeur fourragère, sont enva-hissantes. Le bourgou ' et le riz sauvageparfois associés à d'autres espèces sontlocalisés dans la zone d'inondation pro-longée sur sols argileux. Le sol nu estsitué dans le bassin le plus profond, maispas exclusivement, car on le trouve aussien mélange avec le bourgou au fond duchenal d'inondadon. Les Indigofera sontlocalisées dans la séquence écologiquede bordure du lac.

Capacité de chargedu milieu enclave

La cuvette du lac de R' Kiz constitue un

pôle d'attraction ùnportant pour le milieuextérieur. La présence du lac et des systè-mes d'exploitadon des ressources qu'elleinduit, entraîne des flux ontapètes du faitdu potentiel de développement de cettecuvette pour larégion environnante.

Avant la constmcdon des barrages deDiamaetdeManantalisurlefleuveSéné-

galJelacdeR'Eizconsdtuaitdéjàunpointde passage et de rassemble-ment des trou-peaux de bovms, de à-omadaires, de chè-vres et de moutons. Après l'achèvementdes travaux etladomesticadon des cmes,l'importance du plan d'eau du lac s'estconsidérable-ment accme, tant pour lemainden du bétail que pour la productionvivrière. Le système est donc remarqua-blé par sa bipolarité, producdon foumgèrcet production agricole, dans un envi-ronnement social caractérisé par le faitquela cuvette n'esthabitée que pendant lapé-riode de labour et de récolte, les agricul-teurs retournant ensuite dans leurs villagesrespectifs disséminés dans un rayon de 40à50km

Cette cuvette est occupée par des for-mations végétales hyà-ophiles pouvantavoir, selon leur cortège Horisdque, tem-porau-ement une valeur et une producti-vite fourragère excellentes (de l'ordre de15 à 20 tonnes de madère fourragère sè-che par hectare, soit dix fois plus que laproduction à l'hectare du milieu dunaire).Leur intérêt vient surtout de leur entrée

en production et en accessibilité en sai-son sèche, après épuisement des pâtura-ges dunau-es dont elles assurent le relais.La cuvette attire ainsi 76% du cheptelbovin de la région pendant six mois surune surface qui ne représente que l ,9%de la zone.

Analogies entremilieu continentalenclave et milieuinsulaire

ISOLEMENT

Dans un milieu dunaire caractérisé parl absence d'eaux de surface, cette cuvetteconstitue un pôle d'attracdon très fort (Qeverte au milieu d'un envn-onnement aride)où de nombreux puits et puisards subvien-

nentauxbesoinsdeottepopulation,àleurcheptel et aux nomades de passage. De cefait, la strate herbeuse de certaines zones,reladvement importantes et éloignées despoints d'eaux, reste intacte et non exploi-tee.

La vallée du fleuve Sénégal, à traversses hydrosystèmes les plus septentrionauxcomme le lac de R'kiz, est menacée pardes processus érosifs éoliens propres auxconditions désertiques (Dieng, 1997 ; Ro-gnon, 1997) et qui sont acontués par uneforteprcssionanimaleautour des puits dansun environnement pastoral composé depâturages naturels faits de steppes arbusd-vesepmeuses.

FRAGILITÉ

La pérennité des ressources agro-pas-torales de otte cuvette est menacée, d'unepart par la surexploitation des surfacespâturables parles troupeaux qui conver-gentdetoutela région et, d'autre part, parle niveau d'mondadon contrôlé àl'amont

du fleuve Sénégal, dont les conséquencesécologiques sont importantes et sous esti-mees.

Le bourgou et le riz sauvage, parfoisassociés à d'autres espèces, représentent15% de la superficie totale et sont locaU-ses dans la zone d'inondadon prolongée,sur sols argileux. Ils constituent lesmeilleurs pâturages à partir de janvier-fé-vrier et fournissent du fourrage au bétailde la région, à la période de soudure, cequi représente une charge en bestiaux de90000 UBT2 pour un rmlieu qui ne peuten supporter que lOfois moins.

Les conséquences les plus spectaculai-res du surpâturage et de l'inondation pro-vaquée sur ces pâturages sont la modifi-cation de la flore herbacée, notammentl envahissement par les cypéracées, et ladisparition des arbres et arbustes qui ne

' Craminée «Echinocloa pyramidalîs'2 Unité de Bétail Tropical

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supportentpas l'mondation prolongée deleurs racines et la salinisation des terres

par remontées capiïlaires.

RESSOURCES LIMITÉES

L'envahissement de la zone mondable

parlescypéracées, trèsdif&cUesàéradi-querparles moyens traditionnels, est unhandicap majeur pour la progression descultures. Par ailleurs, 3 % de la superficietotale de la cuvette est en sol nu et iïnpro-ductif(partiebasse).

De ce fait, les cultures n'occupent que32% de la superficie totale, alors qu'onprévoyait au début de l'aménagementhyà-o-agncole de cette cuvette la mise enculture de la presque totalité de la superfi-cie. Ces cultures sont localisées essendel-

lement dans les parties hautes et pénphé-riques de la cuvette.

Certaines espèces végétales de transi-don, comme les/nriigo/erâ, sontlocaliséesdans la sa[uence écologique de borduredu lac quel'on défiiche pour cultiver et quireprésentent 13% de la superficie totale.Toutefois, ceUe espèce participe active-ment au mainden de la fertilité et à la struc-

turation du sol, et son éradicadon risque defragiliser encore plus le milieu.

Le rôle de régulation et de sauvegardeque joue cette cuvette de R' Kiz, par rap-port à la pauvreté du milieu extérieur etaux risques de mpture dans la chaîne ali-mentaire que ce dernier entraîne, est àl'imagedel'îleprovidenoque se faisaientles voyageurs aux siècles précédents.

Dn'estpas habituel d'aborder la gestiond'un espace enclavé en termes d'msula-rite. Pourtant U est confronté aux mêmes

problèmes de capacité de charge et degesdon de l'espace qu'une ïïe oéanique.Les dynamiques sociales ne sont pas for-cément idendques mais eUes ont bien despoints communs. Là aussi l'infomiadonspadalisée permet de mieux appréhenderla capacité de charge du milieu à l'échellerégionale, facilitant la participation desacteurs aux décisions stratégiques de ges-don de l'espace dans le cadre d'un équUi-bre entre la génération de plus values etune meiïleure maîtnse des risques.

Bibliographie

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Conclusion

La nodon d'insularité est bien souvent

attachée à la représentation d'un miUeuisolé dans un environnement océanique.Dans le cas de la cuvette du lac de R' Kizle milieu est enclavé dans un ensembledunaire et répond aux mêmes dynami-ques liées à l'isolement, à l'espace res-tremt et très fragile, aux ressources limi-tées et à la compétition pour l'espacequ'un milieu insulaire.Il y a des analo-gies dans la gestion des flux entre un mi-lieu continental enclavé et un milieu in-sulau-e océanique.

74 Etudes de cas et réflexions Littoral terrestre et intérieur

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITÉ DE CHAREE

Jean-Pierre Doumenge*

0

Les faits de société, les modes de ges-tion des ressouros et l' aménage-ment del espace, en milieu insulaire, ont alimentéune littérature volumineuse, depuis desdécennies. Pourtant, en 1998, les milieuxinsulaires inférieursà io(XX)km2. com-

portantmoùis deun million d'habitants, onten général besoin d'aides fmancières ex-téneures pour convenablement fonction-

ner. La dépendance semble d' autant plusgrande que le niveau devieàpréserverestélevé. La notion d' «auto-suffisance» se

trouve ainsi dévalorisée ou, du moins, sapertmenon'apparaîtplus opérante, saufpeut-être dans les sociétés acceptant devivre dans une relative fmgalité, en margede la grande consommadon de masse m-duite par la diffusion planétaire des bienset des services, plus connue sous le nomde «mondialisation».

Dès l'instant où une société insulaireouvre son économie sur l'extérieur. le vo-

lume et la valeur des importadons ont ten-dance à s'accroître rapidement, alorsmême que les exportations peuvent sta-gnerous'effonà-er,sousl'effetdelacon-currcno mtemationale. Ceci survient aussi

en milieu ontinental, lorsqu'un pays baseson économie sur l'écoulement, sur lemarché mondial, de produits agricoles oumimers, peu ou pas transformés, donc àfaible valeur ajoutée. Mais un pays cond-nentalpeutparfois obtenir pour un produituneplaodominanteàl'échelleplanétairc.Ce n'est jamais le cas d'un pedtpays insu-lau-e.

Trop souvent l'espace de mise en va-leur d'un pays insulaire se limite àdes plai-nés littorales étroites et à quelques pied-

monts. NuUe production agncolede massene peuts'y développer pour l'exportadonsans l'aide fmancière d'une métropole oud'une zone d'échanges privilégiés (typeU.E/A.C.P), caries coûts de la récolte sonttoujours supérieurs à ce qu'ils seraient enmilieu continental, compte tenu de surfa-ces mises en cultures infinimentplus vas-tes. Néanmoins, pour une ressource rare,à l'échelle du monde, un espace insulairepeut tirer sa carte du jeu (cas actueBementd'Hawau et des Canaries en matière de

tourisme de masse, cas aussi de la Poly-nésie française, fournisseur exclustfduJapon pour la perle noire, oudel'fleMau-rice pour la production, en franchise detaxe, de textiles de qualité pour le marchéeuropéen ; précédemment, cas deplusieuisîles pourlaproducdon d'épios rares et devamUe). Bien évidemment, encore faut-U

que l'espace insulaire ne connaisse pastrop vite de saturation ou de dégradadon,

faute de quoi la ressource privilégiée peutdevenir calamité; en effet le caractère finidu territoiieinsulaiiE empêche toutereons-ttuction par les marges. Une calamité natu-reBe (éruption volcanique, tremblement detene, séisme, tsunami, cyclone voirc grandesécheresse) ou anthropique (épuisementd une ressource minière, surexploitationpastorale, érosion par déficitd'aménage-ment agricole) majeure est une catastropheinémédiable pour une pedtefle.

Dans un contexte de grande fragilité,l'évaluationd'unecapacité de charge pre-nant en compte divers aspects de l ' activitéhumaine et de la conservation de son envi-

ronnement est donc extrêmement utile.Selonle milieu cultureldeiéfâenoetl'im-

portanod'un stock biologique pardculier,la capacité de charge peut varier. Certai-nés contributions monù-ent clairement

qu'elle découle d'unproossus spoi&quede socialisation d'un espace géographiqueparticulier pour une durée donnée : uneprédation limitée dans le temps peut nepas entraîner de détérioration du milieu ;paronteles signes de surcxploitadonvontapparaître si la prédadon se mamdent demamère excessive dans le temps.

La capacité de charge a d'abord été ud-Usée pour évaluer l'étendue de pâturagenécessaireàla bonne tenued'unti-oupeausans entraîner de détérioration du stock

végétal. Au plan humain, lerapportàl'es-pace est plus complexe; mais U est main-

* Directeur du Centre des HautesEtudes sur lf Afrique et l'Asie Mo-

dernes, 13 rue du Four, 75006 Pa-ris, France.

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tenant bien connu qu' en fonction de cer-taines tohnologies, ortams seuils de den-site de populadon ne peuvent pas être dé-passés, au risque de fau-e rclater l'édificesocial préétabli. Si bien que le développe-ment humain, et pas seulement dans lesîles se fait le plus souvent à travers la réso-ludondecnses.

Par aiïleurs, un tenitoire humam a une

étendue et une structure bien plus grandeou complexe qu'un pâturage. Toutefoislorsqu'on observe, souvent empuique-ment, le rapport qui existe entre le nombred'habitants et le nombre de touristes sé-

joumant sur un même temtoire insulaire,on peut constater que plus le séjour touns-tique par individu est long moms les îliensne supportent un grand nombre de «gensde passage». Selon l'organisation de lasociété insulaire, selon la quaUté de sesaménagements permanents, un plus oumoins grand «filtrage» des touristes auraHeu. C' est ce qui explique que dans cer-tains cas le mamtient d'un équilibre doivepasser par l'édiction d'une législationstncte, dans d'autres cas laréguladon se

faitpar persuasion ou pression exercée parla population locale sur ceUe de passage.

L'analogie de la gestion des touristesd'avec la gestion des ressources halieuti-ques est knagée etparfaitement valable àceci près qu' on demande à l'activité depêche de maintenir un stock halieutiquestable alors que la qualité des touristes peutnuancer l'importano de la pression exer-cee par leur nombre.

Souvent c'est par la contrainte de l' ap-provisionnement que l'on situe à quel ni-veau doit se situerune société msulau-e si

elle veutbiense reproduire. Mais là encoreon butera sur des estimations, des approxi-mations, voire des aprion. Selon son idéo-logie, un insulaire pourra voir dans la ville,capitale «uneenclavedumondeextérieui»etun«lieud'agression» ou au onteaiie «unpôled'épanouisse-ment»et«lemoteurdela modernité». Apartfr de là, on entre dansun débat polidque, en saisissant au passageune des caractéristiques majeures des mi-lieux insulaires, oUe d'être des conserva-toires de «la tradition», des Ueux de conser-

vadsme voulu. Lamaigedemanouvrcd'un

mdividu ou d'un groupe entreprenant y estdonc toujours limité, car toutes les partiesprenantes de la société tiennent à préserverl'équiïibrc établi.

C'est ce qui explique qu'U faille beau-coup de temps pour acclimater une nou-velletechnologie, unnouveaumodedepro-à.icdon,unenouve]lepratiquecornmerciale,lechangementdes comportements pouvantprovoquer un déséquilibre fatal. Donc onfreme, parréflexe de survie, toute modtfi-cation interapesdvedes «règlesonnues dujeu» sodal, oonomiqueou politique.

Même siles «spédfidtés» d'une île sontdifficilement transposables dans une autre,rendant amsi hasardeuse une prévision desproblèmes parobserva-don analogique, onpeut tout de même préparer des procédu-res de protection de l'environnement. Cer-tames lois physiques s'exprimentmdUîé-remment dans tous les milieux. Donc on

peut entreprendre la protodon des litto-raux et des pentes contre l'érosion, celuides basses plabes contre les mondadonset donc infléchu- durablement l'aména-

gement de l'espace et son coût.

76 Conclusion générale

MILIEUX INSULAIRES ET CAPACITE DE CHARBE

On a souvent mésestimé le sens empiri-quedel'observadonqu'ontlaplupartlesîliens et qui explique leurs réflexes con-servateurs (car conserva-toires). Le main-den de certaines acdvités agncoles jugéesactuellement peu compétitives peuventtoutefois se comprcnàe, même fortementsub-vendonnées, si cela permet aux plusgrands nombresd'avoir une activité rému-nérée et à l'environnement de bénéficier

d'un entretien. Toutefois, o n'est plus ac-tuellement le maintien d'une productionagricole à l'idendque des décennies pré-cédentes qui est enjeu, mais saréutilisadondans une économie cenù-ée sur l'activité

touristique. De plus en plus, l'fle est un es-pace culturel de loisir: on vient s'y déten-dre, oublier les soucis de la vie urbaine

continentale, s'y ressourcer. Onl'identifieàtortouàraison comme un havre de pabc,comme un espace de «plus grande liberté,de «grande qualité de vie».

Une agriculture florale ou d'épios rarespeutêtrevaloriséepar le tourisme, de mêmeque la pêche des cmstacés ou une aquacul-turc àhaute technologie. Certains caractè-rcs pittoresques de certaines fomies d'éle-

vage peuvent aussi servir de support à desacdvités ludiques (randonnées, rodéos^).

De plus en plus le tourisme devra pro-poser des services diversiïiés. Le marchédes «Sand, Sun, Sex» est déjà phagocytépar quelques grandes places fonctionnantcomme des enclaves extea territoriales ins-

tallos dans la Caraïbe, le Pacifique et ex-cepdonneUementl'Océanindien. Lemar-ché du tourisme ù-ès haut de gamme est luiaussi pris. Par contrej'élévadon généraledu niveau de vie dans les pays développéset le vieiiïissement rapide de leurpopula-tion va acCToître rapidement la demandede Ueux confortables de séjour hivernal.Le phénomène d'extension de « riviera »va se propager dans le monde en dévelop-pement des fles tropicales et subtropicalescomme U existe déjà dans les grands paysdéveloppés : en basse Californie, en Flo-ride et aux Hawaii dans la sphère améri-came, sur laCôted'AzurJelittoral du golfede Gènes, la Costa Brava, les Canaries,les Baléares.

Le phénomène de propagation d'une«riviera» n'estpas seulementun aspect del'économie touristique; c'est bien plus la

constmcdon d'un espace de développe-ment intellectuel et mdustnel à haute va-

leur ajoutée. Pour se référer au seul es-paced'Outi-e-mer français, certaines flespourraient proposer, grâce à leurs infras-tructures urbaines, des centres de«télétravail» bancaire ou d'assurance et

surtout des lieux de onfodon de produitsélectroniques de communicadon, de pro-diuts de haute couture ou de parfumerie,des produits pharmaoutiques (dérivés desimples botaniques endémiques ou d'élé-ments marins), sans oubUer une boisson

emblématique, le rhum (dans sa formeagricole, vieilli en fiit de chêne comme unognac).

Ce sont les premiers qui pienàunt placesur ces «segments éonomi-ques» qui « ré-cupéreront la mise; comme dans un jeu ily abeaucoup de gain à gagner, mais pourpeu dejoueurs. Il serabond'andcipercesgains par des équipements adéquats, sansoublier les conséquences d'une pressionhumaine accme sur l'environnement (enterme de salubrité en pardciiUer). Lapro-blémadque insulaire est donc loin d'êti-eépuisée.

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