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et la recherche sur les bioaérosols au Centre de recherche de
l’Institut
CAROLINE DUCHAINE
Caroline Duchaine (chercheure), pneumologie
Marc Veillette (professionnel de recherche, équipe C. Duchaine),
pneumologie
Nathalie Turgeon (professionnelle de recherche, équipe C.
Duchaine), pneumologie
Valérie Létourneau (professionnelle de recherche, équipe C.
Duchaine), pneumologie
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Les bioaérosols sont partout. Ces particules d’origine
biologique incluent les bactéries, les virus, les moisissures et
les pollens. Ces microorganismes en suspension dans l’air sont si
ubiquitaires qu’il est quasi impossible de décrire un contexte où
ils ne sont pas présents. Ils sont impliqués dans plusieurs
maladies infectieuses humaines, animales, végétales ou d’autres
types de maladies telles l’asthme ou les pneumonites
d’hy-persensibilité. L’étude des bioaérosols est une science
complexe, multidisciplinaire, qui s’est développée dans les années
1950 afin de prévenir des infections en laboratoire. On s’est, par
la suite, intéressé à la com-préhension des maladies
professionnelles telles l’asthme professionnel, la maladie du
poumon du fermier ou le syndrome toxique d’exposition aux
poussières orga-niques. L’apparition des méthodes d’analyse
moléculaire en microbiologie au début des années 2000 a enrichi
considérablement les connaissances dans le domaine et permis aux
chercheurs de répondre à des questions qui, jusque là, restaient
sans réponse. Notre laboratoire est pionnier dans l’utilisation des
méthodes moléculaires pour la caractérisa-tion et l’étude des
bioaérosols.
Notre programme de recherche s’est déve-loppé autour de la
problématique de la santé respiratoire au travail : maladie du
poumon de fermier, exposition en cabinet dentaire ou alvéolite chez
les travailleurs de tourbières. Nous avons toutefois réussi à
consolider notre programme et à le faire évoluer pour démontrer que
les bioaérosols peuvent être un facteur problématique pour la santé
respiratoire dans un milieu industriel autant qu’elle peut l’être
pour la santé des animaux ou des humains. L’émergence du virus de
la diarrhée épidémique porcine ou la crise de la légionellose sont
des exemples de ces évènements étudiés par mon équipe pour mettre à
contribution ses recherches et aider à résoudre de sérieux enjeux
de société.
L‘expertise de l’équipe est mise à profit pour faire face à des
enjeux majeurs envi-ronnementaux associés aux changements
climatiques telles l’exposition à de nouveaux agents infectieux, le
transport longue dis-tance des bioaérosols et la protection des
populations contre les pathogènes émer-gents et les bactéries
multirésistantes aux antibiotiques. La pandémie de la COVID-19 est
une nouvelle opportunité pour mon équipe et moi d’approfondir nos
connais-sances sur cette maladie relativement à nos études sur les
bioaérosols. Nous sommes impliqués, entres autres, dans plusieurs
pro-jets de recherche visant à étudier le rôle de l’air dans la
propagation du virus responsable. Ci-dessous, de gauche à droite :
Marc Veillette, Nathalie
Turgeon et Valérie Létourneau
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Mon laboratoire héberge un vaste parc d’équi-pements permettant
de couvrir la plupart des aspects de la recherche sur les
bioaérosols : la microbiologie, l’hygiène industrielle, la médecine
humaine (pneumologie et maladies infectieuses) et animale (animaux
d’élevage), l’écologie microbienne, la santé publique et les
procédés industriels.
Mon équipe a conçu et construit plusieurs chambres et tunnels
dédiés à l’étude du comportement des bioaérosols et au
déve-loppement de stratégies de contrôle. En effet, nous pouvons
étudier la transmission des maladies contagieuses avec des modèles
animaux, l’effet de divers agents chimiques ou physiques pour
détruire les virus dans l’air, l’ef-ficacité d’appareils de capture
des bioaérosols ou les situations favorisant leur aérosolisation et
donc, l’exposition humaine.
Plusieurs de nos projets incluent des volets visant à documenter
la santé respiratoire des travailleurs dans différents contextes
comme dans les secteurs industriels et de l’agricul-ture. En
collaboration avec des pneumologues et des infectiologues, nous
pouvons donc corréler l’exposition aux bioaérosols bacté-riens,
fongiques, viraux ou archées avec les différents symptômes. Notre
équipe a ainsi décrit plusieurs situations occupationnelles où
l’exposition aux bioaérosols est préoccu-pante : fermes laitières,
production d’œufs, porcheries, usines d’eaux usées, dentistes,
tra-vailleurs de la santé ou scieries et tourbières.
Au cours des dernières années, nous avons développé un intérêt
marqué pour le contrôle des bioaérosols et les approches
d’ingénieries. Nous avons donc contribué à plusieurs projets visant
le développement de technologies, tels que les filtres
percolateurs, l’ozone, l’asper-sion d’huile ou la filtration
antimicrobienne.
De plus, l’application et le développement de méthodes
moléculaires nous ont positionnés comme chefs de file dans l’étude
du micro-biote de l’air et le développement d’outils
bio-informatiques pour l’interprétation des données de séquençage
d’ADN, notamment pour le microbiote fongique.
La recherche sur les bioaérosols est une recherche intégrative,
transsectorielle et mul-tidisciplinaire aux retombées innombrables.
Notre équipe jouit d’une collaboration fruc-tueuse avec plusieurs
chercheurs et cliniciens du Centre de recherche de l’Institut et
nous sommes fiers de contribuer à l’avancement des connaissances
sur les impacts des microor-ganismes de l’air sur la santé
humaine.
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