Carnet d’études
Carnet d’études
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L ’art est partout, comme l’a écrit BEN, et souvent là où l’on s’y attend le moins. Il
n’est pas l’apanage des musées, théâtres et salles de spectacles institutionnalisées. L’art peut être spontané, inattendu et incisif. L’art peut mordre, déjouer les habitudes et s’extraire de sa condition de produit de consommation.
C’est pourquoi je travaille sur un FESTIVAL culturel très reculé dans la nature. S’y rendre serait une AVENTURE : un point de départ indispensable. Le mot d’ordre sera la curiosité. Les supports graphiques se baseront sur ce concept : ils n’annonceront pas de programmation, mais un thème général. Ils y trouveront des surprises, le dépaysement et de belles découvertes artistiques. Les visiteurs qui se rendront à l’événement discuteront, feront des pronostiques. Ces gens pourront créer de vrais liens tout en ouvrant leurs esprits aux autres. Ce festival serait ainsi un véritable VOYAGE INITIATIQUE.
LA COMMUNICATION serait à l’image de l’événement : à la fois proche de la nature, dans un souci de développement durable, mais aussi inattendue dans un mélange de style folklorique et de modernité. Je refuse de m’enfermer dans l’écologie, le développement durable ou dans un militantisme quelconque : je rechercherai des solutions écologiques et novatrices, sans que cela ne soit le leitmotiv du festival. Mon but est de montrer l’avant garde du projet, tout en affichant une maturité. Numérique et communautaire, il laissera une large place à l’expérience collective grâce à des applications Smartphone et un site internet interactif.
Ainsi mon festival sera avant tout optimiste. Tourné vers l’avenir, il montrera à tous des possibilités nouvelles pour la culture, tout en gardant un idéal responsable.
Sophie-Charlotte Colrat
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Tendances de la CibleLe
commanditaire et sa concurrence
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Constance23 ans
Le Club des Gentilshommes de Fortune est l’une des associations d’aventu-riers les plus anciennes au monde. Depuis le XVIIIe siècle il a compté parmi ses membres Bougainville, Hemingway ou encore Hugo Pratt. Très élitiste jusque dans les années 1990, à l’ère de la mondialisation, les Gentilshommes de Fortune décident d’ou-vrir leur club au monde.
On pourrait croire qu’au XXIe siècle, il n’y aurait plus de terres inconnues à explorer. Pour contrer cette idée, les
membres du club ont décidé d’organiser un
grand festival ouvert à tous ceux qui auraient l’audace de partir à
l’aventure.
En hommes de leur temps, ils refusent de coller à une image nostal-gique de l’aventurier, souvent restée bloquée aux années 1930. Un Smartphone peut être un très bon outil pour un explorateur, mais ne lui sera d’aucne utilité pour accomplir des exploits physiques et de volonté.
Club des Gentilhommes
de Fortune
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Constance23 ans
Télérama, Inrockutpibles, Pitchfork… Nombreux magazines ont aujourd’hui leur festival. Si ceux-ci n’ont pas l’ampleur des festivals traditionnels, ils atteignent leur public grâce à la notoriété des journaux et une programmation intéressante.
C’est pourquoi j’ai imaginé un festival en partenariat avec le magazine I Heart. Si c’est un magazine peu distribué, mais il pos-sède une grande notoriété auprès des nombreux milieux artistiques.
C’est un magazine de voyage. La
rédaction s’arrête pour chaque numéro dans une nouvelle ville (Buenos Aires, Dallas, Bruxelles…). L’équipe s’intéresse alors aux nouvelles tendances, aux mouvements qui font bouger ces villes.
I Heart est aussi un média capable de toucher un grand public et de sortir le Club des Gentilshommes de Fortune de son élitisme.
Magazinepartenaire
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Constance23 ans
Le mapping ci-contre représente les concur-rents directs de mon FESTIVAL, tant sur leur cible que sur leur programmation. Vu le grand nombre de festivals en France, j’ai choisi les plus repré-sentatifs pour illustrer mon propos.
Le festival de Mú doit se situer en HAUT À DROITE du mapping : le plus créatif et le plus itinérant des festivals.
À l’opposé il y a les Vieilles Charrues. Bien qu’officiant dans les musiques actuelles, ce fes-tival prend néanmoins peu de risques, et reven-dique son attachement territorial (en Bretagne).
Le festival Étonnants Voyageurs est quant à lui un modèle pour le voyage. Le festial réalise des éditions régulières à St-Malo, Port-au-Prince et Bamako, et des éditions ponc-tuelles comme en Russie.
Pitchfork et We Love Green sont des modèles dans le désir de s’ouvrir, leur créativité, et aussi dans leur approche graphique. Leur démarche peut servir d’exemple, mais peut être intensifiée.
Mapping de la concurrence
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FestivalÉtonnants Voyageurs
Haïti Bamako St MaloSignalétique en Forêt
Créativité
Voyage
Festival de Mú
Tendances de la Cible
Tendancesde la Cible
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Constance23 ans
Pour Hector, la journée file à grande vitesse. Urbain et actif, il n’a que peu de temps pour lui. Chaque matin il file chez le marchand de journaux pour acheter son magazine de voyages : Géo, National Géographic, tout y passe. Dragueur et bon vivant, il fait partie de cette génération trentenaire éduquée et entreprenante, mais aussi un peu perdue. Passionné de cultures urbaines, il est boulimique de nouveautés. S’il aime son travail, Hector reste un rêveur. Chaque moment de détente est une occasion de s’évader vers un ailleurs. Il rêve de grands espaces et de villes lointaines.
Hector,Ingénieur Son
35 ans
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«Depuis tout petit je me sens renaitre au contact
de la nature»
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Constance23 ans
On pourrait penser de Constance qu’elle est une It Girl, ces filles qui aiment bien s’habiller, et qui n’ont rien d’autre à offrir que leur personnalité. Derrière ses airs naïfs Constance est une talentueuse étudiante en PHILOSOPHIE. Si elle vit parfois en rat de bibliothèque, ce qu’elle aime, c’est surtout aller à la rencontre des gens, découvrir leurs vies, leurs craintes et leurs espoirs. Gourmande et femme de son temps, Constance délaisse souvent ses grandes préoccupations pour des rencontres entre amis, ou de grands voyages. C’est son ami Hector qui lui fait découvrir le festival de Mú il y a un an. Elle ne pense depuis qu’à y retourner.
Constance,étudiante23 ans
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«Entre Aristote et Nietzsche, mon coeur
balance»
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Constance23 ans
Citoyenne DE SON TEMPS, ma cible a compris ses grands ENJEUX ENVI-RONNEMENTAUX. Un peu nostalgique, elle reste attachée aux beaux objets. Ma cible a l’habitude d’acheter au kiosque des MAGA-ZINES MENSUELS. Elle aime ainsi leur manière
de traiter de sujets en PROFONDEUR.
Elle est très attachée aux objets graphiques, aux IMPRESSIONS de qualités, et se plait à acheter les AFFICHES des festivals qu’elle fréquente quand celles-ci sont travaillées, et en particulier quand
elles sont sérigraphiées.
Tendances media de la cible
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«J’achète I Heart Magazine au kiosque avant de me connecter à mon
application Le Monde sur mon Ipad»
Hector
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Mais pour tous les supports JETABLES et éphémères, ma cible choisira toujours le
NUMÉRIQUE. En effet, elle N’AIME PAS le gaspil-lage. Avec le multimédia embarqué (Smartphones, tablettes…), elle se nourrit au quotidien de BRÈVES JOURNALISTIQUES. Avec ces media, c’est l’actualité brûlante, l’éco-nomie, ou la politique, qui l’inté-ressent. Enfin, elle s’est habituée à trouver des APPLICATIONS SMARTPHONES en ligne, où elle peut trouver toutes les indications pratiques, les cartes interactives et les horaires des manifestations où elle se rend.
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Rejet des Flyers : Dépense d’énergie, de papier inutile ;
ils polluent plus qu’ils ne communiquent.
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Impossibilité des spots télé :Trops chers pour ce commanditaire,
ils rompent avec l’esthétique et la notion d’aventure.
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Tendances de la Cible
Recherches sémantique
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Apporter la culture là où elle n’est pas
Ouverture
Partage
Festival
Diffusion
Dialogue
Connu
Land art
Revisiter laNature
Développementdurable
conceptApplication
signalétique
Produits dérivés
VoyageDécouverte
Inconnu
Initiation
Hasard
itinérance
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Culture : Application que l’on met à perfec-tionner les sciences, les arts, à développer les facultés humaines.Étymologie : Du latin Cultura, agriculture, culture de l’âme, de l’esprit.
Découverte : Action de découvrir, trou-ver ce qui n’était pas connu.
Étymologie : Du latin Discooperire, découvrir.
Curiosité : Passion, désir, empressement de voir, d’apprendre des choses nouvelles, inté-ressantes, rares, etc.
Étymologie : Emprunté au latin Curiositas, dé-rivé de curiosus.
Initiation : Admission à la connaissance de certaines choses secrètes.
Étymologie : Du latin Initium.
Land Art : Tendance de l’art contempo-rain, utilisant le cadre et les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.). Le plus souvent, les œuvres sont à l’extérieur, exposées aux éléments, et soumises à l’érosion naturelle ; ainsi, certaines ont disparu et il ne reste que leur souvenir photographique et des vidéos.
Étymologie : Expression anglaise qui signifie art du paysage.
Dialogue : Conversation, entre deux ou plusieurs personnes.
Étymologie : Du latin Dialogus provenant lui-même du grec διάλογος Dialogos, discus-sion.
Voyage : Action de se déplacer par un che-min plus ou moins long pour se rendre d’une ville dans une autre, d’un pays dans un autre.
Étymologie : du latin Via, le chemin.
Développement durable : Déve-loppement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
Étymologie : Traduction française de Sustai-nable Development.
Itinérance : Déplacement, fait de se dé-placer.
Étymologie : Du latin Itineris, le voyage.
Festival : Série périodique de manifesta-tions musicales, de caractère exceptionnel, tant par la qualité des artistes que par le cadre dans lequel elles se déroulent et l’intérêt des œuvres exécutées
Étymologie : du latin Festivus, là où il y a fête.
Étymologie
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Constance23 ans
Citations etMots-clés
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,Par la nature, heureux, comme avec une femme.
Arthur Rimbaud, Sensations
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Culture
Itinérance
Initiation
Curiosité
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Tendances de la Cible
Recherchesiconographiques
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«Les hommes ont toujours donné au TRIANGLE une dimension divine, des PYRAMIDES à la TRINITÉ.»Constance
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«Pour les Pythagoriciens, le TRIANGLE est la forme la PLUS PURE. Elle est la BASE la NATURE, des montagnes à l’univers lui même.»
Constance
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«Finalement, les tisseurs de tapis persans
sont des graphistes à la mode en 2012 !»Hector
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Tendances de la Cible
CopyStrategy
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Constance23 ans
Le message porté par le nom et le sloggan,
est une invitation à l’aventure. Il doit provo-
quer une étincelle de DÉSIR DE VOYAGE,
d’épopées, de rupture avec la vie quotidienne, tout en restant dans un esthéisme très léché.
Contraintes et impératifs:REFUS d’une affiche typogra-
phique : de nombreux festivals proposent ce type d’affiche, où la typographie détaille de manière décroissante le noms des invi-tés, SANS RÉELLE RÉFLEXION GRA-PHIQUE.
REFUS d’un rendu trop numérique : piège dans lequel tombent de nombreux festi-vals tombent, et donnent une IMAGE FADE et PLATE.
REJET d’une image trop écolo : mon fes-tival sera VERT, MAIS PAS SA COMMUNICA-TION : il doit apparaître comme un festival de voyages d’avant garde.
Tonalité dumessage
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La référence au CONTINENT PERDU DE MU s’est vite imposée. Mu est le
pendant amérindien de l’Atlantide :
elle se serait située dans le PACIFIQUE. On
l’assimile parfois à l’EL DORADO. Cette
légende colle à l’idée que je me fais de mon festival : un évènement mystérieux, qui appelle à l’aventure, au voyage, la pro-messe de trésors, et difficilement locali-sable.
Puisque le mot Mu est tiré de langues amérindiennes, il n’a pas d’orthographe occidental propre. HUGO PRATT utilise
l’orthographe Mû dans son album de Corto Maltesse. J’ai choisi un ortohgraphe un peu
plus exotique : MÚ.
MuMùMÚMü
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Social
Remise en question des modes de consommation tradition-nels avec la crise écono-mique.
Surrabondance d’une CULTURE de MASSE.
Développement des RÉSEAUX SOCIAUX.
Technologie
Développement du multmédia embarqué : smartphones, logi-ciels de navigation...
Apparition de l’affichage nu-mérique.
Politique et Légal
Mise en place de lois environ-nementales restrictives.
Désengagement économique de l’État dans la culture, BAISSE DES SUBVENTIONS.
Incertitudes sur les lois relatives aux droits d’auteur, échec d’Hadopi.
Écologique
La grande majorité des festivals sont de GROS POLLUEURS.
Les festivals responsables commencent à développer des SOLUTIONS : suppression du papier...
Économique
Crise financière : baisse des dé-penses en culture des ménages.
HAUSSE du COÛT des trans-ports.
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Forces :
Formule de festival qui CRÉE
de la FIDÉLITÉ.
ORIGINALITÉ d’un concept qui se détache de l’offre culturelle surabondante.
Faiblesses :
Le festival bénéficie pas
de la NOTORIÉTÉ de sa
PROGRAMMATION.
DIFFICULTÉ D’ACCÈS au festival.
Opportunités :
Pas de risque de chutes des visites une année sur l’autre
parce qu’il n’y a pas de tête d’affiche.
Toute la NOTORIÉTÉ se fait de l’IMAGE que l’on se fait de la communication.
Nouvelles technologies qui fa-cilitent l’accès au festival, tout en restant dans l’esprit de l’exploration.
Menaces : Une communication RATÉE
rendrait impossible les
PREMIÈRES ÉDITIONS du festival.
Tous les publics n’ont pas
un plein accès aux hautes technologies de communication.
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Constance23 ans
SloganAccroche
Perdez-vous pour mieux vous retrouver.
Assez de la culture rapide?
Vous croyez tout connaitre des expos ?
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Perdez-vous pour mieux vous retrouver.
Assez de la culture rapide?
Vous croyez tout connaitre des expos ?
Ballade en terres sauvages
Bons baisers de l’inconnu
Bons baisers d’ailleurs
Fables lointaines
Constance23 ans
SignatureBody Copy
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Tendances de la Cible
Recherches colorimétriques
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Constance23 ans
Analyse de couleurs
C : 0 M : 100 J : 0 N : 0
C : 0 M : 0J : 0 N : 100
En RUPTURE avec les couleurs fades de la nature, j’uttiliserai des APPLATS VIFS. Le but est de créer un contraste, plus fort que la nature, qui possèderai quelque chose d’iréel, quasi-divin.
De manière pratique, j’utiliserai les possibilités étendues du RVB pour les documents numé-riques. Ma couleur phare sera le MAGENTA. En utilisant cette couleur CMJN pure, je pourrai atteindre des effets forts, proches du fluo ou du RVB.
Le magenta pur est intéressant car il se DÉTACHE très bien de la nature, aux teintes marrons et vertes.
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C : 0 M :43 J : 0 N : 0
C : 0 M : 100 J : 0 N : 0
C : 0 M : 0J : 0 N : 100
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Tendances de la Cible
RecherchesTypographiques
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La typographie utilisée sera for-tement inspirée des premiers alphabets antiques, en particulier le conéiforme : c’est une typogra-phie simple, dépouillée de toute fioriture, comme un retour à l’es-sence de l’écriture.
J’utilise ainsi une typographie li-néale
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Tendances de la CibleInventaire
et création d’un language graphique
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Constance23 ans
Analyses detechniquesgraphiques
Je souhaite placer mon projet de fin
d’études sous le signe de l’expérimenta-tion graphique et du Print. Je vais cher-
cher à produire des effets de couleur très forts
en poussant au maximum la pureté de la cou-
leur magenta.
Je souhaite aussi me rapprocher des
premières techniques de print en usant des
trames et bitmap. Les trames auront
pour but de cadencer mes affiches, et le bitmap sera utilisé pour dimensionner mes visuels.
Je suis aussi attirée par les décou-pages papier, dans deux directions. D’un côté, je voudrais intégrer des construc-tions en papier à mes affiches, à l’inté-rieur de photographies, afin de donner un côté
irréel mais tangible à mes mises en scènes. De l’autre côté, je souhaite aussi jouer avec le découpage de mes affiches en bandes, afin de créer des jeux de compo-sition.
SignalétiqueL’une des mes expérimentations sera
aussi de créer des lanternes volantes, déjà utilisées dans le folklore thaïlandais, mais peu exploitées graphiquement : une fois déco-rées aux couleurs de mon festival, elles seront des éléments de signalétiques origi-naux et inédits.
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Pochoir
Technique permettant de reproduire rapidement plusieurs fois des CARACTÈRES ou des MOTIFS sur divers supports, comme des arbres ou des lanternes volantes pour la
signalétique.
Le pochoir en métal permet de réalisé des motifs donnant un rendu similaire au BITMAP.
Lanterne volante
Ballons à air chaud tra-ditionnels utilisés depuis plusieurs siècles en Asie du Sud-Est. Fonc-tionnant sur le même principe que la montgolfière.
Les lanternes sont faites d’un PA-PIER DE RIZ, de GRAISSE et de bandes de GAZ pour le BRÛLEUR.
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Carton
Les pyramides en carton seront l’un des symboles de mon projet. Elles font le lien avec les pyramides pré-co-lombiennes, et donnent un côté mystique.
Les pyramides seront aussi un support pour y bomber des trames, ou tout simplement des applats magenta.
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Tendances de la Cible
Annexes
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Constance23 ans
Six heures du matin, le jeune homme se
réveille. L’avenir appartient à ceux qui
se lèvent tôt. Notre héros dort peu : trop
de choses à faire. Il avale un café, s’habille
plutôt chic, enfile des chaussettes dépareillées
ses chaussures et file.
Sept heures quarante cinq, passage au
marchand de journaux. Alors que tous les jour-
naux sautent aux yeux des lecteurs par leurs
sujets chauds bouillants : Dsk, Subprimes et
autres Primaires, notre jeune homme sélec-
tionne un panel de journaux qui traitent de tout
sauf de cette actualité : art et voyage sont au
programme.
Huit, heure, le jeune homme entre dans
une bouche de métro. L’aventure commence
vraiment. Oui, il s’agit bien d’une aventure.
Alors qu’il s’assoit dans le métro et tente de
Journée type de semaine
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lire son journal tandis qu’un chanteur péruvien
lui fait profiter de ses plus beaux chants folklo-
riques. Pas fou, il enfile son casque et déchaîne
sa playliste électro tout en rêvant d’Amérique
du Sud devant son mensuel Géo.
Arrivé au travail, c’est la routine. Bien
que travaillant dans un milieu créatif, il est tech-
nicien son, son train de vie le lasse. Il a la sen-
sation de se laisser porter par la vie. Si bien
qu’il rêve jour et nuit de sortir de cette lente
agonie. Au travail, il rêve de grandes choses,
de paysages sublimes et déchaînés. Vient
midi. Notre jeune cadre dynamique sort de sa
torpeur. Il déjeune ce midi avec sa dernière
conquête. C’est une jeune collègue de travail.
Il se demande si elle se demande si il veut avoir
des enfants. Lui voudrait faire le tour du monde
en bateau avant.
Le déjeuner se passe bien, chacun re-
trouve son poste, et la journée suit son court.
Vient le soir. Notre jeune héros évite le
traditionnel afterwork du jeudi soir : c’est telle-
ment petit bourgeois de sortir en bar le jeudi.
Sa soirée préférée est le lundi ! Il déambule
tranquilement dans la ville jusqu’à atterrir dans
un petit cinéma de quartier qui diffuse des films
de Kung Fu.
Ce n’est que vers minuit qu’il se glisse
dans son lit en se demandant à quoi il pourra
bien rêver.
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Constance23 ans
Journée typede weekend
Samedi matin. Il n’est pas question de
traîner. Notre jeune homme se lève. Il
est temps de courir au marché. Ce n’est
pas tant le côté bobo de l’activité qui l’attire,
mais plutôt la jeune maraîchère qui chaque sa-
medi lui offre une pomme. Cette pomme sym-
bolise tout pour lui : son optimisme, son hédo-
nisme.
Alors qu’il enfile ses habits, il réfléchit
déjà au bistro qu’il choisira pour déjeuner.
Neuf heures, le voilà sur le marché, pa-
nier en osier sous le coude, pour faire cliché,
et paraître un peu bohème à la jolie vendeuse
de pommes. Il achète une bouteille de rouge,
du fromage et de la charcuterie. Il achète sa
pomme et retrouve ses amis. Au coin de la ter-
rasse du bistro, les conversation s’enchaînent :
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la crise, Sarko, la Libye. Notre jeune homme
s’ennuie ferme et pense aux montagnes, à Rim-
baud.
Il est soudain pris d’une envie d’ailleurs,
comme si la futilité des discussions habituelles
l’avaient lassés. Il est déjà midi et sa maraî-
chère lui manque : cette presque inconnue par-
tage beaucoup plus avec lui que tous ses amis.
Quatorze heures. Il déambule en ville.
Quinze heures, sa nouvelle petite amie
lui propose de la rejoindre. Il achète un cor-
net de marrons chauds et la retrouve au coin
d’un parc. Le froid hivernal lui gèle le nez et les
oreilles. Il pense qu’il aimerait pouvoir aller loin
avec elle, vivre un grand voyage. Elle lui parle
de son enfance en Louisiane et déjà il voudrait
qu’elle lui fasse visiter.
Dix huit Heures, nos deux personnages
se séparent. Le jeune homme rentre chez lui.
Mécaniquement, il allume son ordinateur, et
dérive de site en site à la recherche d’inconnu
et de découvertes.
Une heure du matin, après un sandwich
et un paquet de chips, il retourne se coucher
en se disant que lundi il partirait à l’aventure
loin, loin, loin.
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© Sophie-Charlotte Colrat / Lisaa, 2012