MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES (UFR-SH) PROGRAMME AGRINOVIA BURKINA FASO UNITE-PROGRES-JUSTICE MEMOIRE DE FIN DE CYCLE En vue de l’obtention du DIPLOME DE MASTER II EN INNOVATION ET DEVELOPPEMENT RURAL THEME : Caractérisation des dispositifs d'accompagnement des Exploitations Agricoles Familiales vers l’intensification durable au Burkina Faso Présenté par BANCE Saydou Dr Aurélie TOILLIER Dr Lawali DAMBO Année académique 2012 - 2013 Sous la Codirection de :
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Caractérisation des dispositifs d'accompagnement …...populations par des pratiques agricoles visant à augmenter la fertilité des sols et pratiques respectueuses de l’environnement,
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MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE
EN SCIENCES HUMAINES (UFR-SH)
PROGRAMME AGRINOVIA
BURKINA FASO
UNITE-PROGRES-JUSTICE
MEMOIRE DE FIN DE CYCLE
En vue de l’obtention du
DIPLOME DE MASTER II EN INNOVATION ET
DEVELOPPEMENT RURAL
THEME :
Caractérisation des dispositifs d'accompagnement des
Exploitations Agricoles Familiales vers l’intensification
durable au Burkina Faso
Présenté par BANCE Saydou
Dr Aurélie TOILLIER Dr Lawali DAMBO
Année académique 2012 - 2013
Sous la Codirection de :
1
DEDICACE
A
Mon père ;
Ma mère ;
Mes frères et sœurs;
Tous ceux qui ont contribué à ma formation.
2
REMERCIEMENTS
Une œuvre scientifique est toujours le couronnement des efforts de plusieurs personnes.
Je remercie l’ensemble du corps professoral du programme AGRINOVIA, pour la qualité de
l’enseignement dispensé. Un remerciement particulier à Dr Lawali DAMBO pour son
encadrement et sa disponibilité.
Il me tient à cœur de remercier Mme Aurélie TOILLIER, pour son suivi et l’ensemble de ses
conseils méthodologiques et techniques. Merci de m’avoir permis d’aller puiser au fond de
moi pour réaliser cette œuvre.
Je remercie vivement l’ensemble du personnel du CIRDES et du CIRAD pour leur accueil.
Enfin toutes les personnes qui ont contribué à l’aboutissement de ce travail méritent ma
reconnaissance. Je pense à mes camarades stagiaires et thésards que j’ai pu rencontrer, pour
leur solidarité indéniable et l’esprit de famille qu’ils ont toujours manifesté durant le stage.
Tout commence par la famille et tout, au bout du compte, se termine par elle, je tiens à lui
exprimer ma profonde gratitude pour les prières, le soutien moral et financier pour
l’aboutissement de cette formation en Master II.
3
SIGLES ET ABREVIATION
AC : Agriculture de Conservation
ACFED : Appui Conseil Femmes Environnement Développement
ACT : African conservation tillage network
AE : Agro-écologie
AEI : Agriculture Ecologiquement Intensive
AGED : Association pour la Gestion de l’Environnement et le Développement durable
AIDMIR : Association Interzone pour le Développement en Milieu Rural
ALED : Association Les Enfants de Demain
APAD : Association pour la Promotion d'une Agriculture Durable
ARFA : Association pour la Recherche et la Formation en Agro-écologie
AVAPAS : Association pour la Vulgarisation et l’Appui aux producteurs Agroécologistes
BNDT : Base Nationale de Données du Territoire
CEAS : Centre Ecologique Albert Schweitzer
CIRAD : Centre de Coopération Internationale de Recherche Agronomique pour le
Développement
CIRDES : Centre International de Recherche Développement sur l’élevage en zone
Subhumide
CISV : Comunità Impegno Servizio Volontariato
CORADE : Conseil, Recherche-Action, Développement d’Expertises.
CRS : Catholic Relief Services
EAF : Exploitation Agricole Familiale
GIPD : Gestion intégrée de la production et des prédateurs des cultures
IE : Intensification Ecologique
4
INERA : Institut National de l'Environnement et de Recherches Agricoles au Burkina Faso.
NAFASO : société de production, de commercialisation et de diffusion de semences
OCADES : Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité
ODE : Office de Développement des Eglises Evangéliques
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OP : Organisations de Producteurs
PDI : Programme de développement intégré
R/MARP : Réseau pour la promotion des approches participatives
SAPHYTO : Société agricole et de produits phytosanitaires
SIG : Système d’Information Géographique
SNV : Stichting Nederlandse Vrijwilligers, l'agence de développement néerlandaise.
SOFITEX : Société des fibres et textiles du Burkina
UGCPA : Union des Groupements pour la Commercialisation des Produits Agricoles
UNPCB : Union Nationale des Producteurs du Coton du Burkina
UNPS : Union Nationale des Producteurs de semences
USAID : United States Agency for International Development
In Burkina Faso, the question of the development of agriculture is facing a problem of
sustainability of production systems. The objective of this study is to identify the
accompanying Agricultural Operations Family devices (FAE) to more environmentally
friendly modes of production, characterizing their speeches, technical proposals and / or
organizational, and intervention methods with farmers. The methodology consisted of semi-
structured interviews with players and support spatial technical and organizational offerings,
and to better understand the logic of intervention in relation to agro-ecological issues. We
identified the presence of four alternating current conventional agriculture: agro-ecology,
organic farming, conservation agriculture and sustainable agriculture mainly driven by NGOs
and some private organizations. We also retained specialized structures in enhancing skills,
which are increasingly mobilized in support of the peasants devices. In an apparent diversity
of devices and discourse on environmental issues, it was found that the technical issues
addressed by the support structures are always the same: technical water conservation and soil
/ defense and restoration of soils, Use compost, manure, Integrated Production Management
and Predators crops (IPM), and fertilizer microdosing. The study revealed that the level of
technology diffusion differs depending on climatic zones or regions: bunds, half-moons, zai
and earth bund have a higher level of distribution in the central region, northern Sahel and
central North rotation, IPM, the cover crop are distributed in the cotton regions of organic
manure in farming areas; composting and intercropping are distributed in almost all areas of
activity. Capacity building of farmers is mainly through classroom training, the group
activities and experimentation in the fields. The dominant tools agricultural extension are:
field schools, demonstration plots, the boxes images. If all players aim to improve the living
conditions of populations by agricultural practices to increase soil fertility and environment
friendly practices, perceptions of issues, constraints and devices accompaniments vary
depending on the type of actor.
Keywords: sustainable intensification, support, technical and organizational features; family
farm; surgery.
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INTRODUCTION
Les pays d’Afrique subsaharienne sont particulièrement touchés par le phénomène de
dégradation des ressources naturelles (eau, terres agricoles, végétation etc.). Le Burkina Faso
n’échappe pas à ces phénomènes de dégradation. La forte densité de la population et
l’importance animale accentue la raréfaction des terres cultivables notamment dans la région
du Nord (Marchal, 1982). Selon Serpanté et al. 1994, la croissance continue et rapide de la
population a eu pour conséquence la saturation de l’espace agricole utile. De même, l’action
des vents violents de transition de saison, des fortes pluies, les pratiques agricoles non
respectueuses de l’environnement et / ou l’accompagnement inadapté des producteurs sont à
l’origine de la détérioration des ressources naturelles.
La nécessité de réduire la dégradation de l’écosystème s’impose au Burkina Faso. A cet effet
il faut amorcer une transition vers l’intensification durable. Une prise de conscience
progressive est notée chez les producteurs que chez les structures d’accompagnement du
développement rural. Cette prise de conscience se traduit par une mobilisation à grande
échelle sur l’ensemble du territoire national à l’instar de la dynamique observée dans le
monde entier. Ces différents intervenants qu’on peut aussi désigner comme acteurs au sens de
Stockinger (2005), c'est-à-dire les gens, les groupes, les organisations qui sont engagés dans
un même type de pratique sociale. Entre autres, on peut évoquer les organisations paysannes,
les projets et programmes, les Organisations Non Gouvernementales etc. Ces acteurs
cherchent à renforcer la durabilité des exploitations agricoles familiales (EAF), en abordant de
façon plus ou moins explicite les enjeux environnementaux qui sous-tendent cette durabilité.
Le grand défi est la coordination des activités entre tous ces acteurs. De cerner les modes
d’intervention et les effets des dispositifs d’appui-conseils existants. Des synergies et des
complémentarités d’actions sont nécessaires pour faire face aux phénomènes de dégradations
des ressources naturelles dues à l’activité agricole des EAF. C’est dans cette optique que des
acteurs œuvrent de nos jours pour une concertation dans les actions à mener sur le plan
national pour amorcer une transition vers des modèles de production plus écologique et plus
durable. Tel est l’un des objectifs poursuivi par le CIRAD, à travers le projet ASAP.
C’est dans ce cadre que s’inscrit ce présent mémoire qui s’articule autour de trois chapitres.
Le chapitre1 présente le cadre théorique et l’approche méthodologique. Le second chapitre
décrit l’émergence de modèles de production plus écologiques au Burkina Faso. Le chapitre 3
est consacré aux résultats sur la caractérisation des dispositifs d’accompagnement des
structures. Il se termine par la conclusion et des recommandations.
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CHAPITRE I
CADRE THEORIQUE ET APPROCHE METHODOLOGIE
I- CONTEXTE
I-1- la timide remise en question du modèle de développement
agricole conventionnel en Afrique de l’ouest
L’intensification de l’agriculture dans les savanes d’Afrique de l’Ouest est un objectif
politique entériné depuis plus d’un demi-siècle. Les techniques et organisations introduites
(cultures commerciales, culture attelée et motorisation, engrais, pesticides et herbicides,
variétés à hauts rendements, systèmes de crédit et coopératives), et l'absence de propriété
foncière pastorale ou forestière (en dehors de quelques forêts classées et zones pastorales) ont
donné des moyens conséquents à l'intensification régionale1 par l'occupation agricole de
toutes les terres arables (Serpantié 2003). Malgré cela, comparativement aux autres régions du
monde, l’agriculture ouest-africaine reste peu productive et les rendements y progressent plus
lentement (Ouedraogo et al. 2011).
La dégradation de l’environnement liée à ces systèmes de production intensifs et la
disparation des anciens équilibres entre population-pratiques-ressources apparaissent comme
des causes majeures de baisse de la fertilité des sols entrainant une faible productivité (Blanc-
Pamart et Boutrais 2004).
Si ce constat fait consensus au sein des acteurs de l’appui au développement agricole (des
politiques aux ONG), il n’en reste pas moins que les leviers d’action pour freiner et endiguer
ces processus voire, les réorienter peinent à émerger.
Le modèle de « révolution verte » reste dominant. Il a été renforcé en 2008 par les
interventions de la FAO, des fondations Agra ou Gates, ou encore des États via la subvention
d’engrais et semences. Mais les résultats obtenus ne sont pas les mêmes qu’en Asie du fait du
faible développement de l’irrigation et de la faiblesse des politiques agricoles (Sumberg,
1 A l’échelle régionale, l’intensification représente tout changement de pratiques visant l’accroissement du revenu agricole régional, en particulier pour répondre aux besoins d’une population rurale croissante (Boserup, 1997 ; Lele et stone, 1990). Elle est obtenue en premier lieu par accroissement de la fréquence moyenne de récoltes, impliquant une réduction des durées de jachère et l’accroissement de l'espace arable par les cultures, en second lieu par l'accroissement des rendements, impliquant celui de l'investissement en travail et/ou en facteurs techniques, et en troisième lieu par la revalorisation des produits.
14
2002). De plus, les systèmes de cultures pluviaux sont très dépendants des aléas climatiques,
ce qui rend difficile tout processus d’intensification basé sur la mobilisation du capital
financier (Vall. et al 2012). Par ailleurs le développement du secteur privé dans le domaine
de l’agriculture conforte les stratégies de court terme et opportunistes pour répondre aux
incitations de marché. Le manque d’informations permettant de prévoir les évolutions du
contexte (opportunités de commercialisation, fluctuation des prix, aléas climatiques,..)
empêche les producteurs de construire des stratégies de plus long terme, qui pourraient
intégrer à la fois des enjeux économiques et environnementaux.
Si le modèle de développement agro-industriel va certainement continuer à s’étendre,
particulièrement là où la productivité marginale d’intrants modernes importés (semences de
labo ; fertilisants pétrochimiques, pesticides, etc.) est très haute, comme en Afrique sub-
saharienne (Dorin et al, 2013), ou là où les contraintes en terre sont faibles comme dans
certaines zones d’ Amérique latine, il n’en reste pas moins qu’il est nécessaire de travailler
sur des modèles alternatifs dans un contexte où la population ne cesse d’augmenter et risque
de mener à des scenarios catastrophes dans les villes (« explosion urbaine »). Dorin et al.
(2013) montrent la nécessité de maintenir et développer de petites agricultures familiales
intensives et durables, qui elles seront capables de fournir du travail, un mode de vie et une
alimentation de qualité à un nombre croissant d’individus.
I-2- Comment passer à une agriculture familiale plus intensive
mais aussi plus écologique ?
La question du passage à une agriculture familiale plus intensive mais aussi plus écologique
nécessite de s’interroger à la fois sur les changements techniques et les changements socio-
organisationnels et institutionnels (reconfiguration des réseaux cognitifs, sociotechniques, des
formes d’appui-conseil) nécessaires pour accompagner ces changements. En effet, des
compromis doivent être trouvés entre production agricole et protection des fonctions des
écosystèmes, entre stratégies de court terme et de long terme, entre intérêts individuels et
collectifs. Le cheminement du changement, les résultats à atteindre ne peuvent être définis
que localement en fonction des caractéristiques agroécologiques et socio-économiques des
territoires, des attentes des agriculteurs, de leurs capacités et de leurs compréhensions des
enjeux. Passer à une agriculture plus écologique et plus intensive nécessite donc avant tout de
renforcer les capacités des acteurs ruraux à maîtriser les enjeux des situations locales
complexes, à formuler des propositions adaptées et à les faire entendre auprès des institutions
15
compétentes pour leur mise en œuvre. On parle ainsi d’accompagnement de cette transition
agroécologique, en plaçant au cœur de cet accompagnement la production de connaissances
génériques et localisées ainsi que le renforcement de capacités des acteurs ruraux (Toillier,
2012).
En Afrique subsaharienne, des alternatives aux techniques de production ayant un impact
négatif sur l’environnement ne manquent pas, que ce soit des propositions techniques issues
de la recherche (la lutte intégrée contre les ravageurs, les techniques de fumure organique, les
bio-fertilisants) ou des propositions issues de la collecte de savoirs paysans endogènes. En
revanche, les processus socio-organisationnels et cognitifs qui permettent véritablement la
conception et l’adoption de ces innovations par les acteurs locaux sont très rarement abordés,
que cela soit à l’échelle individuelle (modalités d’accompagnement des apprentissages dans
les exploitations agricoles) ou collective (structuration et coordination des acteurs qui
fournissent de l’appui-conseil aux paysans). Plusieurs questions restent sans réponse :
pourquoi y-a-t-il un faible taux d’adoption d’innovations techniques agroécologiques ?
Comment certaines EA arrivent à avoir de meilleures performances environnementales ou
productives que d’autres ? Ce manque de connaissances ne permet pas de concevoir des
dispositifs efficaces d’accompagnement des innovations agro-écologiques.
Un enjeu majeur pour la recherche consiste donc à documenter dans un premier temps la
capacité des structures d’appui-conseil existantes2 à créer les conditions d’émergence
d’agricultures familiales durables pour pouvoir proposer ensuite des améliorations visant à
renforcer ces capacités.
II- PROBLEMATIQUE
II-1- L’intensification durable au Burkina Faso : un problème
global à décliner localement
Dans les textes et les discours, beaucoup de lieux communs sur les problèmes
environnementaux liés à l’agriculture et l’élevage…
Le Burkina Faso est un pays sahélien enclavé au cœur de l’Afrique de l’ouest avec une
superficie de 274.000 km² et une population de 13 millions d’habitants. Les producteurs du
Burkina Faso tirent l’essentiel de leur subsistance de l’exploitation des ressources naturelles.
2 Une « structure d’appui-conseil » est définie comme toute organisation ou collectif pérenne, dans une posture
d’accompagnement des EAF, mobilisant des démarches d’appui conseil, de formation, de renforcement de compétences et de
capacités.
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L’économie repose en grande partie sur l’agriculture et l’élevage. En effet, les secteurs de
l’agriculture et de l’élevage occupent 90% de la population active et contribuent pour 39% au
produit intérieur brut. (Adama. B et al, 2008). La caractéristique principale de cette
agriculture est sa faible productivité d’où le qualificatif d’agriculture de subsistance qui lui est
attribué. De type extensif, elle est dominée par des exploitations familiales de 3 à 6 ha et par
la production de céréales, base de l’alimentation de la population et qui à elles seules
occupent 88% des surfaces emblavées. Le système agraire est marqué par l’existence de deux
types de champs : les champs de case ou de village et les champs de brousse.
Les terres agricoles annuellement emblavées sont estimées à hauteur de 3,5 à 4 millions d’ha
représentant environ 40% du potentiel (CSAO et CILSS, 2008). La superficie des terres à
potentialité agricole est évaluée à 9 000 000 ha dont seulement 1/3 est exploité annuellement.
Le potentiel des terres irrigables est estimé à environ 233.500 ha dont 26 758 ha aménagés,
(soit 11,5%) mis en valeur en 2000, avec 19558 ha en maîtrise totale d’eau et 7 200 ha en
maîtrise partielle. On note que la quasi-totalité des terres irrigables (93,4%) se situent dans les
régions de l’Ouest (Haut-Bassin et cascades), de la Boucle du Mouhoun, du Sud-ouest, du
centre-est et du centre.
Selon une étude de l’INERA effectuée en 2000 sur l’impact environnemental de l’agriculture,
environ 24% des terres arables sont fortement dégradés et 31% en moyenne de la pluviosité
annuelle est perdue par ruissellement. Ce qui explique que le niveau de fertilité des sols
continue de baisser.
Le rapport de l’étude sur « Les ressources forestières naturelles et les plantations au Burkina
Faso », réalisée par la FAO en 1999, indique que près de 46 % du territoire est en proie au
phénomène de la dégradation qui se manifeste par la disparition du couvert végétal, la
fragilisation et l’appauvrissement des sols, l’érosion et la baisse des nappes phréatiques.
Ainsi, les conditions de production végétale et animale deviennent de plus en plus fragiles et
précaires dont les conséquences sont entre autres, la famine, l’incapacité des populations à se
procurer des revenus monétaires et la surexploitation des ressources naturelles renouvelables
pour la survie.
En plus des facteurs climatiques, la pression démographique, les différentes techniques
culturales ou pratiques agricoles et les feux de brousse, qu’ils soient de source naturelle ou
contrôlée exercent une pression sur les ressources naturelles. Il faut souligner que de
nombreux travaux de recherche scientifiques ont étayé que les populations rurales ont des
17
pratiques agricoles qui sont néfastes à la conservation des ressources naturelles. Parmi ces
pratiques agricoles Nikièma et al (1998) affirment dans le rapport sur la situation des
ressources génétique forestière du Burkina Faso qu’il s’agit : «des coupes sélectives des
espèces pendant les travaux de préparation des champs, de l’agriculture itinérante au sud
ouest du pays, de la réduction progressive de la durée des jachères dans le plateau central due
aux manques de terres agricoles ».
…. Sans réelle déclinaison locale des enjeux globaux
Cet état des lieux largement repris dans la littérature sur les problèmes de durabilité de
l’agriculture ouest-africaine masque une certaine diversité des enjeux locaux. En effet, au
Burkina il existe une diversité des zones agroécologiques avec des caractéristiques très
différentes.
Carte 1 : Zonage Agroécologique
La carte N°1 nous montre qu’il ya quatre (4) zones agro-écologiques, selon le découpage de
Guinko (1995) : le Sahel avec une pluviométrie annuelle inférieur à 400mm ; le sub-sahel
pluviométrie qui varie entre 400 à 700mm ; le nord-soudanienne dont la pluviométrie par an
est comprise entre 700 et 900 mm et enfin la zone sud soudanienne la plus arrosée avec une
valeur de pluie annuelle entre 900 à 1200mm.
Source BNDT REAL : BANCE Saydou 02/06/2013
18
Face à une situation de disparité des zones écologique à l’échelle nationale, comment les
acteurs de l’accompagnement prennent en compte cette diversité de situations et d’enjeux
d’intensification écologique ?
Par exemple, les espaces de savanes sub-humides, dans le sud-ouest du Burkina sont des
écosystèmes fragiles dont la multifonctionnalité est encore peu reconnue et ne fait pas l’objet
d’une gestion spécifique: présence de forêts claires abritant biodiversité arbres fruitiers et bois
d’œuvre, présence de bassins de production à forte valeur ajoutée (coton), bassin de
production pour la sécurité alimentaire (céréales). Depuis la fin des années 90, les pressions
anthropiques et climatiques exercées sur ces écosystèmes mènent à des processus de
déforestation, d’érosion des sols. Ces processus sont liés, entre autres, à l’évolution des
activités des ménages ruraux et des systèmes de production agricole: sédentarisation de
l’agriculture, extension des surfaces cultivées et disparition des jachères, urbanisation et
développement des filières agro-alimentaires régionales et sous-régionales, développement de
l’utilisation des intrants et de la mécanisation, intégration à une économie de marché
mondialisée via des cultures de rente (coton, karité).
Afin d’affiner la caractérisation de la diversité des zones agro-écologiques au regard des
enjeux d’intensification écologique, le dispositif de recherche ASAP du CIRAD (Centre
International en Recherche Agronomique pour le Développement) a élaboré un zonage
agropastoral en se basant sur un ensemble de données socio-économiques, agricoles et
écologiques (pluviométrie, population, superficie des provinces et des aires protégées et la
surface de productions agricoles). Voir la carte N°2 :
19
Cette carte donne à voir l’existence de sept zones qui se différencient par leurs contraintes et
avantages pour une intensification écologique. Elle permet de nous interroger sur la façon
dont les acteurs de l’accompagnement perçoivent cette diversité et conçoivent leurs
interventions auprès des producteurs. (confère annexe n° 2, pour la description des différentes
zones)
Comment ces acteurs élaborent avec les paysans des méthodes de production répondant à
cette diversité des zones ? Tiennent t-ils comptent de cette diversité pour diffuser des offres
techniques et organisationnelle afin de répondre aux préoccupations de sécurité alimentaire et
de durabilité environnementale ou encore des fonctions écologiques ?
II-2- les enjeux d’accompagnement des agriculteurs
Plusieurs auteurs considèrent que les nouveaux modèles de production amènent à reconsidérer
les processus d’apprentissages et d’accompagnement des producteurs, les dispositifs d’appui-
conseil et d’information et même la structuration du monde paysan (Mormont, 1996 ; Warner
2005 et 2008 ; Röling et Pretty, 1997). La nécessité d’adapter la formation du monde paysan
à ces nouveaux modèles de production s’accentue. Ainsi il faut renforcer les compétences des
organisations paysannes en mettant l’accent sur les savoirs locaux, la recherche-action
Source BNDT / CIRAD REAL : BANCE Saydou 02/06/2013
Carte 2 : Zonage Agropastoral
20
paysanne, en formant les techniciens agricoles, les décideurs à la vision des nouveaux
modèles de productions, et en adaptant les liens entre les organismes d’aide au développement
agricole et la population agricole.
Suite au constat d’échec des méthodes top-down, et au constat que les paysans sont très
dynamiques et innovent par eux-mêmes depuis toujours, il semble existé effectivement un
certain nombre d’organismes qui ont changé de posture d’intervention, en cherchant à
appliquer une démarche d’appui ou de facilitation de ces processus d’innovation paysanne.
On assiste donc actuellement non seulement à une diversification des acteurs de
développement (privés, ONG, Etat…), mais aussi à un renouvellement des méthodes visant à
rompre avec les postures d’encadrement et de diffusion de messages technique : co-
conception, participation, accompagnement, conseil… . De nouveaux vocables sont utilisés
dans les discours : renforcement de capacités, compétences, formations…
Cependant, le modèle d’aide au développement agricole par le transfert de technologies de la
recherche scientifique à l’endroit des agriculteurs à travers la vulgarisation qui a été
longtemps dominant semble persister malgré les discours émergents sur la « participation ».
Dans ce travail de recherche on se propose de répondre à la question suivante : comment le(s)
nouveau(x) modèle(s) de développement fondé(s) sur l’intensification durable permettent-ils
de redéfinir les modalités d’appui-conseil auprès des exploitations agricoles familiales ?
Il en découle les questions secondaires suivantes :
Quelles structures d’appui-conseils proposent des modes de production plus écologiques ? De
de conservation etc.) se revendiquent-elles ? Que proposent-elles de nouveau par rapport aux
approches classiques d’appui au développement de l’agriculture ?
Quelles sont les offres techniques et organisationnelles proposées aux paysans ? Ont-elles
évolué au regard des enjeux liés à l’intensification écologique ?
21
III- LES HYPOTHESES DE TRAVAIL
L’hypothèse principale qui sous-tend cette étude est que : les modalités d’intervention des
acteurs de l’aide au développement agricole sont modifiées pour amorcer la transition vers
une intensification durable. De cette hypothèse principale découlent les hypothèses
spécifiques suivantes :
- Hypothèse 1 : les discours changent beaucoup, contrairement aux pratiques
d’accompagnement qui elles, changent peu;
- Hypothèse 2 : les organismes traditionnels d’appui au développement rural n’ont pas
les marges de manœuvre nécessaires pour faire évoluer leurs modèles d’intervention
sur le terrain;
- Hypothèse 3 : L’élaboration d’une carte de répartition des offres d’accompagnements
proposées aux EAF par localité à partir d’un SIG peut permettre de mieux comprendre
les logiques d’interventions.
IV- OBJECTIFS DE L’ETUDE
Ce stage a pour objectif de contribuer aux recherches en cours sur la conception de dispositifs
d’accompagnement de l’innovation, dans le cadre du dispositif de recherche ASAP3, sur
l’intensification écologique dans les systèmes agro-sylvo-pastoraux d’Afrique de l’Ouest. En
particulier de contribuer à la phase d’identification et de caractérisation des acteurs de l’appui-
conseil aux agriculteurs qui proposent des modèles d’agriculture plus écologique (agro-
écologie, intensification durable, agriculture biologique) et ont un rôle significatif dans les
changements en cours.
La question centrale est la suivante: est-ce que l’émergence d’alternatives plus écologiques au
modèle d’agriculture conventionnelle a permis de faire évoluer les modalités d’appui-conseil
auprès des agriculteurs, de façon à mieux prendre en compte les réalités locales et les besoins
des agriculteurs ?
Pour cela il s’agira de collecter et analyser des données concernant :
- Les différents courants autour de l’agriculture plus intensive et plus écologique ;
3 ASAP est un dispositif de Recherche en partenariat initié par le CIRAD, basé à Bobo-Dioulasso, qui réunit 5 organismes de recherche : l’IER au Malin, l’IDR, l’INERA et le CIRDES au Burkina Faso, et le CIRAD.
22
- la structuration des acteurs qui promeuvent une agriculture plus écologique et plus
durable, leurs objectifs, thèmes et méthodes d’intervention ;
- Les discours sur la durabilité environnementale de l’agriculture et les réalités que
recouvrent les concepts d’agro-écologie et d’intensification écologique d’après les
acteurs qui accompagnent le changement (ONG, bureaux de conseil, la recherche,
l’Etat, les privés dans l’agro-alimentaire, associations de consommateurs) ;
- la répartition géographique des offres techniques et / ou organisationnelles autour des
innovations agro-écologiques.
V- LA METHODOLOGIE
V-1 Synthèse Bibliographique et analyse de quelques concepts
Ce passage définit les concepts clés, dont la clarification de ces notions permettra une
meilleure compréhension du travail.
Exploitation familiale agricole (EAF)
La notion d'exploitation familiale agricole trouve son origine dans l'organisation de la
production agricole en Europe (Bergeret et Dufumier, 2002a). En se basant sur des
caractéristiques suivantes : la source du revenu familial et l'affectation ou non de la main
d’œuvre à l'exploitation agricole, Oliveira (1997) distingue trois catégories d'exploitation
familiale agricole : celles qui ont une fonction productive, celles qui servent de réserve de
main-d’œuvre et celles qui vivent principalement des transferts sociaux (ressources
monétaires autres que les revenus venant de l'exploitation ou des activités extérieures des
membres de la famille). Nonobstant cela, dans le contexte africain les auteurs (Badouin, 1987,
Gastellu, 1980 ; Kleene, 1976), ont montré que la définition de l’exploitation agricole
familiale telle que conçue en Europe n’était pas transposable en Afrique tant en zone
soudano-sahélienne qu’en zone forestière. Selon Gastellu (1980), le terme de « communauté »
est plus approprié au contexte africain que le terme « d’unité » il permet de percevoir les
échanges qui lient des personnes d’un groupe identique.
En outre il est indispensable de préciser que l’exploitation agricole familiale occupe une place
importante dans la région ouest africaine notamment au Burkina Faso avec une population à
majorité rurale dont l’essentiel des sources de revenu et de subsistance est basé sur l’activité
23
agricole. En effet lors d’un atelier du cirad en 2003 tenu au Benin, les responsables paysans
participant à la rencontre ont rappelé l’importance de l’agriculture familiale en Afrique
subsaharienne tant du point de vue économique que social (P. Dugué, G.Faure – Cirad, 2003)
- La quasi-totalité de la production vivrière assurant l’approvisionnement des villes
provient des exploitations familiales ;
- Une grande partie des produits exportés est aussi issue de ce type d’exploitation
(coton, café, cacao, etc.…) ce qui procurent aux Etats une entrée de devise
importante ;
- Les liens de solidarités au sein de la famille et entre les groupes sociaux au niveau des
villages sont encore préservés et permettent aux populations rurales de faire face aux
difficultés si fréquentes dans cette région. Ils constituent une sorte d’assurance sociale
qui dans tous les cas ne pourrait pas être prise en charge par l’Etat. De même en
période de crise économique les exploitations familiales permettent de subvenir aux
besoins des populations urbaines les plus pauvres soit en leur fournissant des vivres
soit en les accueillant au village ;
- Enfin l’agriculture familiale permet de garantir une assez bonne répartition des terres
cultivables entre les exploitations (prêt, location à faible coût,…)
Au regard des différentes raisons évoquées, et le poids économique et démographique des
exploitations il est nécessaire voire impératif de protéger et soutenir ce type d’agriculture en
Afrique et plus particulièrement dans le contexte Burkinabé. Dans la présente étude il s’agit
de faire un état des lieux de l’accompagnement technique et organisationnel offert aux EAF
pour produire plus durablement, tout en caractérisant les différents acteurs intervenant dans
cet accompagnement vers l’intensification durable.
Intensification durable
L’intensification durable : Elle désigne dans ce cadre de recherche, les concepts de l’agro-
écologie, de l’agriculture biologique, de l’agriculture de conservation, de l’agriculture
durable, et autres courants alternatifs au modèle de production dominant (agriculture
conventionnelle ou productiviste).
Tous ces concepts apparaissent tour à tour dans plusieurs documents stratégiques sur le futur
de l’agriculture en Afrique, depuis le document cadre Fara (Forum pour la recherche Agricole
24
en Afrique) sur la productivité agricole jusqu’au rapport d’Olivier de Schutter aux Nations
Unies sur l’agro-écologie.4
Accompagnement
L’accompagnement s’applique de manière générique à des contextes divers. D’une façon
générale, les pratiques d’accompagnement consistent à guider, appuyer, soutenir ou encore
aider. On y trouve également l’idée de suivi, d’assistance, d’information, de conseil, de «
guidance », qui suggère tout à la fois « une mise en relation dans une “temporalité-durée
constituant une forme de processus”, un cheminement commun variant en fonction des
dispositifs et modes d’accompagnement existants (Rapport d’étude de la CpCA, 2008) ;
l’existence de relations personnalisées, interactives, s’effectuant dans un rapport à l’autre
toujours complexe ; une démarche constituée d’un ensemble de comportements et de
conduites étayées par des savoirs théoriques et pratiques, constituant un type de
professionnalité » (Ardoino, 2000, p. 11-15). Dit autrement, il s’agit dans ce processus d’aide
de soutenir et de guider les individus de façon à ce qu’ils prennent conscience de la situation
dans laquelle ils se trouvent de manière à la faire évoluer dans un sens positif.
Une difficulté dans la définition de la notion réside dans le fait que le terme désigne à la fois
une démarche particulière, un ensemble de démarches et un processus global (Rapport d’étude
CPCA, 2008) :
On parle d’accompagnement pour désigner un ensemble de démarches particulières, par
exemple dans le cadre d’un dispositif. Il s’agit selon les pratiques de l’accompagnement de
besoins particuliers : « l’accompagnement à » (l’accompagnement à la création, au premier
emploi etc…) ; il peut s’agir de l’accompagnement de structure particulières
« l’accompagnement de » (l’accompagnement des associations d’un secteur particulier, etc.).
Comme un processus global, l’accompagnement désigne l’ensemble des démarches et des
acteurs qui interviennent en réponse aux besoins associatifs afin de soutenir les projets par
l’apport de compétences. Il s’agit ici de l’accompagnement pour les associations.
Enfin lorsque l’accompagnement est perçu comme une démarche, elle est considérée comme
impliquant un ou plusieurs accompagnateurs et une structure ou un porteur de projet et peut se
formaliser ainsi : manifestation d’une demande ; Identification des besoins (diagnostic plus ou
moins formalisé) ; construction d’une réponse adaptée (niveau d’intervention, nature des
ressources mobilisées, durée de l’intervention, suivi de l’impact). Dans ce contexte on parle
de l’accompagnement d’une association ou plan d’accompagnement.
Dans le cadre de ce travail on retient que l’accompagnement est un ensemble de démarches et
de processus d’intervention par des acteurs pour répondre aux besoins des EAF.
C’est dans cette optique que se situe cette recherche : on s’interroge sur les postures
d’accompagnement utilisées par les structures d’appui-conseil pour favoriser l’adoption de
pratiques plus écologiques. Quelles méthodes, compétences et connaissances sont utilisées
pour mieux prendre en compte les besoins et savoirs locaux des agriculteurs face aux enjeux
d’intensification durable ?
Agro-écologie (AE)
L’AE désigne à la fois une science, un ensemble de pratiques, et pour certains, un véritable
mouvement social.5
Parfois méconnue, l’agro-écologie existe depuis 1930, mais c’est à partir de 2011 avec le
rapport d’olivier de Shutter, rapport spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation
que ce courant est devenu plus connu du grand public.6
L’agro-écologie est un concept établi sur une agriculture qui respecte les éléments du milieu
naturel ou fonctionnalité de l’écosystème (eau, sol, etc.…) ainsi que l’interaction entre la
faune et la flore, il vise donc à minimiser l’impact de l’agriculture sur l’écosystème. Le
concept de l’agro-écologie a fait l’objet de débat dans sa définition ; il n’ya pas une définition
unique de l’agro-écologie. Les auteurs P. M. Stassart et al (2012), à travers leurs publications7
ont fait l’historique de cette définition et son évolution. Il ressort la distinction de trois
définitions.
Dans un premier temps, « L’agro-écologie est l’application de l’écologie à l’étude, la
conception et la gestion des agroécosystèmes durables » (Gliessman 1998). Cette définition
5 Quelques définitions allant de l’agriculture conventionnelle à des formes d’agricultures qui tendent vers une
prise en compte de l’écologie scientifique, Michel Griffon, Valentin Beauval, Alain Bourgeois, 2011, 6p. Relayé
sur le site web d’interréseaux
6 http://www.nouvelle-europe.eu/node/1617, consulté le 13 février 2013 7 L’agro-écologie : trajectoire et potentiel pour une transition vers des systèmes alimentaires durables
révèle une volonté de produire des savoirs et des techniques qui permettent de rendre
l’activité agricole plus durable.
Dans un second temps, le concept de l’agro-écologie s’intéresse aux systèmes alimentaires
par la construction de nouvelles connaissances : « L’agro-écologie est l’application de
l’écologie à l’étude, la conception et la gestion des systèmes agroalimentaires. Elle est par
définition une pratique interdisciplinaire qui implique une redéfinition des frontières
scientifiques et sociales, ce qui constitue un défi intellectuel majeur pour la recherche en
agronomie (Buttel 2003) » en écologie et en sciences sociales.
Troisièmement Wezel, Bellon et al. 2009 affirment que : « l’agro-écologie n’est définie ni
exclusivement par des disciplines scientifiques, ni exclusivement par des mouvements
sociaux, ni exclusivement par des pratiques ». Le concept d’agro-écologie pour se construire
doit prendre en compte le rapport entre sciences et sociétés. Les chercheurs qui s’intéressent à
ce domaine doivent s’imprégner et inclure les savoirs et pratiques locaux.
Ainsi Miguel Altieri pionnier de cette discipline régulièrement sollicité par le PNUE8 propose
en 1995 cette définition :
« L'agro-écologie est la science de la gestion des ressources naturelles au bénéfice des plus
démunis confronté à un environnement défavorable. Cette science, de nature biophysique
au sens large, porte ainsi sur l'accumulation de connaissances sur les fonctionnements des
écosystèmes. Elle conduit à la conception, à la création et à l'adaptation sous la forme
participative de systèmes de culture complexes productifs et par suite attractifs malgré un
milieu défavorable et malgré un recours très faible aux intrants ».
Les résultats de l’agro-écologie en tant que science sont repris par de nombreux mouvements
de défense des ruraux (organisations d’agriculteurs notamment) : ils n’impliquent pas
forcément une modification radicale des pratiques agricoles locales, mais plutôt une
optimisation des ressources et des compétences locales. L'agro-écologie joue aussi un rôle de
moteur social parce qu'elle exige la participation de la communauté et un échange horizontal
de paysan à paysan des méthodes de connaissance.9
8 Programme des Nations Unies pour l’Environnement.
9 Systèmes agricoles écologiquement efficaces pour les petits exploitants : contributions à la sécurité
alimentaire, mars 2011, 24 p. http://www.ruralforum.info/images/sesiones/sg2-fr-rapportconceptuel.pdf
27
Pierre Rabhi est un représentant de ce mouvement qui prône le respect des écosystèmes et
intègre les dimensions économiques, sociales et politiques de la vie humaine.10
Par la suite de plusieurs années d’expérience en France et ailleurs dans le monde Pierre Rabhi
affirme : « l’agro-écologie que nous avons expérimentée dès les années 1962 sur notre propre
ferme sur des sols rocailleux du sud de la France et à partir de 1981 en zone semi aride du
Burkina Faso a démontré, après des applications rigoureuses, sa performance et sa pertinence
comme alternative universelle validée en particulier par les paysans les plus démunis »11
Les principes de l’agro-écologie
L’agro-écologie offre un ensemble de principes applicables de façon universelle, mais qui
doivent être adaptés, par des méthodes de recherche participatives, aux caractéristiques
socioéconomiques et écologiques propres au tissu local, afin d’élaborer des technologies
agricoles appropriées (PNUE, 2005).12
Selon Altieri 2002, les principes clés de l’AE sont :
- Améliorer le renouvellement de la biomasse et optimiser la disponibilité des
nutriments et l’équilibre des flux de nutriments ;
- assurer des conditions des sols favorables pour la croissance de la plante,
particulièrement par la gestion de la matière organique, la couverture des sols et
l’amélioration de l’activité biologique des sols ;
- minimiser les pertes en énergie solaire, en air et en eau par la gestion du microclimat,
la récupération des eaux et la gestion du sol, à travers une augmentation de la
couverture des sols ;
- promouvoir la diversification génétique et des espèces de l’agro écosystème dans le
temps et dans l’espace ;
- valoriser les interactions biologiques bénéfiques et les synergies entre des éléments
issus de la biodiversité, pour mettre en avant les processus et les services écologiques
clés.
10 Communiqué de presse de l ’ I SI S en date du 05/12/2009 sur le site www. i -si s. org. uk/MTBNTC. Php 11 « L’offrande au crépuscule » chez l’harmattan qui décrit et justifie cette expérience – prix en 1989 du
Ministère de l’Agriculture Français.
12 PNUE. 2005. Agroecology and the search for a truly sustainable agriculture. Mexico DF, Programme des
Nations Unies pour l’Environnement (PNUE)
28
Intensification écologique
L’expression « intensification écologique » peut apparaitre comme un oxymore.13
Le terme
« intensification » renvoie le plus souvent à un usage plus important d’intrants et d’énergie
fossile causes de la dégradation de l’environnement. A l’échelle régionale, l’intensification
représente tout changement de pratiques visant l’accroissement du revenu agricole régional,
en particulier pour répondre aux besoins d’une population rurale croissante (Boserup, 1997 ;
Lele et Stone, 1990). Alors que le mot « écologique » est plutôt lié à l’objectif de le préserver
(Vall E. et al., 2012).
D’après Tirel (1987), « la notion d’intensification n’a de sens que rapportée à un facteur de
production. Un facteur est exploité de façon intensive lorsqu’on combine a une quantité
donnée doses importantes à d’autres facteurs »
Bonnieux (1986) définit l’intensification, d’un point de vue économique, comme la
modification dans le temps du rapport : engrais/terres (hectare), capital/terres ; main-
d’œuvre/terres. Couty (1991), inspiré de la littérature de Len et Stone par une analyse
économique abonde dans le même sens pour la définition de l’intensification. Pour ces auteurs
le facteur limitant est la terre, alors il faut l’emploi de la fumure organique ou minérale pour
reconstituer la fertilité des sols, substitution du capital au travail ou bien passage des cultures
plus rémunératrices pour améliorer la production du travail.
L’IE est un processus qui est censé aboutir à un état, une agriculture écologiquement intensive
(Vall E. et al 2012). Selon Casman (2008), « l’intensification écologique est un processus qui
accroit l’augmentation des rendements tout en réduisant l’empreinte écologique de
l’agriculture ». Une spécificité du concept tient a l’utilisation des processus écosystémiques :
« L’agriculture doit s’appuyer sur les processus et les fonctionnalités écologiques qui
permettent de lutter contre les bioagresseurs, de réduire les nuisances, de mieux
valoriser les ressources rares, comme l’eau, ou encore d’améliorer les services écologiques
(stockage du carbone, diversité biologique, prévention des catastrophes dites naturelles) :
- En 1982 un premier projet introduit des camions pour faciliter le transport des cailloux
afin d’alléger le travail des paysans, c’est le projet d’exécution de développement
intégré qui démarre a Kaya.
- En 1988 on a le démarrage de deux grands projets de gestion des ressources naturelles
qui sont le PATECORE (projet d’Aménagement des terroirs et conservation des
ressources dans le plateau central) financé par la GTZ à Kongoussi et le programme
spécial CES/AGF (conservation de l’eau et des sols et Agroforesterie dans le plateau
central) financé par le FIDA.
La présentation du chemin déjà parcouru en matière d’agriculture durable nous fournit des
éclairages sur les enjeux de durabilité qui se posent à cette agriculture. En outre elle nous
confirme que des techniques telles que le Zaï, les demi-lunes, diguettes en terres etc.)
promues encore aujourd’hui étaient des techniques déjà utilisées dans les années 60.
II- INTRODUCTION DE L’AGROECOLOGIE
Initiateur du Mouvement Colibris16
, reconnu expert international pour la lutte contre la
désertification, Pierre Rabhi est l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France.
Auteur, philosophe et conférencier, il appelle à « l'insurrection des consciences pour fédérer
ce que l'humanité a de meilleur et cesser de faire de notre planète-paradis un enfer de
souffrances et de destructions »17
.
Dès 1978 Pierre Rabhi est chargé de formation à l'agro-écologie par le CEFRA (Centre
d'études et de formations rurales appliquées).18
A partir de 1981 Pierre Rabhi commence à transmettre son expérience agroécologique et met
au point divers programmes de formation en France, en Europe et en Afrique.19
Dans les années 70, on assiste à une fragilisation écologique et climatique du Burkina Faso
due notamment aux sécheresses qui ont affecté l’ensemble de la bande sahélienne. Cela s’est
16 Initialement appelé Mouvement pour la Terre et l'Humanisme, Colibris tire son nom d’une légende
amérindienne, racontée par Pierre rabhi 17 (http://www.colibris-lemouvement.org/colibris/aux-origines-du-mouvement/pierre-rabhi) 18 http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Rabhi
techniques économes en eau sont également développées (par exemple la planche à économie
d’eau) ; des traitement phytosanitaires naturels sont mis au point (utilisation du Neem).
Pierre Rabhi fonde en 1985, en collaboration avec une compagnie aérienne associative
appelée le Point Mulhouse qui a développé une structure hôtelière à Gorom-Gorom, le
premier Centre africain de Formation à l’Agro-écologie en zone sahélienne (au Nord du
Burkina). Il forme des paysans et techniciens agricoles entre 1985 et 1988 et accueille des
touristes pour les sensibiliser aux problèmes auxquels sont confrontées les populations
locales. En avril 1988, face aux difficultés économiques de Point Mulhouse et à un
changement de régime politique au Burkina, le centre de formation de Gorom Gorom a cessé
son activité. L’expérience de Gorom Gorom a cependant instauré une nouvelle dynamique
dans l’ensemble du pays, au-delà de la région du sahel.
On assiste à une diffusion de l’agro-écologie dans le centre, le nord, et un peu dans la partie
Est et Centre-ouest notamment dans la province du Boulkièmde grâce aux activités de
nouvelles structures spécialisées dans l’agro-écologie, créées par les anciens élèves de Pierre
Rahbi (près de 900 personnes ont pu être formées). Les structures suivantes AGED
(Association pour la Gestion de l’Environnement et le développement), AVAPAS
(Association pour la Vulgarisation et l’Appui aux Producteurs Agro-écologistes) et
ADTAE(Association pour le Développement des Techniques et Pratiques Agroécologiques),
ALED (Association les Enfants de Demain) ; ont été soutenues par l’ONG Terre humanisme.
Parmi ces structures la plus importante est l’AVAPAS à Kamboincé qui, a commencé à
exercer à partir de 1989, mais reconnu officiellement en 1991 comme ONG. Puis l’ADTAE, à
Kokologo a été créée en 1990 et enfin l’AGED à Ouagadougou, qui a vu ses membres
débuter des activités agroécologiques après la fermeture du centre de Gorom Gorom (au
39
sahel), mais s’est réellement structuré en association en 2001. Comme le témoigne le
Président actuel de AVAPAS : « l’histoire de AVAPAS, c’est l’histoire de l’agro-écologie au
Burkina Faso, en 1984 j’ai connu Pierre Rabhi venu sur l’invitation de notre ministère et on
lui a dit va voir Sylvain Koro, car j’étais un carrefour (formateur), mes élèves et moi ont été
les privilégiés de l’AE au Burkina par l’enseignement fourni par P.Rahbi. Il faut dire j’ai
participé à la formation en agro-écologie au centre de GoromGorom ».
A ces trois associations "historiques" s’ajoute désormais l’AIDMR (Association Interzone
pour le Développement en Milieu Rural) crée en 1993 qui dispose d’une structure d’accueil et
de formation et enfin récemment l’APAD (Association pour la Promotion d'une Agriculture
Durable) en 2011. Depuis 2005, l’association française Terre et Humanisme leur apporte
appui et accompagnement. Cette association a été créée par un collectif engagé dans la
diffusion de l’agro-écologie au Burkina et dans d’autres pays au Nord et au Sud. L’ADTAE,
l’AGED, l’AIDMR et l’AVAPAS sont restés les principaux partenaires de Terre &
Humanisme qui accompagne techniquement et financièrement leurs programmes d’activités et
leur autonomisation.
Ces quatre associations développent, chacune dans leurs zones d’intervention, des
programmes visant à accompagner les paysannes et les paysans vers leur autonomie
alimentaire. Pour cela, elles sensibilisent et forment les villageois aux pratiques
agroécologiques, à la régénération des terroirs, à la protection de la biodiversité, à
l’amélioration des productions céréalières et à la création de périmètres maraîchers.
Terre & Humanisme accompagne également plusieurs initiatives burkinabés et œuvrent pour
l’émergence d’un réseau informel des acteurs de l’agro-écologie par :
l’accompagnement à la mise en place de formations transversales aux structures d’où
l’exemple de la formation de paysans endogènes sur les techniques agroécologiques ;
l’organisation de rencontres nationales et sous-régionales ; l’animation de réseau et le
partage d’informations ; cas de l’atelier tenu sur la mise en réseau et du partage
d’information sur la sauvegarde des variétés traditionnelles tenu à Ziniaré (Burkina
Faso).
C’est dans cette optique que l’association Terre & Humanisme mène des actions à l’échelle
nationale du Burkina Faso en relation avec ces différents partenaires. Par exemple, en 2011,
une formation a été organisée pour renforcer la mise en place d’un corps d’animateurs et de
40
formateurs en agro-écologie au Burkina Faso, formation hébergée au centre de AIDMIR à
Beta (Ziniaré). Au cours de cette même année un séminaire sur l’autonomie semencière et la
sauvegarde des variétés traditionnelles a été organisé au centre de l’AIDMIR dans le village
de Betta (département de Ziniaré / province de l’Oubritenga).
…Tentative de mise en place d’un réseau de praticiens de l’agroécologique au plan
national
Au Burkina Faso, l'idée de la mise en place d'une concertation des organisations non
gouvernementales sur l'agro-écologie a émergé en 1993 où la création d'un réseau de soutien à
l'agro-écologie avait été envisagée à l’initiative des partenaires du Nord comme Terre
humanisme partenaire historique de l’agro-écologie au Burkina. Ces premières démarches
avaient aussi bien impliqué quelques partenaires du Nord comme Pain Pour Le Monde, Terre
humanisme et du Sud comme le CEAS (Centre Ecologique Albert Schweitzer), l'ADTAE.
Plusieurs rencontres furent organisées jusqu'en 1994 où pour la première fois il a été envisagé
de recenser toutes les organisations au Burkina Faso pour l'identification des potentialités et
besoins dans le cadre de la promotion de l'agro-écologie. En 1994, à la rencontre tenue à
Kokologho, il a été décidé de la mise sur pied d'une cellule de réflexion sur l'agro-écologie
composée de VOISINS MONDIAUX , ADTAE, CEAS, qui a joué le rôle de noyau chargé
d'initier des actions entrant dans la mise en place d'un réseau de partenaires sur l'agro-écologie
au Burkina Faso. Dès sa naissance, la cellule de réflexion entreprit une large diffusion de
l'idée en essayant dans un premier temps d'identifier les organisations intervenant dans l'agro-
écologie et d'organiser des rencontres d'information et de partage de la vision.
L’agro-ecologie en 10 points selon P. Rabhi :
- un travail du sol qui ne bouleverse pas sa structure
- une fertilisation organique
- des traitements phytosanitaires aussi naturels que possibles
- le choix judicieux des variétés les mieux adaptées
- eau : économies et usage optimum
- le recours à l’énergie la plus équilibrée, d’origine mécanique ou animale
- des travaux antiérosifs de surface
- la construction des haies vives
- le reboisement des surfaces disponibles et dénudées
- la réhabilitation des savoir-faire traditionnels conforme à une gestion
écologique du milieu
41
L’existence d’une diversité d’acceptation des principes de l’agro-écologie, plus ou moins
teintées d’opinions politiques, a constitué un frein à la mise en réseau de tous les acteurs. Il
semblerait que ce courant ait été soutenu par le régime de la révolution (période de Sankara),
qui voulait faire de l’agro-écologie sa politique de développement, avec l’accent mis sur les
circuits courts, la nécessité de produire à partir des ressources locales disponibles. Lorsque ce
régime pris fin en 1987, ces dimensions socio-organisationnelles de l’agro-écologie n’ont
plus été mises en avant. Cela a conduit à la création d’un « cadre de concertation » où toutes
les sensibilités pourraient se retrouver pour échanger leurs expériences en matière de
techniques et pratiques agroécologiques.
Ce cadre de concertation organise très périodiquement des rencontres d’échanges et sur les
différentes activités de ses membres, l’organisation de séminaires de formations et
l’organisation de formations au profit des groupements paysans.
III- L’agriculture biologique
Selon les lignes directrices du codex (1999), l'agriculture biologique doit contribuer aux
objectifs suivants : augmenter la diversité biologique dans l'ensemble du système ; - maintenir
la fertilité des sols à long terme; - recycler les déchets d'origine végétale et animale afin de
restituer les éléments nutritifs à la terre, réduisant ainsi le plus possible l'utilisation des
ressources non renouvelables.
L'agriculture biologique est née d'une série de réflexions basées sur plusieurs méthodes de
production agricoles alternatives au début du 20ieme siècle en Europe du nord. Selon Agridoc
(2003), la fin des années 60 et 70, correspond à l'émergence d'une prise de conscience de la
filière. De nouvelles associations se créent, regroupant producteurs, consommateurs et
d'autres personnes intéressées par l'écologie et par une vie étroitement liée à la nature. Ces
organismes développent leurs propres cahiers de charges avec les règles de production à
respecter. L'agrobiologie prend toutefois véritablement son essor au cours des années 80,
puisque ce nouveau mode de production continue de se développer non seulement en Europe,
mais aussi à travers le monde entier.
L’agriculture biologique au Burkina Faso se pratique pour des spéculations comme le sésame,
le coton, le beurre de karité, etc. Cas constaté avec l’UNPCB (Union Nationale des
Producteurs du Coton au Burkina) qui à partir des champs de coton bio commercialise les
produits du karité et des produits issus de la rotation des cultures sous l’étiquette biologique.
42
L’agriculture biologique est l’œuvre des ONG. Ici encore l’implication de l’Etat ou son
absence fait défaut et laisse à des interrogations sur ses motivations et ses intentions en
matière d’agriculture biologique. Les paysans qui pratiquent ce courant agricole sont encadrés
par des ONG qui leur dispensent les paquets technologiques sur les pratiques.
IV- L’agriculture de conservation
L’agriculture de conservation - Semis sans labour, techniques culturales simplifiées – est une
dynamique socio-technique qui s’est développée depuis plusieurs années dans une perspective
de transition à moyen et long terme mais dont les liens avec l'agro-écologie restent à clarifier
(notamment au regard de l’usage des herbicides). Son intérêt réside surtout dans, le fait
qu’elle permettrait de la confronter à d’autres modèles de transition (notamment l’agriculture
biologique) dans un contexte de grandes cultures (Fleury, Chazoule et al. 2011). Les activités
de l’ACT (ONG internationale ayant son siège basé au kenya) au Burkina Faso ont débuté en
2004. L’ONG intervient sur le terrain à travers des projets et programmes qui portent
particulièrement sur l’agriculture de conservation dans le but d’améliorer les conditions de vie
des ménages. Il s’agit entre autres du projet Aggradation de la fertilité des sols dont
l’intervention est basée sur la promotion des techniques de l’agriculture de conservation afin
de réduire la vulnérabilité des petits producteurs dans les zones semi-arides.
L’ONG intervient également dans l’accompagnement des paysans (formation),
l’accompagnement des institutions privées (ONG, association) et publics dans le domaine de
l’agriculture.
43
CHAPITRE III :
RESULTATS
I- CARACTERISATION DES STRUCTURES D’ACCOMPAGNEMENT
I-1- Panorama des différents types de structures d’appui-
conseil dans le domaine de l’intensification durable
Les structures ou acteurs intervenant dans l’accompagnement des Exploitations Agricoles
Familiales (EAF) vers l’intensification durable sont de différents types. Selon leurs statuts ils
peuvent être classés en 5 (cinq) types qui sont : les Associations, les Organisations Non
Gouvernementales (ONG), les Bureaux d’Etudes, les Organisations Paysannes (OP) et
Services de l’Etat. En fonction de leurs statuts et l’orientation dominante de leurs activités
affichée dans leurs plaquettes et documents de communication, on peut les différencier et les
classer en 5 (cinq) types
Type de structure Orientations dominantes
Actions relevant de l’intensification durable et justifications Date de création
ONG, associations
Appui à la
produc- tion
agricole
ODE Promotion des « bonnes pratiques culturales » pour un développement durable
1972
Ocades Appui technique à l’activité agricole, pour contribuer au développement des communautés les plus démunies
1998
APA Mise en place de la culture de coton bio
ADTAE Promotion des techniques agroécologiques
Protec-tion de
l’environ-nement
et gestion durable des RN
Terre Verte
Mise en place de périmètres bocagers pour lutter contre la dégradation de l’environnement et développement de l’élevage écologique
1989
SOS Sahel
Promotion de techniques de conservation des eaux et des sols pour la sécurité alimentaire et la résilience face aux aléas climatiques
1982
CISV lutte contre la désertification et développement rural 1980
SNV
Appui aux organisations paysannes pour renforcer leurs compétences ; Promouvoir la sécurité alimentaire
1970
UNPS lutte pour la sécurité alimentaire 2004
AGED Récupération des terres, gestion des ressources naturelles(RN), gestion non violentes des conflits liés au RN, Appui aux ménages
2001
ACT Promotion de l’agriculture de conservation et de bonnes pratiques agricoles pour améliorer les conditions de vie des ménages
2008
Tableau 1 : Panorama des types de structure accompagnant le développement d’une agriculture plus écologique et/ou
plus durable et registres de justification de leurs activités
44
Dévelop-pement
économi-que
social et solidaire
CEAS Promotion de pratiques agro-écologiques, de bio-pesticides Apport de solutions alternatives à la dégradation de l'environnement et la réduction de la pauvreté par la promotion de petits acteurs économiques locaux
1981
Autre Terre
Appuis techniques et financiers à des programmes d’expérimentation de l’agro-écologie
1980
Autono-mie des paysans
et renforce-ment de capacités
ARFA, APAD
Promotion de l’agro-écologie via la formation, la valorisation des savoir-faire, des savoirs locaux
1991
Diobass Renforcer les capacités d’analyse et d’organisation des paysans et promotion du développement local par l’appui à la recherche action paysanne
1990
Angakalanke
Renforcer les capacités des producteurs / Instruire les paysans dans le domaine agricole
2000
Inades-forma-
tion
Appui à la gestion durable des ressources naturelles et amélioration de la productivité de l’agriculture familiale ; Appui au développement durable choisi par les paysans et paysannes pour la prise en charge de leur destin, via la méthode « d’accompagnement des dynamiques organisationnelles paysannes »
1990
afrique verte / aprossa
Renforcer les capacités des réseaux d’organisations agricoles / analyse de l’évolution du prix des céréales locales au Burkina
1990
RMARP Gestion durable des eaux et des sols via l’appui à la planification participative et la formation
1998
Organisations paysannes (coopératives et associatives)
Appui à la production agricole et commercialisation
UNPCB Mise en place d’une filière coton bio, pour appuyer les femmes productrices qui n’ont pas accès aux intrants
2010
UGCPA Identification participative de pratiques agro-environnementales à appuyer et d’un dispositif de conseil pour renforcer l’autonomie des producteurs
2002
Entreprises privées agro-alimentaires
Saphyto Vente de produits phytosanitaires biologiques
Sofitex Mise en place d’un réseau de conseillers pour améliorer l’usage des intrants et la gestion de la fertilité des sols, afin de maintenir les rendements coton
Bureaux d’étude et de conseil (privés)
CORADE Formation, conseil 2005
ACFED Appui à la mise en place de filières équitables et durables par le conseil de gestion ;
NAFASO renforcement des capacités des producteurs pour la production, commercialisation et diffusion de semences
2008
Services publics
Chambres d’agriculture
Mise en place d’un réseau de conseillers pour la diffusion de techniques de production plus durables
2001
Recherche : INERA
Identification et expérimentation de techniques agro-écologiques ; élaboration de mode de gestion raisonné des intrants, de lutte intégrée
élaboration de mode de gestion raisonné des intrants, de lutte intégrée contre les ravageurs, de maintien de la fertilité des sols ..
Source : Auteur (enquête terrain)
45
On constate que sous des orientations thématiques différentes affichées (appui à la production
agricole, protection de l’environnement, etc.), le renforcement de capacité des paysans et de
leurs organisations est une activité prépondérante qui parait indispensable pour le passage à
une agriculture plus intensive et plus durable. Elle est même souvent affichée comme objectif
principal pour les structures les plus récentes, ce qui témoigne d’une évolution de la
compréhension des facteurs de durabilité de l’agriculture, plus seulement orientés autour des
techniques mais aussi de l’humain.
I-2- Les structures qui représentent les principaux courants
alternatifs
Afin d’analyser plus en détail les activités et modalités d’accompagnement de différentes
structures pré-identifiées, nous avons retenu un ensemble de structures représentatives des
vis-à-vis de la problématique de l’intensification écologique, c’est ainsi que nous avons :
- celles qui prônent l’agro-écologie comme modèle de développement,
- celles qui se concentrent sur la promotion de techniques agricoles relevant de
l’agriculture de conservation,
- celles qui appuient la mise en place de l’agriculture bio au sein de filières existantes,
- celles qui rattachent l’ensemble de leurs activités sous l’étiquette « agriculture
durable »,
- celles qui se sont spécialisées dans la formation (le conseil, le renforcement de
28- Quelles sont les actions à menées pour promouvoir ce modèle agricole selon vous ?
29- Votre structure est –elle membre d’un réseau ?
Si oui :
Nom
du
réseau
Structures
adhérents
Date de
création
Objectifs
poursuivis
Activités
menées
Messages
échangés
et thèmes
abordés
Moyen
de
diffusion
des
messages
Fréquences
des
réunions
Si non, pourquoi ?
Désignation Réponses
Pas d’intérêt
Aucune information
Il n’en existe dans votre domaine
96
30- Votre structure est elle intéressée par la mise en place d’un réseau en lien avec le courant
dans lequel vous adhérez ?
97
Annexe n°2 : Caractéristiques des différentes des zones (Source ASAP / Cirad)
- Zone sahélienne (C1)
Cette zone et se caractérise par une faible pluviométrie. Elle appartient d’un point de vue climatique
au domaine sahélien. Sa végétation est dominée par les steppes arborées et arbustives et les fourrés
tigrés. Les sols, par ordre d’importance spatiale décroissante, sont les sols halomorphes à structure
dégradée, les sols peu évolués d’érosion sur matériaux gravillonnaire, les sols ferrugineux tropicaux et
les sols bruns eutrophes sur matériaux argileux et seul ces derniers surtout représentés dans la province
du Séno ont une potentialité agricole élevée. Sur une échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel
agricole de cette zone à 1
- Zone Centre Nord (C2)
Dans l’ensemble, la pluviométrie est légèrement plus élevée que celle de la zone sahélienne. La partie
nord de cette zone appartient d’un point de vue climatique au domaine sahélien et la partie sud au
domaine soudano-sahélien. Sa végétation est dominée par les savanes arbustives. Les sols, par ordre
d’importance spatiale décroissante, sont les sols peu évolués d’érosion sur matériau gravillonnaire, les
ferrugineux tropicaux et les sols hydromorphes minéraux à pseudogley. La potentialité agronomique
de ces deux derniers est moyenne (excès d’eau temporaires dans les sols hydromorphes). Sur une
échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole de cette zone à 2 (pluviométrie moins
contraignante). Cette zone se caractérise par une densité de population très élevée, une emprise
agricole élevée.
- Zone ouest (C3)
Cette zone se caractérise par une pluviométrie plus favorable. La partie nord appartient d’un point de
vue climatique au domaine soudano-sahélienne et la partie sud au domaine soudanien. Sa végétation
est dominée au nord par des savanes boisées et arborées et au sud par des savanes boisées et des forêts
claires. Les sols se divisent en deux ensembles partagés par une diagonale orientée nord-est/sud ouest
passant par la ville de Bobo-Dioulasso. A l’est de cette ligne les sols, par ordre d’importance spatiale
décroissante, sont les sols ferrugineux tropicaux, les sols bruns eutrophes et les sols peu évolués
d’érosion sur matériaux gravillonnaire. Sur une échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole
de cette zone à 4 (en raison d’une pluviométrie plus favorable pour la partie sud-est et pour la qualité
des sols dans la partie nord-ouest).
- Zone Extrême Ouest (C4)
Cette zone se caractérise par une pluviométrie encore plus favorable, que la précédente. Elle
appartient d’un point de vue climatique au domaine soudanien. Sa végétation est dominée par les
savanes boisées et les forêts claires, avec des ilots de forêts denses sèches. Les sols, par ordre
98
d’importance spatiale décroissante, sont les sols ferrugineux tropicaux, les sols hydromorphes
minéraux à pseudogley, les sols ferralitiques, les sols peu évolués d’érosion sur matériau
gravillonnaire, les sols bruns eutrophes. Les sols ont plutôt un bon potentiel agricole. ). Sur une
échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole de cette zone à 5 (pluviométrie favorable, sols
ayant un bon potentiel agronomique
- Zone Extrême Sud (C5)
Cette zone se caractérise par une pluviométrie très favorable. Elle appartient d’un point de vue
climatique à la zone soudanienne. Sa végétation est dominée par les savanes boisées et les forêts
claires, avec des ilots de forêts denses sèches. Les sols, par ordre d’importance spatiale décroissante,
sont les sols ferrugineux tropicaux, les sols bruns eutrophes et les sols feralitiques. Les sols ont plutôt
un bon potentiel agricole. Sur une échelle de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole de cette zone à 5
(pluviométrie favorable, sols ayant un bon potentiel agronomique).
- Zone Centre Est (C6)
La partie sud de la zone est bien arrosée, en revanche dans la partie nord les pluies sont plus aléatoires.
La partie nord de cette zone appartient d’un point de vue climatique au domaine soudano-sahélien et la
partie sud au domaine soudanien. Sa végétation est dominée au nord par des savanes arbustives et au
sud par des savanes boisées et arborées. Les sols, par ordre d’importance spatiale décroissante, sont les
sols ferrugineux tropicaux, les vertisols, les sols peu évolués d’érosion sur matériau et les sols
halomorphes à structure dégradée. Le potentiel agricole de ces sols est moyen à bon. Sur une échelle
de 1 à 5 nous estimons le potentiel agricole de cette zone à 4 (pluviométrie assez favorable, sols ayant
un assez bon potentiel agronomique).
- Zone Est (C7)
Cette zone se caractérise par une pluviométrie moyenne. Elle appartient d’un point de vue climatique
au domaine soudanien. Sa végétation est dominée au nord par des savanes arbustives et au sud par des
savanes boisées et arborées. Les sols, par ordre d’importance spatiale décroissante, sont les sols peu
évolués d’érosion sur matériau, les sols ferrugineux tropicaux, les sols hydromorphes minéraux à
pseudogley, les vertisols et les sols bruns eutrophes. Sur une échelle de 1 à 5 nous estimons le
potentiel agricole de cette zone à 3 (pluviométrie moyennement favorable, sols ayant un assez bon
potentiel agronomique)
.
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structure statut JUSTIFICATIONS de leurs actions en lien
avec l’intensif durable
Date de
création
Date du début
des activités
relevant de
l'ID
Position par rapport à
l’ID
Terre verte ONG la sauvegarde de l'environnement dans l'agriculture
sahélienne au Burkina Faso.
1989 1990
agroécologie
AVAPAS Association Faire de l’homme l’artisan de son propre développement en tant que concepteur acteur bénéficiaire, valorisation de
l’homme : intellectuel, technique, culturel beaucoup sur les savoir locaux autochtones) ; Contribuer à l’autosuffisance
alimentaire et la lutte contre la pauvreté au BF.
1991 1991
autre terre ONG Amélioration de la qualité de vie des populations locales visées dans le domaine de l’agroécologie et de
l’assainissement en milieu urbain; Développement, promotion et échange de valeurs et de pratiques relevant de
l’économie sociale et solidaire au Nord et au Sud
1980 1980
CEAS Association Apport de solution alternatives à la dégradation de l'environnement / la réduction de la pauvreté par la
promotion de petits acteurs économiques locaux
1981 1987
DIOBASS
Association Contribution au renforcement des mouvements paysans en renforçant leurs capacités d’analyse et d’organisation en vue
de mener des actions endogènes, répondant à leurs préoccupations ; promotion du développement local par
l’appui à la recherche action paysanne ; Défense des intérêts de nos membres, de l’Agriculture familiale.
1990 1990
AGED ONG Accompagner le processus de structuration et de développement des populations rurales qui valorise leurs
savoirs et savoir-faire; influencer les décisions politiques et économique dans le pays en matière de gestion des
ressources naturelles visant à améliorer de façon significative le niveau de vie des populations rurales; Stimuler la
promotion économique sociale et culturelle des populations rurales à travers leur participation libre et responsable au
processus de transformation qualitative de leur environnement; assurer l'action humanitaire dans les zones
vulnérables
2001 2001
Annexe 3 : structures identifiées, et leurs missions et orientations dominantes.
100
OCADES ONG contribuer au développement humain intégral des communauté les plus démunies et les plus défavorisées du
Burkina Faso
1998 2004 Agriculture durable
ODE ONG Promouvoir un développement durable avec les communautés de base en veillant à plus d'équité pour les groupes vulnérables; œuvrer au niveau local, national et
international pour la restauration de la dignité humaine à travers des actions de plaidoyer pour la promotion des droits
humains et de la démocratie
1972 2002
RMARP ONG renforcement des capacités sur les approches participatives ;
Mise en œuvre de projet participatif
1998 2004
SOS Sahel ONG cultiver l'esprit de solidarité national et international au
profit des populations défavorisées
1982 1984
programme coton
bio de l'UNPCB
Organisation
paysanne Défenses des intérêts des producteurs 1998 2004 Agriculture Biologique
ACT ONG Gestion durable des ressources naturelle (agriculture de
conservation), améliorer les conditions de vie des ménages
Au BF 2008 1998 Agriculture de
Conservation
INERA Institut de
recherche la formulat ion, l’exécution et la coordinat ion des recherches
environnementales et agricoles au Burkina.
CORADE Bureaux
d'étude
Emergence d’un label de qualité dans l’offre de services d’accompagnement des actions développement et dans l’offre de services dans les secteurs de l’agriculture, de la
gestion des ressources naturelles et de l’artisanat 2004 2002
Formation
Angakalanke Association Instruire et former les paysans