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EPREUVE DANALYSE DUNE SITUATION PROFESSIONNELLE OPTION LETTRES
MODERNES OPTION LITTERATURE ET LANGUE FRANAISES Rapport prsent par
Miguel Degoulet
Lpreuve dAnalyse dune situation professionnelle (ASP) fait
partie des oraux dadmission du concours rnov du CAPES/CAFEP de
Lettres, session 2014. Littrature et langue franaises (LLF) est
lune des options possibles au mme titre que les suivantes : Latin
pour lettres modernes, Franais langue trangre et Franais langue
seconde, Thtre ou Cinma.
Ce rapport est fond sur les propositions des diffrentes
commissions1 au regard des prestations entendues pendant cette
session, permettant aux futurs candidats dtre mieux mme dapprcier
les enjeux de cette preuve et de sy prparer.
I. Une preuve nouvelle
a. De lpreuve sur dossier lAnalyse dune situation
professionnelle La session 2014 exceptionnelle a amen les candidats
prsenter pour la dernire
fois lpreuve sur dossier. Il sagissait alors de prendre appui
sur des pages de manuels ou des documents professionnels. Dans la
plupart des cas, les lments proposs taient dj didactiss par des
auteurs de manuels ou des professeurs par des notes, chapeaux
introductifs, questionnaires, mises au point dhistoire littraire ou
culturelle, par exemple. Il sagissait dapprcier le questionnement
didactique et les contenus scientifiques accompagnant des supports
littraires ou grammaticaux.
La nouvelle preuve dASP est dfinie par un arrt du 19 avril 2013
publi au Journal officiel du 27 avril 20132 :
Lpreuve consiste laborer, pour un niveau donn, un projet de
squence denseignement assorti du dveloppement dune sance de cours,
partir dun dossier propos par le jury et compos dun ou de plusieurs
textes littraires ou de documents divers (reproductions duvres
dart, travaux de mises en scne, extraits de films, documents pour
la classe, articles....). Cette proposition du candidat sert de
point de dpart un entretien danalyse de situation
professionnelle.
Le rapport de jury de la session 2014 exceptionnelle souligne la
parent vidente entre les deux preuves :
Lenjeu de lenseignement des lettres dans le secondaire, en
termes de contenus disciplinaires, de rflexion pdagogique et
didactique, restera au cur de lanalyse dune situation
professionnelle. On attendra toujours de la part des candidats une
volont de manifester des aptitudes lexercice dun art de la parole,
permettant dvaluer des capacits danalyse, de synthse, de rigueur,
allies une clart de lexpression et des qualits certaines de
communication 3.
1 Nous tenons les remercier, ainsi que leurs Prsident(e)s pour
labondante documentation quils nous ont fournie. 2 Consultable sur
www.legifrance.gouv.fr :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000027361553&dateTexte=&categorieLien=id
Cest cet arrt que nous renvoyons ensuite. 3 Rapport prsent par
Philippe Bastard-Rosset. Tous les rapports du jury voqus sont
disponibles en ligne
:http://www.education.gouv.fr/cid4927/sujets-des-epreuves-d-admissibilite-et-rapports-des-jurys.html
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Ainsi, lon observe que, si les supports et les modalits ont volu
en profondeur, les finalits restent les mmes que pour lancienne
preuve sur dossier. La lecture des rapports de jury des annes
antrieures est donc toujours conseille et les candidats les plus
aviss sauront en faire leur miel.
Le jury prsente maintenant des dossiers comprenant
essentiellement des textes littraires dpourvus autant que possible
de tout appareillage didactique. Les chapeaux introductifs et les
notes ont t conservs seulement sils taient jugs indispensables
lexploitation des textes, ce qui a t trs rare.
Ce changement de supports change-t-il en profondeur la nature de
lpreuve ? Au terme de cette premire session, la rponse est
clairement oui. Le rapport entre le candidat et le texte littraire
est plus direct : cela permet aux bons candidats de faire la
dmonstration de leurs qualits danalyse et de leurs savoirs
littraires et culturels (ce quils prouvaient dj dans lpreuve sur
dossier), mais cest aussi une preuve discriminante pour ceux qui
ont peu lu et qui nont pas frquent assez profondment les uvres
littraires.
Les dossiers comprennent plusieurs textes qui forment un corpus
(sur cette notion, voir infra II. b). Les plus belles pages de la
Littrature franaise ont t proposes, cest--dire celles qui
appartiennent au patrimoine et qui sont rputes connues des
candidats au concours. Ces derniers doivent donc matriser les
textes dauteurs comme Corneille, Racine, La Fontaine, Diderot,
Voltaire, Hugo, Baudelaire, Flaubert ou encore Proust, pour ne
citer queux, revenus plusieurs fois dans les dossiers. Le jury
attend galement une ouverture la cration littraire contemporaine et
le candidat doit par consquent tre attentif lactualit culturelle.
On ne saurait alors tre tonn davoir lire dans un corpus un texte de
Michel Vinaver, Jean Echenoz ou Marie NDiaye.
b. Le droulement de lpreuve Les modalits de passage de lpreuve
dASP sont fixes par larrt publi au Journal
officiel. Les candidats disposent de trois heures de prparation
pour une preuve qui dure une heure face au jury et dont le
coefficient est 2.
Le candidat reoit un dossier avec une page initiale qui
rpertorie les textes et les documents complmentaires proposs, ainsi
que le libell dun sujet qui cerne le cadre didactique de leur
exploitation (un niveau denseignement et un objet dtude). Les
autres pages reproduisent textes et documents. Il est prcis sur la
page initiale quils peuvent tre annots.
ANALYSE DUNE SITUATION PROFESSIONNELLE : LITTERATURE ET LANGUE
FRANAISES
Nom et prnom du candidat : Commission n
1) Documents analyser (ces documents peuvent tre annots) :
Textes :
Texte%1%%Denis%Diderot,%Jacques(le(fataliste(et(son(matre,%1796%(publication%posthume)%Texte
2 Marguerite Duras, LAmour, 1971 Texte 3 Sylvie Germain, Magnus,
2005
Texte%4%%Eric%Chevillard,%Dino(Egger,%2011%%2)%Documents%complmentaires%:%Document%1%%Francis%Bacon,%Autoportrait,%1973%Document%2%%Alain%RobbeJGrillet,%Pour(un(nouveau(roman,%1963%
Le Signature du candidat :
Sujet : Dans le cadre de lenseignement du franais en classe de
premire et plus particulirement de lobjet dtude Le personnage de
roman, du XVIIe sicle nos jours , vous analyserez le corpus propos.
Vous prciserez les modalits de son exploitation sous la forme dun
projet de squence assorti du dveloppement dune sance de cours.
Cette squence comportera obligatoirement une sance dtude de la
langue.
Exemple de page initiale
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Loral a lieu devant un jury compos de deux personnes,
enseignants du secondaire ou
du suprieur, inspecteurs dacadmie-inspecteurs pdagogiques
rgionaux. Les oraux des concours sont publics : les candidats ne
doivent pas tre tonns, le cas chant, de la prsence dun
auditeur.
Lexpos est de trente minutes, de mme que lentretien. Les deux
temps de lpreuve sont spars par un court moment pendant lequel le
candidat sort de la salle, ce qui permet au jury une premire
dlibration.
Pendant la phase dexpos, le candidat doit parler sans tenter
dinterpeller le jury, de le prendre tmoin ou de dialoguer avec lui.
Les rles nont pas tre inverss : le jury na pas rpondre dventuelles
questions du candidat, que ce soit pendant lexpos ou pendant
lentretien.
c. Notation des prestations
Comme lors des sessions prcdentes, le jury a t amen utiliser
tout lventail des notes sa disposition. En effet, il nhsite pas
attribuer les notes maximales aux prestations qui prsentent une
lecture littraire efficace se traduisant par une proposition de
squence judicieuse. Ce type de cas nest pas rare. Au contraire, les
notes les plus faibles sanctionnent un manque de connaissances
et/ou une squence didactique insuffisante au regard du corpus
propos. Tous les ans, des candidats se prsentent une nouvelle fois
au concours aprs une premire tentative infructueuse. Ils reviennent
mieux arms, mieux forms. Le succs est alors dautant plus mritoire
que lon a su dpasser un chec, se remettre en question et repartir
de lavant.
Face des exposs dcevants, les commissions ont toujours mis
profit les temps dentretien pour amener les candidats formuler les
lments manquants, permettant souvent in fine lattribution dune note
correcte. Certains candidats se sont parfois enferrs dans des
considrations pdagogiques gnrales au dtriment de lapprciation
dlments littraires et de lapproche didactique des textes ou ont
formul des contresens fcheux : il leur a toujours t propos un temps
de reprise permettant de se remettre en capacit danalyser
littrairement le corpus et les documents proposs et de faire la
dmonstration de leurs connaissances et comptences. II. Les dossiers
proposs pendant la session 2014
a. Une perspective dominante comparatiste Les dossiers
comprennent deux types de supports (Cf. exemple reproduit supra) :
dune
part, des textes , dautre part, des documents complmentaires .
Les deux nont pas le mme statut. Le jury attend une exploitation
optimale des textes dans le cadre dune squence didactique, alors
que les documents complmentaires , plus varis dans leurs formes,
doivent connatre des exploitations diffrentes (Cf. infra II.
b).
Lobservation des dossiers proposs cette anne amne plusieurs
constatations : - Les dossiers se rpartissent de faon peu prs
quitable entre le collge et le lyce. - Tous les niveaux sont
exploits, de la classe de sixime celle de premire, y compris
les objets dtude spcifiques la premire littraire. - Une trs
large majorit des dossiers comportait quatre textes, quelques-uns
trois
seulement ou cinq. - Les documents complmentaires sont le plus
souvent au nombre de deux. Un
document iconographique est presque systmatiquement propos. Ces
lments rappellent que les candidats doivent se prparer proposer une
squence
didactique pour chacun des niveaux denseignement possibles du
secondaire. Aucun nest cart.
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La nature mme des dossiers proposs cette anne permet de dfinir
lpreuve dASP-LLF comme une preuve dimension comparatiste. Il sagit
bien de saisir la Littrature dans le cadre du dialogue quelle
suscite entre les auteurs, les uvres et avec dautres formes
artistiques. La prsence significative de reproductions picturales,
mais aussi dautres types diconographies, nest pas un prtexte une
sance d Histoire des Arts , comme le jury la trop souvent entendu.
Il sagit au contraire de donner loccasion au candidat de montrer
quil est capable dveiller et denrichir la conscience esthtique de
ses futurs lves. Les documents complmentaires ne sont pas de
simples illustrations, lies aux programmes par un effet de mode,
mais bien des lments part entire de la problmatique construire.
Le corpus suivant, qui a donn lieu des prestations
convaincantes, peut illustrer notre propos :
ANALYSE DUNE SITUATION PROFESSIONNELLE :
LITTERATURE ET LANGUE FRANAISES Nom et prnom du candidat :
Commission n
1) Documents analyser (ces documents peuvent tre annots) :
Textes :
Texte%1%%Homre,%LIliade,%chant%I%(extrait),%texte%adapt%par%Martine%Laffon,%ditions%Hatier,%collection%%Classiques%et%Cie%,%2013%Texte
2 Homre, LIliade, chant VI (extrait), texte traduit par Mario
Meunier, Albin Michel, 1956
Texte%3%%Homre,%LIliade,%chant%XXII,%texte%adapt%par%Martine%Laffon,%ditions%Hatier,%collection%%Classiques%et%Cie%,%2013%Texte%4%%Rabelais,%Gargantua,%chapitre%44,%dition%Guy%Demerson,%ditions%du%Seuil,%1973%Texte%5%%Paul%Scarron,%Le(Virgile(travesti,%II%(extrait),%1653%%2)%Documents%complmentaires%:%Document%1%%Affiches%des%films%Troie%de%Wolfgang%Petersen%(GrandeJBretagne,%2004)%et%Hlne(de(Troie%(version%italienne)%de%Robert%Wise%(tatsJUnis,%1956)%Document%2%%Extrait%de%lappareil%pdagogique%du%volume%consacr%%LIliade%dans%la%collection%%Classiques%et%Cie%,%ditions%Hatier,%2013%
Le Signature du candidat :
Sujet : Dans le cadre de lenseignement du franais en classe de
sixime et plus particulirement de lobjet dtude Textes de lAntiquit
, vous analyserez le corpus propos. Vous prciserez les modalits de
son exploitation sous la forme dun projet de squence assorti du
dveloppement dune sance de cours. Cette squence comportera
obligatoirement une sance dtude de la langue.
Le dossier propos prsente un ensemble vari : textes littraires
adapts, traduits4, mais
aussi affiches de films. Le matriau ncessaire la construction
dune squence stimulante pour les lves de sixime et permettant
lapproche dynamique des textes antiques se trouve mis disposition
des candidats, pour peu quils disposent de connaissances
relativement assures sur L'Iliade, au centre du dossier, prennent
en compte lensemble des documents et partent d'une lecture
attentive des textes. Il sagissait dviter les clichs et de montrer
comment se dgageait dans ce dossier une reprsentation nuance des
hros de l'pope.
Des dossiers portant sur un seul auteur ou sur une seule uvre
peuvent tre proposs, mme sils demeurent quantitativement la marge
des dossiers entrecroisant uvres et auteurs. Voici un exemple,
soumis la sagacit des candidats pendant cette session :
4 Les textes, mme extraits dditions scolaires, sont remis en
forme par le jury. Aucun nest propos sous la forme dune photocopie
dans son dition dorigine.
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ANALYSE DUNE SITUATION PROFESSIONNELLE : LITTERATURE ET LANGUE
FRANAISES
Nom et prnom du candidat : Commission n
1) Documents analyser (ces documents peuvent tre annots) :
Textes :
Texte%1%%Victor%Hugo,%Les(Misrables,%premire%partie,%livre%deuxime,%chapitre%III,%1862%Texte
2 Victor Hugo, Les Misrables, premire partie, livre huitime,
chapitre IV, 1862 Texte 3 Victor Hugo, Les Misrables, cinquime
partie, livre quatrime, chapitre I, 1862
%2)%Documents%complmentaires%:%Document%1%%Victor%Hugo,%Discours((lAssemble(Nationale(Lgislative,%9%juillet%1849%Document%2%%Eugne%Delacroix,%La(Libert(guidant(le(peuple,%1830%%
Le Signature du candidat :
Sujet : Dans le cadre de lenseignement du franais en classe de
quatrime et plus particulirement de lobjet dtude Le rcit au XIXe
sicle , vous analyserez le corpus propos. Vous prciserez les
modalits de son exploitation sous la forme dun projet de squence
assorti du dveloppement dune sance de cours. Cette squence
comportera obligatoirement une sance dtude de la langue.
Pour un dossier de ce type, le jury nattend pas du candidat des
connaissances littraires
exhaustives sur Victor Hugo ou sur le roman dont sont extraits
les textes, qui doivent tre exploits dans loptique de lobjet dtude
de la classe de quatrime : Le rcit au XIXe sicle . Les questions se
poser sont donc les suivantes : pourquoi le choix de Hugo,
quapporte cet auteur au genre tudi pendant la squence et pour ce
niveau denseignement ? quelles caractristiques du rcit le roman
met-il en place travers les extraits choisis ? Quels sont les
liens, les chos entre les textes et quels apprentissages ce corpus
permet avec les lves ?
b. Des textes au corpus
Le matriau fourni par le jury, concepteur du dossier, constitue
ce que lon appelle un corpus . Il faut bien le comprendre pour
envisager la phase de problmatisation (Cf. infra III. a).
Les textes Les textes proposs doivent tre tout dabord envisags
pour eux-mmes. Aucun nest
un prtexte illustrer une notion, quelle quelle soit. Ainsi, l
tiquetage trop rapide toujours trop commode est un pige car il
rduit et empche la rflexion. Il faut donc accueillir chaque texte
dans sa singularit et avec tonnement. On vitera tout prix de tomber
dans la caricature, le raccourci ou lanachronisme : Hugo ne serait
que lyrique et romantique , Corneille classique , Baudelaire le
chantre de la Modernit , Voltaire le dfenseur des Droits de lHomme
, etc. Toutes ces notions sont problmatiques et mritent dtre
interroges5. Nombre dentre elles sont assez fragiles lpreuve de
textes et de la complexit des parcours artistiques. En tout tat de
cause, le candidat doit tre en capacit de prouver ce quil avance
par des exemples et lappui de rfrences savantes ou critiques.
Il convient donc de procder dans lordre : dabord recueillir avec
la plus grande ouverture intellectuelle possible le sens et les
enjeux de chaque texte sans grille de lecture prtablie pour, dans
un second temps, instaurer un dialogue entre tous les lments du
dossier, en sappuyant sur des notions choisies et matrises.
5 Pour une premire approche : Yves Stalloni, coles et courants
littraires, Armand Colin, 2009 (2nde dition). A complter par des
ouvrages plus spcialiss ensuite.
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Les documents complmentaires Souvent, il sagit de documents
iconographiques : reproductions de tableaux,
photographies, notamment de mises en scne, planches de
bande-dessine, dessins de presse. Les textes critiques sont aussi
souvent convoqus, en particulier lorsquils sont rdigs
par des crivains. La plupart du temps, il sagit de textes
critiques utilisables avec les lves. Il est aussi arriv que des
textes hors cadre chronologique ou ressortissant dun autre objet
dtude soient proposs, ou encore des pages de Littrature trangre en
traduction.
Le corpus Les dossiers proposs sont donc le plus souvent une
invitation lchange. Prenant acte
de ce quest devenu le champ littraire au XXe sicle, lpreuve
dASP-LLF est conue pour proposer aux lves des confrontations, des
dialogues. Cest ici que se justifie la notion de corpus : les
documents ont t runis par le concepteur parce quils ont des enjeux
et des vises communes et cest au candidat de les mettre au jour, ce
qui lui permettra de formuler une problmatique. Aucun texte na t
choisi par hasard et cest la lecture la plus fine qui va permettre
den dcouvrir peu peu les raisons. Mais que lon ne sy trompe pas :
il nexiste pas une seule problmatique quil sagirait de trouver . Le
jury est ouvert tous les choix que le candidat peut motiver de faon
convaincante.
Voici un exemple de dossier qui a permis un candidat de mettre
au jour un dialogue fructueux entre les formes littraires et
artistiques proposes :
ANALYSE DUNE SITUATION PROFESSIONNELLE :
LITTERATURE ET LANGUE FRANAISES Nom et prnom du candidat :
Commission n
1) Documents analyser (ces documents peuvent tre annots) :
Textes :
Texte%1%%Jean%de%La%Fontaine,%%Le%Loup%et%le%Chien%,%Fables,(1668%Texte%2%%Denis%Diderot,%%Autorit%politique%,%LEncyclopdie,%1751%Texte%3%%mile%Zola,%Germinal,%1885%%2)%Document%complmentaire%:%Document%1%%JacquesJLouis%David,%Le(Serment(du(jeu(de(Paume,%1791%
Le Signature du candidat :
Sujet : Dans le cadre de lenseignement du franais en classe de
premire et plus particulirement de lobjet dtude La question de
lHomme dans les genres de largumentation, du XVIe sicle nos jours ,
vous analyserez le corpus propos. Vous prciserez les modalits de
son exploitation sous la forme dun projet de squence assorti du
dveloppement dune sance de cours. Cette squence comportera
obligatoirement une sance dtude de la langue.
Lexpos a montr avec efficacit dans sa phase initiale de
prsentation que les trois
textes proposs prsentaient une unit thmatique puisquils
abordaient les questions de justice et de pouvoir . Pour autant, le
corpus est marqu par des diffrences gnriques : deux fictions
dialoguent avec une page dencyclopdie. Le candidat est ensuite
parvenu replacer chacun des textes dans son contexte historique et
littraire afin den prciser les enjeux en termes argumentatifs, puis
didactiques dans la perspective dune approche en classe. Le tableau
de Jacques-Louis David a fait lobjet dune exploitation judicieuse
partir de la question de la reprsentation de la dfense des droits.
Lexpos a donc montr au jury que les enjeux propres chaque texte
avaient t perus et que le candidat stait vraiment attach faire
dialoguer toutes les uvres.
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III. Ce que le jury value pendant cette preuve
Pour commencer, rappelons les attentes fixes pour cette preuve
dASP par larrt publi au Journal officiel :
Lpreuve danalyse dune situation professionnelle vrifie la
capacit des candidats : - analyser ces textes ou ces documents et
faire preuve desprit critique ; - inscrire lensemble des textes et
documents dans une dmarche dapprentissage en relation avec les
programmes et proposer de manire prcise et rflchie la mise en uvre
dune sance dans une classe ; - mobiliser, un premier niveau de
matrise, les procds didactiques courants mis en uvre dans un
contexte professionnel rel, procds susceptibles notamment de
favoriser lintrt et lactivit propre des lves, au service des
apprentissages, - se projeter dans lexercice du futur mtier, -
communiquer loral de manire claire et organise.
Comme la prcdente preuve sur dossier, il sagit de vrifier la
capacit d'un candidat transposer les savoirs qu'il a pu acqurir
durant ses annes d'tude en savoirs enseigns. Le candidat doit tre
capable de ngocier la transition entre l'tudiant qu'il a t et le
professeur qu'il entend tre deux mois plus tard.
L'preuve est un travail de construction : construction d'une
squence d'enseignement aussi cohrente que possible partir du
matriau textuel propos. Ce matriau, le dossier soumis au candidat,
est constitu selon des genres, des mouvements littraires, des
poques, des formes de discours, des registres ou des tonalits
varis. L'preuve prend donc appui avant tout sur une lecture
attentive et une confrontation rflchie des textes et des documents
complmentaires.
Il s'agit finalement de vrifier des capacits de lecture et de
procder un travail de comparaison et de synthse : comparaison des
textes, dgagement d'axes d'tude. Dans un mme mouvement, le candidat
doit mettre au jour les lments qui, dans les textes, pourront
devenir matires d'enseignement. Les textes, les documents et leur
tude permettent alors de construire des connaissances et des
comptences chez les lves.
a. Des savoirs pour mener une lecture littraire
La lecture est donc fondamentale pour lpreuve dASP-LLF. Elle
amne le candidat mobiliser des savoirs prcis sur la discipline quil
entend transmettre aux lves. Il ne semble pas inutile de rappeler
ici quelques lments importants, sans ambition dexhaustivit6.
Entendons-nous tout dabord sur ce quest un texte . Ce pralable a
son importance. Si le candidat na pas encore eu loccasion de le
faire pendant ses annes dtudes, il est urgent quil frquente
quelques auteurs qui ont examin la question. La pense de Roland
Barthes7, les essais de Grard Genette, Jean Rousset8, Jean
Starobinski9 ou encore les textes critiques dcrivains comme
Jean-Paul Sartre et Paul Valry sont trs enrichissants. Les travaux
de Vincent Jouve sur la lecture permettront davoir un point de vue
synthtique10. Luniversitaire Pierre Bayard renouvelle aussi
profondment la critique en employant des
6 Nous donnons ici quelques rfrences qui nont aucunement
vocation de se substituer aux bibliographies beaucoup plus compltes
fournies par les prparations universitaires. 7 En particulier Le
Plaisir du texte, Seuil, 1973 et Le Bruissement de la langue.
Essais critiques IV, Seuil, 1984. 8 Forme et signification, Jos
Corti, 1962. 9 LOeil vivant II : la relation critique, Gallimard
1970, rdit dans la collection Tel en 1999. 10 La Lecture, Hachette,
1993.
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mthodes nouvelles et rjouissantes11. Pour ce qui est de
lcriture, Le Degr zro de lcriture, du mme Barthes (Seuil, 1953) et
En lisant en crivant, de Julien Gracq (Jos Corti, 1980) semblent
indispensables. Ces essais et ces textes critiques permettent, en
amont de la lecture littraire, de savoir un peu mieux de quoi lon
parle. On peut aussi, si lon en a le loisir, sinterroger sur la
place du livre et de la lecture dans notre socit. Si le candidat
manque de temps pour prendre connaissance des mises au point
savantes fondamentales de Roger Chartier, il pourra toujours lire
le texte quil a prononc loccasion de sa leon inaugurale au Collge
de France : couter les morts avec les yeux (Fayard, 2008).
Pour ce qui est de la la lecture littraire , un premier travail
consiste matriser les savoirs savants qui la fondent. Ainsi, pour
le roman, on pense aux catgories narratives les plus courantes :
instance narrative (point de vue et focalisation), distinction
auteur-narrateur-personnage, modalits du discours rapport,
construction du personnage, temporalit12. Pour la posie, la matrise
technique de la mtrique et de la prosodie est indispensable13. On
attend aussi du candidat quil puisse dfinir assez finement le
lyrisme : il pourra consulter les travaux de Dominique Rabat14 et
Jean-Michel Maulpoix15. Le thtre doit faire lobjet dune approche
adapte, en cohrence avec la complexit de sa situation de
communication et sa dimension scnique. La lecture des ouvrages de
Anne Ubersfeld16 est tout fait indispensable. Les travaux de Pierre
Larthomas sont galement prcieux17. Enfin, il est trs utile de se
pencher particulirement sur les textes dargumentation directe
(notamment les prfaces auctoriales), plus particulirement sur ceux
des XVIIe et XVIIIe sicles qui sont tudis plusieurs niveaux en
collge et lyce. La question de lart oratoire mrite dtre
connue18.
Les exposs qui ont obtenu les notes les plus basses conjuguent
les erreurs sur le sens littral des textes et un manque criant de
connaissances thoriques fondamentales. Prenons un exemple : un
corpus propos des lves de premire dans le cadre de lobjet dtude La
question de lHomme dans les genres de largumentation, du XVIe sicle
nos jours comprenait un extrait dun essai de Montaigne, une fable
de La Fontaine et un passage du Dernier jour dun condamn de Victor
Hugo. Le candidat a rapidement t mise en difficult en parlant de
textes dargumentation et en voulant tout prix les tiqueter comme
textes engags . Les genres et formes de largumentation sont ici mal
matriss : lessai est mal connu et mal dfini, le texte de Hugo est
prsent comme autobiographique (!) et non comme une fiction.
Les savoirs savants voqus permettent donc au lecteur expert de
passer du sens littral son interprtation. Ltape initiale de
comprhension simple est indispensable ne serait-ce que pour viter
un contresens mais elle nest pas suffisante. On attend dun
professeur de Lettres quil mette au jour les subtilits des textes,
quil mobilise une culture
11 On pense notamment Comment parler des livres que lon na pas
lus, ditions de Minuit, 2007 et Comment amliorer les uvres rates,
ditions de Minuit, 2000. 12 Pour une mise au point efficace et
rapide, on pourra se reporter aux ouvrages de Vincent Jouve, en
particulier La Potique du roman, Armand Colin, 2010 (3e dition). 13
A toutes fins utiles, on reprendra avec profit La Versification
applique aux textes, coll. 128 , Nathan Universit, 1993 (3e dition
: 2010, Armand Colin) de Michle Aquien.
14 Dominique Rabat (dir.), Figures du sujet lyrique, Presses
Universitaires de France, 2001 (2nde dition) et Gestes lyriques,
Jos Corti, 2013.
15 Jean-Michel Maulpoix, Du Lyrisme, Jos Corti, 2000 et Le
lyrisme, histoires, formes et thmes , Site Jean-Michel Maulpoix
& Cie, http://www.maulpoix.net/lelyrisme.htm 16 Les trois tomes
Lire le thtre publis chez Belin Sup en 1996. 17 Le Langage
dramatique, Presses Universitaires de France, 2012 (3e dition). 18
Pour commencer, Michel Meyer, Questions de rhtorique. Langage,
raison et sduction, Le Livre de poche, 1993 et Cham Perelman,
L'Empire rhtorique. Rhtorique et argumentation, Vrin, 2000.
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littraire, mythologique et religieuse lui permettant de
comprendre les intertextes et linscription de luvre dans la
Littrature. partir de cette lecture experte, le candidat pourra
entrer dans la phase de problmatisation du corpus (dveloppe infra
IV. a).
b. Une transposition didactique La connaissance des Instructions
officielles du collge et du lyce est un pralable
indispensable19. On ne construit pas une squence sur la posie en
classe de cinquime sans savoir prcisment quels sont les contenus
attendus pour ce niveau denseignement ni ce qui a t tudi en amont
en classe de sixime, voire ce qui est envisag en quatrime. Il en
est de mme au lyce, o chaque objet dtude de seconde inaugure celui
de premire qui le contient. Ainsi, la posie en seconde, du
Romantisme au Surralisme prfigure Posie et qute du sens du Moyen-ge
nos jours en premire. Les programmes sont donc lire dans leur
continuit. Le candidat doit tre capable de situer une squence dans
tout un processus dapprentissage pour les lves.
Par ailleurs, lpreuve est bien une preuve de didactique.
Rappelons lutile distinction formule par le rapport de lpreuve sur
dossier de 2003 prsent par Jeanne-Antide Huynh et Yves Maubant
:
La didactique sattache aux savoirs, leur transmission et la
rflexion sur cette transmission. Elle se distingue de la pdagogie
qui concerne la mise en uvre effective de ces savoirs dans une
classe et les moyens adopts, en situation, pour rendre la
transmission des savoirs efficace et active. 20
Le jury attend donc que le candidat mobilise des connaissances
fondamentales qui lui permettront de travailler ds le mois de
septembre suivant, mme sil ne sagit pas de prsenter en trente
minutes un ensemble exhaustif - ce qui est de toute faon
impossible.
La question de la lecture scolaire pourra tre approfondie grce
deux textes crits assez rcemment par lInspection gnrale de Lettres
et disponibles en ligne. Pour commencer, Patrick Laudet, Inspecteur
gnral de Lettres, offre avec Explication de texte littraire, un
exercice revivifier 21 une rflexion fconde sur la place de
lexplication de textes en classe et sur les moyens de passer de la
comprhension littrale la comprhension littraire 22. On mditera en
particulier les conseils quil donne aux enseignants la fin de sa
communication. Anne Vibert, galement Inspectrice gnrale de Lettres,
a aussi crit un texte ncessaire : Faire place au sujet lecteur en
classe : quelles voies pour renouveler les approches de la lecture
analytique au collge et au lyce ? 23. Ces deux lectures sont
vivement recommandes.
19 On retrouvera lensemble des programmes sur le site duscol :
http://eduscol.education.fr Une connaissance de premire main est
exige. 20 Accessible en ligne. Pour aller plus loin, on consultera
avec profit des ouvrages universitaires. Parmi les plus rcents :
Jean-Maurice Rosier, La Didactique du franais, Presses
Universitaires de France, coll. Que sais-je ? , 2002 ; Jean-Louis
Chiss, Jacques David, Yves Reuter, Didactique du franais,
Fondements dune discipline, De Boeck, 2008, le numro 137-138 de la
revue Pratiques : La didactique du franais , 2008. 21 Dat de 2011 :
http://media.eduscol.education.fr/file/Francais/09/5/LyceeGT_Ressources_Francais_Explication_Laudet_182095.pdf
22 Sur cette notion de lecture littraire , deux ouvrages sont
connatre : Jean-Louis Dufays, Louis Gemenne et Dominique Ledur,
Pour une lecture littraire, De Boeck, 2005 (2nde dition) et
Sylviane Ahr (dir.), Vers un enseignement de la lecture littraire
au lyce. Exprimentations et rflexions, Scren/CRDP de Grenoble,
2013. 23 Dat de 2011 galement :
http://eduscol.education.fr/lettres/im_pdflettres/intervention-anne-vibert-lecture-vf-20-11-13.pdf
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IV. La prestation a. Lexpos et ses deux temps
Dune dure de trente minutes au maximum, lexpos compte deux temps
: une phase didentification, puis une autre dapplication. Cest
lorganisation qui a t le plus souvent suivie par les candidats et
elle est en effet la plus convaincante. Dautres approches sont
nanmoins envisageables.
Une phase didentification Pour commencer, le candidat doit donc
identifier les textes et les documents qui lui ont
t proposs. Il ne sagit aucunement de relire la page initiale du
dossier et de paraphraser les lments qui ont t mis sa disposition.
Il doit au contraire montrer quil a saisi les enjeux littraires,
culturels et esthtiques de chacun des textes et, simultanment, quil
sait reprer les liens qui unissent les uvres convoques, bien
conscient quil travaille un corpus. Ces liens peuvent tre de
diffrents ordres : thmatiques, chronologiques, gnriques, formels ou
esthtiques. Le brassage des angles dapproche les plus pertinents
permet dinstaurer un dialogue. On vite ainsi l effet-catalogue ,
qui montre que lon est en pleine paraphrase.
Le candidat doit formuler une problmatique littraire. Cest une
exigence rappele par toutes les commissions. Cela ne se traduit en
rien par une avalanche de questions qui masquent trop souvent
maladroitement une difficult du candidat saisir les vritables
enjeux du corpus. Au contraire, la problmatique est une question
simple qui part, pour reprendre les termes dun prcdent rapport de
jury, dun tonnement qui guidera ltude avec les lves, et dont on
attend une traduction en termes didactiques. Cest une ouverture,
alors que les questions qui senchanent ferment la rflexion.
Il nest pas attendu, comme le jury a souvent pu le constater, de
formuler imprativement (et surtout artificiellement) deux
problmatiques, lune littraire et lautre didactique . Cest videmment
possible, mais il faut encore savoir quoi sen tenir et les quelques
tentatives qui nous ont t soumises cette anne nont pas vraiment
convaincu. Une seule question, simple et efficace, doit pouvoir tre
propose une classe pour le niveau donn.
Par exemple, partir dun corpus consacr au personnage de roman en
classe de premire et regroupant des textes de Madame de La Fayette,
Balzac, Marguerite Duras et Michel Houellebecq, un candidat sest
demand comment la construction et la dconstruction du personnage
romanesque pouvaient reflter lvolution du roman et de la socit.
Prenons un autre exemple : partir dun corpus consacr au rcit
denfance en classe de troisime, comprenant des textes dHerv Bazin,
Albert Cohen et Romain Gary (document complmentaire : un dessin de
presse de Sergue), un candidat a identifi les diffrences formelles,
et plus prcisment nonciatives entre les trois uvres, mais aussi les
points communs qui relvent de lcriture autobiographique, convoquant
discrtement et habilement les travaux de Philippe Lejeune. Au terme
de la phase didentification, une problmatique tout fait fconde sur
le plan littraire et ancre dans les textes tait construite : crire
sa vie, est-ce finalement se dconstruire pour se reconstruire ?
On peut imaginer galement que la problmatique ne soit pas donne
au dbut de lexpos et que les textes ne soient pas identifis demble.
Il sagit alors de le faire au fur et mesure de la squence. Cette
option, plus complexe mettre en uvre, a peu t suivie par les
candidats, mais elle est tout fait recevable.
Une phase dapplication Une fois les enjeux littraires poss, on
peut passer lorganisation des apprentissages
avec les lves. Rappelons prcisment ce que dit larrt pour lpreuve
dASP-LLF :
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Le candidat construit une squence d'enseignement partir d'un
corpus choisi en rfrence aux entres des programmes et comportant un
texte littraire long ou plusieurs textes littraires, ventuellement
accompagns de documents. Un temps consacr l'tude de la langue est
obligatoirement compris dans cette squence.
La squence denseignement propose sappuie sur les textes et les
documents complmentaires proposs par le jury. Cette vidence mrite
dtre rappele : de trop nombreux candidats se sont crus obligs de
multiplier les allusions des uvres ne figurant pas dans le dossier
qui leur avait t fourni, au mpris de ltude lgitime des textes
proposs. Cest une stratgie de fuite qui ne trompe personne et qui
est dmasque lorsque le jury demande pendant lentretien quels
seraient prcisment les extraits en question.
Les documents complmentaires peuvent trouver deux exploitations
qui ne sexcluent pas lune lautre. Ils peuvent tre abords avec les
lves, mais alors le jury nen attend pas une exploitation aussi
dtaille que celles des textes. Ils peuvent aussi aider la
construction de la problmatique littraire. En tout tat de cause, le
candidat ne saurait les ignorer. Il serait aussi maladroit de les
exploiter dans le cadre de la sance dveloppe. Finalement, on attend
surtout une mise en relation avec les textes du corpus : document
dappui pour entrer dans la rflexion et problmatiser avec les lves,
comme lecture complmentaire, en bilan de squence, comme support
dune valuation mais la liste nest pas exhaustive.
On part donc des textes pour en organiser ltude. Rien nest
attendu tout prix par le jury : pour cette partie de lexercice
comme dans sa future pratique professionnelle, le candidat peut
faire le meilleur usage de sa libert pdagogique , inscrite dans les
programmes et issue de la Loi dOrientation de 2005. Toujours est-il
quil faut bien que cette squence propose un parcours qui permette
aux lves dapprendre quelque chose. Cette anne, deux travers ont
attir lattention du jury : dune part, lmiettement des sances,
dautre part, les considrations pdagogiques prdominantes, qui ne
sont rien dautre, l aussi, quune nouvelle stratgie dvitement.
Lmiettement trahit en ralit un manque de vision densemble de la
squence : quels objectifs littraires, culturels et didactiques
poursuit-on si on les multiplie lenvi ? Le discours pdagogique est
aussi une stratgie qui montre tout aussi grossirement que lon ne va
pas tudier le corpus : mettre les lves en groupes, se dplacer au
CDI, crire en bleu, faire un tableau, une carte heuristique, des
sances en salle multimdia etc. sont autant de questions que lon
peut se poser, mais une fois seulement que lon a mis au jour les
enjeux didactiques. On doute fort quun expos qui dure seulement
trente minutes permette dentrer dans ces considrations. A cet gard,
lutilisation dun jargon pdago-didactique, au demeurant mal matris,
est le plus souvent un signal pour le jury : nous ne saurions trop
conseiller aux candidats lemploi dun vocabulaire simple, vitant les
expressions la mode qui traduisent de faon absconse ce qui pourrait
tre expliqu avec clart.
Le plus important, au fond, est le parcours imagin par le futur
professeur entre les textes et les documents : comment commencer ?
O veut-on en arriver ? Comment, et dans quelle vise articuler les
sances ? Quels liens peut-on faire entre les diffrents textes et
dans quel ordre les exploite-t-on ? Quauront fait et appris les
lves pendant ce parcours ? Ce sont ces questions qui gouverneront
la progression de la squence (et ce que lon peut appeler, si lon
veut, la problmatique didactique qui double la problmatique
littraire). Il nest pas, pour cela, utile de se perdre entre les
valuations (formatives, sommatives, diagnostiques) et la
multiplication des objectifs. En revanche, il est ncessaire de
placer rapidement cette squence dans une progression annuelle,
dvoquer les objectifs de sance, les acquis et les rinvestissements
de sance en sance.
Des temps de confrontation des textes, dans leur ensemble ou par
extraits, de lectures analytiques, de synthse doivent permettre aux
lves de travailler en profondeur les enjeux soulevs dans la phase
didentification. Il nous semble alors aussi inutile, parce que le
temps
187
-
ne le permet pas, de multiplier les sances dhistoire littraire
qui convoquent dautres textes que ceux du corpus ( nouveau :
lesquels ?), de multiplier les sances liminaires techniques , fort
maladroites galement.
cet gard, la posie a particulirement t maltraite. Trop souvent,
les candidats se sont crus obligs de proposer deux, trois, voire
quatre sances liminaires avant daborder le premier texte avec les
lves. Ainsi, propos dun dossier consacr linitiation la posie en
classe de sixime et donc cens donner le got den lire aux lves un
candidat a propos une premire sance pour apprendre reprer la qualit
des rimes. La deuxime sance devenait un moment de travail sur
lorganisation de la rime, le rythme et les accents, tandis que la
troisime sance dsirait faire le tour des figures de style. Alors,
seulement, le malheureux lve de sixime pourrait commencer lire un
premier texte sil lui en reste lenvie. Cet exemple excessif nous
permet de redire que lentre techniciste ne fonctionne pas. Elle na
aucune chance damener llve goter vraiment un texte. Cest aussi une
forme dinstrumentalisation de la Littrature. Une uvre littraire na
jamais t crite pour illustrer telle ou telle notion littraire :
Baudelaire na jamais compos un pome pour quil devienne un support
pour la lecture analytique , ni une bonne occasion de rviser la
mtaphore .
Que lon sen tienne des principes de bon aloi : une squence
suppose un dbut et une fin et cest cette fin qui doit guider la
construction densemble. O veut-on amener les lves en fonction de la
problmatique littraire choisie ? Que la logique chronologique,
historique, esthtique ou autre prime, le plus important reste que
le candidat ait conscience des choix quil a oprs et quil soit
capable de les expliciter, voire de les nuancer pendant lexpos et
lentretien.
La sance dveloppe Le libell du sujet appelle explicitement le
dveloppement particulier dune sance, que
lon ne confondra pas avec lautre sance exige, celle dtude de la
langue, intgre dans lexposition de la squence. Le jury attend alors
une proposition de cours fonde sur la rsolution dune problmatique
adapte, mais lie celle de lensemble de la squence. Lors de cette
session, la sance dveloppe a t le plus souvent loccasion pour le
candidat dapprofondir ltude dun texte en proposant une lecture
analytique. Cela suppose un descriptif prcis de la sance : sa
construction, ses tapes, les pistes danalyse et une tude rapide des
procds marquants. Les connaissances savantes du candidat doivent
tre manifestes et mises au service de linterprtation. Notons enfin
que le jury nattend absolument pas une lecture haute voix du texte
choisi comme support pour la sance dveloppe. Cette comptence,
fondamentale, est value pendant lpreuve de Mise en situation
professionnelle.
Dautres types de sance peuvent tre conduits : travail sur la
question de corpus, comme lcrit du baccalaurat, lecture compare, du
texte limage ou inversement.
ce moment aussi, il est inutile de s'attacher aux processus
relevant des pratiques de classe et de la pdagogie : le document
iconographique doit-il tre tudi sous forme de photocopie ? Projet
en salle pupitre ? Travaill individuellement ? Par groupes ? Par
groupes de quatre ? Par groupes de huit ? Ce qui importe avant tout
est bien l'analyse elle-mme : que dit le document ? Quel est son
intrt ? Finalement, sen tenir avant tout au corpus est un principe
qui relve du sens pratique.
Le candidat doit pouvoir in fine rpondre clairement une question
centrale propos de cette sance en particulier : quont appris les
lves en termes de savoirs littraires, linguistiques, en termes de
comptences ? Comment un parcours de sens travers les textes leur
permet-il daider construire leur vision du monde ?
188
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La sance de langue La sance dtude de la langue est un moment
important de lexpos de la squence.
Elle prend toujours appui sur un ou plusieurs textes du corpus
ou sur des extraits. La notion choisie pour ltude doit permettre
aux lves dobserver le fonctionnement de la langue, en lien avec le
sens des textes, la squence et ses objectifs. Les oprations de
reprage et les manipulations fondamentales doivent tre explicites
pendant lexpos.
Trop souvent, le jury a eu limpression dentendre la rcitation de
fiches apprises par cur. La sance prend alors la forme simpliste
dune leon. Trop frquentes, les sances sur lnonciation ne trompent
personne : on peut toujours en faire une. Mais est-ce justifi ? Les
lves ont-ils appris quelque chose qui leur permette de mieux lire
les textes suivants ou ont-ils travaill un point de langue qui
puisse tre rinvesti dans un travail dcriture ? Le candidat doit
pouvoir rpondre cette question de lui-mme pendant lexpos.
La sance de langue porte sur une notion choisie par les
candidats eux-mmes. Il est donc important de prendre le temps
ncessaire lors de la prparation pour slectionner une question
pertinente au regard de la problmatique littraire choisie, mais
aussi des connaissances grammaticales mobilisables24. De ce point
de vue, on a trop souvent dplor des mconnaissances graves et des
exposs indigents : les discours rapports notamment, frquemment
convoqus, ont trs rarement t lobjet dune tude pertinente, les
candidats confondant trop souvent monologue intrieur et discours
narrativis, mode direct, indirect ou indirect libre. La sance de
langue doit envisager une dmarche prcise qui allie relev et travail
sur des occurrences, lecture et criture.
Un choix judicieux peut tre rapport ici. propos dun corpus sur
les Genres et formes de largumentation aux XVIIe et XVIIIe sicles ,
un candidat a propos ltude de la phrase complexe dans plusieurs
extraits. Il a su montrer rapidement et aisment que les
propositions subordonnes compltives taient porteuses du jugement et
faisaient entendre dautres voix, quelles permettaient la prsence
dautres tmoignages, de nouveaux interlocuteurs et donc quelles
jouaient un rle majeur dans la porte argumentative des
extraits.
Pour conclure son expos, le candidat pourra donc faire le point
sur les acquis des
lves lissue de la squence, sappuyant sil le souhaite sur la
rsolution de la problmatique et les grandes articulations de sa
progression. Il est possible de proposer une ouverture sous la
forme de lectures complmentaires ou de prolongements pour les
lves.
b. Lentretien
Lentretien dure le mme temps que lexpos : trente minutes
maximum. Il est conu comme un vritable dialogue qui permet au jury
dvaluer plus profondment le candidat. Il peut comprendre plusieurs
moments dont la dure varie en fonction de la prestation
initiale.
Une phase de reprise
24 De nombreuses prestations ont mis au jour des connaissances
trs approximatives, produisant un effet trs ngatif sur le jury. Les
candidats seront pour beaucoup des professeurs de Franais en collge
et ils devront enseigner leurs lves une langue vivante.
Lactualisation des connaissances grammaticales, pour cette preuve
comme pour lpreuve de Mise en situation professionnelle, est
fondamentale. Il convient de choisir rapidement une grammaire de
rfrence et de la frquenter quotidiennement. Nous ne pouvons que
rpter les prconisations habituelles : Martin Riegel,
Jean-Christophe Pellat, Ren Rioul, Grammaire mthodique du franais,
Presses Universitaires de France, 2014 (5e dition) ; Dominique
Maingueneau, Prcis de grammaire pour les concours, Paris, Bordas,
1991(4e dition : Armand Colin, 2010) et Delphine Denis et Anne
Sancier-Chateau, Grammaire du franais, Le Livre de poche, 1994.
Pour une approche plus didactique : Dominique Maingueneau, (en
collab. avec Eric Pellet), Les notions grammaticales au collge et
au lyce, Paris, Belin, 2005 et plus rcemment Gersende Plissonneau
(dir.), Grammaires au lyce, Scren/CRDP de Grenoble, 2012.
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Pour commencer, l'entretien s'appuie sur lexpos du candidat :
prcisions, approfondissements, justifications ou retour critique
sont attendus. Souvent, il s'agit de revenir au corpus et sa
constitution : pourquoi les textes ont-ils t rassembls ? En quoi se
rapprochent-ils ? En quoi se distinguent-ils ?
L'entretien conduit aussi revenir au sens littral ou
linterprtation des textes ou des documents : corriger faux-sens et
contresens, justifier une affirmation partir d'lments des textes,
procder une analyse plus fouille d'un passage. Ce retour au plus
prs des textes est opr, en particulier, dans le cas de la question
de langue : relev d'occurrences, analyse de faits grammaticaux,
examen de la pertinence du point de langue choisi.
Le jury peut galement parfois vrifier certaines connaissances ou
certaines ignorances dans le cas o celles-ci semblent de nature
interdire une analyse srieuse du dossier. La phase de reprise
permet galement de vrifier la culture littraire (historique
parfois) du candidat. Certaines hsitations ne manquent pas dtonner,
voire dinquiter. Les rapports des sessions 2013 et 2014
exceptionnelle 25 ont rappel quelques ouvrages fondamentaux, dans
les domaines de la mythologie, de la religion ou encore de
lhistoire.
Le candidat a tout gagner tre ouvert aux questions poses, se
montrer combatif : le jury ne cherche pas le mettre en difficult,
mais voir dans quelle mesure il peut tre ractif et enrichir sa
prestation initiale.
Une phase douverture Ouverture littraire, artistique et
culturelle
Ensuite, le jury va prendre un moment pour ouvrir le champ de la
rflexion. Cette ouverture peut tre littraire, selon les ides, les
thmes et les rfrences appeles par le dossier et par lexpos du
candidat. Elle porte aussi sur dautres domaines. Les documents
complmentaires peuvent servir ce moment de point dappui. Des
connaissances artistiques sont videmment ncessaires au futur
professeur de Lettres. A cet gard, le manque de culture picturale
des candidats a parfois tonn les membres du jury. Par exemple, des
notions aussi courantes que celles de classicisme , romantisme ,
impressionnisme , naturalisme et symbolisme sont encore trs mal
matriss.
De faon plus gnrale, les candidats ne doivent pas stonner dtre
interrogs sur dautres arts que la Littrature. Peut-on comprendre le
ralisme en peinture sans avoir quelques rfrences littraires ? Au
contraire, certains mouvements littraires et culturels ne sont-ils
pas avant tout issus dautres formes artistiques que la Littrature
?
En tout tat de cause, le jury sefforce de repartir de la
problmatique choisie pour enrichir le propos. Les documents
complmentaires, en particulier lorsquils reproduisent une uvre
dart, sont souvent le point de dpart.
Ouverture professionnelle
Un moment spcifique est prvu dans la dfinition de lpreuve pour
ouvrir la rflexion du futur professeur dautres problmatiques quil
rencontrera dans sa pratique professionnelle quotidienne :
Au cours de lentretien qui suit lexpos du candidat, la
perspective danalyse de situation professionnelle dfinie par
lpreuve est largie la capacit du candidat prendre en compte les
acquis et les besoins des lves, se reprsenter la diversit des
conditions dexercice de son mtier futur, en connatre de faon
rflchie le contexte dans ses diffrentes dimensions (classe, quipe
ducative, tablissement, institution scolaire, socit), et les
valeurs qui le portent dont celles de la Rpublique. 26
25 Disponibles en ligne. Voir adresse cite supra. 26 Arrt cit
supra.
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Les questions poses par les diffrentes commissions relvent donc
la plupart du temps de ce que lon pourrait appeler des tudes de cas
, en fonction des propositions pdagogiques du candidats ou de la
nature du dossier. En ce sens, cette dernire partie de lentretien
est vraiment individualise. Cette phase de lpreuve orale reprend
pour partie les attentes de lancienne preuve Agir en fonctionnaire
de ltat et de faon thique et responsable, mais si les modalits en
sont trs diffrentes, la principale tant que le jury ne propose plus
de document-support27.
Par exemple, propos dun dossier portant sur le texte
dramaturgique, un candidat pourra tre amen rflchir lorganisation
dune soire au thtre avec ses lves : du point de vue matriel,
financier et des responsabilits juridiques en cas de problme. Une
squence comprend la mise en ligne de textes sur un blog : le jury
interroge alors sur le droit dauteur, le droit limage, les
autorisations ncessaires. Aprs un corpus consacr lducation en
classe de seconde, une question peut provoquer un change stimulant
sur le rle de lenseignement du Franais et des Lettres dans notre
socit.
Les questions poses par les diffrentes commissions occupent
quatre champs : la vie de llve, de ltablissement, les missions du
professeur et la connaissance du systme ducatif.
Le jury value la capacit du candidat se projeter dans le mtier
denseignant, dans sa dimension institutionnelle et ducative en
partant de sa proposition didactique. On dpasse alors la question
de la transmission.
c. Une posture juste adopter Tous les rapports du jury insistent
sur limportance de la posture que le candidat doit
adopter loral face la commission qui linterroge. Commenons par
formuler une vidence : pour le jury, le candidat nest ni un
collgue, ni un tudiant. Le jury cherche percevoir dans le candidat
le futur professeur qui, deux mois plus tard, prendra en charge des
lves quil aura le devoir de former littrairement,
intellectuellement et thiquement.
Le jury value la capacit du candidat communiquer. Celui-ci doit
capter lattention des membres de la commission, ce qui se traduit
par des gestes simples : ne pas lire son texte, regarder les deux
membres de la commission qui coutent, parler distinctement et,
pourquoi pas, sourire. La tension inhrente au concours engendre des
attitudes inhabituelles, chacun en est conscient, mais il faut,
lors dun oral, savoir se matriser pour convaincre. Les candidats
les plus anxieux auront tout avantage rflchir bien en amont ce
problme. Cela leur sera trs directement profitable au moment o il
prendront leurs classes en charge.
Plusieurs formules sont proscrire car elles sont inadaptes la
situation de communication. Les circonlocutions comme ce nest sans
doute pas ce que vous attendez , je ne sais pas si ce que je vais
dire va vous convenir et toutes les formes de mtadiscours, en
particulier pendant lexpos, sont des interventions pnibles et
pnalisantes. On sait ou lon ne sait pas. Si lon ne sait pas, on
peut mettre des hypothses, de bonne foi, essayer de se battre pour
rpondre aux questions poses. Ce faisant, on fait comprendre au jury
que dans dautres circonstances, avec tel ou tel usuel, on pourrait
rsoudre le problme. Cest une attitude positive, souvent rcompense
parce quelle est honnte.
Les oraux du CAPES/CAFEP de Lettres sont un moment dattention
particulire la langue utilise par le candidat. Le rapport de 201328
a fait une liste trs large des expressions fautives utilises : les
futurs admissibles sy reporteront avec profit. La multiplication
des ok et autres ouais agacent, pour ne pas dire plus, les membres
du jury. Labrviation prof pour professeur est tout autant
proscrire. Elle rappelle aux membres des 27 Les candidats pourront
se reporter avec profit au rapport de la session 2014
exceptionnelle rdig par Vronique Joubert-Fouillade pour mieux
comprendre les volutions entre les deux preuves. Il est disponible
en ligne, adresse cite supra. 28 Rdig par Frdrique Cauchi-Bianchi,
disponible en ligne, pages 100-101.
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commissions un film assez bas de gamme du milieu des annes 80 au
lieu de valoriser le mtier auquel lon aspire.
Il sagit dapprendre aux lves bien dire et bien crire : commenons
par le professeur. Lexpos nest pas en soi un exercice nouveau : il
est travaill tout au long du parcours universitaire, et mme en
amont. Il faut matriser sa parole au moment o lon postule dans un
mtier qui lui est pleinement consacr.
Notons enfin quil est curieux que lon doive encore aborder la
question de la tenue aux oraux dun concours de recrutement.
Indniablement, certains font le choix de vtements rvlant une
dcontraction qui dissone avec la solennit du moment et de la
fonction espre. Le candidat na pas non plus forcer ses gots et
porter pour la premire fois une tenue qui ne lui convient pas du
tout. Il doit tre laise et lon peut simplement imaginer que dans sa
garde-robe il possde un ensemble correct, neutre qui pourrait
correspondre un futur professeur de Lettres. Cest tout ce que le
jury sattend voir et quil ne verra dailleurs pas puisquil sera
alors absorb par le propos et non par des dtails priphriques.
V. Aux futurs candidats
Pour finir, le jury souhaiterait formuler quelques conseils, de
faon synthtique.
a. Sentraner en temps rel On ne peut pas dcouvrir le jour mme
les modalits de lpreuve, quand bien mme
elles sont nouvelles en termes de session. Stre prpar du point
de vue des connaissances est videmment indispensable, mais cest
dautant plus profitable que lon aura pris en compte toutes les
dimensions : temps imparti, qualit de la langue, capacit
communiquer de manire adapte avec le jury, posture et tenue
vestimentaire. Les colles et oraux blancs , mais aussi un travail
critique entre pairs, par groupes, sont une bonne faon de se
prparer aux preuves dadmission du concours.
b. Lire et relire, voir et revoir La prparation au CAPES/CAFEP
de Lettres est le moment de parfaire sa culture
littraire et dapprofondir ses connaissances. Il faut donc jouer
avec toutes les possibilits dont on dispose aujourdhui : lire de
faon cursive des romans, des pices de thtre, de la posie, des
essais, certains ouvrages par extraits dans des anthologies. Mais
lire aussi stylo la main dautres uvres pour sen imprgner
particulirement. Alterner les deux modes de lecture est la
meilleure faon de ne pas se lasser. Et lon tirera le meilleur
profit des versions audio des textes, des adaptations filmiques et
des captations de pices de thtre. Aller au thtre, au cinma, dans
les muses si lon en a la possibilit est aussi un divertissement des
plus rentables .
En somme, il sagit de mettre profit la prparation au concours
pour multiplier les accs la Littrature et aux Arts, pour le travail
comme pour le plaisir.
c. Rflchir aux questions didactiques et lactualit de la
discipline
Le candidat au CAPES/CAFEP de Lettres na souvent pas lexprience
suffisante pour prendre du recul sur sa pratique professionnelle.
Il peut nanmoins anticiper et, avec la lecture de quelques
publications didactiques, rflchir lenseignement des Lettres et aux
discussions dactualit. Les Centres de Documentation et dInformation
des coles Suprieures de lEnseignement et du Professorat (SP)
disposent de multiples abonnements aux priodiques professionnels :
on ne saurait trop conseiller aux futurs admissibles den arpenter
les rayonnages. La frquentation du site gouvernemental duscol est
galement fructueuse.
*
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-
* *
Au terme de la premire session du nouveau CAPES/CAFEP de
Lettres, les membres des commissions de Littrature et langue
franaises ont acquis la conviction que lpreuve dAnalyse dune
situation professionnelle est un bel exercice littraire. Le nombre
important de prestations convaincantes, parfois brillantes, leur a
fourni les preuves quen sy prparant vraiment, les candidats
acquirent les connaissances et les comptences ncessaires pour
devenir des professeurs prts mener leurs futurs lves la russite en
leur transmettant le got de la Littrature et de la langue
franaise.
193