Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014 0 REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique Centre Hospitalo-Universitaire MUSTAPHA Pacha - Alger Centre Service de Réanimation Médicale polyvalente Professeur S. HOUACINE Rapport de stage d’internat Chronic Obstructive Pulmonary Disease (COPD) Réalisé par : BENMAHFOUD Sami Encadrement : Pr. M. DAHMANI Thème : Grade : Professeur Grade : Interne
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Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
0
REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE
Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique
Centre Hospitalo-Universitaire
MUSTAPHA Pacha - Alger Centre
Service de Réanimation Médicale polyvalente
Professeur S. HOUACINE
Rapport de stage d’internat
Chronic Obstructive Pulmonary Disease (COPD)
Réalisé par:
BENMAHFOUD Sami
Encadrement :
Pr. M. DAHMANI
Thème :
Grade : Professeur Grade : Interne
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
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Remerciements
Je tiens à remercier tous d’abord le bon Dieu de m’avoir donné le courage et la volonté pour réaliser mon stage d’internat qui a été effectué dans le service de Réanimation Médicale polyvalente de centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha.
Je tiens à exprimer mes sincères remerciements et ma profonde gratitude au chef de service, le professeur HOUACINE pour son très bon accueil, et pour son aide et orientation ; Mes remerciements les plus sincères et ma reconnaissance éternelle au professeur DAHMANI qui a accepté gracieusement d’encadrer mon travail, et qui a mis à ma disposition ses savoirs, connaissances et expériences ainsi que son temps précieux ; Mes vifs remerciements aux chers maîtres–assistants, assistants et médecins résidents qui ont contribué par une grande part à l'acquisition et au perfectionnement de mes connaissances théoriques et pratiques ;
Mes remerciements vont également aux chers et honorés collègues, les Internes du service, et au reste de l’équipe paramédicale et administrative ; Je tiens à exprimer mes sincères sentiments, envers mes Parents qui m’ont prêté aide et confort. A tous, j’exprime ici ma vive gratitude.
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
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RESUME
La broncho pneumopathie obstructive chronique (BPCO) a défini comme une
maladie d’apparition progressive que l’on peut traiter et prévenir. Elle est caractérisée
par une limitation des débits, non complètement réversible, qui est la conséquence d’une
réponse inflammatoire liée aux particules nocives, en particulier le tabac.
La BPCO est d’abord une maladie d’organe: l’appareil broncho-pulmonaire, qui atteint
essentiellement les petites voies aériennes, elle est ensuite une maladie générale ou
systémique essentiellement caractérisée par des comorbidités.
Le traitement de la BPCO doit s’attaquer aux deux versants de la BPCO. Les broncho-
dilatateurs pour la maladie d’organe, la réhabilitation respiratoire pour la maladie
générale.
SOMMARY
Chronic obstructive pulmonary disease (COPD) is defined as a progressive onset
disease that may be treated and prevented. COPD is characterized by flow limitation and
incomplete reversibility that is the consequence of an inflammatory response related to
harmful particles, most commonly tobacco.
COPD is first a disease of a single-organ: the broncho–pulmonary system, which affects
mainly the small airways, it manifests into a general or systemic disease, characterized
mainly by associated co-morbidities.
The treatment of COPD should aim to include the two components of this disease:
broncho-dilatators for the single-organ disease and physical rehabilitation for the
systemic disease.
Mots clés : BPCO, Tabac, Comorbidités, Exacerbations, Décompensation, Réhabilitation,
broncho- dilatateurs.
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
3
Sommaire Partie théorique ……………………………………………………………... 05
I / Introduction- Généralités ………………………………………………………. 06
II / Définition …………………………………………………………………………. 07
III / Epidémiologie ……………………………………………………………………. 08
1. Epidémiologie descriptive …………………………………………….
2. Epidémiologie Analytique (Facteurs de risques) ………………….
08
08
IV / Rappel histo-anatomique et physiologique de l’appareil respiratoire……. 10
V / Physiopathologie de la BPCO …………………………………………………. 15
1. Données Anatomo-pathologiques ……………………………………
2. Les conséquences physiopathologiques …………………………….
3. Les mécanismes d’adaptation …………………………………….....
4. L’inflammation systémique au cours de la BPCO ………………..
15
16
16
16
VI / Diagnostic et Classification ……………………………………………………. 17
1. Diagnostic positif ………………………………………………………
1-1. Clinique ………………………………………………………..
1-2. Examens complémentaires ……………………………….....
2. Classification de la sévérité …………………………………………..
3. Diagnostic différentiel …………………………………………………
17
17
20
22
23
VII / Histoire naturelle et Pronostic ……………………………………………....... 25
VIII/ Comorbidités ……………………………………………………………………… 27
IX / Exacerbations de la BPCO …………………………………………………...... 28
1. Définition ………………………………………………………………..
2. Fréquence ……………………………………………………………….
3. Diagnostic ………………………………………………………………
4. Classification de la sévérité ……………………………………….....
5. Etiologies …………………………………………………………….....
28
28
28
28
29
X / Traitement ………………………………………………………………………… 30
1. traitement de la BPCO à l’état stable ……………………………….
1-1. Les objectifs thérapeutiques …………………………………..
1-2. Les moyens thérapeutiques ……………………………………
1-3. Les indications ………………………………………………….
30
30
30
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4
2. traitement des exacerbations …………………………………………
2-1. Prise en charge Ambulatoire …………………………………
2-2. Prise en charge en milieu hospitalier ……………………….
2-3. L’antibiothérapie au cours des exacerbations de BPCO….
3. Actualités sur le traitement de la BPCO ……………………………
36
36
37
38
39
XI / Déclaration et suivi ……………………………………………………………… 40
X / Prévention …………………………………………………………………………
41
Partie pratique ………………………………………………......................... 42
I / Cas clinique No 01 ……………………………………………………………..... 43
II / Cas clinique No 02 ………………………………………………………………. 48
Conclusion …………………………………………………………………..... 52
Annexes ……………………………………………………………………….. 54
Références …………………………………………………………………..... 57
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La Partie Théorique
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La Broncho-pneumopathie obstructive (BPCO) est un problème majeur de santé
publique, en raison de sa morbidité, sa mortalité, et les dépenses de santé qu’elle induit.
Et malgré les progrès, elle reste une maladie sous-diagnostiquée.
C’est une maladie respiratoire chronique lentement progressive, d’origine
multifactorielle, avec la présence des manifestations extra-pulmonaires incluent les
maladies cardiovasculaires, l’Ostéoporose, le Diabète, et les troubles anxio-dépressifs.
Ces manifestations, avec la dyspnée, la limitation d’activité et les exacerbations,
représente une source majeure de handicap pour les sujets atteints.
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La BPCO est classiquement définit comme « Une maladie chronique et lentement
progressive caractérisée par une diminution non complètement réversible des débits
aériens ». [17]
Mais La définition de « La société Algérienne de Pneumo-phtisiologie » (SAPP) est plus
complète : une affection qui « se caractérise par une obstruction chronique des voies
aériennes non complètement réversible associé à une réaction inflammatoire anormale,
et à des conséquences systémiques (comorbidités) en réponse à des toxiques inhalés. » [1]
Cette définition n’est qu’une traduction de la définition de « Global initiative for chronic
Obstructive Lung Disease (GOLD) » publiée dans le rapport de 2011, et elle reste la même
dans les derniers rapports du 2013 et 2014. [2]
Rapports entre bronchite chronique, emphysème et BPCO [25] :
L’«étape» bronchite chronique n’est pas obligatoire ; l’absence de bronchite
chronique n’élimine pas le diagnostic de BPCO ;
Un patient qui a une BPCO (maladie) peut avoir plus ou moins d’emphysème ;
On peut parfois observer de l’emphysème sur le scanner d’un patient dont les EFR
ne montrent pas (encore) de TVO…
Figure II.01
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1. Epidémiologie descriptive :
1-1. Dans le monde :
Prévalence : La BPCO concerne 4 à 10% de la population mondiale adulte [9], et selon
l’OMS (2007) 210 millions de personnes présentaient une BPCO dans le monde.[1] En
France, la BPCO touche environ 3,5 millions de sujets, dont 1 million est symptomatique.
[3]
Mortalité : La BPCO sera la 3ème cause de mortalité dans le monde en 2020 [16-2], et la
4ème cause en 2030. [2]
1-2. Dans l’Algérie :
En 2009, la prévalence de la BPCO était de 4,9% à Alger, elle reste rare avant l’âge de
40 ans (0,1%) et atteint 9,2% chez les plus âgés (avec 16,1% chez l’homme, et 2,5% chez
la femme).
Cette prévalence dépend du statut tabagique ; elle est de 31,5% chez le fumeur et 2,5%
pour les non fumeurs.
L’étude internationale « BREATHE » (2011) retrouve une prévalence de BPCO en Algérie
de 25,8% chez les fumeurs. [1]
2. Epidémiologie analytique (facteurs de risque) :
2-1. Facteurs de risque environnementaux :
Tabac :
Est de loin le principal facteur de risque, il agit sur les bronches, les bronchioles et
même le parenchyme pulmonaire. [13]
A noter que Le tabagisme passif joue un rôle majeur dans l’apparition de symptômes
respiratoires chroniques chez l’enfant. [11]
Pollution professionnelle :
Les expositions professionnelles constituent au moins 15% de l’étiologie des BPCO =
BPCO professionnelle (annexe 02).
Pollution urbaine :
Essentiellement celle engendrée par la circulation automobile.
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Pollution domestique :
Elle est représentée essentiellement par les émissions des cuisinières et du chauffage,
les aérosols, les émanations des détachants et des solvants organiques. [1]
2-2. Facteurs génétiques :
Le Déficit en α1-antitrypsine représente le principal facteur de risque génétique
identifié de BPCO.
2-3. L’âge :
L’âge est considéré comme un facteur de risque de la BPCO [2], mais le fait qu’il s’agit
seulement des accumulations des pollutions pendant la vie n’est pas exclu.
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L’appareil respiratoire est constitué d’organes chargés d’apporter l’oxygène à notre
organisme et de rejeter le gaz carbonique résultat de l’oxydation.
Cet appareil est constitué de : 1- Voies aériennes : fosses nasales, pharynx, Larynx, trachée
et les bronches.
2- L’organe respiratoire : Le poumon.
Les voies trachéo-bronchique :
Les poumons sont divisés par les scissures en lobes, qui sont subdivisées en segments
correspondants à la distribution de l’arbre bronchique (Figure IV.02).
Voies extra-
pulmonaires
Voies intra-
pulmonaires
extra-lobulaires
Voies intra-
lobulaires.
(Bronchioles)
Trachée
Bronches principales
Bronches lobaires
Bronches segmentaires
Bronches lobulaires
B. proprement dites
B. respiratoires
B. terminales
10 - 1 mm
1 mm
Figure IV.02 :
Vigué Martin.
Atlas d’Anatomie
humaine.p 108
Figure IV.01
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11
La Muqueuse respiratoire, se compose (Figure IV.03) :
1. D’un épithélium : prismatique, stratifié au niveau de la muqueuse nasale ;
Pseudo-stratifié au niveau de la trachée et les bronches.
Avec 2 types de cellules : Cellules ciliées (1) et Cellules caliciformes à mucus ouvertes (2)
2. D’un Chorion (3) : conjonctif vascularisé.
Au niveau des bronches, on note la présence de fibres musculaires
lisses « muscle de REISSENSSEN ». (4)
La paroi alvéolaire offre à décrire :
1-Epithélium : avec 2 sortes de cellules :
Pneumocytes type I ;
Pneumocytes type II : sécrètent un film
liquidien : « Surfactant », ayant la propriété
d’abaisser la tension superficielle (rôle dans le
non-affaissement normal des alvéoles) ;
2- Stroma : formé de :
- Une substance fondamentale amorphe ;
- Des fibres et des fibroblastes ;
- Monocytes/ macrophages .
3- Capillaires.
(2) (1)
(3)
(4)
Figure IV.04 : Tortora. Principes d’anatomie et
de physiologie. p 782
Figure IV.03: S.Weinberger and
others. Principes of
pulmonary medecine.
P64
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12
La ventilation pulmonaire :
L’inspiration :
Avant l’inspiration la pression intra-alvéolaire
est égale à la pression atmosphérique (760 mm Hg
environ), selon la loi de Boyle, le volume d’un gaz
varie inversement à la pression, donc, pour que
nous puissions inspirer, les poumons (les alvéoles)
doivent augmenter de volume, cette étape
nécessite la contraction des muscles inspiratoires
principaux (Diaphragme et les muscles
intercostaux externes).
NB : La pression intra-pleurale est toujours inferieure à la pression atmosphérique.
L’expiration :
Est un processus passif, dépend de deux facteurs :
Rétraction des fibres élastiques qui ont été étirées durant l’inspiration ;
La traction vers l’intérieur de la pression superficielle due au surfactant.
Figure IV.05 : Tortora. Principes d’anatomie
et de physiologie. p 784
Figure IV.06 :
Tortora . Principes
d’anatomie et de
physiologie. p 786
754 mm Hg
758 mm Hg
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Les volumes et les capacités pulmonaires (Figure IV.07) :
VEMS (Volume Expiratoire Maximal par
Seconde) :
Le volume d'air expiré pendant la première
seconde d'une expiration forcée faisant suite à
une inspiration profonde (Figure IV.08).
Les échanges gazeux (Figure IV.09) :
1. La respiration externe (1):
L’oxygène diffuse des alvéoles vers le sang désoxygéné, et le
gaz carbonique diffuse dans la direction opposée. Le taux de la
respiration externe dépend de plusieurs facteurs :
Différence de pression partielle entre les alvéoles et le sang
(Palv ˃ Psang diffusion) ;
Surface d’échange gazeux (Surface diffusion) ;
L’épaisseur totale des membranes alvéolo-capillaires (
épaisseur diffusion) ;
La fréquence et l’amplitude respiratoire ( fréquence ou
amplitude respiration externe).
2. La respiration interne (2) :
C’est l’échange d’oxygène et de gaz carbonique entre les capillaires sanguins des tissus et les cellules.
1
2
Figure IV.07 : Tortora. Principes d’anatomie et de physiologie. p 790
Figure IV.09 : Cherwood.
Physiologie humaine. P 366
Figure IV.08 : Charles-H.M et autres. EFR aux ENC.
P4
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Rapport ventilation - perfusion (Figure IV.10) :
A l’état normal (B) : la différence de la pression partielle de l’O2 entre les alvéoles et le
sang: 10040= 60mm Hg, et celle du CO2 : 4640= 6mm Hg.
Shunt vrai (A) (V/Q=0): Absence de ventilation + bonne perfusion.
Effet Shunt (V/Q ): Diminution de la ventilation + bonne perfusion.
2 Un paquet-année correspond à la consommation de 1 paquet de cigarettes (20 cigarettes par paquet) par jour
pendant 1 an (soit 365 paquets). Par exemple un homme qui a fumé 40 paquets/années peut avoir fumé soit un paquet par jour pendant 40 ans soit 2 paquets par jour pendant 20 ans.
Tableau VI.01 : Echelle de dyspnée du Medical Research Council modifiée
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Toux : persistante ou intermittente souvent négligée par le malade ;
Expectoration : persistante, quel que soit le type.
Signes physiques :
Au début, L’examen clinique est le plus souvent normal, ou parfois limités à des
râles bronchiques (ronchi) à l’auscultation pulmonaire.
Plus tardivement seront notés :
Inspection :
Un allongement du temps expiratoire avec parfois une expiration à « lèvres
pincées » ;
Une distension thoracique avec notamment un thorax en tonneau ;
Hippocratisme digital ;
Un signe de Hoover: pincement de la base du thorax à l’inspiration, témoignant de
l’aplatissement des coupoles diaphragmatiques.
Percussion : on note parfois la présence d’un tympanisme.
Auscultation :
Diminution du murmure vésiculaire ;
Atténuation des bruits du cœur ;
Râles bronchiques et rares sibilants.
A un stade avancé, les modifications de la géométrie et de la mécanique
thoracique sont responsables d’une position assez caractéristique dite du tripode :
« patient assis, penché en avant, prenant appui sur ses mains posées en rotation interne
sur ses cuisses ou ses genoux ».
* Il existe 2 morphotypes classiquement décrits :
Le type A ou « pink puffer » : sujet
maigre dyspnéique.
Le type B ou « blue bloatter » : sujet
plus âgé corpulent et cyanosé,
fumeur.
Figure VI.01
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NB : L’anamnèse et l’examen clinique doivent être obligatoirement complétés par la
spiromètrie qui confirme le diagnostic.
1-1-2. Lors d’une exacerbation :
Les symptômes sus mentionnés sont majorés et peuvent être associés à une fièvre ;
l’expectoration est plus abondante, franchement purulente. L’examen clinique objective
des râles bronchiques polymorphes.
1-1-3. Lors d’une décompensation :
La décompensation est une exacerbation sévère avec engagement du pronostic vital.
Le patient est vu dans le cadre de l’urgence et présente les signes suivants : [1]
1) Signes neurologiques à type d’obnubilation, d’agitation, ou de coma ;
2) Dyspnée de repos, à type de polypnée avec tirage ;
3) Cyanose ;
4) Sueurs profuses ;
5) Tachycardie > 120 battements par minute ;
6) Signes de cœur pulmonaire aigu : œdèmes des membres inférieurs, hépatomégalie,
reflux hépato jugulaire, signe de Harzer.
1-1-4. Répercussions systémiques de la maladie :
« La BPCO est une maladie systémique à point de départ respiratoire » [1-9]
Les répercussions systémiques sont multiples et graves, nécessitent une prise en
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
21
* Gazométrie artérielle : Si la saturation ˂ 92%.[5]
Hypoxie dont la sévérité a une valeur pronostique,
l’hypercapnie est tardive.
* Tomodensitométrie (TDM) thoracique: Permet d’affirmer la présence d’emphysème (Figure VI.05).
* Evaluation cardiaque : L’ECG doit être systématique lorsque le VEMS est <50% de la
valeur prédite.
* NFS (numération, formule sanguine). : On recherche :
- Une polyglobulie réactionnelle à l’hypoxémie ;
- Une anémie : co-morbidité fréquente et de mauvais pronostic.
* Le dosage d’alpha-1 antitrypsine : est indiqué en cas de :
Patients jeunes (< 45 ans) ;
Anamnèse familiale de BPCO ;
BPCO non tabagique.
* Bilan des co-morbidités : les co-morbidités sont des affections coexistant avec la BPCO
sans préjuger d’un lien causal.
Figure VI.04 :
Courbe
débit/volume
normale (a) et
de BPCO (b).
HAS. Guide de
soins BPCO. P30
Figure VI.05 : De
gauche à droite, scanner thoracique chez un sujet normal, chez un patient souffrant d’un emphysème diffus, chez un patient souffrant d’un emphysème bulleux.
a b
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
22
*Autres :
.Test de marche de 6 minutes (TDM6) : indiqué pour les stades II à IV pour mesurer
la tolérance à l’effort qui représente un facteur pronostique important.
.Fibroscopie bronchique : n’est pas systématique, mais elle est indiquée dans
certaines situations (l’association cancer-BPCO est fréquente).
.Volumes pulmonaires et capacité de diffusion : pas de routine ; C’est un examen
spécialisé indiqué dans les stades avancés.
.Pulsoxymétrie : recommandée chez les patients avec VEMS<35% du prédit ou en cas
de signes de défaillance respiratoire ou cardiaque droite.
2. Classification de la sévérité :
Jusqu’en 2009, la classification GOLD (Global initiative for chronic Obstructive Lung
Disease) de la maladie dépendait uniquement du VEMS (Tableau VI.02).
Les recommandations GOLD 2011, mis à jour en 2013 et en 2014, introduisent des
critères de classification intégrant le VEMS, les symptômes (CAT (Annexe 01) et mMRC) et
les exacerbations (Figure VI.06) : [2]
[1]
Figure VI.06 : Thomas Geiser. BPCO dans la GOLD
mania ou le nouvel
ABCD de la BPCO.
Forum Med Suisse
2014;14(3):45
Tableau VI.02 :
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
23
Mais cette nouvelle classification ABCD, ne fait pas l’unanimité:
Son applicabilité dans la pratique est plus que douteuse, car elle implique la
détermination préalable de deux scores (CAT, mMRC). Il est par ailleurs nécessaire
de déterminer le nombre d’exacerbations au cours des 12 derniers mois, ce qui
n’est pas toujours simple dans la pratique ; [16]
Les stades spirométriques GOLD (2009) sont beaucoup plus informatifs que les
Grades ABCD en termes de prédiction des décès (Figure VI.07). [4]
NB : - la SAPP (La Société Algérienne de Pneumo-phtisiologie) préconise l’utilisation de
l’ancienne classification basée uniquement sur le VEMS. [1]
- SPLF (Société de Pneumologie de Langue Française) a déclaré ne pas vouloir
adopter les stades ABCD immédiatement après leur parution, dans l’attente des
résultats des études testant leurs implications dans les cohortes de BPCO
existantes. [10]
- Les pneumologues suisses n’aient pas intégré la classification ABCD dans leurs
recommandations sur la BPCO récemment publiées (2013), ce fait est accueilli avec
un grand soulagement. [16]
3. Diagnostic différentiel :
Eléments évocateurs
L’asthme
- Terrain atopique, rhinite associée ;
- Antécédents familiaux d’asthme ;
- Début des symptômes dans le jeune âge ;
- Variabilité des symptômes ;
- Sibilants ;
- Symptômes nocturnes, y compris en fin de nuit ;
- Obstruction bronchique complètement réversible.
Figure VI.07: GOLD classifications and mortality in chronic obstructive pulmonary disease : the
HUNT study, Norway. Thorax 2013 ; 68 : 914-921.
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Syndrome métabolique et diabète Glycémie, tour de taille, bilan biologique
générale.
Bronchiectasie Radiographie du thorax, TDM.
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
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1. Définition :
« Un évènement aigu caractérisé par une aggravation des symptômes respiratoires
différents des variations quotidiennes, et qui exigent une modification du traitement. » [2]
durant plus de 48 heures. [8]
2. Fréquence
Les exacerbations de BPCO sont observées en moyenne de 2 à 4 fois par an. Elles sont
d’autant plus fréquentes que la BPCO est sévère, mais elles sont souvent négligées,
puisque seule la moitié d’entre elles amènent à une consultation médicale. [15]
3. Diagnostic :
« Le diagnostic des exacerbations est clinique. »
Deux situations sont à envisager :
BPCO connu : le diagnostic d’exacerbation repose sur la majoration de la dyspnée,
de la toux et/ou de l’expectoration.
BPCO méconnu : l'exacerbation peut-être une exacerbation inaugurale, et parfois
sévère d'emblée. la notion de tabagisme et d’une symptomatologie ancienne
évocatrice de bronchopathie chronique oriente le diagnostic vers l’exacerbation de
BPCO.
4. Classification de la sévérité :
L’appréciation du degré de sévérité repose essentiellement sur une évaluation entre la
48ème et 72ème heure après instauration d’un traitement de première intention, tel que
décrit dans le tableau ci- dessous : [1]
NB : Si Pa02 < 60 mm Hg et/ou SaO2 < 90% : hospitalisation dans un service de médecine. Si PaCO2 comprise entre 45 et 60 mm Hg avec acidose (pH < 7,36) : hospitalisation en réanimation.
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
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5. Etiologies :
Les étiologies infectieuses : représente 80% des étiologies, l’infection virale (50 à
60%), les bactéries (30 à 40%) et les germes atypiques (5 à 10%) des cas. [1] On
doit noter que ces pourcentages sont variables selon les auteurs, et que Les
exacerbations virales sont rarement documentées. [3]
Le principal argument en faveur d’une infection bactérienne est la purulence
récente ou majorée de l’expectoration.
Les bactéries les plus souvent en cause sont : [21]
Haemophilus influenzae (11%) ;
Streptococcus pneumoniae (10%) ;
Moraxella catarrhalis (10%) ;
Haemophilus parainfluenzae (10%) ;
Pseudomonas aeruginosa est beaucoup plus rarement impliqué,
habituellement chez les patients les plus sévère ou ayant séjournés en
milieu hospitalier. [3]
NB: la fièvre ne permet pas à elle seule d’évoquer l’infection bactérienne, mais sa
persistance au-delà du 4ème jour peut l’évoquer.
Complications et comorbidités : dysfonctionnement du ventricule gauche (OAP
(Œdème aigu du poumon), Infarctus de myocarde), maladie thromboembolique,
- La bronchodilatation dans les formes graves de BPCO après échec des traitements
inhalés classiques et fait appel au bromure d’Ipratropium seul ou associé à la
terbutaline ou au salbutamol.
4 PaO2 : pression artérielle en oxygène.
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Kinésithérapie respiratoire : pour traiter l’encombrement bronchique.
La ventilation non invasive (VNI) : Se discute chez les patients ayant une BPCO sévère, en
présence d’une hypercapnie symptomatique.
Réduction de volume chirurgicale ou endoscopique (LVRS/ BLVR) : Lorsqu’elle est
disponible, elle est indiquée en cas d’emphysème sévère.
Transplantation pulmonaire : Si elle est disponible, se discute chez les patients ayant une
BPCO très sévère.
2. Traitement des Exacerbations:
2-1. Prise en charge Ambulatoire (Figure X.02) : [1]
La majorité des exacerbations est prise en charge en ambulatoire en informant le
patient et son entourage sur les signes de gravité qui doivent les inciter à reconsulter en
urgence après 24 à 72 heures de traitement.
I : Léger II : Modéré III : Sévère IV : Très sévère
Réduction des facteurs de risques, Vaccination, Activité physique
Bronchodilatateur de courte durée d’action (à la demande)
Tableau X.05 : Traitement de BPCO stable
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2-2. Prise en charge en milieu hospitalier :
[1]
Figure X.02 :
Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive (BPCO) BENMAHFOUD Sami 2014
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2-3. L’Antibiothérapie au cours des exacerbations de BPCO :
« L’utilisation d’antibiotiques dans les exacerbation de la BPCO reste controversé » [2]
L’Antibiothérapie est indiquée seulement pour les Exacerbations bactériennes. Actuellement, l'argument clinique prépondérant pour une étiologie bactérienne de
l'exacerbation de la BPCO est la mise en évidence d'une expectoration purulente verdâtre
franche. [21]
NB : - La purulence des expectorations n’exclut pas une origine virale ;
- Les cultures des expectorations manquent de sensibilité et de spécificité.
Dans une méta-analyse (inclue 16 études), les auteurs concluent que chez les patients
admis en soins intensifs, les antibiotiques ont un effet favorable important et concordant
sur tous les critères de jugement. Pour les patients en ambulatoire et les patients
hospitalisés, les résultats sont toutefois moins concordants. [22]
Selon les recommandations de la « SAPP », les indications de l’antibiothérapie sont
résumé dans l’algorithme ci-dessous : [1]
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Il est recommandé de les utiliser avec prudence en institution (risque de transmission
de souches résistantes) et chez les sujets âgés sous corticothérapie par voie générale
(risque accru de tendinopathie). [23]
3. Actualités sur le traitement de la BPCO :
- Association BALA + tiotropium : Données insuffisantes pour conclure à un intérêt
clinique.
- Association BALA + CSI : risque de pneumonie accru sous association, qui doit être
mis en balance avec une réduction possible du nombre d’exacerbations.
- N-Acétylcystéine (NAC) à fortes doses : réduisent le nombre d'exacerbations et
prolongent le moment de survenue de la première exacerbation chez les patients à
haut risque d'exacerbations ; mais les données sont encore insuffisantes.