Accademia Editoriale Aux origines de l'"Oikonomia" grecque Author(s): Raymond Descat Source: Quaderni Urbinati di Cultura Classica, New Series, Vol. 28, No. 1 (1988), pp. 103-119 Published by: Fabrizio Serra editore Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20546939 . Accessed: 24/02/2014 19:04 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Fabrizio Serra editore and Accademia Editoriale are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Quaderni Urbinati di Cultura Classica. http://www.jstor.org This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
Accademia Editoriale
Aux origines de l'"Oikonomia" grecqueAuthor(s): Raymond DescatSource: Quaderni Urbinati di Cultura Classica, New Series, Vol. 28, No. 1 (1988), pp. 103-119Published by: Fabrizio Serra editoreStable URL: http://www.jstor.org/stable/20546939 .
Accessed: 24/02/2014 19:04
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp
.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].
.
Fabrizio Serra editore and Accademia Editoriale are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extendaccess to Quaderni Urbinati di Cultura Classica.
http://www.jstor.org
This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions
Nous assistons depuis quelques ann?es ? un regain d'int?r?t pour la
pens?e ?conomique grecque, stimul? sans aucun doute par les travaux
de M.I. Finley l. Cependant, consid?r?e dans son ensemble, la d?marche
de l'auteur d'Ancient Economy est loin d'?tre uniforme. D'un c?t?, il est
tr?s critique envers le niveau et la port?e de la litt?rature "oikonomique"
grecque, genre o? r?gnent selon lui la routine et la na?vet?, ? tel point
qu'il voit dans l'auteur des Oikonomika attribu?s par tradition ? Aristote
l'un de ces potaches imb?ciles qui encombrent m?me les meilleures ?co
les 2. Mais en m?me temps il juge s?v?rement l'attitude de ceux qui, glo sant continuellement sur la m?diocrit? des r?flexions grecques, se trom
pent en fait de sujet puisque les Grecs ne font pas de l'?conomie mais de
la morale3.
* Une premi?re version de cet article a fait l'objet d'un s?minaire ? l'Universit?
d'Urbino le 31 Janvier 1985. Je remercie B. Gentili et tous les pr?sents pour leurs sugge
stions. 1 On peut noter, depuis la parution d'Ancient Economy en 1973, C. Ampolo, 'Oi
konomia (Tre osservazioni sui rapporti tra la finanza e l'economia greca)', Arch, e storia
ant. 1, 1979, pp. 119-130; S. T. Lowry, 'Recent Literature on Ancient Greek Economie
Thought', journ. Econ. Lit. 17, 1979, pp. 65-86; S. Meikle, 'Aristotle and the Political
Economy of the Polis', journ. Hell. Stud. 99,1979, pp. 57-73; C. Moss?, 'X?nophon ?co
nomiste', in Le Monde Grec. Hommages ? Claire Pr?aux, Bruxelles 1975, pp. 169-176; P.
Musiolek, '?konomische ?berlegungen der Philosophen und Publizisten im 4. Jahrh.', in Hellenische Poleis IV, 1974, pp. 1910-1926; D. Musti, Ueconomia in Grecia, Roma
Bari 1981 (cf. p. 134 sqq.); P. Spahn, 'Die Anf?nge der antiken ?konomik', Chiron 14, 1984, pp. 301-323.
2 Class. Rev. 20, 1970, pp. 315-319.
3 L'?conomie antique, trad, franc. Paris 1975, p. 21.
This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions
Les autres exemples d'oikonomos au 5?me s. vont dans le m?me
sens. Le passage le plus r?aliste concerne la femme d'un client de Lysias c. 403-400. Ses responsabilit?s ?'oikonomos ont ?t? acquises apr?s une
p?riode d'essai, qui suivit le mariage, o? elle donna enti?re satisfaction ?
son mari. Elle prend alors compl?tement en charge Yoikos et montre
pleinement ses qualit?s depheidolos (Lys. 1, 7). Dans Y Agamemnon d'E
schyle, Yoikonomos est Mfjvi? ? en fait Clytemnestre
? qui est quali
fi?e de |iv??KDV, de "m?moire" de l'?tat de Yoikos, ? l'image d'une fon
ction qui existe dans les cit?s 10.
L'occurrence d'oixovojx qui renvoie chez Sophocle {El. 192) ?
une autre femme-m?moire de Yoikos, Electre, se situe dans un voisinage
s?mantique int?ressant, pas toujours bien compris. P. Mazon traduit par
"je suis servante au palais de mon p?re" et laisse ainsi entendre qu' oixo
vo\i(b peut ?tre d?s cette ?poque attach? ? une fonction subalterne dans
Yoikos. Ce n'est pas possible car contraire ? la tradition antique; la Souda
glose en effet olxovo|I?) par ?iaixa "j'habite, je r?side", sens qui pa ra?t un peu faible ? premi?re vue, mais qui trouve un ?cho dans le con
cept de r?sidence cher aux ethnologues et qui d?signe non pas la locali
sation g?ographique, mais la place sociale dans une famille n. Or Electre
n'a pr?cis?ment pas la place qui lui revient; elle est seulement une epoi kos (compris par la Souda comme metoikos), terme de la colonisation qui
correspond g?n?ralement aux nouveaux arrivants, aux colons suppl? mentaires dont le statut est inf?rieur et certainement provisoire 12. "Mais c'est vraiment comme une ?trang?re
? sans marque de dignit? ?
que je r?side au palais de mon p?re".
Malgr? leur petit nombre, ces t?moignages sont suffisamment con
cordants pour permettre de tracer ? la fin du si?cle l'image de Yoikono mos. C'est une fonction sociale qui comprend trois aspects:
a) avoir re?u un oikos. La fonction est toujours attribu?e ? la
despoina.
b) utiliser sagement ses ressources.
c) conserver Yoikos dans la m?moire comme dans la r?alit?.
10 Eschyle, Agam. 155. Pour l'institution voir en Cr?te l'inscription de Spensithios
(cf. L. Jeffery-A. Morpurgo-Davies, Kadmos 9, 1970) et ? Halicarnasse (Syll.3 45; Meiggs-Lewis 32).
11 Dir. M. Auge, Les domaines de la parent?, Paris 1975 p. 36.
12 Sur ?poikos voir B. Virgilio, Studi class, or. 32, 1982, pp. 139-140.
This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions
XQr]|i?T?)v; jteqi c|)iX,oxeq?ou?27. Nous ne savons malheureusement
rien du contenu de ces trait?s ? YHipparque except?
? mais la lecture
des titres montre qu'il s'agit des concepts de base de Yoikonomia qui vont ?tre ?tudi?s ? ce moment-l? comme ils ne le seront jamais plus. Nous devons rapprocher de ce courant d'id?es ce que dit sur Yepimeleia o?xeudv xai jroXixix v P?ricl?s (Thuc. 2, 40, 2), dont la figure de pre
mier oikonomikos est bien d?crite chez Plutarque ? travers une sorte de
jteqi axQi?eiac. Il existe donc un moment d?cisif o? s'?tablissent les normes d'un
nouveau comportement que l'on retrouve au centre des synth?ses jteqi
oixovo|jiicx?28. Il est en effet ? noter que le genre se transforme tr?s vite
et que la forme dominante en deviendra les jteqi jtXoutou qui, ? l'excep tion de l'oeuvre de Diog?ne le Cynique, n'apparaissent gu?re avant le
milieu du si?cle et sont tr?s r?pandues ? l'?poque hell?nistique en parti culier chez les Cyniques et les Epicuriens 29. Mais comme le note juste
ment P. Thillet ? propos des fragments d'Aristote le ton est d?sormais
27 Simon (D. La?rce 2,122); Simmias (D.L. 2,124); X?nocrate (D.L. 4,12); Piaton
(D.L. 3, 59). On peut y ajouter le Jteoi xov JtX?ov ?xeiv de Criton (D.L. 2, 121). 28
X?nocrate (D.L. 4, 12); Aristote (D.L. 5, 22); et les deux ouvrages que nous
avons conserv?s de X?nophon et du Ps.-Aristote. Plus tard Philod?me (cf. C. Jensen,
rencontre dans son oikos le plus d'opposition 34. G?rer ses d?penses, cela veut dire vendre, c'est ce que fait aussi P?ricl?s et c'est la conclusion
de Y Economique de X?nophon: le but est de d?velopper un syst?me o? les ventes se succ?dent. L'int?r?t de tous est de recommencer {Econ. 20,
26), de faire que ce syst?me de vente soit aussi "perp?tuel" que pouvait l'?tre l'ancien syst?me d'?change.
5. L}oikos dont traite le logos oikonomikos est aux prises avec un
probl?me nouveau provoqu? par l'extension de l'usage de la monnaie
qui est d'abord une raison de d?pense et qui doit devenir aussi l'essentiel
du gain. C'est une erreur de penser que le logos oikonomikos n'est
qu'une redite pure et simple des comportements anciens de Yoikos, pui
squ'il est au contraire une r?flexion sur les aspects qui ont le plus ?volu?.
Il ne faut pas pour autant oublier ses limites.
La plus importante, ? mon sens, est que le logos oikonomikos ne
s'int?resse fondamentalement qu'au gain de l'?change, mais cet ?change n'est pas associ? ? la production. Le profit dont il est question est celui
qui na?t de l'?change, non celui qui na?t de la production, de la producti vit?. Ce n'est qu'en assemblant les deux aspects qu'une pens?e ?conomi
que compl?te peut se d?velopper et poser le probl?me du prix. Il y a ?
cela une raison, l'inspiration pratique dont ne se d?gage jamais Yoikono
mia qui est issue des probl?mes r?els du propri?taire di oikos impliqu? dans des op?rations de vente et d'achat et non d'une r?flexion de syn th?se sur la logique m?me de l'action. Du coup dans la r?flexion "socra
tique" qui donne naissance ? Yoikonomia c'est le profit commercial qui est le point de r?f?rence. C'est contre cette tendance r?ductrice que lut
tera Aristote 35, mais son effort pour remettre l'?change commercial ? sa
place dans l'ensemble du circuit de production aboutira ? justifier intel
lectuellement une s?paration entre le domaine du travail et celui du gain
d'?change. Il y avait pourtant des pistes possibles ? partir du moment o? on
admettait dans Yoikonomia que les m?mes qualit?s ? comme Yepimeleia
? pr?sidaient ? tous les moments de la vie de Yoikos, tant pour le soin
apport? ? la production que pour celui apport? ? la gestion financi?re.
Mais on sait que tous les trait?s d'oikonomia choisissaient syst?matique
34 Plut. Perte. 16. 35
C'est le sens des passages de Y Ethique ? Nicomaque que je me propose d'?tudier
par ailleurs.
This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions
ment l'agriculture comme techne chrematopoios. S'il est bien certain que
l'agriculture joue un r?le fondamental dans l'?conomie grecque et
occupe la grande majorit? de la population active, il n'en reste pas moins
que les arguments utilis?s sont ? nos yeux tr?s fragiles. L'agriculture est
choisie parce qu'elle est la plus facile des technai et la plus convenable. Il
est temps de s'interroger sur les raisons profondes de ce choix que est
souvent pr?sent? comme le symbole m?me d'une mentalit? "anti-?cono
mique".
6. La justification est donn?e de mani?re d?finitive dans deux pas
sages bien connus de Y Economique de X?nophon (4,2 et 6,5, 8): le tra vail artisanal est m?pris? parce que les artisans sont mous, "ch?tifs", oi>
c|hX,oi et ne peuvent pas ?tre de bons citoyens. La georgia s'oppose point
par point ? cette image. Elle est facile, alors que l'apprentissage d'une
techne artisanale est difficile, elle est ouverte ? tous alors que la connais
sance du m?tier est initiatique et secr?te, Tartisan vit dans un espace clos
? la diff?rence du paysan et travaille sans ponos> sans l'effort qui est la va
lorisation indispensable du travail dans la repr?sentation grecque (tout un courant le montre de Pindare ? Antisth?ne avec ses h?ros philoponoi sans compter les ?pitaphes qui glorifient le ponos des paysans)36.
On retrouve d?j? le th?me chez H?rodote (2,167) dans un passage o? l'historien compare sur ce point les usages grecs et barbares. En
apparence la situation faite aux technitai est semblable: ils sont d?consi
d?r?s ? la fois chez tous les peuples barbares et chez les Grecs. En appa rence seulement, car en r?alit?, H?rodote nous dit autre chose, la diff?
rence entre monde grec et monde barbare. Chez les Barbares les techni
tai sont inf?rieurs en time aux nobles, ? ceux qui gouvernent et qui font
la guerre. Le point de d?part de la remarque est l'existence de 7 gene en
Egypte, v?ritables castes. Or en Gr?ce rien de tel sauf ? Sparte. En Gr?ce
c'est une situation plus floue, qui n'est pas officialis?e, qui va de \iaki oxa ? r\KiOTa, du plus au moins, parce qu'en Gr?ce pr?cis?ment il peut
y avoir confusion. Chez les Barbares la fonction de technites est inf?
rieure ? celle du noble; en Gr?ce on est oblig? de rappeler qu'elle est
incompatible avec la fonction de citoyen, d'o? cette critique des hommes
de m?tier, parce que justement ils peuvent ?tre citoyens et acc?der au
36 Sur tous ces aspects voir R. Descat, 'La vie professionnelle dans la cit? grecque.
Sociabilit? et conflits', in Actes du Colloque de Rouen sur la sociabilit?, 1987, pp. 289-300.
This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions
pouvoir. Nous touchons l? la raison de cette critique de l'artisanat, plus sensible ? Ath?nes que dans d'autres cit?s. En soulignant que c'est ?
Corinthe que le m?pris des artisans est le moins sensible H?rodote veut
surtout nous dire que ce n'est pas ? Ath?nes. Or Corinthe est une aristo
cratie traditionnelle, dont on conna?t tr?s mal l'histoire int?rieure au
5?me s., probablement parce que le r?gime est tr?s stable 37. C'est l'?vo
lution d?mocratique ? Ath?nes qui a pr?cipit? les choses.
Le probl?me est expos? par Platon (Lois 846d) : on ne peut ?tre ? la
fois citoyen et artisan parce qu'?tre citoyen c'est d?j? une techne, un
?m?tier? et qu'on ne peut faire bien deux m?tiers ? la fois. On aura com
pris que cette incompatibilit? n'est pas une affaire d'emploi du temps ?
et n'est pas r?aliste ? mais est la forme nouvelle depuis l'apparition de la
d?mocratie de l'id?ologie ancienne des rapports entre l'artisan et le
citoyen, c'est-?-dire l'homme au pouvoir. Les rapports sont profonds et
assez compliqu?s, mais soulign?s avec ?vidence par la langue. Le m?me
mot ancien ?t]|jILOUQYO? est valable ? la fois pour l'artisan et pour le
corps des citoyens qui gouvernent, le corps des citoyens "actifs" ? l'int?
rieur desquels sont pris les magistrats 38. Pendant longtemps la double
signification de "d?miurge" a pos? probl?me parce qu'on reportait
implicitement la situation r?cente ?voqu?e dans nos sources classiques sur les ?poques ant?rieures. Or dans la conscience grecque il existe un
point commun essentiel entre l'artisan et l'homme de pouvoir: le r?sultat
de leur action qui est de produire un effet, un acte efficace. Dans sa
nature Y ergon du d?miurge-artisan est semblable aux actes qui manife
stent le pouvoir du d?miurge-citoyen. D?s l'origine le d?miurge produit un acte efficace qui entra?ne prestige et autorit?; l'artisan partage avec le
pouvoir la metis qui lui permet de triompher des obstacles rencontr?s.
Le r?sultat des actes est, comme le dit Pindare (Isthm. 1, 47), le misthos.
Loin d'?tre m?taphorique le jugement du po?te montre bien cette con
science commune, ? laquelle il est tr?s attach?, pour soutenir que son
propre misthos est le signe, la manifestation d'une valeur et non la r?tri
bution d'un service, d'un lien 39. Au d?but de la d?mocratie, le misthos
qui est donn? non pas ? tous les citoyens de la communaut? mais ? ceux
37 En dernier lieu J.B. Salmon, Wealthy Corinth 1984, pp. 404-406. 38 C. Vatin, ordres et classes dans les institutions delphiques', in Recherches sur les
structures sociales dans l'antiquit? classique, Paris 1970, p. 260. 39
Pind. Vita Amhr. I 3, 20-22 Drachm.
This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions
roi-jardinier, un roi planteur42. D'autre part Cyrus est le conqu?rant, le
chef victorieux. La Cyrop?die (8, 1, 14) insiste sur le mod?le militaire choisi pour les oikonomika et X?nophon fait ici r?f?rence au syst?me
d'exploitation tributaire du territoire avec le r?le des gazophylakes, des
garnisons-entrep?ts. On peut donc parler dans la constitution du genre "oikonomique"
d'un mod?le oriental qui a le double avantage 1) de faire passer dans la .
communication l'enseignement all?gorique 2) de r?pondre aux besoins
sp?cifiques de la soci?t? grecque. Il ne faut pas n?gliger cette attirance
des auteurs du 4?me s. pour le syst?me perse qui fonctionne comme
mod?le ?conomique. Chez le Pseudo-Aristote cela aboutira ? une com
paraison des oikonomiai et ? une ?tude fine du syst?me royal et satrapi
que. La raison de cet int?r?t renvoie aux nouveaut?s de la vie ?conomi
que du moment et ? l'id?al du revenu qui devient le pr?l?vement sur le
travail de la terre ou des ateliers fait en particulier par les esclaves. C'est
le mod?le d'Ischomaque et retenons que le revenu du propri?taire est
parfois appel? apophora 43, ce qui ne nous ?loigne gu?re du phoros du
Grand Roi.
Dans la culture grecque classique, Yoikonomia fait figure de
parente pauvre, ni genre litt?raire ni discipline intellectuelle. Or ce qui est en cause est moins sa personnalit? floue qu'une originalit? mal com
prise. Il faut redonner au logos oikonomikos toute sa dimension d'?v?ne ment historique. Il a des traits caract?ristiques et r?pond ? une situation
donn?e. Il a une histoire qu' il faut pr?ciser et des origines que nous
avons essay? d'?clairer.
Ce qui a contribu? ? renforcer cette id?e est l'angle d'approche trop ?videmment "comparatiste" de cette discipline ? qui l'on va reprocher ses "manques" par rapport ? la r?flexion moderne. St?rile quand elle
devient un syst?me de pens?e (qui aboutit ? se demander si oui ou non
les Grecs voulaient le profit et avaient envie de gagner de l'argent) la
comparaison ne peut cependant manquer de faire r?fl?chir pour savoir, comme le demande Finley "s'il ne s'agit que d'un accident, un ?chec
intellectuel, un probl?me pos? par l'histoire des id?es au sens ?troit, ou
42 Sur l'id?ologie monarchique ach?m?nide et ses rapports avec l'?conomie voir les
?tudes de P. Briant rassembl?es dans Rois, tributes et paysans, Paris 1982. 43
Ex.:Ps.X?n. 1, 2; Esch. 1,97.
This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions
s'il faut y voir plut?t la cons?quence de la structure de la soci?t? anti
que" 44. La r?ponse ? donner tient bien ?videmment des deux, mais je me contenterai pour l'instant d'une rapide conclusion sur le premier
point. Voikonomia s'est constitu?e ? la fin du 5?me s. en objet d'?tude,
tout comme la science ?conomique ? partir des 18?me/19?me s. mais elle
se heurte ? un obstacle ?pist?mologique majeur, celui de ne pas avoir
d?gag? une cat?gorie de l'agent. Pour qu'il y ait une th?orie ?conomique, il faut qu'il y ait une conception de Y agent ?conomique dans sa situation, ses choix et ses moyens de d?cision. Cette cat?gorie de l'agent, la pens?e
grecque n'en dispose pas v?ritablement. Ce sont les rapports entre l'in
dividu et Tordre d'ensemble qui sont primordiaux. \Joikonomia na?t
quand Tune des formes traditionnelles de cet ordre est ?branl?e par les
nouveaut?s ?conomiques. Voikonomia n'a pas donn? naissance ? la
science ?conomique, mais sachons reconna?tre ? l'?conomie toute sa
place dans la cr?ation d'un nouvel ordre politique, celui de Y oikonomi
kos.
Universit? de Bordeaux 3
44 M.L Finley, op. cit. p. 21.
This content downloaded from 200.3.144.114 on Mon, 24 Feb 2014 19:04:27 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions