Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires Bilan et perspectives Décembre 2013 Par Gaëtan Brisepierre – Sociologue Bureau d’études sociologiques GBS 15 avenue du Recteur Poincaré 75016 Paris [email protected]06.17.81.37.37
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A. Liste des sigles ....................................................................................................... 50
B. Méthodologie des entretiens ................................................................................... 51
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
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Préambule
Depuis environ une décennie, les sociologues français se sont emparés de l’énergie comme
objet de recherche dans le contexte renouvelé de la transition énergétique. Plusieurs
colloques et séminaires scientifiques se sont tenus, de nombreuses thèses de doctorat ont été
réalisées ou sont en cours, et le nombre de publications d’articles sur le sujet a
considérablement augmenté. Cette production est le fait de chercheurs travaillant dans des
laboratoires de recherche, mais aussi de sociologues exerçant au sein d’organismes publics,
d’entreprises privées ou en tant qu’indépendants.
Une grande partie de ces recherches portent sur la consommation d’énergie dans les bâtiments
résidentiels et tertiaires. En effet, le bâtiment est le secteur clé de la transition énergétique
car c’est celui qui offre le plus important potentiel de maîtrise de la demande d’énergie
(MDE). Un consensus existe désormais sur le fait que ce gisement ne pourra pas être
uniquement exploité par la diffusion du progrès technique (efficacité énergétique) mais
demande aussi une mutation des comportements quotidiens et des modes de vie. La plupart
des scénarios prospectifs misent en partie sur « la sobriété énergétique » pour atteindre les
objectifs de Facteur 4 en 2050.
Malgré le foisonnement des recherches d’un côté, et une demande de connaissance des
« comportements » de l’autre, on peut faire le constat d’un déficit de visibilité des
recherches en sociologie de l’énergie auprès des acteurs engagés dans la transition
énergétique. Cette situation s’explique en partie par la production d’une « littérature grise »
(confidentielle), ainsi que par la difficulté des acteurs à identifier et à s’approprier des
publications qui répondent aux normes académiques.
L’objectif de ce document de vulgarisation est de faciliter l’accès aux principaux
résultats de la recherche en sociologie sur la consommation d’énergie des bâtiments. Il se
veut un outil d’aide à l’appropriation des connaissances principalement destiné à un public de
non sociologues mais ayant déjà une connaissance du sujet. Il vise également une valorisation
des publications existantes et une identification de leurs auteurs. Le document comporte trois
parties :
un bilan des connaissances structuré autour de thèmes connus de tous, rédigé dans un
langage clair et direct, et adoptant une forme concise. A la suite de chaque synthèse,
une bibliographie interactive permet d’accéder facilement à des publications
disponibles en ligne afin d’approfondir le sujet.
des perspectives d’orientation de la recherche basée sur une série d’entretiens auprès
« d’utilisateurs » de la sociologie de l’énergie (voir Annexe B). Elles proposent une
analyse de la perception de la sociologie de l’énergie, ainsi que des orientations et des
pistes de recherche.
Précisons que le bilan ne prétend pas être un état de l’art scientifique, qui a été en partie
réalisé par ailleurs sur la question des usages et du confort1. L’esprit de vulgarisation qui
anime ce travail nous a conduits à sélectionner certains résultats saillants et à privilégier la
reformulation plutôt que la citation. Chaque synthèse s’appuie sur les travaux de multiples
chercheurs mentionnés dans les bibliographies en fin de partie et de document. Par
ailleurs, l’exercice du bilan reste délicat car la sociologie ne produit pas de résultats définitifs
1 SUBREMON Hélène, Anthropologie des usages de l’énergie dans l’habitat : un état des lieux, Collection
Recherche, n°200, Editions du PUCA, 2011.
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étant donné que son objet d’étude est en perpétuelle évolution. La connaissance sociologique
est plutôt à voir comme un processus, dont ce document constitue l’une des étapes, œuvrant
pour une diffusion plus large et ouvrant vers de nouvelles perspectives.
Le bilan des connaissances est construit autour des objets d’études traités par les
sociologues de l’énergie, et s’organise en trois grandes parties. La première part des ménages,
de leur profil, de leur budget, et surtout de leurs usages de l’énergie dans l’espace domestique.
La seconde prend principalement comme entrée les objets techniques (bâtiments,
équipements…) et leur appropriation par les consommateurs. Enfin, la dernière partie
s’intéresse plus particulièrement à trois thématiques particulièrement présentes dans les débats
politiques et scientifiques autour de la maîtrise de l’énergie. En fin de document, une
bibliographie thématique vient compléter les références de chaque synthèse sans prétendre à
l’exhaustivité
L’auteur remercie les personnes interviewées pour le temps qu’ils ont accepté de lui
consacrer, ainsi que les chercheurs qui lui ont transmis leurs publications, en souhaitant
qu’ils se retrouvent tous dans ces lignes. Merci également à Chantal Derkenne et Pierre
Douillard de l’ADEME pour la confiance qu’ils lui ont témoigné tout au long de ce travail.
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1. Les ménages face aux économies d’énergie
A. Les profils de consommateur d’énergie domestique
L’analyse des dispositifs (politique, offre…) fait très souvent ressortir une figure du
consommateur en décalage avec le public pour lequel il se destine. En effet, LE
« consommateur d’énergie », unique, rationnel et cohérent n’existe pas !
Les consommateurs d’énergie sont pluriels de par leur profil sociodémographique (âge,
niveau de vie, composition familiale…) mais aussi leur situation sociotechnique (type de
logement, mode de chauffage…). Ces caractéristiques les dotent de plus ou moins de
ressources (économique, compétence, réseau…) et de marge de manœuvre
(propriétaire/locataire, chauffage collectif/individuel…) qui définissent une capacité à agir
sur sa consommation d’énergie.
Les consommateurs d’énergie ne sont pas « rationnels » au sens où ils chercheraient à
optimiser leur consommation d’énergie au niveau technique ou même économique. Ils
expriment une hiérarchie des préférences qui leur est propre et surtout agissent sous
contrainte d’une situation sociotechnique particulière. De plus, la sphère domestique est
encore plus que les autres marquée par la routine, et le poids des traditions familiales.
Les consommateurs d’énergie sont soumis à un double paradoxe. Premièrement, il y a un
hiatus entre une sensibilité croissante des français aux problèmes écologiques et des
pratiques de consommation toujours énergivores. Deuxièmement, les pratiques de
consommation d’énergie ne sont pas nécessairement cohérentes : l’habitant d’un logement
BBC peut très bien en parallèle être un technophile qui possède de nombreux appareils.
Les sociologues insistent sur le fait que les convictions écologiques des individus ne se
traduisent pas mécaniquement dans des pratiques économes. Les sondages montrent par
exemple que l’inquiétude vis-à-vis du phénomène de réchauffement climatique n’est
absolument pas corrélée au fait d’équiper son logement en ampoule basse-consommation. Les
enquêtes qualitatives sur les militants écologiques mettent en lumière des pratiques de
consommation d’énergie globalement comparables au reste de la population, même s’ils
mettent en œuvre à la marge des tactiques de sobriété. En effet, les personnes sensibilisées
sont confrontées aux mêmes contraintes sociotechniques que les autres dans leurs usages de
l’énergie. Plus encore, il apparaît que les ménages sensibilisés sont plus énergivores que le
reste de la population. Ce paradoxe s’explique par le fait que la sensibilité écologique croit
avec le niveau de diplôme et de revenu, lui-même corrélé avec le niveau de consommation
d’énergie.
Une autre façon d’appréhender la diversité des consommateurs d’énergie est de s’intéresser à
l’influence de leur niveau de revenu. En valeur absolue, on observe que la consommation
d’énergie du ménage croit avec le niveau de revenu, même si en valeur relative la part de
l’énergie dans le budget des ménages reste 2,5 fois plus élevée chez les plus pauvres que chez
les plus riches. Parallèlement, les ménages adoptent des stratégies d’économies d’énergie
différentes en fonction de leur niveau de revenu. Alors que les ménages favorisés
privilégient les investissements dans des logements et des équipements plus efficaces pour ne
pas modifier leur niveau de confort, les ménages modestes se tournent plus vers des pratiques
de restriction soutenues par une culture populaire de bonne gestion domestique. En même
temps d’autres recherches insistent sur le fait que les catégories populaires ont davantage de
loisirs domestiques que les catégories supérieures qui privilégient les sorties. Ce repli vers la
sphère domestique, qui peut s’interpréter comme une réaction à leur vulnérabilité sociale, les
rend alors encore plus sensibles à toute augmentation du prix de l’énergie.
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Le rapport des individus à la consommation d’énergie varient en fonction de leur âge,
qui les rend plus ou moins disposés à s’engager dans une démarche d’économie d’énergie.
D’une part à travers l’appartenance à une génération, car les individus restent marqués
tout au long de leur vie par le contexte historico-énergétique dans lequel ils ont
grandi. Ceux nés dans les années 30/40 mettent en avant la période de restriction de la
guerre et de l’immédiat après-guerre. Ceux nés dans les années 50/60 ont au contraire
connu la période d’abondance des Trente Glorieuses. Ceux nés dans les années 70/80 ont
été marqués par les chocs pétroliers qui ont conduit à une éducation à la modération
surtout dans les familles les moins favorisés. Enfin, les enfants des années 90/2000 ont
vécu avec l’émergence des problèmes environnementaux ce qui conduit certains à
formuler une critique de la société de consommation en général.
D’autre part, en fonction de la position dans le cycle de vie, on observe une alternance
entre maîtrise et relâchement sur le plan de la consommation d’énergie domestique.
L’enfance est une période d’incorporation du modèle familial de rapport à l’énergie, qui
est ensuite remis en cause pendant l’adolescence ou l’individu va s’opposer aux habitudes
parentales. La jeunesse s’accompagne d’une reprise de contrôle des consommations
d’énergie provoqué par le paiement de premières factures. L’âge adulte est marqué par la
recherche d’un équilibre qui est toutefois bouleversé par la naissance des enfants marqué
par une période de consommation plus intensive. Le passage à la retraite amène aussi une
consommation élevée en raison de la forte présence au domicile et d’un besoin
physiologique en chaleur plus élevé.
Pour approfondir…
METTETAL Lucile, « La question énergétique dans l’habitat privé : le profil déterminant des ménages », Note rapide, n°476, IAU IDF, Juin 2009. Lien web.
MOUSSAOUI Isabelle, « Vers une génération de la modération ? Pratiques, représentations et systèmes de
consommation d’énergie selon les âges sociaux », in DOBRE Michelle, JUAN Salvador (dir.), Consommer
Autrement, La réforme écologique des modes de vie, Editions de l’Harmattan, 2009. Lien web.
GROSMESNIL Odile, « La consommation d’énergie à usage domestique depuis quarante ans : L’électricité, numéro un dans les foyers », INSEE Première, n°845, Mai 2002. Lien web.
MERCERON Sébastien, THEULIERE Maël, « Les dépenses d’énergie des ménages depuis 20 ans : Une part en
moyenne stable dans le budget, des inégalités accrues », INSEE Première, n°1315, Octobre 2010. Lien web.
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2. La transition énergétique du parc de bâtiments
A. Les logements neufs basse-consommation
NB : Les études sociologiques ont principalement été réalisées sur les premiers BBC ce qui
permet d’avoir un recul suffisant mais peut avoir tendance à grossir les difficultés rencontrées
en phase industrielle.
L’entrée en vigueur de la Réglementation Thermique 2012 lance un mouvement généralisé de
transformation des modèles constructifs qui devrait se prolonger avec l’arrivée du bâtiment à
énergie positive en 2020. La production des BBC métamorphose les pratiques
professionnelles et les modes de coopération qui font l’acte de construire. De nouvelles
figures professionnelles prennent de l’importance (AMO, bureau d’études, coordinateur) pour
garantir le respect des objectifs énergétiques. Les phases de programmation et de conception
s’allongent et les acteurs travaillent moins de façon séquentielle qu’en réseau sur la base
d’outils de simulation des consommations. L’étape du chantier demande un contrôle renforcé
car la qualité de la mise en œuvre est déterminante (chasse au pont thermique, étanchéité à
l’air…), ce qui est contradictoire avec l’emploi généralisé d’une main-d’œuvre sous qualifiée
dans le secteur. Après la réception, le bâtiment connait une période d’ajustement d’environ 2
ans, sur la base de mesures des consommations, un travail de correction et de réglage est
nécessaire pour stabiliser son fonctionnement et optimiser la performance.
Les habitants des premiers BBC sont souvent des familles de classes moyennes supérieures
qui ont les ressources pour acheter des logements neufs. Ces profils ont généralement un bon
niveau de culture technique, ce qui n’est pas toujours le cas des locataires qui éprouvent plus
de difficultés d’appropriation. Si les habitants sont tous favorables au principe du BBC, ils
adoptent des attitudes différentes vis-à-vis des changements de pratiques à effectuer.
« L’engagé » prolonge la logique des concepteurs dans son logement en participant
activement à la gestion du bâtiment, c’est un profil minoritaire mais qui favorise une
dynamique collective. « L’accommodé » est le profil majoritaire, il accepte de changer ses
comportements parce qu’il y trouve un avantage sur le plan économique et/ou éthique. « Le
réservé » adopte une posture critique et conservatrice parce qu’il ne parvient pas à maîtriser ce
nouvel environnement. Il s’agit en particulier de personnes souffrant de froid, et notamment
de séniors dont la capacité d’adaptation aux innovations est généralement plus limitée.
Les logements BBC sont caractérisés par une prolifération d’innovations techniques :
isolation par l’extérieur, triple-vitrage, brise-soleil, ventilation double-flux qui se substitue
parfois au chauffage… L’entrée dans un BBC est suivie par une période d’appropriation
nécessaire aux acteurs pour stabiliser leurs comportements vis-à-vis du bâtiment et
éviter les pannes. Les habitants accumulent les apprentissages, pas seulement avec les
consignes des professionnels, mais selon un processus essai-erreur. Ils passent par exemple
d’une logique réactive de réglage du chauffage (forcer le thermostat quand j’ai froid) à une
logique préventive de conservation et de récupération de la chaleur (ne pas ouvrir les fenêtres,
se couvrir le soir, utiliser la chaleur du soleil ou du sèche-linge…). Cette appropriation
concerne également les professionnels qui doivent adapter le fonctionnement des équipements
aux besoins des habitants en tenant compte de l’objectif énergétique, par exemple en
supprimant le réduit de nuit si la température ne remonte pas assez vite le matin.
Toutefois, une partie des habitants des BBC souffrent de problème d’inconfort au même titre
que ceux qui vivent dans des logements anciens. En hiver, les températures souhaitées ne sont
pas différentes de celles des logements anciens (21°C) mais les systèmes de chauffage
collectif n’ont pas toujours la puissance suffisante pour aller jusqu’à cette température et ne
permettent pas de la faire varier selon les pièces. L’insatisfaction persistante de certains
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occupants vis-à-vis du confort d’hiver les conduit à utiliser des convecteurs électriques.
En été, les habitudes à acquérir pour maintenir une température agréable sont très nombreuses
et pas toujours compatibles avec les autres besoins des habitants (sécurité, calme, lumière…).
Ils inventent alors des compromis (courant d’air) et ont recours à des tactiques alternatives
parfois énergivores (climatiseur, piscine…). Au total, la rigidité des systèmes thermiques
s’accompagne d’un phénomène de compensation électrique, qui s’ajoute à la dynamique
d’augmentation des consommations d’électricité spécifique tout aussi présente dans les BBC.
Ces difficultés d’appropriation soulignent la nécessité de mettre en place de véritables
dispositifs d’accompagnement si l’on souhaite que les usages contribuent à la performance.
Les modalités actuelles de l’accompagnement sont insuffisantes : aucun acteur n’est
missionné pour le faire, et elles reviennent le plus souvent à distribuer un livret infantilisant.
L’accompagnement doit aller au-delà de l’entrée dans les lieux car les habitants ont besoin
d’avoir fait une première expérience des usages. L’amélioration durable de la performance
globale (consommation, confort, charges…) demande de nouvelles formes d’interaction
entre habitants et avec les professionnels. La participation des habitants à la performance
passe alors par un co-pilotage des températures en chauffage collectif avec l’exploitant, une
implication dans la maintenance des équipements privatifs (filtres de VMC, solaire
thermique…), et un suivi des consommations aussi bien collectives qu’individuelles.
L’identification de « surconsommations » dans les BBC pionniers a conduit à une mise en
cause réciproque de la responsabilité des usagers ou des professionnels. En réalité, l’origine
de ce phénomène est partagée entre toutes les étapes du bâtiment (conception, chantier,
maintenance, usage). De plus, les pratiques des occupants peuvent aussi bien contribuer à une
meilleure performance qu’à un dépassement des objectifs. Le phénomène des
surconsommations est surtout révélateur d’un décalage entre les pratiques des
occupants et les hypothèses de conception, qui restent standardisées et ne sont pas établies à
partir d’un diagnostic des usages. Dans tous les cas, le comportement n’est qu’un facteur
parmi d’autres d’instabilité des modèles de calcul des consommations qui sont par nature
approximatifs. Or, aujourd’hui la consommation conventionnelle fait l’objet d’usages sociaux
très divers (argument de vente, mode de financement…) qui appellent une clarification des
limites de sa valeur juridique.
Pour approfondir…
BARBAT Muriel, GOURNET Romain, BESLAY Christophe, Confort intérieur des bâtiments à basse
consommation, Rapport d’étude, DHUP, Décembre 2011. Lien web.
BESLAY Christophe, GOURNET Romain, ZELEM Marie-Christine, « Le « bâtiment économe » : une utopie
technicienne ? », in BOISSONNADE Jérôme (dir.), Sociologie des approches critiques du développement et de la ville durables, Collection Pragmatismes, Editions Petra, Paris, 2013. Lien web.
BRISEPIERRE Gaëtan, « Les conditions sociales et organisationnelles d’une performance énergétique in vivo
dans les bâtiments neufs », Les chantiers de Leroy Merlin Source, Numéro 1, 2013. Lien web.
CARRASSUS Jean (dir.), Vivre dans un logement BBC, constat encourageant et nécessité d’un apprentissage,
Tribune Qualitel, Octobre 2012. Lien web.
B. La fabrication des écoquartiers et de la Ville Durable
On peut faire remonter l’histoire des écoquartiers aux premiers éco-villages militants des
années 60 dans les pays du Nord de l’Europe. Dans les années 90, la notion de « ville
durable » émerge, le quartier est alors considéré comme l’échelle la plus pertinente car
elle permet d’instaurer un processus d’apprentissage à travers les expérimentations des
acteurs et l’implication des habitants. Jusque dans les années 2000, on voit se multiplier les
quartiers prototypes dans toute l’Europe, au Nord des écoquartiers centrés sur les standards
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mais uniquement sur le prix de vente. Le retour sur investissement d’une rénovation étant très
long et les entreprises n’ayant pas les compétences en interne pour la gérer, elles se tournent
vers les énergies renouvelables pour alléger rapidement la facture énergétique (cogénération).
Les grandes entreprises auraient une attitude plus « volontariste » en matière d’économie
d’énergie. Elles peuvent dégager des ressources pour investir mais surtout elles occupent plus
souvent des locaux neufs (tours de bureaux par exemple) et se reposent sur une gestion
immobilière externalisée. La présence dans un « green building » autorise un effet d’affichage
bénéfique pour l’image de marque, en plus de la maîtrise des charges. Pour les grandes
entreprises, l’investissement dans la performance énergétique se traduit par une gestion
automatisée et centralisée de l’énergie : détecteurs de présence, programmation des volets,
régulation par capteur… Cette tendance à l’efficacité énergétique dite « active », pourrait
s’étendre à d’autres secteurs, comme l’hôtellerie et l’enseignement, par l’intermédiaire de
programmes de R&D qui ont abouti au résultat que l’on pouvait obtenir une réduction
importante des consommations par un pilotage pièce par pièce en fonction de l’occupation.
L’expression d’efficacité énergétique « active » est ambiguë car elle désigne des technologies
qui mettent l’usager dans une position de passivité vis-à-vis de l’énergie et du bâtiment. En
outre, la mise en place des automatismes correspond plus à une logique d’accumulation en
vue d’obtenir une certification plutôt qu’à une logique d’usage. Ces automatismes sont
programmés selon un schéma de comportement standard qui ne peut correspondre à la
variabilité des rythmes de travail et à la diversité des pratiques. Par exemple, le capteur de
température qui régule le chauffage est situé dans une autre pièce que le salarié, l’horloge de
programmation des volets est trop complexe à régler et les salariés se retrouvent dans le noir.
Ainsi, les usagers ont le sentiment de perdre la main sur leur environnement, et se retrouvent
prisonniers de la technologie. L’enjeu est qu’ils retrouvent une prise pour adapter par eux-
mêmes son fonctionnement à leurs besoins. D’autres difficultés surviennent alors comme
l’accord à trouver sur la température de chauffage pour les occupants d’un même bureau.
Même si la question des usages est évacuée lors de la conception par la mise en place des
automatismes, elle revient toujours au centre en phase d’exploitation. Les usagers adoptent
différentes attitudes vis-à-vis des automatismes : pour leurs promoteurs ils ont une vertu
pédagogique et accompagneraient par eux-mêmes le changement des comportements, pour
une majorité d’usagers ils se substituent aux comportements et les déchargent de tâches peu
valorisantes et non productives, pour une minorité ils sont perçus comme des outils de
supervision du management ce qui légitime des tactiques de contournement. Dans tous les
cas, l’évolution des usages de l’énergie nécessite une phase d’apprentissage en raison du
caractère novateur de ces dispositifs. Les occupants ne peuvent abandonner leurs anciennes
habitudes que s’ils comprennent le sens de ce changement, comme ne plus ouvrir la fenêtre
pour ne pas perturber le fonctionnement de la VMC.
Une minorité d’entreprises, qui ont un profil « militant », s’installent dans des bâtiments très
performants (supérieur au BBC) dont elles ont parfois participé à la conception. En effet, il
s’agit généralement de PME du secteur du bâtiment et/ou de l’énergie pour qui la présence
dans un bâtiment exemplaire renvoie à un enjeu de positionnement stratégique sur le
Développement Durable. Plus que la « valeur verte », elle mise surtout sur des bénéfices
immatériels en terme de valorisation de leur image, de développement d’un réseau, et
d’apprentissage par l’occupation du bâtiment. Même si ces bâtiments restent semi-
automatisés, les entreprises militantes s’appuient sur un modèle de performance
énergétique plus participatif où elles demandent aux salariés de changer leurs pratiques
voire de s’impliquer dans la gestion.
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Ces changements de pratiques n’ont rien d’évident pour les salariés qui restent évalués sur
leur performance au travail et qui ne sont pas bénéficiaires des gains d’économie d’énergie.
L’adhésion des managers d’équipe à l’objectif énergétique et leurs prescriptions vis-à-
vis des salariés est une condition du changement de pratiques des salariés. Au-delà de
l’exemplarité, le manager peut organiser la transmission des consignes aux nouveaux
arrivants et valoriser les pratiques économes des salariés. Ces pratiques supposent parfois une
évolution des normes de bonne présentation (du costume à la polaire) qui doit être
encouragée. Mais si la température reste trop froide il tolèrera des convecteurs car il est aussi
responsable des conditions de travail qui joue sur la performance de l’entreprise (absentéisme,
motivation, recrutement….). De plus, la politique globale de l’entreprise peut être un frein à
certaines mesures d’économie d’énergie comme l’achat d’ordinateur portable qui sont parfois
réservés aux cadres dans une logique statutaire.
Le changement des pratiques des salariés peut aussi signifier un engagement des salariés dans
la gestion du bâtiment et des systèmes énergétiques. Des entreprises militantes proposent un
mode de gouvernance participatif où les salariés cogèrent le chauffage et effectuent un
suivi des consommations. Le groupe fait alors un travail de médiation sociotechnique entre
les demandes subjectives des occupants et le fonctionnement rigide du système de chauffage,
tout en tenant compte de l’objectif énergétique. Bien plus efficace que la distribution de livret,
la présence de ces salariés « référents » va favoriser l’instauration d’une dynamique
d’interactions sociales autour de l’énergie, alimentée par leur travail d’analyse des
consommations. Toutefois ce mode de gestion subit une double tension : avec le temps de
travail des salariés et l’ouverture de leur hiérarchie ; avec le circuit officiel de décision
concernant le bâtiment (ex : copropriété) qui limite leurs marges de manœuvre.
Un dernier élément à considérer est l’impact des choix de conceptions architecturaux et
techniques sur les relations au travail. La configuration des bâtiments exemplaires réduit
l’espace des relations informelles qui participent aussi de l’activité professionnelle. Le
choix de ne pas chauffer les parties communes (ex : hall) limitent les rencontres et obligent à
fermer les portes des bureaux ce qui nuit à la spontanéité. La mutualisation des machines à
café et des réfrigérateurs dans les espaces communs contredit les stratégies des salariés pour
choisir leurs liens informels. Le retour au bureau individuel pourrait paraître pertinent du
point de vue énergétique car l’open space serait déresponsabilisant, en réalité les bureaux de
taille intermédiaire favorise le partage d’équipements (imprimantes) et l’instauration de
normes communes de modération. La conception des bâtiments tertiaires gagnerait à prendre
en compte les attentes des usagers tout autant que l’objectif de performance énergétique.
Pour approfondir…
ASSEGOND Christelle, FOUQUET Jean Philippe, Vivre la haute performance énergétique au quotidien,
Adaptation des salariés aux nouvelles technologies de maîtrise des consommations énergétiques, Rapport
d’étude pour l’ADEME, Juin 2010. Lien web.
BRISEPIERRE Gaëtan, « Pratiques de consommation d’énergie dans les bâtiments performants : consommations théoriques et consommations réelles, La Cité de l’Environnement : premier bâtiment tertiaire à
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
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D. La rénovation énergétique des logements
Etant donné le poids du parc de logements existants en matière de consommation et
d’émission de GES, la rénovation thermique et sa massification constitue la priorité des
politiques de MDE. Mais la vision du problème que sous-tend cet objectif est en décalage
avec la réalité préexistante des pratiques et des organisations sur le marché de l’entretien
amélioration de l’habitat. Les travaux d’efficacité énergétique s’inscrivent de manière
plus globale dans l’acte de rénover qui n’est jamais réductible à sa dimension
énergétique. Dans ce cadre, la décision de travaux ne correspond pas seulement à la
recherche d’un optimum technico-économique, c’est surtout un processus social qui repose
sur de multiples interactions intégrant des logiques et des contraintes variées. De plus, la
rénovation énergétique se présente très différemment selon les segments de l’habitat (maison
individuelle, copropriété, parc social) car elle dépend de système d’acteurs distincts et pose
des problèmes spécifiques (niveau de performance, passage à l’acte, effet rebond…).
En maison individuelle, le décideur est 4 fois sur 5 un ménage propriétaire-occupant dont les
changements de cycle de vie (couple, enfants, retraite…) et les projets de logement (achat,
réaménagement…) constituent autant d’occasions qui déclenchent des travaux. Le confort,
(au sens d’adaptation de l’habitat aux besoins de ses occupants) est alors le principal moteur
des travaux même si la recherche d’économie d’énergie apparaît comme une motivation
primordiale. Les ménages cherchent d’abord à protéger leur budget de l’augmentation des
prix de l’énergie, et le retour sur investissement reste secondaire sur ce segment. Si l’effet
incitatif des aides publiques est réel, elles jouent à la marge sur leur capacité d’investissement
d’autant plus réduite dans un contexte de crise économique durable. Par ailleurs, il faut tenir
compte de l’investissement affectif nécessaire pour mener à bien un projet de rénovation qui
touche à la maison, emblème de la famille. La décision de travaux inclut alors des logiques de
distinction sociale et/ou de construction identitaire par rapport à son entourage.
Même s’ils concernent l’efficacité énergétique, les travaux effectués ne vont pas
nécessairement dans le sens des objectifs de performance des politiques publiques. Par
exemple, les fenêtres sont les travaux les plus fréquents alors que le gain énergétique est
minime. Leur remplacement apporte un gain de confort immédiat sur le plan du ressenti
thermique, de l’esthétique, de l’acoustique… Même si on constate une progression, les
arbitrages des ménages sont souvent défavorables à l’isolation alors qu’elle est présentée
comme prioritaire. Celle des combles doit attendre la fenêtre de tir d’un projet de
réaménagement, et celle des murs est mal connue et complexe. Quand l’isolation des murs est
réalisée, l’absence récurrente de prise en compte de la ventilation fait craindre des contre-
références à venir (humidité, problème de qualité de l’air...). Sur le plan des systèmes, la
panne et la vétusté avancée constitue toujours le principal déclencheur mais il est alors
généralement trop tard pour envisager des solutions alternatives aux énergies de réseau,
comme le bois qui suscite pourtant un intérêt grandissant.
Pour les ménages, la performance énergétique est rarement un point de départ des travaux,
elle peut en revanche devenir un objectif au fur et à mesure des échanges avec les
professionnels. Le réseau de proximité des entreprises du bâtiment demeurent le
principal prescripteur car elles offrent une information personnalisée et se déplacent pour
les devis. Mais la qualité de leur conseil est relative aux techniques qu’elles maîtrisent, et ils
ne touchent pas la part non négligeable des particuliers qui font de l’auto-réhabilitation. Le
Espaces Info Energie sont des interlocuteurs naturels sur les aides, mais les ménages sont
aussi en demande de retour utilisateurs (entourage, visites de sites, forums web) pour juger
des solutions techniques comme des professionnels. La présence d’un tiers (architecte,
MOE…) accompagnant le ménage apparaît favorable à la concrétisation de la performance
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
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car elle permet une prise de distance émotionnelle avec le projet, ainsi qu’une médiation avec
les entreprises et entre les membres du couple qui n’ont pas forcément les mêmes attentes.
En copropriété, le décideur est un acteur collectif, l’Assemblée Générale qui vote une fois par
an, sous l’influence d’un syndic professionnel suivi au quotidien par le Conseil Syndical. Les
syndics ne sont pas moteurs dans les projets de rénovation thermique qu’ils perçoivent comme
un risque commercial car leur modèle économique n’est pas adapté. Les démarches de
rénovation thermique dans les copropriétés reposent sur l’investissement bénévole d’un
« leader énergétique ». Ce copropriétaire qui dispose de temps et de compétences (technique,
communication...) et qui court-circuite le syndic. Même si elle reste inégale, la participation
des autres copropriétaires permet l’instauration d’une dynamique de mobilisation, par
l’engagement d’une équipe réduite ou la simple validation des étapes. Enfin, les collectivités
locales et certaines associations, jouent un rôle de soutien à l’action du leader qui sinon risque
l’épuisement. Elles accompagnent son action en lui fournissant des outils adaptés à la
copropriété et par la mise en relation avec des professionnels compétents.
Dans les copropriétés en chauffage collectif, la prise de conscience est facilitée par les
discussions entre copropriétaires autour du réglage et du prix du chauffage, alors qu’en
chauffage individuel la vétusté est l’unique déclencheur. Le passage à l’acte dépend du
travail préparatoire de montage du projet et d’intéressement réalisé en amont du vote
des travaux. D’abord, des étapes préalables aident à l’acculturation aux économies d’énergie
(audit énergétique) et pacifient les conflits sur le chauffage (optimisation de la régulation).
Ensuite, l’instauration d’un circuit de communication entre copropriétaires autour du projet
est essentielle car il s’agit de changer fondamentalement leur rapport à l’immeuble vers une
logique d’anticipation et d’investissement collectif. Enfin, le montage financier est
déterminant car les travaux sont onéreux et les propriétaires ont des capacités
d’investissement inégales. Le vote est alors facilité par l’identification de sources de
financement complémentaires et une présentation claire et personnalisé du « reste à charge ».
Que ce soit en maison ou en copropriété, les pouvoirs publics prescrivent une stratégie de
rénovation globale à travers des « bouquets de travaux » en vue d’atteindre les objectifs de
performance. Mais cette stratégie semble en contradiction avec l’objectif de massification car
les rénovations qui traitent simultanément tous les postes de façon approfondies sont
rarissimes. On constate un décalage entre la rationalité abstraite des experts qui
cherchent à « ne pas tuer le gisement » et la rationalité concrète des décideurs qui
s’adaptent aux contraintes de la situation et tiennent compte de la dynamique sociale. En
maison, cela se traduit par le « syndrome du provisoire définitif » dont le ménage finit par
s’accommoder. Dans les copropriétés, les travaux d’efficacité énergétique sont d’une part
étalés pour anticiper d’autres dépenses urgentes et/ou obligatoires ; et d’autre part suivent une
progressivité par ordre de coût croissant car il faut d’abord faire la preuve de l’efficacité de la
démarche et construire la confiance pour mobiliser sur des dépenses plus importantes.
Dans le logement social, le décideur est unique mais le monde HLM est porté par des
organismes très divers et la décision est éclatée en plusieurs services. Une rénovation ne
découle jamais d’une logique purement énergétique car l’enjeu prioritaire des bailleurs est
patrimonial. Il s’agit de compenser la vétusté technique pour améliorer l’attractivité des
logements (taux de vacance) qui joue sur la principale source de revenu à savoir les loyers.
Pour les HLM, la rénovation thermique correspond à une logique de maîtrise des
charges locatives mais se réalise dans un cadre financier très contraint, car ils subissent
une augmentation des impayés et une diminution des fonds propres. Leurs ambitions
énergétiques sont donc assujetties à l’obtention de financement par la participation à des
programmes européens (ex : FEDER) et/ou au respect des critères d’écoconditionnalité des
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
22
collectivités locales. A travers des référentiels, ces dernières aident les bailleurs à compléter
leur logique économique en s’inscrivant dans des objectifs politiques (écologie, équité…).
Alors que les locataires ne sont pas directement décideur, la réussite de la rénovation
énergétique dépend en grande partie de leur intégration par le bailleur comme des
acteurs de l’opération. D’abord, dans la façon dont il s’empare de l’obligation légale de
concertation : un vote a minima ou en jouant le jeu de la co-construction pour fabriquer du
consentement. Il s’agit de donner des marges de manœuvre aux amicales et aux locataires
historiques dans la définition du projet, et d’en faire une présentation pédagogique (ex :
appartement témoin). Ensuite, l’étape du chantier demande l’intervention de médiateurs pour
faciliter la communication entre les locataires et les entreprises, et tenir compte de la présence
de locataires en difficulté. Enfin, après les travaux, l’accompagnement humain doit se
poursuivre autour de l’appropriation des innovations techniques par les locataires. Pour le
bailleur, l’enjeu de cette prise en compte des locataires est double : limiter les effets rebonds
et éviter la contestation (3ème
ligne de quittance) qui induit des coûts de gestion.
A l’origine, l’effet rebond est une notion économique qui pointe un paradoxe : l’annulation
des gains en efficacité énergétique par la modification des comportements de consommation.
Bien qu’il reste difficile à quantifier, ce phénomène constitue une remise en cause des
politiques de MDE basées exclusivement sur le progrès technique. Sur le plan de la
rénovation, les comportements attendus chez les habitants ne sont pas forcément au rendez-
vous ce qui amoindri les économies d’énergie par rapport au calcul technique initial.
En définitive, l’objectif de massification de la rénovation énergétique donne lieu à trois
modèles coexistant ayant chacun des limites. Premièrement, par une action sur la demande
à travers le DPE et l’anticipation d’une « valeur verte » dans les transactions. Si cet effet est
incontestable dans le tertiaire, l’impact du DPE est plus incertain dans le logement notamment
sur les zones de tension immobilière, même s’il devient de plus en plus un argument de
négociation du prix. Deuxièmement, par une action sur l’offre à travers le développement des
CPE et du tiers investissement pour le collectif, mais les premiers retours d’expérience
montrent que l’équilibre économique n’est pas encore garantie. Pour les maisons, les
groupements d’artisans proposant des offres intégrées peinent à émerger, et risquent de se
limiter au marché du haut de gamme. Enfin, la troisième voie du « guichet unique » semble
prometteuse à condition qu’elles parviennent à dépasser les écueils organisationnels pour
construire un accompagnement associant expertise technique, ingénierie financière et
dynamique sociale.
Pour approfondir…
ADEME, « Les ménages apprivoisent la maîtrise de l’énergie à la maison », Lettre Stratégie et études, n°17,
Janvier 2009. Lien web.
ALPHEIS, Renovenergie : La rénovation énergétique des logements du secteur privé, Le poids des facteurs
socio-économiques dans la réalisation des opérations de rénovation énergétique performantes. Enquêtes en Allemagne, Espagne, France, Italie et Suisse, Rapport d’étude, Janvier 2011. Lien web.
ADEME et le Club de l’Amélioration de l’Habitat (CAH), Observatoire permanent de l’amélioration
énergétique du logement, Résultats 2010, Campagne 2011. Lien web.
BRISEPIERRE Gaëtan, « Comment se décide une rénovation thermique en copropriété ? Un nouveau mode
d’organisation de l’habitat comme condition de l’innovation énergétique », Revue FLUX, publication prévue en
2014. Lien web.
CHEVIRER Stéphane, ADELIE : Enquête sociologique, Rapport d’étude, Octobre 2009. Lien web.
sociologique sur les campagnes de sensibilisation aux économies d’énergie basées sur le suivi des
consommations, Synthèse du rapport d’étude pour ADEME/GrDF, 2013. Lien web.
DUJIN Anne, MARESCA Bruno, VEDIE Marie, « Changer les comportements. L’incitation comportementale
dans les politiques de maîtrise de la demande d’énergie en France », Cahier de Recherche du CREDOC, n°295,
Décembre 2012. Lien web.
OUILLIER Olivier, SAUNERON Sarah, « Nudges verts : de nouvelles incitations pour des comportements écologiques », La note d’analyse du Conseil d’Analyse Stratégique, n°216, Mars 2011. Lien web.
RICHARD Annabelle, Comportement des occupants et performance énergétique des bâtiments. Bonnes
pratiques d’accompagnement à la prise en main par les locataires de logement social, Rapport d’études
UTOPIES 2012. Lien web.
C. Les compteurs communicants et les réseaux intelligents
Le principe des smart grids consiste à coupler un réseau énergétique à un réseau de
communication pour le rendre plus « intelligent », a minima en déléguant l’opération de
relève des index à un compteur communicant. La directive européenne qui prescrit sa
généralisation d’ici à 2020 restant très ouverte, « le réseau intelligent » est encore un objet en
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
36
4. Perspectives pour la recherche
Nous avons réalisé une série d’entretiens (voir Annexe B) afin d’explorer la demande sociale
actuelle adressée à la sociologie de l’énergie. D’une part, nous analyserons la perception de ce
champ par ses utilisateurs et les orientations qu’ils prescrivent. D’autre part, nous exposerons
un certain nombre de pistes de recherche construites avec eux mais qui n’engagent que la
responsabilité de l’auteur.
A. Perceptions et orientations de la recherche
Les entretiens avec les « utilisateurs » de la sociologie de l’énergie, nous ont permis de
déceler trois formes de représentation de la discipline et de sa contribution au changement
social :
1) Une sociologie militante qui serait porteuse d’idéologies plus que d’une démarche
scientifique. Paradoxalement cette perception est le fait d’acteurs ayant des points de vue
opposés sur la transition énergétique. Certains marquent une distance avec la position de
porte-parole des habitants prises par des sociologues et qui aboutit à une critique radicale de la
technique. Ces derniers prônent un « messianisme comportemental » quand ils dénient à la
technique le moindre rôle dans un changement social acceptable. Même quand cette critique
de la technique est plus relative, elle est parfois très mal acceptée, notamment la remise en
cause de la température de référence. A l’inverse, d’autres acteurs mettent en doute la
pertinence même de « l’énergie » comme objet scientifique. Ils dénoncent alors la
complaisance des sociologues vis-à-vis du pouvoir technicien et des milieux qui prônent
l’impératif climatique. Ils accusent les sociologues de contribuer à faire accepter les
changements imposés sur la base de calcul techniques, plus que sur celle d’un choix
démocratique ou des besoins humains.
2) Une sociologie instrumentale qui serait un outil pour dépasser les résistances au
changement. Cette perception se réfère à une sociologie plus opérationnelle, quand le
sociologue est intégré à un programme de R&D ou participe à l’évaluation de dispositifs. La
sociologie permet alors de tester l’acceptabilité sociale de nouvelles technologies ou offres
commerciales avant leur mise sur le marché. Elle peut aider à mieux cibler les populations qui
seront réceptives à une nouvelle technologie ou a un message. Elle met en avant la nécessité
de « faire de la pédagogie » du changement auprès des citoyens comme des professionnels.
Elle sert encore trop rarement à décrire les comportements et les modes de vie pour adapter la
conception d’une technologie ou la gestion d’un bâtiment en fonction de ses usages. Certains
se montrent nuancés à l’égard de cette forme de sociologie car en prenant part au projet des
acteurs elle perd une certaine distance critique, et doit composer avec des contraintes de
confidentialité qui ne permettent pas une capitalisation des résultats.
3) Une sociologie relativiste qui tempère la vision dominante du changement basée sur le
déterminisme technico-économique. Cette perception valorise les travaux qui apportent des
nouveaux thèmes dans les débats sur la transition énergétique. Ces recherches montrent que la
rentabilité d’une technologie n’est pas une garantie de sa diffusion compte tenu des logiques
sociales et des critères non quantifiables qui orientent les acteurs. Ou encore elles pointent les
conséquences imprévues de la diffusion d’une technologie ou d’une nouvelle réglementation.
L’intérêt de cette forme de sociologie serait aussi d’insister sur la relative inertie des
comportements de par leur imbrication dans des pratiques instituées et leur ancrage culturel.
Enfin, un dernier apport concerne l’identification des jeux d’acteurs qui aboutissent à un
résultat contraire à un objectif présenté comme consensuel. La critique formulée à l’égard de
cette sociologie est sa difficulté d’assimilation par des acteurs non sociologues qui ont du mal
à traduire ces résultats dans l’action.
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
37
Au-delà de ces différences de perception, les utilisateurs de la sociologie de l’énergie se
rejoignent pour souligner une difficile appropriation de ses résultats malgré un intérêt
certain. Les interviewés ont pour la plupart une formation initiale d’ingénieurs et ne se
sentent pas à l’aise avec toutes les subtilités du langage sociologique. La longueur des
publications constitue aussi un frein : les acteurs n’ont pas le temps de se plonger dans la
lecture intégrale et se tournent plutôt vers des synthèses quand elles existent. Les enquêtés
ayant pour la plupart une approche macro ne saisissent pas complètement l’intérêt des
démarches micro sociologiques portant sur des échantillons restreints qui restent difficilement
généralisables. Là où les acteurs sont habitués à des conclusions tranchées, le caractère
contrasté et ambivalent des résultats des études qualitatives pose problème pour orienter les
choix. En définitive, certains enquêtés se montrent circonspects sur la finalité des recherches
en sociologie sur l’énergie et pointent un déficit de coordination et de visibilité.
L’une des conséquences de cette appropriation relative est que les travaux « sociologiques »
qui ont le plus marqués les acteurs sont en réalité périphérique à la discipline. Ils sont
plusieurs à avoir insisté sur l’apport de la théorie de l’engagement issue de la
psychosociologie. Cette approche décrypte les mécanismes du changement de comportement
et propose des outils opérationnels autres que techniques. Elle conforte également les
croyances de certains enquêtés autour de capacités de changement des individus et du rôle des
valeurs. D’autres travaux en marge de la discipline sont aussi évoqués : ceux de designers qui
ouvrent de nouvelles possibilités d’action, ceux d’un urbaniste qui interroge la relation de
l’organisme commanditaire avec ses usagers, ceux d’un ingénieur qui propose une relecture
de la sociologie dans le cadre de sa thèse et apporte une nouvelle vision des comportements
par le calcul. Les travaux dits « universitaires » sont perçus comme une formalisation
d’éléments déjà connus mais ne se distinguent pas par leur découverte.
Malgré ces difficultés d’appropriation, les interviewés mentionnent des pratiques
organisationnelles inspirées d’une certaine culture sociologique. Elles sont parfois
anciennes comme la mise en place de groupe de travail pour faire remonter les informations
du terrain ou de baromètre de satisfaction des usagers sur les services proposés par
l’organisme. D’autres sont plus récentes comme l’association de nouveaux acteurs à la
conception des bâtiments et des équipements : les équipes de maintenance pour faciliter leur
« appropriation », les usagers dans le cadre d’une expérimentation du « collaborative
design ». L’un des acteurs interviewés a récemment embauché un sociologue détaché dans un
laboratoire de recherche pour travailler sur les potentialités de l’innovation par les usages. Un
autre lance régulièrement des études sociologiques pour connaitre le public touché par le
dispositif qu’il met en place ainsi que sa réception dans le but d’ajuster son fonctionnement.
A travers les limites qu’ils identifient, les utilisateurs de la sociologie de l’énergie adressent
un certain nombre de demandes qui méritent d’être examinée :
Trouver de nouveaux modes de traduction des résultats. Les sociologues ont parfois
des difficultés à passer de la richesse d’une étude aux 2 ou 3 grands messages assimilables
dans le débat public. Par contraste, les économistes ont l’habitude de résumer leurs études
en une formule ou un graphique venant appuyer avec efficacité une recommandation. Sans
chercher à se caler sur cette pratique, certains interviewés ont insisté sur l’impact de la
vidéo pour restituer de manière à la fois synthétique et profonde les résultats d’une étude
sociologique.
Développer la recherche – action. Les interviewés sont plusieurs à partager les divers
constats mis en avant par les études sociologiques mais restent relativement démunis sur
les suites à donner car les recherches n’aboutissent pas sur des « solutions ». Ils formulent
une demande d’accompagnement par des sociologues dès la conception des programmes
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
38
et dans leur mise en œuvre pour aider à porter un regard réflexif. Dans ce cadre, l’appel à
d’autres disciplines plus opérationnelles comme la gestion, le marketing, ou la
communication est aussi envisagé.
Proposer des formations à l’approche sociologique. La plupart des utilisateurs de la
sociologie de l’énergie interviewés ont une formation initiale à dominante technique et ont
fait connaissance avec la sociologie dans le cadre de leur vie professionnelle. Ils
expriment une demande de formation aux méthodes et aux concepts de la sociologie afin
de mieux interpréter les résultats et de savoir comment les utiliser. Ces formations
pourraient utilement compléter celles qui sont mises en place par les réseaux transversaux
comme par exemple ceux des ingénieurs territoriaux ou ceux des conseillers infos énergie.
Améliorer l’intégration aux démarches prospectives. La valeur ajoutée de la sociologie
dans ces démarches serait un point faible alors que la prospective oriente de plus en plus
les choix des acteurs. Bien que la prospective pose un problème méthodologique à la
sociologie puisque « le futur ne s’observe pas », certaine synergies existent déjà :
questionner l’acceptabilité sociale d’un scénario de rupture, ou aider à mettre en débat des
scénarios abstraits en les documentant par l’identification de signaux faibles dans le
présent. Mais l’intégration de la sociologie pourrait aussi remettre en cause la démarche
de « backcasting » en montrant la diversité des « bifurcations » possibles.
B. Pistes de recherche
a) Usages de l’énergie
Les voies d’une meilleure maîtrise des usages spécifiques de l’énergie (USE) :
mutualisation ou rationnement ?
Le poste des USE est le seul dont la consommation a doublé ces deux dernières décennies.
Contrairement aux usages thermiques la conception des bâtiments n’est pas en mesure de
freiner cette dynamique. Quelles sont les voies d’une plus grande maîtrise des USE chez les
ménages, en particulier pour le poste électronique qui a considérablement progressé ? La
mutualisation des équipements est souvent présentée comme une solution mais les premières
expériences montrent qu’elle ne va pas de soi dans notre contexte culturel marquée par
l’individualisation. Les dispositifs de rationnement des consommations électriques sont-ils
acceptables dans les BEPOS où les USE sont de loin le premier poste de consommation ?
Les conditions d’une diffusion large et pérenne des pratiques économes
Les campagnes locales d’économies d’énergie comme Famille à Energie Positive aboutissent
effectivement à des changements de comportement. Mais deux questions restent posées : celle
de la durabilité de ces changements une fois la campagne terminée, et celle de l’élargissement
du public touché par ces dispositifs. Quels sont les leviers qui permettraient une diffusion plus
large et une inscription dans le temps des pratiques économes ? Quand les changements sont
provoqués par une contrainte, on sait qu’une fois celle-ci levée les comportements initiaux
reprennent le dessus. Le mouvement de la « sobriété volontaire » pourrait-il dépasser les
cercles militants qui le portent actuellement pour toucher une population plus large ?
La quantification des tactiques d’usages de l’énergie domestique
Les études qualitatives ont permis de mettre en lumière la diversité des usages de l’énergie
dans le logement, qui expliquent en partie les écarts entre consommation conventionnelle et
consommation réelle. Pour autant aucune approche n’a encore permis de mesurer le poids des
différentes tactiques identifiées dans la population. Comment se répartissent les tactiques
d’usages de l’énergie et quels sont leurs déterminants sociaux ? La stratégie de chauffage par
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
39
pièce est-elle plus répandue que celle du chauffage uniforme ? Quel est l’influence du type de
logement ou du mode de chauffage sur cette répartition ? Les français qui laissent entrouvert
pour aérer sont-ils plus nombreux que ceux qui ouvrent en grand ?
La construction du confort thermique renouvelable en maison individuelle
Ces dernières années, deux technologies qualifiées de « renouvelables » ont connu une
diffusion importante pour le chauffage des maisons individuelles n’ayant pas accès aux
réseaux de gaz ou de chaleur. Il serait intéressant de revenir sur les conditions de diffusion et
d’appropriation des pompes à chaleur et des systèmes de chauffage au bois. En effet,
l’installation de ces systèmes ne s’est pas faite sans difficulté, et leur condition réelle d’usage
vis-à-vis du confort mériterait d’être investiguée. De plus, leur impact environnemental est
relatif à ces conditions d’usage (pointe électrique, mode de combustion), et plus généralement
ces technologies dessinent deux chemins différents pour la transition énergétique.
b) Bâtiments
La coopération entre les professionnels autour de la performance énergétique
L’atteinte des objectifs de performance dans la rénovation comme dans la construction
demande aux professionnels de la filière bâtiment davantage de coordination. Dans quelle
mesure ces nouvelles formes de coopération se mettent en place dans les pratiques ? Au
moment de la conception, comment les architectes parviennent-ils à associer les thermiciens ?
Qu’est-ce que change concrètement la présence des exploitants au moment de la conception ?
Lors du chantier, que signifie la mise en œuvre des nouvelles techniques constructives pour
les entreprises du bâtiment ? Les artisans parviennent-ils à s’organiser pour proposer une offre
de performance énergétique en maison individuelle ?
La régulation sociale du confort en chauffage collectif dans les BBC
La RT2012 conduit à un retour du chauffage collectif alors que ces dernières décennies le
chauffage individuel avait pris le pas dans la construction. Comment s’organise sur le terrain
la maintenance et le réglage de ces installations dans un bâtiment d’un nouveau genre ? La
question mérite d’être posée dans la mesure où le chauffage collectif dans les logements
anciens s’accompagne souvent de difficultés de réglage et d’entretien. En outre, de par leur
conception les BBC sont beaucoup moins flexibles à la diversité des comportements car
l’installation de chauffage est moins puissante. Comment les habitants s’adaptent à ces
installations et quelles sont leurs marges de manœuvre sur la régulation ?
Des usages du tertiaire à la mixité fonctionnelle
Le secteur tertiaire a été récemment investit par les sociologues, et le plus souvent en
l’abordant sous l’angle des bureaux. La question des usages mériteraient une approche plus
fine en distinguant les différents segments du tertiaire (commerce, enseignement, santé…) qui
abritent des publics et des activités très différentes. Une autre piste de réflexion consiste à
intensifier l’usage des bâtiments tertiaires qui restent généralement sous occupés hors des
plages principales d’activité. Cela pose la question du développement de la mixité
fonctionnelle qui est déjà une réalité dans des sites comme les hôpitaux qui incluent aussi de
l’hébergement, de la restauration, des bureaux…
c) Rénovation
Cartographie des intermédiaires de la rénovation énergétique
La mise en place des PRIS laisse espérer une meilleure coordination des institutions qui
interviennent dans la rénovation énergétique. Mais les acteurs qui jouent un rôle
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
40
d’intermédiaire entre le décideur et les entreprises de travaux n’en restent pas moins très
nombreux et très éclatés. Il pourrait être utile de clarifier le rôle effectif joué par chacun
d’entre eux en fonction des segments du parc. On pense par exemple aux opérateurs d’habitat,
aux espaces info énergie, aux associations, aux architectes, aux chambres de commerce et
d’industrie… Quels acteurs permettent effectivement la rencontre entre l’offre et la demande
de rénovation énergétique, et pourrait porter au final le projet d’un « guichet unique » ?
La construction sociale des prix de la rénovation énergétique
Les comparaisons internationales montrent que les prix des travaux d’efficacité énergétique
sont bien supérieurs en France à ceux pratiquées chez nos voisins européens. De plus, la
collecte des devis dans le cadre des dispositifs d’aides fait apparaître une très grande
hétérogénéité des prix au sein du territoire. Comment se construit le prix des travaux
d’efficacité énergétique et comment expliquer cette diversité ? Peut-on l’attribuer à une
exception culturelle française liée à l’emploi de la pierre ou trouve-t-elle aussi sa source dans
la structuration de la filière bâtiment ? On pourra notamment s’interroger sur le rôle des
distributeurs et plus généralement sur la chaine de valeur des travaux.
Modélisation des processus de décision des travaux de rénovation
La décision de rénovation a déjà fait l’objet d’études qualitatives mettant en lumière la
complexité des critères de décisions et l’influence des systèmes d’acteurs prescripteurs. Dans
un contexte où la rénovation énergétique est devenue une priorité politique, il pourrait-être
intéressant de chercher à modéliser ces résultats pour les différents segments de l’habitat afin
d’aider à l’accompagnement de la décision. Quelles sont les étapes effectives d’une
rénovation en copropriété ? Quelles sont les facteurs qui transforment une occasion en
décision de travaux en maison individuelle ? Quels sont les leviers du passage à l’acte en
fonction des situations : dynamique collective entre voisin, valeur d’usage non quantifiable ?
d) Territoire
Les conditions sociales d’exploitation du gisement de l’énergie fatale
Des premières expérimentations laissent entrevoir un important gisement d’efficacité
énergétique dans la récupération de la chaleur perdue à différente échelle : celle du quartier
quand un centre de données alimente un réseau de chaleur qui dessert des logements et une
piscine ; celle du bâtiment quand un échangeur permet de préchauffer l’eau chaude avec les
eaux grises ; et même celle du logement quand un bailleur social installe des serveurs
informatique dans les logements pour compléter le chauffage. Etudier des projets pionniers en
la matière permettrait d’en savoir plus sur les logiques d’acteur et les freins à lever pour
diffuser plus largement ces dispositifs.
L’urbanisme durable après l’émergence des écoquartiers
Les années 2000 ont vu sortir de terre de nombreux écoquartiers, fers de lance du
développement de la « ville durable ». Les premiers retours d’expérience font état de
difficultés dans la gestion des espaces collectifs (jardins, parking…) et des équipements
partagés (chaufferie, réseau de chaleur…). Ces problèmes sont sources de tensions entre les
habitants et ne favorisent pas l’efficacité énergétique. Il pourrait être utile de faire un état des
lieux de ces difficultés qui se cristallisent dans la gestion des associations syndicales libres
(ASL), pour réfléchir aux formes d’organisation qui favoriseraient une efficience collective
des pratiques qui participent tout autant de la durabilité que les techniques.
L’insertion sociale de l’économie circulaire : le cas du bio-méthane
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
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Les territoires investissent de plus en plus les potentialités offertes par l’économie circulaire
dont la production de bio-méthane à partir de déchets est l’une des déclinaisons. La mise en
place de ces infrastructures soulève l’enthousiasme des populations sur certains territoires, et
au contraire de vives oppositions des riverains sur d’autres. Quelle sont les conditions de
faisabilité sociotechnique d’une installation de bio-méthane sur un territoire ? L’acceptabilité
sociale des infrastructures n’est pas le seul enjeu, car la mise en place d’une économie
circulaire passe aussi par une transformation des pratiques des acteurs du territoire (compost,
véhicule roulant au gaz…) ce qui suppose une dynamique sociale d’engagement.
e) Politique
La régulation sociale des données de consommation d’énergie
La mise en place des compteurs communicants va permettre d’ici quelques années la
production massive de données sur les consommations d’énergie des individus. De nombreux
acteurs (collectivités locales, bailleurs sociaux, entreprises…) réclament la possibilité
d’accéder à ces données afin d’améliorer leurs actions de maîtrise de la demande d’énergie,
mais la diffusion de ces données pose la question du respect de la vie privée. En même temps
cette notion a connu de profonds bouleversements culturels ces dernières années notamment
avec l’arrivée des réseaux sociaux. La conciliation de ces aspirations passent-elles par la
création d’un service public de gestion des données et à quels en serait les contours ?
Les enjeux sociaux de la production des normes techniques
Les normes techniques jouent un rôle fondamental dans l’évolution des consommations
d’énergie que ce soit dans le bâtiment, le transport, ou encore l’électroménager. Malgré leur
impact considérable sur nos modes de vie, les enjeux sociaux de la construction des normes
sont largement sous-estimés. D’une part, elles posent un problème démocratique : elles se
décident au niveau européen dans un « entre soi » industriel qui ne laisse que peu de place aux
citoyens, y compris par l’intermédiaire d’associations. D’autre part, les tests sont effectués en
laboratoire et ne prennent pas en compte le facteur humain ce qui aboutit à des contre-
performances quand ces normes rencontrent les pratiques des acteurs.
La territorialisation de la politique énergétique : autonomie ou repli ?
Les collectivités locales revendiquent de plus en plus la maîtrise des leviers de la politique
énergétique sur leur territoire. Ce mouvement est généralement présenté comme un vecteur de
création d’emploi local et de dynamisation du lien social. Mais l’objectif d’autonomie
énergétique des territoires interroge le système actuel de solidarité nationale incarné par les
réseaux et les tarifs. Si une certaine décentralisation énergétique parait aujourd’hui inévitable,
il faut toutefois s’interroger sur ses risques et ses limites pour les territoires qui n’auront pas
les moyens de l’autonomie. Comment vont s’organiser à l’avenir les relations entre les
territoires, et avec les structures nationales et européennes sur lesquels reposent les réseaux
d’énergie ?
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
42
Bibliographie complémentaire
1) Ouvrages précurseurs
Publications antérieures aux années 2000 s’intéressant à la consommation d’énergie et à ses
relations avec les usages et les modes de vie.
AKRICH Madeleine, RABEHARIOSA Véronique, « Les conseils en économie d’énergie : des revues grands
publics aux grandes surfaces de bricolage », Les Notes de l’Observatoire de l’Habitat Ancien, n°7, 1989.
BOVAY Claude (dir.), Energie au quotidien, Editions Labor et Fides, Genève 1987.
DARD Philippe (dir.), Quand l’énergie se domestique, Observations sur dix ans d’expériences et d’innovations thermiques dans l’habitat, Editions du Plan Construction, Paris, 1985
Anthropologie de l’électricité, Les objets électriques dans la vie quotidienne en France, Collection Logiques
Sociales, Editions L’Harmattan, Mars 1996.
MARECHAL P., Crise de l’énergie et évolution des modes de vie, Rapport CREDOC, 1977.
GRAS Alain, Grandeur et dépendance : Sociologie des macro-systèmes techniques, Edition des PUF, Paris,
1993.
2) Les ménages face aux économies d’énergie
a) Les profils de consommateur d’énergie domestique
CHANCEL Lucas, « Agir sur les consommations directes d’énergie des ménages », Policy Brief, Science Po-
IDDRI, n°03/13, Février 2013.
FLAMAND Amélie, ROUDIL Nadine, « Face à la crise : l’Habitant-consommateur d’énergie, stratégies et
économie », in CLOCHARD Fabrice, DESJEUX Dominique, Le consommateur malin face à la crise, Le consommateur stratège (tome 2), L’Harmattan, 2013.
METTETAL Lucile, « La question énergétique dans l’habitat privé : le profil déterminant des ménages », Note
rapide, n°476, IAU IDF, Juin 2009.
MOUSSAOUI Isabelle, « Vers une génération de la modération ? Pratiques, représentations et systèmes de consommation d’énergie selon les âges sociaux », in DOBRE Michelle, JUAN Salvador (dir.), Consommer
Autrement, La réforme écologique des modes de vie, Editions de l’Harmattan, 2009.
MOUSSAOUI Isabelle, L’énergie est-elle un enjeu de pouvoir dans les familles françaises ?, Communication au
RT38, Congrès de l’Association Française de Sociologie, Avril 2009.
ZELEM Marie-Christine, « Maîtrise de la demande d’énergie et société de consommation, Une mise en
compatibilité complexe », Global Chance, n°16, pp. 111 – 124, 2002.
ZELEM Marie-Christine, BESLAY Christophe, GOURNET Romain, « Pas de smart cities sans smart habitant,
Urbia », Mutation écologique et transition énergétique, n°15, Février 2013.
d) Les pratiques de chauffage et le confort thermique
BESLAY Christophe, « L’individualisation des frais de chauffage. Conditions sociotechniques de
l’appropriation d’un dispositif de maîtrise de la demande d’énergie », in MENOZZI Marie-Jo, FLIPO Fabrice, PECAUD Dominique, Énergie et société : Sciences, gouvernances et usages, Edition Écologie Humaine/Edisud,
Analyse sociologique de la consommation d’énergie dans les bâtiments résidentiels et tertiaires
44
BESLAY Christophe, GOURNET Romain, ZELEM Marie-Christine, Analyse sociologique des usages de la
climatisation résidentielle en Midi-Pyrénées, Rapport d’étude, Août 2010.
BESLAY Christophe, GOURNET Romain, ZELEM Marie-Christine, L’optimisation des pratiques sociales en
matière d’Eau Chaude Sanitaire, un enjeu pour les politiques publiques de MDE, Synthèse bibliographique,
Janvier 2013.
BRISEPIERRE Gaëtan, « Les ménages français choisissent-ils réellement leur température de chauffage ? La
norme des 19°C en question », in BESLAY Christophe, ZELEM Marie-Christine (dirs), La sociologie de
l’énergie, Tome 2 : Pratiques et modes de vie, Edition du CNRS, Collection alpha, publication prévue début
2014).
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3) La transition énergétique du parc de bâtiment
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c) Le secteur tertiaire public et privé
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4) Les enjeux contemporains de la maîtrise de l’énergie
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b) Des campagnes de sensibilisation à l’accompagnement au
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