ANACONDAS BRAINSCAN Broceliande LA CITE DES MONSTRES CLIVE BARKER’S SALOME CLIVE BARKER’S THE FORBIDDEN DRACULA RISING LA FOIRE DES TENEBRES FU BO LE LAC DES MORTS VIVANTS MONSTER MAN SAW TERREUR A DOMICILE ZOMBI 3 LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE mARIJA le cinema fantastique et d’horreur en France INTERVIEW : ANTOINE PELLISSIER PIN-UP : MARILYN BURNS AVORIAZ RETROSPECTIVE : 1973 Les news 4 E-zine volume 4 Janvier / Février 2005
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ANACONDAS BRAINSCAN Broceliande LA CITE DES ...cinehorreur.free.fr/cinehorreur4.pdfMonster Man. 21 - LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE MARIJA Hémérocallis 28 - LES DOSSIERS DE CINE
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ANACONDAS
BRAINSCAN
Broceliande
LA CITE DES MONSTRES
CLIVE BARKER’S SALOME
CLIVE BARKER’S THE FORBIDDEN
DRACULA RISING
LA FOIRE DES TENEBRES
FU BO
LE LAC DES MORTS VIVANTS
MONSTER MAN
SAW
TERREUR A DOMICILE
ZOMBI 3
LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES
DE mARIJA
le cinema fantastique
et d’horreur en France
INTERVIEW : ANTOINE PELLISSIER
PIN-UP : MARILYN BURNS
AVORIAZ RETROSPECTIVE : 1973
Les news
4
E-zine volume 4
Janvier / Février 2005
2
3 - CINE HORREUR MOVIES
Le Lac des Morts Vivants - Brainscan - Zombi 3 - Terreur à Domicile -
Clive Barker’s Salomé & The Forbidden - La Foire des Ténèbres - Dracula
Rising - Anacondas - Fu Bo - Broceliande - La Cité des Monstres - Saw -
Monster Man.
21 - LES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES DE MARIJA
Hémérocallis
28 - LES DOSSIERS DE CINE HORREUR
Le Cinéma Fantastique et d’Horreur en France.
On ne peut pas vraiment dire que le cinéma
français aime le genre « fantastique » et en-
core moins « l’horreur ». Très peu de pro-
ductions françaises représentent notre genre
de prédilection et quasiment aucun studio n’a
fait du fantastique son fer de lance. Pourtant,
quand la France s’intéresse aux genre, c’est
bien souvent d’excellents films qu’elle nous
propose, originaux, poétiques ou gores. Petit
panorama des films français baignant dans le
genre, dont certains sont de vrais chef d’œuvres !
40 - INTERVIEW : Antoine Pellissier
43 - LA PIN UP : Marilyn Burns
44 - AVORIAZ RETROSPECTIVE : Année 1973
46 - SOUVENEZ-VOUS… : Gabriel Knight 2 « The Beast Within »
47 - ET POUR QUELQUES NEWS DE PLUS…
51 - Y’A PAS QUE LE CINEMA…
52 - L’ENVERS DU DECOR
« Massacre à la tronçonneuse de 73, c’est nul, on voit rien.
Le remake est bien mieux… » Voici bien souvent la réac-
tion des 14-18 ans à notre époque. Abreuvés de jeux vidéos
ou de dessins animés très violents dès leur plus jeune âge,
la nouvelle génération veut tout voir à l’écran et se montre
même sévère à l’égard de nos classiques (« les Fx d’Evil
Dead sont bidons »). Alors y’a t’il un conflit de génération
en matière de cinéma d’horreur ? Cette réflexion est surve-
nue sur le forum du site où jeunes et « vieux » se sont lan-
cés dans une discussion passionnante et passionnée sur ce
sujet. Les jeunes demandant aux vieux pourquoi critiquent-
ils souvent les œuvres récentes en disant « c’était mieux
avant », les vieux tentant d’expliquer que les anciens films
privilégiaient davantage le scénario et l’ambiance, et que
des effets-spéciaux avec des prothèses en caoutchouc
étaient souvent bien meilleurs que des images de synthèse
car plus réaliste. Il n’y a qu’à voir le récent Haute Tension
(tiens, un exemple de très bon film récent !) où le spécia-
liste Gianetto de Rossi à fait des merveilles niveau FX go-
res ! A travers ces discussions, on se rend surtout compte
que le cinéma d’horreur et fantastique interpelle, fait réagir,
que certains films, qu’ils soient vieux ou récents, propose
un panel d’émotions (souvent fortes !) à ceux qui les regar-
dent et que ceux-ci réagissent avec passion pour défendre le
film qui les a marqué. Car c’est bien là l’essentiel : qu’on
soit jeune ou vieux, l’important, c’est de prendre du plaisir
à la vision d’un film. Et qu’importe ensuite si Pierre, Paul
ou Jacques le trouve nul. On n’apprécie pas un film en
fonction des avis des autres. Si vous avez vécu quelque
chose de fort pendant sa vision, ces instants n’appartiennent
qu’à vous.
Toute l’équipe de Ciné Horreur vous souhaite de bonnes
fêtes de fin d’année ! Le rendez-vous est pris pour l’année
2005, on vous prépare des surprises !
Stéphane Erbisti
sommaire
Ciné Horreur Webzine - Fondateur : Lionel Colnard, Stéphane Erbisti, Gérald Giacomini Rédacteur en chef : Stéphane Erbisti
Il réussit à émettre un son qu’il espérait ressemblait à une salutation amicale.
- Je suis une voisine, continua-t-elle, je voulais juste vous souhaiter la bienvenue.
- Je… (Il se racla la gorge.) Je vous remercie. Vous prendrez bien un petit verre ?
Il se gifla mentalement. Quelle maîtrise, quelle phrase stupéfiante d’originalité, quelle – mais la belle accepta
avec un sourire des plus désarmants.
Après plusieurs secondes d’immobilité béate, il se retourna pour aller dans la cuisine et fut pris d’une soudaine
panique inexpliquée. Il regarda en sa direction. Elle était toujours là, souriante. Il savait qu’il pouvait désormais
mourir en paix.
La soirée se déroula tranquillement. Ils discutèrent de tout et de rien, assis côte à côte dans le canapé, leurs
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bras et leurs jambes se frôlant sans cesse comme mus par leur propre volonté. A chaque fois, Jeremy ressentait
comme une décharge électrique et sa vision s’obscurcissait furtivement.
Enfin, elle se leva pour partir. La maison s’écroulant autour de lui aurait été une aubaine en comparaison. Elle
lui promit cependant de revenir très vite.
Jeremy ne dormit pas beaucoup, cette nuit-là.
3ème JOUR
Après quatre heures de sommeil, il se réveilla dans un état extatique. Il se sentait en pleine forme et s’installa
immédiatement à son bureau. Il ouvrit son bloc, décapuchonna son stylo et se mit à écrire.
Deux heures plus tard, il sortit de sa transe. Il regarda le numéro de la page qu’il venait de terminer : 47. Il n’en
croyait pas ses yeux. Même avant son blocage, il n’avait jamais écrit près de 50 pages en si peu de temps. A ce
rythme-là, il aurait fini le premier jet en moins d’une semaine !
Il se sentait de nouveau invincible, fébrile. Il n’avait pas faim, alors il alla juste chercher quelques bouteilles
d’eau et se réinstalla devant ce premier résultat plus qu’encourageant.
La prochaine fois qu’il émergea, le soleil s’était couché et son estomac criait enfin famine. Il s’étira de satisfac-
tion et avec un grand sourire, il se dirigea vers la cuisine.
Elle était là, en train de découper des légumes, vêtue de la même robe pourpre révélatrice que la veille. Son
cœur s’arrêta momentanément de battre.
- Oh, bonsoir. Je ne voulais pas vous déranger dans votre travail, alors j’ai commencé à préparer le dîner. J’espère
que cela ne vous pose pas de problème ?
Qu’une créature exquise et à moitié nue s’occupe de lui sans qu’il ait demandé quoi que ce soit ? Qui a un pro-
blème ?
- J’adore les surprises, dit-il. Je peux me rendre utile ?
- Vous pouvez déboucher le vin blanc. Je l’ai mis au frais.
Il s’exécuta et leur servit un verre. Ils trinquèrent et burent les yeux dans les yeux. Jeremy sentit son âme fon-
dre et s’étaler comme du beurre sur une poêle très chaude.
Pour le dessert, Elle alla chercher des fraises et un bol de chocolat fondu. Il ne connaissait pas son prénom, il y pen-
sait seulement comme la femme de toutes les femmes, celle qui méritait qu’on la nomme au majuscule, l’ensorce-
leuse irrésistible de n’importe quel homme.
Elle prit les fraises une à une, les trempa dans le chocolat et nourrit Jeremy comme un enfant. Ils ne parlaient
pas, ils se contentaient de ce que chacun pouvait lire dans le regard de l’autre. Quand il n’y eut plus de fraises, Elle
trempa un doigt dans le chocolat et le porta à sa propre bouche. Elle ferma ses lèvres délicieuses autour et sortit le
doigt lentement. Jeremy la fixait, hypnotisé, les yeux ronds, la respiration lourde. Elle se passa le doigt humide sur
les lèvres et joua avec le bout de sa langue.
Ils passèrent sans attendre aux choses sérieuses sur le canapé. Ce fut Elle qui prit l’initiative encore une fois,
mais Jeremy n’y voyait aucun inconvénient. Les femmes entreprenantes recevaient toute son approbation.
Leurs ébats se prolongèrent jusqu’à ce que Jeremy se sente transporté dans une nouvelle dimension. Il n’avait
jamais atteint ce seuil de plaisir de sa vie, pas même le jour où Alicia était venue chez lui avec une amie…
Il ouvrit les yeux et contempla son amante béatement. Elle passait la langue partout sur son corps, remontant
doucement vers son cou. Il adorait sa façon de le mordiller. Elle prenait tout son temps. La petite douleur se mêlait
de façon exquise au sommet de son plaisir.
Jeremy aurait bien aimé prolonger leurs moments de tendresse, mais une torpeur irrésistible le submergea et il
se laissa glisser dans un sommeil sans fond.
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4ème JOUR
Lorsqu’il ouvrit les yeux, son regard tombait pile sur le cadran du réveil. 12:17 p.m. Midi passées ? Il aimait
flâner au lit mais avait quand même des limites. Il leva la tête pour jeter un coup d’œil sur le lit. Celui-ci était dans
un état impressionnant ! Par contre, il ne se souvenait pas de s’être vêtu d’un t-shirt avant de s’endormir. Il défit la
couverture enroulée autour de ses jambes et se tourna sur le côté pour se lever. Ce fut là qu’il remarqua les petites ta-
ches de sang sur l’oreiller et le haut du drap. Le mordillage se rappela immédiatement à son bon souvenir, et avec un
sourire satisfait, il porta les doigts à son cou. Une douleur sourde le fit grimacer. Sentant quelque chose de poisseux,
il regarda ses doigts. Ceux-ci étaient tachés de sang et d’une substance épaisse et laiteuse. Il les renifla, mais ne sentit
rien d’autre que l’odeur cuivrée du sang.
Il se leva et se dirigea vers la salle de bain. Lorsqu’il se vit dans la glace, il reçut un choc brutal. Il lui manquait
un bout de chair conséquent dans le creux du cou. Il eut un instant de panique puis, de nulle part, surgit la question
de comment on pouvait raisonnablement arracher un bout de chair à quelqu’un sans que la personne ne s’en rende
compte. Il palpa les bords de la plaie, mais ne ressentait qu’un léger picotement, comme si la peau avait été anesthé-
siée et que l’effet durait encore. Aurait-Elle fait cela durant son sommeil ?
Un désagréable pressentiment l’envahit et il enleva son t-shirt d’un mouvement rapide. Et recula de plusieurs
pas, manquant de tomber par terre. Tout le haut de son bras gauche n’était qu’une plaie béante, les chairs arrachées
jusqu’à l’os. Ses yeux s’écarquillèrent et il lui manqua subitement d’oxygène. Il voulut se détourner mais était inca-
pable de détacher son regard de la couleur ivoire brillant au milieu de tout ce rouge. Une violente nausée planta ses
griffes dans son estomac et il eut juste le temps de se retourner avant de vomir copieusement dans la baignoire.
Il resta à genoux jusqu’à ce qu’il eut l’impression que le cartilage soit broyé par son poids sur le carrelage. Il
pleurait, il tremblait de partout, il avait la sensation qu’un gouffre venait de s’ouvrir sous sa conscience. Une odeur
vaguement écœurante monta de la plaie, envahissant ses narines, provocant de nouveaux haut-le-cœur douloureux.
On aurait dit qu’une main de fer essorait ses intestins.
Il finit par se lever sur des jambes qui imitaient assez bien du coton. Evitant de se regarder dans la glace, il ou-
vrit l’armoire sous l’évier. Un grand nombre de paquets de gaze stérile et de bande chirurgicale l’occupait. Frisson-
nant de dégoût, il pansa ses plaies du mieux qu’il put. Il s’aspergea ensuite le visage d’eau froide. Il avait grand be-
soin de prendre une douche, mais il n’osait pas risquer de mouiller ses bandages. Il se lava devant l’évier, s’efforçant
d’éviter de penser à tout sauf à ce qu’Elle lui avait fait, et surtout à ce qui était arrivé à sa chair manquante.
Plus tard dans la journée, et malgré l’horreur découverte à son réveil, il se surprit à espérer le retour de la beau-
té fatale. Ce manque inexplicable se transforma rapidement en un tourment ravageur, dévorant son âme comme Elle
avait commencé à dévorer son corps.
Il tournait en rond dans la maison comme un lion en cage. Rien n’avait d’attrait, pas l’écriture, ni la télé ou la
lecture. Sortir se promener ? Pour aller où ? Le seul endroit où il désirait être se trouvait entre Ses bras rassurants,
sous Ses caresses expertes. Il n’avait même aucune idée d’où Elle vivait. Il n’était pas du genre à faire causette avec
d’éventuels voisins.
Jeremy sortit dans le jardin et s’installa dans une chaise longue. Une odeur enivrante flottait jusqu’à lui. Le par-
terre d’hémérocalles se trouvait à quelques mètres seulement, resplendissant de couleur et d’abondance. Il ne
connaissait rien en botanique mais dut admettre que les fleurs étaient d’une beauté incomparable. Comme Elle. Non,
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moins. Une simple plante ne pouvait décemment se mesurer à la perfection faite chair et os, une vision affolante de
courbes douces faites pour qu’on y abandonne son âme.
Il regarda sa montre. 15:36. Jusque là, Elle n’était venue qu’après la tombée de la nuit – encore quelques heu-
res à attendre…
Le livre qu’il tenta de lire finit par terre après qu’il eut recommencé la même page cinq fois. Il rentra et s’ins-
talla à son bureau. Celui-ci faillit apprendre à voler suite à l’amoncellement par terre de feuilles froissées ne conte-
nant que des demi-phrases. Il retourna dans la salle de bain mais n’osa pas défaire ses pansements. Lorsqu’il palpait
les plaies recouvertes, il ne ressentait pratiquement aucune douleur du tout. En vérifiant l’heure, il avait l’impression
que sa montre le narguait, qu’elle s’arrêtait exprès à chaque fois qu’il y jeta un coup d’œil. Il finit par l’enlever et l’é-
craser avec une chaussure comme un gros insecte métallique.
Sa frustration ne fit que s’accroître et il en était au stade des larmes de supplication lorsqu’il entendit la porte
d’entrée s’ouvrir et se refermer. La terreur l’envahit d’un seul coup. Des pas légers mais fermes descendaient le cou-
loir, comme si leur propriétaire avait l’habitude des lieux. Il retint son souffle. Et garda bien la bouche fermée pour
que son cœur ne bondisse pas à l’extérieur. Elle était enfin là, plus belle encore que la veille (était-ce même possi-
ble ?). Un léger rosissement colorait ses joues et ses yeux scintillaient tels deux émeraudes. Lorsqu’Elle lui sourit, il
sentit les braises de son désir s’enflammer et réduire en cendres toutes ses peurs, tous ses doutes, toute son appréhen-
sion.
Cette fois, ils ne perdirent pas leur temps en préliminaires gastronomiques ou en bavardage superflu. Et lors-
qu’elle commença à le mordre, il la laissa faire. Au départ, il garda les yeux fermés. Mais rapidement, la curiosité et
le plaisir de la regarder eurent raison de lui. Alors, il ouvrit les yeux. Elle était penchée sur sa cuisse et léchait une
plaie toute fraîche. Sa langue était fraîche et douce sur sa peau brûlante. Elle leva les yeux et le regarda. Il ne pouvait
rien lire dans son regard devenu vide et terne, comme si deux trous venaient de s’y creuser. Elle ouvrit grand la bou-
che et baissa la tête. La sensation des dents s’enfonçant dans sa chair était étrangement agréable, presque sensuelle. Il
gémit de plaisir. Tandis qu’elle le mordait, ses mains le caressaient divinement bien, l’emportant dans un flot de sen-
sations contradictoires, changeant à une vitesse folle – tantôt il était terrifié, ensuite exalté, puis paniqué, ou alors
malheureux – mais jamais il n’aurait voulu qu’elle arrête. Il la regardait lui arracher de petits bouts un peu partout,
des morceaux qui se détachaient plus facilement qu’il ne l’aurait cru. Cela faisait un drôle de petit bruit, comme du
papier mouillé que l’on émiette lentement.
La satisfaction de la belle était évidente à ses gémissements et sa façon de lécher ses plaies. Elle s’y appliqua
avec attention pour ne pas perdre une seule goutte du sang épais qui coulait mollement sur tout son corps. Elle sem-
blait injecter une sorte de substance anesthésiante lorsqu’elle le mordait – c’était la seule explication pour l’absence
de douleur.
Jeremy était cependant au-delà de toute question d’ordre biologique et suite au pic de jouissance, il plongea de
nouveau dans un sommeil profond.
5ème JOUR
Au réveil, il eut beaucoup de mal à sortir du lit. Ce n’était toujours pas la douleur qui l’en empêchait, mais le
grand nombre de bandages qui raidissait ses membres et rendait tout mouvement difficile.
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Il arriva à se traîner jusqu’à la salle de bain malgré tout et se contempla dans la glace. Il y avait vraiment beau-
coup de pansements. Il commença à les défaire un par un, de plus en plus exalté par la quantité de chair qui lui man-
quait. Toute sensation initiale de peur avait disparu. Ce qu’il ressentait désormais s’apparentait plus à de la fierté
qu’à autre chose. Il se sentait prêt, voire même impatient, à lui offrir jusqu’à sa dernière goutte de sang, jusqu’à la
moindre partie comestible de son corps. Ainsi, ils ne feraient véritablement plus qu’une personne – autant que ce soit
dans son corps sublime à elle.
Il ne s’était jamais laissé aller à aimer une femme assez pour s’installer avec elle. Il avait toujours refusé toute
responsabilité de ce genre et s’était convaincu avec le temps qu’il n’était pas fait pour les relations de couple. C’était
plus facile que de se regarder en face. Et voilà que la beauté physique d’une femme le poussait à lui donner jusqu’à
sa propre vie. Peut-être que durant toutes ces années de répression, sa capacité à aimer s’était concentrée en ce dévo-
rant désir de don de soi.
Son euphorie était revenue. Il aurait bien passé le reste de l’après-midi à s’admirer, mais son esprit bouillonnait d’i-
dées. Tant et si bien que jusqu’à la nuit tombée, il noircit page après page sans même plus les compter.
Lorsqu’Elle revint, il l’attendait déjà au lit.
DERNIER JOUR
13:27 p.m. Le cadran du réveil mit un certain temps à se matérialiser devant ses yeux. Il tenta de soulever la
tête mais en était incapable. Il se sentait vidé de toute sa substance vitale. Pourtant, s’il était encore conscient, c’est
qu’il devait rester quelque chose de son corps. Il tourna la tête sur le côté et se regarda.
Un sanglot désespéré lui échappa.
Elle ne l’avait pas habillé, cette fois, Elle avait juste pris soin de le panser. Et il était évident que les bandages
recouvrant ses bras et ses jambes de haut en bas n’enveloppaient que les os. Son squelette. Il n’y restait plus un seul
bout de chair ou de muscle. Il ne sortirait plus jamais du lit. Il mourrait ici, seul, ses os se désagrégeraient lentement
et ne seraient peut-être même pas retrouvés avant la fin de son bail dans 6 mois…
Jeremy se mit à sangloter plus fort, à pleurer de façon hystérique, à hurler jusqu’à ce qu’il s’endormisse d’épui-
sement.
Il revint à lui quelques heures plus tard. Il n’avait toujours pas mal là où ses plaies se terminaient et que les os
commençaient. Il ne savait même pas s’il était vraiment réveillé, tant il se sentait planer sur un autre niveau de cons-
cience. Peut-être était-ce de l’agonie à l’état pur, non-diluée, une souffrance exquise, parfaite – ou alors, son désir
pour Elle avait fini par tout remplacer à l’intérieur de lui, avait transformé l’essence de son être en une adoration
toute-puissante, une dévotion ultime, en une lumière éthérée brillant éternellement sur sa ravageuse.
Il n’avait plus aucune notion du temps. Il regardait le réveil de temps en temps mais les chiffres ne signifiaient
plus rien pour lui.
Il avait soif, aussi. Non. Il mourait de soif. Nuance. Il émit un rire frénétique qui se transforma rapidement en
hurlements sauvages à s’en déchirer les cordes vocales. Il s’évanouit de nouveau.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, Elle était penchée sur lui. Son visage exprimait une inquiétude convenant assez aux
circonstances. Il faillit s’excuser de ne pas avoir mis son plus beau costume et préparé le dîner. Mais il ne pensait pas
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qu’elle soit vraiment d’humeur à rigoler.
Elle sourit et essora une éponge qu’Elle avait prise dans une bassine posée par terre, remplie d’eau. Elle lava
soigneusement son torse et son visage de gestes lents et sensuels. En temps normal, il aurait prié tous les dieux de
l’Univers pour que cela dure toute la nuit. Mais là, il n’avait qu’une hâte, c’était qu’elle en termine aussi vite que
possible. Il ferma les yeux et tenta de s’imaginer ailleurs, dans un autre corps, un autre temps, un autre monde…
Malgré lui, son excitation devint rapidement visible. Il serra les dents et ferma les yeux. Il entendit le petit plouf de
l’éponge qui tombait dans la bassine. Il sentit ensuite Ses mains autour de son sexe érigé. Lorsque Sa bouche se fer-
ma autour, il poussa un hurlement qui amena un évanouissement des plus bienvenus.
Lorsqu’il recouvra sa conscience malmenée, il lui manquait tout le bas-ventre. Il voulut hurler mais sa voix semblait
l’avoir désertée. Aucun son ne passa ses lèvres entrouvertes. Son visage tordu de désespoir était inondé de larmes.
Elle lui sourit et lécha les gouttes salées et chaudes de ses joues. Ensuite, Elle se pencha de nouveau sur son ventre.
Elle était sous l’emprise d’une impatience tremblante et se servait cette fois de Ses mains pour déchirer la plaie da-
vantage. Celle-ci n’était donc pas anesthésiée par la substance coulant de sa bouche.
La douleur était atroce, rien à voir avec la souffrance exquise de ses morsures. Elle semblait s’insinuer jusque
dans le moindre atome composant son corps, échaudant toutes les terminaisons nerveuses au passage comme de l’a-
cide corrosif, remontant ensuite dans son cerveau pour y exploser en un éclair blanc à intervalles réguliers. Il n’avait
plus besoin de La regarder pour voir son image dans son esprit - Son visage, Ses mains et Ses bras barbouillés de
sang noir et épais, de morceaux de chair luisant, Ses cheveux poisseux et emmêlés… Malgré sa frénésie, Elle prenait
tout son temps pour arracher la chair et la mastiquer consciencieusement avant de l’avaler. Heureusement, celui-ci
était en bonne forme physique. Elle n’avait jamais apprécié le goût ni la texture de la graisse jaunâtre.
Jeremy réussit à ouvrir les yeux une dernière fois. Il La vit comme au ralenti plonger ses deux mains dans son
ventre ouvert et en retirer ses intestins pourpres et enflés. Elle les écrasa entre ses doigts griffus et ouvrit la bouche
en grand. Lorsqu’Elle y plongea ses dents, sa terreur recouvra la voix. Sa dernière pensée fut que son hurlement du-
rait étrangement longtemps…
Lorsqu’Elle eut fini le devant, elle retourna ce qui restait de Jeremy Mornac et s’attaqua au dos. A la dernière
bouchée, Elle eut un sourire satisfait et caressa son ventre repu. Sans perdre une seconde, Elle lécha les os jusqu’à la
dernière goutte de sang. Ensuite, Elle les sépara afin de les broyer méticuleusement entre ses mâchoires puissantes.
Aux premières lueurs orangées de l’aube, Elle sortit dans le jardin et se dirigea vers les hémérocalles. Sa beauté
était encore plus resplendissante qu’avant et ses formes s’étaient visiblement arrondies. Elle se posta au milieu des
fleurs dont les corolles s’ouvrirent doucement malgré le manque de lumière. Les fleurs semblèrent prendre vie autour
d’Elle en se penchant et se languissant sous ses caresses.
- Oui, mes chéries, j’apporte votre subsistance…
Elle plia ses bras sur sa poitrine et baissa la tête. Son corps commença à s’effriter et finit par retourner à la terre
qui la composait.
Les hémérocalles avaient été nourries encore une fois.
Marija Nielsen
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LE CINEMA FANTASTIQUE ET D'HORREUR
EN FRANCE
Un dossier réalisé par : Jérémie Marchetti & Stéphane Erbisti
Aussi incroyable que cela puisse paraître, le cinéma fantastique est né en France ! Alors que les frères Lumières
filment des événements de la vie de tous les jours, un homme, George Méliès, va prendre le chemin opposé et pro-
pose aux spectateurs des mondes imaginaires, des voyages interstellaires et ce, dès 1902 avec son extraordinaire "Le
Voyage dans la Lune". Il réalisera bien d'autres films comme "Le royaume des Fées" ou bien encore "Le Voyage à
travers l'impossible" en 1904.
Une des premières incursion dans le cinéma fantastique ! Et Made in France !
Mais l'intérêt que porte la France au cinéma fantastique va vite décliner et les réalisateurs préféreront filmer des cho-
ses réelles plutôt que de faire rêver les spectateurs. La relève sera alors assurée par l'Allemagne qui nous donnera des
oeuvres comme "Le Golem", "Cauchemars et Hallucinations" ou bien encore le grandiose "Nosferatu".
Beaucoup se plaignent actuellement que le cinéma français n'excelle pas vraiment dans le fantastique ou l'horreur. Ce
qui n'est pas faux. Et pourtant, il faut savoir que certains films fantastiques français sont de véritables perles qui res-
tent essentielles encore aujourd'hui. A travers ce petit dossier, nous allons essayer de vous faire découvrir qu'il existe
un cinéma fantastique en France et que les rares incursions dans ce domaine ont néanmoins donné quelques chef-
d'oeuvre au genre ! Voici une liste (non exhaustive ) des meilleurs films du genre, classés chronologiquement à tra-
vers les grandes périodes. On s’excuse d’avance pour les titres qu’on n’a pas cité (comme Terminus ou Litan par
exemple) et on vous souhaite une bonne lecture !
LES DOSSIERS de cine horreur
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I / Du début du cinéma aux années 50 C'est donc avec George Méliès que le cinéma fantastique français nous donne ses premières œuvres phares. On peut
clairement dire que Méliès est l'inventeur de la science-fiction. Et l'inventeur des trucages au cinéma. Rien que ça !
Pour son film "Le Voyage dans la Lune", il tournera pendant trois mois, chose très rare à l'époque où les films ne dé-
passaient pas la durée de 2 à 3 minutes. Son film durera 16 minutes et peut être considéré comme la première
"superproduction" du cinéma.
* LE VOYAGE DANS LA LUNE
1902 - film français de Georges Méliès - Noir et Blanc.
Le professeur Barbenfouillis embarquent avec les membres de son club d'astrono-
mes à bord d'un obus qui va être propulsé par un canon géant vers la lune. Arrivés
sur la lune, ils sont fait prisonniers par les Sélénites et conduis au palais du Roi de
la Lune…
Un enchantement visuel extraordinaire pour un film de 1902 ! Et déjà de nom-
breux effets spéciaux comme des peintures en trompe l'œil, décors en carton-pâte.
Un film-clé pour le cinéma fantastique !
Puis le public n'aura pas grand chose à se mettre sous la dent car la France abandonne purement et simplement le ci-
néma fantastique, laissant à d'autres pays, comme l'Allemagne dans les années 20 puis les USA dans les années 30, le
soin de les abreuver en film terrifiant. On peut néanmoins citer le film de René Clair "Paris qui dort", réalisé en
1923, dans lequel un savant provoque la paralysie totale de Paris et de ses habitants avec son mystérieux rayon, et
également le très beau film de Jean Epstein réalisé en 1928, "La Chute de la Maison Usher", basé sur l'histoire
d'Edgar Poe. Epstein a réalisé un authentique film fantastique, d'une beauté baroque somptueuse, et qui renvoie aux
films expressionnistes allemand.
1928 est également l'année où un certain Luis Bunuel réalise "Un Chien andalou", célèbre film surréaliste qui
contient une des premières scènes "gores" du cinéma avec l'œil coupé au rasoir. En 1930, il réalise une autre oeuvre
surréaliste, "L'âge d'or". Jean Cocteau réalisera quand à lui "Le Sang d'un Poète" la même année.
En 1932, Carl Théodore Dreyer signe un authentique chef d'œuvre avec son "Vampyr ou l'étrange aventure de Da-
vid Gray", dans lequel il installe une ambiance déstabilisante pour le specta-
teur, avec des visions oniriques et surtout un travail sur tous les tons de gris,
conférant au film une image unique.
1942. Maurice Tourneur nous livre un grand classique du cinéma fantastique
français avec "La Main du Diable" dans lequel il nous raconte l'histoire d'un
artiste peintre qui se procure "une main" qui lui accorde ce qu'il veut, à savoir
amour et gloire. Mais les effets ne durent qu'un temps. C'est alors que Le Dia-
ble apparaît au peintre et lui annonce que s'il ne parvient pas à revendre "la
main" moitié moins que ce qu'il l'a acheté, son âme lui appartiendra…
Cette même année, Marcel Carné réalisera "Les Visiteurs du Soir", autre
grand classique du cinéma fantastique français dans lequel Le Diable envoie
deux de ses serviteurs afin d'empêcher le mariage de la fille d'un Baron avec
un chevalier. Mais l'amour sera t'il plus fort que la mort ? Dans le rôle du Dia-
30
ble, Jules Berry est extraordinaire, tout comme les décors et la réalisation de Carné. Un
film merveilleux !
En 1944, Serge De Poligny réalise "La Fiancée des Ténèbres", toujours placé sous le
signe de l'onirisme et du merveilleux.
C'est en 1946 qu'un nouveau chef-d'œuvre du cinéma fantastique français apparaît sur
les écrans : La Belle et la Bête de Jean Cocteau.
* LA BELLE ET LA BÊTE
1946 - film français de Jean Cocteau - Noir et blanc.
Peintre, poète et cinéaste, Jean Cocteau se lan-
ça dans l'adaptation d'un superbe conte où une jeune fille est emprisonnée
dans le château d'un prince changé en monstre. Outre une belle distribution
(Josette Day et Jean Marais notamment), La Belle et la Bête est un film re-
gorgeant de poésie et de surréalisme via des décors majestueux et inquiétants.
Certains éléments du décors sont même " vivants " (des acteurs camouflés,
maquillés et déguisés) comme le fameux couloir au chandelier avec des
mains tenant des bougies. Le maquillage de Jean Marais est également in-
croyable avec sa tête de lion qui le rend méconnaissable. En ce sens, La Belle
et la Bête est un magnifique film fantastique comme on n'en fait plus. Du très
grand Cocteau, somptueux et magique.
Comme on le voit, la France livre surtout des œuvres "fantastiques" ou
"merveilleuses" mais ne s'intéresse guère à "l'horreur". Dans les films préci-
tés, c'est surtout de poésie, de merveilleux auquel on a droit. L'épouvante et
l'horreur sont absent des films français alors que les USA par exemple, et
bientôt l'Angleterre, ont fait de
l'épouvante un genre à part entière. Mais en 1949, Jean Faurez va inclure
des éléments horrifiques dans son film "Histoires Extraordinaires",
film à sketches basé sur quatre histoires d'Edgar Poe et contenant de
nombreux éléments relevant du "macabre".
1949 sera également l'année où Gerard Philipe interprétera le Diable ve-
nu offrir une seconde jeunesse à Michel Simon dans le film de René Clair
"La Beauté du Diable", excellente variation sur le thème de Faust.
II / DES ANNEES 50 AUX ANNEES 70
En 1950, Cocteau va à nouveau se tourner vers le fantastique onirique
avec "Orphée", toujours interprété par Jean Marais. Orphée est un très
beau film, parsemé de séquences fantastiques et poétiques.
31
Il faudra ensuite attendre quasiment la fin des années 50 pour que la France
s'intéresse à nouveau au fantastique. Ce sera chose faite en 1959 avec deux
films. Jean Renoir adaptera le roman de Stevenson (Docteur Jekyll et Mister
Hyde) avec "Le Testament du Docteur Cordelier" dans lequel un savant, le
docteur Cordelier, voit sa partie sombre apparaître sous la forme de Monsieur
Opale, après avoir absorbé un sérum de son invention. Mais autant Cordelier est
un homme charmant, Opale n'est qu'une brute épaisse qui terrorise les femmes
et les enfants…
Mais la vraie révélation de l'année 1959 est sans conteste le film de Georges
Franju, le sublime "Les Yeux sans Visage", ou cette fois, on peut bien parler
"d'horreur" à la française !
* LES YEUX SANS VISAGE
1959 - film français de Georges Franju - Noir et Blanc.
Réalisateur de l'éprouvant "Le sang des Bêtes" (court métrage sur les abat-
toirs), et des superbes "La tête contre les murs" et "Judex", Georges Franju se
tente au film d'horreur avec le chef-d'œuvre qu'est "Les yeux sans visage". Le
docteur Genessier a une fille, Christiane, défigurée après un accident de voi-
ture. Ne supportant pas son état, il fait croire à son entourage qu'elle est morte.
Il décide alors de lui redonner
un visage en enlevant des jeu-
nes filles lui ressemblant et
pratique des greffes de visages, qui ratent malheureusement. La jeune
fille semble perdre espoir et sombre dans la dépression. Son fiancé
commence a avoir des doutes…
3 ans avant Blood feast, Franju utilise déjà le gore dans son film à
travers des scènes d'opération assez crues. Son film est aussi terri-
fiant grâce à une ambiance malsaine du plus bel effet. Le trio d'ac-
teurs est inoubliable : Pierre Brasseur, inquiétant à souhait, Alida val-
li qu'on reverra dans Suspiria et Inferno; quant à Edith Scob, elle
reste l'un des meilleurs point du film. Avec sa silhouette fine, son
masque blanc et sa démarche fantomatique, elle traverse le film
comme un spectre avec une grâce poétique magnifique. La scène fi-
nale reste un grand moment d'horreur mais aussi de poésie avec cette
image mémorable et surréaliste où Edith Scob s'enfonce dans la forêt,
entourée de colombes au son de la merveilleuse musique de Maurice
Jarre. Rien que pour ça , Les yeux sans visage est un chef d'ouvre du
cinéma fantastique français et pourquoi pas du cinéma tout court ?
En 1960, Cocteau, toujours lui, nous livre encore un film fantastique avec "Le Testament d'Orphée". En 1965, c'est
vers la science-fiction que se tourne la réalisation de Jean-Luc Godard avec son "Alphaville". Science-fiction tou-
jours en 1966 avec l'excellent "Farhenheit 451" de François Truffaut. Roger Vadim nous livrera également un film
de SF avec son "Barbarella" en 1968. C'est également l'année où il s'associera avec Federico Fellini afin de réaliser
ensemble "Histoires Extraordinaires", film à sketches basé à nouveau sur les écrits d'Edgar Poe.
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Les années 70 vont marquer une phase nouvelle pour le cinéma fantastique français. Tout d'abord, deux films surna-gent du lot des productions de cette année là : * LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE
1972 - film français de Luis Bunuel - Couleurs.
Certains se demanderont qu'est ce que vient faire un film pareil dans ce dossier, sur-
tout que Bunuel n'a jamais réalisé de films fantastiques mais des films surréalistes.
Pourtant le surréalisme est rattaché directement au fantastique puisque mettant en
scène des situations sans queue ni tête, parfois franchement drôle ou franchement in-
quiétante. Accompagné évidemment d'un côté provocateur savoureux et parfois très
en avance sur son temps (voir l'œil tranché dans un chien andalou) ainsi que d'une
satire ou d'une réflexion toujours pertinente (ici la satire de la bourgeoisie). Le scéna-
rio est on n'eut peu plus simple : une groupe de bourgeois s'invite pour un repas mais
celui-ci est toujours repoussé par un événement surréaliste. Événements d'ailleurs
plutôt drôles : il y a un mort dans le restaurant, le repas est mal fixé, intrusion de per-
sonnages quelconques qui raconte une histoire. C'est d'ailleurs là le point le plus inté-
ressant, chaque histoire est basée sur le fantastique ou l'horreur : vengeance de pa-
rents fantômes qui ordonnent à leur fils de tuer le faux père, retrouvailles dans une ville fantôme avec des êtres chers
mort depuis longtemps, un commissaire sadique qui revient hanter le commissariat où il travaillait ou bien encore un
prêtre fusillant l'assassin de ses parents. Des saynètes fantastiques qui ne font qu' augmenter la qualité de ce film sur-
réaliste mémorable.
* LE LOCATAIRE
1975 - film français de Roman Polanski - Couleurs.
La trilogie des appartements maudits, composés de Rosemary’s Baby et de Répul-
sion, va pouvoir s'achever avec Le locataire. Roman Polanski incarne lui-même le
héros, un jeune employé de bureau timide et seul qui déniche un appartement dans
un immeuble assez inquiétant. Édifice rempli de personnages bigarrés et étranges qui
veulent le silence à tout prix. L'ancienne locataire de l'immeuble s'est d'ailleurs jetée
par la fenêtre pour une raison que tous le monde ignore. Tout comme Mia Farrow
dans « Rosemary’s baby » ou Catherine Deneuve dans « Répulsion », le héros va
sombrer dans la folie et devenir paranoïaque. Seulement on ne saura jamais si celui-
ci à raison ( les habitants lui veulent-ils vraiment du mal ?) ou s'il devient fou. Au
passage, le casting contient son lot d'acteurs célèbres : Isabelle Adjani, Shelley Win-
ters, Bernard Fresson, Rufus, Michel Blanc, Gerard Jugnot, Josiane Balasko, Claude
Piéplu. Polanski signe encore une ouvre terrifiante voir même traumatisante (la scène
finale est Vraiment tétanisante). Bizarre, insolite, flippant ( la musique de Philippe Sarde et la photographie de Sven
Nykvist y contribue beaucoup ), Le locataire boucle brillamment la trilogie de Polanski .
Et puis, il y a l'apparition d'un réalisateur qui va constamment oeuvrer pour le cinéma fantastique français : Jean Rol-
lin. Dès 1968, Jean Rollin se lance dans le cinéma fantastique avec "Le Viol du Vampire", dans lequel il mêle déjà
ce qui sera sa marque de fabrique, à savoir fantastique, vampire et érotisme. Il récidive en 1969 avec l'excellent "La
Vampire Nue", film où la poésie règne, où la photographie est très belle et qui provoque chez le spectateur une im-
pression étrange de voir un film différent. Passionné par la mythologie du vampire, Rollin se lance donc dans une va-
gue de films vampiriques avec "Le Frisson des Vampires - 1970" et "Requiem pour un Vampire - 1971". Il réali-
sera aussi une histoires de fantômes vengeurs avec "Les Démoniaques - 1973". Viendront ensuite des films où l'hor-
reur sera plus important comme "Levres de sang - 1974", "Les Raisins de la Mort - 1978" ou encore "Fascination -
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1979" et "La Nuit des Traquées - 1980". Il réalisera bien d’autres films
par la suite, dont le fameux Lac des Morts Vivants. On reproche souvent
aux films de Jean Rollin d'être la version filmique d'un somnifère. Il n'em-
pêche que seul Jean Rollin a osé s'aventurer dans le cinéma fantastique de
façon permanente, malgré la mauvaise réputation de ce genre par chez
nous. Les films de Rollin sont toujours baignés dans une atmosphère gothi-
que, poétique, érotique. Jean Rollin a su imposer sa touche personnelle et
ses films se reconnaissent au premier coup d'œil. D'ailleurs, les anglais lui
voue un culte particulier. Bref, n'hésitez pas à vous plonger dans son uni-
vers, il y a toujours quelque chose à en tirer.
* LA VAMPIRE NUE 1969 - film français de Jean Rollin - Couleurs.
Une jeune fille vêtue d'un
drapé orange transparent est
conduite dans un labora-
toire où on lui fait subir des
prises de sang. Parvenant à
s'échapper, la fille court
dans les rues, la nuit, et se
fait poursuivre par des
hommes portant des mas-
ques d'êtres démoniaques. Pendant sa fuite, elle rencontre Pierre, un jeune
homme mais se fait tirer dessus par les hommes et s'écroule. Les hommes
emporte la jeune fille dans un immeuble qui appartient au père de Pierre.
Celui-ci veut en savoir plus et commence à mener une enquête. Il s'intro-
duit dans l'immeuble la nuit, avec d'autres personnes qui se rendent égale-
ment à une bien étrange soirée. Là, Pierre découvre une sorte de sectes où
les membres se suicident afin d'être offerts à la jeune fille, qui n'est pas
morte malgré le coup de feu…
La Vampire Nue est un film lent, certes, même très lent, mais assez inté-
ressant de par son scénario, qui tient en haleine le spectateur, bien décidé à
savoir le secret de cette jeune femme énigmatique. Est-elle vraiment un
vampire ? Qui sont ces gens qui veulent la récupérer ? Quels motivations
animent les trois savants qui essayent de la préserver du monde extérieur ?
De nombreuses questions auxquelles Rollin apportera des réponses, et de
façon originale, sortant des sentiers battus des classiques films de vampi-
res. Comme à son habitude, l'érotisme flirte avec le fantastique et bons
nombres de ses actrices voient leurs nudités offertes aux spectateurs. Il y a
également beaucoup de poésie dans ce film et de très jolies scènes, qui en
font un spectacle à part mais qui mérite d'être vu.
III / LES ANNEES 80 - 90 On ne sait pas exactement ce qui s'est passé mais les années 80 - 90 ont
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provoqué un nouveau souffle sur le cinéma fantastique français. Des jeunes réalisateurs font leurs premières armes à
travers des films stupéfiants et vraiment différents. Une nouvelle génération en somme. Déjà en 1982, Francis Leroi,
réalisateur plutôt spécialisé dans le film érotique, voir pornographique, se lance dans une production fantastique qui
va se révéler forte intéressante : "Le Démon dans l'île".
* LE DEMON DANS L'ÎLE
1982 - film français de Francis Leroi - Couleurs.
Francis Leroi s'essaye au fantastique en 82 avec le surprenant "Le démon dans
l'île". D'abord en voyant Annie Duperey et Jean Claude Brialy en tête d'affiche
on a un peu peur, on se dit que c'est encore un stupide nanar à la française mal
joué et mal foutu. Mais le film est tout l'inverse, nous racontant l'histoire d'une
jeune femme, le docteur Gabrielle Martin, qui s'installe sur une petite île de la
Manche. Elle remarque que des appareils ménagers semblent se retourner contre
leur utilisateur et un bien étrange docteur semble lui cacher quelque chose…
Non seulement le film tient la route et évite le ridicule mais le suspense fonc-
tionne très bien. Ce n'est pas un hasard si le film reçu le prix du suspense à Avo-
riaz. Les meilleures séquences sont celles où les appareils du quotidien devien-
nent dangereux : un nounours mécanique jouant du tambour crève l'œil d'une pe-
tite fille avec sa baguette, une femme à la main coincée dans le four, une cafe-
tière explose, un rasoir bic provoque une belle entaille sur la joue d'un gars et un
couteau électrique se met à déchiqueter les mains d'un brave monsieur. Ces scè-
nes sont pourvues d'une violence hard assez éprouvante et très rare dans le ciné-
ma français. De ce point de vue là, le film n'est pas un chef d'œuvre mais une
belle réussite !
Puis c'est le débarquement en fanfare de toute une tripotée de films fantastiques made in France qui vont surgir sur les
écrans, passant de l'humour noir dérangeant au gore éclaboussant !
* BAXTER
1988 - film français de Jérôme Boivin - Couleurs.
On a toujours voulu savoir ce que pense les chiens et bien Baxter va vite vous
en enlever l'envie. Film très noir, Baxter raconte le nouveau départ que va
prendre un bull-terrier après avoir été offert à une vieille dame. Celle-ci va
commencer à sombrer dans la démence et finira par se faire tuer par Baxter qui
ne la supportait plus. Ensuite c'est un jeune couple très libéré qui va l'adopter
mais l'irruption d'un bébé le gène et il décide de noyer le nourrisson. Sans suc-
cès évidemment, il est envoyé dans une famille dont le fils, Charles, va tenter
de l'apprivoiser. Mais Charles est un enfant dérangé, une graine de nazi fasciné
par Eva Braun. Et si Baxter avait trouvé pire que lui ? Jamais ennuyeux, dé-
pourvu d'humour et baignant dans un climat malsain, Baxter est une très bonne
surprise qui sera oublié trop vite. Angoissant et envoûtant, le film réussit égale-
ment à ne jamais être pompeux ou banal... La voix de Baxter (dialogue de Jac-
ques Audiard) devient rapidement enivrante, faisant le charme certain du film.
Baxter n'a rien de son pouvoir de séduction et vous le prouvera avec cet excel-
lent film ; et comme disait le slogan de l'affiche : Méfiez vous du chien qui
pense !
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* BABY BLOOD
1989 - film français d'Alan Robak - Couleurs.
Imaginez un mélange de Elmer le remue méninges et de Rosemary's Baby !
Et bien Baby Blood c'est un peu ça mais avec beaucoup de gore, d'humour noir
et d'originalité.
Yanka est une jeune femme aux rondeurs appétissantes, travaillant dans un cir-
que. Son amant, qui est le directeur du cirque, la martyrise et ne la rend pas
heureuse. Un jour, un tigre venu d'Afrique libère un parasite qui se trouvait
dans son corps, et qui va féconder Yanka. Celle-ci s'enfuie et emménage dans
un appartement abandonné. Elle porte en elle une créature qui doit vivre de
sang et lui demande (elle peut parler en plus) de tuer des hommes pour se nour-
rir. Réticente au début, Yanka finit par accepter et commence un parcours jon-
ché de cadavres…
Ce qui est étonnant, c'est qu'on a droit ici à un film très gore et pourtant bien
français. On y trouve des apparitions de Alain Chabat, de Jean Yves Lafesse, et
même de Baxter ! On remarque même lors du générique de fin que la voix du
bébé est interprété par un certains Roger Placenta ! Les meurtres sont donc très
gore et bien craspec : tête défoncée contre un mur puis décapitée à coup de ma-
traque, couteau dans l'épaule, poignardement sauvage avec un ciseaux filmé en
vue subjective (du point de vue du ciseaux), corps explosé avec du gaz, coup d'extincteur en pleine figure... L'humour
noir est aussi bien présent comme cette scène où Yanka vole un camion de don du sang avec un pistolet en plastique
ou encore lorsqu'elle étrangle avec le fil du téléphone une mémé gâteau qui lui racontait la joie de l'accouchement. Un
film débridé et bien frappé comme on n'en voit trop peu. Jouissif, grand guignolesque et trash, LE film gore français.
* 36-15 CODE PERE-NOEL
1989 - film français de René Manzor - Couleurs.
Réalisateur du très moyen "Le passage" et du médiocre "Un amour de sorcière", René Manzor a pourtant réalisé entre
ces deux déceptions cet excellent film qu'est 36 15 code père Noël. Le héros
est un jeune garçon nommé Thomas qui habite dans un immense château avec
sa mère et son grand père. C'est la veille de Noël et le gamin se retrouve seul
avec son papy, tentant de capturer le père Noël. Mais pendant ce temps, sa
mère qui travaille dans un magasin de jouets, renvoie un faux père Noël qui a
giflé une petite fille. Cette homme, un espèce de psychopathe limite pédophile,
décide de se venger en allant persécuter Thomas et accessoirement le tuer. La
traque va être longue et violente, autant pénible et éprouvante pour le héros que
pour le spectateur…
Incroyable et angoissant, tels sont les deux adjectifs pour qualifier le film. René
Manzor signe un survival brutal et marquant, sorte de version méchante de Ma-
man j'ai raté l'avion. Le personnage du psychopathe (qui s'habille en père Noël
d'ailleurs) est une belle représentation du croque-mitaine dans toute sa splen-
deur. Le décor du film est particulièrement gigantesque donnant lieu à une am-
biance des plus fantastiques. Servant à faire l'ouverture du festival d'Avoriaz de
1990, on se demande pourquoi un tel film a eu du mal à être culte, ce qui n'est
jamais arrivé d'ailleurs et c'est bien dommage. Un survival prenant et très origi-
nal à redécouvrir d'urgence !
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* ADRENALINE, LE FILM(S) 1990 - film français de Alain Robak , Yann Piquer , John Hudson , Jean Marie Maddedu , Anita Assal , Barthélemy
Bompard et Philippe Dorison .
Adrénaline est en fait un film à sketches regroupant divers courts métrages de cette époque. Des courts surréalistes,
frappadingues, bourrés d'humour noir et d'idées folles, jugez plutôt : un pauvre type se fait arracher ses membres
mais reste toujours vivant, un homme traverse une maison remplit de piéges mortels, la tête d'un homme est frappée à
outrance comme un punching ball pour devenir une « sculpture », une voiture se révolte contre son conducteur,
une femme voit son plafond descendre petit à petit, une télé est possédée par le diable, un métro qui rend fou. Les au-
tres sont un peu faiblard (la dernière mouche, graffiti, embouteillage) et ont un intérêt restreint. Ils faut donc voir
le film pour ces sketches hallucinants qui ont de quoi surprendre le spectateur le plus endurci.
Un film de fou avec un grand F !
IV / LES ANNEES 90
Des années bien calmes pour le cinéma fantastique français qui semble prendre une pause :
* LA TRILOGIE KOUNEN : GISELE KEROZENE - VIBROBOY - LE DERNIER CHAPERON ROUGE
1989 - 1993 - 1998 - Courts métrages français de Jan Kounen
Outre Dobermann, Blueberry et sa série inachevée Capitaine X, Jan Kounen a réalisé une
trilogie de courts métrages saisissants qui déploie le talent du bonhomme. Le pre-
mier (Gisèle Kérozène) est un énorme délire durant quatre minutes où des sorcières se
poursuivent avec des balais motorisés. Entièrement tourné image par image, ce court mé-
trage qui va à fond dans le n'importe quoi recevra le prix du court métrage à Avoriaz en
1989, bien mérité. Avec Vibroboy, on passe à la vitesse supérieure avec un type jaloux et
violent se transformant en machine de guerre armée d'un marteau pilon surmonté d'un
godemiché ! Le possédé va commencer à poursuivre sa femme et son travelo de voisin,
qu'il finit par attraper pour un plan final mythique où il chante « parlez d'amour » en lui
enfonçant son arme dans la bouche. Mouvement de caméra ultra speed, humour grivois,
personnages frappés, c’est du délire ! A l'époque de sa sortie, Mad Movies répliqua sur le
film : « le bonheur tout simplement, un coup de chaussure clouté dans le cul du cinéma
français ! » et ils ont raison. Le troisième (le dernier chaperon rouge) est complètement
différent ce qui ne l'empêche pas d'être barge aussi. Revisitant de manière sanguinaire le mythe du chaperon rouge,
Kounen nous régale encore une fois. Emmanuel Béart incarne le petit chaperon dans un univers très particulier qui
n'est pas sans rappeler visuellement celui de Tim Burton. Il y a des chansons, certaines scènes sont filmées comme
des ballets mais on est loin de Disney (qui n'a jamais adapté le conte, trop cruel ?) : Le loup est romantique mais dé-
voile sa vraie nature (dangereuse) à la fin, la grand-mère est un ancien chaperon qui s'est fait mutilé les jambes par un
monstre et qui a besoin donc du dernier chaperon, le pauvre lapin se fait vider de son sang… Visuellement magnifi-
que, Le dernier chaperon rouge est une expérience unique à ne pas mettre entre toutes les mains et plus particulière-
ment celles des enfants.
* LA CLASSE DE NEIGE
1998 - film français de Claude Miller.
A première vue, La classe de neige est un drame psychologique, pourtant certains éléments fantastiques sont nom-
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breux dans ce film sur l'enfance. Un jeune garçon, Nicolas, semble avoir été traumatisé par quelque chose, oui mais
par quoi ? Celui-ci est envoyé en classe de neige mais Nicolas n'est pas un enfant comme les autres : il se focalise sur
des fantasmes morbides et violents, qui font la force du film. Enterré vivant, retrouvé déchiqueté et encore vivant
par ses parents, voyant des terroristes massacrer sa classe puis emporter les cadavres. Des visions morbides dont on
ne sort pas indemne. Vision de la nature imposante et inquiétante (on pense à Shining), ambiance glauque et mal-
saine, pas d'humour. Le film de Claude Miller est un choc qui dépeint le monde de l'enfance de manière terrifiante et
unique !. Et le lier au genre fantastique en devient presque évident.
V/ LES ANNEES 2000 : UNE NOUVELLE ERE
Gavée par les films cultes tels que Zombie, Evil Dead ou Massacre à la Tronçonneuse, la nouvelle génération est par-
ticulièrement novatrice mais aussi quelque peu décevante. La firme Bee movies est créée mais les films ne tiennent
pas leurs promesses : « Promenons nous dans les bois », « jeu d'enfant », « Brocéliande », « bloody mallory ». On
retiendra plus Requiem et Nid de Guêpes (qui sont des polars). Mais il y a quelques surprises quand même :
* FURIA
2000 - film français d’Alexandre Aja :
Avant Haute tension, Aja avait signé un excellent film d'anticipation qui n'aura pas
l'honneur du public ou de la critique (sauf L'Ecran Fantastique et Mad Movies qui
l'ont défendu). Dans un futur ravagé par la guerre et la dictature, un jeune homme
dessine sur les murs le visage d'une jeune femme malgré l'interdiction de ce genre
d'action. Un jour, il rencontre une femme semblable à lui (c'est aussi une artiste) et
tombe amoureux. Mais elle est arrêtée et doit être torturée. Une terrible révolte s'en-
gage alors pour retrouver la jeune femme.
Une oeuvre splendide, très violente, brillamment interprétée et sous estimée de sur-
croît. Très dur, le film l'est et le spectateur n'en revient pas. Une fin forcément très
émouvante et la musique magnifique de Brian May viennent s'ajouter à cela. Aja nous
prouve déjà son talent, et quel talent.
* MALEFIQUE
2002 - film français d’Eric Valette
Après des courts-métrages prometteurs, Eric Valette réalise une excellente surprise
auquel personne ne s'attendait. Le film Maléfique se déroule dans un seul lieu : la
cellule d'une prison. Dans cette cellule, quatre détenus : Carrére, un patron d'entre-
prise qui pense bien se tirer vite fait bien fait pour retrouver son fils; Lassale, un
énigmatique personnage qui a tué sa femme sur un coup de folie; Marcus, un trans-
sexuel musclé et violent et Pâquerette, un attardé mental qui bouffe tout ce qu'il
trouve. Un jour, ils trouvent un grimoire emmuré qui contient d'étranges incantations
qui pourrait peut être les aider à s’évader. Forcément Valette s'en tire très bien avec
une histoire en béton qui scotche le spectateur du début à la fin, et malgré un petit
budget les effets spéciaux réussissent à être parfaitement crédibles. Des acteurs ex-
cellents, un très bon suspense, du gore et des références évidentes (Evil Dead, les
films de prison). Le spectateur attendant un très bon film fantastique français ne peut
pas être mécontent, tout est mis en oeuvre pour son plaisir et Valette peut être fier de lui.
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* HAUTE TENSION 2002 - film français d’ Alexandre Aja. En 2002, Aja nous revient avec un film d'horreur bien gore et fort en suspense. Alex et Marie (Cecile de France et
Mawenn le Besco, parfaites) se rendent dans la maison de l'une d'elle pour réviser pendant un week-end. Mais à la
nuit tombée, un tueur (Philippe Nahon, acteur fétiche de Gaspar Noé, terrifiant) rentre dans la maison et massacre la
petite famille d’Alex, qui se fait enlevée par le psychopathe. Marie va les suivre et tenter de sauver sa meilleure
amie…
Une tension redoutable tient le spectateur pendant tout le métrage, ne lâchant jamais le spectateur. C'est très gore
(tête explosée à coup de meuble, découpage au rasoir, hache dans le ventre...), bien foutu et surtout mécham-
ment efficace. Au lieu de s'attarder sur un ersatz de Scream, Aja nous balance en pleine poire un survival ultra vio-
lent et vraiment surprenant. On peut regretter quelques incohérences et une révélation finale discutable (mais inat-
tendue et brillante).
Voici donc une excellente occasion de visionner un film d'horreur original qui nous montre que le cinéma d'horreur
français a un certain avenir devant lui et qu'il peut surprendre à tout moment.
Ce petit dossier s’achève donc avec une belle lueur d’espoir concernant notre genre préféré en France. Mais il n’au-
rait pas été complet si nous ne vous avions pas parlé du célèbre Antoine Pellissier, alias Docteur Gore. Médecin le
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jour et réalisateur de films 100% gore la nuit, les films d’Antoine Pellis-
sier n’ont jamais connu les honneurs d’une distribution sur grand écran.
On peut par contre se procurer ses films en vidéo. Après avoir réalisé
plusieurs petits courts-métrages, Pellissier réalise d’un coup un film-
fleuve d’une durée de 2H52 en 1982 et intitulé « Les Proies du Mal ». Il
continue sur sa lancée en 1984 avec « Folies Meurtrières », film s’ins-
pirant du « Slasher-Movie ». Un film vraiment gore, avec découpage à la
tronçonneuse et tripailles en folie ! Le film reçoit les honneurs du festival
organisé par Mad Movies et obtient le prix du film le plus gore de l’an-
née !
Il réalisera ensuite « L’élue des Enfers », basé sur une histoire de posses-
sion style « L’Exorciste ».
Puis les obligations militaires, son travail et sa vie de famille font qu’il
ne réalisera plus rien jusqu’en 1995.
1995 justement. Le Docteur Gore est de retour avec « Maléficia », tou-
jours aussi sanglant. Ce film est le premier d’une trilogie dont le second
épisode « Horrificia » est actuellement en gestation et à la recherche
d’investisseurs.
Amateurs de gore, n’hésitez donc pas à vous rendre sur le site d’Antoine Pellissier pour découvrir son travail :
http://perso.wanadoo.fr/pellissier.3p/3ppp.htm THE END
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:INTERVIEW ANTOINE PELLISSIER aka DOCTEUR GORE
Antoine Pellissier, alias Docteur Gore, nous a fait le plaisir de répondre à nos ques-
tions. En route donc pour ces quelques lignes retraçant le trajet "hors normes"
d'un réalisateur convaincant et convaincu, que la passion du cinéma d'horreur
guide au quotidien depuis sa jeunesse.
**** Bonjour Antoine Pelissier, tout d'abord comment en êtes vous arrivé à réaliser des
films gore, un genre mis à l'écart parfois ?
J'ai eu deux révélations, le bal des vampires et la nuit des morts-vivants qui m'ont
marqué, ont ouvert une brèche dans mon cerveau. Depuis mon adolescence, je suis
passionné du cinéma d'horreur, de l'excès.
* A quel âge avez-vous commencé à regarder des films d'horreur?
Aux alentours de 15/16 ans, où je passais beaucoup de temps au cinéma, la vidéo
n'en étant qu'à ses prémices.
* Comment arrivez-vous à concilier votre métier et votre passion pour la réalisa-
tion?
La semaine c'est mon métier, et le week-end et la nuit ma passion domine. Cepen-
dant je mets bien la barrière entre les deux activités. Je fais également de la musi-
que, je suis batteur dans un orchestre rock, et je me consacre à ma famille.
* D'où vous vient ce surnom de docteur gore?
C'est un journaliste qui m'a cité dans un journal local de Nîmes en première
page :" Docteur Gore, médecin le jour et réalisateur de films d'horreur la nuit".
Cela date de 4 ou 5 ans, je trouvais cela bien donc je l'ai gardé pour mon image de
réalisateur mais pas de médecin (rires).
* Quels films vous ont incité à passer à la réalisation?
Hormis les deux titres cités auparavant, il y a la série des Evil Dead, Massacre à la
tronçonneuse…
* Puisez-vous des idées dans ces films?
Je suis forcément influencé par les films que je regarde, parfois je retiens le côté
gothique, parfois l'aspect stressant. Il est inévitable que je m'inspire de ces films,
même inconsciemment.
* Pourquoi ne pas avoir opté pour un genre plus subjectif que le gore, le fantastique
ou l'étrange par exemple?
J'aime l'excès, je n'aime pas trop le suggéré, je préfère le visuel. Je fais de la
"pornographie" de l'horreur. c'est un débat qui porte à discussion mais ce genre à
ses spectateurs et ils savent à quoi s'attendre, c'est ce qu'ils veulent ils en sont cons-
cients.
* Dans quelles conditions se sont déroulés vos premiers courts métrages ("Le refuge
des maudits", "Au comble de l’horreur", "Le vampire contre-attaque", "Du sang
sur la neige") ?
Je les ai réalisé à l'âge de 15/18 ans, avec une caméra super8, sans moyens. j'ai utili-
sé le système D avec mes amis et ma famille, cependant cela était passionnant à
faire.
41
* Allons-nous les découvrir un jour en vidéo?
Je ne les ai pas exploités car je les considère comme amateurs avec un grand A,
c'est du bas de gamme à mon sens bien que je ne les renie pas.
Peut-être un jour pourquoi pas…
* Avec les proies du mal, vous avez franchi une étape tant par la durée (près de 3
H) que par la violence des scènes gore, comment s'est déroulé le tournage de ce
marathon de l'horreur?
J'ai voulu réaliser quelque chose de plus concret, de plus fini. J'ai mis 2 ans et
demi pour le faire cela a été très long ( tournages les week-end, etc...) . Le scénario
a bien entendu été plus élaboré, au même titre que les costumes et les effets spé-
ciaux. Le tout a été tourné en super 8. En revoyant le film, je me rend compte de
certaines longueurs. Mais cela a été le "début" de ma carrière.
* Avez-vous été surpris par l'accueil favorable de "folies meurtrières" qui a rem-
porté plusieurs prix?
Compte tenu de la durée autorisée sur les festivals, ce film a eu un certain succès
parmi les festivals amateurs. Ce qui m'a conforté dans l'idée de continuer à réali-
ser des films gore et d'horreur. J'ai été très heureux de l'accueil des médias.
* Entre "l'Elu des Enfers" en 1985 et "Maléficia" en 1998, il s'est passé beaucoup
de temps. Vous êtes-vous heurté à des difficultés?
J'ai fait un arrêt pour des besoins de la vie quotidienne, ma famille, l'armée... etc...
mais le virus du cinéma ne m'a jamais quitté. En 1994 j'ai donc écrit le scénario de
Maléficia.
* A propos de "Maléficia" justement, les acteurs n'avaient pas d'affinités avec le
gore, comment ça s'est passé?
J'ai fait en sorte que cela reste convivial et sympathique pour ne pas les découra-
ger. Cela a été difficile malgré tout, et cela n'a pas été évident de garder les gens
principalement de par leurs activités, leur travail mais aussi parfois à cause de
scènes contraignantes.
* Les effets gores y sont d'ailleurs très réussis, à qui les doit-on?
Deux amis dont un médecin, qui est très fort dans ce domaine. Philippe, Gilles et
moi donc avons concoctés les effets ensemble. cela n'a pas été simple car certaines
scènes ont demandé beaucoup de réflexion. Il y a eu du travail de pré-production
mais aussi de l'improvisation.
* Comment ce film s'est-il retrouvé dans le catalogue Troma?
C'est une histoire un peu compliquée. En fait j'ai voulu rencontrer Loyd Kauf-
mann au festival de Cannes il y a quelques années. Je l'ai rencontré, cependant ses
assistants ont du mal faire suivre mon dossier car je n'ai pas eu de réponses.
Par la suite, ma femme a fait le marathon de New York en 2002, elle en a profité
pour ramener un dossier a Troma. Elle est tombée sur Loyd kaufman en per-
sonne, qui l'a super bien reçue. Cela a duré une heure. 8 jours après, Troma me
rappelle pour me proposer de distribuer Maléficia. Et au final s'en suivirent un an
de transactions.
* Que pensez-vous du cinéma fantastique et gore en France?
Je suis très pessimiste dans mon opinion car je pense qu'il n'y en a pas. Cela me
désespère. Il n'existe ni producteur ni réalisateur qui s'y risque. Soit-disant le
français n'aime pas ce genre de film. J'en doute un peu au vu du courrier que je
reçois. Je pense qu'il y a tout de même une filière, un créneau. Il existe beaucoup
de gens qui aiment le gore. Mes patients m'avouent parfois aimer cela et acheter
des films. Peut-être est-ce tabou? Quoiqu'il en soit je continuerai dans ma lancée!
42
* Et au niveau des festivals, ce genre à l'air d'être boudé
non?
La tendance est plutôt au suspens et à la suggestion. Le
gore semble rebuter les gens.
* Pensez-vous que cela vienne du fait d'un scénario consi-
déré comme mince justement?
J'embarque les spectateurs dans une histoire simple et
droite, je pêche un peu dans la faiblesse du scénario. Mais
c'est volontaire, c'est un spectacle. En France on préfère
les intrigues compliquées, moi j'ai toujours été pour les
choses directes. On choque forcément mais on sait très
bien ce que l'on fait, ça fait partie du genre.
* Ou en est votre prochain film "Horrificia" annoncé
comme le second volet d'une trilogie ?
La préparation est quasiment finie, j'en suis à deux ans de
préparation, il sera plus abouti que Maléficia. J'essaie de
rencontrer des producteurs ce qui n'est pas évident. En
France cela n'est pas évident parce que personne ne croit
aux films gore, il faut aller chercher des financements à
l'étranger.
* Allez-vous faire appel à des professionnels pour les effets
spéciaux sur ce tournage?
Je vais faire appel à David Scherer, avec qui j'ai énormé-
ment sympathisé. Il est ok pour assumer toute la mise en
scène des effets spéciaux. Il aura énormément de travail,
mais j'ai vu également tout ce qu'il a déjà accompli. C'est
remarquable et je suis ravi de l'avoir dans mon équipe.
* Y'a-t-il un film récent que vous avez apprécié ?
L'Armée des Morts, le remake de Zombie, bien qu'il n'at-
teigne pas des sommets fut une bonne surprise en terme
visuel.
* Finalement que conseilleriez-vous à un jeune qui décide
de se lancer dans le cinéma d'horreur?
De le faire avec passion, c'est ce qui doit primer. Il n'y a
que ça qui doit faire avancer les choses. Niveau finance-
ments cela est plus compliqué. Mais avant tout il faut com-
muniquer votre passion à d'autres pour qu'ils vous sui-
vent. Et surtout continuer quoiqu'il en soit.
Personnellement je suis autodidacte cela n'était pas mon
métier. Et bien qu'une école puisse amener de bonnes ba-
ses, je pense qu'il faut rester authentique.
* Merci Antoine Pellissier de nous avoir accordé de votre
temps. Merci à vous, je vous remercie vous et vos lecteurs, ainsi
que mes fans et les fans du cinéma d'horreur.
Questions rédigées par Gérald Giacomini.
Propos recueillis par Lionel Colnard.
43
Egérie de tout un véritable fan club pour sa prestation dans le
film culte de Tobe Hooper, ‘’Massacre à la Tronçonneuse’’,
on peux regretter que Marilyn Burns n’a pas capitalisé sur son
rôle et a très vite disparu des écrans. Comme prisonnière à
tout jamais de son premier rôle.
Marilyn Burns, originaire de Pennsylvanie (5 juillet 1956), est
l’une des Scream Queens les plus connues dans le monde, mal-
gré une très courte carrière. Une notoriété qu’elle doit donc à
Tobe Hooper, pour qui elle endosse le rôle de Sally Hardesty.
Héroïne fortement maltraitée dans le célèbre ‘’Massacre à la
Tronçonneuse’’, la belle a l’occasion de montrer qu’elle a de
la voix. Elle gagne alors ses galons de reine du ‘’Cri’’. Un pre-
mier rôle marquant qui va influer sur la suite de sa carrière.
Marilyn récidive deux ans plus tard dans un nouveau film
d’horreur, encore mis en scène par Tobe Hooper : ‘’Le croco-
dile de la mort’’. Elle se retrouve dans un hôtel tenu par un
individu qui nourrit son alligator en lui donnant en pâture ses
invités. Le film n’acquiert pas la même notoriété que ‘’Texas
Chainsaw Massacre’’, malgré son caractère très malsain égale-
ment. La suite de sa carrière est nettement moins intéressante.
On la retrouvera dans un médiocre film d’horreur, « Kiss Dad-
dy Goodbye » en 1981, puis dans un film de science-fiction,
« Future Kill », en 1985.
L’actrice renouera avec Leatherface en 1994, à l’occasion des
vingt ans du film original. Malheureusement, c’est dans le très
médiocre ‘’Massacre à la Tronçonneuse 4’’ où elle se
contente d’une brève apparition. On signalera pour compléter
sa filmographie qu’elle interprète la compagne du tueur Char-
les Manson, dans le téléfilm, ‘’Helter Skelter’’ en 1976.
La belle Marilyn n’a donc jamais vraiment eu la chance de de-
venir une actrice à part entière au vu de sa faible filmographie.
Mais pour ses admirateurs, elle restera dans leurs cœurs à tout
jamais comme étant « la fille qui hurle dans Massacre à la Tron-
çonneuse ! »
Gerald Giacomini
PIN- :UP MARILYN BURNS
FILMOGRAPHIE
1994 - The Return of the Texas Chainsaw Massacre
1985 - Future Kill
1981 - Kiss Daddy Goodbye
1977 - Eaten Alive (Le Crocodile de la Mort)
1976 - Helter Skelter (Tv)
1974 - The Texas Chainsaw Massacre
Apparition personnelle :
2000 - The Texas Chainsaw Massacre, The Shocking
Truth (Documentaire)
44
:AVORIAZ RETROSPECTIVE Annee 1973
AVORIAZ
Le festival de tous
les cauchemars Dans les années 80, un festival de ci-
néma se déroulant dans un paysage
neigeux pouvait se targuer d'être aussi
célèbre que le festival de Cannes,
même si les films proposés étaient d'un
tout autre genre que ceux se déroulant
sur la plage cannoise. Son nom : le fes-
tival d'Avoriaz. Sa spécificité : propo-
ser aux spectateurs des films fantasti-
ques, d'horreur et de science-fiction.
Un pari audacieux et insensé mais qui
se révéla vite gagnant, le festival ac-
quérant une renommée mondialement
connue ! Bienvenue dans le festival de
tous les excès, de toutes les bizarreries,
où litre de sang se conjugue au pluriel,
où les phénomènes paranormaux sont
légions et où les cauchemars des réali-
sateurs prennent vie sur pellicule.
Lieu Géographique Le festival d'Avoriaz se déroulait dans
la station de sports d'hiver d'Avoriaz,
située à 1800 mètres d'altitude, au
cœur du domaine Franco-Suisse des
Portes du Soleil. 650 km de pistes sont
disponibles pour les skieurs. L'ensem-
ble des hôtels sont recouverts de bois,
ce qui donne un aspect très original à
la station. Les voitures sont interdites.
On ne se déplace donc qu'à pied, en
traîneau ou avec des skis. C'est à Lio-
nel Chouchan que l'on doit l'idée gé-
niale de créer un Festival du Film Fan-
tastique dans la station. De tout petit
festival, Avoriaz gagne rapidement ses
galons de stars et devient l'un des ren-
dez-vous cinématographiques les plus
connus au monde.
1973 Pour ce premier festival qui se déroule
du 9 au 11 février 1973, la sélection des
huit films représente un petit panel des
différents genres du "fantastique".
Avec « La Baie Sanglante » et ses
meurtres à l’arme blanche, Mario Bava
nous livre un vrai film d’horreur, dé-
clencheur de toute une vague de films
mettant en scène des tueurs fous et
qu’on appellera Slashers Movies.
Douglas Trumbull préfère la science-
fiction à caractère écologique et pré-
sente un film intimiste, « Silent Run-
ning », dans lequel trois hommes isolés
dans un vaisseau spatial sont chargés
de préserver les derniers arbres et végé-
taux, la Terre étant totalement polluée.
Vincent Price est présent dans ce festi-
val sous son personnage du Docteur
Phibes dans le film qui porte son nom
« L’abominable Docteur Phibes » de
l’anglais Robert Fuest. Un film plutôt
réjouissant, à l’atmosphère baroque et
théâtrale, dans lequel Price liquide des
médecins responsables de la mort de sa
femme en se servant des Sept Plaies d’É-
gypte ! Original !
L’écrivain Howard Philip Lovecraft est
aussi à l’honneur avec « The Dunwich
Horror » qui nous présente un jeune
sorcier tentant de faire revenir sur Terre
les Grands Anciens. Bonne ambiance
pour ce film d’épouvante assez réussi.
On assiste également à des révoltes d’a-
nimaux et plus particulièrement de gre-
nouilles dans « Frogs » qui se révèle
plutôt moyen.
Un seul film français sera en compétition
pour cette première année de festival. Il
s’agit de « Themroc » de Claude Faral-
do, pamphlet anarchiste qui nous raconte
la révolte de Themroc, un homme qui en
a marre de son train-train quotidien. Il
s’enferme chez lui, jette ses meubles par
la fenêtre. Bientôt, c’est tous les habi-
tants de son immeuble qui suivent son
exemple et une folie générale commence
à prendre de l’ampleur...
45
Mais la révélation de ce premier festival vient d'un téléfilm
réalisé par un certain Steven Spielberg, "Duel". Sur une
trame classique, Spielberg, grâce à une maîtrise étonnante
de la mise en scène et du cadrage, fait naître le fantastique
en entourant de mystères les raisons qui poussent cet
étrange camion à s'attaquer à un pauvre automobiliste. Le
camion est-il hanté ? Y'a t'il quelqu'un au volant ? Le jury
est séduit et lui décerne le premier Grand Prix !
LE JURY :
Président : René Clément
Membres : Juan Bunuel, Robert Enrico, André Farwagi,
Docteur Ferdières, Gourmelin, René Gainville, Nelly Ka-
plan, Christopher Lee, André-Pierre Mandiargues, Alain
Robbe-Grillet, Claude Tchou.
LES FILMS EN COMPETITION :
* L'Abominable Docteur Phibes (Usa / Gb - 1971 - de Robert
Fuest)
* Les Oiseaux, Les Orphelins et les Fous (Pologne - 1969 - de
Juraj Jakubosco)
* La Baie Sanglante (Italie - 1971 - de Mario Bava)
* Duel (Usa - 1972 - de Steven Spielberg)
* The Dunwich Horror (Usa - 1970 - de Daniel Haller)
* Frogs (Usa - 1972 - de George McGowan)
* Silent Running (Usa / Gb - 1972 - de Douglas Trumbull)
ou encore « Krocodylus » (2000). Et outre la vilaine bébête, le
casting comprendra Tony« Candyman »Todd, Dee Wallace
Stone (« Hurlements » en 1981, « E.T. » en 1982, mais aussi «
Alligator 2 : The Mutation » en 1991) et Jeff Fahey (« Darkman
3 » en 1996, « Revelations » en 1999 et « Darkhunters » cette
année).
* LA SUITE QUE TOUT LE MONDE ATTEND !
La suite, la suite! Eh bien, la suite, c’est que celle de « House of
the Dead », intitulée « HOUSE
OF THE DEAD 2 », a trouvé
son réalisateur, et que le tour-
nage commence cette semaine.
Il fallait trouver quelqu’un à la
hauteur pour remplacer Uwe
Böll, mais comme tous les ré-
alisateurs contactés se sont sau-
vés en courant, Lions Gate a
fini par choisir un volontaire :
c’est tombé sur Mike Hurst, ré-
alisateur et scénariste de l’obs-
cur « New Blood » (1999), un
film d’action avec pleins de
sentiments et de gangsters, mais
aussi de la comédie « Baby
Juice Express » (2004). Souhai-
51
’ . . .Y A PAS QUE LE CINEMA
L’auteur : Né à Paris, Bernard Lenteric effectua des métiers sans aucun rapport avant de deve-
nir écrivain, et même producteur de cinéma : vendeur de savonnettes, maître nageur,
joueur de poker, colleur d’affiche, ou encore danseur.
A 37 ans, il devient producteur de cinéma, et produit un drame qui lui vaut un grand
succès : Le dernier amant romantique en 1978.
Il se met à écrire l’un de ses premiers romans en 1982 : La nuit des enfants rois, qui
devint un best seller en France. Puis, La Gagne, best seller aux Etats-Unis. Il conti-
nue à écrire, toujours en mêlant la science dans ses romans. Il trempe sa plume dans
des romans d’aventures et de passion avec la trilogie de Les enfants de Salonique …
Certains de ses romans sont adaptés en téléfilm comme « Les maîtres du pain ».
En bref, un écrivain un peu touche à tout que ce soit métiers ou genre de littérature…
Peut être lui aussi un génie caché… Et il n’a pas finit de nous captiver !
Autres ouvrages : La gagne (1984) La guerre des cerveaux (1986) Substance B (1989) Les enfants de Salonique : triologie (1989 / 2001) Les maître du pain (1995) Pour connaître un court résumé de ses œuvres : http://www.livredepoche.com/Livre_De_Poche/_FindAuteurServlet?
Quatrième de couverture : Sélectionné parmi les meilleurs romans par toute la presse, La Nuit des enfants rois se déroule à toute allure, comme un merveilleux film, d'où l'on sort ébloui. Cela se passe, une nuit, dans Central Park, à New York : sept adolescents sont sauvagement agressés, battus, certains violés. Mais ces sept-là ne sont pas comme les autres : ce sont des enfants-génies. De l'horreur, ils vont tirer contre le monde une haine froide, mathématique, éternelle. Avec leur intelligence, ils volent, ils accumulent les crimes parfaits. Car ces sept-là ne sont pas sept : ils sont un. Ils sont un seul esprit, une seule volonté. Celui qui l'a compris, Jimbo Farrar, lutte contre eux de toutes ses for-ces. A moins qu'il ne soit de leur côté... Alors, s'ils étaient huit, le monde serait à eux et ce serait la nuit, la longue nuit, La Nuit des enfants rois. L’histoire : Jimbo Farrar, un informaticien a pour meilleur ami un ordinateur nommé Fozzy. Son but est de calculé le Q.I. de tous les enfants amé-ricains, à la recherche d’enfants dont le Q.I. serait très supérieur à la moyenne. Il en trouve sept. Sept enfants âgés en moyenne de 6 ans. Pendant 10 ans, Jimbo ira les voir séparément pour apprendre à les connaître. Mais lors de leur 16 ans, ils les réunissent à New york. De là , les sept enfants connaîtront l’horreur dans Central Park : viols et agressions à arme blanches, les enfants traumatisés se retourne contre la société. A ce moment là, ils laissent leur « peau d’ange » et deviennent de « petits monstres »… L’avis : Voilà un livre de plus à avoir dans sa bibliothèque ! Une science-fiction maniée avec facilité et souplesse par Bernard Lenteric. Le sujet n’en est que plus fascinant : quoi de plus effrayant qu’une l’intelligence « pure et immense » contrôlée par des « enfants - génies ». Salis, humiliés par une société qui n’a pu en quelque sorte accepter leur différence, ces enfants ne retiennent de celle-ci qu’une haine dont ils souhaitent à tout prix se venger : vols, meur-tres parfaits. Les enfants deviennent maîtres de tout. Écrit dans les années 80, Lenteric dépeint une société où la technologie devient infernale, dangereuse et dont on perd très vite le contrôle : tel qu’aujourd’hui. Toujours d’actualité, et possible, chevauchant réalité et fiction, ce livre effraie facilement et fascine. Rédigé de façon simple, Lenteric reste crédible dans ses recherches (toujours très accès sur la science tout au long de ses écritures) et son histoire tient la route jusqu’au bout avec des péripéties captivantes, parsemée parfois d’humour et d’énigmes que le lecteur peut lui-même essayer de déchiffrer. Les personnages sont inoubliables, surtout le jeune Jimbo et son ordinateur Fozzy. Malgré parfois quelques longueurs, ce livre est un chef d’œuvre, pouvant être lu par tous, ne vieillissant pas et restant toujours aussi puissant. Un excellent livre pour les novices en lecture de science fiction. A lire absolument ! (Autre livre de l’auteur conseillé : La guerre des cerveaux ) Stéphanie Aveline
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’L ENVERS DU DECOR David Scherer, jeune spécialiste français dans le domaine des FX, dont
vous avez eu une interview dans un précédent numéro, nous fait le plai-
sir de nous offrir une nouvelle rubrique dans laquelle il va nous expli-
quer un peu le côté technique des effets-spéciaux de ses films préférés.
Pour cette première édition, ce sera l’ultra gore Haute Tension qui ou-
vre le bal !
Les maquillages spéciaux de Haute Tension sont signés du maître italien en
la matière Gianetto de Rossi, l’homme à qui l’on doit entre autre les effets
très gores des meilleurs Fulci tels que L’Au-delà ou encore L’enfer des zom-
bies…
Pour Haute Tension , l’artiste s’est chargé de visualiser les horribles meur-
tres qui jalonnent le film :
- Pour le meurtre du père, c’est en fait une transition numérique qui permet de passer de l’acteur à son mannequin, un
système de pompes placées hors champs permettant de faire gicler les litres de sang après la décapitation…
- L’égorgement : Gianetto de Rossi utilise une prothèse adaptée au cou de la comédienne et reliée elle aussi à des
systèmes de pompes à sang… La prothèse permet aussi un des effets les plus répugnants à savoir l’ouverture de la
gorge qui se fait en « live » et qui donne l’impression que l’on assiste au déchirement des chairs…
Lorsque l’actrice est allongée sur le sol, il utilise une seconde prothèse représentant cette fois-ci la gorge complète-
ment arrachée et couverte de sang… Un axe de prise de vue adapté complète l’illusion de cette vision d’horreur…
On ne peut qu’être frappé par le rendu très « organique » de ces deux effets ! L’une des grandes forces justement de
la part de Gianetto de Rossi a été de créer des effets qui correspondent parfaitement à l’esprit du film, c’est à dire très
réaliste, violent et glauque (un peu à la manière de Savini pour Maniac ).
- Gianetto de Rossi a également crée une panoplie de faux outils / armes en mousse de caoutchouc (hache, poteau
barbelé… ) servant pour les scènes à risque et moulés d’après de véritables outils… Il les utilisera aussi pour plu-
sieurs effets de blessures comme l’entaille dans le bras de Cécile de France ou le morceau de verre dans le pied, des
effets d’une efficacité exemplaire.
- Dernière grosse scène gore, le découpage dans la voiture… Un système mécanique permet de faire gicler le sang
avec une forte pression de l’outil. Cette scène fut réalisée le plus souvent avec le vrai comédien (acteur maquillé /
tronçonneuse factice plutôt que tronçonneuse / mannequin ) car dans un souci de réalisme, Gianetto de Rossi a préfé-
ré utiliser au maximum des prothèses sur les comédiens plutôt que d’avoir recours à des mannequins ou des faux
corps… Un parti pris technique un fois de plus complètement adapté au coté réaliste et viscéral du film.
Enfin un dernier effet très réussi est le maquillage du dos cicatrisé de Cecile de France, habile mélange de maquil-
lage et de prothèses de mousse de latex qui prouve que Gianetto de Rossi maîtrise aussi bien le maquillage subtil que
les effets gores…
David Scherer
E-ZINE CINE HORREUR VOLUME 4
Merci à Audrey Pimpin, Sophie Legrand, Vincent Hermann et Notari (de gauche à droite et de haut en bas)
Ces créations ont été effectués dans le cadre d’un concours d’art sur le site Ciné Horreur.