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Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

Mar 29, 2023

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Page 1: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010
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AMÉRINDIENSde GUYANE

d e s c u l t u r e s m i l l é n a i r e s

entre les fleuvesApprouague et Oyapock

Page 3: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

Commissariat généralDamien HANRIOT, attaché de conservation du patrimoine à la commune

de Régina-Kaw, directeur de l’Ecomusée municipal d’Approuague-Kaw de Régina - Gérald MIGEON, conservateur régional de l’archéologie

de Guyane, DRAC Guyane - Patrick PERIN, conservateur général du patrimoine, directeur du musée d’Archéologie nationale (MAN)

Commissariat scientifiqueGérald MIGEON

Partenariat institutionnelDRAC-SRA Guyane, Musée d’Archéologie nationale, Ecomusée municipal

d’Approuague-Kaw

FinancementsMusée d’Archéologie nationale, Commune de Régina-Kaw, DRAC Guyane

AuteursGérald MIGEON, Claude COUTET, Damien DAVY, Pierre GRENAND

RévisionsDamien HANRIOT, avec la collaboration de Véronique MIGEON.

Cartographie et frises chronologiquesFanny PONCET

Création, conception graphique et maquette Fanny PONCET

IconographieLaurence BILLAULT, infographiste à l’IRD :

motifs des vanneries ornant l’ouvrageGéraldine JAFFRELOT, infographiste :

schéma opératoire du travail de la pierre polie

PhotographiesJean-Pierre COURAU, sauf mentions spécifiques.

Commissariat généralDamien HANRIOT, directeur de l’Ecomusée d’Approuague-Kaw de Régina Gérald MIGEON, conservateur régional de l’archéologie de Guyane, Patrick PERIN, conservateur général du patrimoine, directeur du musée d’Archéologie nationale (MAN)

Commissariat scientifiqueGérald MIGEON

Conservation préventive, présentation des restes organiquesClotilde PROUST, Philippe CATRO (MAN)

Scénographie, signalétiqueMarie-Sophie BESSON

Aménagements muséographiquesMichel TAPHANEL (menuiserie et peinture), Hamar HAMICHE, (éclairage), maîtres-ouvriers au MAN

Textes des panneaux et des cartelsGérald MIGEON et Claude COUTET et l’aide de Damien DAVY et de Pierre GRENAND (panneaux 6, 14, 15 et cartels ethnologiques)

RévisionsDamien HANRIOT, avec la collaboration de Véronique MIGEON.

Crédits photographiquesSauf mentions contraires, tous les clichés de l’exposition ont été réalisés par Jean-Pierre COURAU

Conception de l’affiche et du carton d’invitationFanny PONCET

Cartographie et frises chronologiquesFanny PONCET

IconographieMarie-Sophie BESSON, à l’exception de :- Motifs des vanneries ornant l’ouvrage : Laurence BILLAULT, infographiste à l’IRD - Schéma opératoire du travail de la pierre polie : Géraldine JAFFRELOT, infographiste

"Petit journal"Gérald MIGEON

Objets ethnographiquesCollection Damien DAVY (pièces 124 et 125)

Collection GADEPAM (pièces 123 et 139)

Coordination techniqueLaurent CARDINE, chef de la maintenance (MAN)

Coordination administrative et financièreFrancis ROCHE, secrétaire général, Corinne TAOC, secrétaire, Catherine ROBERT, comptable (MAN)

CommunicationPhilippe GUIGNARD, ingénieur des services culturels (MAN), Stéphanie BUYTEKANT, Guarana Communication (Alençon)

SécuritéLaurent CARDINE, ingénieur des services culturels, Olivier RAMAIN, technicien des services culturels, et l’ensemble des agents d’accueil et de surveillance du musée

CATALOGUE

EXPOSITION

Cet ouvrage a été achevé d’imprimer en juin 2010 sur les presses de Corlet, qui a également réalisé le façonnage.

Dépôt légal : juin 2010 ISBN 978-2-9532428-1

Publié par la Direction des Affaires culturelles de Guyane et le musée d'Archéologie nationale et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

© Musée d’Archéologie Nationale, Saint-Germain-en-Laye Ecomusée municipal d’Approuague-Kaw, Régina

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AMÉRINDIENSde GUYANE

d e s c u l t u r e s m i l l é n a i r e s

entre les fleuvesApprouague et Oyapock

Page 5: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

préfaces

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préfaces

Amérindiens de Guyaneune exposition pour réfléchir à un monde en gésine

Placer côte à côte, dans une exposition, des objets archéologiques et des objets ethnographiques, les premiers remontant aux premiers siècles de notre ère, les autres ayant été récoltés voici quelques décennies voire quelques années, est une entreprise

risquée. Ne prenant en compte qu'une partie du patrimoine "possible" et ne disposant pas des témoins bien datés de toutes les étapes, toutes les influences, les juxtapositions peuvent conduire à imaginer d'improbables immobilisations culturelles ou, au contraire, à construire l'hypothèse de ruptures qui n'ont peut-être pas eu lieu, constructions intellectuelles artificielles nées d'un regard téléologique extérieur contingent de son environnement idéologique. De surcroît, même en limitant le cadre géographique du projet à une portion de la Guyane française, entre Approuague et Oyapock, il est difficile de rendre compte de la diversité des cultures, a fortiori de leur complexité, dans des territoires immenses où la grande forêt tropicale, même si elle était par le passé moins infranchissable qu'on a pu le dire, se prête plus mal que d'autres écosystèmes à la circulation. D'ailleurs, la notion de territoire culturel est ici assez peu pertinente, les fleuves, traits d'union et non barrières, unissant leurs rives pour les peuples riverains.

Complexes, les cultures amérindiennes l'étaient de toute évidence et le sont encore, bien au-delà de leur forme matérielle finalement assez secondaire par rapport à la richesse de la forme immatérielle qui la sous-tend, rites, cérémoniels, danses, chants, littérature orale, et bien sûr langues, tout ce que l'UNESCO, qui cherche à préserver la diversité culturelle, nomme "patrimoine culturel immatériel". Cette complexité, c'est ce qui aujourd'hui, après avoir été longtemps sinon négligé voire méprisé, inspire respect et considération. Respect : la légitimité de peuples dominés qui aujourd'hui exigent que leurs espaces sacrés, lieux de culte et de sépulture notamment, soient préservés comme le sont ceux de toute humanité, que leurs droits d'artistes, d'artisans, de connaisseurs des plantes qui soignent, soient garantis comme propriété artistique ou intellectuelle collective, n'est pas discutable, de même que leur volonté de réparation identitaire. Considération : en des temps où le progrès technique et le mythe de la maîtrise de l'humanité sur la nature sont contredits, et avec quelle violence, par les réactions visibles de la planète (pollutions, réchauffement climatique, montée des niveaux marins, disparition accélérée des espèces...), le retour, sinon à la sagesse - aucune humanité n'est sage - du moins à des conceptions culturelles plus holistiques, précurseurs de l'écologie, où nature et culture, loin de s'opposer, s'entremêlent dans une mythologie commune et indissociable, est raison.

Le ministère de la Culture, considérant les valeurs de la diversité culturelle comme essentielles, a ratifié la convention internationale sur le patrimoine culturel immatériel. L'un des champs d'application les plus évidents de la préservation de cette diversité est celui des langues, dont les langues amérindiennes, à la fois vecteurs de culture (traditions orales, chants...) et éléments constitutifs majeurs des cultures, dans leurs spécificités aussi bien que dans leurs apparentements, et bien sûr aussi dans leur capacité à se transformer pour s'adapter à de nouveaux contextes. C'est la raison pour laquelle il étudie actuellement, à l'initiative conjointe de la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) et de la direction régionale des affaires culturelles de Guyane (DRAC), le projet de création d'un nouvel institut, dont le souhait a été formulé par l'atelier "Culture, identité, mémoire" des États généraux de l'Outre-mer en Guyane, actuellement et provisoirement intitulé "pôle d'excellence dans le domaine de la politique linguistique et des traditions orales". Cet organisme, dont la forme est à définir mais qui sera forcément partenarial, aura d'abord pour fonction d'articuler les politiques linguistiques poursuivies par les différents opérateurs publics, Éducation nationale, Culture, autres ministères, Collectivités territoriales, en vue de la connaissance, de la sauvegarde, de la transmission des patrimoines linguistiques, mais aussi d'une meilleure prise en compte des langues autochtones, amérindiennes aussi bien que bushinengées et créoles, ainsi que des langues d'immigration comme facteur d'excellence dans l'éducation de la jeunesse et dans l'apprentissage du français. Il jouera, dans ce territoire si particulier de la République, un rôle de laboratoire national pour le plurilinguisme, qui, on le sait, est aujourd'hui une réalité française, européenne et internationale avec laquelle il faut compter pour bâtir ou rebâtir les cohésions et les solidarités nationales.

De même, le patrimoine culturel immatériel doit être pris en considération, comme un facteur d'enrichissement culturel pour la France et pour le monde. A l'instar du maloya, genre musical et spectaculaire réunionnais qui, voici quelques mois, à l'initiative de la Région Réunion ainsi que de la Maison des Civilisations et de l'Unité réunionnaise (MCUR) et avec l'appui du ministère de la Culture, a été classé au patrimoine mondial, certaines traditions culturelles guyanaises doivent être distinguées par l'UNESCO. Ainsi actuellement un dossier similaire est instruit pour le maraké, complexe rituel d'initiation et d'intégration à la communauté chez les Apalaï et les Wayana. Un dossier de ce type, cette fois pour un patrimoine "monumental" à première vue plus classique,

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Amérindiens de Guyaneune exposition pour réfléchir à un monde en gésine

Placer côte à côte, dans une exposition, des objets archéologiques et des objets ethnographiques, les premiers remontant aux premiers siècles de notre ère, les autres ayant été récoltés voici quelques décennies voire quelques années, est une entreprise

risquée. Ne prenant en compte qu'une partie du patrimoine "possible" et ne disposant pas des témoins bien datés de toutes les étapes, toutes les influences, les juxtapositions peuvent conduire à imaginer d'improbables immobilisations culturelles ou, au contraire, à construire l'hypothèse de ruptures qui n'ont peut-être pas eu lieu, constructions intellectuelles artificielles nées d'un regard téléologique extérieur contingent de son environnement idéologique. De surcroît, même en limitant le cadre géographique du projet à une portion de la Guyane française, entre Approuague et Oyapock, il est difficile de rendre compte de la diversité des cultures, a fortiori de leur complexité, dans des territoires immenses où la grande forêt tropicale, même si elle était par le passé moins infranchissable qu'on a pu le dire, se prête plus mal que d'autres écosystèmes à la circulation. D'ailleurs, la notion de territoire culturel est ici assez peu pertinente, les fleuves, traits d'union et non barrières, unissant leurs rives pour les peuples riverains.

Complexes, les cultures amérindiennes l'étaient de toute évidence et le sont encore, bien au-delà de leur forme matérielle finalement assez secondaire par rapport à la richesse de la forme immatérielle qui la sous-tend, rites, cérémoniels, danses, chants, littérature orale, et bien sûr langues, tout ce que l'UNESCO, qui cherche à préserver la diversité culturelle, nomme "patrimoine culturel immatériel". Cette complexité, c'est ce qui aujourd'hui, après avoir été longtemps sinon négligé voire méprisé, inspire respect et considération. Respect : la légitimité de peuples dominés qui aujourd'hui exigent que leurs espaces sacrés, lieux de culte et de sépulture notamment, soient préservés comme le sont ceux de toute humanité, que leurs droits d'artistes, d'artisans, de connaisseurs des plantes qui soignent, soient garantis comme propriété artistique ou intellectuelle collective, n'est pas discutable, de même que leur volonté de réparation identitaire. Considération : en des temps où le progrès technique et le mythe de la maîtrise de l'humanité sur la nature sont contredits, et avec quelle violence, par les réactions visibles de la planète (pollutions, réchauffement climatique, montée des niveaux marins, disparition accélérée des espèces...), le retour, sinon à la sagesse - aucune humanité n'est sage - du moins à des conceptions culturelles plus holistiques, précurseurs de l'écologie, où nature et culture, loin de s'opposer, s'entremêlent dans une mythologie commune et indissociable, est raison.

Le ministère de la Culture, considérant les valeurs de la diversité culturelle comme essentielles, a ratifié la convention internationale sur le patrimoine culturel immatériel. L'un des champs d'application les plus évidents de la préservation de cette diversité est celui des langues, dont les langues amérindiennes, à la fois vecteurs de culture (traditions orales, chants...) et éléments constitutifs majeurs des cultures, dans leurs spécificités aussi bien que dans leurs apparentements, et bien sûr aussi dans leur capacité à se transformer pour s'adapter à de nouveaux contextes. C'est la raison pour laquelle il étudie actuellement, à l'initiative conjointe de la délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) et de la direction régionale des affaires culturelles de Guyane (DRAC), le projet de création d'un nouvel institut, dont le souhait a été formulé par l'atelier "Culture, identité, mémoire" des États généraux de l'Outre-mer en Guyane, actuellement et provisoirement intitulé "pôle d'excellence dans le domaine de la politique linguistique et des traditions orales". Cet organisme, dont la forme est à définir mais qui sera forcément partenarial, aura d'abord pour fonction d'articuler les politiques linguistiques poursuivies par les différents opérateurs publics, Éducation nationale, Culture, autres ministères, Collectivités territoriales, en vue de la connaissance, de la sauvegarde, de la transmission des patrimoines linguistiques, mais aussi d'une meilleure prise en compte des langues autochtones, amérindiennes aussi bien que bushinengées et créoles, ainsi que des langues d'immigration comme facteur d'excellence dans l'éducation de la jeunesse et dans l'apprentissage du français. Il jouera, dans ce territoire si particulier de la République, un rôle de laboratoire national pour le plurilinguisme, qui, on le sait, est aujourd'hui une réalité française, européenne et internationale avec laquelle il faut compter pour bâtir ou rebâtir les cohésions et les solidarités nationales.

De même, le patrimoine culturel immatériel doit être pris en considération, comme un facteur d'enrichissement culturel pour la France et pour le monde. A l'instar du maloya, genre musical et spectaculaire réunionnais qui, voici quelques mois, à l'initiative de la Région Réunion ainsi que de la Maison des Civilisations et de l'Unité réunionnaise (MCUR) et avec l'appui du ministère de la Culture, a été classé au patrimoine mondial, certaines traditions culturelles guyanaises doivent être distinguées par l'UNESCO. Ainsi actuellement un dossier similaire est instruit pour le maraké, complexe rituel d'initiation et d'intégration à la communauté chez les Apalaï et les Wayana. Un dossier de ce type, cette fois pour un patrimoine "monumental" à première vue plus classique,

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devrait être bientôt présenté : celui des pétroglyphes, "roches gravées" essentiellement précolombiennes qui sont une particularité de l'ensemble de l'arc caraïbe et de la partie nord-occidentale du continent sud-américain. Bien que de pierre, ce patrimoine n'est-il pas une pure expression de croyances et pratiques immatérielles, dont le sens originel s'est peut-être perdu mais qui sont aujourd'hui parfois intégrées à des rites chamaniques qui leur donnent sens ? Ce patrimoine immatériel, aujourd'hui menacé par la modernisation et la globalisation qui offrent d'autres modèles à la jeunesse, peut être porteur de modernité et de créativité, non dans un refus buté des influences extérieures dont il est d'ailleurs, comme toute culture, le produit - aucune culture différenciée n'est autre chose que le fruit de croisements et d'influences -, mais au contraire dans un choix assumé de conservation de l'essentiel et de mutation marginale, d'adaptation en quelque sorte. La manifestation la plus explicite de la fécondité de ces croisements - les auteurs contemporains tels Patrick Chamoiseau et Edouard Glissant parlent de créolisation - est celle de la spectacularisation des musiques, des danses et des littératures orales qui font passer du collectif, du communautaire, à l'individuel, au singulier, de la répétition sans cesse réinterprétée donc réinventée à une création pétrie de traditions, de l'entre-soi à l'entre-monde. Espoir de rédemption, ou menace de déclin ? La question de la diversité culturelle rejoint celle, qui en est contingente, de la diversité biologique et de la préservation de la vie sur la planète Terre.

De tout cela, en Guyane, la connaissance est lacunaire, fragile, la portée heuristique devinée reste de l'ordre de la conviction intuitive. C'est que l'effort de recherche reste insuffisant, la coordination thématique et transdisciplinaire balbutiante, faute de moyens mais surtout de programmation. La synthèse est dès lors malaisée, du fait de la discontinuité de travaux par trop dépendants des seuls goûts personnels. Puissent les interrogations que suscite cette exposition, construite avec passion par les dynamiques directeurs du musée de l'Archéologie nationale, Patrick Périn et de l’Ecomusée municipal d’Approuague-Kaw, Damien Hanriot, et la direction régionale des Affaires culturelles de Guyane et son non moins dynamique conservateur régional de l'archéologie Gérald Migeon, qui on su fédérer les talents de nombreux chercheurs, conservateurs et collectionneurs, donner envie d'en savoir davantage. Puisse-t-elle persuader ceux qui ont la charge, particulièrement lourde en ces temps de pénurie budgétaire, de décider des priorités de l'action publique, de considérer que l'investissement dans la recherche en sciences humaines est l'un des moyens les moins incertains de prévenir les désordres graves que le monde actuel semble condamné à affronter.

Michel COlARdelleconservateur général du patrimoine,

directeur régional des affaires culturelles de Guyane

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C’est à la fois un plaisir et un honneur pour la commune de Régina-Kaw d’être associée à cette exposition Amérindiens de Guyane, entre les fleuves Approuague et Oyapock - des cultures millénaires.

Régina manifeste en effet un attachement tout particulier à son patrimoine, attachement dont témoigne notre - encore très jeune - Écomusée municipal d’Approuague-Kaw (EMAK), ouvert depuis mai 2008. "Musée de société", l’EMAK étudie, conserve et met en valeur le patrimoine culturel d’un territoire dont l’artère vitale est le fleuve Approuague, qui s’étire sur 270 km. Ce patrimoine matériel et immatériel est multiforme : historique, ethnographique, industriel,… et bien sûr archéologique.Avec près de 12000 km², Régina-Kaw est la deuxième commune de France par la superficie, après sa grande voisine Maripasoula. À peine 850 habitants y sont recensés.

Cet immense territoire de forêts et d’eau n’a évidemment pas échappé à la "Conquête" - terme qui en dit long - et à ses effets, dont il sera naturellement question à plusieurs reprises ici. Dans une Guyane souvent décrite comme une mosaïque de cultures, la place de ses "premiers habitants" doit être soulignée et enseignée.L’Approuague a longtemps été une voie de pénétration et de communication privilégiée. Un espace vital, associé aux forêts environnantes, dont on sait désormais qu’elles n’ont jamais vraiment été "vierges" de toute présence humaine. Ici, on ne parle pas du "fleuve", mais de la "rivière". On y pêche, on y chasse, on s’y déplace, on s’y baigne... Et on s’en méfie. Franchir ses "sauts" suppose une grande maîtrise technique pour éviter des chavirages parfois dramatiques.On est d’ailleurs fondé à penser bon nombre de pièces présentées dans l’exposition, sorties fortuitement du lit de l’Approuague par des orpailleurs, sont les fruits d’anciens naufrages.L’histoire des peuplements successifs de ce territoire n’est qu’en partie esquissée. Comme pour l’ensemble de la Guyane, l’archéologie de l’Est guyanais est encore embryonnaire. Les inconnues et contraintes sont là, cette exposition le souligne abondamment. On imagine sans peine les découvertes passionnantes qui attendent encore les chercheurs et autres "inventeurs".

Après le prestigieux musée d’Archéologie nationale, Régina accueillera l’exposition Amérindiens de Guyane entre les fleuves Approuague et Oyapock – des cultures millénaires. Ce sera la première exposition temporaire présentée par l’Ecomusée municipal d’Approuague-Kaw, hommage à ces peuples et ces cultures trop souvent oubliés.

Que cette exposition et ce catalogue reçoivent l’accueil et le succès qu’ils méritent, c’est tout ce que je leur souhaite. Je forme également le vœu que les collections présentées ici deviennent publiques, pour le plaisir et l’éducation du plus grand nombre, sur les rives de l’Approuague et ailleurs.

Je tiens enfin à féliciter l’équipe réunie autour de ce projet : le Ministère de la Culture et de la Communication, à travers la Direction régionale des affaires culturelles de Guyane et en particulier son Service régional de l’archéologie, le musée d’Archéologie nationale, et l’Ecomusée municipal d’Approuague-Kaw.

JuSTIn AnATOleMaire de Régina-Kaw, Président de la Communauté des Communes

de l’Est Guyanais.

Page 10: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

Même si l'archéologie en Guyane est une discipline récente, le Musée départemental reçoit depuis de nombreuses années des dons, des objets trouvés de manière fortuite par des Guyanais fortement attachés à leur histoire, et notamment au passé

amérindien de la Guyane.

Le Musée Local (aujourd'hui Musée départemental Alexandre-Franconie) est né de l’attrait qu'a exercé la Guyane sur le public, dans les grandes expositions internationales de la fin de XIXe et du début du XXe siècle. La finalité du lieu a toujours été de faire connaître et de promouvoir le patrimoine naturel, culturel et historique de la Guyane.

Aujourd'hui encore, le public peut admirer dans les salles d'expositions permanentes de nombreuses pièces archéologiques (céramiques, haches polies...) déposées par le Service régional de l'archéologie ou appartenant à la Collectivité Départementale. Il est néanmoins très important qu'à chaque occasion, nous puissions faire partager ces découvertes au-delà de notre territoire, grâce à des publications comme celle-ci, en réalisant des expositions et en prêtant les objets.

L'exposition Amérindiens de Guyane, entre les fleuves Approuague et Oyapock - des cultures millénaires et ce catalogue sont donc de formidables occasions de faire découvrir au public, au-delà des origines socio-culturelles ou géographiques, nos richesses archéologiques, culturelles et artistiques.Mes collègues du Conseil général de la Guyane et moi-même tenons à féliciter et à remercier toutes les institutions et toutes les personnes qui ont participé à ces deux belles réalisations.

AlAIn TIen-lIOnGPrésident du Conseil Général de la Guyane

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Pour quelle raison se retrouve-t-on un jour, seul, avec un guide, au cœur de la forêt Amazonienne ? Dans un

monde que l'on dit hostile, il n'en est rien je vous rassure. Alors que notre chemin personnel ne nous prédisposait pas à cela : récolter, glaner, fouiller, fouiner, chercher jusque dans ses rêves des objets "d'antan lontan" comme l'on dit en Guyane. Objets en céramique ou en bois sans parler des haches emmanchées ou non. Toutes ces pièces archéologiques que l'on nomme, "précolombiennes" et qui sont le témoignage parlant d'un autre monde. Elles sont le langage matériel, l'expression artistique de grands

peuples, aujourd'hui disparus, à l’exception de quelques îlots rescapés, et auquel nous essayons, en balbutiant, de retrouver les mots manquants afin de finir la construction des phrases qu'ils ont parsemées en autant de pièces de puzzle.En ce qui me concerne je dirais : le hasard. Mais y a-t-il un hasard ? Paul Eluard ne disait il pas "Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez vous".

Peu importe. Pour l'heure, c'est la rencontre, au détour d'un méandre tumultueux du fleuve, avec l'un de ces témoignages posé au sol, comme une offrande qui m'était faite, qui a bouleversé l'ordre que je m’étais fixé. Une belle poterie aux formes féminines dans ses rondeurs souples, au col fin. La regarder et s'interroger. S'interroger et comprendre que je me trouvais devant mon passé. Non celui de ma famille mais celui de l'Homme au sens universel, de l’Homme à travers les siècles.

Je tenais entre mes mains et caressais du bout des doigts un objet que d'autres mains, d'autres doigts avaient façonné. Quelle magie que de pouvoir, si subitement mais si intensément, pénétrer ce passé par le biais de cette céramique. Mettre mes empreintes digitales, des siècles plus tard, sur celles laissées par la potière, à la surface de cette terre cuite. Il m'a suffit, dans un espace très court, d’imaginer cette femme amérindienne assise à même le sol battu, montant au colombin, donnant la forme puis lissant, décorant par incision ou rajout, inspirée par sa vision du monde, cette pièce que j'admire au troisième millénaire pour vouloir, comme un assoiffé, récolter tout ce passé. Me faire prendre au piège de la passion et à celui de la possession afin de combler mon esprit aventureux.Dix ans. Dix ans pour sauver, du naufrage de l'oubli, une infime partie de l'histoire de ces populations de l'Amazonie sur lesquelles nous ne savons que peu de choses. Me dire que par cette quête du sauvetage d'un patrimoine et avec l'aide de la science archéologique nous serons à même de pouvoir donner une autre vie au passé. Insuffler dans l’imaginaire ou dans l’imagerie de nos concitoyens une vision historique de ces hommes et de ces femmes, à la fois libres et prisonniers de la grande forêt des pluies.

Philippe GIlAbeRT

Page 12: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

les commissaires de l’exposition tiennent à exprimer leurs plus vifs remerciements aux prêteurs :

Philippe GILABERT.

Direction Régionale des Affaires culturelles de Guyane- Service Régional de l’Archéologie de Guyane.

David CARITA, responsable du Musée Alexandre Franconie, Conseil Général de la Guyane (pièces 101, 102, 182, 183).

Damien DAVY (pièces 124 et 125).

GADEPAM (pièces 123 et 139).

Ils remercient également très chaleureusement toutes les personnalités et institutions qui, à des titres divers, ont contribué à la préparation de cette exposition :

Rafaela et Henri ABONNENC, de l’association CIMARRONES, pour avoir lancé les premiers, l’idée de cette exposition

Justin ANATOLE, Maire de Régina-Kaw, pour son appui indéfectible, ainsi que celui des agents des services techniques de la commune

Laurence BILLAULT, infographiste à l’IRD pour les motifs des vanneries ornant l’ouvrage.

Association GADEPAM, Cayenne

Géraldine JAFFRELOT, infographiste pour le schéma opératoire du travail de la pierre polie

Carole COSQUER, chargée des publics à l’EMAK

L’Atelier d’Inéry et Jean-Pierre CAIRA, Régina

M.P. BLASINI, responsable de la cartothèque des Archives nationales de l’Outre-Mer au Centre des Archives de l’Outre-Mer, Aix-en-Provence

Françoise GRENAND, directrice de recherches au CNRS

Marie FLEURY, Chercheur au MNHN

Philippe GOERGEN, Conservateur du patrimoine, C2RMF

Eric GASSIES et Guy DAUPHIN, ingénieurs d’études au SRA Guyane

Sylvie PAPPALARDO, responsable du fonds patrimonial, Bibliothèque Alexandre Franconie, Conseil général de la Guyane

Denis ROCHE, adjoint au DRAC Guyane, conseiller pour les arts plastiques et les musées

Jean-Louis SOULARUE, photographe et artiste

Lydie JOANNY, archéologue

Et nos amis amérindiens de Guyane !

REMERCIEMENTS

Page 13: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

IntroductionCommissar ia t de l ’exposi t ion

SOMMAIRE

PRéfACES

INTROdUCTION

CONTEXTE GéNéRAL

LEs MéthodEs de l'archéologie amazonienne en Guyane française

CadRE géologique, géographique et environnemental

CadRE chronologique et contexte culturel

aMéRindiEns dE GuyanE, de la découverte à aujourd'hui

Bois, fiBREs, fEuiLLEs, éCoRCEs, PLuMEs... une culture matérielle végétale

COMMENTAIRE ET INVENTAIRE

oBjEts doMEstiquEs

> objets précolombiens en pierre

> Céramique domestique précolombienne

> objets précolombiens en bois : pagaies, épées, lance

> objets domestiques actuels

oBjEts d'aRt, dE PouvoiR Et dE PREstiGE : ornements personnels

> objets en pierre

> objets en céramique ou terre cuite

> La question des représentations zoomorphes, phytomorphes et anthropomorphes

invEntaiRE dE La CoLLECtion

CONCLUSION

bIbLIOGRAPhIE

GLOSSAIRE

4

13

16

18

26

32

46

58

74

76

77

84

103

106

108

109

112

119

124

149

152

159

Page 14: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

13IntroductionCommissar ia t de l ’exposi t ion

Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

introduction

Gérald MIGeOnConservateur régional de l’archéologie,

dRaC-sRa Guyane,chercheur de l’uMR 8096 "archéologie des amériques"

Page 15: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

14Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

IntroductionCommissar ia t de l ’exposi t ion

IntroductionCommissar ia t de l ’exposi t ion

L’exposition « Amérindiens de Guyane : entre les fleuves Approuague et Oyapock, des cultures millénaires » évoque les civilisations amérindiennes guyano-amazoniennes anciennes de l’Est de la Guyane.

Elle vise à offrir un aperçu de la richesse des collections archéologiques guyanaises et de la vitalité des peuples amérindiens de l’intérieur de la Guyane, mais aussi un état de la connaissance.

La plupart des pièces présentées ici le sont pour la première fois. Elles sont également pour la majorité, inédites. Plus de la moitié d’entre elles proviennent du moyen Approuague (territoire communal de Régina-Kaw) et ont été réunies par Philippe Gilabert, un passionné des civilisations amérindiennes d’Amazonie.Des collections publiques viennent compléter ce tableau. Le Service régional de l’archéologie de la DRAC Guyane, qui conserve en effet de nombreuses pièces issues de fouilles préventives, d’opérations programmées, ou encore de découvertes fortuites, était bien sur incontournable. Le Conseil général de la Guyane a par ailleurs bien voulu mettre à disposition certaines des pièces les plus remarquables que conserve le musée départemental Alexandre Franconie (Cayenne). Nous tenons ici à lui exprimer toute notre gratitude.

Cette exposition sera sans doute pour beaucoup –c’est en tout cas ce que nous souhaitons- une découverte des problématiques et spécificités de l’archéologie en milieu amazonien, au-delà des clichés trop souvent véhiculés sur le prétendu « enfer vert ». Vue depuis « l’Ancien Monde », la Guyane apparaît communément comme un minuscule territoire perdu en Amérique du sud… Il n’est donc pas inutile de rappeler que cette région-département ultramarine avoisine les 84 000 km². Soit le sixième de la métropole. Voilà bien la première contrainte à laquelle se heurte la recherche ! Après avoir planté le décor (cadre géologique, géographique et environnemental), nous nous arrêtons donc sur les méthodes, le terrain, les contraintes, les datations…Notre propos vise aussi à présenter un état de la connaissance aujourd’hui, en 2010. Et donc forcément de ses limites, étant entendu que l’archéologie précolombienne de la Guyane française est encore très jeune et mobilise peu de chercheurs. Les territoires d’Approuague et d’Oyapock, éloignés du littoral et des centres urbains, n’échappent pas à la règle. Nombreuses sont les inconnues, interrogations et hypothèses qui jalonnent le parcours. Il fallait en rendre compte.

Il fallait bien sur chercher à replacer dans leur contexte les collections présentées.

Nous avons donc sélectionné des pièces exogènes à l’Est guyanais, qui viennent étayer ce propos. En offrant un aperçu plus complet des cultures guyano-amazoniennes, elles n’en soulignent pas moins les difficiles questions des échanges entre les groupes, de leurs relations, de leurs mouvements, etc.Les objets archéologiques précolombiens de Guyane qui nous sont connus aujourd’hui, sont majoritairement datés du IVe siècle de notre ère à la Conquête de l’Amérique par les Européens. Ils sont en pierre et en céramique, et aussi, ce qui est exceptionnel en milieu intertropical humide, en bois (épées, sagaies, manches de haches) et en résines naturelles composites (emmanchements des haches). Notre quête de la connaissance de ces « premiers habitants » se heurte évidemment aux problèmes de la conservation des matériaux dans un milieu destructeur, aux sols acides et constamment lessivés par des plus intenses. La mobilité des populations sur le territoire est un autre facteur de dispersion et de perte des informations.

Nous avons donc jugé indispensable d’intégrer à cette exposition d’archéologie des objets contemporains fabriqués avec des matériaux périssables : vannerie en « arouman » (le roseau local), bols en calebasse, hottes en végétaux divers, hamacs et porte-bébé en coton… encore utilisés de nos jours par les Amérindiens Wayãpi, Teko et Wayana, habitants de la forêt guyanaise.Ce recours à l’ethnologie ne peut se faire qu’avec la plus grande prudence. Les comparaisons avec les pratiques agricoles, culinaires, artisanales, religieuses…attestées aujourd’hui sont à utiliser avec beaucoup de précaution, dans la mesure où la continuité culturelle entre les peuples amérindiens actuels de Guyane et les peuples ayant vécu antérieurement sur le même territoire, n’est pas attestée pour tous les aspects de la vie quotidienne. Les influences des autres peuples (européens, populations d’origine africaine…) ont pu également modifier les techniques originelles.

On l’aura compris, plusieurs lectures croisées sont donc offertes au public : celle des archéologues ; celle des ethnohistoriens ; celle des ethnologues côtoyant les Amérindiens actuels ; celle enfin des géographes du XVIIIe siècle et des voyageurs de la fin du XIXe siècle. Dans le concert des représentations fantaisistes, romantiques, voire tout simplement mythiques, il faut savoir entendre les partitions jouées par les plus fins observateurs. A plusieurs reprises, nous avons eu par exemple recours aux gravures de Riou

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14Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

IntroductionCommissar ia t de l ’exposi t ion 15Introduction

Commissar ia t de l ’exposi t ionAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

extraites des ouvrages de Crevaux (1883) et Coudreau (1893). Elles permettent souvent de donner du sens à nombre d’objets de la vie quotidienne, sociale et rituelle des Amérindiens des époques précolombiennes.

Finalement, le cœur de l’exposition oscillera entre deux pôles : « le matériel et l’idéel », comme l’a si bien écrit l’anthropologue Maurice Godelier (Godelier, 1989).Le travail de la pierre polie et de la pierre taillée, les activités de la vie domestique (habitat, cuisine, coucher, chasse, pêche, cueillette, transports…), précéderont les aspects liés au pouvoir et prestige, à la guerre, aux rites d’initiation, à la musique… Les rituels funéraires sont évoqués à la fin de ce voyage. Et dans ce monde amazonien, qui abolit le Temps et l’Espace, les différences entre minéraux, plantes, animaux, humains, les conclusions pourront être multiples : représentations phytomorphes, zoomorphes et anthropomorphes cohabiteront, permettant des allers-retours entre le présent, le passé et l’avenir.

Notre but aura été atteint si cette vision des Amérindiens de Guyane, du Nouveau Monde, éveille notamment l’intérêt des visiteurs du Vieux Monde, un autre Monde, avec lequel les références, les repères et les contextes sont complètement différents. Un seul exemple suffira : l’âge de la pierre taillée continue en Amérique jusqu’à la Conquête, alors qu’en Afrique, en Asie et en Europe, c’est un âge définitivement révolu après la découverte des métaux.

Rivière ApprouaguePhoto J.P Courau (2009)

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CONTEXTE général

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18Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne

LES méthodesde l'archéologieamazonienne (en Guyane française)

Gérald MIGeOn

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18Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne 19Contexte général

Méthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienneAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

La forêt guyanaise apparaît aux yeux de l’imaginaire du public occidental à la fois comme une forêt vierge, impénétrable et hostile, un véritable "enfer vert", mais aussi comme un lieu luxuriant, voire paradisiaque, si l’on en croit les mythes de l’Eldorado ou des Amazones (Lézy, 2000).

Gaspar de Carvajal, chroniqueur de l'expédition d’Orellana, décrit ainsi les Amazones : "Nous les vîmes qui se battaient en tête de tous les Indiens, comme des capitaines. Et elles se battaient avec tant de courage que les Indiens n'osaient tourner le dos. Et ceux qui fuyaient devant nous, elles les tuaient à coups de bâton… Ces femmes sont très blanches et grandes, et elles ont une très longue chevelure, tressée et enroulée sur la tête. Elles sont très membrues et vont toutes nues, leurs seules parties honteuses voilées, leurs arcs et leurs flèches en main, chacune guerroyant comme dix Indiens. Et en vérité, une de ces femmes tira une volée de flèches sur l'un des brigantins lesquels à la fin semblaient des porcs-épics". Carvajal (1994 : 130).

Deux siècles plus tard, La Condamine, à côté de ses travaux de naturaliste, se livra à une enquête de terrain sur l existence de deux mythes : le célèbre mythe des guerrières amazones, véhiculé par Orellana puis la légende du lac Parimé.

Cette légende, dernier avatar du mythe de l´Eldorado, plaçait la ville fabuleuse de Manoa aux pieds d´un immense lac, qui est représenté sur les portulans* et les cartes fantaisistes d avant La Condamine. Le savant multiplia entretiens, questions, étude de témoignages auprès des Indiens et des Jésuites rencontrés en chemin : s il finit par qualifier le lac Parimé de simple "conjecture", l existence des Amazones fit en revanche l objet de récits ambigus, propres à éveiller l´imaginaire.

Les dernières recherches archéologiques ont montré que le territoire amazonien était occupé et parcouru depuis plus de 10000 ans par des groupes humains (Lavallée et alii, 1994), voire depuis plus longtemps encore. L’histoire de ces peuples est peu connue, car le contexte de travail de terrain est pénible, l’accès aux sites difficile, le coût des recherches élevé, la "rentabilité scientifique" des opérations archéologiques aléatoire. Ajoutons-y les pluies et l’humidité constantes, l’exécrable conservation des vestiges dues à l’humidité, l’acidité des sols, une végétation particulièrement envahissante... Enfin, le mode de vie semi-nomade des Amérindiens rend lui-même les vestiges "volatiles". Autant de facteurs qui ont découragé bon nombre de chercheurs.

* Les mots suivis d'une astérisque figurent dans le glossaire, page 151

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20Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne

Pays des Caribes et Guiane.Anonyme, XVIIe siècle (vers 1690)

SRA Guyane

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20Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne 21Contexte général

Méthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienneAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Coste de Guayane,autrement France équinoctiale, etc.Duval, 1677SRA Guyane

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22Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Historique des recherches. L’archéologie professionnelle des civilisations amérindiennes a commencé en Guyane après la Deuxième Guerre Mondiale, par un premier recensement de 120 sites connus ou non dans des publications antérieures ; il s’agissait de sites visibles en surface : polissoirs, roches gravées, sites de hauteur appelés "montagnes couronnées" (Abonnenc, 1952). Il faut cependant attendre 1972, pour que soit créée la Circonscription Archéologique de Guyane, qui deviendra en 1988 le Service Régional de l’Archéologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles (Mazière et Mazière, 1994 et Collectif, 1997).

Peu à peu, la recherche archéologique permet la mise au jour non seulement de sites (habitats, ateliers…) mais aussi de matériel (céramiques, lames de hache…). Les découvertes fortuites réalisées viennent aussi enrichir le corpus de vestiges amérindiens. Toutes ces découvertes et leurs études par des

archéologues et des chercheurs permettent l’avancée de la recherche archéologique. Une synthèse des données antérieures à 1991 a été réalisée par Stephen Rostain, dans sa thèse publiée en 1994 et principalement concentrée sur les cultures de la côte occidentale de Guyane (Rostain, 1994a).

Le livre "L’archéologie en Guyane", publié en 1997 (Collectif, 1997) et la publication du Document d’archéologie française sur les fouilles préventives liées à la construction du barrage de Petit-Saut (Vacher, Jérémie et Briand, 1998), complètent l’état de la recherche en archéologie précolombienne au milieu des années 90.

Les données concernant l’art rupestre sont disponibles dans l’ouvrage publié en 2009 par Marlène Mazière, qui a réalisé dans les années 90 plusieurs missions de relevé et mis en forme les informations éparpillées dans de nombreux documents.

Ramassage de surfacedans un abri sous roche de la borne 1

SRA Guyane, 2006

Prospection dans un chablisdans la région de l' inselberg des Nouragues

SRA Guyane, 2005

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22Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel 23Contexte général

Cadre chronologique et contexte cul turelAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Sondage dans un abri sous roche de la borne 1Daniel Saint Jean, association Alabama, 2006

difficultés du travail archéologique liées à l’environnement naturel. Le milieu intertropical humide amazonien pose souvent des problèmes sérieux à l’archéologue. Mais alors que sur les cordons sableux de la côte des Guyanes, les couches archéologiques affleurent dans la plupart des cas, sous couvert forestier les vestiges sont rarement visibles à l’oeil nu. En général, les couches ont été soumises à une érosion intense, particulièrement à cause de l’alternance saison des pluies/saison sèche et aux glissements de terrain. De plus, les sols humifères étant peu épais, les racines des arbres perturbent les niveaux archéologiques en brisant ou en déplaçant les objets en céramique. L’acidité des sols granitiques détruit les restes végétaux (bois,…) et les ossements. Dans un tel contexte, la préservation de très rares haches emmanchées (dont les cinq qui sont présentées ici) et d’objets en bois (dont les sept exposés) pose question. On peut supposer que leur immersion dans le fond du lit du fleuve Approuague a permis leur conservation, de la même façon que certaines pirogues monoxyles retrouvées dans des fleuves européens.

De même, aucun squelette amérindien complet ancien n’a été retrouvé à ce jour.

Le travail de l’archéologue sur le terrain est la phase la plus connue. En forêt amazonienne, la prospection au sol ou pédestre consiste à repérer d’éventuels indices archéologiques comme des tessons, des éclats de quartz retrouvés dans les racines d’arbres ou éparpillés sur le sol ou mieux dit la litière du sous-bois. Les polissoirs localisés sur les rives des fleuves et des criques, et les buttes de terre ou fossés, signes d’aménagements amérindiens anciens, qu’il ne faut pas confondre avec des travaux ultérieurs (d’orpaillage par exemple), sont d'autres vestiges visibles en surface.

Les sondages archéologiques en forêt sont réalisés majoritairement à la pelle de manière manuelle ; les couches archéologiques pouvant contenir des vestiges sont généralement enfouies assez peu profondément (20 cm).

Quelques rares opérations d’archéologie préventive, réalisées avant le début de grands travaux d’infrastructures, comme lors de la construction du barrage de Petit-Saut (AFAN) ou de la mine d’or de Yaou à Maripasoula (INRAP) ont pu employer des moyens mécaniques imposants (pelleteuses) et ouvrir des surfaces de fouilles étendues.

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24Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne

des recherches pluri- et inter-disciplinaires. Les rapports des prospections, sondages ou fouilles effectués par les chercheurs comprennent des données archéologiques qui sont confrontées aux données provenant d’autres disciplines (géologie, géomorphologie, pédologie…), aux sources archivistiques et cartographiques anciennes, aux données de l’ethnohistoire et de l’ethnologie… En Guyane, ces disciplines, représentées notamment par les travaux des ethnologues Pierre et Françoise Grenand, Damien Davy, Marie Fleury…, travaillant pour la région qui nous intéresse sur les Wayãpi, les Wayana et les Palikur, utilisent plusieurs types de sources : archives de l’administration française depuis le XVIIe siècle, récits de voyages de missionnaires, de naturalistes et d’explorateurs…, enquêtes ethnologiques, témoignages des Amérindiens sur leur passé, collectes à caractère ethnographique, étude des langues et leurs changements ou influences, ethnobotanique...

Lorsque l’archéologie prend en compte ces différentes sources pour confronter les données de fouilles avec les autres modes d’approche, on peut parler d’ethnoarchéologie. Mais les comparaisons avec les pratiques attestées aujourd’hui (pratiques agricoles, culinaires, artisanales, religieuses…) sont à utiliser avec beaucoup de précaution, dans la mesure où la continuité culturelle (techniques, rituels...) entre les peuples amérindiens actuels de Guyane et les peuples ayant vécu anciennement sur le même territoire, n’est pas assurée pour tous les aspects de la

vie quotidienne. Les influences des autres peuples (européens, populations d’origine africaine…) ont pu également modifier les techniques originelles. Par exemple, il est difficile de distinguer les apports africains, européens et amérindiens lorsqu’on observe une pirogue actuelle.

Un autre exemple montrera la difficulté de l’analogie ethnologique directe. L’architecture actuelle des carbets en bois peut sembler identique à celle des anciens carbets. L’archéologue qui ne retrouve que les traces des trous de poteaux aimerait pouvoir présenter une restitution des élévations et des toits de ces habitations, mais les propositions doivent rester hypothétiques. En outre, ce type d’habitation surélevée en bois, destinée à empêcher les animaux d’entrer ou à l’eau d’envahir l’habitat, n’est pas exclusif à cette zone géographique, mais se retrouve dans tous les pays pluvieux ou marécageux du monde.

Les données archéologiques très incomplètes ne permettent pas à elles seules de restituer la vie quotidienne de ces sociétés anciennes. Ainsi, de nombreux aspects non matériels échappent à l’archéologue. Par exemple, aucun reste de manioc n’a été retrouvé lors des fouilles en Guyane, alors que le manioc est cultivé depuis plus de 6000 ans en Amazonie centrale et qu’il est une des composantes essentielles de la subsistance des peuples guyano-amazoniens.

Repas dans la forêt, Gravure de MD, in Crevaux (1883)

Bib. A., Conseil général de la Guyane

Village du Capitaine François,Gravure de Riou, in Coudreau (1893)Bib. A., Conseil général de la Guyane

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24Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralMéthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienne 25Contexte général

Méthodes de t ravai l archéologique en archéologie amazonienneAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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26Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental

LE cadreGéologique, géographique et environnemental

Gérald MIGeOn

Page 28: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

26Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental 27Contexte général

Cadre géologique, géographique et environnmentalAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

le cadre géologique et géomorphologique. Les données de la géologie et de la géomorphologie, disciplines qui étudient le globe terrestre et les transformations subies par la Terre, aident les archéologues à identifier les matériaux (outils en pierre, polissoirs, roches gravées…) utilisés par les peuples anciens et à appréhender l’occupation humaine de l’espace naturel.

Les facteurs géologiques, géomorphologiques, climatiques et environnementaux ont conditionné fortement une grande partie du développement des civilisations anciennes du Plateau des Guyanes et méritent une attention particulière.

Les roches de Guyane sont très anciennes (vers 2200 millions d’années) ; ce sont des massifs constitués en grande majorité, de granite (60%) avec quelques gneiss. En surface, les roches visibles sont donc actuellement très abîmées et les roches "saines" ne se retrouvent qu’en profondeur ; elles n’apparaissent qu’à de rares endroits.

Vers 200 millions d’années, la Pangée, ce méga-continent qui regroupait tous les continents actuels, commence à se fracturer. Des filons de dolérite apparaissent dans des failles tectoniques et recoupent tous les massifs anciens ; ils constituent souvent les roches des sauts des fleuves, en particulier sur l’Approuague et l’Oyapock. Les filons de quartz se retrouvent aussi dans les différentes formations anciennes appelées "ceintures de pierres vertes" situées autour des massifs granitiques : on y trouve d’autres roches comme les tufs et schistes verts, que les Hommes utiliseront.

A partir de 70 millions d’années, l’érosion intense modèle le paysage qui évoluera vers celui que vont connaître les premiers habitants de la Guyane vers 8000 ans avant J.-C. (10000 BP1). Les variations du climat seront à l’origine de la "création" des nombreux plateaux latéritiques. Sur la côte, on trouve aussi des quartz à la base des sables blancs ; il s’agit là de produits d’érosion et de transport provenant du socle granitique.

1 - Dans ce catalogue, toutes les datations proposées utilisent la convention avant-après

Jésus-Christ. Toutefois, il convient de préciser que les datations obtenues par des procédés physico-chimiques (carbone 14 ou thermoluminescence par exemple) se situent par rapport à une année de référence différente : l’année 1950. Aussi, les

datations émises par les laboratoires sont-elles initialement accompagnées de la mention BP

(Before Present), soit avant 1950.

La Habana

Grand Turk

GeorgetownPort-au-PrinceSanto Domingo Road TownSan J uanCharlotte Amalie

Kings tonBelize City Bas s e-TerreSt. J ohn CityPlymouth

Point-a-PitreRos eau

iudad de GuatFort-de-France

Tegucigalpa Cas triesSan Salvador Kings townBridgetown

Willems tadManagua

St. George's

Port-of-SpainCaracasSan J os e

Panama

GeorgetownParamaribo

CayenneBogota

Quito

Lima

Bras ilia DFLa Paz

Sucre

As uncion

SantiagoBuenos AiresMontevideo

Stanley

La Guyanedans l'Amérique du SudRéalisation : F.Poncet

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28Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental

L’espace géographique guyanais comprend deux espaces distincts : les terres hautes et les terres basses.

- Les terres hautes sont couvertes d’une forêt humide et comprennent du Nord au Sud, une chaîne de collines et de montagnes septentrionales, un massif central de collines granitiques formant un moutonnement, les montagnes de la zone centrale, chaîne d’allure montagneuse, supérieure à 800 mètres de hauteur, une pénéplaine méridionale parsemée d’inselbergs*, pitons granitiques en forme de pain à sucre comme celui de la Mamilihpann, et de savanes-roches*, et à l’extrême sud, le Mont Mitaraka, et d’autres sommets ayant donné naissance au mythe des Tumuc-Humac.

- Les terres basses s’étendent sur 320 km, sur une largeur variant entre 5 et 40 km. Leur altitude est inférieure à 30 mètres, sauf les monts de Cayenne et de Kourou, constitués de roches volcaniques métamorphisées, appelées "roches vertes".

La côte rectiligne, au tracé changeant, est constituée de cordons sableux (cheniers) bordés soit de palétuviers soit de savanes inondées ou arborées, appelées pri-pris*.

Entre l’Approuague et l’Oyapock, du Nord au Sud, nous trouvons à l’Ouest, les collines élevées de la Montagne de Kaw et les marais du même nom, et à l’Est, les Monts de l’Observatoire qui dominent l’Oyapock, puis au Sud de Régina, la Montagne Tortue et l’inselberg des Nouragues au pied duquel coule l’Arataï, un des affluents de l’Approuague ; les montagnes Inini-Camopi s’ouvrent ensuite vers le Sud sur la pénéplaine méridionale qui aboutit au Mont Saint-Marcel, près de la frontière sud avec le Brésil.

Géographie simplifiéede la GuyaneConception : SRA Guyane / Réalisation : F.Poncet

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28Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental 29Contexte général

Cadre géologique, géographique et environnmentalAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Forêt à la hauteur du Camp Cisame, ApprouagueJ.P Courau (2009)

L'Oyapock au niveau du village de CamopiSRA Guyane (2006)

Saut sur l'OyapockSRA Guyane (2008)

Page 31: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

30Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental

un réseau hydrographique très dense. Le réseau hydrographique est extrêmement dense grâce à l’abondance des pluies (entre 3000 et 4000 mm de pluies par an) et à la faiblesse des pentes des terrains.

D’Ouest en Est, les principaux fleuves sont le Maroni, le plus grand fleuve de Guyane (520 km) qui prend sa source au Surinam ; la Mana (430 km), qui prend sa source dans la région de Saül ; le Sinnamary (262 km) ; l’Approuague (270 km) et l’Oyapock (370 km), fleuve frontière avec le Brésil, entrecoupé d’une centaine de sauts.

Véritables moyens de communication et d’échanges, les rivières et les criques ne constituaient pas des frontières entre les populations, qui étaient bien souvent installées sur les deux rives d’un même cours d’eau.

le cadre environnemental. Le climat intertropical, chaud (25° C minimum) et humide (85% d’humidité de l’air) toute l’année, avec une grande saison humide de décembre à juillet, entrecoupé de périodes sèches, et une saison sèche d’août à novembre, coupée d’orages et d’averses, permet une exubérance de la vie végétale et animale et la permanence d’une forêt dense tropicale avec une richesse floristique extrême (plus de 1200 espèces d’arbres, et 200 espèces de palmiers), malgré un aspect uniforme pour le non-spécialiste. La forêt sempervirente est en perpétuelle régénération par les chablis qui ouvrent des clairières dans la couverture verte.

Les grands arbres de 20 à 45 m de hauteur entretiennent une fraicheur agréable sous la canopée ; la circulation y est aisée.

Les sols, constamment lessivés, sont chimiquement pauvres en éléments nutritifs (calcium, phosphore, sodium…) et souvent mal drainés.

Inselberg des NouraguesSRA, G.Migeon (2005)

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30Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre géologique, géographique et environnmental 31Contexte général

Cadre géologique, géographique et environnmentalAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

L'Approuague à hauteur du Camp CisameEMAK, D.Hanriot (2009)

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32Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

cadre chronologique et contexte culturel

les peuples anciensde la Guyane française et de l’Amazonie

Claude COuTeTdocteur en archéologie,

membre associé, uMR 8096 "archéologie des amériques" (CnRs)

Gérald MIGeOn

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32Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel 33Contexte général

Cadre chronologique et contexte cul turelAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

le peuplement et la préhistoire de la Guyane. Le peuplement principal de l’Amérique par les Homo sapiens sapiens a commencé depuis près de 50000 ans, époque où des chasseurs nomades ont franchi le détroit de Béring, un espace émergé à la suite des deux dernières glaciations qui ont abaissé le niveau des océans. Plusieurs vagues de migrants se sont ensuite succédées par le détroit de Béring devenu un pont de glace, et la première occupation de la Guyane par des populations amérindiennes est attestée par des vestiges datés de 5000 avant J.-C., mais l’ancienneté de l’arrivée des Hommes en Guyane est probablement antérieure à cette datation.

le débat sur la pauvreté et la marginalité des peuples amazoniens. L’Amazonie a toujours été un parent pauvre des études archéologiques ; même dans le milieu scientifique, la mauvaise réputation de "l’enfer vert" continue à persister ainsi que de nombreux autres clichés négatifs.

Dès 1950, Steward (1950) avait développé la théorie de la pauvreté et de la marginalité des peuples amazoniens, toutes les "avancées" technologiques ou sociétales (agriculture, céramique, chefferie,...) provenant, selon lui, des "hautes civilisations" des Andes.

Sa théorie est reprise et appuyée par Meggers et Evans (1951, 1979, 1981).

Ensuite, de nombreux chercheurs, comme Lathrap (1970), Denevan (1976, 1995, 1996, 1998, 2001), Myers (1992), Roosevelt (1989, 1990, 1991, 1993, 1994, 1996), Guapindaia et Da Costa Machado (1997), Heckenberger (1998), Heckenberger, Petersen et Neves (1999), et plus récemment encore, Schaan (2004), Neves (2005), ont discuté et réévalué les hypothèses basses ou pessimistes d’Evans et Meggers qui voyaient un sous-peuplement de l’Amazonie.

D’ailleurs, au cœur de l’Amazonie, l'existence de milliers d’hectares de terra preta*, ce sol fertile qui n'a pu se constituer que par l'intervention de l'homme, ajoute à la crédibilité des théories qui défendent la thèse d’une occupation dense de l’Amazonie.

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34Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

l’évolution des peuples amérindiens de Guyane française depuis 7000 ans. L’ancienneté du peuplement du Plateau des Guyanes, précisément dans les savanes du Surinam, remonte à environ 8000 ans avant J.-C. Les populations de chasseurs-cueilleurs parcouraient les savanes côtières côtoyant les grands mammifères de l’époque (tatou géant, mastodontes, mégathériums, mammouths, puis, après leur extinction, de petits rongeurs).

En Guyane, un site daté de 5000 ans avant J.-C. a été retrouvé sur le Plateau des Mines (Saint-Laurent-du-Maroni). Les hommes y taillaient le quartz pour fabriquer des outils.

Vers 6000 ans avant J.-C., le manioc est cultivé en Amazonie centrale.

En Guyane, l’agriculture (cf. plus loin le texte de Biet) doit être un peu plus récente et dater de 4000 ou 3000 avant J.-C. (hypothèse appuyée par la présence de quelques rares sites datés de cette période). Il s’agit très certainement d’agriculture sur brûlis.

Le maïs est domestiqué plus récemment, depuis moins de 2000 ans probablement.

La domestication de mammifères terrestres n’est pas attestée ; seule celle d’oiseaux au beau plumage paraît certaine. En revanche, l’élevage de poissons dans des nasses est probable.

Les premiers chasseurs-cueilleurs de Guyane ont une culture commune à l’ensemble des populations de l’Amérique, et ont développé en Amazonie (Guyanes incluses), une technique ancienne – vieille de plusieurs millénaires qui va perdurer jusqu’à la Conquête –, celle de la taille sur enclume (par percussion indirecte du quartz), technique diffusée du sud du Brésil jusqu’en Guyane.

Les traces d’occupation anciennes sont donc rares, seuls quelques sites ayant apporté des données datées avant J.-C. (Migeon, 2006, 2009). En revanche, les datations de sites à partir des premiers siècles de l’ère chrétienne sont beaucoup plus nombreuses, attestant que les hommes occupent tout l’espace guyanais : côtes, rives des fleuves, zones interfluviales, terres basses (cordons sableux) et hauteurs (plateaux, flancs d’inselbergs).

Le territoire de la Guyane française occupe une place originale pendant les périodes précolombiennes plus récentes (en gros depuis 2000 ans avant J.-C.). Il est marqué par une constante interaction avec les civilisations caribéennes du Plateau des Guyanes (Surinam, Guyana, Venézuela en deçà de l’Orénoque, Amapá) et des Caraïbes, ainsi que celles de l’Amazonie brésilienne, voire de plus loin.

L’île de Cayenne (ou la zone littorale entre Kourou et Cayenne) semble être le point de contact de ces deux influences (particulièrement entre le Xe et le début du XVIIe siècle, et très probablement depuis deux mille ans).

En archéologie, on reconnaît à ce jour trois traditions amazoniennes en Guyane française. Ces traditions (polychrome, arauquinoïde et koriabo) représentent de grandes entités culturelles qui se distinguent, entre autres, par différents styles de céramiques.

Les traditions polychrome et arauquinoïde existent pendant plus de 1000 ans, à partir des années 300-400 après J.-C. jusqu’à la période de Contact avec les Européens, au début du XVIe siècle, et perdurent, dans certaines régions plus isolées, probablement quelque dizaines d’années après ce Contact.

La tradition polychrome est connue tout le long de l’Amazone à partir de l’île de Marajó. Elle est avant tout connue pour son mode d’enterrement en urnes, souvent anthropomorphes. Sur le littoral de Guyane, son influence s’étend jusqu’à l’île de Cayenne. La céramique polychrome se caractérise, dans son ensemble, par des décors peints (rouge, noir, blanc et jaune) et des motifs excisés. Plusieurs cultures lui sont attribuées, parmi les plus connues : Marajoara, Maracá, Guarita ou encore, Aristé. En Guyane, le Polychrome est représenté par les cultures Aristé récent et final. L’Aristé, localisée dans les régions de l’embouchure de l’Oyapock et en Amapá (au Nord du Brésil), apparaît vers 300-400 après J.-C. Elle perdure, avec des variantes, jusque dans les années 1700.

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34Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel 35Contexte général

Cadre chronologique et contexte cul turelAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Amas de quartz, plateau des MinesM.Mestre, INRAP.

Migrationdes populations amérindiennesConception : G.Migeon, C.Coutet / Réalisation : F.Poncet

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36Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

La tradition arauquinoïde provient du bassin de l’Orénoque (moyen Orénoque et peut-être même, bas Orénoque). Elle se diffuse le long de ce fleuve et se propage dans les Antilles. Entre 500 et 1600 après J.-C., des cultures arauquinoïdes occupent également la côte occidentale des Guyanes, de l’est du Guyana à l’île de Cayenne, qui représente un point charnière entre les traditions polychrome et arauquinoïde (Rostain, 1994a, 1994b ; Rostain et Versteeg, 2004). Le style céramique de cette tradition comprend de nombreux décors plastiques (incisions, impressions, figurines modelées et appliquées). Dans les Guyanes, il existe peu de décors peints en polychromie : le rouge est prépondérant.

Les cultures arauquinoïdes constituent les premières sociétés agricoles complexes avec une spécialisation des activités, le développement des échanges et d’activités cérémonielles plus nombreuses. C’est à ces populations que peuvent être rattachés les champs surélevés (Rostain, 1994, 2008) que l’on peut voir tout le long de la côte occidentale de Guyane. Selon l’ethnologue P. Grenand, des groupes arawak venus de l’Amazonie et de l’Orénoque seraient arrivés en Guyane à cette période ; certains seraient restés sur place, d’autres auraient émigré vers les Antilles déjà peuplées. Puis, vers 900-1000 après J.-C., l’arrivée des Karib (dénommés ensuite Galibi, puis Kali’na) venus du bas Amazone aurait déstabilisé les populations installées en Guyane.La tradition koriabo est-elle liée à ces peuples ? Elle apparaît vers 1000 après J.-C. en premier lieu dans l’intérieur des Guyanes et, dans un second temps, sur les côtes, et semble s’éteindre avec la Conquête européenne. La tradition koriabo n’a pas encore pu être divisée en plusieurs cultures* mais sa vaste extension

géographique et chronologique tend à la faire considérer comme une tradition* à part entière. Son origine est en effet située au niveau des affluents septentrionaux du bas Amazone (Versteeg, 2003). Les sites les plus anciens connus datent des environs de 1000 après J.-C. et le Koriabo perdure sur le littoral des Guyanes à l'époque de la colonisation (au XVIIe, voire au XVIIIe siècle).

Cette tradition est reconnaissable par un style céramique bien particulier. Les décors koriabo font intervenir plusieurs techniques (incision, raclage, modelage, appliqué…) qui permettent l’élaboration de motifs curvilignes complexes associés à des éléments figuratifs modelés puis, appliqués sur la paroi des pots. Ces éléments sont le plus souvent des têtes de singes, de tortues, de jaguars ou de grenouilles ainsi que des représentations humaines. Les motifs curvilignes sont incisés avec un outil très fin. Ils peuvent également être effectués par raclage, c’est-à-dire à l’aide de l’extrémité d’un outil relativement large (fibre ou bambou).

En Guyane française, les sites identifiés comme koriabo sont encore rares. En revanche, les découvertes occasionnelles de poteries entières dans le cours des fleuves ont mis au jour un riche inventaire des formes typiques de cette tradition : pots toriques*, plats creux dit "floriformes" ou à bord polylobé, bouteilles sphériques, pots à carène basse, etc.

Céramique aristéCollection Musée A., Conseil

général de la Guyane.Photo J.-P. Courau

Céramique koriabo de l'Approuague Coll. P.G - SRA Guyane

Photo J.-P. CourauChronologie des traditions et cultures archéologiques en Guyane françaiseConception : C.Coutet / Réalisation : F.Poncet

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36Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel 37Contexte général

Cadre chronologique et contexte cul turelAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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38Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

le contact. En 1492, le continent américain est découvert par Christophe Colomb. En Guyane, les Européens (Amerigo Vespucci, Cabral, très certainement) touchent terre en 1500. Avec l’arrivée des Européens, les populations amérindiennes sont décimées au cours des affrontements, mais principalement à cause des maladies véhiculées par les Européens. Au XVIIe

siècle, certains groupes amérindiens se réfugient alors dans l’intérieur des terres, et la côte est de plus en plus désertée. Le choc de la Conquête va complètement bouleverser les sociétés amérindiennes, qui seront dominées par la force (armes, esclavage ou travail forcé), la technologie (haches de fer, objets), et la religion (christianisation forcée) européennes.

la densité de la population précolombienne de la Guyane. De nombreux sites archéologiques amérindiens ont été découverts en Guyane. Actuellement, la carte archéologique de la Guyane, en permanente évolution, dénombre plus de 500 sites précolombiens avérés (habitat, funéraire, polissoirs, roches gravées…).

En réalité, plus la recherche avance, plus les arguments en faveur d’une occupation amérindienne de tous les secteurs de la Guyane progressent.

On estime, en se fondant sur les secteurs prospectés simultanément de manière systématique, qu’il existe un site par km2, ce qui ne veut pas dire que tous les sites ont été occupés en même temps, mais que l’occupation amérindienne a touché quasiment l’ensemble du territoire guyanais, à un moment donné.

La zone côtière est mieux connue, car plus accessible que les zones de l’intérieur, mais à chaque opération de prospection en forêt, des sites sont repérés. Par exemple, pendant la construction du barrage de Petit-Saut, 273 sites amérindiens ont ainsi été mis au jour sur 310 km2, un chiffre certainement inférieur à l’occupation réelle ancienne de ce secteur.

Les hypothèses "hautes" pour l’occupation de l’Amazonie ancienne ont été corroborées par de nombreuses autres données archéologiques publiées ces quinze dernières années ; certaines sociétés anciennes, depuis le début de l’ère chrétienne, sont complexes, stratifiées, avec une population nombreuse établie sur de grandes surfaces.

Les chiffres communs de densité donnés par les archéologues vont entre 0,5 et 2 habitants au km² (en forêt), soit pour la Guyane française, à l’époque précolombienne, entre 40000 et 160000 habitants, mais les côtes, les bords des rivières sont potentiellement plus riches que l’intérieur.Hurault (1965), propose un autre mode de calcul avec une estimation de 70 habitants pour 1 km de rivière, ce qui donnerait pour les 2500 km de rivières guyanaises, un chiffre de 175000 habitants. Il faudrait aussi y rajouter les habitants des plaines côtières.Rostain (1991) avait estimé la densité de la population "arauquinoïde" liée aux sites entourés de champs surélevés de la bande littorale, entre 50 et 100 habitants par km², ce qui n’est pas invraisemblable, même si ces chiffres sont élevés en comparaison de ceux proposés en Amazonie. Porro (1981) avait proposé une densité de 5h/km2, Denevan (1976) de 14h/km², dans les zones de varzea* ou de terra preta*.

Il reste néanmoins, pour accepter ces densités, à prouver la contemporanéité de tous les établissements guyanais retrouvés et considérés dans les calculs pour atteindre une densité de 50, voire de 100 habitants au km², comme le propose Rostain pour la zone côtière. Ainsi, pour les 200 kilomètres de la côte occidentale de la Guyane, en prenant une largeur minimale de 2 kilomètres, nous aurions donc 400 km2 de côte X 50 ou X 100 habitants = 20000 à 40000 habitants, or la côte est bien plus large à certains endroits, et les chiffres pourraient être encore plus élevés.Cela ne paraît ni impossible, ni invraisemblable, mais seules des études approfondies des occupations successives bien datées de la plaine côtière, permettront de proposer des chiffres moins sujets à critique.

Pour conclure, on peut donc estimer raisonnablement, en prenant toutes les précautions d’usage, la population totale de la Guyane précolombienne (côte et intérieur) entre 40000 et 80000 habitants, voire plus, au moment du développement des sociétés du premier millénaire de notre ère et qui perdureront jusqu’à la Découverte qui entraînera un choc microbien énorme avant même la Conquête réalisée dans la deuxième moitié du XVIIe siècle.

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38Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel 39Contexte général

Cadre chronologique et contexte cul turelAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

SURINAM

BRÉSIL

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Cayenne

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St-Elie

Saül

1

2

3

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5

6

7

8

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11

1213

14

NOMS DES SITES

1 Plateau des Mines 2 Nouragues 3 Mont Grand Matoury 4 Yaou 5 Kormontibo 6 Abri Arca, Inselberg de la Trinité

0 50 km

7 Yawapa 8 Mamilihpann 9 Mitaraka10 Borne 111 Pic Coudreau12 Sparouine13 Serpent14 Saut Hermina

Sites archéologiques précolombiens repérés au 31/12/2009

Source : Carte archéologique de la Guyane - SRA DRAC Guyane / Réalisation : F.Poncet

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40Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

l’habitat ancien. Grâce aux recherches archéologiques, les sites privilégiés d’installation des Amérindiens ont été reconnus. Aujourd’hui, on peut dire que les Amérindiens anciens s’installaient particulièrement :

- Sur les collines de sable (cordons sableux) de toute la plaine côtière de Cayenne à Mana, plus ou moins parallèlement au rivage, et qui correspondent à d’anciennes lignes de côte. Des populations nombreuses y vivaient en villages, subsistant de la pêche, de la chasse et de la culture du manioc, et du maïs, dans les champs surélevés drainés artificiellement.

- Sur les petits plateaux élevés, les sites sont souvent dégagés de végétation et offrent une vue remarquable sur tout un secteur (par exemple le Mahury, le Mont Grand Matoury sur l’île de Cayenne, Yaou à Maripasoula, Pointe Maripa et Favard à Roura, Fortunat-Capiri à Régina). Sur certains sommets, des "montagnes couronnées" ont été construites : il s’agit de levées de terre surmontées d’une palissade en bois, faites par les hommes, pour se protéger des ennemis.

- Au pied ou dans les pentes des inselbergs aussi appelés "îles-montagnes", à cause de leur relief s’élevant au-dessus des forêts, vivaient aussi des groupes d’Amérindiens. De par leur position émergée, les inselbergs offraient une vue remarquablement propice pour se défendre et même pour s’installer, comme le montrent certains abris sous roche. En effet, ces abris sous roche, simples cavités ouvertes dans la paroi rocheuse, recèlent de nombreux vestiges archéologiques, comme des poteries ou des quartz taillés, témoins de l’occupation humaine. On y trouve aussi fréquemment des gravures, voire des peintures ou des alignements de pierres.

- Au bord des fleuves, ce sont des zones de vie par excellence, tout comme les rives hautes émergées même en période humide, qui étaient les lieux privilégiés d’installation des Amérindiens. Les roches des sauts, selon leur nature, ont été utilisées pour le polissage de la pierre (voir plus loin les polissoirs). Secteurs dangereux par nature, ils sont un lieu fréquent de découverte d’outils certainement perdus dans les naufrages des pirogues.

- Dans les zones interfluviales, des lieux également peuplés situés en pleine forêt où les archéologues ont beaucoup de difficultés à retrouver des traces d’anciens villages, en raison de la végétation.

Des témoignages de missionnaires et d’explorateurs nous aident à interpréter des vestiges d’habitat ou d’activités, souvent ténus.

La "montagne couronnée" : en 1766, l’explorateur Patris visite un site défensif construit par des Wayana, alors en guerre contre les Oyampi (ancien nom des Wayãpi), dans la région de l’Oyapock. Voici la description qu’il en donne : "Son village, établi au milieu d’ immenses défrichements, groupait 500 personnes. Il était fortement palissadé ; au centre s’ élevait une tour de guet de la hauteur des arbres" (Cité par Hurault, 1985).

Dans les années 1718 et 1719, le Père J. Chrétien décrit des carbets du début du XVIIIe siècle.

"Je vais vous introduire, mon très cher Père, dans une cabane indienne. Elle est composée de gros pieux de bois ou de fourches enfoncées en terre, sur lesquels, s’appuient de petites solives (poutres). Deux longues poutrelles servent d’appui au faîte. L’on y attache, dans le sens de la pente, des lattes qui descendent sur les petites solives. Sur ces lattes, les Indiens attachent habilement des feuilles de palmier qui constituent le toit de la case. Celle-ci est en rez-de-chaussée ou avec un étage où l’on grimpe par des échelles. L’ étage où elles conduisent à un plancher composé de lattes ou de petits troncs qui se fendent aisément. Ils les arrangent l’un contre l’autre avec des lianes : ces plantes, que Dieu a fait croître ici en abondance, remplacent pour les Indiens les cordages et les clous". (Chrétien, 1718-1719).

Village de bord de fleuveGravure de Riou, in Coudreau (1893)

Bib. A.A., Conseil général de la Guyane

Ensemble de carbetsGravure de Riou, in Coudreau (1893)

Bib. A.A., Conseil général de la Guyane

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40Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel 41Contexte général

Cadre chronologique et contexte cul turelAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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42Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

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42Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel 43Contexte général

Cadre chronologique et contexte cul turelAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Extrait de la Carte de la Guyane françoise, etc. Mentelle (1778)Archives Nationales de l'Outre-Mer, CAOM

Extrait de la carte Cours de la rivière d'Aprouague, etc.Dessingy (1763)

Archives Nationales de l'Outre-Mer, CAOM

Cet extrait permet d'apprécier l'une des meilleures productions cartographiques de son temps. Il nous situe entre 80 et 100 km de l'embouchure de l'Approuague. Les mentions concernant le

déplacement des indiens Nouragues de l'aval vers l'amont y sont particulièrement intéressantes.

Page 45: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

44Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel

la chasse, la pêche et la cueillette. Les Amérindiens, même pratiquant l’horticulture ou l’agriculture, ont continué jusqu’à nos jours à chasser, pêcher, cueillir fruits, baies, plantes culinaires, odoriférantes, médicinales ou autres. Pour pêcher, en dehors des nasses, des filets et des hameçons, une technique originale employée par les Amérindiens est celle de la "nivrée" qui consiste à empoisonner la rivière avec le suc d’une liane. Les poissons endormis sont alors ramassés sans grande difficulté.

Voici ce qu'en dit Biet en 1664 : "Les Sauvages de ces contrées n’ élèvent et ne nourrissent aucun animal domestique, ni des animaux à quatre pattes ni des oiseaux, si ce n’est quelques poules. Ils n’ élèvent aucune sorte d’animaux. La principale raison de cela est que la chasse leur fournit en abondance ce qui leur est nécessaire pour la vie… Ils ne se servent que de l’arc et de la flèche pour la chasse, soit pour les bêtes à quatre pattes, soit pour les oiseaux… Ils ont aussi des chiens qu’ ils instruisent fort bien pour acculer les pécaris. Ils ne se servent pas de pièges, mais ils savent fort bien se mettre à l’affût pour attendre le gibier. Ils se servent aussi de la flèche pour la pêche ; ils voient clair dans l’eau ; ils découvrent un poisson de loin dans la mer, et, aussitôt qu’ ils l’ont vu, ils sont assurés de l’avoir… Ils vont quelquefois bien loin pour pêcher, mais c’est quand ils veulent faire une nivrée dans une rivière, ou quelque étang de mer : ils ont une espèce de racine qu’ ils écrasent ; cette racine donne du jus, qui se répand dans la rivière ; le poisson vient à la surface de l’eau comme s’ il était ivre. Ils le prennent à la main, et en remplissent leurs canots". (Biet, 1664).

La forêt guyanaise longtemps perçue comme "vierge" par le regard européen est en fait parcourue par l’homme depuis plus de 8000 ans. Pour les Amérindiens, elle n’est pas un monde hostile, c’est leur univers habituel, un univers qu’ils ont appris à connaître, par expériences successives, par apprentissage : pierres, espèces végétales et animales, vents, pluies, odeurs, sons... Les rivières et la côte font partie de l’univers mental et quotidien des Amérindiens. La forêt, les rivières et la mer fournissent les produits et la nourriture des populations amérindiennes. La chasse est une activité réservée aux hommes tout comme la pêche. La cueillette quant à elle est réalisée par les hommes et les femmes, parfois à l’occasion d’autres activités (retour de la chasse…).

Les armes de chasse étaient et demeurent en partie variées et adaptées aux espèces chassées : sarbacane, arc, propulseur, pieu en bois. Les armatures de flèches ou de lances étaient rarement en pierre, plutôt en bambou, os d’animal, bois dur…

l'agriculture. "Leurs femmes vaquent à la culture des champs, sèment leur maïs, et plantent des patates douces et du manioc, etc…" (Coréal, 1722).

Les cultures étaient différemment organisées en fonction de l’environnement : le long des fleuves, sur les berges non inondables, ils cultivaient le manioc, le maïs, le coton, la patate douce… dans de petits abattis ou jardins situés autour de leurs maisons (certains chercheurs appellent cette forme de culture l’horticulture).

La majorité du territoire de la Guyane a été "gérée de manière raisonnée" par les Amérindiens, grâce à leur expérience millénaire et leur connaissance très précise et détaillée de leur environnement. Autrement dit, ils savaient où trouver le bois particulier nécessaire à la fabrication des pirogues, où étaient localisées les plantes médicinales, hallucinogènes, ou bien les abeilles produisant le miel, etc. Ils ont ainsi préservé volontairement certains secteurs des incendies causés par l’agriculture sur brûlis, pour en conserver la richesse et la diversité floristique (exemple : plantes rares).

A une échelle plus large, on observe que les indiens d'Amazonie, par leur faible densité relative, ont touché de manière marginale leur forêt en la traitant comme leur jardin. En revanche, ceux du Mexique (Toltèques, Aztèques) ou ceux des basses terres mayas ont pratiqué des déforestations à grande échelle, et ont fini par épuiser une grande partie des sols…

Pêche à la nivréeGravure de MD, in Crevaux (1883)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

A l'affut dans un arbreGravure de Riou, in Coudreau (1893)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

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44Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralCadre chronologique et contexte cul turel 45Contexte général

Cadre chronologique et contexte cul turelAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

LES AMÉRINDIENSDE GUYANE de la découverte à aujourd'hui

Pierre Grenanddirecteur de recherche émérite à l'iRd

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46Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle 47Contexte général

évolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

de la difficulté à fusionner archéologie, archives et histoire orale. Bien que la prospection archéologique dans les zones humides équatoriales, soumise à des facteurs limitants particulièrement drastiques, ne nous permette pas encore d’avoir une bonne vision d’ensemble du peuplement ancien de l’Amazonie, nous savons avec certitude que depuis au moins 10000 ans, des hommes ont parcouru et habité ces espaces, laissant d’innombrables mais ténus témoignages archéologiques.

L’histoire des populations amérindiennes avant l’arrivée des Européens ne peut être que conjecturale, puisqu’elle repose presque uniquement sur les découvertes archéologiques que l’on peut cependant parfois faire vivre à travers les récits mythiques, renvoyant aux temps historiques les plus anciens des ancêtres primordiaux des ethnies contemporaines.

Ne nous abusons pas, nous sommes là dans le domaine de l’idéalisation. Il ne peut y avoir, il n’y aura jamais fusion entre les travaux des ethnologues post-contacts et ceux des archéologues pré-contacts. On ne fera jamais que des comparaisons entre l’avant et l’après, les archéologues accablés par le mutisme de leurs sites et souhaitant les faire parler, les ethnologues reconstituant aux sociétés qu’ils côtoient des passés brillants qu’elles rêvent de faire revivre. Après 1500 seulement, tout devient possible. Les traces humaines peuvent être corrélées à d’autres sources, les sites peuvent enfin vivre à travers l’oralité (Jérémie, 2000).

Les recherches historiques autour des sociétés indigènes, développées dans la région des Guyanes depuis une cinquantaine d’années, s’appuient autant sur une lecture critique des documents d’archives que sur un long travail de terrain concernant, selon l’expression de Jean Chapuis (2007) "l’autohistoire" des peuples de la région.

À chaque histoire, sa mémoire, son rythme, ses porteurs de savoir et ses valeurs. Le croisement des autohistoires indigènes entre elles reste largement à faire. Celui de ces dernières avec les témoignages occidentaux est de son côté largement avancé. Il ne faut cependant jamais perdre de vue que la temporalité des histoires indigènes est bien sûr totalement différente de celle des Européens. C’est pourtant de la comparaison de l’autohistoire

autochtone avec les matériaux occidentaux que peut être dégagée l’histoire des peuples amérindiens des Guyanes, sans les priver pour autant de leurs caractères intrinsèques : l’une confirmera, précisera ou dévoilera une part de ce que l’autre ne sait pas ou a choisi d’oublier. L’archéologie et la linguistique, si on les utilise dans un cadre comparatif, occupent une position d’arbitres, permettant de mieux préciser des aires culturelles, des situations de contact et tout particulièrement la nature réelle du peuplement.

L’histoire des peuples amérindiens de Guyane, c’est aussi celle de leur découverte – très progressive – par les Européens ; c’est par là même l’histoire de leur transformation. Néanmoins, les lieux de mouillage des bateaux, les voies d’échange que les Européens utilisèrent à leur profit, existaient bien avant leur arrivée. En dehors d’observations éparses concernant la côte des Guyanes, la documentation écrite dont nous disposons ne débute véritablement qu’à la toute fin du XVIe siècle, soit plus de cent ans après l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique. Jusqu’au XVIIIe siècle, l’historien des sociétés amérindiennes doit se contenter, en dehors de rares textes remarquables, de documents pauvres, imprécis et ethnocentriques* (la plupart des observateurs ne comprenant rien aux sociétés rencontrées), alors que les autres Amériques avaient déjà vu couler beaucoup d’encre ; de surcroît nombre de documents ont disparu ou du moins n'ont pas été retrouvés.

Dans cette ambiance de famine intellectuelle, les traditions orales constituent une véritable embellie puisque qu’elles nous proposent une organisation du passé le plus reculé totalement différente de ce qui a pu être observé au cours des 150 dernières années. Ces témoignages demeurent délicats à décrypter car du point de vue indigène, mythe et histoire ne peuvent être séparés au-delà de six générations. Mais ces témoignages n’en restent pas moins primordiaux. Ils offrent une vue de l’intérieur de l’organisation sociopolitique complexe des sociétés anciennes, des rituels infiniment plus riches que ceux d’aujourd’hui, un foisonnement d’ethnies et de sous-groupes en contact permanent, une capacité à se mouvoir sur des distances énormes à travers le massif forestier, toutes choses ayant sombré corps et biens.

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

de la démographie et de l’occupation territoriale. Il est aujourd’hui difficile d’évaluer la démographie des indigènes vivant en Guyane à l’arrivée des Européens ; les comptages d’hommes portant flèches ne commencent qu’à la fin du XVIIe

siècle et seulement sur la moitié septentrionale du territoire ; les recensements n’apparaîtront qu’au siècle suivant, à une période où les processus d’extinction étaient déjà bien avancés (Hurault, 1965a ; 1965b ; 1966). L’occupation territoriale, quant à elle, est plus aisée à définir par le croisement répété des archives, de l’archéologie, de la toponymie et, encore et toujours, des traditions orales.

Ainsi que l'a avancé Gallois (1986), la zone des Guyanes peut être caractérisée comme une région refuge marquée par l'importance des mouvements migratoires et des processus de fusion ayant abouti à la configuration ethnique actuelle. Cette région est à la conjonction de trois pouvoirs coloniaux : le sud de mouvance portugaise, le nord et le nord-ouest de mouvance anglo-hollandaise, tandis que l'est-nord-est fut soumis majoritairement à l'influence française (Hurault, 1970 ; Schoepf, 1972) ; l’Espagne fut un acteur premier mais mineur dans l’histoire postérieure, en dehors bien sûr de l’actuelle Guyane vénézuelienne. Très tôt aussi a été perçue la partition entre les groupes de l’intérieur ou Indiens des terres, sans contact ou presque avec les Occidentaux, et ceux de la côte relativement moins mobiles et dont des peuples importants comme les Kali’na, les Arawak et les Palikur, sous leur configuration ancienne, sont parfaitement connus dès le XVIe siècle.

Les unités villageoises étaient variables en taille et leur mobilité (le terme nomadisme est inapplicable quand on parle de peuples agricoles) fut une constante, à l’exception des communautés savanicoles*, franchement plus sédentaires. Même si les archéologues ont trouvé des sites côtiers ayant sans doute compté plusieurs centaines de personnes voire plus (Versteeg, 1985 ; Rostain, 1994a), il est probable qu’une moyenne de 60 habitants par village – en dehors de rassemblements temporaires – corresponde à la réalité historique, ainsi que l'indique Barrère (1743). En forêt, la dispersion de l’habitat, tant au bord des cours d'eau que dans les interfluves, était associée à la nécessité de se procurer des protéines animales en abondance plus qu’à l’épuisement des terroirs agricoles, quasi illimités. Dans les savanes inondées, c’est a contrario l’exiguïté des terres émergées qui impliquait une sédentarité relative, les protéines (essentiellement tirées des ressources halieutiques* et des tortues) se renouvelant sans encombre. Ces adaptations, indépendantes des systèmes sociaux, étaient essentiellement opportunistes et l'histoire nous montre que des sociétés amérindiennes ont pu passer de l'une à l'autre sans trop coup férir (Grenand & Grenand, 1987 ; Grenand, 2006). S’il est vrai que les communautés de la forêt connaissaient une vie plus agréable que celles des marais, l’accès de ces dernières à une alimentation abondante et variée était infiniment plus aisé. Précisons enfin que les Amérindiens des marais n’étaient en aucun cas des marins, contrairement aux Kali’na avec lesquels ils ne peuvent être confondus. Seuls les Arua et les Maraon réfugiés des bouches de l’Amazone possédaient également une maîtrise réelle de la navigation en mer. Quand aux Amérindiens de l’intérieur, les témoignages anciens les montrent nettement plus pédestres que navigateurs d’eau douce.

Si la cueillette, la chasse et/ou la pêche étaient des activités essentielles pour tous les Amérindiens de la région, on ne soulignera jamais assez l’importance de l’agriculture, sur brûlis en forêt et sur buttes dans les savanes côtières – cette dernière disparue précocement – (Rostain, 2008), fondée avant tout sur le manioc amer qui fournit encore aujourd’hui le pain (cassave), la semoule (couac), la boisson (cachiri, chibé) et le condiment (couabio) aux habitants contemporains de la région. Par le stockage naturel des tubercules dans le sol de l’abattis, cette plante constitue la vertèbre des économies de subsistance amazoniennes, car elle libère un temps considérable pour d’autres activités.

Plusieurs témoignages parlant du Mahury, du bas Oyapock et du nord de l’Amapá actuel (au sujet des Maye et des Palikur) nous permettent d’avancer que les Amérindiens des terres basses vivaient dans de grandes maisons collectives sur pilotis (Forest, 1914 ; Van den Bel, 2009). Les activités cérémonielles se déroulaient le plus souvent en plein air, comme en atteste aujourd’hui la tradition orale palikur. En revanche, les communautés de la forêt étaient constituées d’un certain nombre de cases familiales encerclant une grande case collective (appelée généralement le carbet dans les textes anciens) destinée aux hommes, aux voyageurs et aux activités cérémonielles. Des sites fortifiés, telles les montagnes couronnées, ont aussi été signalés tant dans les hautes terres qu’à proximité des basses terres (Mazière & Mazière, 1997).

La faiblesse démographique des unités résidentielles était compensée par le fait que les communautés étaient nombreuses et jamais bien éloignées les unes des autres, le plus souvent installées à proximité d’un cours d’eau, navigable ou non. C’est donc bien l’ensemble du territoire des Guyanes qui était occupé, image totalement imperceptible pour un observateur contemporain face au vert sidéral de la forêt.

Quand les premiers contacts avec les Blancs se produisirent, les pénétrations espagnole à l’est et portugaise au sud avaient déjà indirectement bouleversé la carte ethnique par les mouvements migratoires qu’elles déterminèrent ainsi que par une drastique baisse démographique proportionnée par la nouveauté meurtrière des épidémies (Grenand & Grenand, 1997). Les voyageurs ont noté l'importance du peuplement des Guyanes, tant sur la côte qu'à l'intérieur (Keymis, [1596] 1922 ; Harcourt, [1613] 1926). Il y aurait eu sur le territoire de la seule Guyane française, au moment du contact, une trentaine de tribus (cf. infra) correspondant à une population d’environ trente mille personnes (Hurault, 1966). Les peuples côtiers semblent avoir été plus nombreux – de nombreux biais empêchant cependant de confirmer cette hypothèse – puisque vers 1600 les Kali'na étaient évalués à 5500 individus et les Palikur à 4000 (Grenand & Grenand, 1985). Au milieu du XVIIe siècle, pour la région comprise entre la Comté et l’Oyapock, nous risquerons avec prudence un chiffre de 3000 personnes, les 600 Nouragues évalués par les Pères Grillet et Béchamel (Grillet, 1716) formant la plus grande ethnie de la région. Les peuples plus méridionaux, du Tapanahoni à l’Araguari, ne sont alors que vaguement connus et ne peuvent être sérieusement évalués, sinon qu’ils sont sans erreur possible plusieurs milliers au regard des évidences archéologiques.

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle 49Contexte général

évolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

On sait aujourd’hui que les maladies importées, pour lesquelles les Amérindiens n’avaient pas de résistance, furent responsables en grande partie de cette disparition (Hurault, 1972). Au XVIIIe siècle, la décroissance démographique greva si largement la vie des Amérindiens qu’elle entraîna de leur part des attitudes souvent répétées dans le temps : citons les attitudes suicidaires, voire le suicide lui-même, l’atomisation en petits groupes, l’isolement, la fuite devant les maladies dont ils avaient compris qu’elles étaient consubstantielles de la pénétration des Européens. Cette attitude salutaire fut aussi pro parte à l’origine des mouvements formateurs des peuples indigènes contemporains.

Village Emérillon du chef Edouard, source de l'Inini. Gravure de Riou, in Coudreau (1893)

Bib. A. Franconie, Conseil général de la Guyane

Au XIXe siècle, de nombreuses communautés sont encore installée au coeur de la forêt,

loin des grands cours d'eau.

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50Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Carte de la Guïane françoise...D’Anville (1729)

SRA Guyane

Cette carte, plutôt fiable, rassemble des données géographiques collectées depuis le dernier quart du XVIIe siècle. Un peu plus tard, les travaux de Dessingy (1763) puis Mentelle (1778)

apporteront un autre niveau de détails et de fiabilité à la cartographie guyanaise, y compris pour les territoires d’Approuague et d’Oyapock. Avec ces auteurs, on est loin des productions

fantaisistes qui sont parfois encore proposées à la fin du XIXe siècle.

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle 51Contexte général

évolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Populations amérindiennessur l'Approuague et l'Oyapockau XVIIe siècleConception P.Grenand / Réalisation : F.Poncet

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Clans, nations, tribus, groupes ? Les sources anciennes nous livrent un nombre pléthorique de noms d’ethnies : pas moins de 74 ethnonymes pour l’actuel territoire de la Guyane Française et le Contesté (partie de l’actuel Etat d’Amapá). Si l’on se réfère à l’autohistoire contemporaine, on dépasse allègrement la centaine, après équivalences linguistiques établies. Les études historiques (Grenand P., 1982 ; Tilkin-Gallois, 1986, 1994 ; Grenand F. & Grenand P., 1987 ; Grenand P. & Grenand F., 1997 ; Collomb, 2000 ; Chapuis, 2003, 2007) montrent cependant que plusieurs noms associés à des groupes identifiés avec certitude ne sont peut-être que des sous-groupes, clans ou même blasons, appliqués localement par d’autres ethnies.

Les recherches ethnohistoriques contemporaines, tout autant que les textes d’archives, indiquent en outre que des liens puissants existaient entre ces groupes, tant au niveau cérémoniel qu’économique, et que – surtout dans la zone côtière – des personnages de premier plan pouvaient avoir autorité sur plusieurs centaines de kilomètres carrés. Les relations intertribales étaient régulées par des alliances commerciales ou guerrières fluctuantes et rythmées par des fêtes réunissant plusieurs communautés (Dreyfus, 1992). On peut considérer qu’il existait deux réseaux relationnels par exemple dans l’est de la Guyane qui nous concerne plus particulièrement : l’un côtier allant de l’île de Cayenne au sud de l’Amapá, l’autre plus intérieur, allant de la Comté à l’Oyapock et au haut Camopi.Ces deux réseaux entretenaient à leur tour des relations, souvent hostiles pour le premier, plus commerciales pour le second, avec les diverses composantes des Kali’na qui dominaient la moitié occidentale du littoral guyanais, de Cayenne à l’Orénoque. Les guerres intertribales étaient fréquentes, au moins jusqu’au début du XVIIIe siècle pour la zone côtière (Vidal, 2001), jusque vers 1850 pour l’intérieur, se soldant par quelques escarmouches, leur but essentiel, au-delà de motifs de vengeance formelle, étant le rapt de femmes. Néanmoins les autochtones cherchèrent dans un premier temps à s’allier aux Européens pour profiter de leurs armes à feu, ce qui aboutit parfois à des massacres dont quelques-uns ont été documentés (Forest, 1914).

Ces évidences tirées des archives ne nous éclairent que piètrement sur la réalité primordiale des entités sociales ainsi que sur leur fonctionnement et leur dynamique. Il est maintenant admis que les Wayana, les Wayãpi, les Teko, les

Palikur, les Kali’na forment un ensemble composite, certains groupes formateurs en cours de fusion apparaissant déjà dans les sources anciennes : mais comment caractériser ces groupes et "selon quelles modalités se sont réalisées ces accrétions ?" (Chapuis, 2007).

Selon une position théorique qui n’est pas partagée par l’ensemble des chercheurs, Jean Chapuis (ibid.) a choisi après Grenand (1982) de nommer clans les groupes anciens, "souvent désignés comme groupes formateurs par les guyanistes et envisagés comme les formations sociales originelles par les Amérindiens eux-mêmes". Les clans, nommés nations par les observateurs de l’époque, participaient d’un système social reconnu par tout ceux, alliés ou ennemis, qui s’y trouvaient dans le cadre de situations conjoncturelles, l’appartenance à des familles linguistiques différentes ne semblant pas constituer un barrage rédhibitoire et les aires géographiques concernées pouvant être immenses. Les termes de coalition, fédération, conglomérat, ou encore proto-ethnie ont été employés par les observateurs extérieurs, parfois très tôt pour les deux premiers, les seconds étant des productions anthropologiques, mais tous doivent être considérés comme des traductions de réalités étrangères à notre éthos social. Ces formations subiront de nombreux avatars et leur forme aboutie, inscrite dans la géographie actuelle, sera baptisée ethnie par les anthropologues contemporains. Le terme clan renvoie donc à des groupes dont l’existence ne peut être que déduite, mais dont on peut postuler qu’ils étaient présents lors du Contact (Chapuis & Rivière, 2003), tandis qu’ethnie fait référence aux ensembles nommés et pleinement vécus par les Amérindiens du XIXe au XXIe siècle.

Dans le monde ancien, celui qui nous est rapporté par l’oralité amérindienne, ennemis et alliés peuvent changer de statut selon le conflit en jeu, ainsi que le confirme les récits des actuels détenteurs de la tradition orale. Toutes ces traditions, collectées indépendamment, témoignent d’un morcellement en groupes locaux mus par des alliances à la fois conjoncturelles et structurelles qui, de par leur mobilité, ouvrent cependant la voie aux regroupements postérieurs, largement induits, cette fois, par le Contact, tantôt brutal, tantôt progressif, avec le monde occidental. L’accouchement d’une société se fait généralement dans la douleur, celle des Amérindiens de Guyane en est une illustration parmi bien d’autres.

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle 53Contexte général

évolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Aquoqua, PalikourGravure de Mathey, in Barrère (1743)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

Les parures et les peintures corporelles ont joué et jouent parfois encore un rôle important de marqueurs

identitaires chez les Amérindiens des Guyaneset d'Amazonie

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

le temps de la coalescence*. En ce qui concerne le découpage dans le temps, on peut distinguer trois grandes périodes (Grenand, 1979 ; Chapuis, 2007) : celle des clans jusqu'au XVIIIe siècle, celle des proto-ethnies ensuite, suivie, à partir du XXe, par celle des ethnies.

En fait, l'histoire régionale est avant tout l'œuvre des Amérindiens, basée non seulement sur leurs besoins et leurs actes, mais aussi sur leurs propres conceptions du monde : le totémisme, présent dans les mythes, a joué pour toutes les ethnies de la région un rôle essentiel dans l’émergence des peuples contemporains. Contrairement à ce qui s'est passé sur la côte, il n'y eut pas ou peu de coercition exercée avant le XXe

siècle sur les habitants indigènes de l'intérieur, ce qui confère un pattern profondément différent à des peuples actuels comme les Wayãpi ou les Wayana d’une part et les Kali’na d’autre part. On peut considérer que les sociétés que tous élaborèrent à la suite du contact sont en grande partie le produit de la métabolisation par leurs cultures de cette révolution profonde qu'apportèrent les instruments métalliques occidentaux fournis en faible quantité et selon des réseaux privilégiés sur fond de débâcle démographique (Grenand & Grenand, 1997).

La nécessité nouvelle de commercer avec les Européens ou leurs intermédiaires, avant tout déterminée par l’efficacité des outils en fer, allait grandement favoriser la coalescence de groupes entiers, accélérant la formation des proto-ethnies puis des ethnies contemporaines. Si les Amérindiens sont longtemps restés indifférents, voire réfractaires, aux valeurs et aux systèmes sociaux de l’Occident, ce dont témoignent les déboires des Jésuites, il n’en fut pas de même à l'égard de notre civilisation matérielle qui avait tout pour séduire. Ainsi la pénétration de ces territoires, induisant la diffusion des objets

métalliques, provoqua une véritable révolution technologique, entraînant des changements essentiels en termes d’exploitation et de gestion des ressources naturelles, induisant la création de nouveaux circuits commerciaux et de déplacements de communautés entières. L’introduction récente des subsides sociaux, distribués en des points déterminés, offre assez bien (certes dans des conditions matérielles différentes) une reconstitution des effets destructeurs de l’apparition de cette nouvelle manne à laquelle s’ajoutaient les perles de verre et l’alcool sous forme de lubrifiant social.

La possession d’une partie de cette technologie, en introduisant de nouveaux rapports humains dont l’étalon était les relations commerciales entre Blancs et Amérindiens, fut source de dépendance à tous les niveaux, l’abondance apparente créant une illusion quant à la facilité de l’acquisition. Les contacts avec les Européens favorisaient certaines familles et certains leaders qui se trouvaient ainsi en position d’absorber les groupes, clans ou déjà communautés mixtes les plus faibles.

L’intégration d’étrangers et la fusion des groupes a été en grande partie permise par le système sans aucun doute ancien de l’affidé (peito en wayana, poito en kali’na, lemingway en wayãpi) qui constituait pour des communautés par ailleurs largement endogames* (surtout dans l’intérieur), une technique d’alliance asymétrique, d’absorption d’individus et au final de domination. Le peito, c’est le gendre, mais aussi le prisonnier, le vassal, ou encore celui qui suit un chef à la guerre. Aujourd’hui, le terme peut s’appliquer à un employé quelconque. Elle a aussi été permise par le système – égalitaire cette fois-ci – de "l'ami électif " (yepe, pawana selon les langues), moteur très effectif de l’alliance pacifique, de l’adoption et du troc de savoirs et de biens matériels.

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle 55Contexte général

évolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

l’émergence des ethnies contemporaines. Le rapport de force direct est majoritairement exclu du contexte colonial français en Guyane : en dehors de quelques "bavures" qui peuvent être parfaitement documentées (Brétigny, Les Seigneurs Associés, Férolles…), la domination des Amérindiens de cette région s’est faite sous influence, séduction, appât, tromperie mais la contrainte brutale fut rarement au rendez-vous.

Les ethnies contemporaines sont, nous l’avons vu, le produit d’un va-et-vient d’alliance et d’hostilité où partenaires indigènes et européens ont joués leur partition, les rapports de force ayant considérablement varié selon les circonstances. Seules la puissance économique et l’importance démographique croissantes des seconds emporta au final la décision.Les six ethnies amérindiennes de Guyane sont en place depuis la fin du XIXe siècle. Si de nombreux peuples ou sous-groupes ont bel et bien disparu, nombre d’entre eux se sont intégrés dans des nations préexistantes, d’autres ont formé des entités nouvelles. Par ailleurs le pouvoir européen a largement permis, soit directement en particulier à travers les missions religieuses, soit indirectement par la reconnaissance de groupes prééminents, la formation des ethnies contemporaines. L’examen rapide que nous proposons s’appuie sur la dynamique formative des peuples amérindiens contemporains pour mieux faire comprendre leur place sur l’échiquier guyanais.Dès le XVIe siècle, les trois peuples côtiers de la Guyane française étaient déjà connus par les Européens sous leurs noms actuels ; ceci énoncé, ils sont aussi différents de leurs ancêtres éponymes qu’un Français contemporain l’est de son aïeul ayant vécu sous le règne du bon roi Henri.

Les Kali’na, longtemps appelés Galibi en Guyane française et Carib dans les deux autres Guyanes et au Venézuela (40000 au total, dont 3000 en Guyane française), constituent la nation indigène la plus fédérative des Guyanes, répartie en peuplement aujourd’hui intercalaire du Venézuela à l’Amapá. Très tôt confrontés aux Européens, ils ont fonctionné de façon phagocytaire, digérant leurs éléments constituants jusqu’à leur réalité moderne ; pour preuve la faible trace des éléments constitutifs anciens dans leur tradition orale. Cette capacité à dominer, en dépit du poids de la colonisation, se traduit aujourd’hui par leur rôle dans l’émergence contemporaine d’un activisme panindien prééminent (Collomb, 2000).

Les Arawak ou Lokono contemporains (25000 au total, dont 1500 en Guyane française) sont issus d’un profond métissage avec les éléments de la société coloniale qu’ils fréquentent depuis au moins trois siècles. Comme les Kali’na, ils ont aussi participé de la formation de quatre États-nation. Depuis une

quarantaine d’années au Guyana et depuis quinze ans en Guyane française, ils ont entrepris une reconquête identitaire, motivée par une paupérisation croissante ; à la différence des Kali’na, cette reconquête s’apparente surtout à une reconstruction identitaire, le support linguistique originel ayant largement disparu.

Les Palikur (3000 personnes réparties entre la Guyane française et l’extrême nord de l’Amapá au Brésil) constituent un cas particulier puisque leur système social clanique est sans doute le plus ouvert, permettant l’intégration de groupes extérieurs sans pour autant les digérer (à l’exception cependant de clans à la démographie devenue trop exsangue). Même les métissages avec les éléments non amérindiens font l’objet d’une catégorie clanique particulière. Ils sont d’ailleurs bien les seuls à maintenir l’idée de nation telle qu’elle était évoquée par les auteurs anciens (Grenand & Grenand, 1987 ; Passes, 2004 ; Capiberibe, 2007). Ce peuple tente aujourd’hui un retour sur soi dans le contexte élargi de l’affirmation des peuples autochtones en Guyane.

Les trois autres peuples indigènes de Guyane (4000 personnes au total dont 2500 en Guyane française) relèvent pleinement du phénomène de coalescence évoqué précédemment, qu’il s’agisse des Teko longtemps appelés Emerillons, des Wayãpi (Oyampi) ou des Wayana (Roucouyennes) ; les deux premiers sont de langue tupi-guarani, les seconds sont de langue karib, auxquels il convient d’ajouter les Tiriyo et les Apalai de Surinam et du Brésil (non comptés ici). Ces peuples contemporains sont issus de mouvements migratoires, de coalescence fondée sur des alliances familiales, mais aussi de leur reconnaissance par les différentes puissances coloniales présentes dans la région. La fixation des frontières étatiques fut aussi un facteur déterminant dans leur identification finale. La réalité culturelle contemporaine est plus nuancée ; ces sociétés transcendent les frontières et, fait étonnant pour un observateur occidental, ces peuples présentent en commun de nombreux ancêtres, de nombreux éléments de leur culture, et de nombreux gènes (Salzano et al., 1988 ; Dugoujon et al.,1994 ; Mazières et al., 2006). Et ce n’est pas fini, la mobilité continuant de défier les frontières et les enfermements identitaires.

Au final la vieille opposition entre sociétés de la côte et sociétés de l’hinterland guyanais a bien survécu jusqu’à nos jours, les originalités culturelles des deux ensembles persistant, même si leurs liens avec le passé sont fortement distendus. Pour le reste, la mondialisation fait et fera de plus en plus la différence à l’échelle des individualités, même si un style guyanais peut aujourd’hui être distingué.

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle

Vers une indianité à la guyanaise ? En Guyane française, du début du XXe siècle jusque vers les années 1970, les Amérindiens, comme d’ailleurs les Noirs Marrons, ont longtemps été considérés comme formant des ensembles culturels évanescents, ne participant plus pour les premiers et de façon très secondaire pour les seconds à la vie politique et économique de la région. À la période moderne, l’appellation de Guyanais ne les a jamais englobés, ce terme étant résolument réservé aux Créoles.

Depuis la fin des années soixante, Amérindiens et Noirs Marrons connaissent un essor démographique constant, puisque les premiers sont actuellement (en Guyane française) plus de 7000 et les seconds 17 000. De plus, ces populations (au moins les Kalin’a, les Palikur et les Noirs Marrons) ont amorcé une nette occupation des bourgs côtiers, participants de la formation de quartiers pauvres, en compagnie d’émigrés venus du Brésil, d’Haïti et du Surinam. Pourtant la majorité des Amérindiens vit en contexte rural et au moins 15 % d’entre eux vivent encore loin du monde moderne.

De fait, l’isolement des peuples amérindiens a été bouleversé par le processus de francisation qui les atteint, pour des raisons essentiellement électoralistes, à partir de 1969. Cette évolution, rendue possible par la départementalisation de la Guyane en 1948, les avait dans un premier temps ignorés. Ce qui devait être une intégration à la République Française par l’école, l’accès à la santé, les droits des citoyens, s’est vite avéré être le plus souvent incompatible avec leurs systèmes sociaux, leur organisation du travail et leurs valeurs philosophiques.

D’où l’émergence, au début des années 1980, de mouvements autochtones avec leur cortège de revendications territoriales, de reconnaissance d’un statut spécifique pour les personnes… Depuis quinze ans, l’union des peuples indigènes s’est renforcée à l’échelle amazonienne, mais les résultats concrets peinent, s’essoufflent, relayés par des actions plus concrètes régionalement.

En Guyane française, en dépit de quelques avancées légales, le débat reste d’autant plus entier qu’il est concurrencé par des revendications autonomistes à l’échelle de la région et que la délicate question de l’immigration est venue se surimposer à l’ensemble, créant des tensions de toutes sortes souvent bien délicates à interpréter localement.

Une évidence surnage de ce bouillon des cultures : les Amérindiens sont devenus des acteurs réels de la politique et de la culture guyanaises. Aujourd’hui, ils participent d’une Guyane qui est plus que jamais une véritable mosaïque de langues, de religions, de couleurs de peau, de cuisines, d’adaptation à l’environnement… Mais cette mosaïque demeure malheureusement une juxtaposition de communautés cloisonnées qui, malgré les indispensables interactions économiques, restent trop étrangères les unes aux autres. Pour compliquer le tout, les sociétés amérindiennes continuent de transcender les frontières, refusant de renoncer à cette réalité vitale, la mobilité permanente.

Les Amérindiens évoluent désormais au milieu de toutes les autres composantes de la société subissant le choc de la modernité, sollicités par le développement durable et l’écologisme, oscillant entre revivalisme culturel et intégration.

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Contexte généralévolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècle 57Contexte général

évolut ion des peuples du Xvi ème au XX ème s iècleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

LOKONO

LOKONO

KALI’NA

KALI’NA

KALI’NA

KALI’NA

WAYANA

WAYANA

TEKO

TEKOTEKO

WAYÃPI

WAYÃPI

PALIKUR

PALIKUR

PALIKUR

PALIKUR

PALIKUR

PALIKUR

IracouboSt Laurent Mana

Maripasoula

Camopi

St Georges

Kourou

Cayenne

SURINAM

BRÉSIL

Approuague

Comté

Kourou

Sinnamary

Oyapo

k

Cam

opiTam

pokM

ana

Mana

Irac

oubo

Mar

oni

La L

itany

Wanapi

LÉGENDEFamil les l inguist iqueset langues

ARAWAK Lokono (Arawak) Pal ikur

CARIBE Kal i ’na (Gal ibi ) Wayana Aparaï

TUPI Teko (Éméri l lon) Wayãpi

OcéanAtlant ique

0 50 km

Populations amérindiennes actuellesen Guyane Conception : P.Grenand / Réalisation : F.Poncet

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58Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Bois, fibres, feuilles, écorces, plumes...

une culture matérielle végétale

damien davyEthnologue,

ingénieur de Recherche à l’observatoire hommes/Milieux"Oyapock un fleuve en Partage"

CnRs Cayenne

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale 59Contexte général

Bois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétaleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

L’archéologie est un outil formidable qui nous permet de mieux connaître les peuples et les cultures qui nous ont précédés. Mais cette science est dépendante des artefacts et des traces qu’elle peut collecter. Que ce soit des outils en os, en pierre, des céramiques, des traces de feu, de poteaux, tous ces indices aident les archéologues dans leur étude des sociétés anciennes. Mais la société matérielle de nombreux peuples, et tout particulièrement ceux d’Amazonie, se compose essentiellement d’objets et d’outils confectionnés en matériaux périssables (bois, écorce, fibres, feuilles…). Et comme leur nom l’indique, ils se décomposent rapidement sauf dans les milieux anaérobies (fonds des cours d’eau) ou encore secs, qu’ils soient froids ou chauds. Ainsi, l’inconvénient majeur de l’archéologie en milieu tropical humide, est cette fugacité de conservation des artefacts. De manière complémentaire, l’ethnologie permet d’apporter des données sur la société matérielle des peuples amazoniens contemporains. Ces deux sciences couplées peuvent ainsi essayer de reconstituer les cultures du passé. Bien sur, les sociétés d’hier ne sont pas identiques à celles d’aujourd’hui néanmoins l’ethnologie permet de collecter des données de références qui aident les archéologues à mieux décrire et imaginer la culture matérielle de ces peuples disparus.

Nous proposons ici de faire une visite des habitations wayãpi (peuple de langue tupi-guarani vivant sur le bord du moyen et haut Oyapock, en Guyane française) afin de décrire et d’expliquer les usages de tous les objets et outils en matières

végétales qu’ils utilisent. Cette description aura valeur d’exemple ; elle illustrera la culture matérielle d’une société élaborée d’agriculteurs-chasseurs-pêcheurs du plateau des Guyanes en forêt tropicale humide.

Nous montrerons ainsi l’extraordinaire variété d’objets fait de végétaux utilisés dans tous les moments de la vie, que ce soit l’agriculture, la chasse, la pêche, la cueillette, l’alimentation, le repos, les fêtes…

Dès que l’on pénètre dans un village wayãpi, divers types d’habitation, que l’on nomme carbet en français de Guyane et oka en wayãpi, attirent l’attention. Autrefois, elles étaient entièrement faites de végétaux : bois, lianes (simo’ i, Heteropsis flexuosa, simo e’e, Thoracocarpus bissectus) et feuilles de palmiers (owi, Geonoma baculifera). De nos jours les clous et tôles ondulées ont fait leur apparition… ils constitueront des indices précieux pour les futurs archéologues….

Trois grands types de carbet existent chez les Wayãpi :

- le carbet pour les fêtes de boisson (cachiri), okape - le carbet cuisine, kulataletã - le carbet d’habitation même où la famille dort, oka

Entrons tour à tour dans ces différentes habitations pour y rencontrer les objets les plus remarquables…

Gravure de RiouChez nos Indiens - Coudreau - 1893Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

Village Emérillon du chef Edouard, source de l'Inini. Au XIXe siècle de nombreuses communautés sont encore installées au coeur de la forêt loin des grands cours d'eau.

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

le carbet à cachiri, okape. C’est le lieu essentiel à la vie sociale de ce peuple, comme d’ailleurs un peu partout en Amazonie. C’est un endroit de convivialité, de fête, de cérémonie, de détente. Chaque famille se doit d’en posséder un près de son habitation : plus la famille est prestigieuse plus le carbet sera de taille conséquente. C’est un carbet sans murs latéraux composé uniquement de poteaux et d’une toiture en feuilles de palmier owi, en bâche plastique ou en tôle ondulée. Son mobilier est composé uniquement de grands bancs collectifs de plusieurs mètres fait de billot et de planche de bois. Ce n’est que lorsque les convives arrivent que les hôtes leur proposent quelques bancs individuels, apika1 , pour s’installer… à moins que le convive ne soit venu avec le sien. Les marmites en métal de 100 litres y sont également présentent et bien souvent un canot à cachiri en bois, iatuluwa ou kasililena. Auparavant, seules les jarres en céramique, walipi, et les canots en bois meublaient ce type de carbet. Lorsque ces canots à cachiri sont pleins de boissons, ils sont couverts avec des nattes, mitu, tressées en fibre de palmier pino (Oenocarpus bacaba).

Lors des fêtes et cérémonies, les convives sont abreuvés par la maîtresse de maison à l’aide de kwi, calebasse (Crescentia cujete) teintée à l’intérieur. Les femmes plongent de grandes louches ou bien une calebasse afin de remplir leur récipient. Le cachiri est remué par de grandes spatules ou pagaies en bois.

Lors de certaines fêtes de boissons, danses et chants sont de la partie2 ; les hommes s’ornent alors de leurs plus beaux atours faits de plumes (de ara, de toucan, de hocco…), de coton, d’arouman (ischnosiphon obliquus, Marantacées), de lianes, de perles… Les perles sont depuis l’arrivée des colons européens très prisées et ornent les corps de danseurs et danseuses. Les parures de plumes sont également très importantes dans l’esthétisme de ce peuple, les hommes confectionnant des couronnes radiales avec des plumes de hocco et d’ara, samele, ou avec des duvets de toucan, akãta. Les danses étaient accompagnées de chants et une partie des hommes soufflaient dans des clarinettes en bambou (Guada sp.), les tule. D’autres flûtes étaient utilisées, comme celle en tibia de biche (so’okãnge), mais elle n’était pas cérémonielle. Les hommes l’utilisaient plutôt d’une manière ludique ou pour séduire les femmes de leur mélopée enjôleuse…

CachiriG. Larrouy - 1968

1 - Il existe une forme pour les hommes (à dessus incurvé) et une forme (dessus plat) pour les femmes.2 - De nos jours de plus en plus souvent les chaînes Hi-Fi jouant biguine, zouk, ou foro remplacent les chants et danses wayãpi.

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Bois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétaleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Groupe wayãpiJ/M Hurault - 1958

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

le carbet cuisine, kulataletã. À côté de toutes les maisons d’habitations on peut remarquer le kulataletã, carbet de plain-pied bien souvent d’aspect sommaire mais ayant un rôle central dans la vie familiale. Il constitue, comme dans beaucoup de sociétés, un lieu avant tout féminin. Chez les Wayãpi, les femmes s’occupent de la cuisine, en plus de l’agriculture. On remarque dans cet endroit, ô combien important, une grande diversité d’objets-outils indispensables pour préparer les repas quotidiens. Ces nombreux objets-outils destinés à transformer les tubercules de manioc en aliment et en boisson y tiennent une place centrale.

En effet, à l’instar de la majorité des sociétés amérindiennes du plateau des Guyanes, les Wayãpi sont une société du manioc. Si de nombreux autres peuples amérindiens amazoniens contemporains ou anciens basent ou basaient leur régime alimentaire sur le maïs (Rostain, 2008) ou la banane à cuire, le manioc demeure la principale source de carbohydrate en Amazonie. Cet arbuste de la famille des Euphorbiacées comprend deux grandes formes, le manioc doux et le manioc amer3 , ces deux formes faisant partie d’une même espèce Manihot esculenta. C’est la forme amère qui est majoritairement cultivée et consommée en Guyane et spécialement chez les Amérindiens. Pour rendre comestible ce tubercule, les Amérindiens ont dû mettre au point tout au long de leur histoire des outils élaborés afin de le transformer en aliments variés. Car c’est tout un ensemble de transformations qui contribue à la détoxication du tubercule. Ce processus va de la déshydratation au chauffage en passant par la fermentation, nécessaire à la destruction des molécules toxiques. Mais la technique la plus efficace pour enlever les toxines reste bien l’essorage grâce à la presse à manioc (Grenand, 1996).

Préparation du ManiocJ.M Hurault - 1947

3 - La distinction entre manioc doux et manioc amer est basée sur la concentration des deux tubercules en cyanure hydrolysable. C’est Koch qui a établi le premier un barème : au dessus de 100 ppm de cyanure hydrolysable, par racine pelée, le manioc est dit amer et en dessous de ce chiffre, le manioc est dit doux.

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale 63Contexte général

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Presse à Manioc, tepisiD.Davy - 2005

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale 65Contexte général

Bois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétaleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Ce tubercule est hautement valorisé et présent tous les jours dans la vie des Wayãpi que ce soit sous formes de galette ou cassave (meyu), de farine torréfiée ou couac (kwaki), de condiment (tukupi), de boisson (kasili), d’empois (takaka). Bien sûr, il existe pour chaque préparation de nombreuses recettes et chaque peuple possède de nombreuses variétés différentes sélectionnées en fonction des usages alimentaires.

La presse à manioc en vannerie est l’outil central pour la confection des aliments élaborés à partir du manioc amer par les Amérindiens de Guyane (Carneiro, 2000). Elle est le fruit du génie des populations amazoniennes qui ont inventé cet outil complexe et efficace (Métraux, 1928 ; Nordenskiöld, 1929). Cette vannerie tubulaire, tepisi, tressée en arouman (Ischnosiphon spp.), mesure 160 cm environ lorsqu’elle est étirée. Elle possède dans sa partie supérieure une bouche par laquelle on fait entrer et sortir la farine, sa partie inférieure étant terminée par une boucle ligaturée par un fil de coton formant pied.

Une fois les tubercules déterrés de l’abattis, les femmes les ramènent à l’aide d’une hotte (panãkũ) tressée en palmes de comou ; les bretelles de front et d’épaules permettant de porter ces hottes sur le dos sont faites d’écorces tirées principalement d’arbres de la famille des Lecythidacées. Puis, le tubercule de manioc amer préalablement nettoyé et épluché est râpé ou gragé (avec une plaque en bois hérissée d’éclats de métal, tipikili) dans une auge en bois, kulata. On emplit ensuite la presse à manioc de cette pâte gorgée d’eau afin d’en exprimer le suc toxique. La bouche est ensuite fermée avec le fruit du canari macaque (Lecythis zabucajo, Lécythidacées) afin que la pulpe ne déborde. Puis, on la suspend par sa boucle supérieure (tête) à une poutre et on enfile dans sa boucle inférieure (pied) un levier en bois

(tepisimẽ) attaché à un poteau sur lequel la cuisinière disposera un poids (pierre) ou bien sur lequel elle s’assiéra directement afin de l’étirer. Ainsi, le jus s’exsudera à travers les mailles de la vannerie et s’égouttera dans une poterie, une grande calebasse (kwi)… ou une bassine.

Ensuite la masse râpée ainsi détoxiquée et asséchée sera passée dans un tamis à vannerie à mailles plus ou moins large en fonction de sa destination : tamis à petites mailles pour confectionner la galette (ulupẽtea’ i) et tamis à mailles larges pour le couac (ulupẽalasukawa). Un troisième type de tamis est également indispensable, c’est celui à mailles serrées (ulupẽanã) utilisé pour filtrer cachiri et autres jus de fruits de palmiers.La farine passée au travers du crible du tamis sera recueillie dans une corbeille à pied (panakali), les liquides étant filtrés dans des grandes poteries4. Tous ces tamis et corbeilles sont tressés en arouman (ulupitã), les pieds et baguettes pour tenir et solidifier les outils sont en bois. Ils sont également ornés de motifs zoomorphes d’une grande richesse artistique et symbolique (Davy, 2007a).

La cuisinière wayãpi devra ensuite cuire cette farine, sous forme de galette le plus souvent, la meyu étant leur pain. La cuisson se fera sur une plaque en terre cuite (iyiyãpẽ) - en métal de nos jours -, sous laquelle un feu est allumé. Un éventail à feu tressé5 (tapekwa) en fibre de palmier kunãnã (Astrocaryum paramaca) ou muru-muru (Astrocaryum sciophyllum) permet de contrôler la cuisson en attisant le foyer ; il permet également de retourner et de déposer la galette cuite sur une natte (mitu). Lorsque l’on torréfie le couac sur la platine, la cuisinière s’aide d’une grande spatule (kupay) ou d’une palette (kwakisowayta) en bois afin d’assurer une cuisson homogène.

4 - Ces récipients sont presque quasiment tous remplacés actuellement par des bassines en plastiques et autres marmites en métal.5 - Les Wayãpi tressent quatre modèles d’éventails à feu, on les reconnaît grâce aux différents points de vannerie(Davy, 2007b).

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Si le manioc est l’apanage des femmes, ce sont les hommes qui apportent aux foyers les protéines animales, que ce soit du gibier ou du poisson. Poissons et gibiers sont donnés à leurs femmes ou leurs sœurs respectives par les chasseurs et pêcheurs de retour de leur expédition. Bien souvent le gibier aura été transporté à l’aide d’une hotte (wasey panãkũ) faite avec des folioles vertes de palmier wasey (Euterpe oleracea) et des lanières d’écorce faisant office de bretelles. Contrairement à la hotte agricole citée plus haut, ce type de hotte de chasse ne sert qu’une seule fois.

Les femmes préparent gibier et poisson soit en les boucanant soit en les cuisinant au court-bouillon avec le jus de manioc. Pour ce faire, poteries (et aujourd’hui cocottes), cuillères en bois (sele) ou jadis en crâne de singe (kwatakãnge), calebasses pour cuisiner et servir sont les ustensiles que la cuisinière wayãpi utilise.

Dans ce carbet cuisine, au dessus du foyer, prend place le boucan (mala) fait de barres de bois formant une grille pour disposer les morceaux de gibier et de poissons.

Accrochés à la toiture, divers paniers à mailles larges ou serrées servent à stocker piments (ki’ĩy moka’ĩnga), des petits fruits, des oeufs (pisukwa, ilikilitea’u), mettre des oisillons (ilikilitowaĩ)…Tous ces paniers, couleuvres à manioc ou tamis sont tressés par les hommes avec la plante phare de la vannerie en Guyane, l’arouman. Ce sont plus particulièrement deux espèces d’arouman, arbuste en forme de roseau et prolongé d’un bouquet de feuilles mesurant jusqu’à 4 mètres, qui sont récoltées soit en forêt, soit le long des ruisseaux : ulupitã (Ischnosiphon arouma) et ulue’e (Ischnosiphon obliquus). Le brin d’arouman est obtenu après avoir fendu la tige et tiré le brin avec son index. Les fibres de ces plantes devancent celles tirées de divers palmiers et lianes quant à leur usage dans la vannerie.

Mais la vie quotidienne se déroule également sous le carbet d’habitation.

Akulu et sa femmeJ.M Hurault - 1947

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Bois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétaleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Miso tressant un wasey panãkữLevy Bacon - 1982

Papi tressant un pino panãkữD.Davy - 2008

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

le carbet d’habitation, oka. Les deux endroits de vie évoqués plus haut sont des lieux importants pour la convivialité et la vie domestique. Le carbet d’habitation est un lieu plus intime, réservé aux membres de la famille.

Cette maison, dont il existait plusieurs modèles, était construite sur pilotis, ménageant ainsi un rez-de-chaussée, espace de convivialité et un étage plus privatif.

Le rez-de-chaussée, sous la maison, est le lieu de détente où l’on suspend les hamacs en coton qu’ils soient tissés en mailles serrées (ini) ou en filet (saula). Les invités prennent place sur les bancs (apika) et la maîtresse de maison leur servira le fameux cachiri dans des calebasses (kwi). C’est dans ce lieu, que les femmes filent le coton avec leur fuseau (ĩ) et tissent hamac et porte-bébé (tipoy) sur leur métier à tisser (iniye moãnge) en bois en s’aidant du couteau à tisser (sawalapa). Remarquons que ce type de tissage de haute lice est le même que celui utilisé pour les tapisseries des Gobelins (Grenand & al., 1998). Des paniers en arouman (watula, aisoã) servent à stocker le coton. Les vanniers qui les tressent les ornent de magnifiques motifs prenant la forme de tout un bestiaire mythique ou naturel : hirondelle, anaconda, jaguar, monstre aquatique, poisson, caïman… Cette iconographie illustre de manière exemplaire les relations privilégiées que les Wayãpi entretiennent avec leur environnement et leurs mythes (Davy, 2007b).

Bien souvent arc (paila) et flèches (wilapa) sont suspendus dans les traverses du plafond de ce rez-de-chaussée. Ces instruments de chasse et de pêche sont réalisés avec un grand nombre de végétaux, leur confection étant d’une grande finesse. Pour

l’arc on utilise le bien nommé bois d’arc (Brosimum guianense, Moracées), sa corde est faite de fibre d’une plante cultivée de la famille de l’ananas, le kulawa (Bromelia karatas). Les flèches sont de véritables objets composites puisque jusqu’à sept espèces de végétaux sont utilisés pour les confectionner, sans compter les plumes d’aigle harpie ou de hocco pour l’empennage et les différentes espèces de bois dur, de bambou kulumuli (Guadua spp.), ou d’os de cervidé (kaliaku kãnge) pour fabriquer les pointes de flèches.

Pour la pêche, les hommes utilisent des flèches spéciales sans empennage, des harpons (atimi talay) ou bien sûr des cannes à pêche (pina’ i) faites d’un bois souple et résistant. Lors de pêches à l’aide de la liane ichtyotoxique, la nivrée (Lonchocarpus longifolius), les poissons étourdis par ces toxines sont fléchés par les hommes et attrapés par les femmes et les enfants grâce à des épuisettes (wilika) faites de bois et d’arouman. Le fruit de la pêche sera déposé au fur et à mesure dans un petit panier à mailles fines, le silita. Pour aller à la pêche ou se rendre sur certains lieux de chasse, la pirogue est indispensable. Aujourd’hui, les Wayãpi n’utilisent plus que des coques en aluminium de confection brésilienne. Même s’ils n’ont jamais été de grands experts en matière de pirogues, auparavant, ils confectionnaient en bois, notamment avec du grignon (Sextonia rubra), des pirogues monoxyles (ia). Ils savaient également confectionner des pirogues en écorces utiles lors de leur déplacement entre deux bassins versants. Toujours est-il qu’ils continuent à sculpter de belles pagaies (pikwita) en bois, encore indispensables à la navigation dans les rapides en dépit de l’usage systématique des moteurs hors-bords.

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Bois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétaleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

À la pêcheJ.M Hurault - 1947

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

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Bois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétaleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Quand l’on monte l’escalier de bois menant à l’intérieur surélevé de la maison, on entre dans un lieu occupé principalement la nuit afin de dormir. La vie familiale et sociale se passant essentiellement à l’extérieur. La toiture de feuilles peut être arrondie et tomber presque jusqu’au plancher, des murs latéraux faits de gaules ou de bois fendus peuvent aussi être présents ou non. La façade frontale, par où l’on pénètre dans la demeure, peut aussi être fermée ou non.

Le mobilier de cette habitation est succinct : en plus des hamacs pour le couchage, c’est là que l’on entrepose ses objets précieux. Notamment les parures de plumes, perles et ornements divers que l’on stocke dans un coffret (kalilu) tressé en pinnules de palmier kuluwa (Orbignya spp.). Les hommes wayãpi savent en tresser deux formes, une cousue avec des fibres de kulawa (kalilu yasa) et une autre juste tressée avec les palmes de kuluwa (yakale pile, littéralement "peau du caïman"). Lorsque ces coffrets appartiennent à des chamanes, ils renferment également leurs objets rituels tels que les cigares amérindiens, tawali, ainsi que la maraca (malaka).

De petites boîtes sont également tressées avec ces palmes, il s’agit du walape dans lequel on conserve les gorges duveteuses de toucan utilisées pour confectionner les couronnes de danses, akãta. Parmi les rares objets que l’on garde précieusement chez ces sociétés on retrouve ainsi principalement les objets d’ornements corporels, fondamentaux chez ce peuple où l’esthétisme tient une grande place.

Il y a la plupart du temps dans cette habitation un foyer, tata lena, qui permet de cuisiner et de se réchauffer pendant la saison des pluies. Un boucan est la plupart du temps suspendu au dessus. Tous les objets en vanneries que le mari tresse à l’avance pour son épouse sont suspendus ou entreposés sur des poutres de traverses. Ces hottes, tamis, presse à manioc ou éventails à feu en réserve seront d’autant plus nombreux que le mari est un homme important dans le village et donc qu’il veut montrer qu’il est travailleur et s’occupe bien de son épouse.

Matali tissant un hamacJ.M Hurault - 1958

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Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Contexte généralBois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétale

Vanneries wayanaCoudreau - 1893

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Bois , f ibres , feui l les , écorces , plumes. . . une cul ture matér ie l le végétaleAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

une riche culture matérielle. Cette brève visite des habitations wayãpi, nous permet de mieux appréhender la grande diversité de leur culture matérielle. Nous avons particulièrement insisté sur les objets confectionnés en matériaux périssables. Objets qui, comme nous l’avons expliqué plus haut, échappent complètement à nos collègues archéologues par manque de traces dans les fouilles. Seule une ethnographie minutieuse et exhaustive nous permet d’appréhender la totalité d’une culture matérielle riche et variée. Nous pouvons ainsi comptabiliser environ une soixantaine d’objets confectionnés avec des matériaux en végétaux, sans compter les habitations et les pirogues. La majorité de ces objets sont des vanneries puisque nous avons pu évaluer leur nombre à 37 (Davy, 2007 b). Afin d’appréhender l’ensemble de leur civilisation matérielle ancienne, il convient d’ajouter les divers objets en céramiques, en os ainsi que les haches en pierre et pour la période contemporaine tous les objets de la modernité (fusil, hache, machette, couteau, moteur hors-bord, tôle, objets en plastiques, vêtements…).

En donnant le plus souvent possible l’identification à l’espèce des matériaux végétaux employés par les Wayãpi nous pouvons nous rendre compte de leur grande connaissance du milieu naturel. Car pour utiliser une plante, il faut savoir la trouver (donc connaître son écologie), l’identifier (la nommer, savoir la décrire) et l’utiliser (donc connaître les gestes techniques pour la transformer). Ce savoir s’apprend et se consolide tout au long de la vie de l’homme et de la femme wayãpi. Et à ces savoirs naturalistes et techniques s’ajoutent des savoirs culturels comme les mythes et histoires liées aux plantes et aux objets. Dans la société wayãpi, le monde de la nature, le monde des Hommes et les mondes surnaturels sont en permanence liés et toujours en interaction.

Pierre Grenand, spécialiste de l’ethnobotanique wayãpi, a dressé un listing exhaustif de toutes les plantes nommées par ce peuple ; il a totalisé près de 1200 espèces vernaculaires correspondant à environ 1100 espèces botaniques (Grenand & al., 2010). Il a également comptabilisé l’usage de 272 plantes médicinales (Grenand & al., 2004). De notre côté nous avons compté 57 espèces végétales différentes utiles à la confection de leurs vanneries (Davy, 2007b). De manière plus générale nous pouvons estimer avec Pierre Grenand, que les Wayãpi utilisent plus de 200 espèces botaniques pour un usage technique. C'est-à-dire pour confectionner tous les objets de la vie courante, y compris les maisons.

Cette connaissance technique et naturaliste considérable demeure encore de nos jours largement partagée par la majorité des Wayãpi adultes. Même si évidemment, et cela a toujours été le cas, certains sont de plus fins connaisseurs que d’autres dans tel ou tel domaine. On peut être meilleur vannier, pêcheur, chasseur, potière qu’un autre ou qu’une autre.

Néanmoins, une érosion de ce savoir se fait sentir notamment chez les plus jeunes générations. L’attrait du monde moderne et la fréquentation de l’école en sont les principales causes. Et seuls un certain nombre d’objets voient leur usage maintenu surtout ceux qui ne peuvent être remplacés efficacement. C’est notamment le cas des outils liés à la transformation du manioc en aliment. Les objets remplacés par de nouveaux le sont le plus souvent en raison d’un gain de temps et d'une meilleure efficacité technique bien qu’il ne faille pas négliger les raisons d’ordre sociale ou symbolique…

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens 75Commentaire et inventaire

objets domest iques : objets en pierre précolombiensAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaireet inventaire

des objets archéologiques

En premier lieu, seront présentés et replacés dans leur contexte, les objets domestiques précolombiens, en pierre, en terre cuite (ou céramique) et en bois. Nous nous attacherons par ailleurs, aux objets domestiques essentiellement en arouman, en coton et en bois, des Wayana, Teko et Wayãpi actuels.

La deuxième partie consacrée aux objets d’art, de pouvoir et de prestige précolombiens traite des objets en pierre et en bois, puis des céramiques à caractère rituel, cérémoniel ou symbolique.

Cette division pratique ne vise pas à "marquer dans le fer", une frontière entre le "matériel et l’idéel".

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

OBJETSDOMESTIQUES

Gérald MIGeOn

Claude COuTeT

Page 78: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

76Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens 77Commentaire et inventaire

objets domest iques : objets en pierre précolombiensAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

LES ObjETS PRéCOLOMbIENSEN PIERRE

lA PIeRRe POlIe

Les Amérindiens ont su tirer partie de leur bonne connaissance des roches pour choisir, collecter, puis travailler grossièrement ou plus finement plusieurs types de pierres, afin de fabriquer des outils utilisés dans les activités domestiques, des objets de parure ou des lames de haches particulières.

CHAîne OPéRATOIRede lA PIeRRe POlIe

le choix des types de pierres. En 2005, Hervé Théveniaut, géologue au BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), a réalisé une première approche géologique des outils en pierre amérindiens. Les résultats de cette étude montrent que les Amérindiens anciens ont délibérément utilisé certains types de roches plutôt que d’autres, pour fabriquer leurs haches et certains ornements. Il s’agit de “pierres vertes” (dolérites, schistes verts et tufs), qui ne représentent qu’une très faible proportion des roches naturelles de Guyane. Une seule pièce polie de l’ensemble étudié a été réalisée en granite, un matériau très dur à travailler. Les petits outils tranchants sont, quant à eux, fabriqués quasi-exclusivement en quartz.

1

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4

Chaîne opératoire de la pierre polie :la fabrication d’une hache amérindienneDessins de G.Jaffrelot.

LÉGENDE

1] Choix et ramassage des roches 2] Ebauche d’une lame 3] Polissage de la lame 4] Fabrication du manche

OBJETSDOMESTIQUES

Gérald MIGeOn

Claude COuTeT

G. Migeon

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78Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

la taille et le polissage. Ces deux techniques furent utilisées conjointement pendant des millénaires en Guyane, même si la taille du quartz apparaît la première, 5000 ans avant J.-C.

La taille ou débitage consiste à "agir" sur la pierre pour lui donner la forme désirée. Deux méthodes de débitage ont été mises en évidence, chacune utilisant un “percuteur” pour tailler l’outil souhaité.

La première technique, le débitage par percussion directe, vise à frapper le futur outil à l’aide d’un percuteur dur (un galet comme la pièce 100). La seconde, le débitage par percussion sur enclume, utilise une pierre plane, appelée enclume (pièce 99) sur laquelle le nucléus ou la pierre à tailler (pièces 155 et 162) sont placés, afin d’être percutés par une autre pierre. Dans les deux cas, on obtient des éclats qui peuvent être directement utilisés comme outils, et des pièces plus finement taillées sur les deux faces. Les

outils en quartz et en quartzite appelés "racloirs", "grattoirs" ou "burins" d’après leurs formes, et leurs fonctions supposées, attestent cette méthode de travail de la pierre.

La seconde technique, le polissage, consistait à frotter la pierre sur une surface abrasive pour la lisser, appelée polissoir (pièce 92). Puis les outils pouvaient être aiguisés plus finement grâce aux aiguisoirs (pièces 72 et 98). Nous supposons que les pré-formes étaient obtenues, par éclatement au feu de filons de "pierres vertes", ou par le choix de galets naturels de forme adaptée à leurs futures fonctions.

100

72

98

99

100] Percuteur98] Aiguisoir72] Aiguisoir 99] Enclume

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens 79Commentaire et inventaire

objets domest iques : objets en pierre précolombiensAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

les polissoirs. Les polissoirs sont encore présents sur les berges des fleuves et sur le littoral. Ils portent les traces creusées et usées par les mouvements répétitifs de va-et-vient exécutés par l’homme pour donner à la pierre la forme et le tranchant souhaités. Ils peuvent être fixes et couvrir un rocher en tout ou partie seulement, ou bien être de petits formats et donc transportables (cf. pièce 92).

Des aiguisoirs (pièce 98) en pierre grèseuse abrasive servaient à réaviver les tranchants émoussés des lames.

Afin de distinguer les traces creusées sur les polissoirs, les archéologues ont élaboré un classement des polissoirs, qui prend en compte l’aspect général du support (allongé, circulaire, ovalaire) et la forme des traces d’usure de la pierre.

Le polissoir dit "en cupule" se présente comme une cuvette de forme circulaire.

Le polissoir dit "en fuseau" montre une cuvette longue et étroite.

Le polissoir dit "en rainure" est rectiligne et très étroit.

Le polissoir dit "en coque de bateau" a la forme d'une cuvette oblongue.

Le polissoir dit "à protubérance centrale ou moule à savarin".

La présence de polissoirs sur le littoral et les rives des fleuves est liée à l’utilisation de l’eau, voire aussi du sable comme liant, dans le processus de façonnage de la lame.

D’après les sources écrites, les Amérindiens parvenaient à réaliser une lame en une journée, en utilisant du sable fin et de l’argile comme abrasif et de l’eau comme délayant.

Le lustrage final pouvait être réalisé avec des liens végétaux ou des peaux d’animaux, afin d’obtenir un brillant et un toucher particuliers.

1] Polissoirs en cupule et fuseau, Crique Arca à la Trinité. SRA guyane2] Polissoirs en cupule et en fuseau, Réserve des Nouragues. SRA guyane3] Polissoirs à protubérance centrale, Montravel. SRA guyane72] Polissoir portable, Ile Saint Joseph.

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

leS HACHeS eT HeRMIneTTeS

Des lames de haches et d’herminettes ont été retrouvées en grande quantité sur le territoire guyanais. La plus ancienne a 2900 ans et cette technologie a perduré jusqu’au Contact avec les Européens. La typologie des haches a été établie dans les années 1980 ; leurs fonctions sont multiples : haches pour couper les arbres, herminettes pour évider les troncs des futures pirogues, haches de prestige et de pouvoir.

Les lames de haches ou d’herminettes étaient, en grande majorité, reliées à un manche en bois, sauf peut-être celles à double tranchant.

Typologie des haches. Les haches à tranchant unique se répartissent en plusieurs sous-types :

- simples et droites : rectangulaire, pétaloïde ou carrée (pièce 44, 50, 94, 95)- simple triangulaire (pièce 43, 93, 97)- à oreilles : talon nettement évasé (pièces 48, 153)- à encoches : entailles de part et d’autre du talon (pièces 45, 46, 49, 52, 96)- à gouge : dépression marquée près du talon (pièce 47)- décorées, sculptées ou gravées

À ce jour, quelques rares haches décorées et sculptées ont été retrouvées en Amazonie ; en Guyane celle retrouvée à Saut Tourépé dans la rivière Approuague, est l’unique exemplaire. Cette pièce de la collection de l'EMAK, Régina, est actuellement en dépôt, pour une éventuelle consolidation, au Centre de recherche et de restauration des Musées de France.

Les haches à double tranchant sont des haches aiguisées des deux côtés c’est-à-dire sans talon (pièce 51). Elles pouvaient être emmanchées, la lame traversant le manche, ou bien utilisées à la main directement.

leS dIFFéRenTS OuTIlS en PIeRRe

Si, en Europe, la pierre taillée est plus ancienne que la pierre polie, dans les Amériques en général, ces deux techniques coexistent jusqu’à l’arrivée des Européens.

Les objets en pierre fabriqués par les Amérindiens se déclinent en différents types d’outils dont les plus remarquables sont les lames de haches et d’herminettes en "pierre verte".

Il existe aussi des grattoirs, racloirs, et éclats divers en quartz, qui pouvaient être utilisés directement ou insérés dans de petits manches de bois.

A côté de ces lames de haches, témoins de l’action humaine, certaines pierres, choisies pour leur forme naturelle, étaient aussi utilisées comme outils, sans long façonnage. Certains outils servaient ainsi à moudre des végétaux ou des minéraux, tandis que d’autres étaient utilisés dans la chaîne opératoire de fabrication d’une hache, comme les percuteurs par exemple. Parfois, seules les traces d’usure permettent de les identifier comme des outils.

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens 81Commentaire et inventaire

objets domest iques : objets en pierre précolombiensAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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Hache de Saut TourépéColl. Ecomusée municipal d'Approuague-Kaw, RéginaPhoto J.-P. Courau

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en pierre précolombiens

Techniques d’emmanchement. Deux techniques ont été identifiées à partir des données archéologiques et des récits des explorateurs : la fixation par inclusion où la lame est insérée dans le bois (pièce 53), et la fixation par attache (pièces 54, 104, 105) où les deux éléments sont joints par des liens végétaux. Les manches (entre 30 et 70 cm de longueur) étaient le plus souvent en bois dur.

La fixation par inclusion consiste à insérer une lame de pierre dans un manche taillé à cet effet dans une seule pièce de bois. Généralement, un renforcement de la fixation était obtenu par la fabrication d’une gangue en résine végétale (latex ou balata, courbaril, mani, selon l’ethnologue Pierre Grenand). De la cire ou de l’argile venaient, si nécessaire, "coller" la lame et combler la cavité. Enfin, des liens végétaux resserraient l’ensemble. La fixation par attache est probable pour les haches à oreilles ou à encoches avec un talon rainuré. Des liens végétaux et de la résine, en passant derrière les oreilles ou dans les encoches pouvaient ainsi éviter que la lame ne bouge.

Fonction des haches et herminettes. Pour les Amérindiens, la hache de pierre était un outil important. Les haches sont, dans l’état actuel des connaissances, toujours associées aux membres masculins des tribus.

Les haches de grande taille (plus de 20 cm) pouvaient être utilisées pour abattre des arbres, au cours d’une déforestation ou pour ouvrir une petite clairière dans la forêt, couper les troncs nécessaires à la construction de leurs carbets (coupe et élagage des troncs et des branches servant de poteaux et de poutres), et préparer leurs abattis. Dans ces derniers toutefois, les gros arbres étaient majoritairement brûlés plutôt que coupés.

Les herminettes pouvaient servir à la fabrication des pirogues, qui constituaient un des moyens de déplacement et de transport en Guyane. Celles-ci étaient soit faites d’écorces assemblées pour les pirogues individuelles, soit fabriquées dans un seul tronc (on parle dans ce cas de pirogue monoxyle) pour les pirogues collectives et les pirogues de mer. Le tronc abattu était creusé au feu lent, puis évidé à l’herminette. Le Père Raymond Breton (1635) a estimé à trois mois le temps de travail nécessaire à la fabrication des pirogues des Antilles. Cette estimation de temps peut être transposée aux pirogues de Guyane.

Mais de nombreuses haches en particulier les haches courtes, très maniables, étaient spécifiquement destinées à servir comme armes de guerre ou de prestige, lors des rituels (voir plus loin dans l’exposition).

Les haches ou herminettes pouvaient aussi servir à creuser des trous destinés à recevoir les poteaux, à casser des fruits durs, des os… Une fois trop émoussées ou ébréchées, elles pouvaient devenir percuteur, molette, pilon… et avoir ainsi une deuxième vie.

datations des haches emmanchées. Les cinq haches complètes présentées ici ont toutes été retrouvées dans le fond des rivières ou dans les sauts de la rivière Approuague, par des chercheurs d’or. Les micro-prélèvements effectués sur les manches, par Marie-Pierre Lambert, du laboratoire de Jarville, ont été datés au laboratoire de Lyon.

A ce jour, en Guyane, quinze haches emmanchées, toutes retirées du fond de l’Approuague ont pu être datées, la grande majorité par le laboratoire Archéolabs. La plus ancienne datée de 918-803 avant J.-C., s’avère être celle de Saut Tourépé (collection EMAK, Régina) ; elle ne peut être présentée ici , étant en étude au C2RMF pour une meilleure conservation. La plus récente, provenant de Saut Mapaou, avait été datée entre 1429 et 1516 après J.-C., par Rostain et Wack (1987) et appartient aux collections du Musée des Cultures guyanaises de Cayenne).

Les 13 autres haches datées sont échelonnées entre 436 et 1403 après J.-C.

Nous présentons ici quatre haches précolombiennes, de la plus récente à la plus ancienne en AD cal (Anno Domini calibré= après J.-C.) :

53 : 1245 cal AD - 1396 cal AD (coll. Gilabert, Archéolabs, 2006)

105 : 683 cal AD - 884 cal AD (coll. Gilabert, Archéolabs, 2006)

104 : 617 cal AD - 772 cal AD (coll. Gilabert, Archéolabs, 2006)

54 : 440 cal AD - 654 cal AD (coll. Gilabert, Archéolabs, 2006)

Les haches polies ont été très rapidement supplantées dès le Contact, par les outils en métal européens. La hache 106 a été fabriquée à partir d’une lame ancienne et montée , dans les années 1950 (datation au radiocarbone), sur un barreau de chaise, très probablement par des Amérindiens du groupe Tiryo du Sud de la Guyane qui étaient connus pour échanger ce type de hache avec les Wayana. Un bel exemple de réemploi d’un objet archéologique très symbolique !

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Tradition koriabo, figurine anthropomorphe.Détail de la pièce n°2

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique 85Commentaire et inventaire

objets domest iques : la céramiqueAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

la céramique : un vestige ancien essentiel en archéologie. Les objets en céramique constituent, avec le matériel lithique, les vestiges les plus courants en forêt amazonienne car ils résistent mieux à l’acidité du sol que les restes organiques (bois, fibres, os, etc.). En Amazonie brésilienne, les céramiques les plus anciennes apparaissent dés 5000 ans avant J.C. (sites de Pedra Pintada et de Taperinha, Roosevelt, 1995). En Guyane française, la céramique semble apparaître plus tardivement, vers 4000 av. J.C. (site d’Eva 2, commune de Sinnamary, van den Bel, 2006).Depuis les années 1960, les archéologues se fondent essentiellement sur la typologie* céramique pour établir le cadre culturel de l’Amazonie (Meggers et Evans, 1957, 1960). Grâce à l’étude des formes et des décors, de grands groupes culturels ont été définis et délimités dans le temps et dans l'espace : les traditions, elles-mêmes divisées en cultures (cf. chapitre Cadre chronologique et contexte culturel).De plus en plus, on s’intéresse également aux modes de fabrication de la céramique, variables suivant les populations, afin de préciser nos connaissances des différents groupes culturels (Coutet, 2010).

Des enquêtes auprès des potières amérindiennes contemporaines (les hommes ne font que rarement de la poterie) peuvent nous aider à comprendre comment les poteries précolombiennes ont été fabriquées. En suivant les méthodes de l'ethnoarchéologie, les chercheurs observent des modes de vie ou des techniques actuelles afin d'obtenir des pistes de recherche concernant des modes de vie ou des techniques anciennes. La technologie céramique, connue pour être très stable dans le temps (Gosselain, 2002), permet ce type d'approche avec succès.Les archéologues étudient les différentes étapes de la fabrication de ces céramistes. Ils essaient de repérer sur la surface des poteries les différentes traces laissées par les mains de la potière et par ses outils afin de reconstituer la chaîne opératoire* de la fabrication de la céramique.Une connaissance approfondie de la technologie céramique, alliée à l’étude des formes des pots et de leurs décors, permet de caractériser plus précisément les cultures précolombiennes. La pâte, les techniques de fabrication et les décors des céramiques sont des éléments essentiels pour identifier des groupes culturels, comprendre leurs modes de vie, connaître leurs déplacements et les influences entre les différentes populations.

FAbRICATIOn eT TeCHnOlOGIe de lA CéRAMIQue AMéRIndIenne (C.Coutet)

LA CéRAMIQUE dOMESTIQUE PRéCOLOMbIENNE

G. Migeon

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

la chaîne opératoire de la fabrication céramique. La fabrication de la céramique amérindienne de Guyane, et même des Guyanes, a intéressé de nombreux chercheurs, en particulier au cours du XXe siècle. Walter E. Roth (1924) et Wilhems Alhbrinck (1931) sont les premiers référents concernant la poterie kali’na au Guyana et au Surinam. En Guyane française, la toute première description détaillée de la manufacture céramique nous est rapportée par le Père Jean de la Mousse évangélisant la Guyane à la fin du XVIIe siècle (dans Collomb, 2006). Après, il faut attendre les années 1960 pour obtenir une nouvelle enquête auprès de potières (Delawarde, 1967). La fin du XXe et le début du XXIe siècle voient l’explosion de l’intérêt pour cet artisanat. Techniques de fabrication, analyse des motifs, recherches dans les collections muséographiques… (Barone et al., 2002 ; Cornette, 1991, 1992 ; Collomb, 2003, 2005, 2006 ; Coutet, 2007, 2010 ; de Tricornot, 2007 ; Duin, 2000-2001 ; Lacaisse, 1996 ; Rostain, 1990, 1991-1992 ; Van den Bel, 1995, 2009a ; Vredenbregt, 2002 ; Wack, 1988). La céramique des quatre groupes culturels de Guyane possédant encore ce savoir-faire (Wayana, Wayãpi dans l’intérieur, Kali’na et Palikur sur le littoral) est étudiée sous tous les angles soit dans le but d’enregistrer des savoir-faire en voie de disparition, soit afin d’établir des analogies avec la céramique archéologique.Dans les lignes qui suivent, nous avons tenté de résumer la façon de faire la plus répandue chez les potières de Guyane. La poterie est fabriquée à partir d’argile et, généralement, de dégraissants c’est-à-dire des éléments de nature diverse (minéraux broyés, écorces brûlées, coquilles ou poteries anciennes pilées) qui, ajoutés à l’argile, permettront de la rendre plus malléable et plus résistante à la cuisson.La première étape de la chaîne opératoire de la fabrication de la céramique est l’acquisition de la matière première. L’argile, disponible un peu partout en Guyane, est collectée en forêt ou sur le bord des criques sous forme de grosses boules (photo 1). Généralement, les potières stockent ces boules et les laissent sécher à l’abri.Pour préparer la pâte, l’argile doit être nettoyée : les boules d’argile sèche sont pilées dans un mortier, duquel la potière retire progressivement les petits cailloux et les fragments végétaux. L’argile broyée est alors tamisée et réduite en poudre. Cette poudre est mélangée avec l’eau et les dégraissants, si nécessaire. L’artisane va malaxer ce mélange jusqu’à obtenir une pâte homogène.

Les céramistes amérindiennes, qui n’utilisent pas de tour, façonnent les formes à partir de colombins (boudins d’argile). Dans la pratique la plus courante, le fond est élaboré à partir d’une boule de pâte aplatie formant une petite galette. Pour façonner la paroi, la potière modèle des colombins qui sont superposés les uns sur les autres (photos 2 et 3). Pour bien souder ces colombins entre eux, elle les presse entre le pouce et ses autres doigts puis racle la surface interne et externe du vase avec un morceau de calebasse ou de bambou (photo 4). La paroi est ainsi désépaissie et régularisée. Avec le même outil, elle met l’objet en forme. En le passant sur la surface interne du pot, le tranchant arrondi du morceau de calebasse imprime petit à petit un profil convexe à la poterie. Pour finir la forme, la potière lisse les parois à la main ou avec le morceau de calebasse.Une fois façonné, le vase sèche pendant au minimum une journée (beaucoup plus en saison des pluies), puis il est entièrement poli avec un petit galet ou une grosse graine de palmier (photos 5 et 6). Le polissage donne à la surface un aspect brillant.Avant la cuisson, la potière peut ajouter un engobe, c’est-à-dire une couche d’argile diluée avec de l’eau. L’engobe sert à imperméabiliser la poterie, mais il peut aussi être décoratif si la potière utilise une argile de couleur, le rouge étant la couleur la plus fréquente (photo engobe). Les fours n’existaient pas en Amazonie. La cuisson se faisait et se fait toujours dans des foyers ouverts (ou parfois, aujourd’hui, dans des bidons en fer). Le sol est recouvert d’une litière de fragments végétaux ; on y dépose les poteries à cuire et on les recouvre de bois et d’écorces. Au fur et à mesure que le bois se consume d’autres branches sont ajoutées. La cuisson peut durer entre deux heures et toute une nuit. De nombreux décors peuvent être effectués avant la cuisson : les motifs incisés ou imprimés, les ajouts de figures modelées, etc. Les motifs peints sont généralement dessinés après la cuisson. Cela dépend de la nature des pigments utilisés. Les pigments minéraux utilisés purs sont cuits en même temps que le pot (c'est le cas de l'engobe rouge). En revanche, les pigments minéraux mélangés avec des fixateurs, comme le jus de manioc, et les substances à base de végétaux (vernis, colorants) sont appliqués après la cuisson.Au total, la fabrication d’une pièce peut s’étendre sur une semaine.Plusieurs objets de l'exposition "Amérindiens de Guyane" montrent quelques aspects de cette chaîne opératoire.

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objets domest iques : la céramiqueAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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Chaine opératoirede la fabrication de la céramique

Photos Cl.Coutet

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Ce que nous disent les poteries de l’Approuague…Les pièces de la "Collection Gilabert", constituant une grande partie de l'exposition, ont toutes été collectées sur le moyen Approuague. Cependant, certaines, exceptionnelles en Guyane, viennent probablement de régions éloignées (comme de l'Amapá ou même de l'Amazone) : elles ont sûrement fait l'objet d'échanges commerciaux ou de dons, parfois à plusieurs reprises, parcourant ainsi des centaines de kilomètres (c'est par exemple le cas des pièces n°16, 24 et 25).

Les pièces, qui ont pu être fabriquées dans des villages des rives de l'Approuague, sont généralement des céramiques de tradition koriabo (cf. chapitre Cadre chronologique et contexte culturel). Malgré une grande quantité de céramiques complètes retrouvées dans les fleuves, cette tradition est encore peu connue des archéologues. La fouille de sites koriabo, souvent situés dans l'intérieur des terres, pose effectivement d'importants problèmes logistiques (ne serait-ce que pour l'accès en pirogue avec le matériel de fouille, la pelleteuse, etc). C'est pourquoi, il est encore difficile aujourd'hui de se prononcer avec certitude sur la fonction de certaines pièces : sont-elles utilisées uniquement lors de rites cérémoniels ? Pour des enterrements ? Sont-elles des récipients à usage domestique ? Ou peuvent-elles être employées indifféremment pour l'une ou l'autre de ces destinations ? Il nous reste beaucoup à découvrir sur la vie et la culture de ces anciennes populations de l'Approuague.

Pièce n° 71Les fractures de cette écuelle suivent les jonctions des colombins. On peut voir qu’ils ont été assemblés en anneaux très fins superposés. La multiplication des cassures indique que les colombins n’ont pas été soudés les uns aux autres de façon soignée. Cette céramique n’a pas subi de raclage et la surface du vase a été simplement lissée pour effacer les jonctions entre chaque colombin.

Pièce n° 167Ce bol est exceptionnel par sa forme et son décor. La pâte a été préparée avec un dégraissant de cendres grossièrement broyées. Parfois, les cendres affleurant à la surface du pot se consument totalement lors de la cuisson et laissent des vides importants que l’on peut observer ici.Le décor externe a été réalisé à partir de cordons de pâte modelés puis appliqués sur la paroi du bol. A l'intérieur, sur le fond, on devine un motif de spirale quadrangulaire dessiné en négatif sur l'engobe rouge. Ce motif a été réalisé, avant la cuisson, avec une résine (ou une cire). Lors de la cuisson, la résine a disparu sous l’action de la chaleur laissant une empreinte en négatif.

71 167

Dégraissant ajouté à l'argilePhoto Cl.Coutet

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88Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique 89Commentaire et inventaire

objets domest iques : la céramiqueAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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Pièce n° 26 :Cette coupe, de très belle facture, porte un décor particulier : des vaguelettes tracées en négatif sur fond rouge et quatre petits lobes modelés sur la lèvre.On peut également observer sur cette pièce les traces laissées par l’opération de polissage. Celui-ci a été effectué avec un outil rond et dur qui laisse des sillons parallèles légèrement concaves. L’intérieur de la poterie a été poli après l’application de l’engobe, celui-ci a donc pris un aspect brillant.

Pièce n° 109La forme ovale de ce pot et la présence de tenons aux extrémités et sur la panse laissent perplexe quant à sa fonction. Le décor incisé sur la surface externe se partage en deux types de motifs : à droite, un motif dit "en treillis" et, à gauche, trois colonnes de lignes horizontales. L’incision est une des techniques de décor la plus courante en Guyane. Elle est pratiquée (à l’aide d’un outil pointu, en pierre, en bois, en bambou, en os…) lorsque la pâte de la poterie est à "consistance cuir" c’est-à-dire ni trop molle, ni trop dure.

les colorants et vernis

Les colorants et vernis d’origine végétale sont extrêmement variés et leur préparation relève parfois de recettes très complexes pouvant sensiblement varier d’une potière à l’autre.Parmi les colorants végétaux rouges, le plus connu est certainement le roucou (Bixa orellana). Les graines de cet arbuste, une fois écrasées dans l’eau, produisent une substance rouge vif. Pour obtenir du noir, on utilise la graine de genipa (Genipa americana) ou le mani (Symphonia globulifera L.), plutôt utilisé comme vernis imperméabilisant dont on enduit la face interne des pots. La patate douce (Ipomoea batatas), de couleur violacée, est fréquemment employée dans les recettes. Pour obtenir du rouge, du jaune ou du blanc, on utilise des argiles diluées dans l’eau ou d’autres substances servant de liants. Sur les céramiques anciennes, ce sont ces couleurs que l’on retrouve le plus fréquemment, les colorants d’origine végétale se conservant moins bien.

Préparation des colorantsPhoto Cl. Coutet

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Pièce n° 108Le bord polylobé de ce plat creux a probablement été découpé à l’aide d’une baguette (taillée dans du bambou, par exemple). La surface interne a été engobée en blanc puis décorée de motifs peints en rouge et noir. Sur ce vase, la finesse du tracé indique une technique de dessin très particulière : les lignes rouges ont été tracées avec un bâtonnet auquel est fixée une longue plume. Cette plume appliquée sur toute sa longueur forme une ligne très fine prenant exactement la courbure souhaitée. On peut ainsi dessiner des motifs très fins et extrêmement complexes.

Pièce n° 160 Ce pot koriabo montre un mauvais état de conservation. Il est recouvert d’un dépôt ferrugineux qui s’est formé pendant le long séjour de cette poterie dans l’eau (souvent très riche en fer en Guyane). Sur le bord, on voit deux figurines cassées : seuls les bras, en appui sur le haut de la panse, sont conservés. Sur la panse, deux têtes anthropomorphes, modelées puis "collées" sur la paroi, sont encore visibles.

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Dessin de motifs sur céramiqueClaude Coutet

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des fonctions diverses. Les poteries sont autant les témoins de la vie domestique que des fêtes rituelles. En examinant leurs dimensions, leurs formes et leurs décors, on peut tenter de comprendre à quelles fonctions elles étaient destinées. Les formes simples, ouvertes, sans décor élaboré – écuelles, bols, plats creux, par exemple – suggèrent une utilisation comme récipients de consommation. Les grands bassins peuvent servir de réservoir d’eau dans lequel on puise tout au long de la journée pour les repas comme pour la toilette. Les formes fermées telles que les jarres sont utiles pour stocker des denrées ou des boissons ; les pots pour cuisiner sur un foyer. Les récipients de belle qualité (avec une pâte fine, solide et bien cuite) ayant un profil complexe ou portant des décors

soignés laissent supposer une fonction plus exceptionnelle. Ce type de récipients peut être employé dans le cadre de diverses cérémonies (initiations, enterrements, rites chamaniques, fêtes intercommunautaires, etc.).

Certaines poteries font également l’objet de réutilisation. Les grandes jarres ou les bassins, par exemple, peuvent être utilisés pendant plusieurs années pour contenir des boissons, comme le cachiri (sorte de bière à base de manioc fermenté), puis employées comme urnes funéraires. On trouve également des piédestaux de coupe qui, une fois ces dernières cassées, peuvent servir de gobelets.

De la composition de la pâte jusqu’à l’organisation des motifs décoratifs, la céramique offre de nombreuses informations que l’archéologue peut exploiter dans les moindres détails.L’analyse des motifs permet d’appréhender une partie de l’univers symbolique et idéologique de ces peuples. Grenouilles, chauves-souris, scorpions, tortues, jaguars, êtres fantastiques sont sans doute autant d’esprits avec lesquels il faut compter. Certains motifs extrêmement complexes sont même compris comme l’enregistrement de récits mythiques et comme systèmes de reconnaissances identitaires (clans ou statut social, par exemple) (Schaan, 2001).Les recherches concernant la fabrication des poteries, l’organisation de leur production et leur diffusion nous renseignent sur l’organisation socio-culturelle, économique et même politique des sociétés anciennes. L’uniformité de la technologie céramique au sein de vastes entités culturelles

(comme les traditions arauquinoïdes ou koriabo) nous amène à considérer ces ensembles comme des sphères d’interaction où chaque groupe de population est au centre d’un réseau d’échanges complexes (mariages, commerce, guerres, alliances, etc) entraînant une homogénéisation relative de la culture matérielle (Coutet, 2010).Ainsi la céramique donne de multiples clés d’entrée pour mieux comprendre ces sociétés anciennes d’Amazonie dont la culture matérielle*, en grande partie périssable, a disparu il y a bien longtemps.

Merci aux potières qui ont eu la gentillesse de me transmettre un peu de leur savoir : Agnès Lieutenant, Julie François, Dosanges Lieutenant, Marie Lieutenant, Emmanuela Tome et Elvira Ioio.

174173

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Si la période d’apparition de la poterie en Guyane reste encore à découvrir, les plus anciennes céramiques découvertes remontent à 4 000 avant J.-C. Ce sont des repères précieux pour les archéologues qui permettent de comprendre la vie quotidienne des Amérindiens aux époques anciennes. Les variations des formes et des décors reflètent les traditions, les influences et les échanges entre les hommes.

les décors. Trois types de décors ont été mis en évidence dans la céramique amérindienne de Guyane :

- Modelés. Il s’agit d’un décor en relief sur la paroi du vase qui peut être fabriqué à part puis "collé" avec de la barbotine (argile

délayée) ou être réalisé par pression directement sur la paroi. Les décors de pastilles, de boudins et de têtes d’animaux ou d’humains sont les plus courants.

- Peints. Les motifs sont réalisés avec des colorants minéraux (argiles rouge, blanche …) avant la cuisson, et avec des colorants végétaux (comme le "genipa" pour le noir, le roucou pour le rouge vif…) après la cuisson. Ces décors peints étaient probablement réalisés à l’aide de plume ou de petits bâtons.

- Incisés. Avant le séchage complet du vase, la surface pouvait aussi recevoir un décor de motifs géométriques ou figuratifs obtenus en procédant à de légères incisions ou entailles sur la paroi du vase.

POTS, MARMITeS eT CRuCHeS

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

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2

les traditions. Plusieurs traditions ont pu être mises en évidence en fonction des formes, du type de pâte, des décors et des datations.

Les deux traditions les mieux définies sont l’Aristé (pièces 86, 101, 102, 103, 107, 182 et 183) et le Koriabo (pièces 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 14, 17, 32, 38, 39, 40, 55, 56, 47, 58, 49, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 79, 80, 81, 82, 84, 108, 151, 159, 160, 163, 165, 166, 167, 185) décrites dans le chapitre introductif.

D’autres, comme les céramiques 10 (p.120) et 163, appartiennent peut-être à la Culture Marajoara de l’île de Marajo de l’embouchure de l’Amazone.

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

les formes principales

"Ils ont trouvé le moyen d’utiliser la terre, de laquelle ils font leur vaisselle, leur batterie de cuisine, leurs pots, leurs plats et leurs assiettes : même leurs platines pour faire cuire la cassave sont de cette matière, aussi bien que leurs canaris (ou vases pour mettre leur boisson) ; j’en ai vu quelques-uns uns aussi grands que des tonneaux de vin. Quoiqu’ ils n’aient pas l’usage du plomb, ils vernissent pourtant leur vaisselle. Ce vernis est gris, rouge, jaune, et de plusieurs autres couleurs".(Chrétien, 1718 et 1719 )

Les poteries servaient donc essentiellement à la préparation, à la cuisson et au stockage des aliments. Les formes sont liées aux usages.

Les grands vases de type marmite ont pu servir à préparer les aliments et à les cuire (pièces 32, 36, 38, 39, 40, 63, 64, 65, 66 et 151).

32

38

39

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CéRAMIQUES à PRéPARER ET à CUIRE

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Les platines à manioc servaient à cuire la cassave*. Aucune platine complète en céramique (c’est une pièce très fragile) n’a été retrouvée en Guyane. Le manioc est consommé de différentes manières sous forme de galette (pièce 164) ou de couac, farine granuleuse (pièce 154).

Les bols, jattes, plats, écuelles, coupes pouvaient contenir la nourriture servie lors des repas (pièces 12, 30, 35, 58, 59, 70, 156, 159, 165, 173, 174, 175, 184).

30

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CéRAMIQUES à SERVIR

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique 99Commentaire et inventaire

objets domest iques : la céramiqueAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Les récipients à col étroit servaient à transporter et à conserver l’eau, et les grandes jarres, les aliments ou les boissons préparées (pièces 55, 56, 57, 166, 185). Ces jarres pansues à fond plat, sont souvent sobrement décorées de pastilles ou de lignes parallèles incisées. Les formes sont diverses avec ou sans carène (rupture saillante dans la courbe de la panse), les lèvres et les bords variés.

CéRAMIQUES à LIQUIdES

56 166

185

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Les céramiques naviformes (pièces 31, 37, 150, 161, 168) servaient à puiser le cachiri (bière de manioc) dans les grandes jattes préparées pour cette boisson nourrissante.

Certains vases, comme les urnes décorées, étaient destinés à recevoir les ossements ou les cendres des défunts. (cf. rites funéraires, p.118, 119)

CéRAMIQUES NAVIfORMES

168

37

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique 101Commentaire et inventaire

objets domest iques : la céramiqueAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

On ignore encore à quel moment précis l’homme a su obtenir intentionnellement du feu en Guyane. Ailleurs dans le monde, cette acquisition est attestée 400000 avant J.-C. Aucune trace matérielle de cette activité essentielle ne nous est parvenue ; mais un témoin du XVIIIe siècle a fait cette observation :

Les Amérindiens " font du feu avec un petit bâton dur, qu’ ils tournent vigoureusement entre leurs mains, l’appuyant par un bout sur une pièce d’un autre bois bien sec. La vitesse du mouvement en fait bientôt sortir la fumée, et aussitôt après le feu". Les modes de cuisson sont variés. Les Amérindiens pouvaient utiliser des marmites en céramique pour bouillir les aliments, des platines pour cuire les cassaves et des foyers pour faire griller la viande et le poisson. "Ils ne font guère bouillir que les crabes et les coquillages ; tout le reste, viande ou poisson se boucane, c’est-à-dire se dore en le faisant cuire à petit feu sur une espèce de gril, qui s’appelle boucan… C’est une chose admirable que le manioc : le suc vénéneux qu’ il contient perd dans sa cuisson tout ce qu’ il a de mauvais".

(Pelleprat P., 1655).

lA CuISIne

Boucanin Crevaux (1883)Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

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102Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets en bois

Les seuls témoignages indirects du travail du coton sont les trois fusaïoles en terre cuite (pièces 79, 80 et 81) retrouvées lors des fouilles préventives à la construction du Barrage de Petit-Saut sur la rivière Sinnamary. Deux sont décorées de motifs géométriques.

le TRAVAIl du COTOn

leS PIèCeS MInIATuReS

Il est toujours délicat d’interpréter les pièces appelées miniatures (pièces 60, 61, 62, 67, 68, 69, 74, 75, 76, 77, 78, 171, 179, 180, 181). Sont-elles fabriquées par des adultes dans un but précis (petite coupelle à encens ou autre produit odoriférant, flacon ou récipient à sauces, …), s’agit-il de jouets façonnés par des adultes et des enfants, ou ne sont-elles que les vestiges des essais des petites filles ou des apprenties potières ? La qualité de finition de certains objets pourrait nous laisser pencher en faveur de la dernière hypothèse pour les pièces 67, 76, 77, 180, 181 par exemple. Pour les autres, il est délicat de trancher.

79, 80, 81

62 179

67

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Commentaire et inventaireobjets domest iques : la céramique 103Commentaire et inventaire

objets domest iques : objets en boisAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Les objets précolombiens en bois préservés sont peu nombreux, en tout une cinquantaine pour le territoire actuel de la Guyane française ; les douze pièces présentées ici donnent un aperçu des pièces conservées dans les collections. Seuls les bois d’arc ne sont pas représentés, alors que nous avons pu en récupérer une dizaine, non datés à ce jour.

ObjETS EN bOIS PRéCOLOMbIENS : PAGAIES, éPéES, LANCE

G. Migeon

Conception : G.Migeon / Réalisation : F.Poncet

Datation des objets en bois précolombiens

Détails de manches de pagaies Détails de la pièce n°2

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104Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre

Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre

113

114

110

111

112

Les objets en bois : épées, casse-têtes, pagaies, bois d’arc, … provenant du fond de la rivière Approuague ont été datés par les laboratoires CIRAM /CAIS. Nous donnons simplement l’âge après J.-C. avec les intervalles de probabilité les plus forts, de la plus ancienne à la plus récente :

113 : 1270 – 1306111 : 1306 – 1362114 : 1486 – 1644110 : 1632 – 1667112 : 1807 – 1896

Les quatre pagaies au manche décoré (113, 111, 114, 110) font partie d’une tradition précolombienne qui perdure jusqu’au XVIIe siècle ; elles pourraient appartenir au peuple des Nouragues qui occupait la région du moyen Approuague jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. La pagaie 112, datée du XIXe

siècle, présente une toute autre facture, l’acculturation ayant fait son travail destructeur.Selon Pierre Grenand, les pagaies actuelles sont surtout faites en bois-citronnelle (en créole), palaku' ï et palakuta en wayãpi (Aspidosperma oblongum et Aspidosperma macgravianum, Apocynaceae) et en bois pagaie ou bois chapelle (en créole) walalu'ï en wayãpi (Chimarrhis turbinata, Rubiaceae).

PAGAIeS

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre 105Commentaire et inventaire

objets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierreAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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120

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Trois épées (116, 117, 118), trois casse-têtes (119,120, 121) et une lance (122) sont présentés ici ; de nombreux autres casse-têtes et épées ont été retrouvés ces dernières années et seront datés prochainement par différents laboratoires. Ces armes, illustrées dans nombre d’ouvrages des XVIIe et XVIIIe siècles, font aussi partie d’une tradition précolombienne plus ancienne,

les pièces 119 et 120 étant datées entre le Ve et le VIIe siècle (119 : 424-546 après J.-C. et 120 : 600-662 après J.-C.).Les casse-têtes et épées étaient soit en bois lettre (cf. ci-dessus), soit en boco (Bocoa prouacensis, Caesalpiniaceae), soit en balata (divers Manilkara, Sapotaceae).

ePéeS, CASSe-TêTeS, lAnCe

122

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106Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets actuels

ObjETS dOMESTIQUES ACTUELS :CéRAMIQUE, VANNERIE d’AROUMAN, bOIS ET éCORCE, CALEbASSE ET COTON

G. Migeon en collaboration avec d.davy et P.Grenand

La céramique wayana ou wayãpi est différente des céramiques précolombiennes retrouvées dans les territoires actuels de ces deux peuples (pièces 145, 146, 147, 148) ; elle est de couleur marron foncée, très peu décorée, si ce n’est de motifs incisés géométriques.

146

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143

148

Quant à la vannerie, qui constitue la matière de base de nombreux ustensiles des Amérindiens de Guyane, on ne peut la comparer aux seuls vestiges anciens en vannerie qui avaient été retrouvés dans une couche argileuse sur la commune de Rémire-Montjoly dans les années 1970, ceux-ci ne s’étant pas conservés. En revanche, les gravures anciennes des voyageurs présentent abondamment les paniers (pièce 123, 135, 142) corbeilles (pièces 131, 132, ), éventails, katouri ou hotte (pièces 128, 133, 134 ), mitu ou nattes (pièces 129, 139), couleuvres ou presse à manioc (pièces 143, 144), manaré ou manalé ou tamis à manioc (pièces 136, 149), wali-wali ou éventail à feu (pièce 130) fabriqués en arouman (pièce 176), palmes et autres végétaux par les Wayana, Teko ou Wayãpi, sur des modèles très certainement millénaires. Damien Davy a abondamment décrit les objets de vannerie amérindiens de Guyane dans sa thèse. Il évoque ce sujet dans le chapitre "Bois, fibres, feuilles, écorces, plumes…" de ce même catalogue.

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106Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireobjets domest iques : objets actuels

142149

La majorité des transports se faisant à pied, par des layons, les Amérindiens portaient leurs affaires dans une hotte, appelée katouri en Guyane. Les calebasses étaient évidées et utilisées principalement comme bols (pièces 124, 125). En coton (pièce 177), ils confectionnaient hamacs (pièce 141), porte-bébé (pièce 140), ceintures… En bois, ils réalisaient pirogues, sagaies, tabourets ou bancs (pièces 126, 127), arcs et flèches (pièces 137, 138) bols, et ciels de case, uniquement dans le bois du fromager, l’arbre sacré par excellence. En écorce, ils fabriquaient des carquois, des paniers…

Selon Pierre Grenand, les arcs étaient avant tout faits en bois lettre (mot créole), paila en wayãpi (Brosimum guianense, Moraceae) et les flèches étaient faites :

1) pour la hampe, en roseau à flèche (Créole), wïwa en wayãpi, (Gynerium sagitattum, Poaceae)

2) pour les pointes lancéolées, en bambou ou kulumuli en wayãpi (Guadua latifolia, Poaceae)

3) pour, les autres pointes, soit en os de biche ou os de kwata (singe atèle), soit en dard de raie, soit en bois dur taillé dans des Myrtacées.

137

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Portage en forêt avec Katouriin Crevaux (1883)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

Hamacs in Crevaux (1883)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

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108Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre

Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre

OBJETS d'artde pouvoir et de prestige

Gérald MIGeOn

Ornements personnels

Les vestiges archéologiques apportent des données ténues relatives à l’organisation politique et sociale des sociétés amérindiennes anciennes de Guyane. Le chef, le chaman étaient les personnages importants de cette société de chasseurs, pêcheurs, et guerriers à l’occasion. Si les objets en matière périssable végétale (tresses de fleurs, parures en coton, objets en bambous, en arouman…), animale (dents de pécari, coiffes en plumes…) ou en coquillage, ne nous sont point parvenus, quelques ornements en pierre, ainsi que de très rares haches de guerre ou d’apparat ont échappé aux affres du temps. Certains de ces objets prestigieux ont fait l’objet d’échanges à moyenne et longue distance entre le territoire de l’actuelle Guyane et les régions voisines et peuvent être, comme le sont les peintures corporelles, des marqueurs identitaires, ethniques, claniques, sexuels ou sociaux chez les Amérindiens des Guyanes et d'Amazonie.

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre 109Commentaire et inventaire

objets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierreAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Les fonctions utilitaires ou domestiques des outils lithiques ne doivent pas faire oublier les valeurs et symboles que les pierres pouvaient transmettre. Ainsi, nombre de réalisations anciennes en pierre ou sur la pierre ont très probablement eu des fonctions cérémonielles, rituelles et ornementales. Ainsi, l’utilisation de matériaux particuliers, « pierre verte », granodiorite, cristal de roche… ont eu pour les populations amérindiennes anciennes une signification particulière, en raison de leur rareté ou de leur couleur.

ObjETS EN PIERRE

Les parures sont particulièrement rares dans les collections archéologiques de Guyane. Elles avaient une grande valeur aux yeux des peuples amérindiens et devaient sans doute être conservées et transmises de génération en génération, ou encore enfouies dans des endroits aujourd’hui encore inconnus. Comme les deux haches "cérémonielles" en granodiorite (pièce 91) et en pierre verte (pièce 42), les parures (pièces 87 à 90) ont été fabriquées dans des matériaux aux caractéristiques spécifiques. Les grenouilles en pierre verte (jadéite ou néphrite) appelées muiraquitas (pièce 87), peuvent être considérées comme des amulettes. La couleur verte bleue de la pierre est associée en Amazonie, et dans d’autres contrées de l’Amérique amérindienne, à la fertilité, aux eaux de pluie et à la femme. Les grenouilles, animaux à la fois aquatiques et terrestres, comme la tortue (pièce 90) et le serpent, qui de plus passent d’un état à un autre, sont associées à l’eau et symbolisent pour les Amérindiens la fécondité, la fertilité… et protègent de différents maux. On

retrouve ce symbolisme dans les amulettes de pierres précieuses vertes et sur de nombreuses céramiques, où les grenouilles sont associées à des tortues, voire à des caïmans, tous deux animaux aquatiques et terrestres, et aussi à des représentations anthropomorphiques très sexuées. La diffusion des pendentifs en forme de petite grenouille, sculptées dans une "pierre verte", dans toute la zone guyano-amazonienne et caribéenne est attestée archéologiquement. Un atelier a été reconnu au Suriname dans les Monts Brownsberg ; les porteurs de la culture Kwatta fabriquaient ces objets et les échangeaient avec les peuples des côtes des Guyanes (Versteeg, 2003, Rostain, 2005). Un autre atelier est connu près de Santarem, sur l’Amazone ; il exportait des muiraquitas dans toute la région du moyen Amazone (Prous, 1991 : 453-454). Le pendentif en pierre verte (pièce 88) et la perle en cristal de roche (pièce 89), sont deux petites pendeloques, portées autour du cou.

PARuReS PeRSOnnelleS

87 88 89

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre

Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre

Dans la grotte funéraire de Trou Delft, sur la Montagne Bruyère, commune de Ouanary, ont été retrouvées, en association avec deux urnes funéraires Aristé récent (XIVe –XVIIe siècles) dont une rectangulaire, des perles de verre bleues provenant d’Europe, ainsi qu’une assiette en faïence bleue et blanche fabriquée à Delft (Pays-Bas). La couleur bleue des perles et de l’assiette a dû attirer l’œil des Amérindiens, en relation avec le symbolisme du bleu-vert associé à la fertilité et à la fécondité. Les pendentifs, pectoraux ou colliers que l’on retrouve aujourd’hui lors les fouilles, sont souvent en "pierre verte" (jadéite, amazonite, néphrite…), mais d’autres ornements étaient en matériaux d’origine végétale (tresses de fleurs, coton, bambous…), animale (dents de pécari, plumes…) ou en coquillage.

"Les femmes mettent leurs bracelets au poignet, et les hommes au-dessus du coude. Elles portent aux mollets, dès l’ âge de trois ans, de larges bracelets faits de fil de coton de couleur rouge, qui leur pressent les jambes de telle sorte qu’ ils les empêchent de grossir. Les jeunes hommes portent en bandoulière des baudriers de dents de divers animaux. Les hommes et les femmes ont l’ habitude de porter des boucles non seulement aux oreilles, mais même à la lèvre inférieure, et aux narines ; ces boucles sont faites d’un certain métal qui ressemble à du cuivre doré. Les hommes portent de plus des plaques de ce même métal, larges comme la paume de la main, et qu’ ils appellent caracoli, et qui battent sur leur poitrine" (Père Pelleprat, 1655).

L’utilisation du mot caracoli (coquillage en espagnol) nous fait penser que les boucles dont parle Pelleprat sont faites dans ce matériau et non du métal

ObJeTS de POuVOIR eT de PReSTIGe : leS "HACHeS PARTICulIèReS" eT leS HACHeS de GueRRe

La lame de hache en forme de toucan est le seul exemplaire connu en Guyane, et même dans la région amazonienne. Quant à celle fabriquée en granite, il faut souligner le caractère inhabituel non seulement du matériau, un granite très coloré, mais aussi de la forme, en queue de poisson. Le granite n’est généralement pas utilisé pour les haches utilitaires, fabriquées en grande majorité en dolérite. Le choix des matériaux, rares ou particuliers, et la forme de la lame en granite font de ces deux lames deux objets exceptionnels, probablement objets de pouvoir, à usage cérémoniel, rituel, magique ou politique. Pour le Surinam, Boomert et Kroonenberg, 1977: 37) décrivent les ateliers des Monts Brownsberg fabriquant, entre 1200 et 1500, des lames de pierre verte pour les peuples de la côte. Pour la Guyane française, nous avons le même schéma, avec des fabricants sur le moyen Approuague, qui échangent avec les peuples de la côte lames ou haches, entre le IXe siècle avant notre ère et la conquête. Les datations de 15 haches emmanchées, retrouvées dans les sauts du fleuve Approuague, montrent qu’entre 900 avant J.-C. et 1500 après J.-C. soit pendant plus de 2400 ans, cette région a produit des lames vertes et des haches qui étaient commercialisées dans une partie de la côte de Guyane. Ainsi, la hache de Saut Mapaou, conservée au Musée des Cultures Guyanaises date du XIVe siècle (1429 -1516 après J.-C., Rostain et Wack, 1987), trois du XIVe siècle, sept sont datées entre les VIIe et IXe siècles, trois des Ve et VIe siècles de l’ère chrétienne (datations réalisées sur le bois des manches par le laboratoire Archéolabs en 2005 et 2006). La hache de Saut Tourépé, issue des collections de l’Ecomusée municipal de l’Approuague-Kaw de Régina, est beaucoup plus ancienne et date du IXe siècle avant l’ère chrétienne.

42 91

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierre 111Commentaire et inventaire

objets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en pierreAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

leS MAnIèReS d’éCHAnGeR leS ObJeTS de PReSTIGe :lA GueRRe eT le COMMeRCe

Les guerres (raids de pillage, vendettas, rapts de femmes…), la compétition et l’émulation entre des groupes de guerriers pour obtenir femmes, prestige, pouvoir, richesses…sont les motivations principales des déplacements. Ces activités peuvent être aussi l’occasion d’alliances matrimoniales, de visites amicales et d’échanges d’objets somptuaires. Parfois, le décès d’un membre important de la communauté réunit des groupes éloignés les uns des autres pendant des années.

Les Amérindiens menaient de redoutables raids guerriers contre les villages ennemis. Les tribus devaient donc se défendre contre d’éventuelles invasions hostiles. On retrouve des sites de villages fortifiés au sommet des montagnes ou encore des traces de palissades qui entouraient les habitations pour les protéger. Les quatre haches emmanchées complètes (pièces 53, 54, 104, 105) et la plupart des lames de haches témoignent de cet état de guerre endémique.

Les migrations successives de peuples, idées, objets ont probablement emprunté les voies maritimes côtières, mais aussi les voies terrestres et fluviales de l’intérieur ; de ce fait les Amérindiens avaient une bonne connaissance de leurs territoires et de ceux de leurs voisins, même si la méfiance régnait. La voie littorale par cabotage avec les pirogues de mer, bien illustrées par les premiers voyageurs et conquérants, est la voie royale des échanges. Ainsi entre l’embouchure de l’Amazone et celle de l’Orénoque, les courants marins

permettent une navigation relativement rapide. Les produits venus de l’intérieur des terres, id est de l’Amazonie centrale, arrivent en général par des pirogues de fleuve, en passant par les affluents de l’Amazone et du Rio Negro, puis grâce à du portage terrestre par les hauteurs (Tumuc-Humac) pour rejoindre l’Oyapock, l’Approuague, le Maroni…, pour aboutir à la côte de Guyane en pirogue ou par des chemins terrestres. A l’intérieur de la Guyane, le portage utilise les chemins terrestres, chemins de crêtes ou de bord de criques, encore utilisés de nos jours.

Chaque tribu avait une spécialité de production agricole ou artisanale qu’elle troquait contre une autre denrée utile. On connaît certains de ces échanges grâce aux noms que portaient les tribus : les "Caycouciannes" signifiaient les éleveurs de chien de chasse ; les "Ouens" étaient les vendeurs et fabricants de grage (râpe à manioc), et les "Roucouyennes" (actuels Wayana) étaient les producteurs de roucou (plante très utilisée par les Indiens pour teindre en rouge leur peau ou des objets).

L’échange à longue et moyenne distance de produits, d’objets comme des râpes à manioc, des chiens, des objets symboles de pouvoir (coiffes, plumes, lames de haches…) est pratiqué par diverses tribus qui trouvent ainsi prétexte à tisser des liens sociaux et diplomatiques. Il est décrit jusqu’à la fin du XIXe siècle par des voyageurs comme Crevaux et Coudreau, en particulier. De fait, certaines tribus vont volontairement ne pas fabriquer certains objets, pour pouvoir échanger leurs spécialités avec leurs voisins proches ou lointains (Artur, 1742, Im Thurn, 1883/1967, Roth, 1924).

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en céramique ou en terre cui te

Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en céramique ou en terre cui te

Pour les objets en céramique ou terre cuite, comme pour les objets en pierre, il n’est pas toujours aisé de tracer la limite entre fonctions domestiques et fonctions rituelles, cérémonielles… ou autres. Ainsi, de nombreux pots toriques de tradition koriabo, finement décorés, peuvent avoir eu des fonctions différentes au cours de leur existence, d’abord pot à cuire, puis peut-être urne funéraire, en particulier pour les plus décorés. D’autres objets destinés à des utilisations plus restreintes ont des fonctions plus facilement compréhensibles et permettent d’entrevoir une partie du monde caché et en grande partie perdu, des Amérindiens de l’époque précolombienne.

ObjETS EN CéRAMIQUEOU EN TERRE CUITE

Les chamanes utilisaient le tabac (petun en langue tupi) lors des rites de guérison, comme l’illustre la gravure de Crevaux. Le mortier en pierre en forme d’oiseau (urubu, rapace de Guyane) servait très probablement à des préparations de breuvages spéciaux ou à broyer l’encens brûlé ensuite dans des encensoirs comparables à celui présenté ici (pièce 23).

leS enCenSOIRS eT PIPeS à TAbAC

Chamane et tabacin Crevaux (1883)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

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33

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en céramique ou en terre cui te

Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en céramique ou en terre cui te

leS InSTRuMenTS de MuSIQueOu à bReuVAGeS

Les deux objets, nettement de forme phallique, sont énigmatiques. Ils sont décorés d’une représentation anthropomorphe à leur extrémité (yeux, nez). Un petit orifice est ouvert à la base de l’extrémité et aurait pu permettre le passage d’un liquide à caractère "particulier" (cachiri, jus de tabac…). Ces deux objets ont aussi pu servir d’instruments de musique, comme nous l’ont suggéré plusieurs Amérindiens. Quant à la pièce zoomorphe 82, s’agit-il d’un instrument de musique, comme le suggère des amis kali’na ? Les instruments amérindiens actuels en matériau périssable (os de biche, sonnailles en calebasse et graines…) nous laissent entrevoir un univers musical précolombien plus riche que celui présenté par ces trois pièces. En effet, lors des fêtes du Toulé, cérémonie festive pan-indienne, du Pono, cérémonie wayana et apalaï destinée à chasser les esprits, ou du Maraké, rite d’initiation wayana pour les adolescents, la musique et la danse étaient et sont encore à l’honneur.

17

Roucouyenne dansant le Touléin Coudreau (1893)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

Joueur de flûte sur un radeauin Crevaux (1883)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

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uRneS FunéRAIReS eT RITeS

Les fouilles archéologiques livrent très peu d’informations sur la mort et les coutumes funéraires des Amérindiens anciens de Guyane. En effet, dans la mesure où l’acidité des sols détruit les ossements, aucune sépulture entière n’a été découverte à ce jour en Guyane française, à l’exception des urnes funéraires contenant divers objets et parfois des cendres et os brûlés. D’autres formes de rites funéraires sont attestées par les sources mais elles n’ont laissé aucune trace matérielle. Les urnes funéraires (pièces 101, 102, 103, 107) sont des vases de grande taille, décorés de motifs peints et incisés, fermés par un couvercle (écuelle ou plat renversé, pièces 86, 182, 183). À l’intérieur des urnes, de la terre, des parures et des objets divers ont pu être retrouvés. Dans certains cas, la présence d’esquilles d’os brûlés et de cendres suggère une crémation du corps. Les archéologues ont mis en évidence l’utilisation de cavités comme habitat ou comme grottes funéraires, un phénomène également observé dans l’Amapá (Brésil). L’entrée naturelle de certaines cavités avait été volontairement obturée. De nombreuses céramiques toutes de tailles, de formes, et de décorations différentes ont été mises au jour. Les urnes qui contiennent les vestiges des individus sont souvent anthropomorphes, la céramique constituant alors l’enveloppe de l’individu dans son existence, après la mort terrestre. Mais les individus n’étaient certainement pas tous mis en urne après crémation, incinération ou décharnement ; ils pouvaient être enterrés tout simplement dans le sol près de leur village comme nous le suggèrent les textes des XVIIe et XVIIIe siècles. Les résultats des analyses des vestiges archéologiques ont été confrontés aux données

ethnologiques et ethnohistoriques. À travers ces données, les rites et les cérémonies des funérailles apparaissent très différents d’une ethnie à l’autre, et d’une époque à l’autre. Par exemple, le défunt peut avoir été placé dans un tissu en coton, voire dans son hamac, et enterré dans une fosse. Les exemples cités ci-dessous évoquent des rites Galibis ou Kali’nas, mais ils peuvent être transposés aux peuples amérindiens occupant les territoires situés entre l’Oyapock et l’Approuague.

"Quand quelqu’un est mort, soit de maladie, soit qu’ il ait été tué à la guerre, nos Galibis le laissent le plus longtemps qu’ ils peuvent dans son hamac, après l’avoir orné de tous ses bijoux et instruments de chasse ou de guerre. Tout le monde pleure d’une étrange façon, faisant grand bruit autour de son corps. Elles racontent les belles actions du défunt : "Il était si bon", disent-elles, "c’ était un si bon chasseur, il nous apportait si souvent de quoi manger. Il était si courageux à la guerre, Il ne craignait pas les ennemis, il en a tant fait mourir." Si c’est une femme, elles racontent tout ce qu’elle savait faire : "Elle travaillait beaucoup. Elle contentait si bien son mari qui l’aimait beaucoup. Quand ils ont tous bien pleuré, en dansant et en chantant quelque chose de lugubre autour du mort, on lui prépare un bûcher sur lequel on le met avec les objets et armes dont il s’est servi" (Père Biet, 1664).

"Ils pleurent pendant deux ou trois jours les défunts, et leur rendent les derniers devoirs avec beaucoup de cérémonie. Ils mettent le corps, assis sur un petit siège fort bas dans une fosse, profonde et, l’ayant couvert de quelques branches et feuilles d’arbre, font pendant quelques ois du feu autour".(Père J. Chrétien, 1718 et 1719).

101 & 182

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Crémation d'un roucouyenne (wayana)in Crevaux (1883)

Bib. A.Franconie, Conseil général de la Guyane

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en céramique ou en terre cui te

lA VAISSelle d’ACCOMPAGneMenT

Lors de banquets, funéraires ou non, de fêtes, de rites d’initiation, des plats richement décorés de peintures jaune, orangé, rouge, noire, blanche… (parfois réalisés avec la technique du négatif), d’appliqués zoomorphes (grenouilles, tortues), de goulot anthromorphe (pièce 13) étaient probablement utilisés (pièces 8, 9, 10, 11, 13, 14, 158, 163) pour servir les officiants et les invités.

8

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Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

9

Les représentations anthropomorphes sont très nombreuses, comme c’est le cas dans l’art rupestre. Nous les interprétons comme le signe de la volonté de s’identifier comme humain, de se différencier aussi des autres groupes humains par des graphismes originaux, mais elles sont peut-être aussi le désir de créer des formes esthétiquement agréables, même si elles sont empreintes de symbolismes profonds. Les statuettes (pièces 18,

19, 85 et 178) ont souvent été interprétées, comme celles de femmes enceintes ; les statuettes 15 et 27 de même style mais de tailles différentes et la pièce 16 représentent des femmes en train d’accoucher, à la manière amérindienne : les mains sur le ventre, à genoux les fesses reposant sur les talons. Il apparaît, sans trop forcer l’interprétation, que les sept pièces font clairement référence à la fécondité féminine.

LA QUESTION dES REPRéSENTATIONSPhyTOMORPhES, zOOMORPhES ET ANThROPOMORPhES

19

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en céramique ou en terre cui te

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en céramique ou en terre cui te 121Commentaire et inventaire

objets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : objets en céramique ou en terre cui teAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

21

20

lA duAlITé HOMMe/AnIMAl

Les deux têtes anthropomorphes (pièces 20 et 24,) et zoomorphes (pièces 21 et 25) illustrent la dualité des êtres, la vision du monde amérindien, avec des frontières floues entre les humains et les animaux, le chamane n’est-il pas l’homme-jaguar ? (cf. F. Grenand, 1982)

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : Représentat ions phytomorphes, zoomorphes et anthropomorphes

Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : Représentat ions phytomorphes, zoomorphes et anthropomorphes

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25

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Commentaire et inventaireobjets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : Représentat ions phytomorphes, zoomorphes et anthropomorphes 123Commentaire et inventaire

objets d’ar t , de pouvoir e t de prest ige : Représentat ions phytomorphes, zoomorphes et anthropomorphesAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

leS lIMITeS de l’ARCHéOlOGIe

Parmi les objets exhumés de l’Approuague et présentés ici, certains nous font particulièrement toucher du doigt les limites de nos connaissances. Que dire, par exemple, des pièces 28, 169, 22, mais aussi de celles interprétées comme des instruments de musique ou même de nombreuses autres ? Les pièces 22 et 28 représentent t-elle un être humain ? Un animal ? La pièce 169, un cylindre perforé apparaît plutôt comme un objet colonial, égaré sur l’Approuague (ou échangé par des Amérindiens au XVIIe ou au XVIIIe siècle. Force est de constater que nos interprétations reposent parfois sur des éléments très minces. En tout état de cause, le travail de recherche et d’interprétation ne manque pas en archéologie guyanaise.

22 28

169

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Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

INVENTAIRE

Conventionde présentation de description des pièces

Les pages qui suivent reprennent la présentation thématique des pièces proposée dans l'exposition

Chaque objet porte un numéro.

Sa description comporte ensuite :

- le type d'objet, ses matériaux et signes distinctifs- la culture attribuée- la provenance géographique (site)- les dimensions- la propriété

Page 126: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

124Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 125Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

72Aiguisoir en schiste gréseux

(trois rainures). Culture indéterminée. Barrage de

Petit Saut (Sinnamary).dim. : 10 L x 6 l

Coll.SRA Guyane

73Percuteur en quartz. Culture indéterminée. Plateau des Mines (Saint-Laurent-du-Maroni).dim. : 13 L x 7 l

Coll.SRA Guyane

92Polissoir portable en dolérite.

Culture indéterminée. Ile Saint Joseph (Cayenne).

dim. : 45 L x 25 l

Coll. SRA Guyane

98Aiguisoir en schiste gréseux (deux rainures). Culture indéterminée. Barrage de Petit Saut (Sinnamary). dim. : 12 L x 9 l

Coll. SRA Guyane

99Enclume en pierre.

Culture indéterminée.Barrage de Petit Saut

(Sinnamary). dim. : 15,5 L x 12 l

Coll. SRA Guyane

100Percuteur en quartz. Culture indéterminée. Plateau des Mines (Saint-Laurent-du-Maroni).dim. : 14 L x 11 l

Coll. SRA Guyane

115Percuteur en quartz.

Culture indéterminée. Plateau des Mines (Saint-

Laurent-du-Maroni).

dim. : 10 L x 10 l

Coll. SRA Guyane

152Percuteur en quartz. Culture indéterminée. Plateau des Mines (Saint-Laurent-du-Maroni).dim. : 8,6 L x 8,6 lColl. SRA Guyane

LIThIQUE Taille

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

INVENTAIRE

Conventionde présentation de description des pièces

Les pages qui suivent reprennent la présentation thématique des pièces proposée dans l'exposition

Chaque objet porte un numéro.

Sa description comporte ensuite :

- le type d'objet, ses matériaux et signes distinctifs- la culture attribuée- la provenance géographique (site)- les dimensions- la propriété

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126Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

155Nucléus (quartz).

Culture indéterminée. Organabo (Mana).

dim. : 14 L x 9 l x 3 HColl. SRA Guyane

157Meule passive circulaire.Culture indéterminée. Apatou. Don de la Cie minière Espérance.dim. : 3 H, 13 ØColl. SRA Guyane

162Fragments de quartz.

Culture indéterminée. Plateau des Mines (Saint-

Laurent-du-Maroni).Coll. SRA Guyane

43Lame de hache en pierre verte, triangulaire. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 25,5 L x 12 lColl. Ph. Gilabert*SRA Guyane(*noté Ph.Gil. infra)

44Lame de hache en pierre

verte. Culture indéterminée. Moyen Approuague.

dim. : 31 L x 9,5 lColl. Ph. Gil./SRA Guyane

45Lame de hache à encoches en pierre verte. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 18,2 L x 8,5 lColl. Ph. Gil./SRA Guyane

46Lame de hache à

encoches en pierre verte. Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 15,1 L x 8,8 l

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

47Lame de hache à gouge en pierre verte. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 18,5 L x 7,4 lColl. Ph. Gil./SRA Guyane

LIThIQUE Taille

Lames

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 128: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

126Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 127Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

48Lame de hache à

oreille en pierre verte. Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 11 L x 6,2 l

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

49Lame de hache à encoches (deux sur un côté, une de l’autre) en pierre verte. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 21,5 L x 8,5 lColl. Ph. Gil./SRA Guyane

50Lame de hache-pointe droite en pierre verte.

Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 26,2 L x 5,5 l

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

51Lame de hache à double tranchant asymétrique en pierre verte. Culture indéterminée.dim. : 27,1 L x 5,5 lColl. Ph. Gil./SRA Guyane

52Lame de hache à

encoches (deux de chaque côté) en pierre verte.

Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 10,3 L x 4,4 l

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

93Lame de hache en pierre verte, trapézoïdale. Culture indéterminée.dim. : 16 L x 9,5 l

Coll. SRA Guyane

94

Lame de hache en pierre verte, pétaloïde. Culture indéterminée.

dim. : 14 L x 9 lColl. SRA Guyane

95Lame de hache en pierre verte, allongée. Culture indéterminée.dim. : 20 L x 3,8 lColl. SRA Guyane

LIThIQUE Lames

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 129: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

128Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

96

Lame de hache à encoches en pierre verte.

Culture indéterminée.dim. : 14,3 L x 8,2 l

Coll. SRA Guyane

97Lame de hache en dolérite, triangulaire à deux tranchants. Culture indéterminée.dim. : 29 L x 14,2 lColl. SRA Guyane

42Lame de hache en pierre verte, zoomorphe (toucan ? tapir ?). Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 27,7 L x 11,4 lColl. Ph. Gil./SRA Guyane

91

Lame de hache en granodiorite, en forme

de poisson. Culture indéterminée. Barrage de

Petit Saut (Sinnamary).dim. : 21,9 L x 14,8 l

Coll. SRA Guyane

153

Lame de hache à oreille en pierre verte.

Culture indéterminée. Moyen Approuague.

dim. : 9 L x 11 lColl. Ph. Gil./SRA Guyane

53Hache emmanchée, bois, résine et dolérite. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : L manche : 42, L lame : 9,1, l lame : 6Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

54Hache emmanchée, bois, résine et dolérite.

Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : L manche : 46,5, L lame : 9, l lame : 6,5

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

104Hache emmanchée, bois, résine et pierre verte.Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : L manche : 36, L lame : 8, l lame : 7Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

LIThIQUE Lames

haches emmanchées

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 130: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

128Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 129Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

106Hache emmanchée, bois, résine et pierre verte. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : L manche : 33, L lame : 8, l lame : 5,5Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

88Pendentif en pierre verte avec deux perforations pour suspension. Culture indéterminée. Barrage de Petit Saut (Sinnamary).dim. : 9,6 L x 1,7 l x 0,5 H Coll. SRA Guyane

89Pendentif en quartz avec une

perforation, six incisions. Culture indéterminée.

Barrage de Petit Saut (Sinnamary).

dim. : 3,1 L x 1 l x 0,6 HColl. SRA Guyane

87Pendentif en pierre verte (néphrite ?), muiraquita,

en forme de grenouille, avec deux perforations

pour suspension. Culture indéterminée. Site du Golf (Kourou).

dim. : 2,6 L x 1,8 l x 1 HColl. SRA Guyane

90Pendentif en pierre. Fragmenté (tortue ?). Culture indéterminée. Barrage de Petit Saut (Sinnamary).dim. : 3,7 L x 2 l x 1,4 HColl. SRA Guyane

41Mortier en roche basaltique en forme d’oiseau. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 16,5 Ø, 16,5 H

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

105Hache emmanchée, bois, résine et pierre verte. Culture

indéterminée. Moyen Approuague.dim. : L manche : 38 L lame : 8, l lame : 7

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

LIThIQUE haches emmanchées

Parures

Mortier

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 131: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

130Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

86

Couvercle d’urne, motifs rouges sur fond blanc.

Culture aristé ancien ou récent, 400-1600 apr. J.C. Trou Delft, bas Oyapock

(Ouanary).dim. : 12,7 Ø x 3,1 H

Coll. SRA Guyane

103Urne funéraire sub-rectangulaire avec motifs rouges sur fond blanc. Culture aristé final, 1500-1750 apr. J.C. Trou Delft, bas Oyapock (Ouanary).dim. : 55,5 L x 32,5 l x 12,5 HColl. SRA Guyane

107

Urne funéraire à triple renflements avec motifs noirs sur fond blanc. Culture aristé

final, 1500-1750 apr. J.C. Trou Delft, bas Oyapock

(Ouanary).dim. : 27 Ø x 26,5 H

Coll. SRA Guyane

1Pot torique (à renflement sur panse) décoré de deux anses anthropomorphes (1 homme, 1 femme) et têtes de tortue. Koriabo, 1000-1700 après J.-C. Moyen Approuague.dim. : 12,2 Ø ouv. x 13,3 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

2Pot torique décoré de deux

tenons anthropomorphes, de motifs incisés et de visages

anthropomorphes. Koriabo, 1000-1700 après J.-C.

Moyen Approuague.dim. : 10 Ø ouv. x 11,3 H

Coll. SRA Guyane

3Ecuelle décorée de pastilles sur le bord. Koriabo, 1000-1700 après J.-C. Moyen Approuague.dim. : 17,2 Ø ouv. x 6,5 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

4

Pot torique décoré de visages anthropomorphe. Koriabo,

1000-1700 après J.-C. Moyen Approuague.

dim. : 10 Ø ouv. x 13 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

5Pot torique décoré de motifs incisés et de pastilles. Koriabo, 1000-1700 après J.-C. Moyen Approuague.dim. : 24,5 Ø ouv. x 20,7 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

CéRAMIQUE Aristé

Koriabo

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 132: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

130Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 131Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

6

Pot torique à anses, décoré de motifs incisés et de pastilles.

Koriabo, 1000-1700 après J.-C. Moyen Approuague.

dim. : 27,1 Ø ouv. x 15,5 HColl. P.Gil/SRA Guyane

7Ecuelle avec bord décoré de motifs raclés et de pastilles.Koriabo, 1000-1700 après J.-C. Moyen Approuague.dim. : 16,5 Ø ouv. x 7,2 HColl. P.Gil/SRA Guyane

26

Coupe.Culture indéterminée.

Barrage de Petit Saut (Sinnamary).

dim. : 16 Ø ouv. x 6 HColl. SRA Guyane

71Ecuelle incomplète restaurée, colombins visibles. Culture indéterminée. Barrage de Petit Saut (Sinnamary).dim. : 21 Ø ouv. x 7 HCollection SRA Guyane

108

Plat creux à bord polylobé, en partie remonté.

Koriabo ? 1000-170 0 apr. J.C.Moyen Approuague.

dim. : 23,5 Ø ouv. x 7 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

109Pot à ouverture sub-quadrangulaire, en partie remontée. Tradition arauquinoïde ?Moyen Approuague.dim. : 36 L x 21 l x 11,5 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

160

Pot torique.Koriabo, 1000-1700 apr. J.C.

Moyen Approuague.dim. : 14 Ø ouv. x 11 H

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

167Bol quadrangulaire. Koriabo ? 1000-1700 apr. J.C. Moyen Approuague.dim. : 10 Ø ouv. x 6,5 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

CéRAMIQUE Koriabo

Exemples de fabrication

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 133: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

132Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

60

Ecuelle, engobe rouge sur surface externe.

Koriabo ? 1000-1700 apr. J.-C.Jouet et/ou pièce d’apprenti ?

Moyen Approuague.dim. : 12,8 Ø ouv. x 4,4 H

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

61Ecuelle.Koriabo ? 1000-1700 apr. J.-C.Jouet et/ou pièce d’apprenti ? Moyen Approuague.dim. : 14,8 Ø ouv. x 4,8 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

62

Coupe miniature. Koriabo ? 1000-1700 après J.-C.

Jouet et/ou pièce d’apprenti ? Moyen Approuague.

dim. : 15,4 Ø ouv. x 7,2 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

67Flacon à col évasé. Koriabo, 1000-1700 après J.-C.Jouet et/ou pièce d’apprenti ? Moyen Approuague.dim. : 4,5 Ø ouv. x 8,5 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

68

Pot miniature. Koriabo, 1000-1700 après J.-C.

Jouet et/ou pièce d’apprenti ? Moyen Approuague.

dim. : 5,9 Ø ouv. x 7,8 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

69Flacon globulaire à goulot étroit. Koriabo, 1000-1700 après J.-C.Jouet et/ou pièce d’apprenti ? Moyen Approuague.dim. : 3,3 Ø ouv. x 5,7 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

74

Coupelle carénée. Culture indéterminée.

Jouet ou pièce d’apprenti ?Barrage de Petit Saut

(Sinnamary)dim. : 10 Ø ouv. x 2,5 H

Coll. SRA Guyane

75Coupelle à bord rentrant (restauré). Culture indéterminée. Jouet et/ou pièce d’apprenti ? Barrage de Petit Saut (Sinnamary)dim. : 10,3 Ø ouv. x 3 HColl. SRA Guyane

CéRAMIQUE Miniatures

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 134: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

132Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 133Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

76

Coupelle restaurée.Culture indéterminée. Jouet ou pièce d’apprenti ? Barrage

de Petit Saut (Sinnamary).dim. : 7,1 Ø ouv. x 2 H

Coll. SRA Guyane

77Coupelle restaurée.Culture indéterminée. Jouet et/ou pièce d’apprenti ?Barrage de Petit Saut (Sinnamary).dim. : 6,8 Ø ouv. x 3,1 HColl. SRA Guyane

78

Coupelle restaurée.Culture indéterminée.

Jouet et/ou pièce d’apprenti. Barrage de Petit Saut

(Sinnamary).dim. : 3,8 Ø ouv. x 1,4 H

Coll. SRA Guyane

171Pot à anses.Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 9 Ø ouv. x 6,5 HColl. P.Gil/SRA Guyane

179Pot à carène

anthropomorphe ?Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 4 Ø ouv. x10 H

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

180Flacon à carène et à col évasé.Culture indéterminée. Jouet et/ou pièce d’apprenti. Moyen Approuague.dim. : 7 Ø ouv. x 7,5 HColl. Ph. Gil./SRA Guyane

181Pot à bord vertical et base

convexe. Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 8 Ø ouv. x 6 H

Coll. Ph. Gil./SRA Guyane

CéRAMIQUE Miniatures

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 135: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

134Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

55Jarre décorée d’une frise de

tétons sublabiale.Koriabo ? 1000-1700 ap. J.-C.

Moyen Approuague.dim. : 9 Ø ouv. x 28 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

56Petite jarre carénée.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.Moyen Approuague.dim. : 7 Ø ouv. x 14 HColl. SRA Guyane

57

Pot caréné à goulot étroit. Koriabo ? 1000-1700 apr. J.-C. Moyen Approuague.

dim. : 8,8 Ø ouv. x 14,4 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

166Jarre décorée de tétons sur lèvre et col.Koriabo ? 1000-1750 apr. J.C. Moyen Approuague.dim. : 10 Ø ouv. x 26,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

185

Jarre à carène basse décorée de lignes subparallèles sur

le col.

Koriabo ? 1000-1700 apr. J.-C.Moyen Approuague.

dim. : 10 Ø ouv. x 26,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

32Pot à renflement sous bord, décoré de lignes subparallèles. Tâches de feu internes.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.Moyen Approuague.dim. : 16,5 Ø ouv. x 10 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

36

Vase-sabot décoré de lignes subparallèles et de

ponctuations.Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 13 Ø ouv. x 14 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

38Pot décoré de lignes incisées sur le bord interne et d'encoches sur la lèvre. Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.Moyen Approuague.dim. : 14 Ø ouv. x10 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE Céramiques à liquides

Céramiques à cuire

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 136: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

134Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 135Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

63

Pot torique décoré de figurines zoomorphes

(singe ?). Avec dépôt carbonisé externe. Koriabo,

1000-1700 apr. J.-C. Moyen Approuague.

dim. : 21 Ø ouv. x 16,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

39

Pot à bord interne encoché et décoré de tétons.

Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.Moyen Approuague.

dim. : 15 Ø ouv. x 7 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

40Pot à fond percé, décoré d’un cordon encoché sur le col. Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C. Moyen Approuague.dim. : 13 Ø ouv. x 11 HColl. SRA Guyane

64Pot. Avec dépôt carbonisé externe.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C. Moyen Approuague.dim. : 17 Ø ouv. x 14,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

65

Pot.Avec dépôt carbonisé externe.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.

Moyen Approuague.dim. : 13 Ø ouv. x 10 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

66Bol.Avec dépôt carbonisé externe.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C Moyen Approuague.dim. : 13,5 Ø ouv. x 7,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

151

Pot torique décoré de motifs complexes spiralées et d’une

tête zoomorphe.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C

Moyen Approuague.dim. : 22 Ø ouv. x 15 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE Céramiques à cuire

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 137: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

136Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

31

Jatte naviforme avec une pseudo-anse conservée. Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 27,3 L x 25,5 l x 15 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

37Ecuelle naviforme avec pseudo-anses.Culture indéterminée.Moyen Approuague.dim. : 19,1 L x 13,5 l x 7,1 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

150

Jatte naviforme à pseudo-anses.

Culture indéterminée. Moyen Approuague.

dim. : 20 L x 19,5 l x 11 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

161Bol naviforme à anses. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 19, L x 18 l x 12 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

168

Bol naviforme.Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 10 L x 8 l x 8 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

12Bol décoré de motifs spiralés en négatif sur fond rouge. Koriabo ? 1000-1700 apr. J.-C.Moyen Approuague.dim. : 17 Ø ouv. x 5,8 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

30

Bol naviforme.Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 19,1 L x 13,5 l x 7,1 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

35Ecuelle à bord interne encoché et à lèvre décorée de lobes incisés.Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 19,8 Ø ouv. x 8,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE Céramiques naviformes

Céramiques à servir

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 138: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

136Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 137Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

58

Plat.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.

Moyen Approuague.dim. : 34 Ø ouv. x 7 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

59Plat creux, engobe rouge sur la surface interne.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C. Moyen Approuague.dim. : 28 Ø ouv. x 9 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

70

Plat creux à bord interne encoché et à lèvre décorée de lobes. Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 31,5 Ø ouv. x 1,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

156Plat avec lignes profondément incisées au fond (mortier à piment ?). Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 33 Ø ouv. x 9 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

159

Coupe.Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.

Moyen Approuague.dim. : 22 Ø ouv. x 10 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

165Bassin à renflements avec tenons sur le bord.Koriabo ? 1000-1700 apr. J.C.Moyen Approuague.dim. : 29 Ø ouv. x 11 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

174Piédestal de coupe. Réutilisé en gobelet ?Culture indéterminée.Moyen Approuague.dim. : 13,5 Ø ouv. x 6,5 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

173

Piédestal de coupe décoré de motifs blancs sur fond

rouge sur la surface externe. Réutilisé en gobelet ?

Culture indéterminée. Moyen Approuague.

dim. : 11 Ø ouv. x 7 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE Céramiques à servir

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 139: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

138Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

175

Gobelet.Engobe rouge externe.Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 12,5 Ø ouv. x 7 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

184Bol à bord ponctué et décoré de quatre lobes sur la lèvre. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 16 Ø ouv. x 6,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

79

Fusaïole décorée de motifs incisés et de pastilles.

Koriabo, 1000-1700 apr. J.C. Barrage de Petit Saut, site

230 (Sinnamary).dim. : 6 Ø ouv. x 3,8 H

Coll. SRA Guyane

80

Fusaïole. Koriabo, 1000-1700 apr. J.C. Barrage de Petit Saut, site 230

(Sinnamary).dim. : 3,8 Ø ouv. x 2,6 H

Coll. SRA Guyane

81

Fusaïole décorée de motifs incisés et de pastilles.

Koriabo, 1000-1700 apr. J.C. Barrage de Petit Saut, site

230 (Sinnamary).dim. : 3,2 Ø ouv. x 1,6 H

Coll. SRA Guyane

101

Urne funéraire quadrangulaire avec motifs rouges sur fond blanc, avec

couvercle (182). Culture aristé final, 1500-1750 apr. J.C.

Trou Reliquaire (Ouanary).dim. : 59 L x 28,5 l x 12,4 H

Coll. SRA Guyane en dépôt au musée dép. Franconie

182Couvercle de l’urne funéraire quadrangulaire 101. Motifs rouges sur fond blanc. Culture aristé final, 1500-1750 apr. J.C. Trou Reliquaire (Ouanary).dim. : 63,5 L x 36 l x 6,3 H.Coll. SRA Guyane en dépôt au musée dép. Franconie

CéRAMIQUE Céramiques à servir

Travail du coton

Urnes funéraires

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 140: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

138Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 139Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

102

Urne funéraire anthropomorphe avec motifs

rouges sur fond blanc, avec couvercle (183). Culture aristé

récent, 1350-1500 apr. J.C. Gros Montagne (Ouanary).dim. : 23,5 Ø ouv. x 31,5 H Coll. SRA Guyane, en dépôt

au musée dép. Franconie

183Couvercle de l’urne funéraire anthropomorphe (102). Culture aristé récent, 1350-1500 apr. J.C. Gros Montagne (Ouanary).dim. : 31 Ø ouv. x 9,5 HColl. SRA Guyane, en dépôt au musée dép. Franconie

8

Plat percé au fond et sur les bords (pour permettre une

suspension ?).Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.

Moyen Approuague.dim. : 30,5 Ø ouv. x 10,2 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

9Coupe décorée de motifs en négatif sur fond rouge brun. Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C. Moyen Approuague.dim. : 29,6 Ø ouv. x 14,8 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

10

Plat creux décoré de motifs peints en jaune (et rouge, en

grande partie disparu) sur fond blanc. Marajoara ? Ile de Marajó, 400-1700 après J.-C.

Moyen Approuague.dim. : 28 Ø ouv. x 13 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

11Ecuelle à bord polylobé décoré de motifs raclés et de motifs zoomorphes (tortue et grenouille).Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C. Moyen Approuague.dim. : 23 Ø ouv. x 8,7 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

14Ecuelle à bord polylobé, décorée de motifs peints en jaune et rouge sur fond blanc. Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C. Moyen Approuague.dim. : 21 Ø ouv. x 7,3 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

13Jatte avec éléments

anthropomorphes externes (tête sur le goulot, bras et

nombril). Motif de rayons peint en rouge à l’intérieur.

Culture indéterminée.Moyen Approuague

dim. : 31 Ø ouv. x 15,5 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE Urnes funéraires

Vaisselles d'accompagnement

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 141: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

140Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

158

Ecuelle à lèvre encochée et bord interne décoré de motifs

spiralés.Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 20 Ø ouv. x 7 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

163Plat creux décoré de motifs complexes peints en noir et orangé sur fond blanc. Marajoara ? Ile de Marajó, 400-1700 après J.-C.Moyen Approuague.dim. : 24 Ø ouv. x 5,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

23Encensoir, peint en rouge.

Culture indéterminée. Moyen Approuague.

dim. : 9,6 Ø ouv. x 8,5 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

33Foyer de pipe décoré d’une frise de tétons.Culture indéterminée.Moyen Approuague.dim. : 3,4 Ø ouv. x 6,8 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

17

Instrument de musique ? Forme phallique avec

visage anthropomorphe à l’extrémité et motifs incisés.

Koriabo, 1000-1700 apr. J.-C.Moyen Approuague.

dim. : 9,5 Ø ouv. x 31,5 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

82Instrument de musique ?Pièce zoomorphe. Koriabo, 1000-1700 apr. J.C. Moyen Approuague.dim. : 2 Ø ouv. x 13,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

84

Instrument de musique ? Forme phallique avec visage

anthropomorphe à l’extrémité. Koriabo, 1000-1700 apr. J.C.

Saut Mapaou (bas Approuague)

dim. : 7,5 Ø ouv. x 30,5 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE Vaisselle d'accompagnement

Instruments de musique

Tabac

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 142: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

140Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 141Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

15

Statuette anthropomorphe. Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 2,5 Ø x 16,6 l x 24,6 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

16Statuette anthropomorphe avec motifs peints en rouge et noir.Culture indéterminée.Moyen Approuague.dim. : 4 Ø x 11 l x 17 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

18

Vase anthropomorphe. Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 8,1 Ø ouv. x 14 Ø

max. x 13 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

19Vase anthropomorphe. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 5 Ø ouv. x 9,7 Ø max. x 10 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

20Vase anthropomorphe

incomplet, réutilisé comme bol ? Fond bouché par un

disque en céramique collé à l’aide de résine.

Culture indéterminée.Moyen Approuague.

dim. : 30,5 Ø ouv. x 10,2 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

21Vase zoomorphe (jaguar). Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 17,5 L x 13 l x 8,6 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

85Statuette féminine, partie supérieure cassée. Tradition arauquinoïde (culture thémire, 1000-1750 apr. J.C.). Barrage de Petit Saut, site 230 (Sinnamary).dim. : 10,1 l x 13,2 HColl. SRA Guyane

27

Statuette anthropomorphe. Culture indéterminée.

Moyen Approuague.dim. : 9 l x 13,5 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE Anthropomorphes

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 143: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

142Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

178Pot anthropomorphe. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 5,5 Ø ouv. x 11 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

29

Pot phytomorphe.Culture indéterminée.

Moyen Approuaguedim. : 14,5 Ø ouv. x 12 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

34Pot phytomorpheCulture indéterminée.Moyen Approuague.dim. : 10 Ø ouv. x 14 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

24

Tête anthropomorphe cassée au niveau du cou. Motifs

peints en rouge et noir sur fond blanc.

Culture indéterminée. Moyen Approuague.

dim. : 15 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

25Tête zoomorphe (jaguar) cassée au niveau du cou. Motifs peints en rouge et noir sur fond blanc.Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 10 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

28

Pilon ? Support de platine ? zoomorphe.

Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 9,7 l x 11,3 H

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE Anthropomorphes

Phytomorphes

dualité homme / jaguar

Objets énigmatiques169Objet conique perforé. Culture indéterminée. Moyen Approuague.dim. : 10 Ø x 13,5 HColl. Ph. Gil/SRA Guyane

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 144: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

142Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 143Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

22Céramique anthropozoomorphe ? Instrument de musique ? Culture indéterminée.Moyen Approuague.dim. : 14,5 Ø x 11 H Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

110Statuette anthropomorphe. Culture indéterminée.

1632-1667 apr. J.-C.Moyen Approuague.

dim. : 126 L x 15 l Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

111Pagaie en bois, manche sculpté. Culture indéterminée.1306-1362 apr. J.-C.Moyen Approuague.dim. : 138,5 L x 14 l Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

112Pagaie en bois. Culture indéterminée.

1807-1896 apr. J.-C. Moyen Approuague.dim. : 142 L x 10 l

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

113Pagaie en bois, manche sculpté. Culture indéterminée.1270-1306 apr. J.-C. Moyen Approuague.dim. : 130 L x 12 l Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

116

Epée (bois). Culture indéterminée. Non datée.Barrage de Petit Saut (Sinnamary).

dim. : 179 L x 6 l

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

114

Pagaie en bois, manche sculpté. Culture indéterminée. 1486-1644 apr. J.-C. Moyen Approuague.

dim. : 127,5 L x 10 l

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

CéRAMIQUE

bOIS PRéCOLOMbIENS

Mystère / limites

Pagaies

Epées, lances, casse-têtes

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 145: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

144Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire

Commentaire et inventaireinventaire

117Epée (bois). Culture indéterminée. Non datée.

Barrage de Petit Saut (Sinnamary).

dim. : 127,5 L x 8,5 l

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

118Epée (bois), sculpture serpentiforme sur le manche. Non datée. Culture indéterminée. Barrage de Petit Saut (Sinnamary).

dim. : 125 L x 5 l

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

119Casse-tête (bois). Culture indéterminée.424-546 apr. J.-C. Moyen Approuague.

dim. : 128 L x 10 l Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

120Casse-tête (bois). Culture indéterminée.600-662 apr. J.-C. Moyen Approuague.

dim. : 128 L x 10 l

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

121Casse-tête (bois), décor incisé sur le manche. Non datée. Culture

indéterminée. Barrage de Petit Saut (Sinnamary).

dim. : 83 L x 4 l

Coll. SRA Guyane

122Lance (bois). Culture indéterminée. Non datée. Moyen Approuague.

dim. : 161,5 L x 4,5 l

Coll. Ph. Gil/SRA Guyane

123

Olok enë. Coffret pour plumes et parures.

Wayana. Haut Maroni.dim. : 55 L x 28 l x 16 H

Coll. GADEPAM

124Kwi. Calebasse à boissons (cachiri, jus).Wayãpi. Haut Oyapockdim. : 14 L x 10 lColl. D. Davy

bOIS PRéCOLOMbIENS

ObjETS CONTEMPORAINS & PROdUITS

Epées, lances, casse-têtes

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 146: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

144Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

Commentaire et inventaireinventaire 145Commentaire et inventaire

inventaireAmérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

125

Kwi. Calebasse à boissons (cachiri, jus).

Wayãpi. Haut Oyapock.dim. : 17 Ø

Coll. D.Davy

126

Apika. Banc en bois. Wayãpi. Haut Oyapockdim. : 51 L x 21 l x 23 H Coll. M.A.N

127

Apika. Banc en bois. Wayãpi. Haut Oyapock

dim. : 32 L x 21 l x 23 HColl. M.A.N

128Hotte à manioc en fibre de palmier coumou. Wayãpi. Haut Oyapockdim. : 110 L x 40 l x 12 HColl. M.A.N

129

Mitu. Natte en fibre de palmier comou.

Wayãpi. Haut Oyapock.dim. : 63 L x 61 l

Coll. M.A.N

130

Anapamïi. éventail à feu.Wayana. Haut Maroni.dim. : 54 L x 26 lColl. Ph. Gil/SRA Guyane

132Grand panier ajouré. Wayana. Haut Maroni.dim. : 15 Ø ouv. x 33 Ø x 41 HColl. M.A.N

131

Pemït. Corbeille carrée à farine de manioc, taille

réduite.Wayana. Haut Maroni.dim. : 25 L x 25 l x 7 H

Coll. M.A.N

ObjETS CONTEMPORAINS & PROdUITS

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 147: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

146Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Conclusion Conclusion

133

Ulu sãkã. Hotte ouverte. Wayãpi. Haut Oyapock.

dim. : 80 L x 20 l x 20 HColl. M.A.N

134Katali timirikem. Hotte ouverte.Wayana. Haut Maronidim. : 68 L x 45 l x 23 HColl. M.A.N

135

Humuli. Grand panier fusiforme pour piments

boucanés.Wayana. Haut Maroni.

dim. : 11 L x 12 l x 53 H Coll. M.A.N

136Tamis à mailles serrées tricolore. Filtre à boissons (cachiri, jus de palmier). Wayãpi. Haut Oyapock.dim. : 64 L x 64 l x 8 HColl. M.A.N

137

Arc. Bois d'arc et cordelette en fibre de pite.

Wayana. Haut Maroni.dim. : 177 LColl. M.A.N

138Quatre flèches :Flèche à pointe barbelée pour gibier > 175,5 L.Flèche à assommoir pour oiseaux > 181,5 L. Flèche à pointe en bambou kulumuli pour gros gibier > 187 L.Flèche à pointe en os pour gibier, probablement pour le curare > 189 L.Wayana. Haut Maroni. Coll. M.A.N

139

Mitu. Natte en fibre de palmier comou.

Wayãpi.dim. : 80 L x 72 l x 4 H

Coll. GADEPAM

140Tipoy. Porte-bébé en coton. Wayãpi. Haut Oyapock.dim. : 130 L x 45 lColl. M.A.N

ObjETS CONTEMPORAINS & PROdUITS

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 148: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

146Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Conclusion 147Conclusion

Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

141

Ini. Hamac en coton. Wayãpi. Haut Oyapock.

dim. : 250 LColl. M.A.N

142Pïlasi timilikem. panier à coton quadripode.Wayana. Haut Maroni.dim. : 27 L x 27 l x 27 H Coll. M.A.N

143

Tepitsi. Grande presse à manioc.

Teko. Haut Oyapock.dim. : 128 L x 17 H

Coll. M.A.N

144Tepitsi. Petite presse à manioc ou à graine de carapa.Teko. Haut Oyapock.dim. : 74 L x 10 HColl. M.A.N

145

Ecuelle à ouverture ovale. Wayana. Haut Maroni.

dim. : 16 L x 13,5 l x 7 HColl. SRA Guyane

146Marmite.Wayana. Haut Maroni.dim. : 27 Ø ouv. x 17,5 HColl. SRA Guyane

148Pot.Wayana. Haut Maroni.dim. : 11,5 Ø ouv. x 12,5 HColl. SRA Guyane

147

Ecuelle.Wayana. Haut Maroni.

dim. : 18,5 L x 7 HColl. SRA Guyane

ObjETS CONTEMPORAINS & PROdUITS

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 149: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

148Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Conclusion Conclusion

149

Tamis à mailles larges pour farine de manioc (couac). Wayãpi. Haut Oyapock.dim. : 70 L x 70 l x 6 H

Coll. M.A.N

154Couac (semoule de manioc).Coll. SRA Guyane

83

Résine de bois-encens (Protium sp.).

Coll. SRA Guyane

164Cassave (galette de manioc).Coll. SRA Guyane

170

Roucou (Bixa orellana).

Coll. SRA Guyane

176Arouman (Ischnosiphon arouma).Coll. SRA Guyane

186Cigares de tabac.

Coll. SRA Guyane

177

Coton (Gossypium barbadense).

Coll. SRA Guyane

ObjETS CONTEMPORAINS & PROdUITS

Les unités sont des centimètres, L = longueur, l = largeur, H = hauteur ou épaisseur, Ø = diamètre.

Page 150: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

148Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Conclusion 149Conclusion

Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

CONCLUSION

Page 151: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

150Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Conclusion Conclusion

Page 152: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

150Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Conclusion 151Conclusion

Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

En conclusion, laissons parler Pierre Grenand : « Actuellement les revendications des Amérindiens sont nombreuses : droit à la reconnaissance de terres propres, droits politiques et culturels spécifiques… ; ces demandes s’inscrivent à la fois dans le cadre régional guyanais, mais aussi dans celui de la République française et des forums internationaux concernant les peuples autochtones.Les sociétés amérindiennes post-contact sont en grande partie le produit de cette révolution profonde qu'apportèrent les instruments métalliques occidentaux fournis en faible quantité et selon des réseaux privilégiés, sur fond de débâcle démographique. La nécessité nouvelle de commercer avec les Euraopéens ou leurs intermédiaires allait grandement favoriser la coalescence* de groupes entiers, accélérant la formation des proto-ethnies puis des ethnies contemporaines. Celles-ci sont donc le produit d’un va-et-vient d’alliance et d’hostilité où partenaires indigènes et européens ont joué leur partition, les rapports de force ayant considérablement varié selon les circonstances. Seules la puissance économique et l’importance démographique croissantes des seconds emporta au final la décision, car la domination des Amérindiens de Guyane s’est faite sous influence, séduction, appât, tromperie mais la contrainte brutale fut rarement au rendez-vous. Les six ethnies amérindiennes de Guyane d’aujourd’hui sont en place depuis la fin du XIXe siècle. Si de nombreux peuples ou sous-groupes ont bel et bien disparu, nombre d’entre eux se sont intégrés dans des nations préexistantes, d’autres ont formé des entités nouvelles.Les trois peuples indigènes de l’intérieur de la Guyane (4000 personnes actuellement au total entre le Brésil et les Guyanes, dont 2500 en Guyane française) sont issus de mouvements migratoires, de coalescence fondée sur des alliances familiales, mais aussi de leur reconnaissance par les différentes puissances coloniales présentes dans la région. Qu’il s’agisse des Teko longtemps appelés Emerillons, des Wayãpi (Oyampi) de langue tupi-guarani, ou des Wayana (Roucouyennes) de langue karib, auxquels il convient d’ajouter les Tiriyo et les Apalai de Surinam et du Brésil (non comptés ici). La réalité culturelle contemporaine est plus nuancée ; ces sociétés transcendent les frontières et, fait étonnant pour un observateur occidental, ces peuples présentent en commun de nombreux ancêtres, de nombreux éléments de leur culture, et de nombreux gènes. Et ce n’est pas fini, la mobilité continuant de défier les frontières et les enfermements identitaires.En Guyane Française, du début du XXe siècle jusque vers les années 1970, les Amérindiens ont longtemps été considérés comme formant des ensembles culturels évanescents, ne participant plus à la vie politique et économique de la région. Ainsi, l’appellation de Guyanais ne les avait jamais englobés, ce terme étant résolument réservé aux Créoles.Depuis la fin des années soixante, les Amérindiens connaissent un essor démographique constant, puisqu’ils sont actuellement (en Guyane française) plus de 7000. De fait l’isolement des peuples amérindiens a été bouleversé par le processus de francisation qui les atteint à partir de 1969. Mais l’intégration à la République française par l’école, l’accès à la santé, les droits des citoyens, s’est vite avéré être le plus souvent incompatible avec leurs systèmes sociaux, leur organisation du travail et leurs valeurs philosophiques. D’où l’émergence, au début des années 1980, de mouvements autochtones avec leur cortège de revendications territoriales, de reconnaissance d’un statut spécifique pour les personnes… Depuis quinze ans, l’union des peuples indigènes s’est renforcée à l’échelle amazonienne, mais les résultats concrets peinent, s’essoufflent ; ainsi en Guyane française, en dépit de quelques maigres avancées légales, le débat reste d’autant plus entier qu’il est concurrencé par des revendications autonomistes à l’échelle de la région.Aujourd’hui, les Amérindiens participent d’une Guyane qui est plus que jamais une véritable mosaïque de langues, de religions, de couleurs de peaux, de cuisines, d’adaptations à l’environnement…»

Page 153: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

152Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Bibliographie bibliographie

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bIbLIOGRAPhIE

Page 154: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

152Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Bibliographie 153bibliographie

Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires

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158Amérindiens de Guyaneentre les f leuves approuagues et oyapock : des cul tures mil lénaires Bibliographie

GLOSSAIRE

Abattis : Zone déforestée servant de jardin.Anthropomorphe : de forme humaine.Carbet : case amérindienne en bois et palmes sur poteaux.Cassave : galette de manioc cuite sur une platine (grand disque, en fonte aujourd'hui, disposé sur un foyer) et séchée au soleil.Chaîne opératoire : ensemble des opérations qui mène une matière première de l'état naturel à l'état fabriqué.Contact : période succédant immédiatement la découverte du continent américain et couvrant l'ensemble du XVIe siècle.Coalescence : en chimie, phénomène de fusion et de contraction.Crique : rivière ou petit cours d'eau (en Guyane).Culture (archéologique) : sous-ensemble de la tradition (cf. infra) correspondant à l'ensemble des traits communs (habitat, funéraire, agricole, céramique, etc.) déterminant un groupe culturel en archéologie.Culture matérielle : assemblage des objets caractérisant un groupe humain.Ethnocentrique : qui privilégie le groupe social auquel on appartient et en fait le seul modèle de référence.Endogame : mariage au sein d'un même groupe culturel.Halieutique : relatif à l'activité de pêche.Inselberg : ou île-montagne, butte à fortes pentes dominant la pénéplaine (surface légèrement ondulée et érodée).Phytomorphe : de forme végétale.Portulans : cartes marines des premiers navigateurs.Pri-pri : terrain marécageux.Savane-roche : affleurement rocheux légèrement ondulé.Saut : chute ou rapide (en Guyane).Savanicole : vivant dans les savanes.Terra preta : terre noire (en portugais), formation anthropique (ou non) propice à l'agriculture.Tradition (archéologique) : en archéologie américaine, ensemble de groupes culturels distincts qui possèdent plusieurs traits communs.Typologie : classification par types (formes, décors, etc.) des objets archéologiques.Varzea : nom portugais désignant une zone de bord de rivière inondable et cultivable.Zoomorphe : de forme animale.

Page 161: Amérindiens de Guyane catalogue d'exposition 2010

Cet ouvrage a été achevé d’imprimer en juin 2010 sur les presses de Corlet, qui a également réalisé le façonnage.

Dépôt légal : juin 2010 ISBN 978-2-9532428-1Publié par la Direction des Affaires culturelles de Guyane et le musée d'Archéologie nationale et Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

© Musée d’Archéologie Nationale, Saint-Germain-en-Laye Ecomusée municipal d’Approuague-Kaw, Régina