Poisson, Albert (1868-1893). Théories et symboles des alchimistes : le grand-oeuvre ; suivi d'un essai sur la bibliographie alchimique du XIXe siècle. 1995. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].
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Albert Poisson-Théories et symboles des alchimistes
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Poisson, Albert (1868-1893). Théories et symboles des alchimistes : le grand-oeuvre ; suivi d'un essai sur la bibliographie alchimique du XIXe siècle. 1995.
1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sansl'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].
pée et la Chrysopée est l'art qui enseigneà donner à la
matière prochaine de l'or et de l'argent, la formedec.s /,J~
métaux (G. Claves: Apo~og-MC/t~'sop~'ta'c<~r~ '5
ro~M~. Au xvttt"siècle où la chimiebrillaitdans tout f(~
son éclat, it fallut din'érencierles deux sciences,et voici
commenten parle domPernety: « La chymie vulgaire
est fart de détruire les composésque la naturea formés~
et-la chymie hermétique est l'art de travailler avec ta
nature pour tes perfectionner ".(Fables grecques et
égyptiennes).
LESTHÉORtES
Mais tous ces alchimistesn'ont envisagéque la haute
Atchimie it y avait en effetdeux espèces d'alchimistes
les souffleurs, gens dépourvus de théorie, travàiBantà
l'aventure, itscherchaient il est vrai ta pierre phitoso-
phate, mais empiriquement, entre temps, ilsfaisaientde
la chimie industrieUe,fabriquant des savons,de fausses
pierres précieuses, des acides, des alliages, des cou-
leurs ce sont eux qui donnèrent naissance auxchimis-
tes ce sont euxqui vendaient pour-de l'argent le secret
de faire de l'or, charlatans et filous, ils faisaientde la
fausse monnaie,plus d'un souffleur fut penduau gibet
doré, supplice réservé à cette sorte d'imposteurs; les
philosophes /hermcttques au contratre, dédaignantces
travaux qu'ils flagellaient dunom de sophistications,
s'adonnaient à la recherche de la pierre philosophalenon par avarice mais pour l'amour de la science, Ils
avaient des théories spéciales qui ne leur permettaient
pas de s'écarter de certaines limites dans leurs recher-
ches.
Ainsi, dans la préparation de la pierre philosophale.ils ne travaillaientque sur les métaux et généralementsur les métaux précieux, tandis que les souffleursfai-
saient déMèr dans leurs cornues les produitshétéro-
clites du règne végéta!, animal et minéral. Aussi les.
THÉORIES ET SYMBOLES
Philosophes perseverent-its dans la voie qu'its se sont
tracée, leurs doctrines traversent intactes dessiècles,
tandis que les soufreurs abandonnent peu à peu des
recherches coûteuses et très longues pour s'cccuper
de choses prosaïques mais d'un bon rapport, peu à
peu ta Chimie se constitue en scienceet se sépare de
borationdes vertus, c'est dans ce sens setontes mystiques
qu'it faut entendre ces paroles: (cCar t'Œuvre est avec
vous et chez vous, de sorte que le trouvant en vous-me-
LES THÉORtËS 1
me, où il est continuellement, vous l'avezaussi toujours,
quelque part quevoussoyez, sur terre et sur mer a (Her-
mës:~&~c~'t'<rM). <
Les Alchimistes mystiques entendaient par Soufre,
Mercure et Sel, la Matière, le Mou~emenf'et la Force.
Le Mercure, principepassifet femelle, c'est ta matière
te Soufre principe actifet mâle, c'est ta force,qui façonne
ta matière et lui donne toute espèce de formes par le
moyendu mouvementqui est le Sel.
Le Set, c'est le moyenterme, c'est le résultat de t'ap-
plicationde la force &ta matière, symboliquementc'est
le nouvel être qui prend naissance par l'union du m5tc
et delà femette.Cette haute theor!~ ne sembla pas en
contradiction avec la science actuelle. La chimie n'~
répugne pas à l'hypothèse d'une Matière unique, hypo-
thèse admise depuis longtemps par la mctaphysiqu°
comme indispensable à l'explication du Monde. Le
savant anglais Crookes appelle cette Matière unique le
Protyle; dans sa théorie nos corps simples actuels ne
sont que des polymèresdu protyle. D'autre part il est
très juste que la Matière n'agit, n'a de propriétés parti-
entières que lorsqu'elle est en mouvement, tout mouve-
ment suppose chaleur; par suite à 27~ degrés au-des-
sous de zéro, auzéro calorique absotules propriétéi chi-
THÉORIESET SYM&OLES
miques sont nuttes, l'acide sutfuriqueest sans action sur
ta potasse caustique; enfin l'unitéde la Force s'impose
aussi auxphysiciens. Que! est te savant qui fait aujour-d'hui une différence entre la causedu magnétisme,de !a
chaleur, de l'électricité, de ta lumière, du son les flui-
des n'existent plus, its sont rempiacés par des forces
réductibles les unes aux autres; ce qui différencie la
Force d'elle-mêmeà nos yeux,c'est le nombrede vibra-
tions qu'elle imprimeà tel ou tel corps et encore n'y a-
t-it pas de limite absolue, un corps vibrant ou ent
mouvementce qui est la mêmechose, produit d'abord
un son; que les vibrations deviennent plus nombreuses
lecorps s'échauffesensiblementet bientôt il seproduit
des phénomènes tnm~nëux.Oe finit le Son, où com-
mencent la Chaleur et la Lumière? !i n'y a pas d'in-
tervalle.
Nalura non /~<<M&
!t faut ajouter que les alchimistes n'avaient qu'en-
trevu cette haute théorie, l'état des sciences à leur
époque ne leur permettait pasde lui donner le dé veto?-
mentque nous lui avonsdonné. Pour eux, comme nous
l'avons démontré, la Matière était unique en principe
ils l'appelaient Matière pemière ou Hyle; ils reconnais-
saient aussi une force universelle. Baudoin l'appelle
LES THÉOKtES
Magnétisme universel, Soume Magnétique, pour les
mystiques ta Force, c'est le Soufflede Dieu, principe
premier de la vie, du mouvement. Paracelse l'appelleArchée. L'Archée, c'est la force, toujours active quien s'appliquant à la matière la met en mouvement,lui
donne une forme. Les termes Aras et Clissus ont dans
Paracelse à peu près le même sens.
Quant au mouvement, its l'assimilaientau feu, qui est
en eSet l'image ta plus parfaite de la matière actionnée
par ta force.
Telle était la haut~ théorie alchimiqueque peu d'a-
deptes ont possédée; que l'on ne s'étonne pas de cette
admirable.-Synthèse~ le raisonnementavait suffit ici-aux
a)cnim!stescomme it suffit jadisà Pythagore, à Démo-
crite et à Platon pour s'élever à la conception des ptushautes vérités.
Les alchimistes représentaient cette théorie par un
triangle, symbole de l'équilibre absolu, au premier anglete signe du Soufre, symbote de la Force au second le
signedu Mercure, la Matière au troisièmele signe du
Set, te Mouvement.
Pour terminer, voicile tabteauanalogiquede la triple
adaptation de la théorie alchimique.
)4 THÉORtES ET SYMBOLES
Soufre M&te Force Cause
Mercure Femette Matière Sujet
Sel Enfant Mouvement Ef~et
Et pour résumer toute la théorie: ta Matière, une
dans son essence, se différencie d'eHe-memepar la
Forme, effetdu Mouvement que lui communique la
Force.
DEUXIEME PARTIE
LES SYMBOLES
CHAPITRE PREMIER
POURQUOtLESTRAtTÉSD'ALCHIMIESONTOBSCURS.
MOYENSEMPLOYÉSPARLESALCHIMISTESPOURCÉLER
LEGRAND-ŒUVRE.–StGNES. –SYMBOt.ES.– NOMS
MYTHOLOGtQUËS.MOTSÉTRANGERS. ANAGRAM-
MES. FABLES. ÉNtGMES. ALLÉGORtES.CRYP-
TOGRAPHIE.
Les traitëshermétiques sont obscurs pour le lecteur,
d'abord parceque les théories alchimiques ne sontg~nt!-ratement pas connues, ensuite et surtout parce que des
philosophes les ont rendus obscurs volontairement. Les
Maîtres, regardaient l'alchimiecomme la plus précieusedes siences. L'Alchimie est l'art des arts, c'est lascience
par excelteace M s'écrie emphatiquement Caliddans le
;6 THÉORIES ET SYMBOLES
mvc des trois paroles. Une tette science neoevattselon
eux, n'être connue que du petit nombre. Faut-il les bta*
mer d'avoir voulu réserver exclusivement pour eux ta
science ? Ceci nous semble aujourd'hui excessif, mais
dans l'antiquité qu'étaient-ce que les mystères, sinon ta
transmission sous le sceau du serment, de quelques
secrets naturels, de quelques points peu connusde haute
phitosophie. Au moyen-âge les corporations de métiers
avaient des secrets pratiques qu'aucun membre ne se
serait avisé de divulguer. La préparation de certaines
couleurs constituaient un héritage précieux que les
grands peintres ne léguaient qu'à leurs disciplesles plus
chéris. Les savantsn'hésitaient pas à vendre la solution
deproMëmesemëarrassants.u
Les Philosopheshermétiquess'i!s cachaient lascience,
ne ta 'vendaientpas cependant quand its rencontraient
un homme digned'être initié,ils le mettaientdansle droit
chemin sans jamaislui révéler tout. n fallait quête disci-
ple travaillât à son tour pour trouver ce quilui manquait.
C'est de cette façon qu'ils ont procëd~dans leurs écrits,
l'un indique ta matièredu grand-oeuvre, l'autre fe degré
du feu, celui-ci les couleurs qui apparaissent pendant les
opérations, celui-là le dispositifde t'Athanor ou fourneau
philosophique mais it n'ya aucun exemple connu de
LES SYMBOLES }y
4
traité hermétique, parlant ouvertement à ta fbisdetoutes
les parties du Grand-Œuvre. Les alchimistes auraient
cru en agissant ainsi s'exposer aux châtiments célestes,seloneux te révélateur auraitété frappé de mort subite.
«Je ne représen'~Mypoint,dit F!amct enpartant du livre
d'Abrahant JeJuif, ce qui estoyt écrit en beau et très
intelligible latin en tous tes autres fueillets écrits, car
Dieu me puniroit (Explication des Figures de Nico-
las Flamel).
Quant à cequ'on a dit, que les Alchimistes écrivaient
d'une façonobscure et symbolique pour se préserver des
accusations que des théologiens trop zétés auraient pu
porter contre eux, cela nous semble absolument faux,
-attendu qtterien ne prêtait ptus te nane à t'aëeusation de
magie,que les symboleset figures étranges qui encom-
brent leurs traités. Roger Bacon, Albert le Grand, Ar-
nauld de Vitteneuve, n'ont pas échappé à l'accusation
de magie.Et cependantles alchimistes étaient fort pieux,on trouveà chaqueinstant dans leurs écrits des invoca-
tions à Dieu, its partageaient leur temps entre l'étude,
tetravaitetta prière. Quelques-uns prétendaient avoir
reçu de Dieu lui-mêmele secret de la Pierre des Philo-
sophest
Avantd'exptiquer les symboles relatifs à chacune des
~8 THÉORtBS ET SYMBOLES
parties du Grand-Œuvre, nous aHbns indiquer d'une
manière générale quelsétaient les moyens employés par
!es A!chim!stespour dérober auxprofanes !a science de
la Pierre bénite.
Et d'abord viennent les signes. Ils sont nés avec t'At-
chimie. Ce sont les Grecs qui les employèrent les pre-
miers. Tenant eux-mêmesleur science de l'Egypte, on
voit que les signesalchimiquestirent leur origine directe
des hiéroglyphes. Le signede l'eauemployépar les alchi-
ulistes n'est autre chose que l'hiéroglyphe de !'eau, et
ainsi de quelques autres, tels que les signesde l'Or et de
l'Argent (Voir Hoeffer M~o<f<!de la chimie, tome I, et
Berthelot Origines de MMf'mM). Les signes alchimi-
ques sont très nombreux dans certains traités (ainsi
ceÏui de K.hunrath mtituM Cott/CMt~de cAaop~fc<~
eAtmtCOfCM,où ils remplacenttous les noms de matières
chimiques et d'opérations, aussi importe-t-it de tes con-
naitre. Dans cette intention, nous avons fait reproduire
les principaux signes alchimiquesdans la planche ci-
jointe.
Les Symboles étaient aussi fortement employés,c'est
ainsi quedesoiseauxs'élevant figuraient la sublimationou
un dégagement de vapeurs, que des oiseaux tombantà
terre figuraient au contraire la précipitation. Le Phénix
Le Roi figure t'Or, tes enfants agenouittcs a ses pieds Hgurcn~
;es six Mtrcs métaux. Us ifrptorentt'prpourqu'itteureommu-
oiqucsa perfection~'diccftapitre!!)-
LES SYMBOLES 67
rouge et !ë Mercure blanc. « C'est là notre Mercure
double, cette matière blanche en dehors, rouge en de-
dans a ( Texte ~tb~mte).L'on figurait aussi le Soufre et le Mercurepar les
signesde l'or et de l'argent, cela indiquaitque le Soufre
doit être tiré de l'or et le Mercure de l'argent. On
trouve tes signesde l'or et de l'argent correspondant à
ceux du Soufre et du Mercure dans un des pantaclcsdu « Liber singularîs de ~tMtt'mttt,de Barchusen. Ce
point sera développé dans te chapitre suivant.
Le Soufre étant fixe en son essence et le Mercure,
volatil, les alchimistes représentaient le Soufre par le
lion, roides animauxterrestres et te Mercurepar l'aigle,roi desoiseaux LeMercure; des philosophes est la,
partie volatilede leur matière le lion est la partie fixe,
l'aigle la partie volatile. Les philosophes ne parlent quedes combats de ces deux animaux" (Pernety: Fables
~~p<tMnM.)Par suite un aigle dévorant un lion signi-fiera la volatitisationdu fixe inversement un lion terras-
sant un aigle signifiera la fixation du Mercure par le
Soufre. Disons.en passant que le mot aigle a dans Phi-
lalèthe une signification différente de celle que nous
venonsde donner, c'est pour lui le symbolede la subli-
mationen tant qu'opération, ainsi sept aigles, signifie,
68 THÊORtES ET SYMBOLES
sept sublimations(voir Entrée ouverte au pafà!s fermé
duroi..)
On employaitencore dans. le mêmesensle,symbole de
deux serpents dont l'un est aué et t'autre sans ailes, !e
serpent ailé c'est le principe volatil, le Mercure; le prin-
cipe 6xe, Soufre, est représente par le serpent sans
ailes. a Le Secret anima! est représente par un cercle
fait de deux serpents, t'un ailé, t'autre ~ns ailes, qui
signifientles deuxesprits, Hxeet volatil,unis ensemble, a
(Lebréton CÏe/ de 7e: ~tfo!O~M ~r~M). Les
deux serpentssont tantôt unis, commedans le caducée
de Mercure, tantôt sépares.
Dans les figuresd'Abraham le Juif (t) se trouve repré-
sentéunserpeRte!ouesur une croix, ce qui alchimique-
ment signifieque le volatil doitêtre fixé.
Les dragonsont absolument la mêmesignificationque
tes serpents. Le dragon sans ailes quel'on trouve dans
tes figuresd'Abraham le Juifet de NicolasFlamel, c'est
te Soufre mâle et fixe, le dragon ailé,c'est le Mercure,
t. Comme nous aurons plusieurs fois & parler de ces figures
dans dincrents chapitres et qu'on ne pouvait tes séparer, nous
les ayons fait placer en t&te de t'onvrage, avec celles de
F)ame!.
LES SYMBOLES 69
6
70 THÉORtES ET SYMBOLES
Explication de ~/mcAg V//f
Ft~Mre~.–(Tirée d'une édition attemande du Crede Mihi
deNorthon.)Rebis, l'hermaphrodite chimique, Soufre et Mer-
cure, couché dans un jardin entouré de murs qui symbolisent
te triple vaisseau Athanor, bain de sable, oeuf philosophique.
Mercure a la mCme signification, ptacc près de Rebis il indique
que t'hermapKrddite est le Mercure des phttoosphes pris dans
le sens de Matière du Grand-Œuvre (Voir chapitres tt! et IV).
Figure – (Tirde'du fM/on'a'n ~<n'tMm). Nous retrou.
vons Rebis. Le corbeau symbole du no[F, veut dire que te
mariegc phitosophiqoe, t'union du" Sodffëefdu ~feure, du
mâle et de la (etneHe a lieu pendant la couteur noire. Les tro~s
serpents, symboles des trois principes. Le croissant et t'arbre
lunaire signiCent qu'it s'agit ici de la Pierre btanche, du petit
magistère (Voir chapitres M, Hï et !V.
LES SYMBOLES y;
votatitet omette.<t Considérez ces deux dragons, carce sont les vraisprincipes de la phitosophiedes sages.Cetui quiest au-dessous sans ailes. c'est te fixe ou te
fn~te,celuiquiestau-dtessus, c'est té vo!àtito.i bien !afemelle noireet obscure qui va prendre la domina-tion pendant plusieurs mois. Le premier est aopetéSoufre ou bien calidité et siccitéet le second Ardent-vif, ou frigiditéet humidité. Ce sont le Soleil et fa Lune
de source mercurielle et origine sulfureuse (Le livre
de NicolasFtamet).Les dragons de Ftame)étaient c~è-
bres parmi les atchimistes et souvent cités « Flamelveut que ce soientdeux dragons, dont un a des aileset
l'autre n'en a point. Il les exptique tai-rnëme, l'un est
mate, !'au{refeme)te,_runest te t'autre- le volatil,l'un !eSoufrë,t'autre le Mercure, qui ne sont pas le
Soufre et le Mercuredu vulgaire, mais ceux des phi!o-
sophes (Ff~t ~tn<<)U n seul dragonpeut représenter tes trois principes
maisalors it a trois têtes « La toison d'or est gardée
par un dragonà trois têtes, l'une c'est t'eau, ta seconde
c'est ta terre, la troisième c'est l'air. Ces trois têtes
doivent se réunir en une seute qui sera assez forte et
assez puissante pour dévorer tous tes autres dragons »
(D'Espagnet Arcanes de la philosophie d'Hermès).
72 THÉORIES ET SYMBOLES
L eau c est ie Mercure,ta terre, c est i&Soufreet. t a<r
c'estteSet.
Trois serpents dans uncalice,indiquent tes trois corps
composant la matièrede ta pierre, placés danst'œufphi-
losophique. ce symboleaccompagnegénéralementt'Her-
maphrodite chimique.
Pourquoi les alchimistes figuraient-ilsle Soufre et le
Mercure par des dragons? Flamel va nous répondre:
« La cause que je t'ai peint ces deux spermesen forme
de dragons, est parceque leur puanteur est très grande
comme cette des dragons» (Le~'rc de f~m~f).
Nous avons Farlé des principauxsymbo!esdu Soufre
et du Mercure, il en existeune infinitéd'autres que l'on
comprendra facilementsi l'on se rappette cette règle
t Le Soufra étant fixe et mate, te Mercure vo!at!! et
femelle,on tes représentera soit par des choses naturel-
lement contraires (Bxeet volatil), soit par des animaux
de sexe différent (mate et (émette).Dans les figures de
Lambsprinck, on les trouve sous forme de deux pois-
sons, puis d'un tionet d'une lionneet d'un cerf d'une
licorne, enfin de deuxaigtes.Le symbole le plusemployé
est celui de deux chiens,le Soufreétait appelé chien de
Corascène et le Mercure,chienne d'Arménie « Mon
fils,prends te chien maslede la montagnede Corascène
LES SYMBOLES
et ta chienned'Arménie, jointz-ies ensemble et engen-
dreront.)(Catid:&:cn:MtmM).
Le Soufre et te Mercure avaient un très grand nom-
bre de synonymes, dont il est indispensable de connat-
tre tes principaux.
Synonymes de Soufre: gomme, huile, soleil, fixité,
pierre rouge, caitté, safran, pavot, laiton rouge, sec,
deux voies, t'humide et la sèche. < Ils appellent voie hu-
LES SYMBOLES y;
mide,l'opération suivante, le Soufreet te Mercure de&
philosophessont cuits à un feu modérédans un vaisseau
fermé jusqu'àce que la matièredevienne noire, on aug-
mente !e feu et eUedevient blanche, enfin un feu ptus
violentla teint en rouge. la voiesèche consiste à
prendre le Sel céleste, qui est le Mercure des philoso-
phes, à le mélanger avec un corps métallique terrestre
et à le mettre en un creuset, à feu nu, en quatre jours,
t'œuvre est parfait. C'est ainsi qu'opérait ['artiste dont
Hetvétiusfait mention dans son « v~tttt <for (Bar-
chusen LiberïM~K~nï ~j A~cAfmM).
Mais cette voie sèche fut fort peuen honneur et nous
ne connaissonsaucun traité spécialsur ce sujet aussi
nous nenous occuperonsquedelavoiehumide universel-
tementreconnuepartesadeptesdetous les pays et de tous
les sièctes.
Le Soufre, le Mercure et le Set constituent la ma-
tière de la pierre, mais tous tes corps renferment ces
trois principes. D'où les extraire plus spécialement ?
C'est ici qu'erraient les SouStaurs, prenant à ta lettre
les paroles des philosophes, its ne savaient distinguer
le faitde sonsymbole. Le Soufre est appelé fleur rouge,
la matière de la pierre est encore dite végétale, arbre
métallique, les Souffleurs s'empressaient de piter des
76 THÉORIES ET SYMBOLES
herbes; de fëcùeittir des sucs, de Tdtstitter des neufs
ailleurs on appelait ta matière de la pierre, sang, mens-
true, cheveux, chien, aigte, etc.; on dit aussi que la
matière est une cho;s vite, qu'on la trouve partout
que de causes d'erreur Généralement les soumeurs
malheureuxs'étonnaient de n'avoir pas réussi et accu-
saient tout, sauf teur ignorance et leur ineptie ils fai-
saient ainsidénier dans tsurs alambics les produits les
plus multiples et les plus bizarres. « Je fis amasser
morve, crachats, urine, matière fecate, de chacunone
livre, que je fis mélanger ensemble, et mettre dans un
alambic pour en tirer l'essence, laquelle étant toute
tirée, j'en fis un sel, que {'essayai en ta transmutation
des métaux, mais ettva!n, }e ne réussispas a (de~a.
Martinière Le chymique inconnu, ou rtM~Mf~ la-
Pierre ~M<M<~Aaf6.)
Les philosophes hermétiques sont unanimesà dire
que la matière doit être cherchée dans les métaux car
le but du grand-œuvre est de faire del'or, l'or est un
métal, on doit donc s'adresser aux métaux « Nature
prend ses ébats avec Nature et Nature contient nature,
et Nature sçait surmonter Nature (f~ d'Alchy-
ntM).Cet axiome célèbre, qui mit Bernard le Trévisan
sur la voie, se retrouvedans les PA~~M! M~t~M
77LESSYMBOtES
dé Dêmocritë !ë mystagoguë,alcnimiste grec « La
nature triomphede ta nature. Les adeptes ne ces-
saient de répéter cette formule sous toutes ses formes,
ainsi Arnauldde Villeneuvedans son jMoï~orMm, dit
la mêmechose. « L'homme n'engendre que des hom-
mes, le chevalne produit que des chevaux, d~ même
aussi les métauxne peuvent être Froduits quepar leur
propre semence. Voici uneautre citation conçue dans
le mêmeesprit. « Maintenant toi, mon nts,va trouver
l'Agriculteur ef demande-lui quétte est ta semence et
quelle est la moisson. Tu apprendras de fuique celui
qui sème du blé, moissonne du blé, q-<eceluiqui sème
de l'orge moissonne de l'orge. Ces choses mon fi!s te
conduiront à t'idee de !a création et de fa génération.
Rappelle-toi que l'homme engendre un homme,que te
lion engendre un lion et le chien un chien. C'est ainsi
que l'or produitde l'or, voitàtout te mystère» (Ep!tre
d'Isis sur !'Artsacré ms. grec passage déjà cité par
HœSër). Donc la matièredoit être tirée des métaux,
mais de quelsmétaux? des métaux parfaits, c'est-à-dire
de !'0r et de l'Argent, du Soleil et de la Lune.
« Le soleil est son père, la lune est sa mère M(Ta-
ble d'Emeraude d'Hermès). « La matière dont est
extraite ta médecinesouverainedes philosophesest tant
78 THÉORIES ET SYMBOLES
semementor très-pur e[ argent ires nn et notrevtt ar-
gent 0 (Bernard le Trévisan La parole (f~a~e).
« L'Or, l'Argent et te Mercure constituent la matière
de la pierre, après qu'its ont été préparés selon t'Àrt
(Libavius paraphrasis Arnildi).
Les passagesindiquantt'or, l'argentetle mercurecom-
me matière,sont innombrables: les précédents sont suf-
fisammentexplicites, sur'outcetut de Libavius. En voici
undernier très intéressant. « Mais je te le dis, travaille
avec te Mercureet ses semMabtes,tu n'y a) muterassur-
tout rien d'étranger sache cependant que t'or etl'argent
ne sont pasétrangers au mercure (Saint Thomas d'A-
quin S~cr~ï~'A~eAtmM).Ce qui revient dire travaille
avec te mercure, foret l'argent.
Maiscestroisniét:<ux ne constituaient que la matière
éloignéede la pierre, ta matièreprochaine c'est leSoufre,
le Mercureet le Set qui en sont tirés. De t'or on tire
le Soufre, de l'argent le Mercure, et du vif-argentvul-
gaire te Sel. D'après les théoriciensde l'Alchimie(Roger
Baeon en particulier dans son Miroir ~'AMt'fnM),l'or
contient unsoufre principe très pur. fixe, rouge, non
combustible,et l'argent contient un Mercure-principe
pur, volatilplusou moins, brillant, blanc. Quant au Sel
il était fournipar le vif-argent. La matière de ta pierre
79!.ES SYMBOLES
consistait donc--encorps extraits-de t'or et [argent. « H
y a d'autres philosophesqui prétendent qu'on extrait la
pierredu Mercure nonpasdu vulgaire, ma de celui quel'on peut tirer par le secoursde i'Art, des mé:aux par-faits comme te Soleilet la Lune o (Atbertte GrandOMcon~mM des philosophessur le Gmy~-Œut'M).H sembley avoirici une légère contradictionavec cequenousavons dit plus haut, il n'en est rien, tes philosophesdésignaientsouventsous le nomde Mercure des phtto-sophes,ta matièrede lapierreconsidëreedansson ensem-
ble ainsi ce mot de Mercure a quatre acceptions diffé-rentes, il peut désigner: r" le métal,2°te principe,)-'l'ar-gent prépare pour t'Œuvrc, 4° la matièrede la pierre.C'est dans ce derniersens q~if faut-t'entendre dans e&
or et argent, soteit et lune. Pour embarrasser le vulgaire
its prenaient plaisir à prendre ces termes tes uns pour
tes autres. "Le Soleilest te père de tous les métaux, ta
Lune est leur mère, quoique !a Lune reçoive sa lumière
du Soleil.De ces deux planètes dépendle magistère tout
entier (R. Lutte: Clavicule). Dans la première
phrase, Soleil et Lune sont synonymes de Soufre et
Mercure, principes universels, dans ta seconde, its si-
gnifient Soufre et Mercure, matièrede t'CEuvre. Ces
quatre termes pouvaientdonc être pris deux àdeux.
commesynonymesabsolus.
Une figure de Barchusen.représente le signe du Sou-
fre correspondant à celui du Soleil, de l'or, et celui du
LES SYMBOLES 81
Mercure&celui de ta Lune; de l'argent. Les symbolesdu Soufreet du Mercure principessont donc applicablesà ceux du Soufre et du Mercure, matière de la pierre,àt'Or et à ['argent (Pour ces symboles, voir chapi-tres H et 1Il de cette seconde partie).
L'Or et l'argent préparés pour L'oeuvres'appelaientor et argent des philosophes. Ils étaient d'abord purifiés,c'est pourquoi Rhasès dit: « Le commencementde notre
oeuvreest subhmer (~t'frc des ~m/Jrcï). Sublimer,
c'est-à-dire purifier. C'est ainsi que Greverdit « L'or
duvulgaireest impur, souillé par la présence de métaux
étrangers,aigre, malade, et pour cela mêmestérite, de
même l'argent vulgaire. Au contraire, le Soleil et ta
Lunedes phifosophes sont des pfus purs, ils ne sont
sente nus, c'est-à-dire purifiés, débarrassés de leurs im-
puretés, de feurshabits. Les alchimistesdisaient encore
7
86 THÉORtES ET SYMBOLES
que le roi etja reine s'étaient purinês dans- unbain« Maisavant de couronner la chasteté de leur amour etde les admettreaulit con~ugat,ilfaut les purger soigneu-sement de tout pêche tant originel qu'actuet. Préparez-leur donc unbaindoux, dans lequel vous tes laverez
chacun en particulier,car la femellemoinsforte et moins
vigoureusene pourrait pas supporter l'acrimonie d'un
bain aussi violent quecelui du mate. Elle seraitinfailli.
blementdétruite. C'est avec feStihium que vous prépa-rerez te bain du mate. Quant au bain de la (emeHe.Saturne vous enseignera quel il doit être (Huginusa Barmâ Le r~ne de SaturnecAtt~d en siècle d'or).Nous trouvonsici désignéeallégoriquementla purifica-tion de!'or par l'antimoine(stibium,en !atM)et de t'ar-
gent parle plomb(Satume). L~purificationétait symbo-tisée par une fontaineoù le roi et la reine, le Soleilet la
Lune venaientsebaigner, on trouve ce symboledans tes
figuresd'Abrahamle Juif et dans le Rosaire.
L'antimoineest symbolisépar un loup et le plomb'parSaturne armé de sa faulx. Ainsidans la premièredes fi-
gures de Basile Vatentin(les tz ctefsde sagesse)qui atrait à la purification,l'antimoinesymbolisépar un loup
est placé ducôté duroi,symboleduSoleil, ouor.t'opéra-tion se fait en un creuset: le ptomb symbolisépar Sa-
LESSYMBOLES 87
turne est ptacé du coté de la reine, lune ou argent, de-
ce même côté est placée une coupelle. Quant aux trois
fleursque tient la reine, ettes indiquentque la purifica-
tion doit être répétéetrois fois.
La première figure d'Abraham le Juif représentant
Mercure poursuivipar Saturne a trait à la purificationde
t'argent par te plomb.En effet, l'argent vulgairecouper
perd de son poids, à cause des métaux étrangers qu'il
contenait, dont les oxydes sont absorbés par les parois
de la,-coupelle.Les alchimistes voyant que dans cette
opération ~argent avait perdu de son poids primitif,
admettaient que ses parties votatites s'étaient évaporées.
Saturne ou te plombpoursuit Mercure ou l'argent et
tui cou~e les jambes,c'est-à-dire, te rend immobile,te
fixe, enunmot te rend inaltérable. C'est ta véritable
fixation du Mercure sur laquelle tant de Souffleursse
sont trompés.
L'or et l'argent purifiésconstituaient la matière étoi"
gnée de la Pierre. Le Soufre extrait de l'or, te Mercure
extrait uû t'argent, étaient la matière prochaine. Tous
les philosophes concordent sur ce dernier point<[L'or
est le plus parfait de tous les métaux, c'est te père de
notre Pierre, et cependant ce n'en est pas ta matière
la matière de la pierre, c'est la semence contenue en
88 THÉORtESET SYMBOLES
t'Or't (Phitatethe: Fonfame ~~MM~AteeAtntt'~M).
De 'nême « C'est pourquoi je vous consente, o mes
amis, de n'opérer sur le soleil et sur la lune qu'après
les avoir ramenésà leur matièrequi est le Soufre et le
Mercure des philosophes (R.. Lutte: la Clavicule).
Huginus a Barmadit positivement« Le Soufre de l'Or
est le vrai Soufredes philosophes. })
La marchesuivante était employée par tes~Atchimis-
tes pour extraire te Soufre ou le Mercure de t'Or ou
de l'Argent ils dissolvaientd'abord ces deux métaux,
suivant leur vieilaxiome Corpor~non agunt nfït M~H~.
Puis ils congelaient ces solutions, c'est-à-dire les fai-
saient cristalliser; ils décomposaientensuite par la cha-
leur les sets atnsiobtenus, redfssofvatentJe résidu. or et
argent putvérutent, et après divers traitements qui va-
riaient un peu d'un philosophe à l'autre, its avaient
enfin le Soufre et le Mercure pour ta pierre.
Quant au Sel, c'était généralement un sel de mercure
volatil, tel que le bichlorure de mercure ou sublimé cor-
rosif, que les Alchimistesappelaient mercure sublimé.
Avant d'être transformé en set, te mercure devait être
purifiépar distillation.
Nous avons vu que les philosophes faisaient usaged'acides pour dissoudre t'or et l'argent. « En notre
LES SYMBOLES 8')
pierre ~st caché tout le secret du magistère qui est le
soteit, la luneet l'eau-de-vie » (R. Lulle Éclaircisse-
ment~Ktestament).Eau-de-vie désigne les liqueursaci-
des. « Il fautpremièrement que le corps soit dissouset
que les pores en soient ouverts, afin que la nature
puisse opérer (Le Cosmopolite). C'est surtout cette
partie du Grand-Œuvre que tes Alchimistes ont tenue
secrète, c'était selon eux l'opération ta ptus difficileà
trouver.
« Leptusrudetravail,la peinetout entière
Està parfaitementpréparerla matière,t
(AUGURELC/<r;'Mf<'f).
La plupartdes adeptes ont mêmepasse sous silence
cette partie de t'œuvre, et ils commencentla description
du Grand-Œuvre en supposant la préparation de la ma-
tière connue.C'est ce que nous affirmeau reste Colle-
son « Ils ne partent quefort peu et encore très obscu-
rément de lapremièreopérationdu Magistère hermétique
sans laquelle toutefois on ne peut rien faire en cette
science transmutatoire ') ~MJe parfaite de la philoso-
phie hermétique).
Cependant nous avons réussi à trouver quelquespas-
90
sages pour éctaircir cette question, Hen résulte que t'or
était dissousdans l'eau régate et l'argent dans !'eau-<brte
ou acide azottque,et quetque!ots dans t'huitedevitrio!
(acide sutfurique). Artéphiuss'étend ptus que tout autre
sur l'Eau ou acide employé pour dissoudre l'or, it J'ap-
pelle premier mercure,vinaigredes montagnes.«Cette
eau, dit-it, dissout partiellement tout ce qui peut&tre
fondu et liquéfié. C'est une eau pesante, visqueuse,
gtuante. Elle résout tous les corps en !&urmatière
première, c'est-à-dire en Soufre et en Argentvif. Si tu
mets dans cette eau, quelque métai!quece soit, en li-
maille ouen taminesdéliées,et que tu t'y laissesquelque
temps à une chaleur douce, te Métai! se dissoudratout
ëtitsërr entièrement changé en une~eau visqueuse.
Elle augmente depoids et de couleur le corps parfait ?»
(Artéphius T'ratMMcrei de la pierre des philosophes).
Le dernier paragraphe est fort juste, te chlorure d'or
obtenu par l'action de l'eau régate sur l'or est jaune-bril-
tant et plus lourd naturellement que te méta!employé.
L'auteur anonymedu T'Mt~At Blancet du Rouge,qui
parle très ouvertementdu Grand-Œuvre, opère sur tes
sets obtenus par la dissolution préalable de l'Or et de
l'Argent. Voici sa recette de « l'Eau pour l'Or a. C'est
simplementt'eau régate. « Prends du vitriol deHongrie
THÉORIES ET SYMBOLES
LES SYMBOLES 91
bleu,bien sec et du salpêtre, plus- une livre de sel am-
moniac. Fais-en une eau-forte dans un vase de verre
bie.i luté, muni d'une chape de verre ~TratM du
Blancet tfftRoa~e~. Enfin, Riplée entre dans les détails
de t'expérience. « Le corps étant prépare, verse dessus
de l'eau composée, pour qu'il soit recouvert d'une épais-
seur d'un demi-pouce. L'eau se mettra aussitôt à bouil-
tir sur tes chaux du corps, sans aucun feu extérieur.
Le corps se dissoudra et on t'éteveraà la forme de glace
en desséchant te tout (Rip)éë AfoJ~ d'~e~MM~.
Étever ta solution à la forme de glace c'est la faire cris-
talliser, cette dernière opération s'appelait aussi congé-
lation ou coagulation. t Tu sauras que tout le magistère
ne consiste qu'en uns dissolution e~ en unecoagula-
tion a ( Albertle Grand Le livredes At<f<c/M~rM.).
Les 'ets ainsi obtenus ne servaient pas directement à
t'Œuvre « Les sets n'ont aucune qualitétransmutatoire,
ils servent seulement de ctefs pour la préparation de ta
Pierre (Basile Vatentin Char de triomphe de r/tft<f-
moine). Mais ils subissaient diverses manipulationsaprès
lesquelles il étaient transformés en oxydes ou de nou-
veau en sets.
On symbolisait tes acides par des lions dévorant le
Soleil ou la Lune. Toute figure représentant le Soleil
.9~ THÉORIES ET SYMBOLES
ou ta Lune,Apottottou Diane, vaincus et dévores parun animalfort et courageux, tefs le tion, l'aigle, le tigre,
etc., symbolisela dissolution des métauxprécieux. Phi-
!à!èthe,dit Avant de faire le dernier œuvre, i! faut
trouver une liqueur ou humidité dans laquelle l'or se
fondecommela glace dans l'eau. Cette eau acide,
l'appelleEstomac d'autruche, de mêmeque t'autruche
digère tout, de même ce liquide dissout tous tes mé-
taux.
Danstes Rgures que Ftame)avaitfait scutpter au ci-
metièredes Innocents, la dissolutionest représentée parundragondévorant unhommequ'il a terrassé.
On figuraitla matière préparéepar un liquide enfermédans une note~commedans.la figure du titre de ce vo-
lume.Enfinon la représentait par !'hermaphroditechimi-
que « Elle est hermaphrodite et elle donne accrois-
sementà toutes choses se mêlant indifTéremmentavec
elles,parce qu'elle tient renferméesen soitoutes les se-
mencesdu gtobeéthéré M(VenceslasLavinius Traitédu ciel terrestre). L'hermaphrodite était figuré par un
corpsà deux têtes, il s'appelle Rebis et symbolise le
Soufre et te Mercure préparés pour t'CEuvre.<tRichard
l'Anglaisrend témoignagede moidisant ta première ma-
tière de notre pierre s'appelle Rebis(deux fois chose),
LES SYMBOLES <)-;
c'est-à-dire uhëchosequiareçudëtànàture une dou-
ble propriétéoccultequi lui fait donner le nom d'Her-
maphrodite(Le <non!~<?/Mrm<'<~Me).
Nous ne saurionsfaire mal en répétant ici ce que nous
avons déjà dit que le Mercure des philosophes,quandil est donnécommeseule matière dé t'Œuvre, désignel'ensemb:e des corps entrant dans la compositionde
la matière. Pris dans ce sens ce n'est pas un corps
spécial, c'est te synonymede matière de l'oeuvre, c'est
du reste ce qui ressortparfaitement du passage suivant
de Riptée « Maintenant,monfils, pour vous airequet-
que chose du Mercuredes Philosophes, apprenez que
quand vous aurez mis votre eau-de-vie avec l'homme
rouge qui- est notre Magnésie )e~ avec !a iemme
blanche, qu'on appelleatbinque, et qu'ils seront tous
conjoints ensemble,ensorte qu'tts ne fassentqu'un même
corps, c'est alorsen vérité que vous aurez le Mercure
des philosophes (Riptée Traité du Mercure).Nous termineronsce chapitre par quelques mots sur
le petit magistèreet ,teGrand-Œuvre ou grand Magis-
tère. Le petit œuvreou petit magistère se faisait avec le
Mercure (sels d'argents), mais la pierre philosophaisainsi obtenueétait blanche et ne transmuait les métaux
qu'en argent. Le Grand-Œuvre se faisait avec un mé-
<t THÉORIESBT SYMBOLES
lange de sets d'or et d'argent, avecte Soufreet le Mer-
cure, on obtenaitla véritablepierre philosophale,rouge,
transmuantles métauxen or.
On représentait ?5 deux pierreset !es deux magistè-
res par desarbres; l'un, l'arbre lunaire porte des tunes
en guise defruit, c'est le petit oeuvre l'autre, l'arbre
notaire portedes soleils,c'est le symboledu Grand-Œu-
vre. Cette distinctionentre deux ceuvres est ancienne,
tous les Alchimistesta connaissaient.'< Les philosophes
affirment expressément que l'or a d'abord passé par
que le fourneau, le vaisseau, te feu, tes opérations, les
couleurs sont semblables dans tes deux cas, mais te
Grand-Œuvre est plus long, car après tacouleur blanche,
fin du petit oeuvre, d'autres couleurs apparaissent dans
tegrand. En somme, en parlant de l'un, nous parlerons
implicitementde l'autre.
CHAPfTREV
L'ŒUFPHILOSOPHtQUEET SESSYMBOLES.– LE SCEAU
D'HBRMÈS. L'ATHANOR.– LE FEUDES PHILOSO-
PHES. LES DEGRÉS.
La Matière de la pierre étant préparée, il s'agissait
de lui donner par une cuisson ménagée la propriété de
transmuerles métaux. Pour cela on enfermaitla matière
dans un petit ballon ou matras, décoré du nom d'œuf
Q8 THÉORtES ET SYMBOLES
philosophique; on plaçait le tout sur une écuelle pleine
de cendres ou de sable, et t'en chauffaitselon certaines
rëgtes dans uneespèce de fourneau à réverbère~t'Atha-
nor.
Les Alchimistes sont généralement assez explicites
sur ces parties accessoires de t'Œuvre. Le matras dans
lequel on place la matière se nomme œuf des philoso-
phes, c'est un ballon en verre assez résistant, quelque-
fois il est enterre cuite, quelques-uns se servaient d'œufs
pMosophiques en métal, cuivre ou fer. Le ballonen
verre était !'œuf philosophiquele plus employé. « Le
vase de l'Art est l'ceuf des philosophes, qui est fait d'un
verre très pur, ayant le cou de longueur moyenne il
faut que la partie supérieure du cou-puisse-être scellée-
hermétiquement et que la capacité de l'œuf soit te!te
que la matière qu'on y mette n'en remplisse que le
quart s (Huginus a Barma RJ~M Saturne).
Roger Bacon se servait indiitéremment d'un vaisseaude
verre ou de terre. « Le vaisseaudoit être rond, avec un
petit col. Il doit être en verre ou en une terre aussi
résistante que le verre on en fermera hermétiquement
l'orifice. avec un couvercle et du bitume s (Roger
Bacon Miroir d'~kA<fnM/ Philalèthe insiste surtout
sur la fermeture et la capacité. « Aye un vaisseau de
LES SYMMt.ES 9~
verre fait en ovale, qui soit rond et assez grand-pour
contenirune once d'eau distittée dans toute ta capacité
de sa panse. H te faut sceller par haut aveccette pré-
caution qu'i! n'y ait ny fente ny aucun trou, autrement
ton ouvrage serait perdu (Phitatethe BnM~ouverte
au-~aM~crmJ du roi).
On appelait ce vaisseau œuf d'abord à cause de sa
orme, ensuite parce que de lui comme d'un œufdevait
sortiraprès incubation dans t'Athanor, la Pierre philo-
sôphate, l'Enfant couronne et vêtu de ta pourpre royale,
ccmme disaient les Alchimistes. C'est à peu près dans
ce sens que Rouillac donne l'étymologiede ce mot
« Tout ainsi qu'un œuf a tout ce qui lui est nécessaire
pour la~gënération du poutet, qu'il n'y faut nen,a{puteF
et qu'il n'y a rien de superfluqu'il faineôter, de même
aussi,il faut enclore en notre œuf tout ce qui est néces-
saireà la génération de la pierre o(RouiHac:/H'rt'~
duGran<f-Œufre).
Dans les passagescités plushaut, on voit que les phi-
losophes insistent beaucoup sur la fermeturecomptée
de l'œuf, les uns comme Bacon employaientun couver-
cle qu'ils fixaient avecun lut ou avec du bitume,mais ta
plupart employaient le sceau d'Hermès. Le Filet d'A-
riadne, traité anonyme, nous donnedes détailsfort inté-
tOO THÉORtESET STMBOt.ES
fessantssur Cetteopération. H donne trois manièresde
scetter hermétiquementun ballon 1°)on plaçait le col
sur un feu très ardent, mais en le séparant du feu parunetuile percéeen sorte que le verre ne se ramottissait
qu'enun point du eo! quand je verre était ramoiti,on
coupaitte col à cet endroit avec une paire de ciseaux~les bordscoupésse soudaient, absolumentcommequandoncoupe un tube de caoutchouc :") on ramollissait le
col de la mêmefaçonpuis on tordait le col en tirant tégè.rement,et à la flammed'une chandeite, on fondait l'ex-
trémitépointue de façon à produire une petite pertede
verre }°)on chauffaitl'ouverture du ballon et un bou-
chonde verre pouvant s'y adapter, on fermait le ballon
avecson bouchonet on coûtait dessusduverre fondu.
Quelquesalchimistespréféraient au simple ballonde
verreun appareil formé de deux matras, le col de l'un
entrantdans le cot de l'autre. « Il y a deux vaisseauxde
mêmeforme,grandeur et quantité en haut, ou le nezde
t'unentre dans te ventre de l'autre, afinque par l'action
de la chaleur c6 qui est en l'une partie, monte dans la
tète du vaisseauet après par l'action de la froideurqu'
descende,dans le ventre » (RaymondLutte Eclaircis-
MmM<~tt<M&M;<). De même c Les uns se servent de
vaisseauxde verre ronds ou ovales. D'autres préfèrent
LES SYMBOLES lot
a
t03 THÉORtES ET SYMBOLES
Explicationdefap~nc~~XI.
F~HrC (Edition Allemande du Crede MfAf).
L'oeuf philosophique double. Les deux oiseaux indiquent
qu'une matière votatite s'est sublimée dans te ballon supérieur
(Voir chapitre V).
F~Mre (Viatorium j~o~ftCtfm).
Le Roi et la reine Soufre et Mercure, enfermés dans te sé-
putcre philosophique. Le Squelette indique que nous sommes
pendant t'operation nomméeimortiSefttion.
Le boiteux ou Vutcain, symbole du (eu, indique que t'on doit
chauffer l'oeuf philosophique (Voir chapitre V).
LES SYMBOLES t0;
ta form&d'atudet, ils prennent un vaisseau dont te cet
court pénètre dans un autre vaissau qui sert de couver-
cte, on les tute (Libavius De lapide p/tfYcïO~ofMm).` On les scellait,soit avec untut résistant, soit en fondant
le col du premierballon sur te col du second. Cette dis-
position offrait tes avantages suivants les vapeurs se
condensaient plus facilement au contact des parois fro!-
des du ballonsupérieur, puis la capacité intérieureétant
que c'est en luiqu'avait lieu la conjonction du Soufre et
du Mercure, l'uniondu roi et de la reine. Dans te Son-
ge vert, il est parlé d'une maisonde verre ferméecom*
ptetement, ony introduitles époux et l'on fermeta porteavec la matière mêmedont la maisonest composée.
L'œuf était encore nommématrice par analogie,parce
que « La matricede ta femmeaprès qu'elle a conçu, de-
meure close et fermée, afin qu'il n'y entre aucun air
LES SYMBOLES t0~
estrange et que !e <ntit nese perde. Ainsi notre pierredoit toujours demeurer close en son vaisseau (Bernardte Trévisan la Parole ~~Mï~) et aussi parce qu'on
y enfermeles deux spermes minéraux. Soufre et Mer-
cure d'où doit nattre la pierre des philosophes.L'oeufétait enfin appeté ventre de la mère, mortier,
crible. Crible parce que les vapeursqui s'élèvent, après
s'être condensés, retombent goutte à goutte comme un
liquide passant à travers un crible.
L'oeufrempti et fermeétait ptacédans une écuette ou
bassine contenant des cendres ou du sable fin. Hélias
dans son MÏrofr~A~eAf'mfërecommandede placer t'œuf
dans une coupelle contenant des cendres tassées, de
tacon quetesde~x tiers sup~neurs_du ba~qn~
seuls. Quelquesphilosophes au lieu du bain de sable
employaient le bain-marie, qu'ils appetaient feu humide.
L'écuefle et t'ceuf étaient logés dans un fourneau spé-ciat nommé Athanor, du mot grec a9~6Ke;, immortel,
parce que le (eu une fois allumé, devait brû!er jusqu'à
la fin de !'Œuvre. Certains alchimistes ont fait figurerdans leurs ceuvres divers modèle d'Athanor un des
plus curieuxse trouve dans le «Bouquetchymique de
Planiscampi. I! se compose de deuxfourneaux accolés,
dans l'un des deux on fait du feu et les gaz provenant
t0<) THÉORfES ET SYM&OLËS
de tacombusttdh, passantpar untrou de communication,
vont échauffer l'autre fourneau. L'Athanorde Barchusen
est un fourneau ordinaire. Maistevéritabte Athanor, ce-
lui qui était connu des premiers alchimistes occiden-
taux Albert le Grand, Roger Bacon, Arnauld de Ville-
neuve, est une sorte de fourneauà réverbère pouvant
se démonter en trois parties. La partie inférieure
contenait le feu, elle était percée de trous pour per-
mettre l'accès de l'air et présentait une porte. Lapartie
moyenne, cylindrique aussi,bfhait trois saiHiesdisposées,
selon un triante, sur lesquelles reposait l'écuelle con-
tenant t'œuf. Cette partie était percée selon un de ses
diamètres de deux trous opposés, ferméspar des disques
d&:cfistal,-ce qui permettait d'observër~cequi se passait-
dans !'ceuf. Enfin la partie supérieure, pleine, sphé-
rique, constituait un dômeou rénecteur, reverbérant la
chaleur. Tel était ['Athanorgénératementen usage. Les
<~sposttionsprincipales demeuraient invariab'es et les
changements que lesalchimistesy apportaient person-
nsUementn'avaient aucuneimportance. Ainsion trouve
figurédans le Liber mt<<Mun athanor assez étégant en
forme de tour crénelée.
Le symbole du fourneauest un chêne creux, on te
trouve ainsi représenté danstes figuresd'Abrahamle Juif.
LES SYMBOLES t07
Oft donnait &['ensemble foumeatr, écue!te, oeuf
philosophique, le nom de triple vaisseau. « Ce
vaisseaude terre est appelé par les philosophes tripte
va:sseau car dans son milieuil y a une écuette pleine
de cendres tièdes, dans lesquelles est posé Fœufphiloso-
phique « (Le~rc de NicolasFlamel).
Les alchimistes,si jalouxde tout ce qui concernait le
Grand-Œuvre, n'ont eu garded'être clairs sur le feu ou
le; degrés de chaleur nécessairespour t'œuvre. La con-
naissance de ces degrés était regardée par eux comme
'une des clefs les plus importantes du Grand-Œuvre
« Beaucoupd'alchimistes sont dans l'erreur, parce qu'ils
ne connaissent pas la disposition du feu qui est la clef
désœuvré, car it dissout et coaguleen même-temps-ce
qu'ils ne peuvent saisir, parce qu'ils sont aveuglés par
t~ur ignorance ') (RaymondLulle Vade mecum seu de
tincluriscont~MJfam~. En effet, la matière une fois pré-
parée, la cuissonseule pouvait lachanger en pierre philo-
sophale. « Je ne vous commande que cuire, cuisez au
commencement, cuisez au milieu, cuisez à la fin, et ne
faites autre chose e (La Tourbedes philosophes).
Les alchimistes distinguaient plusieurs espèces de
feu te feu humide, c'est le bain-marie qui fournit une
température constante le feu surnaturel ou artificiel
:o8 THÉORtES ET SYMBOLES
dësignaitdesacides, cecivient de ce que te~atehtmistes
avaient remarqué que les acides produisent une é!éva-
tion de température dans leurs diverses réactions, et
aussi qu'ils ont sur tcscorpsté mêmeeffetque te (eu, ils'
les désorganisent, détruisent rapidementleur aspect pri-
mitif. Enfin le feu naturel, ordinaire.
En générât, les alchimistesn'employaientni charbon
ni bois pour chauffer l'oeufphilosophique,il aurait <attu
une surveillancecontinuelleet il aurait été deplus à peu
près impossible d'obtenir un? température constante.
Aussi Marc Antonio s'emporte-t-Hcontre les souffleurs
ignorants qui se servaient de charbons <fA quoy bon
ces flammesviolentes, puisque tes Sages n'usent pointde charbons ardens, ny de bois enftamméspour faire
l'œuvre hermétique a (La fttm~re sortantpar Mt-m~otc
des ~n~&rM).Les philosopheshermétiques employaientune tampe à huile à mèched'amiante, dont l'entretien
est facile et qui fournitune chaleur à peu prés uniforme,
c'est là le feu qu'ils ont tant cachéet dont quelques-unsseulement parlent ouvertement.
t!s admettaient plusieurs degrés à leur feu, selon quet'œuvre était plus ou moinsavancé ils parvenaient à
régler leur feu enaugmentant le nombre des brins qui
composaient !a m&che « Fais d'abord un feu doux,
LES SYMBOLES t0<~
commesHu n'avais que quatre Nsà ta mèche, jusqu'à
ce que ta matière commenceà noircir. Puis augmente,
mets quatorzefils, la matière se lave, elle devient grise,
ëhnh mets vingt-quatre filset tu Mras lablancheur par-
faite )' (Happetius, Aphorismibasiliani).
Le premierdegré du feu,celuidu commencement de
l'oeuvre,équivalaitenviron à 60 ou 70 degrés centigra-
des « Faites votre feu à proportion qu'est la chaleur
dans les mois de juin et de juillet (DM~M Marie
el tfAfM). 11ne faut pas oublierque c'est un égyptien
qui parle au reste, le premier degré était encore appelé
feu d'Egypte, justement parce qu'il égate à peu près la
température estivale de l'Égypte. Quelques alchimistes
oubliant ce point ont indiquépour le premier degré une
nauld deVitteneuveet Denis Zachaire, et parmi les trai-
tés anonymes -le Texte d'Alchrmis et la Tourbe des
philosophes.
1~ THÉOKtES ET SYMBOLES
CHAPITRE V!!L
LA PtE~RSPHILOSOPHALE. ESSAIDELAPiERRE.–
SESPROMUÉTÉS. TRANSMUTATIONDESMÉTAUX.
L'ÉUXH~DE LONGUEVIE. SESEFFETSSURL'AME.
L'Œuvre étant parvenu au rouge, ta matière ayant
été <ermentce, on avait ta Pierre phitosophate ouétixir
rouge ou grand magistère. Nous savons, en effet, que
l'onappelait élixir blanc, petit magistère, ta matièrepar-
venue au blanc, mais ce petit magistère ne transmuait
!es tnétaux.qu'en argent, te grand magistère transmuait
en or et possédait en outre bien d'autres propriété!:
nous ne parlerons que de ce dernier.
La Pierre philosophale se présentait sous formed'une
poudre rouge éclatant, assez lourde. Cependant ce;
caractères physiques ne sumsaient pas auxalchimistes;
pour s'assurer de la qualité, ils la projetaientsur une lame
de métal chauffée au rouge, la pierre devait fondresans
répandre de fumée: « Prends une lame d'airainpropre.
frotte-la et ta potis, place dessus un peu de ta matière.
et place-la sur des charbons incandescents. Si la ma-
tière se fond et s'étend sur la lame chaude, ta médecinj
LES SYMBOLES t-).~
est parfaite rends alors grâces à D!eu? (fsaac té Hottan-
dais Opère mfnera~a~. Grever dit à peu près la même
chose <t Prends de ta matière rouge un grain, place-
la sur une tamede fer ou de euhre et chauffefortement
jusqu'à ce que la lame blanchisse. Si alors il ne s'éteve
aucune fumée, et que retirée du feu la matièren'ait r:en
perdu ni en poids ni en volume, elle est de bonne qua-
lité (Secretunt not't'~ïtmMm, Calid ajoute quelques
détails « Quand ta pierre est parachevée on en met
une parcelle sur un fer rouge ou sur uné plaqued'airain
ou d'argent fortementchauffée, si alors elle coulecomme
de ta cire, sans fumer, en adhérant fortementau métal,
elle est parfaite (Livre des trois ~ro~M
L'heureux afchimistequFpQSsédait la Pierre philo-
sophafe prenait le nom d'adepte, it pouvaitdes lors user
à sonprofit des propriétés mcrveilleuses de la Pierre.
Denis Zachaire dans son Op~Cft~ ta philosophie
na~r~Hcdes métauxet PMMéthe dans t'Ë'a~L'gouverte
au t't:t!/(:rmJ duroi, tui reconnaissent troispropriétés:
t" Transmuer tes métaux en or et en argent. 2"Produire
des pierres précieuses. }°Conserver ta santé.
Les alchimistesgrecs ne reconnaissaientà t'E lixir rouge
que ta propriété de transmuer tes métaux,ce ne fut que
plus tard qu'on lui assigna une foule d'autres propriétés.
!~6 THÉORIES ET SYMBOLES
Les alchimistesne concordent pas sur le résultat des
transmutations à l'aide de ta Pierre. Selon les uns, on
n'obtenait qu'unpetit lingot, une partie dumétal seule-
ment était transformée en or, selon les autres tout le
méta! était change en une masse d'or du mêmepoids.
« D'une once de cette poudre de projection, blanche
ou rouge, tu feras des Soleils en nombre infini et tu
transmueras en Lune tout espèce de métal sorti d'une
mine o (R. Lutte: C/<!MCt<). et « Tu projetteras
cette matière sur mille parties de mercure vulgaireet il
sera transmuéen orfin n (Même ouvrage). Roger Bacon
affirmeta même chose à la fin de son Miroir d'Alchi-
mfc. Mais la Pierre pouvait avoir une vertu plus ou
moinsgrandesetoKquitte avait été- <ermëntéeptusou
moinsde fois « En sorte qu'après une opérationunepar-
tie de l'Elixir change cent parties de n'importe quel
corps en Lune, après deux opérations nxtte, après
trois: dix mille,après quatre cent mittc, après cinq: un
million, aprèssix opérations des milliers dj mille et
ainsi de suiteà l'infini') (Albert te Grand k Cornet*
des cjmrjMi). Albert le Grand a été pourtant dépassé,
un alchimistea prétendu que t'or produit par l'Art her-
métique était à son tour doué de la propriété de trans-
muer les métauxen or!
LES SiTMSO~ES t~7
La Pierre guérissaitnon seulementles métaux vits de
leur lèpre, c'est-à-dire de leur infériorité,mais par ana-
logie elle guérissait l'hommede toute espèce de mala-
dies et d'innrmités elle prolongeait mêmela vie, son
infusiondans l'alcool constituait l'Elixir de tongue vie.
Artephius prétend par son usage être arrivé à l'âge de
mille anspassés. Jean de Lasnioro insinuemême qu'elle
ressuscite les morts: «Je vous te dis en vérité si un
hommeà demi mort pouvait contemplerla beauté et la
bonté de notre Pierre, toute espèce d'infirmités'écarte-
rait de tui fût-il même à l'agonie, il ressusciterait H
(Jean de Lasnioro.TMC~M aureus de~M(' p/tf7oso~)f-
co). Quelques phitosophes ont donné des détails sur
l'action thérapeutiquede la Pierre phitosophate.:Selon-
Arnauldde Villeneuve -1 E)te conservela santé, elle
accrott le courage; d'un vieitfardelle fait un jeune
homme. Elle chasse toute acreté, elleécarte le poison
du cœur, elle humecte les artères, fortifieles poumons,
purifiele sang et guérit les blessures. Si la maladiedate
d'un moi- elle la guérit en un jour, sic'est d'un an, elle
guérit en douze jours, et si elle date deplusieursannées,
en un moison est guéri a (~ Rosaire).L'auteur anonyme
de l'Aurora coftSM~M!,lui attribue des propriétés en-
core plus spéciales « Elle remet le tin gâté, aigre,
!~8 TKÊORtES ET SYMBOLES
elle détruit les paits follets elle fait disparattre compte-
tement les rides et les taches de rousseur, elle rend aux
femmesun visage {uvénite eHe aide à la parturition
sous forme d'emptBtre elle expulse le fœtus mort; elle
fait uriner; elle excite et donne des forces pour l'acte
de Vénus elle dissipe l'ivresse elle rend la me.
moire. (tarera consurgens).
Khunrath admet son influence non seutement sur le
corps, maisencore sur l'esprit et sur rame. « Si l'on
administreta pierre à un malade, elle expulse toutes tes
matadiestant de t'amc que du corps. Elle chasse la
lèpre, t'hydropisie, l'épilepsie, l'apoplexie, la surdité,
la cécité, la folie, Forguei!et l'ignorance (H. Khunrath
C<t~H~ cAao, ~'M~De même.
« Avec t'aide de Dieu tout-puissant, cette pierre vous
délivrera et vous garantira de maladies, si grandes
qu'elles soient; elle vouspréservera de toutes tristesses
et afflictionset de toutcequi pourrait vousnuire au corps
et à l'esprit a (Hermès Les sept c~fffM).
Non seulement elle guérissait le moral attaqué, mais
encore elle augmentait l'intelligence et donnait mêmele
pouvoir de commander à la nature et de voir Dieu dans
sa gtoire. « !t me dit encore que si pendant neuf jours
consécutifsj'usais de neuf gouttes ou de neuf grains de
LES SYMBOLES t~f~
la Pierre, je serais doué d'une intelligenceangélique et
qu'il me semblerait être dans le Paradis M ~C<!K~du
petit~M~. Sperber ya plus loin « Enfin elle puri-fie et illuminetellement le corps et i'ame que celui quila possède, voit commeea un miroirtous lesmouvements
célestes des constellations et les influencesdes astres,mêmesans regarder le firmament,tes fenêtres fermées,dans sa chambre a (Sperber /.M~c~ ma~rM ~t-
dis). En un mot l'adepte peut contemplerle monde invi-
sible fermé aux autres hommes.
Nous avons vu que ta Pierre philosophaleproduisaitdes pierres précieuses, qu'elle réunissaitplusieurs petites
perles en une seule, enfindernière merveitte te « Clan-
Basite Valentin. – t" L'azoth des philosophes.x"Char de triomphe de l'antimoine. )<'Cottoque de
l'esprit de Mercure avecfrère Albert. 4" Les douze ctefs
de sagesse. De naturalibuset supernaturalibus(Traité
des choses naturelles e<ïttrn~ttreMM~.
N. Valois. Œuvres.
t64 THÉOfttES ET SYMBOLES
B~M~M~.–Tfaiteda~ënetdusë!.
~rMMM Vt~MfMyc. – Le chemin du chemin.
2" Ffos florum ~ia F~Mf ~M F~Kr~.Lettre au rot
de Naptes. 4" Novmn lumen ~OMM~~Mt~r~. Ro-
sarium ~Le fOMt'r~. 6° Qtlœsttones tam essentiales
quam accidentales ad BonifactUtnoctavum~QHM<MMïur
f~Mnce r<!cc:WM<, a~rMïJM att ~a~ BoKf/ac<?~.
~o~– De iapidts physici conditionibus (Des ~M-
~'n'~(~ de la pierre ~MpMjMa~.
D.Z'a~a<re.–Opuscutede!aphi!osophte naturelle
des métaux.
il
BIBLIOGRAPHIE ALCHIMIQUE
OU X!X' S!ÈCt.B.
Nous avons fait entrerdans ce court exposé nonseu-
lement les traités purement hermétiques, maisencoreles ouvrages historiques, les biographies et les produc-tions littéraires qui ont paru depuis l'an 1800sur ce
sujet, tant en France qu'en Attemagne et en- Angle-terre.
Ano~ME. – Légendes populaires Nicolas Flamel.
Paris, brochure in-4".
BALZAC.–La Recherche de l'absolu. Paris, r vot.
in-!8.
BARRETT. Lives of the aIchemysticalphilosopherswith a catalogue of books in occult chemistry,
Londres, ï8t;, vo!. in-8.
BAUER. Chemieund Alchymiein Oesterreich bis zum
beginnendenXfXJahrhundert. Vienne, t88).
166 THÉORIESET SYMBOLES
BERTHELOT. Les Origines de TA!chimië, t vo!.
in-8. Paris, !88;; 2" Introduction aFétude de
}n chimiedes anctenset du moyen-&ge.Paris,
!88c, i vo!. in-4. Nombreuses figures d'appa-
reils, reproductionsde textes par laphototypie.
BERTHELOTET RUELLE. Collection des anciens
alchimistes grecs. Texte et traduction. Paris
1887à t888, ) vot. in-4". Dans ces différents
ouvrages, M. Berthelot a fait connaître une
période de l'histoirede !à chimieà peine indi-
quée avant lui et très obscure.
E.BERTHET.–Le dernieralchimiste.
GAMBRtEt..– Cours de philosophiehermétique oud'al-
chimie en t~ teçons. Paris, t~n.m-S'
Planche. Ouvragecurieux et très- rare.
E. CHARLES. Roger Bacon. Sa vie, ses ouvrages,
ses doctrines. Paris, !86!,in.8. Rédigé.sur-
tout au pointde vuephilosophique.
CRUVBILHIER.– Paracelse,sa vie et sa doctrine. Ga-
zette médicale, 7 mai t842.
CYUAN!. – Hermès dévdiM. Paris 1812. Brochure
rare. L'auteur prétend avoir opéré la trans-
mutationdes métauxpar tes procédés alchimi-
ques ordinaires.
BtBDOGRAPH~ ALCHIMIQUE !~7
DELÉCLUZB.–– Raymond Lulle. Revue des Deux-
Mondes, t~ novembre 840. Article excellent
sous bien des rapports, saufun, t'auteur assure
que Lutte, Bacon, etc., n'étaient pas desalchi-·
mistes, mais des chimistest
A. DuMAS.–L'alchimiste, drame.
ESCODECADEBOtssE. Les Alchimistesdu x)x°siècle.
Epitre à Nicolas Flamel.Brochure. Paris, :86o.
L. FtGUtER. L'alchimie et les alchimistes. Paris,
t8;4, !8~), f86o, t vo!. !n-tï. Exact pour
tout ce qui est fait historique, mais l'auteur
ignore comptëtement les théories hermétiques,
et quand it cite, c'est pour se moquer de ce
qu'il n'entend pas; 2°~ics des savants illus-
tres. Paris, ti~oà t! vol. in-8. Gravures
et portraits. Nous ne citons que trois volumes:
Moyen-âge, Renaissance,xvf!" siècle, à cause
des biographies intéressantes de Geber, Avi-
cenne, Atbert le Grand, Roger Bacon, Ray-
mond LuUe, Van Helmont, etc., relativesau
sujet qui nous occupe.
FRANCK.– Paracelse et l'alchimieau xv:° siècle. Im-
pfimé en tête de l'Or et la transmutationde
Tiffereau.
t68 THËORtÉS Et SYMBOLES
F.HALM.–-DerA~dept,trauërspiet.
VotfHARt-EPS.–Jacob Bohme und die atehytnistea.
Bertin,t8~o.
HŒFFER.– Histoire de la Chimiedepuis !es temps tes
plus reculés jusqu'à notre époque. Paris, !8~2.
2 vol. :n-8~ Le premier volumeet une par-
tie du second traitent de l'alchimie.
HOFFMANN. Bertmer Alchimisten und Chemiker.
Berlin, 1882.
HoRTE!<S!usFLAME!– Résumédu màgtsmë,des sc!en-
ces occultes et de la philosophie hermétique
Paris, t8.t2.in-t8.
JACOB(bibliophile). Curiosités des sciencesoceuttes.
paF;~ t88~;[voLtn-tz. La moitié du volume
&peu près traite de l'alchimie.
JACQUEMAR. La pierre phitosophateettephtogist)-
que. Paris !8y6. Brochure in-8".
JsHANDELAFONTAINE.– La Fontaine des amoureux
de science, poème hermétique du xv° siècle.
Paris t86t. Assezrare.
Kopp. Die alchemie in atterer und neuerer Zeit.
Heidetberg, 1886, 2 vol. in-8". Travail
consciencieux, plein de documents intéres-
sants.
BtBLtOGRÀPmE AbCmMtQUE 169
LEBRUNDEvtRLOY. Notice sur accroissement de ta
matièremétaHique.Paris, t888. Brochure!n-!2.
LEW!!<STEtN.– Die aîchemie unddie atchemistecr.Ber-
!io, tSyo. Brochure !n-tï.
Louts LucAS. t* La chimie nouvelle. Paris, i vol.
in-t:. Rare; Le roman atchim!qne. Paris,
t8;7~ 1vol.m-n. Rare.
MANDON.– Van Helmont, btOgraphte,histoire criti-
que de ses oeuvres. Bruxelles, t868, in-
MARCHsBE VÈzE. – Alain de LiHe.Numéro to de
l'Initiation. Juillet t88o.
MASSOK.– Essai sur la-vie, et tes ouvrages de Van-
Helmont. Bruxelles, !8~, in-! 8.
L. MENARS.–- Hermès Tnsmegistes.Pafts.m-S.
MtCHBA.t–Stttdia auctoris. Traduction de l'autobio-