Top Banner
, LE MENSUEL DE L'AERONAUTIQUE MILITAIRE INTERNATIONALE ISSN - 0223 - 0038 N o 69 - J U I LLET 1984 Be lg iq ue 160 FB - Canada S 4.00 - S"isse 6.50 FS - Espagne 400 P -!talie 4200 l 20 F Koweit 1300 KD - libye 1500 LD - Ar abie Seoudite 18.00 SR - Eg ypte 3500 EP L'U.S. Air Force en Haute-Marne (1952-1966). * UNE R LLS POUR LA CHASSE L'aeronavale allemande abandonne le F-104 pour le Tornado. * LA "RICHTHOFEN" A EU 5 ANS Le Jagdgeschwader 71 de la Bundesluftwaffe et son histoire. (M 1191-69-20F)
39

Airfan 1984 07 (069)

Jul 23, 2016

Download

Documents

military aircraft
Welcome message from author
This document is posted to help you gain knowledge. Please leave a comment to let me know what you think about it! Share it to your friends and learn new things together.
Transcript
  • ,

    LE MENSUEL DE L'AERONAUTIQUE MILITAIRE INTERNATIONALE ISSN - 0223 - 0038

    No 69 - J U I LLET 1984 Belg iq ue 160 FB - Canada S 4.00 - S"isse 6.50 FS - Espagne 400 P -!talie 4200 l 20 F Koweit 1300 KD - libye 1500 LD - Arabie Seoudite 18.00 SR - Egypte 3500 EP =====:::::::~~-

    L'U.S. Air Force en Haute-Marne (1952-1966). * UNE R LLS POUR LA CHASSE

    L'aeronavale allemande abandonne le F-104 pour le Tornado.

    * LA "RICHTHOFEN" A EU 5 ANS Le Jagdgeschwader 71 de la Bundesluftwaffe et son histoire.

    (M 1191-69-20F)

  • DA

    NS

    NO

    TRE

    PRO

    CHAI

    N N

    UM

    ERO

    : lE

    S 1

    00 0

    00 H

    EURE

    S DE

    VO

    l DE

    lA

    11e

    ES

    CADR

    E DE

    CHA

    SSE

    DE T

    OU

    l.

    SUR

    JAG

    UA

    R

    ---

    -----

    :.;;

    r;--

    Pho

    to:

    Patr

    ick

    Big

    el

  • I 1 FANAVIA

    JUILLET 1984 Sixieme annee

    SOMMAIRE 7 LES JOURNEES PORTES-OUVERTES

    Patrick Bigel termine la liste des meetings. 8 LA REVUE DE PRESSE

    Les livres du mois lus ou feuilletes pour vous par Jean-Michel Guhl.

    AVIATION MILITAIRE 10 POKER D'AS (Chapitre 5): MARCEL ALBERT Patrick Facon relate la carriere de I'as fr'anyais du Normandie-Niemen Marcel Albert , second ~s franyais de la 2e G.M. et I'un des deux a revoir la tres estimee decoration de Heros de I'Union Sovietique. 14 CHAUMONT AIR BAS!; (1ere partie) Jean-Pierre Hoehn raconte I'histoire de la base aerienne de Chaumont-Semoutiers qui abrita seize annees durant une des plus celebres escadres de I'U.S. Air Force en Europe. 22 EN TRAINANT LA BIROUTE Regis Biaux a partage la vie des pilotes et personneis de l 'Escadrille Avions du 3e G.H.L. de I 'ALAT lors d'un detachement sur le terrain de SI. Valery-en-Caux . 26 UNE ROLLS POUR LA CHASSE Peter Doll retrace I'histoire de I ~aeronavale allemande depuis sa remise sur pied dans les annees cinquante a I'heure ou celle-ci reyoit ses premiers Tornado. 30 LA RICHTHOFEN A EU 25 ANS Jean-Marie Troillard raconte I'histoire de la plus celebre des escadres de chasse de la Bundesluftwaffe: le Jagdgeschwader 71 de Wittmund qui porte le nom du Baron Rouge . 38 LES FALCHI DE BRINDISI Antonio Palma presente le 32 Stormo de l 'Aeronautica Militare Italiana et ses Fiat G.91 Y d 'assaut maritime base sur le terrain de Rimini.

    MAOUETTISME PLASTIOUE 44 ANALYSE DES NOUVEAUTES Michel Gerard et Jean-Michel Guhl presentent les dernieres maquettes parues sur le marche international. 48 DES MAQUETIES POUR LES GRANDS Jacques Druel s'est penche sur la maquette Heller du AMD-BA Super-Etendard au 1/72" (avec un photoscope en page 50).

    14

    26

    30

    La couverture d'AIR FAN: Fer de lance de I'aeronavale alle-mande, le chasseur-bombardier Panavia Tornado est main-tenant en service operationnel dans une escadre des Marine-flieger : le MFG 1 de Schleswig-Jage I.lPhoto : Peter 001/. AIR FAN's front cover: Our German correspondent Peter Doll made this interesting shot of a trio of German Navy Tornadoes flying over the country-side of Schieswig-Hoistein shortly af-ter MFG 1 re-equipped with the newer swing wing fighter-bomber.

    AIR FAN, revue mensuelle paraissant le 20 de chaque mois

    Redacteur-en-chef : Jean-Michel Guhl Comite de redaction :

    Correspandanls de 10 Redaclian I'elrange r : Peler Doll (Allema gne). Louis Drendel (ElalsUms). Roberl E. Kling (ElatsUnlS). Wollgang Ha,n, 1 (Aulr iche). Kensuke Ebala (Japon). Gerhard Joos (Allemagne). Dave Menard (ElatsUn,s), Antonio Carlos M,moso (portugal). Klaus NlSka (Finlande). Sh'n 'chl Ohtakl (Japon). Javler Sae, Sa nz (Espagne). NOlman E Taylor (Etats-Unis). Tom Arhe,m (Norvege). R,chard L Ward (RoyaumeUn,).

    Ed imal S.A.R.L. au Capilal d e 150000 F Siege social el sieg e de 10 Redacliol! : 48, boulevard des Balignolles 75017 Paris Direclion, diffusion : 3873205 Redaclion, publicile : 2936724 Te lex : 290163 EURTL - Code 160 R.C. Paris B 314-056-243 C.C.P. Paris 21 16756 C Directeur-gerant : Marline Cabiac Comite de direction : M. Cabiac, J. Marmain L. Biancotto el J.-M. Guhl. Secretaire de direction : Jeann ine Gabet Le direcleur responsable de 10 p ubl,calian : Marline Cabiac W de CommISsion parllaue 61086 Dillusion par les N.M .P.P

    Jean-Michel Guhl, Ala in Crosnier, Patrick Bige l, Jean Bodson, Arno Dill, Jacques Druel, Michel Gerard, Jean-Pierre Hoehn. lIIustrateurs attaches : Louis Drendel , Dominique Fouberl, Georges Olivereau. Administration : Richard Dore

    ND SIRET 31405624300012

    Conception graphique : JonlOe Ollvereau

    All contents C AIR FAN 1984

    ISSN-0223-0038 Photogravure: Prestige Graphique (France) Photocomposition et impression: Antigoon S.A. 2100 Deurne - Luchthavenlei 7 (Belgique) Telephone: (03) 239 79 60 Depot legal N" t432

    AIR FAN I JUtLLET 1984 I PAGE 3

  • Simple ouvrier metallurgiste en 1938, Marcel Albert se hissa en quelques annees au sommet de la celebrite

    par sa conduite au cours de la Seconde G uerre

    mondiale. Privih3ge rare, il tut un des deux seuls

    trancais a etre eleve a la dignite de Heros de I'Union Sovietique, don! iI arbore la

    medaille sur cette photographie officielle. I

    SHAA.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 10

    Heros de I'Union sovietique, titulaire des ordres de Lenine, du Drapeau rouge, de la Guerre patriotique, commandeur de la Legion d'honneur, tels etaient quelques-uns des titres prestigieux dont Marcel Albert pouvait se prevaloir a la fin de la Seconde Guerre Mon-diale. Pour cet homme, alors au falte de sa gloire, le chemin avait ete long depuis le temps OU , ouvrier metallurgiste aux usines Renault de Billancourt, il ne revait que de piloter un avion.

    * Ne le 25 novembre 1917 a Paris Xllle , celu i qui

    dflvait devenir le deuxieme as franc;:ais de la guerre de 1939-1945 dut abandonner tres tot ses etudes secondaires pour travailler et subve-nir a ses besoins. La soif de voler qui le tenaillait, Marcel Albert ne put I'assouvir qu 'en sollicitant une bourse de I'Etat, seul moyen pour les jeunes issus des classes populaires de decrocher alors leur brevet de pilote. Entre au service le 24 mars

    1938, il passa son brevet militaire au cours du mois de juillet suivan l. puis tut mute a la 1ere Escadre de Chasse ou 11 resta de juillet a sep-tembre 1939.

    Quand la guerre survin t, le jeu ne homme, qui pensait etre affecte dans une unite de combat , fut on ne peut plus dec;:u. Envoye au Centre de Formation des Pilotes de Chasse, aChartres, le 5 septembre, il y exerc;:a les fonctions d' instruc-teur. Mais la vie de I'arriere ne lui plaisait guere, ce qui le poussa a adresser a ses superieurs plusieurs demandes pour son envoi en premiere ligne. L'aviateur ne devait cependant avoir sa-tisfaction que le 15 fevrier 1940 - il etait alors sergent, date a laquelle iI rejo ignit, a Reims, le G.C. 1/3, premier groupe de I'Armee de l'Air a etre equipe de Dewoitine D.520. A bord de cet appareil , il allait prendre part a la campagne de France, au cours de laquelle il inscrivit deux victoires aeriennes a son palmares.

    C'est sur un Messerschmitt Bf 109 qu ' il rem-porta la premiere d'entre elles, au-dessus de la region de Sedan, le 14 mai, jour ou les blindes allemands commenc;:aient a passer la Meuse. La seconde concerna un Heinkel He 111 qu ' il reus-sit a descendre aux alentours de Soissons. Comme toutes les unites de I'Armee de l 'Air, le G.C. 1/3 connut alors divers changements de terrains qui , inexorablement, au rythme de la retraite des armees terrestres, le rapprochaient de la Mediterranee. Le general Vuillemin , com-mandant des forces aeriennes, ayant don ne I'ordre a toutes les formations qui Maient en etat de le faire de se rendre en Afrique du Nord, Albert et ses camarades du 1/3 rallierent I' Aigerie avec leurs appareils.

    Vint alors la periode de doute et d ' incertitude, intolerable pour des hommes comme Albert qui acceptaient mal la defaite. Rejoindre la France libre n'etait pas chose facile. Pourempecher les passages a la dissidence, les commandants de groupes avaient da appliquer a la lettre les se-veres instructions qu'avait edictees le ministere de l 'Air: gardes armes sur les terrains, helices et dynamos des appareils demontes. Albert ron -gea son frein jusqu 'en octobre 1941.

    L'occasion favorable , illa trouva en effet le 14 de ce mois - jour ou , ironie du sort, les galons de sergent-chef lui furen t accordes. L'affaire fut de ta ille pu isque, outre Marcel Albert, deux au-tres pilotes du 1/3, Lefevre et Durand , avaient resolu de rejoindre de Gaulle. Le serment prete au Marechal comptait- il quand il s'agissait de defendre I'honneur de son pays? Profitant d 'un exercice dont le maHre d'oeuvre etait le lieute-nant Madon et qui consistait a simuler une atta-

  • ~ ;; ."

    ~

    Z C- e ;=

    r- !!l '" co ... " ~ Cl m

    Yak

    ovle

    v Ya

    k-3

    app

    arte

    nant

    a la

    1er

    e E

    scad

    rille

    du

    Re-

    gim

    ent d

    e C

    hass

    e

    Nor

    man

    die"

    inte

    gre

    a la

    303

    0 D

    ivi-

    sio

    n A

    erie

    nne

    so

    vie

    tique

    en

    194

    4. L'

    avio

    n e

    st c

    elu

    i du

    Lieu

    tena

    nt M

    arce

    l Alb

    ert,

    co

    mm

    an

    dant

    de

    la 1

    ere

    Es-

    ca

    drill

    e, te

    l qu'

    il a

    ppar

    aiss

    ait a

    Ivan

    ovo

    en

    octo

    bre

    1944

    a

    pres

    la d

    ix-n

    eu

    vie

    me

    vic

    toire

    de

    I'as.

    M

    arqu

    e pa

    rticu

    -lie

    re a

    u

    Nor

    man

    die

    : la

    ca

    sse

    role

    d'h

    elic

    e tr

    icol

    ore,

    se

    ule

    fan

    tais

    ie p

    erm

    ise

    par

    les

    Sovi

    etiq

    ues,

    fut

    un

    e

    co

    nsta

    nte

    su

    r le

    s a

    ppar

    eils

    ; du

    G.C

    . 3

    des

    debu

    ts

    jusqu

    'au R

    egim

    ent

    Nor

    man

    die-

    Nie

    men

    " in

    tron

    ise

    par

    decr

    et d

    u M

    arec

    hal S

    talin

    e. C

    ontra

    irem

    ent a

    bea

    ucou

    p de

    co

    mpo

    sitio

    ns a

    rtis

    tique

    pre

    cede

    mm

    ent r

    ea

    lisee

    s qu

    i do

    nnai

    t le

    ca

    mo

    ufla

    ge d

    es Y

    ak-3

    co

    mm

    e fa

    it de

    bru

    n e

    t de

    ve

    rt -

    ce

    qui

    est f

    aux -

    ce

    ux d

    u R

    egim

    ent d

    e C

    hass

    e

    Nor

    man

    die"

    eta

    ient

    pei

    nts

    en

    gris

    -ve

    rt e

    t e

    n g

    ris s

    ur

    les

    extr

    ados

    et e

    n b

    leu

    cie

    l su

    r le

    s in

    trad

    os. Le

    nu

    me

    ro

    6"

    eta

    it ce

    lui p

    orte

    par

    la p

    lupa

    rt d

    es a

    vio

    ns d

    e I'a

    s;

    I'ecl

    air b

    lanc

    eta

    it lu

    i un

    e d

    ecor

    atio

    n a

    dopt

    ee s

    ur

    tous

    le

    s cha

    sse

    urs

    de

    la 3

    030

    D.A

    . so

    vie

    tique

    co

    mm

    an

    dee

    par l

    e ce

    lebr

    e G

    ener

    al Z

    akha

    rov.

    Des

    sin

    de G

    eorg

    es O

    liver

    eau

  • Posant devant un Yak-9, en compagnle de Marcel Albert, une partie des

    pilotes du Normandie. L'as tranc;:ais devait obtenir la plus grande partie de ses victoires sur ce chasseur

    arme d'un canon de 20 mm ou de 37 mm lirant a travers.

    le moyeu de I'helice. I SHAA.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 12

    que sur des Bloch MB.175 du G.R. li/52 volant entre Ain el-Arba et Tafaraoui, les trois hommes s'eclipserent I'un apres I'autre au nez et a la barbe de leurs equipiers. Convaincus que ses pilotes avaient ete dans I'obligation de se poser dans la campagne a la suite de pannes, le com-mandant du 1/3 donna I'ordre d'effectuer plu-sieurs patrouilles de reconnaissance qui, tou-tes, rentrerent bredouilles.

    Et pour cause. Albert, Durand et Lefevre vo-

    Albert photographie peu avant un vol d'entrainement sur un Yakovlev Yak-7 trappe de I'etoile rouge sovietique. Part i avec le noyau de pilotes qui allait torger la legende du " Normandie-Niemen .. , Albert commenc;:a a voler sur ce type d'appareil en decembre 1942, peu apres son arrivee en Union Sovietique. I SHAA.

    laient a tire d'aile en direction de Gibraltar. Que le regime de Vichy les ait condamnes a mort par contumace et ait prononce la confiscation de leurs biens, les trois hommes ne s'en souciaient guere. Des leur arrivee chez les Britanniques, ils demanderent a signer un engagement dans les forces de la France libre, ce qui fut fait apres qu 'un navire les eut emmene en Grande-Breta-gne, en decembre 1941.

    Transfere a Camberley au debut de 1942, Marcel Albert suivit le circuit que connaissaient tous ceux qui avaient rallie de Gaulle. 11 passa ensuite dans un Operational Training Unit bri -tannique puis fut affecte au groupe de chasse FAFL lIe-de-France en compagnie de Du-rand, Lefevre etant quant a lui mute dans un squadron de la RAF. S'il accomplit quarante-sept missions de guerre au sein de cette unite, I'aviateur ne remporta cependant pas une seule victoire au-dessus de l'Europe occupee.

    Albert venait d'etre promu aspirant quand, apprenant qu'une unite de volontaires pour I'Union Sovietique etait en cours de constitu -tion, il demanda a en faire partie. Ayant pris la mer a Glasgow en septembre, apres avoir de nouveau transite par Camberley, I'aviateur de-barqua a Lagos au Nigeria puis rejoignit Le Caire par avion, avant de se rendre aRayak en Syrie Oll le G.C. 3 Normandie commen~ait a se former. Soixante-deux pilotes et specialistes, dont la liste avaient ete fournie aux Sovietiques ades fins d'approbation, avaient ete rassembles la en vue de la mise sur pied d'une formation qui devait devenir beaucoup plus tard le celebre Regiment de Chasse Normandie-Niemen. Mais, dans I'immediat, tout etait acreer, ce a quoi s'employerent Tulasne et Littolf les deux responsables du groupe. Le 12 novembre, en

  • =

    Dakota, les Franr;:ais libres partirent pour l 'Union Sovietique, via Teheran en Perse, et at-terrirent sur la base d'lvanovo, une localite si-tuee a environ 250 km au nord-ouest de Mos-cou, le 2 decembre 1942.

    Commenr;:a alors une fastidieuse periode d'entrainement au cours de laquelle, utilisant des biplans Polikarpov U-2 puis des Yak-7 a double commande, Albert et ses camarades s'initierent aux materiels et aux methodes de combat sovietiques. Apres avoir vole sur Yak-1, les Franr;:ais acheverent leurformation au milieu du mois de mars 1943. Sous-lieutenant depuis le 12 decembre precedent, Marcel Albert rem-porta sa premiere victoire en Union Sovietique quand, le 16 juin 1943, il expedia au sol un Focke-Wulf Fw 189 de reconnaissance. Ayant abattu un 8f 110 le 14 juillet suivant, en pleine bataille d'Orel, iI assista, ce jour-la, impuissant a la mort du lieutenant de Tedesco, un officier de grande valeur du Normandie, dont le Yak-1 s'ecrasa apres un long pique, devore par les flammes. La plus grande partie de ses succes, Albert devait I'obtenir pendant le reste de I'an-nee 1943: un Fw 190 le 14 juillet; un autre le 17 juillet; un Ju 88 le 19 juillet; un Ju 87 le 31 aoOt; un Fw 190 le 1er septembre; un Fw 190 le 7 septembre; un Fw 190 le 22 septembre; un Henschel Hs 126 le 4 octobre; un Fw 190 le 12 octobre; deux Fw 190 le 15 octobre et un Ju 881e 25 octobre. Les pertes du Normandie etaient cependant a la mesure de ses succes. Parmi les nombreux pilotes tues au combat figurait le sous-lieutenant Durand, dont Albert apprit la mort avec tristesse le 30 aoOt 1943. Mais la guerre continuait. Place a la tEHe de la 1ere esca-drille du Normandie le 5 septembre 1943, I'as fut nomme lieutenant vingt jours plus tard et promu officier de la Legion d'honneur.

    Renforce par une cinquantaine de volontaires entre decembre 1943 et mai 1944, le regiment d'aviation franr;:ais, dont le nombre d'escadrilles passa a quatre en avril, prit en compte de nou-veaux Yak-9 entre fevrier et avril. Le 25 mai , les aviateurs franr;:ais furent informes de I'immi-nence de leur transfert vers la base de Dou-brovka et de leur integration dans la 303e Divi-sion de Chasse sovietique, en vue de participer a la grande offensive d'ete. Celle-ci debuta le 22 juin , troisieme anniversaire de I'attaque alle-mande contre l'Union Sovietique.

    Au rythme de I'avance des armees terrestres, les pi lotes du Normandie se rapprocherent des frontieres du Reich. Albert devait d'ailleurs rem porter ses dernieres victoires pendant le mois d'octobre 1944, sur I'excellent chasseur d'armee qu 'etait le Yak-3, au-dessus de la Prusse -Orientale. En novembre, alors que Sta-line accordait au regiment franr;:ais I'autorisa-

    En haut: Marcel Albert a bord de son Yak-9 sur lequel figurent les symboles de seize victoires, la derni~re d'entre eil es ayant ete obtenue sur un Junkers Ju 88 le 25 octobre 1943. L'as ne devait augmenter de nouveau son score qu'un an plus tard au-dessus de la Prusse-Orientale. I SHAA.

    Ci-dessus: Marcel Albert (troisl~me a partir de la droite) en compagnie de quelques-uns des pilotes de la l~re escadrille, a Toula, en 1943. Oe gauche a droite, Caseneuve, de la Poype, IribarnEl, Albert, Sauvage et Marchi. I SHAA.

    TABLEAU DES VICTOIRES AERIENNES HOMOLOGUEES DE M, ALBERT tion de porter le nom de Nor.mandie-Niemen, Albert et de la Poype, deux amis tres lies, furent informes qu'ils avaient beneficie de I'insigne honneur d'etre eleves a la dignite de Heros de l'Union Sovietique, une distinction de tres haut rang dont deux Franr;:ais seulement purent se prevaloir pendant le conflit.

    Numero Date Lleu Avlon abattu Avlon d'arme ._----------------------.-------------------------------------------------._--------------------------------------

    1 14 mai 1940 Sedan BI 109 0 .520 2 21 mai 1940 Soissons He 111 0.520 3 16 juin 1943 URSS Fw 189 Yak-1 4 14 juillet 1943 URSS Blll0 Yak-l 5 14 juillet 1943 URSS Fw 190 Yak-l 6 17 juillet 1943 URSS Fw 190 Yak-l 7 19 juillet 1943 URSS Ju 88 Yak-l 8 31 aoOt 1943 URSS Ju 87 Yak-9 9 1 er septembre 1943 URSS Fw 190 Yak-9

    10 7 septembre 1943 URSS Fw 190 Yak-9 11 22 septembre 1943 URSS Fw 190 Yak-9 12 4 octobre 1943 URSS Hs 126 Yak-9 13 12 octobre 1943 URSS Fw 190 Yak-9 14 15 octobre 1943 URSS Fw 190 Yak-9 15 15 octobre 1943 URSS Fw 190 Yak-9 16 25 octobre 1943 URSS Ju 88 Yak-9 17 16 octobre 1944 Allemagne Ju 87 Yak-3 18 16 octobre 1944 Allemagne Ju 87 Yak-3 19 16 octobre 1944 Allemagne Fw 190 Yak-3 20 18 octobre 1944 Allemagne Hs 129 Yak-3 21 18 octobre 1944 Allemagne Hs 129 Yak-3 22 23 octobre 1944 Allemagne Bll09 Yak-3 23 26 octobre 1944 Allemagne Bll09 Yak-3

    De retour en France avec le Normandie-Niemen en juin 1945, Marcel Albert, titulaire de vingt-trois victoires et promu au grade de capi-taine en decembre 1944, meritait le titre de deuxieme as de France. Nomme attache de I'air en Tchecoslovaquie, il finit cependant par quit-ter le metier des armes - ou il sentait que son avenir etait limite - en 1948, pour s'interesser aux affaires. Parti aux Etats-Unis avec une Americaine rencontree en Europe dont iI avait fait sa femme, I'aviateur y ouvrit un chaine de restaurants et devint en quelques annees un tres respecte homme d'affaires. Curieuse tra-jectoire que celle de cet homme dont la modes-tie exemplaire explique sans doute la retraite silencieuse dans laquelle il se cantonne de I'au-tre cote de l'Atlantique. Patrlek FACON

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 13

  • C haumont, Haute-Marne, la France tran-quille, rurale, dans un paysage vert de collines aux formes arrandies et douces une petite ville de pravince lI~gerement 03 /'ecart de /'axe nord-sud, fait partie de /'Est de la France mais est considere comme /'un de ses bastions les plus meridionaux.

    Chaumont air base, une histoire qui s'est ar-retee il y a un quart de sieeie dejo3, sans eclats ni fan fa res. L'U.S. Air Force 03 Chaumont? Oui, pendant quatorze annees environ, surlesquel-les la moitie seulement furent vraiment actives, passionnantes et importantes.

    Chaumont-Semoutiers: une base americaine en France qui ressemblait 03 toutes les autres sur notre territoire, avec ses alveoles en margue-rite, ses enormes hangars, san complexe base operations comprenant la tour de controle, le service meteo et les pompiers, puis sa seetion " vie" avec ses baraquements blancs ou /'Ame-rique se retrauve avec san "PX" (supermarche) et ses grasses voitures. Plantee 103, la base de Chaumont est restee fidele o3 ' elle meme jusqu'en 1958: toujours le meme wing, le 48" Fighter-Bomber Wing , toujours la meme mis-sion, le strike nucleaire ...

    D'abord il y ales hommes, les premiers Ame-ricains qui sont arrives dans cette region n'y retrauvent pas taut de suite et systematique-ment, chaleur et amitie. Pour les Franr;;ais, /'economie de Chaumont et des envirans im-mediats de la base, risque d'etre desequilibree, du moins c'est leur avis, et c'est avec beaucoup de difficultes et de reticences en ces jeunes annees, que les familIes anglophones trouvent de quai se lager, communiquer avec leurs voi-sins et gagner leur confiance.

    Le jeune pilote americain , debut vingtaine, les cheveux coupes courts, le sourire large et /'reil bleu et vif, n 'y comprend plus rien . Aux Etats-Unis, il a appris 03 manier des engins ultra-mo-dernes, et lorsqu 'il decolle de Chaumont sur san monstre d 'acier en faisant vibrer toutes les vitres de Semoutiers, il n'y voit aucun mal. Au contraire, iI a 22 ans et iI est en France; un pays pour la liberte duquel ses peres se sont battus et iI est conscient qu'il peut s'y faire tuer. L'Ameri-que est en France pour detendre ses allies, c'est ce qu'on lui a appris, 03 lui. " fait partie de ce graupe, ne demande rien 03 personne et pour-tant a /'impression que les Franr;;ais n'aiment pas particulierement sa presence .. .

    Voilo3 un peu la situation comme /'a vecue un commandant d'escadron arrive 03 Chaumont en 1957; san deuxieme contact avec la vieille Eu-rape. San premier, il /'avait eu douze ans plus tot 03 bord d'un P-47 puis d'un P-51 au-dessus de la France occupee .. .

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 14

    CHAUMONT AIR BASE

    par Jean Pierre Hoehn

    L'U.S. Air Force en Haute-Marne (1952-1966) (Premiere partie: du F-84G au F-100D)

    Chaumont Air Base: les origines Le terrain de Chaumont-Semoutiers fut remis

    officiellement aux autorites militaires americai-nes le 20 juin 1952.

    Historiquement parlant, les Americains n'etaient pas des nouveaux-venus dans cette region de France. En effet, pendant la Premiere Guerre Mondiale, le Corps Expeditionnaire AI-lie, commande par le General John J. Pershing, avait etabli son quartier general a Chaumont avec, dans ses rangs, le nom moins fameux Ge-neral William (Billy) Mitchell.

    A I'aube des annees cinquante, au retour des forces americaines, la base fut erigee avec I'aide logistique de la France, chargee notamment de la construction de la piste, des btiments d'operations et de communications, des han-gars ainsi que des ateliers de reparation. Le service du genie de I'USAF etant charge, quant a lui, de I'edification des baraquements pour le personnel militaire, de I'hopital de la base, des mess officiers et sous-officiers, de la chapelle, de I'ecole et autres btiments destines a abriter des activites culturelles ou de loisirs.

    En aout 1952 la piste est deja prHe et utilisa-ble, alors que des bulldozers continuent encore d'amenager le terrain . Le wing qui est alors en voie de se mettre en place a Semoutiers, le 48" Fighter Bomber Wing, est encore loge dans des villages de toile en attendant I' installation de .baraq uements prefabriq ues. 11 faut effective-ment faire vite puisque en octobre les familles des militaires installes sur place vont arriver el-les aussi , pour faire battre definitivement le coeur de cette petite ville americaine .. . Plus tard, d'ailleurs, un village reserve aux familles americaines sera erige non loin de la base el sera baptise Pershing Village .

    Apres plusieurs annees de presence, les bar-rieres sociales commenyant a s'ecrouler, les relations franco-americaines vont se rechauffer rapidement. A tel point meme qu 'un evenement unique dans les annales de I'USAFE va se pro-duire. Les habitants de Chaumont et des viIla-ges alentours, vont faire une petition afin de baptiser le 48" F B W, I'escadre de

  • r

    492nd Fighter-Bomber Squadron 493rd Fighter-Bomber Squadron 494th Fighter-Bomber Squadron

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 15

  • Au tout debut des annees cinquante, un Republic

    F-84G du 492nd Fighter-Bomber

    Squadronl48th FBW parque sur une des aires de

    stationnement provisoires en P.S.P. 10 . Gravenstine

    via D. Menard. The first fighters at

    Chaumont in the early 50s were those of the 48th

    FBW's 492nd Fighter-Bomber Squadron.

    Here a blue and white candy striped F-84G.

    Les debuts de Chaumont AB furent modestes comme

    le montre cette photo de ubtiments" en toile prise

    en avril 1955 ... I USAF. The hospital area at

    Chaumont AB in April 1955.

    AIR FAN f JUILLET 1984 I PAGE 16

    ayant a la foie une designation numerique - 48e FBW - et alphabetique - Statue of Liberty. La statue elle-meme fut erigee devant les portes de la base en 1956, et doit encore s'y trouver de nos jours ...

    Le 48 e Fighter-Bomber Wing L'origine du 488 FBW, la seule escadre opera-

    tionnelle ayant jamais occupee la base de Chaumont, est relativement particuliere bien que non unique en ces debuts des annees cin -quante.

    En effet, les premiers avions a se poser sur la base au debut de 1952, proviennent du 13]8 FBW qui , en realite , est une escadre reactivee de la Garde Nationale (ANG). Les escadrons qui la compose so nt le 125e FBS provenant de I'Okla-homa, le 12]8 FBS du Kansas, et le 1288 FBS de l'Etat de Georgie. Le 10 juillet 1952, pilotes et techniciens de I'ANG retournent aux Etats-Unis en laissant sur place leurs avions et tout le ma-teriel de servitude.

    Par un jeu administratif, le 13]8 FBW devient le 488 FBW place sous le contrle de la 128 Air Force (USAFE), alors que le 1258 FBS devient le 492 8 FBS, le 1278 le 493 8 FBS, et le 128e le 4948 FBS. L'avion laisse sur place par les guards-men etait le F-84G Thunderjet, une rarete

    americaine dans le ciel franr;:ais de I'epoque ... 11 n'est pas inutile de rappeier en effet et a ce stade, que Chaumont fut la seule et unique base americaine en France a mettre en oeuvre ce chasseur-bombardier a aile droite. Les Thun-derjet seront immediatement peints aux cou-leurs de leurs escadrons respectifs mais sans que pour cela il y ait un schema de decoration commun a I'escadre. C'est ainsi que le 4928 FBS utilisa une peinture bleue et blanche appliquee su r la derive et autou r de I'entree d 'air, alors que le 493 8 FBS adoptera la couleur jaune pour en decorer ses bidons de bout d 'ailes et derives, tandis que le dernier squadron, le 494 8 , avait des avions tout nus ... Mais attention , malgre les ap-parences, le 494e avait une autre idee derriere la tete, jugez-en plutt: des 1952, il se mit a recou -vrir ses F-84G d 'une peinture de camouflage a la grande surprise de tous. Certes, il ne s'agissait que d 'un essai acette epoque, mais toujours est-il que cet escadron , base a Chaumont, fut le premier, du moins dans le cadre de I'USAFE, a promouvoir et a tester une peinture de ce type.

    Bien que participant encore a d 'enormes ma-noeuvres de I'OTAN, les F-84G n'evolueront que peu de temps dans le ciel de France puisque, des 1953, debute la conversion sur un avion dernier-cri qui venait tout juste de faire ses preuves en Coree: le F-86F Sabre.

  • .------------~-

    Les Ameri cai ns so nt reputes pour importer, ou qu 'ils aillent, leur style

    de vie avec taut ce que cela peut comporter .. . Gette vue de .. Pershing

    Vill age .. , petit village americain construit par le 7366th Gombat

    Support Group et jouxtant la ville de Ghaumont, en est une preuve

    patente. A .. Pershing Village .. vecurent, pendant taute la periode

    ou I'USAF occupa Ghaumont Air Base, les familles des aviateurs

    ameri cains. I USAF . .. Pershing Vil/age located on the

    rim of the city of Chaumont in Haute-Mame was the main housing

    area for the familly of the USAF personnel stationned at Chaumont

    AB in the late fifties and early sixties.

    Les Sabre de Chaumont Ces nouveaux avions ne changeront en rien la

    mission du 48e FBW qui reste celle du special delivery dans le cadre de I'OTAN et de la 12e Air Force de I'USAFE. Malgre leur mission qui sous-entend la penetration en territoire ennemi , au-cun effort de camouflage ne sera realise ou teste sur ces nouvelles machines. Bien au contraire , chaque escadron peindra, selon un schema commun cette fois', la derive de ses avions uniformement en bleue (492 e FBS) , en jaune (493e FBS) et enfin en rouge (494e FBS) . On parlera desormais des blue, yellow et red tails de Chaumont...

    De nos jours, et lorsque I'on a la chance et le plaisir de rencontrer encore quelques an-ciens qui ont connus cette epoque, c'est le cas du colonel Feli x Kozaczka, (major en 1957), ce dernier sourit et rigole doucement lorsqu 'on lui parle des annees du Sabre a Chaumont. En ces

    ~ , .

    temps la explique-t-il , nous etions assez fous ou na"ifs de croire aux represailles massives contre I'URSS et ses allies. Effectivement, dans le cas reel , nous n'aurions pas hesite a envoyer une cinquantaine de F-86F armes de bombes atomiques par-dela le Rideau de Fer. En fait, c'est pour cela que nous etions en Europe et en France .

    La A-bomb qui etait fixee sous la voilure du F-86F etait tellement volumineuse, qu ' il fallait plier une de ses derives lorsque I'avion roulait au sol , sinon elle aurait trainee par terre ... Lors-que I'avion avait decolle, elle se remettait en place automatiquement. Vraiment , les temps etaient presque heroiques ajoute notre in-terlocuteur.

    Ce qu ' il faut neanmoins preciser, car certai-nement tous les Franc;:ais I' ignoraient acette epoque, c'est que I'alerte atomique ne se tenait pas a Chaumont meme, contrairement aux idees rec;:ues , mais en Allemagne Federale ; se-

    En bas, le btiment principal de la base de Ghaumont, la tour de contrle avec les garages des vehicules d ' incendie, en construction en 1955. Que reste-t-il aujourd 'hui de taut cela? I USAF. The control tower at Chaumont AB under construction in 1955 .

    ..

    AIR FAN f JUILLET 1984 f PAGE 17

  • Ci-dessus, en juillet 1954, a I'occasion de la fete n'ationale

    americaine, les personneis du 48th Fighter-Bomber Wing de Chaumont

    Air Base inaugurent le nouvel insigne choisi pour leur unite. Le

    48th FBW (aujourd 'hui TFW) est le seul wing de I'U.S. Air Force a

    porter un nom de bapteme. I USAF. Above, on 4 July 1954, during the

    dedication ceremony 01 the 48th Fighter-Bomber Wing new emblem.

    The 48th is unique among the Air Force wings in being the only

    unnumbered outfit its only designation being Statue 01

    Liberty Wing.

    Ci-contre, les North American F-86F Sabre a queues bleu es du 492nd

    Fighter-Bomber Squadron sur leur parking de Chaumont AB en 1954. I

    D. Gravenstine via D. Menard. At right, the blue tailed F-86F

    Sabres 01 the 492nd Fighter-Bomber Squadron at

    Chaumont AB in 1954.

    En bas, un F-86F du 48th FBW portant les J:I1arques du

    commandant du 494th FBS, trois bandes rouges en diagonale sur le fuselage. Les Sabre du 494th FBS

    avaient la derive peinte en rouge. I Bernard Regnier.

    Bottam, the F-86F 01 the 494th FBS C.O. adorned with a tripIe band

    tuselage sash. Bands and tin were painted red, the squadron 's colour.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 18

    Ion le processus suivant. Chaque semaine, des F-86F s'envolaient vers la base de Sembach (R .F.A.) ou avait lieu , effectivement, la simula-tion d'alerte atomique. Pour le vol aller et retour, chacun des F-86F transportait ades fins d 'exer-cice et de pratique, une bombe-A simulee, c'est-a-dire de meme profil, mais remplie de beton afin de reproduire les caracteristiques aerodynamiques de I'engin reel. Arrives a Sem-bach , les avions etaient places dans leurs al-veoles d'alerte respectifs alors qu 'une vraie bombe prenait place sous la voilure.

    Ce scenario de va et vient entre Chaumont et Sembach durera aussi longtemps que les Sabre voleront avec le 48e FBW, et meme au-dela comme on le verra par la suite. Toujours est-il que de la sorte, une espece de routine s'instal-lera bien vite , a tel point qu 'une histoire invrai-semblable va se produire un jour.

    Un vendredi apres-midi. Un pilote ayant acheve sa semaine operationnelle a Sem bach , va ramener son Sabre et sa bombe en beton vers la base de Chaumont. Les gestes sont automa-tiques: on s' installe dans le cockpit, un mecano de piste vous attache au siege, on lance le reacteur et on fixe le radio-compas au cap 270, et I'avion vous ramene tout seul a la maison ...

    Sitt le train rentre, les dernieres communi -cations radio avec Sembach terminees, le pilote branche sa radio sur la station AFN (Armed For-ces Network) afin d 'ecouter les derniers resul-tats de I'equipe de base-ball, et un peu de musi-que swing ; nous sommes dans les annees cinquante, ne I'oublions pas.

    Tout la-haut dans le firmament bleu , le soleil chauffe la verriere et envahi le cockpit d 'une douce chaleur: pour un peu, on somnolerait... Au bout d'une quarantaine de minutes, le pilote, par instinct, jette un coup d'oeil sur sa montre et a I'exterieur de I'habitacle. Normalement, il de-

  • vrait se trouver acette heure-ci au-dessus des verts patOrages et vallons de la douce France.

    Horreur, surprise, reve ou realite , le paysage qui se deroule sous les ailes du Sabre est celui d 'une grande ville industrielle .. . Moment de pa-nique, contrle de la carte de navigation , bran-chement sur la frequence locale de Chaumont, pas de reponses. Contrle du radio-compas de plus pres: effectivement, I'anomalie se situe a ce niveau. L'aiguille indique le cap 90 au lieu du 270, c'est-a-dire exactement le sens oppose ...

    Reveille de sa torpeur, le pilote fait un point rapide de sa position : la ville qu ' il survole est celle de Fulda en R.D.A. donc en territoire com-

    muniste. Virage sur I'aile, manette des gaz a fonds et fuite eperdue au cap oppose. Malheu-reusement, I'aiguille du reservoir de petrole est proche du point bingo , jamais le Sabre ne pourra ramener son pilote a Chaumont. ..

    Heureusement, les Allemands ont eu la bonne idee de construire un formidable reseau d'au-toroutes avant, pendant et apres la Deuxieme Guerre Mondiale : on n'a que I'embarras du choix. II suffit de reperer une bande bien droite et degagee, et le tou rest joue. C'est le cas de notre pilote qui , des les roues de son avion po-sees, constate I'extinction du reacteur. Le rou-lage se fait a vide suivi d'un degagement dans la

    Chaumont Air Base, base americaine typique construite aux normes OTAN avec ses dispersals en marguerite avec, au centre, le grand hangar abritant un squadron. I USAF. Chaumont Air Base as it appeared in the late fiflies.

    En bas, les Sabre a queues jaunes du 493rd FBS devant leur hangar de Chaumont AB.I USAF. Be/ow, Ihe yellow-Iailled Sabres of Ihe 493rd FBS in 1954 al Chaumonl AB.

    AIR FAN I JUILLET f984 I PAGE 19

  • Ci-dessus et en haut, le 48th Fighter-Bomber Wing de Chaumont AB eut la responsabilite de mettre sur pied la eelebre patrouille aerobatique des .. Sky Blazers" au milieu des annees einquante. Cette patrouille representait I'equivalent au niveau des Forees Amerieaines en Europe des fameux .. Thunderbirds" bases aux Etats-Unis. Leurs presentations en vol repetees firent de tres nombreux heureux parmi la population ehaumontaise de eette epoque benie de I'av iation a reaetion . I USAF. Above and top, the 48th Fighter-Bomber Wing at Cahumont AB was responsible, in the mid-fif-ties, of the USAFE aerobatic team: the .. Sky Blazers. The Blazers performed for the Euro-pean erowds for most of the fihies and early sixties until being disbanded in the mid-sixties.

    En bas, un Boeing KB-50 de ravitaillement en vol. Ce type d'avion allait oeuvrer durant toute la periode de mise en plaee des F-l00D Super Sabre a Chaumont, assurant la transformation au .. ravito " des pilites du 48th FBW. I Peter 00/1. One of the Boeing KB-50tankers whieh assisted in the air refue/ing training of the Super Sabre pi/ots of the 48th FBW.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 20

    terre battue longeant I'autoroute pour ne pas gener le trafic routier normalement prioritaire .. .

    Bientt, un convoi exceptionnel de grues, tracteurs et semi-remorques prendront le Sabre et son pilote en charge pour le ramener au ter-rain le plus proche. L'aventure est terminee. Bien entendu , le meme soir au mess de Chau-mont, tout le monde se regalera de cette anec-dote qui reste ra en bonne place dans les anna-les de I'escadre.

    Sur un tout autre plan , celui des capacites potentielles de I'ennemi derriere le Rideau de Fer, on se rend neanmoins compte, grce a cette experience, que celui-ci n'est pas telle-ment rapide a reagir, et qu 'aucun MiG n'est ap-

    pa ru pour intercepter I' intru , meme apres qua-rante minutes de vol dans des cieux interdits ...

    Mais les Americains savaient piloter tout de meme, nous en voudrons pour preuve la pre-sen ce, pendant plusieurs annees, de la pa-trouille acrobatique des Skyblazers sur la base de Chaumont. Cette derniere, equivalente des Thunderbirds" que nous connaissons au-jourd'hui , etait cependant une equipe propre a I'USAFE, formee de pilotes de I'USAFE, et n'evoluant que dans le cadre europeen, une zone qui s'etalait tout de meme de la Norvege jusqu'au Maroc ...

    Des millions de spectateurs ont ainsi pu ad-mirer les evolutions de ces F-86F bien colores, instruments de relations publiques de I'USAFE, destines en meme temps a demontrer la qualite du materiel americain et I'entraine-ment avance de ses pilotes. Ces derniers, preci-sons le, provenaient bien entendu de I'effectif du 48e FBW et s'entrainaient, selon des temoi -gnages de I'epoque, au-dessus de la base pen-dant les heures de repas ...

    Leur premiere demonstration eut lieu le 9 juillet 1952 au-dessus de la base de Wiesbaden en R.F.A., en I'honneur et a I'occasion de la visite du secretaire d'etat a l'Air Force, M. Harold Talbot.

    Leur dernier show de la saison fut donne le 30 septembre 1956 sous les ordres du capitaine Reynolds, leader de la patrouille . Au cours de cette meme annee, les Skyb lazers s'etaient livres a 25 shows, drainant quelque trois mil -lions de spectateurs. Les Blazers cesseront pour un temps leurs activites a partir de la France, mais on les reverra plus tard en Allema-gne sur F-100C et dans le cadre d'une autre unite.

    11 . 8

  • F

    L'annee 1956 verra en meme temps I'arrivee 80 la retraite des F-86F. Toujours selon le meme scenario et dans le cadre des represailles mas-sives nucleaires, le dernier-ne de I'arsenal ame-ricain devait bientat se poser sur le sol de France: le F-1 OOD Super Sabre.

    Les Super Sabre de Chaumont Officiellement, et dans le plus petit detail, le

    tout premier F-100D se posa sur le ciment de la piste de Chaumont le 24 septembre 195680 17 heures et 30 minutes. Cet avion avait effectue une traversee en solitaire de l'Atlantique (avec ravitaillements en vol bien entendu), depuis la base de Kelly au Texas. 11 etait pilote par le Lieutenant Z.C. Prina, pilote de convoyage de I'USAF.

    Accueilli 80 sa descente d'avion par le Colonel A.P. Clark, boss du 48e FBW ce seul et unique F-1 OOD fut alors attribue dans un premier temps au 492e FBS, mais exclusivement 80 des fins d'entrainement pour le personnel technique au sol. Precedemment deja, ces memes techni-ciens avaient suivis des cours theoriques orga-nises sur la base meme par une equipe de spe-cialistes venue des Etats-Unis, ainsi que par des ingenieurs de la North American Aviation Co.

    Avec ce premier F-1 OOD en chair et en os, ils pourront enfin mettre leurs connaissances en pratique, en attendant I'arrivee du contingent detinitif alloue 80 I'escadre. D'ailleurs, en ce jour de septembre 1956, la base de Chaumont n'est pas encore tout 80 fait prete, et les travaux ayant pour objet le rallongement de la piste ne sont acheves qu 'a 50%.

    Sur un autre plan, historique toujours, il sem-blerait que le 48e FBW soit effectivement la pre-miere unite de I'USAFE sur le sol fran

  • Survolant le littoral normand et Saint-Valery,en-Caux (Seine-Maritime), le Cessna L-19E n024545 (F-MAGT) du 3 G.H.L. de I'ALAT traine la bi route .. en nylon rouge de 2 m de long sur laquelle vont s'exercer au tir les artilleurs. Ci-contre, en bas, au retour de la mission de biroutage .. le mecanicien de I'avion vient constater sur la cible la presence ou I'absence de trous, preuve du degre de dexterite des servants des batteries anti-aeriennes. I Photos: Regis Biaux. The 3 Groupe d 'Helicopteres Legers at Rennes still flies for a few more months a small number of Cessna L-19E Bird Oogs within its single Escadrille Avions. Nowadays mostly used as target-tugs for the benefit of AAA trainees at Saint-Valery-en-Caux in Normandy these L-19s are due to retire.

    par Regis Biaux

    EN TRAINANT LA SIROUTE EN CAMPAGNE OE TIR AVEC LES DERNIERS L-19E DU 3e G.H.L.

    N ous ne reviendrons pas sur I'article d 'Alain Crosnier (cf AIR FAN n022, aout 1980) consacre au 3e G.H.L., mais nous nous interesserons un peu plus a une mission bien speciale devolue a I'Escadrilie Avions de cette unite de I'ALAT, a savoir le remorquage de cible sol/air.

    En eilet, outre les missions de transp.ort d 'autorite, de reconnaissance, de rensei-gnement, de simulation de dang er aerien , de photographie, de missions SAR, le remor-quage de cible aerienne, represente une part importante de I'utilisation des quelque dix-huit Cessna L-19E encore en service opera-tionnel dans I'ALAT en 1984.

    Chaque annee plusieurs campagnes de ce type ont lieu dans la zone d'action devolue au 3e G.H.L., soit une douzaine de departements dependant de la3eme Region Militaire. Oe ce fait, des Cessna L-19E Bird Oag sant deta-ches aupres des Ecoles a feu de Cherbourg (trois semaines), Suippes (six semaines), Saint-Valery-en-Caux (huit semaines), Reims pour des campagnes d'epandage de liquides simili -toxiques ...

    Nous avons choisi la base de degage-ment de St. Valery-en-Caux pour suivre tout au long d'une journee les pilotes du 3e G.H.L. de Rennes lors de leur deplacement en Nor-mandie pour une campagne de remorquage de cible aerienne.

    SAINT-VALERY-EN-CAUX: BASE OE FORTUNE

    L'aerodrome de St.-Valery-en-Caux he-berge donc deux lois par an (six semaines au printemps et deux semaines en automne) un petit detachement de Cessna L-19E. Le choix de cet aerodrome est fonction de la proximite de ce dernier par rapport a la zone de tir, ce

    AIR FAN f JUILLET 1984 f PAGE 22

    qui permet aux appareils d 'etre tres rapide-ment - en moins de dix minutes - sur le champ de tir. Durant ce type de campagne, une partie de I'aerodrome est allectee au detachement du 3e G.H.L. C'est a dire qu 'il dispose de la place sullisante et necessaire pour stationner trois appareils, le camion ci-terne servant au ravitaillement en carburant, le vehicule de liaison prevu pour les contacts radio, ainsi que la tente permettant d'abriter le mater;el de maintenance, tout ceci etant sous la surveillance des hommes du 12e R.C.S. (Regiment de Commandement et de Soutien d'Evreux).

    L'effectil du detachement est de trois pi-lotes et trois mecaniciens. Ces derniers, ou-tre leur role d'equipier en vol, n'en demeu-rent pas moins responsables de I'entretien des trois L-19. Les visites journalieres, perio-diques (25 heures) sont effectues sur le ter-rain , tandis que les 100 heures imposent un retour des avions a Rennes. 11 y a donc rotations des L-19E au sein de l'Escadrilie Avions du 3e G.H.L. lors de ces campagnes.

    UNE JOURNEE TYPE ... Le detachement en campagne est heberge

    dans un casernement de St. Valery-en-Caux, ou a I'issue du petit dejeuner, pilotes et me-caniciens regagnent le terrain de Vittelleur (1). Les trois Cessna L-19E sont prets en une demi-heure, mais seulement deux avions prennent I'air afin d'etre sur zone pour huit heu res, le troisieme faisant office de reserve. L'un des deux appareils sera releve dans la matinee par le reserviste, ceci dans le but de maintenir constamment deux remor-queurs sur la zone de tir, tout en evitant une trop grande latigue des equipages, ces der-niers elfectuant cinq ou six heu res de vol par jour, mais quels vols!!!

    La base de tir est installee sur la falaise en bordure de la mer entre St. Valery-en-Caux et Veules-Ies-Roses, les tirs etant diriges de la terre vers la mer. Alin de proteger tous les bateaux qui viendraient a penetrer dans la zone sou mise aux tirs, la Marine Nationale depeche durant toute la campagne un dra-gueur de mines qui croise au large de la zone dangereuse en interdisant tout acces. Oe meme, la navigation aerienne dans ce sec-teur est interdite par NOT AM.

    Materialisee par une housse de nylon rouge de deux metres de long et de cin-quantes centimetres de diametre, la cible ou biroute .. est a la charge de I'equipier arriere. Le moment venu, c'est a dire a proximite de la zone de tir, le pilote don ne I'ordre de sortir la cible. Apres avoir inverse la position du siege arriere , le biroutier engage la cible, jusqu 'a lors roulee sur elle-meme dans le puits du plancher du L-19E, puis delove les 450 me-tres de cable retenant la biroute. Une lois la cible sortie, le L-19E effectue une premiere passe de reconnaissance a la verticale des batteries alin d'etablir le contact avec le pa-tron des tirs. Ce premier survol termine, le pilote-remorqueur amorce une grande bou-cle en direction de la mer. Apres un ou deux kilometres au dela des falaises, I'appareil entame a nouveau un grand virage pour re-venir dans I'axe de la zone de tir. Une nou-velle lois survol des lalaises, de I'extremite du champ de tir.

    Les batteries sont la droit devant et visibles a quelques centaines de metres. - Oernier alignement du biroutier ... - 600 pieds ... - 80 noueuds ... - Verticale batteries ... > (1) Localisation de I"aerodrome de Saint-Valery-en-Cau x.

    J

  • F

    ,

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 23

  • Dans le but d 'eviter les accidents, les tirs ne sont declencMs qu'apres le passage du L-19E a la verticale des batteries. Au dela de ce survol,l'officier superieur (patron des tirs) don ne I'ordre aux responsables de chaque piece, en general un adjudant, de commen -cer les tirs. -FeuL ..

    A ce moment la, la biroute" est soumise durant une douzaine de seconde (temps moyen de survol de la zone de tir) a I'adresse des servants des mitrailleuses de 12.7 (mono ou quadritube), de canons Bofor 40 (2) ou bitube de 30 mm, tout ceci sous I'oeil critique des commandants d 'unites d'artillerie.

    De temps en temps, la cible est equipee d 'un detecteur de coups afin de comptabili-ser les tirs au but, mais il arrive egalement que des artilleurs detruisent purement et simplement la bi route". Le biroutier" doit alors remettre une cible en service apres avoir largue le premier cable de remorquage.

    Puis les canons se taisent ; le L-19E sort de la zone de tir avant d'amorcer un nouveau virage et repartir vers la mer pour revenir ensuite vers les batteries. Ce scenario se re-produit ainsi deux ou trois heu res durant, de m~me I 'emploi du temps de I'apres-midi est identique a celui du matin.

    Le remorqueur ayant termine une mission regagne le terrain de Saint-Valery-en-Caux mais avant de se poser, il lui faudra se liberer de la cible et de son cable de retenue. Tel un remorqueur de planeur, le biroutier largue sa charge le long de la piste en herbe avant de faire un break". QUn dernier virage et le Bird Dog se pose sur la piste en dur et regagne les installations de campagne ou la, il sera reconditionne pour un prochain vol.

    AIR FAN / JUILLET 1984 / PAGE 24

    Demain les remorquages reprendront et ce sera ainsi jusqu 'a la fin de la campagne de tir. L'ensemble des missions des trois L-19E au -pres de l'Ecole a feu de Saint-Valery-en -Caux (soit dix semaines) represente environ 320 heu res de vol.

    LE RETRAIT EST PROCHE ... Actuellement la dotation en L-19E de l 'Es-

    cadrille Avions du 3e G.H.L. est de cinq ap-pareils. A I'occasion de la ,nou'velle campa-gne de tir de printemps, deux appareils seu-lement ont pu ~tre detaches sur Saint-Valery-en -Caux, les autres etant utilises sous d'au-tres cieux. Un troisieme L-19E habituelle-ment base a Baden-Baden, en Allemagne, est venu gonfler I'effectif des remo r"queurs. Cette campagne de tir est la derniere effec-tuee par l'Escadrilie Avions du 3e G.H.L. En effet, une page de I'A.L.A.T. sera tournee lors de la parution de ces lignes avec la dissolu-tion de cette Escadrille Avions et par la

    m~me, avec le retrait definitif des Cessna L-19E des unites operationnelles de I'A.L.A.T. et ceci apres 25 ans de bons et loyaux services.

    Les quelques L-19E maintenus en service pour les ecoles a feu (deux seulement a Ren-nes .. . ) seront regroupes au sein des Esca-drilles Helicopteres et ce, jusqu 'en juillet 1985, date a laquelle il n 'y aura plus aucun L-19E dans les effectifs de I'A.L.A.T.

    MAIS aUE DEVIENNENT CES AVIONS?

    A I'occasion de dissolutions d'Escadrilles, de Flottilles, ou de retraits de materiels, nouE. relatons ces faits mais tres rarement nous

    nous posons la question quant au devenir des appareils ...

    Avec le retrait du service actif des L-19E leur carriere militaire terminee, trois solu -tions s'offrent a eux. La moins honorable passe par le parc a ferraille, triste fin pour un avion si elegant. La deuxieme solution tient au fait que nous respectons, en France, de plus en plus les choses de I'air et que bon nombre d 'associations ont vu le jour pour la preservation de tels appareils. C'est le cas des Ailes Lorraines a Nancy (L-19E n"24504 F-WZXB), de l 'Amicale des Anciens de I'A.L.A.T. aDax (L-19E n 24508 F-GCSB), de l 'Air Memorial a Lons le Saulnier (L-19E n 24559 F-GDQZ), du Centre d 'Etudes et de Loisirs Aerospatiaux de Grenoble (L-19E n 24720), sans oublier peut-~tre le fuselage et les ailes demontees du L-19E n"24710 pre-sente par le Musee Automobile de Briare. La troisieme solution passe par les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne. A I'instarde nos Nord 1100,3202,3400, nos Stampe .. . une grande partie des Cessna prend le chemin des Ame-riques a la suite des ventes effectuees par les Domaines, et c'est bien souvent par lots en -tiers que ceux-ci quittent la France. Nous ci-terons pour exemple les L-19E n"24517, 25524, 24527, 24565, 24578, 24700, 24707, 24729,24732 et 26917 partis voler aux U.S.A. pour le compte d 'Associations ou de pilotes prives.

    A quand donc des Cessna L-19E aux cou-leurs chatoyantes sur nos terrains frant;:aist;:

    L'adieu au Bird Dog est donc pour demain, mais une question se pose encore au dela de 1985. Comment s'effectuera le remorquage des cibles sol/air? C'est une inconnue qui subsiste encore d'autant que les restrictions budgetaires du moment n 'incitent pas a I'uti-

    --

  • L'outil indispensable au .. biroutier .. : le treuil avec sa bobine de cable, ici installe dans la cabine du L-19E. On distingue la cheminee avec sa poulie de renv\li permettant au tilin de se delover vers I'exterieur sans trottements. Upper, the winch with its winding-drum is the number one tool of the biroutier, French slang for target tug. It is seen here in the back cabin of an ALAT L-19E.

    Ci-dessous, les Cessna L-19E du 3 G.H.L. de . I'ALAT alignes sur leur base saisonniere de SI.

    Valery-en-Caux. Below, the Cessna L-19Es of 3 GHL on their St. Valery-en-Caux field.

    Ci-dessus, la cheminee de sortie du filin destine a trainer la .. bi route .. sous la place arriere d'un L-19E. On note la poulie de renvoi. Ci-contre et ci -dessous, test d'alignement pre-vol de I'ensemble des elements du treuil. Upper, the tug winch funnel located under the Cessna's fuse/age. At left and be/ow, pre-flight check of the winch.

    Ci-dessus, une silhouette en voie de disparition : celle du Cessna L-19E Bird Oog. Bientt on n'entendra plus au-dessus des campagnes trancaises le bruit de son moteur Continental de 213 eh. L'heure de la retraite sonne et aucun remplacement n'est pour I'instant prevu. En 1985, l'Aviation Legere de l'Armee de Terre ne comptera plus que des voilures tournantes au sein de son parc aeronet, a I'exception de quelques avions utilises au profit de I'etat-maior. I Photos de /'auteur. Above, as the last Cessnasofthe French Light Army Aviation are due to retire this yearwith the disbandment of the Escadrille Avions of the Rennes-based 3 GHL, the biroute sha/l not be f10wn again at St. Valery-en-Caux before long as no replacement is yet foreseen.

    lisation d'Mlicopteres pour ce genre de tra-vail. Peut-etre verrons-nous un jour des L-19E, utilises par des societes civiles, ef-fectuer ce travail de remorquage pour le compte des ecoles a feu et ce, a la maniere des Suedois. Oe ce fait, quelques L-19E tro-queront-ils peut-etre la livree kakie pour une elegante decoration civile?

    Regls BIAUX

    Remerclementa: Pour la realisation de ce reportage que soient remercies: les Cdt Breton et Ltt Belloir (SIRPNTerre), le Colonel Oe Lambert (O.A.P. 3e R.M.), les Lt Col Buisson et Lavoivre (3e G.H.L.), les Cne Gailhaguet et Seailles ainsi que les equipages des L-19, l'Adi Aallu; l'Adj Schmitz, les Mare-chaux des logis-chef Damar et Dumontier, sans oublier I'NC Thareault, pilote de I'auteur pour la realisation des prises de vues atlriennes.

    (2) A signaler egalement que I'annee 1984 verra le retrait des celebres Bofor 40.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 25

  • Les prem iers Tornado des Marineflieger

    de la Bundesmarine

    LLS

    LA GHAS E

    par Peter Doll

    ce Dans cet avion , j'ai I' impression de conduire une Rolls, voila ce que de-vait declarer le Lt.Col. Klaus Kahlert apres son premier vol sur le MRCA Tornado effectue a partir de la base d'entrainement operationnel de la RAF a Cottesmore, en Gran-de-Bretagne.

    Air Fan a eu I'occasion d'iHre re

  • I

    Ci-dessus, un trio de Tornado aux couleurs de la marine allemande survole le littoral baltique du Schieswig-Hoistein durant I'ete 1983. Les avions appartiennent au Marinefliegergeschwader 1 (MFG 1) de Jagel, premiere unite de I'aeronavale allemande a voler sur ce chasseur-bombardier tri partite construit par le consortium Panavia. I Peter Doll. Above, a three-ship formation of West-German Navy Tornadoes from the Marinef/ieger overfly the Baftic coastline of Schleswig-Hoistein during a training sortie on the brand-new fighter-bomber in the summer of 1983.

    A gauche, la pointe avant d 'un Tornado du MFG 1 photographiee a partir de la place arriere d'un TF-104G du MFG 2 d'Eggebeck. On distingue sur le flanc de I'entree d'air en soc I'embleme de I'aeronavale allemande. I Peter Doll. A droite, un dernier virage au-dessus de la mer Baltique a hauteur de la frontiere danoise, permet de noter I'aile a geometrie variable placee en position de croisiere. I Peter Doll. At left, the front office of a MFG 1 Tornado seen from the back seat of a MFG 2 TF-104G Starfighter. At right, a final bank over the Baltic sea and the Oanish border before heading back for Jagel.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 27

  • Un bref historique des Marineflieger

    La creation des Marineflieger remonte a 1956, dans le cadre du rearmement de la Bundeswehr, sur la base de Kiel-Holtenau, sous les auspices du Commandement de l'Aeronavale, charge entre autre de I'organisation et des structures administratives, tant sur le plan des effectifs, des unites volantes que de I'organisation logis-tique des unites au sol. , ,

    De la sorte, on assistera des mars 1 ~57, a la mise en service du premIer Groupe aeronaval (Marinef/iegergruppe) . Parallelement aux me-sures d'organisation entreprises, aux rangs desquelles figuraient I'entrainement des pilotes aux Etats-Unis (dont une bonne partie d'ailleurs etaient des anciens de 1939-45) , il Y avait egale-ment I'entrainement des observateurs et radios de bord destines aux avions de lutte anti-sous-marine qui , eux, suivaient des cours au sein de la Royal Navy, ainsi que la formation du person-nel technique detache aupres de la Luftwaffe, et me me chez les differents constructeurs de ma-teriel utilises par I'aeronavale allemande.

    Une equipe de conseillers de la Royal Navy, sous les ordres d'un des plus fameux pilote de cette arme le Captain Eric Winkle Brown, as-sistera le Commandement des Marineflieger au cours de ces annees de croissance.

    11 fautlloter a ce stade, que I' intensite de I'en-trainement de ces premieres annees - et d 'ail-leurs ce phenomene se constate encore au-jourd 'hui - ne fut possible que grce au. d~vouement et a I'engagement de chaque Indl-vidu , depuis I'officier superieur jusqu 'au simple matelot.

    Le travail acharne avait cependant portes ses fruits puisque le 21 avri11958, sur le terrain bri-tannique de Eglinton en Irla.nde du N,?rd, le premier escadron de lutte antl-sous-marlne fut declare operationnel par I' inspecteur de,la Ma-rine le Vice-Amiral Friedrich Ruge, en presence de I"ambassadeur d'Aliemagne a Londres, le Baron von Herwarth. Quelques jours plus tard, le 5 mai une autre unite voyait le jour a Lossie-mouth ~n Ecosse: I'escadron polyvalent n 1. C'est ainsi, et pour la premiere fois dans I'his-toire militaire allemande, que des unites de de-fense nationale etaient crees sur le sol etran-ger... .

    Le 22 juillet 1958, se posent, sur le terrain de Jagel en provenance de l'Angleterre, les pre-miers avions de la nouvelle aeronavale alle-

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 28

    mande: des Fairey Gannet. La suite des evene-ments sera moins rapide, essentiellement a cause d'une infrastructure qui laisse encore a desirer, et d 'une organisation de la securite ~es vols qui se trouve encore a un stade relatlve-ment precaire.

    En juillet 1959, les groupes so nt t~ansformes en escadres (Geschwader) , et sUivra tout un ensemble de reorganisation internes. L'unite de lutte anti-sous-marine demenagee de Jagel a Westerland et jusqu 'a cette date sous le contrle de la 1ere escadre, sera alors mutee sous les ordres de la MFG 2.

    Au printemps de 1963, la MFG 1 debutera sa transformation du Hawker Seahawk au F-104G Starfighter, conversion qui sera achevee deux annees plus tard.

    Le 13 avril 1963, la MFG 2 etablira ses nou-veaux quartiers a Norholz, ancien point d'atta-che des dirigeables de la marine du Kaiser ... La mise en service de cette nouvelle base aerona-vale, situee entre l'Elbe et la Weser, sera effec-tive le 26 avril. En outre, le 12 mars 1965, la Luftwaffe cedera aux marins son terrain de Eg-gebeck. . .

    Tout comme pour la lutte antl-sous-manne qui s'etait deroulee sur des turbopropulseurs anglais du type Gannet, I' introduction du ch~sseur-bombardier et de I'avion de reconnals-sance areaction dans I'aeronavale allemande s'etait egalement concretise grce a une ma-chine britannique: le Hawker Seahawk dont 50

    Ci-dessus, les tout premiers avions de combat de la marine allemande (Marineflieger) , les Fairey Gannet entras en service en 1958. 1 BdV. Above, the very first combat aircraft to enter the German Naval Air Service in 1958: the British-built Fairey Gannet.

    Ci-dessous, le Hawker Sea Hawk tut le premier chasseur donl se dolMenl les Marinetlieger en 1959. Ces avions allaienl eIre remplacas par les F-104G des 1963. 1 BdV. Be/ow, the Hawker Sea Hawk was to be the first fighter in the Marineflieger, being replaced in 1963 by the ubiquitous F-104G.

  • -exemplaires furent achetes. Lui aussi , de par sa conception meme, un chasseur embarque techniquement largement depasse lors de son entree en service dans la marine allemande.

    Malgre cela, les anciennes unites concer-nees, a savoi r le 1 er escad ron polyvalent ai nsi que le 1 er escadron de reconnaissance, tireront le maximum de cet appareil dem ode. Pour me-moire, rappeions que le Seahawk fut un mono-place et un monoreacteur propulse par un reacteur Rolls Royce Nene, qu'il affichait une envergure de 11 ,9 metres pour une longueur de 12,3 metres et une hauteur de 2,65 metres. Son armement consistait en quatre canons et la pos-sibilite d'emport de bombes et de roquettes non guidees. Sa vitesse maximum quant a elle, se situait a 935 km/ho Le nom du Seahawk reste ra cependant grave dans I'histoire de la coopera-tion avion/btiment de guerre, et indissociable de la notion dite du T.O.T. (Time Over Target) . Ce concept prevoyait notamment la mise en oeuvre simultanee de la puissance de feu com-binee des btiments de surface ainsi que de I'arme aerienne concentree sur un meme ob-

    .. jectif ennemi. . Bref, en succession du Seahawk, les pilotes de I'aeronavale allemande auraient souhaites obtenir un avion biplace et bireacteur. De la sorte, en esperait obtenir une plus grande effi-cacite d'utilisation du systeme d'arme, une de-charge du pilote dans la fonction navigation, et bien entendu, une securite accrue des lors que I'avion evoluait a longue distance au-dessus des etendues maritimes. D'autres forces aero-navales des pays de I'OTAN avaient d'ailleurs deja adoptes ce systeme.

    Malheureusement, sous le signe de la stan-dardisation qui faisait deja la loi meme au sein de la Luftwaffe, le choix definitif se porta sur le F-1 04G Starfighter, dont 120 exemplaires furent alloues a I'aeronavale allemande.

    Ce chasseur-bombardier moyen, capable de missions tout-temps, fut donc charge de la re-connaissance et de I'attaque d'objectifs en mer ou dans les regions ctieres, tout en represen-tant un progres malgre tout tres sensible sur son predecesseur, le ceSeahawk.

    Le F-104G etait, a cette epoque, un avion de technologie tres avancee, veritable defi pour son pilote, mais capable de missions de pene-tration des plus difficiles. Avec une vitesse su-perieure a Nach 1,5 et un plafond operationnel de 17.600 metres, ce sont surtout ses divers equipements electroniques qui ont permis a la marine allemande d'atteindre un degre d'effica-cite optimum. Parmi ceux-ci citons: une cen-trale de navigation par inertie, un radar de tir et de navigation couple a un calculateur de bord, un systeme de tir optique et infra-rouge et ainsi de suite.

    Selon son profil de mission, le F-104G pouvait emporter des missiles air-mer du type Kormo-ran , des AS-30 et AS-37, des missiles air-air Si-dewinder, des roquettes non guidees, ainsi que tout un eventail de bombes conventionnelles.

    La version de reconnaissance FR-104G quant a elle, est equipee d'une camera laterale, d'une camera basse altitude et d'un systeme de re-connaissance infra- rouge.

    Les Marineflieger aujourd'hui ... Avec I'introduction, au cours de I'ete 1982 du

    PA 200 MRCA Tornado au sein du MFG 1, deux evenements ont eu lieu simultanement: d'une part I'avenement de la 3eme generation de chasseur-bombardiers areaction, et d'autre part, la mise en service tant attendue d'un mo-dele biplace et bireacteur. Meme si, par rapport au F-104G la mission n'a pas ete changee pour autant, la marine allemande s'est vue remettre sans conteste possible, un systeme d'arme parfaitement capable de faire face aux menaces potentielles existantes, ou du moins, connues.

    La marine obtiendra a terme 112 exemplaires de cette r:nachine et, selon I' inspecteur de cette arme, le Vice-Amiral Ansgar Bethge, ce systeme d'arme tres sophistique, represente , par rapport a son predecesseur, la re pose la mieux adaptee a la modernisation et a la concentration sans cesse accrue des forces nayales des pays mem-bres du Pacte de Varsovie e_n mer Baltique et en mer du Nord.

    La vitesse de pointe du ce Tornado se situe au-dela de Mach 2 pour une vitesse de croisiere qui frise le mach, alors que son plafond opera-tionnel est fixe a 15.000 metres. Ces derniers chiffres traduisent a eux seuls, la nouvelle di -mension du domaine d'intervention dans lequel se situent les possibilites du ilOuvel avion, que ce soit dans la mer du Nord ou dans les voies d'acces a la mer Baltique.

    Au niveau armement, le Tornado emporte lui aussi des missiles air-mer Kormoran, des bom-bes conventionnelles, un canon fixe Mauser de 27 mm ainsi que des engins Sidewinder.

    Les restrietions de vol imposees aux equipa-ges lors de la phase de conversion , ont ete le-vees depuis. La consequence en est que la plu-part des pilotes so nt d'une euphorie unanime lorsqu'ils parlent de leur oiseau miracle, meme apres la perte d'un appareil au cours du mois de janvier de cette annee, perte imputee, semble-t-il, a une erreur humaine .. .

    L'auteur de cet article a eu I'occasion d'ac-compagner une patrouille de Tornado lors d'une mission d'entrainement au-dessus de la mer du Nord, a partir du siege arriere de TF-104G du MFG 2 (un vol en Tornado n'ayant pas encore ete autorise) . Pendant ce vol, il etait tres impressionnant de constater que le 104" avait beaucoup de mal a suivre les evolutions du Tor-nado ... En effet, la voilure a geometrie variable operant dans toutes les enveloppes de vitesse et de vol, off re au Tornado des possibilites de ma-noeuvres uniques dans le monde technologi-que occidental. Neanmoins, pour arriver a ce stade, il a fallu cependant y mettre le prix : 70 millions de DM par avion (fly away price) et 81 millions de DM equipements comrpis (544 MF au total- un Mirage 2000, pour memoire, coute 255 MF) ...

    L'avenir ... Le Tornado devrait rester en service opera-

    tionnel jusqu'au XXl e sieeie; c 'est ce qu'affir-ment du moins les specialistes de la defense outre-Rhin pour justifier le prix de revient tres eleve de leur choix. Quant au MFG 2 de Egge-beck, celui-ci devrait encore utiliser le F-104G jusqu 'en 1987, date a partir de laquelle le MRCA prendra peu a peu la releve.

    Peter DOLL Tredult de I'ellemend per J.P. Hoehn

    Un F-104G Starfighter du MFG 2 d 'Eggebeck decolle de sa base d'Aliemagne du nord. Malheureusement pour les pilotes de ce Geschwader, ils devront attendre 1987 avant de pouvoir gouter aux joies du Tornado! I Peter Doll. A F-104G Startighter trom the Eggebeck-based MFG 2 takes-off trom its base in Northern Germany .. The last 1-0-4s will not retire betore 1987.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 29

  • ,

    En haut, en bandeau d 'ouverture, quelques

    images symboles de I'histoire de la 71e Escadre. de Chasse .. Richthofen de I'armee de I'ai ; allemande :

    la derive d 'un Sabre, la photo du celebre .. Baron

    Rouge .. , la magnifique replique du triplan de

    Mannfred von Richthofen construite par la societe

    Williams, le F-4F du jubilee et le blason de la ville de

    Wittmundhaffen. I Photos: Peter Doll et Jean-Marie

    Troillard. Heading band shows the

    his tory of JG 71 in a nut-shell, from the Sabres

    of the late fifties to the Phantoms of today, the

    Luftwaffe's JG 71 .. Richthofen .. is alive and

    kicking keeping very high the Red Baron's spirit.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 30

    Les 25 ans du JG 71 R" Ei Wittmund, R.F.A.

    D ix heu res d'autoroute de Paris en Frise et a quelques kilometres de la mer du nord se trouve la base de Wittmund , repere des aigles de la Luftwaffe, les chasseurs du fameux Jagdgeschwader Richthofen ...

    Manfred Baron von Richthofen

    Ne le 2 mai 1892 a Kleinberg pres de Schweid-nitz, von Richthofen debute sa carriere militaire en 1911 dans la Cavalerie et participe au debut de la guerre dans les tranchees. Comme beau-coup d 'autres il reve de devenir pilote et reussit enfin a se faire muter dans I'aviation en mai 1915. Apres I'ecole de pilotage et des missions de surveillance aerienne il rencontre un jour le Lieutenant Boelcke qui a deja rem porte quatre victoi res. Cette rencont're et cet exemple sont decisifs pour von Richthofen qui est affecte en mars 1916 au Jagdgeschwader 2 ou il vole dans des biplaces jusqu 'aux alentours de juin 1916. Cependant il acquiert une tres grande maitrise de son avion en combat et ne rate jamais une occasion de voler sur monopiace ... En juin 1916 c'est la grande offensive de la Somme et Boel-cke va reunir les meilleurs pilotes. C'est ainsi que von Richthofen participera acette grande bataille en aoGt 1916 dans la region de Cambrai. Son reve de longue date de devenir pilote de chasse eta it devenu une realite . A Noel1916, il fete deja son 14eme succes en combat aerien . Apres sa 16eme victoire , iI est decore du presti-gieux ordre "Pour le Merite et se voit attribuer le commandement du JG 2. En peu de temps ses victoires so nt passees au nombre de 56, iI est nomme Premier Lieutenant puis Capitaine, quelques semaines plus tard.

    En Flandres, von Richthofen se voit attribuer en juillet 1917 le commandement des Groupes de chasse 4, 6, 10 et 2, tous reg roupes sous la coupe Jagdgeschwader Nr 1. A la fin de la ba-taille des Flandres, mi-novembre 1917, les Alle-mands ont souffert de lourdes pertes. Von Richthofen lui -meme, blesse a la tete le 7 juillet

    n 'est pas vraiment en etat de combattre pendant pres de cinq mois. Mais malgre les conseils des medecins il ira remporter ses 58, 59 et 60emes victoires au dessus de Cambrai . A Cateau le 18 mars 1918 a lieu la premiere plus grande bataille aerienne ou le JG 1 mene par von Richthofen prouve son immense capacite au combat.

    Le 21 avril1918 le Baron Rouge ne revien-dra pas d 'un engagement derriere le front sans que I'on connaisse avec precision les circons-tances de sa mort. La veille, il avait abattu son 80eme adversaire. Le Royal Flying Corps ho-norera von Richthofen avec une couronne aux couleurs allemandes portant I'inscription A ce courageux et chevaleresque adversaire.

    Le Commandant d'escadrille Reinhard de-venu chef d'escadre lui succede a la tiHe du JG 1, puis abattu en juin 1918 il sera a son tour remplace par le Premier Lieutenant Gring .

    En mai 1918, I'escadre re

  • --

    OfEt\~~ 8~t~16 C'-d,~o"" " F4F Ph,.'om 11 d, JG " p,'o' ,,',',',m,,' po", "",,,, ,,25, '00'"'''''' d, " ,. , .. Richtholen . En bas, conserve sur la base de Wittmund, ce Sabre est celui que pilota le celebre Major Erich .. Bubi .. Hartmann, commandant du JG 71 a sa creation. La decoration de I'avion rappelle un certain Messerschmitt BI 109 G ... I Photos: Peter Doll.

    Below, this F-4F Phantom" was especially painted with this bright livery for the celebration of JG 71 's 25th anniversary at Wittmund in May 1984. Bottom, this gaudily painted Canadair Sabre preserved today at

    Wittmund was on ce the personnal aircraft of Major Erich Hartmann who commanded the wing in the late fifties .

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 31

  • .... -

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 33 i -

  • ~ :Il .,., ,. z C- e: ;= r- !!l ~ " ,. Cl m ... ...

    :D

    >

    r ....

    0 Co>

    U1

    r 0 :z: ~ " :D > c:

    :D

    :D

    >

    >

    r r

    ....

    ....

    0 Co>

    ~ ....

    ""

    (/)

    111 ~

    >

    >

    (/

    ) c:

    >

    111

    r

    "

    ~

    :D

    "

    >

    :D

    c:

    >

    c:

    ~~ ..

    ~

    '\" :D

    :D

    :D

    >

    >

    >

    r

    r r

    ....

    ....

    ....

    0 0

    0 0

    Co>

    Co>

    CD

    CD

    0

    "

    0 (/

    ) :D

    c:

    ~

    c:

    .

    >

    !!! Z

    :D

    Z

    "

    i::I :D

    "

    >

    "

    :D

    c:

    :D

    >

    >

    c:

    c:

    F-4F

    PH

    ANTO

    M

    leno

    uvea

    u ca

    mo

    ufla

    ge

    .~

    (

    Ci-d

    essu

    s, a

    tterr

    issa

    nt s

    ur

    sa b

    ase

    de W

    ittm

    und

    en m

    ai d

    erni

    er, le

    F-4

    F Ph

    anto

    m 11

    37 +

    61 d

    u Ja

    gdge

    schw

    ader

    71 .

    . R

    icht

    hofe

    n". Ap

    res

    plus

    ieur

    s a

    nn

    ee

    s d'

    expe

    rimen

    tatio

    ns,

    la L

    uftw

    affe

    a

    final

    emen

    t re

    tenu

    un

    no

    uve

    au

    ca

    mo

    ufla

    ge p

    lus

    effi

    cace

    pou

    r ses

    avi

    ons

    de c

    om

    bat.

    II e

    xist

    e de

    ux

    va

    riant

    es d

    e ce

    ca

    mo

    ufla

    ge q

    ui fa

    it a

    ppel

    11 s

    ix te

    inte

    s di

    ffere

    ntes

    : I'u

    ne 11

    bor

    ds n

    ets

    , I'a

    utre

    11 b

    ords

    fo

    ndus

    . Ce

    ca

    mo

    ufla

    ge p

    rese

    nte

    au

    ssi l

    a pa

    rticu

    larit

    e de

    s'a

    ltere

    r as

    sez

    vi te

    au

    sole

    i I e

    t 11 I

    'exp

    ositi

    on

    salin

    e. I J

    ean-

    Mar

    ie T

    roill

    ard.

    .

    _1-.1

    ,.

    ir~;

    ;.:"

    ",R

    " \

    ;" ..

    Q\1}

    .

    '';::''1

    ,.'

    ~~

    i i'

    ---

    "1'

    .

    \ 1- ,I

    \ .. ..

    ~+/~

    ~. \

    ~

    .,..

    ~

  • :;; ." Z C- e: ;:: r m .... ~ " Cl m '" '"

    Ci-c

    ontre

    et v

    ues

    de

    deta

    ils

    an

    ne

    xes

    : le

    F-4

    F 37

    + 79

    du

    JG 7

    1 R

    .. es

    t un e

    xem

    ple

    de

    cam

    ou

    flage

    11 b

    ords

    fond

    us to

    ut 11

    fa

    it da

    ns la

    lign

    ee d

    es

    cam

    ou

    flage

    s a

    llem

    ands

    de

    la 2

    "

    G.M

    . Le

    s in

    scrip

    tions

    de

    serv

    ice

    son

    t pe

    u n

    om

    breu

    ses

    et

    un

    ique

    men

    t en

    alle

    man

    d. Le

    s co

    des

    font

    30

    cm d

    e ha

    ut e

    t le

    s cr

    oix

    no

    ires,

    re

    duite

    s e

    lles-

    auss

    i, se

    ule

    men

    t 50

    cm.

    L'em

    blem

    e de

    la

    R

    icht

    hofe

    n .. es

    t ega

    lem

    ent

    redu

    it au

    tie

    rs d

    e ce

    qu'

    il e

    tait

    au

    para

    vant

    . Les

    sym

    bole

    s de

    zo

    ne

    s in

    terd

    ites

    11 la

    ma

    rche

    fig

    uren

    t en

    no

    ir e

    t bla

    nc o

    u bi

    en

    en r

    ou

    ge e

    t jaun

    e. I P

    hoto

    s de

    /'a

    uteu

    r.

    ~

    \

    ,.~

    :-~~

    .L

    ; >,

    _

    __

    __

    ~_

    ---

    Des

    sins

    de

    Jean

    -Mar

    ie T

    roill

    ard

    12H A(:

    ItTtJ~

    m y,

    * 1110

    11 W1

    1IMI.N

    II 111

    ~ II

    m"'

    l NNI

    AI.

    IlIlMn

    N '"

    IIW'~IIII.

    !111 1111

    11 '"

    ""M"~lq

    IU

    l 11 "

    ' nM

    k "tI"

    ' '"'It:~

    IU"'"N

    ~"NI~

    VIIljIl

    IN'" N

    '.II~

    .:.

    ..::-

    -1.

    I . ,.

  • AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 36

    vivant et habite a Wittmund et revient regulie-rement et avec enthousiasme visiter san Jagdgeschwader 71 Richthofen!

    La Jagdgeschwader 71 Richthofen: deja 25 ans !

    24 heu res sur 24 et 365 jours par an, le per-sonnel de la JG 71 est pret a intervenir car il est responsable de la sauvegarde de I'espace ae-rien de l 'Allemagne du nord et du Secteur 1 de I'OTAN. Des formations d 'alerte garantissent en quelques minutes le pouvoir de reaction et la souverainete aerienne de I'OTAN.

    Descendant de I'escadrille W1 Graf von , Richthofen de la Premiere Guerre Mondiale et

    du JG 2 des annees 35/45 , la JG 71 est cree comme escadre de chasse de jour sur I'aero-drome d'Ahlorn en 1958 sur Canadair Sabre Mk. VI, recevant sa declaration officielle le 6 juin 1959.

    San premier commandant fut le Major Erich Bubi Hartmann celebre pour ses 352 victoires aeriennes homologuees, reccord inegale a ce jour!

    Le 21 avril 1961 , quarante trois ans apres la mort de Manfred Baron von Richthofen, I'ins-pecteur de la Luftwaffe le Lieutenant-General Kammhuber donna acette formation le nom du pilote prestigieux afin de perpetuer avec fierte cette tradition .

    A I'entree de la base de Wittmund on peut voir

    En haut, dans le eiel d 'Aliemagne, quelques semaines avant le dtklenehement de I'offensive al 'ouest de mai 1940, le Bf 109 E-1 9 Rouge .. du 2. Staffel/I. Gruppe du JG 2 Riehthofen .. . On note a I'aplomb de la eabine le R .. rouge symbole de I'eseadre et aujourd'hui perennise sur les F-4F du JG 71 . Au centre, deux Bf 109 F du Stab/JG 2 sur le terrain de Beaumont-Ie-Roger au printemps de 1942. En bas, si I'insigne au .. R .. rouge du JG 2 disparu rapidement du flane des avions du Geschwader durant la 2e G.M. , les insignes de Gruppe furent eonserves eomme le montre eette vue de Fw 190 A-4 du III./JG 2 orne de la tete de eoq embleme du groupe./Photos: Arno Dill. The .. Riehthofen .. Geschwader's past is deeply rooted in history, the Wor/d War Two Luftwaffe for instance had her second wing named after the Red Baron's name. The .. R .. emblem was carried only at the beginning of the war on the Geschwader's Messerschimtt 109 Es, it did not appear anymore after, both on the Bf 109 Fs or on the Fw 190 As.

  • -un F-1 04 Starfighter qui rappelle le changement de systeme d'armes survenu le 29 avril 1963. C'est un excellent souvenir que I'on garde, EI Wittmund , de cet appareil qui remporta d'ex-cellentes notes dansles concours orAN de vi-tesse, de vols tactiques et d 'aptitude. La base avait ete reamenagee par I'OTAN sur I'ancien terrain des zeppelins de 1916 .. . ,

    Jusqu 'en 1974 la JG 71 fut equipe de F-104 . Elle changea alors pour le F-4F Phantom 11, ver-sion specialement construite pour la Luftwaffe. Les resultats obtenus avec ce WS (Waffen-system ou Systeme d'Armes) sont excellents. Entre 1979 et 1982, lors des concours tactiques I'escadre a obtenu les meilleures notes des soixante formations de I' All ied Tactical Air for-ces Middle Europe composees des moyens reunis par les forces aeriennes de I'Allemagne Federale, de la Belgique, de la Grande-Breta-gne, du Canada, des Pays Bas et des Etats Unis.

    La recherche permanente du meilleur resultat dans le cadre de la Luftwaffe et de I'OTAN n'est pas toutefois sans etre accompagne meme en temps de paix par de douloureux sacrifices et accidents .. .

    Le JG 71 avec sa garnison de 1600 soldats, 600 travailleurs civils et 150 membres des quar-tiers generaux apporte une contribution im-portante EI la vie economique de cette region de la Frise de I'est qui est traditionnellement faible . Chaque annee 52 millions de Deutsche Marks (180 MF) sont depenses en salaires et primes ainsi que 8 millions supplementaires du budget de la JG 71 en travaux divers de mecanique ... La JG 71 a donc un role important en tant que createur d'emplois et de formation dans des domaines comme la telecommunication . Lors de notre passage on cherchait EI remplir 72 pla-ces offertes aux jeunes frisons sans travail. ..

    Par allelement au role efficace qu ' il saurait jouer en temps de crise la JG 71 apporte donc EI la region de Wittmund un equilibre social et economique tres important qui explique le cote chaleureux et fam ilial donne EI la celebration du 25eme anniversaire du 28 avril dernier.

    11 est difficile de savoir les details de la vie operationnelle de la trentaine de F-4F qui com-posent la JG 71 . Leur role essentiel est de bou-cher les trous qui pourraient subsister dans la couverture de I'espace aerien allemand consti-tuee par les ceintures de missiles Nike Hereules

    et Hawk ameliores. Equipe du pod de contre-mesures electroniques ALQ 101 -10 et de conte-neurs de leures AL E 40 V2 pour sa protection , le F-4F est arme d 'un canon de bo rd M-61 A1 et emporte quatre missiles AIM-9L Sidewinder. Les branchements pour I'emport du Sparrow n'ont pas ete prevus pour des raisons budge-taires. On parle cependant 'd 'ameliorations im-portantes dans un proptie 'avenir car les F-4F resteront en service au ,moins jusqu 'en 1995. Les pilotes parlent d 'une possibilite d 'obtenir I'AMRAAM, nouveau missile americain qui ter-mine sa mise au point. Un nouveau pare-brise 0_ la F-18 donnant une meilleure visibilite pour-rait etre adopte egalement. Le F-4F peut em-porter en outre toute une parioplie de bombes ainsi que la cible TDU -10B.

    24 heures sur 24, la garnison de protection , les pompiers et tout le personnel au sol tant civil que militaire assure la capacite de reaction de la JG 71 dont le centre de commandement est equipe des moyens les plus modernes qui com-prennent des ordinateurs, des telex et autres moyens de communications ainsi que des car-tes projetees sur ecran geant pour assurer le controle complexe de la situation . Chaque jour au moins deux formations s'envolent pour des sorties qui les amenent EI croiser de temps EI autres des appareils sovietiques ... Une autre mission, dont les details sont jalousement gar-des, consiste EI assurer la protection des AWACS ... Bien que la proximite de la mer donne aux pilotes I'occasion de voler assez librement (contrairement aux autres formations de la Luftwaffe qui doivent scrupuleusement res-pecter les couloirs aeriens d 'un es pace tres en-combre) , des detachements so nt periodique-ment envoyes dans de lointaines bases de I'OTAN pour des exercices en sans contraintes. C'est ainsi que des pilotes de la JG 71 lors d'un recent voyage en Turquie du sud ont pu effec-tuer un exercice d' interception sur des Super Etendard de l'Aeronavale au large du Liban! Debut mai ces memes pilotes se sont envoles pour Goose Bay au Labrador (Canada) avec cinq ravitaillements en cours de route avec des KC-10 americains. Les exercices d 'entraine-ment au Canada sont attendus avec impatience car ils sont synonymes de vol libre EI tres basse altitude et EI grande vitesse ... !

    Jean-Marle TROILLARD

    Remerclements: I'a uteur et Air Fan remerclent l'Oberst Weste et l'Oberstleutnant Helder, attaches de I'alr a Pari s, le Major Maszczyk et l 'Oberleutnant Kuehnapfel a Wlttmund pour leur aide dans la preparatlon de cet artlcle.

    Un F-104G du Jagdgeschwader 71 .. Richthofen .. de passage sur une base fran9aise dans les annees soixante. L 'indicatif de I'avion est interessant, iI est le miime que celui porte quelques annees plus tt par le Sabre du Major Erich Hartmann. /A rmee de ,.Air. A F-104G Starfighter of Jagdgesch wader 71 Richthofen seen on transit on a French Air Force base in the six ties.

    AIR FAN I JUILLET 1984 I PAGE 37

  • En bas, un chasseur-bombardier Fiat

    G.91Y rentre d'une mission d 'entrainement au-dessus

    de la mer Adriatique.1 A. Palma.

    A Fiat G.91Y fighter-bomber of the 32 Stormo 's 13

    Gruppo pictured at Brindi. All of the unit's Yankees -displaya large sharkmouth on their noses to recall the

    Gruppo 's number one mission: maritime strike.

    AIR FAN f JUILLET 1984 f PAGE 38

    I f Le passe combattant du 32 Stormo de Brindisi est illustre par cette photographie d'un trimoteur Savoia-Marchetti SM.79 Aerosilurante du 32 Stormo de la Reggia Aeronautica prise en 1942 alors que les Faichi .. du stormo harcelaient la flotte anglaise en Mediterranee. I AMI. The 32 Stormo's past is illustrated by this photograph of a SM 79 trimotor torpedo-bomber of the 32 Stormo Aerosiluranti pictured over the Mediterranean in 1942.

    Le 32 Stormo C.B.R. de l' Aeronautica Militaire Italiana

    par Antonio Palma et ses Fiat G.91Y

    A u sud de l'ltalie, Brindisi qui fut en son temps I'un des premiers aerodromes mi-litaires italiens de dirigeables et d 'hydra-vions, abrite aujourd'hui le 32 Stormo Caccia Bombardieri Ricognitori (C.B.R.). L'ossature du Stormo repose sur un seul groupe operationnel, le 13, equipe de Fiat G.91 y , 11 s'agit de I'une des deux dernieres unites utilisant le Yankee, I'autre etant le 101 Gruppo du 8 Stormo base a Cervia. La s'arrete la similitude car a materiel identique, mission differente. Le 13 Gruppo opere essentiellement au-dessus de la mer, d'ou la decoration suggestive en gueule de requin que portent ses appareils.

    Au cours de son histoire, le 32 Stormo a connu de longues periodes pacifiques et guer-rieres en Sardaigne. 11 fut constitue sur I'aero-drome de Cagliari-Elmas le 1er decembre 1936 comme 32 Stormo Bombardieri Terrestri com-prenant deux groupes: le 38 base a Aviano et le 89 a Forli avec le personnel des 194 et 195 Squadriglie d 'hydravions de Puntisella (Pola) , aujourd'hui territoire yougoslave, Le 24 fevrier 1937, le Stormo devint homogene par la muta-tion a Elmas des deux groupes de SM.81, avion qui etait le bombardier italien standard de l'epoque. Durant la phase initiale de son service a Cagliari-Elmas, le 32 Stormo entreprit un en-

  • -Ci-contre, le Fiat G.91 Y ayant servi au developpement du nouveau systeme de navigation. Designes G.91YS, les nouveaux G.91Y sont exterieurement identiques. Noter sur le nez du 3216 la petite sonde de derapage pein te aux couleurs italiennes! / A. Pa/ma. At right, one of the 32 Stormo's newer Fiat G.91YS is seen taxying to the end of the Brindisi runway.

    Ci-contre, un autre G.91Y du 32 Stormo, dans un camouflage different et tres use, s'apprete a se debarrasser de son parachute-Irein apres I'atterrissage. / A. Pa/ma. At right, a weather-beaten G.91Y of the 32 Stormo is about to jettison its /anding-chute after returning from a maritime strike mission.

    trainement intense au vol de nuit, eomprenant divers raids en formation sur la haute mer et dans la peripherie de la Sardaigne. En 1939, a la veille de la guerre, le Stormo re9ut les trimo-teurs SM .79, plus performants que les vieux SM.81 mais aussi plus instqbles et "pointus a piloter. Le 3 juin 1940, I'unite se porte a Deei-momannu, ne laissant a Elmas qu 'un noyau pour I'entrainement; en quelques jours, la nou-velle base devient operationnelle et, au 10 juin 1940, le 32 Stormo se trouve pare.

    Pendant la guerre, le 32 Stormo opera a par-tir de Deeimomannu, Milis, Leeee, Gioia dei Colle et Villaeidro. Le 9 juillet 1940, avee une

    formation de 24 avions, il partieipe a la premiere bataille aeronavale des Baleares. Au eours de I'aetion, une importante unite de surfaee fut touehee et eontrainte de se retugier a Gibraltar pour reparations. Le 1 er aoOt suivant, le Stormo partieipe a la deuxieme bataille des Baleares qui sueeedait sans transition a des bombardements sur Gibraltar et des unites navales y stationnant. En septembre 1941, apres I'aeeomplissement de nombreux vols de guerre, le Stormo est transfere a Bologne pour reorganiser ses grou-pes deeimes. Mettant a profit I'experienee ae-quise dans la lutte sur mer, le 32 Stormo allait ehanger de speeialite apres une breve periode

    En bas, le 325 gagne le seuil de piste de Brindisi. Tous les appareils du 32 Stormo portent une gueule de requin et I'insigne des .. Faichi .. (un laucon noir) sur la deri