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4 e trimestre 2005 externat sainte-marie lyon-la verpillière 4, montée saint-barthélemy 69 005 lyon Tél. 04 78 28 38 34 directeur de publication : michel lavialle conception mordicus imprimerie dugas - IPC numéro 94 lyon mar stes externat sainte-marie
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94numéro lyon mar ste - Sainte-Marie Lyon · Commandement en forme de dialogue avec un ami athée page 26 Les mystères joyeux de l’éducation Jean-Patrice ARDUIN. collège nouvelles

Sep 14, 2018

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4e trimestre 2005externat sainte-marielyon-la verpillière4, montée saint-barthélemy69005 lyonTél. 0478283834directeur de publication :michel lavialle

conception mordicusimprimerie dugas - IPC

numéro

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som

mai

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réflexions

page 5 éditorial

référencepage 14 Les enjeux spirituels

de l’enseignement Marguerite LENA

page 18 Foi d’incréduleVincent RICARDMéditation sur le Premier Commandement en forme de dialogue avec un ami athée

page 26 Les mystères joyeuxde l’éducationJean-Patrice ARDUIN

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collège

nouvelles

Homélie de la messe page 50de rentrée des professeurs

Stephan LANGE

Départ de Marc Gaucherand page 56Xavier DUFOUR

Ciné-clubProgramme 2005-2006 page 63

Résultats aux examens page 75et concours

in memoriam page 79Discours prononcés à l’occasion

des obsèques de Gabriel MeaudreNicolas PIC

père Alain FORISSIER

Lyon page 85

La Verpillière page 92

carnet page 98

Collège supérieur page 100

les yeux fertilespage 42 Le spasme adorable

Michel LAVIALLEA propos de La BienheureuseLudovica Albertoni du Bernin

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Une étude sur les mœurs des professeurs etéducateurs tendrait à montrer que leurentourage souffre de leurs tendancesirascibles, les veilles de rentrée scolaire.Comme un acteur le trac, tous ceuxqu’attendent les élèves éprouvent, en effet,soit une légère appréhension, soit, selon levocabulaire sportif, une montée d’adrénaline,et même, dans certains cas, une véritableangoisse. Les recettes sont diverses pourdissimuler ou contrôler ces craintes, parmilesquelles une propension aux promesses :avec le bagou d’un maraîcher annonçant desrégals devant les fruits de son étal,l’éducateur pense éveiller, séance tenante, lespapilles de ses…pupilles. Mais que valent cespromesses ? Et, plus généralement, quecachent les projets alléchants en matièreéducative ? Où est la vraie promesse ?

édito

rial

Promesses, promesse…

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Promettre en début d’année, c’est ainsidécliner un programme riche pour susciter ledésir d’apprendre, c’est croire aux vertusapéritives de l’énoncé d’un programme. Maisc’est peut être aussi tenter de séduire sonpublic pour lui donner d’emblée une hauteconsidération de l’adulte qui lui parle. Or sinous faisons le pari que le désir d’apprendrerepose d’abord sur cette fascination première,nous supposons d’une part que, sansmouvement extérieur, sans motivation,l’élève n’aurait pas la faculté de s’intéresser ;nous le dépossédons en quelque sorte de saliberté première qui est d’user de sa volontéou de son bon-vouloir pour écouter,s’intéresser. Nous nous condamnons peutêtre à la surenchère. Pourquoi suivre descours tout au long d’une année s’ils sontnécessairement moins prometteurs que lepremier ? D’autre part, nous risquonsd’encourager sa paresse. En effet, l’enfant atendance à vivre dans le présent et il secontente facilement d’un futur présentécomme idyllique ; tout le plaisir intellectuelpourra résider, pour lui, dans la promesse : àquoi bon lire Hugo, si la perspective seuled’avoir lu le pavé des Misérables le ravit,comme celui qui jouit des belles reliures de sabibliothèque plutôt que de lire les ouvragesqui la composent ?

Promesses de débutants

Combien d’élèves sont paralysés par cetteévasion dans le futur, encouragée par nospromesses trop rapides : ils reconnaissent parexemple volontiers en fin d’année qu’ils n’ontrien fait, mais sont convaincus qu’ilsrattraperont en deux mois d’été ce qu’ilsn’ont pas été capables de commencer en dixmois. C’est que l’effort chez eux, comme leplaisir promis, est toujours futur. JeanLacroix dit de l’activité intellectuelle qu’elle«ne peut être qu’une activité laborieuse sansquoi elle est évasion, rêve et nuée»1. Certes, ilest bien difficile d’admettre qu’un bien naîtrad’une souffrance, et on croit plus volontiers àla figure du professeur charismatique quidonne l’illusion que le savoir passedirectement de la parole suave del’enseignant au cerveau du disciple, et sanseffort. C’est pourquoi les pédagogiescontemporaines ont inventé une troisièmevoie, intermédiaire entre celle du «hussard dela République», intransigeant et laborieux, etcelle du rousseauiste : la voie du contrat. Lecontrat semble dispenser de choisir entrel’autorité, la contrainte d’un côté, et lespédagogies actives ou spontanéistes de l’autre.La promesse est donc, de ce point de vue, unpréliminaire nécessaire pour vendre le contraten début d’année : si l’élève mord à l’hameçon,il n’a plus le droit, ensuite, de décrocher.

1 Les sentiments et la vie moralep. 91

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Et cependant le professeur constate bien qu’illui faudra repêcher son élève au cours desmois qui suivent, et qu’aucun contrat nechange la versatilité des esprits de sesauditeurs. Penser qu’un professeur joue lerôle de stimulus privilégié dans sa relationavec son élève, c’est nier que la qualité de laréponse du professeur est moins importanteque la qualité de la question de l’élève. Unprofesseur n’a de vraie réponse à apporterque si l’enfant a une vraie question en lui.Que peut dire d’ailleurs un professeur sur samatière avant de permettre à l’élève de s’yconfronter ? L’on peut promettre que ce serafacile : mais si tel est le cas, à quoi bonessayer, se dira l’élève ? Ne me méprise-t-ilpas, ne me juge-t-il capable que du médiocre ?Pire encore : si, finalement, l’élève échouealors que c’était facile, que pensera-t-il de sescapacités ?

L’on peut promettre en déclinant unprogramme : mais gare à la déception,car si le bord de la coupe est sucré,

l’élève ne tardera pas à goûter l’amertume dubreuvage. L’amertume est celle qu’on ressentà la comparaison entre ce qui était promis etce qui est tenu, amertume plus grande encorequand le programme n’est pas tenu du tout :«Ah certes, on n’est pas avare de promesses,chacun les prodigue, les préfets, les ministres,l’empereur. Et puis la route poudroie, rienn’arrive». Le professeur est lui-même déçuque ses élèves ne se montrent pas à la hauteurde ses ambitions : d’où, dès la réunion derentrée, devant les parents, des jugementssévères sur une classe que l’on ne côtoie quedepuis quelques heures. Bref, la promesserisque de dénaturer le travail et lequestionnement intellectuel et spirituel.

S’attaquer séance tenante au travail plutôtque promettre, c’est donc implicitement direce qu’est au fond le travail, et, plusprofondément encore, ce qu’est l’homme :- le travail n’est pas un accident, unepéripétie pour distraire le laborieux, voire unobstacle inévitable pour obtenir unerécompense, mais la condition même del’homme. On apprend à travailler entravaillant, disait Alain, et non en expliquantcomment on va s’y prendre ou quel plaisir onen aura. «Pour grandir, l’enfant doitrenoncer à ce qu’il est maintenant pour lafigure encore indécise de ce qu’il sera»2. Cerenoncement à soi- même n’est pas toujoursagréable : travail ne vient-il pas du latin“tripalium”, instrument de torture ?- la vraie joie ne naît pas du vide d’unepromesse, mais de la confrontation dans letravail à une matière et à soi-même ; si lemonde n’est pas déjà fait, mais à faire enmême temps qu’à recevoir, si moi-même, jesuis en devenir, alors «les fruits passeront lapromesse des fleurs». Jean Lacroix dit que«le plaisir n’est pas le but de l’activité (…)mais qu’il est comme le signe auquelreconnaître qu’elle a atteint sa fin véritable»3.- le travail est activité et passivité,confrontation à l’obstacle et occasion decontemplation. Quand nous promettons,nous disons implicitement que le monde estfigé et sans mystère, que nous aimerions leconfigurer à nos rêves, qu’il n’y a rien àinventer mais que la société doit sepréoccuper de nous préparer une place quinous est due, doit nous garantir un plaisir.

Séance tenante

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2 Marguerite LénaLe passage du témoin

éd. Parole et silencep. 104

3 Les sentiments et la vie moralep. 89

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Bref, nous faisons de l’élève, déjà, unconsommateur. Nous ne croyons pas qu’ilpuisse trouver belle la matière qu’on luiprésente, beau l’effort pour y accéder,désirable le délai entre ce qu’il pressent dumystère du monde exposé par son professeuret la lumière qui se mettra à briller un jour,quand, sans perdre de son mystère, ce mondesera pour lui un peu plus lisible…

Certes, il n’est pas interdit d’avoir un idéal etle mot de promesse est trop beau pour qu’onveuille s’en passer. «Il est des êtres qui ont unidéal et dont l’idéal se bat avec le réel. Maisceux-là sont de deux sortes : les uns (…)travaillent à réaliser en eux leur idéal, et cetidéal condamne sans cesse leur propre réalité ;les autres (…) demandent à leur idéal de seréaliser seulement hors d’eux, et cet idéalcondamne seulement la réalité extérieure : lemonde, la vie, la société» dit Gustave Thibon4.Dans un établissement à vocation chrétiennea fortiori, on sait qu’il ne faut pas confondreces deux idéals dont parle Thibon : lepremier nous fait dire que renoncer d’embléeà trop de visions idylliques de l’avenir, cen’est pas renoncer à la joie d’une autrepromesse. A un niveau moins individuel, nepas définir pour notre maison un «projetéducatif», c’est dire qu’il n’y a pasd’enseignement catholique mais seulement unenseignement qui s’efforce de le devenir, carqui peut se dire chrétien, vraiment fidèle à ceque devrait être le disciple du Christ ?

Si mes promesses sont comme hors de moi,pour reprendre encore les termes de Thibon,que je commence à jouer au chat et à lasouris avec les enfants qui me sont confiés àcoup d’espoirs qui les dépasseront ou lesrendront insatisfaits, je poursuis donc unechimère et je dis déjà que ces enfants devrontêtre à ma hauteur ou ne mériteront pas d’êtremes élèves. Alors, non seulement, je n’auraipas conscience du privilège que j’ai de leurfaire la classe - et il faut l’affirmer, c’esttoujours un privilège d’avoir un élève, quelqu’il soit - mais encore je réclamerai d’autresprivilèges. Au contraire, si humblement je memets à leur service, si je travaille à réaliser enmoi cet idéal, je serai peut être témoin d’unepromesse cette fois-ci qui ne vient pas demoi, je transformerai de simples espoirs enprofonde espérance.

C’est l’enfant lui-même, en effet, qui porte lavraie promesse : il pourra éprouver le plaisird’entendre ce qu’il espérait profondémententendre, à condition précisément qu’il n’aitpas eu vent de cela. La fausse promesse, tellequ’on l’a évoquée, évente et part du principeque l’élève ne portant pas en lui le désird’apprendre, il faut le supposer artificiellement.A croire Claudel, au contraire, tout enfantporte en lui une «parole qui n’était que pourlui seul». L’enseignant, et au sens largel’éducateur, est alors simple médiateur de larévélation qui se fera en son élève, qui éclaireraen lui la promesse qu’il est et non celle qu’onlui a fabriquée. A nous d’être suffisammenteffacés pour laisser advenir cette révélation.0

Où est donc la vraie promesse ?

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4 L’Echelle de Jacobéd. Lardanchetp. 182

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réfe

xions

référence foi d’incrédule les yeux fertiles

A la mémoire de Georges Dumesnil5

Le Docteur, celui qui enseigne ce qu’il sait,est solennellement comparé dans l’EcritureAu père de famille parmi les siens qui leurpartage la nourriture.Cet enfant que la Toute-Science nous donneafin d’achever ce qu’Elle fit,On parle, joie de le regarder dans les yeux etde voir tout à coup qu’il a compris.Cette parole qui n’était que pour lui seul etque Dieu on ne sait d’où nous remet,Joie de voir qu’il l’a reçue en plein et qu’elle aporté en lui comme un trait,Joie, ce qui était notre profonde raison d’êtreet notre grand secret,Dans les yeux de quelqu’un de vivant de voirune fois de plus que c’est vrai.Et de puiser dans les yeux humains la leçonmême qu’on leur explique,La grande science des Sept Jours de Dieu quise déploie comme de la musique !(…)Et quand on n’a regardé qu’elle seule (laSagesse) et qu’on l’a enseignée si longtemps,Comment faire, autre part qu’en Dieudésormais, soi-même pour ne pas en êtreparticipant ?

Marc BOUCHACOURT

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5 Paul ClaudelFeuilles de SaintsŒuvre poétique, La Pléiadep. 603-604

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notre présence physique, à laquelle aucunordinateur ne saurait suppléer ; notre paroleenseignante, dont aucun recours à la librespontanéité ne saurait nous dispenser ; le temps enfin, la longue durée d’une heurede cours, d’une année scolaire, d’un cycle descolarité, temps d’un devenir qu’aucuneréforme ne saurait accélérer par décret.

Quel est donc, d’abord, l’enjeu spirituel de laprésence physique, la nôtre et celle de nosélèves ? L’humble rituel de l’«appel», endébut de cours, en est le symbole : on ne peutenseigner des savoirs que si chacun s’estd’abord senti, ou mieux, entendu appeler parson nom. Comme si le jeu des questions etdes réponses, dans la vie de la classe, étaitsuspendu invisiblement à un autre échange,celui de l’appel et de la réponse. «Dire : Mevoici. Faire quelque chose pour un autre. Etreesprit, c’est cela», écrivait magnifiquementLevinas. Etre élève ou étudiant, êtreprofesseur, c’est aussi cela. C’est doncd’abord, les uns pour les autres, les uns parles autres, être là. Et nous voici renvoyés àdes choses très modestes, infimes : ce vieuxmot de «tenue», par exemple, qui nedésignera pas exclusivement les vêtements,mais bien la manière dont chacun se tient enprésence de l’autre, comme s’il n’étaitpossible de tenir un discours vrai, de retenir

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(…) Un certain nombre des difficultés queconnaissent aujourd’hui les enseignants vientpeut-être de ce que nous n’avons pas assezpris en compte - en raison, soit d’unidéalisme inavoué, soit d’un naturalismetriomphant - la belle formule augustiniennede l’homme «spirituel jusque dans sa chair,charnel jusque dans son esprit». De fait, unenseignant n’a jamais devant lui de «pursesprits», mais des enfants et des adolescentsdont les aptitudes et les intérêts sontinfiniment divers et profondément enracinésdans un tempérament, une origine culturelle,un contexte familial et social, une histoirepersonnelle que nous ignorons souvent engrande part. Avant de «faire la classe»,comme on dit, il nous faut donc «faire uneclasse», faire surgir de ce chaos originel dediversités factuelles un ordre qui nonseulement en respecte et en exprime larichesse, mais la mette au service de la libertédes jeunes qui nous sont confiés. Nous nedisposons pour cela que de trois atouts :

réfé

renc

e

Les enjeuxspirituels

de l’enseignement

Sous ce titre, Lyon-Maristes propose à votreréflexion un texte ayant trait à la conduitescolaire.

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vers son âge d’homme, est une duréequalitative, imprévisible, incompressible. Etpeut-être, malgré la pression des programmesscolaires, est-ce aujourd’hui à l’école querevient le rôle, non seulement de garder dutemps aux jeunes - pour réfléchir, pour jouer,pour mûrir, pour recueillir et même,pourquoi pas, se recueillir – mais aussi toutsimplement, de garder le temps, si prompt às’émietter dans la fascination de l’instant.«L’urgence est de semer d’abord ce qui croîtle plus lentement» écrivait Soljenitsyne. Pourêtre sensible à cette urgence, qui est trèsprécisément l’urgence éducative, il fautconsentir aux patiences des semeurs, ne pasappeler trop vite «temps réel» la coïncidenceimmédiate de l’émetteur et du récepteur. Estréel en vérité le temps qui permet de naître àsoi-même, au monde, à Dieu. C’est le tempsdes écoliers, c’est aussi celui des enseignants.

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un éclair de beauté ou de signification, decontenir sa propre peur, ou sa propreagressivité, que si on se tenait d’abord soi-même, en un acte de présence dont la tenuevestimentaire et physique est alorsl’expression, et souvent même la gardienne.

Il y a aussi des enjeux spirituels de la parole,la nôtre et celle de nos élèves. L’école estmême un des lieux où ces enjeux affleurentde la manière la plus visible, puisque laparole y est tout entière régulée par cequ’Etienne Borne appelait «la tâche majeurede la vérité». Parler, incarner cette tâche devérité dans les limites des langues et dessavoirs constitués. Veiller sur la langue enexigeant le mot juste, la définition exacte, enécoutant le symbole qui chante «dans lesfourrés du vocabulaire»…Mais surtoutdonner des mots, car manquer de mots exclutet marginalise plus sûrement que toute autremisère, et la violence n’est bien souventqu’un immense déficit de moyensd’expression. Donner des mots : un don quiest immédiatement un partage ; un don quine préjuge pas de l’usage qui en sera fait, fût-ce aux dépens du donateur ; un don qui nefait ni créancier ni débiteur, mais seulementdes interlocuteurs.

Il y a enfin des enjeux spirituels de la duréescolaire. Car l’école est toujours une lenteaventure, et ce n’est pas sans raison que lebeau film de Nicolas Philibert, Etre et avoir,s’ouvre, dans une salle de classe, sur lecheminement incertain d’une tortue vers unemappemonde… Le temps des apprentissages,parce qu’il est celui de la croissance d’un jeune

Marguerite LENA

extrait de son intervention au colloque Transmettre organisé par le Collège supérieurnovembre 2002

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«Tu n’auras pas d’autres dieux devantmoi. Tu ne te feras aucune image sculptée,rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux,là-haut, ou sur la terre, ici-bas, ou dans leseaux au-dessous de la terre. Tu ne teprosterneras pas devant ces dieux et tu ne lesserviras pas.» (Exode, 20, 3-5)MOI : Comme on est loin du «Un seul Dieutu adoreras» dont je me souvenais ! Voilàque le texte commande non d’adorer, mais,en première urgence, de ne pas adorer ! LUI : Moi, justement, je n’ai pas besoin deme fabriquer un dieu, de me conformer auxordres que j’imagine qu’il me donne, de memettre à genoux devant lui, alors que c’estmoi qui l’ai fabriqué. C’est bien ce que ditton Dieu ? «Tu ne feras aucune imagesculptée», tu ne fabriqueras pas de dieu à tamesure, tu es assez grand pour marcher toutseul, tu n’as pas besoin de tomber à genouxtous les dix pas pour adorer les fantômes deton imagination. «Tu ne te prosterneras pasdevant ces dieux et tu ne les serviras pas». Tun’es pas né pour être esclave, tu es né libre. Ilest athée, ton Dieu !

- Oui… en un sens, oui ; et il s’adore sipeu lui-même qu’il crée l’homme à sonimage. Nous sommes l’image de Dieu ! C’estbien pour cela qu’il est si saugrenu d’aller enfabriquer un autre. «Dieu créa l’homme

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Foi d’incrédule à son image ; à l’image de Dieu il les créa ;homme et femme il les créa». (Genèse, 1, 27)Donc, quand je dis que je crois en Dieu,j’affirme que je crois en l’homme image deDieu.

- Alors, à quoi te sert Dieu ? Toutemythologie mise à part, qu’as-tu besoin deDieu, s’il en est ainsi ? Sois humaniste, aimel’homme, travaille à améliorer son sort, soislibre. As-tu besoin d’attendre, pour être libre,que Dieu te dise de l’être ? Crois en l’hommetel qu’il est, et il n’est pas une image.

- Mais quel est cet homme pour qui tum’invites à travailler ? Croire en l’homme estune foi, très noble, mais qui ne repose pasnon plus sur des critères évidents, et qui avite fait de transformer l’homme en sa propreimage, c’est-à-dire en l’idée qu’on se fait delui, et qu’on veut imposer à tout le monde.Les grandes barbaries du XXe siècle n’ont pasd’autre origine.

- Parce que les grandes idéologies ontfonctionné comme des religions. Ce n’est pasainsi que j’entends croire en l’homme. Mapremière exigence est d’être homme et de nepas aliéner mon jugement. Cela étant, mevoilà frère en humanité, et rien ne m’interdit,en toute raison et simplicité, de distinguer encette fratrie des frères plus admirables quil’élèvent, et me prouvent par-là que j’airaison de lui engager ma foi.

- Soit, mais après ? Resterons-nous à lesadmirer de loin, ces admirables frères, sanschercher à leur emboîter le pas ? Neplacerons-nous pas en eux, ne fût-ce quepour la matérialiser, la «prouver», comme tudis, notre foi en l’homme ? Mais nous netarderions pas, alors, à nous heurter à leursfaiblesses, à leurs failles, voire, misérablesort, à celles de leurs courtisans.

Méditation sur le Premier Commandement, en forme de dialogue avec un ami athée

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- Je connais ce couplet-là : tu vas me direque la perfection n’étant pas de ce monde, ceshommes admirables ne sont pas parfaits.Nous nous contenterons donc d’uneadmiration raisonnable. Ils nous inspireront,mais nous ne serons ni leurs zélateurs ni leursdévots.

- Facile à dire. Nous défiant donc de larévérence à un homme, nous adorerons laperception que nous avons de lui, lareconstruction que nous aurons faite de sesprincipes, de ce que nous appellerons ses idéeset qui seront en réalité les nôtres remâchées.Ou bien, nous défiant de nous-mêmes, nousfossiliserons ces belles idées en un catéchismeintangible dont nous ferons notre universelprincipe.

- Catéchisme, as-tu dit ?- Catéchisme. Tout catéchisme est

idolâtre.- Même celui de l’Eglise catholique ?- S’il est intangible, oui.- Dieu est décidément athée.- La Bible dit : «jaloux». Et dès que nous

le sommes moins que lui, «il punit la faute despères sur les enfants, les petits-enfants et lesarrière-petits-enfants».

- Mais t’imaginerais-tu, par hasard, qu’ilsuffise de prétendre ne croire qu’au Dieuunique pour échapper au piège ? Ton Dieujaloux, athée, ou comme il te plaira, ilfanatise, lui aussi, il enrégimente, il dogmatise !Dieu n’est pas une idée des hommes, dis-tu ?Alors il devrait avoir honte ! Quelle idée a faitplus de morts ? Regarde la Palestine, regardel’Afghanistan, l’Irak, les tours jumelles,Madrid, Londres…

- Oui, mais…

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- Ah oui ! je sais, ces fous-là ne sont pasde ta religion. Ne t’inquiète pas, elle en aengendré d’autres. Sans parler de Bush, donttu es encore capable de me dire qu’il estprotestant, rappelle-toi les guerres de religion,l’Inquisition, la christianisation forcée desIndiens d’Amérique latine, les pogroms…pour ne parler que des crimes dont ta chapelleest directement responsable, et non de ceuxqu’elle a couverts de son indulgence ! tu saisce qu’il me dit, à moi, ton PremierCommandement ? Il me dit qu’à refuserl’idolâtrie, on finit tout naturellement parvouloir exterminer les idolâtres !

- Eh non ! ce n’est pas le cas. Tu te trompes.- Je t’attends à l’explication.- Bon ! tu ne fais pas dans la nuance, mais

soit : il y a eu, dans l’histoire, des orgiesmeurtrières que «ma chapelle», comme tu dis,a suscitées, d’autres qu’elle a utilisées,d’autres attisées, d’autres tolérées. En cela,elle a nié son propre principe, et je te rappellequ’elle l’a solennellement reconnu, qu’elle ena même demandé pardon, parce qu’en cela,justement, elle se retrouvait elle-même. Car jedis, moi, que les faits que tu me cites vont àl’encontre du Premier Commandement, sansparler des neuf autres. Les Commandementsde Dieu ne sont pas une notice technique, niune ordonnance. Ils ne sont pas à l’infinitif(faire ceci… faire cela…) ni même à la formeaffirmative. «Tu n’auras pas d’autres dieuxdevant moi», me dit ce Dieu qui me parle. Cen’est pas d’autrui qu’il me parle, mais de moi.Je pourrais toujours dire, dans mon zèledévot, que ce qui vaut pour moi vaut pourautrui. Mais ce n’est pas à moi d’édicter pour autrui les Commandements de Dieu.

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Ce ne sont les Commandements de Dieu quesi c’est lui qui les donne ; si c’est moi, celadevient les commandements de mon Dieu, telque je me le suis retaillé, retouché, relooké,remixé, c’est-à-dire ceux d’une simple idole.L’idolâtrie, Dieu m’explique que c’est en moiqu’il faut l’exterminer, et que ma vie n’ysuffira pas. C’est au futur : quel zélote en afait un impératif ? Image de Dieu tu as étécréé, me dit la Genèse, et quand tu aurasrejoint ton Dieu, dans l’éternité de la vie qu’ilt’a donnée, alors tu n’auras plus d’autreDieu, et tu seras pleinement homme. Tu tecrois libre devant les hommes et esclavedevant Dieu ? C’est exactement l’inverse :devant Dieu seul, ta liberté n’est pas àconquérir.

- Magnifique. Mais alors pourquoi lespersécutions religieuses se perpétuent-ellesdans les siècles, quand les autres persécutionsn’ont qu’un temps, si barbare soit-il ?

- Parce que la foi en Dieu se perpétuedans les siècles, alors que les systèmespolitiques et idéologiques n’ont qu’un temps ;et la foi n’est pas toujours persécutrice, loinde là. Mais tu as raison : il y a une tentationidolâtre propre aux croyants monothéistes. Jesuis en butte à une idolâtrie de Dieu, quiconsiste à le réduire au rang d’une idolefabriquée par mes propres soins, et adorée enproportion de l’infinie estime que je souhaiteme porter au détriment des autres hommes,pourtant images de Dieu autant que je le suis.Oui, j’idolâtre mon Dieu quand je crois quema foi me place au-dessus de qui ne lapartage pas. J’idolâtre mon Dieu quand jerévère sans discernement toute personne quiprétend, selon certaines formes, parler en sonnom. J’idolâtre mon Dieu quand je tiens pour sacrés les objets mêmes de son culte, et

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non la Parole dont ils ne sont que les signes,quand j’adore le Livre de sa Parole, et non saParole elle-même. J’idolâtre mon Dieu quandj’imagine que son Église ne se trompe jamaiset que toute parole sortie de la bouche d’unprêtre, d’un évêque ou d’un pape, est sacrée.

- J’aime à te l’entendre dire !- Mais j’idolâtre aussi mon Dieu

personnel quand je rejette d’emblée ce qu’ilinspire à ceux de mes semblables qui se sontdonnés à lui ; je l’idolâtre quand je disqualifieson Église et cède à l’orgueil de vouloir êtrecroyant tout seul, en tête-à-tête avec un Dieuque je m’annexe et que je refuse aux autres.Car le rôle de l’Église est justement de meprendre par la peau du cou et de me remettreà genoux devant un Dieu qui n’est passeulement le mien et qui dépasse infinimentl’«image sculptée» que je tends à m’en faire.

- À genoux… Je n’aime pas cela. Ce n’estpas que je refuse de comprendre que l’on sedonne. Mais pourquoi aller chercher si loince qui élève l’homme au-dessus de lui-même ?Ainsi, le scientifique se donne à la science,l’artiste à l’art, le législateur à la justice. C’esttout de même autre chose que lesgesticulations des dévots.

- Celles des dévots idolâtres de leurconception de Dieu, sans contredit. Sedonner à la science, à l’art, à la justice, c’estavoir foi en l’homme, en ses facultés toujoursà déployer d’intelligence, de beauté, de bonté.Cela me convient tout à fait, mais…

- Mais je te vois venir : tu vas me dire quepuisque c’est à Dieu que les scientifiques, lesartistes et les législateurs doivent ces bellesfacultés, c’est en Dieu qu’ils croient quand ilscroient en elles. Tu oublies qu’en certainescirconstances historiques, il leur a fallu y croire contre Dieu, qu’ils ont eu bien raison,

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alors, de rejeter. Tu n’as pas le droit de fairerentrer en jeu par une ruse de ta dévoteinquiétude ce Dieu qu’ils ont rejeté par laforce de leur liberté.

- Ce n’est pas ce que j’allais dire. Je dissimplement que leur foi ressemble à celle queDieu m’insuffle, par le fait qu’elle est bienune foi, qui choisit de croire contre toutessortes d’arguments qui incitent à ne pascroire, et parce qu’elle se situe d’emblée enalternative radicale à toutes les idolâtries, ycompris l’idolâtrie d’elle-même : lescientifique devenu scientiste s’égare à écriredes catéchismes ; l’artiste devenu gourou seperd comme artiste ; le législateur quisacralise la loi devient bourreau.

- Alors ?- Alors, il me semble que la foi en Dieu

me donne, pour lutter contre l’idolâtrie, troisarmes qui, sans elle, leur manquent. D’abord,croire en Dieu ne m’empêche nullement, sitelle est ma vocation, de me donner à lascience, à l’art ou à la justice ; mais ellem’empêche de les déifier. Ensuite, ma foi merappelle que tout homme, autant que moi, estcréé à l’image de Dieu, m’interdisant ainsid’exécrer l’ignorant, le rustre ou le criminel.Enfin, elle m’épargne la tentation de dresserune part de l’homme créé contre les autres,en me donnant foi en tout l’homme, et nonen une seule part de ses facultés.

- Fort bien ; mais tout cela ne repose surrien, puisque Dieu n’existe pas.

- Nous revenons au début : l’hommedans lequel tu choisis de croire lorsqu’en bonhumaniste, tu crois en l’homme, n’existe pasdavantage. Tu n’en as que des signes, dontl’un des plus marquants est la foi que tu luiportes. Je ne crains pas que Dieu n’existe pas.Il me parle à travers mon histoire humaine, la

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mienne propre et celle de l’humanité, et ilm’insuffle la foi, et il me conduit à êtrehomme et à tenter de rejeter les idoles detoutes sortes qui égarent les hommes. Peut-être es-tu seulement plus fort que moi,puisque tu affirmes n’avoir pas besoin de lui.

- Je n’aime pas ce ton ironique. Jeconnais votre argumentaire : tout à l’heure,tu vas me dire que Dieu a besoin de moi, etquand je t’aurai répondu, une fois de plus,qu’il n’existe pas, tu me demanderas d’où mevient, s’il en est ainsi, la force qui me rejettedans la société des hommes chaque fois queje suis tenté de me retirer sur mon balconpour regarder, comme dit Brassens, «passerles cons». Bref, tu vas essayer de me prouverque je crois en Dieu malgré moi. Je tepréviens, si tu essaies, je mords !

- Tu aurais bien raison ; et je n’étais pasironique. Tu as, en effet, une force, quej’admire. Je vais même te dire une chose : ilest vrai qu’une foi vivante ne peut pasreposer uniquement sur une parole écritepour les siècles des siècles. Il est vrai, que laprière, parfois, se refuse au croyant en dangerde désillusion. Mais alors Dieu continue delui parler par ses actes et par les rencontreshumaines qu’il lui ménage, et toi, prends-lecomme tu voudras, tu es de ceux dont la foien l’homme et la soif de liberté me remettenten présence de Dieu ; de ceux par qui je croisen l’homme image de Dieu, et non enl’homme image de l’homme.

- Incorrigibles… Vous êtes incorrigibles !- Après ce cri du cœur, tu ne diras pas

que c’est moi qui essaie de te convertir !

Vincent RICARD

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Le père Jean-Claude Colin, fondateur de laSociété de Marie, voulut lui donner une devise,une ligne de conduite, un principe de vie quijustifie le nom de cet ordre : «Penser, juger,sentir, agir en toutes choses comme Marie elle-même.» Cette exigence est à la source de toutce qui a été entrepris par les Pères et SœursMaristes par la suite. Nous nous proposonsdonc, en ce début d’année scolaire, de revenir àla source de ce que nous vivons à l’externatSainte-Marie, et de comprendre comment nouspouvons, nous aussi, en tant que parents,professeurs et éducateurs, vivre cet appel dupère Colin, car il est particulièrement pertinentquand nous l’appliquons à l’œuvre del’éducation. Par ailleurs, cet appel est sourced’une grande joie pour celui qui veut yrépondre, car Marie incarne la joie de vivre cequ’il y a d’unique dans la vie personnelle.Appelée elle-même à une mission exceptionnelle- éduquer le Messie, le Dieu fait homme - elleinvite chacun à accueillir avec autantd’émerveillement la vie unique qui lui estdonnée, car toute personne est irremplaçable.

Présentation

Les mystères joyeuxde l’éducation

Quand nous regardons vivre cette maisonqu’est l’externat Sainte-Marie ; quand noussongeons à tous ces jeunes, ces professeurs, cespères maristes qui la peuplent depuis tantd’années et qui, chaque rentrée, larenouvellent ; quand nous rencontrons sirégulièrement les «anciens» qui s’y sont forméset qui sont heureux d’y inviter leurs enfants ousimplement d’y revenir partager quelquesouvenir savoureux, nous sommes forcés dereconnaître que tout cela, tout ce qui seproduit ici, du plus ordinairement quotidien auplus marquant pour chacun, n’aurait jamais eulieu sans un commencement qui pourraitparaître anecdotique. Ce ne fut qu’une simpleintuition. Ce fut le désir d’un jeune prêtre dudiocèse de Lyon, qui, avec quelquescompagnons, fondait au début du XIXe sièclela Société de Marie sur un conseil : «Penser,juger, sentir, agir en toutes choses commeMarie elle-même.» Il faut bien remarquer quecette exigence du P. Colin, partagée avec tousceux qui le suivraient, fut à la source de tout cequ’entreprirent les Pères et les Sœurs Maristesjusqu’à aujourd’hui, en particulier leur œuvred’éducation. Il faut donc que cet appel soit

«… comme Marie.»

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vrai et puissant, qu’il soit fructueux lorsqu’ilest pratiqué, car, dans cette maison, nousvivons encore de son écho chaque jour,même quand nous n’y pensons pasexplicitement. Nous voici alors invités àrevenir à la source, à raviver sans cessel’inspiration première qui doit nous animerpour faire porter à cette maison tout le fruitd’éducation qu’elle veut susciter.

A quelle démarche nous invite donc le P. Colin ? «Faire comme Marie»,autrement dit l’imiter, la prendre

pour exemple, et cela, non pas seulement encertaines situations exceptionnelles, non pasuniquement quand il s’agit de paraître plusspirituel face à tel évènement. Car cetteimitation n’a pas à se rajouter au corpus despratiques qui constituent ce qu’on appelle lapiété mariale. Cette imitation est unevocation, c’est un appel qui interpellel’ensemble de notre existence afin que nous lamodelions, jusqu’à ses dimensions les plusconcrètes, sur les attitudes et les choix queMarie a posés au cours de la sienne. Pournous, suivre le P. Colin revient à traduire ceque nous savons de Marie par les Ecrituresdans le contexte le plus concret, le plusincarné de notre effort d’éducateurs. Nous quisommes parents, professeurs ou cadreséducatifs, nous serons surpris de voir lapertinence des attitudes, des actes simples, desdéclarations de la mère de Jésus.L’éducation ne peut se passer de l’exemplevivant. En effet, il ne s’agit pas de partageravec l’enfant de belles paroles seulement

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édifiantes, et encore moins de se contenterd’ordonner ce dont on ne se donne même pasla peine de vivre : une exigence se vérifie, etuniquement par l’existence que s’efforce demener l’éducateur. L’enfant peut certescomprendre qu’il vaut mieux faire ce quedisent ses maîtres plutôt que ce qu’ils font.Malgré cela, quand il lui faut juger le bien-fondé de ce qui lui est transmis, rien n’estplus décisif que l’illustration concrète etrigoureuse qu’en donne l’éducateur par sonattitude face à la vie. La vérité éducative estdonc bien plus existentielle que théorique.

Etre un exemple devant l’enfant signifiepour l’éducateur de ne pas se soustraireau devoir de présence. Si nous

transmettons le cœur de notre messageéducatif non seulement par le langage maissurtout par l’expression de notre vie, l’enfantdoit nous voir vivre et appréhender lessituations que lui-même aborde dans sonquotidien : le travail, l’édification des amitiés,l’apprentissage de soi. A ce propos, nousvoudrions citer en extrait un songe que saintJean Bosco fit de l’Oratoire qu’il avait fondé,et qui, à un moment de son vivant déjà,perdait un peu de vue sa vocation. Il vit enrêve que la joie des enfants avait disparu deleur vie scolaire et il se demandait commentun si triste changement avait bien pu seproduire. Voici ce qu’il comprit : «La cause duchangement actuel à l’Oratoire, c’est qu’uncertain nombre de garçons n’ont pas confianceen leurs supérieurs. Maintenant, les supérieurssont considérés comme des supérieurs, et non

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plus comme des pères, des frères, des amis ;ils sont craints et peu aimés. Qui veut êtreaimé doit montrer qu’il aime. Jésus-Christ sefit petit avec les petits et porta nos faiblesses.Voilà le maître de la familiarité ! Leprofesseur que l’on ne voit qu’au bureau estprofesseur et rien de plus : mais, s’il partagela récréation des jeunes, il devient comme unfrère. Celui qui se sait aimé aime, et celui quiest aimé obtient n’importe quoi, surtout desjeunes.» Ainsi, selon Jean Bosco, le véritablefondement de l’autorité se trouve dans laprésence attentive et bienveillante de l’adulte,qu’il soit parent ou éducateur.

Toutefois, si le P. Colin donne un exemple àsuivre, ce n’est pas le sien. Cela signifie qu’ilne cherchera pas d’abord à être le modèle deses compagnons, avec tout ce que cela peutentraîner de regards sur soi. Il existe, en effet,un réel orgueil à vouloir tout bien faire parsoi-même. Au contraire, prenant Mariecomme modèle, le P. Colin se met d’embléedans la position de celui qui a besoin d’êtreéduqué. Il se propose d’abord de recevoir,avant de transmettre, car celui-là saitapprendre à autrui, qui sait d’abordapprendre d’un autre ; celui-là sait se faireobéir quand il sait lui-même obéir etrespecter l’autorité ; celui-là enfin sait devenirun exemple quand il reconnaît ce qu’il y ad’exemplaire chez autrui.Pourquoi s’attacher à imiter Marie toutparticulièrement ? La réponse est simple.Toute la vie de Marie est consacrée àl’éducation, et pas n’importe laquelle,

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puisqu’elle a instruit le Verbe de Dieu faitchair. Comme Mère de Dieu, «Theotokos»,Marie n’en est pas seulement la génitrice,mais, avec l’aide de Joseph son époux, elleassure le développement et la croissance duSauveur jusqu’à sa vie autonome : «Il leurétait soumis (...) Quant à Jésus, il grandissaiten sagesse, en taille et en grâce, sous le regardde Dieu et des hommes» (Lc 2, 51-52). Ainsi,il paraît évident que le modèle de Marie estparfaitement approprié pour inspirerl’éducateur.

Au commencement de son Evangile, saintLuc rapporte la visite que fait l’ange Gabrielà Marie, lui dévoilant le sens de sa vie. Apartir de ce moment-là, elle sait qu’elle serala mère du Sauveur. En quoi cet évènementexceptionnel peut-il éclairer notre vieordinaire ? Qui n’aimerait bénéficier de cetype de manifestation qui semble toutsimplifier et répondre aux questions que nousnous posons sur notre avenir ? Pourtant, parsa parole, l’ange ne fait que répondre àl’attente de Marie. Comme toute femme juiveayant la foi, elle attend le Messie de façonparticulière puisqu’elle peut en être la mère.Toutefois la façon dont Marie reçoitl’invitation de l’ange et y répond par l’abandonde toute sa personne («Je suis la servante duSeigneur, que tout se passe pour moi selon taparole» Lc1, 38), montre à quel point cetteinvitation correspond à son aspiration

Qu’attendez-vous de la vie ?

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personnelle. Comment adhérer à une telleproposition sans s’y être préparée, sansl’avoir profondément désirée, bref, sans ycroire pleinement. S’il nous est rapporté qu’àl’accueil de l’ange, Marie «fut toutebouleversée» (Lc1, 29), c’est qu’elle nes’attendait pas à ce genre de manifestation.Pourtant l’aplomb de sa réponse révèle que sonattente l’avait préparée à vivre de grandeschoses.

Ainsi, Marie nous interpelle, jeunes etéducateurs, sur ce que nousattendons de la vie, pour nous-

mêmes et pour ceux qui nous sont confiés.Vous, les jeunes, croyez-vous que vouspourrez, durant votre vie et dès maintenant,vivre de grandes choses ? Pensez-vous quevotre vie est unique et qu’elle peut alors vousétonner ? Ou, au contraire, préférez-vousfaire comme les autres et correspondre à leursregards, à leurs attentes ? Peut-être êtes-vousdéjà assez blasés pour croire que la vie nepeut être, tout au mieux, qu’un ensemble desatisfactions faciles, toutes possibles avec unpeu d’argent et quelques belles apparences ?

Quant à nous, éducateurs, croyons-nous enl’autre qu’est l’enfant ? Sommes-nouscapables de l’appeler à vivre sa vie unique etirremplaçable, comme l’ange a appelé Marie ?Ou bien l’avons-nous déjà «glacé» dans l’unede nos catégories raisonnables qui aiment àproduire des étiquettes définitives ? L’attenteheureuse et récompensée que Mariemanifeste à l’Annonciation n’a rien de passif.Elle n’est pas un attentisme. Au contraire,

elle est la condition de tout vrai grand choixpour soi-même. Quand on n’attend plus rien,qu’on se résigne à une situation, c’est alors quel’on se prédestine soi-même à rester dépendantde ses habitudes et des circonstances externes.Souvent, nous faisons passer la résignationpour ce réalisme prétendument lucide quiconduit à traiter sa vie comme on traite desaffaires, méprisant en coin l’enthousiasmetrop prononcé. Pourtant, c’est cette attitudefaussement sensée qui ôte à la vie son goût etpeut amener à désespérer. La fatalité ne vientpas tant de l’obstacle de circonstancesdéfavorables.

De ce point de vue-là, Marie n’est pasraisonnable. Elle sait s’interroger demanière cohérente quand elle

rappelle à l’ange l’obstacle de sa virginité.Pourtant, une fois la réponse entendue à cesujet, elle décide de croire totalement en lapromesse qui lui est faite. Elle ne doute paspour douter, parce que «ce serait trop beaupour être vrai». Ainsi, le désir de Marie nousrenvoie bien plus à notre dignité de sujet,capable de se décider malgré la faiblesse et lerisque de l’inconnu, qu’à une attenteimpuissante.

Par là, Marie nous découvre le vrai sens de lamagnanimité, qui est la vertu des grandeschoses. Aristote écrit «Le magnanime estcelui qui se juge digne de grandes choses, etqui en est digne.» Il occupe donc le justemilieu entre le présomptueux qui surévalueses capacités et le pusillanime qui se dénigre

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et fait preuve d’une modestie frileuse plutôtque d’une vraie humilité. Le magnanimereconnaît donc sa valeur et en tire une fiertéméritée qui l’invite à se réjouir de sa vie et àen exiger beaucoup. Le magnanime a le goûtde ce qui est vraiment grand, de ce qui vautvraiment la peine d’être recherché. Il n’estpas orgueilleux, il est avant tout conscient desa dignité de personne, et c’est le respect delui-même qui oriente ses choix, plus quen’importe quel désir passager ou mesquin. Lamagnanimité peut donc être aussi appelée lagrandeur d’âme, cette vertu rare parce qu’ellesuppose de garder la mesure dans la grandeurmême. Trop présumer de ses forces, c’estprésomption, c’est-à-dire, non pas forcémentdésirer plus que le magnanime, mais viser trophaut pour soi-même. Il s’agit donc de chercheravant tout à se connaître soi-même,notamment avec l’aide de ceux qui éduquent,pour choisir le plus grand et non rêveusementdésirer l’impossible. Là est la vraie définitionde la réussite. Peu importe la richesse etl’ampleur de nos dons, l’essentiel étant l’usageque chacun en fait. Aspirant à peu ou àbeaucoup, aspirons au plus grand, au plusbeau, au meilleur. Marie n’excède pas sesforces en acquiescant à l’invitation de l’ange,car la promesse de l’action de la Providence luiest faite : «L’Esprit saint viendra sur toi et lapuissance du Très-Haut te prendra sous sonombre.» (Lc 1, 35) Chers jeunes, comptez-vous sur la Providence dans vos efforts, votretravail scolaire et la construction de votre vie ?Et nous, éducateurs et parents, croyons-nous à l’action quotidienne et perpétuelle de Dieuen nos enfants ? N’est-il pas juste que tout ce

qui ne dépend pas de nous soit effectivementet sans retour remis à la bonté de Dieu ?De même, où en sommes-nous de l’ambitionque nous plaçons sur nos enfants ? Nerecherchons-nous pour eux que laconsidération présente et future ? Pensons-nous avant tout à leur capacité à construireleur vie professionnelle, ou bien fournissons-nous au moins autant d’effort à leurapprendre à bâtir leur future vie familiale etpersonnelle ? Cherchons-nous vraiment à ceque se manifeste leur vraie grandeur ?

Saint Jean Bosco, en accueillant dans sonOratoire un jeune trop spontanément austèreet qui allait devenir saint Dominique Savio,lui déclara : «Pour nous, la sainteté, c’est êtretoujours joyeux !». La vie de Marie, toutparticulièrement pendant l’enfance du Christ,manifeste avec éclat la joie que l’on peutvivre dans la relation d’éducation, tantcomme éducateurs, que comme jeune qui setransforme. Quelle joie peut ressentir Marie àla voix de l’ange et à son message ? Toutd’abord la joie d’accueillir sa vocationpersonnelle. Marie reçoit la réponse tantattendue de celle qui veut savoir commentdonner sa vie pour lui donner son sens.Vous les jeunes, cherchez-vous cette réponsepour vous-mêmes ? Et nous, parents etéducateurs, sommes-nous assez ouvertspour accueillir les grands choix que nosenfants peuvent avoir mûris ?

L’art de la joie.

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D’autre part, Marie ne se réjouit pas seulementde ce que sa fidélité, et celle de tant d’autres, setrouve récompensée par la venue du Messie.Marie sait bien qu’elle ne mérite pas tant,malgré toute son application à se donner àDieu. Le mérite est bien peu de chose au vudes dons de Dieu. Sa joie peut-être la plusprofonde est justement de reconnaître laProvidence divine, c’est-à-dire la gratuité desbontés de Dieu. Finalement, si elle a étéchoisie pour incarner le Christ, c’est parcequ’elle est «Comblée de grâces» (Lc 1, 28),qu’elle a tout reçu de Dieu gratuitement. Pournotre propre vie, nos travaux, nos difficultés,comptons-nous sur la grâce, le don de Dieu ?Pour prendre conscience que cela n’est pas,par définition, une attitude puérile, quiconduit nécessairement au quiétisme, nouspouvons faire mémoire de tout ce que nousavons déjà vécu de bon dans notre vie et destalents que nous possédons naturellement.Avons-nous de quelque façon mérité cela ? Nepouvons nous, dès lors, nous réjouir de ce quenous sommes et qui est donné gratuitement ?

Remarquons que la générosité ne vientvraiment qu’avec la reconnaissanced’avoir reçu gratuitement, «d’avoir de

la chance», comme on peut dire. Partant dece principe, l’enseignement et l’éducationapparaissent comme des sources intarissablesde joie, car ce sont des relations d’effortspartagés et d’attention mutuelle où l’onreçoit beaucoup de part et d’autre. Si nous enretenons deux, nous pouvons citer, pour lesjeunes, la joie d’apprendre et de découvrir

chaque jour un peu plus la réalité. Un jeuneest-il condamné à n’apprendre que pardevoir, ou seulement parce que cela faitpartie du programme ? Ne peut-il se déciderà apprendre parce qu’il y a de la joie à savoirce qu’on ignorait jusque là, même quand celane lui sert apparemment pas immédiatement ?Il faut alors bien reconnaître que l’espritcurieux facilite la joie dans les études etl’apprentissage de la vie. Pour les adultes, lajoie première est celle de la présence de cesjeunes, chacun unique, tous différents, etdont la personnalité que l’on peut toujoursmieux découvrir est toujours une sourced’étonnement. Quel que soit l’enfant, il y achaque jour quelque chose de nouveau àvivre avec lui, qui nous enrichira et le feragrandir. Nos derniers propos pourront peut-être faire sourire par leur naïveté. Il seraitdonc important de comprendre en quoi lajoie n’est pas un sentiment de sympathie pourla vie, qui vient et qui repart quand bon luisemble. Curieusement, et contre l’opinioncommune, remarquons que la joie ne vientque quand on l’a décidé. Vivre la joie dansles études ne dépend donc pas de lamotivation, ni du fait que «ça intéresse»,mais vient de ce que nous changeons notreregard sur elles et les prenons comme unevraie source intarissable de découvertes. Demême notre joie à accueillir les enfants nedépend pas du fait qu’ils sont agréables etsympathiques par eux-mêmes, mais de ce quechaque personne en tant que personne estintéressante en soi. En ce qui concerne la joie,la première parole de l’ange à Marie

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ressemble à une injonction : «Réjouis-toi !»(Lc 1, 28). On n’est pas joyeux par accident,cela serait beaucoup trop éphémère, mais parvolonté, même malgré certaines circonstancesqui nous semblent des obstacles. Comme leremarque le philosophe Alain, «Il n’est pasdifficile d’être malheureux ou mécontent ; ilsuffit de s’asseoir, comme fait un prince quiattend qu’on l’amuse ; ce regard qui guette etpèse le bonheur comme une denrée jette surtoute chose la couleur de l’ennui ; non sansmajesté, car il y a une sorte de puissance àmépriser toutes les offrandes ; mais j’y voisaussi une impatience et une colère à l’égarddes ouvriers ingénieux qui font du bonheuravec peu de chose, comme les enfants fontdes jardins. Je fuis. L’expérience m’a fait voirassez que l’on ne peut distraire ceux quis’ennuient d’eux-mêmes. […] Ce qui meparaît évident, c’est qu’il est impossible quel’on soit heureux si l’on ne veut pas l’être ; ilfaut donc vouloir son bonheur et le faire. Ceque l’on n’a point assez dit, c’est que c’est undevoir aussi envers les autres que d’êtreheureux. […] Tout homme et toute femmedevraient penser continuellement à ceci quele bonheur, j’entends celui que l’on conquiertpour soi, est l’offrande la plus belle et la plusgénéreuse.»

Concluons

Jean-Patrice ARDUIN

La portée du conseil du père Jean-ClaudeColin d’imiter Marie dépasse de loin ce quenous venons d’en dire. Peut-êtrecommençons-nous à saisir que l’éducateurcomme l’enfant peut en retirer une grandesource d’inspiration et un vrai bénéfice poursa vie présente et à venir. Puissions-nousalors répondre à cet appel et vivre la devised’un autre père mariste, saint Pierre Chanel :«Aimer Marie, et la faire aimer.»

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La statue du Bernin prend place dansun projet qui associe étroitementla sculpture à la peinture et à

l’architecture, toutes trois concourant àl’effet recherché par l’artiste, dans une visiond’ensemble à laquelle on donnait le nom de«composto». Ainsi le Bernin a-t-il réalisé unesorte de chapelle dans la chapelle, en ouvrantau-dessus de l’autel qui abrite le sarcophagede la Bienheureuse, un espace nouveau oùprennent place la statue1 et, sur le mur dufond, un peu au-dessus d’elle, un tableau.Ludovica est représentée dans sa robe defranciscaine, allongée sur la couche où, sesentant défaillir, elle s’est laissée tomber ; ellepresse ses deux mains contre sa poitrine ; seslèvres sont entrouvertes ; sa tête, au regardmourant, plonge en arrière sur une pile decoussins. Des têtes de chérubins ailés volent àsa rencontre, dans la lumière qu’ils reçoiventdes deux fenêtres cachées, ouvertes dans lesparois latérales, tandis qu’au-dessus d’euxplane la colombe du Saint-Esprit, diffusant sagloire de rayons dorés.

Exaltée par l’éclairage indirect et le contrastequ’apporte la lourde draperie de jaspe rougeencore accrochée au lit, la blancheurmarmoréenne de la statue surprend ; dèsl’abord, nous sommes saisis par cette visionqui surgit de l’ombre, irradiée d’une lumièreirréelle ; un effet d’optique dû à la perspectivearchitecturale délibérément accentuée - del’arc de l’autel à celui du tableau - la faitcroire lointaine et proche à la fois. Est-cebien encore une statue que nouscontemplons, rattachée à notre espace réel

Rome, quartier du Trastevere, égliseSan Francisco a Ripa : à gauche de lanef s’ouvre la chapelle Albertoni dont

la restructuration, achevée en 1674, permetau Bernin de signer, à l’âge de 70 ans, une deses plus grandes réussites. Commandée par le cardinal Albertoni, cetterestauration s’inscrivait probablement dansun programme de propagande pour obtenirla canonisation de la Bienheureuse LudovicaAlbertoni, une de ses ancêtres, dont le cultevenait enfin d’être officialisé par l’Eglise, en1671. Née en 1473, Ludovica fut une femmepieuse qui, à la mort de son mari, décidad’être tertiaire franciscaine ; ses actionscharitables et sa dévotion suscitèrentl’admiration de ses contemporains. Dès samort, elle fut considérée comme une sainte ;on l’enterra dans cette chapelle construite àla fin du XVè siècle et primitivement dédiée àsainte Anne, d’où la présence de la mère de laVierge dans le tableau de Giovan BattistaGaulli, dit «Baciccio» peintre de grand talentà qui on doit la fresque triomphale de lavoûte du Gesù et qui collabora avec le Bernindans les années 1670.

Un «bel composto»

A Gabriel Meaudre

1 D’habitude cette statuese trouve sous l’autel :

la Sainte Cécile de S. Maderno (1600) en est un bel exemple.

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n’est pas une douleur corporelle ni uneblessure matérielle, elle est toute à l’intérieurde l’âme…» Le sculpteur n’avait pas d’autrechoix que ce bouillonnement de marbre pournous faire saisir - par analogie - lebouillonnement de l’âme. Car le corps deLudovica a quasi fondu, disparu, emportéqu’il est dans la tourmente de tissu quiabsorbe ses formes. Et cette tourmente trouveun écho atténué dans la lourde draperie qui aglissé du lit et précède la statue dont ellereprend la disposition horizontale et leslignes de force, mais simplifiées et commeapaisées dans une somptueuse transitionjusqu’à la pierre d’autel.

Participent aussi du dessein d’ensemble,voulu par l’artiste, la peinture, les têtesd’angelots en stuc2 et le décor des

boiseries, sur les parois latérales de la nicheet le pourtour du tableau. Celui-ci n’a paspour fonction d’ouvrir l’espace comme leferait une vue à travers une fenêtre ; il nejoue pas non plus seulement le rôle d’uneimage de dévotion ; il délivre le sens profondde la scène. Un réseau de correspondanceslie, en effet, la peinture à la sculpture, sainteAnne à Ludovica. Si, dans la vie, toutes deuxfurent des mères exemplaires et des veuvesirréprochables, dans le «composto», les deuxfigures se ressemblent aussi : toutes deux sontrevêtues du même habit franciscain etcoiffées du même voile ; façon habile desuggérer que par l’attitude, la dispositionintérieure, elles se ressemblent encore. Demême que sur la toile du Baciccio, sainteAnne reçoit l’Enfant Jésus des mains de la

par le marbre rouge dont les plis débordantscascadent jusqu’à l’autel de même matière etde même couleur ? N’est-ce pas laBienheureuse elle-même qu’il nous est donnéde voir, comme par miracle, dans les derniersinstants de sa vie terrestre ?

Cependant il est assez difficile de décider s’ils’agit des poignants soubresauts d’une agonieou des tensions ultimes de l’extase. Quoiquedeux candélabres funéraires figurent sur lesboiseries, de part et d’autre du tableau, il estprobable que, si le Bernin avait voulureprésenter la mort de la sainte femme, ilaurait placé entre ses bras le crucifix qu’elleétreignait, selon ses biographes. L’ambiguïtéest donc délibérément entretenue par lesculpteur qui se complaît à fixer des étatsparoxystiques tout autant que transitoires.Après celle de sainte Thérèse réalisée pour lachapelle Cornaro dans l’église Santa Mariadella Vittoria, nous avons bien droit àl’extase mystique de Ludovica. Et commedans toute extase, il y a une sorte d’agonie.Le corps est travaillé, retourné, bouleversépar une force mystérieuse qui l’anéantit ; iln’est plus que plis, et le foyer de sasouffrance est révélé par la turbulenceinhabituelle de la robe agitée de remouscontraires et compliqués. Souffrance ambiguëpuisqu’il n’y a pas de mort réelle et que lecorps, tout au contraire, par le buste dressé etla contre-courbe du cou arqué, sembles’offrir dans un abandon sensuel. Le Bernintraduit admirablement dans le marbre cetétat indéfinissable dont parle sainte Thérèsed’Avila dans ses Relations spirituelles quandelle évoque «une douleur si vive qui la faitgémir, mais en même temps si délicieuse quel’âme voudrait qu’elle ne cesse jamais. Ce

Incendium amoris2 Ces angelots font écho

à ceux qui volettent sur la toile et relient cette dernière

à la sculpture.

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De fait, l’intention du «composto» seraitinaboutie si sa contemplation ne provoquaitqu’une émotion esthétique : celle-ci trouveson achèvement dans une «expérience»religieuse à laquelle est convié le fidèle quipénètre dans la chapelle : la dramaturgiebaroque réclame sa participation. L’unionmystique de la Bienheureuse qui «reçoit» leChrist lui est proposée comme un modèledont l’imitation n’est possible que par le ritesacramentel de la communion ; l’autel-sarcophage invite d’ailleurs à la célébrationeucharistique ; par l’absorption de la divinehostie se joue au plus intime du croyant lemystère de «noces» indicibles, l’infusionradieuse de la Grâce qui transfigure.

Vierge, de même Ludovica reçoit, mais defaçon totalement intériorisée, le Christ. C’estce que signalent les deux groupes dechérubins : ils tracent deux lignes obliquesconvergentes qui se rejoignent précisémentoù Ludovica porte ses mains. Ces angestransforment la lumière naturelle, qu’ilsreçoivent des fenêtres invisibles, en Lumièredivine ; devenus vecteurs de la Grâce, ils latransmettent à la Bienheureuse qui s’entrouve irradiée. Ils allument en son coeur uneincandescence qu’on devine inouïe,enflamment son corps de marbre, brasiersouple et vivant, dans une torsion, unetension, un spasme délectable. Et ce cœurincendié d’amour3, consumé de «passion»mystique, se retrouve dans le décor de bronzeou de bois doré, sur le devant d’autel et lesmurs, avec ces deux autres emblèmes del’extase que sont les roses des «noces»christiques et la grenade éclatée, métaphoredes délices de l’Amour divin.4

Avec cet aménagement de la chapelleAlbertoni, le Bernin signe une de ses œuvresles plus touchantes et les plus accomplies.Quand la lumière mouvante du jour, commepar enchantement, se pose sur la robe auxplis multiples, le marbre s’anime alors d’unfluide réseau d’éclats qui bougent, d’ombresprofondes qui s’insinuent dans la pierre ourampent à sa surface, et la radieusetourmente du vêtement s’éclaire au contactdu jaspe veiné de flamme et d’ambre. «Cen’est plus un art des structures, mais destextures» écrit Gilles Deleuze. A l’évidence«les plis du vêtement sous la forme sublimeque le Bernin leur donne en sculpture … nes’expliquent plus par le corps, mais par uneaventure spirituelle capable de l’embraser»5.

3 L’extase est caractérisée par lesbrûlures de ce que les théologiensnomment l’Incendium amoris

4 Dans le Cantico Espiritual(v.36) de saint Jean de la Croix(VII), l’Epoux et l’Epousepartagent le suc de la grenade,délectation d’amour divin quel’âme reçoit de Dieu et lui offreen retour.

5 Gilles Deleuze, Le Pli, p. 164,165

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homélie départ de M.Gaucherand ciné-club

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…Rome, quartier du Trastevere, sur lesmarches du parvis de San Francesco a Ripa,quelques élèves attendent au soleil de cetaprès-midi d’avril leurs camarades encoredans l’église… Dans la pénombre délicieuse,on ne parle qu’à mi-voix : formules inspirées,commentaires provocants, rectificationsréciproques, le reste du groupe se plaît à lastéréophonie heureuse ou discordante desdiscours proposés. Gabriel improvise,s’amuse, contredit, tousse, s’impatiente,rectifie : l’architecture trappue… l’odeur depierre humide… cette «extase» du Bernin. Telun phylactère, se déploie un drapé de paroles :épuisement et béatitude, souffrances etplaisirs, l’art et la vie. Dans ma mémoiredepuis s’ajoutent images et silence.

Michel LAVIALLE

Bibliographie :

Howard Hibbard, Le Bernin, éd. Macula, 1984

Giovanni Careri, Envols d’amour,«Le Bernin : montage des arts etdévotion baroque», éd. Usher, 1990.

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maître pour Pierre : «Avance au large… etjette les filets». Vous imaginez, Pierre, unprofessionnel de la pêche ! Il sait très bienqu’en plein jour les poissons vont dans lesfonds, qu’il est très difficile de les attraper,surtout quand toute la nuit on n’en a pas prisun seul. J’imagine que Pierre a bougonné :«Mais je connais mon métier quand même,nous n’avons rien pris de la nuit ! A quoi boninsister, salir à nouveau nos filets pour rien ?»Mais il a ajouté (et c’est cela qui estremarquable) : « Sur ta parole, je vais jeter lesfilets». Nous connaissons la suite, ce fut lapêche miraculeuse. Et Luc insiste sur lecaractère exceptionnel de cette pêchesurhumaine : les filets se déchirent… une aideest nécessaire… on remplit «deux» barques…elles s’enfoncent !

Alors Pierre prend conscience qu’il est«dépassé». Malgré tout son savoir, malgrétoute sa technique, il se sent tout à coup unpauvre homme, limité. Il n’a pas dit «Génial !j’ai fait l’affaire de ma vie ! » Non, lucidementet honnêtement, il réalise la distance qui lesépare de Jésus. Et il lui crie : «Eloigne-toi demoi, je ne suis qu’un pécheur». La rencontrede Jésus lui a donc révélé sa petitesse. Et sescompagnons, autant que lui-même, font cetteexpérience de la finitude de l’être humain.Tous se sentent tout petits face à ce qui estarrivé.

Quelle belle leçon d’humilité et d’obéissance !Quel bel enseignement pour nousaujourd’hui car, en fait, nous sommes assezproches de Pierre ! Nous aussi, nous sommesdes professionnels, non de la pêche mais de

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Du travail quotidien de pêcheurs de poissonsà celui de «pêcheurs d'hommes», quelleaventure ! Et pourtant, c'est sur la parole deJésus que les apôtres laissent tout pour lesuivre. Comment ne pas s'émerveiller d’un telitinéraire, devant une telle décision et enmême temps s'interroger sur sesrépercussions, y compris pour aujourd'hui ?

Mais commençons par le début. Luc nousdonne à contempler une scène bien concrète !Une foule suit Jésus, empressée à l'écouter. Atel point qu'au bord du rivage, apercevantdeux barques, Jésus monte dans l'une d'elles,demande à Simon-Pierre de s'éloigner un peudu rivage. De cette tribune improvisée, ilpourra être vu et surtout entendu de tous carla voix porte sur l’eau. Quand Jésus a fini deparler, on imagine bien Pierre et sescompagnons heureux du service rendu…satisfaits d’avoir collaboré à la mission. Etbien contents, ils s’apprêtent à rentrertranquillement. Et voilà, soudain l’ordre du

Homélie de la messede rentrée des professeurs

la pêche miraculeuse

Lectures : Luc 5, 1-11

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pêches miraculeuses qui sont limitées, maisnotre capacité à croire et à saisir ce que Dieunous offre. Si notre foi jette son ancre dansles profondeurs, le filet trouvera de quoi seremplir !

Revenons à l’évangile : Jésus dit à Simon«Sois sans crainte». Il rassure Pierre et, enmême temps, il lui donne une nouvellemission : «Désormais, ce sont des hommesque tu prendras». Le signe de la pêcheextraordinaire provoquée par Jésus est unemanière de dire à Pierre qu’il a mission detirer les hommes en dehors des eaux,lesquelles symbolisent les forces du mal, et deles libérer. Cette mission de Pierre est aussi lanôtre. Jésus a besoin de nous. Il y a plus de3800 élèves dans les trois établissements quicomposent l’Externat. Combien parmi euxsont dans le fond, combien ont besoin d’êtretirés hors de l’eau, ou du moins de refairesurface. Certes pas tous, mais tous ont besoind’une manière ou d’une autre de faire despassages, et c’est à nous de les aider.

Dieu n’attend pas que nous soyons deparfaits professeurs ou éducateurs pour nousconfier la charge de faire grandirhumainement, intellectuellement etspirituellement, tous nos élèves. Dieutravaille avec nous, à partir de ce que noussommes, des êtres limités. Isaïe se sentaitfaible quand Dieu l’a appelé. Paul avaitpersécuté l’Eglise quand le Seigneur en faitl’apôtre des nations. Pierre, au chant du coq,découvre encore plus profondément son étatde pécheur, mais Jésus lui confie tout demême son Eglise. Notre expérience personnelle

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l’enseignement ou de l’éducation. Noussommes dépositaires d’un certain savoir, deconnaissances que nous dispensons àd’autres. Et pourtant nous sommes invités,comme Pierre, à quitter nos certitudes, nossupériorités, pour entendre la parole d’unAutre. Nous sommes invités à quitter lerivage, le rivage de nos sécurités, de nospetites habitudes, de notre emploi du tempspeut-être trop parfait, pour des eaux plusprofondes où sans doute nous serons moins àl’aise, mais où nous porterons plus de fruits.

Il y a de multiples façons de prendre le large,d’aller plus loin : mieux accomplir nos devoirsprofessionnels, communiquer avec passionnotre matière aux élèves, accepter de prendreplus de temps pour rencontrer des parentsd’élèves qui ont besoin de parler desdifficultés de leurs enfants, accepter deprendre une heure en plus sur notre horairepour donner un cours de religion ou unedemi-heure de catéchisme, accepter dedéjeuner de temps en temps avec les collèguesau lieu de rentrer chez soi.

Mais tout cela n’est possible que si, commePierre, nous sommes prêts à prêter la barquede notre vie à Jésus, que si nous obéissons àsa Parole, que si nous avons l’humilité dereconnaître que Dieu peut agir en nous. Endéfinitive, nous sommes invités à risquer legeste fou que Jésus demande à Pierre, celui dela foi : croire que Dieu bénira cette nouvelleannée au travers de cette invitation à nouslaisser déplacer, à aller plus loin. Car ce quilimite la puissance de Dieu dans nos vies,c’est notre manque de foi. Ce ne sont pas les

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vécue. Nous pourrons alors, comme le disaitla première lecture aux Colossiens, porter dufruit et progresser dans la vraie connaissancede Dieu. Nous serons également fortifiés àtous égards et amenés à une persévérance etune patience à toute épreuve (ce qui pour lemétier d’enseignant n’est pas négligeable !).

Voilà… la pêche miraculeuse, c’était hier.Mais c’est aujourd’hui encore, et c’est à nousqu’elle est confiée. Alors, allons tous à lapêche, cette année ! Et que personne ne disequ’il n’en est pas capable ! C’est Dieu quimettra les poissons dans nos filets !

Stephan LANGE page

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autant que notre réflexion sur notrecondition d’homme nous font comprendrenos limites, nos imperfections et nos échecs.Mais, malgré cela, Dieu nous appelle tous(tous différents mais tous complémentaires) àœuvrer pour sa pêche. Devenir pêcheursd’hommes aujourd’hui, à la suite du Christ,est toujours d’actualité, nous en portons laresponsabilité. Saurons-nous l’assumer,appeler, accompagner et nous réjouir de voirle Seigneur toujours à l’œuvre au milieu denos établissements ?

Enfin, l’évangile se termine en disant quePierre, Jacques et Jean quittent tout poursuivre Jésus. C’est aussi ce que Jésusdemande à chacun d’entre nous : nous mettreentièrement à sa disposition. Mais toutquitter, c’est peut-être d’abord une attitudeintérieure. C’est «se quitter soi-même»,considérer son existence comme un lieu oùDieu se rend présent et agit. C’est mettretoute notre existence, notre connaissance à ladisposition du Christ, car c’est lui que nousdevons d’abord suivre en toutes nosdémarches. Vivre tout à partir de lui, ens’abandonnant à lui, vivre chaque journée,chaque heure de cours, chaque surveillance,chaque réussite et chaque échec «avec lui, parlui et en lui».

Certes, cela n’est pas toujours facile et nousoblige parfois à des choix douloureux. Celanous engage sur un chemin de dépouillement,un chemin souvent inconfortable. Mais nousavons tout à y gagner. Nous avons à y gagnerune vie pleine de joie procurée par le don denous-même. Une vie qui vaut la peine d’être

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Cher Marc,

Si j’ai accepté de prendre la parole, au nomdes professeurs, à l’occasion de ton départ dela direction de l’Externat, c’est parce quenous sommes de la même génération, etavons été élèves les mêmes années dans cettemême maison.

Un peu d’histoire…

Tu étais arrivé à l’Externat en première,t’étais retrouvé en terminale littéraire,condisciple de Fabrice Treppoz (alors dans sapériode Genesis, je le signale pour lesbiographes) tandis que je fréquentais d’autresfilières, distançant un instant Vincent Ricardet bientôt rattrapé par un certain MarcBouchacourt. Tout ce petit monde, alors, nese connaissait guère, mais partageaitsignificativement le même professeur dephilosophie, un trentenaire pugnace etdésinvolte (alors dans sa phasekierkegaardienne, je le précise encore pourles biographes) et dont l’influence allait nousmarquer durablement. Vers la fin de tes études de philosophie,couronnées par un doctorat, tu revinsenseigner brièvement à La Verpillière, et puist’en fus fonder - ô scandale - une école deCommerce, tel l’enfant prodigue fuyant legiron paternel pour dilapider l’héritage.

A l’occasion du départde Marc Gaucherand

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Douze années passèrent, avant que tu nesecoues cette vie d’égarement et ne viennes teprésenter aux Pères Maristes, qui, pasrancuniers, te propulsèrent directeur del’Externat. Ruse de l’histoire : les PèresMaristes voulaient un directeur venu d’ailleurs,et ils eurent … un mariste, un vrai de vrai,mais qui avait pris le maquis assez longtempspour se faire oublier. Ces six années de direction ont passé commeun éclair : je te revois à ta première prérentrée,un peu tendu, accueillir tes trois centcinquante collègues par une docte réflexionsur le sens de l’éducation, histoire de montrerque tu entendais te situer à un autre niveauque l’angoisse du bon emploi du temps ou deschicaneries administratives. Le père Perrotnous avait certes habitués à une certaineexigence, mais justement, on s’était dit quepeut-être, avec le nouveau «dirlo», on allaitpouvoir «se la couler douce», devenir des«prof» quoi, dans un «bahut», comme toutle monde ! Las ! il nous fallut ingurgiter, àchaque rentrée, d’interminables dissertations,truffées de références hautement culturelles,de Georges Steiner à Alain, en passant parKurosawa… et même les Pink Floyd !

Tu as très vite saisi ce qui fait l’essencede l’Externat, son caractère original, sidifficile à formuler, d’autant plus difficilequ’il fait partie de son essence, justement, dene pas se dire. Laisser parler les œuvres enquelque sorte… mais quelles œuvres ? Parmiles plus spectaculaires, je cite pêle-mêle : unearchitecture résolument futuriste, fruit d’uneréflexion de quarante ans sur l’éducation, desactivités théâtrales depuis le camp Création

hier jusqu’à l’option théâtre aujourd’hui ; lesPetits-Chanteurs et la Schola, la qualité deLyon-Maristes, les voyages artistiques etlinguistiques, le ciné-club, le CollègeSupérieur, dont le rayonnement débordelargement le cadre lyonnais, la publicationdes Chemins de la foi, une catéchèse quipropose jusqu’à des retraites pour descentaines de parents, sans parler des écolesque l’Externat épaule, de Lyon à Dakar, oudu combat pour la liberté d’enseignement…Toutes ces œuvres, tu les as soutenues contrevents et marées ; cependant, tu savais qu’ellene sont que la partie visible de l’iceberg et nedoivent pas cacher l’essentiel : notre maisonvit par l’engagement passionné, silencieux,quotidien, de nombreux éducateurs etprofesseurs, entièrement dévoués au servicedes enfants, loin de toute médiatisation, detout souci de popularité. A ce niveau, tu as suvaloriser ce fameux «esprit mariste», àpropos duquel on peut toujours ironiser -c’est en effet plus facile que de le vivre - maisdont chacun au fond sait bien le prix :attention patiente à chaque élève, espérance àl’égard des moins doués, désir d’éveiller lagénérosité du cœur comme celle de l’esprit,détachement vis-à-vis des succès mondains…

Comment concilier cet enfouissement desouvriers et cette richesse de l’ouvrage ? Cettehumilité éducative et le rayonnementintellectuel et spirituel de l’Externat ? Le pèrePerrot nous fournit la clef de cette unité, audétour d’un éditorial : «la générosité del’esprit est une des expressions de lagénérosité du cœur». Traduisons : si nousaimons les enfants qui nous sont confiés,

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nous saurons leur transmettre le désir de lavérité et un vrai sens de la culture. Et,réciproquement, comme écrivait cette foisBossuet (on ne peut pas non plus ne citer quele père Perrot) : «Vaine est la connaissancequi ne tourne pas à aimer». Effort pour éveiller une intelligence, donc,désir de servir l’enfant dans toutes sesdimensions, certes, espérance qu’il mettra àson tour ses talents au service de la société etnon de sa gloire personnelle, sans doute…;mais tout cela ne serait encore rien sans unecertaine foi en la Providence (foi implicite,peut-être, aussi vive chez un incroyant qu’ellepeut s’affadir chez un croyant), manière dedire que quelque chose de plus haut que nousaccomplit nos efforts, féconde nos initiatives,en corrige les étroitesses. Bref, à la suite du père Perrot, tu as su nousramener inlassablement à ce regard maristesur les enfants et sur notre mission. Tu asvoulu que ce regard mariste fût valorisé,approfondi, connu des nouveaux professeurs,renouvelés chez les plus anciens. AvecPhilippe Paturel et Marc Bouchacourt, tu asdépensé des efforts inlassables pour susciterdes jeunes collègues généreux et dynamiquesqui porteraient à leur tour le flambeau etprendraient leur part de responsabilité, afinque l’aventure mariste perdure.

Après le souci d’enracinement dans latradition mariste, je voudrais souligner, ensecond lieu, ton souci de l’unité. L’Externatest une maison, c’est vrai, mais c’est aussiune très grande école, répartie (éclatée dirontcertains) sur trois sites, dont chacun porte saculture propre, son histoire, ses richesses et

parfois ses tensions. Ainsi, tu as encouragétoutes les occasions de rencontre amicaleentre enseignants, afin qu’un climat familialse développe. Tu savais que l’amitié ne sedécrète pas, elle suppose du temps passégratuitement, du temps perdu en somme,mais gagné dans l’invisible : ce temps, tu nel’as pas compté, toujours présent auxévénement heureux ou douloureux desmembres de l’Externat, aux manifestationsde toutes sortes, concert, pièces de théâtre,récollections… sans compter les discussionsinformelles à table, sur le dernier filmd’Olivèira (que personne n’avait vu). J’aisouvent pensé, en te rencontrant un soir à unconcert de la maîtrise, le lendemain à uneconférence du Collège Supérieur, lesurlendemain au conseil de maison... que tonépouse Isabelle avait bien du mérite et que,au fond, l’Externat lui devait autant qu’à toiun immense merci. Simultanément, tu travaillais à améliorer ledialogue ad extra, que ce soit avec ladirection diocésaine ou le rectorat, ou, defaçon plus conviviale, avec plusieurs écoleslyonnaises, les autres établissements maristes,de même qu’avec les Pères Maristes, commele montre la nomination sereine de MarcBouchacourt pour te succéder. Ce sens du dialogue, ton goût prononcé pourle débat d’idées, ta patience teintée d’humourdans les discussions, contribuaient àdésamorcer les tensions. J’admirais tamanière bien particulière d’entrer dans lesvues de ton interlocuteur, quitte à l’amenerprogressivement à un regard moins partiel.Tu ne dénigrais jamais, tu réfutais rarement,mais tu élargissais la perspective. Cette

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hauteur de vue alliée à beaucoup d’éléganceet un vrai sens de la pédagogie t’a permis deréformer en douceur (le plus souvent, car cefut parfois aussi dans la douleur) et toujoursdans la transparence, une vieille maison bienvivante, mais figée çà et là dans quelqueshabitudes. En vrac : réforme de la cantine, dela sécurité sociale, des heures d’enseignementhors contrat, recrutement de nouveauxcollègues en toute indépendance (dans lagrande tradition perrotienne), encouragementde la vie chrétienne de l’école, à laquelle tuétais très présent, depuis la prière du matinjusqu’à l’animation de retraites de terminales,avec un sens ecclésial sûr, qui évitait lespositionnements partisans et dépassait lesquerelles de chapelles. L’unité toujours.

Après l’enracinement et l’unité, jesoulignerai enfin ton exigence de liberté.Liberté de notre école au moment où lesétablissements catholiques renoncent à la leuret s’engluent dans les affres bureaucratiques.Cette liberté n’est pas qu’une conditionextérieure de l’acte éducatif : si l’Externatpersiste à choisir ses enseignants et à innoverdans nombre de domaines, cela n’est possibleque dans la mesure où les enseignants seperçoivent eux-mêmes comme acteurs del’éducation et non comme les derniersexécutants de consignes ministériellesincritiquables. Cette perspective qui rend àl’enseignant la première place dans l’acteéducatif et oppose la réalité vivante de l’écoleau caractère désincarné de la structure, tu l’aspromue avec force contre toutes lesrésignations. Tu montrais ainsi que nous nepouvons éveiller la liberté de nos élèves que si

nous sommes nous-mêmes libres. Et qu’enparticulier (puisque la liberté de consciencefonde l’acte de foi), qu’il n’y aura d’écolecatholique que si ces écoles sont d’abord desécoles libres.

Aujourd’hui, tu décides de répondre à unautre appel, celui de l’écriture ; cela résonnecomme un pari. Un certain mystère flotte dureste sur la nature des écrits en question ;selon certaines rumeurs, il ne s’agirait ni deromans policiers, ni de manuels d’œnologie,ni même d’un essai sur la réforme du systèmeéducatif, dans le style : «Plaidoyer pour uneécole sans prof» (sous-titre : «Ils sontinsupportables»). Mais, en tout cas, lamatière de ton travail intellectuel est grave,engagée comme on disait, et tu souhaites quecela n’interfère pas avec l’image de l’école.Ce souci de l’engagement dans la cité, tul’avais porté auparavant en créant et dirigeantl’Hestrad, cette école de Commerce dont lesréférences éthiques juraient quelque peu dansle décor. Tu l’as poursuivi à l’Externat,conscient qu’œuvrer pour l’éducation, c’estensemencer la société de demain d’unferment de générosité et de liberté. Tupoursuis donc cet engagement politique (ausens noble) autrement. Tu le feras en hommede culture, tu le feras en chrétien aussi,contre ceux qui, comme dirait Péguy, «parcequ’ils n’ont pas le courage du temporel, […]croient qu’ils sont entrés dans la pénétrationde l’éternel». Comment ne pas voir que tu suis ici les tracesde ton illustre ancêtre ? Comme tu fus discretlà-dessus, je vais donc trahir le secret pourceux qui l’ignorent encore. Ton arrière

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grand-père est une haute figure de lamémoire française : militant dreyfusard de lapremière heure, socialiste en un temps oùcela ne sonnait pas branché, intransigeantjusqu’à se brouiller avec son ami Jaurès ou àquitter l’Ecole Normale pour fonder unjournal politique intempestif, avant demourir catholique (mais pas converti !), sousles premiers feux de la Grande Guerre.Charles Péguy, le plus irréductible de noshommes célèbres, socialiste sans parti,chrétien sans sacrements, poète et prophète,fidèle et révolté, et que la postérité aneutralisé de la manière la plus efficace : enl’érigeant en mythe. L’appel de Péguy, c’estcelui de l’urgence de l’action parce quel’action témoigne de l’esprit qui s’insurge.Quand l’esprit se résigne, la mystiquedégénère en politique, les amitiés en partis etl’homme s’incline devant ce qui le nie. Or il ya une certaine dignité de l’homme que lemonde moderne bafoue en prétendantl’émanciper. Il y a des jeunes que l’ondésespère en les convainquant que la vie n’apas de sens… Alors, il faut répondre àl’appel, retrousser ses manches, refuserl’universel agenouillement devant lesintimidations, pour «aller au centre demisère» : là où l’homme est écrasé, là oùDieu pend sur une croix, «comme un oiseaude nuit sur la porte d’une grange».

Aussi, puisque tu veux écrire, je te dédieces mots de Bernanos à un ami poète, en tedemandant pardon par avance pour leurbrutalité : «Vous serez un écrivain original,ou rien du tout. Si le bon Dieu veut vraimentde vous un témoignage, il faut vous attendre

à beaucoup souffrir, à douter de vous sanscesse. […] Car, pris ainsi, le métier d’écrivainest plus qu’un métier, c’est une aventure, etd’abord une aventure spirituelle. Toutes lesaventures spirituelles sont des calvaires.»Manière de dire que le serviteur n’est pasplus grand que son maître, que le don de soiest simultanément source de joie profonde etoccasion d’épreuves… Cependant, c’est biencette joie que nous te souhaitons, joie quicomble celui qui répond totalement à sonappel propre.

Cher Marc, sois remercié du fond ducœur pour ces six années dépensées pournotre maison. Merci pour ce travail partagé,merci pour l’amitié qui l’a sous-tendu. Cecompagnonnage avec l’Externat nes’interrompt pas, tu le poursuivrasautrement, notamment comme professeur dephilosophie. Tu confies la direction del’Externat à ton successeur (que certains ontdéjà consacré sous le patronyme de Marc III)et nous savons que la continuité est assurée :l’Externat va poursuivre son œuvre, qui est,elle aussi, une «aventure spirituelle», auservice des enfants et, à travers elle, saprésence originale aux débats de la cité.Ta famille te verra davantage. Elle en abesoin au moment où Sara, ton aînée, semarie et Isabelle et toi allez peut-être devenirde très jeunes grands parents. Nous vous lesouhaitons de tout coeur. Bonne route àvous, bonne route à toi et, encore une fois,au nom de tous, merci.

Xavier DUFOUR

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Jacques TourneurEtats-Unis 1947 1h37 v.o.avec : Robert Mitchum, Kirk Douglas,Jane Greer, Rhonda FlemingPhoto : Nicholas Musuraca

Voulant tirer un trait sur son passé, JeffBailey s’est installé dans une petite ville deCalifornie où il exploite une station-service.Cet ancien détective va apprendre que WhitSterling, joueur professionnel aux activitéslouches, le recherche. Ce film est une œuvre fondamentale du filmnoir. Jacques Tourneur prend les thèmesconstitutifs du genre dans leur forme la plusachevée : le fatalisme tragique soulignantl’impuissance de l’individu, et les relationsempoisonnées entre le passé et le présent. Iltraite dans un décor crépusculaire (ciselé enartiste par Nicholas Musuraca) le sujet quilui est cher de l’exil intérieur et extérieur del’homme. Out of the Past est une œuvre siriche en nuances et en résonancesmystérieuses que l’on n’a jamais fini de ladécouvrir

Présenté par N. Bertucat

La Griffe du passé Out of the PastJeudi 6 octobre Jacques Becker

France 1959 1h55 avec : Michel Constantin, Jean Kéraudy,Philippe Leroy-Beaulieu, Raymond Meunier,Marc Michel

«Le trou», c’est la prison. Le film l’expliqueen ouverture, ce huis-clos carcéral, c’estl’adaptation d’une histoire réelle, celle del’ancien prisonnier José Giovanni qui en afait la matière de son roman éponyme.L’espace, c’est donc une cellule de la Santé àParis. Le projet des détenus qui l’occupent,unis par le hasard, c’est l’évasion, le retour àla liberté. Tendus vers leur dessein, ils vivent,après la solitude, la solidarité et la confiance.L’amitié naît et grandit aussi. Le temps,comme suspendu, est la clef de la réussite,grâce à la patience et à l’effort. Il façonne cetunivers d’hommes d’honneur, parallèle auxrègles du monde judiciaire. Mais commedans toute aventure humaine, la Liberté a unprix.Lorsque Becker, l’ancien assistant de JeanRenoir et réalisateur de Casque d’or et deTouchez pas au Grisbi, meurt en février1960, Jean-Luc Godard salue le «frèreJacques». Un mois plus tard, quand le publicboude Le Trou, la «Nouvelle vague»naissante, à l’inverse, se passionne pour la«poésie» du film.

Présenté par P. Rocher

Le Trou Jeudi 17 novembre

Programme 2005-2006

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Pier Paolo PasoliniItalie 1969 1h45 anglais sous titréavec : Maria Callas, Laurent Terzieff,Giuseppe Gentile, Massimo Girotti, d’après l’œuvre d’Euripide.

Le cinéma engendre bien une mythologie,mais qui lui est propre et éminemmentmoderne. À la différence du théâtre, il sertmal la fable quand elle provient du mondearchaïque. Cette Médée est pourtant uneréussite miraculeuse. Pasolini avait détectéque la tragédienne Maria Callas, unique dansl’histoire de la scène mondiale, lui enfournissait l’occasion ou jamais.

Présenté par A. Bardet

Médée

Jeudi 16 mars

Stanley KubrickEtats-Unis 1968 2h25 v.o.avec : Keir Dullea, Gary Lockwood,William Sylvester et la voix de Douglas RainMusique : Richard et Johann Strauss,Khatchaturian, Ligeti.Scénario de S. Kubrick et Arthur C. Clarke.

L’aube de l’humanité : dans une valléed’Afrique, un grand monolithe rectangulairese révèle à une tribu de grands primates ; peuaprès, l’un de ces pré-hommes transforme unfémur d’antilope en outil et arme. Fonduenchaîné : quatre millions d’années plus tard,une équipe américaine découvre enfoui dansle sol lunaire le même monolithe, qui sembleindiquer la direction de la planète Jupiter ;commence alors pour David Bowman,embarqué à bord du Discovery, sans aucundoute la plus grande aventure de toutel’histoire de l’humanité.Qu’est-ce que 2001 ? Une expérience poétique ?Un brûlot créationniste ? Une fablepsychanalytique ? Un mythe technologique ?A voir.

Présenté par C. Ehanno

2001, L’Odyssée de l’espace

Jeudi 5 janvier

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Alfred HitchcockEtats-Unis 1946 1h45 v.o.avec : Ingrid Bergman, Cary Grant,Claude Rains, Leopoldine Konstantin

Dès le premier instant, Alicia Huberman etDevlin sont enchaînés. À la scène célèbre dubaiser le plus long de l’histoire du cinémarépond la dernière séquence où Devlindescend le grand escalier du repaire nazi, àRio, tenant d’une main son revolver etsoutenant, de l’autre, Alicia à demi-morte.Entre les deux, l’histoire d’une rédemption. Alicia est la fille d’un espion nazi qui s’est tuédans sa prison. Elle est contactée par unagent du FBI (Devlin) pour piéger les amis deson père au Brésil. Elle attend un «je vousaime» de Devlin dont elle est amoureuse. Luis’obstine à vouloir croire qu’ «une pute resteune pute». Alors, chaque mouvement decaméra (de simples plans fixes aux plans-séquences les plus sophistiqués) est là pourdire ce que les héros, par orgueil, taisent. Lapassion et le désir filmés comme une épure :c’est cela Les Enchaînés. C’est sublime.

Présenté par J. Philippe

Les EnchaînésNotoriousJeudi 6 avril

TARIF - Parents, amis et anciensPlace :1er film avec la carte : 4,5 mFilms suivants : 4 m( sur présentation de la carte)

Abonnement :pour toute la saison : 15 mpour trois films : 10 mMontée des Carmes DéchaussésHoraire : 20h30

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Le «Projet Kin» : c’est ainsi que les élèvesappellent familièrement le jumelage organisécette année entre l’externat Sainte-Marie etl’école Sainte-Christine au Congo-Kinshasa. L’idée de ce jumelage est venue l’an passé del’émotion suscitée par la catastrophe du«Tsunami». Il fallait inscrire dans la durée ungeste de solidarité et découvrir la réalité d’unautre pays que le nôtre. Des membres de laCommunauté du Chemin Neuf, présents àl’Externat, avaient fait connaître l’aide qu’ilsapportent à une école de la paroisse Sainte-Christine des environs de Kinshasa. L’argentde l’opération «bol de riz» du Carême 2005avait été destiné à ce projet.Le «Projet Kin» est maintenant lancé. Ilconcerne les élèves de première, terminale etclasses supérieures. Durant toute l’année,différentes manifestations serviront à lepopulariser et à recueillir des fonds pour lefinancement de l’école Sainte-Christine. Aucours de l’été 2006, des élèves se rendront surplace pour aider à la rénovation de cetétablissement et apporter leur soutien à sesélèves. Le groupe des animateurs de ce projet à lafois humanitaire et caritatif est organisé enplusieurs commissions : «communication»,«événements», «finances», «jumelage»,«revue de presse» et «voyage». Des déléguésdu projet sont présents à chaque niveau.L’ensemble est dirigé par Isabelle Feron,Stephan Lange et le père Skof. En plus desséances de travail des commissions, il estaussi prévu des séances de formation. Lecalendrier des rencontres est donné ci-contre.

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“Projet Kin” OCTOBRE7 Présentation du projet

14 Commissions : proposition de l’agenda ;présentations des membres descommissions ; travail de cescommissions

21 Travail en commissions

NOVEMBRE4 Formation : Une histoire en Afrique :

le Congo10 Concert Trio Brenders à 20h30 au

théâtre de La Solitude25 Formation : Le Congo vu par Tintin

DECEMBRE2 Travail en commissions9 Témoignage : Intervention d’un témoin

ayant vécu en Afrique16 Formation : Le Congo dans l’Afrique

des religions et du christianisme

JANVIER6 Travail en commissions

27 Formation : Géographie de l’Afrique

FEVRIER3 Crêpes au foyer

10 Travail en commissions17 Témoignage : Intervention d’un témoin

ayant vécu en Afrique

MARS17 Travail en commissions24 Contes d’Afrique ; rencontre avec les

conteurs avant la soirée24 Soirée Contes africains à 20h30 au

théâtre du lycée31 Formation : Afrique au cinéma et

cinéma d’Afrique

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AVRIL7 Formation : Cinéma d’Afrique

14 Bol de riz et présentation du projet àtous les jeunes au réfectoire

21 Contenu à préciser en fonction desbesoins

MAI18 Chorale et opérette à 20h30 au théâtre

de La Solitude19 Contenu à préciser en fonction des

besoins

JUIN2 Contenu à préciser en fonction des

besoins(Le programme est susceptible d’êtremodifié en fonction des intervenants oupour l’organisation de nouvellesmanifestations).

Résultats aux examens et concours Promotion 2004-2005

21 lauréats sur 22 candidats (95,5%), avec les poursuites d’études suivantes :71% de la promotion poursuit des étudesdans la filière comptable (38% en MSTCF,formation d’excellence de l’université encomptabilité-finance) 19% en école supérieure de commerce par lebiais des admissions parallèles 10% d’autres études supérieures

14 lauréats sur 15 candidats (93.3%)- 57% de la promotion poursuit des études

en Ecole supérieure de commerce par lebiais des admissions parallèles

- 22% a trouvé un emploi- 14% fait une spécialisation- 7% est entré à l’université

(préparation à l’Ecole normale supérieurelettres et sciences humaines de Lyon) 7 sous-admissibles et 1 admissible sur unepromotion de 23 élèves

BTS comptabilité-gestiondes organisations

BTS commerce international

Classes préparatoires littéraires

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nouv

e les

lyon la verpillière carnet collège supérieur

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31 élèves ont présenté le concours des écolessupérieures de commerce

- 28 ont réussi l’une des «six Grandes» :5 ont intégré l’ESSEC, 7 l’ESCP-EAP,2 l’EMLyon, 5 l’EDHEC, 5 AUDENCIA(Ecole de commerce de Nantes), 1 l’ENSAE(Ecole nationale de statistiques), - 4 ont fait le choix de l’Ecole de commercede Grenoble, - 1 a intégré l’Ecole de commerce de Reims,- 1 celle de Toulouse.

Ces résultats de bon niveau, année aprèsannée, devraient placer l’externat Sainte-Marie au rang des dix meilleures classespréparatoires de commerce de France et destrois meilleures de province en 2005… Celaprouve qu’il est possible d’intégrer aumeilleur niveau sans céder à la mode de laclasse préparatoire parisienne !

Classes préparatoires économiqueset commerciales

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Chers amis,

Merci de me laisser quelques instantspour évoquer notre cher Gabriel.C’est comme ancien élève, collègue

et ami que je prends la parole pour dresserun portrait, incomplet sans doute, mais quise veut fidèle à sa mémoire.Comme souvent lors d’une disparition, lessouvenirs affluent, se mêlent, parfois secontredisent. Puis quelques traits émergent etfinalement s’imposent. Voici, si vous lepermettez, ceux que j’ai retenus.

Le premier trait de caractère qui s’imposaitchez Gabriel était son insatiable appétit devivre. Ses proches savent combien il asouvent appelé la mort, las des souffrancesrépétées, de son asservissement aux dialysesou aux attaques des bistouris. Oui, il a connula tentation du désespoir. Pourtant, dès que,à force de courage, il retrouvait un souffle, il

Discours prononcés à l’occasion des obsèques de Gabriel MEAUDRE,le mercredi 6 juillet 2005

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emor

iam

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qui faisaient tellement partie de lui qu’il lesévoquait souvent devant nous, ses amis,comme si nous les connaissions tous.

Le second cercle était le collège. Il n’est pasexcessif de dire que ce fut sa seconde famille.Il y trouva des parents, des enfants, des frères.Des parents dans quelques personnalités qu’ilaimait et admirait beaucoup, et qui furent desguides dans son travail, des pères spirituels.C’est pourquoi je sais qu’il est heureux de voirle père Perrot, le père Peillon, le père Forissieret d’autres très près de lui aujourd’hui. Sesenfants furent, bien sûr, ses élèves. Refusantd’être lui-même père, sa maladie étanthéréditaire, il reporta sur eux son affection. Ilaimait sans doute transmettre son savoir,usant et abusant d’une grande aisance dans laprise de parole ; mais bien au-delà il aimaitêtre au milieu d’eux pour parler de tout,aborder tous les sujets, envisager leur avenir,leur montrer comment et combien il pouvaitdevenir radieux. Il sentait confusément que lejour où il lui faudrait renoncer à être avec euxserait proche de sa fin. Il ne s’était pas trompéet je n’ai pas envie de dire : hélas ! tant lesjours sans eux lui semblaient longs. Ses frèresenfin étaient ses amis qui constituaient letroisième cercle.

Peut-être ne donnait-il pas son amitié à tous,mais il pouvait la donner facilement et étaitensuite, malgré des orages dus à un espritrévolté, d’une belle fidélité. En témoignenotamment l’émouvante photo de BernardPizzetta dont je salue ici la mémoire, laquellese trouve encore à la meilleure place sur lacheminée de son salon. Il fallait qu’il soit

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reprenait sa route, concevant mille projets.Ce trait de caractère s’était même accentuéces derniers temps et il préparait encore sesbagages quelques instants avant de mourir.Cet appétit l’a conduit souvent à agir aumépris de toute prudence, refusant de sepriver des bonnes choses, notamment du vinde son cher Jura, et s’obstinant alors qu’iltenait à peine debout, à parcourir l’Europedevant ses élèves, écumant les musées depeinture dont il était un amateur très éclairé.Mais au total, je suis convaincu que cesimprudences, loin de l’avoir fait partir avantl’âge, lui ont permis de tenir longtemps danssa lutte contre la souffrance. Jamais il ne futrassasié de jours, de tout ce que la vie peutapporter de bon et de beau, goûtant sanscesse et dans un même élan Rembrandt, EgonSchiele, Ravel et Julio Iglesias.

Cet amour de la vie s’inscrivait dans troiscercles majeurs.

Le premier cercle était assurément familial.Toute sa vie fut celle d’une fidélité sans failleà sa famille. A ses parents d’abord, etnotamment à sa maman, qui fut jusqu’à lafin la compagne de sa souffrance. Il avait ététrès heureux de l’assister dans ses derniersmois et son image fut toujours pour lui d’ungrand secours. Ses sœurs, bien sûr,particulièrement Florence, dans cette relationsi particulière que peuvent avoir les jumeauxet dont le dévouement lui permit d’avoirjusque dans les derniers temps quelques bonsmoments. Et tous les autres, nièces, neveux,cousins, cousines, oncles, tantes, qui mepardonneront de ne pas les nommer, mais

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Au camp création à Sainte-Colombe-sur-Gand, levé avant tout le monde,je faisais quelques pas à l’extérieur de

la maison. Je me heurtais à Gabriel, – luirentrait. Il venait de passer la nuit entière audehors, rêvant au cœur de cette pesantecampagne qui hésite à choisir entre Forez etBeaujolais, sentinelle avancée des Sires deBeaujeu, surveillant la vallée de la Loire.

Gabriel, celui que j’ai connu élève àl’Externat, jeune alors, était lui aussi unguetteur en éveil. Dans une lettre récente qu’ilm’écrivit, il se peignait sous ces traits sansen employer le terme. Son atavismearistocratique qu’il ne reniait pas, sa distance,sa manière de se préserver en utilisant lesressources de son esprit fertile, ce n’était nimorgue, ni indifférence, ni jugement. Mais,au contraire, des aspects de cette précieusequalité d’insatisfaction que la maladie, annéeaprès année, avait spiritualisée, sans qu’il ensoit pleinement conscient, ni toujours sesamis, ni non plus ses élèves.

Gabriel, en réalité, depuis toujours était déjàailleurs. Témoignant par sa réticence devantles modes et l’immédiat, sa réserve àl’encontre des mœurs et des idées dumoment, de cette part de nous-mêmesrelevant d’un autre univers pour lequel il estbon, en effet, de nous préserver davantagechaque jour au lieu de gaspiller nos forces etnos convictions dans l’éphémère, le sordide,l’insignifiant.

Il a payé douloureusement, avec un grandcourage, cette découverte progressive del’homme intérieur. Guetteur, il nous fait

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bien faible pour refuser une invitation ourenoncer à une escapade à Gizia ou ailleursavec ceux qu’il aimait, et il avait envoyé, il ya quelques jours encore, une large invitation.

On comprend, bien sûr, pourquoi il n’étaitjamais aussi heureux que lorsqu’il pouvaitréunir les trois cercles. Il se faisait alorsorganisateur de voyages, menant une vastearche abritant élèves, sœurs, neveux, cousineset amis. C’est dans ces occasions qu’il prenaittoute sa mesure, qu’il montrait l’étendue desa générosité.

Je ne peux terminer ce propos sans évoquerla foi profonde qui l’animait. Née de lafidélité à l’enseignement de sa mère, elle agrandi dans une pratique régulière, dans uneméditation sur les grandes œuvres de lapeinture et de la musique. Il avait le goût dumystère, et s’il s’emportait violemment contrel’idée que sa souffrance pût être rédemptrice,il me confiait récemment qu’il sentaitconfusément, sans rien pouvoir expliquer,que tout cela avait un sens. Il a bien souventprié la Vierge pour qui il avait une dévotionparticulière. Ma fidélité à sa mémoire seraaujourd’hui de le croire enfin profondémentdélivré de son corps douloureux, dansl’infinie douceur qu’il a tant attendue, celledes bras de Marie.

Nicolas PIC

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1er octobre : accueil des parents des nouveauxélèves des classes du 1er cycle9 octobre : accueil des parents des nouveauxélèves des classes du 2nd cycle11 octobre : dîner d’accueil pour les parentsdes nouveaux élèves des classes primaires18 octobre : réunion d’information sur lesdifférents échanges linguistiques internationaux9 novembre : réunion des parents «contacts»des classes primaires25 novembre : assemblée générale del’Association Familiale et de l’A.P.E.L.

26 novembre : fête des Anciens élèves à LaSolitude et remise des diplômes dubaccalauréat aux élèves de terminale,promotion 2005

Etats-Unis :échanges avec des établissements d’Indianapolis(juillet 2006), Charlotte, en Caroline du Nord(juillet 2006), Atlanta (mi juin à début juillet,avec un établissement mariste) Angleterre :avec le Saint Clement Danes à Chorleywoodpour les élèves de seconde : Français àChorleywood du 27 janvier au 9 février etAnglais à Lyon du 23 juin au 7 juillet ; pour lesélèves de 4e, Anglais à Lyon du 2 au 9 février etFrançais à Chorleywood, du 5 au 12 mai.

A.P.E.L. – Association Familiale

Anciens

lyon

Echanges internationaux

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signe aujourd’hui de ne pas oublier d’oùnous venons et, surtout, où nous allons.

Eloigné de Lyon depuis trente-trois ans, deFrance depuis trois cent cinquante-huit mois,je ne le revoyais que rarement. Mais laconnivence née, à l’Externat, d’un partage degoûts et de visions, n’en a pas été affectée. Ala réflexion, c’est une autre expérience quej’ai vécue avec lui comme avec d’autres - cellede cette étonnante Communion des Saints,dont nous entendons parler, pas assez souvent,à la messe. C’est-à-dire que, se moquant desespaces et du temps, dépassant les différencesdes conditions de vie, de culture et decaractère, des êtres humains se montrentcapables de communier véritablement en cequi est le fondement de leur existence et dansl’attente de leur destinée définitive. La mort nepeut rien contre cette Communion. Aucontraire, elle l’élargit et l’épanouit dans cetau-delà que nous ne devons jamais redouter,fuir ou mépriser.

Le sens du pèlerinage qui repose en chacunde nous, ne le laissons pas moisir au ventaigre des idées folles qui nous enveloppentcomme un brouillard d’où nous ne voyonsplus rien.

Gardons-nous, comme Gabriel, sinon à samanière unique, réservons-nous pourl’essentiel tandis que nous jouons notre vie.Et à l’essentiel, pour Gabriel comme pournous, cette messe et cet adieu nous yintroduisent. Sacrifice du Christ et signe de saRésurrection, elle est passage dans cet ailleursdont notre ami ne cessait de rêver.

Alain FORISSIER, s.m.

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6 octobre : présentation de la catéchèse auxparents des élèves du collège8 octobre : matinée de catéchèse sur laProfession de foi pour les élèves de 4e, ainsique les 4 novembre et 3 décembre22 octobre : retraite pour les professeurs etpersonnels de l’Externat à Notre-Dame desDombes4 et 5 novembre : retraite de préparation à laProfession de foi, pour les élèves de 3e, ainsique les 18 et 19 novembre 17 novembre : retraite pour les parentsd’élèves à la maison Saint-Joseph deFrancheville ; thème : «Comment accueillir lamiséricorde de Dieu dans ma vie ? Commentexercer cette miséricorde envers ceux quim’entourent ?» avec le père Bernard Peyrous,de la communauté de l’Emmanuel9 décembre : préparation pour les confirmands 3 et 4 décembre : retraite pour les secondes àNotre-Dame de Saint-Chamond chez lesFrères maristes sur le thème «Le Christn’enlève rien, il donne tout»8 décembre : célébration de l’ImmaculéeConception

12 septembre pour les parents de 6e

13 septembre pour les parents de 2de

15 septembre pour les parents de 5e

17 septembre pour les parents des classesprimaires19 septembre pour les parents des 4e

22 septembre pour les parents des 3e

27 septembre pour les parents de 1e

29 septembre pour les parents de terminale8 octobre pour les parents des classessupérieures

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Allemagne :Werne, avec le St Christophorus Gymnasium :Français à Werne du 20 février au 2 mars etAllemands à Lyon du 3 au 13 avrilMainz, avec le Willigis Gymnasium :Allemands à Lyon du 28 mai au 6 juinBerlin : Français à Berlin du 3 au 14 mai etAllemands à Lyon, fin mars début avrilBochum, avec la Hildegardis Schule pour lesélèves de 5e accompagnés de Mme Charrondière,séjour du 29 mars au 7 avril Espagne :Pour les élèves de seconde : séjourd’immersion du 19 juin au 2 juillet ; Espagnolsà Lyon du 2 au 17 juillet Pour les élèves de première, terminale etclasses supérieures : Français en Espagne du10 au 25 juillet et Espagnols à Lyon du 25juillet au 10 août

Pour les lycéens : messe le mardi à 13h et le jeudi à 12h ; dulundi au samedi, office à 7h40Groupe «Chrétien dans le monde» chaquejeudi ; projet de jumelage avec l’école Sainte-Christine de Kinshasa et voyage de solidarité,cet été ; groupe de réflexion avec le père Skofautour de l’abrégé du catéchisme de l’Eglisecatholique ; aide aux personnes âgées et auxpauvres dans le cadre de la Conférence Saint-Vincent-de-Paul ; aide à la catéchèse auprèsdes 4e avec rencontres les 3 décembre, 14janvier, 3 février et 18 mars16 septembre : soirée de lancement desactivités du Centre d’Animation Religieusepour les élèves du lycée

Animation spirituelle

Réunions d’information

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3 au 7 octobre : classe rousse à Lanslebourgpour les 9e

21 octobre : concert scolaire à l’auditoriumpour les 7e 1

10 novembre : découverte de la Croix-Roussepour les 7e 1 à l’occasion de la lecture d’unroman de Bonzon se déroulant dans cequartier17 novembre : concert scolaire pour les 7e 2 et7e 3

24 novembre : visite de l’usine de traitementdes déchets à Rillieux avec Mme Norvezpour les élèves d’ESC 1. Objectif :sensibilisation au tri28 novembre au 2 décembre : séjour à Bessanspour les élèves de 7e 2 avec Mme Della Nave12 au 14 décembre : voyage linguistique etculturel à Freiburg avec Mmes Charrondière etPaillard-Brunet

La Shola14 et 16 octobre : spectacle musical pourenfants au théâtre de La Solitude avec la pré-schola, la pré-maîtrise et d’autres élèves deCM2 : en première partie, chanteuses etacteurs ont donné Chevaliers de la Terre-qui-est-ronde, pièce de théâtre de Vincent Ricard,mêlée de chansons de Souchon, Trenet,Brassens, Nino Ferrer et Mari-Paule Belle ;arrangements et travail musical : DominicFaricier ; mise en scène : Catherine Ricard.

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26 novembre, 7 janvier : réunions d’informationsur l’orientation dans l’enseignement supérieurpour les parents des élèves de terminale9 décembre : réunion d’information sur lesclasses supérieures de l’Externat pour lesparents des élèves de 1e et terminale9 janvier : réunion d’information surl’orientation en fin de 3e

30 janvier : réunion d’information surl’orientation pour les élèves de 2de

16 février : réunion d’information sur le choixdes langues en fin de 5e

11 mai : réunion d’information sur le choixdes langues pour les parents des élèves de 7e

Dans le cadre des grandes conférences, avecl’A.P.E.L. :17 octobre : «Chat, jeux vidéo, internet, unnouvel enjeu d’autorité ?» par Michel Stora,psychologue clinicien, fondateur del’Observatoire des mondes numériques ensciences humaines28 novembre : «1905-2005, la Séparationd’hier à aujourd’hui» par Jean Pierre Chantin,professeur agrégé d’histoire, docteur enhistoire de l’Université Lyon 326 janvier : «Que peut-on lire dans la bandedessinée ?» par Jean-Michel Duband,professeur à l’Institut Catholique de Paris 23 mars : «L’enseignement scientifique enFrance : les raisons d’une faillite» par XavierDufour, agrégé de mathématiques, docteur enphilosophie

Sorties, visites, voyages

Conférences

Chorales, concerts

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18 novembre : spectacle de la compagnie desTrois chardons pour les 11e et 10e

25 novembre : en anglais au théâtre de LaSolitude «Les trois aventures de SherlockHolmes» par les 4e et 3e

Pour les 2e3, avec Mme Beetschen : La pitiédangereuse de Zweig, Le roi nu deSchwartz, On ne badine pas avec l’amour deMusset, La rose et la hache de Shakespeare,Sur la grand route de Tchekov, Père deStrinberg

- Pour les élèves de 1re et terminale :6 et 7 octobre : La Griffe du passé de JacquesTourneur17 novembre : Le Trou de Jacques Becker5 et janvier : 2001, l’Odyssée de l’espace deStanley Kubrick 16 et 17 mars : Médée de Pierre Paolo Pasolini6 et 7 avril : Les Enchaînés d’AlfredHitchcock

- Pour les secondes :28 et 29 novembre : Elephant Man de DavidLynch23 et 24 mars : L’homme de Rio de Philippede Broca11 et 12 mai : L’homme qui tua LibertyValance de John Ford

- Pour les 3e : 19 et 20 septembre : La dame de Shangaïd’Orson Wells

- Pour les 4e :26 et 27 septembre : Sacré Graal de MontyPython

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En deuxième partie, la schola a interprété Ala recherche des histoires perdues, opéra pourenfants écrit par Claire Damon sur unemusique de Dominic Faricier ; mise en scène :Jacqueline Behr, direction musicale : RobertHillebrand17 décembre : concert de Noël à lacathédrale à 17 h ; à La Verpillière à 20 h30

La Maîtrise9 septembre : concert à Charbonnières26-31 octobre : stage musical à Claveisolles 20-22 novembre : La quête du Saint Graal,opéra pour enfants de Jacques Filleul authéâtre de La Solitude4 décembre : à la cathédrale, dans le cadre dufestival de musique du Vieux-Lyon, la Messedes moineaux de Mozart 11 décembre : à la crypte de Fourvière, leMessie de Haendel 24 et 25 décembre : animation descélébrations de Noël par la schola et lamaîtrise28 décembre-2 janvier : participation de laschola et de la maîtrise au congrèsinternational des Pueri Cantores à Rome27 janvier : à la cathédrale, par la maîtrise, laschola et le chœur mixte, concert autour deMozart, pour le 25Oe anniversaire de sanaissance

10 novembre : Trio Brenders alto, harpe etorgue au théâtre de La Solitude

Théâtre

Ciné-Club

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8 octobre : accueil des parents des nouveauxélèves18 novembre : réunion des parentscorrespondants du collège25 novembre : assemblée générale del’Association Familiale de l’établissement àLyon28 novembre : assemblée générale del’A.P.E.L.

avril 2005 : Stéphanie Vallier, élève de TS aobtenu le prix de la vocation scientifiqueféminine décerné par la Délégation régionaleaux droits de la femme4 novembre : assemblée générale del’association «Les Mains ouvertes» qui, dansle cadre du jumelage avec le Liban, soutientl’échange scolaire avec le collège des pèresAntonins de Baabda, parraine certains élèvesde cet établissement et aide matériellementl’orphelinat de Ghédrass23-25 novembre : dans le cadre du ciné-club,projection de L’homme de la plaine de JamesStewart, pour les élèves de BTS, terminale etpremière

A.P.E.L

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Externat

26 novembre : remise des diplômes dubaccalauréat et de Cambridge aux élèves dela promotion 2005 ; cette remise a étéprécédée d’une messe à la mémoire deGabriel Meaudredécembre : vente par les élèves du primairede cartes de vœux au profit de l’Associationdes enfants atteints de maladies orphelines :1.000 euros ont été récoltés 10 décembre : forum d’information sur lesétudes supérieures organisé par l’Associationdes Anciens pour les élèves de terminale17 décembre : demi-journée pédagogique

9 septembre : réunion d’information pour lesparents de 6e et 5e

16 septembre : réunion d’information pourles parents de 4e et 3e

23 septembre : réunion d’information pourles parents de CE2, CM1, CM2 et pour lesparents de seconde et première30 septembre : réunion d’information pou lesparents de maternelle, CP, CE1 et pour lesparents de terminale et BTS

Conférences, réunions

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Plongées scolairesLa relation de confiance et d’amitié qui nous lieaux équipes enseignantes des lycées allemandsd’Heusenstamm, dans la région de Francfort, etde Furstenzell, en Bavière, nous permet deproposer une «plongée scolaire» à nos élèves deseconde. Ceux-ci peuvent ainsi commencer outerminer leur année scolaire à l’étranger ; ilssuivent les cours au même titre que les élèves dulycée partenaire et sont accueillis dans desfamilles. Ils vivent ainsi en immersion pour unedurée de six à huit semaines.- du 5 juin au 22 juillet 2005 : cinq élèves deseconde étaient à Heusenstamm- du 2 septembre à la Toussaint : trois élèvesallemands étaient scolarisés à l’Externat- du 3 janvier à fin mars 2006 : nousaccueillons une jeune fille de Furstenzell- juin/juillet : quelques élèves sont déjàinscrits pour la plongée à Heusenstamm

Allemagne :- avec Heusenstamm :12 - 25 février 2006 : 27 Allemands sontaccueillis à La Verpillière15 - 29 avril : séjour en Allemagne d’ungroupe d’élèves germanistes de 4e, 3e etseconde

Australie :- avec la région de Melbourne :été 2006 : séjour des Français en Australie ;séjour des Australiens en France en décembre2006

5 décembre : accueil de deux jeunes australiensen 3e jusqu’à fin janvier

Animation spirituelle

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31 août : rentrée de la catéchèse : eucharistieet conférence de Xavier Dufour«Enseignement religieux et catéchèse»du 12 au 30 septembre : rencontre de tous lesélèves du collège et du lycée, classe par classe,durant une heure dans les locaux de lacatéchèse pour une présentation duprogramme de l’année par Pascale Paté et lepère Roger Lordong8 et 9 octobre : retraite des élèves de troisièmeà l’abbaye Notre-Dame des Dombes avecPascale Paté, Hugues des Boscs et le père R.Lordong. Cette année, la catéchèse des élèvesde troisième a lieu certains samedis matinsnon travaillés et en week-ends11 octobre : rencontre du groupe «Maristes enéducation»19 octobre : première rencontre du groupe desconfirmands, laquelle sera suivie de deuxautres dans le trimestre, les 23 novembre et 14décembre22-23 octobre : retraite des professeurs, deséducateurs, des catéchistes, du personneladministratif et des services de l’Externat àNotre-Dame des Dombes17 novembre : récollection proposée auxparents sur le thème «Accueillir lamiséricorde» 2 décembre : célébration de l’ImmaculéeConception de la Vierge Marie, fête patronalede l’Externat. De 10h. à midi, pour tous lesélèves de la 4e aux BTS, rencontre avec destémoins, le père Jean-Marie Petitclerc, le pèreAndré Tépérec, le député Georges Colombierentre autres, sur le thème de «L’engagement» ;l’après-midi, jeux réunissant professeurs etélèves. Pour les classes de CE2, CM1 et CM2,

Echanges internationaux

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spectacle : «Il était une fois la Parole», suivid’ateliers. A 17h, concert par le groupe «Let’sdance» du centre œcuménique et artistique deChartres de la communauté du Chemin NeufA 18h, messe célébrée par Mgr. de Kérimel,évêque coadjuteur de Grenoble17 janvier : journée de récollection descatéchistes28 et 29 janvier : retraite de confirmation auCarmel de Mazille4 et 5 février : week-end pour les 4e et 3e de lacatéchèse avec les jeunes du Nord-Isère

22-29 octobre : pour les Petits-Chanteurs,stage musical à Corrençon4 novembre : assemblée générale des Chœursmaristes17 décembre : concert de Noël par le Chœurpréparatoire à l’église de La Verpillière, avecla participation de la Schola de la primatialeSaint-Jean28 décembre - 2 janvier : participation desPetits-Chanteurs de La Verpillière au congrèsinternational des Pueri Cantores à Rome

16 septembre : journée d’intégration pour lesBTS : sortie-raft sur l’Isère19-20 septembre : sortie géologie près deBriançon : Val Durance et massif duChenaillet, pour les classes de 1e S1 et 1e S2 ;objectif : la lithosphère océanique ( recherchedes traces de l’océan alpin disparu) sous laresponsabilité de Mmes Dugué et Séjourné,avec MM. Laillaut et Vergara

Sorties, visites, voyages

Chorales, concerts

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21-22 septembre : journée d’intégration pourles secondes : sortie-raft sur l’Isère26-28 septembre : classe découverte àValloire pour les 6e1 et les 6e6, sous laresponsabilité de Mmes Delorme et Faure6 octobre : visite du Lyon baroque : palaisSaint-Pierre et chapelle de la Trinité pour les1 S2 avec M. Perceveaux11 octobre : sortie cinéma pour les TL auCentre Lumière : projection du «Procès»d’Orson Welles 26 novembre : à la salle H. Guybet de LaVerpillière, spectacle en anglais sur SherlockHolmes pour les 3e et 2nd LV1 anglais, sous latutelle des professeurs de langues6 décembre : visite de la biennale d’artcontemporain et de la bibliothèque de la Part-Dieu pour les 1re L, avec Mme Berthelot et M. Pic12-14 décembre : pour les germanistes de 5e 4 LV1 et de 4e 6 LV2, voyage à Freiburg avecleurs camarades de La Solitude, accompagnésde Mme Dubost et M. Lanoiselée

Environ 130 élèves, collègiens et lycéensréunis, participent aux équipes engagées enchampionnat UGSEL : 1 équipe benjamins tri-sport ; en volley-ball : 1 équipe minimesgarçons et 2 équipes minimes filles ; 1 équipecadets et 2 équipes cadettes ; en badminton : 2entraînements, l’un en lycée, l’autre en collège19 octobre : victoire de l’équipe minimesgarçons de volley contre Bellevue, Lyon9 novembre : toujours en volley-ball, victoired’une équipe minimes filles contre Saint-Charles, Vienne

Activités sportives

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Antoine, fils d’Odile Duron, professeurd’anglais, montée Saint-Barthélemy, le 19avrilMartin, fils de Hugues des Boscs, responsabledes troisièmes à La Verpillière, le 25 juin Mary, fille de Patrick Roche, éducateur aucollège, à La Verpillière, le 18 juilletMarthe, fille de Flavie Mirlycourtois,professeur de lettres à La Verpillière, le 24juilletLouis, fils de Nicolas Paturel, professeurd’informatique, montée Saint-Barthélemy, le14 septembreMayeul, fils de Yves Gavault, professeurd’économie à La Verpillière et montée Saint-Barthélemy, le 8 octobrePhilippine, fille de Laurent EmmanuelPerreyron, professeur de sciences physiques àLyon, le 22 octobreFanny, fille de Christelle Hanotte, institutriceen CE 2 à La Verpillière, le 25 octobre

Constance Dumont, professeur demathématiques à Lyon, avec LaurentMartinon, le 22 octobre

carn

et

Naissance

Mariage

Nous participons à la douleur de :

Nicole Fabre, professeur de mathématiques etresponsable des 6e et 5e à La Solidude, qui aperdu son père, le 5 juinla famille de Gabriel Meaudre, ancien élève,ancien responsable des secondes à LaVerpillière, professeur d’histoire etgéographie, décédé le 1er juilletSabine de la Chapelle, professeur de lettres,montée Saint-Barthélemy, qui a perdu sonpère, le 22 septembreCharlène Basset, élève de 4e 1 à La Verpillière,qui a perdu sa mère, le 5 novembreMélanie et Julien Deveaux, élèves de 6e 2 et 5e 5

à La Verpillière, qui ont perdu leur père, le 6novembreEmmanuelle Rouard, remplaçante enprimaire et maîtresse d’internat, qui a perduson grand-père, le 26 novembreMarianne Dufoix, professeur d’italien à LaVerpillière, qui a perdu sa mère, le 28novembre

Décès

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Le Collège Supérieur, maison d’étudiants,centre de formation et de conférences, poursuitses travaux qui en font un lieu d’exceptiondans la vie culturelle de la région.Les conférences «Droit et Littérature» sontparticulièrement suivies. Comme on peutparticiper à ce cycle sans être tenu de toutsuivre, on peut encore prendre part à cesconférences :

10 janvierF. OSTKafka et Eschyle

7 févrierB. PINCHARDProcès et Théodicée : le procès de Dieu

14 marsF. BOULLYCondamné en tant qu’homme : Hitchkock et la figure du procès

11 avrilJ.N. DUMONTLes procès de Jeanne d’Arc

Pour être régulièrement informé des activitésdu Collège Supérieur, on peut consulter le site :collegesuperieur.com

Pour recevoir le Bulletin du Collège Supérieurqui compte un éditorial de J.N. Dumont et unarticle d’un enseignant du Collège Supérieur,on peut envoyer une souscription de 15 m à :

Le Collège Supérieur 17 rue Mazagran – Lyon 7ème

Tél : 04 72 71 84 [email protected]