-
Henri DURVILLE
COURSDE
MAGNTISMEPERSONNEL
Education de la volontMagntisme exprimental et curatif
HypnotismeSuggestion verbale et mentale
Thrapeutique suggestive
6e dition 60e mille
Henri Durville, imprimeur-diteur23, Rue Saint Merri, 23
Paris (IVe)
A la mmoire de mon pre, Hector Durville
Qui ma indiqu la voie du bonheur,En tmoignage de reconnaissance
;
A ma femme
Avec qui jai vcu ces pages,En tmoignage dune affection profonde
;
Je ddie ce modeste essai.
1
-
imageHenri Durville
APPEL
Viens. Ecoute, Tu vas entendre une voix amie te dire de toute sa
force ce que tu doissavoir pour tre toujours heureux. Sache-le. Il
est quelqu'un qui t'aime plus que tu nepeux t'aimer toi-mme, qui
veut veiller sur toi, crer en toi toutes les puissances que turves
de possder. Ecoute-le. L'heure est unique. Ne la laisse point fuir.
Ouvre tesoreilles, ton intelligence et ton cur.
Tu sais qu'il y eut des martyrs qui marchrent la mort en
chantant, qui riaient aumilieu des plus affreux supplices, qui se
dclaraient heureux de souffrir, et qui nesentaient la venue de la
mort que comme celle d'un parfum divin.
Leur secret, tu veux le savoir ? Ecoute-moi.Veux-tu vaincre ce
qui t'empche de raliser tes rves ? Veux-tu triompher de ton
temprament, de ton ge, de ta condition, de ta pauvret, de toutes
tes faiblessesphysiques, intellectuelles, morales ? Ecoute-moi.
Apprends-le: toutes tes tares, toutes tes insuffisances, toutes
tes dbilits ne sont rien,si tu sais vouloir. Or, moi qui te parle,
je connais le secret de cette volont souveraine.Ce secret, je puis
te le communiquer. Je veux faire de toi un tre qui sent en lui tous
lespouvoirs, et qui n'en use que pour le bien de ceux qui
l'entourent ou qui l'approchent.
Dsormais, ne crains rien, ni personne. Tous tes rves, tu peux
les raliser. Tusouhaites la sant, le bonheur, le succs, la srnit,
l'amour, la puissance. Tout ce que tudsires, tu l'auras, et bien
des choses plus grandes et plus merveilleuses encore que
toutescelles que tu peux entrevoir aujourd'hui. Au-del de ton
horizon, je t'ouvrirai d'autreshorizons plus sublimes plongeant sur
un infini toujours plus vaste et plus beau.
Et cette marche o tu lveras les voiles de tous les mystres qui
t'entourent et de tousceux que tu sens en toi, elle n'aura rien de
mystrieux. Pour te rendre toujours plus fort,toujours plus heureux,
je t'apprendrai te connatre, puiser pleines mains dans lestrsors
dposs au fond de toi-mme par tous les grands chefs, par tous les
grandsesprits, par tous: les grands artistes, par tous les grands
saints. Salue ta noblesse ! Tuportes en toi la pense d'une foule de
grands anctres. Tu es, sans le savoir, le Fils detous ceux qu'on
admire et qu'on vnre. Tu dois tre le Pre de tous ceux que
rvreral'avenir.
Mais tes titres et tes armoiries, tu les as gars. Il faut que je
t'aide les retrouver, lesrestaurer. Compte sur moi. Je ne manquerai
pas ma promesse. Jure-moi que tu nemanqueras pas la tienne. Sr de
toi, de ton nergie que je dcuplerai sans cesse, je vaist'apprendre
d'abord quelles forces: tu portes en toi, ensuite comment tu en
devras userpour te rendre matre des forces qui t'entourent. Le
pacte est conclu. Marchons ensemblevers le plus grand bonheur !
2
-
PRFACE
Le but de l'tude que nous entreprenons ici est avant toute chose
de se perfectionner,d'veiller et de sentir en soi des qualits plus
nobles, des forces plus puissantes, d'obtenirun quilibre nouveau
pour nous de ces puissances que nous avons peinesouponnes et qui,
en se dveloppant, prennent une extension que nous n'aurions
puauparavant comprendre; par ce moyen, on arrive concevoir le but
de la vie avec uneconscience claire qui nous carte des mobiles
gostes que nous avions eus jusqu'alors.
Quels sont ceux qui se proccupent de cette culture psychique ?
Beaucoup, victimesde leurs impulsivits, viennent nous demander de
leur donner le contrle sur eux-mmes,cette matrise de soi qui est
une qualit fondamentale de l'tre humain; c'est l un butexcellent.
Mais ce n'est pas celui de tous les curieux des questions
psychiques.Nombreux sont ceux qui s'intressent ces tudes pour des
buts dnus de toutenoblesse. Les uns sont des personnes dlaisses qui
esprent susciter l'amour, ramener elles l'objet aim. Elles veulent
demander au psychisme le secret du charme sducteur, del'irrsistible
attraction pour garder jalousement leur proie, pour l'asservir, la
mater.D'autres ont vu un hypnotiseur de casino faire manger une
pomme de terre crue unpauvre nvros en lui affirmant que c'est un
fruit dlicieux et ce moyen de domination lesenchantent. En leur rve
chimrique, ils veulent se rendre les matres du monde, blouir,forcer
les regards, dompter tous ceux qui les entourent, se faire une
petite royaut par lepsychisme.
Certes, la connaissance des lois psychiques donne le secret du
charme, de l'attraction,du pouvoir, de la domination des volonts,
mais, qu'on ne s'y trompe pas et nouscroyons utile de prvenir le
lecteur ds le dbut de cet ouvrage la possession despouvoirs
psychiques ne saurait servir assouvir de mauvaises passions.
Notre Cours de Magntisme personnel est une uvre essentiellement
morale.L'tre qui veut avancer doit, avant tout, ce mieux connatre,
purifier son corps, assainir
son me, emplir son cur des sentiments les plus levs, en bannir
l'gosme et lajalousie, le ressentiment, la rancune et surtout cette
ide de domination si funeste ceuxqui ont acquis une supriorit
psychique. Ce n'est qu' ce titre que l'on peut esprerpossder
pleinement ces pouvoirs rels et sublimes qui font des tres
suprieurs. Ce n'estqu'aprs ce perfectionnement de sa personnalit
que l'on peut compter rayonner autour desoi pour des uvres utiles,
pour gurir, clairer autrui.
A mesure que l'on avance dans cette ascension, le champ de
vision s'largit; l'esprit,plac plus haut, juge diffremment. L'tre
en voie de dveloppement, se dpouille desmauvais apports du pass,
des souvenirs haineux, des impressions pnibles. De la visiondu
dtail qui ne lui montrait les choses que par leurs dfauts, il
arrive ces vuesd'ensemble qui nous font dcouvrir les harmonies. On
est plein de forces et la vie vousapparat belle !
Auparavant, on souffrait de l'gosme des autres; on rvait de leur
rendre les ennuisqu'ils avaient causs. Maintenant, on se rend
compte que les travers dont nous avonssouffert par eux sont
infiniment transitoires et l'on aime celui qui n'a pu encore
sedlivrer de ces mesquineries qui nous ont quitts. On n'est plus
tourment par ces
3
-
rancunes, ces bouderies d'autrefois. Le cur se fait inaccessible
ces petitesses. Il amaintenant des joies plus hautes et plus
belles, et il n'en conoit pas d'orgueil. Cespectacle de la beaut,
ces harmonies qu'il dcouvre ne sont pas lui plus qu' un autre etce
bonheur, son rve est de le donner tous.
Le gain sera-t-il son but ? Non. L'argent, certes, est utile
pour le bien-tre au foyer,mais ce n'est pas en lui que le bonheur
rside. Celui qui sait, gote une joie plusmagnifique. Il possde un
monde inconnu o il se retire sitt qu'il lui plat. Il ne sedtache
pas de la vie, mais il peut s'en abstraire dans sa claire tour
d'ivoire dont il nedescend que pour aider ceux qui souffrent.
Ce changement profond nat d'une vision diffrente de la vie. On
sait maintenant quetoute vie est transitoire, qu'elle est un
perptuel recommencement, un enchanement decycles qui se continuent.
On le sent en soi-mme. Comme les changeantes saisons quisuivent
leur rythme immuable, on a subi les heures tristes de lhiver, on a
got les vertesesprances d'un printemps plein de joies; on savoure
la riche closion de l't; et le journ'est pas loin o viendra
l'automne riche des fruits de nos travaux.
Cette closion entrevue produit une modification profonde dans
notre esprit et dansnotre cur.
Tout d'abord l'esprit s'largit. Il voit maintenant le vritable
but de la vie. Pourquoidsirer dominer ? Quel profit en
tirerions-nous dans les tapes successives des cycles quenous avons
encore parcourir ? Ce qu'il faut, c'est mieux se connatre, s'tudier
dans lesmanifestations de ses forces et de ses sentiments. Cette
tude est pleine de joies et ellenous est si profitable ! Le cur qui
se jetait vers n'importe qui avec une absurdeconfiance, ne s'ouvre
plus qu' ceux qui le mritent. Il ne demande qu' se donner.
Mais,dirig, il apprend juger de ses mobiles, rfrner ses
impulsivits. Il a perdu le dsirtyrannique de l'asservissement; ses
sentiments sont altruistes, parce que l'on connat cettencessit de
hter notre volution qui est le but rel de la vie. Ce programme est
vastecomme le but qu'il entrevoit; il demande celui qui l'enseigne
des directives pour toutela vie. C'est ce que, nous avons dvelopp
en quatre ouvrages qui constituent autantd'tapes vers le
perfectionnement.
Dans le premier, notre prsent Cours de Magntisme personnel, nous
nousproccupons de rtablir l'harmonie entre les lments qui composent
l'tre humain, decrer en lui une merveilleuse synthse, de mettre
chacun mme de maintenir sa santphysique et morale, d'acqurir des
facults plus solides (attention, jugement, associationd'ides,
mmoire, volont). Nous indiquons le moyen d'acqurir la matrise de
soi, demettre un frein tout ce qui peut tre une cause de trouble et
de dsharmonie dans lamachine humaine qui demande qui la veut
comprendre un maniement plus dlicat.
L'tre fort, matre de soi, moralement et physiquement sain peut,
quand il est parvenu ce calme ncessaire, chercher utiliser son
pouvoir. Le Magntisme, l'Hypnotisme et laSuggestion lui en
procurent le moyen et il les utilise avec la certitude du bien
accomplir.
D'autre part, la connaissance des Hauts phnomnes du magntisme:
lucidit,intuition, ddoublement, extriorisation de la force
psychique, lui permet de mieux sentirla complexit de l'tre humain
et de chercher de toutes ses forces lui donner ou lui
4
-
rendre son entire harmonie.C'est notre premire tape et, bien que
ce soit un travail considrable et qu'il nous ait
dj donn des rsultats dont nous avons lieu de nous montrer
satisfait, nous laconsidrerons seulement comme le dbut d'une action
plus grande et plus gnrale.
Dans notre livre Voici la Lumire (Voici la Lumire, in-16 de 237
pages (30e mille),nous avons montr que deux voies bien diffrentes
donnent accs au Temple de laperfection.
Ces deux voies sont l'Esprit et le Cur. S'il est indispensable
de faire panouir l'espritau soleil de la Vrit, de le doter de
toutes les qualits suprieures, l'closion du curn'est pas moins
ncessaire ! Mais, combien peu d'ducateurs comprennent l'utilit de
ledvelopper sous une forme vritablement rationnelle et pratique !
Cette partie sincessaire de l'ducation psychique est, en gnral,
nglige.
Et, cependant, chacun a souffert par le cur ! Combien ont aim et
se sont trouvs enproie aux tourments du cruel amour ! Leurs
sentiments gnreux, leur tendresse quis'offrait spontanment, avec la
navet des sentiments sincres, tout cela fut donn enpure perte: ils
n'ont rencontr qu'gosme, incomprhension et mpris o ils
cherchaientune tendre rciprocit.
Ces blesss qui se tranent misrablement coutent d'un air morne
celui qui leur dit : Levez-vous, faites appel votre volont !
Que leur importent ces paroles ? Le mal dont ils souffrent est
dans un autre domaine.Ce n'est pas avec les remdes qui s'adressent
l'Esprit que l'on peut conjurer les tumultesdu Cur; aussi le
conseil donn n'atteint-il que bien rarement son effet. Pourtant, on
peutgurir les tourments d'un cur ulcr. II ne faut pas juger tous
les sentiments sur uneseule et funeste exprience, mais acqurir la
matrise des impulsivits de son cur, afinde juger plus sainement
l'tre que l'on a aim. On voit alors que l'on a eu tort dedemander
une me frivole, un cur lger des sentiments profonds et solides,
deseffusions sincres qui ne sont pas dans sa nature. Cette
connaissance de l'tre aim nedfleurit ni ne dpotise l'amour, mais le
fait fleurir au contraire en joies superbes quemagnifie encore la
douceur du pardon. Ce que l'on avait cru irrmdiablement perdu
peutrevenir par une attractive volont.
Nous ne nous en sommes pas tenus ce seul problme dans Voici la
Lumire. Nous yavons pass en revue la plupart des forces qui nous
neutralisent, qui conduisent l'trehumain au bord de l'abme: la
passion du jeu, l'insuccs tenace qui n'est jamais sanscause, les
affres de l'absurde et cruelle jalousie, l'ombrage, la folie des
sens, lesimprieux dsirs du cur qui nous dominent et nous rendent
sans forces, les attractionscrbrales ou sentimentales avec tout
leur cortge de troubles, de dpressions, d'idesnoires, de
dcouragement.
Mais rien ne prvaut contre la Lumire; par elle, toutes les
Ombres se dissipent et cetteLumire nous vient quand nous
connaissons rellement les Forces qui sont en nous etautour de nous,
tout prs de nous, notre porte, quand nous savons comment y
faireappel. Alors peut commencer une nouvelle vie, car nous
possdons le moyen de trouverdes appuis dans ces forces, de raliser
nos plus secrets dsirs et nous savons aussi dans
5
-
quelle mesure nous sommes en droit et en possibilit de faire ce
qui nous convient.Tous les lments du vritable bonheur nous
entourent. Il ne tient qu' nous de
possder et cela sans nuire personne la Joie, le Succs, la
Sant.Voici la Lumire en montre la voie.Ce livre vous fera connatre
ces forces amies que vous cherchez. L, vous trouverez
des exemples que nous avons tirs de notre exprience journalire
et qui montrent qu'iln'existe pas de courant si fort et si mauvais
qu'on ne puisse le rompre, de malheur sitenace qu'on ne puisse le
neutraliser, de chagrin qui ne trouve son allgement, de douleurqui,
la tin, ne s'apaise transforme en joie.
La Rflexion et la Douleur sont les aiguillons qui nous font
avancer. Elles nousparaissent pnibles et ce sont elles qui nous
aident. La peine qu'elles nous imposent nousdtache des gosmes qui
nous retiennent prs du sol; ce sont elles qui nous permettentde
nous lever. Heureux qui a souffert, mais qui a souffert en
connaissance de cause, carce n'est pas tout que subir la loi de la
vie, il faut en comprendre la beaut, l'utilit notregard. Alors nous
apparat la Loi de Justice de Karma disent les bouddhistes quiprside
notre Evolution, qui marque les tapes que nous devons franchir pour
en arriver cette perfection vers laquelle tout doit tendre. C'est
cette partie du problme que nousavons envisage dans Vers la Sagesse
(Vers la Sagesse, in-16 de 152 pages (3e dition,30e mille). ). L,
nous dirigeons l'adepte vers les hauts sommets, dans la lumire
ternellequi les environne. Tous les pas conduisent vers cette cime
merveilleuse qui est larcompense du Sage car il y trouve toutes les
joies que souhaitent son esprit et son cur.Ce sont des joies plus
hautes que toutes les douceurs humaines, car tous lesenchantements
de lintelligence se joignent toutes les ivresses du cur apais
parl'indulgence et la bont.
Ces tapes, d'autres, avant nous, les ont parcourues. Ils ont
vaincu toutes les preuvespour obtenir cette couronne qui est celle
du vritable initi. Dans le pass, depuis lesges les plus lointains,
des tres humains, avec les faiblesses et les tares de la
naturehumaine, se sont levs par le perfectionnement constant de
leurs sentiments et de leursfacults au-dessus de l'humaine
faiblesse. Ces hommes sont les initis des temps antiqueset
modernes. Le travail qu'ils se sont impos sous une direction lucide
les a dous depouvoirs qui se trouvaient en eux dj, mais qui se sont
dvelopps par un entranementmthodique. Cet entranement a toujours eu
pour but la domination des impulsivitsanimiques et sentimentales.
Mais ceux qui avaient mrit de franchir le seuilredoutable, les
portes de la Lumire taient ouvertes, de graves Secrets taient
enseigns.C'est ce que nous exposons dans notre ouvrage La Science
secrte (La Science secrte,grand in-8 de 896 pages, avec figures
(30e mille) qui met le nouvel adepte encommunion entire aussi bien
avec les Forces caches de la Nature qu'avec la traditioninitiatique
reliant, travers les ges, les Sages de tous les temps et de tous
les pays.
Depuis les poques les plus loignes de la Chine immmoriale
jusqu'aux Rose-Croix et aux Francs-Maons de nos jours, cette
tradition a t constante et, bien queles diverses coles aient plus
appuy sur certains points ou sur d'autres, selon leursprfrences et
leurs travaux particuliers, cette doctrine est unique et
cependantuniverselle. Nous avons tenu le faire sentir nos lecteurs
par un expos aussi complet
6
-
que possible de toutes les doctrines religieuses ou
philosophiques qui ont port laLumire dans le cur de l'humanit.
La Chine, avec des cts pratiques et la recherche toujours plus
parfaite de la matrisede soi, a t une des premires montrer l'homme,
anxieux de son devenir, quelles sontles tapes de son volution que
nous lui faisons parcourir la suite de Fo-Hi depuisl'inerte matire
jusqu' linaccessible Nirvana. L'Inde, qui a codifi les lois de
cettevolution, en trouve la formule dans les enseignements secrets
et publics duBouddhisme. De mme que la Voix du Silence ouvre
l'esprit intuitif les mondes lesplus cachs, le Yoga, par un rude
sentier, amne les sens dompts en possession depouvoirs secrets qui
arrivent dominer les forces de la Nature. L'Egypte, pays de la
mort,nous a livr lentement le secret enfoui dans ses tombes et nous
trouvons sonenseignement identique aux dcouvertes les plus rcentes,
sur la constitution del'homme, sur ses facults caches et le moyen
de les utiliser, sur le problme toujoursdbattu de son ternelle
volution. Homre, Orphe et Pythagore nous montrent la Grce la
recherche du Vrai, dans sa forme artistique, scientifique ou
intuitive. Les Mystresd'Eleusis, dans leur rituel symbolique,
furent longtemps le sommet de cette initiationdont les poptes
furent la fois des Mages et des Sages. Mose et Jsus, l'un dcrtant
laLoi inflexible, l'autre la confirmant par l'panouissement d'un
cur volontairementsoumis, nous transmettent la pense hbraque et
l'initiation chrtienne la fois transmiseet dforme par les
Gnostiques dont les Francs-Maons dclarent tre les
successeursvridiques. Parmi eux, les Hermtistes se rapprochent
davantage de la traditionscientifique des antiques sanctuaires.
Tous cherchent, travers les voiles de la matire,une loi suprieure
qui nous montre notre chemin.
En dveloppant cette tude et suivant sous ses diverses formes
l'ternelle initiation,nous avons voulu surtout en venir la
dcouverte de cette Loi qui est celle des Rythmeset des Cycles
laquelle tout est soumis dans la Nature. Celui qui nous a suivi
dans cettetude sait maintenant que ce qui se produit autour de lui
est de peu d'importance, queseuls importent le dveloppement de son
cur et la clart de son esprit. Dans cette vue,nous dcouvrons devant
lui, les forces les plus caches de la Vie universelle. Nous
luimontrons, de manire indniable, que rien n'est isol dans ce
inonde; que les plusmodestes fleurs sont soumises au mme rythme que
les plus lointaines toiles; quel'homme est entour de Forces
conscientes, bonnes ou mauvaises, avec lesquelles il luiest permis
de se mettre en relations et qui le soutiennent aux heures de
lassitude et dedfaillance. Ces Forces, il les trouve en lui sous la
forme du Magntisme, de cette Forcevitale qu'il peut dvelopper,
extrioriser, transmettre mme, pour gurir ceux quisouffrent,
rconforter ceux qui se trouvent dprims et dcourags. Ce magntisme
agitsur l'tre humain en dveloppant les immunits naturelles. Celui
qui sait peut donner sapropre force l'tre affaibli, lui infuser son
nergie vitale.
De cette transfusion, nous donnons des exemples aussi
indiscutables que typiques etnous affirmons, ici encore, que tout
tre sain et bien quilibr peut devenir unmagntiseur, un gurisseur.
Nous revenons aussi plus en dtail, sur le pouvoir de lapense. Dans
la vie mentale, la pense est l'lment essentiel et nous enseignons
l'utiliser sous forme de suggestion: suggestion en rafale,
suggestion impose, suggestionraisonne, suggestion indirecte,
suggestion motionnelle.
Comme nous le disions plus haut, nous dveloppons aussi le
sentiment, de telle
7
-
manire qu'il ne soit pas un obstacle mais une aide dans le
perfectionnement de l'esprit.L'Adepte ainsi guid atteint aux plus
hauts sommets de l'intuition et plonge dans des
connaissances interdites au profane. La Lumire, la Paix, les
Pouvoirs suprieurs sont larcompense de ses efforts. La voix de
l'Eternel se fait entendre dans la paix silencieusede son cur.
Pour ceux qui dsirent aller plus loin, nous avons ouvert un
Centre Initiatique (Leprogramme du Centre initiatique est envoy sur
simple demande adresse M. HenriDurville, 23, rue Saint Merri,
Paris, 4e (joindre 50 cent. pour frais de poste) ol'enseignement
oral permet de lever tous les voiles.
Nouvel lve, si tu veux acqurir les sublimes connaissances,
mets-toi au travail !Tu es peut-tre venu au Psychisme dans des
intentions gostes. Tu veux des pouvoirs;
tu les auras, mais tu n'en feras pas l'usage auquel tu t'tais
attendu. Ces pouvoirs sont lprs de toi; ils sont plus merveilleux
mille fois que tu n'avais imagin. Avancersolument vers leur
possession; d'autres t'y ont prcd et t'ont facilit la voie.
Tuatteindras le but, un but plus haut et plus noble que celui que
ton ambition ou ton dsir teproposaient.
Pour devenir fort, puissant, tu vas renoncer toute pense
mesquine. Ne cherche pas dominer, asservir. Tout gosme se retourne
vers celui qui s'y est donn. Qui frappe del'pe prira par lpe. Avant
de demander des ralisations, cherche mieux teconnatre; avant
d'esprer des rsultats pratiques, acquire plus de qualits, plus
defacults, une volont calme et doue, la srnit qui est le gage de ta
russite, car avanttoute chose, la paix doit tre en toi. Ce que tu
pourras acqurir est proportionn toncalme. Sois sans crainte, sans
passion et sans colre, tu es certain de russir.
Allons, ami, au travail !Quelles que fussent tes peines,
eusses-tu commis des fautes, ce n'est pas moi d'en
juger. Je viens, porteur de la bonne nouvelle ! Je veux faire de
toi un tre sain,vigoureux, plein de qualits. Prends donc confiance,
relve la tte !
Ne me dis pas, ne crois pas surtout que le but est trop loign;
que sur ta route setrouvent des obstacles bien au-dessus de ta
force. Je suis prs de toi pour t'aider. Marche,avance rsolument.
Lve la tte vers le ciel o parat une nouvelle aurore. Le jour va
selever; un nouveau cycle commence pour toi dans un monde rajeuni
par des flots de vivelumire. Le jour qui vient est celui o tu vas
faire tes premiers pas vers le bonheur, versla matrise, vers les
sommets enfin conquis o tu trouveras ce que tu cherches: laplnitude
de ton tre, manifeste par des actes qui rempliront ton cur de
tendresse etton esprit de l'ineffable joie de la science acquise et
du devoir allgrement accompli.
Comment a t compos ce Cours.
En publiant la sixime dition de notre Cours de Magntisme
personnel, nous croyonsutile de rappeler comment nous avons t amen
publier ce travail.
8
-
Notre enseignement tait tout d'abord individuel. Nous crivions
personnellement chacun de nos lves. Ils nous rpondaient et leurs
lettres nous montraient ce qu'ilsavaient saisi de nos conseils, ce
qui leur chappait encore. Nous clairions leursobscurits, nous
levions leurs doutes, nous rpondions leurs objections. A mesure
quele nombre de nos lves s'est accru, nous avons constat que
certaines lettres, qui taientncessaires chacun, pouvaient, sans
inconvnient, tre les mmes pour tous. Nous leuravons donn le nom
d'Instructions. C est l'ensemble de ces Instructions, sans
cesserevues et remanies, qui forme aujourd'hui notre Cours de
Magntisme personnel.
Nous avons d peu peu, en raison du succs de nos efforts,
substituer une mthodedirecte une mthode collective qui, fonde sur
notre exprience dj longue, conservetous les avantages de
l'enseignement par correspondance et prsente un intrt nouveau.
Notre Cours forme, en effet, un volume de bibliothque facile
manier, qui peut treconsult sans cesse. Tandis que des fascicules
s'garent ou se dtachent, le livre queforme notre Cours, se
conservera jusqu' ce que chaque lecteur en ait tir lasubstantifique
moelle.
Ajoutez que nous rpondons dans ce Cours toutes les demandes
d'explicationscomplmentaires qui, depuis de nombreuses annes, nous
ont t adresses. Nous avonsconstat que nous avions parcouru le cycle
peu prs complet de toutes ces remarques.D'autre part, nous nous
sommes efforc de rendre notre expos beaucoup plus clair,
plussimple, plus suggestif.
En 1920, nous faisions paratre la 5e dition de notre Cours de
Magntisme personnel.Cette dition marquait de srieuses amliorations
sur les textes prcdents. Cependant,les difficults d'aprs-guerre ne
nous avaient pas permis de raliser tous les vux quenous avions
forms, pour la mise au point de cette oeuvre d'enseignement. En
raison ducot extrmement lev des impressions, force nous fut, pour
conserver au livre un prixqui le rendit abordable chacun, de ne pas
dpasser 800 pages de texte. Ces motifs nouscontraignaient remettre
plus tard une publication plus complte et rpondantentirement au
programme que nous nous sommes trac pour la vulgarisation de tous
lesprocds d'entranement et de dveloppement psychique. Nous esprions
que le prix dela main-d'uvre et des matires premires venant
baisser, il nous serait enfin donn desfacilits pour poursuivre
notre tche.
Hlas! ces espoirs lgitimes n'ont pas obtenu de ralisation; les
conditions dimpression n'ont nullement abaiss leur taux. Nous voici
en 1924 et les difficultsd'aprs-guerre, bien loin de s'amoindrir,
se sont accrues sans cesse. De jour en jour, lamain-d'uvre est
devenue plus coteuse. Cependant, il n'est rien que nous ne
fassionspour la propagation des ides qui nous sont chres et que
nous considrons commeabsolument ncessaires au dveloppement
intellectuel et moral de la socit. Des milliersde lecteurs de nos
ditions prcdentes nous ont encourags de leurs remerciements.Presque
tous sont devenus des adeptes fervents de nos ides; la plupart se
sont livrs une propagande tout amicale et les demandes de notre
Cours ont t si nombreuses quenous nous trouvons dans la ncessit de
faire une nouvelle impression. Cette 6 dition par laquelle nous
atteignons le chiffre de 60.000 exemplaires marque pour nousune
nouvelle tape. Cette large semence jete tous les vents et qui
s'parpille tous lescoins du monde nous a donn dj d'abondants
rsultats; et c'est avec joie que nousconstatons aussi bien les
fruits dj mrs que la verte promesse des feuillages peine
9
-
clos. Ces constatations nous donnent l'appui moral ncessaire
l'effort nouveau quenous intentons pour faire paratre cette 6e
dition qui ne comportera pas moins de 1.200pages de texte et que
nous laisserons un prix relativement trs rduit. Tous ceux, parminos
lecteurs et amis, qui se sont occups d'impressions savent combien
peut revenir untravail si considrable.
L'dition que nous vous offrons a t prpare avec un soin tout
particulier:Le texte en a t compltement refondu. Il n'est pas de
chapitre, de paragraphe mme,
que nous n'ayons retouch pour ajouter de nouvelles prcisions,
des dtails pluscirconstancis, afin que plus de clart, une pense
toujours plus nette se prsente l'esprit de ceux qui viennent nous
pour recevoir l'instruction psychique, si utile l'panouissement de
leurs facults physiques, intellectuelles et morales.
Nous avons ajout de nouveaux chapitres. Parmi les anciens, ceux
qui nous semblaientinsuffisants ont t compltement repris et
refaits. D'autres, nous ont paru rpondreinsuffisamment notre but;
nous les avons donc modifis ce point de vue,compltement refondus,
retouchs, complts. Enfin, il nous a paru qu'il ne suffisait
pasd'tre clair dans l'expression et complet dans l'enseignement.
L'utilit suggestive del'image est de plus en plus considre par nous
comme un merveilleux appoint dans laformation intellectuelle de
l'tudiant psychiste. Cette constatation nous conduit adjoindre
cette nouvelle dition un grand nombre de gravures nouvelles;
puissent-ellespermettre nos lecteurs de s'imprgner plus profondment
de notre pense.
Tel est, en effet, notre programme:Nous dsirons, de toute
manire, apporter sans cesse nos lecteurs une lumire
complte.Enfin, et c'est peut-tre la nouveaut la plus
caractristique de la prsente dition, nous
avons agrandi notre objectif. Notre programme se prsente nous
avec des vises plusvastes, des horizons toujours plus tendus. C'est
que, depuis la date o parut la premiredition de notre Cours de
Magntisme personnel, nous avons suivi sans relche lesprogrs de ceux
qui aspiraient se dvelopper suivant nos mthodes, et que nous
avonsle constant dsir de les soutenir afin de leur viter toutes les
pierres du chemin.
Les ignorants imaginent qu'enseigner dvelopper sa volont, c'est
forcment nuire tout sentiment, donner libre carrire l'gosme, crer
des arrivistes qui ne possdentplus de cur ni de sensibilit. A cela
aussi, nous avons voulu rpondre, car c'est uneaccusation contre
laquelle on ne saurait protester avec trop de force. Au cours de
cesdernires annes, nos uvres: Vers la Sagesse, Voici la Lumire et
la Science secrte onttendu montrer quelle ncessit il y a pour
l'adepte de se dvelopper, mais surtout dansle but de venir en aide
chacun.
Ce serait un bien mdiocre idal, pour une formation si complte,
que l'obtention deplus d'argent ou de titres honorifiques ! Celui
qui considre ce monde comme il le doit,c'est--dire comme le champ
de son volution ou il doit fleurir et porter des fruitsternels,
celui-l comprend que le vritable dveloppement, c'est de devenir
meilleur.Celui qui, ayant acquis des forces sait s'en servir pour
briser le cercle troit des affectionsgostes, des intrts, des
cupidits, celui-l est sur la vritable voie, celui-l considre lavie
sous son vritable jour. Ds lors, notre existence actuelle nous
apparat comme uncourt passage qui ne peut nous servir qu' la
possession d'une vie d'autant meilleure,
10
-
illumine de plus ardentes vrits, de joies plus suaves dans la
charit fraternelle que,voyant d'ensemble le prsent, le pass et
l'avenir, nous nous rendons solidaires de touttre vivant. Celui qui
embrasse d'un il lucide le cycle de ses existences subit son
tatavec patience comme le rsultat de ses vies antrieures. Il est
donc sans haine, sinon sansambition. Il lui est permis de souhaiter
plus de bien-tre pour soi-mme et pour les siens,mais, surtout, il
dsire une vie meilleure, une approche toujours plus ardente de ce
qui estle vrai but de la vie: la Vrit, la Lumire, la Perfection qui
ne se trouvent pas dans lesdsirs matriels.
Ainsi, notre Cours de Magntisme personnel nous est de plus en
plus apparu comme ledbut de l'enseignement que nous donnons ceux
qui nous coutent. Cette premiretape est indispensable ceux qui
veulent vaincre, car il est de toute ncessit de sefortifier avant
d'entreprendre la lutte. Pour que nos lecteurs puissent se rendre
vraimentforts, s'armer de toutes pices et russir infailliblement
dans cette entreprise, nous avonsrecherch dans une documentation
toujours plus abondante les moyens de les mettre au-dessus de
toutes les difficults qui se prsentent.
Avant de rditer notre Cours, nous avons donc pass en revue les
derniers travauxparus, soit en France, soit l'tranger, sur le sujet
qui nous intresse, et nous noussommes efforc de mettre jour notre
ouvrage sur tous ses points.
Nous avons profit galement de toutes les discussions auxquelles
ont donn lieul'hypnotisme, le magntisme et la suggestion, soit dans
les trois Congrs internationauxde Psychologie exprimentale que nous
avons runis Paris en 1910, 1913 et 1923 etdont nous avons publi le
compte-rendu, soit dans tous les milieux o les problmesactuels sont
dbattus avec sincrit et loyaut. Nous nous sommes tenus gale
distancede la ngation de parti pris et des excs qu'on rencontre
chez les esprits exclusifs. Lesuccs dans nos recherches ne nous
parat pas rsulter d'une seule des trois mthodes:magntisme,
hypnotisme, suggestion, mais de leur emploi judicieux suivant les
cas, enprsence desquels nous placent les circonstances. Nos lves
constateront facilementcombien notre mthode synthtique, fonde sur
l'observation et l'exprience, estsuprieure toutes celles qui
veulent borner le champ d'action de l'exprimentateur.
Nous n'hsiterons donc pas, prcisment parce que nous suivons les
enseignements del'exprience, mettre en garde nos lves contre les
dangers de certaines pratiquesthtrales qu'on rencontrait dans
l'cole Charcot, comme les coups de gongs violents, lescoups de
sifflets aigus, les jets brusques de lumire vive, et autres procds
dangereux.De mme, nous nous levons contre la suggestion impose qui
est un vritable violmoral. Il ne faut en user qu'avec la plus
extrme prudence et seulement l o lasuggestion raisonne ne saurait
tre applique.
Nous devons considrer les sujets et les malades non comme des
pantins peuintressants, sur lesquels tout est permis, mais comme
des tres humains qui mritenttoute notre attention, toute notre
sollicitude. Nos expriences et nos soins doivent leurtre toujours
profitables, jamais nuisibles. De mme que nous nous sommes
toujoursefforc de lutter contre les supercheries et le
charlatanisme des faux psychistes et d'endvoiler sans piti les
procds le plus souvent enfantins, de mme nous prtendonsavoir
travaill ragir de toutes nos forces contre les mthodes inhumaines
qui nepouvaient que nuire aux progrs des sciences psychiques.
11
-
Nous avons essay de dgager des diffrentes mthodes les moyens les
meilleurs pourpermettre la volont humaine d'atteindre son plus haut
point. Magntisme,hypnotisme, suggestion sont les procds
exprimentaux par excellence de lapsychologie scientifique. A la
psychophysique des Weber, des Fechner et des Wundtsuccdera en
France une cole nouvelle dont l'originalit se manifestera de plus
en plusaux yeux de tout observateur impartial. Grce ces travaux une
conception originale desrapports de la conscience et de
l'inconscient se dgage nettement. Le magntisme, ainsique la
suggestion bien comprise (suggestion raisonne, indirecte et
motionnelle), nousapparaissent comme des moyens excellents de
relever les volonts dfaillantes et de fairenatre des nergies
nouvelles. Ces pratiques sont profondment morales et tout tre
bienquilibr, matre de lui-mme, trouvera dans les mthodes telles que
nous les concevonsun moyen sr de communiquer aux autres la matrise
et l'quilibre qu'il possde dj.
Si la valeur d'une science se reconnat ses rsultats pratiques,
nous sommes srsd'avoir bien mrit de la psychologie, puisqu'un
nombre infini d'attestations nous prouvequels services moraux nous
rendons chaque jour tous ceux qui ont bien voulu suivrenos
conseils.
1er janvier 1924. Henri DURVILLE.
Lusine humaine
La Volont sige ct de la Destine comme puissance directrice de
notrevolution. Pythagore (Vers d'or recueillis par Lysis).
Rien n'est impossible: il y a des voies qui conduisent toutes
choses. Si nous avionsassez de volont, nous aurions toujours assez
de moyen.
La Rochefoucauld.
Notre volont est une force qui commande toutes les autres,
lorsque nous ladirigeons avec intelligence.
Buffon.
Une volont inflexible surmonte tout et l'emporte mme sur le
temps. Chateaubriand.
Dieu a jet c'est ma croyance la terre au milieu de l'air et de
mme l'homme aumilieu de sa destine. La destine l'enveloppe et
l'emporte vers le but toujours voil. Levulgaire est entran; les
grands caractres sont ceux qui luttent.
A. de Vigny.
12
-
C'est la seule tideur de notre volont qui fait notre faiblesse,
et l'on est toujours fortpour faire ce qu'on veut fortement.
Jean-Jacques Rousseau.
La volont est la ralit unique et comme le cur de toutes choses.
Schopenhauer. Mmoires sur les Sciences occultes
Savoir est peu de chose; vouloir, agir, voil ce qui importe. Or,
pour donner l'homme ce caractre, cette sret de jugement et de
dcision qui sont tout dans la vie,quel est le meilleur des matres ?
Le livre ? Non. La vie.
Gabriel Hanotaux. Du choix d'une carrire.
Nous n'arrivons rien que par la volont, mais la volont a besoin
d'un aiguillon; detoutes les forces de notre me, c'est celle qui se
rouille le plus vite quand on n'en use pas.
Laboulaye.
Le Magntisme personnel largit nos moyens d'action, il multiplie
nos prises sur lavie. Par lui, nous entrons en contact avec les
nergies qui nous entourent, avec lessympathies qui flottent,
indcises et incertaines autour de nous. Nous nous lessubordonnons,
nous nous les attachons, nous nous les incorporons. Elles
viennentaccrotre d'autant notre individualit; et nos forces
personnelles, ainsi largies etintensifies, agissent avec plus
d'efficacit dans le champ qui leur est assign.
W. W. Atkinson. La Force-Pense,
L'USINE HUMAINE
Insuffisance des mthodes actuelles de culture psychique. L'tre
humain peut trecompar une usine comportant un ensemble de machines
groupes en fonctions(fonction digestive, circulatoire,
respiratoire, nerveuse, etc...). L'usine humainepossde deux
dirigeants: le conscient et l'inconscient; l'un est le directeur,
l'autre le sous-directeur. Les deux standards tlphoniques: le
standard crbral et le standard du grandsympathique. Ce qu'on entend
par inconscient. Rle que joue l'inconscient dans notreactivit
musculaire. La rvlation de la pense par les mouvements
inconscients. Lemcanisme du trac et des rves. Proprits essentielles
de tous les faits de conscience.Comment dvelopper la mmoire. Les
associations d'ides conscientes etinconscientes. L'homme suprieur;
ses caractristiques. Notre mthode d'ducations'adresse votre corps,
votre inconscient et votre conscient. Les tapesinitiatiques.
Rsum.
13
-
La plupart des mthodes qui se proposent de vous donner le
maximum de forces, desuccs, de bonheur, d'action sur les autres,
nous paraissent incompltes et insuffisantes.Aucune n'envisage la
machine humaine dans son unit, aucune n'essaie d'en tudier
avecordre les trois parties dans leur connexit, en montrant comment
le plein dveloppementde chacune de ces parties est indispensable la
mise en valeur des deux autres. Les unesn'envisagent que le ct
musculaire et donnent, comme moyen de dvelopper la volont,les
exercices physiques pousss l'extrme. Les autres ne considrent que
le rgimealimentaire, recommandent de manger ou des lgumes, ou des
crales, ou des fruits.D'autres ne s'appliquent qu' dvelopper la
respiration. Toutes ne regardent que lephysique, que les organes de
la machine, mais elles ne connaissent ni le contre-matrede l'usine,
ni son directeur. Certaines veulent matriser linconscient en
supprimant soitl'instinct sexuel, soit mme tous les dsirs pour
aboutir au nirvana bouddhique. D'autres,enfin, ne s'intressent
qu'aux phnomnes suprieurs d lesprit: attention, rflexion,jugement,
raisonnement, volont. Aucune d'elles ne considre l'tre humain tout
entier,alors que pourtant un quilibre parfait ne peut tre obtenu
que par le dveloppementprogressif, rgulier de toutes les parties
qui composent cet ensemble, puisque chacune deces parties commande
aux autres autant qu'elle dpend d'elles.
Mais, me direz-vous, le travail que vous me proposez sera long
et difficile. Je serairebut avant d'arriver au but. Ne l'oubliez
pas: je vous propose, non une transformation.immdiatement complte,
ce qui serait chimrique, mais une direction nouvelle de votrevie,
ce qui vous est indispensable.. Cette direction vous donnera de
suite une grande partde ce que vous dsirez. D'autres feraient de
vous un monstre physique ou moral, et vousaboutiriez sous leur
direction des insuccs plus pnibles que toutes nos sages
lenteurs,parce qu'ils ne laisseraient chez vous qu'un irrmissible
dsespoir. Ce que je dsire, c'estdvelopper harmonieusement toutes
les parties de votre tre. Soyez sr qu'aucuninsuccs n'est craindre
pour qui sait et veut persvrer, sr d'atteindre le but.
Pour dvelopper l'tre tout entier, il faut d'abord veiller sur
les machines del'organisme. Ce sont elles qui fabriquent la force
nerveuse dont useront l'inconscient et laconscience. Votre corps
est comme une usine o des ouvriers fabriquent sans cesse
desproduits nouveaux, les ides, les sentiments, tandis que d'autres
rparent et entretiennenttous les rouages.
Les rouages de l'usine humaine sont lis troitement les uns aux
autres. Si l'un nefonctionne pas bien, tous les autres s'en
ressentent. Il faut donc tudier leurenchanement troit.
Le premier d'entre eux, c'est l'appareil digestif avec ses
diffrentes parties: bouche,sophage, estomac, intestin grle, gros
intestin. Le but, dans cette partie de l'usine, c'estde transformer
les aliments en chyme, puis en chyle, liquide pais et blanc qui
passe dansles vaisseaux chylifres, puis dans un vaisseau
lymphatique (c'est--dire contenant lalymphe, liquide pais et blanc
compos comme le sang). Ce vaisseau, c'est le canalthoracique qui,
parti de l'abdomen, va verser son produit dans la veine
sous-claviregauche, c'est--dire dans le torrent circulatoire.
A cet appareil digestif est joint un grand bureau de contrle,
une grande usinechimique, le foie, qui surveille les produits de la
digestion, mulsionne les graisses des
14
-
aliments, prpare des graisses propres, fournit aux sucs
alimentaires Tout ce qui leurmanque et transforme tout ce qui leur
serait nuisible but de l'appareil digestif est donc laformation de
la lymphe et du sang.
La lymphe contient les leucocytes ou phagocytes cyte : cellule ;
leuco: blanche; phago:mangeur; cyte: de cellules). Ces phagocytes
sont les agents de police de notre corps.Partout o l'organisme est
menac d'une invasion de microbes, les phagocytes accourent,mme sans
jambes avec une extrme rapidit, se jettent sur les assassins de
l'organisme,et les font disparatre soit en les absorbant, soi en se
sacrifiant et en mourant pour formerun rempart autour du mal qui
nous menace et crer un abcs.
D'autre part, l'intestin rejette les matires qui nont pu tre
assimiles, et ces excrtionsont une importance capitale; elles
doivent tre rgulires, et vous devez provoquer leurrgularit en vous
astreignant heures fixes, au lever et au coucher, dbarrasser
votreorganisme de ce qui l'encombre, Vous renforcerez par
l'habitude la puissance de vosmuscles; vous vous pargnerez bien des
constipations, ou des diarrhes. L'excellentmdecin qu'tait Franois
Rabelais, le joyeux auteur de Gargantua et de Pantagruel,recommande
au matre de son jeune hros de ne pas oublier les sages
prescriptions quenous venons de vous donner, et que vous suivrez
dsormais pour accrotre votre sant etvotre matrise sur vous-mme.
Le sang est form, il faut qu'il aille nourrir tout l'organisme.
Pour l'envoyer jusqu'auxextrmits du corps et pour le retirer
ensuite, nous sommes munis d'une pompe la foisfoulante et
aspirante: le cur; les vaisseaux qui transportent le sang frais et
nourricierdans tous les organes, ce sont en gnral les artres; ceux
qui le ramnent, ce sont lesveines. Vous comprenez qu'une hygine du
cur et des vaisseaux sanguins estindispensable. Nous vous en
indiquerons les rgles.
De mme que le foie est le bureau de contrle des fonctions
digestives, de mme lerein sert filtrer les impurets du sang, le
dbarrasser des poisons ou toxines qu'ilcontient. D'autre part, nous
avons la surface de la peau les grandes sudoripares, ouproductrices
de sueur, qui jouent un rle analogue celui du rein. On le comprend
donc:il faut viter au rein tout travail excessif; vitez-lui d'avoir
vous dbarrasser de votrealcool, c'est--dire, ne prenez pas
d'alcool; il faut, d'autre part, lui permettre de bienfonctionner,
lui donner des liquides en quantit suffisante, et des liquides
excellents pourlui.
Le sang qui a nourri vos organes, qui a rpar votre machine,
s'est charg de toutes sescrasses; sur vos globules s'est fix de
l'acide carbonique. Il faut qu'il soit remplac parl'oxygne de
l'air. Votre vie est une combustion, vous devez alimenter votre
flamme.Bien respirer, c'est donc se prparer bien vivre. Vous devez
augmenter dans la mesurencessaire la capacit de vos poumons; vous
devez veiller sur le cube d'air que vous leurfournirez et sur la
qualit de cet air. Recherchez le soleil qui tue les microbes, et
enparticulier le bacille de Koch qui cre la tuberculose;
souvenez-vous du nom que luiavaient donn les grecs, Apollon,
c'est--dire le destructeur de monstres. Recherchez laprsence des
feuillages qui absorbent l'acide carbonique et produisent de
l'oxygne.Laissez, le plus que vous le pourrez, et vous le pourrez
presque toujours grce l'accoutumance, vos fentres ouvertes. Ainsi
le sang bleu fonc de vos veines, charg detous vos miasmes, se
transformera en un beau sang rouge, capable de nourrircopieusement
votre plasma nerveux.
15
-
Nous arrivons maintenant la fonction essentielle de votre
machine. Votre corps estparcouru jusqu' la peau par une multitude
de filets nerveux d'abord infiniment petits,termins la peau par des
corpuscules de formes diverses, chargs de fonctionsspciales. Ces
minces filets se runissent. Ce sont des fils tlgraphiques dont les
unstransmettent au cerveau les renseignements fournis par vos sens
et votre peau, et dont lesautres portent aux muscles les ordres du
cerveau. Tous ces filets viennent s'aboucher etaboutissent la
moelle pinire, qui se continue par la moelle allonge, le cervelet
etl'encphale. Ce systme constitue votre grand central tlphonique.
C'est lui qui vouspermet de percevoir des sensations, de vous
mouvoir, de penser, d'agir.
Mais il est un autre systme aussi important en son genre et
compos de faon toutediffrente, c'est celui qui permet tous vos
organes digestifs, circulatoires,respiratoires, de fonctionner:
c'est le grand sympathique. Il forme une sorte de circuitferm,
rattach seulement au grand systme nerveux central par deux nerfs.
Ainsis'explique ce fait que nous sommes mal renseigns sur ce qui se
passe dans nos viscres.Nous verrons pourquoi c'est l une ncessit.
Le long de ce circuit se trouvent en grandequantit des ganglions
nerveux. Ce sont des centres infrieurs d'o partent directementdes
ordres rguliers qui commandent aux organes du tronc. Ces ganglions
forment, enplusieurs endroits, des amas enlacs, d'o leur nom de
plexus (de plecto: J'enlace). Lesdeux plus importants sont le
plexus cardiaque la hauteur du cur, et le plexus solaireau niveau
de l'estomac.
imageFig. 1. Schma du systme nerveux grand sympathique. Toutes
nos fonctions organiques (digestion, circulation, respiration,
etc...) sont
commandes par un systme nerveux dont l'activit chappe notre
volont : le systmedu grand sympathique. Ce systme nerveux se
compose essentiellement de deux cordonsnerveux qui, prenant
naissance dans la moelle pinire la hauteur de la premirevertbre
cervicale descendent de chaque ct de la colonne vertbrale pour se
terminer la dernire vertbre sacre. De ces deux cordons nerveux
partent des nerfs qui serejoignent la ligne mdiane du corps et
s'enlacent pour former des plexus dont le plusimportant est le
plexus solaire (10) situ derrire l'estomac. Les anciens
physiologistesconsidraient ce plexus solaire comme un vritable
cerveau abdomina. Les autres plexusfigurs sur le schma ci-dessus
sont: le plexus cardiaque (6), le plexus msentrique (11)et le
plexus hypogastrique (12).
Les ganglions du double cordon qui limitent le grand sympathique
se correspondentrgulirement et sont situs de chaque ct du rachis ou
colonne vertbrale.
Il y a donc en nous deux tableaux ou, comme on le dit
aujourd'hui, deux standardstlphoniques:
L'un, le standard crbral, relie tous les points de notre corps
nos hmisphrescrbraux, par une double ligne, l'une d'aller, l'autre
de retour. L, les communicationssont trs rapides. Il s'agit, en
effet, d'une part, de guider nos mouvements musculairespour viter
tous les dangers, d autre part de prparer, par des combinaisons
nouvelles,une adaptation toujours plus parfaite de l'organisme au
milieu dans lequel nous voluons.Les forces qui permettent cette
adaptation ont t nommes raison, sciences, arts,industries.
16
-
D'autre part, le second tableau ou standard du grand sympathique
commande toutesnos fonctions vitales internes: digestion,
circulation, respiration. Or, ici, il ne faut pas d'coup; tout doit
tre rgulier, automatique, sans cesse identique soi-mme. Il ne faut
paspermettre la force nerveuse de perturber cette partie du systme
nerveux. Un boncontrematre n'est pas celui qui transforme les
ordres de son directeur, mais celui qui lesexcute toujours avec
ponctualit.
Au premier standard (cerveau et organes annexes) se rattache
tout ce qui est conscient,tout ce que nous savons et voyons
clairement, soit propos de nous-mme, soit proposdu monde extrieur;
au second standard (grand sympathique) correspond tout ce
quiregarde nos appareils internes dans notre thorax ou notre
abdomen, tout ce qui assure largularit de notre vie physiologique,
tout ce que nous savons et connaissons mal denous-mme, tout ce que
nous devrions mieux connatre pour assurer la rgularit denotre vie,
de notre sant, de notre bonheur.
Il est mal commode de comprendre ce qu'on entend par
inconscient. Les philosophesfranais du XVIIe sicle, et en
particulier Descartes, pris avant tout de clart et denettet,
avaient supprim cette partie de nous-mme. Ou nous sentons
clairement etdistinctement une chose, disaient-ils, ou nous ne la
sentons pas du tout. Ils enconcluaient ceci: l'me est plus facile
connatre que le corps.
C'tait l commettre une dangereuse erreur par omission. Il est
facile de prouver quevous tes le thtre d'une foule de faits
demi-conscients, dont vous ne constatez envous que les traces,
lorsqu'ils sont passs. Tous les degrs existent du reste dans
laconscience depuis la vision blouissante d'un raisonnement par un
esprit sr de lui-mme, jusqu'aux demi-teintes les plus attnues et
les plus fugaces que prsentent lesphnomnes obscurs de la sensibilit
interne, les douleurs vagues dites du mal de cur,les plaisirs
obscurs de la digestion et mille autres.
Certains exemples qui prouvent l'existence de l'inconscient sont
classiques. Lemeunier dort au tic-tac de son moulin. Il se rveille
lorsque ce tic-tac cesse et que la roues'arrte. Il y a donc en lui
un rveil bien mont qui suit, en dehors de la conscience,pendant le
sommeil, ce bruit particulier. La suppression de ce bruit, seule
importantepour le meunier, a seule affect la conscience.
Vous tes dans votre chambre et vous travaillez. Tout coup,
pendant un moment dedtente, vos yeux se fixent, sans que vous y
pensiez, sur les dessins du papier: ce sontdes bouquets de roses
nous par des faveurs bleues. Ces bouquets sont runis les uns
auxautres par des guirlandes de roses plus petites. Vous analysez
tous les dtails du dessin,vous notez toutes les nuances des fleurs.
Il vous semble que vous n'aviez jamais vu ceque vous regardez
ainsi. Pourtant, depuis de longues annes vous habitez cette
chambre.Mille et mille fois vos yeux se sont poss sur ces roses.
Vous les connaissez depuislongtemps, vous les voyez sans cesse.
Elles sont contenues dans toutes les impressionsque vous recevez
chaque seconde, chaque millime de seconde, du monde extrieur vous.
Pourquoi ne les voyez-vous pas ? C'est que vous avez cart la
sensation que vousen recevez, parce qu'elle est inutile.
N'existe-t-elle donc pas ? Si, mais vous dites quevous n'en avez
pas conscience. L'impression consciente peut se produire, elle est
toujours votre disposition, mais vous l'avez mise en rserve, comme
une mnagre conome le
17
-
fait pour ses confitures.Il en est de mme pour tous les faits de
votre vie mentale; tous vos sens vous donnent
chaque instant des millions de renseignements parmi lesquels
vous en choisissezquelques-uns, souvent un seulement pour fixer sur
lui votre attention. D'autre part, vousavez en vous des milliards
de souvenirs possibles parmi lesquels vous pouvez choisirquand vous
le voulez, comme vous pouvez aller chercher dans un album
unephotographie entre mille autres. Tous ces souvenirs sont en
rserve dans votreinconscient.
Une personne que vous n'aviez jamais vue apparat devant vous.
Vous vous sentezattir; elle vous plat; vous prouvez le dsir de lui
causer, de vous rapprocher d'elle.Pourquoi ? C'est que votre
inconscient fait des siennes. Tel trait de cette personne,
telleattitude, telle inflexion de voix ont rveill en vous, sans que
vous vous en doutiez, unefoule de souvenirs qui se rapportent des
personnes aimes par vous antrieurement.C'est le regard d'une sur,
la voix d'une mre, l'attitude d'une femme que vous avezadmire dans
votre entourage, au thtre, dans une photographie mme ou une
gravure.Tous les sentiments que vous avez prouvs pour les personnes
qui de prs ou de loinressemblaient celle qui provoque chez vous une
vive et soudaine sympathie, s'associent la vue, la pense de cette
personne. Et cette brusque synthse s'opre votre insu; ilvous serait
aussi difficile d'en dcouvrir les lments qu'il l'est d'ordinaire de
remonteraux causes de nos rves.
imageFig. 2. La lecture de la pense l'aide du dispositif du
Docteur d'Allonnes.Le Docteur d'Allonnes a demand son sujet de
penser une multiplication dont les
chiffres ne dpassent pas 10. Il a pens: 2X4=8. Les contractions
involontaires de lamain sont trs nettement indiques sur le
graphique.
La plupart de nos sensations, de nos motions, de nos sentiments
ont dans ce qu'onappelle l'inconscient leurs causes profondes.
II en est de mme pour nos actes volontaires. Ils sont prpars par
des mouvementsautomatiques dont les exprimentateurs ont rvl
l'existence.
Le Docteur Binet donne un livre une personne veille et lui
ordonne de lire hautevoix. Pendant ce temps, il isole, par un
carton assez grand, la main qui ne tient pas lelivre. A cette main
qui est munie d'un crayon, il imprime un mouvement dtermin, detelle
faon qu'elle trace ou des ronds, ou des barres sur un papier. Il
continue quelquesinstants le mouvement pendant que toute
l'attention du sujet est concentre dans salecture. Aprs quelque
temps, il abandonne la main elle-mme: elle continueautomatiquement
le mouvement qui lui a t impos et qu'elle prolonge encorelongtemps,
en dehors du contrle de son propritaire absorb par d'autres
soins.
imageFig. 3. Autre exprience de lecture de la pense avec le mme
dispositif.Le sujet qui n'a pas la conscience trs nette a pens j'ai
vol la bague, seulement il
18
-
crit gai voler pour j'ai vol. Ce rsultat l'a tellement frapp
qu'il a tent, plusieursreprises, de dtruire ce document.
On peut aller plus loin et pntrer dans la pense d'autrui grce
aux renseignementsque nous donnent ses mouvements inconscients. M.
le Docteur d'Allonnes a imagin undispositif qui permet de deviner
automatiquement une pense non exprime, conditionqu'elle ne soit pas
trop complique.
Supposez un cylindre rotatif o sont inscrites des ordonnes ou
lignes verticales desintervalles toujours les mmes. Chaque ordonne
est repre par un chiffre ou par unelettre, inscrite sur elle. Le
sujet dont on veut deviner la pense est assis, le dos tourn
aucylindre, et tient la main une poire de caoutchouc comme celles
qu'on emploie enphotographie. La poire est adapte un tube mince qui
communique avec un tambourinscripteur de Marey. Donc la moindre
contraction du sujet qui serrera la poire son insuproduira une
marque sur le tambour inscripteur.
Faites penser un chiffre ou une lettre au sujet et nommez toutes
les lettres ou tous leschiffres au fur et mesure de leur passage
devant la pointe. Quand vous noncerez lechiffre ou la lettre que le
sujet a d'abord pens, son insu, la main de ce sujet secontractera,
et cette contraction s'inscrira presque sans erreur possible.
Si vous dsirez obtenir une phrase entire, cherchez deviner
successivement leslettres de chaque mot. Que votre sujet pense
d'abord la premire lettre du premier mot.Epelez haute voix toutes
les lettres de l'alphabet et le sujet contractera sa
maininvolontairement au passage de la lettre qu'il aura pense. Vous
arriverez ainsi aisment former la phrase entire. Ces expriences
russissent non seulement avec les grandsnerveux, mais aussi avec la
trs grande majorit des personnes.
Par le mme procd, on peut deviner des nombres et des oprations
sur les nombres.Dites votre sujet d'oprer mentalement une
soustraction de deux nombres compris entre7 et 41. Si le sujet
ragit 16, 24 et 40, c'est videmment parce qu'il aura pens que40
diminu de 24 gale 16.
Dites ensuite au sujet de penser une multiplication dont les
chiffres ne dpassent pas10. S'il ragit 2, 4 et 8, vous en conclurez
qu'il a pens: 2 multipli par 4 gale 8.
Vous pourrez mme deviner ce que la volont de celui qui sert
l'exprience voudraitvous cacher, pourvu qu'il soit un grand
nerveux. Le Docteur d'Allonnes a t amen tenter cette exprience,
parce qu'il avait remarqu que lorsqu'un sujet a conscience de
sesractions involontaires et qu'il cherche les supprimer, il lui
arrive de ragir plus fortencore que d'habitude
imageFig. 4. Exprience avec le mme dispositif du Docteur
d'Allonnes, Divination d'un
nombre pens.Le 1er graphique (m) reprsente les mouvements de la
main; le 2e (r), le trouble
simultan de la respiration.Une jeune femme de vingt ans,
criminelle, non aline, avait vitriol sa rivale. Elle
avait obtenu un non-lieu en simulant l'hystrie, subterfuge que
son avocat, disait-elle,n'avait pas dsavou. Le Docteur d'Allonnes,
au moyen de son dispositif, obtint des
19
-
aveux crits. Nous reproduisons une figure qui montre cette
curieuse exprience. Letrac contient l'aveu: gai voler pour j'ai vol
. Le franais est corch, mais le sujeten expriences est une
illettre.
Ces contractions involontaires des muscles ont t utilises par
tous les soi-disantliseurs de pense. L'un d'eux, Bellini, faisait
cacher un objet dans une salle et disait leretrouver en pntrant la
pense d'un spectateur qui parcourait la salle avec lui en
luidonnant la main. En ralit, il sentait, en passant devant la
range de chaises o l'objettait cach, une lgre rsistance de son aide
involontaire. Il tait fix et n'allait pas plusloin. Pour employer
l'expression des enfants dans un jeu semblable, il brlait
Alors,pntrant dans la range, il continuait sa recherche, soutenu
par les murmures admiratifsdes voisins et par les faibles
mouvements de la main qu il emprisonnait.
De mme, Pickmann, le liseur de penses bien connu, disait un
spectateur, qui n'taitnullement un compre: Vous allez penser un
chiffre, je le lirai dans votre cerveau etj'crirai ce chiffre au
tableau noir. Il n'y aura ainsi ni truc, ni comprage possible.
Pickmann disait une part de la vrit: il n'avait aucun aide. Mais,
son insu, lespectateur, par ses mouvements inconscients, servait
lui-mme de compre. Pour fairel'exprience, Pickmann plaait quelqu'un
devant un tableau noir et lui faisait tenir dans samain droite un
morceau de craie. Puis il lui prenait cette main, et, mesure
qu'ilprononait rapidement et trs haute voix les chiffres 0, 1, 2,
etc..., il entranait la maindroite du spectateur en faisant le
simulacre d'crire chacun des chiffres en mme tempsqu'il l'nonait.
Lorsque le chiffre pens tait prononc, le spectateur avait un
lgermouvement qui le portait, sans s'en rendre compte, crire
lui-mme le chiffre.
Cette influence de l'inconscient se rvle pleinement dans
l'criture. C'est de cetteremarque qu'est ne la graphologie. Que
notre sant s'altre, nous voyons les finales desmots, les
terminaisons des lignes s'abaisser de la manire la plus dcourage.
Aucontraire, des lignes ascendantes rvlent une sant florissante, un
excellent moral et desvises ambitieuses, avoues ou inavoues.
De mme, celui que la vie a rendu renferm fermera ses o et ses a
et les boucleramme, s'il est devenu tout fait mfiant. Celui qui est
volontaire barre fortement ses t. Lefait de ponctuer correctement
rvle des habitudes d'ordre. Mille autres signes peuventnous rvler
l'tat de la sant ou de l'esprit chez ceux qui nous avons faire.
Nousreviendrons, dans le prsent Cours, sur cette importante
tude.
C'est l'inconscient encore qu'il faut attribuer le trac et les
rves. Le trac, c'est lacrainte irraisonne du public. A force de se
dire qu'il va mal parler, mal chanter, maljouer, le malheureux
traqueur se met lui-mme dans un tel tat qui ralise ses
plussinistres prdictions. Sa mmoire se paralyse; ses ides n'ont
plus aucune cohrence; lesmots qu'il doit dire le fuient; et
lorsqu'il constate ces dfaillances, ses craintesredoublent. Son
corps s'en mle, ses jambes se refusent le porter, son larynx et
sonestomac se serrent, il devient la proie de l'aphonie et des plus
pnibles vertiges.
Le trac exerce une influence nfaste sur le rein et l'intestin
qu'il empche defonctionner. Des sueurs abondantes et glaces
couvrent le corps du malheureux qui lesubit.
Il est peine besoin de dmontrer que nos rves sont le produit de
notre inconscient20
-
qui dans ce cas agit seul. Alfred Maury ( Maury l'Alfred). Le
Sommeil et les rves. ) aprouv que la cause de certains rves rside
dans des faits physiologiques qui prcdentou accompagnent le
sommeil, ou dans les associations inconscientes. M. Foucault
ainsist sur ce dernier point ( Foucault (Marcel). Le rve, Paris,
1906. ).
Un exemple de ce genre de rve, donn par Maury, est
caractristique. Le distingupsychologue s'tait exerc noter ses
impressions. Une nuit, il se voit brusquementdevant le tribunal
rvolutionnaire. Il reconnat le terrible Fouquier-Tinville et
bientts'entend condamner mort. Il se voit dans la prison, entend
l'appel de son nom, montesur la charrette funbre, arrive devant
l'chafaud, il est pouss sur la bascule et sentdistinctement sur sa
nuque l'effroyable choc du couperet. Brusquement il se rveille
ets'aperoit que le bois de son ciel de lit vient de lui tomber sur
la nuque et de provoquerson retour la pleine conscience. Ainsi, les
multiples images qui avaient dfil dans sonesprit avaient succd la
chute du bois de lit. On voit avec quelle incroyable rapiditelles
s'taient produites, puisqu'il ne s'tait certainement pas coul plus
d'une secondeentre le choc du morceau de bois et le rveil. On voit
aussi que l'intelligence del'observateur avait inconsciemment
cherch une explication du phnomne physique etphysiologique, et
qu'une infrence secrte avait amen Maury se dire: Je dois tre
l'poque de la Terreur, puisque je reois sur ma tte le couperet de
la guillotine.
Vous commencez imaginer quelle place considrable occupe
l'inconscient dans votrevie mentale. On peut dire que les faits
conscients sont, en proportion des faitsinconscients, trs peu
nombreux. Nous le concevrons sans peine si nous songeons que cesont
eux qui prsident tout ce qui est en nous automatique, invariable,
toujoursidentique soi-mme. Les faits inconscients s'organisent et
c'est de leur ordre mme quenat la conscience. Elle est comme la
flamme qui se produit tout d'un coup dans le foyer,mais qui
n'aurait pu luire si le soufflet n'avait attir les braises. La
conscience n'est pas,comme l'a cru Maudsley, un luxe sans
importance ; elle est le rsultat ncessaire de toutcet enchanement
que nous avons pass en revue avec vous. De mme que ntre
usinephysiologique a pour but de fabriquer la force nerveuse qui,
selon la forte expression deTh. Ribot, s'accumule dans notre
inconscient, de mme cette force, lorsque son potentielest
suffisant, se manifeste sous la forme consciente quil nous reste
tudier.
Tous les faits de conscience prsentent trois proprits
essentielles: ils se gravent et sereproduisent; ils sont lis
d'autres; ils peuvent tre isols. Ils se gravent dans lammoire; ils
sont reproduits par l'habitude; ils sont lis par l'association; ils
sont isolsles uns des autres par l'attention. Pour conqurir une
parfaite matrise sur vous-mme etsur les autres, il est essentiel de
bien comprendre la nature et les conditions de cesproprits, car
toute votre vie physique, mentale et motionnelle dpend de
vossouvenirs, de vos habitudes, de vos associations d'ides et de
votre force d'attention.
Nous dissquerons en peu de mots chacun de ces lments, tout en
essayant demontrer leur intime liaison.
Tout fait de conscience: ide, plaisir ou douleur, action,
rsolution se grave dans votremmoire. Il y subsiste et dans certains
cas, comme dans le dlire, vous voyez rapparatreavec stupeur chez un
malade des souvenirs d'vnements trs lointains et qui
semblaientcompltement abolis. Vous possdez donc en vous un trsor
dont vous ne souponnez
21
-
certes pas la richesse. C'est vous de veiller sur lui pour n'en
rien perdre. Ces souvenirsne demeurent pas comme des clichs sur une
plaque photographique; on pourrait lescomparer aux moutons
qu'enferme une bergerie au moment o la bergre vient leschercher
pour les mener patre. Ils se pressent pour sortir de l'inconscient;
une lutteviolente se livre entre eux; les plus faibles restent dans
l'ombre; seuls les plus fortsrussissent sortir.
Vous comprendrez sans peine combien il vous importe de savoir
pourquoi certains deces souvenirs sont plus forts que les autres.
Car, ds lors, vous commanderez votremmoire. Un fait de conscience
rapparat d'autant mieux qu'il a t plus souventenregistr, qu'il a t
li un plus grand nombre d'autres faits, qu'il a t accompagnd'une
peine ou d'un plaisir plus vifs, et enfin qu'il est dj apparu plus
souvent. Vous tesdonc sr que votre mmoire sera d'autant meilleure
que vous vous donnerez la peine derevoir sans cesse ce que vous
dsirez bien savoir, que vous lierez entre elles de mieux enmieux
toutes vos connaissances, que vous tudierez gaiement ce que vous
tiendrez savoir, et que vous tcherez de crer en vous des habitudes.
D'autre part, n'oubliez pasque vos souvenirs sont conservs par
votre inconscient, c'est--dire par vos machinesphysiologiques. Il
importe donc avant tout que vos machines soient en bon tat.
Uncerveau baign, irrigu par un sang pur et nourricier sera plus
puissant que tous lesautres. Lorsque vous aurez lu notre chapitre
sur l'alimentation vous comprendrezpourquoi les penseurs, les
savants, les artistes les plus remarquables ont un rgime trsrgulier
(exemple: Victor Hugo) et une nourriture trs frugale.
Vous pouvez agir sur vos souvenirs; donc vous agirez sur vos
habitudes, qui sont lessouvenirs de vos actes. Vous tes le matre de
leur rptition, vous tes le matre duplaisir qu'elle vous cause, vous
tes le matre des associations que vous tablissez entreces actes.
C'est vous qui avez cr les habitudes que vous avez de lire,
d'crire, de nager,d'aller en bicyclette, de jouer de la musique.
Vous pouvez en crer une infinit d'autres.L'acquisition de tous les
mtiers, de tous les arts, de toutes les sciences est due
l'habitude. Si vous comprenez profondment ce qui vous est dit ici,
votre vie va, commenous vous l'avons promis, se transformer du tout
au tout. Vous diviserez sans cesse vosefforts, pour rendre chacun
d'eux toujours gal vos forces et, par suite, agrable. Peu peu vous
ferez passer dans votre inconscient une foule d'actes d'abord
pnibles qui vousdeviendront faciles. Ils seront alors rguliers,
automatiques; ils n'auront plus besoin devotre contrle perptuel, et
vous pourrez appliquer des objets nouveaux des forcesmentales sans
cesse dcuples.
Vous surveillerez galement vos associations psychiques. Votre
encphale contient ungrand nombre de fibres qui sont lies les unes
aux autres et qui sont l'image de cesliaisons mentales dont vous
constatez sans cesse en vous l'existence. Un mot en amneun autre;
vos souvenirs, vos sensations, vos motions, vos sentiments, vos
actes surtoutsont lis entre eux. Mais vous vous apercevrez que ces
liaisons se font au hasard.
Maury raconte que dans l'un de ses rves il se vit auprs du feu
ramassant la cendreavec une pelle, puis brusquement il se trouva
chez son ami Pellerin, puis il se vit Jrusalem en plerinage. C'est
l'association des mots qui avait amen l'association desimages. Il
en est ainsi surtout dans une conversation btons rompus. Vous
pourrez vousen assurer en la suivant, sans y prendre part, pour
constater o elle commence et o elleaboutit. Mais ct de ces
associations fortuites o il semble qu'un cho guide la pense,
22
-
il en est de plus importantes: celles qui amnent le savant faire
ses dcouvertes, celles,par exemple, qui ont conduit les chimistes
comparer l'hlium gazeux l'hydrogne, constater qu'il tait de mme
densit, mais qu'il ne s'enflammait pas et qu'il n'avait pas lamme
tendance traverser les parois qui le contiennent. Ainsi en est-on
arriv cetteconclusion pratique trs importante que l'hlium doit
remplacer avantageusementl'hydrogne dans les ballons dirigeables.
Son emploi rendra possible ce genre denavigation arienne. Telles
sont les associations d'ides que vous devez rechercher.
Vouscarterez celles qui sont dues au hasard et qui ne peuvent que
diminuer votre forcepsychique.
Vous y russirez si vous savez tre matre de votre attention. Ne
croyez pas que ce soitfacile. Rendez-vous compte que ce phnomne est
d'abord tout spontan et que vous n'endisposez nullement. Dans une
salle obscure, projetez brusquement un jeu de lumirevive: tous les
yeux se fixeront sur lui qu'ils le veuillent ou non. Voil l'image
de touteattention. Elle vient de l'inconscient; elle travaille sans
cesse. Votre corps vous vite chaque instant, sans que vous le
sachiez, une foule de dangers. Les conditions de cephnomne sont une
respiration ample et bien rythme, une circulation sanguinergulire
et puissante, et surtout la nutrition du systme nerveux. Ds lors,
connaissantles causes du fait, vous en devenez le matre.
Mettez-vous, grce aux conseils que nousvous donnerons bientt, dans
les meilleures conditions physiologiques, munissez votreusine
humaine de bonnes machines, alimentez-les bien, rparez-les sans
cesse, vousobtiendrez de vous-mme une attention puissante et vos
souvenirs, vos habitudes, vosassociations d'ides vous dirigeront
vers les objets les meilleurs, les plus utiles audveloppement de
votre personnalit. Vous ne commanderez donc votre attention
qu'enlui obissant d'abord, en ne la forant jamais. Ne lui demandez
que ce qu'elle peut vousdonner chaque instant, mais exigez d'elle
tout ce qu'elle doit vous fournir; et la richessede votre esprit,
votre puissance mentale seront incomparables.
Ainsi se dveloppera votre moi, et par suite votre personnalit.
Vous lierez entre euxvos souvenirs dans le temps et dans l'espace
et ces liaisons sont de la plus hauteimportance. Votre personnalit
est votre uvre. Echo de l'unit qui existe dans votremachine
physiologique, elle cessera si cette machine se dsorganise. Elle
deviendrad'autant plus agissante que cette machine sera sans cesse
perfectionne. Exposez-vous la syphilis, l'alcoolisme, la
morphinomanie, et vous lserez du mme coup votresystme nerveux. Il
se dissociera, et ds lors votre personnalit fera de mme.
Aucontraire, si vous fixez le but vers lequel vous marchez, si vous
le placez aussi haut quepossible, si vous liez troitement entre
elles toutes vos sensations, toutes vos motions,tous vos actes, si
vous vous crez un atlas de souvenirs de plus en plus dvelopp,
deplus en plus net, si vous liez de mieux en mieux votre histoire
et votre gographieparticulires l'histoire et la gographie du monde
o vous vivez, de celui qui vous aprcd et de celui qui vous suivra,
vous serez alors, n'en doutez pas, de plus en plusmatre de vous-mme
et des autres. Il ne s'agit pas ici d'une science
uniquementthorique, mais d'aptitudes pratiques, les seules qui
comptent dans la vie, les seules quiferont de vous un hros
humain.
C'est ce personnage suprieur qu'un de nos amis, Victor Morgan,
hros lui-mme, ettomb glorieusement Dixmude, a dfini dans les lignes
suivantes :
23
-
L'homme suprieur, dit-il, c'est une force au repos. Chez lui,
pas de parolesinsignifiantes ou sans but. Pas de mouvements
inutiles. C'est une force sre d'elle-mmequi ne se manifeste jamais
sans besoin, parce qu'elle sait qu' la premire alerte, d'unbond,
elle fondra, comme l'clair, sur le point o elle doit agir. Le hros,
c'est un lioncouch qui, de son calme regard, contemple par-dessus
la tte des humains l'infinishorizons de flamme.
Mme dans cette inaction sa prsence est bienfaisante. De ses mots
les plus simplesse dgage un rayonnement qui agit sur son entourage.
Une harmonie rconfortante planeautour de lui.
Pourtant c'est un homme d'action. Rares, en vrit, sont les
moments o vous pouvez le surprendre au repos. La
matrise de sa volont est le trait dominant qui le sacre grand
homme. Son moi planedans un calme olympien, commande toutes ses
passions, les enflamme ou lesdiscipline. Devenu matre de lui-mme,
il a conquis le droit et le pouvoir de commanderau monde extrieur
et de le plier sa volont.
Il transforme ses sentiments en action. Pensez-vous que, dans un
tel homme, o vous pressentez une me si brlante et si
potique, une volont d'une telle matrise, si impatiente de
matrialiser les rves dupote, pensez-vous que ses moindres actions
puissent tre en dsaccord avec sessentiments ? Cela est impossible.
Sa voix, ses gestes, sa dmarche, son regard doiventimprimer un peu
du feu qui est en lui.
Oui, sa voix manifeste tous toutes les motions qu'il veut
manifester: doue,pntrante, s'il veut apaiser et rconforter;
fervente, enthousiaste, s'il veut rveiller;grave, profonde,
solennelle, s'il veut impressionner; tonnante, s'il veut
commander.
D'un calme imperturbable dans la tourmente, quand les autres
hommes sont affolset terrifis, toujours il fait entendre la voix du
matre dont chaque mot est un pouvoir.
Il est matre de son corps. Tout son tre met une radiation
invisible et puissante qui s'impose mme aux moins
sensitifs. On sent, avant qu'il ait agi, qu'il possde en ses
propres forces une confiancesans limite. Et malgr cette confiance
sans borne, il ne ressemble point l'ange del'orgueil.
Enfin son cur est tout puissant. II aime, il comprend, et, parce
qu'il comprend, il est juste pour les hommes. Ayant lu
au fond de son propre cur et reconnu que souvent le mal n'est
qu'ignorance, un profondsentiment de piti s'est veill en lui. Et
quand il faut agir, chtier, punir, son cur n'aplus de haine.
Ses facults mentales sont puissantes. Elles ont surtout le
pouvoir de juger sainement le rapport des choses. Ce qui le
rend
vraiment grand c'est qu'il unit en lui l'idaliste et l'homme
d'action. ( Victor Morgan. La Voie du Chevalier, Paris, s. d., p.
12. ).
24
-
Voil le portrait de l'homme que nous voulons former en vous. Il
nous reste tudiercomment nous y parviendrons. Pour que vous pntriez
bien ds maintenant la mthodeque nous emploierons, nous vous
indiquerons le plan que nous allons suivre dans leprsent Cours.
Nous formulerons successivement des rgles pratiques pour
transformer: 1. Votre corps au moyen:a) d'une alimentation saine;b)
d'une respiration ample et mthodique;c) d'exercices physiques
judicieusement compris.
2. Votre inconscient en nous servant:a) de l'Auto suggestion
motionnelle;b) du Regard magntique.
3. Votre conscient, votre esprit l'aide de:a) de la
Concentration mentale;b) de l'Isolement.
Ainsi l'tre suprieur qui est en vous acquerra la Matrise de
soi.Il est indiscutable qu'il s'agit l d'un travail qui demande la
fois du temps et de
l'nergie. Certes, ce temps, convenablement rparti entre les
occupations quotidiennes,finit par passer inaperu. Et l'nergie
dpense est rendue au centuple par cetentranement bien compris.
D'ailleurs la joie succde vite l'effort. Toute cette disciplinequi
paraissait fastidieuse devient, chaque instant, la source de
satisfactions nombreuses.Les membres sont souples et sans cesse
prts agir. On se sent lger. Une respirationplus large et plus
rgulire vous ravive. Il semble qu'un sang plus vif coule dans
lesveines. La digestion est parfaite. Aucune gne des organes,
aucune pesanteur. On se sentla tte libre, dgage de toute
contrainte. L'ennui se dissipe. Comme aux premiers rayonsdu jour
les ombres s'enfuient. Le cerveau, dgag de tous les doutes, se
prpare la vienouvelle. Et les premiers feux de l'aurore qui se lve
teintent joyeusement nos rves. Quedeviennent nos dceptions, nos
rancurs, nos tristesses ? Des nuages qui,
maintenant,s'estompent.
Comme le coq qui chante joyeusement l'aurore, nous laissons
chapper de nos lvresun cri de joie.
Notre dveloppement psychique apporte donc notre corps un
bien-tre inaccoutum, notre esprit des penses plus saines, notre cur
des joies plus doues. Aussi, lenouvel lve, heureux de cette
transformation qui dpasse ses meilleures esprances, selivre-t-il
chaque jour davantage cet entranement. Il s'y soumet avec
infiniment deplaisir. Il comprend que cette direction nouvelle de
vie sera pour lui le salut. Il se rendcompte que les pouvoirs
psychiques, si longtemps convoits, sont sa porte; qu'il n'est
25
-
aucune entrav dont il ne puisse se librer, aucune treinte qu'il
ne puisse briser, aucunesuggestion atavique, aucun pli psychique,
aucune forme de pense dont il ne puissedevenir le souverain
matre.
Encourag par le bien-tre qui rsulte de ces constatations, il ne
demande qu'persvrer. Il rpare bien vite les fautes anciennes. II
observe. Il rflchit. Il comprend. Ils'efforce de dvelopper en lui
des sentiments plus purs. Il dpouille le vieil homme. Et,ds ce
jour, une douce motion inonde le cur du nouvel adepte. Il escalade
allgrementla cte qui mne aux sommets.
En montagne, celui qui a gravi un pic aperoit devant lui de si
vastes horizons que ledsir lui vient de monter encore. Ainsi, au
cours du dveloppement psychique. Lesrsultats sont tels pour qui s'y
soumet avec application que, gris par un succs remportsur soi-mme,
on se sent pris d'une mulation qui nous porte agir avec une volont
plusferme et plus soutenue. On veut se dvelopper soi-mme, d'abord
physiquement etmentalement, obtenir un rythme extrieur et intrieur
qui soit le gage de la santmatrielle et morale, mais, quand on a
touch ce but, quand on se sent plein de forcesnouvelles, on en veut
faire un emploi qui soit digne d'elles et de nous. Certes, on est
bienloin de renoncer ces devoirs qui sont les liens de notre vie.
On demeure attach sonpays, sa famille, sa profession, mais il reste
encore bien des aspirations combler. Ona vu le vaste horizon et les
vises de l'gosme ne peuvent nous en dtourner.
On est puissant, fort, matre de soi. Mais quoi bon, si cette
force ne sert qu' desintrts restreints ? On sent le fonctionnement
parfait de la machine humaine. On veutmaintenant que cette machine
obisse un Idal lev, un Cur pur, une Pense plusbelle. Et, tous les
rouages de notre machine ayant t perfectionns, le
contre-matredevenu docile et sr comme un excellent employ, on
s'aperoit que notre devoir surterre est d'aider les autres. Le bien
seul, le bien de tous ceux qui nous entourent ou nousapprochent
mrite les soins que nous avons pris. Un altruisme enthousiaste et
biencompris nous permet de donner toutes nos facults l'essor
qu'elles doivent prendre.
Oui, vous deviendrez matre de tous vos rouages et ils marcheront
souhait, maistoutes ces nergies qui vont se dployer vous
rappelleront sans cesse votre devoir. Laculture de vos forces vous
prparera aux plus beaux lans; la domination de vosimpulsivits vous
montrera qu'au-del de votre personne et de ses intrts, il est
desrgions aussi belles que vastes et que vous devez explorer. Vous
n'aurez plus ni crainte,ni colre, ni jalousie. Vous irez vers tous
les tres la main tendue et le curfraternellement ouvert. C'est
cette forme de pense qui doit fleurir dans votre jardinmental. Les
vues nouvelles, leves, prises de beaut et de bont seront le
besoinnouveau qui se sera cr par le perfectionnement de votre
organisme. Et vous n'aurezmme plus besoin d'un effort pour vous
diriger de ce ct; c'est vers lui que penche toutenature forme aux
bonnes disciplines et qui tend vers une nouvelle Initiation.
Cette Initiation, nous ne pouvons ici qu'en parler brivement.
Nous l'avons esquisse grands traits dans un ouvrage crit pour ceux
qui nous suivent: Vers la Sagesse.
Notre but, dans ce travail qui fait suite ce prsent Cours de
Magntisme personnel est de renouer la tradition des Initiations
antiques, de faire natre le dsir d'entrer enrapport avec des
puissances inconnues qui se trouvent en nous et autour de nous.
26
-
Quels horizons magiques se droulent devant le regard de l'Adepte
quand il se sentvoluer dans ce monde o tout est douceur et clart !
Les tudes qu'il fait lui apprennentque, si hautes que puissent tre
les connaissances qu'il a acquises, il n'est qu'une partieinfinie
de ce grand Tout, de cet Univers qu'est le Macrocosme; mais aussi,
quelleimmense dignit lui vient quand il sait, d'une manire
irrfutable qu'il est lui-mme leMicrocosme, la parfaite image de ce
grand Tout, construit suivant le mme rythme etpouvant, par l'accord
mystrieux de ses rythmes, se mettre en rapport avec lui selon
sonlgitime vouloir. J'ai dit dignit, non orgueil, car, pour celui
qui sait, l'orgueil est lettremorte. Il ne vaut que par son rapport
avec l'Absolu, par cette tendance constante etqu'il comprend enfin
s'unir de toutes ses forces conscientes au plan divin de
laNature.
Mais ce n'est pas assez de connatre ces choses, de s'en pntrer
avec une noble joie. Ilfaut se soumettre une ascse qui fait de nous
des adeptes parfaits, capables des plushautes et des plus vastes
actions. Cette volution, dont notre Science secrte feracomprendre
et pntrer toute la sereine beaut, toute la splendeur consolatrice,
il fautl'obtenir et la mriter; il faut en hter les tapes autant
qu'il nous appartient.
Dans le prsent volume nous enseignons acqurir une parfaite sant,
dominer sesimpulsivits, mais ce n'est l qu'une premire tape. Vers
la Sagesse vous amnera auseuil du Temple initiatique. Et l, le
gardien du seuil l'nigmatique Sphinx de la terredes Pharaons
laissera tomber de ses lvres de pierre le secret des quatre
verbesinitiatiques. Victorieux de l'preuve, l'adepte voit s'ouvrir
devant lui les portes dusanctuaire. Notre Science secrte prpare le
nouvel lu toutes les joies qui sont larcompense du Sage.
Rsum
Aux mthodes incompltes qui se proposent de vous donner sant,
succs, bonheur,pouvoir, nous substituons une mthode synthtique.
Sa supriorit notre sens, vient de ce qu'elle comprend et utilise
la connexit queprsentent les trois parties de l'usine humaine.
1. La machine physiologique a pour but de crer la force
nerveuse, grce:a) l'appareil digestif qui forme le sang;b)
l'appareil circulatoire qui le transporte pour nourrir les
organes;c) l'appareil respiratoire qui le purifie;d) au systme
nerveux compos: 1 du systme rachidien domin par l'encphale,
centre moteur et sensitif de l'organisme; 2 du grand sympathique
qui rgleautomatiquement les appareils vitaux.
2. Le contre-matre de l'usine ou inconscient conserve:1 nos
souvenirs; 2 nos sentiments; 3 nos actes. Qui le connat bien peut
deviner la
pense d'autrui, les calculs d'autrui, le caractre
d'autrui.27
-
Connatre bien l'inconscient, c'est lutter ensuite
victorieusement contre la timidit, letrac; c'est comprendre le
mcanisme de certains rves. C'est s'expliquer la nature de tousles
faits conscients qui sont l'inconscient ce que la flamme est au
feu.
3, Le directeur de l'usine c'est l'esprit. Ses proprits gnrales
sont: 1 lammoire; 2 l'habitude; 3 l'association; 4 l'attention.
Nous pouvons, en tudiant cesproprits, nous en rendre matre et
former en nous une personnalit puissante.
Vous parviendrez la merveilleuse synthse des 3 lments composant
l'tre humainen surveillant:
1. Votre alimentation, votre respiration, vos exercices
physiques;2. En dveloppant en vous l'auto suggestion; en acquerrant
un regard magntique;3. En vous habituant la concentration mentale
et l'isolement.Ceci vous conduira la parfaite matrise de vos
impulsivits, un sentiment de force,
d'quilibre, de bien-tre. Mais ce n'est l qu'une premire tape.En
persvrant dans l'tude, de magnifiques horizons se dcouvriront vos
yeux. De
jour en jour, vous vous rendrez compte que le vritable but de la
vie est votreperfectionnement, mais la condition que ce
perfectionnement serve autour de vous.Efforcez-vous donc, chaque
jour, de gagner des qualits physiques, intellectuelles etmorales.
En ce faisant, vous cheminerez d'un pas plus rapide sur le chemin
del'volution.
Tel est le but de l'initi.
L'alimentation
II faut veiller la bonne sant du corps. Prends avec mesure les
aliments, lesboissons et les exercices qui te sont ncessaires. Ta
juste mesure sera celle quit'empchera de t'amollir. Aussi,
devras-tu t'habituer un rgime pur et svre.
Pythagore (Vers d'or recueillis par Lysis).
L'organisme est comparable un moteur qui dveloppe habituellement
tellepuissance et atteint exceptionnellement tel maximum.
L'ignorance de la puissance dumoteur humain a pour consquence son
utilisation dfectueuse au point de vue durendement en travail. Dans
certains cas, on demande l'organisme de fournir des effortstrop
intenses pour sa puissance, ce qui le dtriore rapidement ; dans
d'autres cas, aucontraire, on ne lui fait produire que des efforts
trop faibles, c'est--dire on l'utiliseincompltement.
G. Hbert. Le Code de la force.
28
-
De tout ce qui regarde le corps, comme le manger, le boire, les
vtements, la maison,les gens de la maison, n'aie que le strict
ncessaire. Tout ce qui est pour l'ostentation oula sensualit,
supprime-le entirement.
Epictte
L'ALIMENTATION
Ncessit de soigner tous les rouages de la machine humaine. La
plupart de nosmaux proviennent d'une alimentation excessive en
quantit, mauvaise en qualit. Lesexcs en quantit et leurs fcheuses
rpercussions sur notre organisme. La qualit desaliments ingrer. Le
danger que prsentent les aliments concentrs. Le foie, organede
surveillance. Le signe d'alarme hpatique. Intoxiqus maigres et
intoxiqus gras. Les signes de fatigue d'origine alimentaire. Les
trois aliments meurtriers: 1 Laviande. 2. Le sucre. 3. L'alcool.
Cherchons bannir de notre rgime toutexcitant. Apprenons vouloir.
Valeur nutritive des principaux aliments. Lameilleure boisson est
l'eau. Les aliments dfendus, surveiller et permis. Unrgime
excellent pour quelqu'un peut tre mauvais pour le voisin.
L'ingestion desaliments est un acte qui mrite toute notre
attention: la mastication, le nombre et l'heuredes repas. Rations
alimentaires pour deux adultes sdentaires pesant 60 et 70 kg. Ce
n'est pas tout d'absorber des aliments, il faut savoir les manger.
L'exercice aprs lerepas. Le danger d'un brusque retour la vie
saine. Comment on s'accoutumeprogressivement un rgime sain. Notre
rgime alimentaire est celui qui convient lemieux l'homme. Ami
lecteur, je veux qu'aujourd'hui soit un jour qui marque dansvotre
vie. Rsum.
Vous dsirez tendre vers un parfait quilibre physique et moral !
Vous voulez devenirun tout harmonieux Soignez d'abord vos
organes.
Rappelez-vous, en effet, que nous avons compar votre corps une
usine, o setrouvent d'abord des ouvriers : ce sont ces organes, qui
remplissent les fonctionsessentielles de votre vie: digestion,
circulation, respiration, innervation. Ces ouvrierssont surveills
par un contre-matre: votre inconscient, c'est--dire cette force
qui, dansvotre conomie, organise sans que vous vous en doutiez.
Enfin, un directeur guide toutl'ensemble: c'est la conscience.
Toute usine, pour produire un rendement maximum, doit possder
des machines bienentretenues, un contre-matre bien dress, un
directeur habile et prvoyant. De mme,votre usine humaine doit avoir
des organes qui fonctionnent bien, un inconscient qui aitpris de
bonnes habitudes, et une conscience soucieuse de son rle
directeur.
Pour que vous teniez bien votre usine, apprenez d'abord
entretenir en parfait tattous ses rouages. Afin d'y parvenir
surveillez chez vous:
1. L'alimentation;
29
-
2. La respiration;3. Les exercices physiques.
Tous ceux qui ont cherch dfinir la vie humaine normale, la
rendre plus longue,ont trouv que la plupart d'entre nous se
suicident sans le savoir en mangeant trop. Nousencrassons les
chaudires de nos machines force de les alimenter.
Vous croyez qu'en mangeant beaucoup vous acquerrez plus de
forces, plus de bien-tre, plus de sant. Quelle erreur ! Beaucoup se
gavent comme des btes l'engrais.Ils ne font que s'intoxiquer.
Nombre d'aliments sont des poisons redoutables qui donnentune
activit factice et prparent les pires dsastres organiques. Pis
encore ! Vous vousdonnez des coups de fouet, et mme des coups
d'aiguillon. Un jour ou l'autre, vouspaierez ces imprudences.
D'abord, vous aurez d'autant plus besoin de ces stimulantsdangereux
que vous y aurez recouru souvent. Ensuite, mesure que ces coups de
fouet sesuccderont, votre volont, qui paratra plus puissante, parce
que vous serez colreux,emport, diminuera, et votre inconscient
s'tendra toujours plus l'aise sur un domainede plus en plus
vaste.
L'tre