1 2015-2016 – 9º ANTOLOGÍA DE POESÍA SIMBOLISTA FRANCESA DEL SIGLO XIX ÍNDICE I - CHARLES BAUDELAIRE ……………………………………………………….……………………………………………………………………………………………………………………………………. p. 2-11 II – ARTHUR RIMBAUD ……………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………………………….. p. 12-20 III – STÉPHANE MALLARMÉ …………………….…………………………………………………………………………………………………………………………………………..……………………. p. 21-25 IV – PAUL VERLAINE …………………………………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………….. p. 26-29
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2015-2016 – 9º
ANTOLOGÍA DE POESÍA SIMBOLISTA FRANCESA DEL
SIGLO XIX
ÍNDICE
I - CHARLES BAUDELAIRE ……………………………………………………….……………………………………………………………………………………………………………………………………. p. 2-11
II – ARTHUR RIMBAUD ……………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………………………………….. p. 12-20
III – STÉPHANE MALLARMÉ …………………….…………………………………………………………………………………………………………………………………………..……………………. p. 21-25
IV – PAUL VERLAINE …………………………………………………………………………………………………………………….…………………………………………………………………………….. p. 26-29
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I. CHARLES BAUDELAIRE (1821-1867)
0. Au Lecteur
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Sur l'oreiller du mal c'est Satan Trismégiste
Qui berce longuement notre esprit enchanté,
Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
Chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas,
Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
Ainsi qu'un débauché pauvre qui baise et mange
Le sein martyrisé d'une antique catin,
Nous volons au passage un plaisir clandestin
Que nous pressons bien fort comme une vieille orange.
Serré, fourmillant, comme un million d'helminthes,
Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons,
Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons
Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes.
0. Al lector
La necedad, el error, el pecado, la tacañería,
Ocupan nuestros espíritus y trabajan nuestros cuerpos,
Y alimentamos nuestros amables remordimientos,
Como los mendigos nutren su miseria.
Nuestros pecados son testarudos, nuestros arrepentimientos cobardes;
Nos hacemos pagar largamente nuestras confesiones,
Y entramos alegremente en el camino cenagoso,
Creyendo con viles lágrimas lavar todas nuestras manchas.
Sobre la almohada del mal está Satán Trismegisto
Que mece largamente nuestro espíritu encantado,
Y el rico metal de nuestra voluntad Está todo vaporizado por este sabio químico.
¡Es el Diablo quien empuña los hilos que nos mueven!
A los objetos repugnantes les encontramos atractivos;
Cada día hacia el Infierno descendemos un paso,
Sin horror, a través de las tinieblas que hieden.
Cual un libertino pobre que besa y muerde
el seno martirizado de una vieja ramera,
Robamos, al pasar, un placer clandestino Que exprimimos bien fuerte cual vieja naranja.
Oprimido, hormigueante, como un millón de helmintos,
En nuestros cerebros bulle un pueblo de Demonios,
Y, cuando respiramos, la Muerte a los pulmones
Desciende, río invisible, con sordas quejas.
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Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie,
N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins, C'est que notre âme, hélas! n'est pas assez hardie.
Mais parmi les chacals, les panthères, les lices,
Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents,
Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants,
Dans la ménagerie infâme de nos vices,
II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde!
Quoiqu'il ne pousse ni grands gestes ni grands cris,
Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde;
C'est l'Ennui! L'oeil chargé d'un pleur involontaire,
Si la violación, el veneno, el puñal, el incendio,
Todavía no han bordado con sus placenteros diseños
El canevás banal de nuestros tristes destinos, Es porque nuestra alma, ¡ah! no es bastante osada.
Pero, entre los chacales, las panteras, los podencos, Los
simios, los escorpiones, los gavilanes, las sierpes, Los
monstruos chillones, aullantes, gruñones, rampantes En
la jaula infame de nuestros vicios,
¡Hay uno más feo, más malo, más inmundo!
Si bien no produce grandes gestos, ni grandes gritos,
Haría complacido de la tierra un despojo
Y en un bostezo tragaríase el mundo:
¡Es el Tedio! -los ojos preñados de involuntario llanto,
Sueña con patíbulos mientras fuma su pipa,
Tú conoces, lector, este monstruo delicado,
-Hipócrita lector, -mi semejante, -¡mi hermano!
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I.II. L'Albatros
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que
ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent
piteusement leurs grandes ailes blanches Comme
des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
I.II. El albatros
Por divertirse a veces suelen los marineros
cazar a los albatros, aves de envergadura,
que siguen, en su rumbo indolentes viajeros,
al barco que se mece sobre la amarga hondura.
Apenas son echados en la cubierta ardiente,
esos reyes del cielo, torpes y avergonzados,
sus grandes alas blancas abaten tristemente
como remos que arrastran a sus cuerpos pegados.
¡Este viajero alado, oh qué inseguro y chico!¡
Hace poco tan bello, qué débil y grotesco!¡
Uno con una pipa le ha chamuscado el pico,
imita otro su vuelo con renqueo burlesco!
El Poeta es semejante al príncipe del cielo
que puede huir las flechas y el rayo frecuentar;
entre mofas y risas exiliado en el suelo,
sus alas de gigante le impiden caminar.
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I.IV. Correspondances La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’ homme y passe à travers des forêts de symbols
Qui l’observent avec des regards familiers.
Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténebreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.
Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies
–Et d’autres, corrompus, riches et triomphants.
Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.
I.IV. Correspondencias Naturaleza es templo donde vivos pilares
Dejan salir a veces palabras confundidas;
El hombre allí atraviesa entre selvas de símbolos
Que lo observan con sus miradas familiares.
Como esos largos ecos que de lejos se mezclan
En una tenebrosa y profunda unidad, Vasta como la noche y como la claridad, Los perfumes, colores y sones se responden.
Es que hay perfumes frescos como carnes de niños,
Dulces como el oboe, verdes como praderas
–Y otros, corrompidos, ricos y triunfadores.
Teniendo la expansión de cosas infinitas,
Como el almizcle, el ámbar, el benjuí y el incienso,
Que cantan los transportes de espíritu y sentidos.
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I.VI. La Muse malade Ma pauvre muse, hélas! qu'as-tu donc ce matin?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
La folie et l'horreur, froides et taciturnes.
Le succube verdâtre et le rose lutin
T'ont-ils versé la peur et l'amour de leurs urnes?
Le cauchemar, d'un poing despotique et mutin
T'a-t-il noyée au fond d'un fabuleux Minturnes?
Je voudrais qu'exhalant l'odeur de la santé
Ton sein de pensers forts fût toujours fréquenté,
Et que ton sang chrétien coulât à flots rythmiques,
Comme les sons nombreux des syllabes antiques,
Où règnent tour à tour le père des chansons,
Phoebus, et le grand Pan, le seigneur des moissons.
I.VI. La musa enferma Mi Pobre musa, !ay! ¿qué tienes este día?
Pueblan tus vacuos ojos las visiones nocturnas
Y alternándose veo reflejarse en tu tez
La locura y el pánico, fríos y taciturnos.
¿El súcubo verdoso y el rosado diablillo
El miedo te han vertido, y el amor, de sus urnas?
¿Con su puño te hundieron las foscas pesadillas
En el fondo de algún fabuloso Minturno?
Quisiera que, exhalando un saludable olor,
Tu seno de ideas fuertes se viese frecuentado
Y tu cristiana sangre fluyese en olas rítmicas,
Como los sones múltiples de las sílabas viejas
Donde, reinan Por turno Febo, padre del canto,
Y el gran Pan, cuyo imperio se extiende por las mieses.
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I.XVIII. L'Idéal Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes,
Produits avariés, nés d'un siècle vaurien,
Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes,
Qui sauront satisfaire un coeur comme le mien.
Je laisse à Gavarni, poète des chloroses,
Son troupeau gazouillant de beautés d'hôpital,
Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses
Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.
Ce qu'il faut à ce coeur profond comme un abîme,
C'est vous, Lady Macbeth, âme puissante au crime,
Rêve d'Eschyle éclos au climat des autans;
Ou bien toi, grande Nuit, fille de Michel-Ange,
Qui tors paisiblement dans une pose étrange
Tes appas façonnés aux bouches des Titans!
I.XVIII. El ideal No serán jamás esas beldades de viñetas,
Productos averiados, nacidos de un siglo bribón,
Esos pies con borceguíes, esos dedos con castañuelas,
Los que logren satisfacer un corazón como el mío.
Le dejo a Gavarni, poeta de clorosis,
Su tropel gorjeante de beldades de hospital,
Porque no puedo hallar entre esas pálidas rosas
Una flor que se parezca a mi rojo ideal.
Lo que necesita este corazón profundo como un abismo,
Eres tú, Lady Macbeth, alma poderosa en el crimen,
Sueño de Esquilo abierto al clima de los austros;
¡Oh bien tú, Noche inmensa, hija de Miguel Ángel,
Que tuerces plácidamente en una pose extraña Tus gracias concebidas para bocas de Titanes!
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I.XXIX. Une charogne
Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme,
Ce beau matin d'été si doux:
Au détour d'un sentier une charogne infâme
Sur un lit semé de cailloux,
Les jambes en l'air, comme une femme lubrique,
Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons.
Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint;
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur s'épanouir.
La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir.
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride,
D'où sortaient de noirs bataillons
De larves, qui coulaient comme un épais liquide
Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague,
Ou s'élançait en pétillant;
On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague,
Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique,
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rhythmique
Agite et tourne dans son van.
I.XXIX. Una carroña Recuerda aquel objeto que miramos, alma mía,
Esa mañana estival.
Al doblar un sendero una carroña infame
Sobre un lecho de guijarros,
Despatarrada, como mujer impúdica,
Sudando veneno, ardida, Abría, de una manera inconmovible y cínica, Su vientre harto de hediondez. El sol daba sus rayos sobre esa podredumbre,
Para cocinarla a punto,
Y un céntuplo rendirle a la naturaleza
Todo lo juntado en ella;
Y el cielo contemplaba la carcaza soberbia
Como a flor que se entreabre.
La pudremia era tal, que allí en el pasto
Creíste desvanecer.
Las moscas zumbaban sobre ese vientre podrido,
Hogar de negros ejércitos
De larvas que corrían como un líquido espeso
Sobre esos vivos andrajos.
Todo aquello ascendía, descendía como ola,
Halitaba chispeante,
Se diría que el cuerpo, hinchado de aire vago,
Vivía al multiplicarse.
Y de ese mundo brotaba una música extraña,
Como agua corriente y viento,
Grano que un cribador con movimiento rítmico
Torna, agita de su criba.
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Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve,
Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.
Derrière les rochers une chienne inquiète
Nous regardait d'un oeil fâché,
Epiant le moment de reprendre au squelette
Le morceau qu'elle avait lâché.
Et pourtant vous serez semblable à cette ordure,
A cette horrible infection, Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion!
Oui! Telle vous serez, ô la reine des grâces,
Après les derniers sacrements,
Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses,
Moisir parmi les ossements.
Alors, ô ma beauté! Dites à la vermine
Qui vous mangera de baisers,
Que j'ai gardé la forme et l'essence divine
De mes amours décomposés!
Las formas se borraban, no eran más que el ensueño,
Boceto lento que viene,
Sobre lienzo olvidado, y que el artista acaba
Solamente por recuerdos.
Detrás del roquedal una perra molesta
Miraba con ojos ásperos,
Esperando el momento de alzar del esqueleto
El bocado abandonado.
— Y sin embargo vos seréis esa bazofia,
Como una infección, horrible, ¡Estrella de mis ojos, el sol de mi natura Vos mi ángel y mi pasión!
¡Sí! Tal así vos seréis, oh reina de las gracias,
Después de la extremaunción,
Cuando a la hierba vayáis, y a las múltiples flores,
A ser moho entre osamentas.
¡Entonces, beldad mía, a los gusanos dile,
A los que besen tus huesos, Que yo guardo la forma y la divina esencia De mi descompuesto amor!
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I.LXXVIII. Spleen (IV) Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
— Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
I.LXXVIII. Spleen (IV) Cuando el cielo bajo y pesado como tapadera
Sobre el espíritu gemebundo presa de prolongados tedios,
Y del horizonte, abarcando todo el círculo,
Nos vierte un día negro más triste que las noches;
Cuando la tierra se cambia en un calabozo húmedo,
Donde la Esperanza, como un murciélago,
Se marcha batiendo los muros con su ala tímida
Y golpeándose la cabeza en los cielorrasos podridos;
Cuando la lluvia, desplegando sus enormes regueros
De una inmensa prisión imita los barrotes,
Y una multitud muda de infames arañas
Acude para tender sus redes en el fondo de nuestros cerebros,
Las campanas, de pronto, saltan enfurecidas
Y lanzan hacia el cielo su horrible aullido,
Cual espíritus errabundos y sin patria
Poniéndose a gemir porfiadamente.
—Y largos cortejos fúnebres, sin tambores ni música,
Desfilan lentamente por mi alma; la Esperanza
Vencida, llora, y la Angustia atroz, despótica,
Sobre mi cráneo prosternado planta su bandera negra.
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I.V. LAS MUCHEDUMBRES
No a todos les es dado tomar un baño de multitud; gozar de la muchedumbre es un arte; y sólo puede darse a expensas del género humano un
atracón de vitalidad aquel a quien un hada insufló en la cuna el gusto del disfraz y la careta, el odio del domicilio y la pasión del viaje.
Multitud, soledad: términos iguales y convertibles para el poeta activo y fecundo. El que no sabe poblar su soledad, tampoco sabe estar solo en una
muchedumbre atareada.
Goza el poeta del incomparable privilegio de poder a su guisa ser él y ser otros. Como las almas errantes en busca de cuerpo, entra cuando quiere
en la persona de cada cual. Sólo para él está todo vacante; y si ciertos lugares parecen cerrársele, será que a sus ojos no valen la pena de una visita.
El paseante solitario y pensativo saca una embriaguez singular de esta universal comunión. El que fácilmente se desposa con la muchedumbre,
conoce placeres febriles, de que estarán eternamente privados el egoísta, cerrado como un cofre, y el perezoso, interno como un molusco. Adopta
por suyas todas las profesiones, todas las alegrías y todas las miserias que las circunstancias le ofrecen.
Lo que llaman amor los hombres es sobrado pequeño, sobrado restringido y débil, comparado con esta inefable orgía, con esta santa prostitución
del alma, que se da toda ella, poesía y caridad, a lo imprevisto que se revela, a lo desconocido que pasa.
Bueno es decir alguna vez a los venturosos de este mundo, aunque sólo sea para humillar un instante su orgullo necio, que hay venturas superiores
a la suya, más vastas y más refinadas. Los fundadores de colonias, los pastores de pueblos, los sacerdotes misioneros, desterrados en la extremidad
del mundo, conocen, sin duda, algo de estas misteriosas embriagueces; y en el seno de la vasta familia que su genio se formó, alguna vez han de
reírse de los que les compadecen por su fortuna, tan agitada, y por su vida, tan casta. (Le Spleen de París, 1869.)
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II. ARTHUR RIMBAUD (1854-1891)
El barco ebrio Según iba bajando por Ríos impasibles,
me sentí abandonado por los hombres que sirgan:
Pieles Rojas gritones les habían flechado,
tras clavarlos desnudos a postes de colores.
Iba, sin preocuparme de carga y de equipaje,
con mi trigo de Flandes y mi algodón inglés.
Cuando al morir mis guías, se acabó el alboroto:
los Ríos me han llevado, libre, adonde quería.
En el vaivén ruidoso de la marea airada,
el invierno pasado, sordo, como los niños,
corrí. Y las Penínsulas, al largar sus amarras,
no conocieron nunca zafarrancho mayor.
La galerna bendijo mi despertar marino,
más ligero que un corcho por las olas bailé
––olas que, eternas, rolan los cuerpos de sus víctimas––
¬diez noches, olvidando el faro y su ojo estúpido.
Agua verde más dulce que las manzanas ácidas
en la boca de un niño mi casco ha penetrado,
y rodales azules de vino y vomitonas
me lavó, trastocando el ancla y el timón.
Desde entonces me baño inmerso en el Poema
del Mar, infusión de astros y vía lactescente,
sorbiendo el cielo verde, por donde flota a veces,
pecio arrobado y pálido, un muerto pensativo.
Le Bateau ivre Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées
Moi l'autre hiver plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
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Y donde, de repente, al teñir los azules,
ritmos, delirios lentos, bajo el fulgor del día,
más fuertes que el alcohol, más amplios que las liras,
fermentan los rubores amargos del amor.
Sé de cielos que estallan en rayos, sé de trombas,
resacas y corrientes; sé de noches... del Alba
exaltada como una bandada de palomas.
¡Y, a veces, yo sí he visto lo que alguien creyó ver!
He visto el sol poniente, tinto de horrores místicos,
alumbrando con lentos cuajarones violetas, que recuerdan a actores de dramas muy antiguos, las olas, que a lo lejos, despliegan sus latidos.
Soñé la noche verde de nieves deslumbradas,
beso que asciende, lento, a los ojos del mar, el
circular de savias inauditas, y azul
y glauco, el despertar de fósforos canoros.
Seguí durante meses, semejante al rebaño
histérico, la ola que asalta el farallón, sin pensar que la luz del pie de las Marías pueda embridar el morro de asmáticos Océanos.
¡He chocado, creedme, con Floridas de fábula,
donde ojos de pantera con piel de hombre desposan
las flores! ¡Y arcos iris, tendidos como riendas
para glaucos rebaños, bajo el confín marino!
¡He visto fermentar marjales imponentes,
nasas donde se pudre, en juncos, Leviatán!
¡Derrubios de las olas, en medio de bonanzas,
horizontes que se hunden, como las cataratas.
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : Je sais le soir,
L'aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelque fois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très-antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries