1 LES CIRCULATIONS GLOBALES DU JAZZ / GLOBAL CIRCULATIONS OF JAZZ musée du quai Branly, Paris - 27 et 28 juin 2013 PROGRAMME ♦ 27 juin / June 27 ♦ 14h : Accueil des participants / Welcome 14h15 : Présentation par / Introduction by Catherine Servan-Schreiber (CNRS), Anne- Christine Taylor (musée du quai Branly) et / and Stéphane Dorin (Université Paris 8) 14h30-15h00 : Conférence plénière / Plenary Session Damon Phillips (Columbia University) Shaping Jazz: Cities, Labels and the Global Emergence of an Art Form 15h00–16h40 : Session I Beyond Rhythm Changes: Jazz Cultures and European Identities in Global Context Président / Chair : Marco Santoro (Università di Bologna) Nicholas Gebhardt (Lancaster University) From Jazz Warriors to Afropeans: Sonic Identities and Cultural Practice in Black British Jazz George McKay (University of Salford) Winifred Atwell, 1950s Pianist and Chart-Topper: Trinidad-England-Australia Walter van de Leur (University of Amsterdam, Conservatorium van Amsterdam) Barrel-organs, Forrest Paths and Jazz Behind the Dikes: Dutch Jazz in the 1960s and 70s Tony Whyton (University of Salford) Belonging: Re-Imagining Europe through Jazz 16h40-17h : Pause Café / Coffee Break
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LES CIRCULATIONS GLOBALES DU JAZZ / GLOBAL CIRCULATIONS OF JAZZ musée du quai Branly, Paris - 27 et 28 juin 2013
PROGRAMME
♦ 27 juin / June 27 ♦ 14h : Accueil des participants / Welcome
14h15 : Présentation par / Introduction by Catherine Servan-Schreiber (CNRS), Anne-Christine Taylor (musée du quai Branly) et / and Stéphane Dorin (Université Paris 8)
14h30-15h00 : Conférence plénière / Plenary Session Damon Phillips (Columbia University) Shaping Jazz: Cities, Labels and the Global Emergence of an Art Form
15h00–16h40 : Session I Beyond Rhythm Changes: Jazz Cultures and European Identities in Global Context
Président / Chair : Marco Santoro (Università di Bologna) Nicholas Gebhardt (Lancaster University) From Jazz Warriors to Afropeans: Sonic Identities and Cultural Practice in Black British Jazz George McKay (University of Salford) Winifred Atwell, 1950s Pianist and Chart-Topper: Trinidad-England-Australia Walter van de Leur (University of Amsterdam, Conservatorium van Amsterdam) Barrel-organs, Forrest Paths and Jazz Behind the Dikes: Dutch Jazz in the 1960s and 70s Tony Whyton (University of Salford) Belonging: Re-Imagining Europe through Jazz
16h40-17h : Pause Café / Coffee Break
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17h-17h50 : Session II Réseaux et distribution / Networks and Distribution
Président / Chair : Jean-Louis Fabiani (CEU-Budapest, EHESS) Anaïs Fléchet (Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines) Jalons pour une histoire du jazz au Brésil (années 1920-années 1950) Andrew Dubber (Centre for Media and Cultural Research, Birmingham City University) Shift Left: From Cultural Cringe to New Aesthetic in Aotearoa New Zealand
17h50-18h40 : Session III Sources et Archives Sonores / Sources and Sound Archives
Président / Chair : Catherine Tackley (The Open University) Mark Holston (Jazziz Magazine, Berklee College of Music) Caribbean Currents & Beyond: The Dissemination of Jazz in Caribbean Basin Nations, Chile and Argentina Rainer Lotz (Independent researcher and historian, Birgit Lotz Verlag) Black Europe – The First Comprehensive Documentation of the Sounds and Images of Black People in Europe pre-1927
18h40–20h : Screening I Accra Trane Station, a film by Steven Feld (University of New Mexico)
Présentation par Panagiota Anagnostou (IEP Bordeaux)
20h-20h45 : Cocktail de réception / Cocktail
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♦ 28 juin / June 28 ♦
9h15 : Accueil des participants / Welcome
9h30-11h00 : Session VI Approches historiques / Historical Approaches
Président / Chair : Olivier Roueff (CRESSPA-CSU, CNRS) Mischa van Kan (Institute for Cultural Sciences, Göteborg University) How can jazz from the land of Vikings and the midnight sun be authentic jazz? Juan Carlos Franco Gamez (Groupe de recherche Artes y creación Université El Bosque) Les principaux acteurs de diffusion dans l’histoire du jazz en Colombie Kristian Feigelson (Université Paris 3) Les paradoxes du jazz en URSS Panagiota Anagnostou (IEP Bordeaux) Le jazz en Grèce
11h00-11h15 : Pause Café / Coffee Break
11h15-12h15 : Conférences plénières / Plenary Sessions Goffredo Plastino (University of Newcastle-upon-Tyne) Jazz Napoletano: A Passion for Improvisation Catherine Tackley (The Open University) Race, Identity and the Meaning of Jazz in Britain, 1935-1948
12h15-13h20 : Déjeuner / Lunch
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13h00-13h20 : Screening 2 Learning Jazz in Malaysia, a film by Gisa Jaehnichen (University Putra Malaysia)
13h20-15h00: Session IV Acteurs – Passeurs / Intermediaries and Go-Betweens
Président / Chair : Tim Dowd (Emory University) Matthew Boden (University of Tasmania, Conservatorium of Music) The Globalisation of Jazz: An Australian Perspective Marcos Câmara de Castro (Université de São Paulo) Zimbo Trio et le samba-jazz brésilien Lorraine Roubertie Soliman (Université Paris 8 Vincennes/Saint-Denis) Afrique du Sud : la thérapie du glocal Clifford Korman (Universidade Federal de Minas Gerais, Belo Horizonte) Paulo Moura’s Quartet and Hepteto: A Consideration of Two Seminal Brazilian Jazz (música instrumental brasileira) Recordings
15h00-15h15 : Pause Café / Coffee Break
15h15-16h30 : Session V Lieux / Places
Président / Chair : Wenceslas Lizé (Université de Poitiers) Myrtille Picaud (CESSP, EHESS) Circulations du jazz au sein de l’espace musical parisien Colombine Parthoens (Laboratoire d’Anthropologie sociale et culturelle, Université de Liège) Un relais pour les jazzmen américains à Liège : la maison sur la colline de Jacques Pelzer. Tim Dowd (Emory University) Jazz in the Trenches: Jazz Musicians and the Challenges of Careers in Three US Cities
16h30-18h : Screening 3 Finding Carlton. Uncovering the Story of Jazz in India, a film by Susheel J. Kurien
Présentation et discussion par Stéphane Dorin (Université Paris 8)
18h-18h45 : Table-ronde / Round-table Pour une histoire sociale des circulations globales du jazz / Towards a Social History of
La musicalité du Zimbo Trio dépasse la partition et envahit les lignes sinueuses de la vie. Le
Zimbo est trio sur scène, dans la rue, dans le café et dans le football.
(Chico Buarque)
Toute musique, soit-elle considerée populaire ou savante, ne peut être comprise
qu’à l'intérieur d’un cadre qui traite simultanément les significations locales, régionales,
nationales et mondiales. Si on prend en compte l’affirmation de Chartier qui dit que
‘culture populaire est une catégorie savante’ (CHARTIER, 1995), le savant, le folk et le
populaire peuvent etre traités comme des phénomènes liés (BASTOS, 2008, p.1-28).
Contrairement aux autres groupes musicaux brésiliens qui ne se sont imposés au monde
que selon leurs propres caractéristiques régionales, le Zimbo Trio a adopté, depuis sa
création en 1964, une formule “portable” dans le panorama du jazz international: sans
perdre aucune trace de ses origines, malgré son adaptation, il atteste d’une admirable
projection à l’avenir et d’un sens de marketing, associés à la conscience que il faut parler le
language des hégémoniques pour y dialoguer et s’imposer en tant qu’une autre individualité
musicale. Il s’agissait de montrer un autre contenu à travers d’une géométrie consacrée – le
trio piano-basse-batterie – et de présenter au monde le samba, à une époque dans laquelle
la musique brésiliènne était encore en train de se construire dans le pays.
Comme tout principe de circulation culturelle, cela ne s’est passé sans quelques
adaptations, traductions et antécédents.
1. De la Samba à la Bossa-Nova: entre depréssion et
euphorie
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L’invention sociale du Brésil en tant que “terre de la samba” a connu um chemin
long et accidenté: le samba a commencé comme un artefact culturel marginal pour devenir
à travers le temps un symbole national (PARANHOS, 2003). La reconaissance de la samba
est vénue pari-passu avec celle du citoyen noir dans la societé, surtout au lendemain de la
résidence du fameux groupe brésilien “Les Batutas”, en 1922, à Paris. Le groupe est resté
pendant six mois et s'est présenté dans les boîtes (y compris Chez Shéhérazade) et cafés
(BASTOS, 2008, pp.1-28), avec le soutien du millionaire entrepeneur Arnaldo Guinle (Rio
de Janeiro, 1884–1964) – le même mécène qui a soutenu Villa-Lobos à Paris, et qui a payé,
en 1927, 60 mille Francs dans un contrat avec les éditions Max Eschig, pour la publication
de 19 de ses partitions, ayant comme intermédiaire le mari de la chanteuse Vera
Janacopoulos, Albert Saal, avocat spécialisé en contrats musicaux qui avait parmi ses clients
Igor Stravinsky (FLÉCHET, 2004).
Tout cela faisait partie d’une convergence entre les problèmes internes du pays et
son affirmation en tant que nation souveraine, sur la conjoncture mondiale. À l'aube du
XXème siècle, en répudiant les doctrines et les pratiques racistes européennes, le Brésil a
assumé son identité métisse, en agrégeant les caractéristiques des autres peuples participant
à sa formation (LESSA, 2008). Appuyé sur ses vastes dimensions territoriales, sur la force
de sa nature, mais en oscillant toujours entre la stigmatisation d'être un pays colonisé et
l'utopie de “pays du futur” – entre dépression et euphorie –, le Brésil était fortement
associé à une image de l'exagération et d'éloquence. Selon DaMatta, au début des années
1900, “12 ans après une libération progressive de sa foule d'esclaves”, le Brésil, dans un
premier moment, a refusé soi-même en tant que société, et se méfiait profondément de son
intégrité nationale:
Une société malade, composée de “races inférieures” – le blanc portugais, l’indien et le noir – qui n'était pas en mesure de gérer son immense fortune et son propre destin. Il était impossible de résoudre cette question par le biais des lois copiées à l'étranger: nous étions une société hybride, un système inéluctablement mixte et métis (DAMATTA, in FERREIRA, 2000, pp.23-28).
Jusque là, le Brésil était défini par ce qu'il n’en avait pas et ce qu’il n'était pas, et tout
qui était hétérogène, multiple, polysémique et ambiguë était considéré exclusivement
comme maladie et retard. Cela nous a donné “une vaste expérience en ce qui concerne
l'orchestration des différences sociales” (ibid.) en face d'une masse des Noirs et des Métis
analphabètes, et d'une élite cosmopolite et sophistiquée – étrangère dans son propre pays
dont le modèle était une famille impériale blanche, qui parlait avec l’accent et était au-
dessus de la loi, et qui ne pouvait pas comprendre l’hybridité d’une façon positive. Au
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Brésil, cependant, l'ampleur du mélange était d’une telle magnitude qu’il est devenu
impossible de nier la multiplicité ethnique qui constituait en réalité la société brésilienne.
Le pays a créé sa musique basée sur une culture mulâtre. Sa contribution dans une
societé mondialisée sera certainement pour un monde plus “mulâtre” que “pure”, et pour
un système qui ne pourra fonctionner qu’en présence de ceux qui ont la sympathie pour la
différence, pour l'hybridité et pour l'autre (DAMATTA, op. cit.).
Dans les Amériques, pendant les trois premières décennies du XXe siècle, la
musique populaire a réalisé une synthèse culturelle des spécificités nationales et régionales,
et a rassemblé des formes musicales, dans un processus d'affirmation et de redéfinition de
leurs bases ethniques. Au Brésil, quelques années plus tard, “l'émergence de la Bossa-Nova
en 1959, allait marquer le début non seulement d'une autre historicité dans la sphère de la
musique populaire, mais aussi l'émergence d'une autre pensée musicale, davantage axée sur
le mélange des genres musicaux brésiliens avec les tendances modernes dans les marchés
internationaux de musique, comme le jazz et le pop” (NAPOLITANO, 2002, p.42). Costa e
Silva ajoute que l'idée de se profiter de la clarté, de l'élégance et de la discrétion de la
musique de Debussy a commencé à suggérer un nouveau chemin pour la musique
brésilienne, à partir de la naissance de la Bossa-Nova (COSTA E SILVA, 2010).
2. La formule Zimbo-Trio
Pendant ce processus de formation du phénomène appelé Música Popular
Brasileira1 (MPB – acronyme qui désigne un ensemble de manifestations esthétiques et
idéologiques), le Zimbo Trio a démontré avoir du sens de marketing et la sensibilité pour
traduire la musique brésiliènne dans un language international qui, comme dit Hobsbawm
(1966), est apparu comme une alternative à la tradition classique européenne: le Jazz2.
Le 22 Décembre 1960, le président du Brésil Juscelino Kubitschek a sanctionné la
loi de la création de l'Ordre des Musiciens Brésiliens (OMB) qui avait comme but de
1 Anaïs FLÉCHET (2013, pp.9-23) donne un aperçu éclairant sur la construction sociale de la MPB, accompagné d’une vaste bibliographie. 2 Selon l’historien, “il est peu probable que le jazz produise quoi que ce soit qui rivalise avec la tradition occidentale classique, sauf peut-être dans le domaine de l’opéra” (…). Il s’affirme comme art majeur d’une manière différente et plus économique au point de vue formel. (…) Mais le jazz à son sommet est une chose de poids: petite sans doute, mais lourde et précieuse comme l’uranium” (HOBSBAWM, 1966, pp.132-136). Cette idée est soutenue par Stravinski, même s’il dit que le “Jazz is a different fraternity altogether, a wholly different kind of music making. It has nothing to do with composed music and when it seeks to be influenced by contemporary music it isn't jazz and it isn't good. Improvisation has its own time world, necessarily a loose and large one, since only in an imprecisely limited time could real improvisation be worked up to; the stage has to be set, and there must be heat” (CRAFT/ STRAVINSKY, 1959, p.70).
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réglementer la profession de musicien, protégeant ainsi son travail de terrain dans le pays,
en lui fournissant une réserve de marché. A ce moment-là, la musique brésilienne traversait
une période de grande effervescence politique et culturelle, activée par une controverse
entre les nationalistes et les partenaires de la musique pop (in MENDONÇA, 2003, p.19).
Lorsque que la Bossa Nova a réussi sa renomée internationale au lendemain du fameux
concert au Carnegie Hall (1962) et avait déjà obtenu un status de plus vendus au Brésil, on
a commencé à lui opposer une musique plus agressive et, en 1968, est déclenché le
mouvement Tropicaliste (FLÉCHET, 2013, p.16).
Le cas du Zimbo Trio passe au delà de cette querelle entre l'éxotisme “bienvenu-en-
Europe” et l'affirmation d'une identité nationale au Brésil. Devant le public qui applaudit à
la télé aussi bien les “riches à l’abri de tout souci matériel que les accusations chaplinesques
contre la puissance du riche qui laisse le pauvre sans défénse” (HOBSBAWM, 1966, p.17),
le Zimbo Trio a dominé pendant quelques années le paysage télévisuel à un moment que la
musique occupait l'heure de grande écoute, en tant qu’animateurs du programme musical
“O fino da bossa” avec la chanteuse Elis Regina, qu’ils ont aussi accompagné en plusieurs
tournées nationales et internationales (MACHADO, 2008, p.48).
Un mélange de la technique classique europeènne et de l’expérience dans la nuit des
cafés et bars, le Zimbo Trio a fondé une branche du jazz tout à fait originale, à partir des
éléments formateurs de la musique brésiliènne, dans le contexte de l’Amérique du Sud,
indépendamment de l’histoire officielle du jazz étatsunien, européen ou du reste du monde,
avec la formation la plus classique du genre: le trio piano-contrebasse-batterie. Depuis la
formation du Zimbo Trio, le genre en question n’était plus le samba pur, mais désormais le
“samba-jazz” où les rythmes, les harmonies et les melodies sont presentés en conformité
avec le jazz style.
Ce trio, fondé en 1964, et qui est toujours en activité3, est la formation musicale la
plus ancienne du pays, comparable aux premiers orchestres symphoniques brésiliens4. En
1973, ils ont fondé une école, le Centro Livre de Aprendizagem Musical5 (CLAM) qui, sous
leur direction, a mis en pratique une pédagogie tournée vers l’enseignement de la musique
3 Formation actuelle: Amilton Godoy (piano), Rubinho Barsotti (batterie) et Itamar Collaço (contrebasse). Formation originale: Amilton Godoy, Rubinho Barsotti et Luis Chaves (décedé en 2007, contrebasse). 4 L'Orchestre Symphonique du Theatro Municipal à Rio de Janeiro a été fondé en 1931; suivi par l'Orchestre symphonique de Ribeirão Preto (1938); l'Orchestre du Théâtre Municipal de São Paulo (1939), et l'Orchestre Symphonique Brésilien (1940). Plus récemment l'Orchestre Symphonique de Campinas, qui [est] date de 1970 (HADDAD, 2009, p.44). 5 Centre Livre d’Apprentissage Musicale
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lato sensu, pour que les élèves puissent apprendre la théorie et la pratique, et en même temps
penser et sentir la musique à travers des méthodes exclusifs, dévéloppées par eux mêmes6.
Dans le style Samba-Jazz, qu’ils furent les pionniers à divulguer dans le pays et à
l’éxtérieur, ils ont enregistré leur premier disque l’année suivante de leur formation, et ont
emporté immédiatement un prix “4 étoiles et demi” par le critique Belo Yulanov de la
revue Down Beat (MACHADO, op. cit., p.165). Avec un modus operandi simple et efficace –
formation classique du jazz (trio) et un répertoire qui ne contient que des versions des
chansons brésiliènnes, sans presque aucune incursion dans le domaine de la composition –,
le Zimbo Trio a contribué énormement à la transformation de quelques thèmes brésiliens
en standards du jazz, qui aujourd’hui font partie des récueils et des Realbooks.
La formule était de reprendre quelques ornéments et l’accent rythmique empruntés
du samba de tradition, avec une couleur Bossa-Nova plus proche du Jazz. Cette
combinaison explosive entre le samba et le jazz a assuré le succès et la longevité du groupe,
dans le cadre de l’exportation de musiciens brésiliens comparable à celle des footballeurs,
surtout aux États Unis, où ils sont dévenus des phénomènes mondiaux, dans les années
1960 et 1970, rivalisant avec les Beatles et le rock: Jobim, Gilberto, Deodato, Bonfá, Sérgio
Mendes, Oscar Castro Neves, Moacyr Santos, Rosinha de Valença, Raul de Souza, Dori
Caymmi, Marcos Valle, Flora Purim, Sérgio Mendes, entr’autres. Ils ont aussi enregistré, au
long de leur carrière, plusieurs disques dediés aux chanteuses, chanteurs et instrumentistes,
dans la série "Zimbo Trio Convida", où ils se bornent à les accompagner, dans une
stratégie bien définie de lier leur production avec celle déjà consacrée.
En plus, dit le batteur Barsotti, “si vous avez du contenu, vous devez avoir de
l'emballage”. Une fois que nous nous sommes bien entendu les trois, il fallait de bons
vêtements: beau costume, belle chemise, belles chaussures, tout le monde habillé, soigné…
“nous avons eu cinq, six smokings” (in MACHADO, op. cit., p.249). Pour un public qui
applaudit riches et pauvres, le Zimbo Trio a choisi de se présenter comme les premiers
pour montrer une musique qui était entre les deux et obtenir une réception “plus
respectueuse” de la part de producteurs, entrepreneurs et public.
Le choix du nom a été basé sur les racines africaines, qui sont elles-mêmes du jazz
et d'une partie considérable de la musique brésiliènne. En consultant le dictionnaire afro-
6 http://www.clamzimbo.com.br/portal/index.php?option=com_content&view=article&id=1&Itemid=3 (accès le 31/03/2013).
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brésilien, ils ont trouvé le mot “Jimbo” – une monnaie du Congo, une petite coquille
maritime, qui, pour eux, y donnait un sens optimiste de chance, joie, fortune et succès. Une
entité spiritualiste consulté par Barsotti (sic) a revelé la prononciation correcte: “Zimbo”.
L’autre interprétation du mot c’est une expression paysanne du Brésil, sans traduction et
que peut être valable autant au Brésil que dans le monde entier.
3. Le CLAM et quelques exemples musicaux: “enfin de
nouveaux vêtements pour Garota de Ipanema”
“Des accents, la ligne de la main gauche vers le bas à l'unisson, des octaves dans la
main droite, une bouffée copieux d'Oscar Peterson Trio qui les a toujours inspirés, et qu’ils
savaient si bien adapter et le développer en faveur de la musique instrumentale brésilienne",
dit Roberto SION, le prestigieux saxophoniste brésilien (apud MACHADO, op. cit.,
p.337). Le CLAM, depuis sa fondation en 1973, est devenu une référence pour
l’enseignement musical dans un pays où l’État est absolument absent? par rapport à la
formation musicale de ses enfants et où les églises évangéliques ont assumés la tâche avec
une telle intensité que la plupart des musiciens des orchestres brésiliens sont dévenus
professionels à cause de leurs pratiques religieuses (voir PICHONERI, 2005)7.
Barsotti se souvient d'un présentateur de télévision qui était contre l'inclusion de
Garota de Ipanema dans le répertoire de la soirée en prime time, à cause des milliers
d’enregistréments déjà faits de cette chanson (y inclus par Sinatra), jusqu’au moment
d'entendre leur répétition et dire: “– Enfin de nouveaux vêtements pour cette chanson!”.
Le Samba-Jazz, selon Barsotti qui croit au mélange, est le “quatrième genre”.
Parmi tout ce qu’on fait dans le Jazz, il y a beaucoup de citations et inductions qui
pourraient être considerés comme classiques modernes, à côté de la tradition classique,
avec un rythme joué par la batterie et par la contrebasse (BARSOTTI, ibid, p. 258). En
plus, il ajoute, “on n’est pas un musicien différencié car on joue très bien. C’est une
question de conduite personnelle dans la vie, le respect à l’autre. Jamais aucun de nous n’a
pensé qu’il est plus talentueux que l’autre. On a toujours penser à mettre dehors ce que
nous avons dedans et qui est bien harmonisé entre les trois. On n’a jamais disputé au sujet
d’une phrase musicale, les choses sont nées naturellement (in MACHADO, op. cit., p.247).
7 Le problème est tellement grave que aujourd’hui on parle souvent contre l’État laïque…
7
Ravis de n'être plus appelé à jouer doucement “parce que les clients étaient en train
de bavarder”, le pianiste Godoy explique que le Samba-Jazz possède un côté différentiel
par rapport au jazz étasunien, car la structure métisse de la musique brésilienne exige un
swing différent pour chaque thème abordé, et dit: “Pourquoi dois-je jouer les standards
étasuniens? Allons-y créer! Ainsi le Samba-Jazz est né, et le musicien brésilien a commencé
à faire du jazz avec sa propre musique” (in MACHADO, op. cit., p. 226-232).
4. Conclusion
L’usage que le Zimbo Trio a fait de la circulation du jazz au Brésil a été celle d’un
outil d’affirmation d’un nouveau genre de musique instrumentale qui a inclut les "épices
des tropiques". Dorénavant, les procédures d’improvisation du jazz ne seront plus les
mêmes – chaque thème exigeant un traitement particulier, selon la nature du rythme, de la
mélodie et de l’harmonie empruntés à chaque différente région d’un pays continental. Le
Zimbo Trio a emprunté au jazz tout ce qui a été utile à son approche de la musique
brésiliènne en toute sa diversité. Avec générosité, le Zimbo Trio a aussi servi de base à
plusieurs chanteuses et chanteurs de la chanson brésilienne, et aussi aux instrumentistes
invités, qui ont surgit depuis les années 1964 jusqu’au présent. Ils ont créé leur champ de
travail dans le pays et à l’éxterieur – grâce aux espaces ouverts par le jazz international, pour
exporter la musique de leur pays dans les principaux festivals et theâtres du monde,
inaugurant de nouvelles catégories de perception dans le cadre de la musique instrumentale
internationale.
Ils ont aussi reproduit, à travers leur école de musique, le CLAM, un nouveau
système de penser la musique nationale, en remplissant l’écart dans l’enseignement musical
du pays, dû à l’échec de l’État en ce domaine, et en contribuant avec un universalisme
musical qui n'a pas été court-circuité par une hybridité précoce.
Principales références bibliographiques:
BASTOS Rafael José De Menezes Bastos Latin American Music Review, Volume
29, Number 1, Spring/Summer 2008, pp. 1-28 (Article)
CHARTIER, Roger. Cultura Popular: revisitando um conceito historiográfico. Estudos
Históricos, Rio de Janeiro, vol. 8, n . 16, 1995, p.179-192
8
COSTA E SILVA, Paulo da. Comparar o incomparável: uma aproximação entre Tom Jobim,
Debussy e Monet. Alea, volume 12, número 1, janeiro-junho, 2010
CRAFT, Robert e STRAVINSKY, Igor. Conversations with Igor Stravinsky. New
York: Doubleday & Company Inc., 1959
DAMATTA, Roberto. Brasil dois mil: um exercício de profecia. In FERREIRA, Marieta
de Moraes (org.). História oral: desafios para o século XXI. Organizado por Marieta de Moraes
Ferreira, Tania Maria Fernandes e Verena Alberti. — Rio de Janeiro : Editora Fiocruz/Casa
de Oswaldo Cruz / CPDOC, Fundação Getulio Vargas, 2000, pp.23-28
FLÉCHET, Anaïs. Si tu vas à Rio… La musique populaire brésilienne en France au Xxe
siècle. Paris, Armand Colin, 2013
FLÉCHET, Anaïs. Villa-Lobos à Paris: un écho musical du Bresil. Paris,
L'Hartmattan, 2004
HADDAD, Gisele. Orquestra Sinfônica de Ribeirão Preto (SP): representações e significado
social. Mémoire de Maîtrise, Musicologie. Instituto de Artes da Universidade Estadual
Paulista – UNESP. São Paulo: 2009
HALAY, Benjamin. Michel Petrucciani. Paris: Éditions Didier Carpentier, 2011
HOBSBAWM, Eric John (NEWTON, Francis). Une sociologie du jazz. Paris:
Flammarion, 1966
MACHADO, Cristina Gomes. Zimbo Trio e o fino da bossa: uma perspectiva histórica e sua
repercussão na moderna música popular brasileira. Mémoire de Maîtrise. Instituto de Artes da
Universidade Estadual Paulista – UNESP, Direction: Alberto Tsuyoshi Ikeda, São Paulo:
2008
MENDONÇA, Amaudson. OMB, obrigado não: análise aocial sobre as relações
de poder na Ordem dos Músicos do Brasil no Estado do Ceará (1998-2003). (Mémoire de
Maîtrise). Universidade Estadual do Ceará, 2003
NAPOLITANO Marcos. Música e História. Belo Horizonte: Ed. Autêntica, 2002
PARANHOS, Adalberto. A invenção do Brasil como terra do samba: os sambistas e sua
afirmação social. História, São Paulo, 22 (1): 81-113, 2003
9
PICHONERI, Dilma Fabri Marão. Músicos de orquestra : um estudo sobre educação e
trabalho no campo das artes. Mémoire de Maîtrise, Universidade Estadual de Campinas,
Faculdade de Educação. Campinas: SP, 2005. Disponible sur
<http://cutter.unicamp.br/document/?code=vtls000380388> (accès en 07/06/2013)
Site du Zimbo Trio <http://www.clamzimbo.com.br/portal/>