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« …l’objet n’est rien en lui-même, si, par-delà, on ne cherche pas l’être humain qui l’a conçu, réalisé, utilisé. »
J.Tixier, 1978
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Table des matières :
Préambule : ..................................................................................... 5 Remerciements : ............................................................................. 6 Introduction : .................................................................................. 9 1ère partie : Présentation du site, problématique et méthode appliquées au site des Rochers de Villeneuve : ........................... 11
A) Les Rochers de Villeneuve : Présentation du site : ..................... 12I) Situation géographique et géomorphologique : ............................... 12II) Historique des fouilles : ................................................................ 13III) Organisation des fouilles : ............................................................ 13IV) Géologie de la cavité :................................................................... 15V) Individualisation des niveaux archéologiques : ............................ 17VI) Etude de la faune :......................................................................... 19VII) Les restes humains : ...................................................................... 23VIII) Datation radiométrique : ............................................................ 24IX) Le matériel lithique : ..................................................................... 24X) Conclusion sur la présentation du site : ........................................ 25
B) Problématique : l’apport d’une fouille moderne à la compréhension du Moustérien : ............................................................ 26
I) Présentation générale du Moustérien : ............................................. 27II) Historique des recherches sur le Moustérien : .............................. 28III) Quelles problématiques pour les Rochers de Villeneuve ? .......... 33
C) Méthode d’analyse : ....................................................................... 34
I) Base de données des éléments coordonnés et de plus de 25 mm : .. 34II) Base de données des refus de tamis de moins de 25mm : ............ 42III) Les matières premières : ............................................................... 46IV) Les méthodes de débitage : ........................................................... 49V) Caractérisation de la retouche : ..................................................... 60VI) Apport sur l’intégrité des niveaux : Les remontages : .................. 62
2ème partie : Etude techno-typologique et spatiale des vestiges lithiques de l’ensemble J: ............................................................. 66
3
A) Présentation du matériel de l’ensemble J : ................................. 67
B) Etude technologique : la chaîne opératoire : .............................. 68I) L’acquisition des matières premières : ............................................ 68II) Entame et Test de la matière première : ....................................... 70III) La mise en forme des nucleus : ..................................................... 71IV) Débitage et entretien du nucleus : ................................................. 74V) Gestion des produits de débitage : ................................................ 91VI) Conclusion sur la chaîne opératoire : .......................................... 100
C) Attribution d’un faciès Moustérien aux niveaux de l’ensemble J : ........................................................................................................ 102
D) Conclusion sur l’ensemble J : ..................................................... 105
3ème partie : Etude Techno-typologique et spatiale du matériel lithique de l’ensemble N des Rochers de Villeneuve : .............. 110
A) Présentation générale du matériel : ........................................... 111
B) Etude technologique : la chaîne opératoire de l’ensemble N : 113 I) L’acquisition des matières premières : .......................................... 113II) La percussion : ............................................................................ 116III) Entame et Test de la matière première : ..................................... 118IV) La mise en forme des nucleus : ................................................... 118V) Débitage et entretien du nucleus : ............................................... 121VI) La retouche et le ravivage : ......................................................... 141VII) Utilisation des outils : ................................................................. 147VIII) Abandon : ................................................................................. 148IX) Bilan de la chaîne opératoire : .................................................... 148
C) Répartition spatiale des vestiges dans J et N : .......................... 149
I) Répartition des éléments de la chaîne opératoire lithique : ........... 149II) Structuration du site : .................................................................. 154III) Les phénomènes post-dépositionnels : ....................................... 158IV) Conclusion : ................................................................................ 164
4ème partie : Etude des denticulés des Rochers de Villeneuve : . 165
A) Le Moustérien à denticulés : ....................................................... 166 I) Les pièces encochées : ................................................................... 166
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II) Historique des définitions du Moustérien à denticulés :............. 168III) Situation géographique et chronologique du Moustérien à denticulé : ............................................................................................ 172IV) L’intérêt de l’étude des denticulés des ensembles J et N des Rochers de Villeneuve pour la compréhension du Moustérien à denticulés : ........................................................................................... 174
B) Méthode d’étude : ........................................................................ 176
C) Comparaison des denticulés des ensembles N et J : ................. 180
I) Les supports retouchés : ................................................................. 180II) Caractéristiques des encoches : ................................................... 182III) Mesures des encoches : ............................................................... 186
D) Résumé des données sur les denticulés et conclusion : ............. 190
Conclusion : ............................................................................... 194
A) Bilan des chaînes opératoires des deux ensembles : ................. 194
B) Discussion sur la fonction du site : ............................................. 195
C) Une nouvelle archéostratigraphie : ............................................ 197
D) Perspectives de recherche : ......................................................... 199 Bibliographie : ............................................................................ 202 Table des illustrations : .............................................................. 219
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Préambule :
Cet ouvrage correspond à la fusion de deux mémoires réalisés sur deux ans
à l’Université de Bordeaux 1 et portant sur les deux niveaux d’une grotte
moustérienne de la Vienne, « les Rochers de Villeneuve ».
Le premier mémoire s’intitule : « Etude techno-typologique et spatiale du
matériel lithique du niveau J du site Moustérien des Rochers de Villeneuve,
Lussac les Châteaux, Vienne (86) ». Il a été réalisé dans le cadre d’un
Master 2 de recherche « Anthropologie biologique, Paléoanthropologie et
Préhistoire » encadré par Jean-Guillaume Bordes (Laboratoire PACEA,
Bordeaux 1). Il a été soutenu en 2005 devant un jury composé de membres
du laboratoire PACEA : Annes Delagnes, Anne-Marie Tillier, José Braga
et Jacques Jaubert.
Le second mémoire a pour titre : « L’ensemble moyen N du site Moustérien
des Rochers de Villeneuve (Vienne) : Etude techno-typologique et spatiale
du matériel lithique. Comparaison avec l’ensemble supérieur J ». Il a été
écrit dans le cadre d’un Diplôme d’Etude Supérieur (DES) en sciences
naturelles. Il s’agissait d’une année de stage qui a été effectuée dans la
société Archéosphère, sous la direction de Cédric Beauval (Archéosphère)
et Jacques Jaubert (Laboratoire PACEA, Bordeaux 1). Il a été soutenu en
2006 devant un jury composé de membres du laboratoire PACEA : Jean-
Guillaume Bordes, Jaroslav Bruzek, Jacques Jaubert, Pascal Murail et
Michel Lenoir.
Ces travaux sont publiés tels qu’ils ont été écrits en 2005 et 2006, c’est-à-
dire dans l’état des connaissances de l’époque et au début de la deuxième
6
campagne de fouille triennale dirigée par Eugène Morin. Depuis, du
nouveau matériel est venu nuancer ce travail sans changer sur le fond les
conclusions.
Remerciements :
Ce travail n’aurait jamais eu lieu sans l’aide de nombreuses personnes, ces
quelques lignes leur témoignent ma gratitude.
Je tiens tout d’abord à remercier les directeurs du PACEA et de l’IPGQ,
Messieurs Jacques Jaubert et Jean-Pierre Texier, ainsi que tout le personnel
de l’IPGQ pour m’avoir accueilli dans leur laboratoire pendant ces trois
années et de m’avoir permis d’effectuer mes recherches dans de bonnes
conditions.
Mes remerciements vont ensuite à Cédric Beauval et à toute l’équipe
d’Archéosphère qui m’ont permis d’étudier le mobilier issu de leur fouille
et d’effectuer le stage de DES dans d’excellentes conditions au sein de
leurs locaux, alors que la société venait à peine de démarrer.
Cédric a suivi mon travail au cours de l’année de Master 2 et durant les 6
mois de stage, il y a apporté ses corrections et m’a motivé quand il le
fallait. Je lui adresse aussi mes remerciements pour m’avoir autorisé à
effectuer un autre stage au Muséum de Bordeaux en parallèle à celui-ci.
Je tiens aussi à remercier Jean-Guillaume Bordes pour ses suggestions, ses
conseils, son aide notamment dans la reconnaissance des « fausses pièces »
paléolithique supérieur et bien-sûr pour avoir accepté d’être mon tuteur lors
de l’année de Master 2.
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J’exprime toute ma gratitude à Jacques Jaubert pour avoir accepté de suivre
mon travail lors de mon stage de DES, de m’avoir transmis sa passion de la
Préhistoire lors des cours de Master et de m’avoir aiguillé vers le
« Moustérien final » de la grotte du Bison.
Un grand merci à Eugène Morin pour les campagnes de fouilles 2005 et
2006 placées sous le signe de la bonne humeur et pour s’être attelé lui-aussi
à la correction du mémoire de DES.
Mes remerciements vont à toutes les personnes qui ont pu m’aider au cours
de cette étude, François Lacrampe-Cuyaubère pour son aide, sa bonne
humeur et ses jolies chansons, Jérôme Primault pour m’avoir donné un
petit cours de reconnaissance des matières premières lithiques de la Vienne
et Sylvain Pasty pour ses conseils de dessins. Désolé, l’élève est encore très
très loin du maître…
Je pense aussi à Céline Thiébaut qui a suivi mon travail avec intérêt, m’a
fourni toute sa bibliographie (dont je me suis abondamment inspiré) et qui
a eu le courage de corriger le mémoire de DES.
Je remercie chaleureusement Loïc Daulny qui grâce à sa disponibilité, ses
suggestions toujours enrichissantes m’a fait avancer dans ce travail
notamment sur les percuteurs et les remontages.
J’adresse mes remerciements à Emilie Claud pour m’avoir donné son avis
sur une éventuelle étude tracéologique, à Morgan Roussel et Michel Lenoir
pour leurs conseils bibliographiques, à Annes Delagnes et Vincent Mourre
pour le temps qu’ils m’ont consacré afin d’améliorer plusieurs parties,
notamment celles concernant la retouche et l’utilisation des outils.
8
Je tiens à mentionner toutes les personnes qui sont passées plus ou moins
rapidement dans la salle de lithique pour regarder la collection des Rochers
de Villeneuve, et qui par leurs suggestions, ont su faire avancer mon
travail. Je pense entre-autres à William Rendu, Jean-Baptiste Mally,
Thibaut Morala, Adeline Lebail, Solange Rigaud, Emilie Campmas,
Sylvain Reniou, Amélie Toisier et Marie Soressi.
Mes remerciements s’adressent aussi à l’équipe d’enseignement du Master
« Anthropologie Biologique, Paléoanthropologie et Préhistoire » pour
m’avoir fait découvrir pendant deux ans des aspects de la Préhistoire qui
m’étaient inconnus et pour m’avoir communiqué leur passion.
Je pense ensuite à toutes les personnes qui m’ont permis de passer une de
bonnes années à Bordeaux et ailleurs : l’équipe du Muséum de Bordeaux,
les anciens de M2, mes amis de « Chômage Production », le bureau et les
adhérents du Chaînon Manquant, les joyeux fouilleurs du Pays de Caux,
d’Espéraza et des Rochers.
Je tiens par ailleurs à saluer l’équipe scientifique et tous les fouilleurs qui
se sont succédés sur le site des Rochers de Villeneuve pour leur travail
remarquable qui m’a permis de réaliser cette étude dans les meilleures
conditions.
Je remercie ma famille qui m’ont financé mes six années d’étude et qui ont
su me rappelé qu’après la Préhistoire il fallait aussi penser à mon avenir.
Enfin, mes derniers remerciements vont à Jean-Pierre Watté, qui m’a fait
découvrir la Préhistoire il y a déjà 8 ans. Je lui souhaite une retraite
heureuse et riche en études et publications.
9
Introduction :
La petite grotte des Rochers de Villeneuve commence à se faire un nom
dans la Préhistoire notamment grâce à la découverte d’un fragment de
fémur néandertalien portant des traces de dents de carnivores. Cet os est
issu du niveau J, niveau situé au sommet de la séquence et daté de 40 000
ans BP. (Beauval et al. 2005)
Ce gisement moustérien été fouillé de 1999 à 2003 sous la direction de C.
Beauval et F. Lacrampe-Cuyaubère. La fouille a été reprise depuis 2005 par
E. Morin de l’Université McGill (Montréal).
Il présente des traces d’occupations multiples par les grands carnivores tels
que les hyènes et par l’Homme de Neandertal.
Ce travail s’inscrit dans le cadre d’une recherche menée par une équipe
pluridisciplinaire sur le gisement des Rochers de Villeneuve.
Six pistes de recherches ont été privilégiées :
1) « l’étude de la résolution et de la validité des niveaux
archéologiques »
2) « l’étude des relations Homme/Carnivore »
3) « la Paléontologie des populations animales de la fin du Würm
ancien »
4) « l’étude des modes de subsistance des Hommes du Paléolithique
moyen »
5) « l’étude comparée des communautés d’hyènes des cavernes et
d’hyènes tâchetées »
6) « la caractérisation des restes humains dans les sites fréquentés par
les grands carnivores. » (Beauval 2005b, p.17-18)
10
Notre étude sur les ensembles J et N va aborder les pistes de recherches 1),
2) et 4).
Ayant accès à tout le matériel lithique retrouvé sur le site, même les plus
petits éléments trouvés dans les refus de tamis, mais aussi aux données
paléoenvironnementales et taphonomiques grâce au travail des géologues,
paléontologues et archéozoologues, les conditions pour mener cette étude
sont idéales.
Nous commencerons ce mémoire par la présentation du Moustérien et de
ses problématiques. Quels éléments l’étude de ce gisement peut-elle
apporter ?
Nous continuerons avec la présentation du site, son corpus, ses
assemblages et les observations faites lors des fouilles
Puis, nous procéderons à une étude techno-typologique du matériel lithique
articulé autour de l’analyse des remontages et de l’étude techno-
typologique et spatiale de la chaîne opératoire
Enfin, nous synthétiserons nos résultats et proposerons des perspectives de
recherches pour ce site dont les fouilles se poursuivent (autorisation
triennale 2005-2007) sous la direction d’Eugène Morin.
11
1ère partie : Présentation du site, problématique et méthode
appliquées au site des Rochers de Villeneuve :
Figure 1 : Vue de l’entrée de la cavité lors de la campagne de fouille 2006
12
Figure 2 : Localisation du site et des principaux gisements paléolithiques dans un rayon de 15 Km (extrait de Beauval 2005a, p.11).
A) Les Rochers de Villeneuve : Présentation du site :
I) Situation géographique et géomorphologique :
La grotte des Rochers de
Villeneuve se situe sur la
commune de Lussac-les-
Châteaux, au lieu-dit de
Villeneuve, à 30 km au
Sud-Est de Poitiers. Elle
se trouve à la frontière
Sud du plateau du Lan qui
sépare les vallées de la
Vienne et de la Gartempe.
Ce gisement s’ouvre, à
l’Est, à une vingtaine de
mètres au-dessus du
ruisseau des Grands
Moulins, un affluent de la
rive droite de la Vienne.
Cette petite grotte
d’environ 10 m de long
sur 6 m de large fait
partie d’un ensemble
karstique creusé dans des calcaires dolomitiques du Dogger, au sommet de
séquences bajociennes. Dans la région, de nombreuses autres cavités
s’inscrivent dans le même contexte géomorphologique. Elles ont parfois
été occupées par les Hommes et les Carnivores (Figure 2).
13
II) Historique des fouilles :
En 1969, P. Boutin et A. Chollet réalisent un sondage à l’entrée de la
grotte. Ils identifient un niveau archéologique livrant quelques artefacts
attribués au Moustérien et de nombreux restes osseux de Bovinés, Equidés
et Hyènes…
En 1974, ils effectuent un nouveau sondage dans la grotte et notent que le
niveau archéologique s’y poursuit. Ils interprètent le gisement comme un
repaire d’hyènes des cavernes (Crocuta crocuta spelaea). (Chollet 1974)
Le site est abandonné ensuite pendant 25 ans, il servira notamment de
bergerie.
A partir de 1999, C. Beauval programme une opération de fouille qu’il
conduira jusqu’en 2003. Ces cinq campagnes de fouilles ont permis de
mettre à jour trois niveaux archéologiques (J, N et SJ), ainsi que de
nombreux vestiges : silex, ossements d’animaux et quelques restes
humains, dont un attribué à un néandertalien. Les vestiges lithiques
présentés dans le cadre de ce mémoire ont été recueillis lors de ces
opérations.
En 2005, la fouille est reprise par E. Morin afin de recueillir de nouvelles
informations sur les niveaux inférieurs (N et SJ) et de tester l’homogénéité
du niveau J (suite à ce mémoire).
III) Organisation des fouilles :
Le site est partagé en plusieurs locus :
- RDV1 : l’intérieur de la cavité.
- RDV2 : la zone extérieure.
14
- RDV3 : un sondage situé à une dizaine de mètres au Nord-Est de la
cavité.
- RDV4 : une nouvelle cavité située à quelques centaines de mètres au
Nord de la grotte.
- RDV5 : une nouvelle cavité située à une vingtaine de mètres au
nord-est de la grotte. (cette cavité n’a pas encore livré de vestiges
archéologiques…)
Figure 3 : Secteurs fouillés (extrait de Beauval 2005b, p.19).
26,5 m2 ont été fouillés lors des fouilles programmées (Figure 3) par C.
Beauval. Le niveau J a été atteint dans la plupart de ces carrés (nommée
Jext dans les carrés de RDV2). Par ailleurs, pour 8 carrés : E5, F5, H8, I8,
J7, J8, J9, J11, le niveau N (nommée Next en RDV2) a été atteint. Un
troisième ensemble, SJ, a été déterminé dans les carrés J7 et J8.
15
Le site a été fouillé par quart de mètre carré (noté S1, S2, S3, S4.) et par
décapage de 5 cm dans une même unité stratigraphique Les objets lithiques
observables, les restes fauniques déterminables et ceux mesurant plus de
2 cm ont été coordonnés dans les trois dimensions. Enfin, le sédiment a été
systématiquement tamisé à l’eau avec une maille de 2,25 mm (maille n°10).
IV) Géologie de la cavité :
Figure 4 : Ensembles sédimentaires reconnus en 2003 à partir de la coupe G. (extrait de Lenoble et Beauval 2005, p.32)
Niveau J
Niveau N
E0 à E3 : Ces ensembles ne se retrouvent pas dans toute la cavité.
16
Cette étude a d’abord été réalisée par C. Coussot et F. Dupont, en 1999,
puis, poursuivie par A. Lenoble et I. Couchoud à partir de 2000.
Les sédiments à l’origine des dépôts, outre les éléments apportés par
l’Homme et les Carnivores, sont des argiles, quartz, phosphates, cristaux de
dolomite, blocs et cailloux calcaires. (Couchoud 2002 et Lenoble 2001)
Sept ensembles sédimentaires ont été observés (Figure 4).
Quelles sont les implications des phénomènes géologiques pour les niveaux
archéologiques J et N ?
Les géoarchéologues considèrent que le ruissellement n’a pas une
compétence suffisante pour transporter des éléments plus gros que des
sables et des limons.
Cependant, des processus post-dépositionnels peuvent avoir eu un rôle plus
perturbateur :
- la cryoturbation semble avoir provoqué, par un phénomène de
cryoexpulsion, un granoclassement inverse dans les niveaux
archéologiques. Ce phénomène a été mis en évidence sur les restes
fauniques coordonnés et va être contrôlé dans le cadre de ce
mémoire, à partir du matériel lithique.
- la bioturbation semble avoir fortement affecté les niveaux,
notamment par l’action des mammifères fouisseurs dont les terriers
sont facilement identifiables, mais aussi par l’action de la microfaune
qui peut induire des déplacements verticaux et horizontaux de
plusieurs centimètres par an.
17
- Enfin, le piétinement a affecté les niveaux archéologiques qui
affleuraient à la surface dans le centre de la cavité (en J8-9-10), lors
du fonctionnement de la grotte en bergerie.
V) Individualisation des niveaux archéologiques :
La différence entre les niveaux N et J est nette à la fouille, le niveau N est
plus sombre car il est plus riche en manganèse. De plus, une zone de
remplissage quasiment stérile de 20 cm les sépare à une profondeur
d’environ –150cm (en RDV2). Enfin, les os sont touchés par une
conservation différentielle, ceux du niveau J sont mieux conservés que
ceux du niveau N.
La différence entre les niveaux N et SJ est nette, elle-aussi.
L’ensemble SJ est plus sableux et jaune que l’ensemble N.
Des raccords ont déjà été réalisés sur la faune par C. Beauval : 113 groupes
de remontages impliquant 281 vestiges. Ces raccords sont de plusieurs
natures (Beauval 2005e) :
- 81 éléments fracturés ou fragmentés,
- 28 liaisons ostéologiques entre différents éléments anatomiques,
- 13 appariements de pièces symétriques.
La plupart des remontages, c’est-à-dire 85 groupes de raccords impliquant
215 vestiges, a été réalisé dans l’ensemble J. Les raccords suivent
principalement le pendage dans l’axe Nord-Sud, tandis qu’ils sont
relativement horizontaux dans l’axe Est-Ouest. Il y a donc concordance
entre ces remontages et le découpage stratigraphique réalisé à la fouille
(Figure 5).
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Figure 5 : Coupes Est-Ouest et Nord-Sud du site présentant les raccords effectués à partir de la faune. (extrait de Beauval 2005e, p.59)
Un seul remontage a touché deux niveaux archéologiques différents, ce
sont les niveaux N et SJ. Ce remontage s’effectue dans une zone fortement
remaniée et les pièces sont séparées seulement par 20 cm. Il semble donc, à
partir de ces remontages effectués sur la faune, que l’intégrité des trois
ensembles soit bien respectée (Figure 5).
Cependant, les différences de conservation du matériel osseux et la taille
des échantillons des ensembles J, N et SJ permettent que difficilement de
mettre en évidence des remontages intercouches sur la base des vestiges
fauniques.
19
VI) Etude de la faune :
L’étude paléontologique et taphonomique a été réalisée par C. Beauval,
puis par C. Beauval et E. Morin.
J-B. Mallye et D. Cochard se sont penchés, quant à eux, sur les restes de
blaireaux et de léporidés. Enfin, une étude cémento-chronologique des
dents de grands herbivores (travaux W. Rendu) est actuellement en cours.
8474 restes d’animaux et 3 restes d’Homo ont été identifiés sur l’ensemble
de la fouille, les taxons dominants sont les Equidés et les Bovinés dans les
Ensemble supérieurs et moyen (J et N) (Beauval 2005c). De nombreux
restes de carnivores : loups, renard, hyène, ont aussi été retrouvés.
Il a été observé de la base vers le sommet de la stratigraphie :
- le recul du renard au profit de l’hyène,
- le recul des cervidés au profit des ongulés de grande taille,
- le recul des léporidés.
Le recul des léporidés est sans-doute lié à celui de leur prédateur, le renard
(Cochard 2005). En effet, l’hyène s’impose comme le carnivore principal à
partir de l’ensemble moyen (N). Le changement dans la taille des proies,
notamment entre le niveau inférieur (SJ) et moyen (N), peut-être, lui-aussi,
lié au changement de l’agent accumulateur : renard-hyène, puis renard-
hyène-homme. En effet, le niveau N est très riche en artefacts lithiques.
Enfin, d’un point-de-vue paléo-environnemental, en faisant la distinction
des animaux de milieux : boisé, ouvert non-arctique et ouvert arctique, il
semblerait que l’on ait une ouverture progressive du milieu (Figure 6).
20
L’étude taphonomique a permis de mettre en évidence (Beauval 2005c)
des phénomènes d’origine naturelle, végétale ou animale qui ont affecté la
surface des os : la corrosion, les craquelures, l’exfoliation, le délitage,
l’abrasion des bords, les dépôts rougeâtres dus aux racines et les dents de
rongeurs.
Tous ces phénomènes (sans oublier le concrétionnement et le dépôt de
manganèse sur les objets osseux et lithiques) touchent une grande partie des
Figure 6 : Interprétation paléoenvironnementale des communautés animales. (Extrait de Beauval 2005c p.147)
21
vestiges. Ainsi, on notera que des altérations non biologiques ou
biologiques peuvent oblitérer la surface corticale et ainsi entraîner une
perte d’informations sur les modalités de l’accumulation.
Des traces typiques des carnivores ont été observées corroborant
l’hypothèse du fonctionnement de la cavité en repaire. Pour l’ensemble J
(Beauval 2005c), les ossements présentent des indices d’attaques acides
dues aux sucs digestifs des grands carnivores, des traces de dents et des
fracturations sur os frais.
Les coprolithes sont souvent très fragmentaires et sont la plupart du temps
recueillies dans les refus de tamis. Des restes de hyénons confirment la
fréquentation de la grotte par les grands carnivores et laissent supposer une
occupation de type nurserie.
Des traces d’activités humaines sur les os ont aussi été observées, elles sont
moins nombreuses dans le niveau moyen, bien que l’industrie lithique soit
plus riche. Cela peut être mis en relation avec la conservation différentielle
des ossements (Tableau 1).
Les os brûlés sont très peu nombreux, toujours petits (moins de 1 cm) et
donc difficilement identifiables. Ils sont plus nombreux dans le niveau N,
qui est plus riche en artefacts lithiques.
Les encoches de percussion touchent 41 ossements soit 0,8% des restes.
Ces encoches semblent avoir été réalisées uniquement en vue d’extraire de
la moelle, elles touchent uniquement des os longs.
Les stries de boucherie ou « cutmarks » touchent 52 restes soit, 0,9% de
ceux du niveau supérieur. Elles concernent essentiellement des grands
herbivores, notamment, les bovinés et les équidés, mais on peut noter qu’un
reste d’hyène présente lui aussi une trace de découpe.
22
Ces stries touchent quasiment toutes les parties anatomiques. Elles
témoignent de la désarticulation, du décharnement, mais aussi, du
nettoyage de l’os avant fracturation.
Taxons Niv.J Niv.N Niv.SJ Remanié Total
enc. stries brûlé enc. stries brûlé Enc. enc. stries brûlé enc. stries brûlé
Hyène
Loup
blaireau
Cerf
Chevreuil
Renne
Bovinés
Cheval
Léporidés
Rhinocéros
Ongulé ¾
Mammifère
Oiseau
1
2
1
20
10
7
1
1
6
26
11
4
3
1
1?
1
1?
1+1?
1
4
1
2
11
1
1
2
1
1
1
3
1
1
1
1
1
1
1?
1?
0
1
0
2
1
2
23
1
1
0
15
7
0
1
0
0
1
6
0
29
13
1
0
5
3
1
0
0
1
0
0
1
1+1?
1?
1
1?
2+1?
12+1?
0
Total 41 52 3+3? 5 1 13 2 5 7 2+2? 53 60 18+5?
Tableau 1 : Nombre d’os coordonnés présentant des encoches (enc.), des stries de boucherie et des traces de brûlure par taxon et ensemble archéologique. (d’après Beauval 2005 c)
Certains os de la couche J présentent à la fois des traces de désarticulations
et des traces de rognage par les grands carnivores. Ces stries laissent penser
que l’Homme a exploité l’animal quand il y avait une quantité de viande
encore intéressante sur l’os, puis le carnivore est venu manger ce que
l’Homme avait laissé. Cela tendrait à prouver que l’Homme était l’agent
accumulateur de certains des ossements et qu’il n’agissait pas en tant que
charognard.
23
Les restes de blaireaux (Mallye 2005) semblent liés à un fonctionnement de
terriers. Cela confirme l’hypothèse d’une bioturbation dans le site.
Heureusement, les terriers les plus récents ont pu être mis en évidence
grâce à la différence de texture et de couleur du sédiment et ont été noté
REM à la fouille.
VII) Les restes humains :
Deux restes ont été recueillis en surface et ont été attribués à Homo
sapiens.
Un fragment de diaphyse fémorale humaine a été retrouvé dans la couche J,
en H8. Ce fragment se situe soit au milieu, soit aux deux-tiers proximaux
d’une diaphyse fémorale adulte. L’accentuation des courbures antéro-
postérieure et médio-latérale semble l’inclure dans le taxon des
néandertalien (Peressinotto, Maureille et Beauval 2005).
Une étude biométrique réalisée par E. Trinkaus (2005) nous confirme
que cette diaphyse entre dans la variabilité néandertalienne.
Le succès de l’étude ADN obtenu pour une dent de hyène (Serre,
Rohland et Hofreiter 2005) laissait espérer de bons résultats pour cette
diaphyse. En effet, une séquence néandertalienne a pu être amplifiée
(Beauval et al. 2005). Bien que celle-ci soit relativement courte, elle se
rapprocherait de celle des néandertaliens de la Chapelle-aux-Saints
(Corrèze, France), Engis2 (Belgique), Feldhofer2 (Allemagne) et
Mezmaiskaya 1 (Caucase).
L’étude taphonomique de ce reste a mis en évidence des « pits »,
c’est-à-dire des dépressions circulaires de la surface de l’os dû à un
mâchonnement par un carnivore : hyène ou loup (Peressinotto, Maureille et
Beauval 2005).
24
Peut-être que dans ce cas, l’Homme de Néandertal fut la proie d’un grand
carnivore.
VIII) Datation radiométrique :
Deux datations radiométriques par 14C AMS ont été effectuées sur le
matériel de l’ensemble J des Rochers de Villeneuve :
- La première a été réalisée sur une portion diaphysaire de radius d’hyène
découverte en J8, au milieu de l’ensemble J. L’âge radiocarbone non
calibré obtenu est de 40 700 +/- 900 ans BP (Beauval 2005d).
- La seconde pièce datée est la diaphyse fémorale humaine, son âge non
calibré est de 45 200 +/- 1100 ans BP, soit en âge calibré : 48 455 +/- 1878
ans cal BP (Beauval et al. 2006).
Ces dates sont relativement proches et situent donc l’ensemble J et son
matériel à la fin du Moustérien.
Cependant, il faut prendre ces dates avec précaution. En effet, à partir de
40 000 ans BP nous sommes à la limite de la validité de la méthode du 14C
et au-delà de la limite de la calibration.
Des datations par thermoluminescence et OSL vont être tentées, des
dosimètres ayant été mis en place sur le site lors de la campagne 2006 par
N. Mercier.
IX) Le matériel lithique :
La première étude a été menée en 1999 par M. Dachary et F. Dupont. Sur
248 pièces (refus de tamis inclus) ils identifient six matières premières
différentes et notent la difficulté à faire des remontages, due à la rareté de
grands supports, mais ils remarquent aussi la présence d’éclats de retouche.
Enfin, ils concluent à un Moustérien à plusieurs modes de débitage :
25
Levallois unipolaire et centripète, Discoïde et Kombewa (Dachary et
Dupont 1999).
A partir de la campagne 2000, l’étude est confiée à J. Primault pour les
matières premières et à J-G. Bordes pour l’aspect technique.
J. Primault va observer une patine importante : majoritairement 3 sur
une échelle de 0 à 4 (Primault 2001). Mais malgré cette patine, il identifie
neuf matières premières différentes, notamment du silex du « Grand-
Pressigny » dont les premiers gisements sont situés à 40 km au Nord.
(Primault 2001, 2002, 2005). Cette approche sera développée dans le
chapitre sur l’acquisition des matières premières.
L’observation du matériel, d’un point de vue technique, va mettre en
évidence une gestion différente des matières selon les niveaux. Le niveau
supérieur (J) serait caractérisé par une industrie peu abondante à débitage
Levallois majoritaire, rarement réalisée sur place. (expliquant peut-être la
quasi absence de remontage) Le niveau moyen (N) est plus riche, avec un
débitage Discoïde majoritaire et de nombreux denticulés. Enfin, le niveau
inférieur (SJ) n’a livré, à ce jour, aucun vestige lithique (Bordes et Asselin
2005).
X) Conclusion sur la présentation du site :
La grotte des Rochers de Villeneuve présente un remplissage composé de
trois niveaux archéologiques :
- Inférieur (SJ) : encore peu connu car fouillé uniquement dans le carré
J7 et J8, il présente quelques restes de faune, mais pas d’artefacts.
- Moyen (N) : fouillé sur une surface de 8 carrés, avec une épaisseur
d’environ 70 cm, c’est un assemblage riche en faune (accumulée par
26
l’Homme et les grands carnivores) et en artefacts lithiques attribués pour
l’instant, à un Moustérien à denticulés à débitage majoritairement Discoïde.
- Supérieur (J) : fouillé sur 26,5 m2, avec une épaisseur d’environ
70 cm elle-aussi, c’est un niveau daté à environ 40 000 ans BP, caractérisé
par une faune de milieu ouvert accumulée par des grands carnivores
(notamment l’hyène) et par l’Homme de Neandertal, présentant une
industrie moustérienne (moins riche que dans le niveau moyen) fortement
patinée et, semble-t-il à dominante Levallois.
L’ensemble J a subi des phénomènes de bioturbation et de
cryoexpulsion, mais aussi de piétinements dus à la succession d’occupation
par les hyènes et l’Homme. Un granoclassement inverse causé par la
cryoturbation a été observé sur les vestiges fauniques, mais d’après les
raccords (tous intra-couches), les déplacements verticaux causés par ces
phénomènes ne semblent pas être importants. A ce jour, la stratigraphie
adoptée à la fouille est validée par les études sur le matériel archéologique.
Ici, elle va être testée par les remontages et l’analyse spatiale des
différentes phases de la chaîne opératoire lithique.
B) Problématique : l’apport d’une fouille moderne à la compréhension du Moustérien :
Notre objectif, ici est de rappeler dans quel contexte de connaissances et de
recherches, l’étude du matériel lithique des Rochers de Villeneuve va
s’inscrire.
27
I) Présentation générale du Moustérien :
Le Moustérien est un complexe techno-culturel qui s’étend en Eurasie sur
une période de plus de 200 000 ans, du stade isotopique 8 au stade 3. Il a
donc traversé de nombreux changements climatiques et environnementaux.
Il se caractérise essentiellement par son industrie avec :
- des outils : les racloirs, pointes moustériennes, pointes Levallois et
bifaces
- différents modes de débitage : le Levallois, le Quina, le laminaire à lame
à crête et le Discoïde. Souvent un niveau archéologique peut présenter
plusieurs modes de débitage.
Trois groupes humains sont à l’origine de cette industrie : les
prénéandertaliens (Homo heidelbergensis), les néandertaliens (Homo
neanderthalensis) et l’Homme moderne (Homo sapiens). Ce dernier est
uniquement présent au Proche-Orient.
Les restes d’hominidés datant du Moustérien sont plus nombreux que ceux
des périodes précédentes. Cela est dû à l’apparition des sépultures, telles
celles de Shanidar (Solecki 1961) ou de la Ferrassie (Capitan et Peyrony
1909).
La séparation entre le Paléolithique ancien et moyen est difficile à caler
chronologiquement, pour la simple raison qu’il semble y avoir un
continuum techno-économique et typologique entre les technocomplexes
rattachés à ces deux périodes. L’apparition du débitage Levallois fait
souvent office de limite entre ces deux périodes (Jaubert 1999). Cependant,
ce débitage est observé ponctuellement dans des sites Acheuléens tels que
Cagny-la-Garenne (Somme, France), daté à 450 000 ans BP. Il se
28
généralise à partir de 300 000 ans BP (Leopold 1997), annonçant les
prémices du Paléolithique moyen et donc du Moustérien.
Si son installation est lente et progressive, sa fin semble par contre
très brutale. A la fin du Moustérien, vers 50 – 40 000 ans BP, on observe
une importante variabilité des industries liées à différents faciès culturels,
chronologiques ou fonctionnels. Puis, vers 38 000 ans BP, le Moustérien
disparaît. Dans le Sud-Ouest de la France, un autre technocomplexe lui
succède, le Châtelperronien, c’est la transition entre le Paléolithique moyen
et supérieur. Toutefois, les néandertaliens en sont toujours les artisans
comme semble le prouver la sépulture de Saint-Césaire (Charente-
Maritime, France) (Lévêque et Vandermeersch 1980).
II) Historique des recherches sur le Moustérien :
C’est en 1872 que G. de Mortillet définit le Moustérien à partir du site du
Moustier en Dordogne. Il décrit une industrie à pointes, racloirs et bifaces
peu nombreux mais souvent très plats.
Au fur et à mesure des recherches, les préhistoriens se rendent compte de la
grande variabilité des industries du Moustérien, ainsi vont être
individualisés différents faciès.
Mise en évidence de la variabilité du Moustérien :
A partir des années 50, avec F. Bordes, apparaît une classification
systématisée du complexe Moustérien (Bordes 1950a). Cette méthode est
basée sur la typologie, c’est-à-dire la catégorisation morphologique, mais
aussi technologique de l’outil. Les pourcentages de ces outils-types
représentés sous forme d’indices et de diagrammes cumulatifs vont
permettre à F. Bordes de caractériser plusieurs faciès :
29
- Le Moustérien à denticulés, défini par un fort pourcentage de pièces à
encoches et denticulés,
- Le Moustérien de type Quina, caractérisé par la présence sur un grand
nombre de pièce d’une retouche écailleuse scalariforme, un fort
pourcentage de racloirs et peu d’éclats Levallois.
- Le Moustérien de type Ferrassie, livrant beaucoup de racloirs et
d’éclats Levallois
- Le Moustérien typique, présentant peu ou pas de bifaces et couteaux à
dos, et peu de racloirs.
- Le Moustérien de tradition Acheuléenne (MTA) : séparé en 2
moments :
- le MTA de type A, avec un nombre relativement important de
bifaces et peu de couteaux à dos.
- le MTA de type B, qui connaît une baisse du nombre de bifaces et
une augmentation des couteaux à dos.
Interprétation de cette variabilité :
A partir des années 60, un débat sur l’origine de la variabilité des industries
va opposer F. Bordes, L. R. Binford et P. Mellars. Ce débat est toujours
d’actualité.
a) Origine culturelle :
En 1950, F. Bordes propose une « évolution buissonnante des industries »
qui remplace la théorie du développement des industries en phylums
parallèles lancée par H. Breuil vers 1930. Il interprète la variabilité des
faciès moustériens comme culturelle. Plusieurs cultures auraient cohabité
pendant des milliers d’années et évolué séparément. (Bordes 1950b)
30
b) Succession chronologique :
En 1965, P. Mellars publie dans Nature un article décrivant des répétitions
dans l’ordre d’apparition stratigraphique de certains faciès. Ainsi, le
Moustérien de type Ferrassie précéderait le Quina, qui lui-même se
rencontrerait avant le MTA. Ces observations ont été remises en cause par
les datations du Quina et du MTA qui sont souvent contemporains.
c) Origine fonctionnelle :
En 1966, S. et L. R. Binford publient dans American Anthropologist un
article présentant cette variabilité en termes de faciès économiques. Les
sites auraient eu des fonctions différentes et les industries retrouvées
seraient liées aux activités réalisées sur ces sites.
Cette notion de fonctionnalité des sites va être reprise par G. Isaac en 1971,
à partir de données ethnographiques, dans la théorie du « Home base ».
Celle-ci va être approchée par comparaison du nombre de restes osseux et
leurs stigmates, avec le nombre d’artefacts lithiques. Par la suite, plusieurs
fonctions de sites ont été proposées :
les sites d’abattage (« kill site »), de boucherie (« butchery site »), d’habitat
(« camp base »), les haltes de chasse, les ateliers de taille, les sites à faibles
traces anthropiques (Sivertsen 1980)
J-P. Brugal et J. Jaubert (1991) propose l’hypothèse d’un charognage actif
et d’une gestion opportuniste du territoire (« foraging »), qui entre en
contradiction avec la chasse ou le piégeage des grands herbivores supposés
dans les sites d’abattage, correspondant à une gestion planifiée.
Par ailleurs, un autre débat est lancé par L. R. Binford en 1981 : Néandertal
était-il un charognard ou un chasseur ?
31
En fait, les comportements semblent être différents selon les populations et
les sites. Mais la spécialisation, ou l’occupation saisonnière de certains
sites, semblent aller dans le sens d’une économie planifiée ou « logistic
mobility » pour le Moustérien.
L’apport des nouvelles méthodes d’étude :
a) La Technologie lithique :
Au cours des années 80, la notion de chaîne opératoire appliquée à la taille
du silex, la Technologie lithique, va se développer. Cette démarche,
étroitement liée à l’Expérimentation, tente de reconstituer la succession de
gestes qui permet de passer d’un bloc brut à un outil fini. Chacun de ces
gestes étant contraint par l’environnement et par la tradition, élément clé de
la culture (Tixier 1978).
En 1985 et 1986 deux thèses vont révolutionner l’approche
technologique pour le Paléolithique moyen :
- J-M. Geneste va caractériser les différentes phases de la chaîne
opératoire du débitage Levallois en développant notamment l’approche
économique (Geneste 1985).
- E. Boëda va définir, en 1986, les différentes méthodes de débitage
Levallois qu’il va regrouper sous le terme de « concept Levallois », concept
qu’il oppose à un autre débitage qu’il va définir plus précisément : le
débitage discoïde.
b) L’analyse morpho-fonctionnelle :
Associée à la Technologie et à l’Expérimentation, les années 80 voient
aussi le développement d’une approche qui cherche à caractériser
l’utilisation des outils, l’analyse morpho-fonctionnelle.
32
Celle-ci est liée à une discipline : la Tracéologie, inventée par le russe
Semenov en 1964, elle consiste en l’étude des stigmates d’utilisation
macroscopiques et microscopiques laissés sur le silex, en les comparant à
des traces réalisées expérimentalement.
L’analyse morpho-fonctionnelle des outils va permettre d’approcher
directement la question de la fonction des sites soulevée par S. et L. R.
Binford en 1966 en ayant accès directement à l’activité réalisée sur place.
Ainsi, des ateliers spécialisés ont pu être mis en évidence, c’est le cas du
site de la Combette (Vaucluse), daté à environ 60 000 ans BP, spécialisé
dans le tannage des peaux (Lemorini 2000) ou des Tares (Dordogne) où des
actions de coupe sur bois ou viande ont été mises en évidences sur
différents types de supports-outils prédéterminés pour ces différentes
matières (Geneste et Plisson 1996).
La démarche actuelle pour l’étude des industries lithiques du Moustérien :
Les arguments technologiques, typologiques et morpho-fonctionnels sont
aujourd’hui confrontés afin d’observer la variabilité du Moustérien.
Ainsi, M. Soressi reconnaît pour le Moustérien de tradition Acheuléenne de
type B un débitage de type volumétrique à supports allongés et explique
d’un point de vue morpho-fonctionnel la dissymétrie de certains bifaces à
partir du matériel de sites de Dordogne : le Pech de l’Azé I, le Moustier, La
Rochette et la Grotte XVI (Soressi 2002). Ces bifaces MTA servant à la
fois d’outils et de nucleus.
De la même façon, il a été observé que les populations du Nord de la
France de 120 à 90 000 ans BP, pratiquaient un débitage laminaire proche
du Paléolithique supérieur, avec notamment la préparation de lames à
crêtes, dans des sites tels que Riencourt-lès-Bapaume (Pas-de-Calais)
33
(Tuffreau et al. 1993) ou Etoutteville (Seine-Maritime) (Delagnes et
Ropars 1996). Cependant ils n’ont laissé aucune trace par la suite et ne
semblent pas être à l’origine du Paléolithique supérieur.
D’autres concepts de débitage tels que le débitage « en tranche de
saucisson » (Turq 1979, Bourguignon 1997), le débitage Discoïde (Gouëdo
1990, Boëda 1993, Mourre 2003, Slimak 2003), le débitage clactonien
(Ashton 1992, Forestier 1993), le type Pucheil (Delagnes 1993), le débitage
Kombewa (Owen 1938, Dauvois 1981), sont identifiés et participent à la
diversité inter, mais aussi intra-faciès.
A la lumière de ces nouvelles données, la variabilité des industries
moustériennes se complexifie. Les champs d’études étant de plus en plus
précis, de nouveaux aspects du mode de vie des Moustériens deviennent
accessibles.
III) Quelles problématiques pour les Rochers de Villeneuve ?
L’objectif de ce travail va être d’abord de tester l’intégrité des deux
niveaux observés par le biais de remontage. Il sera ensuite de restituer la
chaîne opératoire et ainsi caractériser la gestion des matières premières, les
supports recherchés, leur morphologie et éventuellement leur utilisation
(ceci malgré l’absence d’une étude tracéologique, due à une importante
patine empêchant, à priori, toutes observations). L’analyse spatiale
permettra de tester la pertinence de l’archéostratigraphie et éventuellement
d’en proposer une autre sur la base de notre étude.
Cette approche permettra aussi d’aborder la question de la fonction du site.
34
Le niveau J des Rochers de Villeneuve étant daté à 40 000 ans BP, il
correspondrait aux derniers moustériens, il semble donc important
d’identifier le (ou les) faciès au(x)quel(s) ce moustérien appartient et voir
sa place dans la variabilité de la fin du Paléolithique moyen.
L’ensemble N a été attribué au moustérien à denticulés (Bordes et Asselin
2005). Il sera d’abord remis dans son contexte, puis comparé au niveau J.
Ces informations prendront d’autant plus d’importance que le Moustérien à
denticulés est rare en Poitou–Charente et qu’il se trouve le plus souvent en
fin de séquence du Paléolithique moyen.
C) Méthode d’analyse :
Le matériel lithique des Rochers de Villeneuve a été séparé en deux
groupes traités dans deux bases de données différentes :
- le matériel coordonné à la fouille et les éléments les plus gros (plus
de 25 mm) issus des refus de tamis,
- le matériel issu des refus de tamis.
Les projections spatiales ont été réalisées à partir du logiciel DataDesk®
version 6.
I) Base de données des éléments coordonnés et de plus de 25 mm :
Cette base de données a été commencée en 2004 pour le matériel de
l’ensemble J sur le logiciel EXCEL® à partir de la base déjà existante
(Beauval 2005b) sur tout le matériel coordonné des Rochers de Villeneuve.
Les données du matériel de l’ensemble N ont été rentrées sur cette même
base au cours de notre stage de DES.
35
Champs Objets
SAISON 1999 2003
DATE 25/05/99 21/07/03
FOUILLEUR SYLVIO JEAN-LAURENT
CARRÉ J7 E5
ALTITUDE 110-115 180-185
NUMÉRO 4 588
SUFFIXE
CLEF J7-4 E5-588
X 0 42
Y 75 85
Z 110,0 184,5
XABS 900 442
YABS 675 485
ZABS -110 -184,5
COUCHE REM NEXT
TYPE SILEX SILEX
ORIENTATION NO
PENDAGE NO
SUR CHANT NON
FACE REPOS DORS
OBSFOUILLE
SECTEUR S1 S1
longueur 117 30
largeur 72 34
granulo 3 2
épaisseur 18 17
a 43
L/a 2,72
é 14
L/é 8,36
poids en g 136,76
nature talon facetté
largeur talon 15
épaisseur talon 14
angle d'éclatement 115
percussion dure
cortex important important
matière première grand pressigny? mazerolles
patine 1 1
manganèse tâches aucun
encroûtement plages plages
support éclat éclat
fragment distal
traces de percussion aucune aucune
retouche direct droite et gauche, éc, semi-ab 2 inv dte
36
enlèvements 1 3
catégorie technologique éclat cortical
type de débitage Lev?
accidents aucun cassure mésiale
chauffé non non
typologie racloir convergent convexe denticulé
divers dessiné 2 encoches
Tableau 2 : Base de données des éléments coordonnés et de plus de 25mm, exemple de deux pièces : le racloir Figure 9 et un denticulé du niveau N.
Il existe plusieurs champs pour cette base (en gras, Tableau 2), les premiers
étaient présents dans la base de C. Beauval. Ils permettent de retrouver plus
facilement les pièces ou à détecter des erreurs de marquage…
- Saison : année de découverte de l’objet,
- Date : date de la découverte,
- Fouilleur : nom du fouilleur qui a découvert l’objet,
- Carré : le carré dans lequel l’objet a été trouvé,
- Altitude : la passée de décapage de 5 cm dans laquelle l’objet a été
trouvé,
- Numéro : le numéro de l’objet dans le carré,
- Suffixe : « pour les pièces de plus de 10 cm, les coordonnées de
chacune des extrémités de la pièce sont relevées. Le suffixe A correspond
aux coordonnées de la première extrémité et le suffixe B aux coordonnées
de la seconde. Pour les objets les plus petits, cette cellule n’est pas
utilisée » (Beauval 2005b, p. 25),
- Clef : carré et numéro de l’objet, c’est ce qui est noté sur l’objet,
- X, Y, Z : coordonnées dans le carré,
- Xabs, Yabs, Zabs : coordonnées absolues dans le site,
- Couche : couche dans laquelle l’objet a été découvert :
« REM » remanié (terrier…), « J », « N », « NEXT » « JEXT » (J et N en
RDV2),
37
- Type : silex, quartz, os, dent, coprolithe et charbon,
- Orientation : « elle est mesurée avec la boussole pour les objets de
plus de 5 cm … cette mesure n’est prise que si la pièce présente un axe
d’allongement, c’est à dire si sa longueur est au moins égale à deux fois sa
largeur » (Beauval 2005b, p. 25),
- Pendage : « il est mesuré avec un clinomètre pour les objets de plus
de 5 cm. Le pendage est toujours mesuré selon l’axe d’allongement de la
pièce (il est donc toujours associé à la mesure de l’orientation). » (Beauval
2005b, p. 25),
- Sur chant : oui ou non, « une réponse positive signifie que l’objet
repose sur sa tranche » (Beauval 2005b, p. 25),
- Face repos : face sur laquelle reposait l’objet : supérieure ou
inférieure,
- Obsfouille : toutes les particularités observées à la fouille sont
notées,
- Secteur : zone du carré où l’objet a été découvert : S1, S2, S3, S4
Nous avons rajouté les catégories suivantes spécifiques au matériel
lithique.
- Longueur, largeur et épaisseur : en mm, mesurées au pied à coulisse
dans l’axe morphologique de la pièce (Bordes 1961) (Figure 7),
- Granulo : classe granulométrique de la pièce de 0 à 3 :
• 0 : [0-15 mm[
• 1 : [15-30 mm[
• 2 : [30-50 mm[
• 3 : plus de 50 mm.
- a : longueur entre le talon et la plus grande largeur (Figure 7),
38
- é : longueur entre le talon et la plus grande épaisseur (Figure 7),
- L/a et L/é : (rapport de L : longueur morphologique de l’objet sur
« a » ou « é »), rapports inspirés des mesures sur les bifaces ( Bordes 1961,
p. 73),
- Poids en g : le poids a été mesuré pour les objets de l’ensemble J,
mais pas pour ceux de l’ensemble N car cette observation n’apporte pas
beaucoup d’information étant donné les degrés très variés de patine et de
désilicification touchant le silex.
- Nature talon : description de la nature du plan de frappe : « lisse »,
« facetté »… d’après M.-L. Inizan et al. (1995, p. 162-163). Un dernier
type se rajoute à cette liste, il s’agit du « talon lisse à pans » défini par L.
Bourguignon (1997, p. 110).
- Largeur / épaisseur talon : Seul la largeur du talon a été mesurée sur
le matériel de l’ensemble N, en mm au pied à coulisse (Figure 7),
Figure 7 : Mesures effectuées sur un éclat de débitage
L
l
ép
L talon
ép talon
a
é
39
- Angle d’éclatement (Figure 8) : angle mesuré entre la face inférieure
et le talon de l’éclat à l’aide un rapporteur : « goniomètre » élaboré grâce
aux conseils de V. Mourre (cf. annexe 6, Thiébaut 2001, p. 219),
- Percussion : technique de percussion au percuteur dur ou tendre avec
un « ? » en cas de doute. En général, l’utilisation du percuteur dur laisse un
point d’impact et un débordement semi-circulaire de la ligne postérieure du
talon ; le bulbe est aussi plus marqué, contrairement au percuteur tendre.
(cf. la revue documentaire de M. Roussel 2005 p. 7-22)
Figure 8 : Vocabulaire spécifique à un éclat de débitage (extrait d’Inizan et al. 1995,
p.33).
- Cortex, Manganèse, Encroûtement : le cortex ou néo-cortex quand il
s’agit d’un galet ou d’une diaclase correspond à la surface naturelle du
silex avant sa fracture ; le manganèse se dépose sur les objets
archéologiques en laissant des traces noires plus ou moins importantes ;
enfin, de la calcite se dépose aussi sur les objets en formant des
encroûtements.
Ces surfaces ou dépôts sont classés selon leur importance :
40
• Aucun : il n’y en a pas sur l’objet,
• Plages (ou « tâches », pour le manganèse) : présent sur moins de la
moitié de la surface (face supérieure pour le cortex),
• Important : présent sur plus de la moitié de la surface,
• Total : présent sur la totalité de la surface de l’objet.
- Matières premières : reconnaissance des matières premières
siliceuses à la loupe binoculaire (cf. : chapitre sur les matières premières),
- Patine : c’est un phénomène qui touche toutes les matières siliceuses
et notamment le silex. Les degrés de patine ont été classés de 0 à 4 par J.
Primault (2001) :
• 0 : « le silex n’est pas patiné. L’identification de la matière
première se fait dans les meilleures conditions. »
• 1 : « un léger voile blanc hétérogène recouvre la surface du silex.
Souvent cette patine révèle certains éléments généralement discrets
(pelloïdes, glauconie…). »
• 2 : « un voile blanc recouvre l’ensemble de la surface du silex. La
structure du silex est difficilement observable, seuls les éléments de surface
sont reconnaissables. »
• 3 : « la patine blanche pénètre la surface du silex pour parfois le
désilicifier. A l’exception de quelques caractères très généraux (cortex
notamment), la matière reste difficile à identifier. »
• 4 : « la pièce est entièrement désilicifiée. La détermination de la
pièce reste très hasardeuse » (Primault 2001, p. 28).
41
- Support : la pièce est-elle : un éclat, une lame, une lamelle, un
casson1, un débris ?
- Fragment : si nous avons un fragment distal d’éclat, nous notons
« distal », etc… (Figure 13),
- Traces de percussion : l’emplacement de toutes empreintes pouvant
être liées à l’utilisation de l’objet en tant que percuteur est noté,
- Retouche : quand l’objet présente une retouche, nous notons le
nombre d’enlèvements, leurs positions (par exemple directe, inverse) et
leurs localisations (par exemple distal, proximal) d’après Inizan et al.
(1995). Pour le matériel de l’ensemble J, la position, la localisation, la
morphologie et l’inclinaison étaient notées.
- Catégorie technologique : la pièce peut parfois être attribuée à un
moment particulier de la chaîne opératoire (suite de gestes qui d’un
matériau brut aboutissent à un objet fini) : « éclat de décorticage » typique
d’une phase de décorticage d’un bloc, « éclat à dos débordant » typique
d’une phase de réaménagement des convexités latérales pendant le
débitage, « éclat Levallois » typique d’une phase de plein débitage, « éclat
de retouche » typique d’une phase de production de l’outil… ,
- Modalité de débitage : il est parfois possible d’identifier à partir d’un
éclat ou d’un nucleus, le mode de débitage utilisé pour obtenir cet objet :
Levallois, Discoïde… (pour les définitions cf. : chapitre sur les méthodes
de débitage),
- Accidents : si la pièce présente une cassure ancienne ou récente, son
emplacement est noté,
1 Les cassons sont des objets indéterminés dont la face inférieure ou des contre-bulbes peuvent
être manquants, empêchant ainsi de diagnostiquer les pièces comme étant taillées, tandis que les
débris n’ont pas d’origine anthropique.
42
- Effets thermiques : des pièces sont parfois brûlées ou présentent des
cupules thermiques, si c’est le cas il est noté « oui »,
- Typologie : les pièces retouchées sont classées d’après la typologie
de F. Bordes (1961),
- Divers : tout ce qui peut être noté en plus.
Pour les pièces de plus de 25 mm issues des refus de tamis, il manque la
plupart des données propres aux pièces coordonnées, néanmoins nous
pouvons généralement noter l’année de fouille, la date, le carré, l’altitude,
la couche d’origine, ainsi que le secteur du carré.
II) Base de données des refus de tamis de moins de 25mm :
Plusieurs milliers d’éclats et fragments d’éclats ont été retrouvés dans les
refus de tamis. Ils avaient été lavés, séparés des esquilles osseuses et autres
refus de tamis, puis stockés dans des sachets plastiques portant : la date de
la découverte, le carré, le secteur et la passée de décapage dans laquelle ils
avaient été découverts.
Etant donné le grand nombre de fragments, nous ne pouvions pas les traiter
un par un comme dans la base précédente. Seuls les éléments les plus gros
(plus de 25 mm) ou caractéristiques d’un mode de débitage particulier ont
été étudiés comme le matériel coordonné.
Les autres artéfacts ont été comptés par matière première dans chaque
passée de décapage de 5 cm de chaque secteur d’un carré (Tableau 3).
43
Tableau 3 : Base de données pour les refus de tamis, exemple de la passée de décapage :150-155 du carré E5-S1.
Les premières observations ont été notées pour toutes les pièces, éclats
comme fragments :
- carré : il comprend le carré et le secteur du carré,
- niveau : correspond à la passée de décapage de 5cm,
- MP : nombre d’objets par matière première (cf. : les matières
premières) :
• Q : quartz,
• P : silex ponctué,
• T : silex tertiaire,
• GP : silex du Grand-Pressigny,
• GP versic : silex versicolore du Grand-Pressigny,
• J : silex jaspéroïde,
• M : silex de Mazerolles,
• C : silex de Civaux,
• I : silex indéterminé,
carré niveau MP taille
brûlé cortexcatégorie forme percuteur
Total a b c d e rt rav fac ind éc sc s// che ft d t
E5-S1 150-155 Q 0
P 2 6 1 1 3 1 1 1 9
T 1 1
GP 0
J 0
M 5 1 1 1 1 1 1 1 1 1 6
C 0
I 4 3 2 3 3 9
Total 6 14 5 0 0 5 7 1 1 1 0 1 0 1 1 0 2 1 25
44
Ici, les matières premières ont été déterminées (pour la plupart) à l’œil nu,
ce qui entraîne un biais de comparaison avec les matières premières de
l’autre base, observées à la loupe binoculaire.
- Taille : nombre d’élément par classe de longueur, cinq classes ont été
définies :
• a : [0-5 mm[
• b : [5-10 mm[
• c : [10-15 mm[
• d : [15-20 mm[
• e : [20-25 mm[
- Brûlé : nombre d’objets brûlés,
- Cortex : nombre de pièces présentant du cortex ou néo-cortex,
Les informations suivantes ont été notées pour tous les éclats identifiables
plus ou moins complets :
- Catégorie : il s’agit des catégories technologiques des éclats, qui
caractérisent des moments différents de la chaîne opératoire :
• Rt : éclat de retouche, il correspond à la phase de façonnage de
l’outil, il présente entre 0 et deux négatifs d’enlèvements sur sa face
supérieure, et son angle de chasse (angle entre le talon et la face supérieure)
est généralement aigu.
• Rav : éclat de ravivage, il correspond à la phase de
réaménagement de l’outil, il présente plusieurs négatifs d’enlèvements sur
sa face supérieure correspondant aux éclats de retouche de l’outil, comme
pour ce dernier son angle de chasse est plutôt aigu.
• Fac : éclat de facettage de plan de frappe, il appartient à une phase
antérieure à la retouche : la phase de plein débitage. Les plans de frappe du
45
nucleus sont parfois facettés afin de donner plus de précision au point
d’impact lors du débitage, les éclats débités possèdent alors des talons
facettés. Ces petits éclats présentent souvent un angle de chasse proche de
90°.2
• Ind : indéterminé, quand on ne peut se prononcer sur la nature de
l’éclat,
- Forme : les éclats peuvent avoir différents aspects :
• éc : écailleuse, les éclats plus large en partie distale qu’en partie
proximale (Inizan et al. 1995),
• sc : scalariforme, l’éclat possède des négatifs formant des
« marches d’escaliers » (Bordes 1961),
• s// : sub-parallèle (Inizan et al. 1995), les bords de l’éclat sont
approximativement parallèles.
• che : encoche : éclat à large talon lisse et bulbe de percussion
marqué,
• ft : feuilleté : éclat plat, mince, à épaisseur constante (Blaser
1997),
- Percuteur : type de percuteur utilisé : d : dur, t : tendre,
- Total : somme de tous les éclats et fragments pour la même matière
première.
2 Néanmoins, ces critères d’angles ne sont pas totalement fiables, des éclats de facettage de plan de frappe peuvent avoir des angles plus aigus au début de l’aménagement du plan de frappe ; et dans le cas d’une retouche abrupte, les éclats de retouche présentent aussi des angles proches de 90°
46
III) Les matières premières :
L’identification des matières premières a été réalisée par J. Primault dans le
cadre de sa thèse (Primault 2003), il reconnaît neuf matières premières
lithiques différentes sur le site des Rochers de Villeneuve (Figure 9).
des matières premières à proximité immédiate (une centaine de mètres
autour du site) :
- Le « silex tertiaire » : silex Eocène brun à gris, de texture rugueuse à
fine avec des inclusions blanches opaques. Il se trouve sur le plateau à
proximité de la grotte.
- Le « silex ponctué » : silex gris à ponctuation du Bajocien, il
présente de nombreux spicules de spongiaires et entroques de crinoïdes. Il
Figure 9 : Territoires d’exploitation des matières premières des préhistoriques des Rochers de Villeneuve (d’après Primault 2003).
47
est de qualité assez moyenne, s’étendant sur un vaste territoire et
notamment à proximité immédiate de la grotte. Ce silex est donc un
mauvais marqueur de déplacement. Il se présente sous forme de blocs
d’une vingtaine de centimètres.
- Le « quartz » : galets de quartzite alluviaux ou éolisés en provenance
des alluvions du ruisseau des Grands-Moulins ou du plateau.
des matières premières locales (moins de 10 km) :
- Le « silex de Mazerolles » : silex à bioclastes et oolithes du
Bajocien/Bathonien de la région de Mazerolles-Gouex, situé à 6 km au sud-
ouest de la grotte. C’est une matière première de très bonne qualité,
présentant parfois des rognons de plus de 20 cm. Un autre type de silex
oolithique, translucide provenant de la vallée de l’Anglin ou de la
Gartempe (à 15 km à l’ouest) a été retrouvé, toutefois il n’a pas été reconnu
lors de cette étude.
- Le « silex de Civaux » : silex gris zoné Bajocien à matrice opaque et
grains grossiers de la région de Civaux situé à 5 km au Nord-Ouest de la
grotte. Cette matière première est d’excellente qualité et se présente sous
forme de rognons d’une vingtaine de centimètres de long. Six éclats ont été
identifiés dans le site.
- Le « silex jaspéroïde » : silex jaune jaspéroïde du Lias de très bonne
qualité, qui se retrouve en petite quantité à moins de 10 km vers le Sud-
Ouest, dans les alluvions de la Vienne. Il présente quelques filons de quartz
ou barytine et, le plus souvent, de manganèse. Un éclat a été identifié dans
les refus de tamis.
- L’« opalite » : silex Eocène blanc à gris, à grain fin et cassure
luisante, parfois zébré de dendrites noires. Un gîte peu étendu est connu à
5 km vers l’Est.
48
une matière première d’origine plus lointaine :
- Le « silex du Grand-Pressigny » : silex Turonien supérieur à grains
grossiers (microquartz) présentant de nombreux fossiles parfois visibles à
l’œil nu : spicules d’éponges, foraminifères, bryozoaires et mollusques. En
provenance du Nord du Poitou, à 40 km, il se confond facilement avec le
silex de Mazerolles. Quelques éclats ont été identifiés avec l’aide de J.
Primault lors de cette étude.
- Le silex du Grand-Pressigny « versicolore » : « Ce silex se rencontre
sous forme de dalles, de rognons assez réguliers, de blocs et, plus
rarement, de plaques » (Primault 2003, p. 28). Il possède des grains
grossiers, son cortex est grenu, quand il est épais on peut observer une
sous-corticale noire très fine. « Les fossiles [identiques au Grand-
Pressigny] observables sous binoculaire sont toujours très fragmentés,
mais rarement roulés. Ils sont généralement concentrés dans les zones
brunes et translucides, proches du cortex. » (Primault 2003, p. 29) Il se
rencontre à 40 km au Nord, à la confluence de la Gartempe et de la Creuse.
Il a été reconnu par J. Primault au cours de cette étude.
Enfin beaucoup des silex ne sont pas identifiables car ils sont soit brûlés,
soit totalement encroûtés ou recouverts de manganèse, soit, pour la
majorité d’entre-eux, fortement patinés. Ils sont alors classés dans les
indéterminés.
Cette patine semble affecter préférentiellement les silex du Grand-
Pressigny, de Civaux, ponctué et de Mazerolles ; les silex tertiaire et
opalites sont moins touchés.
49
IV) Les méthodes de débitage :
1) Le débitage Levallois :
Le débitage Levallois a été redéfini en 1986 par E.Boëda. Il comprend
plusieurs méthodes regroupées en « concept Levallois ».
Un des éléments caractéristique est le nucleus Levallois : « Tout nucleus
Levallois est conçu comme ayant deux surfaces sécantes de convexité
opposée, délimitant un plan unique, dans lequel se fait le débitage des
enlèvements prédéterminés ; une surface supportera la mise en place des
convexités distales et latérales (surface de débitage Levallois ou surface
Levallois), tandis que l’autre assumera le rôle de plan de frappe (surface
de préparation des plans de frappe). » (Boëda 1994, p.16) Les convexités
distales ayant pour but d’empêcher l’outrepassement de l’éclat.
L’éclat Levallois est lui-aussi caractéristique, il se reconnaît grâce à cinq
critères :
- « silhouette régulière subcirculaire, ovalaire, subquadrangulaire,
allongée ou non, subtriangulaire, triangulaire etc. ;
- axe de symétrie longitudinal ;
- tranchant sur tout le bord (excepté le talon) ;
- sur sa face supérieure, les parties mésiales et/ou distales
(proximales pour les négatifs situés à l’extrémité proximale de
l’éclat) de la plupart des négatifs ayant servi à mettre en forme la
surface de débitage. » (Boëda 1994, p.6)
50
- « Les plans de fracture des enlèvements prédéterminés sont
parallèles ou subparallèles au plan d’intersection des deux
surfaces. »
« La technique de débitage est exclusive tout au long du schéma opératoire
Levallois. Il s’agit de la percussion directe au percuteur de pierre. »
(Boëda 1994, p.255)
Un autre élément récurrent, mais pas systématique, du débitage
Levallois, est la préparation des plans de frappe par facettage. Celui-ci est
nécessaire uniquement pour obtenir un angle d’éclatement proche de 90° et
pour déterminer une convexité qui apportera de la précision au geste.
On identifie 4 principales modalités de débitage Levallois dans le matériel
lithique des Rochers de Villeneuve :
- Le débitage Levallois à enlèvement préférentiel : Cette méthode de
débitage va consister, après préparation de la surface de débitage, à
l’obtention de l’éclat Levallois le plus grand possible. Ainsi, le nucleus va
présenter « sur sa face Levallois un dernier négatif d’enlèvement occupant
le maximum de la surface disponible en dehors de tout accident de taille »
(Boëda 1994, p.16-17) ( Cf. Figure 11, comparaison avec le débitage
Discoïde).
- Le débitage Levallois récurrent centripète : Cette méthode de débitage va
consister à produire à partir de la surface de débitage, des éclats dont les
axes seront « convergents et dirigés vers le centre ». ( Boëda 1994, p.8)
Ces enlèvements vont permettre un auto-entretien des convexités. Les
51
nucleus et les éclats vont alors présenter sur leur face (respectivement) de
débitage et supérieure, les empreintes d’enlèvements convergents.
- Le débitage Levallois récurrent unipolaire : Pour cette méthode, un plan
de frappe préférentiel est utilisé, les convexités latérales et distales de la
surface de débitage sont entretenues par des éclats prédéterminants débités,
soit « dans la même direction que l’éclat Levallois, soit dans la direction
opposée ». (Boëda 1994, p.8) Les enlèvements prédéterminés et
généralement envahissants (éclat « dont la longueur, dans son axe de
débitage, sera au moins égale à la moitié de la longueur de la surface de
débitage du nucleus » Boëda 1994, p.18) observables sur la surface de
débitage du nucleus ont le même axe et la même direction. Ils sont donc
relativement parallèles et gardent l’empreinte des enlèvements
prédéterminants (Figure 10).
- Le débitage Levallois récurrent bipolaire : Cette méthode de débitage est
très proche de la précédente, « tous les enlèvements de la préparation
seront débités dans le même axe, mais dans deux directions opposées »
(Boëda 1994, p.8) Dans ce cas les convexités latérales sont conservées,
mais pas les convexités distales. Les produits obtenus présentent des
enlèvements envahissants dans des sens opposés sur leur faces supérieurs
(Figure 10).
52
Figure 10 : Débitage Levallois récurrent unipolaire et bipolaire du site de Biache-Saint-Vaast(59). (extrait de Boëda 1994, p.259)
2) Le débitage Discoïde3 :
Il a été redéfini en même temps que le concept Levallois par E. Boëda en
1986 (Figure 27) :
Tout comme pour le débitage Levallois :
« le volume du nucleus est conçu en deux surfaces convexes asymétriques,
sécantes, délimitant un plan d’intersection »,
3 Le terme « Discoïde » est composé avec une majuscule initiale car il correspond à un héritage historique de la discipline mais ne signifie pas « en forme de disque » (Jaubert et Mourre, 1996)
unipolaire
bipolaire
53
- « la surface de plan de frappe est aménagée pour que l’axe de débitage
puisse être perpendiculaire au bord du nucleus »
- et « la technique employée est la percussion directe au percuteur dur. »
Figure 11 : Propriétés techniques structurant les conceptions Discoïdes et Levallois. (extrait de Boëda 1994, p.267)
Cependant :
- « les deux surfaces ne sont pas hiérarchisées : l’une est surface de plan
de frappe, l’autre surface de débitage mais leurs rôles peuvent être
intervertis »,
- « la surface est aménagée par la mise en place d’une convexité
périphérique, afin de produire des produits prédéterminés »
54
- et « les plans de fracturation des produits prédéterminants sont sécants
par rapport au plan d’intersection des deux surfaces du nucleus. » (Mourre
2003, p.3, d’après Boëda 1993)
Toutefois, dans la réalité, les faits ne sont pas aussi simples pour
différencier le débitage Discoïde du débitage Levallois, notamment le
récurrent centripète :
- la hiérarchisation des surfaces n’est pas toujours clairement marquée,
notamment pour les nucleus Discoïdes unifaciaux .
- « les caractéristiques des convexités ne peuvent être observées de façon
fiable que sur les nucleus avant débitage » (Mourre 2003, p.4) C’est le
cas du nucleus attribué à un Discoïde unifacial (Figure 28a) mais qui
pourrait aussi passer pour un Levallois récurrent centripète.
- Il peut y avoir « une variation importante de l’orientation des plans de
fracturation des enlèvements prédéterminés tout au long du débitage. »
Ainsi, « les derniers enlèvements d’un nucleus Levallois récurrent
centripète peuvent avoir des bulbes très marqués et donner
l’impression de plans de fracturation obliques, mais les derniers
enlèvements d’un nucleus Discoïde peuvent aussi envahir la surface de
débitage et l’aplanir complètement. » (Mourre 2003, p.4-5) Ce dernier
cas est observables sur l’éclat « f » de la Figure 28.
De plus certains nucleus Levallois sont quelquefois re-hiérarchisés : quand
la surface de débitage est épuisée, le nucleus peut être retourné et la surface
de plan de frappe aménagée en surface de débitage (Morin 2001), cela
pourrait être le cas du nucleus « a » de la Figure 46.
55
Figure 12 : Illustration théorique de l’implication de l’axe de percussion répondant à trois objectif distincts : A :éclat à dos débordant, B :pointe pseudo-Levallois, C : éclat centripète long (extrait de Slimak 2003, p.42)
En fait le débitage Discoïde est surtout reconnaissable à ses produits :
- les éclats centripètes (Figure 12c), ce sont généralement des produits
courts et trapus, à talons lisses, dièdres ou parfois facettés. Ils sont
classés en éclats : « centripètes longs, c’est à dire emportant la zone
centrale de convexité maximale de la table de débitage » (Slimak 2003,
p.46) et centripètes courts.
- Les pointes pseudo-Levallois (Figure 12b) et les éclats à dos débordants
(Figure 12a) : ils « possèdent un dos (naturel ou de débitage) opposé à
un tranchant et s’individualisent du point de vue de l’axe du support
56
par rapport à l’axe de leur dos : confondus pour un support à dos
débordant et déjeté pour les pointes pseudo-Levallois. » (Slimak 2003,
p.35)
Les pointes pseudo-Levallois possèdent souvent un « talon dièdre
asymétrique » (Bourguignon 1997, p.135).
- les éclats à crêtes axiales et éclats à crêtes transversales sont des
déchets de taille qui réaménagent le plan de frappe afin d’obtenir des
enlèvements envahissants (éclats centripètes longs). Ces aménagements
se font, soit par « une percussion dans l’axe de la corniche » (crête
axiale), soit par « une percussion violente perpendiculairement à l’axe
de la corniche » (crête transversale). (Slimak 2003, p.47)
3) Le débitage sur éclat :
Les gros éclats produits au cours du débitage sont fréquemment repris en
nucleus. Ce phénomène est décrit sous le terme de « ramification des
chaînes opératoires » (Geneste 1985, Bourguignon et al. 2004).
Quand le débitage a lieu sur la face inférieure de l’éclat, c’est à dire que le
point de frappe se trouve sur la face supérieure, on a affaire à un débitage
de type Kombewa (Owen 1938) ou mode 1 (Tixier et Turq 1999).
Les éclats de type Kombewa présentent alors deux faces d’éclatement avec
parfois deux bulbes de percussion. Ce type de débitage a pu être observé
dans plusieurs sites moustériens tels que les Tares (Dordogne) (Geneste et
Plisson 1996) et Champ de Bossuet (Gironde) où des éclats produits selon
un débitage Discoïde ont été repris en nucleus Discoïdes (Bourguignon et
al. 2000).
57
Lorsque les enlèvements ont lieu sur la face supérieure (mode 2, Tixier et
Turq 1999), le nucleus/éclat est identifiable car sa face inférieure est
tronquée par les talons des enlèvements et sa face supérieure porte des
contre-bulbes. Par contre, il est très difficile de déterminer si les
enlèvements ont eu lieu sur un éclat, excepté lors de remontages.
4) Le débitage en « tranche de saucisson » :
Il s’agit d’un débitage sur « blocs oblongs, rognons ou galets de silex à
diamètres pas trop important (d’une dizaine à une quinzaine de
centimètres) ». Le débitage s’effectue en tranches parallèles. Plusieurs
types de supports peuvent être produits :
- les éclats « en tranche de saucisson » : ils présentent un « dos cortical
périphérique total »
- « les éclats à dos naturels » (Turq 1989) ou « couteaux à dos naturels »
(Bordes 1961)
- « les éclats talon-dos » : ce sont des éclats « courts dont l’épaisseur
maximum se situe dans la partie proximale, au niveau du talon… »
- les éclats « de type clactonien » et « à talon épais », ils ont un grand
plan de frappe et un angle d’éclatement très ouvert.
- « les couteaux à dos naturel enveloppant » : « Ces éclats se
caractérisent par l’existence d’un talon cortical qui se prolonge de part
et d’autre du point d’impact par un dos cortical. » La technique
d’obtention « consiste à débiter, après enlèvement de l’éclat d’entame,
le rognon sans aucune préparation de plan de frappe, en portant un ou
plusieurs coups sur la surface corticale, mais en emportant à chaque
fois qu’une partie de la tranche. » (Turq 1989, p.248-249-250)
58
Selon A.Turq, il y aurait trois schémas de production différents pour
obtenir les éclats « en tranche de saucisson », les « éclats à dos naturel
enveloppant » et les « éclats à dos naturels » (Turq 1989). Mais selon L.
Bourguignon, « il n’envisage pas la possibilité de pouvoir réaliser les trois
simultanément sur une même surface. » (Bourguignon 1997, p.141)
5) Le débitage prismatique à lame ou éclat :
Le débitage de lame sur nucleus à crête est présent dès le Moustérien dans
des sites du Nord de la France tels que Riencourt-lès-Bapaume (Pas-de-
Calais) (Tuffreau et al. 1993) ou Etoutteville (Seine-Maritime) (Delagnes
et Ropars 1996). Cependant cette méthode est plus caractéristique du
Paléolithique supérieur.
Figure 13 : Débitage de lames selon la technique du nucleus à crête. (extrait de Piel-Desruisseaux 2002 d’après Bordes et Tixier)
Contrairement au Levallois, ce type de débitage va exploiter la
totalité du volume du nucleus, on parle alors d’une « conception
Phase 1 et 2 : préparation et débitage de la lame à crête : - a : éclat cortical
- b : éclat de préparation de la crête - c : crête - d : lame à crête
Phase 3 et 4 : débitage de lames et d’entretien du nucleus : - e : lame sous-crête - f : tablette de ravivage
59
volumétrique ». Une crête convexe va être mise en forme, le plus souvent
par enlèvements bifaciaux créant ainsi une arrête (Figure 13 : 1). Cette
arrête va permettre de faire filer l’enlèvement en le guidant, ce premier
enlèvement est la lame à crête (Figure 13 : 2, d). L’empreinte de cet
enlèvement va laisser deux arrêtes qui serviront de nervures guides aux
enlèvements suivants (Figure 13 : 3 et 4).
Le produit caractéristique est donc la lame. Il s’agit, en fait, d’un
enlèvement au moins deux fois plus long que large à section plus ou moins
triangulaire et présentant des bords et nervures (dues aux enlèvements
précédant sur la face supérieure) relativement parallèles.
Les techniques utilisées sont différentes entre le Paléolithique moyen et
supérieur. Ainsi, « l’unique technique de percussion attestée dans
l’industrie (moustérienne) d’Etoutteville est la percussion directe au
percuteur dure. » (Delagnes et Ropars 1996), tandis que pour le
Paléolithique supérieur, le débitage de lame se fait la plupart du temps au
percuteur tendre, ce qui nécessite une abrasion de la corniche surplombant
le plan de frappe afin d’empêcher le percuteur d’accrocher. Les stigmates
de cette abrasion se retrouvent sous la forme de petits esquillements autour
du plan de frappe et au-dessus du talon des lames.
Un débitage prismatique à éclats allongés a déjà été décrit dans la
littérature du Paléolithique moyen du sud-ouest de la France :
J. Jaubert présente deux nucleus prismatiques en Quartz sur le site
Moustérien à denticulés de La Borde (Lot) (Jaubert 1990, Figure 54, p.76) ;
J.-P. Faivre note 15 nucleus « prismatique à éclats » dans le niveau
Moustérien G7 des Fieux (Lot) (Faivre 2004, tableau 1, p.75) ; et M.
60
Soressi décrit des « nucleus unipolaires semi-tournant » (Figure 14)
produisant des éclats allongés dans les niveaux MTA de type B du Pech de
L’Azé I et la Rochette (Soressi 2002, p.176-195).
Ces nucleus consistent à produire des éclats à partir d’un ou deux plans de
frappe naturels ou lisses, avec des angles assez abrupts entre la surface de
plan de frappe et de débitage (Figure 14).
Figure 14 : Nucleus prismatique à éclats allongés du Pech de l’Azé I, dessins J.-G. Marcillaud, tiré de Soressi 2002, p. 181.
Ils présentent une conception volumétrique proche des nucleus à lames du
Paléolithique Moyen et supérieur avec un débitage tournant et semi-
tournant. Néanmoins, aucune crête n’a été identifiée. Il semble que les
néandertaliens aient utilisé des blocs présentant des convexités naturelles
permettant ce type de débitage (Soressi 2002).
V) Caractérisation de la retouche :
La retouche se présente sous forme de petits enlèvements réalisés sur les
bords d’un support. Il y a sept caractères pour définir une retouche (Inizan
et al. 1995) :
61
Figure 15 : Morphologie des enlèvements (extrait de Bordes 1961, Figure 2, p.20)
- sa position : directe (envahissant la face
supérieure), inverse (sur la face inférieure)…
- sa localisation : mésiale, distale…
- sa répartition : continue, discontinue et partielle.
- sa délinéation : rectiligne, concave, convexe…
- son étendue : courte, longue, envahissante et
couvrante.
- son inclinaison : abrupte croisée, abrupte, semi-
abrupte et rasante.
- sa morphologie : écailleuse (1), scalariforme (2),
parallèle (3), subparallèle (4), (Figure 15) ;
encoche et feuilleté. (Blaser 1997)
Certaines retouches peuvent être typique d’une culture préhistorique, c’est
notamment le cas de la « retouche Quina » (écailleuse scalariforme),
participant à la définition du Moustérien de type Quina, qui nécessite un
enchaînement de gestes particuliers à partir d’un support standardisé afin
d’obtenir un angle de fil permettant des activités de raclage. (Bourguignon
2001). Les éclats de retouche Quina n’ont pas été retrouvés sur le gisement.
Cependant, la retouche des objets archéologiques peut être confondue avec
des enlèvements d’origine naturelle. Plusieurs facteurs peuvent en être
responsables : les éboulements, le piétinement, la bioturbation… Les
enlèvements correspondants ont été étudiés par D.-Ch. Prost dans sa thèse
en 1989 (Figure 16) :
- les sont formé d’un contre-bulbe qui forme une encoche
62
Figure 16 : Différents types d’enlèvements naturels. D’après Prost 1989
- les ne portent pas de contre-bulbe, ils peuvent être formés d’une
partie abrupte en « croissant de lune » et/ou
d’un négatif plat « la partie infléchie ».
- les sont constitués de plusieurs
enlèvements qui partent d’une encoche
commune,
- les sont de forme triangulaire sans contre-
bulbe.
VI) Apport sur l’intégrité des niveaux : Les remontages : Cette étape paraît indispensable avant le début de l’étude d’un ensemble
archéologique afin de savoir si celui-ci est homogène et bien individualisé
des ensembles adjacents. Il faut dans ce cas tenter d’effectuer des
remontages au sein même de la couche, mais aussi avec les couches sus et
sous-jacentes.
Des remontages ont déjà été effectués sur les vestiges fauniques (Cf.
Figure 5). D’après ces données, (Beauval 2005e) l’intégrité du niveau J
semble respectée.
Il nous a cependant semblé important de pratiquer le même exercice à
partir du matériel lithique, afin de tester à la fois la validité des niveaux,
mais aussi de mieux comprendre les modalités de débitage mises en œuvre.
Pour cet exercice, nous avons suivi les conseils prodigués par J. Tixier
(1978) :
1. classer par groupes de matières premières,
2. les diviser par phase de débitage, (ici : éclats corticaux ou non),
63
3. subdiviser ces groupes par pièces entières et fragments (proximaux,
mésiaux et distaux),
4. extraire les pièces caractéristiques d’un mode de débitage,
5. procéder à des rapprochements d’épaisseurs et de faces d’une façon
systématique.
Les différences de patines nous ont causé de nombreux problèmes. Par
ailleurs, l’absence de certaines pièces intermédiaires a empêché de
raccorder des pièces semblant appartenir au même bloc. Ces
rapprochements n’ont donc pas été pris en compte.
Figure 17 : Projections en coupes Nord-Sud et Est-Ouest des remontages des artéfacts lithiques des Rochers de Villeneuve : l’ensemble J est en noir, N est en gris.
D E F G H I J K
RDV2 projection sur y = 2m RDV1 projection sur y = 8m XABS
4 5 6 7 8 9 10 11
RDV2 projection sur x = 3m RDV1 projection sur x = 5m
YABS
64
Treize remontages impliquant 26 objets ont été effectués sur l’ensemble du
matériel lithique des Rochers de Villeneuve (Figure 17).
Parmi ceux-ci, il y a quatre remontages inter-couches soit 30% des
remontages, ils relient la base du niveau J au milieu de l’ensemble N.
D’autres remontages intra-couches ont été réalisés dans N, l’un d’entre eux
relie un denticulé découvert en RDV2 et un éclat de ravivage découvert en
RDV1.
Les raccords lithiques sont donc en contradiction avec les résultats obtenus
sur la faune. Cela nous amène à considérer que,
- soit les ensembles J et N ne font qu’un,
- soit la limite entre les deux niveaux est mal définie,
- soit une partie de J est le résultat de la redistribution de N.
Ces deux dernières hypothèses semblent plus probables car à ce jour aucun
remontage n’a été effectué entre le sommet du niveau J et le fond du niveau
N. Seule les parties supérieures et moyennes de ce dernier sont affectées
par des remontages inter-couches.
Néanmoins, il ne faut pas oublier l’importance des phénomènes post-
dépositionnels, tels que la cryoexpulsion ou la bioturbation. En effet, un
des silex mis en jeu dans les remontages inter-couches, se situe dans une
zone à terrier, il pourrait donc avoir remonté dans la stratigraphie.
Enfin, ces raccords sont trop peu nombreux pour permettre de quantifier les
échanges entre les ensembles J et N. D’autres séances de remontages
seraient donc souhaitables pour mieux les cerner.
L’étude technologique et typologique des ensembles lithiques J et N
permettra de voir s’il y a une cohérence dans leur distribution et de
redéfinir les ensembles si nécessaire.
65
Ces remontages ont été effectués uniquement sur des objets coordonnés et
de plus de 25 mm issus des deux ensembles et ne concernent que 2% du
matériel (26/1197). Des tentatives de remontages ont été réalisées avec les
éclats issus des refus de tamis sur des matières premières rares. Seuls des
raccords de cassures récentes ont pu être réalisés. Ceux-ci n’incluaient
aucun déplacement.
66
2ème partie : Etude techno-typologique et spatiale des vestiges
lithiques de l’ensemble J:
Figure 18 : Lame Levallois unipolaire du niveau J
67
A) Présentation du matériel de l’ensemble J :
Le corpus archéologique étudié est composé 2635 artefacts séparés en deux
ensembles à la fouille et traités dans des bases de données différentes : 465
objets coordonnés et supérieurs à 25 mm et 2170 non-coordonnés issus des
refus de tamis. Parmi les objets coordonnés, 155 sont inférieurs à 25 mm.
L’assemblage lithique est ainsi constitué (Tableau 4) :
Tableau 4 : Effectifs du corpus du niveau J.
Parmi les 2325 éclats et fragments inférieurs à 25 mm, il y a 511 éclats de
retouche, ravivage et facettage de plan de frappe entiers, soit 22,0% des
éléments inférieurs à 25 mm et 19,4% du total.
On observe (Figure 19) que le corpus est constitué à plus de 80% de petits
éléments, inférieurs à 2 mm qui ne sont pas exploitables, pour la plupart,
d’un point de vue technologique.
La masse totale de l’ensemble est de 4934 g : 349 g pour les refus de
tamis et 4585 g pour les objets coordonnés. La masse est cependant
largement mésestimée par des phénomènes d’encroûtement et de dépôts de
manganèse qui l’accroissent, et surtout, une importante désilicification qui
la réduit. Cette patine affecte les différentes matières premières avec une
Détermination Effectif Pourcentages Nucleus 15 0,6%
Cassons 35 1,3%
Eclats et fragments
dont >25mm
<25mm
260
2325
9,8%
88,3%
Total 2635 100%
68
intensité variable, les données pondérales ne seront donc pas utilisées pour
comparer leur représentation respective.
Figure 19 : Distribution du matériel lithique de l’ensemble J en fonction de sa longueur.
B) Etude technologique : la chaîne opératoire :
I) L’acquisition des matières premières :
La répartition spatiale des matières premières dans le niveau est homogène,
il n’y a pas de concentrations de certains matériaux en stratigraphie ou en
plan.
On observe que deux matières premières sont essentiellement utilisées : le
silex ponctué et le silex de Mazerolles (Tableau 5). L’un pouvant se trouver
à proximité immédiate de la grotte et l’autre à environ 6km.
Quelques éléments proviennent des gisements plus lointains du Grand-
Pressigny (Figure 20). Ce sont généralement de grandes pièces rapportées
sur le site, tels que le racloir convergent (Figure 21) ou une lame
paléolithique supérieur. Rien n’indique qu’il y ait eu un débitage sur place
de ce silex.
69
Matière Première Nombre Pourcentage Masse Pourcentage
(pour le nombre total) (pour la masse totale)
Quartz 4 0,9% 217g 4,7% Tertiaire 6 1,3% 86g 1,9% Ponctué 130 28,0% 1647g 36,0% Mazerolles 169 36,3% 1770g 38,6% Civaux 2 0,4% 22g 0,5% Opalite 2 0,4% 9g 0,2% Grand-Pressigny 13 2,8% 275g 6,0% Indéterminés 139 29,9% 559g
Total 465 100,0 4585 100,0
Tableau 5 : Nombres, masses et pourcentages des différentes matières premières des éléments coordonnés et de plus de 25 mm du niveau J.
Figure 20 : Nombre de pièces selon leurs origines des éléments coordonnés et de plus de 25 mm du niveau J.
L’approvisionnement en silex local nous permet d’accéder au territoire
d’exploitation des préhistoriques. Celui-ci est situé dans une zone de 5 à
10 km autour de la grotte. La présence en grand nombre du silex de
Mazerolles indique que les préhistoriques appréciaient cette matière
première et n’hésitaient pas à parcourir plusieurs kilomètres pour en
ramener des blocs.
70
La présence d’éclats de silex dit du « Grand Pressigny » tend à prouver des
déplacements sur des distances plus importantes ou des échanges avec
d’autres groupes.
II) Entame et Test de la matière première :
Une fois les gîtes de matières premières découverts, les blocs extraits ont
pu être : soit testés sur place c’est la phase 0 de la chaîne opératoire
(Geneste 1985), soit amenés intacts sur le site pour être débités.
Un nucleus Discoïde en silex de Mazerolles présente une zone gélifractée,
mais aussi des négatifs d’enlèvements de petits éclats :
- Soit les préhistoriques n’ont pas testé la matière première avant d’arriver
sur le site, ce qui irait dans le sens d’un manque de planification. Ils ont été
obligés de faire avec ces blocs fissurés.
- Soit ils recherchaient des petits éclats et le fait que le silex ait été
gélifracté par endroit ne les gênaient pas outre-mesure.
L’étude technologique, lors de la phase de plein débitage, semble indiquer
que les produits recherchés entraient dans cette classe de taille La deuxième
hypothèse reste donc possible.
D’autre part, aucun bloc abandonné après un seul enlèvement, car de trop
mauvaise qualité, n’a été retrouvé. Les blocs débités ont peut-être été testés
avant d’être amenés sur le site, il semblerait ainsi que la phase 0 ait eu lieu
sur les gîtes de matière première et qu’elle soit absente dans l’ensemble J
des Rochers de Villeneuve.
Cependant, l’absence d’indices n’est pas une preuve suffisante pour
affirmer que cette étape n’a pas eu lieu sur le site.
71
III) La mise en forme des nucleus :
Cette étape de mise en forme du nucleus est caractérisée par une phase de
décorticage ou épannelage du bloc (phase 1 de J-M.Geneste 1985). Seule
l’observation du cortex sur les éclats, lames et lamelles permet d’aborder
cette question.
Des plages corticales peuvent encore se trouver dans les phases de plein
débitage, c’est pourquoi seuls les supports portant un cortex « important »
et « total » sont comptabilisés pour caractériser la phase de mise en forme
du nucleus car ils sont plus significatifs.
On remarque (Tableau 6) que seulement 13,1% de l’industrie du site peut
être rapprochée à la phase de mise en forme.
Matières premières
Cortex important
Cortex total
total Pourcentages
(pour chaque MP)
Quartz 0 0 0 Pas d’éclat Tertiaire 1 1 2 33,30% Ponctué 13 4 17 13,10% Mazerolles 13 11 24 14,20% Civaux 0 0 0 0,00% Opalite 0 0 0 0% Grand-Pressigny
1 0 1 8%
Indéterminés 9 8 17 12,20%
Total 37 24 61 13,10%
Tableau 6 : Nombres d’éclats coordonnés ou de plus de 25 mm présentant du cortex sur plus de la moitié de leur face supérieure corticale, selon les matières premières. (les pourcentages sont calculés par rapport au nombres total d’objets pour chaque matière première)
Sur un site d’atelier de taille tel que Champs de Bossuet (Gironde), les
éclats fortement ou totalement corticaux représentent 24,7% du total de
l’industrie en silex du site, 47.4% en additionnant tous les éclats présentant
72
un peu de cortex. (Bourguignon et al. 2000) Ici, en ajoutant les éclats
faiblement corticaux (au nombre de 86, soit 18,7% de l’industrie), on
obtient seulement 31,8% de l’industrie totale coordonnée et de plus de
25 mm.
On constate que le silex tertiaire, situé à proximité immédiate a le plus fort
pourcentage, dépassant même de ceux de Champs de Bossuet. Cependant il
est impossible de conclure si l’épannelage a eu lieu sur place étant donné le
faible nombre de pièces mis en jeu (seulement 2 sur 6) et l’absence de
remontage entre-elles.
Pour les autres matières plus ou moins lointaines, la phase de mise en
forme ne semble pas avoir eu lieu sur le site. En effet, la taille des blocs
joue un rôle important dans les pourcentages d’éclats corticaux. Les blocs
de silex ponctué et d’origine locale étant approximativement de la même
taille (environ 20 cm) que ceux de Champs de Bossuet (Bourguignon et al.
2000), les pourcentages d’éclats corticaux devraient être identiques. Ce
n’est pas le cas.
Cependant, un bémol peut être apporté à cette interprétation, les
pourcentages d’éclats corticaux obtenus varient aussi avec les
expérimentateurs. C’est ce que met en évidence L. Bourguignon avec une
comparaison entre des expériences de taille de J-M. Geneste et A. Turq
(Bourguignon et al. 2002). Avec l’expérience de J-M. Geneste, on aurait un
pourcentage normal d’éclats corticaux, ils seraient sous-représentés avec
l’expérimentateur A. Turq.
Au vu de ces résultats, il semble donc impossible de conclure si la phase de
mise en forme a eu lieu ou non sur le site.
73
Figure 21 : Racloir convergent convexe sur éclat Levallois cortical. (dessin S. Pasty)
Dès cette phase, les supports obtenus peuvent être retouchés. C’est à dire
que l’on passe directement de la phase 1 à la phase 3 (Geneste 1985). C’est
le cas d’un grand éclat cortical à talon facetté en silex du Grand-Pressigny
retouché en racloir convergent convexe (Figure 21).
Ainsi, on retrouve dans les refus de tamis des éclats de retouche entiers et
des fragments d’éclats, mais aussi des éclats de facettage de plan de frappe
avec du cortex, ils représentent 10,9% des refus de tamis inférieurs à
25 mm. Les produits caractéristiques de cette phase sont des éclats
corticaux, des éclats de préparation de plan de frappe et des couteaux à dos
naturel. Généralement, ces éclats ne sont pas encore suffisamment
1cm
74
caractéristiques pour traduire un mode de débitage particulier. C’est à partir
de la phase 2 (J-M. Geneste 1985), de plein débitage, que l’on peut
reconnaître avec certitude la méthode de débitage mise en œuvre par les
préhistoriques.
IV) Débitage et entretien du nucleus :
Cinq méthodes de débitage différentes ont été mis en évidence sur le site :
le débitage Levallois (avec différentes modalités), le débitage Discoïde, le
débitage sur éclat, le débitage « en tranche de saucisson » (Turq 1989,
Bourguignon 1997) et le débitage laminaire de type Paléolithique
supérieur.
Ces différentes méthodes ont pu être identifiées sur 18,7% du matériel
coordonné et de plus de 25 mm (Tableau 7). Les autres éclats sont, soit trop
fragmentés, soit trop peu caractéristiques pour être attribués à un type de
débitage particulier. De plus, la quasi-absence de remontages empêche de
mieux appréhender cette étape importante de la chaîne opératoire, seul un
remontage d’éclats en silex ponctué peut être attribué à un débitage
Discoïde du fait de l’épaisseur des éclats et leur direction centripète.
On remarque tout d’abord (Tableau 7) une légère prédominance du
débitage Discoïde sur le débitage Levallois, cela va à l’encontre des
observations réalisées précédemment (Bordes et Asselin 2005). En effet, le
débitage Levallois est souvent plus spectaculaire que le Discoïde et
s’identifie plus facilement.
75
débitages nombre pourcentages
Levallois
Discoïde
Sur éclat
Laminaire
En tranche de saucisson
25
39
14
7
2
28,7%
44,8%
16,1%
8,1%
1,3%
Total 87 100,0%
Tableau 7 : Nombre et pourcentage d’éléments coordonnés et de plus de 25 mm auxquels une technique de débitage a été attribuée.
La répartition spatiale des différents modes de débitage semble homogène
dans tout l’ensemble J.
La présence simultanée de plusieurs types de débitage est un fait qui
s’observe dans plusieurs sites moustériens. Elle peut être liée à différentes
occupations ou à la recherche de produits de débitage spécifiques.
1) Le débitage Levallois :
L’indice de facettage (Bordes 1950a), c’est à dire :
nombre d’éclats à talon facetté x 100 , nombre total d’éclat à talon
est égal à 23,1 dans le niveau J des Rochers de Villeneuve.
15 éclats Levallois ont un talon facetté, soit 25% de tous les éclats facettés
et 75% des éclats Levallois. Le facettage des talons se traduit par des éclats
de facettage de plan de frappe souvent inférieurs à 15 mm, retrouvés dans
les refus de tamis. 112 de ces éclats ont été identifiés (et 229 sont
indéterminés). Ils ne sont peut-être pas tous liés au facettage de plan de
76
frappe de nucleus Levallois, mais ce nombre laisse à penser que la
préparation des plans de frappe, et donc le débitage, a eu lieu sur le site.
Dans le niveau J des Rochers de Villeneuve, les différents éléments
appartenant à la chaîne opératoire Levallois sont les suivants (Tableau 8) :
Tableau 8 : Différents éléments Levallois coordonnés et de plus de 25mm de l’ensemble J.
Un éclat débordant est un éclat qui emporte une partie d’un bord du nucleus
afin d’aménager une convexité latérale. Selon sa forme, il peut être
considéré comme un déchet ou un outil, on l’a ainsi appelé « couteau à dos
préparé ». (Geneste 1985)
Les produits et nucleus Levallois représentent 5,6% du matériel coordonné
et de plus de 25mm.
Débitage Levallois à enlèvement préférentiel :
Le seul élément pouvant correspondre à la méthode de débitage préférentiel
est un nucleus en silex de Mazerolles (Figure 22), retrouvé à la limite entre
les niveaux N et J. Il présente un fort rebroussé sur sa surface de débitage,
Produits et nucleus Levallois
Modalités de débitage
Préférentiel Récurrent centripète
Récurrent unipolaire
Récurrent bipolaire
total
Eclats
Lames
Eclats débordants
Nucleus
1 ?
7
8
1
2
5
1
20
1
1
3
total 1 ? 7 11 6 25
Pourcentages 4,0% 28,0% 44,0% 24,0% 100%
77
dû à un accident lors du débitage de l’éclat prédéterminé (13). On observe
aussi que les enlèvements précédant cet éclat sont centripètes, ils sont
réalisés afin d’aménager les convexités distales et latérales.
Figure 22 : Schéma diacritique d’un nucleus Levallois à éclat préférentiel rebroussé (13’) du niveau J. (a : surface de débitage b : surface de préparation des plans de frappe c : profil)
Cet accident n’est pas une preuve de la volonté d’obtenir un éclat
préférentiel, le tailleur a sans-doute voulu obtenir un éclat à talon épais,
peut-être dans le cadre d’une modalité récurrente (unipolaire ou centripète)
mais son geste était trop rentrant pour permettre à l’éclat de filer et son
point d’impact trop éloigné de la surface de débitage.
L’absence d’autres éléments liés à ce mode de débitage ne permet pas
d’affirmer que le débitage Levallois préférentiel a été pratiqué sur le site.
Débitage Levallois récurrent centripète :
30,8% des éléments Levallois ont été réalisés par le mode de débitage
récurrent centripète. On peut compter :
ca b
78
- 5 éclats Levallois : 2 en silex de Mazerolles (Figure 23a, b), 1 en silex «
ponctué » et 1 en silex indéterminé (Figure 23c).
- 2 fragments d’éclat Levallois en silex ponctué et de Mazerolles.
Figure 23 : Schémas diacritiques d’éclats Levallois récurrents centripètes (a,b,c).
Il ne semble pas qu’il y ait eu une sélection de la matière première pour
procéder à cette méthode de débitage, elles se retrouvent environ dans les
mêmes proportions que dans tout l’assemblage, excepté pour le silex de
Civaux qui est plus faiblement représenté.
C’est la méthode de débitage Levallois dominante dans l’assemblage. Deux
nucleus ont été retrouvés :
- Un est en silex de Mazerolles. Arrivé à exhaustion, il possède sur sa
face de débitage (Figure 24a1) l’empreinte de plusieurs enlèvements
prédéterminants centripètes (entretenant les convexités latérales et distales)
et de 3 enlèvements allongés prédéterminés. Cela correspond aux
« enlèvements Levallois I, II, III » (Boëda 1994, p.258-259) que décrit E.
Boëda, à Biache-Saint-Vaast (Cf. Figure 10).
c b a
79
Ce nucleus comporte un plan de frappe préférentiel qui est facetté
(Figure 24a3). Son format correspond à celui des grands éclats Levallois
unipolaires (Cf. Figure 25a,b,c).
Figure 24 : Schémas diacritiques de nucleus Levallois unipolaires. (1 surface de débitage, 2 : surface de préparation des plans de frappe, 3 : profil)
- L’autre est en silex ponctué (Figure 24b). Celui-ci est plus court, le
plan de frappe est lui-aussi facetté. Les derniers enlèvements prédéterminés
(n°6 et 6’) sont débordants. Comme pour le nucleus précédent, les
enlèvements sont de types I, II, III. Le format des produits obtenus est
b3
a2
a3
b1 b2
a1
80
beaucoup plus court, il correspond à celui de petits éclats Levallois
unipolaires.
On peut remarquer que l’ordre des enlèvements semble identique pour les
nucleus « a » et « b » : le premier enlèvement envahissant prédéterminé (I)
est central (Figure 24). Cela semble indiquer une certaine standardisation
des schémas de débitage, cependant l’effectif de nucleus est trop faible
pour l’affirmer avec certitude.
Les produits Levallois unipolaires sont au nombre de 10 :
- 9 éclats Levallois dont 4 en silex indéterminé (Figure 25c), 3 en silex de
Mazerolles (Figure 25b) et 2 en silex de ponctué (Figure 25a) dont un
repris en racloir (Cf. Figure 38b).
- une lame Levallois (Cf. Figure 18) en silex du Grand Pressigny.
Figure 25 : Schémas diacritiques d’éclats Levallois unipolaires (a, b, c).
On remarque l’absence de matières premières à proximité immédiate, pour
ce type de débitage.
a b c
81
L’éclat « a » de la figure 25 peut prêter à discussion : est-ce un éclat
Levallois préférentiel, avec les empreintes de différents enlèvements de
préparation de la surface de débitage ? ou est-ce un éclat Levallois
unipolaire II, l’enlèvement n°4 étant l’éclat Levallois unipolaire I et les
autres enlèvements étant prédéterminants ?
Le surcreusement important de l’enlèvement n°4 par rapport aux autres,
tend à prouver qu’il s’agit bien d’un éclat Levallois unipolaire I, et donc,
que la seconde hypothèse est la bonne.
L’éclat « b » est un éclat Levallois unipolaires I. Sur sa face supérieure, il
est possible d’observer les enlèvements correspondant aux éclats I, II et III
de la phase de débitage précédente : ce sont les enlèvements 1, 2 et 3.
L’éclat « c » est un éclat Levallois unipolaire III, les éclats I et II
correspondant respectivement aux enlèvements 5 et 6.
Un éclat débordant brûlé (Figure 26d) et 5 éclats Levallois (Figure 26a, b et
c) dont un racloir (Figure 38a) sont attribués à cette méthode. Tous sont en
silex de Mazerolles, sauf un éclat en silex indéterminé (Figure 26c), et ne
semblent pas appartenir au même bloc.
Il semblerait donc que le silex de Mazerolles ait été préféré pour procéder à
cette méthode de débitage. Cependant, l’effectif est beaucoup trop faible
pour l’affirmer.
82
Figure 26 : Schémas diacritiques d’éclats Levallois (a, b et c)et d’un éclat Levallois débordant (d), bipolaires.
Observations générales sur le débitage Levallois du niveau J :
Les éclats Levallois peuvent être séparés en deux groupes (Figure 27),
selon leur longueur. Les « petits » éclats sont inférieurs à 60mm, les
« grands » sont supérieurs à 60mm.
b
c d
a
1 cm
83
Figure 27 : Répartition des éclats Levallois en fonction de leur longueur (en cm). En blanc : petits éclats Levallois, en gris : grands éclats Levallois.
On observe (Tableau 9) que tous les modes de débitages Levallois, ont
permis la production d’éclats de différentes tailles. Mais la méthode
unipolaire produit plus de « grands » éclats (plus de la moitié de ses éclats
sont grands, un tiers ou moins pour les autres méthodes), cela est dû au fait
que ce type de débitage favorise la production d’éclats allongés. Etant
donné que ce mode de débitage est majoritaire (45% du Levallois), on peut
penser que c’est ce type de produits que recherchaient les préhistoriques en
utilisant la méthode Levallois récurrente unipolaire.
Eclats Levallois
Méthodes de débitage total
centripète unipolaire bipolaire « petits » 4 4 4 12 « grands » 1 5 2 8 total 5 (25%) 9 (45%) 6 (30%) 20 (100%)
Tableau 9 : Eclats Levallois en fonction de leurs longueurs et de leurs méthodes de production.
Trois des « grands » éclats Levallois et deux des petits (59 mm chacun) en
silex indéterminé et de Mazerolles, possèdent des bulbes de percussion très
prononcés, donnant à ces éclats un profil déséquilibré (Figure 26a, b). Les
0
1
2
3
4
20-25 30-35 40-45 50-55 60-65 70-75 80-90 110-120
no
mb
re
intervalles de longueur
répartition des éclats Levallois par classe de longueurs
84
talons de ces éclats sont très préparés avec un important facettage et sont
toujours épais (souvent plus de 10 mm).
Il ne semble pas qu’il y ait eu une sélection des matières premières afin de
réaliser les grands éclats Levallois (Tableau 10).
Eclats
Levallois
Matières Premières
totalIndéterminé
« Grand-
Pressigny » « Mazerolles » « Ponctué »
« petits »
« grands »
4
2
1
1
6
3
1
2
12
8
total 6 (30%) 2 (10%) 9 (45%) 3 (15%) 20
Tableau 10 : Eclats et lames Levallois complets selon leurs longueurs et les matières premières utilisées.
Néanmoins, le silex de Mazerolles est nettement majoritaire (45%) dans le
débitage Levallois en général. De même, avec un pourcentage de 10%, le
silex du Grand-Pressigny semble avoir été plus utilisé pour le débitage
Levallois. Seulement 15% des éclats Levallois sont en silex ponctué, de
moins bonne qualité. Il semblerait donc qu’il y ait eu un choix des
matériaux plus aptes à la taille pour cette méthode de débitage plus
exigeante.
2) Le débitage Discoïde :
Les éléments appartenant au débitage Discoïde, dans le niveau J des
Rochers de Villeneuve, représente 8,4% du total du matériel coordonné et
de plus de 25 mm.
85
catégories Matières premières
total % Indét. G-P Maz. Ponct. Tert.
Nucleus 2 1 2 5 12,8
Eclats centripètes 1 1 7 1 1 11 28,2
Eclats à dos débordant
1 2 1 1 5 12,8
Pointes pseudo-Levallois
2 4 10 16 41
Eclats à crête transversale
2 2 5,1
Total 6 1 14 16 2 39 100
Pourcentages 15,4% 2,6% 35,9% 41,0% 5,1% 100% \
Tableau 11 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage Discoïde en fonction de la matière première.
Les mêmes types de pourcentages (Tableau 11) que pour l’ensemble de
l’industrie du niveau J sont respectés, les silex de Mazerolles et ponctué
sont les plus représentés.
Il ne semble pas qu’il y ait eu une sélection des matières premières, ceci
s’explique sans-doute par le fait que les produits recherchés nécessitent des
blocs d’une qualité moindre que pour le Levallois.
Le support le plus souvent retrouvé est la pointe pseudo-Levallois (Figure
28e), suivi par les éclats centripètes (Figure 28f) et les éclats à dos
débordant (Figure 28c).
Il y a une relative standardisation des pointes pseudo-Levallois, 64,7%
appartiennent à l’intervalle [30-50 mm[ (seulement 11,7% sont inférieurs à
30 mm et 23,6% supérieurs ou égales à 50 mm).
86
Figure 28 : Schémas diacritiques de deux nucleus Discoïdes (a : unipolaire, b : bipolaire), d’un éclat à dos débordant en silex « ponctué »(c), d’un éclat à crête transversale en silex ponctué (d), d’une pointe pseudo-Levallois en silex de ponctué (e) et d’un éclat centripète long en silex de Mazerolles (f).
Parmi les nucleus, 2 sont bifaciaux, 3 sont unifaciaux.
c
d
e
f
b a
87
Le nucleus (Figure 28a) en silex « ponctué » possède une surface de plan
de frappe entièrement corticale. Les enlèvements sont centripètes et
relativement plans, ce qui pourrait l’inclure dans un Levallois récurrent
centripète. Cependant, l’épaisseur des produits recherchés, visible grâce à
l’enlèvement n°6 qui a rebroussé, nous permet de conclure à un débitage
Discoïde unipolaire.
Le nucleus (Figure 28b) en silex indéterminé, ne possède pas de surfaces
hiérarchisées, les enlèvements sont centripètes et sécants, il s’agit d’un
débitage Discoïde bipolaire. Néanmoins, on peut noter que certains
enlèvements (dont le n°4) sont envahissants et peu épais. Des produits
Discoïdes peu épais étaient donc aussi recherchés. Ce nucleus a été fracturé
accidentellement ou volontairement en deux (Figure 28b, hachuré).
Deux nucleus possèdent une zone gélifractée, l’un est nucleus bipolaire en
silex ponctué, l’autre un nucleus unipolaire à plan de frappe cortical en
silex de Mazerolles (cité dans la partie « acquisition des matières
premières »). Les zones fracturées par le gel n’ont pas empêché les
préhistoriques de débiter quelques éclats.
Enfin, le cinquième nucleus est bipolaire en silex indéterminé, il
présente une zone désilicifiée dans son cœur. Sa gestion est globalement
Discoïde bien qu’il présente quelques enlèvements opportunistes créant
ainsi une troisième surface de plan de frappe.
Ces éléments vont dans le sens d’un débitage Discoïde sur place avec,
notamment le réaménagement d’un plan de frappe : éclat à crête
transversale (Figure 28d). Cela ressemble beaucoup à l’industrie du niveau
N, mais avec des produits souvent plus soignés et plus fins.
88
3) Le débitage sur éclat :
L’ensemble des éléments appartenant au débitage sur éclat sont les suivants
(Tableau 12) :
Débitage sur éclat
Matières premières total
indét. G-P Maz. ponct.
Eclats de type Kombewa
2 2 6 2 12 (85,7%)
Nucleus sur éclat 1 1 2 (14,3%)
total 2 (14,3%) 2 (14,3%) 7 (50,0%) 3 (21,4%) 14 (100%)
Tableau 12 : Effectifs des éléments de débitage sur éclat selon la matière première.
La gestion de la matière première est différente avec une majorité de silex
de provenance locale et lointaine (Mazerolles et Grand Pressigny) et une
sous-exploitation du silex à proximité immédiate.
Il est, la plupart du temps, impossible de savoir comment les éclats
(primaires) qui servent de nucleus ont été débités. Le débitage secondaire
(sur l’éclat) peut avoir lieu soit uniquement sur la face supérieure, soit, et
c’est souvent le cas, sur les deux faces (Figure 29a).
Plusieurs modalités de débitage peuvent se présenter :
- avec des enlèvements unipolaire, comme pour les deux nucleus sur
éclat en silex de Mazerolles et ponctué, dont un repris en encoche
par un enlèvement plus marqué que les autres, le n°7 (Figure 29a),
- avec une méthode Discoïde : un éclat Kombewa à deux bulbes en
silex indéterminé se présente sous la forme d’une pointe pseudo-
Levallois Discoïde (Figure 29b) Ce type de débitage se retrouve sur
le site de Champs de Bossuet (Gironde) (Bourguignon et al. 2000).
89
Figure 29 : Schémas diacritiques d’un nucleus sur éclat unipolaire (a), d’une pointe pseudo-Levallois sur éclat Kombewa (b) et d’un éclat Kombewa à 2 bulbes (c).
4) Le débitage en « tranche de saucisson » :
Un couteau à dos naturel enveloppant et un nucleus globuleux arrivé à
exhaustion retrouvés sur le site correspondent à cette méthode de débitage.
Ils sont peut-être à placer en phases initiale (pour l’éclat) et finale (pour le
nucleus) d’une chaîne opératoire totalement différente du débitage en
tranche de saucisson.
Le nucleus (Figure 30b) est en silex de Mazerolles, l’éclat (Figure 30a) en
silex indéterminé. Ce dernier a été retouché en racloir simple convexe.
Figure 30 : Schémas diacritiques d’un couteau à dos enveloppant (a) et d’un nucleus globuleux (b) correspondant à un mode de production « en tranche de saucisson »
90
5) Le débitage laminaire :
Dans l’ensemble J des Rochers de Villeneuve, quelques éléments
rapportables à un schéma laminaire présentent des bulbes et contre-bulbes
peu prononcés, ce qui va dans le sens d’un débitage au percuteur tendre,
typique du Paléolithique supérieur.
Il semblerait donc qu’il y ait eu une occupation humaine de courte durée au
Paléolithique supérieur, dans la cavité.
7 éléments sont rattachés à cet ensemble Paléolithique supérieur :
- 1 nucleus prismatique à deux plans de frappes opposés, à débitage semi-
tournant en silex de Mazerolles avec quelques enlèvements réalisés au
percuteur dur (n°5, 5’, 6 et 10). (Figure 31a)
- 4 fragments proximaux de lames : 1 en opalite (quasi-complète : Figure
31b), 1 très large en silex du Grand-Pressigny, 2 en silex de Mazerolles
dont un brûlé (Figure 31c).
- 1 fragment mésial de chute de burin retouché en silex ponctué,
- 1 fragment mésial de lame plus douteux en silex de Mazerolles.
On remarque que les matières premières utilisées sont globalement les
mêmes : les silex de Mazerolles, ponctué et du Grand Pressigny, mais aussi
que de nouveaux matériaux ont été importés : l’opalite, qui n’avait, semble-
t-il, pas été utilisée par les Moustériens.
91
Figure 31 : Schémas diacritiques d’un nucleus prismatique bipolaire à lames (a) et de deux lames (b et c).
V) Gestion des produits de débitage :
Cette étape de la chaîne opératoire comprend plusieurs phases :
- la phase 3 : elle correspond au « façonnage des outils sur les supports
obtenus à la phase 2... », c’est à dire la retouche.
92
- la phase 4 : « elle est contemporaine de l’utilisation des outils, de leur
usure (traces microscopiques) et de leurs ravivages, des fractures
accidentelles ou intentionnelles celles-ci en vue de la transformation de
l’outil. » (Geneste 1985, p.182)
- la phase 5 : c’est l’abandon de l’outil dû à une fracture, une usure trop
importante, un manque d’utilité ou de place...
a) La retouche :
Dans l’ensemble J, 39 objets ont été retouchés dont 35 outils. La retouche a
été effectuée aussi bien sur des supports débités sur des matières premières
situées à proximité immédiate, que locales ou lointaines (Tableau 13).
outils Matières premières total
Indét. G-P Maz. Ponct. Tert.
Racloirs
Denticulés
Encoches
Perçoirs
Couteau à dos
Pointe pseudo-Levallois
Supports retouchés
1
5
1
1
1
1
3
6
4
1
2
2
4
3
1
2
1
7
16
8
2
1
1
4
Total 8
20,5%
2
5,1%
16
41,0%
12
30,8%
1
2,6%
39
100%
Tableau 13 : Objets retouchés en fonction de la matière première.
93
Parmi les éclats dont le mode de débitage a pu être identifié, ce sont les
éclats Discoïdes qui sont les plus souvent retouchés (avec 11 éclats), cela
représente 28% de l’ensemble des supports Discoïdes. Cependant, une
seule pointe pseudo-Levallois (sur 16, soit 6,3%) possède une retouche.
On constate la même chose sur les produits caractéristiques d’un débitage
sur éclat ou d’un débitage Levallois : les éclats Kombewa et Levallois, avec
des pourcentages de retouche respectifs, de 5,9 et 10,0%.
Ces produits étaient recherchés pour leur tranchant et n’était donc que
rarement retouchés (Tableau 14).
Tableau 14 : Différents objets retouchés en fonction de la méthode de débitage employée pour réaliser les supports. (« t.d.s » : « tranche de saucisson » (Bourguignon 1997))
L’une des encoches a été réalisée sur un nucleus sur éclat, cet objet est tout
de même considéré comme un outil (Cf. Figure 29a).
outils Modes de débitage total
Levallois Discoïde Indét. sur éclat « t d s »
Racloirs
Denticulés
Encoches
Perçoirs
Couteau à dos
Pointe pseudo-Levallois
Supports retouchés
2
4
2
1
1
1
2
4
12
5
1
1
1
1
1
7
16
8
2
1
1
4
Total 2 11 23 2 1 39
94
Caractérisation de la retouche :
Le niveau J des Rochers de Villeneuve a subi des phénomènes de
piétinements et de bioturbation, des enlèvements naturels sont ainsi
observables sur les supports, en majorité des encoches isolées de type .
C’est notamment le cas de la lame Levallois retrouvée dans un terrier, (Cf.
Figure 18).
Seules les retouches à délinéation continue et possédant des contrebulbes
sur des supports sans enlèvements naturels ont été considérées, il y a 35
objets retouchés (Tableau 15).
La formule la plus souvent retrouvée est : « directe, écailleuse, semi-
abrupte », elle est quasiment exclusive pour les racloirs.
Outils Morphologie Inclinaison Position
totaléc sub// che sca ab s-ab ras dir inv
Racloirs
Denticulés
Encoches
Perçoirs
Couteau à dos
Pointe pseudo-Levallois
Supports retouchés
5
6
5
2
1
1
4
2
3
5
4
1
2
3
2
1
7
8
4
1
3
1
1
1
7
10
8
2
1
1
1
1
4
3
7
16
8
2
1
1
4
Total 24 5 9 1 8 27 3 30 8 37
Tableau 15 : Différentes caractéristiques des retouches, selon l’objet réalisé. (« éc » : écailleuse, sub// : subparallèle, « che » : encoche, « sca » : scalariforme, « ab » : abrupte, « s-ab » : semi-abrupte, « ras » rasante, « dir » directe, « inv » inverse) Un même support peut présenter plusieurs types de retouches.
Dans les refus de tamis, 134 éclats de retouche ont été identifiés. Mais il
faut aussi prendre en compte les éclats de retouche qui doivent se trouver
parmi les 229 éclats indéterminés.
95
Comme pour les retouches observées sur les outils, les éclats écailleux sont
les plus nombreux. Ils sont suivis par les éclats subparallèles plus typiques
des éclats de facettage de plan de frappe et par les encoches.
Le nombre important d’éclats de retouche retrouvés semblent prouver que
la retouche a eu lieu sur place, dans la cavité.
Cependant, deux grands racloirs (Cf. Figure 21 et Figure 38a) possèdent
une abondante retouche effectuée au percuteur tendre. Cependant on ne
retrouve que 8 éclats de retouche effectués au percuteur tendre, cette
observation irait dans le sens d’un apport de ces pièces déjà retouchées au
percuteur tendre dans la cavité.
b) Répartition spatiale des éléments retouchés :
La répartition spatiale des outils retouchés apporte de nouveaux éléments à
la compréhension du site, notamment grâce aux racloirs et denticulés.
(Figure 32) Les racloirs (en jaune) se répartissent de façon homogène en
surface de l’ensemble J, tandis que les denticulés (en rouge) sont situés en
majorité, à la base de J.
L’ensemble N étant considéré comme un niveau Moustérien à denticulés,
plusieurs hypothèses se présentent :
- ce niveau à denticulés caractérise un deuxième niveau d’occupation
indépendant de N dans l’ensemble J.
- des éléments de N (dont les denticulés) sont remontés dans l’ensemble
supérieur J par un phénomène naturel comme la cryoexpulsion.
- la limite J/N n’est pas la bonne, elle est plus haute.
96
Figure 32 : Projections en coupes Nord-Sud et Est-Ouest du matériel lithique des Rochers de Villeneuve. x : les denticulés, o : les racloirs. L’ensemble J est en noir, N en gris.
4
5
6
7
8
9
10
1
1
RD
V2
proj
ectio
n su
r x
= 3
m
RD
V1
proj
ectio
n su
r x
=
5m
YA
BS
D
E
F
G
H
I
J
K
RD
V2
proj
ectio
n su
r y
= 2
m
RD
V1
proj
ectio
n su
r y
= 8
m
XA
BS
o
o o
o o
o o o
o
o o
o o
o o
o o
o
97
Les deux dernières semblent les meilleures, elles sont confirmées par
quatre remontages (Cf. Figure 17) qui raccordent le sommet de N et la base
de J.
Le niveau à racloir de J sera désormais nommé Jr, tandis que le niveau à
denticulé sera appelé Jd.
c) Répartition stratigraphique des éclats de retouche et refus de
tamis :
La concentration en stratigraphie, des vestiges lithiques dans les refus tamis
corroborent ces observations.
En RDV2, dans le sous-carré E5-S3 (Figure 33), la limite entre les niveaux
N et J est située à -150 cm, 145-150 correspondant à la zone stérile et le pic
de 150-155 correspondant au début de N avec une très forte concentration
de vestiges. Le pic à 130-135 correspondrait à Jd tandis que le niveau Jr
serait localisé vers 115-120.
A l’intérieur de la cavité, en RDV1, dans le sous-carré J8-S4 on observe le
même phénomène, (Figure 34). Ici, la limite entre les ensembles N et J se
situe vers –160cm, juste au-dessus, on observe un pic de concentration vers
0 5 10 15 20 25 30 35
110-115
115-120
120-125
125-130
130-135
135-140
140-145
145-150
150-155
E5-S3
Figure 33 : Nombre d’éclats de refus de tamis par tranche de profondeur de 5 cm dans le sous-carré E5-S3.
98
150-155 qui correspondrait au niveau à denticulés (Jd) de l’ensemble J. Les
niveaux sont plus profonds qu’en RDV2 à cause du pendage.
L’ensemble J semble donc être composé d’au moins deux sous-ensembles.
Les limites des niveaux à denticulés (Jd) et à racloirs (Jr) n’étant pas
suffisamment précises pour scinder le corpus en deux, nous allons
continuer à considérer l’ensemble J en un seul bloc dans la suite de l’étude
de la chaîne opératoire. D’autant plus qu’une homogénéité technologique a
été observée entre ces deux niveaux, en ce qui concerne la répartition des
modes de production.
d) Utilisation des outils :
Etant donné l’impossibilité d’effectuer une étude tracéologique sur le
matériel, due à l’importante patine qui le touche, cette partie importante de
la chaîne opératoire ne sera pas traitée.
On peut tout de même suspecter une utilisation des éclats Levallois,
Kombewa et des produits du débitage Discoïde, tels que les éclats
centripètes et les pointes pseudo-Levallois, brut de débitage à des fins de
coupe.
0 5 10 15 20
140-145
145-150
150-155
155-160
160-165
165-170
170-175
J8-S4
Figure 34 : Nombre d’éclats de refus de tamis par tranche de profondeur de 5cm dans le sous-carré J8-S4.
99
e) Le ravivage :
Le ravivage consiste à retoucher une nouvelle fois un outil quand celui-ci
est émoussé et ne peut plus servir. Le ravivage ne s’observe que grâce aux
éclats de ravivage.
Douze d’entre-eux ont été découverts dans les refus de tamis et quinze
autres dans les objets coordonnés et de plus de 25 mm.
Parmi ces éclats de ravivage, cinq ont été attribués à des éclats de ravivage
de denticulés. Ces derniers sont tous situés dans le niveau à denticulés Jd.
Deux éclats de ravivage de denticulé sont en silex ponctué dont l’un est
brûlé, tandis que les trois autres sont en silex de Mazerolles (Figure 35).
f) Les fractures :
Les fractures appartiennent à la phase 5 de J-M. Geneste (Geneste 1985), la
phase d’abandon. De nombreuses fractures par flexion sont retrouvées,
cependant il est difficile de savoir dire s’il s’agit de cassures réalisées à la
taille ou de fractures dues à l’utilisation de l’outil ou à l’enfouissement.
Tous les nucleus retrouvés dans l’ensemble J ont été abandonnés car ils
arrivaient à exhaustion.
Figure 35 : Schéma diacritique d’un éclat de ravivage de denticulé en silex de Mazerolles avec accident de Siret.
100
VI) Conclusion sur la chaîne opératoire :
D’après les données lithiques, l’ensemble J semble scindé en deux niveaux.
Les chaînes opératoires ne sont probablement pas identiques au sein des
niveaux à denticulés Jd et à racloirs Jr. Mais en l’absence d’une
identification plus précise de la limite de ces deux niveaux et du fait de leur
homogénéité technologique apparente, ces deux chaînes ont dû être
regroupées dans ce schéma (Figure 36).
Figure 36 : Résumé de la chaîne opératoire du silex dans l’ensemble J.
101
La chaîne opératoire de l’ensemble J des Rochers de Villeneuve comporte
deux chaînes principales (Levallois et Discoïde) et deux chaînes latérales :
- La production d’outils à partir d’éclat corticaux issus de la phase 1
des chaînes principales
- le débitage sur éclat à partir d’éléments issus des phases 1 et 2 des
chaînes principales.
Cette chaîne opératoire est donc de type « scalariforme » (Geneste 1991,
Figure 1, p.17).
On constate par ailleurs un traitement différent des matières premières pour
la méthode Levallois. En effet, le silex à proximité immédiate (Ponctué),
moins apte à la taille, est moins utilisé pour ce type de débitage que les
matières de provenance plus lointaine telles que le silex de Mazerolles et
du Grand-Pressigny.
Les silex de Mazerolles et Ponctué sont les plus utilisés, ils servent en
priorité à produire des éclats, notamment par les méthodes Levallois et
Discoïdes. Certains de ces éclats ont peut-être servi de nucleus pour un
débitage de type Kombewa, ce qui formerait dans ce cas une chaîne
« ramifiée ». (Geneste 1991, Figure 1, p.17)
Deux racloirs sur éclat l’un en silex de Mazerolles (Cf. Figure 38a), l’autre
en silex du Grand-pressigny (Cf. Figure 21) semblent ne pas avoir été
réalisés sur le site du fait de leur grande taille par rapport aux autres
produit. De plus, la retouche sur ces produits a été pratiquée au percuteur
tendre, alors que seulement 8 éclats de retouche effectués au percuteur
tendre ont été retrouvés. Enfin, cette grande taille leur offrait sans doute
une plus grande potentialité de ravivage.
102
C) Attribution d’un faciès Moustérien aux niveaux de l’ensemble J :
L’ensemble J comporte seulement 65 objets qui rentrent dans la liste-type
de F. Bordes (Bordes 1961), une méthode basée sur cette liste a été réalisée
par A. Turq, elle subdivise la liste en 8 groupes permettant ainsi une lecture
plus aisée que les diagrammes cumulatifs et une interprétation plus fiable
malgré un échantillon plus faible (Turq 1979).
On observe (Figure 37 et Tableau 16), que ce sont les groupes « à encoches
et denticulés » (groupe 6) et « à racloir simple et double » (groupe 2) qui
prédominent. En considérant l’ensemble J comme un seul niveau, il
s’agirait alors d’un niveau Moustérien à denticulés, présentant de
nombreux racloirs.
Cependant, comme on a pu le voir l’ensemble J comporte un niveau à
denticulés (Jd), donc attribuable à un Moustérien à denticulés et un niveau
à racloirs (Jr).
0
10
20
30
40
50groupe1
groupe2
groupe3
groupe4
groupe5
groupe6
groupe7
groupe8
Diagramme circulaire des Rochers de Villeneuve
Figure 37 : Diagramme circulaire présentant le pourcentage de chacun des groupes. (Turq 1979)
103
L’importance des racloirs, la faible proportion de couteau à dos et
l’absence de biface (et éclats de façonnage de biface) semble exclure le
Moustérien de Tradition Acheuléenne bien qu’il soit bien représenté dans
la région avec des sites tels que la Folie (Bourguignon et al. 2002).
Liste typologique de F. Bordes (1961) groupes de A.Turq (1979) nombre %
n° types 1 éclat levallois typique 17 29 2 éclat levallois atypique 1 1,6 5 pointe pseudo-levallois 6 9,7
10 racloir simple convexe groupe 2 à racloirs 5 9,7
19 racloir convergent convexe groupe 5 de type Ferrassie 1 1,6
25 racloir sur face plane groupe 2 à racloirs 1 1,6
32 burin typique groupe 8 de type Paléo sup 1 1,6
34 perçoir typique groupe 8 de type Paléo sup 1 1,6
35 perçoir atypique groupe 8 de type Paléo sup 1 1,6
37 couteau à dos atypique groupe 4 de type MTA 1 1,6 38 couteau à dos naturel 4 6,5 42 encoche groupe 6 à denticulés 6 9,7 43 denticulé groupe 6 à denticulés 16 16,1 45 retouche sur face plane 2 3,2 54 encoche en bout groupe 6 à denticulés 2 3,2
total 65 100
Tableau 16 : Groupes d’A. Turq (1979) dans la liste-type de F. Bordes (1961). Les éléments en blanc n’appartenant à aucun groupe ne sont pas figurés sur le diagramme circulaire (Figure 37)
L’absence de retouche et de débitage de type Quina exclue le Moustérien
de type Quina qui est pourtant présent dans la région dans des sites tels que
la Fontaine (Airvaux et Chollet 1975)
L’importance des éclats Levallois et des racloirs (notamment un racloir
convergent convexe, Cf. Figure 21), ainsi que le nombre faible de couteaux
104
à dos nous permettrait de penser qu’il s’agit plutôt d’un Moustérien typique
ou de type Ferrassie. Ce dernier est déjà présent dans la région avec des
sites tels que l’Ermitage (Pradel 1954 et Bordes 1954). Cependant, il n’est
connu aucun site Moustérien de type Ferrassie à 40 000ans BP, ils sont en
général situés vers 50 000ans BP.
Figure 38 : Quelques outils de l’ensemble J, a : racloir simple convexe, b :racloir sur face plane, c : perçoir atypique, d :perçoir typique, e et f : denticulés (seul e appartient au niveau Jd). Dessins G. Asselin
105
Ainsi, il serait peu prudent pour l’instant, d’attribuer un faciès au niveau à
racloirs Jr de l’ensemble J. Par contre, le niveau Jd semble appartenir,
comme son nom l’indique, au Moustérien à denticulés.
Ce type de succession entre un Moustérien à denticulé et un « Moustérien
final » avec une typologie plus variée (Figure 38) s’observe dans la Grotte
du Bison à Arcy-sur-Cure (Yonne) (Jaubert com. orale, Lhomme et al.
2005).
D) Conclusion sur l’ensemble J :
L’étude du matériel lithique de l’ensemble J des Rochers de Villeneuve a
permis d’apporter des éléments aux problématiques posées en
introduction :
- « l’étude de la résolution et de la validité des niveaux
archéologiques »
- « l’étude des modes de subsistance des Hommes du Paléolithique
moyen »
Tout d’abord, un nouveau découpage archéostratigraphique a été mis en
évidence grâce à quelques remontages et à la typologie.
L’ensemble J semble séparé en deux niveaux, l’un à racloirs (Jr) et l’autre à
denticulés (Jd) (Figure 39).
106
D
E
F
G
H
I
J
K
RD
V2
proj
ectio
n su
r y
= 2
m
RD
V1
proj
ectio
n su
r y
= 8
m
XA
BS
Jr N
ivea
u à
racl
oirs
Jd N
ivea
u à
dent
icul
és
Fig
ure
39 :
Pro
ject
ion
en c
oupe
Nor
d-Su
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l lit
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rs d
e V
illen
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o :r
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x :
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icul
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data
tion
14C
: fé
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nder
talie
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et J
d, t
rait
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eins
: re
mon
tage
s)
o o
o o
o o
o o
o
14C
107
Le niveau à racloir (Jr) de l’ensemble J ; où un fémur humain rogné par les
carnivores a été trouvé, et où un reste de hyène a été daté à 40 000ans BP ;
semble correspondre à une halte temporaire où le silex, ramassé lors
d’expéditions autour de l’abri (pas plus d’une dizaine de kilomètres) était
utilisé. Les néandertaliens ont sans-doute amené quelques blocs déjà mis en
forme et de grands supports déjà retouchés en racloirs. Néanmoins, certains
blocs étaient amenés bruts, puis étaient débités sur place, une fois arrivés à
exhaustion, les nucleus étaient abandonnés sur le site.
Les matières premières utilisées proviennent essentiellement de gîtes
pouvant se situer à proximité immédiate de la cavité, mais aussi de gîtes
locaux situés à 5 km du site. Néanmoins, quelques éclats en silex du Grand
Pressigny témoignent d’un apport plus lointain (40 km), relativement rare
pour ces périodes.
Les produits recherchés étaient essentiellement des éclats Levallois et des
produits du débitage Discoïde qui ont pu servir au traitement de carcasses
animales (comme l’atteste les stries de découpes sur les ossements), ainsi
qu’à d’autres activités inaccessibles en l’absence d’une étude
tracéologique.
La difficulté à réaliser des remontages laissent à penser qu’une partie du
matériel taillé sur place manque et qu’il a donc été emporté en dehors de la
cavité.
La présence d’éléments brûlés ainsi que la relative abondance du
matériel permet de supposer que la cavité des Rochers de Villeneuve a pu
servir d’abri pendant quelques jours. Il est toutefois impossible de dire,
pour l’instant, si ce niveau à racloir correspond à une ou plusieurs
occupations successives.
108
Aucun faciès moustérien ne lui est attribuable pour l’instant, on concluera à
un « Moustérien final » comparable à celui des niveaux E et F de la Grotte
du Bison à Arcy-sur-Cure (Lhomme et al. 2005).
Le niveau à denticulés peut correspondre,
1)- soit à un deuxième niveau d’occupation possédant le même type de
gestion de la matière première que le niveau à racloirs, mais avec une
production plus importante de denticulés,
2)- soit à la partie supérieure de l’ensemble N,
3)- soit à une injection de matériel de l’ensemble N dans l’ensemble J par
un phénomène naturel tel que la cryoexpulsion.
Dans le cas de la première hypothèse, on aurait la succession d’un premier
niveau à denticulé à forte dominante Discoïde (rapport Discoïde/Levallois
de 3,5), suivi d’une occupation de Moustérien à denticulé à dominance
Discoïde plus faible (rapport de 1,5), puis un niveau à racloirs et à
dominance Discoïde toujours faible. Ce retour au débitage Levallois après
un débitage majoritairement Discoïde se retrouve aussi dans la Grotte du
Bison à Arcy-sur-Cure (Yonne) (Lhomme et al. 2005).
Néanmoins, la dernière hypothèse (3) semble la plus vraisemblable car le
phénomène de cryoexpulsion a déjà été mis en évidence par des analyses
de lames minces dans les niveaux archéologiques (Couchoud 2002).
De plus un granoclassement a été observé sur les vestiges fauniques
(Beauval 2005e). Les résultats sont moins concluant pour le matériel
lithique, il s’observe plus nettement dans la partie extérieur de la cavité
(RDV2), la moins perturbée.
109
Perspectives de recherches :
L’homogénéité de l’ensemble J doit être reconsidérée à la lumière de ces
résultats. Le recul d’une coupe et la fouille du carré F7 en 2005 permettra
de tester un changement d’unité archéostratigraphique autour de l’altitude z
= 120.
De nouvelles séances de remontages sur le lithique et la faune seront
nécessaires afin de mieux comprendre les relations entre les différents
niveaux.
Une étude du matériel lithique de l’ensemble N va se révéler indispensable
pour savoir si le « niveau à denticulés » se raccorde ou non à N.
La découverte de nouveau matériel lithique apportera peut-être de
nouveaux arguments à l’attribution d’un faciès pour le « niveau à racloirs ».
Enfin, de nouvelles datations, 14
C ou TL, sur le matériel osseux de N nous
donneraient accès à l’intervalle de temps qui sépare les ensembles J et N et
donc les deux faciès Moustériens. Ensuite, une datation du niveau Jd
permettrait peut-être de mieux comprendre son origine (N, J ou aucun des
deux ?).
110
3ème partie : Etude Techno-typologique et spatiale du matériel
lithique de l’ensemble N des Rochers de Villeneuve :
Figure 40 : Denticulé du Niveau N
111
A) Présentation générale du matériel :
L’étude du matériel de l’ensemble N a permis de dresser un inventaire des
objets recueillis lors de la première campagne triennale de fouille menée
par C. Beauval et lors de la fouille menée en 2005 par E. Morin à
l’exception des refus de tamis.
Il faut cependant noter que ce tableau (Tableau 17) ne prend pas en compte
toute la complexité de l’industrie. En effet, certains nucleus sont réalisés
sur éclat et peuvent aussi servir de percuteur. Ici, seule la fonction ou
nature première de l’objet est prise en compte.
Base de données Détermination Effectif Pourcentages
Matériel
coordonnés et refus
de tamis de plus de
25 mm.
Nucleus 27 0,3%
Eclats et fragments
d’éclats 683 9,0%
Percuteur 1 0,0%
Cassons 14 0,2%
Débris 9 0,1%
Refus de tamis
inférieur à 25 mm
Eclats 1334 17,7%
Fragments d’éclats
et cassons 5488 72,7%
Total 7556 100,0%
Tableau 17 : Inventaire du matériel de l’ensemble N.
Le tableau 18 détaille le nombre d’éléments déterminés, ils représentent
environ 30% de l’ensemble des pièces.
734
6822
112
Enfin, on observe (Figure 41) que tout comme pour l’ensemble J, le corpus
est constitué à plus de 80% de petits éléments inférieurs à 2 mm. Pour la
plupart, ceux-ci ne sont pas exploitables d’un point de vue technologique
puisqu’il s’agit essentiellement de petits cassons et fragments d’éclats.
Détermination Effectifs Pourcentages
Percuteurs 9 0,6%
Eclats corticaux 56 3,8%
Nucleus Discoïdes 12 0,8%
Eclats Discoïdes 91 6,1%
Nucleus Levallois 1 0,1
Eclats Levallois 22 1,5%
Nucleus sur éclat 8 0,5%
Eclats Kombewa 19 1,3%
Nucleus prismatique 3 0,2%
Eclats de débitage prismatique 5 0,3%
Eclats de facettage de plan de frappe 134 9,0%
Eclats de retouche 611 41,0%
Eclats de ravivage 519 34,8%
Total 1491 100%
Tableau 18 : Inventaire du matériel déterminé.
113
Figure 41 : Distribution du matériel lithique de l’ensemble N en fonction de sa longueur.
Ce type de distribution métrique du matériel semble lié à des activités de
taille sur le site. En effet, lors d’expérimentations de taille, nous avons pu
constater que l’on retrouve toujours une quantité très importante de petits
objets.
Le plan de cette partie suivra le déroulement de la chaîne opératoire
(Pélegrin et al. 1988), c’est à dire :
o L’acquisition des matériaux,
o La mise en forme du nucleus,
o Le débitage et entretien du nucleus,
o La gestion des produits de débitage (retouche, utilisation,
ravivage).
B) Etude technologique : la chaîne opératoire de l’ensemble N :
I) L’acquisition des matières premières :
114
Tout comme dans l’ensemble J, deux matières premières sont
essentiellement utilisées dans l’ensemble N : le silex ponctué et le silex de
Mazerolles (Tableau 19). Le premier pouvant se trouver à proximité
immédiate de la grotte et le second à environ 6 km.
Quelques éléments proviennent de gisements plus lointains du Grand-
Pressigny (Figure 42).
Figure 42 : Graphique des pourcentages selon leurs origines des différentes matières premières des éléments coordonnés et de plus de 25 mm de l’ensemble N.
Matières Premières
Effectifs dans N % dans N
Effectifs dans rdt de
N
% dans rdt de N
Quartz 11 ,5
58 0,9
Tertiaire 11 1,5 63 0,9 Ponctué 239 32,6 1567 23 Mazerolles 331 45,1 1193 17,5 Civaux 4 0,5 3 0 Jaspéroïde 0 0 1 0 Grand-Pressigny
10 1,4 14 0,2
G-P versicolore
4 0,5 1 0
Indéterminés 124 16,9 3922 57,5 Total 734 100 6822 100
Tableau 19 : Nombres et pourcentages des différentes matières premières des éléments coordonnés et de plus de 25 mm, et des refus de tamis inférieur à 25 mm (rdt) des Rochers de Villeneuve.
0
10
20
30
40
50
immédiate locale lointaine indéterminée
Po
urc
enta
ges
Origine des matières premières
115
Seule la proportion d’éléments indéterminés baisse de façon significative
entre les ensembles J et N (de 29,9 à 16,8%) car le silex est mieux conservé
dans l’ensemble N.
Une fois les indéterminés retirés, la comparaison est plus simple entre les
refus de tamis et les éléments coordonnés et de plus de 25 mm
(Tableau 20). Le rapport entre le silex de Mazerolles et le silex ponctué est
inversé entre les refus de tamis et les éléments coordonnés, la proportion de
silex ponctué passe de 40% à 54% dans les refus de tamis. Peut-être ce
silex a-t-il été plus fracturé que le silex de Mazerolles ?
Matières Premières % rdt N % dans N % dans J
Quartz 2 1,8 1,3Tertiaire 2,2 1,8 1,8Ponctué 54 39,2 39,9Mazerolles 41,1 54,3 51,8Civaux 0,1 0,7 0,6Opalite 0 0 0,6Jaspéroïde 0,05 0 0Grand-Pressigny
0,5 1,6 4
G-P versicolore
0,05 0,7 0
Tableau 20 : Pourcentages des matières premières par ensembles sans les indéterminés (rdt = refus de tamis).
Par ailleurs, on constate que les pourcentages de matières premières sont
presque identiques entre J et N traduisant : soit une gestion identique du
territoire entre les deux occupations moustériennes, soit une contamination
importante des pièces de l’ensemble J par N.
116
L’identification des différentes matières premières utilisées nous permet
d’appréhender le territoire exploité par les groupes humains préhistoriques.
Celui-ci est circonscrit dans une zone de 5 à 10 km autour de la grotte. La
présence en grand nombre d’objets en silex de Mazerolles indique que les
préhistoriques appréciaient cette matière première et n’hésitaient pas à
parcourir plusieurs kilomètres pour en ramener des blocs ou des supports.
La présence d’éclats de silex dit du « Grand Pressigny » montre
d’éventuels déplacements sur des distances plus importantes ou des
échanges avec d’autres groupes.
II) La percussion : La percussion est utilisée sur l’ensemble de la chaîne opératoire de
débitage : du test de la matière première au ravivage de l’outil.
La technique utilisée dans l’ensemble N est la percussion directe au
percuteur de pierre dure, seules 24 pièces (sur 724) présentent des
stigmates moins marqués pouvant laisser un doute sur la technique
employée.
Plusieurs percuteurs ont été retrouvés, ils sont de différentes natures :
- 1 percuteur complet en quartz (Figure 43c),
- 3 nucleus Discoïdes réutilisés en percuteur (Figure 43b),
- 6 éclats dont deux Discoïdes présentant des traces d’impacts sur
la face supérieure et un éclat à « bulbe piqueté » (Tixier 2000)
(Figure 43a).
117
Figure 43 : Photographies de percuteurs
Le percuteur en quartz (Figure 43c) présente des traces d’impacts sur des
arrêtes et sur une surface légèrement convexe. D’après L. Daulny4, ces
impacts seraient liés à la fracturation des os.
On peut toutefois remarquer que seulement 5 os fracturés avec encoches
ont été découverts dans l’ensemble N. Néanmoins, les problèmes de
conservation différentielle ont pu jouer sur ces effectifs.
Les percuteurs sur nucleus (Figure 43b) ou éclats présentent de nombreuses
similitudes, les impacts se situent sur des arrêtes évasées formant une faible
convexité. D’après L. Daulny, le petit gabarit et le faible poids des pièces
suggèrent qu’elles aient été utilisées pour la phase de retouche ou de
ravivage des outils.
L’éclat à « bulbe piqueté » (Figure 43a) est plus problématique. En effet,
ces piquetages ne sont pas aussi caractéristiques que ceux décrits par J.
Tixier : « Il se présentent sous forme de petites traces d’impact
punctiformes, de « micro-cratères », parfois de micro-cônes incipients
détourés … formant souvent de minuscules alignements, pointillés, orientés
plus ou moins perpendiculairement à l’axe morphologique de l’outil. »
4 Doctorant travaillant sur l’étude des galets paléolithiques dans le laboratoire PACEA
a b
c
118
(Tixier 2000, p. 129). Ici seuls des « micro-cratères » sont observés, ils ne
sont cependant pas assez réguliers pour correspondre à des cupules
thermiques.
III) Entame et Test de la matière première :
Une fois les gîtes de matières premières découverts, les blocs extraits ont
pu être :
- soit testés sur place, c’est la phase 0 de la chaîne opératoire (Geneste
1985),
- soit amenés intacts sur le site pour être entamés.
Pour identifier cette phase, il faudrait retrouver un bloc de matière première
testé et abandonné sur le site après avoir révélé un matériau de mauvaise
qualité. Aucun bloc de ce type n’a été découvert pour l’instant aux Rochers
de Villeneuve.
IV) La mise en forme des nucleus :
Cette étape de mise en forme du nucleus est caractérisée par une phase de
décorticage ou d’épannelage du bloc (phase 1 de J-M. Geneste 1985). Seule
l’observation du cortex sur les éclats, lames et lamelles permet d’aborder
cette question.
Des plages corticales peuvent encore se trouver dans les phases de plein
débitage, c’est pourquoi seuls les supports portant un cortex « important »
et « total » (plus de la moitié de la face supérieure) sont comptabilisés pour
caractériser la phase de mise en forme du nucleus car ils sont plus
significatifs (Tableau 21).
119
Matières premières
Cortex important
Cortex total
total
Pourcentages dans N
Pourcentages dans J
(pour chaque MP)
(pour chaque MP)
Quartz 1 4 5 /11 45,50% Pas d’éclat Tertiaire 2 2 4 /11 36,40% 33,30% Ponctué 30 10 40 /239 16,70% 13,10%
Mazerolles 36 20 56 /331 16,90% 14,20%
Civaux 1 0 1 /4 25,00% 0%
Grand Pressigny
2 1 3 /10 30,00% 7,70%
G-P versicolore
1 0 1 /4 25,00% 0%
Indéterminés 13 4 17 /124 13,70% 12,20%
Total 86 41 127 /734 17,30% 13,10%
Tableau 21 : Nombres d’éclats coordonnés et de plus de 25mm présentant du cortex sur plus de la moitié de leur face supérieure corticale, selon les matières premières dans l’ensemble N.
Sur un site d’atelier de taille tel que Champs de Bossuet (Gironde), les
éclats fortement ou totalement corticaux représentent 24,7% du total de
l’industrie en silex du site, 47.4% en additionnant tous les éclats présentant
un peu de cortex (Bourguignon et al. 2000).
Dans l’ensemble N, les éclats fortement ou totalement corticaux
représentent 17,3% de l’industrie totale coordonnée et de plus de 25 mm.
En ajoutant les éclats faiblement corticaux (au nombre de 155, soit 21,4%
de l’industrie), on obtient 38,7%.
On constate comme dans l’ensemble J que le silex tertiaire, situé à
proximité immédiate du site a le plus fort pourcentage, dépassant même de
ceux de Champs de Bossuet. On observe aussi que le quartz qui n’était pas
taillé dans l’ensemble J présente un fort pourcentage d’éclat corticaux dans
N. Malgré le faible nombre de pièces mis en jeu (seulement 4 et 5 sur 11) et
120
l’absence de remontage entre elles, il semble que l’épannelage ait bien eu
lieu sur place.
Les silex d’origine lointaine comme le Grand-Pressigny et le Grand-
Pressigny versicolore ont eux-aussi un pourcentage d’éclats corticaux
important. Il en est de même pour le silex de Civaux. Mais comme pour les
matières situées à proximité immédiate, le nombre de pièces impliquées est
faible, néanmoins on peut penser que la mise en forme a eu lieu sur place.
Pour les silex ponctué et de Mazerolles, la phase de mise en forme ne
semble pas toujours avoir eu lieu sur le site. On peut donc conclure que
certains blocs de silex de Mazerolles et silex ponctué ont été épannelés sur
place, mais peut-être pas tous.
Au vu de ces résultats, on constate que le pourcentage d’éclats corticaux est
plus important dans l’ensemble N que dans l’ensemble J, traduisant une
gestion différente des matières premières : soit plus de blocs ont été
épannelés sur place, soit ces différences traduisent des comportements de
taille différents.
En ce qui concerne les éléments issus des refus de tamis, on constate que le
pourcentage de pièces présentant du cortex est bien moindre que dans les
éléments plus gros (Tableau 22). Il est quasiment identique à celui de
l’ensemble J qui est de 10,9%.
121
Matières premières Cortex
Pourcentages (pour chaque MP)
Quartz 3 /58 5,20%
Tertiaire 10 /63 15,90%
Ponctué 165 /1567 10,50%
Mazerolles 130 /1193 10,90%
Civaux 1 /3 33,30%
Grand Pressigny
1 /15 6,70%
Indéterminés 359 /3922 9,20%
Total 669 /6822 9,80%
Tableau 22 : Nombres d’éléments issus des refus de tamis présentant du cortex, selon les matières premières.
Ces pièces correspondent pour la plupart à des éclats ou fragments d’éclats
de facettage de plan de frappe et de retouche. En effet, il n’est pas rare que
des éclats corticaux soient utilisés directement comme outils en étant
retouchés, c’est le cas pour 13 éclats de l’ensemble N.
Généralement, les éclats corticaux ne sont pas encore suffisamment
caractéristiques pour traduire un mode de débitage particulier. C’est à partir
de la phase 2 (Geneste 1985), de plein débitage, que l’on peut reconnaître
avec certitude la méthode de débitage mise en œuvre par les préhistoriques.
V) Débitage et entretien du nucleus :
Les méthodes de débitage ont pu être reconnues sur 152 pièces de
l’ensemble N, soit environ 20% du matériel coordonné et de plus de
25 mm.
122
En tout, quatre modes de débitages ont été identifiés dans l’ensemble N des
Rochers de Villeneuve (Tableau 23). On observe que le débitage Discoïde
est nettement majoritaire avec 64% du débitage.
Débitages nombre pourcentages
Discoïde
Levallois
Sur éclat
Prismatique
103
23
27
8
64,0%
14,3%
16,8%
4,9%
Total 161 100,0%
Tableau 23 : Nombre et pourcentage d’éléments coordonnés et de plus de 25 mm auxquels une technique de débitage a été attribuée.
a) Le débitage Discoïde :
Aux Rochers de Villeneuve, 103 pièces, soit 14% des éléments coordonnés
et de plus de 25 mm de l’ensemble N, ont été rattachées au débitage
Discoïde.
Les pourcentages de matières premières (Tableau 24) obtenus, sont les
mêmes que pour l’ensemble de l’industrie du niveau N. Les silex de
Mazerolles et ponctué sont les plus représentés. Il ne semble donc pas qu’il
y ait eu une sélection particulière des matières premières. Cependant, on
peut noter que le silex ponctué est légèrement surreprésenté (41,7% au lieu
de 32,6% pour l’ensemble de l’industrie).
Dans l’ensemble J, les pointes pseudo-Levallois semblent être le produit le
plus recherché avec 41% des produits Discoïdes. Celles-ci présentent une
relative standardisation au niveau de leur longueur : 64,7% d’entre elles
appartiennent à l’intervalle [30-50 mm[.
123
Catégories Matières Premières
% Indét. G-P Maz. Civ. Ponct. Tert.
Nucleus 3 5 3
1
12 12 Eclats centripètes 2 12 1 5 20 19
Eclats à dos débordant
3 12 11 26 25
Pointes pseudo-Levallois
3 1 9 15 28 27
Eclats à crête transversale
3 9 12 12
Eclat à crête axiale 1 4 5 4,9
Total 12 1 45 1 43 1 103 100
% 11,6 1 44 1 41,7 1 100 \
Tableau 24 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage Discoïde en fonction de la matière première.
Ce n’est pas le cas dans l’ensemble N (Tableau 24) où les pointes pseudo-
Levallois (Figure 44c) se rencontrent dans les mêmes proportions que les
éclats à dos débordants (Figure 44d et e). Il s’agissait peut-être des pièces
de première intention (52,4% des produits Discoïdes). Ces pièces étant très
proches d’un point de vue technologique, tous deux présentent un dos
opposé à un tranchant. On peut supposer qu’elles avaient la même fonction.
Le nombre d’éclats centripètes est légèrement plus faible (19,8%). Ceci
peut-être est dû à la difficulté de reconnaître les éclats centripètes
Discoïdes, par rapport aux autres méthodes de débitage et notamment le
Levallois centripète.
On remarque, par ailleurs, la présence de nombreux éclats à crête axiale
(Figure 44b) ou transversale (Figure 44a), catégorie correspondant à des
déchets de taille permettant l’ouverture d’un autre plan de frappe.
124
Figure 44 : Dessins de produits du débitage Discoïde : un éclat à crête transversale (a), à crête axiale (b), d’une pointe pseudo-Levallois retouchée en denticulé (c), de deux éclats à dos débordants (d et e).
Parmi les douze nucleus attribués au débitage Discoïde, deux sont
unifaciaux et huit bifaciaux.
125
Figure 45 : Dessins de nucleus Discoïdes bifaciaux, a : centripète en silex ponctué, b : bipolaire en silex de Mazerolles.
Les nucleus de la figure 45 sont peu épais (moins de 2 cm) et leurs négatifs
d’enlèvements sont relativement peu sécants. Néanmoins, ils présentent
deux surfaces de débitages non-hiérarchisées et ont été débités jusqu’à
exhaustion.
126
Figure 46 : Dessins de nucleus Discoïdes bifaciaux, a et b : unipolaire, c : centripète.
Les nucleus de la figure 46 sont plus épais (de 3 à 4 cm), ils ne semblent
pas avoir été exploités jusqu’au maximum de leurs possibilités.
- Le nucleus « a », en silex indéterminé, présente des négatifs
d’enlèvements préférentiels unipolaires plans sur une face et sécants sur
127
l’autre. Il pourrait s’agir d’un nucleus Levallois récurrent unipolaire repris
de façon Discoïde sur la face de préparation des plans de frappes (Morin
2001). On arrive ici à la limite des deux concepts.
- Le nucleus « b », en silex de Mazerolles, présente sur une face des
négatifs d’enlèvements unipolaires avec de nombreux rebroussés situés
sous la zone de plan de frappe. Il se rapproche d’un nucleus à débitage
prismatique. Cependant, les négatifs d’enlèvements sur la face corticale
sont sécants et centripètes.
On remarque, par ailleurs, que ce nucleus présente quelques écrasements
sur une arrête, témoins d’un recyclage de la pièce en percuteur (Cf. Figure
43).
-Le nucleus « c », en silex de Mazerolles, présente lui aussi une empreinte
d’enlèvement préférentiel sur une face, tronqué par le négatif d’un éclat à
crête transversale. Si ici, les surfaces semblent hiérarchisées, les produits
obtenus sont indiscutablement Discoïdes et la plupart des enlèvements sont
sécants.
On remarque dans cet échantillon la grande diversité des modes de débitage
au sein du Discoïde. Néanmoins, les éclats qui ont été obtenus à partir de
ces nucleus sont relativement calibrés : entre 4 et 6 cm de longueur.
b) Le débitage Levallois :
Dans l’ensemble N des Rochers de Villeneuve, 23 pièces, soit 3% des
éléments coordonnés et de plus de 25mm, ont été attribuées au débitage
Levallois. Un seul nucleus a été identifié (Tableau 25).
128
L’utilisation des matières premières est toujours dominée par les silex de
Mazerolles et ponctué. On note toutefois une augmentation significative du
pourcentage du silex de Mazerolles, ainsi que du silex du Grand-Pressigny
versicolore avec 9% des éléments appartenant au débitage Levallois (soit 2
pièces).
Plusieurs méthodes de débitage sont utilisées au sein du débitage Levallois.
Néanmoins, le débitage centripète domine largement, il est utilisé à plus de
69%, contrairement à l’ensemble J où la méthode Levallois unipolaire est
majoritaire.
Catégories Matières premières
total % G-P versic.
Maz. Ponct. Tert.
Nucleus Levallois centripète
1 1 4,3
Eclats Levallois centripètes
8 4 12 52
Eclats à dos débordant centripète
2 1 3 13
Eclats Levallois bipolaires 1 1 4,3 Eclats Levallois
unipolaires 5 5
Eclats à dos débordant unipolaire
1 1
Total 2 15 5 1 23 4,3
% 8,7 65,2 21,8 4,3 100 /
Tableau 25 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage Levallois en fonction de la matière première (G-P versic : Grand-Pressigny versicolore).
129
Figure 47 : Pièces attribuées au débitage Levallois : a : nucleus centripète, b : éclat Levallois unipolaire, c : éclat Levallois bipolaire, d et f : éclats Levallois centripètes, e : éclat à dos débordant centripète.
130
- Le nucleus « a » de la figure 47, en silex ponctué, est relativement petit
par rapport aux autres éclats. Ce nucleus est arrivé à exhaustion. Les
derniers enlèvements ont pu atteindre 2-3 cm de long. On peut noter que
six éclats Levallois de ce gabarit ont été retrouvés dans l’ensemble N.
Cette pièce est rattachée au débitage Levallois car elle présente une
hiérarchisation des surfaces : l’une, la surface de débitage, possède des
négatifs d’enlèvements centripètes plans tandis que l’autre, la surface de
préparation des plans de frappe, possède des négatifs d’enlèvement plus
courts et sécants.
- Le seul éclat Levallois rattaché à la modalité bipolaire est l’éclat « c »
(Figure 47), en silex de Mazerolles. Il présente trois négatifs orthogonaux
d’enlèvements courts de préparation de convexité sur le côté proximal droit
et plusieurs enlèvements de même axe, mais de directions opposées.
- Parmi les éclats Levallois provenant d’une modalité unipolaire du
débitage, l’éclat « b » (Figure 47), en silex de Mazerolles, est un éclat
second (Cf. éclats II Figure 10).En effet, il présente sur sa face supérieure
de grands négatifs d’enlèvements unidirectionnels ; et quelques empreintes
d’enlèvements plus courts, obliques, sur le côté gauche, correspondant à la
mise en place des convexités latérales.
- Les éclats « d » et « f » (Figure 47), en silex de Mazerolles, sont Levallois
centripètes comme l’indique la direction des négatifs d’enlèvements sur
leurs faces supérieures. Ils ont été retouchés en racloir simple convexe
(« d ») et racloir sur face plane à retouche irrégulière (« f »).
131
- L’éclat à dos débordant Levallois centripète « e » (Figure 47), en silex du
Grand-Pressigny versicolore, présente sur sa face supérieure des négatifs
d’enlèvements convergents. Son dos (côté droit) est formé par les négatifs
d’enlèvements correspondants à la surface de préparation des plans de
frappe. Dans ce cas particulier, l’éclat a outrepassé sur le nucleus et a ôté
une partie du cortex qui constituait le centre de la surface de préparation
des plans de frappe.
L’autre éclat à dos débordant centripète en silex du Grand-Pressigny
versicolore (Tableau 25) semble appartenir au même bloc, il a le même
gabarit que les négatifs d’enlèvements de l’éclat « e » Toutefois, ils n’ont
pu être remonter.
c) Discoïde ou Levallois ?
Dans un site comme les Rochers de Villeneuve où le débitage Levallois
cohabite avec le débitage Discoïde, il est parfois difficile d’établir à quelle
méthode de débitage appartient une pièce.
C’est le cas pour les nucleus, mais aussi pour les éclats. Ainsi, les produits
Discoïdes sont censés être courts et triangulaires avec une épaisseur qui
diminue du talon vers la pointe, tandis que les éclats Levallois ont
généralement une épaisseur relativement constante après le bulbe.
Cependant, dans la réalité les contre-exemples peuvent être nombreux.
Dans l’ensemble N, 8 pièces : 6 éclats à dos débordants, 1 nucleus et 1 éclat
centripète, n’ont pas été attribuées du fait de leurs caractères proches aux
deux méthodes.
Nous avons tenté de déterminer à quel débitage appartenait les éclats, en
utilisant un nuage de points (Figure 48). Ce graphique est basé sur des
132
mesures effectuées sur des éclats complets des deux ensembles des Rochers
de Villeneuve, J et N.
Figure 48 : Distribution des éclats Levallois ou Discoïdes complets en fonction de L/a et L/é.
Dans un premier temps, nous avons utilisé les rapports L/é et L/a (Cf.
Figure 7).
Ces dernières mesures n’apportent aucune aide à l’identification des pièces
indéterminées car le diagramme montre une distribution similaire des
pièces Discoïdes et Levallois.
Afin de déterminer à quels concepts les éclats indéterminés appartiennent,
nous avons tenté la même approche avec d’autres rapports.
L/é
L/a
Légende : o : éclats Discoïdes x : éclats Levallois / : éclats Levallois ou Discoïdes ?
133
Figure 49 : Distribution des éclats Levallois ou Discoïdes complets en fonction de L/l et L/ép.
En abscisses et ordonnées (Figure 49), nous avons utilisé des rapports entre
la longueur et l’épaisseur, et entre la longueur et la largeur de l’éclat :
respectivement L/ép et L/l.
On observe (Figure 49) que les éclats Discoïdes sont concentrés à la base
du graphique, c’est à dire que le rapport L/ép est faible. Donc l’épaisseur de
l’éclat, proportionnellement à sa longueur, est plus importante sur les éclats
Discoïdes. On remarque aussi que les éclats posant des problèmes de
détermination se situent à l’interface entre le groupe des éclats Levallois et
celui des éclats Discoïdes.
Ce graphique a le mérite de confirmer mathématiquement ce que l’on
observe de façon qualitative : les éclats Discoïdes sont généralement plus
épais que les éclats Levallois.
L/l
L/ép
Légende : o : éclats Discoïdes x : éclats Levallois / : éclats Levallois ou Discoïdes ?
134
Cette distribution montre néanmoins que la frontière qui séparent les
produits Discoïdes et Levallois n’est pas si évidente, d’autant plus que dans
l’ensemble N le débitage Levallois centripète (la modalité qui se rapproche
la plus du Discoïde) est majoritaire.
Il y a une continuité technologique avec une zone de chevauchement
(Figure 49) entre ces deux concepts de débitage : certaines pièces tendent
vers le Discoïde et d’autres tendent vers le Levallois, mais certaines se
situent juste entre les deux, c’est le cas des pièces indéterminées.
d) Le débitage prismatique :
Dans l’ensemble N, huit pièces (Tableau 26) peuvent se rapporter au
débitage prismatique.
Comme pour les autres méthodes de débitage, les matières premières les
plus utilisées sont les silex de Mazerolles et ponctué.
Débitage prismatique
Matières premières total %
Mazerolles ponctué
Eclats unipolaires
4 4 50
Eclats bipolaires
1 1 12,5
Nucleus unipolaire
2 1 3 37,5
total 3 (37,5%) 4 (62,5%) 8 (100%) 100
Tableau 26 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage prismatique.
135
-Les quatre éclats unipolaires, en silex ponctué, présentent du cortex. Ils
ont été attribués au débitage prismatique grâce au remontage de deux
d’entre eux. Deux autres éclats appartiennent au même bloc et présentent
des plans de frappe lisses et des négatifs d’enlèvements unipolaires. Par
ailleurs, ils présentent tous un angle de chasse (entre la face supérieure et le
talon) abrupt entre 70 et 90°.
Figure 50 : Dessins de pièces se rattachant à un débitage prismatique : a : nucleus unipolaire, b : éclat long bipolaire.
- L’éclat bipolaire (Figure 50b) est un éclat allongé en silex de Mazerolles à
talon cortical ; ses trois négatifs d’enlèvements les plus récents situés sur la
face supérieure ont le même axe, mais sont de directions opposées.
D’autres enlèvements perpendiculaires semblent avoir été réalisés afin de
maintenir les convexités sur la surface de débitage.
- Les nucleus prismatiques sont tous unipolaires. Il est à noter que l’un des
nucleus en silex de Mazerolles (Figure 50a) présente quelques plages
corticales. Il s’agit sans doute d’un bloc dont le premier enlèvement (dessin
du milieu) a servi de plan de frappe pour débiter des éclats de façon
136
tournante dans le sens horaire. Les corniches restantes sont tellement aiguës
qu’elles rappellent un denticulé.
e) Le débitage sur éclat :
27 éléments se rapportant à cette méthode de débitage ont été identifiés
dans l’ensemble N (Tableau 27).
Comme pour les méthodes de débitage vues précédemment, il ne semble
pas y avoir de différence dans la sélection des matières premières.
Débitage sur éclat Matières premières
indét. Maz. ponct.
Eclats de type Kombewa
5
6 6 17 63,00%
Eclat à dos débordant
1 1 3,70%
Nucleus sur éclat mode 1
1 1 2 7,40%
Nucleus sur éclat mode 1 Discoïde
2
2 7,40%
Nucleus sur éclat mode 2 Discoïde
1 1 3,70%
Nucleus sur éclat Discoïde bifacial
3 3 11,10%
Eclat à dos débordant Levallois
1 1 3,70%
total 6 (22,2%) 12 (44,5%) 9 (33,3%) 27 100,00%
Tableau 27 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage sur éclat.
Les méthodes employées pour produire les éclats/nucleus varient :
Des éclats corticaux ont été choisis - 5 nucleus sur 8 possèdent des plages
corticales et 3 d’entre eux possèdent une surface corticale « importante »
137
(plus de la moitié de la face supérieure) - ainsi que des produits Discoïdes
tels qu’une pointe pseudo-Levallois.
Cinq des nucleus possèdent une modalité de débitage Discoïde.
- Le nucleus « a » (Figure 51) présente des négatifs d’enlèvements sur sa
face supérieure, ces enlèvements sont sécants et centripètes. Nous pouvons
ainsi rapporter cette pièce à un débitage Discoïde. La face inférieure
présente un unique négatif d’enlèvement. La plage corticale qui subsiste sur
la face supérieure nous informe qu’il s’agissait d’un éclat issu de la phase 1
(Geneste 1985). Après son utilisation en tant que nucleus de mode 2 (Tixier
et Turq 1999), cette pièce a servi de percuteur comme nous l’attestent les
traces de percussion sur la face supérieure de l’éclat.
- Le nucleus « b » (Figure 51) présente des négatifs d’enlèvements sur sa
face inférieure. La face supérieure essentiellement corticale porte quelques
empreintes d’enlèvements centripètes de préparation de plans de frappe.
Les surfaces sont donc hiérarchisées. Les enlèvements sur la face inférieure
sont centripètes et relativement sécants. On hésite cependant à attribuer ce
nucleus à un débitage Levallois ou Discoïde. Il s’agit néanmoins d’un
nucleus sur éclat de mode 1 dont il subsiste un élément de la face
inférieure.
- L’éclat à dos débordant Kombewa « c » (Figure 51) est rattaché à un
débitage Levallois sur éclat. Sa face supérieure porte le négatif d’un
enlèvement précédent et la face inférieure de l’éclat/nucleus (la surface la
plus importante de la face supérieure). Le débitage de l’éclat a débordé sur
la surface de préparation de plan de frappe de l’éclat/nucleus Levallois.
138
L’ensemble des pièces présentées semble donc prouver que les
éclats/nucleus ont été débités selon deux concepts différents : Levallois et
Discoïde.
Figure 51 : Pièces appartenant au débitage sur éclat : a : nucleus Discoïde de mode 2, b : nucleus de mode 1, c : éclat Kombewa Levallois débordant.
L’éclat « à bulbe piqueté » (Cf. Figure 43a) présente juste au-dessus du
bulbe plusieurs rebroussés qui laisse à penser que les préhistoriques ont
139
essayé de débiter des éclats sur sa face inférieure, sans succès. On pourrait
donc ajouter cet éclat aux 2 nucleus de mode 1.
f) Facettage des plans de frappe :
Un autre élément caractéristique de la phase de débitage est la préparation
des plans de frappe et leur facettage. Cette étape consiste à enlever de petits
éclats sur le plan de frappe afin d’augmenter l’angle de chasse et par
conséquent réduire l’angle d’éclatement du futur éclat.
Talons Méthodes de débitage
Total % Indéterminé Levallois Kombewa Discoïde
Facetté plan
Facetté convexe
Facetté concave
13 13
1
3 9
2
3 3 1
19 27
2
39,156,5
4,4
total 27 12 2 7 48 100,0
% 56,2 25,0 4,2 14,6 100,0 /
Tableau 28 : Effectifs et pourcentages des différents talons facettés en fonction de la méthode de débitage utilisée.
Cette étape est un élément récurrent, mais pas systématique, du débitage
Levallois. Elle permet d’obtenir un angle d’éclatement proche de 90°. Mais
elle se retrouve aussi dans le débitage Discoïde et Kombewa (Tableau 28).
Le talon facetté le plus courant est le facetté convexe, le fameux « chapeau
de gendarme » qui permet d’ajouter de la précision au point d’impact en
créant un bombement sur le plan de frappe.
Dans l’ensemble N, 12 éclats Levallois ont un talon facetté, soit 25% de
tous les éclats facettés et 50% des éclats Levallois.
140
L’indice de facettage (Bordes 1950a), c’est à dire :
le nombre d’éclats à talon facetté x 100 / nombre total d’éclat à talon,
est égal à 10,5 dans l’ensemble N alors qu’il est de 23,1 dans l’ensemble J
des Rochers de Villeneuve.
Le facettage des talons se traduit par des éclats de facettage de plan de
frappe souvent inférieurs à 25 mm et donc le plus souvent retrouvés dans
les refus de tamis. Dans l’ensemble N, 134 de ces éclats ont été identifiés et
il y en a probablement d’autres parmi les 150 éclats indéterminés.
Les proportions (Tableau 29) d’éclats pour chaque matière première sont
similaires à l’ensemble de l’industrie. Il ne semble pas y avoir eu une
gestion particulière des matières premières en fonction du facettage des
talons. On note une représentation des matières premières relativement
similaire entre les talons facettés et les éclats de facettage.
Matières Premières
Talons facettés
Eclats de facettage
Quartz 1 2,3% 0 0% Tertiaire 1 2,3% 0 0% Ponctué 18 40,9% 45 51,8% Mazerolles 23 52,2% 40 46,0% Civaux 0 0% 1 1,1% Jaspéroïde 0 0% 0 0% Grand-Pressigny 0 0% 1 1,1% G-P versicolore 1 2,3% 0 0%
Sous-total 44 100% 87 100%
Indéterminés 4 8,6% 47 35,1%
Total 48 100% 134 100%
Tableau 29 : Effectifs et pourcentages des talons facettés et des éclats de facettage en fonction des matières premières.
141
Il y a par ailleurs une surreprésentation du silex indéterminé. Cela est lié à
l’absence d’utilisation de la loupe binoculaire lors de l’identification des
matières premières des refus de tamis.
Le nombre relativement élevé d’éclats de facettage identifié dans le corpus,
laisse à penser que la préparation des plans de frappe, et donc, au moins
une bonne partie du débitage a eu lieu sur le site.
La même observation a été faite sur l’ensemble J où 112 éclats de facettage
de plan de frappe et 60 éclats à talon facetté ont été retrouvés.
VI) La retouche et le ravivage :
Ce sont les phases 3 et 4 de la chaîne opératoire :
- La phase 3 correspond au « …façonnage des outils sur les supports
obtenus à la phase 2... »
- La phase 4 : « …est contemporaine de l’utilisation des outils, de leur
usure (traces microscopiques) et de leurs ravivages, des fractures
accidentelles ou intentionnelles, celles-ci en vue de la transformation de
l’outil. » (Geneste 1985, p.182).
a) Typologie :
La typologie est une discipline qui consiste à catégoriser des objets définis
à partir de caractères morphologiques, techniques et stylistiques. (définition
inspirée de celle du « Type » Leclerc et Tarrête 1994)
Nous utilisons la typologie de F. Bordes (1961) associée aux groupes des
objets retouchés d’A. Turq (1979) (Tableau 30).
142
0
10
20
30
40
50groupe1
groupe2
groupe3
groupe4
groupe5
groupe6
groupe7
groupe8
Diagramme circulaire de l'ensemble Ndes Rochers de Villeneuve
0
10
20
30
40
50groupe1
groupe2
groupe3
groupe4
groupe5
groupe6
groupe7
groupe8
Diagramme circulairede l'ensemble Jdes Rochers de Villeneuve
Liste typologique de F. Bordes Groupes de n° types nombre % A. Turq 79
6 pointe moustérienne 1 1,2 1 à pointes 9 racloir simple droit 1 1,2
2 à racloirs 10racloir simple convexe 8 9,425 racloir sur face plane 2 2,433 burin atypique 2 2,4
8 de type Paléo sup 35 perçoir atypique 1 1,239 raclette 2 2,4 7 divers 42 encoche 9 10,6
6 à denticulés 43 denticulé 37 43,562 divers 22 25,9 total 85 100,0
Tableau 30 : Outils de l’ensemble N des Rochers de Villeneuve classés selon la liste typologique de F. Bordes et les groupes d’A. Turq.
On constate dans le tableau 30 et la figure 52, la nette domination du
groupe des denticulés (groupe 6), mais aussi la présence du groupe à
racloirs (groupe 2) dans les ensembles N et J.
Figure 52 : Diagramme circulaire présentant le pourcentage de chacun des groupes (Turq 1979) dans les ensembles J et N.
Néanmoins, les denticulés sont beaucoup plus nombreux dans l’ensemble
N que dans l’ensemble J.
Ces observations semblent nous confirmer que nous avons bien affaire à un
Moustérien à denticulés dans l’ensemble N.
143
Figure 53 : Pièces retouchées : a : retouche isolée, b : racloirs simples convexes, c : racloir sur face plane, d : pseudo-raclette, e :pointe moustérienne, f, g et h : denticulés.
144
b) Les objets retouchés :
L’ensemble N des Rochers de Villeneuve a subi des phénomènes de
cryoturbation et de bioturbation, qui ont pu provoquer des enlèvements
naturels. Ceux observés appartiennent en majorité au groupe des encoches
isolées de type (Prost 1989).
En excluant les « retouches naturelles », 83 objets retouchés ont été
identifiés soit environ 10% du matériel coordonné et de plus de 25 mm.
On trouve encore une majorité d’objets en silex de Mazerolles et ponctué
(Tableau 31).
Type d’outils Matières premières
total Indét. G-
P. Maz. Civ. Ponct. Tert. Q.
Pointe moustérienne
1 1
Racloirs simples 1 1 5 2 9 Racloir sur face
plane 2 2
Denticulés 3 1 17 1 13 1 1 37 Encoches 6 3 9 Raclettes 1 1 2 Perçoir 1 1
Retouche isolée 2 1 14 5 22
Total 7 3 45 1 25 1 1 83
Pourcentages 8,4 3,6 54,2 1,2 30,2 1,2 1 100%
Tableau 31 : Objets retouchés des Rochers de Villeneuve en fonction de la matière première.
Sur les pièces retouchées et les éclats de ravivage coordonnés, 510 négatifs
d’éclats de retouche ont été décomptés, tandis que 611 éclats de retouche et
519 éclats de ravivage ont été comptabilisés (Tableau 32). Il y a donc un
déficit de 620 négatifs de retouche sur les pièces.
145
Matières Premières
Négatifs de retouche
Eclats de retouche
Eclats de ravivage
Négatifs-éclats
Quartz 3 0,6% 2 0,5% 0 0,0% 1 Tertiaire 3 0,6% 1 0,3% 0 0,0% 2 Ponctué 188 36,2% 179 49,0% 155 47,2% -146
Mazerolles 42 50,4% 175 47,9% 171 52,1% -104
Civaux 2 0,4% 1 0,3% 0 0,0% 1 Jaspéroïde 0 0,0% 0 0,0% 0 0,0% 0
Grand-Pressigny
40 8,3% 7 1,9% 1 0,3% 32
G-P versicolore
2 0,4% 0 0,0% 1 0,3% 1
Sous-total 480 100% 365 100% 328 100%
Indéterminés 30 5,9% 246 35,1% 191 35,1% -407
Total 510 100% 611 100% 519 100% -620
Tableau 32 : Décompte des négatifs de retouche, éclats de retouche et éclats de ravivage.
Cependant, ces chiffres doivent être nuancés :
- les refus de tamis de la campagne 2005 n’ont pas encore été
étudiés, excluant ainsi un certain nombre d’éclats de ravivage et
de retouche de l’analyse,
- le principal biais : les négatifs de retouche présents sur les éclats
de ravivage issus des refus de tamis n’ont pas été décomptés.
Néanmoins, au vu de ces éléments, il semble que la retouche et le ravivage
ont bien eu lieu sur place. Ceci est confirmé par un remontage entre un
denticulé (Cf. Figure 53g) et un éclat de ravivage. Le déficit en pièces
146
retouchées ne pourra être identifié avec certitude qu’une fois les sources de
biais résolues.
Les supports les plus utilisés pour la retouche sont les produits Discoïdes,
avec 21% des objets retouchés (Tableau 33).
Type d’outils Débitage
Total Discoïde Kombewa Levallois Prismatique Indét.
Pointe moustérienne
Racloirs simples
Racloir sur face plane
Denticulés
Encoches
Raclettes
Perçoir
Retouche isolée
2
12
2
2
1
2
2
1
1
1
5
24
6
2
1
19
1
9
2
37
9
2
1
22
Total 18 1 5 1 58 83
% 21,7 1,2 6,0 1,2 69,9 100,0
Tableau 33 : objets retouchés en fonction de la méthode de débitage employée pour réaliser les supports.
23% (5 sur 22) des supports Levallois ont été retouchés, notamment en
racloirs sur face plane (Cf. Figure 47f et Figure 53c), comme celui de
l’ensemble J sur un éclat Levallois unipolaire.
Cette proportion d’éclats Levallois retouchés est surprenante. En effet, dans
l’ensemble J, ces éclats ont généralement été utilisés bruts de débitage,
seulement 10% des éclats Levallois sont retouchés.
De même, 20% (18 sur 91) des supports Discoïdes ont été retouchés, parmi
eux, les éclats centripètes et les pointes pseudo-Levallois ont été les plus
utilisés. Ils ont été principalement transformés en denticulés (Tableau 34).
147
Supports retouchés en :
Débitage Discoïde Total Eclat
centripète Eclat à dos débordant
Pointe pseudo-Levallois
Eclat à crête transversale
Racloirs simples
1
1
2
Denticulés 5 2 5 12 Encoches 2 2
Retouche isolée
1 1 2
Total 7 3 7 1 18
Pourcentages 38,9 16,7 38,9 5,5 100
Tableau 34 : objets retouchés sur support provenant d’un débitage Discoïde.
Par contre, le débitage sur éclat devait permettre la fabrication d’éclat
nécessitant peu de retouche car un seul outil sur éclat Kombewa a été
identifié.
VII) Utilisation des outils :
En l’absence, d’une étude tracéologique et étant donné la mauvaise
conservation du matériel osseux dans le niveau N, il est difficile de se
prononcer sur l’utilisation des outils.
On peut tout de même suspecter une utilisation des éclats Levallois,
Kombewa et des produits du débitage Discoïde, tels que les éclats
centripètes ou les pointes pseudo-Levallois bruts de débitage à des fins de
coupe.
D’après E. Claud5, quelques silex peu patinés pourraient être aptes à une
étude tracéologique. Nous tenterons de soumettre à l’étude tracéologique
certaines pièces retrouvées lors des fouilles 2006.
5 Doctorante en Tracéologie au laboratoire PACEA.
148
VIII) Abandon :
Les fractures appartiennent à la phase 5 (Geneste 1985), la phase
d’abandon. De nombreuses fractures par flexion ont été identifiées.
Cependant il est souvent difficile de déterminer s’il s’agit de cassures
réalisées à la taille ou de fractures relevant de l’utilisation de l’outil.
Tous les nucleus retrouvés dans l’ensemble N n’étaient pas arrivés à
exhaustion, certains pouvaient encore produire quelques éclats.
IX) Bilan de la chaîne opératoire :
La chaîne opératoire de l’ensemble N (Figure 54) est globalement la même
que celle de l’ensemble J. Toutefois, quelques particularités ont été
observées :
- le débitage de galets de quartz, qui était absent de l’ensemble J,
- la présence d’un débitage d’éclat de type prismatique,
- un débitage Levallois principalement centripète, contrairement à J où
l’unipolaire domine,
- la présence d’une ramification supplémentaire dans la chaîne opératoire
a été observée dans N. Une pointe pseudo-Levallois Kombewa,
produite grâce à un débitage Discoïde sur éclat, possède des
enlèvements sur sa face inférieure, puis a été retouchée en denticulé.
- le facettage des talons est beaucoup moins important dans le niveau N,
- la présence de nucleus encore exploitables n’a pas encore été mise en
évidence dans l’ensemble J,
- la réutilisation des nucleus en percuteur n’a été observée que dans N.
149
Figure 54 : Bilan de la chaîne opératoire de l’ensemble N, l’épaisseur des cadres est proportionnelle aux effectifs observés.
C) Répartition spatiale des vestiges dans J et N :
I) Répartition des éléments de la chaîne opératoire lithique :
a. Répartition des matières premières :
Seules les matières premières rares (Grand-Pressigny, Grand-Pressigny
versicolore et Civaux) ont été prises en compte dans la figure 55. Les silex
de Mazerolles et ponctué sont nombreux et répartis de façon homogène sur
l’ensemble de la stratigraphie.
150
D
E
F
G
H
I
J
K
RD
V2
proj
ectio
n su
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= 2
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R
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noir
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e J,
en
gris
ens
embl
e N
.
151
On remarque (Figure 55) que le silex versicolore du Grand-Pressigny se
retrouve uniquement dans l’ensemble N, en partie médiale et sommitale. Le
silex de Civaux semble réparti du sommet de N à la base de J.
Enfin, le silex du Grand-Pressigny se trouve distribué un peu partout dans
la stratigraphie.
b. La répartition spatiale des méthodes de débitage :
On observe grâce à cette projection (Figure 56) que les éléments Discoïdes
et Levallois sont répartis de façon homogène dans les ensembles N et J. On
remarque néanmoins, une concentration plus importante des éléments
Discoïdes dans l’ensemble N en accord avec ce qui a été observé lors de
l’étude technologique.
Le débitage Kombewa est distribué d’une façon homogène dans l’ensemble
de la stratigraphie, tandis que le débitage prismatique (Figure 57) semble se
scinder en deux groupes distincts au sommet et à la base de N. Les deux
groupes dans le carré E correspondent à une association de pièces issues du
débitage prismatique d’un bloc de silex ponctué se rapprochant à la base et
dont deux pièces remontaient ensemble au sommet.
Les méthodes de débitage ne semblent pas individualiser de sous-
ensembles technologiques au sein de la stratigraphie.
Les éléments laminaires de type Paléolithique supérieur se retrouvent
majoritairement en surface et à l’entrée de la cavité, ce qui va dans le sens
d’une occupation ponctuelle du site au Paléolithique supérieur.
152
XA
BS
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F
G
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153
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BS
D
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ve. E
n gr
is :
N, e
n no
ir :
J, o
: pr
ism
atiq
ue, x
: K
ombe
wa.
154
II) Structuration du site :
a) Répartition spatiale des refus de tamis et des objets
coordonnés :
On observe (Figure 58) une concentration plus importante des vestiges
lithiques autour des altitudes 170-175 et 185-190 à l’extérieur et à
l’intérieur de la cavité.
Figure 58 : Effectifs des refus de tamis en fonction de l’altitude dans les carrés E5-S3 et J8-S1.
0 100 200 300 400 500
110-115
115-120
120-125
125-130
130-135
135-140
140-145
145-150
150-155
155-160
160-165
165-170
170-175
175-180
180-185
185-190
190-195
195-200
Effectifs
Alt
itu
des
en
cm
Effectifs des refus de tamis en fonction des altitudes dans le carré E5-S3
0 20 40 60 80
140-145
145-150
150-155
155-160
160-165
165-170
170-175
175-180
180-185
185-190
190-195
195-200
200-205
205-210
210-215
215-220
Effectifs
Effectifs des refus de tamis en fonction de l'altitude dans le carré J8-S1
J
N
Jext
Next
155
Cette nappe de vestiges plus concentrés suit le pendage Nord-Sud des
sédiments de la cavité. Elle correspond peut-être à un ancien niveau
d’occupation dilaté par des phénomènes post-dépositionnels tels que la
cryoexpulsion (Couchoud 2002).
Cette concentration de vestiges à ces altitudes se reflète également dans la
distribution des pièces coordonnées.
On note, par ailleurs une différence importante des effectifs entre E5-S3 et
J8-S1. Ainsi, le pic maximum de E5-S3 comprend plus de 450 objets,
tandis que le pic de J8-S1 correspond à peine à plus de 60 objets.
La densité de vestiges lithiques par m3 varie elle aussi selon l’ensemble et
la zone considérée (Tableau 35).
Concentration des refus de
tamis
RDV2 E5-S1
RDV1 J8-S1
Ensemble J 400 pièces par m3 553 pièces par m3
Ensemble N 7503 pièces par m3 1893 pièces par m3
Tableau 35 : Concentration en pièces par m3 des refus de tamis selon la zone et l’ensemble considéré.
On remarque que dans l’ensemble J les concentrations en vestiges sont
quasiment identiques entre l’intérieur (RDV1) et l’extérieur (RDV2) de la
cavité avec environ 500 pièces par m3. Dans l’ensemble N, elles
augmentent très fortement et la concentration en vestiges est trois fois plus
importante à l’extérieur qu’à l’intérieur de la cavité.
Cette différence de concentration entre RDV1 et RDV2 ne semble pas
s’expliquer par la géologie car d’après I. Couchoud (2002, p.32) « …seuls
156
des grains de la dimension des sables ou des limons ont été transportés et
aucune figure relative à un ruissellement concentré n’a été observé. »
Cette différence se retrouve par ailleurs avec les silex coordonnés
(Tableau 36), ainsi, d’après E. Morin et C. Beauval (2006c, p. 36), « …les
silex tendent à être concentrés immédiatement dans la zone à l’extérieur de
la cavité, contrairement aux os qui sont plus nombreux à l’intérieur de la
cavité. Cela suggère une disjonction des activités liées au rejet des silex et
des restes osseux. »
Silex Os
Intérieur Extérieur % à l’intérieur
Intérieur Extérieur % à
l’intérieur
Ensemble J 157 210 42,8 3662 658 84,8
Ensemble N 194 451 30,1 517 96 84,3
Tableau 36 : Proportion de silex et d’os se trouvant à l’intérieur et à l’extérieur de la grotte des Rochers de Villeneuve. (D’après Morin et Beauval 2006, p. 36)
Toutefois cette observation n’est basée que sur la fouille de deux carrés en
RDV2 et six en RDV1.
b) Répartition spatiale des éléments brûlés :
Dans l’ensemble N, 95 silex semblent avoir subi l’action du feu. Cette
action se traduit par des fissurations, une couleur souvent plus rouge du
silex, quelquefois accompagné de cupules thermiques.
157
D
E
F
G
H
I
J
K
RD
V2
proj
ectio
n su
r y
= 2
m
R
DV
1 pr
ojec
tion
sur
y =
8m
XA
BS
Fig
ure
59 :
Pro
ject
ion
en c
oupe
s N
ord-
Sud
des
élém
ents
brû
lés
des
Roc
hers
de
Vill
eneu
ve. (
x)
158
Les éléments brûlés de l’ensemble N semblent se situer essentiellement
dans la zone de forte concentration lithique. Leur distribution est
hétérogène dans l’ensemble J (Figure 59).
On peut noter par ailleurs, qu’aucune structure de combustion n’a été
identifiée à la fouille.
Cela ne suggère donc pas la présence de foyers structurés dans l’ensemble
N. Toutefois leur absence pourrait s’expliquer par des phénomènes post-
dépositionnels.
III) Les phénomènes post-dépositionnels :
a) Les encroûtements calcaire :
Les encroûtements calcaires (ou concrétions) correspondent au dépôt d’un
voile calcitique sur les pièces archéologiques.
Les concrétionnements calcitiques seraient dus au ruissellement d’eau
chargé en calcium le long de la paroi.
La présence d’encroûtements permet donc de percevoir les zones de
ruissellement.
Seules les pièces présentant un concrétionnement important (plus de la
moitié de la surface) ou total ont été prises en comptes dans la figure 60.
De très nombreuses pièces ne présentent que quelques plages
d’encroûtement. Celles-ci n’ont pas été représentées.
159
Figure 60 : Projection en plan et en coupe Nord-Sud du matériel concrétionné des Rochers de Villeneuve. (x)
Sur les restes fauniques, les pièces concrétionnées sont généralement
situées à proximité des parois de la grotte. Cette tendance n’est pas aussi
D E F G H I J K
RDV2 projection sur y = 2m
RDV1 projection sur y = 8m
XABS
160
nette sur le matériel lithique. Les silex concrétionnés se trouvent à la fois
au bord des parois de la grotte, mais aussi au centre de la cavité, laissant
ainsi apparaître du ruissellement sur de grandes surfaces. On observe ces
encroûtements sur toute la stratigraphie.
Cette différence peut être liée à un biais de conservation. Contrairement
aux os, les encroûtements se détachent relativement facilement du silex.
Cependant, ce biais n’a pas pu toucher exclusivement les pièces situées le
long des parois. La différence de positionnement entre les pièces
concrétionnées lithiques et fauniques demeure donc inexpliquée.
b) Les dépôts de manganèse :
Les dépôts de manganèse marquent eux-aussi des indices de ruissellement.
Ce manganèse serait transporté en solution par l’eau.
Les pièces possédant des dépôts de manganèse sont situées à la fois au
centre de la cavité et le long des parois (Figure 61), contrairement à la
faune où les pièces possédant du manganèse sont situées majoritairement à
proximité des parois.
Comme pour les concrétions, le manganèse se retire assez facilement des
pièces en silex, entraînant ainsi un biais qui ne suffit cependant pas à
expliquer ces différences.
161
Figure 621 : Projection en plan et en coupe Nord-Sud des dépôts de manganèse sur le matériel lithique des Rochers de Villeneuve. (x)
c) Granoclassement :
D E F G H I J K
RDV2 projection sur y = 2m RDV1 projection sur y =
XABS
162
Aucun phénomène de granoclassement n’a été identifié sur le matériel
lithique des Rochers de Villeneuve. Cependant un granoclassement inverse
avait été identifié sur la faune dans l’ensemble J. Ceci est typique de la
cryoturbation (Beauval 2005c p.62-65).
d) La Patine :
La patine est un processus naturel qui entraîne la désilicification des silex.
Elle peut s’expliquer par « le lessivage des sols » ou par « la sous-
saturation des sols alcalins en silice » ou encore « un phénomène de
condensation évaporation » quotidien (Chavanneau 2001).
Les silex des Rochers de Villeneuve sont touchés par différents degrés de
patine classés de 0 à 4 par J. Primault (2005). Au degré 0, la pièce n’est pas
patinée ; à 4, la patine atteint la pièce jusqu’au cœur la rendant poreuse est
friable (Cf. classification de J. Primault).
Patine J N Total
effectif % effectif % effectif %
0
1
2
3
4
119
122
49
166
13
25,4
26,0
10,4
35,4
2,8
121
158
201
213
30
16,7
21,9
27,8
29,5
4,1
240
280
250
379
43
20,1
23,5
21,0
31,8
3,6
Total 469 100 723 100 1192 100
Tableau 37 : Effectifs et pourcentages des degrés de patine touchant les pièces des ensembles N et J.
On observe (Tableau 37 et Figure 62) que des degrés de patine très
différents touchent les pièces avec les mêmes pourcentages selon les
ensembles.
163
Figure 63 : Projection en plan et en coupe Nord-Sud des différents degrés de patine touchant les pièces, o : niveaux 0-2, x : niveaux 3-4.
D E F G H I J K
RDV2 projection sur y = 2m RDV1 projection sur y = 8m
XABS
164
Comme pour tous les autres phénomènes post-dépositionnels observés, les
éléments patinés ne semblent pas se concentrer en des endroits particuliers
(Figure 62).
IV) Conclusion :
L’étude de la répartition spatiale des vestiges n’a pas permis d’identifier de
sous-ensembles dans N.
Les liens ou mélanges entre les ensembles N et J sont confirmés par des
remontages entre la base de J (le niveau à denticulés, Jd) et le sommet de
N. D’autres remontages intra-N ont été réalisés.
Les silex brûlés n’ont pas permis de retrouver d’éventuelles structures de
combustion ; néanmoins, un indice de structuration du site semble avoir été
conservé :
dans N, la densité des vestiges lithiques est bien plus importante dans la
zone extérieure (RDV2) qu’à l’intérieur de la cavité (RDV1).
RDV2 aurait donc été une zone de rejet des silex, tandis que RDV1
correspondrait à une zone de rejet des os (Morin et Beauval 2005).
Enfin, les phénomènes post-dépositionnels observés sur la faune ne se
répètent pas sur le matériel lithique. Le concrétionnement et le dépôt de
manganèse ne s’effectue pas seulement le long des parois, mais aussi dans
le centre de la cavité. Par ailleurs, aucun granoclassement caractéristique de
la cryoexpulsion n’a été observé.
165
4ème partie : Etude des denticulés des Rochers de Villeneuve :
Figure 63 : dessins de denticulés. a et b : éclats de ravivage provenant de N ; c, d et e :
denticulés sur cassure, provenant de N, Jd et N ; f : denticulé sur bloc provenant de N ;
g : denticulés sur éclat cortical, provenant de N.
166
Après une brève présentation des problématiques inhérentes au Moustérien
à denticulés et ses méthodes d’analyses, le but de cette étude sera de
caractériser les denticulés provenant des trois niveaux identifiés dans la
cavité (Jr, Jd et N), puis de les comparer afin de tenter de déterminer
l’origine du niveau Jd.
A) Le Moustérien à denticulés6 :
Parmi les différents faciès du Moustérien, l’un d’entre eux nous intéresse
plus particulièrement, il s’agit du Moustérien à denticulés que l’on retrouve
dans les niveaux Jd et N des Rochers de Villeneuve.
Le Moustérien à denticulés correspond à un faciès moustérien dont
l’industrie se caractérise par une proportion abondante de pièces encochées
(encoches et denticulés) au sein de l’outillage retouché.
I) Les pièces encochées :
- Encoches : « Les supports à encoches présentent une ou plusieurs
encoches non contiguës » ( Thiébaut 2003b, p. 6. D’après Tixier 1963 ;
Benito del Rey et Benito Alvarez 1998).
- Denticulés : « Les denticulés sont formés par la présence de plusieurs
encoches (plus de deux selon Benito del Rey et Benito Alvarez (1998), au
moins deux d’après Tixier (1963)) contiguës ou presque (Brézillon 1968)
le long d’un bord ou de plusieurs bords non adjacents. (Bordes 1961 ;
Heinzelin de Braucourt 1962 ; Benito del Rey et Benito Alvarez 1998).
6 Cette présentation du Moustérien à denticulés est très largement inspirée de celle réalisée par C. Thiébaut dans le premier tome de sa thèse (Thiébaut 2005a, p.7-11) et dans son article de Préhistoire, Anthropologie Méditerranéennes (Thiébaut 2003b).
167
Celles-ci déterminent une suite de saillies et de denticules (Heinzelin de
Braucourt 1962). » (Thiébaut 2003b, p. 7)
Les pièces encochées apparaissent dès Paléolithique ancien et perdurent
jusqu’au Néolithique final.
Plusieurs théories ont été proposées sur l’origine des pièces encochées au
Moustérien (Cf. notamment la revue documentaire de Thiébaut 2003b p.
15-28). Ces enlèvements pourraient ainsi être :
- d’origine accidentelle : « enlèvements spontanés », « esquillements
d’utilisation » et « piétinement humain ou animal »,
- d’origine naturelle : « pression dans le sol », « action des glaciers »,
« solifluxion » et « cryoturbation »,
- intentionnels.
Dans ce dernier cas, les denticulés peuvent être considérés comme « des
racloirs en cours de fabrication ou de réaménagement » (Verjux 1988, p.
198) abandonnés tels quels sur le site. Ce comportement a surtout été
observé sur les sites moustériens de type Quina, avec le passage par une
phase « denticulé clactonien » (Lenoir 1986) lors du façonnage d’un racloir
à retouche Quina. Néanmoins, Ch. Verjux étend cette hypothèse à « toute
industrie moustérienne » (Verjux 1988, p. 199).
L. Bourguignon conteste cette théorie, car lors de la transformation d’un
denticulé en racloir : « les enlèvements sont…stoppés à l’endroit où la
concavité [de l’encoche clactonienne] est la plus forte et un angle abrupte
est alors rapidement obtenu » (Bourguignon 1997, p. 189) empêchant ainsi
l’utilisation du racloir.
Enfin, d’après C. Thiébaut (2003b, p. 31), « Si les supports [des racloirs et
des denticulés] sont technologiquement différents et de dimensions
168
significativement distinctes, il est peu probable qu’il existe une quelconque
relation entre les denticulés et la confection de racloirs. »
Les pièces encochées peuvent aussi être considérées dans certains cas
comme des nucleus (Bourguignon, Turq et Faivre 2004). Deux arguments
ont été avancés :
- « Les résultats d’analyses fonctionnelles attestent … l’absence
d’utilisation sur les « outils », c’est le cas des denticulés par encoches
clactoniennes du gisement de Champs-de-Bossuet [Gironde] (L. Astruc
in : Bourguignon et Ortega 1998) »
- « L’existence d’un déficit évident de la micro-production … sur le plan
quantitatif, au sein des assemblages lithiques (y compris ceux ayant fait
l’objet d’un tamisage systématique tels que Champs-de-Bossuet ou
l’Abri du Musée aux Eyzies de Tayac)… »
Le produit recherché serait ainsi l’éclat d’encoche.
Enfin, la plupart du temps les encoches et denticulés sont considérés
comme les produits recherchés. Quand il s’agit de dégager une partie
saillante, sa fonction est liée le plus souvent à l’emmanchement.
Néanmoins, quand il s’agit du tranchant leur utilisation reste souvent
problématique (Thiébaut 2003b).
II) Historique des définitions du Moustérien à denticulés :
Le Moustérien à denticulés a été défini pour la première fois par F. Bordes
et M. Bourgon au début des années 50 sous l’expression « Moustérien type
Belcayre » (Bordes et Bourgon 1951), F. Bordes le caractérise quelques
années plus tard comme une :
169
« Industrie pauvre en racloirs (Indices essentiels compris entre 3 et 20
maximum) très pauvre en pointes (0 à 4,5 %, habituellement 0 à 1 %, même
si on y décompte les racloirs convergents), peu ou pas de bifaces toujours
atypiques, le plus souvent nucléiformes ou partiels.
Peu ou pas de couteaux à dos, le plus souvent atypiques. Présence d'un très
fort pourcentage d'encoches (9 à 46 %) et de denticulés (20 à 48 %).
Facture variable, parfois bonne, souvent médiocre.
Débitage Levallois ou non. Pourcentage variable de talons facettés. Il y a
toujours plus d’outils denticulés que de racloirs. » (Bordes 1962-63, p. 44)
Comme le fait remarquer C. Thiébaut, ce faciès est surtout défini par
« l’absence de certains types d’outils » (Thiébaut 2003a).
Devant l’hétérogénéité de ce faciès, F. Bordes va tenter de le
subdiviser en plusieurs groupes. Ainsi, dès les années 50, il va y distinguer
quatre « groupes technologiques » essentiellement basés sur la proportion
d’éclats Levallois au sein de l’assemblage, la fréquence d’éclats Levallois
bruts parmi les éclats Levallois et l’indice de facettage des talons (Bordes
1962-63).
Enfin, la phrase « Facture variable, parfois bonne, souvent médiocre»
(Bordes 1962-63, p. 44) ajoutée à sa définition va avoir des conséquences
fâcheuses.
Pour C. Thiébaut, « cette dernière phrase rajoutée 10 ans après la
première définition apporte une nuance fondamentale sur les
caractéristiques du Moustérien à denticulés qui, à notre sens, est sans nul
doute à l’origine de l’attribution de nombreuses séries altérées par des
phénomènes naturels au faciès qui nous intéresse. » (Thiébaut 2005a, p. 8).
170
Aussi, selon Y. Taborin : « Le Moustérien à denticulés existe un peu
partout surtout dans le sud. Sa définition fondée sur des aspects négatifs
(racloirs peu soignés, denticulés frustes, peu ou pas de technique
Levallois...) facilite l’attribution rapide à ce faciès de tous les outillages
qui sont marqués par des difficultés locales ; par exemple :
d’approvisionnement en matière première de qualité, ce qui explique sa
grande extension géographique » (Mohen et Taborin 1998, p. 116).
Dans les années 1990, C. Farizy propose une autre définition dans le
dictionnaire de la Préhistoire de Leroi-Gourhan. D’après elle, la
morphologie des racloirs seraient plus caractéristiques du Moustérien à
denticulés que les denticulés eux-mêmes : « Les racloirs, qui peuvent être
assez nombreux, sont peu variés, le plus souvent simple, rectilignes à
retouche marginale. Le peu de soin apporté à leur façonnage semble être
plus caractéristique du faciès que le nombre de denticulés, dont le
pourcentage peut ne pas être élevé. » (Farizy 1994 ; p. 750).
Ainsi, des séries présentant peu de denticulés, mais plusieurs racloirs
simples et peu soignés peuvent être rattachés au faciès Moustérien à
denticulés.
En 2005, C. Thiébaut présente plusieurs séries attribuées au Moustérien à
denticulés dans sa thèse et élabore une revue documentaire des industries
du Moustérien à denticulés de laquelle elle soustrait les séries dominées par
des pièces encochées d’origine naturelle. A la fin de son étude, elle ne
propose pas un, mais plusieurs Moustériens à denticulés, qu’elle va, comme
F. Bordes, individualiser en groupes (Tableau 38), mais en croisant un
maximum de paramètres lithiques, fauniques et climatiques :
171
Tableau 38 : Groupes au sein du Moustérien à denticulés, d’après C. Thiébaut 2005b.
Le groupe 1 semble correspondre à « un type d’occupation différent d’un
atelier de taille stricto sensu et jamais en relation avec une spécialisation
dans l’exploitation de grands herbivores ».
Par contre le groupe 2 semble se distinguer « dans certains cas par la
présence de vestiges en relation avec une occupation spécialisée dans
l’exploitation de grands herbivores ».
« Le groupe 3, se différencie des deux groupes précédents par la présence
d’un débitage Levallois plus prononcé, un outillage peu diversifié mais qui
s’accompagne d’une proportion de racloirs plus élevée que les encoches
dont la proportion est faible. » (Thiébaut 2005b, p. 583)
Ainsi, C. Thiébaut conclue que « Les différentes industries [du Moustérien
à denticulés] … résultent probablement d’une adaptation de l’outillage à
Groupes Données climatiques
Abondance et diversité faunique
Abondance des vestiges
lithiques
Méthode de débitage
dominante
Proportion d’outils
retouchés
Diversité des outils retouchés
Principaux outils
(dans l’ordre)
1 Froid Abondante et
diversifiée Abondant à
peu abondant
Débitage Discoïde
Très faible à très élevée
Peu ou pas diversifié
-denticulés
-encoches
-éclats retouchés
2 Froid
Abondante à rare et
diversifiée à pas
diversifiée
Abondant à assez faible
Débitage Discoïde
Faible Diversifié
-denticulés
-encoches
-racloirs
-éclats retouchés
3
Abondante à rare et
diversifiée à pas
diversifiée
Abondant à peu abondant
Débitage Discoïde et Levallois
Très élevée Peu
diversifié
-denticulés
-racloirs
-encoches
172
un milieu et/ou aux différents types d’activités réalisées en relation
constante avec les traditions techniques de différents groupes humains. »
Néanmoins, la part que tient chacun des phénomènes dans la production
des pièces encochées reste encore à définir (Thiébaut 2005b, p. 591).
III) Situation géographique et chronologique du Moustérien à denticulé :
D’après C. Thiébaut (2005b, p. 588), le Moustérien à denticulés « a été
identifié au sud du Caucase, sur le littoral de la Mer Noire en Roumanie, et
en Europe centrale dans la région de la Zagorije. Mais la majorité des
industries se concentre en France et en Espagne, depuis le nord de la
Bourgogne jusqu’aux Asturies » (Figure 64).
On remarque sur la carte (Figure 64) que le site des Rochers de Villeneuve
est isolé, les sites moustériens à denticulés les plus proches sont Saint-
Césaire en Charente Maritime, Le Placard en Charente et Roc-en-Pail dans
le Maine et Loire.
Cet isolement est d’autant plus surprenant qu’il existe plusieurs sites
Moustériens aux alentours de la grotte comme les Cottés (Pradel 1961) ou
la Grotte de l’Ermitage (Pradel 1954) mais, aucun de ces sites n’a été décrit
comme Moustérien à denticulés.
Néanmoins, sur ces sites les auteurs font références à quelques denticulés
découverts en faibles pourcentages (10,8% et 5% des outils pour les grottes
des Cottés et de l’Ermitage).
173
Les gisements moustériens à denticulés se retrouvent la plupart du temps au
stade isotopique 3 (OIS 3), bien qu’ils apparaissent aux OIS 5 et 7 dans les
sites de Champs de Bossuet en Gironde (Bourguignon et al. 2000) et de La
Borde dans le Lot (Jaubert et al. 1990) (Figure 65).
Le Moustérien à denticulés termine parfois la séquence du Moustérien
comme les couches IVb1 et IVa de la grotte de l’Hyène à Arcy-sur-Cure
dans l’Yonne (Girard 1978), mais il peut aussi être surmonté de Moustérien
typique comme le niveau XVI à la Baume Gigny dans le Jura (Campy et al.
1989), de Moustérien de tradition Acheuléenne comme la couche 8 de la
Quina en Charente (Bierwirth 1996) ou d’un « Moustérien final » comme
les couches G et H de la Grotte du Bison à Arcy-sur-Cure dans l’Yonne
(Lhomme et al. 2005) et Jr des Rochers de Villeneuve.
Figure 64 : Répartition géographique des industries du Moustérien à denticulés en France et en Espagne. (d’après Thiébaut 2005b)
174
Figure 645 : Position chronologique des industries du Moustérien à denticulés ; d’après Jaubert 1999, modifié. En italique: niveaux positionnés selon une chronologie relative.(tiré de Thiébaut 2005b, p. 590)
IV) L’intérêt de l’étude des denticulés des ensembles J et N des
Rochers de Villeneuve pour la compréhension du Moustérien à denticulés :
Le site des Rochers de Villeneuve a une situation particulière, c’est l’un des
plus septentrionaux en France avec Roc en Pail et Arcy-sur-Cure (Cf.
Figure 64) à contenir du Moustérien à denticulés. Sa séquence
175
stratigraphique est inédite dans le Sud-Ouest de la France, elle semble
présenter des affinités avec celle de la grotte du Bison à Arcy-sur-Cure
dans l’Yonne qui comprend un Moustérien à denticulés surmonté d’un
« Moustérien final » plus riche en racloirs et en éclats Levallois (Lhomme
et al. 2005).
L’ensemble moustérien à denticulés N des Rochers de Villeneuve
comporte :
- une faune relativement abondante , de climat tempéré,
- une industrie lithique abondante (plus de 5000), si les refus de tamis
sont pris en compte,
- un débitage Discoïde dominant avec quelques éléments Levallois,
- la proportion d’outils retouchés est relativement importante, avec 10%
des éléments coordonnés et de plus de 25 mm, mais moins qu’à
Sandougne et Brouillaud (Lot) (respectivement 77% et 94,5%)
(Thiébaut 2005b)
- des outils peu diversifiés avec une majorité de denticulés, suivi de
racloirs et encoches.
L’ensemble N semble donc appartenir au groupe 3 du Moustérien à
denticulés comme les sites de Sandougne, Brouillaud (Lot) et la Flecha
(Espagne) (Thiébaut 2005b).
Les sites moustériens à denticulés les plus proches géographiquement, tels
St-Césaire (couches egpf) ou la grotte du bison à Arcy-sur-Cure (couches G
et H) possèdent une faune froide, ils sont classés dans le groupe 1.
(Thiébaut 2005b)
176
La caractérisation du niveau N à denticulés a permis de le classer dans l’un
des groupes définis par C. Thiébaut (2005b) et ainsi de le comparer à
d’autres sites, notamment celui de la grotte du Bison. Par ailleurs, une
comparaison avec le sous-ensemble à denticulés Jd va permettre peut-être
d’apporter de nouveaux éléments sur l’origine de ces pièces.
B) Méthode d’étude :
Le principe de cette étude est basée sur la méthode décrite par C. Thiébaut
(2001, 2003b) pour l’étude des pièces encochées.
Dans la base de données (Tableau 39), sont d’abord notés le carré le
numéro et la couche dans laquelle l’objet a été découvert : « Jr » pour le
niveau à racloirs et « Jd » pour le niveau à denticulés de l’ensemble J.
La limite entre Jr et Jd (Cf. Figure 39) a été définie arbitrairement de façon
à garder une épaisseur relativement constante pour chaque niveau.
L’effectif de Jr est de 7 denticulés, Jd : 13 et N : 42. Les effectifs de Jr et Jd
seront trop faibles (n < 30) pour pouvoir tester statistiquement les
comparaisons inter-niveaux.
« N/Jd » correspond à un remontage de deux éclats de ravivage de
denticulé entre ces niveaux, enfin la pièce retrouvée dans un terrier a été
notée « Rem ».
Ensuite, sont notées les caractéristiques du support :
- sa catégorie technologique : « éc » pour éclat, « L ».pour
Levallois et « disco » pour Discoïde,
- sa longueur en mm,
177
Champs Objets numéro E5-178 E5-711couche Jd N
technologie pte pseudo disco éclatlongueur 43 48encoches s-a, inv, dt s-a, dir, dt
dos position gauche absentnature débitage
morphologie abrupt
délinéation
Arrondie ouv 3 1Arrondie
ferm Arrondie
mixte V ouverte 1V fermée 4V mixte
moyennes a 6,0 7,7b 2,3 1,7c 7,0 8,3
angles 65 65d 5 7
percuteur dur dur
tranchant incidence d d
morphologie concavo-convexe convexo-concavenombre d'encoches 3 6
1 a 8 3b 3 10c 8 13
…. a b c
10 a b c
divers
Tableau 39 : Base de données pour l’étude des denticulés.
- les caractéristiques des encoches sur le support :
• l’inclinaison des encoches : « a » pour abrupte (proche de
90°), « s-a » pour semi-abrupte (avoisinant 45°) et « ras » pour
rasante (proche de 10°) (Inizan et al. 1995, p.148),
178
• leur position : « inv » pour inverse, « dir » pour direct et « alt »
pour alterne.
• Leur localisation : « dt » pour droite, « gche » pour gauche,
« prox » pour proximale, « dist » pour distale.
- La description d’un éventuel dos opposé aux encoches :
• sa position sur le support : « gauche », « droit », « proximal »,
« distal » et « convergent » lorsque le dos est formé de deux
bords convergents.
• sa nature : ce dos est dû à un enlèvement précédant
(« débitage ») ? à une « cassure » ? il est « naturel » ? c’est le
« talon » ?
• sa morphologie : « abrupte », « ouvert », « fermé » (n°1
Figure 66)
On aborde ensuite la reconnaissance des potentialités fonctionnelles
induites par la retouche (Thiébaut 2001) :
- la délinéation des encoches (n°2 Figure 66), elle donne accès
éventuellement à la touche du percuteur utilisé, c’est à dire la
forme du point de percussion,
- la moyenne des mesures « a », « b » et « c » (n°4 Figure 66),
- l’angle du nouveau tranchant obtenu grâce à l’encoche mesuré
entre le négatif d’enlèvement et la surface de plan de frappe avec
le rapporteur utilisé précédemment,
- la distance « d » entre les encoches en mm, mesurée au pied à
coulisse.
- le type de percuteur utilisé : « d » pour dur, « t » pour tendre,
« ? » quand le type ne peut être identifié,
179
Figure 66 : observations et mesures réalisées sur les pièces encochées (tiré de Thiébaut 2001, p. 105, 107, 110).
- L’incidence de la retouche sur le tranchant : « d » pour la
diminution de l’acuité du tranchant, « a » pour son accentuation.
Elle s’observe à l’aide d’un goniomètre, en mesurant l’angle
formé entre la face supérieur et la face inférieur de l’éclat au-
1) Morphologie en section du dos
2) Délinéation des macro-encoches
3) Morphologie en section des tranchants
4) a : étendue de l’encoche, b : profondeur c : ouverture
180
dessus de la retouche ; et entre la retouche et la face de plan de
frappe.
- La morphologie en section du tranchant (n°3 Figure 66) : « le
premier terme employé désignera la morphologie en section de la
face non encochée et le second désignera la morphologie de la
face encochée » Pour vérifier les convexités ou concavités des
faces nous avons suivi la méthode « qui consiste à appliquer le
bord d’une règle sur chacune des deux faces ». (Thiébaut 2001,
p.109)
- Le nombre d’encoches et les mesures effectuées pour chaque
encoche, jusqu’à la 10ème.
C) Comparaison des denticulés des ensembles N et J :
I) Les supports retouchés :
a) Technologie :
Parmi toutes les pièces encochées, des supports produits par méthodes
Discoïde et Levallois ont été identifiés, ainsi que des éclats de ravivage,
fragments d’éclat ou des éclats pour lesquels la méthode de débitage est
indéterminée, des éclats corticaux (n=2) ou des nucleus retouchés (classés
dans « autres ») (Tableau 40).
On observe que les proportions sont quasiment identiques entre les niveaux
de J et l’ensemble N. Il semblerait donc qu’il y ait eu le même type de
gestion des supports pour la production des denticulés dans ces niveaux.
181
Couches Ec. Discoïde Ec. Levallois
Ec. rav. Frag. éclat Autres Total
Jr
Jd
N
N/Jd
Rem
1 (12,5%)
3 (21%)
13 (28%)
1 (12,5%)
1 (2%)
2 (25%)
3 (21%)
11 (23%)
1 (100%)
2 (25%)
4 (29%)
8 (17%)
2 (25%)
4 (29%)
14 (30%)
1 (100%)
8 (100%)
14 (100%)
47 (100%)
1 (100%)
1 (100%)
Total 17 2 17 14 21 71
Tableau 40 : Effectifs et pourcentages des supports des denticulés étudiés sur le site.
b) Le dos :
Au total, 57% des denticulés (en excluant les éclats de ravivage) possèdent
un dos opposé aux encoches (Tableau 41). Ces denticulés à dos sont peu
représentés dans le niveau Jr (17%) mais plus abondant dans les niveaux N
et Jd (respectivement, 73 et 58%).
Couches présent absent
Jr
Jd
N
Rem
1 (17%)
8 (73%)
21 (58%)
5 (83%)
3 (27%)
15 (42%)
1 (100%)
Total 30 (55%) 24 (45%)
Tableau 41 : Effectifs et pourcentages des denticulés possédant un dos (les éclats de ravivage sont exclus).
Ils peuvent avoir plusieurs natures (Tableau 42), dos de cassure, dos de
débitage (dû aux enlèvements précédents), cortex ou talon.
Les dos de débitage sont présents dans des proportions très importantes
dans le niveau Jd, tandis qu’on les retrouve en quantité moindre dans N.
182
nature
Couches cassure naturel débitage talon Total
Jr
Jd
N
1 (100%)
1 (12%)
4 (19%)
1 (12%)
5 (24%)
6 (76%)
4 (19%)
8 (38%)
1
8
21
Total 5 7 10 6 30
Tableau 42 : Effectifs et pourcentages des denticulés en fonction de la nature de leur dos
Enfin, la morphologie des dos varie et donne des indications sur la possible
utilisation de l’outil. Un angle abrupt est plus apte à la préhension que des
angles ouverts ou fermés qui peuvent s’utiliser plus facilement avec un
emmanchement.
Dans tous les niveaux, les dos à angles abrupts sont les plus courants
(Tableau 43).
morphologie
Couches abrupte fermé ouvert total
Jr
Jd
N
1 (100%)
5 (62%)
13 (62%)
2 (25%)
3 (14%)
1 (13%)
5 (24%)
1
8
21
Total 19 5 6 30
Tableau 43 : Effectifs et pourcentages des denticulés en fonction de la morphologie de leur dos.
II) Caractéristiques des encoches :
La percussion directe au percuteur dur a été utilisée pour fabriquer la
plupart des denticulés. La technique de percussion n’a pas été identifiée sur
seulement 3 pièces.
183
a) Type de retouche :
La proportion de retouche abrupte baisse de façon importante entre le
niveau à racloirs Jr et le niveau à denticulés Jd ou N en passant de 50% à
13% et 26% (Tableau 44).
Inclinaison
Couches Abrupte Semi-abrupte Rasante Total
Jr
Jd
N
N/Jd
Rem
4 (50%)
2 (13%)
13 (25%)
1 (100%)
4 (50%)
13 (86%)
37 (71%)
1 (100%)
2 (4%)
8 (100%)
15 (100%)
52 (100%)
1 (100%)
1 (100%)
Total 20 55 2 77
Tableau 44 : Effectifs des denticulés selon l’inclinaison de la retouche (il peut y avoir plusieurs inclinaisons pour une seule pièce).
La proportion de retouche directe et inverse est similaire entre les niveaux
(Tableau 45).
Position
Couches directe inverse alterne Total
Jr
Jd
N
N/Jd
Rem
7 (87%)
11 (79%)
39 (83%)
1 (100%)
1 (100%)
1 (13%)
2 (14%)
7 (15%)
1 (7%)
1 (2%)
8 (100%)
14 (100%)
47 (100%)
1 (100%)
1 (100%)
Total 59 10 2 71
Tableau 45 : effectifs des denticulés selon la position de la retouche
184
La localisation de la retouche est très hétérogène (Tableau 46), néanmoins
on note un pourcentage assez important de retouche distale dans Jd et N,
alors qu’il n’y en a pas en Jr.
localisation
Couches Droite Gauche Proximal Distale Autour Total
Jr
Jd
N
N/Jd
Rem
1 (13%)
5 (33%)
13 (25%)
1 (100%)
3 (37%)
3 (20%)
9 (18%)
3 (37%)
4 (27%)
11 (22%)
1 (100%)
3 (20%)
16 (31%)
1 (13%)
2 (4%)
8 (100%)
15 (100%)
51 (100%)
1 (100%)
1 (100%)
Total 20 15 19 19 3 76
Tableau 46 : effectifs des denticulés en fonction de la localisation de la retouche (il peut y avoir plusieurs localisations pour une seule pièce).
b) La délinéation des encoches :
La délinéation arrondie ouverte est la plus représentée dans tous les
niveaux (Tableau 47), la délinéation en v se retrouve dans tous les niveaux
mais en quantité plus importante (20%) dans l’ensemble N.
Délinéations des encoches
Couches Arrondie ouverte
Arrondie fermée
Arrondie mixte
en V ouverte
en V fermée
en V mixte
Total
Jr
Jd
N
N/Jd
Rem
18 (78%)
47 (84%)
112 (62%)
2 (100%)
2 (4%)
18 (10%)
4 (18%)
4 (7%)
13 (7%)
3 (5%)
22 (12%)
2 (100%)
1 (4%)
11 (6%)
6 (3%)
23 (100%)
56 (100%)
182 (100%)
2 (100%)
2 (100%)
Total 179 20 21 27 12 6 265
Tableau 47 : Effectifs et pourcentages des différentes délinéations des encoches. (il peut y avoir plusieurs type de délinéation pour une seule pièce)
185
Ces délinéations sont liées à la touche du percuteur. Si elle est convexe, la
délinéation des encoches sera plutôt arrondie ; si elle est dièdre, la
délinéation sera plutôt en v.
L’utilisation de percuteurs à touche dièdre comme des arrêtes des nucleus
dans N pourrait expliquer la présence en nombre important de délinéations
en v sur les encoches.
c) Le tranchant :
Les sections de tranchants des denticulés, obtenus après la retouche sont
très hétérogènes sur l’ensemble de la stratigraphie (Tableau 48).
Niveaux
sections Jr Jd N N/Jd Rem Total
cvo-cvexe
cvo-cve
cvo-pl
cvexo-cvexe
cvexo-cve
cvexo-pl
plo-cvexe
plo-cve
plo-pl
ab-cvexe
ab-cve
ab-pl
1 (12,5%)
2 (25%)
1 (12,5%)
1 (12,5%)
1 (12,5%)
1 (12,5%)
1 (12,5%)
5 (36%)
1 (7%)
4 (29%)
2 (14%)
1 (7%)
1 (7%)
2 (4%)
3 (6%)
1 (2%)
6 (12%)
14 (29%)
1 (2%)
2 (4%)
9 (18%)
6 (12%)
1 (2%)
2 (4%)
2 (4%)
1 (100%)
1 (100%)
8
3
2
6
20
2
4
12
7
2
3
3
Total 8 (100%) 14 (100%) 49 (100%) 1 (100%) 1 (100%) 73
Tableau 48 : effectifs et pourcentages des sections de tranchants des denticulés en fonction des niveaux (il peut y avoir plusieurs type de section du tranchant pour une seule pièce).
186
Dans l’ensemble des niveaux des Rochers de Villeneuve, la retouche sur
les denticulés a tendance à diminuer l’acuité du tranchant (Tableau 49).
Incidence de la retouche sur l’acuité du tranchant
Couches Diminution Augmentation Total
Jr
Jd
N
N/Jd
Rem
7 (87%)
13 (93%)
39 (78%)
1 (100%)
1 (100%)
1 (13%)
1 (7%)
11 (22%)
8 (100%)
14 (100%)
50 (100%)
1 (100%)
1 (100%)
Total 61 13 74
Tableau 49 : effectifs et pourcentage de l’incidence de la retouche sur l’acuité du tranchant (l’incidence peut varier sur une seule pièce).
III) Mesures des encoches :
a) Le nombre d’encoches :
Dans cette étude, le nombre d’encoches est compris entre 2 et 10 par
denticulés. On constate (Figure 67) qu’ils portent en général 2 à 3
encoches.
187
Figure 65 : Histogramme présentant le pourcentage de denticulés en fonction du nombre d’encoches.
b) Les angles des encoches :
De la même façon, les angles de retouche ont été divisés en 4 intervalles de
20° chacun (Figure 68). Dans les trois niveaux, les angles les plus
représentés sont situés entre 50 et 90°, correspondant ainsi à une retouche
semi-abrupte à abrupte.
Figure 68 : Histogramme présentant le pourcentage de denticulés en fonction de leurs angles de retouche.
188
c) Mesures sur les encoches :
On constate (Tableau 50) que les moyennes des mesures effectuées sur
chaque encoches des denticulés varient d’un niveau à l’autre.
Les niveaux Jr et Jd possèdent des moyennes et des écarts-types
relativement proches, tandis que l’ensemble N comporte une moyenne et
un écart-type plus fort.
mesures stat niveaux
Jr Jd N
a moyenne 4,71 4,86 6,52écart-type 1,33 2,37 3,58
b moyenne 1,44 1,39 1,92écart-type 0,85 0,83 1,03
c moyenne 6,50 6,03 7,90écart-type 2,59 2,69 4,73
d moyenne 7,13 6,71 9,28écart-type 1,73 2,89 3,92
Tableau 50 : Moyenne et écarts-types des mesures prises sur les encoches dans chaque niveau.
Cet écart-type important pour les denticulés de l’ensemble N se traduit par
une plus grande variabilité.
Les données représentées dans la figure 69 sont les moyennes des mesures
effectuées sur chaque encoche pour un denticulé. Aucune différence
notable ne se dégage dans la stratigraphie à partir de ces mesures, il semble
que les groupes de denticulés Jr et Jd entrent dans la variabilité des
denticulés de N.
189
Figure 6966 : Nuages de points présentants l’étendue de la retouche (a) en fonction de sa profondeur (b), de son ouverture (c) et de la distance entre les encoches (d). (mesures en mm)
La mesure de l’étendue de l’encoche (a) permet de différencier les micro-
encoches ( 5 mm) des macro-encoches (> 5 mm) (Thiébaut 2003b).
Légende : | : niveau Jr x : niveau Jd o : ensemble N, . : Rem
b
a
a
c
d
a
190
Les denticulés à microdenticulations sont des pièces encochées possédant
exclusivement des micro-encoches. Plusieurs pièces possèdent à la fois des
micro et macro-encoches, elles ont été classées dans les denticulés à
denticulations mixtes.
La proportion de denticulés à microdenticulations dans le niveau Jr est
légèrement supérieure à celle des autres niveaux. Néanmoins, le nombre de
pièces présentes est bien trop faible pour pouvoir conclure à une différence
entre les niveaux (Tableau 51).
Couches Denticulés à microdenticulations
Denticulés à denticulations
mixtes
Denticulés à macrodenticulations Total
Jr
Jd
N
N/J dent
Rem
4 (50%)
4 (29%)
10 (21%)
1 (100%)
4 (50%)
8 (57%)
19 (40%)
1 (100%)
2 (14%)
18 (38%)
8 (100%)
14 (100%)
47 (100%)
1 (100%)
1 (100%)
Total 16 48 20 64
Tableau 51 : Effectifs et pourcentages de denticulés à microdenticulations et macrodenticulations au sein des différents niveaux.
D) Résumé des données sur les denticulés et conclusion :
Ce tableau résume toutes les observations réalisées sur les denticulés selon
les niveaux (Tableau 52), il masque néanmoins la variabilité de chaque
niveau.
191
Données Jr Jd N
Effectif
Méthode de débitage
Présence d’un dos
Nature du dos
Morphologie du dos
Retouche
Localisation des encoches
Délinéation des encoches
Section des tranchants
Incidence sur le tranchant
Nombre d’encoches
Angles des encoches
Mesures a,b c,d
Denticulés à microdenticulations
8
Disc. et Lev. (M)
17%
cassure (M)
abrupte (M)
dir., ab. et s-a (M)
gauche, proximale (M)
arr. ouv. (M)
cvexo-cve (M)
dim. de l’acuité (M)
2/pièces (M)
[70-90°[ (M)
variabilité de N
50%
14
Disc. (M)
73%
débitage (M)
abrupte (M)
dir., s-a (M)
droite (M)
arr. ouv. (M)
cvo-cve (M)
dim. de l’acuité (M)
3/pièces (M)
[50-70°[ (M)
variabilité de N
29%
47
Disc. (M)
58%
talon (M)
abrupte (M)
dir., s-a (M)
distale (M)
arr. ouv. (M)
cvexo-cve (M)
dim. de l’acuité (M)
2/pièces (M)
[50-70°[ (M)
21%
Tableau 52 : résumé des observations réalisées sur les denticulés des niveaux Jr, Jd et N. (M= en majorité, Disc.= Discoïde, Lev.= Levallois, dir.= directe, ab.= abrupte, s-a= semi-abrupte, arr. ouv.= arrondie ouverte, cvexo-cve= convexo-concave, cvo-cve= concavo-concave, dim.= diminution)
Sur les 13 critères retenus (en ne comptant pas l’effectif), le niveau Jr est
différent de N 8 fois, Jd seulement 3 fois.
Ainsi, Il semble que les denticulés de Jr se démarquent des denticulés de Jd
et N :
-par leur quasi absence de dos,
-par leur retouche le plus souvent abrupte entre 70 et 90°,
-par le pourcentage important de denticulés à microdenticulations
Cependant, l’échantillon de Jr (n=8) est trop petit pour la réalisation de
tests statistiques tels que le Khi-deux qui permettrait d’affirmer si ces
différences sont significatives ou non.
192
Par ailleurs, certains éléments vont dans le sens d’un rapprochement des
denticulés de Jr avec ceux de N :
-les mesures des encoches entrent dans la variabilité de N,
-chacun de ces deux niveaux comporte un racloir sur face plane à
denticulations réalisé sur un éclat Levallois (Figure 70).
Figure 70 : Racloirs sur face plane à denticulations, issus de N (a) et de Jr (b)
Si des doutes subsistent encore sur l’origine des denticulés du niveau à
racloirs de J, il semble que les denticulés de Jd soient bien à relier à ceux de
l’ensemble N.
193
En effet, on ne constate que quatre différences entre les denticulés de Jd et
N pour la nature du dos, la section du tranchant, la localisation et le nombre
d’encoches par pièce.
Les autres critères observés sur les denticulés sont quasiment identiques,
par ailleurs, les trois remontages entre Jd et N (dont un concernant deux
éclats de ravivage de denticulés) nous confirment que plusieurs denticulés
de Jd proviennent sans doute de l’ensemble N.
194
Conclusion :
A) Bilan des chaînes opératoires des deux ensembles :
Les ensembles J et N des Rochers de Villeneuve présentent une gestion très
proche des matières premières lithiques.
- les silex de Mazerolles et Ponctués sont les plus utilisés.
- le débitage est orienté vers la production de supports courts et épais
(éclats à dos débordant et pointes pseudo-Levallois) qui seront ensuite
retouchés en denticulés.
- le débitage Levallois produit des supports tranchants plus minces et
allongés, parfois retouchés en racloirs.
- ils comportent tous les deux un débitage Levallois et Discoïde sur éclat
orienté vers la production de petits éclats tranchants.
Les différences dans les ensembles se traduisent par :
- une densité bien plus importante de mobilier dans l’ensemble N.
- des pourcentages différents dans les débitages. Le débitage Levallois est
proportionnellement plus important en J qu’en N et inversement pour le
débitage Discoïde.
- une gestion du débitage Levallois tourné vers une production de grands
éclats unipolaires en J et vers des éclats centripètes plus courts en N.
- une typologie plus variée dans l’ensemble J et notamment dans Jr.
- un recyclage de nucleus en percuteur dans l’ensemble N
- la mise en œuvre d’un débitage prismatique différent du Paléolithique
supérieur en N
- la présence d’objets intrusifs attribués au paléolithique supérieur en J
195
B) Discussion sur la fonction du site :
La cavité des Rochers de Villeneuve fait partie des gisements occupés à la
fois par les carnivores et par l’Homme. L’accumulation faunique semble
avoir été réalisée essentiellement par les grands carnivores. Pour savoir si
ce site entre dans la catégorie des gisements à faibles traces anthropiques
(Brugal et Jaubert 1991), où un « charognage actif » serait pratiqué, nous
sommes obligés de nous tourner vers la faune.
D’après les observations de C. Beauval (2005c) les traces de boucherie
repérées sur les ossements sont toujours antérieures au passage des
carnivores. De plus le matériel, avec de nombreux tranchants semble aller
dans le sens de pratiques bouchères sur le site. Il semble donc que
l’hypothèse d’un charognage soit à exclure.
Cette activité de boucherie semble plus localisée dans le niveau à racloirs,
des outils tranchants accompagnent les os à cutmarks. (Figure 71) La
différence de concentration de ces os entre RDV1 etRDV2 est liée à un
problème de conservation différentielle, les surfaces osseuses sont moins
bien conservées à l’extérieur (RDV2).
Enfin, la présence de plusieurs vestiges lithiques et fauniques brûlés
indiquant d’éventuels foyers et l’importance de petits vestiges liés à une
pratique intense de la taille rappellent un campement. La répartition
spatiale des restes brûlés en plan et stratigraphie n’a pas permis de localiser
ce(s) foyer(s).
Seul un indice d’une éventuelle structuration du site a été mis en évidence
dans l’ensemble N. RDV2, la zone extérieure, est plus riche en matériel
196
D
E
F
G
H
I
J
K
RD
V2
proj
ectio
n su
r y
=
2m
RD
V1
proj
ectio
n su
r y
= 8
m
XA
BS
Fig
ure
71 :
Pro
ject
ion
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lois
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ns 14
C :
fém
ur n
éand
erta
lien
à dr
oite
, os
de h
yène
à g
auch
e)
/ /
/ /
/ /
/
| |
| |
|
| | |
14C
197
lithique que RDV1, l’intérieur de la cavité. Le phénomène inverse a été
observé pour la faune (Morin et Beauval 2006). L’extérieur de la cavité
correspondrait ainsi à une zone de rejet des silex, tandis que l’intérieur de
la cavité serait la zone de rejet des restes fauniques.
Ce site pourrait donc correspondre à une halte temporaire, où des
carcasses étaient traitées et le silex taillé en vue de leur utilisation sur place
et leur transport.
C) Une nouvelle archéostratigraphie :
L’étude techno-typologique du matériel lithique des ensembles J et N a
remis en cause l’archéostratigraphie mise en place lors de l’étude de la
première campagne de fouille triennale (Beauval 2005).
Nous avons vu que parmi les objets retouchés se trouvent une majorité de
racloirs et de denticulés.
La répartition spatiale de ces deux types d’outils permet de distinguer deux
niveaux au sein de l’ensemble J :
- Jr : un niveau à racloirs dans la partie sommitale de l’ensemble
- Jd : un niveau à denticulés à la base du même ensemble
Cette séparation de l’ensemble J en deux sous-ensembles se base
uniquement sur des arguments typologiques. Les concepts de débitage
employés semblent être les mêmes, ces niveaux présentant une légère
dominance du débitage Discoïde sur le débitage Levallois. De plus, aucune
198
limite entre ces deux sous-ensembles typologiques n’a pu être observée sur
le terrain.
A partir de ces données, trois hypothèses ont été avancées afin d’expliquer
la présence de deux niveaux dans l’ensemble J. Ainsi, le niveau à
denticulés Jd pourrait correspondre :
1)- à un premier niveau d’occupation caractérisé par le même type de
gestion de la matière première que le niveau Jr (à racloirs), mais avec une
production plus importante de denticulés.
Dans cette hypothèse, Jd représenterait un niveau de transition entre un
Moustérien à denticulés à forte dominante Discoïde (ensemble N) et un
« Moustérien final » avec une typologie plus variée. Cependant, il est
difficile de tester cette hypothèse vu le faible nombre d’outils mis en jeux.
2)- à la partie supérieure de l’ensemble N. La limite entre Jr et Jd
correspondrait alors à la limite entre l’ensemble J et l’ensemble N.
Cependant, cette hypothèse n’explique pas les changements observés entre
le niveau à racloirs de l’ensemble J et l’ensemble N. En effet, on passe d’un
rapport Discoïde/Levallois de 3,5 dans l’ensemble N à 1,5 dans les deux
niveaux de l’ensemble J.
3)- à une injection de matériel provenant de l’ensemble N dans l’ensemble
J par un phénomène naturel tel que la cryoexpulsion. Cette dernière
hypothèse nous semble la plus vraisemblable étant donné qu’un tel
phénomène a été mis en évidence dans les niveaux archéologiques
(Couchoud 2002).
199
Par ailleurs, on constate à travers l’étude techno-typologique que la gestion
des matières premières et les méthodes de débitage mises en œuvre dans les
ensembles N et J sont globalement similaires.
Ces similarités avec les industries de l’ensemble J ne sont guère étonnantes.
En effet, l’étude des denticulés des ensembles N et J a montré la grande
ressemblance entre les denticulés de N et de Jd (le niveau à denticulés de
J).
De plus, quatre remontages incluant des pièces de ces deux niveaux ont été
réalisés. Il apparaît donc de plus en plus probable qu’une partie du matériel
de Jd provienne de l’ensemble N. Ceci expliquerait alors pourquoi la
gestion des matières et les méthodes de débitage mise en œuvre paraissent
identiques entre N et J.
L’hypothèse n°3 apparaît donc la plus probable.
Les denticulés de Jr (le niveau à racloir de J) se démarquent par certains
critères qualitatifs : tels que l’absence de dos, une retouche plus abrupte ou
un fort pourcentage de denticulés à microdenticulations. Hélas, du fait de la
faiblesse des effectifs de l’échantillon (n=7), aucun test statistique n’a été
pu être réalisé pour confirmer ces observations.
D) Perspectives de recherche :
A partir de là, plusieurs questions peuvent se poser :
- Comment étudier le niveau « Moustérien final » Jr, qui semble
relativement peu contaminé par N, quand on sait que, pour l’instant, ses
limites ne sont pas détectables à la fouille ?
200
- Pourquoi les résultats obtenus sur les remontages ou les phénomènes
taphonomiques sont-ils si différents entre le matériel lithique et la faune ?
- La cryoexpulsion (Couchoud 2002), suffit-elle à expliquer la
contamination d’une partie de J par l’ensemble N (et peut-être l’inverse) ?
Et pourquoi le matériel faunique ne semble-t-il pas avoir été touché ?
- D’une façon plus générale, comment se fait-il que la grotte des Rochers de
Villeneuve soit le seul site Moustérien à denticulés de la région, alors
qu’il est entouré d’autres sites moustériens et que des déplacements sur
des dizaines de kilomètres ont été mis en évidence par la gîtologie ?
Des remontages systématiques sur le matériel osseux et lithique des
différents ensembles des Rochers de Villeneuve vont se révéler
indispensables pour mieux comprendre l’archéostratigraphie du site. Ce
travail a déjà été commencé par C. Beauval et E. Morin (2006) sur la faune
et par moi-même (ce rapport) sur le lithique.
L’étude géoarchéologique nous permettra peut-être de mieux comprendre
les différences taphonomiques obtenues entre le silex et la faune.
Les datations par thermoluminescence et OSL ainsi que les résultats de
l’étude de la microfaune nous permettront de mieux fixer dans le temps
l’ensemble J (de préférence le niveau Jr) et N.
Enfin, peut-être que la révision d’anciennes séries lithiques moustériennes
de la Vienne permettra de sortir les Rochers de Villeneuve de son
isolement ?
Ainsi, L. Pradel fait référence à quelques denticulés dans ces travaux sur
les grottes de l’Ermitage et des Cottés (Pradel 1954 et 1961). Les fouilles
de M. Soressi aux Cottés cet été 2006, nous en apprendront peut-être plus
sur les denticulés de la Vienne ?
201
Je laisserai le mot de la fin à C. Thiébaut :
« Si de nombreuses incertitudes demeurent, elles sont inhérentes à notre
discipline et ne font qu’accroître son intérêt. » (Thiébaut 2005b, p. 592)
202
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Table des illustrations :
Figures : Figure 1 : Vue de l’entrée de la cavité lors de la campagne de fouille 2006
............................................................................................................... 11 Figure 2 : Localisation du site et des principaux gisements paléolithiques
dans un rayon de 15 Km (extrait de Beauval 2005a, p.11). .................. 12 Figure 3 : Secteurs fouillés (extrait de Beauval 2005b, p.19). ................... 14 Figure 4 : Ensembles sédimentaires reconnus en 2003 à partir de la coupe
G. (extrait de Lenoble et Beauval 2005, p.32) ...................................... 15 Figure 5 : Coupes Est-Ouest et Nord-Sud du site présentant les raccords
effectués à partir de la faune. (extrait de Beauval 2005e, p.59) ............ 18 Figure 6 : Interprétation paléoenvironnementale des communautés
animales. (Extrait de Beauval 2005c p.147) ......................................... 20 Figure 7 : Mesures effectuées sur un éclat de débitage ............................. 38 Figure 8 : Vocabulaire spécifique à un éclat de débitage (extrait d’Inizan et
al. 1995, p.33). ....................................................................................... 39 Figure 9 : Territoires d’exploitation des matières premières des
préhistoriques des Rochers de Villeneuve (d’après Primault 2003). .... 46 Figure 10 : Débitage Levallois récurrent unipolaire et bipolaire du site de
Biache-Saint-Vaast(59). (extrait de Boëda 1994, p.259) ...................... 52 Figure 11 : Propriétés techniques structurant les conceptions Discoïdes et
Levallois. (extrait de Boëda 1994, p.267) ............................................. 53 Figure 12 : Illustration théorique de l’implication de l’axe de percussion
répondant à trois objectif distincts (extrait de Slimak 2003, p.42) ....... 55 Figure 13 : Débitage de lames selon la technique du nucleus à crête.
(extrait de Piel-Desruisseaux 2002 d’après Bordes et Tixier) .............. 58
220
Figure 14 : Nucleus prismatique à éclats allongés du Pech de l’Azé I,
dessins J.-G. Marcillaud, tiré de Soressi 2002, p. 181. ......................... 60 Figure 15 : Morphologie des enlèvements (extrait de Bordes 1961,
Figure2, p.20) ........................................................................................ 61 Figure 16 : Différents types d’enlèvements naturels. D’après Prost 1989 62 Figure 17 : Projections en coupes Nord-Sud et Est-Ouest des remontages
des artéfacts lithiques des Rochers de Villeneuve : l’ensemble J est en noir, N est en gris. .................................................................................. 63
Figure 18 : Lame Levallois unipolaire du niveau J.................................... 66 Figure 19 : Distribution du matériel lithique de l’ensemble J en fonction de
sa longueur. ............................................................................................ 68 Figure 20 : Nombre de pièces selon leurs origines des éléments
coordonnés et de plus de 25 mm du niveau J. ....................................... 69 Figure 21 : Racloir convergent convexe sur éclat Levallois cortical. (dessin
S. Pasty) ................................................................................................. 73 Figure 22 : Schéma diacritique d’un nucleus Levallois à éclat préférentiel
............................................................................................................... 77 Figure 23 : Schémas diacritiques d’éclats Levallois récurrents centripètes
............................................................................................................... 78 Figure 24 : Schémas diacritiques de nucleus Levallois unipolaires. ......... 79 Figure 25 : Schémas diacritiques d’éclats Levallois unipolaires. .............. 80 Figure 26 : Schémas diacritiques d’éclats Levallois et d’un éclat Levallois
débordant, bipolaires. ............................................................................ 82 Figure 27 : Répartition des éclats Levallois en fonction de leur longueur
(en cm). .................................................................................................. 83
221
Figure 28 : Schémas diacritiques de deux nucleus Discoïdes, d’un éclat à dos débordant en silex « ponctué », d’un éclat à crête transversale en silex ponctué, d’une pointe pseudo-Levallois en silex de ponctué et d’un éclat centripète long en silex de Mazerolles. ................................ 86
Figure 29 : Schémas diacritiques d’un nucleus sur éclat unipolaire, d’une
pointe pseudo-Levallois sur éclat Kombewa et d’un éclat Kombewa à 2 bulbes. .................................................................................................... 89
Figure 30 : Schémas diacritiques d’un couteau à dos enveloppant (a) et
d’un nucleus globuleux (b) correspondant à un mode de production « en tranche de saucisson » ........................................................................... 89
Figure 31 : Schémas diacritiques d’un nucleus prismatique bipolaire à
lames (a) et de deux lames (b et c). ....................................................... 91 Figure 32 : Projections en coupes Nord-Sud et Est-Ouest du matériel
lithique des Rochers de Villeneuve.. ..................................................... 96 Figure 33 : Nombre d’éclats de refus de tamis par tranche de profondeur
de 5 cm dans le sous-carré E5-S3. ......................................................... 97 Figure 34 : Nombre d’éclats de refus de tamis par tranche de profondeur
de 5cm dans le sous-carré J8-S4. ........................................................... 98 Figure 35 : Schéma diacritique d’un éclat de ravivage de denticulé en silex
de Mazerolles avec accident de Siret. ................................................... 99 Figure 36 : Résumé de la chaîne opératoire du silex dans l’ensemble J. . 100 Figure 37 : Diagramme circulaire présentant le pourcentage de chacun des
groupes. (Turq 1979) ........................................................................... 102 Figure 38 : Quelques outils de l’ensemble J, Dessins G. Asselin ............ 104 Figure 39 : Projection en coupe Nord-Sud du matériel lithique des Rochers
de Villeneuve. ...................................................................................... 106 Figure 40 : Denticulé du Niveau N .......................................................... 110
222
Figure 41 : Distribution du matériel lithique de l’ensemble N en fonction de sa longueur. ..................................................................................... 113
Figure 42 : Graphique des pourcentages selon leurs origines des
différentes matières premières des éléments coordonnés et de plus de 25 mm de l’ensemble N. ........................................................................... 114
Figure 43 : Photographies de percuteurs .................................................. 117 Figure 44 : Dessins de produits du débitage Discoïde . ........................... 124 Figure 45 : Dessins de nucleus Discoïdes bifaciaux. ............................... 125 Figure 46 : Dessins de nucleus Discoïdes bifaciaux. ............................... 126 Figure 47 : Pièces attribuées au débitage Levallois . ............................... 129 Figure 48 : Distribution des éclats Levallois ou Discoïdes complets en
fonction de L/a et L/é. ......................................................................... 132 Figure 49 : Distribution des éclats Levallois ou Discoïdes complets en
fonction de L/l et L/ép. ........................................................................ 133 Figure 50 : Dessins de pièces se rattachant à un débitage prismatique : a :
nucleus unipolaire, b : éclat long bipolaire.......................................... 135 Figure 51 : Pièces appartenant au débitage sur éclat .............................. 138 Figure 52 : Diagramme circulaire présentant le pourcentage de chacun des
groupes (Turq 1979) dans les ensembles J et N. ................................. 142 Figure 53 : Pièces retouchées . ................................................................. 143 Figure 54 : Bilan de la chaîne opératoire de l’ensemble N ...................... 149 Figure 55 : Projection en coupe Nord-Sud des matières premières rares des
Rochers de Villeneuve. ........................................................................ 150 Figure 56 : Projection en coupes Nord-Sud des éléments se rattachant au
débitage Discoïde et Levallois des Rochers de Villeneuve. ............... 152
223
Figure 57 : Projection en coupes Nord-Sud des éléments se rattachant au débitage Kombewa et prismatique des Rochers de Villeneuve. ......... 153
Figure 58 : Effectifs des refus de tamis en fonction de l’altitude dans les
carrés E5-S3 et J8-S1. .......................................................................... 154 Figure 59 : Projection en coupes Nord-Sud des éléments brûlés des
Rochers de Villeneuve. ........................................................................ 157 Figure 60 : Projection en plan et en coupe Nord-Sud du matériel
concrétionné des Rochers de Villeneuve............................................. 159 Figure 61 : Projection en plan et en coupe Nord-Sud des dépôts de
manganèse sur le matériel lithique des Rochers de Villeneuve. ......... 161 Figure 62 : Projection en plan et en coupe Nord-Sud des différents degrés
de patine touchant les pièces. .............................................................. 163 Figure 63 : dessins de denticulés provenant de N. ................................... 165 Figure 64 : Répartition géographique des industries du Moustérien à
denticulés en France et en Espagne. (d’après Thiébaut 2005b) .......... 173 Figure 65 : Position chronologique des industries du Moustérien à
denticulés ; d’après Jaubert 1999, modifié. (tiré de Thiébaut 2005b, p. 590) ...................................................................................................... 174
Figure 66 : observations et mesures réalisées sur les pièces encochées (tiré
de Thiébaut 2001, p. 105, 107, 110). ................................................... 179 Figure 67 : Histogramme présentant le pourcentage de denticulés en
fonction du nombre d’encoches. ......................................................... 187 Figure 68 : Histogramme présentant le pourcentage de denticulés en
fonction de leurs angles de retouche. .................................................. 187 Figure 69 : Nuages de points présentants l’étendue de la retouche (a) en
fonction de sa profondeur (b), de son ouverture (c) et de la distance entre les encoches (d). (mesures en mm) ............................................ 189
224
Figure 70 : Racloirs sur face plane à denticulations, issus de N (a) et de Jr (b) ......................................................................................................... 192
Figure 71 : Projection en coupe Nord-Sud du matériel lithique des Rochers
de Villeneuve. ...................................................................................... 196 Tableaux : Tableau 1 : Nombre d’os coordonnés présentant des encoches (enc.), des
stries de boucherie et des traces de brûlure par taxon et ensemble archéologique. (d’après Beauval 2005 c) .............................................. 22
Tableau 2 : Base de données des éléments coordonnés et de plus de 25mm, exemple de deux pièces : le racloir Figure 9 et un denticulé du niveau N. ........................................................................................................... 36
Tableau 3 : Base de données pour les refus de tamis, exemple de la passée de décapage :150-155 du carré E5-S1. .................................................. 43
Tableau 4 : Effectifs du corpus du niveau J. .............................................. 67
Tableau 5 : Nombres, masses et pourcentages des différentes matières premières des éléments coordonnés et de plus de 25 mm du niveau J. 69
Tableau 6 : Nombres d’éclats coordonnés ou de plus de 25mm présentant du cortex sur plus de la moitié de leur face supérieure corticale, selon les matières premières. .......................................................................... 71
Tableau 7 : Nombre et pourcentage d’éléments coordonnés et de plus de 25mm auxquels une technique de débitage a été attribuée. .................. 75
Tableau 8 : Différents éléments Levallois coordonnés et de plus de 25mm de l’ensemble J. ..................................................................................... 76
Tableau 9 : Eclats Levallois en fonction de leurs longueurs et de leurs méthodes de production. ........................................................................ 83
Tableau 10 : Eclats et lames Levallois complets selon leurs longueurs et les matières premières utilisées. ............................................................ 84
Tableau 11 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage Discoïde en fonction de la matière première. ......................... 85
225
Tableau 12 : Effectifs des éléments de débitage sur éclat selon la matière première. ................................................................................................ 88
Tableau 13 : Objets retouchés en fonction de la matière première. .......... 92
Tableau 14 : Différents objets retouchés en fonction de la méthode de débitage employée pour réaliser les supports. ....................................... 93
Tableau 15 : Différentes caractéristiques des retouches, selon l’objet réalisé.. ................................................................................................... 94
Tableau 16 : Groupes de A. Turq (1979) dans la liste-type de F. Bordes (1961). .................................................................................................. 103
Tableau 17 : Inventaire du matériel de l’ensemble N. ............................. 111
Tableau 18 : Inventaire du matériel déterminé. ....................................... 112
Tableau 19 : Nombres et pourcentages des différentes matières premières des éléments coordonnés et de plus de 25mm, et des refus de tamis inférieur à 25 mm (rdt) des Rochers de Villeneuve. ........................... 114
Tableau 20 : Pourcentages des matières premières par ensembles sans les indéterminés......................................................................................... 115
Tableau 21 : Nombres d’éclats coordonnés et de plus de 25mm présentant du cortex sur plus de la moitié de leur face supérieure corticale, selon les matières premières dans l’ensemble N. ......................................... 119
Tableau 22 : Nombres d’éléments issus des refus de tamis présentant du cortex, selon les matières premières. ................................................... 121
Tableau 23 : Nombre et pourcentage d’éléments coordonnés et de plus de 25 mm auxquels une technique de débitage a été attribuée. ............... 122
Tableau 24 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage Discoïde en fonction de la matière première. ....................... 123
Tableau 25 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage Levallois en fonction de la matière première (G-P versic : Grand-Pressigny versicolore). ............................................................. 128
Tableau 26 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage prismatique. ........................................................................... 134
226
Tableau 27 : Effectifs et pourcentages des éléments appartenant au débitage sur éclat. ................................................................................ 136
Tableau 28 : Effectifs et pourcentages des différents talons facettés en fonction de la méthode de débitage utilisée. ....................................... 139
Tableau 29 : Effectifs et pourcentages des talons facettés et des éclats de facettage en fonction des matières premières. ..................................... 140
Tableau 30 : Outils de l’ensemble N des Rochers de Villeneuve classés selon la liste typologique de F. Bordes et les groupes d’A. Turq. ...... 142
Tableau 31 : Objets retouchés des Rochers de Villeneuve en fonction de la matière première. ................................................................................. 144
Tableau 32 : Décompte des négatifs de retouche, éclats de retouche et éclats de ravivage. ............................................................................... 145
Tableau 33 : Objets retouchés en fonction de la méthode de débitage employée pour réaliser les supports. ................................................... 146
Tableau 34 : Objets retouchés sur support provenant d’un débitage Discoïde. .............................................................................................. 147
Tableau 35 : Concentration en pièces par m3 des refus de tamis selon la zone et l’ensemble considéré. .............................................................. 155
Tableau 36 : Proportion de silex et d’os se trouvant à l’intérieur et à l’extérieur de la grotte des Rochers de Villeneuve. (D’après Morin et Beauval 2006, p. 36) ............................................................................ 156
Tableau 37 : Effectifs et pourcentages des degrés de patine touchant les pièces des ensembles N et J. ................................................................ 162
Tableau 38 : Groupes au sein du Moustérien à denticulés, d’après C. Thiébaut 2005b. ................................................................................... 171
Tableau 39 : Base de données pour l’étude des denticulés...................... 177
Tableau 40 : Effectifs et pourcentages des supports des denticulés étudiés sur le site. ............................................................................................. 181
Tableau 41 : Effectifs et pourcentages des denticulés possédant un dos 181
Tableau 42 : Effectifs et pourcentages des denticulés en fonction de la nature de leur dos ................................................................................. 182
227
Tableau 43 : Effectifs et pourcentages des denticulés en fonction de la morphologie de leur dos. ..................................................................... 182
Tableau 44 : Effectifs des denticulés selon l’inclinaison de la retouche. 183
Tableau 45 : Effectifs des denticulés selon la position de la retouche .... 183
Tableau 46 : Effectifs des denticulés en fonction de la localisation de la retouche. .............................................................................................. 184
Tableau 47 : Effectifs et pourcentages des différentes délinéations des encoches. .............................................................................................. 184
Tableau 48 : Effectifs et pourcentages des sections de tranchants des denticulés en fonction des niveaux. ..................................................... 185
Tableau 49 : Effectifs et pourcentage de l’incidence de la retouche sur l’acuité du tranchant. ........................................................................... 186
Tableau 50 : Moyenne et écarts-types des mesures prises sur les encoches dans chaque niveau.. ............................................................................ 188
Tableau 51 : Effectifs et pourcentages de denticulés à microdenticulations et macrodenticulations au sein des différents niveaux. ....................... 190
Tableau 52 : Résumé des observations réalisées sur les denticulés des niveaux Jr, Jd et N. .............................................................................. 191
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