18.03.2018 20:00 Grand Auditorium Dimanche / Sonntag ... · 18.03.2018 20:00 Grand Auditorium ... Veloso et Gilberto Gil, ... Mais il s’agit aussi pour Gil d’affirmer la présence

«Trinca de Ases»

Gilberto Gil guitar, vocalsGal Costa vocals Nando Reis guitar, vocals Magno Brito bass Kainã drums, percussion

~90’ sans pause / ohne Pause / without intermission

18.03.2018 20:00Grand Auditorium

Dimanche / Sonntag / SundayAutour du monde

Trinca de Ases – Gilberto Gil, Gal Costa, Nando Reisphoto: Daryan Dornelles

Le monde musical de Gilberto GilAnaïs Fléchet

« Je savais que la musique serait ma langue et que je découvrirais le monde avec elle. ». Avec 60 ans de carrière, 65 disques, 8 Grammy Awards et des concerts sous toutes les latitudes, Gilberto Gil – celui que les Brésiliens appellent Gil tout simplement – est aujourd’hui une icône en son pays et un ambassadeur de la musique brésilienne dans le monde. L’itinéraire de cet artiste aux multiples talents, guitariste et chanteur, auteur de certains des plus grands succès de la Música popular brasileira (MPB) (« Aquele abraço », « Expresso 2222 », « Realce », « Refazenda », « Toda Menina Baiana »…) et ministre de la Culture du premier gouvernement Lula, embrasse la diversité des styles musicaux tout autant que les méandres de l’histoire politique récente de l’Amérique latine.

Luiz Gonzaga, João Gilberto et les BeatlesGilberto Passos Gil Moreira est né à Bahia en 1942 dans une famille de la classe moyenne – son père était médecin, sa mère institutrice. Il passe son enfance à Ituaçu, une petite ville de l’inté-rieur de l’État, avant de rejoindre Salvador pour poursuivre des études secondaires et universitaires. C’est à cette époque qu’il découvre la musique de Luiz Gonzaga, le grand maître du baião et des rythmes du Nordeste brésilien. À son exemple, Gil apprend à jouer de l’accordéon et fait ses débuts sur scène avec le groupe Os Desafinados (Les désaccordés) dans les fêtes d’anniversaire, les écoles et les clubs de Salvador. Comme pour beaucoup de musiciens de sa génération, la bossa nova est une révélation à la fin des années 1950. Impressionné par la technique et la sensibilité musicale de João Gilberto, Gil abandonne l’accordéon pour la guitare. En 1963, il enregistre son premier album à l’initiative du

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producteur Roberto Santana, qui lui présente la jeune génération musicale de Bahia : Caetano Veloso, Maria Bethânia, Tom Zé et Gal Costa, qu’il retrouve aujourd’hui, au terme d’une longue amitié artistique, au côté du rocker Nando Reis.

Gil part ensuite pour São Paulo, où il travaille pendant un an chez Unilever, avant de se consacrer exclusivement à la musique. L’année 1967 est celle des premiers succès : « Louvação », son premier disque 33 tours, sort chez Philips et sa chanson « Domingo no parque » est primée lors du Festival de la Musique Populaire Brésilienne. Revendiquant l’influence des Beatles, ce « manifeste pop » mêle des guitares électriques et un berimbau, cet arc musical traditionnel qui accompagne à Bahia les rondes de capoeira.

Dès cette époque, Gil défend, avec son complice Caetano Veloso, une esthétique du métissage ouverte sur le monde : un « son universel », puisant indifféremment dans la musique pop anglo-saxonne, les sambas de Carmen Miranda ou les rythmes du Nordeste. De cette volonté de moderniser la musique brésilienne naît en 1968 le mouvement Tropicália qui réunit, derrière Caetano Veloso et Gilberto Gil, des chanteurs venus de Bahia, les musiciens du groupe rock Os Mutantes, les poètes Capinam et Torquato Neto, Nara Leão, la muse de la bossa nova, ainsi que le compositeur Rogério Duprat, un élève de Stockhausen. Explosion de liberté créatrice, le disque collectif « Tropicália. Panis et Circensis » consti-tue un jalon essentiel dans l’histoire de la musique brésilienne.

Un musicien en exilL’aventure tropicaliste est toutefois de courte durée. La dictature militaire, instaurée par le coup d’État de 1964, connaît un durcis-sement sans précédent avec l’adoption de l’Acte institutionnel N° 5 en décembre 1968. Suppression de l’habeas corpus, renforcement de la censure, emprisonnement des opposants politiques, usage de la torture : la répression n’épargne pas les milieux culturels. Gil et Caetano sont arrêtés pour avoir porté atteinte au drapeau brési-lien dans l’un de leur spectacle dont le décor reprend l’œuvre du plasticien Hélio Oiticica, Seja marginal, seja heroi (« Sois marginal, sois un héros »). Après deux mois dans les prisons militaires, ils

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Gilberto Gilphoto: Jorge Bispo

sont bannis du territoire national en février 1969. Commencent alors de longues années d’exil en Europe : débarqués au Portugal, Gil et Caetano passent une courte période en France avant de s’installer à Londres, où ils résident jusqu’en 1972.

À Londres, Gil fréquente la scène pop et travaille son jeu de guitare pour égaler le niveau des instrumentistes qu’il trouve bien supérieur au sien. Mais l’exil est aussi un temps de création. Début 1971, Gil enregistre un album entièrement en anglais dans les studios Chappell. À la fin de l’année, il retrouve Gal Costa pour un live au Student Center : un double album qui sortira finalement au Brésil en 2014. Gil se produit aussi en Europe – au Festival de l’île de Wight, en France, en Suisse, en Allemagne, en Suède, etc. – et à New York.

Durant ces années d’exil, il interroge ses racines afro-brésiliennes au contact d’activistes américains et des mouvements de libération africains. Les discriminations raciales, dont il affirmait n’avoir jamais souffert au Brésil en raison de son origine sociale aisée, lui sautent désormais aux yeux et cette « conscience noire » le conduit vers de nouveaux univers musicaux. Vers le reggae tout d’abord, qu’il découvre en Angleterre et qu’il contribue ensuite à diffuser au Brésil. En 1979, alors que le régime militaire donne ses premiers signes d’affaiblissement, il enregistre une version de « No Woman, No Cry » en portugais. Cet hommage à Bob Marley est aussi l’oc-casion de revenir sur la situation politique du pays.

Good friends we haveOh good friends we’ve lostAlong the way…devient ainsi

Amigos presosAmigos sumindo assimPra nunca mais…

Littéralement « Des amis prisonniers, Des amis disparus ainsi, Pour toujours » : une allusion directe aux crimes de la dictature.

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Black RioC’est également à Londres que Gil développe une nouvelle approche des rythmes afro-brésiliens : de retour à Salvador en 1972, alors que le pays vit encore sous la chape de plomb imposée par les militaires, il assiste pour la première fois à une cérémonie de candomblé et se lie aux groupes afros du carnaval de Bahia. Le culte des orixas et les rythmes du carnaval hantent les albums de cette période, comme « Cidade do Salvador » ou « Gil Jorge Ogum Xango », enregistré en duo avec Jorge Ben Jor. En 1977, Gil découvre l’Afrique en participant à la deuxième édition du Festival Mondial des Arts Nègres organisée à Lagos. À son retour, il enregistre « Refavela », un album militant qui mêle les sonorités de l’Atlantique noir : « Samba do avião », une bossa nova de Tom Jobim reprise sur une rythmique funk ; « Ilê Ayé », un chant afro du carnaval de Salvador de Bahia ; le reggae « No Norte da saudade » et « Balafon », un hommage à la musique juju nigériane. D’un titre à l’autre, la voix et la guitare du Brésilien dessinent les contours du « cosmopolitisme moderne » qu’il appelle de ses vœux, où se croisent les rythmes africains et les musiques de la diaspora – en Amérique du Sud, dans les Caraïbes, aux États-Unis.

Au Brésil, Gil se heurte toutefois à l’hostilité constante des mili-taires : en 1973, son micro est coupé lors d’un concert à São Paulo alors qu’il chante « Cálice » en duo avec Chico Buarque. Un morceau lent dont les paroles jouent sur l’homophonie entre cálice (le calice) et cale-se (tais-toi), justement pour dénoncer la censure. Trois ans plus tard, Gil est emprisonné à Florianópolis, lors de la tournée des Doces Bárbaros (Les Doux Barbares), le groupe qu’il a formé avec Caetano Veloso, Maria Bethânia et Gal Costa en pleine vague hippie. Condamné pour usage de cannabis, il est interné une quinzaine de jours dans un hôpital psychiatrique de la région.

Musicien et ambassadeur du BrésilAprès cette période de tensions, les années 1980 marquent le retour à la démocratie au Brésil et le développement de la carrière inter-nationale du musicien. En 1978, il enregistre un double album live au Festival de Montreux. L’année suivante, Warner lance son

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premier disque américain, « Nightingale ». En Californie, il enregistre « Realce », album marqué par l’influence de la musique pop-rock californienne, notamment des artistes comme Stevie Wonder, Nathan East et Abe Laboriel qu’il a rencontrés à l’occasion de la sortie de « Nightingale ».

Gil s’affirme alors comme un passeur culturel de premier plan : entre le Brésil, l’Europe et l’Afrique, mais aussi à l’échelle du conti-nent américain. Il multiplie les tournées et s’impose sur le marché international avec « Gilberto Gil Unplugged » (une double produc-tion Warner et MTV). En 1998, il obtient son premier Grammy Award pour « Quanta livre », sacré meilleur album de world music de l’année. Il répète cette performance en 2001 pour « Gil et Milton » et en 2005 pour « Eletracústico ». Depuis la création des Latin Grammy Awards en 2000, il a également obtenu plusieurs prix dans la catégorie musique brésilienne.

Parallèlement à son activité musicale, Gil s’engage en politique : élu au conseil municipal de Salvador en 1989, il adhère au Parti Vert brésilien en 1990. En 2003, il est nommé ministre de la Culture par le président Lula qui accède tout juste au pouvoir. Son action est marquée par de nombreux projets innovants comme la mise en place des pontos de cultura, petits centres culturels destinés à démocratiser l’accès aux cultures digitales, ou la réflexion sur la propriété intellectuelle et les licences Creative Commons. Mais il s’agit aussi pour Gil d’affirmer la présence de la culture brésilienne sur la scène internationale, quitte à utiliser pour cela la notoriété acquise sur les scènes musicales.

Tout au long de ces années, le musicien-ministre continue à se produire en public et dans des manifestations officielles. En 2003, il chante au siège new-yorkais de l’ONU en hommage aux victimes de l’attaque du bâtiment des Nations Unies à Bagdad. Il interprète seize morceaux en portugais, espagnol, français, anglais, dont « Imagine » de John Lennon, avant d’appeler le secrétaire général Kofi Annan qui, à la grande surprise de l’assemblée, le rejoint sur scène pour l’accompagner à la percussion. Cette image à haute teneur symbolique fait écho à la conviction, partagée par les deux hommes, que la musique peut être facteur de rapprochement et de réconciliation.12

Cet idéal sert également de trame au film documentaire Viramundo. Un voyage musical avec Gilberto Gil, réalisé en 2013 par Pierre-Yves Borgeaud. La caméra suit le périple du musicien depuis Salvador de Bahia, sa ville natale, jusqu’aux terres arides du nord de l’Australie, où il improvise avec un groupe d’aborigènes, avant de rejoindre Johannesburg et Vusi Mahlasela, la grande voix de la chanson engagée sud-africaine. À travers ces rencontres, comme dans les collaborations avec le Jamaïcain Jimmy Cliff ou, plus récemment, la Béninoise Angélique Kidjo, Gilberto Gil propose une version personnelle des musiques du monde, vues du Brésil. Un éloge des métissages sonores qu’il défend encore aujourd’hui, aux côtés de Gal Costa et de Nando Reis, l’ancien bassiste du groupe rock Titãs, dans le spectacle « Trinca de Ases ». Entre succès et compositions inédites, ce « trio d’as » nous invite à redécouvrir les mondes musicaux de Gilberto Gil, musicien et ambassadeur du Brésil.

Toutes les citations sont extraites d’entretiens donnés par Gilberto Gil depuis les années 1960, repris dans Sergio Cohn et Federico Coehlo (org.), Encontros. Tropicália, Rio de Janeiro, Azougue, 2007 ; Sérgio Cohn (org.), Encontros. Gilberto Gil, Rio de Janeiro, Azougue, 2008 ; et sur le site officiel du musicien : www.gilbertogil.com.br

Anaïs Fléchet est historienne, maître de conférences à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines et membre de l’Institut Universitaire de France. Elle a notamment publié Littératures et musiques dans la mondialisation (Publications de la Sorbonne, 2015) et Si tu vas à Rio. La musique populaire brésilienne en France (Armand Colin, 2013).

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Simeonstr. 60, neben der Porta Nigra | 54290 TrierFon | +49 (0)651 718-1459 | www.museum-trier.deDienstag bis Sonntag 10–17 Uhr5. Mai bis 21. Oktober 2018: Dienstag bis Sonntag 10–18 Uhr

im Stadtmuseum Simeonstift Trier

Gilberto GilRalf Dombrowski

Musik ist Elixier. Sie ist eine Grundlage der menschlichen Ein-zigartigkeit und das verstand bereits der kleine Gilberto Passos Gil Moreira. Er war noch keine drei Jahre alt, da offenbarte er seiner Mutter, er werde entweder Musiker oder Präsident. Beide Versprechen hat er – eines davon vollständig, das andere wenigs-tens teilweise – eingehalten. Er hatte auch eine vergleichsweise gute Ausgangsposition für die verschiedenen Experimente seines künstlerischen Lebens. Geboren 1942 in Salvador, verbrachte er einen Großteil seiner Kindheit in Ituaçu, einer Kleinstadt auf dem Lande von Bahia, wo man von der Hektik der Industrie- und Hafenstadt im nordöstlichen Brasilien nicht viel spürte. Gils Vater war Arzt, seine Mutter Grundschullehrerin, die die Ambitionen des Knaben ernst nahm und unterstützte. Frühe musikalische Erfahrungen brachten ihn mit den Spielarten des regionalen Forró zusammen und als er nach dem Ende seiner Grundschulzeit nach Salvador zurückkehrte, ließ er sich von den vielen Straßenmusikern der Stadt begeistern. Gil lernte etwas Schlagzeug und Trompete, seine Mutter kaufte ihm ein Akkordeon und schickte ihn in eine Musikschule, wo er mit klassischen Klängen gefüttert wurde.

Das war gut als Ausgangsbasis, aber nicht das, was den Teenager wirklich interessierte. Er hörte vielmehr dem Sänger und Akkor-deonisten Luiz Gonzaga zu, transkribierte dessen Stücke und ließ sich von einer Klangwelt mitreißen, die auf der Basis der afrobra-silianischen Tradition ihre eigenen Ideen entwickelte. «Ich habe viele Väter und Stiefväter,» erzählte Gilberto Gil vor drei Jahren der österreichischen Tageszeitung Der Standard. «Luiz Gonzaga,

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Gilberto Gilphoto: João Wainer

Dorival Caymmi, João Gilberto, Bob Marley, Jimi Hendrix, die Beatles. Ihre Lektionen haben mich als Interpreten, Komponisten und als musi-kalischen Denker beeinflusst. Ich habe aus vielen Quellen getrunken und sehe mich als Vertreter all dieser Strömungen. Mit dem Älterwerden kommt eine Musikalität, die sich auf das Wesentliche konzentriert. Die Bossa Nova gehört zum Wichtigsten, das in meinem Leben passiert ist». Bis es dazu kam, gingen allerdings ein paar Jahre ins Land.

Bossa Nova und TropicáliaAnfang der Sechziger rumorte es in der brasilianischen Musik-welt. Es war etwas im Entstehen, ohne noch wirklich konkret zu sein. Man hörte vieles, was aus Europa und Nordamerika in die Radiokanäle schwappte, Rock’n’Roll, Rhythm & Blues, aber auch diese unglaublich coole Musik, die die Cats des Cool Jazz präsentierten. Neben internationalen Stars machten sich im eige-nen Land junge und auch erfahrenere Musiker wie Luiz Bonfá, Baden Powell, Antonio Carlos Jobim oder João Gilberto an die Arbeit, aus diesen neuen, spannenden Einflüssen eigene Schlüsse zu ziehen. Noch in Salvador probierte auch Gilberto Gil sein Glück in einer Combo namens Os Desafinados, spielte Akkor-deon, Vibrafon, übernahm Gesangpassagen und wechselte unter dem Eindruck von João Gilberto zur Gitarre. Als er dann 1963 an der Universität in Bahia den ebenfalls musikfanatischen Caetano Veloso traf, dauerte es nicht lange, bis sich um die beiden Studenten ein Kreis zusammen mit Maria Bethânia, Gal Costa und dem etwas schrulligen Tom Zé bildete, der die Klang-welt der Zeit verändern wollte.

Eine genaue Vorstellung, wie es klingen sollte, hatten die Betei-ligten nicht. Aber sie experimentierten mit elektrischen Instru-menten, Sounds und Stilanleihen, die das brasilianische Idiom aus fortgeschrittener Folklore und der ebenfalls heranwachsen-den Bossa Nova um neue Sound- und Gestaltungselemente bereicherte.

Als 1968 das Album «Tropicália. Panis et Circenses» erschien, bekam diese Bewegung der studentischen Innovation ihren Namen. Gil hatte währenddessen zunächst als Bananenverkäufer

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im Supermarkt, Jinglekomponist und Auftragsmusiker gearbeitet und nach seinem Umzug nach São Paulo 1965 seinen ersten Hit «Louvaçao» gelandet, den die Sängerin Elis Regina für ihn bekannt machte. Spätestens mit der «Tropicália»-Platte gehörte er mit zur Peer Group der heimischen Musikwelt. Das machte ihn aber in den Augen der an die Macht geputschten Militärs ver-dächtig. Denn der Tropicália-Kreis orientierte sich offen an Nordamerika, an internationalem, freiheitlichem Gedankengut und hatte auch ein paar Hippie-Flausen im Kopf. Keine Hal-tung, die den Diktatoren behagte. Gil und Veloso wurden 1969 verhaftet, mussten drei Monate ohne Anklage im Gefängnis und noch einmal weitere Wochen unter Hausarrest ausharren, bis sie schließlich mit der Auflage freigelassen wurden, ins Exil zu gehen. Gil zog über Umwege nach London, hatte während des Arrestes mit Meditation, Makrobiotik und fernöstlicher Philoso-phie experimentiert und war somit reif, wieder andere Einflüsse aufzunehmen und zu verarbeiten.

Europa, Afrika, BrasilienInzwischen hatte die internationale Popmusik Riesensprünge gemacht. Die Beatles, Woodstock, Jimi Hendrix, der frühe Artrock von Pink Floyd, überall war Veränderung zu spüren. Gil war neben solchen Größen vor allem fasziniert von Bob Marley, der mit einer spirituell bedröhnten Popmixtur sich zum ersten wirklichen Star der Weltmusik aufschwang. Er hörte außerdem Jimmy Cliff und Burning Spear, aber auch den elektrischen Miles Davis und den galaktischen Sun Ra. Erste eigene Platten wie «Gilberto Gil» (1969–1971) oder «Expresso 2222» (1972) erschienen, bald hielt es ihn nicht mehr in England und er kehrte 1972 mit Unterbrechungen nach Brasilien zurück, in seine Heimatregion Bahia. So viel blieb er aber nicht vor Ort, denn inzwischen startete er international als Musiker durch. Zahlreiche Platten entstanden, aus dem Gemenge von Bossa Nova, Tropicália, Volksmusik und internationalen Einflüssen entwickelte sich die Música Popular Brasilieira als Oberbegriff für die vielen stilistischen Strömungen und Experimente, die die Klangentwicklung des Landes prägten.

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Während die unter der Militärdiktatur gewählten Präsidenten gegen Ende der 1970er Jahre auch aufgrund prosperierender Wirtschaftslage die Repressionen gegen ihr Volk und dessen Intellektuelle lockerten, zog Gil durch die Welt und erforschte unter anderem die Wurzeln der eigenen Kultur von den stilisti-schen Ursprüngen bis hin zur Geschichte der Sklaverei. Er reiste nach Afrika, blieb unter anderem im Senegal, in Nigeria und an der Elfenbeinküste, lernte viel über Rhythmen, über Juju und Highlife. Er traf Musiker wie Fela Kuti, Stevie Wonder und nahm mit Jimmy Cliff eine Cover-Version von Bob Marleys «No Woman, No Cry» auf, die 1980 zu einem Reggae-Hit in den brasilianischen Hitparaden wurde. Noch immer neugierig, sog er auch die Reize der Dance- und Disco-Musik auf, konnte sich sogar ein wenig für Punk begeistern und ließ alle diese Einflüsse in seine eigenen Produktionen einfließen. Zugleich aber schaffte es Gil, die Ursprünge seiner Klangherkunft lebendig zu halten. Und er beschloss, auch sein zweites Versprechen einzulösen.

Musik und PolitikIm Jahr 1985 hatte die Diktatur in Brasilien ein Ende. Gilberto Gil wohnte nicht nur wieder fest in Bahia, sondern war nun auch bereit, sich politisch zu engagieren. Zunächst wurde er 1987 regional aktiv und zum Kultursekretär von Salvador gewählt. Wenig später saß er bereits im Stadtrat und war zuständig für Umwelt-fragen und die Erhaltung des kulturellen Erbes der Stadt. Als Abgeordneter der brasilianischen Demokratiebewegung (PMDB) zog er weiter in den Nationalkongress, wechselte 1990 zu den Grünen und gehörte unter anderem zu den Gründungsmitgliedern der Organisation Onda Azul, die sich um die Sauberkeit des Wassers und eine lebenswerte Umwelt kümmert. Seine Laufbahn als Musiker verfolgte er weiterhin zielstrebig, veröffentlichte nahezu jährlich neue Alben, kooperierte mit Kollegen wie Jorge Ben und seinem Jugendfreund Veloso. Er bekam Grammys und 2005 sogar den Polar Music Prize verliehen, eine der wichtigsten Auszeichnungen der internationalen Musikwelt. Als 2002 dann Luiz Inácio Lula da Silva zum Präsidenten gewählt wurde, wurde Gil angeboten, Kultusminister zu werden. Obwohl in Kreisen der Intellektuellen umstritten, schaffte er es souverän, sich in

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dieser Position als Politiker zu profilieren. Seine Hauptinteressen galten der musikalischen Bildung in Schulen und der Öffentlich-keit, der kulturellen Förderung einkommensschwacher Schichten, der Verbreitung des Internets oder auch den rechtlichen Bedin-gungen des Musikkonsums. Nach fünf Jahren reichte er dann seinen Rücktritt ein, um sich wieder mehr auf die eigene Kunst zu konzentrieren.

Und zugleich auch ein bisschen kürzer zu treten. Im vergange-nen Sommer feierte Gilberto Gil seinen 75. Geburtstag, hatte mit gesundheitlichen Probleme zu kämpfen, blickte aber auch auf ein Leben zurück, das ihm viele großartige Moment beschert hat. Er hat mehr als 50 Platten unter eigenem Namen veröffent-licht, acht Kinder mit drei Frauen in die Welt gesetzt, ein Mann, der ein Leben mit vielen überwiegend positiven Überraschungen hat führen können. Die Musik ist seit Kindertagen sein Elixier und sie führt ihn noch immer auf die Konzertbühnen. Ein wenig leiser ist sie allerdings geworden. Denn meistens ist Gilberto Gil inzwischen als Solokünstler unterwegs. Zum einen ist der Auf-wand geringer, man muss keinen Flohzirkus von Begleitmusikern bändigen oder langwierige Soundchecks über sich ergehen lassen. Es hat aber auch künstlerische Gründe. Im Alter wird die Stimme leiser, dafür die Erfahrung reicher. Letztlich war es ja auch die Musik von beherzten, sanften Lakonikern wie João Gilberto, die ihn in jungen Jahren fasziniert und zur Gitarre gebracht hat. So ist Gilberto Gil heute der Barde mit den schö-nen Melodien, der sich vor dem Reichtum eines künstlerisch erfüllten Lebens und einer musikalischen Vielfalt verneigt, zu der er beitragen und an der er teilnehmen durfte.

Ralf Dombrowski, Musikjournalist, Buchautor und Fotograf, schreibt seit 1994 über Musik mit Schwerpunkt Jazz. Er arbeitet für die Süddeutsche Zeitung, den Bayerischen Rundfunk, Spiegel Online und zahlreiche Fachmagazine.

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Trinca de Ases – Nando Reis, Gal Costa, Gilberto Gilphoto: Daryan Dornelles

InterprètesBiographies

Gilberto Gil guitar, vocalsHis career began with the accordion, still in the 1950s, inspired by Luiz Gonzaga, the sound of the radio and the religious parades in town. Within the Northeast he explored a folk country sound, until João Gilberto emerges, the bossa nova, as well as Dorival Caymmi, with its coastal beach sound, so different from that world of wilderness he was used to. Influenced, he leaves aside the accordion and holds the guitar, then the electric guitar, which harbours the particular harmonies of his work until today. Since his early songs he portrayed his country, and his musicianship took very personal rhythmic and melodic forms. His first LP, «Louvação» (Worship), released in 1967, concentrated his particular ways of translating regional components into music, as seen in the renown songs «Louvação», «Procissão», «Roda» and «Viramundo». In 1963 after meeting his friend Caetano Veloso at the University of Bahia, Gilberto Gil begins with him a partner-ship and a movement that contemplated and internationalized music, theater, visual arts, cinema and all of Brazilian art. The so-called Tropicália or Tropicalist movement involves talented and plural artists such as Gal Costa, Tom Ze, Duprat, José Capinam, Torquato Neto, Rogério Duarte, Nara Leão and others. The movement discontents the current dictatorship, which considers it harmful to society with its libertarian actions and creations, and eventually exiled partners. The exile in London contributes to an even greater influence of the Beatles, Jimi Hendrix and the entire pop world at the time that loomed in the work of Gil, who also makes a record in London, with songs in Portuguese and English. Upon returning to Brazil, he continues a rich

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phonographic production, which lasts until today. With nearly 60 albums released and 4 million copies sold, he having been awarded with nine Grammys. Among LPs, CDs and DVDs, he has created a vast and comprehensive video and musical body of work. In his last project, «Gilbertos Samba», he reinterprets classics recorded by João Gilberto, where he pays tribute to the eternal master. During 2015 and 2016, Gilberto Gil celebrated his 50 years of friendship and career with Caetano Veloso in an legendary concert «Caetano and Gil – Two friends, one Century of Music» recorded and available in CD and DVD format. Each new project endured by Gil, has its forms consolidated in various tours around the world. Every album becomes a tour and many tours become live records. Always willing to undertake national and international tours for each new project, Gil’s presence is confirmed each year in major festivals and theaters in Europe and he has made several tours throughout the Americas, Asia, Africa, and Oceania. He has a captive audience for his concerts abroad, since the first international performances in 1971 and from his participation in the Montreux Festival in 1978. In 2002, after his appointment as Minister of Culture, Gil also starts cir-culating the international socio-political, environmental and cultural landscape. Under the Ministry in particular, he designs and implements new policies ranging from the creation of the Pontos de Cultura (cultural hotspots) to the lead presence of Brazil in forums, seminars and conferences worldwide, working on topics ranging from new technology, copyright, cultural development, cultural diversity and the place of southern countries in the glo-balized world. His multiple activities have been recognized by various nations, who have already named him the Artist for Peace by UNESCO in 1999, Ambassador of FAO, and gave him honors and awards as diverse as Légion d’Honneur from France and Sweden’s Polar Music Prize among others.

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Trinca de Ases – Nando Reis, Gal Costa, Gilberto Gilphoto: Daryan Dornelles

Gal Costa vocalsMaria da Graça Costa Penna Burgos was born in 1945 in the Northeastern city of Salvador in the state of Bahia, the home of Gilberto Gil, Caetano Veloso, and other tropicalista musicians. It was through her friendship with Sandra and Andreia Gadelha that Gal Costa met Caetano Veloso, setting up a lifetime of friendship and musical collaborations with him. Like Veloso and Gil, she also fell in love with the rhythms and sounds of bossa nova music. When Gil, Veloso, Veloso’s sister Maria Bethânia, and Tom Zé, who knew each other through university studies, per-formed together in 1964, they invited Gal to join them. The year after, she relocated to Rio de Janeiro, where she began to enter into the music world. In 1967, she and Veloso released the album «Domingo» that made clear the influence of bossa nova on both and making her a popular star. Her voice became a central com-ponent of the Tropicália sound, especially with the song «Baby». It has since become one of the most-covered songs in Brazilian music. With her success on Tropicália, 1969 saw not one but two self-titled releases from Costa. By the 1970s, Gal Costa had abandoned the Tropicália sound and become one of the most popular and interpreters of Brazilian songs, be they written by contemporaries like Roberto and Erasmo Carlos or Jorge Ben, or more traditional tunes. She continued recording and reinter-preting the Brazilian catalog throughout the 1970s, gaining popu-larity and respect for her ability to completely transform and turn already-popular songs into her own. By the early-1980s, she was acknowledged as one of the leading women in popular Brazilian music, and she continued producing music throughout the 1980s and 1990s, ranging from her own old catalogue to live perfor-mances of Tom Jobim’s catalogue. Although she released few albums in the 2000s compared to previous decades, she made a return in 2011 with her thirtieth album, «Recanto», made up of songs all written for her by Caetano Veloso.

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Nando Reis guitar, vocalsIn the 35 year career of Nando Reis, since he first took the stage as a Titã in 1982 (from his former band The Titãs) his writing output turned him into one of the principal Brazilian composers in history. The vast majority of people associate Nando’s songs with his unique voice as either a Titã or an Infernal (his current band is Nando Reis e os Infernais). His composing began before his music. He began to try to play guitar chords to his poems, after being introduced to the Rolling Stones by his older brother and to the guitar by his sister. He left The Titãs after the release of the 2001 album «A Melhor Banda de Todos os Tempos da Última Semana». His first solo work, «12 de Janeiro» was released in 1994. In the following years he released almost fifteen albums, including the most recent work «Jardim-Pomar» in which he enjoys the participation of his former colleagues in Titãs – Branco Mello, Sergio Britto, Paulo Miklos and Arnaldo Antunes, as well as the singers Pitty, Luiza Possi, and Tulipa Ruiz, with contributions by musicians Peter Buck (REM) and Mike McCready (Pearl Jam) together with four of his five children. The album has received two Grammy nominations in the categories of Best Song in Por-tuguese and Best Rock Album or Alternative Music in Portuguese. In the middle of 2017 Nando Reis started a tour with two icons of Brazilian music, together they formed the «Trinca de Ases», which is also the name of a Gilberto Gil’s new music – the trio is completed by Gal Costa. For the meeting, Nando and Gil composed the song «Tocarte». He received three Grammy Awards, one achieved in 2002 with «Acústico Cassia Eller» as Best Portuguese-speaking Rock Album, another in 2011, for «De Repente» with Skank for Best Rock Music in Portuguese and «Jardim-Pomar» got the Best Portuguese Language Rock or Alternative Album in 2017.

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