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RAPPORT PROVISOIRE SUR LES BLESSURES DE STRESS OPRATIONNEL DES
ANCIENS
COMBATTANTS DU CANADA
Comit snatorial permanent de la scurit nationale et de la
dfense
Sous-comit des anciens combattants
Lhonorable Joseph A. Day Prsident
Lhonorable Carolyn Stewart Olsen
Vice-prsidente
Juin 2015
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Ce document est disponible en anglais
Ce rapport et les dlibrations du Comit sont disponibles sur
internet :
www.senate-senat.ca/veac.asp
Des exemplaires imprims de ce document sont disponibles en
contactant
La Direction des comits du Snat au (613) 990-0088 ou par
courriel :
[email protected]
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i
TABLE DES MATIRES
MEMBRES
.....................................................................................................................................................
iii
ORDRE DE RENVOI
........................................................................................................................................
v
I. INTRODUCTION
.....................................................................................................................................
1
II. COMPRENDRE LES BLESSURES DE STRESS OPRATIONNEL
.................................................................
1
A. Les blessures de stress oprationnel (BSO)
......................................................................................
1
B. Soins cliniques et soutien psychologique
.........................................................................................
4
C. Rsilience et gurison
.......................................................................................................................
5
D. Recherche
.........................................................................................................................................
6
III. PROGRAMMES ET SERVICES FDRAUX OFFERTS AUX MEMBRES ACTIFS ET
AUX VTRANS DES FORCES ARMES CANADIENNES ET DE LA GRC SOUFFRANT DUNE
BSO ................................................... 10
A. Forces armes canadiennes et ministre de la Dfense nationale
................................................ 10
1. Programmes et services en sant mentale
..........................................................................
12
2. Initiatives visant amliorer la rsilience et la
sensibilisation la sant mentale.............. 13
3. Soutien aux blesss
..............................................................................................................
15
4. Soutien des pairs et de la famille
.........................................................................................
16
B. Gendarmerie royale du Canada
......................................................................................................
18
1. Programmes et services en matire de sant mentale
....................................................... 18
2. Coopration de la GRC avec les Forces armes canadiennes et
Anciens Combattants Canada
...........................................................................................................................................
20
C. Anciens Combattants Canada
.........................................................................................................
21
1. Programmes et services en matire de sant mentale
....................................................... 21
IV. SUJETS DE PROCCUPATION SELON LES TMOINS
............................................................................
24
A. La stigmatisation associe la maladie mentale et aux BSO
......................................................... 25
B. Gestion des risques psychologiques
...............................................................................................
26
C. Coopration entre les FAC, le MDN, la GRC et ACC
........................................................................
27
D. Rejoindre les rservistes
.................................................................................................................
30
E. Rejoindre les anciens combattants itinrants
................................................................................
31
F. Partager lexpertise en BSO
............................................................................................................
32
G. Recherche
.......................................................................................................................................
33
H. Sensibilisation et ducation en matire de sant mentale
............................................................ 34
I. Soutien familial
...............................................................................................................................
35
-
ii
V.
CONCLUSION.......................................................................................................................................
36
ANNEXE 1 TMOINS
.................................................................................................................................
37
-
iii
MEMBRES
Lhonorable Joseph A. Day, prsident Lhonorable Carolyn Stewart
Olsen, vice-prsident et Les honorables snateurs : Daniel Lang Grant
Mitchell Vernon White Autres snateurs ayant particip, de temps
autre, aux travaux du Comit : Les honorables snateurs Beyak,
Campbell, Dallaire**, Enverga, Frum, Jaffer, Neufeld, Plett,
Wallace et Wells (**Snateur la retraite) Employs: Adam Thompson,
greffier du Comit Jose Thrien, greffire du Comit Martin Auger,
analyste, Bibliothque du Parlement Isabelle Lafontaine-mond,
analyste, Bibliothque du Parlement Maritza Jean-Pierre, adjointe
administrative Francine Pressault, agente de communications Alida
Rubwindi, agente de communications
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v
ORDRE DE RENVOI
Extrait des Journaux du Snat du mercredi 9 avril 2014 :
L'honorable snateur Dallaire propose, appuy par l'honorable
snateur Dawson,
Que le Comit snatorial permanent de la scurit nationale et de la
dfense soit autoris tudier, afin d'en faire rapport :
a) les rpercussions mdicales, sociales et oprationnelles des
problmes de sant mentale dont sont atteints des membres actifs et
la retraite des Forces canadiennes, y compris les blessures de
stress oprationnel (BSO) comme l'tat de stress
post-traumatique;
b) les services et les avantages offerts aux membres des Forces
armes canadiennes atteints de BSO ainsi qu' leur famille;
Que le Comit fasse rapport au Snat au plus tard le 31 dcembre
2015, et qu'il conserve tous les pouvoirs ncessaires pour diffuser
ses conclusions pendant 90 jours aprs le dpt de son rapport
final.
Aprs dbat,
Avec le consentement du Snat et conformment l'article 5-10(1) du
Rglement, la motion est modifie et se lit comme suit :
Que le Comit snatorial permanent de la scurit nationale et de la
dfense soit autoris tudier, afin d'en faire rapport :
a) les rpercussions mdicales, sociales et oprationnelles des
problmes de sant mentale dont sont atteints des membres actifs et
la retraite des Forces canadiennes, y compris les blessures de
stress oprationnel (BSO) comme l'tat de stress post-traumatique
(ESPT);
b) les services et les avantages offerts aux membres des Forces
armes canadiennes atteints de BSO ainsi qu' leur famille;
c) les technologies, traitements et solutions, nouveaux et
mergents, pour venir en aide aux membres des Forces armes
canadiennes et aux anciens combattants canadiens qui souffrent de
problmes de sant mentale comme l'ESPT;
d) la manire dont ces technologies, traitements et solutions
peuvent tre intgrs aux avantages et services dj offerts par les
professionnels de la sant qui travaillent pour la Dfense nationale
et Anciens Combattants Canada;
Que le Comit fasse rapport au Snat au plus tard le 31 dcembre
2015, et qu'il conserve tous les pouvoirs ncessaires pour diffuser
ses conclusions pendant 90 jours aprs le dpt de son rapport
final.
Aprs dbat,
La motion, telle que modifie, mise aux voix, est adopte.
Le greffier du Snat
Gary W. OBrien
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vi
Dlgation au sous-comit :
Extrait du procs-verbal du Comit snatorial permanent de la
scurit nationale et de la dfence du lundi 28 avril 2014:
Il est convenu que l'ordre de renvoi au sujet des problmes de
sant mentale dont sont atteints des membres actifs et la retraite
des Forces canadiennes, adopt au Snat le mercredi 9 avril 2014,
soit dlgu au Sous-comit des anciens combattants.
La motion, mise aux voix, est adopte.
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1
RAPPORT PROVISOIRE SUR LES BLESSURES DE STRESS OPRATIONNEL DES
ANCIENS COMBATTANTS DU CANADA
I. INTRODUCTION
Au cours de la 2e session de la 41e lgislature, le Sous-comit
snatorial des anciens combattants du Comit snatorial permanent de
la scurit nationale et de la dfense (dnomm ci-aprs le sous-comit )
a entrepris une tude sur les blessures de stress oprationnel (BSO)
des anciens combattants canadiens, notamment ltat de stress
post-traumatique (ESPT). Cette tude a pour but dvaluer les
programmes et les services du secteur public et priv actuellement
offerts aux membres actifs et aux anciens combattants des Forces
armes canadiennes (FAC) ainsi quaux membres de la Gendarmerie
royale du Canada (GRC) souffrant dune BSO, et dtudier les nouvelles
technologies et les nouveaux traitements visant aider ces personnes
se remettre de leurs problmes de sant mentale.
Le sous-comit a entrepris son tude en tentant de dfinir
clairement les BSO et en cherchant comprendre leur prvalence parmi
les anciens combattants canadiens. Il sest ensuite pench sur les
divers programmes et services que le gouvernement fdral offre aux
membres actifs et aux anciens combattants des FAC ainsi quaux
membres de la GRC souffrant dune BSO. Entre fvrier 2014 et mai
2015, le sous-comit a tenu treize rencontres sur le sujet.
Le prsent rapport provisoire donne un aperu de ce que le
sous-comit a appris jusqu aujourdhui (en date de la runion du 13
mai 2015 inclusivement) dans le cadre de ltude en cours et offre
quelques rflexions prliminaires sur le sujet. Ce rapport est divis
en trois principales sections. La premire consiste en un rsum de ce
que le sous-comit a entendu au sujet des BSO et de leur prvalence
parmi les anciens combattants canadiens. On y dcrit les BSO, les
traitements cliniques et le soutien psychosocial, la rsilience et
la gurison ainsi que les recherches effectues dans le domaine. La
deuxime section donne un aperu des divers programmes et services
quoffrent les FAC et le ministre de la Dfense nationale (MDN), la
GRC et Anciens combattant Canada (ACC) aux membres actifs et aux
anciens combattants des FAC et aux membres de la GRC souffrant de
BSO. Enfin, la dernire section met en lumire des sujets de
proccupation que certains tmoins ont identifis jusqu maintenant
dans le cadre de la prsente tude.
Le sous-comit entend poursuivre son travail au cours de la
prochaine lgislature et rdigera son rapport dfinitif par la
suite.
II. COMPRENDRE LES BLESSURES DE STRESS OPRATIONNEL
A. Les blessures de stress oprationnel (BSO)
Selon le Dr Jitender Sareen, professeur de psychiatrie
lUniversit du Manitoba, le terme BSO dsigne tout problme
psychologique persistant dcoulant des fonctions oprationnelles lis
au service des membres des Forces canadiennes ou de la Gendarmerie
royale du Canada. Cest un terme employ pour dcrire une vaste gamme
de troubles motionnels, y compris [les troubles de]
-
2
lanxit, la dpression et ltat de stress post-traumatique [ESPT],
qui perturbent la vie dune personne1. Il sagit de la mme dfinition
que celle utilise officiellement par ACC2.
Le terme BSO a t cr au Canada en 2001 par le lieutenant-colonel
( la retraite) Stphane Grenier, qui a mis sur pied le Programme de
soutien social aux blesss de stress oprationnel (SSBSO) afin que
les blessures mentales soient reconnues au mme titre que les
blessures physiques et ainsi aider combattre les prjugs associs aux
problmes de sant mentale3. Il importe de remarquer que le terme BSO
ne constitue pas un diagnostic. Selon les FAC et le MDN, il renvoie
plutt un groupe de diagnostics qui sont lis des blessures dcoulant
des oprations4 . .
Daprs le Dr Sareen, chaque anne, environ le quart des membres
des FAC et des anciens combattants est aux prises avec un problme
de sant mentale. Ce taux se compare celui de la population civile.
Environ un civil sur quatre prouvera un problme de sant mentale ,
souligne-t-il. Les BSO ne reprsentent quune faible proportion des
problmes de sant mentale auxquels sont confronts les militaires et
les anciens combattants5. Vous devez vous souvenir que ces problmes
sont courants et ne sont pas ncessairement lis une BSO ou un
dploiement, explique-t-il, cest probablement le quart de ce 25 p.
100 un quart dun quart qui prouve un problme de sant mentale li une
BSO6.
Les causes des BSO sont complexes. Le Dr Greg Passey, de la
British Columbia Operational Stress Injury Clinic, a indiqu au
sous-comit que les BSO, telles que lESPT, peuvent se produire
pratiquement au moment de lvnement lui-mme ou plusieurs annes plus
tard . Qui plus est, la grande majorit des militaires exposs au
combat probablement environ 85 p. 100 ne vont pas tre atteints par
le TSO ou lESPT. Il ajoute quil arrive souvent quune personne ait t
expose des traumatismes et quelle soit plus susceptible dtre
atteinte par lESPT ou une autre BSO7. Le Dr Sareen fait valoir que
le traumatisme li au stress oprationnel est rarement le seul
facteur. Il y a habituellement dautres agents stressants
importants, comme des pressions financires, une enfance difficile,
des antcdents familiaux de problmes de sant mentale, parfois des
problmes de consommation de drogues illicites, et bien sr, la
douleur chronique et des troubles de sant physique8 .
Cela dit, le Dr Sareen fait remarquer que les militaires dploys
dans des endroits prsentant dimportantes menaces, comme en
Afghanistan [] [2001-2014], sont beaucoup plus risque de 1
Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature,
3 dcembre 2014. 2 Anciens combattants Canada (ACC), Comprendre
la sant mentale : Quest-ce quune blessure de stress
oprationnel? 3 Jean-Rodrigue Par et Melissa Radford, Questions
dactualit en sant mentale au Canada La sant
mentale au sein des Forces canadiennes et de la communaut des
vtrans, En bref, publication no 2013-91-F, Service dinformation et
de recherche parlementaires, Bibliothque du Parlement, Ottawa, 1er
octobre 2013, p. 2.
4 Ministre de la Dfense nationale (MDN), Stratgie du mdecin
gnral en matire de sant mentale, Groupe des Services de sant des
Forces canadiennes, octobre 2013, p. 4.
5 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 3 dcembre 2014 (Jitender Sareen).
6 Ibid. 7 Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 4 juin 2014
(Greg Passey). 8 Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages, 2e session, 41e lgislature,
3 dcembre 2014 (Jitender Sareen).
-
3
souffrir dune BSO que ceux en mission dans des endroits moins
dangereux9 . Le colonel Andrew Downes, directeur en sant mentale
des FAC, abonde dans le mme sens et ajoute que parfois, il arrive
que le dploiement mette en lumire des symptmes que le patient
offrait avant le dploiement10 . Autrement dit, le fait dtre expos
au combat ou subir des traumatismes lis au stress oprationnel peut
exacerber les symptmes dj prsents et constituer le facteur
dclencheur de la BSO.
Le Dr Passey qualifie les militaires et les vtrans souffrant
dune BSO de soldats oublis , il sagit des soldats qui sont revenus
de mission, qui ont survcu au combat et qui sont revenus dans leurs
foyers porteurs de blessures physiques, de problmes de sant mentale
et qui ont fini par succomber ces blessures, soit quils se sont
suicids, soit parce que la maladie les a emports . Le Dr Passey
explique quils font rarement partie des statistiques officielles
sur les blesss de guerre ou les oprations militaires, et quon leur
rend peu hommage. Pourtant, ils ont t victimes de leurs missions et
de leurs fonctions11.
LESPT fait partie des BSO lies au service militaire les mieux
connues. Selon le Dr Passey, les recherches rvlent que de 5 15 %
des militaires qui reviennent de mission sont touchs par lESPT. Le
problme avec cet tat, explique-t-il, cest que la partie suprieure
du cerveau, qui est habituellement associe la pense logique, au
comportement rationnel et au langage, nexerce plus aucun contrle .
Cest plutt la partie infrieure du cerveau, qui a pour fonction de
nous garder en vie, de lutter contre le danger ou de nous inciter
le fuir (les motions) qui prend le dessus. Le Dr Passey explique
quil sagit dune dichotomie entre les deux parties du cerveau et la
ncessit de redonner le contrle la partie suprieure. Limportant, ce
nest pas ncessairement lvnement traumatique qua vcu une personne,
mais la perception quelle a de lvnement12.
Les BSO telles que lESPT sont dvastatrices. Comme le Dr Passey
la indiqu au sous-comit, 46 p. 100 des personnes qui souffrent
dESPT pensent au suicide. [Jusqu] dix-neuf pour cent [] font des
tentatives. Les personnes atteintes de stress post-traumatique sont
90 fois plus risque de souffrir de troubles physiques et elles font
appel au systme mdical 37 fois plus que le grand public ou les
membres de larme non atteints dESPT . Il ajoute que les relations
dysfonctionnelles sont beaucoup plus frquentes et [que] 15 p. 100
des relations conjugales sont menaces. Le taux de divorce est doubl
chez les personnes atteintes dESPT et les divorces multiples sont
trois fois plus frquents que dans la population normale. LESPT est
associ aux maladies cardiaques, laccroissement du risque de douleur
chronique [], aux troubles de lalimentation, au syndrome du clon
irritable, lAVC, au cancer [] et environ 80 p. 100 des personnes
atteintes dESPT souffrent galement dautres troubles tels que la
dpression, et cetera13.
Le Dr Passey insiste sur le fait que lESPT nest pas le propre du
service militaire. Il est aussi rpandu parmi les agents de police
et autres premiers rpondants. Il souligne dailleurs que le taux
dESPT et de suicide est en fait plus lev parmi les premiers
intervenants, les ambulanciers,
9 Ibid. 10 Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(colonel Andrew Downes). 11 Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 4 juin
2014
(Greg Passey). 12 Ibid. 13 Ibid.
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4
les pompiers, les agents de police que chez les militaires. Il
ajoute que les taux dESPT sont en fait plus levs la GRC que dans
larme [canadienne]14.
Qui plus est, lESPT nest pas forcment li lexposition directe un
vnement traumatisant. Le Dr Passey explique qu une exprience rpte
ou extrme exposant une personne aux dtails bouleversants dun
vnement traumatique (par exemple les dtails dune atrocit, la
violence envers un enfant ou un viol) peut galement dclencher
lESPT. Les mdecins, le personnel infirmier, les psychiatres, les
agents de police, les pompiers, etc., sont particulirement
vulnrables ce que lon appelle lESPT secondaire15.
B. Soins cliniques et soutien psychologique
Le traitement des BSO comporte deux principaux volets. Le
premier comprend les soins cliniques, lesquels reposent largement
sur la thrapie cognitivo-comportementale, allie une mdication . Le
soutien psychologique (soutien de la famille, des pairs, etc.)
constitue le second volet. Comme lexplique Wayne Corneil,
scientifique affili lInstitut de recherche sur la sant des
populations de lUniversit dOttawa, le traitement clinique a ses
limites [] [cest] le soutien psychosocial qui permet de faire le
reste du chemin vers la radaptation et la rintgration16 .
M. Corneil a indiqu au sous-comit que lESPT et les autres BSO se
manifestent toujours dans un contexte social. Il importe donc de se
pencher sur laspect psychosocial, pas seulement lexposition au
traumatisme ou aux vnements terrifiants que les victimes ont vcus,
mais comment elles y ont ragi avec dautres ou, dans certains cas,
comment elles ont prfr sisoler17 .
Ce qui compte, cest donc la qualit du soutien que reoit la
personne souffrant dune BSO la suite dun vnement traumatique. Selon
le Dr Passey, la composante soutien est aussi importante, voire
plus importante que lvnement traumatique auquel on a t expos. cet
gard, selon le degr de soutien [] lESPT ne se dveloppera pas ou
sera moindre18.
Selon ce qua appris le sous-comit, le soutien social constitue
un lment essentiel du processus de rtablissement. Pour gurir leur
BSO, les personnes qui en souffrent doivent non seulement pouvoir
compter sur les fournisseurs de soins, mais galement sur le soutien
de leur famille et de leurs pairs. Il est trs important davoir une
telle quipe , a soulign le Dr Sareen19. M. Corneil affirme qu un
niveau lev de soutien social est associ une diminution de lintensit
de lESPT et dautres types de BSO et une rcupration plus robuste .
Par ailleurs, M. Corneil souligne que les amis et ceux qui ne sont
pas des anciens combattants sont moins importants [que la famille
et les camarades anciens combattants] dans le processus de
rcupration20 .
Le soutien des pairs savre particulirement bnfique. En effet,
selon certaines recherches, il est essentiel que les personnes
souffrant dune BSO restent en contact avec leurs collgues (par
exemple, des militaires ou des camarades anciens combattants), cest
ce qui permet une interaction
14 Ibid. 15 Ibid. 16 Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 11 juin
2014
(Wayne Corneil). 17 Ibid. 18 Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 4 juin
2014
(Greg Passey). 19 Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages, 2e session, 41e lgislature,
3 dcembre 2014 (Jitender Sareen). 20 Sous-comit snatorial des
anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 11
juin 2014
(Wayne Corneil).
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5
sociale qui les aide se soutenir les uns les autres grce aux
expriences quils ont partages. Le soutien des camarades est
thrapeutique, affirme M. Corneil, il rduit galement les symptmes et
[] aide rcuprer et gurir21 .
Le sous-comit a port attention au fait que les BSO naffectent
pas uniquement la personne qui en est atteinte, mais galement sa
famille (conjoint ou conjointe et enfants) ainsi que ses relations
avec ses amis, ses collgues et les autres personnes de son
entourage (rseau social). Jusqu 50 p. 100 des conjoints disent
frler la dpression nerveuse force de devoir composer avec une
personne chre souffrant dune BSO. Il nest pas rare que des membres
de la famille soient confronts la dpression, au manque de sommeil,
etc.; cest ce que M. Corneil appelle le fardeau de laidant . Il
prcise que selon certaines recherches, le fardeau du fournisseur de
soins augmente en fonction de la gravit de lESPT du militaire actif
ou ancien combattant22 . Il est donc primordial de soccuper de ces
familles et de leur offrir tout le soutien dont elles ont
besoin.
C. Rsilience et gurison
Le sous-comit a demand quelques tmoins ce quil faudrait faire,
sur le plan de la prvention, pour limiter les contrecoups des BSO
sur les militaires, les anciens combattants et les agents de
police. Ni les FAC ni la GRC neffectuent de dpistage en matire de
maladie mentale, que ce soit ltape du recrutement ou dautres
moments durant la carrire du militaire ou de lagent23, et aucun
mcanisme ne permet de prdire comment une personne ragira des
incidents traumatisants avant quelle ne participe une mission
militaire ou policire. M. Corneil prcise qu il nexiste aucun test
dcisif qui pourrait sappliquer aux soldats24 .
Le Dr Passey ajoute toutefois que lentranement peut aider
accrotre la rsilience et mettre au point des stratgies dadaptation.
Plus lentranement est raliste, plus la personne sera rsiliente
lorsquelle sera expose des vnements traumatisants25. titre
dexemple, M. Corneil souligne que la prparation et lentranement
pralables au dploiement contribuent dvelopper la rsilience, ce quil
appelle lesprit de combat . En outre, lorsque les militaires
reviennent doprations, ils ont besoin de se dtendre. Les armes
envoient de plus en plus leurs troupes dployes dans des centres de
dcompression dans un tiers lieu , o il y a beaucoup de soutien
entre pairs, une sorte de thrapie , avant que chacun ne retourne la
maison. Ce processus contribue diminuer les troubles de sant
mentale et savre efficace pour soulager les BSO26.
Dautre part, le sous-comit est heureux dapprendre quil est
possible de se remettre dune BSO. Comme le fait remarquer le Dr
Sareen, un pourcentage substantiel de gens, probablement 50 ou 60
p. 100 sen remettent sans traitement psychologique ou psychiatrique
et au fil du
21 Ibid. 22 Ibid. 23 Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 6 mai 2015
(commissaire adjoint Daniel Dubeau, sous-commissaire Gilles
Moreau, et Sylvie Chteauvert); Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(colonel Hugh Colin MacKay); Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 19 novembre
2014 (Ron Frey).
24 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 11 juin 2014 (Wayne Corneil).
25 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 juin 2014 (Greg Passey).
26 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 11 juin 2014 (Wayne Corneil).
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6
temps, ils ne rpondent plus aux critres relatifs au TSPT [ESPT]
, ou dautres types de BSO. Il ajoute que ce nest pas tout le monde
qui a besoin de recevoir un traitement . Nombreux sont ceux qui
gurissent spontanment grce au soutien de leur famille et de leurs
camarades27.
Malheureusement, tous ne se remettent pas de leur BSO. Le Dr
Sareen lexplique au moyen de la rgle des tiers, employe en
psychiatrie, selon laquelle le tiers des patients souffrant dune
BSO samliorent considrablement, un tiers connat un rtablissement
modr, a encore des symptmes, mais peut fonctionner adquatement, et
un tiers continue davoir des difficults pendant longtemps28 .
Le Dr Sareen a prcis que si les personnes prouvent concurremment
dautres difficults, les problmes semblent plus susceptibles de
perdurer29 . Il ajoute que les risques de souffrir des symptmes de
la blessure augmentent quand il y a comorbidit et que les personnes
prouvent plus dun problme, comme la dpression, lanxit, les problmes
dalcool et ladversit pendant lenfance30 . Par ailleurs, des preuves
scientifiques srieuses dmontrent que la cooccurrence de dpendances
aux drogues et lalcool vient exacerber les troubles de lhumeur et
les troubles anxieux . Autrement dit, lautomdication au moyen de
lalcool ou dautres drogues illicites peut contribuer faire perdurer
les symptmes de la BSO31. Le Dr Sareen ajoute que les BSO sont
souvent lies des problmes de sant physique et quil importe de les
traiter en mme temps que la blessure. Il faut remdier la fois la
douleur et aux problmes de sant physique et aux problmes
psychologiques. Cest gnralement une entreprise complexe32.
Les personnes en difficult ont souvent des problmes de sant
physique, des problmes motionnels, sont parfois aux prises avec des
dpendances, prouvent des difficults financires et ont du mal
sentendre avec leur famille , a rsum le Dr Sareen33.
D. Recherche
La comprhension mondiale des BSO volue sans cesse. Selon le
lieutenant-gnral David Millar, chef du personnel militaire, ces
blessures ne sont pas un phnomne nouveau. Il y a cent ans, au
moment o la Premire Guerre mondiale (1914-1918) faisait rage en
Europe, on a invent le terme traumatisme d au bombardement pour
dcrire le stress li au combat que vivaient les soldats sur le champ
de bataille. Ce que lon appelle aujourdhui les BSO tait peu connu
ce moment-l et on en parlait peu. Le lieutenant-gnral Millar
explique que nous navions pas lpoque une bonne comprhension des
rpercussions sur la sant mentale, des traumatismes et des troubles
de stress post-traumatique34 . Grce aux recherches menes depuis,
nous comprenons mieux les BSO et nous navons pas fini den apprendre
sur le sujet.
Cest le cas de lESPT. Au Canada et aux tats-Unis, on fonde
habituellement le diagnostic dESPT sur des critres tablis par
lAmerican Psychiatric Association dans son Manuel diagnostique et
27 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature,
3 dcembre 2014 (Jitender Sareen). 28 Ibid. 29 Ibid. 30 Ibid. 31
Ibid. 32 Ibid. 33 Ibid. 34 Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e Session, 41e lgislature, 4 fvrier
2015
(lieutenant-gnral David Millar).
-
7
statistique des troubles mentaux (DSM). Jusquen 2013, au moment
de la publication de la cinquime dition de cet ouvrage, lESPT
faisait partie des troubles anxieux. Cette dfinition a depuis
chang. Selon le DSM, lESPT fait maintenant partie des troubles
conscutifs aux traumatismes et au stress. Le colonel Rakesh Jetly,
conseiller en matire de sant mentale auprs des FAC, explique que
cela ressemble de lanxit, mais il sagit en ralit dune maladie
unique lie au traumatisme . son avis, nous comprendrons mieux lESPT
au fur et mesure que la recherche sur les BSO avancera. Considrer
lESPT sous langle du traumatisme changera la donne, souligne-t-il.
Nous verrons lvolution au fil de la discussion ou lorsque nous
tudierons dautres aspects. Ainsi, les prochaines versions du DSM
prciseront considrablement les critres diagnostiques35 .
Il est clair pour le sous-comit quil reste encore beaucoup
apprendre sur les BSO telles que lESPT. Heureusement, au Canada, on
entreprend de plus en plus de travaux de recherche sur ce type de
blessure. Le secteur public et le secteur priv y participent et
collaborent troitement.
LInstitut canadien de recherche sur la sant des militaires et
des vtrans (ICRSMV) est le plus important consortium de recherche
sur les BSO du secteur priv au Canada. Cr en novembre 2010 par
lUniversit Queens et le Collge militaire royal du Canada Kingston,
en Ontario, dans le but de promouvoir le dveloppement de nouvelles
recherches sur la sant des militaires et des anciens combattants au
Canada, le rseau de lICRSMV compte maintenant 37 universits
canadiennes et des centaines duniversitaires et de chercheurs, dun
bout lautre du pays, y sont associs36. LICRSMV se concentre
principalement sur les recherches en sant physique, mentale et
sociale, axes sur la prvention, les soins et la radaptation. Mme
Alice Aiken, directrice de lICRSMV, a fait savoir que les
recherches menes grce lappui de linstitut se concentrent sur
latteinte de rsultats qui pourront rapidement se traduire par
llaboration de traitements, de programmes et de politiques37 . Elle
ajoute que partout dans le monde, on considre lICRSMV comme la
norme exemplaire pour les consortiums universitaires axs sur la
sant des militaires et des anciens combattants38 . Des tmoins ont
indiqu au sous-comit que les FAC et ACC collaborent troitement avec
lICRSMV dans le domaine de la recherche39. Le lieutenant-gnral
Millar affirme que dans le cadre de ses travaux sur la sant
mentale, lICRSMV tudie de faon extrmement minutieuse les causes de
la maladie mentale, de la condition et du TSPT [lESPT], pas
seulement du point de vue des militaires, mais aussi du point de
vue des familles. Le champ de recherche est donc largi . Il ajoute
que
35 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(colonel Rakesh Jetly). Pour de plus amples renseignements sur
les divers critres diagnostiques de la dernire dition du DSM
(DSM-5), consultez lAmerican Psychiatric Association (APA),
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5e dition,
Washington (D.C.), 2013; APA, Fact Sheet: Posttraumatic Stress
Disorder , 2013; tats-Unis, dpartement des Anciens combattants,
National Center for PTSD: DSM-5 Criteria for PTSD ; Jean-Rodrigue
Par, Trouble de stress post-traumatique et sant mentale du
personnel militaire et des vtrans, tude gnrale, publication no
2011-97-F, Bibliothque du Parlement, Ottawa, rvise le 3 septembre
2013, p. 2 et 3.
36 Institut canadien de recherche sur la sant des militaires et
des vtrans (ICRSMV), Membres universitaires.
37 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 12 fvrier 2014 (Alice Aiken).
38 Ibid. 39 Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(lieutenant-gnral David Millar); Sous-comit snatorial des
anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 29
octobre 2014 (lieutenant-colonel Alexandra Heber).
-
8
lICRSMV se charge de la majorit des activits de rflexion, de
recherche et dappui lies aux pratiques cliniques des FAC40.
Dans le secteur public fdral, les FAC et ACC participent
activement la conduite de recherche en sant mentale. Des tmoins des
deux organisations ont soulign leur volont doffrir aux membres des
FAC et aux vtrans malades ou blesss des soins avant-gardistes fonds
sur des donnes probantes. Ces soins doivent tre tays par des
travaux de recherche srieux41. Limportance de ceux-ci a rcemment t
dmontre lorsque le MDN a annonc en dcembre 2014 que les FAC
creront, en collaboration avec ACC, le Centre dexcellence en matire
de sant mentale chez les militaires et les vtrans42. Le
lieutenant-gnral Millar explique que ce centre adoptera une
approche tourne vers lavenir en matire de recherche, dducation et
de soins cliniques. Il mnera des recherches sur les aspects
particuliers de la sant mentale chez les militaires et les vtrans
et collaborera avec des experts scientifiques du domaine
universitaire, des organismes gouvernementaux, des laboratoires
privs, des consortiums de recherche, de mme quavec lOTAN et dautres
allis afin de veiller ce que les connaissances acquises dans le
cadre de recherches cliniques de pointe se concrtisent rapidement
dans lapplication des soins cliniques43. Les FAC saffairent
prsentement mettre sur pied ce centre dexcellence qui devrait tre
oprationnel trs bientt44.
On a par ailleurs signal au sous-comit que les FAC et ACC ont
men, au cours des dernires annes, quelques importants projets de
recherche et enqutes visant mieux comprendre les consquences des
BSO sur les militaires et les vtrans. En effet, le colonel Hugh
Colin MacKay, mdecin-chef adjoint dans les FAC, a soulign les
nombreux travaux de recherche que [les FAC ont] effectus depuis un
certain nombre dannes en vue damliorer [leur] comprhension des
rpercussions des oprations militaires sur la sant mentale des
soldats qui y prennent part45 .
Selon ce qua appris le sous-comit, ltude la plus rcente et sans
doute la plus importante jamais ralise par les FAC est lEnqute sur
la sant mentale dans les Forces armes canadiennes 2013 de
Statistique Canada46. Celle-ci rvle quun membre de la Force rgulire
sur six, parmi les 6 700 interrogs, a affirm prouver des symptmes
lis au moins lun des six troubles de sant mentale ou problmes lis
lalcool qui avaient t cibls, dont lESPT (5,3 %), des pisodes
importants de dpression (8,0 %), des troubles gnraux de lanxit (4,7
%), le trouble panique (3,4 %), lalcoolisme ou la toxicomanie (4,5
%)47. Comme la fait remarquer le
40 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(lieutenant-gnral David Millar). 41 Sous-comit snatorial des
anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 13 mai
2015
(David Ross); Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages , 2e session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(lieutenant-gnral David Millar).
42 MDN, Les Forces armes canadiennes tablissent un centre
dexcellence et donne un nom leur chaire de recherche en sant
mentale chez les militaires, 11 dcembre 2014.
43 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (lieutenant-gnral David
Millar).
44 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (colonel Rakesh Jetly).
45 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (colonel Hugh Colin
MacKay).
46 Ibid. 47 MDN, Enqute sur la sant mentale dans les Forces
canadiennes 2013,11 aot 2014; Statistique Canada,
Enqute sur la sant mentale dans les Forces armes canadiennes
2013,11 aot 2014; MDN, Enqute sur la sant mentale dans les Forces
armes canadiennes 2013; Caryn Pearson, Mark Zamorski et
-
9
colonel MacKay, cette enqute a galement montr que le nombre de
cas dESPT tait deux fois plus lev en 2013 quil ne ltait en 2002,
lorsque Statistique Canada avait men sa dernire enqute sur la sant
mentale au sein des FAC. Selon le colonel MacKay, cette situation
est largement attribuable aux oprations militaires des FAC en
Afghanistan48.
La mission du Canada en Afghanistan (2001-2014) a constitu le
plus important dploiement des FAC depuis la Seconde Guerre mondiale
(1939-1945) et la premire opration de combat denvergure depuis la
guerre de Core (1950-1953). De 2001 2014, plus de 40 000 militaires
canadiens ont t dploys en Afghanistan49. Selon le MDN, 158 dentre
eux y ont perdu la vie et 2 179 autres ont subi des blessures
physiques50. Un certain nombre de militaires canadiens ont en outre
t affect par lESPT ou dautres BSO la suite de leur mission dans ce
pays du Moyen-Orient. Rcemment, les FAC ont publi un rapport
dincidence cumulative de lESPT et autres troubles mentaux indiquant
que plus de 13 % des quelque 30 500 membres des FAC envoys en
Afghanistan entre 2001 et 2008 ont reu un diagnostic de BSO pendant
une priode moyenne de suivi de prs de cinq ans. La plupart dentre
eux ont souffert de lESPT (8 %). Les autres (5 %) ont reu un
diagnostic de lune ou lautre des BSO lies au dploiement, comme la
dpression ou un trouble anxieux51.
ACC a galement fourni au sous-comit un aperu de ses dernires
recherches sur les BSO. Le Dr David Pedlar, directeur de la
recherche dACC, et le Dr Jim Thompson, conseiller mdical de la
Direction de la recherche dACC, ont prsent le sommaire de lEnqute
sur la vie aprs le service de 2013. Celle-ci a t mene par
Statistique Canada au nom dACC et comportait quelque 3 000
entrevues avec des membres de la Force rgulire librs entre 1998 et
2012 ainsi quavec des membres de la Force de rserve librs entre
2003 et 2012. Il sagit de la deuxime enqute exhaustive sur la sant
et le bien-tre des vtrans des FAC ralise par ACC; lEnqute sur la
transition la vie civile de 2010 a t la premire. Celle de 2013
rvle, entre autres, que 24 % des vtrans de la Force rgulire et 17 %
des vtrans de la Force de rserve (classe C) ayant t dploys ont reu
un diagnostic de problme de sant mentale (trouble anxieux,
dpression et autres troubles de lhumeur et ESPT) comparativement 9
% des vtrans de la Force de rserve nayant pas t dploys (classes A
et B). Environ la moiti des anciens combattants de la Force de
rserve ayant t en mission et de la Force rgulire taient des clients
dACC52, qui a en outre
Teresa Janz, Sant mentale dans les Forces armes canadiennes,
Statistique Canada, 25 novembre 2014, p. 1 10.
48 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (colonel Hugh Colin MacKay).
Pour de plus amples renseignements sur lenqute de 2002, consultez,
MDN, Le supplment FC de lenqute de Statistique Canada sur la sant
mentale dans les collectivits canadiennes 2002.
49 MDN, Les Forces armes canadiennes en Afghanistan, 28 avril
2015. 50 MDN, Fiche technique Statistiques sur les morts et les
blesss des Forces canadiennes
(Afghanistan),19 fvrier 2014. 51 MDN, Sommaire du Rapport
dincidence cumulative du trouble de stress post-traumatique (TPST)
et
dautres troubles mentaux, 27 juillet 2013. Consulter galement
David Boulos et Mark A. Zamorski, Incidence cumulative du trouble
de stress post-traumatique et dautres troubles mentaux chez le
personnel militaire dploy lappui de la mission en Afghanistan de
2001 2008, Services de sant des Forces canadiennes, ministre de la
Dfense nationale, novembre 2011, p. 1 78; David Boulos et Mark A.
Zamorski, Deployment-Related Mental Disorders among Canadian Forces
Personnel Deployed in Support of the Mission in Afghanistan,
2001-2008, Journal de lAssociation mdicale canadienne, vol. 185, no
11, aot 2013, p. E545- E552; David Boulos et Mark A. Zamorski.
52 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages , 2e
session, 41e lgislature, 22 avril 2015 (David Pedlar et Jim
Thompson); Anciens combattants Canada (ACC), Sant et bien-tre des
vtrans des Forces canadiennes : Conclusions de lEnqute sur la vie
aprs le service militaire de 2010 et de 2013,
-
10
indiqu au sous-comit que dautres Enqutes sur la vie aprs le
service seront menes en 2016 et en 201953.
Selon ACC, les vtrans souffrant de problmes de sant mentale
constituent une proportion grandissante de ses clients; elle est
passe de 2 % en 2002 environ 12 % en 2014. On sattend ce que cette
tendance saccentue dans les annes venir puisque de plus en plus de
membres ayant t en mission en Afghanistan intgrent la vie
civile54.
III. PROGRAMMES ET SERVICES FDRAUX OFFERTS AUX MEMBRES ACTIFS ET
AUX VTRANS DES FORCES ARMES CANADIENNES ET DE LA GRC SOUFFRANT DUNE
BSO
Dans le cadre de cette tude, des hauts reprsentants des FAC/du
MDN, de la GRC et dACC se sont prsents devant le sous-comit afin de
donner un aperu des divers programmes et services que leurs
organisations respectives offrent actuellement leurs membres actifs
et leurs vtrans souffrant dune BSO.
Mentionnons que les programmes et les services des FAC/du MDN et
de la GRC ne sont offerts quaux membres actifs. Les vtrans de ces
organisations peuvent profiter de programmes et services similaires
par lentremise dACC, qui offre galement certains de ses programmes
et services aux membres actifs des FAC et de la GRC.
A. Forces armes canadiennes et ministre de la Dfense
nationale
Lorsque les membres des FAC souffrent dune blessure physique ou
mentale ou dune maladie au point de ne plus pouvoir accomplir leurs
tches habituelles, ils ont accs un cadre global qui comprend des
programmes et des services de soins physiques et psychologiques
connus sous le nom de Prendre soin des ntres55. Lanc en 2012,
celui-ci vise structurer les programmes et les services offerts au
personnel malade et bless des FC et leurs familles en un systme de
soins intgr qui garantit quils reoivent les soins et le soutien
quil leur faut au cours des tapes successives de rcupration, de
radaptation et de rintgration , que lon appelle communment
lapproche 3R56.
document distribu au Sous-comit des anciens combattants le 22
avril 2015. Consultez galement MDN et ACC, Synthse des tudes sur la
vie aprs le service de 2013, 3 juillet 2014; ACC, Sant et bien-tre
des vtrans des Forces canadiennes : Conclusion de lEnqute sur la
vie aprs le service militaire de 2013 Sommaire, 3 juillet 2014.
53 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages , 2e
session, 41e lgislature, 22 avril 2015 (David Pedlar et Jim
Thompson).
54 Bureau du vrificateur gnral du Canada (BVG), Chapitre 3 : Les
services de sant mentale pour les vtrans, Automne 2014 Rapport du
vrificateur gnral du Canada, p. 1.
55 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 29 octobre 2014 (colonel Gerry Blais).
56 MDN, Prendre soin des ntres : Une dmarche globale pour les
soins du personnel malade et bless des FC et leurs familles, 22
juillet 2014. Au titre du programme Prendre soin des ntres, le MDN
publie et rvise rgulirement le Guide sur les prestations, les
programmes et les services lintention des membres actifs et
retraits des Forces armes canadiennes et de leur famille, qui offre
aux militaires actifs et retraits de la Force rgulire et de la
Force de rserve ainsi qu leur famille un aperu des prestations, des
programmes et des services auxquels ils peuvent tre admissibles en
cas dinvalidit, de maladie, de blessure ou de dcs survenant pendant
leur service dans les Forces armes canadiennes (FAC) . MDN, Le
Guide sur les prestations, les programmes et les services
lintention des membres actifs et retraits des Forces armes
canadiennes et de leur famille, p. 1 81.
-
11
Le principal objectif du programme Prendre soin des ntres vise
permettre au plus de membres des FAC malades ou blesss possible de
reprendre pleinement leur travail, y compris ceux souffrant dune
BSO. Ce sont principalement des experts mdicaux qui prennent en
charge les phases de gurison et de radaptation par lentremise du
Groupe des Services de sant des Forces canadiennes, lequel est
responsable de la prestation des soins mdicaux auprs des membres
des FAC malades ou blesss. Quant ltape de rintgration, il sagit
dune responsabilit commune aux membres des FAC, au personnel mdical
et la chane de commandement. Le point central de la rintgration est
lUnit interarmes de soutien du personnel (UISP)57.
Tous les militaires malades ou blesss ne peuvent toutefois pas
rintgrer les FAC. Conformment au principe duniversalit du service
des FAC, les membres doivent tre en mesure daccomplir un certain
nombre de tches militaires fondamentales en tout temps en plus dtre
physiquement aptes servir en mission aux quatre coins du monde,
pratiquement sans aucun pravis. Par exemple, pour tre dploys, tous
les membres des FAC doivent pouvoir sacquitter de leurs fonctions
dans des conditions de stress physique et mental, et ce, avec trs
peu de soutien mdical58. Les personnes malades ou blesses ne
pouvant plus servir au sein des FAC ont accs certains programmes et
services visant faciliter leur passage la vie civile59. Le
personnel gravement malade ou bless qui nest plus en mesure de
servir peut demeurer au sein des Forces jusqu trois ans avant de
retourner la vie civile. Le colonel Gerry Blais, directeur Gestion
du soutien aux blesss et de lUnit interarmes de soutien du
personnel, explique qu lintrieur de la priode de six mois qui prcde
la libration du militaire, le gestionnaire de cas des Services de
sant des Forces canadiennes transfert le dossier au gestionnaire de
cas dAnciens combattants Canada afin de sassurer que le processus
de transition se droule le plus harmonieusement possible60.
Selon le lieutenant-gnral David Millar, chef du personnel
militaire, la prestation de soins et de services aux membres des
Forces armes canadiennes qui souffrent dune maladie mentale est une
priorit de tout premier ordre pour les FAC. Il ajoute : Nous sommes
dtermins garantir que les militaires souffrant de maladie mentale
aient accs aux soins mdicaux et aux services de soutien ncessaires
pour quils reprennent le service ou les aider faire la transition
vers la vie civile61. La section suivante rsume les commentaires
des tmoins sur les diffrents programmes et services des FAC et du
MDN rapports au sous-comit.
57 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 29 octobre 2014
(colonel Gerry Blais). 58 MDN, Libration pour raisons mdicales :
Universalit du Service et Soutien aux Militaires Malades et
Blesss, 15 mai 2014; MDN, Directives et ordonnances
administratives de la Dfense (DOAD) DOAD 5023-0, Universalit du
service; DOAD 5023-1, Critres minimaux defficacit oprationnelle lis
luniversalit du service.
59 Sous-comit snatorial des anciens combattants, La transition
la vie civile des anciens combattants, juin 2014, p. 46 et 47.
60 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 29 octobre 2014 (colonel Gerry Blais).
61 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (lieutenant-gnral David
Millar).
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12
1. Programmes et services en sant mentale
Chaque anne, environ 15 % des membres de la Force rgulire se
prvalent des programmes et services en sant des FAC62, et cest le
Groupe des Services de sant des Forces canadiennes qui en est le
principal fournisseur63. Le Programme de sant mentale notamment,
offre deux chelons de services, soit les services psychosociaux et
les services de sant mentale. Selon le MDN, les services
psychosociaux offrent des soins de sant mentale de premier recours,
auxquels les membres des FAC ont un accs direct, sans besoin dune
rfrence par un mdecin64 . Ceux-ci comprennent des informations
psycho-ducationnelles, des services de counseling aux personnes,
aux couples ou aux familles, des interventions en cas de crise, des
consultations en matire de dpendance, du soutien administratif et
des valuations pr/post-dploiement65. Quant aux services de sant
mentale, il sagit de programmes secondaires axs sur des services
spcialiss structurs de faon offrir des soins multidisciplinaires
fonds sur les rsultats et les traitements66. Pour y avoir accs, les
membres des FAC doivent tre rfrs par un mdecin67.
Le Programme de sant mentale des FAC est principalement offert
par lentremise de leur rseau de trente cliniques de sant mentale et
des sept centres de soutien pour trauma et stress oprationnels
(CSTSO)68. La taille de ces cliniques varie dune base lautre et
elles offrent aux militaires des soins gnraux en sant mentale69. Le
lieutenant-colonel Alexandra Heber, chef de la section des
programmes cliniques la Direction de la sant mentale du Groupe des
services de sant des Forces canadiennes, a indiqu au sous-comit que
des quipes multidisciplinaires comprenant psychiatres,
psychologues, travailleurs sociaux, infirmiers en sant mentale,
conseillers en toxicomanie et aumniers spcialiss travaillent de
concert dans ces cliniques en vue doffrir le meilleur traitement
disponible pour les affections mdicales dont souffrent les membres
des FAC. Le but ultime, ajoute-t-elle, est de permettre aux
militaires de reprendre leurs activits plein temps, dans la mesure
du possible70 . Les CSTSO, dautre part, ont t cres en 1999 et sont
des cliniques spcialises venant spcifiquement en aide aux membres
des FAC souffrant dune BSO la suite dune mission. Le
lieutenant-colonel Heber explique que les CSTSO emploient des
quipes formes de cliniciens hautement qualifis qui procdent une
valuation, offrent un diagnostic et supervisent le traitement des
militaires souffrant dune BSO71. Ces centres sont situs
62 MDN, Stratgie du mdecin gnral en matire de sant mentale,
Groupe des Services de sant des
Forces canadiennes, octobre 2013, p. 5. 63 MDN, Services de sant
mentale des Forces armes canadiennes. 64 MDN, Stratgie du mdecin
gnral en matire de sant mentale, p. 16. 65 Ibid., MDN, Services de
sant mentale des Forces armes canadiennes. 66 MDN, Stratgie du
mdecin gnral en matire de sant mentale, p. 16. 67 Les services de
sant mentale sont subdiviss en trois principaux programmes : le
Programme gnral de
sant mentale, le Programme de soutien pour trauma et stress
oprationnels et le Programme de traitement de la toxicomanie. Le
premier englobe lvaluation, et le traitement individuel ou en
groupe de ceux qui souffrent de diverses [sic] problmes de sant
mentale tels que la dpression, lanxit [] et linsomnie . Le deuxime
offre des services dvaluation, des traitements individuels ou de
groupe pour les militaires victimes de stress oprationnel , tel que
lESPT. Le dernier offre des services dvaluation et des traitements
individuels aux personnes ayant une dpendance ou un problme
dalcool, de drogues ou dautres comportements compulsifs . MDN,
Services de sant mentale des Forces armes canadiennes.
68 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (lieutenant-gnral David
Millar).
69 MDN, Documentation : Les services de sant mentale dans les
Forces canadiennes, 12 septembre 2012. 70 Sous-comit snatorial des
anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 29
octobre 2014
(lieutenant-colonel Alexandra Heber). 71 Ibid.
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13
Edmonton, Alberta; Esquimalt, Colombie-Britannique; Gagetown,
Nouveau-Brunswick; Halifax, Nouvelle-cosse; Ottawa, Ontario;
Petawawa, Ontario, et Valcartier, Qubec72.
loccasion de son tmoignage, le lieutenant-gnral Millar a indiqu
au sous-comit que le rseau des cliniques des FAC et des CSTSO est
court de quelques professionnels en sant mentale. Il a expliqu que
depuis janvier 2015, les 455 postes existants ouverts aux
professionnels de la sant mentale au sein des FAC ne sont pourvus
qu 94 %. Il a toutefois rassur le sous-comit en soulignant qu on
poursuit les dmarches visant pourvoir les postes qui restent
vacants , mais il ajoute quil sagit dune situation en constante
volution puisque le secteur civil fait continuellement concurrence
aux FAC en ce qui concerne les cliniciens. Cela dit, le
lieutenant-gnral Millar rappelle que plus de 3 000 civils
professionnels de la sant mentale [] sont inscrits comme
fournisseurs de services aux Forces armes canadiennes pour garantir
un accs rapide aux soins73 .
2. Initiatives visant amliorer la rsilience et la
sensibilisation la sant mentale
Au cours des dernires annes, les FAC ont lanc des initiatives
visant amliorer la sant mentale et la rsilience de ses membres et
combattre les prjugs associs aux BSO et autres troubles mentaux.
Comme le lieutenant-gnral la expliqu, bon nombre de ces mesures
dcoulent directement de la participation des FAC la guerre en
Afghanistan. Il a par ailleurs soulign : Je crois que les
traumatismes et les expriences vcues en Afghanistan nous ont
nouveau ouvert les yeux quant la ncessit dune prparation, dun
entranement et dune ducation optimaux de manire nous donner une
plus grande rsilience par rapport aux diffrents types dpreuves et
de traumatismes auxquels nos dploiements nous exposent74.
En octobre 2013 par exemple, les FAC ont publi La stratgie du
mdecin gnral en matire de sant mentale, qui dcrit la faon dont la
Dfense entend amliorer la sant mentale des membres des FAC et
rduire limpact des blessures psychologiques et des maladies
mentales sur les oprations75 . La stratgie vise plus prcisment
tudier ltat et les consquences de la maladie mentale tant au sein
des FAC que dans la population canadienne, analyser les programmes
et services de sant mentale des FAC, cerner les secteurs o il est
possible damliorer le systme de sant mentale des FAC, tablir des
priorits stratgiques et exposer les principaux domaines sur
lesquels concentrer les efforts au cours des cinq prochaines
annes76.
Dans le mme ordre dides, les FAC ont prsent en 2009 En route
vers la prparation mentale (RVPM), un programme ax sur lducation en
matire de sant mentale, la sensibilisation et la formation
professionnelle. Le programme RVPM englobe tous les cours sur la
rsilience et la sant mentale qui sont intgrs dans la carrire des
membres des FAC, y compris ceux qui leur sont fournis dans le cadre
du cycle de dploiement. Ce programme est divis et adapt de telle
faon quil prend en considration les demandes et les responsabilits
auxquelles les membres des FAC doivent faire face chacun des stades
de leur carrire et en cours de dploiement77. Il a t conu
72 MDN, Services de sant mentale des Forces armes canadiennes.
73 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(lieutenant-gnral David Millar). 74 Ibid. 75 MDN, Stratgie du
mdecin gnral en matire de sant mentale, p. 1. 76 Ibid., p. 1 27. 77
MDN, En route vers la prparation mentale (RVPM).
-
14
de manire veiller ce que la meilleure formation qui soit puisse
tre offerte aux militaires afin quils optimisent leur prparation
mentale et quils soient en mesure de surmonter les diverses
difficults susceptibles de survenir au cours de leur carrire ou
dans le cadre dune mission78.
Des tmoins ont indiqu que le programme RVPM a t mis en uvre dans
le but de mieux informer les militaires, de combattre les prjugs
associs aux BSO et autres troubles mentaux, daccrotre la rsilience
psychologique face des vnements traumatisants et damliorer le
rendement et le bien-tre des membres des FAC au cours dune mission
ou lorsque confronts un vnement stressant. Le lieutenant-gnral
Millar prcise que le RVPM est un programme dducation et de
formation qui vise rendre les hommes et les femmes membres des
Forces armes canadiennes plus rsilients, plus conscients des
symptmes et des signes de la maladie mentale et mieux aptes les
comprendre, et mieux disposs demander plus rapidement les
traitements [] Il ajoute que ce programme dducation et de formation
samorce ds le recrutement au sein des Forces canadiennes et se
poursuit tout au long de la carrire militaire79 . Le
lieutenant-colonel Heber a en outre prcis que le programme En route
vers la prparation mentale vise essentiellement prparer nos soldats
au combat, aux situations stressantes, et aussi prparer les membres
et les dirigeants reconnatre les premiers symptmes. Nous voulons
intervenir le plus tt possible. Le programme aide aussi rduire la
stigmatisation. [] Nous voulons que les gens sachent que la sant
mentale est une question qui doit tous nous proccuper, au mme titre
que la sant physique80 .
Et a fonctionne , affirme le lieutenant-gnral Millar. Nous avons
eu la preuve damliorations marques, grce lamlioration des
connaissances lies la sant mentale et des attitudes, et nous avons
constat une diminution constante des stigmates et autres obstacles
aux soins. De fait, les FAC sont largir le programme RVPM81. Son
succs est reconnu au-del du domaine militaire. Les services
policiers de Calgary et la GRC, par exemple, ont dj mis en uvre des
lments de ce programme au sein de leurs organismes respectifs.
Dautres corps policiers, pompiers et organisations de premiers
rpondants ont galement manifest leur intrt envers le RVPM. Le
colonel Jetly a indiqu au sous-comit que ce programme a connu un
norme succs. On nous appelait de partout pour nous offrir de
laide82 . Les FAC ont ainsi tabli un partenariat avec la Commission
de la sant mentale du Canada en vue dadapter le programme RVPM aux
milieux de travail civils et de mettre lessai une formation et une
sensibilisation fondes sur le
78 Le programme RVPM, qui sadresse aux membres des FAC, est
divis en deux principaux volets : la
formation sur le cycle de carrire et la formation sur le cycle
de dploiement. La premire commence ltape du recrutement et se
poursuit tout au long de la carrire du militaire, tandis que la
seconde est subdivise en deux tapes, soit lentranement pralable au
dploiement et linstruction subsquente au dploiement. Dans le cadre
de cette dernire par exemple, le militaire de retour de mission
reoit une formation sur la transition et la rintgration; elle vise
informer les militaires et les aider dtecter rapidement les
problmes de sant mentale. Les FAC offrent galement aux membres de
retour de mission linternational la Dcompression dans un tiers lieu
ainsi que le Dpistage postdploiement amlior, qui comprend des
entrevues de dpistage conues pour identifier rapidement les
militaires susceptibles dtre atteints de troubles de sant mentale.
MDN, Cycle de carrire, Formation de la transition et rintgration,
Dcompression dans un lieu tiers, Dpistage postdploiement
amlior.
79 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (lieutenant-gnral David
Millar).
80 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 29 octobre 2014 (lieutenant-colonel
Alexandra Heber).
81 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (lieutenant-gnral David
Millar).
82 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (colonel Rakesh Jetly).
-
15
continuum du RVPM83 . Lorsquil sest prsent devant le sous-comit,
le colonel Jetly a signal que la Commission de la sant mentale du
Canada avait entrepris de mettre en uvre [le RVPM] lchelle
nationale84 .
3. Soutien aux blesss
Les membres des FAC souffrant dune maladie ou dune blessure
physique ou mentale les empchant de travailler pendant au moins six
mois sont habituellement muts lUnit interarmes de soutien du
personnel (UISP), lun de ses 24 centres intgrs de soutien du
personnel (CISP) ou lun de ses sept bureaux satellites au Canada85.
Le rseau de lUISP/des CISP leur offre un guichet unique o ils ont
accs aux programmes et services axs sur le rtablissement, la
radaptation et la rintgration, au titre de linitiative Prendre soin
des ntres. Le colonel Blais explique qu une quipe est charge de
soccuper des militaires. Nous avons des fonctionnaires qui
soccupent du volet des services, et des militaires qui forment la
chane de commandement . Ainsi que la appris le sous-comit, lUISP et
ses CISP rassemblent en un seul endroit des spcialistes en soutien
familial, spirituel, social et financier ainsi que des
gestionnaires de cas des Services de sant des Forces armes
canadiennes et des reprsentants dACC et du Programme de soutien
social aux blesss de stress oprationnel (SSBSO)86.
Actuellement, plus de 375 militaires et civils travaillent au
sein de lUISP/des CISP et plus de 2 000 militaires malades ou
blesss y sont affects, dont nombre dentre eux souffrent dune
BSO87.
Selon ce qua appris le sous-comit, le but du rseau de lUISP/des
CISP est de faciliter le retour au travail autant de membres des
FAC que possible. Leur rintgration est en grande partie coordonne
grce au Programme de retour au travail des FAC88. Selon le colonel
Blais, lheure actuelle le taux de succs de notre programme de
retour au travail, soit la rintgration complte des gens au sein de
leur unit, est denviron 35 p. 10089 . Le lieutenant-colonel Heber a
donn quelques statistiques intressantes en ce qui concerne plus
particulirement le retour au travail des membres atteints dune BSO,
en sappuyant sur une enqute de 2011 des FAC portant sur 792 soldats
dun groupement tactique dinfanterie de Gagetown envoy en mission en
Afghanistan en 2007. Le colonel Jetly a fait remarquer au
sous-comit que selon cette enqute, le taux de TPST [ESPT] se
situait environ 25 p. 100 il y a quatre ans90 . Pour sa part, le
lieutenant-colonel Heber a signal que 45 % des militaires traits
pour lESPT taient guris, taient en rmission complte et avaient t en
mesure de retourner au travail temps plein, 28 % de plus ntaient
pas en rmission complte, mais leur tat stait tout de mme assez
amlior pour quils puissent reprendre le travail en partie.
Seulement 27 % navaient montr que des signes
83 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 28 mai 2014
(Howard Chodos). 84 Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 4 fvrier
2015
(colonel Rakesh Jetly). 85 Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 29 octobre
2014
(colonel Gerry Blais). 86 Ibid. 87 Ibid. 88 Ibid. 89 Ibid. 90
Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(colonel Rakesh Jetly).
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16
mineurs damlioration et ont d rintgrer la vie civile. Selon le
lieutenant-colonel Heber, ces statistiques tmoignent du succs du
Programme de retour au travail91.
Quant aux militaires malades ou blesss devant retourner la vie
civile, ils peuvent se prvaloir dun certain nombre de programmes et
services offerts par les FAC dans le cadre de leurs Services de
transition92.
4. Soutien des pairs et de la famille
Les militaires souffrant dune BSO ont galement accs un rseau
national de soutien par les pairs que lon appelle le Programme de
soutien social aux blesss de stress oprationnel (SSBSO)93. Mis sur
pied en 2001, le SSBSO est un programme de partenariat administr la
fois par les FAC et ACC, il vise fournir aux militaires et aux
vtrans atteints dune BSO, ainsi qu leur famille, un soutien social
confidentiel et non clinique, ax sur les pairs94.
Comme la expliqu le colonel Blais, ce programme offre un soutien
par les pairs des personnes ayant dj particip des missions et ayant
elles-mmes souffert de problmes de sant mentale . Les
coordonnateurs aident les personnes ayant subi une BSO en
pratiquant lcoute, en partageant leur exprience personnelle et en
sassurant quelles reoivent toute laide dont elles ont besoin95.
Le colonel Blais ajoute que les services de soutien par les
pairs du SSBSO sont offerts partout au Canada par 54 coordonnateurs
choisis, forms et employs titre de fonctionnaires ainsi que par un
solide rseau de bnvoles qualifis , chacun deux possdant une
exprience directe et une connaissance pratique des traumatismes lis
au stress oprationnel et [sachant] ce que cela reprsente de vivre
avec une personne qui en souffre . Le colonel Blais a tenu
souligner que le SSBSO complte les soins cliniques fournis par les
professionnels de la sant mentale des Forces armes canadiennes96 .
En novembre 2014, le MDN a annonc que le SSBSO se poursuivrait au
cours des cinq prochaines annes et que jusqu 2 200 vtrans et leurs
familles pourraient en bnficier97.
Outre limportance du soutien par les pairs, certains tmoins ont
galement parl de la porte du soutien familial. Le colonel Russell
Mann, directeur des services aux familles des militaires, a affirm
au sous-comit quil y a une dimension familiale la continuit qui est
non clinique, mais qui est
91 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 29 octobre 2014
(lieutenant-colonel Alexandra Heber). 92 Pour de plus amples
renseignements sur les Services de transition et les services des
FAC, consultez
Sous-comit snatorial des anciens combattants, La transition la
vie civile des anciens combattants, juin 2014, p. 1 98; MDN, Le
Guide sur les prestations, les programmes et les services, p. 8 12;
MDN, Documentation : Le Programme de transition des Forces armes
canadiennes.
93 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015 (lieutenant-gnral David
Millar).
94 MDN, Le Guide sur les prestations, les programmes et les
services, p. 26. 95 Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 29 octobre 2014
(colonel Gerry Blais). 96 Ibid. 97 MDN, Communiqu de presse : Le
gouvernement du Canada prend les mesures ncessaires pour
renforcer
le soutien offert en matire de sant mentale aux militaires des
Forces armes canadiennes, aux anciens combattants et aux membres de
leurs familles, 23 novembre 2014; MDN, Document dinformation : Le
gouvernement du Canada prend des mesures pour rpondre aux besoins
en sant mentale des militaires, des anciens combattants et de leurs
familles, 23 novembre 2014.
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17
trs importante [] Lorsque tout va bien la maison, les militaires
sont concentrs sur la mission au moment du dploiement [] Ce sont
les conjoints et les partenaires qui font la force de nos
militaires98. Les FAC ont cur de soccuper des familles militaires,
plus particulirement de celles dont lun des membres est malade ou
bless. Le colonel Mann souligne que nous savons que les problmes de
sant mentale naffectent pas uniquement la personne qui en souffre99
. Quimporte la gravit du problme de sant physique ou mentale, la
famille partage la douleur et les souffrances du militaire ou de
lancien combattant , ajoute le colonel Blais. Voil pourquoi les FAC
offrent toute une gamme de programmes et de services visant
soutenir et aider les familles militaires.
Lessentiel des services lintention de ces familles est fourni
par lintermdiaire dun rseau de 32 centres de ressources pour les
familles des militaires (CRFM) situs sur les bases dun bout lautre
du pays. Le sous-comit a appris que la plupart des CRFM partagent
leurs locaux avec un centre intgr de soutien du personnel (CISP)
afin de faciliter la prestation des services100. Les CRFM offrent
un vaste ventail de programmes, de services et de ressources visant
aider les familles militaires, y compris de la formation en matire
de sant mentale et des services de counseling101.
En outre, on a cr en 2008 les postes dofficier de liaison pour
les familles afin daider plus spcifiquement les familles de
militaires souffrant dune maladie ou dune blessure physique ou
mentale. Ce sont des travailleurs sociaux, employs par le CRFM,
mais uvrant au sein dun CISP. Le colonel Mann explique que les
officiers de liaison sefforcent dappuyer lquipe des CISP en
fournissant rgulirement des soins, des services et du soutien aux
familles des membres des Forces armes canadiennes et aux membres
malades ou blesss. Ils offrent entre autres des services de
consultation en cas de crise, des services de sensibilisation et
dducation de la collectivit ainsi que des services de consultation
et dencadrement lintention des membres dune famille qui sont
malades ou blesss102. lheure actuelle, 32 officiers de liaison avec
les familles travaillent 28 endroits diffrents au Canada. Selon ce
qua appris le sous-comit, le nombre de familles militaires faisant
appel ces officiers de liaison suit une tendance la hausse depuis
2008. Le colonel Mann a mentionn que les officiers de liaison
continuent de travailler auprs de familles de militaires qui sont
aux prises avec des relations familiales difficiles, des blessures
physiques, des problmes de sant mentale, des priodes de deuil et
des difficults de transition qui sont parfois accompagns de
problmes financiers lis lemploi . Entre leur cration en 2008 et
lexercice financier 2013-2014, les officiers de liaison pour les
familles avaient aid pas moins de 1 585 diffrentes familles chaque
anne103.
Le sous-comit a galement appris au cours de son tude que les
CSTSO avaient largi leurs services aux familles militaires. Comme
lexplique le lieutenant-colonel Heber, ceux-ci comprennent
98 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 29 octobre 2014
(colonel Russell Mann). 99 Ibid. 100 Ibid. 101 Sous-comit
snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e
lgislature, 4 fvrier 2015
(lieutenant-gnral David Millar). 102 Sous-comit snatorial des
anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 29
octobre 2014
(colonel Russell Mann). 103 Ibid.
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18
des thrapies aux couples et aux familles, de mme que du soutien
et de linformation sur les blessures lies au stress oprationnel aux
conjoints et aux parents de nos patients [CSTSO]104 .
De plus, les familles militaires peuvent galement participer
certaines parties du programme RVPM, plus prcisment celles ayant
trait la formation pralable et subsquente la mission105. Comme la
soulign le colonel Blais, elles peuvent en outre participer au
programme SSBSO, qui comprend un volet ax sur les membres des
familles qui vivent avec une personne souffrant des suites dun
traumatisme li au stress oprationnel106 .
B. Gendarmerie royale du Canada
Tout comme les FAC, la GRC offre plusieurs programmes et
services en matire de sant mentale ses membres qui souffrent de
lESPT et autres BSO; certains sont offerts par lentremise de Sant
Canada107. De plus, en mai 2014, la GRC a lanc sa premire Stratgie
en matire de sant mentale de la GRC (20142019)108, laquelle, selon
le lieutenant-gnral Millar, sinspire de la Stratgie du mdecin gnral
en matire de sant mentale des FAC109. Cette stratgie quinquennale,
explique le sous-commissaire Daniel Dubeau, qui est galement
dirigeant principal des Ressources humaines de la GRC, a t lance
dans le but daborder la question de la stigmatisation, de maintenir
et de favoriser la sant mentale des employs et damliorer
continuellement la faon dont la GRC traite des enjeux lis la sant
mentale110 .
1. Programmes et services en matire de sant mentale
Le sous-commissaire Dubeau a expliqu dans son tmoignage que tous
les employs de la GRC et les membres de leur famille ont accs, 24
heures sur 24, tous les jours, aux Services daide aux employs par
lentremise de Sant Canada111 . Cette prestation est le rsultat dun
protocole dentente entre la GRC et Sant Canada112. Comme lexplique
le sous-commissaire Dubeau, ce service confidentiel offre accs un
service de consultation jusqu huit heures par incident, pour
traiter un nombre illimit de problmes professionnels ou personnels
. Ces problmes comprennent les problmes de sant mentale113.
Le sous-comit a aussi appris que la GRC offre un programme de
soutien par les pairs ses employs, ce qui leur donne accs des
coordonnateurs internes de lorganisation114. Selon le
104 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 29 octobre 2014
(lieutenant-colonel Alexandra Heber). 105 Sous-comit snatorial
des anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 29
octobre 2014
(colonel Russell Mann). 106 Sous-comit snatorial des anciens
combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 29 octobre
2014
(colonel Gerry Blais). 107 Gendarmerie royale du Canada (GRC),
Services de sant mentale offerts aux employs de la GRC. 108 Ibid.,
GRC, Stratgie en matire de sant mentale de la GRC (2014-2019), 1er
mai 2014. 109 Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 4 fvrier 2015
(lieutenant-gnral David Millar). 110 Sous-comit snatorial des
anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 6 mai
2015
(sous-commissaire Daniel Dubeau). 111 Ibid. 112 GRC, Services de
sant mentale offerts aux employs de la GRC. 113 Sous-comit
snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e
lgislature, 6 mai 2015
(sous-commissaire Daniel Dubeau). 114 GRC, Services de sant
mentale offerts aux employs de la GRC.
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19
sous-commissaire Dubeau, ce programme assure un lien avec les
Services daide aux employs et consiste en un point dentre pour
accder dautres ressources de la GRC, qui comprennent, sans sy
limiter, nos services de sant au travail, notre systme de gestion
informelle des conflits, nos reprsentants des relations de travail,
nos agents ngociateurs et nos aumniers115 .
En outre, le sous-commissaire Dubeau a indiqu au sous-comit que,
conformment au Rgime de soins de sant au travail de la GRC, les
membres actifs en priode de crise psychologique ou qui doivent
suivre une thrapie en raison dune toxicomanie ou dun autre problme
peuvent recevoir des services de psychothrapie offerts par des
psychologues agrs par un organisme de rglementation provincial ou
territorial . Ces services peuvent tre prodigus par dautres
professionnels de la sant mentale lorsque le psychologue de la GRC
le juge appropri116 . Le sous-comit a appris que ces soins de sant
au travail sont des avantages supplmentaires que la GRC peut offrir
afin de minimiser les contraintes et les restrictions ayant une
incidence sur laptitude dun membre remplir ses fonctions et
doptimiser lemployabilit117 . Voici quelques-uns des services de
soutien en sant mentale quoffre la GRC par lentremise de son Rgime
de soins de sant au travail :
Services de sant au travail de la GRC : ces services offrent un
certain nombre de services de soutien, y compris des services
psychologiques confidentiels individuels ou en groupe relativement
des incidents traumatisants; des services psychologiques
confidentiels dans le cadre du programme dinfiltration antidrogue;
services lis la prvention du suicide et des valuations
rtrospectives; des entrevues dvaluation psychologique au sujet dune
tentative de suicide; des valuations psychologiques et des sances
de dbreffage, des activits de prvention, des services de
consultation ou de thrapie court terme118. Ces Services de sant au
travail comptent 11 bureaux rpartis dans lensemble du pays. Selon
la GRC, les quipes multidisciplinaires qui viennent en aide aux
membres qui souffrent dun problme de sant psychologique comprennent
des mdecins, des psychologues, des infirmires en sant du travail,
des agents de scurit au travail, des gestionnaires des dossiers
dinvalidit, des facilitateurs en matire de retour au travail et des
coordonnateurs en matire de mesures dadaptation119.
Rgime de soins de sant complmentaire : la GRC donne ses membres
un accs un service de consultation individuelle, en groupe, en
famille ou en couple, offert par un psychologue approuv120.
Rgime de soins de sant de la fonction publique : leur retraite,
les anciens membres ont la possibilit de participer au Rgime de
soins de sant de la fonction publique, lequel comprend la
prestation de services psychologiques121.
115 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 6 mai 2015
(sous-commissaire Daniel Dubeau). 116 Ibid. 117 Ibid. 118 Ibid.
119 GRC, Services de sant mentale offerts aux employs de la GRC.
120 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 6 mai 2015
(sous-commissaire Daniel Dubeau). 121 Ibid.
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20
2. Coopration de la GRC avec les Forces armes canadiennes et
Anciens Combattants Canada
Les membres actifs et les membres retraits de la GRC qui
souffrent de BSO peuvent recevoir des services dvaluation, de
traitement et de soutien dans le rseau des cliniques de traitement
des traumatismes lis au stress oprationnel (cliniques TSO) dACC.
Les FAC offrent galement des services semblables aux membres actifs
de la GRC dans leur propre rseau de centres de soins pour trauma et
stress oprationnel (CSTSO)122. Cependant, seuls les membres actifs
de la GRC peuvent recevoir des traitements dans les cliniques TSO
dACC ou dans les CSTSO des FAC; ils doivent dabord tre dirigs vers
un de ces centres par leur mdecin traitant et ensuite recevoir
lapprobation dun mdecin-chef de la GRC. Ils doivent donc tre dirigs
vers ces centres par la GRC. Cependant, les membres retraits de la
GRC peuvent recevoir des services directs dune clinique TSO sils
reoivent une pension dinvalidit dACC123. Comme la expliqu au
sous-comit le sous-commissaire Dubeau, Anciens Combattants Canada
gre tous les avantages mdicaux, y compris le service de
consultation psychologique et laccs aux cliniques [TSO] pour les
anciens membres de la GRC qui reoivent des prestations en raison
dune BSO124 .
Il a t port lattention du sous-comit que le nombre de membres
actifs de la GRC qui a suivi un traitement pour un traumatisme li
au stress oprationnel dans une clinique TSO dACC ou dans un CSTSO
des FAC est pass de 52 en 2010 239 en 2014125. Autre fait qui a t
mentionn au comit : en 2014, 3 095 membres actifs ou membres
retraits de la GRC recevaient une pension dinvalidit dACC parce
quils souffraient dun ESPT ou dune BSO. Parmi ces 3 095 personnes,
plus de 1200 prestataires sont toujours en service dans la GRC126.
Le sous-comit a aussi appris que le nombre de membres actifs de la
GRC qui reoivent une pension dinvalidit dACC a grandement augment :
de 548 en 2008, ce nombre est pass 1 217 en 2014127.
De plus, le sous-comit a appris que les membres actifs et les
membres retraits de la GRC ont eu accs au rseau de soutien par les
pairs, communment appel programme de SSVSO, qui est gr
conjointement par les FAC et ACC. Mme si aucune disposition
officielle na t prise ce jour, la GRC a eu le privilge dutiliser le
programme de SSVSO , a expliqu la directrice gnrale de la Direction
gnrale de la sant et scurit au travail de la GRC, Sylvie
Chteauvert. Selon elle, la GRC planifie de renforcer sa
participation au programme de SSVSO : Nous entretenons actuellement
un dialogue et travaillons avec le MDN afin de prendre des
dispositions plus officielles pour que nous puissions le promouvoir
davantage, puisque, en fin de compte, le but est de
122 Ibid. 123 Sous-comit snatorial des anciens combattants,
Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 6 mai 2015
(sous-commissaire Daniel Dubeau, Sergent Brian Sauv et Sylvie
Chteauvert). Voir aussi GRC, Services de sant mentale offerts aux
employs de la GRC.
124 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 6 mai 2015 (sous-commissaire Daniel
Dubeau).
125 Document fourni par la GRC au Sous-comit snatorial des
anciens combattants du Snat le 6 mai 2015. 126 Sous-comit snatorial
des anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 6
mai 2015
(Sylvie Chteauvert). 127 Les 548 bnficiaires dune pension
dinvalidit en 2008 comprennent 455 personnes souffrant de lESPT
et
93 souffrant dautres BSO. Les 1 217 bnficiaires dune pension
dinvalidit en 2014 comprennent 1 014 personnes souffrant de lESPT
et 203 souffrant dautres BSO. Document fourni par la GRC au
Sous-comit snatorial des anciens combattants le 6 mai 2015.
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21
dstigmatiser les problmes de sant mentale et de veiller ce que
les membres obtiennent laide dont ils ont besoin128 .
En outre, comme il a t mentionn prcdemment, la GRC travaille
avec les FAC pour adapter le programme de formation En route vers
la prparation mentale (RVPM) qui englobe des cours sur la rsilience
et la sant mentale, aux policiers. Des ateliers RVPM adapts aux
besoins des membres de la GRC ont fait lobjet dun projet pilote men
dans la Division J du Nouveau-Brunswick, lequel a donn de bons
rsultats. Le rsultat de ltude a montr que, grce latelier, grce la
recherche, nous pouvions accrotre la rsilience , a dclar Sylvie
Chteauvert129. La GRC travaille avec la Commission de la sant
mentale du Canada et avec quelques universits canadiennes afin
dvaluer plus en profondeur le programme RVPM afin de ladapter aux
besoins des membres de la GRC130.
C. Anciens Combattants Canada
ACC offre une vaste gamme de programmes et de services pour
rpondre aux besoins des membres des FAC et des membres retraits de
la GRC qui souffrent de BSO ou dautres problmes de sant mentale, de
mme quaux besoins des membres de leur famille. Parmi ces services,
il y a des prestations dinvalidit, du soutien financier et des
services de transition de la vie militaire la vie civile pour les
militaires souffrant de blessures physiques ou psychologiques lies
au service; et du financement pour des services de soins de sant et
des services de rtablissement afin damliorer le mieux-tre mental et
physiologique des vtrans et favoriser leur autonomie131.
1. Programmes et services en matire de sant mentale
Selon ACC, le nombre de vtrans qui reoivent des prestations
dinvalidit en raison dun problme de sant mentale a augment de faon
constante au cours des 15 dernires annes. Ce nombre est pass de 2
137 personnes pour lexercice 2001-2002 18 071 personnes pour
lexercice 2013-2014. la fin de dcembre 2014, ce nombre tait de 19
015 personnes132. Comme la dmontr le coordonnateur clinique
national dACC, le Dr David Ross, cette augmentation a entran une
hausse de la demande des services en matire de sant mentale133.
Les programmes et services dACC pour les membres des FAC et des
membres retraits de la GRC qui souffrent de BSO comprennent
notamment un accs un rseau national de cliniques pour
128 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 6 mai 2015
(Sylvie Chteauvert). 129 Ibid. 130 Sous-comit snatorial des
anciens combattants, Tmoignages, 2e session, 41e lgislature, 6 mai
2015
(sous-commissaire Daniel Dubeau, sergent Brian Sauv et Sylvie
Chteauvert). 131 ACC, Rapport sur les plans et les priorits
2015-2016, p. 4 de la version anglaise. 132 Ce nombre a augment de
manire cumulative partir de 2 137 (AF 2001-2002) 3 501 (AF
2002-2003),
4 894 (AF 2003-2004), 6 491 (AF 2004-2005), 8 385 (AF
2005-2006), 10 250 (AF 2006-2007), 11 045 (AF 2007-2008), 11 888
(AF 2008-2009), 12 689 (AF 2009-2010), 14 111 (AF 2010-2011), 15
304 (AF 2011-2012), 16 673 (AF 2012-2013), 18 071 (AF 2013-2014),
et 19 015 (dcembre 2014). ACC, Rseau national pour blessures lies
au stress oprationnel, p. 3 de la version anglaise, document fourni
au Sous-comit snatorial des anciens combattants le 13 mai 2015.
133 Sous-comit snatorial des anciens combattants, Tmoignages, 2e
session, 41e lgislature, 13 mai 2015 (David Ross).
-
22
traumatismes lis au stress oprationnel (cliniques TSO)134. Mis
sur pied en 2002, ce rseau comprend neuf cliniques TSO rparties
dans lensemble du pays. Elles sont situes Calgary (Alberta),
Edmonton (Alberta), Fredericton (Nouveau-Brunswick), London
(Ontario), Ottawa (Ontario), Qubec (Qubec), Sainte-Anne-de-Bellevue
(Qubec), Winnipeg (Manitoba) et Vancouver (Colombie-Britannique).
Louverture dune 10e clinique TSO est prvue Halifax (Nouvelle-cosse)
en 2015. De plus, ACC a rcemment ouvert dautres cliniques
satellites afin de mieux rpondre aux besoins des patients dans
dautres collectivits canadiennes. Ces cliniques satellites sont
situes Brockville (Ontario), Chicoutimi (Qubec), Hamilton
(Ontario), Kelowna (Colombie-Britannique), Rive-Sud de Montral
(Qubec), Pembroke (Ontario), St. Johns (Terre-Neuve-et-Labrador),
Toronto (Ontario) et Victoria (Colombie-Britannique). Le rseau des
cliniques TSO dACC comprend aussi une clinique de traitement en
rsidence et une clinique de gestion de la douleur, toutes deux
situes lhpital Sainte-Anne Sainte-Anne-de-Bellevue135.
Le Rseau national pour les blessures de stress oprationnel
(RNBSO) soutient, guide et gre le rendement de ce rseau national
des cliniques TSO136. Ces cliniques TSO offrent une vaste gamme de
services dvaluation, de traitement, de prvention et de soutien aux
vtrans et leur famille. Chaque clinique comporte une quipe
multidisciplinaire comprenant des psychiatres, des psychologues,
des travailleurs sociaux, des infirmires en sant mentale et dautres
spcialistes137. Les vtrans peuvent accder aux services de ces
cliniques seulement sils sont aiguills par un professionnel de la
sant autoris. Comme la expliqu le Dr David Ross : Nous ne pouvons
prendre que des gens qui nous sont envoys par ACC ou nos
partenaires du protocole dentente [par exemple, la GRC] selon les
limites tablies, et cest le partenaire du protocole dentente qui
les dtermine ce moment-l. Un mdecin en milieu communautaire ne peut
pas nous envoyer de patient directement138.
Le Dr Ross a prcis au sous-comit que ces cliniques TSO sont le
rsultat d un partenariat fond sur une entente lamiable entre le
gouvernement fdral et les gouver