était d’indiquer le chemin. Contournant un gars du labo en ...
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Le Lieutenant Nicolas Dubé descendit de voiture et claqua la portière. C’était un
homme grand et imposant. Avec son mètre quatre-vingt-dix, il dépassait de plusieurs
centimètres la majorité des agents de police présents sur les lieux du crime. Il marchait d’un
pas rapide et raide, chacun de ses gestes contenant une colère mal réprimée. Sa journée avait
été de pire en pis.
Une chaleur accablante avait régné en maître sur la ville aujourd’hui, l’air était lourd et
moite. Du même coup, la climatisation de la voiture de patrouille avait décidé de rendre
l’âme. En fin d’après-midi, son coéquipier et lui avaient suivi une piste possible dans cette
histoire de tueur en série, qui s’était fatalement révélée sans intérêt; donc encore du temps
perdu. Pour finir, son partenaire avait marché sur un jouet d’enfant en sortant de l’immeuble
où ils avaient interrogé ensemble le prétendu témoin et en tentant d’amortir sa chute, son
collègue, en tombant, s’était cassé le bras. Nick sortait tout juste des urgences de l’hôpital
quand son cellulaire avait sonné, et voilà que maintenant, il se retrouvait avec un nouveau
meurtre à résoudre sur le dos.
Nicolas avait toujours été d’un naturel taciturne et ce soir, il avait un air encore pire que
celui qu’il avait en temps normal. Aucun des agents n’osa donc l’arrêter dans sa progression
vers l’appartement où le crime avait eu lieu.
Nick montra sa plaque au policier en faction devant la porte du logement. C’était petit et
surtout sans climatisation, il se serait cru dans un four. L’odeur malsaine et métallique du
sang frais empestait l’air couvrant de peu l’odeur caractéristique des produits d’entretien
ménager. Des borborygmes peu engageants se faisaient entendre dans ce qui lui sembla être
la salle de bain. La porte était fermée. Le spectacle qu’offrait la victime ne devait pas être très
plaisant. Pourvu que l’homme en train de vomir ne détruise pas de preuves en souillant ainsi
la scène du crime, songea Nick.
Tout semblait impeccablement bien rangé, à croire qu’une fée du logis était passée.
Aucune trace de lutte nulle part. Seul élément discordant : les éclaboussures écarlates qui
tachaient le tapis beige pâle du salon en une sorte de ligne irrégulière qui menait directement
dans la chambre à coucher de la victime. Juste devant la porte ouverte, un triangle avait été
dessiné avec le sang de la morte, pointe dirigée vers l’intérieur de la pièce comme si besoin
était d’indiquer le chemin. Contournant un gars du labo en train de relever des empreintes
sur la table de salon, Nick se dirigea droit vers la chambre.
Il prit une profonde inspiration qui lui souleva le cœur tant l’odeur était forte. Maîtrisant
son malaise, il se remémora les images des meurtres précédents et se prépara mentalement à
la scène qu’il s’apprêtait à voir. Il se devait de garder la tête froide pour ne manquer aucun
détail ou indice qui pourrait lui permettre d’attraper le salaud qui tuait ces gens. Car sans
avoir vu le corps, son instinct lui disait qu’il s’agissait du même tueur que pour les trois
autres. Il entra.
La victime était sur le lit, nue, écartelée et attachée. Elle y gisait sur le dos et était
atrocement mutilée. La femme devait avoir environ vingt-cinq à trente ans. Son visage était
intact, mais elle portait sur le corps la marque d’un nombre incalculable de blessures
mineures dont certaines ressemblaient à s’y méprendre aux types de plaies qu’un animal
sauvage pourrait faire avec des griffes acérées ou bien à ce qu’un maniaque manipulant un
couteau émoussé pourrait occasionner. L’autopsie révélerait sûrement que les blessures ne
provenaient pas toutes d’une arme blanche et que ce n’était pas ces plaies somme toute
superficielles, qui avaient causé la mort de la victime.
Le trou béant dans la cage thoracique de la victime parlait de lui-même. Le cœur avait
littéralement été arraché et Nick était prêt à parier qu’il n’avait toujours pas été retrouvé par
les agents qui arpentaient le petit logement où le corps avait été abandonné. Si ce meurtre
était semblable à ceux commis antérieurement, et cela en avait tout l’air, le médecin légiste lui
dirait que la victime était encore vivante au moment où on lui arrachait le cœur du corps. La
femme était bâillonnée, un chiffon dans la bouche et un autre attaché autour de sa tête,
maintenant ainsi le tout en place. Donc, les voisins ne devaient pas l’avoir entendue crier ou
autre chose du genre alors que ce sadique la torturait, puis finissait par la tuer.
Nick leva les yeux du cadavre et observa la chambre à coucher. Le sang de la morte
maculait la pièce. Il y avait des éclaboussures partout sauf sur un des murs, donnant ainsi
l’impression qu’il avait été nettoyé avec soin, afin que l’on puisse mieux lire l’inscription
sanglante qui y était tracée. Il s’agissait d’étranges symboles incompréhensibles.
Probablement une autre langue. Il faudrait faire appel à un traducteur ou à quelqu’un d’autre,
un civil peut-être, pour en connaître la signification. Nick pressentait que ce message était
d’une importance capitale, que cela le mènerait droit vers le tueur, car il ne doutait pas une
seconde que ces hiéroglyphes voulaient sûrement dire quelque chose. Cela devait
nécessairement vouloir dire quelque chose, sinon l’assassin ne l’aurait pas écrit. Pour
l’instant, un photographe appartenant au labo prenait des photos, sous tous les angles, du
corps et de l’appartement. Puis des « chasseurs d’empreintes » arpentaient avec leur
équipement les différentes pièces du logement, à la recherche du plus petit indice. Le policier
espéra qu’ils avaient déjà procédé dans la salle de bain. Il n’aimerait pas perdre de précieux
indices parce qu’un bleu n’avait pas pu supporter le spectacle et avait été malade sur les lieux
du crime.
Le message et la flèche, c’était du nouveau. Pour le reste, la scène était la même que celle
de la semaine précédente. La fréquence des meurtres aussi avait changé. Quatre victimes,
toutes à un mois d’intervalle, sauf pour celle-ci. Bien que Nick ait vu beaucoup d’homicides
dans son métier, il n’en avait jamais vu d’aussi sauvages que ceux perpétrés dernièrement.
Mais ce qui le minait le plus, c’était que l’enquête n’avançait pas d’un iota. Et voilà que
maintenant, le monstre se permettait de les narguer. La flèche, le message…
— Comment s’appelait la morte? S’enquit-il auprès de Ron, le responsable des types du
labo.
— Carole Tremblay, vingt-huit ans, mère célibataire. C’est le gamin qui a trouvé sa
mère. Il revenait de chez des copains. Il a d’abord paniqué et a téléphoné à une amie de la
famille qui a accouru sur les lieux. Quand elle est arrivée, il était en ligne avec le 911. Cette
amie est arrivée un peu avant nous et a vu le corps. Elle dit qu’elle n’avait rien touché, à
l’exception de la poignée de la porte d’entrée. Elle nous a confirmé l’identité de la victime.
— Le photographe a pris des photos de ça? Fit le Lieutenant avec un vague geste de la
main vers le mur où les symboles inconnus s’affichaient de façon presque obscène.
— Oui…
— Alors je veux ces photos le plus vite possible, coupa-t-il. Et trouvez-moi quelqu’un
capable de traduire ça… Où sont l’enfant et l’autre femme?
— Dans une des voitures de patrouille en bas, je suppose... ils font leur déposition,
Lieutenant...
Ron n’eut pas le temps de finir sa phrase, que le Lieutenant Dubé avait déjà quitté la
pièce, pressé de savoir s’il tenait enfin un indice sur l’auteur de ces meurtres.
Une ambulance, le camion du coroner, ainsi que quatre voitures de police étaient garés
en bas de l’immeuble. Quelques-uns des agents présents essayaient de calmer les voisins
immédiats sortis voir ce qui se passait et leur disaient de rentrer tranquillement chez eux.
Une camionnette de TVA était là, un journaliste se préparant à faire son reportage en direct.
Et merde, voilà encore autre chose… Songea Nick.
D’habitude c’était Jackson, son ami et collègue, qui s’occupait des médias. Mais avec son
bras cassé et tous ces analgésiques que les médecins lui avaient donnés cet après-midi, il était
K.O. et devait dormir comme un bienheureux dans son lit. Les journalistes devraient se
contenter d’un « pas de commentaires » de sa part.
Reportant son regard sur les autres véhicules, Nicolas vit dans une des voitures de
patrouille, dont la portière était restée ouverte, une jeune femme blonde qui serrait contre
elle un enfant d’environ une dizaine d’années. Comme la nuit était maintenant complètement
tombée, il ne pouvait voir clairement leurs traits dans les lumières rouges et bleues des
gyrophares. Mais aux premiers abords la femme avait l’air jolie, très jolie même. Une délicate
petite chose, constata-t-il en approchant. Le jeune garçon gardait la tête cachée contre la
poitrine de la jeune femme, qui lui passait une main tendre dans les cheveux et tentait
vainement d’apaiser les sanglots qui secouaient le petit corps maigrichon de l’enfant.
Ciara ne savait pas trop comment agir pour soulager le chagrin qu’Alexis pouvait
ressentir. Elle se contenta donc de le serrer maladroitement dans ses bras, n’ayant pas
beaucoup d’aptitudes pour les rapports humains. Elle comprenait très bien ce que l’on
pouvait éprouver en perdant un être cher. Au fil du temps, elle avait perdu un à un tous ceux
qu’elle aimait. Elle n’avait pour ainsi dire plus aucune famille et n’avait que très peu d’amis.
Pour elle, la mort des êtres chers était inévitable et cela expliquait pourquoi elle s’entourait de
très peu de gens. Tel était son destin, pensait-elle, sa malédiction. Être solitaire évitait de trop
souffrir.
Cependant, il était presque impossible de se couper de tout à moins d’aller vivre en plein
Antarctique. Et lorsque la jeune femme acceptait que quelqu’un entre dans sa vie il y était
pour le restant de sa vie. Enfin, plutôt jusqu’au moment où cette personne finissait par
perdre la vie…
Voilà qu’aujourd’hui le tour de Carole était venu. Elle était partie comme tous les autres,
mais trop tôt et en laissant son fils de huit ans seul au monde. Carole aurait dû mourir de
vieillesse et non pas de cette manière horrible. Juste d’y penser, suffisait à remplir le cœur de
Ciara de rage. Quand elle avait vu le corps de son amie, un tel désir de vengeance était né en
elle, qu’elle avait eu du mal à se raisonner. Ciara ne songeait alors qu’à venger et faire subir la
même chose au monstre qui avait fait ça. Cependant, cela ne pourrait pas faire revenir Carole
d’entre les morts. À se venger, on finissait par risquer d’y perdre son âme.
Et l’avenir d’Alexis était plus important que tout cela. C’est à lui seul qu’elle devait
songer en ce moment. Rien d’autre n’avait plus de valeur que la jeune vie qu’elle tenait entre
ses bras, là, maintenant.
Voilà très longtemps que Ciara avait perdu sa mère et quelques années plus tard, son
grand-père. Tous deux assassinés par des monstres. Bien qu’à l’époque de la mort de sa
mère, elle ait été plus jeune qu’Alexis, elle se souvenait. De tout ou presque. Par la suite, elle
avait compris que c’était elle que ces montres cherchaient avec acharnement.
Soudain, Ciara sut ce qu’il fallait qu’elle dise au jeune garçon.
— Alex? Alexis Tremblay, regarde-moi! Regarde-moi bien dans les yeux, fit-elle en
l’écartant brusquement d’elle, tout en gardant les mains sur les petites épaules tremblantes.
D’une voix douce, elle poursuivit : Je te promets et peu m’importe le temps que cela me
prendra, je te promets que je retrouverai qui a fait ça et que la mort de ta maman ne restera
pas impunie...
Des bruits de pas lui parvinrent, la jeune femme se tut. Elle était observée. Ils n’étaient
plus seuls. Quelqu’un venait vers eux et était maintenant assez près pour l’entendre parler.
Elle devrait discuter avec le garçonnet plus tard de la mort de Carole, mais pour l’instant, elle
trouva rapidement quelque chose de moins incriminant à lui dire.
— La police retrouvera le type qui a fait ça à ta mère et ce salaud paiera pour ses crimes,
crois-moi, ajouta-t-elle en caressant les cheveux du jeune garçon et en le serrant de nouveau
contre elle. Il le paiera, fais-moi confiance. Depuis que tu me connais, est-ce que je t'ai déjà
fait une promesse que je n’ai pas tenue?
Alexis secoua la tête en signe négation, sanglotant et hoquetant douloureusement sur
l’épaule de la jeune femme.
Nick ne savait pas que penser. Devait-il voir dans ces quelques mots que cette femme
venait de dire, qu’elle se lancerait à la poursuite du meurtrier elle-même et qu’elle ferait sa
propre loi? Ou bien était-il devenu trop méfiant et peut-être même paranoïaque ces derniers
temps? Non, il était tout simplement épuisé, carrément mort de fatigue. Il allait devoir garder
un œil sur elle. Elle avait peut-être vu quelque chose en arrivant. Un témoin dans cette
enquête serait le bienvenu.
Signalant sa présence en faisant un bruit de gorge, Nick fit les quelques pas qui le
séparaient encore de la voiture de patrouille. S’il se fiait à la réaction de peur du gamin, il
devait avoir son air des mauvais jours. Cela ne le surprit nullement. Il n’avait pas dormi
depuis près de trente-six heures, ses vêtements étaient froissés, il ne s’était pas rasé et, vu la
température élevée de la journée, il ne devait pas sentir la rose. Il devait avoir davantage
l’allure d’un clochard que d’un policier. De plus, il avait la manie de se passer les mains dans
les cheveux quand il réfléchissait, ce qui lui redressait, la majorité du temps, les cheveux
droits sur la tête.
Réflexion faite, il devait ressembler davantage à un fou échappé de l’asile.
Mais quelle importance? Ces meurtres l’empêchaient de trouver le sommeil. Ils le
hantaient littéralement et le consumeraient de l’intérieur tant qu’il n’aurait pas trouvé le
coupable.
Nick n’avait pas l’habitude d’échouer en quoi que ce soit, mais là, son enquête piétinait
depuis trop longtemps et l’assassin, pendant ce temps, continuait à tuer impunément, ne
laissant toujours aucun indice derrière lui.
— Bonsoir, je suis le Lieutenant Dubé, se présenta-t-il avec un sourire crispé. Je sais que
mes collègues ont déjà dû vous assommer de questions, mais j’en ai encore quelques-unes à
vous poser.
— Désolée, mais pour Alexis et moi, ce n’est sûrement pas un bon soir. Sa mère vient de
se faire tuer et il se trouve qu’il s’agissait de mon amie, répliqua âcrement Ciara, le regard
aussi froid qu’une banquise. Et il est vrai que vos collègues nous ont déjà posé des questions
auxquelles nous ne pouvons répondre. Nous sommes encore sous le choc.
— Je comprends très bien tout cela, Madame, mais il me faut le plus d’indications
possible pour attraper le type qui a fait ça, dit Nick en passant une main lasse dans ses
cheveux, créant ainsi de nouveaux épis dans sa chevelure. Comme vous avez dû le lire dans
les journaux, ce n’est pas son premier crime et il ne laisse que très peu d’indices derrière lui.
Toute information, aussi insignifiante soit-elle, peut nous conduire au meurtrier.
Le lieutenant Dubé sortit de la poche de son pantalon un petit carnet aux pages cornées,
un crayon et une carte professionnelle dans un geste lent et mesuré. Il lui donna la carte.
— Je ne vous demanderai pas de compléter votre déposition dès ce soir, mais j’aimerais
que vous passiez me voir demain pour cela. Pour le moment, acceptez-vous de répondre à
quelques questions? Vous devez comprendre que je dois faire mon travail. Votre nom et
prénom?
Ciara poussa un soupir exaspéré.
— O’Neil, Ciara. Puis devançant les questions du policier, elle continua: j’ai vingt-six
ans et toutes mes dents. Vos collègues ont mon adresse et mon numéro de téléphone. Je suis
arrivée ici juste après avoir reçu l’appel d’Alexis, il devait être environ vingt heures trente.
Quand je suis entrée dans l’appartement de Carole, Alex était prostré dans le fauteuil du
salon et pleurait, tout en parlant avec la téléphoniste du 911. J’ai vu les taches de sang sur le
tapis et je les ai suivies jusqu’à la chambre.
Ciara ferma les yeux comme pour mieux se rappeler ce qu’elle avait vu bien que jamais
elle ne l’oublierait. Elle avait trop bonne mémoire pour cela, pensa-t-elle amèrement.
— Il y avait du sang partout et Carole était sur le lit, la poitrine ouverte.
La jeune femme ouvrit les yeux.
— Je savais qu’elle était morte, tout le monde l’aurait su juste en regardant le corps,
poursuivit-elle d’une voix atone. Je suis sortie de la chambre, je me suis approchée du petit et
je l’ai pris dans mes bras. Il s’accroche à moi depuis et refuse de me lâcher. Vos collègues
policiers sont arrivés peut-être cinq minutes après.
— Avez-vous vu quelqu’un sortir du bâtiment lorsque vous êtes arrivée sur les lieux?
— Non, je n’ai vu personne. Alexis, non plus, répondit-elle en baissant les yeux vers le
petit garçon et resserrant son étreinte autour de son corps frêle. Il était saisi de frissons
incontrôlables.
— Vous avez vu l’inscription sur le mur, en connaissez vous la signification, ce qu’elle
veut dire?
Ciara ne dit mot, mais répondit négativement en secouant la tête. Le lieutenant referma
lentement son carnet, exaspéré de n’avoir toujours pas la moindre information sous la main
pouvant permettre de coffrer le sadique qui tuait ces pauvres gens.
— Vous pouvez rentrer chez vous, mais j’aimerais que vous passiez demain au Poste
pour votre déposition. Est-ce que le gamin a de la famille qui pourrait s’occuper de lui? Nous
allons appeler les services sociaux et…
— Il vient avec moi, le coupa-t-elle froidement. Il passera la nuit chez moi et demain,
j’irai vous voir pour ma déposition. Alex n’a plus de famille, je verrai avec mon avocat pour
la garde. Il est hors de question qu’il aille en foyer d’accueil.
La jeune femme s’extirpa de la voiture de police avec quelques difficultés et se redressa,
un Alexis tout tremblant toujours agrippé à elle, refusant de la quitter ou de la lâcher. Le
Lieutenant remarqua alors qu’elle lui arrivait à l’épaule. C’était bizarre, mais il avait eu
l’impression qu’elle était plus petite.
— Vous devriez aller dormir, Lieutenant, vous avez l’air d’un déterré. Plus bas, elle
ajouta pour elle-même: et je sais de quoi je parle...
Ciara se dirigea d’un pas ferme vers sa voiture de sport, le gamin toujours dans ses bras.
Il était léger comme une plume. Après quelques minutes et plusieurs paroles qu’elle supposa
réconfortantes, elle réussit doucement à faire lâcher prise à Alex pour le faire asseoir à la
place du passager dans la Viper. Elle contourna le véhicule puis se tournant vers l’immeuble,
jeta un dernier regard en direction du policier encore dans le stationnement. Elle monta dans
l’automobile et démarra.
Nicolas s’était surpris à observer la démarche légèrement chaloupée de la jeune femme.
Vu la manière dont elle portait sans peine le petit il ne devait pas peser très lourd ou alors
cette Ciara O’Neil était plus forte qu’elle n’en avait l’air. Une fois que la femme fût partie, il
retourna d’un pas pesant dans le petit logement. Il passerait une autre nuit blanche et celle-ci
ne faisait que commencer.
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