Les Technologies de l’Information et de la Communication au service de la réduction de la pauvreté (UNDP-APDIP 2004)
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8/8/2019 Les Technologies de lInformation et de la Communication au service de la rduction de la pauvret (UNDP-APDIP 2
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UNDP - APDIP
Programme des Nations Unies
pour le Dvelopp ement
Les Technologies de lInformation
et de la Communication au service
de la rduction de la pauvret
8/8/2019 Les Technologies de lInformation et de la Communication au service de la rduction de la pauvret (UNDP-APDIP 2
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Roger W. Harris
Traduction libre - PNUD Madagascar
Programme des Nations Unies
pour le Dveloppement
Les Technologies de lInformation
et de la Communication au service
de la rduction de la pauvret
UNDP-APDIP 2004
8/8/2019 Les Technologies de lInformation et de la Communication au service de la rduction de la pauvret (UNDP-APDIP 2
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Version anglaisewww.apdip.net
E-mail : info@apdip.net
UNDP-APDIP 2004
Fascicules dinitiation pour lEconomie, la Socit
et les Politiques de lInformation
Publi par :le Programme des Nations Unies pour le Dveloppement
Asia-Pacic Develoment Information Programme
(UNDP-APDIP)
Kuala Lumpur, Malaisie
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PREFACE 6
INTRODUCTION 7
I. CONCEPT ET DEFINITIONS
- Quest-ce que la pauvret, o la rencontre-t-on et quelles en sont les
caractristiques une fois rduite ? 9
- Quest-ce la fracture numrique ? 10
- La fracture numrique a-t-elle trait au seul accs la technologie ? 13
- Quelles technologies de linformation sont des outils potentiels
de rduction de la pauvret ? 15
II. STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT ET TIC
- Quel lien existe-t-il entre dveloppement, information et TIC ? 18
- Quelles stratgies de rduction de la pauvret ont t mise
en uvre avec succs laide des TIC ? 19
III. LES LEONS A TIRER DU VECU
- Quelles leons peut-on tirer ce stade ? 39
- Quelles sont les principales dimensions sociales des TIC
mises au service de la rduction de la pauvret ? 41
- De quelle manire les responsables de mise en uvredevraient-ils collaborer avec les communauts ? 43
- Quelles autres considrations entourent la mise en uvre des projets ? 43
- Existe-t-il une perspective dutilisation durable des TIC
au service de la rduction de la pauvret ? 46
IV. VERS UN CADRE GENERAL DE REDUCTION DE LA PAUVRETE PAR LES TIC ?
- Quelles sont les dimensions politiques associes la rduction
de la pauvret par les TIC ? 50
- Existe-t-il un cadre descriptif gnral de la rduction
de la pauvret par les TIC ? 51
V. CONCLUSION 55
REFERENCES 72
LECTURES SUPPLEMENTAIRES 77
QUI EST LAUTEUR 80
TABLE DES MATIERES
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PREFACE
La rvolution de linformation est couramment voque comme un phnomne qui touche tout le monde,
apporte des changements fondamentaux la manire dont nous travaillons, dont nous nous distrayons et
dont nous interagissons avec autrui. La ralit, cependant, est que la plupart du temps de tels changementsont laiss en marge la majorit de lhumanit constitue des milliards de pauvres pour qui les mots
ordinateur et Internet sont vides de sens. Mais fort heureusement, lon observe que dans un nombre
croissant de cas, tel un processus de discrte rvolution, un parterre dorganisations locales, dorganismes
daide et dorganes gouvernementaux dcouvrent que les Technologies dInformation et de Communication
(TIC) peuvent servir augmenter la porte de la rvolution de linformation pour toucher la frange la plus
pauvre de la socit qui vit dans les coins les plus reculs de la plante.
Il a t dmontr que dans les bonnes circonstances, les TIC sont des leviers potentiels du dveloppement
social et conomique en termes de services de sant, damliore de lducation, demploi, dagriculture et
de commerce ainsi que pour enrichir la culture locale. Ce qui ne signie pas pour autant que la tche soit
aise car cela implique plus quun simple dploiement de technologie et rclame un effort dapprentissage
gal de la part des promoteurs comme de la part des utilisateurs. Dconcertante est la facilit quil y a
introduire une technologie porteuse de grands espoirs. Mais combien plus grand est le d qui consiste
crer les conditions ncessaires qui permettront la technologie datteindre son plein potentiel, avec ce que
cela exige de synergie et de coordination des efforts entre des parties prenantes qui sont autant varies que
leurs intrts sont disparates.
Les preuves qui permettent de mettre en vidence le rle des TIC dans la rduction de la pauvret relvent
de sources non conrmes et lorsque les initiatives sont dployes, cest en faisant fort peu rfrence les
unes aux autres. Il y a grand besoin dhommes ayant la pratique du terrain pour faire le point de lexprience
cumule ce jour. Chaque exprience de terrain cre des opportunits dapprendre sans risques dchecs
except sans doute celui que nous essuyons lorsque nous ne tirons justement pas de leons de lexprience.
En outre, mesure que saccumule lexprience, nous pouvons commencer en tirer une signication
globale en mettant en exergue les thmes rcurrents et les modles de relations susceptibles dtre
rpliqus.
Le prsent fascicule dinitiation vous est prsent par le Programme des Nations Unies pour le
Dveloppement, volet Asia-Pacic Development Information Programme (APDIP), qui sest assur
la collaboration du Gouvernement de lInde. Lobjectif de lAPDIP est de crer un environnement
favorable aux TIC travers un plaidoyer et une rforme des politiques de la rgion Asie-Pacique. La
srie de fascicules de lAPDIP vise permettre aux lecteurs davoir une claire comprhension des diversesterminologies, dnitions, tendances et questions lies lre de linformation. Le prsent fascicule sur les
TIC et la Rduction de la Pauvret passe en revue les programmes contemporains raliss sur le terrain
et propose une synthse des opportunits de leons en tirer. Le fascicule sera un guide pratique entre les
mains des responsables de mise en uvre sur terrain, car non seulement il prsente un aperu des meilleures
pratiques existantes mais il permet galement de mieux comprendre comment ces pratiques ont marqu un
grand nombre de cas.
Nous tenons remercier pour leur collaboration nos collaborateurs chargs de la revue de cette publication
et lquipe de production de la srie de fascicules dinitiation.
Shadid AkhtarProgramme CoordinatorUNDP-APDIP (Malaisie)www.apdip.net
O.P. AgarwalJoint Secretary (Training)Department of Personnel andTraining (DOPT)Government of IndiaNew Delhi (Inde)
TIC au service de la reduction de la pauvretPNUD5
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INTRODUCTION
Les principaux organismes daide et bailleurs, ainsi que le gouvernement de plusieurspays en dveloppement, sont de plus en plus mus denthousiasme en ce qui concerneles perspectives damlioration de leurs activits de dveloppement en mettant les
Technologies de lInformation et de la Communication (TIC) la disposition despauvres. Le prsent fascicule dcrit les formes actuelles dutilisation des TIC dansla rduction de la pauvret. Il traite de ce que lon qualie de fracture numriqueet qui est la description de la totale disparit qui spare la minorit de ceux qui
jouissent dune abondance daccs aux TIC et les grands nombres de personnes quiny ont aucun accs du tout, et enn, il dcrit les efforts actuellement dploys poursurmonter cette ralit.
Linformation et les connaissances sont les composantes essentielles des stratgies derduction de la pauvret. Aussi les TIC offrent-elles la promesse dun accs facile dimportantes quantits dinformation utiles pour les pauvres. La fracture numrique
est cependant considre comme le rsultat et non la cause de la pauvret, et les effortspour combler cet cart doivent tre intgrs des stratgies efcaces qui traitent leproblme de la pauvret jusqu ses racines. En outre, il ressort des tout premiersmodles dadoption et de diffusion de la technologie que les TIC natteindront
pas leur plein potentiel si lon ne prend pas convenablement en considration lesprocessus plus larges auxquels elles sont senses apporter leur soutien ainsi que lecontexte dans lequel elles sont mises en uvre.
Plusieurs exemples sont l pour dmontrer la russite de la mise en uvre des TICet permettre une synthse du vcu qui puisse apporter la lumire sur la maniredutiliser les TIC
pour assurer une rduction grande chelle de la pauvret.
La notion de TIC est gnralement associe aux ordinateurs et lInternet, visionque plusieurs considrent comme limite car elle exclut des technologies pluscommunes telles que la radio, la tlvision, la technologie du tlphone, les systmesde sonorisation, jusquaux journaux, qui tous vhiculent linformation. Dunemanire particulire, il ne faut pas se risquer sous-estimer la valeur potentielle dela radio qui est un canal de transmission des informations de dveloppement, et a laspcicit dtre prsent presque partout dans les pays en dveloppement jusque dansles zones rurales o vivent la majorit des pauvres.
Le prsent fascicule comporte une description de plusieurs cas qui illustrent la maniredont les TIC ont contribu rduire la pauvret dans une plus grande ou moindremesure. Plusieurs tudes de cas sont prsentes la n de louvrage. Il y est fait unesynthse de certaines leons tires de ces cas, qui dmontre comment les efforts demise en uvre doivent prendre en compte une grande varit de facteurs essentiels
pour russir. Un cadre de programme de rduction de la pauvret est prsent pourfaciliter lentire prise en compte de tous ces facteurs et sert doutil danalyse desrsultats rattachs chaque cas ainsi que des facteurs qui les ont inuencs.
Jusqu prsent, lutilisation des TIC pour rduire la pauvret na pas atteint unniveau tel quon puisse parler de mouvement de masse, malgr le fait que lesinstallations exprimentales aient produit de nombreux rsultats prometteurs. Mis
part la difcult rattache lvaluation de leur impact, point ne pas sous-estimer,transformer une exprience prometteuse en dploiement de masse reprsente touteune srie de ds relever. Pour promouvoir grande chelle une technologie an
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dlargir le cercle de ses premiers utilisateurs, il est ncessaire de considrer un certainnombre de facteurs favorables majeurs qui permettent de rduire les incertitudes quimarquent ladoption de ces TIC. Il reste aux dfenseurs de lutilisation des TIC auservice de la pauvret, formuler ces facteurs favorables, pour pouvoir concrtiserce vers quoi ils sacheminent.
Plusieurs des facteurs qui dtermineront la manire dont les TIC seront intgres dansles initiatives de dveloppement communautaires et nationaux revtent un caractrehautement contextuel par nature ; ils dpendent des normes qui prvalent en matirede comportement institutionnel et des chances, pour les rformes, dtre mises enuvre avec rigueur. En consquence, les taux de diffusion et de rplication des TICconnatront des variances parmi les communauts et dune nation lautre. Danscertains cas, nous pouvons nous attendre ce que la diffusion des TIC au service dela rduction de la pauvret connaisse une progression plutt lente. Une telle lenteursattirera des critiques et sera comme laveu de lincapacit des TIC venir en aide
aux pauvres. Si commentaires il y a, ils porteront toutefois, et cela avec inexactitude,sur les technologies plutt que sur la manire dont elles sont utilises, de mme quilsseront fonds sur une comprhension incomplte des facteurs entrant en jeu et desexigences souligner pour atteindre des rsultats souhaitables avec laide des TIC.Le prsent fascicule vise faire la lumire sur les divers facteurs en jeu et dcrireles liens inter-facteurs, de sorte que les parties impliques peuvent se reprsenter plusclairement les difcults et se faire une meilleure ide des moyens de les surmonter.
TIC au service de la reduction de la pauvretPNUD7
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I. CONCEPTS ET DEFINITIONS
Quest-ce que la pauvret, o la rencontre-t-on et quelles en sont les caractristiques
une fois rduite ?
Avant dtudier la faon dont les TIC pourraient tre utilises pour rduire la
pauvret, il sied dexaminer ce que lon entend exactement par pauvret. Selon
les rapports de la Banque Mondiale, 2,8 milliards de personnes sur les 6 milliards
quen compte la plante, cest--dire presque la moiti, vivent avec moins de 1USD
par jour, 44% dentre eux tant des populations de lAsie du Sud. Les Objectifs du
Millnium pour le Dveloppement xs pour 2015 par les organismes internationaux
de dveloppement prvoient la rduction de moiti, de la masse de personnes vivant
dun revenu situ au seuil extrme de pauvret ou de celles vivant avec de 1USD par
jour. Le chiffre de 1USD par jour est gnralement admis comme tant un indicateur
gnral dextrme pauvret dans le discours du dveloppement, mais de toute
vidence il nexiste pas de limite absolue et le revenu nest quun indicateur entre
autres indicateurs, des rsultats de la pauvret.
Middle East and North Africa 0.5%
Europe and Central Asia 2.0%
Latin America and the Caribbean 6.5%
East Asia and Pacic 23.2%
South Asia 43.5%
Sub Saharan Africa 24.3%
Rpartition de la pauvret au niveau mondial (Banque Mondiale, 2001/Figure 1:
Le rapport de la Banque Mondiale va bien au-del des considrations de niveaux de
revenus lorsquelle dnit la pauvret lorsquelle cite au nombre des caractristiques
de pauvret limpuissance, la privation de parole, la vulnrabilit et la peur. En outre,
la Commission Europenne suggre que la dnition de la pauvret ne se limite pas
linsufsance de revenus et de ressources nancires. Ainsi, la notion de pauvret
devrait galement inclure la privation des capacits fondamentales et linsufsance
daccs aux services dducation et de sant, aux ressources naturelles, lemploi,
la terre et au crdit, la participation politique, aux services et linfrastructure(Commission Europenne, 2001). Selon une dnition encore plus largie, la
pauvret est la privation des informations ncessaires pour participer la socit plus
large, au niveau local national et mondial (ZEF, 2002).
TIC au service de la reduction de la pauvret PNUD 8
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CONCEPTSET DEFINITIONS
TIC au service de la reduction de la pauvretPNUD9
Afrmer quun cart de connaissances est un dterminant important de la pauvret
persistante, et y ajouter la notion selon laquelle les pays dvelopps possdent dj
les connaissances requises pour assurer un niveau de vie sufsant universellement,
donne penser quil est ncessaire de dvelopper des politiques qui encouragent
de plus grands ux de communication et dinformation tant lintrieur des pays
quentre les pays. Un des meilleurs moyens envisageables pour faire de cette plus
grande interaction une ralit est de mettre en uvre les TIC. Mais la question se
pose de savoir, une fois les TIC entrs en scne, de quelle faon il est possible den
mesurer les effets.
Il est probablement facile, grce une analyse ne, de mettre en vidence les
augmentations de revenus dun mnage qui peuvent rsulter directement de
lutilisation des TIC. Les changements qui marquent les autres caractristiques de
pauvret telles que la privation de parole et la vulnrabilit seront plus difciles
clarier par la recherche et seront le mieux dtects par le biais dun entretien direct
avec les personnes concernes.
Le expriences des valuation de terrain pour des TIC qui ont t dployes au service
de la rduction de la pauvret ont t mlanges et sont controverses. Les projets
pilotes, bien souvent, nont pas russi produire les avantages esprs sufsamment
rapidement selon les attentes de leurs organismes de nancement, ou alors ils ont
produit des avantages non attendus que les valuations peuvent difcilement prendre
en considration. Dhabitude, les priodes de temps dont les communauts ont besoinpour sapproprier entirement les TIC et les utiliser de sorte en tirer des avantages
signicatifs dpassent largement les attentes des promoteurs de la technologie et/ou
des valuateurs qui nissent par perdre patience et par dclarer prmaturment et de
faon inopportune que le projet est un chec.
Quest-ce que la fracture numrique ?
La rpartition ingale au niveau mondial de laccs lInternet a mis en vidence lexistence
dun cart, ou fracture numrique, qui spare les individus qui ont accs aux ordinateurs et lInternet de ceux qui nont pas cette opportunit. Ainsi que la dclar Ko Annan, Secrtaire
Gnral des Nations Unies :
Les nouvelles technologies de linformation et des communications gurent au nombre
des forces vitales de la mondialisation. Elles rapprochent les peuples et mettent la
disposition des dcideurs de nouveaux outils de dveloppement qui nont pas leur
prcdent. Paralllement, cependant, lcart entre les dtenteurs dinformation et les
non-dtenteurs dinformation se creuse et un vritable danger menace dexclure de
lconomie mondiale mergente base sur les connaissances, les pauvres de la plante.
(Annan, 2002).
Quelques statistiques permettent de mettre en vidence les diffrences alarmantes qui
loignent les catgories situes aux deux ples de la fracture numrique :
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Lensemble des pays en dveloppement de la plante dtient la pitre part de 4%
des ordinateurs du monde.
75% des 700 millions dappareils tlphoniques du monde sont dans les 9 pays
les plus riches.
On dnombre plus de sites dhbergement New York que sur le continentafricain ; On en compte plus en Finlande que dans lAmrique latine et les
Carabes runies.
Le continent africain tout entier ne comptait, au mois de septembre 2002, que
6,3 millions dabonns Internet, contre 34,3 millions aux Royaume-Uni. (Nua
Internet).
Le tableau 1 illustre lcart en matire daccs lInternet entre le monde industrialis et le
monde en dveloppement. Plus de 85% des utilisateurs dInternet se trouvent dans les pays
dvelopps, ce qui ne reprsente quenviron 22% de la population mondiale.
CONCEPTSET DEFINITIONS
TIC au service de la reduction de la pauvret PNUD 10
Total mondial 605,60 millions
Afrique 6,31 millions
Asie-Pacique 187,24 millions
Europe 190,91 millions
Moyen Orient 5,12 millions
Canada et Etats-Unis 182,67 millions
Amrique Latine 33,35 millions
Source : Nua Internet
Tableau 1. Utilisateurs connects au mois de Septembre 2002
Un examen plus approfondi des statistiques daccs rvle lexistence dautres degrs
dingalit parmi les pays en dveloppement les moins desservis. Habituellement, un
pourcentage lev dhabitants des pays en dveloppement vit dans les zones rurales. Cette
proportion peut atteindre les 85% dans les pays les moins dvelopps. Elle est estime 75%
pour toute lAsie. Laccs aux rseaux de communication, dans les zones rurales des pays en
dveloppement, est beaucoup plus limite que dans les zones urbaines. Le Tableau 2 prsente
les niveaux de tldensit (principales lignes plus abonns au cellulaire), o lon voit que les
Etats-Unis comptent plus de tlphones que dhabitants, tandis que lAfrique se contente du
modeste chiffre de 6,6 tlphones pour cent habitants.
Dans les pays en dveloppement, la tldensit rurale est mme plus basse que ne pourraient
le suggrer les chiffres globaux, en raison des diffrences qui loigne les ruraux des citadins.
Dans les pays les plus pauvres, la tldensit urbaine dj faible peut tre trois fois plus
importante celle en zone rurale, tandis que dans les pays les plus nantis la tldensit dans les
deux zones est peu prs de la mme importance. Le Tableau 3 montre la rpartition mondialede lhbergement Internet et des ordinateurs personnels, rvlant encore plus les carts entre
pays dvelopps et pays en dveloppement.
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Population
(millions)
PIB
(milliards
USD)
PIB
Per capita
(USD)
Abonns au tlphone
Total
(milliers)
Pour 100
habitants
2002 2001 2001 2002 2002
Amrique du Nord 319, 8 10,912.8 34, 125 362 577 113,4
Reste de lAmrique 530,6 1 889, 2 3,555 188 729 35,6
Japon 127,3 4 143.8 32,554 149 386 117,4
Reste de lAsie 3 491,4 4 110.5 1,177 712 754 20,4
Afrique 805,6 561.6 723 52 735 6 .6Europe
799,6 9 125.6 11,428719
14389.8
Ocanie 31,76 422.5 13,655 28,075 88.9
Total mondial 6 106.2 31,163.5 5 165 2,213, 399 36.4
Tableau 2. Niveaux mondiaux de tldensit, lignes de terre et abonns au cellulaire
TIC au service de la reduction de la pauvretPNUD11
CONCEPTSET DEFINITIONS
Internet Nb de PC
(chiffre estimatif)
Nb total devisiteurs
Nbde visiteurspour 10 000habitants
Nb
Utilisateurs
(milliers)
NbUtilisateurspour 10 000
habitants
Total
(milliers)
pour 100
habitants
2002 2002 2002 2002 2002 2002
Amriquedu Nord
109 083 612 3, 411 170 200 5,322.1 193 300 60,4
Reste de
lAmrique
3 412 47964,3 35 458 668,3 32 533 6,1
Japon 7 118 333 559,2 57 200 4,492.6 48 700 38,3
Reste de
lAsie
3 684 80410,6 143 879 412,1 91 692 2,6
Afrique 281 184 3,5 7 943 99,6 8 708 1,23
Europe 18 363 144 229,7 166 387 2,079.0 156 896 20,0
Ocanie 3 035 008 955,7 10 500 3,300.5 11 931 38,9
Total
mondial
144 978 564238,3 591 567 972.2 543 759 9,22
Source : UIT
Tableau 3. Rpartition des Visiteurs Internet et des ordinateurs personnels (PC)
La fracture numrique, ceci na rien de surprenant, rete des carts qui marquent les autres
ressources de faon plus insidieuse encore. Il en est ainsi des disparits en matire daccs
lducation, aux services de sant, au capital, labri, lemploi, leau propre et la
nourriture.
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Lon peut sans doute voir dans ces autres carts un rsultat du dsquilibre de laccs
linformation (la fracture numrique en question) plutt que sa cause. Linformation est
essentielle aux activits sociales et conomiques dont fait partie le processus de dveloppement.
Ainsi, les TIC sont, en tant que moyens de diffusion de linformation, un maillon de la chane
du processus de dveloppement mme. (OIT, 2001).
La fracture numrique a-t-elle trait au seul accs la technologie ?
Pour liminer la fracture numrique, il faut bien plus quassurer laccs aux technologies.
Selon lOrganisation Internationale du Travail (OIT), les investissements consentis dans les
TIC, malgr que la contribution des TIC au dveloppement socio-conomique puisse tre
importante, ne sufsent pas faire du dveloppement une ralit (OIT, 2001). Dit simplement,
les tlcommunications constituent une condition ncessaire mais pas sufsante pour assurer
le dveloppement conomique (Schmandt et. al, 1990).
Selon Martin et McKeown, il ne suft pas de mettre les TIC en application pour traiter les
problmes du monde rural. Il faut adhrer aux principes dun dveloppement rural intgr. En
labsence dun minimum de dveloppement des infrastructures de transports, dducation, de
sant, ainsi que des infrastructures dintrt social et culturel, les investissements dcoulant
des TIC seuls ont peu de chances daider le monde rural franchir le seuil du dclin vers la
croissance (Martin et McKeown, 1993).
La fracture numrique dpasse ainsi la question de laccs la technologie et peut tre
exprime en termes de fracture dimensions multiples. Maintenant, si les socits souhaitent
partager les avantages de laccs la technologie, il faudra prvoir dautres dispositions pourtraiter toutes les dimensions de la fracture numrique. Le Tableau 4 donne le rsum de ces
dimensions.
Ces dimensions de la fracture numrique impliquent une varit de questions socitales lies
lducation et au renforcement des comptences, lquit sociale dont lquit lie aux genres
et ladquation de la technologie et de linformation leur contexte socio-conomique.
En outre, certains considrent comme problmatique le recours mme lexpression fracture
numrique . Tout dabord, le vritable problme ne situe pas l. Le vritable problme rside
dans lcart en information et en connaissances et ce titre, les dimensions multiples prsentes
au Tableau 4 mritent une gale attention. En second lieu, parler de fracture numrique sous-
entend souvent que le seul accs numrique sera la solution tous les problmes runis.
Deux choses sufsent permettre laccs numrique, savoir lachat et linstallation de la
technologie. Les dimensions multiples de la fracture numrique, en fait, impliquent que ce ne
sont pas largent et la technologie qui importent mais lapproche. Si les autres carts ne sont
pas traits, vouloir jeter un pont numrique ne servira pas grand chose. Enn, et ceci est sans
doute bien plus important, il faut pouvoir comprendre les modles de cause et deffet. Ainsi
quil ressort du rapport de la G8 DOT Force, la fracture numrique traduit des ingalits socio-
conomiques plus larges et est un symptme de fractures conomiques et sociales beaucoup
plus profondes et tenaces au sein et entre les socits. Toujours selon le rapport : Il nexiste
pas de dichotomie entre la fracture numrique et les fractures sociales et conomiques plus
larges que le processus de dveloppement est appel rsoudre. Il faut comprendre la question
de la fracture numrique et la traiter dans le contexte des ces fractures plus larges. (G8 DOT
Force, 2001).
TIC au service de la reduction de la pauvret PNUD 12
CONCEPTSET DEFINITIONS
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Disponibilit sociale Les services rendus disponibles grce
lutilisation des TIC devraient tre gratuits
pour tous ceux qui veulent en faire usage.
Conscientisation Chacun sait de quelle manire il pourrait
personnellement tirer avantage de lutilisation
des TIC.
Opportunit dapprendre se servir des
mdia
Chacun a lopportunit de se familiariser avec
lordinateur.
Matrise des technologies Chacun comprend quels outils sont le mieux
adapts quelles tches
Exprience Chacun a la possibilit de cumuler une
exprience sufsante pour se servir des TICen sorte de pouvoir exploiter pleinement leurs
potentiels.
Aptitudes Chacun a les aptitudes qui conviennent pour
raliser les tches qui conviennent aux TIC.
Assistance Chacun a accs lassistance approprie
lorsque le besoin sen fait sentir , pour faire
bon usage des TIC.
Attitudes (motivation Chacun est encourag participer au partage
des avantages assurs par lgalit daccs aux
TIC.
Contenu Il existe sufsamment de contenus pour
permettre chacun de tirer prot de TIC.
Culture Le autres dimensions sont adaptes
convenablement la culture des utilisateurs
potentiels.
Handicaps Les autres dimensions sont adaptes de sorte
que les handicaps ne soient pas une barrire
lgalit de jouissance des avantages procurs
par les TIC.Linguistique Les autres dimensions sont adaptes
convenablement de sorte que la langue ne soit
pas une barrire lgalit de jouissance des
avantages procurs par les TIC.
Genre Les autres dimensions sont adaptes
convenablement de sorte que le genre ne soit
pas une barrire lgalit de jouissance des
avantages procurs par les TIC.
Renforcement des comptences de la socit
civile
Les facteurs dordre structurel, politique et de
gouvernance ne font pas obstacle lgalit dejouissance des avantages lis aux TIC.
Tableau 4. Les dimensions de la fracture numrique
TIC au service de la reduction de la pauvretPNUD13
CONCEPTSET DEFINITIONS
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Il semble que largument soit que la fracture numrique est plus le rsultat que la cause de lapauvret et que les efforts pour rparer cette fracture et augmenter laccs aux TIC, sils
ne sont pas clairement fonds dans, et subordonns une stratgie plus large de lutte contre la
pauvret, risquent de distraire lattention et les ressources en ne traitant pas les causes sous-
jacentes telles que des politiques gnrales injustes en matire de commerce, la corruption, la
mauvaise gouvernance etc. Dans la prochaine section, nous examinerons laspect crucial de
la faon dont les TIC devraient tre intgres dans les stratgies de lutte contre la pauvret de
telle sorte que les deux (TIC et stratgies) produisent leurs effets optimaux.
Quelles technologies de linformation sont des outils potentiels de rduction de la
pauvret ?
Nous discutons dans la prsente section des TIC suivantes : radio, tlvision, tlphone,
systmes de sonorisation, ainsi quordinateurs et Internet.
La radio
Les rsultats imputables la radio en matire de diffusion dinformation utile lattention des
populations pauvres sont impressionnants. Une des forces de la radio est quelle est partout.
Par exemple, une enqute rcente ralise sur quinze villages des collines du Npal a trouv
des radios dans chaque village et les fermiers coutant la radio tout en tant au travail dans les
champs. Selon une autre enqute, en Zambie cette fois-ci, ralise auprs de 21 000 fermiers
inscrits dans des forums agricoles soutenus par la radio, 90% des intresss trouvaient utiles les
missions et plus de 50% dclaraient devoir laugmentation des rendements de leurs rcoltes
ces missions et forums (Dodds, 1999). Aux Philippines, un programme de partenariat aveclUNESCO, la Danish International Development Agency et le gouvernement des Philippines
dote plusieurs villages isols de matriels radiophoniques, cela accompagn de formation. Le
projet est conu de telle sorte que les initiatives et les contenus de programmes manent des
communauts. LUNESCO constate que le projet a non seulement fait accrotre le commerce
local et la productivit agricole, mais a galement permis la formation dorganisations civiques
ainsi quun dialogue plus constructif avec les autorits locales (Courrier de lUNESCO,
1997).
En Afrique du Sud, les radios mcaniques qui fonctionnent sans batterie ni nergie lectrique
sur secteur sont distribus aux villages pour permettre aux habitants dcouter des missionsportant sur le dveloppement. La radio Baygen Freeplay est lun des premiers appareils de
communication ayant connu un succs commercial employer un systme mcanique comme
source dnergie. Elle est vendue sur une base commerciale pour le prix approximatif de
75 USD et plusieurs organisations non gouvernementales sen sont servies intensivement
comme lment cl de leurs programmes dducation communautaire et de programmes de
secours aux cataclysmes. A titre dillustration, le National Institute for Disaster Management,
organe du Mozambique charg de la gestion des catastrophes, a distribu des radios Freeplay
pour permettre aux victimes des inondations de capter les missions sur les prvisions
mtorologiques, les questions en matire de sant, les politiques du gouvernement concernant
les populations dplaces, les parents disparus, les activits de la communaut daide et lalocalisation de mines terrestres. Le gouvernement du Ghana a distribu 30 000 radios Freeplay
pour permettre aux villageois de suivre les lections.
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Au Npal, une initiative de radiodiffusion numrique via satellite (VSAT) est
en phase dessai, assurant la liaison avec des rcepteurs de faible cot installs
dans des villages des campagnes et dans des villages isols. Le programme
porte sur la sensibilisation VIH/SIDA et offre la possibilit dune liaison
informatique pour recevoir des contenus multimdia.
Les projets de radio communautaire montrent comment les communauts peuvent
sapproprier les TIC pour servir leurs objectifs. Au Npal, par exemple, deux stations de radio
communautaire fonctionnent avec succs : Radio Lumbini Manigram dans louest du Npal
et Radio Madan Pokhara dans le district de Palpa. Le comit de dveloppement villageois
est dtenteur dune licence et un groupe communautaire dtient lautre. Les deux services de
radio se sont rvls trs populaires. Le nombre de propritaires de rcepteurs radio dans la
zone couverte a connu une augmentation impressionnante (le recensement fait tat de 68%).
Les programmes incluent de prcieux messages de dveloppement tels que la sensibilisation
et la prvention sur le SIDA. La station radio communautaire de Kothmale, au Sri Lanka1accepte de traiter les demandes dinformation formules par les membres de la communaut et
recherche les rponses sur lInternet pour les diffuser ensuite sur ses ondes.
La tlvision
On cite couramment la tlvision pour son potentiel considrable se mettre au service du
dveloppement. Le rapport du G8 DOT Force livre plus loin certains exemples de lutilisation
de la tlvision des ns ducatives. Lillustration la plus remarquable de la contribution de
la TV au dveloppement nous vient certainement de Chine avec sin Universit Tlvise et sa
station TV agricole. Au Vit Nam, deux universits de la rgion du delta du Mkong travaillent
avec la station TV locale la diffusion de radio-ateliers agricoles dont les tlspectateurs secomptent par millions.
Le tlphone
Le cas trs connu du rseau Gramen de tlphones portables, au Bengladesh, dans lequel la
Grameen Bank, une organisation de micro-nancement dassise villageoise, met en location
des tlphones portables cellulaires des membres entreprenants de la communaut, a
procur des avantages importants aux pauvres. Les tlphones servent la plupart du temps
changer des informations sur les prix du march, le commerce et la sant. Ils ont gnr des
ux dinformations qui ont eu pour rsultat de procurer de meilleurs prix pour les produits
comme pour les intrants, de faciliter la recherche demploi, de rduire les taux de mortalit desbtails et des volailles et de favoriser de meilleurs retours sur les transactions dchange avec
ltranger. Dans ce systme, par ailleurs, les propritaires de tlphones gagnent des revenus
supplmentaires en procurant des services de tlphonie aux autres membres de la communaut.
Un quart des appels effectus sur ce rseau est mettre sur le compte de la population pauvre.
Pour les villageois en gnral, les tlphones offrent des avantages supplmentaires de nature
non conomique tels quune meilleure application des lois, la rduction de lingalit, une
communication plus rapide et efcace en priode de catastrophes et un renforcement des liens
familiaux et affectifs. Les tlphones ont galement des effets perceptibles et positifs sur le
renforcement des comptences et le statut social des femmes qui donnent les tlphones louer
et des familles de celles-ci (Bayes et al., 1999).
Une tude ralise en Chine rvle que les villages quips de tlphone, qui est en somme
la technologie de communication la plus basique, ont connu des baisses des prix dachat de
divers biens ainsi quune variabilit plus faible des prix futurs. Il a t galement observ que
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les prix moyens des biens agricoles taient plus levs dans les villages dots de tlphones
que dans les villages sans tlphone. Les cultivateurs de lgumes disent volontiers que laccs
au tlphone les aident prendre des dcisions plus appropries en matire de production et
les utilisateurs dintrants agricoles ont tir prot dun approvisionnement plus uide et able.
Une meilleure information a galement amlior la perception de certains vendeurs en ce quiconcerne leur facult de marchandage face aux commerants et autres intermdiaires. Enn, les
tlphones villageois ont facilit la recherche demploi, laccs aux soins mdicaux durgence
et la capacit faire face aux catastrophes naturelles ; ils ont contribu la rduction des taux
de mortalit des btails en permettant daccder des conseils opportuns dispenss par des
agents disponibles en dehors de leur horaires de travail ; et ils sont lorigine de lamlioration
des taux de transaction des changes extrieurs (Eggleston et al., 2002).
Les systmes de sonorisation
Les systmes de sonorisation sont courants en Chine et au Vit Nam o la diffusion publique
dinformations, dannonces et dactualits est entre dans les habitudes. Une communaut duVit Nam planie dtendre son systme de sonorisation en se connectant lInternet pour
obtenir plus dinformations utiles diffuser. Les systmes de sonorisation sont plus localiss
que la radio mais sont techniquement plus simples et moins coteux. Toujours est-il que
daprs les recherches sur les communauts pauvres, le tlphone et la radio restent les moyens
dinformation et de communication (daccs direct) les plus importants, pouvant changer la vie
des pauvres (Heeks, 1999).
Les ordinateurs et lInternet
Lordinateur et lInternet sont couramment rendus accessibles aux communauts pauvres sous
la forme de tlcentres base communautaire. Ainsi que lillustrent les exemples cits dans lerapport et les tude de cas en annexe, les tlcentres base communautaire permettent laccs
de plusieurs utilisateurs aux ordinateurs et lInternet et constituent les seuls moyens ralistes
dans ce domaine en faveur des communauts pauvres. Bien que les tlcentres se prsentent
sous diverses formes, leurs deux lments cls sont laccs public et une orientation de
dveloppement. Cest cette dernire caractristique qui distingue les tlcentres des cybercafs.
Bien entendu, un cybercaf peut tre un service utile la promotion du dveloppement par les
TIC mais la diffrence est cruciale parce que les tlcentres orients-dveloppement intgrent
le principe daccs avec objectif, celui de raliser un programme de dveloppement.
Pour atteindre leurs objectifs de dveloppement, les tlcentres assurent des services de portecommunautaire an de dterminer les types dinformations qui peuvent servir promouvoir
les activits de dveloppement. Le personnel form en informatique des tlcentres font
ofce de procurateurs des services informatiques dont les membres de la communaut ont
besoin lorsquil arrive que ces derniers ne sont pas familiariss avec les TIC. Les tlcentres
peuvent procurer une varit de services bass sur les TIC dont ils peuvent tirer des revenus.
Il en est ainsi du tlphone, de la photocopie et de limpression, du courrier lectronique
et du traitement de texte. Lautonomie nancire, qui est bien souvent un objectif auquel
sastreignent les tlcentres, trouve par l une ressource, bien que selon certains les pauvres
ne devraient pas avoir payer les services de dveloppement bass sur les TIC et que de tels
services devraient tre dispenss la manire dun service public, mieux encore, comme un
service de bibliothque. Les rsultats des expriences des tlcentres sont varis : certains
ont procur des avantages considrables leurs audiences cibles ; dautres se dbattent avec
des problmes de connexion tnue et de communauts incertaines. Trs peu ont atteint une
autonomie nancire durable.
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II. STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT ET TIC
Quel lien existe-t-il entre dveloppement, information et TIC ?
Il y a un risque que largument en faveur des TIC au service du dveloppement soit utilisavec excs, pour soutenir des projets qui ne pourraient tre justis autrement par des moyens
plus rationnels. Le danger qui plane est que le concept de TIC au service de la rduction
de la pauvret perde de sa crdibilit auprs des planicateurs du dveloppement et des
dcideurs. Nanmoins, le potentiel que revt linformation comme ressource stratgique
de dveloppement devrait tre gurer comme lment de routine dans le processus de
planication du dveloppement, de sorte que les gestionnaires de projets saccoutument
penser en ces nouveaux termes.
Le moyen le plus facile de tirer des prots substantiels grce aux TIC dans le cadre de
programmes de dveloppement est de se concentrer sur la re-conception des activits dedveloppement en analysant les problmes dactualit et les conditions contextuelles qui y
sont lies, et ne considrer les TIC que comme un des ingrdients de la solution. Ce qui
implique une approche des stratgies de dveloppement pour des systmes et une technologie
dinformation qui drivent de, et sont intgrs aux autres composantes de lensemble de la
stratgie de dveloppement. Cette approche est illustre par le schma 2.
STRATEGIESDE DEVELOPPEMENTET TIC
Stratgie
de Dveloppement
De quelles manires la
technologie peut-elle
tre procure ?
De quelle information
a-t-on besoin ?
O va le dveloppement
et pourquoi ?
Soutien au
dveloppement
Directives de
dveloppement
Infrastructures
et Services
Besoins et
Priorits
Impact et potentiel
de lInformation et
de la technologie
Schma 2. Les liens entre dveloppement, information et TIC
Dcisions de dveloppement Objectifs et directions Orientation deschangements
Stratgie dInformation
- Base sur le dveloppement
-Oriente-demande
-Axe sur les applications
Stratgie de Technologie
-Base sur les activits
- Oriente-offre
-Axe sur la technologie
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STRATEGIESDE DEVELOPPEMENTET TIC
Il est de rgle gnrale que lapplication des TIC au dveloppement devrait toujours commencer
par une stratgie de dveloppement. A partir de l, on peut concevoir un plan dinformation
pour mettre en uvre la stratgie de dveloppement et cest seulement de cette dernire que
doit d ssibilits offertes par les TIC, il est essentiel de se xer des cibles de dveloppement
clairs et spciques au contexte, avant de dnir la forme dutilisation des TIC. En outre, ilest prfrable, lorsquon considre la stratgie de dveloppement, de se xer des objectifs de
dveloppement ascendants, bass sur la demande, plutt que des objectifs en aval bass sur
loffre, ceci an que les buts soient fonds que une apprciation des besoins des bnciaires
du dveloppement tels queux-mmes les formuleraient.
Dune articulation sans quivoque de la stratgie de dveloppement nat un plan
dinformation. Le plan dnira les ressources dinformation requises pour raliser la stratgie
de dveloppement. Encore une fois, cette dtermination peut tre place dans le contexte
des possibilits offertes par les TIC, mais elle ne devrait pas procder dune application pure
et simple de la technologie. Enn, un plan pour la technologie peut tre dress qui pourraprocurer les ressources dinformation requises pour la ralisation de la stratgie.
Malgr quune telle approche tombe intuitivement sous le sens, il existe une foule de cas de
projets de dveloppement lis la technologie qui ont des considrations technologiques,
projets en aval car bass sur loffre, et qui produisent souvent des rsultats loin dtre optimaux
pour cette raison.
La modlisation des liens entre TIC et dveloppement rpond de manire plus approfondie
aux premires remarques relatives la fracture numrique. Le modle est applicable tous
les aspects que lon vise traiter par une rsolution de la fracture numrique. Le modle at labor pour faciliter une mise en uvre au niveau de la base en ciblant le dveloppement
communautaire. Dans ce modle, laccent tait fortement mis sur le transfert de comptences
la communaut pour que celle-ci, conoive pralablement son propre programme de
dveloppement assist par les TIC avant dintroduire la technologie (Harris et al., 2001).
La section suivante comporte la description dun certain nombre dinitiatives de dveloppement
lies la technologie. Le lecteur pourrait souhaiter porter sa rexion sur la question de
savoir dans quelle mesure les rsultats de chaque projet tait attribuable au dploiement de la
technologie ou de la mise en uvre dune bonne stratgie de dveloppement. Les premires
rexions prsentes ici concernant certains des choix technologiques disponibles soulignentle besoin de faire la lumire sur le dveloppement et les stratgies de diffusion de linformation
avant de dcider de la technologie adopter. En mme temps que les prochaines sections
mettent laccent sur les domaines possibles dapplication, il y est fait un bref survol des
domaines majeurs dapplication des TIC au service de la rduction de la pauvret, preuve que
la perspective est prometteuse.
Quelles stratgies de rduction de la pauvret ont t mise en uvre
avec succs laide des TIC ?
Diffuser des informations utiles au niveau local
Dans le cas de la diffusion sur lInternet, les enqutes sur les utilisateurs dInternet et sur les
prestataires des pays en dveloppement concluent rgulirement que labsence de contenus
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en langue locale et dutilit locale constituent un obstacle de taille au dveloppement de la
pratique chez les utilisateurs. Sil ny a pas deffort concert pour vaincre cette contrainte,
la croissance de lInternet dans plusieurs pays en dveloppement risque de se ger dans un
situation de sous-utilisation (Kenny et al., 2001). Le faible niveau de cration de contenus
dorigine locale dintrt pour les pauvres constitue un frein au cercle vertueux connu souslexpression deffet de rseau. En effet, en vertu de cet effet de rseau, la croissance de la
communaut en ligne transforme le dveloppement des contenus de lInternet en proposition
commerciale et sociale plus attrayante, et les contenus plus attrayants, leur tour, encouragent
la croissance de la communaut en ligne.
Dans les Boutiques villageoises dinformation1 de Pondicherry (Inde), lutilisation de la
langue tamil et de lcriture tamil dans les ordinateurs a t un facteur favorable de taille pour
toutes les oprations (Sentilkumaran et Arunachalam, 2002). Malgr labsence de protocole
de reprsentation de la langue tamil dans les logiciels au moment de la mise en uvre, le
personnel du projet est parvenu dvelopper lutilisation dapplications de Microsoft Ofceen criture tamil. En outre, les applications sont opres en langue tamil avec un clavier
QWERTY, donc dcriture occidentale, en graphe romain. Les opratrices ( demi lettres)
ont appris les bons codes de clavier convenant aux caractres tamil et sont entirement
comptentes pour la saisie de donnes. Le centre de Villianur a produit un certain nombre de
bases de donnes destines lusage local et qui toutes, sauf une, sont en langue tamil. Les
centres collectent des informations sur les systmes de connaissance indignes et ditent des
brochures utiles en langue tamil.
A part lentre de donnes, il ne faut pas sous-estimer la porte qua eu lutilisation de la
langue tamil dans la promotion des boutiques de linformation et dans lencouragement delinteractivit et de lengagement entre les divers systmes dinformation qui sont disponibles
et leurs bnciaires cibles. Les contenus locaux portent sur les informations qui rpondent aux
besoins des communauts et sont conus en collaboration avec la population locale. Il existe
prs de cent bases de donnes, dont des pages jaunes rurales, toutes faisant lobjet de mise
jour aussi souvent que ncessaire. Une base de donnes des allocations gouvernementales sert
de fentre unique pour toute une gamme de programmes gouvernementaux, ce qui assure une
plus grande transparence du gouvernement. Dautres contenus pertinents sont procurs auprs
dautres sources quand ils sont jugs utiles pour la communaut. Des informations pertinentes
ont par exemple t collectes auprs de dpartements du gouvernement, de luniversit
agricole Tamil Nadu, de lhpital Aravind Eye et du site Web de la US Navy. Les centres ontorganis des camps sanitaires dans les villages en collaboration avec les hpitaux de la localit
dans le cadre de programmes de collecte dinformations sur les besoins en services de sant au
niveau local. Les centres utilisent les multimdia et les mgaphones pour toucher les clients
analphabtes et publient un journal deux fois par mois en langue tamil dnommNamma Ooru
Seithi ( les nouvelles de notre village ) qui a atteint une popularit telle quil est devenu
incontournable pour les dpartements du gouvernement tels que le District Rural Development
Agency, le Social Welfare Board et le Small Care Industries Centre dsireux de porter leurs
programmes la connaissance du public (Arunachalam, 2002).
Le projet Gyandoot, dans lEtat de Madhya Pradesh (Inde) est un projet dintranet dans ledistrict de Dhar pour connecter les cybercafs ruraux qui pourvoient aux besoins quotidiens
des masses. Le projet couvre les services suivants :
- un systme dinformation sur le marketing des denres
- attestations de revenus
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- attestations de domicile
- certicat de caste
- livret de lOccupant foncier pour les droits et emprunts fonciers
- courrier lectronique rural en langue hindi
- rparation des griefs administratifs
- formes de programmes gouvernementaux divers
- liste des familles en dessous du seuil de pauvret
- affaires matrimoniales rurales
- march rural
- conseils
- ducation en ligne
Cibler les groupes dfavoriss et marginaliss
Parmi les populations pauvres, les franges dfavorises et marginalises de la socitrencontrent habituellement des obstacles pour ce qui est dutiliser les TIC et en faire bon usage,
quasiment comme ils en rencontreraient pour lutilisation dautres ressources. Les femmes
des pays en dveloppement, en particulier, rencontrent des difcults dans lutilisation des
TIC car elles ont tendance tre plus pauvres, affronter de plus grandes contraintes sociales
et il y a de fortes chances quelles soient moins instruites ou lettres que les hommes. De
plus, les femmes utilisent probablement les TIC de manires diffrentes et leurs exigences
dinformation sont galement diffrentes de celles des hommes. Il est aussi probable que
les femmes aient moins de possibilit de payer laccs aux TIC, soit parce quelles nen ont
absolument pas les moyens, soit parce quelles ne matrisent pas sufsamment les dpenses
du mnage. Les contraintes qui psent sur le temps des femmes ou leur mobilit hors du foyerpeuvent galement rduire leur possibilit daccs aux technologies (Marker et al., 2002). De
tels groupes ont gnralement besoin dune assistance et dune attention particulires pour
pouvoir tirer prot des programmes qui ciblent les pauvres.
Les personnes qui ne comprennent pas langlais constituent galement, sur lInternet, une
frange marginalise de la socit. Elle est compose de la majorit des populations de
lAfrique francophone, du Moyen-Orient, de lEurope de lEst et de lAmrique latine. Mme
lorsque les utilisateurs ont un niveau danglais de base, ils nont pas le cur utiliser des sites
web dvelopps en anglais seul.
Parmi les stratgies de sensibilisation des groupes marginaliss de la socit au moyen des
TIC citons la collecte, la classication, la protection et la commercialisation des connaissances
indignes par des groupes minoritaires utilisateurs de TIC. Les remdes traditionnels sont
enregistrs dans des bases de donnes et bncient de protection contre leur utilisation par
des trangers dsireux dobtenir des patentes. La valeur dune telle pratique est atteste par
les rgles rigoureuses imposes par le gouvernement du Sarawak, de la Malaisie et de lle de
Borno en matire de collecte dchantillons oraux dans les forts pluviales o une espce
particulire darbre promet de produire des substances susceptibles de mener un traitement
du VIH SIDA. Le rseau Honey Bee, en Inde, rassemble les innovations, les inventions et les
remdes locaux, les stocke en ligne et aide leurs propritaires obtenir des revenus partir delexploitation de patentes locales et de la commercialisation des inventions. Les bases de
2 Village Information Shops
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donnes en question contiennent plus de 1 300 innovations. Pareillement, le groupe ethnique
Kelabit, de Sarawak, qui est lune des plus petites minorits ethniques de lle de Borno,
enregistrent actuellement leur histoire orale dans une base de donnes des histoires racontes
par les vieilles personnes. Ils se servent galement dordinateurs pour rassembler leurs
archives gnalogiques.
La vente de produits artisanaux sur lInternet par les artisans locaux, qui est une forme de e-
commerce, permet galement aux acheteurs de connatre lorigine historique et culturelle des
produits indignes. Les commerants de tels produits retirent dlibrment des objets ayant
une originalit ethnique les marques permettant didentier les artistes, an de maintenir les
bas niveaux de prix auxquels ils peuvent obtenir leurs uvres. Donner aux artisans un accs
plus direct aux dbouchs grce lInternet leur permet de se constituer une clientle et de se
faire reconnatre comme crateurs dart et de produits originaux. Dans le mme ordre dide,
on peut dsormais trouver des sites web qui dploient lart aborigne en laccompagnant
davertissements svres contre lutilisation de modles aborignes sans autorisation,vraisemblablement pour rpondre aux plaintes mises contre les fabricants de T-
shirt qui plagient librement des modles dart sans se soucier de ddommager les
crateurs. Il est difcile de dire si ces avertissements sont efcaces, mais le site web a
au moins le mrite de pouvoir servir dclarer les droits de proprit et dmontrer
que la cration de modles est prioritaire.
Environ 80% de la population handicape du monde, qui compte 500 millions de
personnes, vivent dans les pays en dveloppement. Leur handicap inclut dhabitude
les difcults qui sont dj les leurs en tant que citoyens (probablement pauvres) depays en dveloppement. Mais linstar de ceux qui vivent dans des endroits isols
et reculs, ils peuvent probablement tirer beaucoup plus davantages pouvoir faire
bon usage des TIC. Les efforts pour permettre aux handicaps1 davoir accs aux
TIC sont sur rail. Au nombre de ces efforts, le dveloppement de la technologie
adaptative qui est un pr-requis pour plusieurs personnes atteintes de handicaps qui
ne leur ne permettent pas dutiliser la technologie informatique. Il y est question
de modications ou damliorations de lquipement informatique de base et des
logiciels visant offrir dautres mthodes dentre et de rception de donnes.
Plusieurs de ces modications peuvent tre ralises relativement peu de frais.Certaines modications peuvent tre aussi simples que dabaisser le niveau dune
table dordinateur, tandis que dautres modications peuvent savrer aussi labores
que le fait de mettre en place un dispositif denregistrement qui capte les mouvements
des yeux. Les technologies adaptatives courantes comprennent des programmes qui
lisent ou dcrivent linformation sur lcran, des programmes qui augmentent ou
changent la couleur de linformation sur cran ainsi que des dispositifs spciaux
pour pointer ou enregistrer. Des normes et des directives pour les personnes atteintes
dinrmits sont prvues pour leur permettre davoir accs au World Wide Web et
aux documents lectroniques. Le guide daccs au contenu du Web2 labor par
le Web Accessibility Initiaitve (WAI) reprsente la norme mondial daccs aux
contenus du WWW.
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Promouvoir lesprit dentreprise
On a dclar que les TIC avaient le potentiel dinuencer les stratgies de gagne-pain des
petites entreprises et des entrepreneurs locaux dans les domaines suivants :
- capital naturel opportunits daccder aux politiques nationales dugouvernement
- capital nancier communication avec les institutions de prt (par exemple
pour un micro-crdit)
- capital humain connaissance accrue en matire de nouvelles comptences grce
lenseignement distance et des processus exigs pour les certications
- capital social entretenir les contacts en dehors de la communaut immdiate
- capital physique lobbying pour la mise disposition dinfrastructure de base
Pour citer un exemple, India Shop est un centre commercial virtuel bas sur Internet et
vendant de lartisanat indien. Cr par la Foundation of Occupational Development (FOOD), Chennai, India Shop fait appel des commerciaux en ligne chargs de la promotion
des produits sur lInternet sur les espaces de conversation vocale directe 1 et des listes
lectroniques. Ces commerciaux travaillent partir dun ordinateur soit domicile soit dans un
cybercaf et peroivent des commissions sur les ventes quils ralisent. Les commerciaux en
ligne rpondent des demandes de ventes et travaillent en liaison avec les artisans, changeant
habituellement plusieurs e-mail avec les clients avant de conclure les ventes. On dnombre
plus de cent commerciaux qui gagnent entre 2 000 roupies 10 000 roupies par mois.
Dans le Gujarat, les centres informatiss de collecte de lait qui utilisent la technologie de puce
intgre contribuent garantir des prix raisonnables pour les petits fermiers qui vendent leurlait aux coopratives laitires. Il tait dusage dvaluer la crme du lait plusieurs heures aprs
la rception du lait ; les fermiers taient pays tous les dix jours et devaient se er aux calculs
manuels de la qualit et de la quantit du lait tel que le faisait le personnel des coopratives.
Les fermiers se plaignaient souvent de ce que lancien systme favorisait les malveillances et le
sous-paiement, mais de telles accusations taient difciles prouver. La collecte informatise
du lait permet une plus grande transparence, acclre le processus et garantit aux fermiers des
paiements immdiats (Banque Mondiale, 2002).
Chose sre, les entrepreneurs de petite envergure des pays en dveloppement, tout
particulirement les femmes, ont fait preuve dhabilet exploiter les TIC pour dvelopperleurs entreprises. Un groupe de dames du village de Kizhur (Pondicheerry), par exemple,
dcidrent de mettre sur pied une petite entreprise de fabrication de btons dencens. Elles
commencrent en tant que sous-traitantes, mais leur assurance et leur sens de lentreprise
augmentrent au point quelles ne se contentrent plus du tlcentre local. Grce quelques
recherches effectues par les oprateurs du tlcentre, elles purent dvelopper les comptences
ncessaires pour assurer elles-mmes lemballage et le marketing de leur propre marque
dencens. Ces dames furent rapidement capables de concevoir des dpliants pour leurs produits
et elles utilisent le tlcentre en toute conance pour aller la recherche de clients encore plus
loigns.
3 dsormais conventionnellement appeles personnes les plus astreintes ,
4 Web Content Accessibility Guidelines.
5 Chat rooms.
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pour ainsi dire laccs de la majorit des institutions sanitaires et de recherche des pays les plus
pauvres aux informations scientiques essentielles.
Les hpitaux Apollo ont cr un centre de tlmdecine Aragonda, dans lEtat dAndhra
Pradesh, pour assurer des consultations mdicales au moyen des TIC pour la population rurale.Le centre met en liaison les spcialistes de la sant avec les cliniques, hpitaux et mdecins de
sant de base loigns, an de faciliter le diagnostic mdical et le traitement. Le centre rural de
tlmdecine dessert plus de 50 000 habitants dAragonda et des six villages voisins. Dans le
cadre de ce projet, le groupe a construit dans le village un hpital de cinquante lits assurant de
multiples spcialisations, quip dun scanner CT, dun rayon X, dune unit de soins intensifs
disposant de huit lits, et dune banque de sang. Lhpital est galement quip pour scanner,
convertir et envoyer des images numriques aux stations de tl-consultation situes Chennai
et Hyderabad. Le projet est au service de toutes les familles villageoises un tarif de 1 roupie
par jour et par famille de cinq personnes.
A Ginnack, un village isol situ sur la rivire de la Gambie, les inrmires utilisent une camra
numrique pour prendre des photographies de symptmes faire examiner par un docteur de
la ville voisine. Le mdecin peut envoyer les photos par Internet un institut mdical du
Royaume-Uni pour tre examines en profondeur. Les images obtenues au rayon X peuvent
galement tre comprimes et expdies par le canal des rseaux de tlcommunications
existantes.
Dans lAfrique sub-saharienne, lInternet est utilis pour rapporter quotidiennement les cas
de mningite an dassurer le suivi dpidmies naissantes. Lorsque les seuils dalerte sont
atteints, il est ncessaire de procder une vaccination de masse et lInternet contribue mobiliser rapidement le personnel mdical et assurer une coordination efcace entre les
laboratoires et les services spcialiss.
Toujours dans lAndhra Pradesh, les ordinateurs portables permettent aux sages-femmes
inrmires auxiliaires dliminer la paperasserie inutile et de saisir les donnes, ce qui libre
de leur temps et leur permet dassurer des soins aux populations pauvres. Les sages-femmes
assurent la plupart des services sanitaires travers les vastes tendues rurales de lEtat. Chacune
dentre elles sert ainsi une clientle mdicale denviron cinq mille personnes habituellement
disperse dans les villages et sur les hameaux. Elles soccupent dimmunisation, prodiguent
des conseils en matire de planication familiale, duquent la population aux programmesde sant de la mre et de lenfant et collectent des donnes sur les taux de natalit et
dimmunisation. Les sages-femmes passent gnralement quinze vingt jours par mois
collecter et enregistrer des donnes. Munies dordinateurs portables, elles peuvent cependant
rduire ce temps jusqu 40% tout en augmentant limpact et la porte de leurs actions avec des
ressources limites (Banque Mondiale, 2002).
Renforcer lducation
Lexpansion de lenseignement distance est actuellement dynamise par le besoin urgent
dliminer lcart qui spare les nations pauvres des nations riches. Selon lUNESCO,
Organisation des Nations Unies pour lEducation, la Science et la Culture, seulement 3% des
jeunes gens de lAfrique sub-saharienne et 7% de ceux dAsie frquentent lducation post-
secondaire, toutes formes confondues. Ceci, compar lensemble des pays industrialiss o
le taux est de 58% et aux Etats-Unis o il est de 81%.
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Les pays en dveloppement voient dans les investissements consentis aux programmes
denseignement distance un moyen dinstruire plus de monde moyennant peu dargent.
LUNESCO et la Banque Mondiale ont signal que le cot de lducation par tudiant dans les
dix plus grandes institutions denseignement distance du monde, la majorit desquelles se
trouvent dans le Tiers-Monde, reprsente, en moyenne, environ un tiers du cot pratiqu dansles institutions traditionnelles, pour un mme pays. En Chine, o seulement un jeune sur vingt
reoit une instruction suprieure, lenseignement distance aide le systme ducatif passer
du statut dducation dlites celui dducation de masse, la raison tant que les universits
traditionnelles ne peuvent pas satisfaire la demande. Le China Central Radio and Television
University compte 1,5 millions dtudiants, dont deux tiers en programmes diplmants.
Luniversit sadresse des travailleurs adultes. Elle diffuse des confrences sur les ondes et
la tlvision des heures xes aux tudiants de 2 600 campus rattachs et de 29 000 centres
dtudes, de mme que sur les lieux de travail.
Lenseignement distance semble tre une prcurseur naturel de lenseignement en ligne(e-learning), mais les deux ne sont pas identiques. Et la transition du premier type lautre
nest pas exempte de difcults. Mme la British Open University, qui est une institution
pionnire en la matire, continue de baser ses cours sur des documents papier, utilisant
lInternet pour les aspects dappui que revt lducation, comme linteraction entre tudiant
et tuteur. Lenthousiasme des premiers temps pour lide dune universit virtuelle a t lent
se concrtiser et le fait est quencore trs peu nombreux sont les programmes diplmants
entirement accrdits qui soient entirement disponibles en ligne. Certaines de ces difcults
sont imputables la lenteur des gens comprendre comment les TIC peuvent contribuer la
pdagogie dans le processus enseignement-apprentissage. Dautres barrires lenseignement
en ligne sont le temps et le cot de prparation des documents numriques denseignement.
Lenseignement distance en ligne est mieux adapte aux apprenants adultes et les organismes
qui ouvrent des universits virtuelles sont dsormais nombreux les servir. La exibilit du
temps dapprentissage est llment qui attire les adultes qui sont en situation demploi et qui
ralisent la valeur de lapprentissage vie dans un environnement professionnel changeant.
La plupart des dveloppements du domaine du e-learning protent vrai dire ceux qui
sont dj privilgis. Nanmoins, des exemples dapprentissage pro-pauvres dmontrent les
possibilits offertes ceux qui sont moins privilgis. Phnomne observable de manire
quasi universelle, les enfants semblent aborder les ordinateurs de faon naturelle. LInde en
a fait une exprience indite en instituant un nouveau mode dducation appel ducation
envahissante au minimum . En 1999, Sugata Mitra, de NIIT Ltd. a plac un ordinateur
personnel quip dInternet derrire un cran de verre install dans le mur de son bureau, cran
qui donne sur un petit terrain occup par des enfants de la rue. Dans le cadre de ce qui prit le
nom dexprience du Trou dans le Mur , les enfants apprirent trs rapidement une varit de
capacits informatiques sans lappui daucun cours du tout. A mesure quun enfant apprenait
quelque chose de nouveau de lexprience, il le transmettait lenfant suivant. Lexprience a
t rpte dans une douzaine dendroits et Mitra planie de crer cent mille kiosques visant
former en cinq ans 100 millions de personnes sachant manier lordinateur.
Dans lenseignement primaire et secondaire, la radio et la tlvision sont des moyens importantspour toucher la population rurale pauvre. A Mexico, plus de 700 000 lves de lenseignement
secondaire de villages isols ont maintenant accs au programmeTelesecundaria qui organise des
classes tlvises avec un programme de cours tldiffus en circuit ferm, de transmissions
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VSAT et de tlconfrences entre lves et enseignants. Il ressort des tudes effectues que
le programme nest que de 16% plus cher par lve bnciaire que dans les tablissements
secondaires des villes, tandis que les lves protent de ratios lves/ enseignant de loin
plus rduits. Les lves des campagnes abordent le programme avec des rsultats de tests
de mathmatiques et de langues considrablement plus faibles que pour leurs camarades destablissements urbains traditionnels, mais au moment dobtenir le diplme, leurs rsultats en
mathmatiques prouvent quils ont rattrap les lves des tablissements urbains et le dcit
des rsultats dans les langues est rduit de moiti (de Moura et al. 1999).
Le besoin daccs lInternet ne doit pas se limiter lenseignement suprieur ou aux
lves et tudiants aiss. Les bas-quartiers des villes du Brsil en sont, eux aussi, la preuve.
Le Comit pour la dmocratisation de la technologie de linformation (CDI6) a cr 110
tablissements des sciences informatiques et de la citoyennet7 autonomes et auto-grs, base
communautaire, qui fonctionne avec des outils technologiques recycls, une assistance assure
par des volontaires et avec des fonds trs limits. Les coles du CDI forment chaque anne plusde 25 000 jeunes lves en techniques informatiques, formation qui leur ouvre de meilleurs
dbouchs, leur procure une meilleure instruction et apporte des changements dans leur vie.
Le CDI dispense galement une instruction civique sur les droits de lhomme, la non-violence,
lenvironnement, la sant et la sexualit. Le CDI cite plusieurs cas de participants chez qui
lintrt pour la scolarisation formelle se renouvelle, qui rsistent lattrait trompeur des gangs
de drogus et parviennent un regain destime de soi. Par ailleurs, plusieurs diplms de ce
programme mettent leurs comptences informatiques au service de la communaut dans le
cadre diverses activits telles que lducation sanitaire et les campagnes de sensibilisation sur
le SIDA. La plupart des enseignants des coles du CDI sont eux-mmes des diplms de ce
programme, qui ont opt pour la technologie et souhaitent continuer luvre du CDI dans leurscommunauts respectives. (InfoDev).
Promouvoir lindustrie et le commerce
Cest dans la rgion Asie-Pacique que le e-commerce connat lexpansion la plus grande
qui puisse tre observe dans les pays en dveloppement. Les entreprises de la rgion, en
particulier lindustrie manufacturire, sont exposes aux pressions exerces par les clients des
pays dvelopps qui les astreignent adopter des mthodes de e-business. Ils investissent en
consquence pour tre la hauteur de cette demande. La population dutilisateurs dInternet en
Chine occupe dj le troisime rang parmi les internautes du monde.
Il en va de mme de lexpansion rapide du m-commerce (commerce mobile), qui est la
pratique dachats et de ventes de produits et services par le canal dappareils portables comme
les tlphones cellulaires ou encore les agendas personnels lectroniques (PDA). Au cours de
ces quatre dernires annes, le nombre dutilisateurs de tlphones cellulaires dans le monde
a dpass celui des utilisateurs de lignes xes, passant de 50 millions presque un milliard de
personnes en 2002. Cette croissance rapide est due aux cots dinfrastructure avantageux pour
le cellulaire, compar aux cots dinstallation des lignes xes. Dautre part, la seule chose que
la clientle des rseaux cellulaires ait faire est dacheter un appareil et une carte pr-paye,
aprs quoi il ne leur reste qu sen servir ds que les premires stations de base sont en place,
pargns davoir ouvrir un compte post-pay. Lintroduction des communications sans l a
6 Committee to Democratise Information Technology.
7 Computer Science and Citizenship Schools
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galement ouvert la voie aux services sans l de donnes dans de nombreux pays en
dveloppement, cet aspect tant essentiel la ralisation du m-commerce. Si lInternet sur
tlphone (tlphone xe et tlphone cellulaire) et les TIC continuent de converger, une trs
grande partie de la plante pourra avoir enn accs lInternet par le canal des tlphones
et rseaux cellulaires. Les technologies sans l ont ouvert des voies, mme dans des rgions revenus relativement faibles o le systme des cartes pr-payes autorise laccs aux
communications pour les personnes qui, autrement, ne peuvent pas sabonner en raison de
problmes de facturation ou de solvabilit. LAsie en plein dveloppement est le leader dans
le domaine (CNUCED 2002).
Les principaux domaines de pratique du m-commerce sont la messagerie courte ou SMS 8, le
micro-paiements, les services nanciers, la logistique, le service dinformation et la gestion
des relations avec la clientle sans l. La messagerie courte est lapplication de m-commerce
la plus performante dans les pays en dveloppement o les taux de connexion sur ligne xe
et daccs Internet en ont fait une solution de remplacement du e-mail. Les oprateursde Chine et dautres pays en dveloppement dAsie sorientent vers le m-commerce, en
particulier pour lappliquer des services nanciers. Cependant, les difcults en matire de
paiement lectronique et les considrations de scurit et de condentialit des transactions
sont des facteurs limitatifs pour la ralisation du m-commerce. Sans doute faudra-t-il attendre
la troisime gnration des technologies sans l et des appareils portables entirement
connectables lInternet.
Les TIC ont t largement vants pour ouvrir la voie sur les dbouchs mondiaux pour les
producteurs de modeste envergure des pays en dveloppement. Toutefois, les artisans des
pays en dveloppement qui accomplissent des transactions directement avec la clientle(Business-to-consumer) via lInternet font face dimportants obstacles. Mis part des
histoires non conrmes, il existe peu de sources permettant dtablir que les groupements
dartisans ont connu un succs durable dans les transactions directes avec les utilisateurs
naux. Le e-commerce B2B (Business-to-business) offre les plus grandes opportunits pour
les groupements dartisans en matire de renforcement des services procurs aux clientles
commerciales (exportateurs, importateurs, autres organisations commerciales, acheteurs en
gros ou au dtail etc.). Cette formule a plus de chances de rapporter aux artisans et de leur tre
plus rentable.
PEOPLink est une organisation non lucrative qui soccupe dquiper et de former desorganisations artisanales de base dans le monde entier utiliser des camras numriques et
lInternet pour faire la promotion de leurs marchandises tout en prsentant une vitrine de leurs
richesses culturelles9. Entre 1996 et 2000, PEOPLink a dvelopp des modules de formation
et en a fait la base dateliers sur site et dassistance en-ligne pour permettre 55 partenaires
commerciaux en rapport avec plus de 100 000 artisans de 22 pays de crer des catalogues
web. PEOPLink offre aux communauts un kit de cration de catalogues numriques montrant
leurs produits artisanaux et destins tre prsents sur site web. Lorganisation offre dautres
services comme les rapports de tendances en-ligne, des outils de dveloppement de produits
et de feedback, de mme quelle assure un appui et des services de logistique tels que le
recouvrement, la distribution et le traitement des retours. Plusieurs nouveaux mtiers ont t
8 Short messaging service
9 http://www.peoplink.org/wto
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crs pour des centaines dartisans pauvres des villages isols du Npal. Selon une dclaration
de la Fondation Rockefeller, qui a command un plan stratgique pour PEOPLink, le
commerce par Internet est vital pour le dveloppement des artisans et des petites et moyennes
entreprises du tiers-monde et PEOPLink peut-tre un leader [dans ce domaine] .
Toutefois, sil ressort de certains rapports que PEOPLink gnre des revenus substantiels
grce des ventes values entre 50 500 USD par jour, dautres rapports font tat de trs
bas niveaux de vente. Peu de choses permettent de conclure que ces oprations se soldent
par la vente dimportantes quantits de produits artisanaux directement aux clients. Daprs
un rapport du DFID (Department for International Development), le niveau de ventes de
PEOPLink a t trs dcevant, aucun des producteurs contacts nayant vendu de produits
sur le site de lorganisation (Bachelor et Webb, 2002). PEOPLink soccupe maintenant de son
systme CatGen, un logiciel dappui la cration de catalogues en-ligne pour renforcer les
oprations de B2B.
Parmi les domaines de e-commerce qui offrent des possibilits gure la promotion et lemarketing du tourisme pro-pauvres, base communautaire. Le tourisme pro-pauvres vise
faire proter les pauvres des avantages nets gnrs par le tourisme et assurer que la
croissance du tourisme contribue rduire la pauvret. Il ne sagit pas dun produit ou dun
secteur particuliers du tourisme, mais plutt dune approche particulire au tourisme. Les
stratgies de tourisme pro-pauvres offrent des opportunits aux pauvre, en termes soit de gains
conomiques, dautres avantages en gagne-pain soit de participation aux prises de dcision
(Ashley et al., 2001). Si lon regarde aux premires expriences, les stratgies de tourisme
pro-pauvres sont la possibilit de faire pencher lindustrie vers la marge, de multiplier
les opportunits favorables aux pauvres et de pouvoir recevoir une large application dans
lindustrie. La rduction de la pauvret grce au tourisme pro-pauvres peut par consquent treconsidrable au niveau local ou de district. En outre, le fait pour le tourisme de ntre pratiqu
qu petite chelle nempcherait pas limpact sur la pauvret dtre plus important dans les
rgions isoles (Roe et Khanya).
Les communauts pauvres sont souvent riches en biens naturels comme les paysages, le climat,
la culture et la nature sauvage. Le tourisme base communautaire est troitement associ
lcotourisme et est considr comme un moyen de conservation des ressources naturelles
et culturelles ainsi que de dveloppement communautaire. Il constitue une pratique base
communautaire qui saccompagne de contributions et de mesures incitatives en faveur de la
conservation de la nature et de la culture, de mme quil crer des opportunits de sourcesde revenus pour la communaut. Le tourisme base communautaire apporte au monde
rural de nouvelles opportunits conomiques. Il offre des possibilits de cration demploi
et gnre un grand choix dopportunits dentreprise pour des personnes de milieux et de
comptences divers et dexpriences varies, y compris dans les communauts rurales et tout
particulirement les femmes10.
Le tourisme et le e-commerce sont des partenaires naturels (CNUCED, 2001). Le tourisme est
hautement pourvoyeur dinformations. Durant la phase intermdiaire, le produit touristique
nexiste sous la forme dinformations (numro de rservation, billet, reu). La valeur ajoute
par les intermdiaires internationaux, qui ne sont bien souvent que des vendeurs et des traiteursdinformation et qui ne possdent ou ne grent que rarement des infrastructures physiques de
tourisme, peut atteindre les 30% voire plus, ce qui leur permet de matriser le termes et les
conditions tout au long de la chane de valeur. Bien ce soit le contenu socio-conomique,
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culturel et gographique qui constitue le produit fondamental du tourisme, il arrive souvent
quau bout de la chane des intermdiaires qui peroivent leurs commissions respectives, seule
une petite partie des revenus gnrs reste la destination o le produit est consomm. Le
commerce lectronique pour le tourisme (e-tourisme) peut dfaire et dsintgrer la chane de
valeur du tourisme forme par les intermdiaires et ramener les revenus plus prs des vritables
prestataires dexpriences touristiques. Mais faute dinfrastructures de paiement lectronique,
qui sont fondamentales pour la conclusion des ventes, ainsi que labsence dinfrastructures
nancires et technologiques locales qui caractrisent le monde rural et les endroits reculs
des pays en dveloppement, contraignent rgulirement le commerce lectronique mettre
en place des liales et des comptes externes, ce qui a pour effet de consolider la dpendance
lgard des oprations intermdiaires tablies.
Soutenir la bonne gouvernance
La cybergouvernance est un domaine dutilisation des TIC qui savre rapidement prometteur pour rduire les dimensions de la pauvret qui ont pour nom limpuissance, la privation
de parole, la vulnrabilit et la peur. Toutes les fois que les gouvernements nationaux
ou ladministration locale ont pris des mesures positives pour favoriser la dmocratie et
lintgration des pauvres, le rle des TIC en matire de facilitation de processus a t dmontr.
Cela a pour effet de casser les modles traditionnels dexclusion, dopacit, dinefcacit et
de ngligence dans les interactions publiques avec les autorits du gouvernement (Bhatnagar,
2002).
Dans le cadre du projet Bhoomi de dlivrance en-ligne de titres fonciers, dans lEtat du
Karnataka (Inde), le dpartement des recette scales du Karnataka a mis sur ordinateur 20millions de dossiers de proprit foncire de 6,7 millions de cultivateurs de lEtat. Auparavant,
les cultivateurs devaient partir la recherche du comptable du village pour obtenir une copie du
RTC11 qui donne la situation des droits, baux et rcoltes, document ncessaire la ralisation de
plusieurs tches telles quobtenir des prts bancaires. Retards et harclements faisaient partie
des pratiques et la pratique qui consiste soudoyer tait souvent incontournable. Aujourdhui,
pour un tarif de 15 roupies, on peut obtenir une copie lectronique du RTC auprs de lun
des kiosques denregistrement foncier (les centres Bhoomi) dans presque tous les 200 taluks
(districts) ou encore dans les kiosques Internet dans les bureaux ruraux dadministration. Le
logiciel Bhoomi intgre un systme daccs par identication biomtrique qui authentie tous
les utilisateurs du logiciel daprs leur empreinte digitale. Toutes les transactions effectues aucours dune session sont enregistres. Par ce systme, tout agent est responsable des dcisions
quil prend et des actions quil accomplit. Auparavant, le traitement des requtes en modication
des dossiers pouvait prendre des mois et il fallait compter avec la manipulation pratique par
les agents. Maintenant, les cultivateurs peuvent obtenir un RTC pour toute parcelle de terrain
ainsi quun extrait de Khata (situation de lensemble des exploitations foncires dun individu)
en un laps de temps de 5 30 minutes auprs dun kiosque dinformation sur les RTC dans
tous le siges de taluk.
Il a t prvu dutiliser les kiosques Bhoomi pour diffuser dautres informations parmi
lesquelles citons les listes de retraits sans ressources et ceux handicaps, des familles vivant
10 Voir les Procdures de la Confrence sur lEcotourisme base communautaire en Asie du Sud-Est,
Thalande, 27 fvrier 8 mars 2002. http://www;org/download/CBT_discussion/CBETconf_summary.dpf
11 Record of Rights, Tenancy and Crops.
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en-dessous du seuil de pauvret, des titulaires de cartes de rduction pour les crales
alimentaires, et des informations mtorologiques. La raction de la population au niveau des
taluka t impressionnante. Les kiosques sont assaillis par des queues et 330 000 personnes
se sont acquittes des frais sans se plaindre. Sollicit de citer un seul facteur qui aurait le
plus contribu au succs du projet, le responsable a rpondu sans hsitation la volontpolitique .
Dans lEtat de Kerala, le gouvernement soutient le projet e-shringla de mise en place de
kiosques dinformation quips dInternet, sur tout le territoire. Le concept a dpass le
cadre des expriences du gouvernement, avec la mise en place dun service de paiement de
factures quali, sous le nom
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