Journal AF Reykjavik #01
Post on 22-Jul-2016
226 Views
Preview:
DESCRIPTION
Transcript
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Éditorial Surprise de l'été : un journal, le journal pour et par les
membres de l'Alliance française de Reykjavík.
Mais pourquoi un journal ?
Au commencement, il s'agit d'un projet pédagogique,
celui de la classe des “Ados” : les élèves Hugo, Elin et Lilja
et leur professeure Anne-Claire.
Les “Ados” doivent écrire, structurer leur apprentissage de
la lecture/écriture en français autour d'un seul outil : une
lettre de diffusion.
Advienne que pourra ! Un pour tous, tous pour un : la
classe relève le défi et se jette dans l'aventure ! Le temps
est un ennemi, la tâche n'est pas aisée mais pourtant, nous
nous accrochons et d'autres articles prennent vie et le
projet devient vite un projet pédagogique collaboratif,
participatif qui se décline sous plusieurs formes : un
blogue, un échange épistolaire, une initiation au latin, un
atelier pour amateur de jeux vidéos… des entretiens, une
page, deux pages puis un journal !
!1
RÉTROSPECTIVE 2015 DES ACTIVITÉS DE
L’ALLIANCE FRANÇAISE
LES ENTRETIENS DE LA CLASSE
DES ADOS
L’HOROSCOPE GLAMOUR DE
VOTRE ÉTÉ
LE LUNDI AU SOLEIL **Prononcez leundé !
SOMMAIRE
Éditoria l 1 -------------------------------------------
B logue de la c lasse des Fantômas 2 ------------------------------------------
Soirée d’ ini t iat ion au lat in pour les enfants 3 -------
Fest ival du f i lm français, quinzième édit ion 4 -----------------
L isons ensemble - Heure du Conte 5 -------------------------------------------
Atel ier de français autour des Sims 6 ---------------------------------------------
Vendredi c ’est permis ! 6
Échanges internat ionaux entre francophones 8 -------------
Entret ien avec Mr l ’Ambassadeur de France en Is lande 10 ---------------------------------------
Focus sur la COP21 14 ------------
Entret ien avec Mathieu Tari , guide français 15 -------------
Journée mult icul turel le 21
Rétrospect ive en images du 1er semestre 2015 22 ----------
Jeux pédagogiques 25 ---------------
Informations administrat ives 27 -------------------------
Horoscope glamour de votre été 27 --------------------------------------------
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Mais un journal sans titre ! On est découragé, on pourrait aussi abandonner… le temps est
toujours notre ennemi, mais non ! Advienne que pourra ! Un pour tous, tous pour un !
Je suis certaine que les “Ados” trouveront un titre, allez,
haut les cœurs, chère équipe... Nommer, appeler, désigner,
donner un nom à quelque chose, à notre journal, à notre
œuf !
Car tout vient d'un œuf, n'est-ce pas ? On se refait le
célèbre paradoxe, on se triture les méninges et un jeudi :
on a un titre sorti de l'imagination talentueuse de nos
élèves !
Le lundi au soleil - C'est le miracle attendu
entre les 40 tempêtes hivernales ! C'est un air de Claude François (Cloclo pour les
intimes) que l'on fredonne et c'est tout simplement du bonheur ! C'est notre
journal, notre carnet de bord des six premiers mois de l'année 2015.
À lire cet été sans modération !
Sophie Perrotet, directrice
Blogue de la classe des Fantômas Le 7 octobre 2014, la classe des Fantômas (12-14 ans) a publié son premier article sur leur blogue « Les Macarons de Reykjavík ».
Une à plusieurs fois par mois, chacune des trois élèves - sous
couvert d'un nom d'emprunt - y évoque sa vie en Islande : les
fêtes de Noël, les spécialités culinaires, le fonctionnement des
écoles, les visites à ne pas manquer sur l’île, ou plus
généralement, leurs habitudes quotidiennes…
N’hésitez pas à venir visiter leur blogue, laisser un commentaire
sous les articles ou même proposer vos suggestions pour de
prochains sujets.
À noter, les illustrations sont signées Eyja Bonthonneau, élève de cette classe.À bientôt sur www.lesmacaronsdereykjavik.blogspot.com !
Anne-Claire Lefèvre, professeure
!2
Concert de Belleville pour célébrer la réussite au DELF !
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Soirée d’initiation au latin pour les enfants Cette soirée latine a eu lieu le 27 novembre 2014 à l’Alliance française de Reykjavík. En enseignant le français et après la rencontre avec Eirikur, professeur de latin-grec au lycée de
Reykjavík MR, me sont revenus de nombreux souvenirs de mes années de latin au collège et au
lycée à Paris.
Eirikur et moi-même avons ainsi imaginé ensemble un cours de
latin ludique, différent du cours de latin classique, et qui serait une
ouverture vers l’apprentissage des langues. Nous avons appuyé
notre travail sur l’histoire, l’histoire des langues, la mythologie, et le
vocabulaire.
Nous avons eu envie de tenter une initiation au latin à des élèves de
français. Notre objectif était non seulement de leur raconter une
histoire de la langue française, une
histoire des langues indo-européennes, mais aussi de leur permettre
de reconnaître dans la langue des racines communes, qui pourraient
leur permettre de décortiquer les langues et reconnaître des
similitudes qui leur donneraient ensuite les clés de la compréhension
et du sens. Il s’agissait de démystifier et diminuer les distances que les
apprenants peuvent parfois mettre entre l’islandais et le français, leur
démontrer la sororité de nos langues afin d’amoindrir des peurs et des
a priori sur la difficulté de l’apprentissage du français.
Nous avons créé un parcours pédagogique d’une heure trente environ,
pour tenter de manière inductive de rendre les liens entre le latin et
nos langues d’origine et cible, vivants et actuels. Il s’agit d’éveiller la
curiosité des élèves et leur intérêt pour l’Histoire et les histoires,
leur montrer qu’il y a dans la langue des anecdotes qui expliquent
et précisent le sens, qui associent les sens entre eux ; les mots ont
une histoire et sont liés par leur racine commune. Finalement, tout
cela nous relie entre nous, nous les êtres humains, et nous permet
de communiquer et nous comprendre… !
Sólveig Simha, professeure
!3
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Festival du film français, 15ème édition Du 23 janvier au 2 février 2015 s’est tenue la quinzième édition du Festival du Film Français de Reykjavík (et à Akureyri du 26 janvier au 1er février).
Ce festival a été créé en
l’an 2000 par l’Alliance
française de Reykjavík,
rejointe ensuite par de
nombreux partenaires
tels que l’Ambassade de
France en Islande ou
encore le distributeur
Green light et le cinéma Háskólabíó. Son
objectif est de promouvoir la diffusion en
Islande des films français et francophones (y
compris en termes de coproduction).
Le thème retenu pour 2015 était celui de la
diversité : focus sur les minorités, les
différents âges de la vie, les changements ou
les choix de transformation… Les comédies
étaient à l'honneur (comme pour les
précédentes éditions), sans oublier les films
d’animation pour enfants et adolescents et
un film hommage aux 25 ans de la mort de
Truffaut.
Le choix du film d'ouverture s’est vite
imposé : Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? de
Philippe de Chauveron, illustre parfaitement
ce thème de la diversité et du savoir-vivre
ensemble. Avec plus de 12 millions de
spectateurs en France, c’était aussi la quasi-
certitude d’une jolie locomotive pour les 11
jours du festival… Noom Diawara et Medi
Sadoun, deux des acteurs de ce film choral,
nous ont fait le plaisir de venir nous
rejoindre en Islande le 22 janvier 2015, pour
l’ouverture du festival. Entre promotion
(cocktails, Q/R, interviews) et détente (visite
de Reykjavík, du Golden Circle et baignade
au Blue Lagoon), ils ont passé trois intenses
journées sur l’île !
Sólveig Anspach et Barði Jóhannsson ont
également honoré le public de leur présence
pour un Questions/Réponses à la fin de leurs
films respectifs. Sólveig, Islandaise par sa
mère mais habitant à Montreuil, alterne ses
tournages entre la France et l’Islande. Elle
était venue présenter à cette occasion son
sixième long-métrage de fiction : Lulu, femme
nue.
Barði, membre des groupes Bang Gang, est
quant à lui le compositeur de la musique du
dernier film de Niels Tavernier : De toutes nos
forces. Ces deux films ont remporté un large
succès et les questions du public furent très
nombreuses.
!4
De gauche à droite : Einar Hermannsson (président de l’Alliance française de Reykjavík), Noom Diawara, Medi Sadoun, Philippe O’Quin (ambassadeur de France en Islande), Sólveig Anspach et Barði Jóhannsson, lors du cocktail à la Résidence de l’Ambassadeur.
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? restera sans conteste le coup de
cœur du public cette année : deux spectateurs du FFF sur trois se
sont en effet déplacés pour voir ce film et c’est en tout plus de 22.000
personnes qui ont vu le film durant son exploitation en Islande ! À
l’année prochaine pour le FFF 2016 !
Anne-Claire Lefèvre, professeure
Lisons ensemble - Heure du Conte Initier et augmenter le temps d’exposition au français sont les objectifs du programme “Lisons ensemble”. Mais ce programme s’adresse plus particulièrement à notre plus jeune public de manière créative et amusante : les enfants d’âge préscolaire (2-5 ans).
Pour cette première année, des séances enrichissantes ont été proposées le
24 octobre dernier, un auteur-illustrateur de la célèbre Maison d'édition
française l'École des Loisirs, Jean-Charles Sarrazin, est venu partager un
moment créatif avec les enfants. Durant la période de Noël, le petit Lapin
de Noël a charmé notre jeune public. De nombreux supports ont été
sollicités : folklore, chansons et mimes.
Mais le projet phare de cette année aura sans aucun doute été “Le Voyage en
France” qui se sera produit deux fois à l'Alliance française : en novembre pour nos
membres et du 14 au 16 avril 2015 pour les cinq groupes d'une vingtaine d'enfants
provenant d'écoles maternelles de Reykjavík. Les enfants ont alors embarqué pour
un voyage en bateau vers la France, accompagnés de Sigriður Sunna Reynisdóttir
et de Marion Brochet. Sur la route, ils ont appris plusieurs comptines françaises,
découvert le merveilleux tapis réalisé par la décoratrice Kristina R. Berman et
dégusté les délicieuses tartes aux pommes de Sigurveig Káradóttir (Matarkistan).
Ce beau voyage se poursuivra cet hiver.
À travers les chansons, les histoires, les comptines, en invitant des
personnalités du monde de la littérature jeunesse, les enfants
jouent, découvrent de nouveaux mots et apprennent aussi la
culture française. “Lisons ensemble - Heure du Conte à l'Alliance
française de Reykjavík” est un moment multilingue français,
islandais et autres… tous les enfants sont invités !
Marion Brochet , profes seure
!5
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Atelier de français autour des Sims Le samedi 7 mars 2015, nous avons fait le tout premier atelier geek en français, à l’Alliance française de Reykjavík. Ils étaient six à tenter le pari de pouvoir recréer, dans le jeu que l’on ne présente plus, Les Sims, une famille célèbre (Adams, Simpson, Obama...).
Dans un premier temps, les participants devaient lire un
document comprenant la description des membres d’une
famille connue, ainsi que l’univers où elle prend place, puis
ensuite utiliser le jeu Les Sims pour recréer chaque personne,
en essayant de respecter au maximum leurs traits physiques.
Ensuite, nos participants ont reproduit une pièce décrivant le
mieux possible l’atmosphère de leur célèbre famille.
Pour t e rminer, chaque
groupe est venu présenter sa
création en décrivant chaque personnage, sans trop donner
d’indices ; les autres groupes devaient deviner de quelle
famille il s’agissait.
Toutes les productions étaient vraiment superbes, nous
remercions ces six participants pour leur implication, et
surtout pour leur bonne humeur tout au long de ces quatre
heures !
Benjamin Parpex, professeur
Vendredi c’est permis !!! Six merveilleuses soirées du « Vendredi c’est permis ! » se sont déroulées cette année 2014-2015 (environ un vendredi par mois). Créées dans le but d’aménager un temps récréatif pour les enfants - qu’ils soient francophones
ou non - ces soirées étaient l’occasion pour eux de s’adonner à
des activités manuelles, des jeux, visionner des petits reportages
durant le dîner ou encore chanter et danser !
Animées en français, islandais ou même anglais au besoin, par
Lilja, Hugo et Elin (élèves de la classe des « Ados »), Philippe et
Anne-Claire (professeurs) et Sophie (directrice), chaque soirée
était élaborée autour d’un thème, déterminé en fonction du
!6
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
calendrier : Halloween (cf. muffins ci-dessous), Noël, Galette des rois, le carnaval, Pâques…
La dernière soirée, qui a eu lieu le 17 avril, était consacrée au DOM-TOM - essentiellement l’Ile
de la Réunion - et l’intégralité des bénéfices fut
reversée à l’Alliance française du Vanuatu, dévastée
lors du passage du cyclone Pam le 13 mars dernier.
À noter, il vous est toujours possible de déposer vos dons à l’accueil de notre médiathèque.
Nous remercions aussi nos “animateurs occasionnel”,
venus nous prêter main forte : Urður, Atli, Virginie,
Hervé, Pauline et Florent !
Nous avons accueilli en moyenne une
vingtaine d’enfants âgés de 4 à 11 ans,
venus faire la fête avec nous de 18h30 à 21h ; autant de parents libres de
profiter de ce début de soirée en toute quiétude et liberté !
Devant ce succès, nul doute que l’atelier du « Vendredi c’est permis ! » sera
reconduit à la rentrée… car comme le disent les enfants : “C’est trop super bien
le Vendredi c’est permis !!!”.
Anne-Claire Lefèvre, professeure
!7
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Échanges internationaux entre francophones Correspondance internationale avec Sólveig ! Avant Noël les élèves du groupe “Les Gastons” ont participé à un échange avec des petits
francophones du monde entier. Une directrice d’école proposait un projet fort intéressant :
correspondre avec de jeunes francophones du monde entier. L’implication des élèves dans cette
expérience est apparue comme une évidence.
Nous sommes partis du livre Clément Aplati (Flat Stanley) de Jeff Brown.
Nous avons lu ce livre pendant tout l’automne et nous avons nous-
mêmes créé notre “Clément”. Toute la classe a élu le plus beau dessin et
c’est le personnage d’Anais Bergsdóttir qui l’a emporté ! Nous l’avons
appelé “Ina d’Islande”.
Nous avons échangé par courriel avec des enfants qui se trouvaient en
France, en Belgique, en Irlande, au Maroc, en Guadeloupe, en Guyane,
en Nouvelle Calédonie, au Mexique, aux États-Unis, au Canada et en
Australie. Nous avons ainsi reçu des emails et y avons répondu. Nous
avons aussi reçu des photos de notre Ina (ci-dessous en Guadeloupe).
Les élèves ont été étonnés de découvrir que tant d’enfants de par le
monde apprenaient et parlaient le français.
Cette même classe a ensuite rencontré des collégiens de Romainville qui venaient faire un
voyage scolaire en Islande. Ils avaient préparé des
exposés sur leur vie quotidienne et les fêtes
islandaises. Les parents et les enfants avaient
ensuite préparé un goûter islandais que les jeunes
Français ont dévoré !
Ces échanges sont passionnants autant pour les
enfants que pour les enseignants. L’apprentissage
devient concret : les enfants sont dans la réalité de
la parole. Ils sont aussi dans l’échange avec l’autre.
Ils se rendent compte que c’est leur connaissance
du français qui leur permet de rencontrer l’autre. C’est un trésor inestimable ! Alors, leur
curiosité se développe et ils prennent conscience que le français ne se limite pas à l’hexagone !
Sólveig Simha, professeure
!8
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Correspondance France-Islande avec Fabienne !
Ce mois-ci, trois groupes d´élèves de l´Alliance française - les Marsupilamis, les Faons et les
Vampires - ont participé à un petit échange culturel avec une classe de CE2 de l´école primaire
“Paul Verlaine” de Juniville (Ardennes) en France. Leur maîtresse
Séverine a lancé un appel sur son blogue et proposé un échange
de colis et de petites lettres… Nous avons répondu à cet appel et
avons envoyé à Séverine et ses élèves :
- Des autoportraits réalisés par les enfants. Ils se sont
présentés par le biais du dessin et du texte : ils ont décrit leur
caractère, raconté ce qu´ils aiment, leurs activités et passions…
- Des documents composés de photos, de petits textes sur l´Islande, la nature, les animaux,
les activités…
- Des objets rapportés par les enfants : de la laine de mouton, des pierres de lave, un
CD de chansons islandaises, des pièces de monnaie islandaise, un petit drapeau
islandais, un livre sur l´Islande et les principaux sites touristiques, un poster
représentant les différents types de baleines, des cartes postales avec de petits
messages…
Au bout de quelques semaines, nous avons nous aussi reçu un colis !
Quelle joie chez les élèves de découvrir : des messages, leurs
autoportraits, des photos de leur ville, des chocolats, des biscuits, des
gâteaux, des produits de la région… Les élèves ont lu à voix haute leurs messages,
leurs autoportraits, nous avons regardé leurs dessins et travaux réalisés en classe…
et nous avons encore beaucoup de lecture !
L´échange est une expérience très motivante pour les élèves et pour le
professeur… parce qu´il place les apprenants dans une situation de
communication authentique : les enfants écrivent des messages qui s´adressent à des
destinataires réels. Ils écrivent dans le but de partager, de faire connaissance avec
des enfants français du même âge, de leur faire découvrir l´Islande et leur donner
peut-être l´envie de venir visiter un jour ce pays… et aussi l´occasion de recevoir,
d’entretenir un lien à la fois culturel et affectif avec la France.
Fabienne Davidsson, professeure
!9
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Entretien avec Mr l’Ambassadeur de France en Islande Le 15 janvier 2015, trois élèves de l’Alliance française – les Ados – ont rencontré Philippe O'Quin, le nouvel Ambassadeur de France en Islande. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur lui et sur le rôle d’une ambassade…!
Monsieur Philippe O'Quin, vous êtes le
nouvel Ambassadeur de France en Islande,
depuis le 6 octobre 2014. Pouvez-vous nous
présenter votre parcours professionnel ?
J’ai alterné, dans ma vie, entre
des postes à Paris et des postes
à l’étranger.
Jusqu’à ma nomination en tant
qu’Ambassadeur de France en
Islande en octobre 2014, j’étais
fonctionnaire du Ministère des
Finances, avec un parcours
relativement traditionnel pour
un fonctionnaire français.
Après un bac l i ttéraire, j ’ai débuté
Hypokhâgne, puis Science Po à Paris. En
parallèle de Science Po, j’ai fait une licence
en droit et une en histoire. Je suis ensuite
r e n t r é à l ’ E c o l e N a t i o n a l e d e
l’Administration (ENA). À la sortie de cette
école, je suis devenu fonctionnaire du
Ministère de l’Economie et des Finances.
J’ai exercé diverses responsabilités à Paris, au
sein de la structure chargée des relations
extérieures du Ministère de l’Economie et
des Finances. À l’étranger, je me suis rendu
aux Etats-Unis, à New York, puis j’ai été Chef
du service économique en Hongrie et au
Royaume-Uni. J’ai ensuite été le responsable
du Service commercial à la représentation
permanente de la France auprès de l’Union
Européenne, qui est la structure que nous
avons à Bruxelles pour négocier les questions
européennes avec la Commission et avec les
autres états-membres. Et enfin, juste avant de
venir ici, j’ai été le Chef du service
économique à Madrid.
Etes-vous marié et avez-vous des enfants ?
Oui, mon épouse est d’ailleurs ici en Islande
avec moi. Mes trois enfants sont grands et
sont restés en France, où ils travaillent et/ou
étudient.
En quoi consiste le métier d'ambassadeur ?
Je pense que c’est un métier qui s’exerce
différemment suivant les pays où vous êtes et
la taille de votre ambassade. Il y a cependant
quelques missions que vous retrouvez
toujours.
Tout d’abord, la mission d’information. Un
ambassadeur - ou plutôt une ambassade,
parce qu’un ambassadeur est le chef d’une
équipe - doit informer son pays d’origine sur
la situation et sur l’évolution dans le pays de
résidence et doit informer le pays de
résidence sur les positions du pays d’origine.
C’est aussi celui qui présente les positions de
négociation de son pays, dans les grandes
!10
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
conférences, dans les grandes négociations
internationales ou dans les grandes
négociations européennes. Un des grands
aspects de mon métier à l’heure actuelle est
donc d’informer sur les positions de
négociation française et de convaincre
l’Islande de se rapprocher de ces positions.
En sus de ces missions d’information et de
p a r t i c i p a t i o n a u x n é g o c i a t i o n s
internationales et européennes, il y a la
défense des intérêts français.
On note une grande évolution dans le métier
d’ambassadeur depuis une cinquantaine
d’années, maintenant que les pays sont
davantage « internat ional isés » . Un
ambassadeur aujourd’hui ne s’occupe pas
que des questions diplomatiques et
politiques traditionnelles, il s’occupe aussi
des sujets culturels, linguistiques, agricoles,
industriels, scientifiques, économiques et
commerciaux, touristiques… Je dois donc
promouvoir le tourisme en France, les
échanges commerciaux, l’investissement, etc.
Un ambassadeur, c’est quelqu’un qui défend
tous les intérêts d’un pays, quels qu’ils
soient.
Enfin, le rôle le plus « visible » de
l’ambassadeur est celui de représentation :
c’est lui qui incarne le pays qu’il représente.
Il est le délégué en quelque sorte du Chef de
l’Etat français auprès du Chef de l’Etat
islandais, c’est pour ça que la première chose
qu’un ambassadeur fait dans tous les pays du
monde, c’est présenter ses Lettres de créance
: ce sont des lettres que lui donne le
Président de la République pour dire que
c’est l’ambassadeur qui le représente auprès
d’un autre Chef de l’Etat, ici auprès du
Président de la République islandaise.
Je représente aussi le Chef du gouvernement
– le Premier Ministre – ainsi que tous les
ministres. Il y a donc derrière cela, de
nombreuses invitations : je dois inviter, on
m’invite… Je dois animer tout ce qui tourne
autour de la France.
Puisque j’utilisais le mot « animer » : un des
rôles d’ambassadeur, c’est aussi d’animer la
communauté française, c’est-à-dire de veiller
à ce qu’elle n’ait pas de problème, de
défendre ses intérêts quand les citoyens
français sont menacés, par exemple quand il
y a une crise. Par exemple, s’il y avait une
éruption volcanique, il faudrait que l’on
s’occupe de la sécurité et de la santé de nos
concitoyens.
Ici en Islande, il s’agit d’une communauté
intégrée - le plus souvent de binationaux :
Français qui ont épousé des Islandaises ou
inversement - qui ne court aucun risque
particulier. Cet aspect de défense de la
communauté française n’est donc pas très
important, puisque la communauté est petite
(entre 350 et 500 personnes) et pas très
menacée.
De combien de personnes est composée
votre équipe ? Quels sont leurs rôles
respectifs ?
Nous sommes dix, moi inclus : six Français et
quatre Islandais.
!11
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Certains ont un rôle plutôt politique ;
d’autres, culturel.
Mon adjointe, Gaëlle, est responsable de
l’ensemble des questions d’ordre culturel et
scientifique ; elle travaille en relation avec
Íris, qui est Islandaise.
Il y a aussi une jeune Française, Elodie, qui
fait un VIA (Volontariat international en
administration), qui elle s’occupe plutôt des
questions économiques, commerciales,
politiques et environnementales.
Vous avez un Islandais, Pálmi, qui s’occupe
des questions de presse.
Il y a un Français, Maxence, très intégré ici,
qui est mon assistant.
Et enfin, toutes les autres personnes qui
s’occupent des questions consulaires et de
l’organisation de l’ambassade : gestion,
comptabilité, informatique, communication
(notamment cryptée pour protéger nos
échanges écrits), organisation, financement,
etc…
Quelles sont vos premières impressions sur
l‘Islande depuis votre arrivée ? Étiez-vous
déjà venu ici auparavant ?
Je suis arrivé le 6 octobre pour ma prise de
fonction et c’était la première fois que je
mettais le pied en Islande… Je n’ai vu pour
l’instant que la partie la plus proche de
Reykjavík ; je n’ai pas encore eu l’occasion
d’aller dans d’autres villes ou de faire le tour
de l’île.
Ce qui est intéressant, c’est de voir cette
alliance à Reykjavík d’une ville à taille
humaine, avec un centre-ville de petite taille
où on peut quasiment tout faire à pied, mais
qui est aussi une capitale, avec une offre
culturelle et artistique exceptionnelle : le
centre de congrès et de concerts Harpa, des
opéras de qualité, un très bon orchestre de
chambre, des musées, expositions et festivals,
qui attirent des talents de renommée
internationale.
Voilà ma première impression.
Et puis, je ne peux pas ne pas vous parler du
climat, qui n’est pas si rude que ça
finalement, même s’il y a plus de neige qu’à
Paris, Berlin ou Londres. Le froid et le vent
sont tout à fait supportables si on est bien
couvert ; comme disent les Islandais, le
problème ce sont les vêtements, pas la
météo…
La vraie différence, c’est la nuit ; ne pas voir
le soleil pendant quasiment 20h de suite
durant l’hiver. C’est ça la vraie surprise,
même si on est prévenu !
Comment vous sentez-vous à chaque
nouvelle prise de fonction ? Y-a-t’il un pays
dans lequel vous avez eu plus de mal à vous
adapter qu'un autre ?
J’ai toujours eu cette chance - sans
flagornerie aucune - d’aller dans des pays
agréables, entouré de personnes avec
lesquelles on noue assez facilement une
relation chaleureuse et qui avaient toujours
!12
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
des « atomes crochus » avec la France, les
Français et la culture française.
Le pays le plus compliqué je pense, pour moi
et ma famille, fut la Hongrie. Les Hongrois
sont très intéressants et cultivés, mais leur
langue est extraordinairement difficile.
A l’époque, ils ne parlaient plus beaucoup le
français, plus beaucoup l’allemand et pas
encore beaucoup l’anglais. Donc là, vous avez
une vraie coupure avec la population…
Pour moi qui aime, en parallèle de mon
métier, aller à la découverte des gens et de
leur pays, ce fut assez frustrant.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les
projets de l'ambassade pour 2015 ?
Nous avons des projets purement islandais,
mais aussi la transposition en Islande de
priorités françaises.
On va par exemple avoir une conférence à
Paris en décembre 2015 - la COP21 - qui est
une conférence sur la lutte contre le
réchauffement climatique, où nous espérons
arriver à un accord général intégrant tous les
pays, pour limiter les émissions de gaz à effet
de serre (pour faire simple) et ce que cela
impliquerait en termes de qualité de vie,
d’agriculture, de migrations de populations,
etc…
Nous y travaillons de manière étroite avec le
gouvernement islandais, car c’est à la fois un
pays qui est très vulnérable au réchauffement
climatique, en tous les cas très concerné par
cela, puisqu’il est aux « premières loges »
pour assister à la fonte de la calotte glaciaire
au Pôle Nord, mais aussi de leurs propres
glaciers.
Cependant, c’est un pays exemplaire, puisque
son énergie est à 85% renouvelable,
provenant de la géothermie ou des barrages
hydroélectriques, et pollue donc très peu.
L’Islande est d’ailleurs assez active,
puisqu’elle vend sa géothermie à l’étranger.
Pour toutes ces raisons, nous voudrions que
l’Islande soit un partenaire important dans le
succès de cette COP21.
On a aussi des dossiers plus bilatéraux, en
complémentarité de ce que je viens
d’évoquer, ayant pour but de développer une
coopération industrielle entre les sociétés
françaises et les sociétés islandaises, dans le
domaine de la géothermie. Ceci afin de
proposer une offre - commerciale ou par le
biais de l’aide au développement - à d’autres
pays où cela serait possible, comme
l’Ethiopie, Djibouti, les îles des Caraïbes
(Guadeloupe, Dominique), etc.
Nous avons aussi des activités bilatérales,
plus traditionnelles, dans le domaine de la
promotion de nos intérêts linguistiques et
culturels. J’aimerais bien que l’on poursuive,
avec l’Alliance française, le travail qu’on a fait
pour diffuser l’enseignement du français, en
particulier dans les petites classes. Nous
a v o n s c o m m e n c é à e n p a r l e r a u
gouvernement ici, avec Sophie Perrotet,
directrice de l’Alliance française, et Einar
Hermannsson, son président, pour voir quel
type d’appuis on pourrait recevoir de sa part.
!13
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
J’aimerais aussi mener à son terme un projet
lancé par mon prédécesseur, qui est
symboliquement important : un dictionnaire
en ligne français-islandais, dont la partie
islandais-français est à achever.
Et puis, on a toutes les activités courantes,
toute une série de projets dans le domaine
culturel que l’on renouvelle chaque année ;
on participe à des festivals ou bien on les
organise nous-mêmes, comme le Festival du
Film Français - qui a lieu entre la fin janvier
et la mi-février en général - et qui est l’un
des plus visibles.
Nous tenons à remercier chaleureusement Monsieur Philippe O’Quin pour le temps qu’il a consacré à cet entretien.
Focus sur la COP21 La 21ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ou COP21, qui va se tenir du 30 novembre au 11 décembre 2015 sur le site de Paris-Le Bourget. Elle va rassembler près de 40 000 participants – délégués représentants chaque pays,
observateurs, membres de la société civile... Il s’agit du plus grand événement
diplomatique accueilli par la France et également de l’une des plus grandes
conférences climatiques jamais organisées.
Cette conférence de décembre 2015 sera l’une des plus grandes conférences
internationales sur le climat jamais organisée. L’enjeu est majeur : prévenir un
dérèglement climatique qui menacerait nos sociétés et nos économies. La conférence
Paris Climat 2015 devra adopter un accord international qui posera le cadre d’une
transition vers des économies bas-carbone. À ce titre, la responsabilité de la France est double :
1. Accueillir pendant deux semaines, dans les meilleures conditions, des milliers de délégués et
d’observateurs sous les auspices des Nations unies ;
2. Assurer un rôle de facilitateur auprès de toutes les parties pour rapprocher les points de vue et
permettre une adoption de l’accord à l’unanimité.
Cette conférence devra marquer une étape décisive dans la négociation du futur accord
international qui entrera en vigueur en 2020, en adoptant ses grandes lignes, avec comme
objectif que tous les pays, dont les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre - pays
développés comme pays en développement - soient engagés pour la première fois par un accord
universel contraignant sur le climat. La France souhaite un accord applicable à tous, respectant
le principe de différenciation, suffisamment ambitieux pour permettre d’atteindre l’objectif des
deux degrés, et doté d’une force juridique contraignante.
Pour plus d’informations : www.cop21.gouv.fr.
!14
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Entretien avec Mathieu Tari, guide français Le jeudi 7 mai 2015, la classe des Ados a eu l’opportunité de rencontrer Mathieu Tari, papa d’une élève de l’AF et de lui poser toutes ses questions relatives à son métier.
Comment es-tu devenu
guide en Islande ?
Par le hasard et la chance,
c o m m e b e a u c o u p d e
guides, en tout cas dans ce
marché français que je
connais bien. Une chance,
parce que c’est un métier extrêmement
plaisant à exercer ; par hasard, parce que la
plupart d’entre nous n’a jamais pensé à
devenir guide et n’a jamais fait d’études pour.
Par contre, nous avions tous un point
commun : marcher sur une montagne, ça
nous convenait bien comme loisir… Partant
de là, il faut se trouver au bon endroit et au
bon moment. Tout ça pour dire que je n’ai
jamais fait d’études pour devenir guide. C’est
d’ailleurs surprenant étant donné la
responsabilité qu’on peut donner à ces gens-
là. Pourquoi ? Tout d’abord parce que ce
contexte islandais était en devenir ; il n’y
avait pas encore beaucoup d’idées sur
comment gérer le tourisme, du coup ces gens
en amenaient d’autres dans l’intérieur des
terres pour le simple plaisir de leur montrer
le pays. Aujourd’hui, les choses sont en train
de se nuancer. Il est question que seules les
personnes qualifiées puissent exercer cet
emploi ; ce qui est normal sous bien des
aspects.
Comment est-ce qu’on est « au bon endroit,
au bon moment » ? L’été où je suis venu ici,
je travaillais dans un hangar qui empaquetait
tout le matériel pour les marches en
montagne. Partant de là et voyant qu’il y avait
quelque chose en dehors de ce hangar, j’ai
demandé de quoi il s’agissait. On m’a dit
qu’il y avait des gens qui partaient dans les
montagnes. J’ai dit que j'aimerais bien
essayer et puis on m’a envoyé une fois en
tant que cuisinier sur un gros groupe. On
m’a demandé au retour si ça me plaisait. J’ai
dit que oui, ça m’avait l’air très intéressant et
on m’a renvoyé immédiatement sur le même
tour, mais en tant que guide cette fois-ci. Je
suis donc rentré progressivement dans cet
univers.
En quoi consiste ton travail tout au long de
l’année ?
Bien que je parle anglais, je travaille
essentiellement avec des francophones. Je ne
!15
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
connais pas le pourcentage exact de touristes
français en Islande, mais en ce qui me
concerne, je travaille 80% de mon temps avec
ce marché français. Si quelqu’un comme moi
arrive à travailler toute l’année avec des
Français, ça veut dire qu’il y en a déjà une
certaine quantité, et ce flot est réparti sur
l’année entière. Le Français est très présent.
Moi, je le mettrais bien dans le top 5 des
touristes qui viennent ici, voire le top 3.
Mon activité pendant l’année est variable. En
hiver, je vais rester à Reykjavík. Je vais
m’occuper essentiel lement de tours
d'entreprises, de grosses entreprises
essentiellement françaises, qui offrent des
voyages à leurs meilleurs éléments ou à leurs
meilleurs clients. Ces gens-là viennent
séjourner dans de bons hôtels, ils mangent
dans de bons restaurants. Ils vont faire des
activités : de la motoneige, de la spéléologie ;
ils profitent bien du pays. En été, quand
l’intérieur des terres est accessible, je
m’oriente plus vers les marches en montagne.
Là, on a le sac à dos, les tentes ou on dort
dans les refuges et on marche toute la
journée. On est sur un effort permanent.
En été, je constate que le Français est aussi
très présent dans les montagnes. Il y a
d’autres nationalités qui sont très bien
représentées : je vois beaucoup d’Allemands,
de Hollandais. On a depuis quelques années
le marché espagnol et italien également.
Toutes ces nations, ce sont des nations de
randonneurs, ce sont des gens qui aiment
aller dans les montagnes et on ne les croise
pas qu’en Islande. Pourtant si on regarde les
chiffres, on verra que ce sont les Américains
qui sont le plus souvent ici, en fait, en transit
pour un jour ou deux…
Je ne vois pas ces Américains à l’intérieur des
terres. Je les vois sur un troisième marché,
qui me plaît aussi beaucoup. C’est le marché
d’activité à la journée. Ce sont des gens qui
viennent dans le pays et qui, une fois qu’ils y
sont, vont vouloir, demain, après-demain,
aujourd’hui-même, aller faire du rafting, de la
spéléo, randonner à cheval, faire du vélo, etc.
Pour ces activités à la journée, il faut des
guides aussi, pour amener ces gens sur place.
Qui sont les touristes les plus chaleureux ?
J’ai ma préférence pour le Québécois. Sur le
marché français, on trouve des Suisses, des
!16
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Belges, des Français, des Québécois. Je
rencontre les Québécois seulement en été ;
on va randonner dans les montagnes avec un
groupe de gens qui se ne connaissent pas et
qui doivent réussir à créer des liens sur une
période assez courte. Si tu as un Québécois
dans ton groupe, tu sais que ça va bien se
passer. Ce sont des porte-bonheurs ! Je les
aime beaucoup. Ce sont des gens sans
complexes qui sont là pour s’amuser et faire
rire tout le monde. Ils n’hésitent pas à
prendre les mauvaises ondes sur eux pour les
sublimer et transformer ça en quelque chose
de chaleureux !
Quel est le meilleur mois pour visiter
l’Islande?
Cela dépend de ce que l’on veut faire. Il y a
beaucoup de différences d’un mois à un
autre et d’une saison à une autre. Il y a des
choses que l’on ne peut pas faire tout le
temps et d’autres choses qu’on ne veut pas
faire à certaines périodes. Quand l’été arrive,
je n’ai pas forcément envie de rester assis
dans un bus à parler dans un micro… Je suis
comme tout le monde, j’aime bien quand le
soleil brille et qu’il fait doux. D’autant plus
qu’il ne fait jamais suffisamment chaud pour
beaucoup transpirer !
Donc l’été est très bien. Mais l’automne est
une belle saison aussi, vous redécouvririez
Þingvellir ou Snæfellsnes par exemple avec
des couleurs extraordinaires ! Mais elle est
très courte ; il ne faut pas la rater. Nous
sommes maintenant au printemps ; la
lumière est revenue. On pourrait penser que
les chemins de randonnées vont commencer
à être praticables, mais pas forcément ; on a
des terrains gorgés d’eau qui sont très
techniques, et ça peut être la galère, même si
on l’accepte bien.
L’hiver est une belle saison aussi, mais pour
le tourisme, ça reste encore un peu limité.
Pourtant, nous oublions que quand le soleil
ne se couche pas, c’est une curiosité
extraordinaire, mais ça l’est aussi quand la
nuit est permanente ! Ces fameuses aurores
boréales, ça demeure un rêve pour
énormément de gens. Au final , j ’a i
l’impression qu’il n’y a pas de saison à
favoriser, mais peut être que le printemps est
celle qui “parlera” le moins aux touristes.
À quoi tient la réussite d’un tour ?
Plus j’avance dans ce métier, plus je constate
que la réussite est en fait globale. Au début,
je pensais que c’était quand il y avait du beau
temps, surtout l’été. Le succès était alors
juste l’Islande, et comment nous allions
découvrir le pays : quel voyage, quel tracé,
!17
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
quel tour nous allions faire. Je pensais que
cela suffisait pour faire un bon tour.
En avançant, j’ai commencé à penser que
c’était juste le guide, car le guide doit être le
”chef d’orchestre” en quelque sorte. C’est
grâce à lui que le voyage va bien se passer.
Puis, je me suis dit que c’était le groupe lui-
même. Parce que plus nous allons être à
l’aise avec le métier, plus nous allons laisser
le groupe s’exprimer. On va moins canaliser
l’énergie des gens, on va les responsabiliser.
On va voir qu’au bout d’un moment, il y a
une harmonie qui se fera, et si cela ne prend
pas, et bien nous - les guides - on va mettre
un petit ingrédient pour récupérer la sauce,
un peu comme en cuisine…
Au final, on se rend compte que, non, c’est
aucun des trois. À la fin, on se retrouve bien
humble, parce qu’on apprend qu’on ne
contrôle rien du tout, même avec technique,
savoir, savoir-faire, patience... C’est justement
l’ensemble des trois qui fait le succès.
Sur un plan humain, comment décrirais-tu
ton travail ?
Au-delà de montrer des choses aux gens, il
faut créer un lien avec eux. Ce lien “amical”
devient souvent plus fort pendant l’été. Tu
dois vivre avec ces gens pendant une semaine
ou deux. Tu dors avec eux, tu les réveilles, tu
les nourris et tu les soignes en cas de bobos.
La relation est importante. Il faut développer
ce lien en parlant de soi-même. Tu vas
t’exposer. Mais c’est le choix du guide. Tu
peux raconter ta vie, car les touristes sont
demandeurs - ils veulent savoir avec qui ils
sont - mais tu peux aussi raconter des
bobards ! Ça m’est déjà arrivé quelques fois,
c’est tentant… Tu vas raconter à tellement de
gens la même chose, et ils vont te poser les
mêmes questions : qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Pourquoi es-tu venu en Islande ? Est-ce que
tu as une famille ? Et tu vas devenir “ami”
avec ces gens, mais après cinq jours tu repars
a v e c d ’ a u t r e s e t t u v a s r e c r é e r
immédiatement le même processus... Ceci est
probablement la partie la plus fatigante de
m o n t r a v a i l , m e n t a l e m e n t e t
psychologiquement.
Souvent il y a des archétypes qui reviennent
et qui vont agir de la même manière. Il va par
exemple y avoir celui qui a plus d’influence
sur les autres parce qu’il a une grande
gueule, parce qu’il est plus vieux ou parce
qu’il saura mieux parler que les autres. Donc
cette personne-là, si on s’en fait un ennemi, il
va très vite réussir à mettre une mauvaise
ambiance dans le groupe. Il y aussi la
personne qui va pouvoir encaisser toute la
méchanceté du groupe, parce que même en
vacances les gens sont méchants et ont
!18
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
besoin d’exprimer une certaine dose de
méchanceté. Quand c’est sur le guide que ça
s’exprime, ça va, on accepte et ça ne nous
dérange pas, mais quand ça tombe sur
quelqu’un du groupe, ça devient déjà plus
délicat. Notre rôle - et là on arrive déjà a un
aspect sociologique, ce qui est absolument
superbe - est d’identifier tous ces caractères
et de donner des point par-ci et d’en enlever
par-là, pour équilibrer le groupe. C’était très
inattendu pour quelqu’un qui n’a pas été
formé pour ce travail mais c’est aussi un des
aspects les plus intéressants. Quand on sent
qu’il y en a un qui est un peu en baisse de
forme on va aller vers lui, quand on sent qu’il
y en a un qui monte un petit peu trop haut
on va le dégonfler et on va garder une
harmonie comme ça !
Comment sens-tu cette saison touristique à
venir ?
C’est difficile à dire. Pour rester sur des faits
simples, on le sait tous, il va y avoir
énormément de gens qui vont venir, en tous
les cas, plus encore que l’année dernière. On
pourrait donc dire que ce sera un succès,
dans le sens où tous les hôtels seront pleins,
tous les guides travailleront, toutes les
compagnies fonctionneront, tout le monde
sera heureux, car l’économie se portera
bien... Le tourisme est d’ailleurs devenu la
première ressource du pays désormais,
devant la pêche.
Ce qui me pose problème, c’est ce qui en
découle. Il y a par exemple une grosse
fréquentation à l’extérieur de Reykjavík.
L’Islande est un très beau pays, mais fragile
et dangereux. On va donc mettre des
installations sur ces sites naturels pour
protéger ces endroits et les sécuriser. Le
visage de l’Islande que l’on a vendu et que
l’on continue à vendre va changer. Cela
change radicalement sur l’ensemble de l’île.
Je pense que cela ne plaît à personne mais
c’est une nécessité. Il va falloir faire des choix
entre destruction contrôlée et destruction
incontrôlée. On va mettre de grandes
plateformes en bois, tracer des chemins,
mettre des cordelettes. Þingvellir par
exemple a déjà énormément changé.
Tout ça pour dire qu’aujourd’hui j’aime mon
métier mais je n’aime pas participer à cette
idée de transformation du pays. C’est
quelque chose qui me heurte et qui
m’interpelle. Je vois tous ces hôtels qui sont
en train de se construire à Reykjavík ; c’est
pourtant une nécessité mais ça me déplaît de
savoir que j’ai une part de responsabilité. Je
dénature la ville qui m’a plu : c’était un petit
village, avec beaucoup de culture, des gens
décontractés, pas de stress et aujourd’hui, je
!19
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
vois des habitants contraints à déménager en
banlieue car au centre-ville on y fait des
hôtels et des chambres d’hôtes. C’est sûr que
ça rapporte, l’économie en a besoin, et puis il
faut savoir profiter de ces périodes-là. Elles
peuvent très vite fondre et disparaître.
Cependant, toutes ces constructions, à
Reykjavík ou en dehors, sont le fruit de
réflexions sur le court terme de gens qui
veulent faire de l’argent ou résoudre les
problèmes liés à la sur-fréquentation de
manière précipitée. Peut-être aussi n’ont-ils
pas eu assez de temps de réflexion. Ce
changement de l’aspect de l’île fait que mon
travail change. Ou plutôt, ce que je considère
comme mon travail à l’origine change, a déjà
changé. Je suis donc prêt, même si j’aime
énormément mon travail, à me diriger vers
une nouvelle branche professionnelle
pendant un temps, en attendant que ça se
tasse, car là je ne m’y retrouve plus… D’un
point de vue idéologique. Il y a des choses
qui m’attristent.
Il faut également penser à cette population
islandaise qui risque de commencer à être
agacée, elle aussi.
Pour résumer, le tourisme est un secteur
d’activité extrêmement bénéfique à l’Islande
sous bien des aspects mais j’ai bien
l’impression que l’on se brûle un peu les
doigts avec…
Merci à Mathieu Tari d’avoir joué le jeu des questions/réponses avec nos ados !
Crédits photos : Anne-Claire Lefèvre Trek de Hekla à Þórsmörk de l’agence Fjallabak
!20
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Journée multiculturelle Un rendez-vous à ne pas manquer chaque année !
Depuis 2012, nous participons à la journée multiculturelle de la
ville de Reykjavík. Celle-ci a lieu à la mairie et a pour but de
présenter la culture de nombreux pays. C’est une excellente
opportunité pour tous les expatriés de présenter leurs traditions
qui leur sont chères. Les associations candidates se voient
accorder un stand qui leur permet de faire la promotion de leurs
activités et par exemple, de faire déguster aux visiteurs des
spécialités culinaires.
Pour la cuvée 2015 - le samedi 9 mai - nous
avons décidé de jouer à 100% sur les clichés français en mettant en place un
photomaton. Les photos parlent d’elles-mêmes !
La marinière, le béret, la moustache, la baguette sous le bras et
la boite de camembert… Tout y est passé ! Une dégustation de
vin blanc français a également été proposée en partenariat avec
Vínekran.
Le but de cette action était bien entendu de promouvoir nos
cours de français et nos évènements culturels. Pour couronner
le tout, une carte de membre par heure s’est vue offerte à des
heureux visiteurs.
Nouveauté de cette année, l’association des francophones d’Islande a aussi
participé. Nous avons ainsi pu joindre nos forces et profiter ensemble de cette
belle journée.
Nous remercions chaleureusement toutes les personnes qui sont venues nous rendre visite et
particulièrement celles qui ont bien voulu se prêter au jeu de la “photo clichée” ! Rendez-
vous l’année prochaine pour de nouvelles surprises…
Retrouvez le reste des photos sur notre page Facebook.
!21
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Rétrospective en images du 1er semestre 2015
!22
En solidarité à Charlie Hebdo
L’installation “Observatoire #02” de Matthieu Suret à l’occasion de Vetrarhátið 2015 du 6 au 8 février.
Rencontre avec des Lycéens français. La classe de conversation a été ravie de pouvoir déguster leurs spécialités culinaires !
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
!23
Référencement de la bibliothèque enfants et BD. Un grand merci à Anne-Claire et Philippe pour leur aide précieuse. TOTEM !
Bbbbbbrrrrrrrr……
“Les timbrés de l’orthographe” le 28 mars 2015. En avant pour la dictée ! Merci aux participants.
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
!24
Vendredi c’est permis spécial Outre-Mer et DOM-TOM - Pour la directrice et les professeurs, c’est permis aussi !
Atelier de danse Rauðhetta le 24 avril 2015 à Skúlagata 30, à l’occasion du Sviðslistahátíð.
Passage du DELF Prim et Junior : 100% de réussite !!! - Remise des attestations par Monsieur l’Ambassadeur Philippe O’Quin une semaine plus tard. Bravo à tous nos élèves, aussi bien enfants qu’adultes !
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Jeux pédagogiques Pendant l’été, les activités de l’Alliance française de Reykjavík sont au ralenti : tout le monde dehors ! Nous profitons du beau soleil et d’un climat propice aux activités de plein air. Mais… pour l’apprentissage d’une langue cela peut être pénalisant, d’autant plus qu’apprendre
une langue étrangère n’est pas une destination mais un voyage et que toutes les étapes
comptent.
Fixer de petits objectifs durant l’été peut vous aider !
‣ Objectif 1 : Écouter du français ! Sur les réseaux sociaux : les chaînes de radio, de télévision
françaises sont accessibles : TV5 Monde produit des programmes pour l’apprentissage du
français et la section enfants Tivi5 offre des documentaires accessibles pour les petits niveaux
A1, A2, B1, etc.
‣ Objectif 2 : Apprenez par cœur les six verbes suivants au présent, au passé et au futur : être,
avoir, faire, aller, vouloir et prendre. Vous ne pouvez pas vous imaginer TOUT ce que l’on peut
faire avec ces verbes !
‣ Objectif 3 : Mémoriser une phrase “pratique” par semaine ou par jour ! À la fin de l’été, vous
aurez ainsi un grand répertoire d’expressions et de phrases bien structurées.
Mais maintenant, révisons, jouons ! 1. Dans votre journal “Le lundi au soleil”, retrouvez le mot francisé pour parler d’un type de
site web dans lequel on peut donner son point de vue, publier des billets (de courts textes) et
qui peut être appelé “carnet de bord” ou ”bloc-notes”.
2. Apprenez deux adverbes :
• Parfaitement = d’une manière parfaite, totalement - exemple page 4 - article sur le
Festival du film francophone : Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ? de Philippe de Chauveron, illustre parfaitement ce thème de la diversité et du savoir-vivre ensemble.
• Probablement = vraisemblablement, peut-être : Le Festival du film francophone 2016 va probablement être un succès.
3. Chaque ou chacun ? Observez cette phrase issue de l’article de Benjamin (page 6) au sujet
des Sims et choisissez la bonne formule : Pour terminer, chaque/chacun groupe est venu présenter sa création en décrivant chacune/chaque personnage, sans trop donner d’indices ; les autres groupes
devaient deviner de quelle famille il s’agissait. Puis vérifiez dans l’article de Benjamin.
!25
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Pour éviter les doutes, voici un petit mémo :
chaque + un nom Un élève - Chaque élève pose une question.
Une saison - Chaque saison est agréable.
chacun(e) + pronom (remplace un nom) Ces tableaux coûtent 1000 euros chacun.
Ces chaises coûtent 1000 euros chacune.
Chaque, chacun et chacune sont invariables. Ils s’écrivent toujours au singulier !
4. Tu ou Vous ? Le graphique est publié en page 18 de l'Atlas de la France et des Français, hors-
série tout récent du Monde/La Vie, qui ne manque par ailleurs pas d'intérêt sur nombre de
sujets. Entre tu et vous, il faut choisir ! Éternel débat en France, nous vous proposons d’en
découvrir tous ses secrets :
!26
1ER JUIN 2015 - 1ER SEMESTRE JOURNAL AF REYKJAVÍK #01
Informations administratives L’Alliance française sera fermée du 29 juin au 8 août 2015 inclus. Elle ouvrira de nouveau ses portes le 11 août 2015 à 14h.
N’hésitez pas à profiter de cette opportunité pour chercher des livres ou DVD de l’Alliance qui
auraient pu s’égarer chez vous…
Nous vous remercions pour votre contribution et nous nous donnons rendez-vous en
septembre pour de nouveaux cours et activités culturelles.
N’hésitez pas à parler de la rentrée à l’Alliance autour de vous. Le bouche-à-oreille peut faire
des merveilles, surtout en Islande !
L’horoscope glamour de votre été
Crédits Réalisation : Anne-Claire Lefèvre - Professeure de français
Logo : Leïla Rose Willis - Artiste de Menningarnótt 2013
Mise en page : Florent Gast - Responsable pédagogique
Merci aux professeurs et aux élèves pour leur contribution !
!27
Vous y avez cru ??? Mouarf Mouarf Mouarf…
On vous a bien eu 😊
top related