Institut WEI Lenfant, le juste et linjuste Une étude Asmae réalisée par Evelyne Brun et Alain Mergier de lInstitut WEI.
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Institut WEI
L’enfant, le juste et l’injuste
Une étude Asmae réalisée par Evelyne Brun et Alain Mergier de l’Institut WEI
Institut WEI
Objectifs de l’étude
Etudier comment les enfants de 10 à 11ans désignent ce qui est juste et injuste.
S’interroger sur ce processus d’élaboration, c’est se questionner sur le développement de l’enfant en tant qu’acteur responsable d’une société plus juste.
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Nous avons travaillé avec des enfants appartenant à 4 milieux sociaux :
1/ 3 filles et 3 garçons de milieu aisé, dont l’un des parents est cadre ou les deux (parents csp A), ou professions libérales à Tours.
2/ 3 filles et 3 garçons de la classe moyenne dont les parents occupent des emplois intermédiaires (parents csp B) à Tours.
3/ 3 filles et 3 garçons de milieux populaires, dont les parents sont employés ou ouvriers (parents csp C) à Tours.
4/ 3 filles et 3 garçons de milieux populaires dont les parents sont précarisés (chômage, temps partiel, famille monoparentale…) scolarisés en ZEP ou habitant une cité sensible Montpellier.
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Dans les récits au travers lesquels les enfants
racontaient leur conception de l’injuste et du
juste, est apparu un mécanisme récurrent,
commun à tous les enfants, avec des variations
selon les milieux sociaux et les lieux de
socialisation.
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Dans ces récits apparaissent 3 lieux de socialisation principaux dans lesquels l’enfant fait l’expérience de la vie avec les autres :
1/ La famille
2/ L’école, le club de sport…
3/ La rue, qui n’est qu’un « lieu de passage » sauf pour les enfants des milieux populaires précarisés, dans les quartiers dits sensibles, où elle est un lieu central de socialisation.
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L’élaboration éthique chez l’enfant passe par le rapport entre :
A/ L’expérience personnelle de l’enfant
B/ Les discours normatifs des adultes (famille et école)
C/ L’expérience de l’actualité médiatique
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92% des enfants de 10-14 ans s’intéressent
aux événements qui arrivent en France et
dans le monde.
91% regardent les informations à la
télévision.
(Sondage Harris Interactive)
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En amont du sentiment de l’injuste, une peur
primordiale : l’arrachement à la sphère protectrice
familiale et le sentiment de vulnérabilité.
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La vulnérabilité apparaît comme une condition
nécessaire au déclenchement du sentiment
d’injustice chez l’enfant.
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Les trois pôles de l’élaboration éthique
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Pôle 1Soi
L’injuste que l’enfant ressent pour lui-
même
Pôle 2L’autre (proche)L’injuste que l’enfant ressent en se mettant à la place de l’autre identique à lui
Pôle 3Le TOUT Autre
L’injuste que l’enfant ressent concernant les Autres éloignés, différents
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L’injuste dont l’enfant se sent, lui-même, l’objet dans les 3 lieux de socialisation : La famille, l’école, la rue.
Axe horizontal moqueries / rejet/ bashing de la part des autres enfants
Axe verticalIndifférence / non écoute / favoritisme de la part des parents, des professeurs
Pôle 1 Pôle 2
Pôle 3
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70% des enfants de 10-14 ans ont ressenti l’injustice du favoritisme
71% ont fait l’objet de moquerie
56% de mise à l’écart
42 % ont subi des violences(Sondage Harris Interactive)
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Les moqueries et les mises à l’écart ne sont
pas des « enfantillages sans
conséquences » !
Ce sont des faits graves pour 90 % des
enfants selon Harris Interactive
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L’enfant ressent de l’injustice (verticale ou
horizontale) en se mettant à la place de l’autre-
proche
Proximité immédiate
Proximité médiatisée
Pôle 1 Pôle 2
Pôle 3
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Les moqueries, les mises à l’écart sont
ressentis par 91% les enfants comme graves
qu’elles leur arrivent à eux-mêmes ou autres
enfants.
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Pour 9 enfants sur 10, la relation d’empathie
se développe dès que l’injustice frappe un
enfant, un frère ou une sœur, un ami, un
enfant aperçu dans la rue mais aussi un
enfant vu à la télévision qui produit un effet
de proximité.
(Sondage Harris Interactive)
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Pôle 1L’injuste pour SOI
Pôle 2L’injuste pour l’autre proche
Passage à l’autre
Fonction essentielle de l’empathie : se mettre à la
place de l’autre, pour ressentir comme injuste ce
qui affecte l’autre dont on se sent proche.
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L’injustice apparaît comme une déchirure, dans
une situation de sûreté ontologique.
Sans référence au discours normatif des
adultes
Sans recours à une opposition juste/injuste
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Le passage à l’universel, au TOUT Autre, à des degrés d’altérité croissant
Ailleurs : altérité géopolitique
Différence générationnelle
Eloignement culturel
Pôle 1 Pôle 2
Pôle 3
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Rôle central des médias qui exposent les enfants à
des réalités vécues comme inexplicables suscite
l’incompréhension pour 52% d’entre eux, la
tristesse pour 37%
(Sondage Harris Interactive)
Pôle 1 Pôle 2
Pôle 3
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Ambivalence médiatique
Lorsqu’il y a articulation de l’expérience de l’enfant
et du discours normatif des adultes, les médias ne
contribuent pas à la banalisation de la violence : ils
accélèrent la conscience du mal et favorisent la
conceptualisation éthique.
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Les réalités qui affectent des personnes dont
ils ne se sentent pas proches et les
événements médiatiques font partie de
l’expérience sociale des enfants.
De 80 à 96% ont présent à l’esprit les SDF,
les gens qui ont faim dans le monde, le
terrorisme, la guerre en Syrie, les violences à
Marseille…
(Harris Interactive)
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Les événements médiatiques font partie de
la vie interpersonnelle :
Plus de 90% des enfants en parlent avec
leurs parents, près de 80% en parlent à
l’école, et près de 70 % avec leurs amis.
(Sondage Harris Interactive)
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Cette confrontation à l’inexplicable appelle un
discours normatif de l’adulte, qui permet à
l’enfant de désigner comme injuste des faits qui
concernent quelqu’un dont il ne se sent pas
proche.
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Pour être adopté par les enfants ce discours éthique conceptuel des adultes doit respecter 3 conditions :
1/ L’exemplarité de l’énonciateur adulte.
2/ La cohérence générale des adultes prescripteurs (problèmes dans les situations de confrontation entre parents, entre parents et enseignants, de multiculturalisme…).
3/ La reconnaissance de l’expérience de l’enfant, qui ne doit pas être disqualifiée sous la catégorie de l’enfantillage, de gaminerie ou « d’historiettes adolescentes ».
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Pôle 1L’injuste pour
soi
Pôle 2L’injuste pour l’autre proche
Passage de soi à l’Autre
….de l’Autre à l’universelL’injuste pour le TOUT Autre
Pôle 3
Con
cep
tualisati
on
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Attention
Si la rencontre entre l’expérience de l’enfant et le discours normatif ne se fait pas, l’enfant est démuni et il y a danger… en ne passant pas à l’universel (pôle 3), l’enfant peut rester bloqué au pôle de l’empathie avec le proche (pôle 2).
Ce blocage du processus de formation éthique peut mener à un sentiment d’impuissance, de repli sur soi, mais aussi ressentiment, à la vengeance, à la violence envers celui qui, étant moins proche, suscite pas d’empathie et devient une altérité menaçante (les phénomènes de vengeance
entre bandes), ou une altérité indifférente (égoïsme/cynisme
individualiste).
Le devenir de l’enfant en tant qu’acteur d’une société plus juste devient alors plus difficile.
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