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YLAJALI THÉÂTRE DU 3 AU 14 DÉCEMBRE JON FOSSE I GABRIEL DUFAY I CIE INCANDESCENCE DOSSIER DE PRESSE Olivier Saksik 06 73 80 99 23 [email protected]
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YLAJALI - Le Monfort théâtre

Jun 23, 2022

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Page 1: YLAJALI - Le Monfort théâtre

YLAJALITHÉÂTRE DU 3 AU 14 DÉCEMBREJON FOSSE I GABRIEL DUFAY I CIE INCANDESCENCE

DOSSIER DE PRESSEOlivier Saksik 06 73 80 99 23 [email protected]

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YLAJALIJON FOSSE / D’APRÈS LE ROMAN FAIM DE KNUT HAMSUNTEXTE FRANÇAIS : GABRIEL DUFAY ET CAMILLA BOUCHET / L’ARCHE EDITEUR

« ET CEUX QUI SAVENT PEINDRE

ILS PEIGNENT

OUI L’INVISIBLE »

JON FOSSE

mise en scèneGabriel Dufay

avecGabriel DufayMuranyi KovacsJean-Paul Wenzelet au pianoAntoine Bataille

musiqueAntoine Bataille

collaboration artistiquePauline Masson

scénographieSoline Portmann

assistant scénographieBenjamin Perrot

lumièresThierry Fratissier

costumesInès Dufay

regard chorégraphiqueCorinne Barbara

regie générale/plateauMariam Rency

regie lumièresSébastien Marc

conseiller artistiqueJérome Bocquet

administrationEl Mostafa Iklil

photosVladimir Vatsev

production Compagnie Incandescence

coproductionL’apostrophe – Scène Nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, Théatre des Célestins

avec le soutien de la Direction régionale des affaires culturelles d’Ile de France – ministère de la culture et de la communica-tion et le soutien de l’Adami

avec l’aide a la diffusion d’Arcadi Ile-de-France

ce texte a reçu l’aide a la création du Centre National du Théatre

L’Arche est éditeur et agent théatral du texte representé. www.arche-editeur.com

remerciementsMichel Archimbaud, Michel Bataillon, Katharina Von Bismarck, Jean-Pierre Dufay, Laurent Lalanne, Guri Skoklefald, Charles Tordjman et Véronique N’Guyen

calendrier de tournée30 et 31 janvier 2014 Comédie Poitou-Cha-rentes (Espace Beaulieu, Poitiers) • 4 au 8 février La Manufacture - CDN de Nancy-Lorraine • 2 au 6 avril Théâtre National de Toulouse

du 3 au 14 décembre [Cabane]du mardi au samedi à 19h | durée 1h30 25€ tarif plein | 16€ tarif réduit 28€ tarif «pass» une soirée / deux spectacles

LE MONFORT106 rue Brancion, 75015 Paris01 56 08 33 88 / www.lemonfort.fr

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Un jeune homme marche dans les rues d’une ville, avec une couverture sous le bras. Souffrant d’inanition prolongée et mis à la porte de son logis, il recherche désespérément quelque chose à manger.

Envers et contre tout, le Jeune Homme tente de survivre, lutte pour conserver sa dignité. Il se démène, il se cogne aux murs, il marche et marche encore à travers les mêmes rues, rencontrant les mêmes personnes, s’asseyant ou s’allongeant sur le même banc. Il marche dans son cerveau.

Nous pénétrons dans les « fils embrouillés du réseau de ses nerfs ». Passé et présent s’enchevêtrent de manière troublante. Fantasmes, souvenirs, projections, réalité, rêves...

Ses soliloques et sa narration sont entrecoupés d’interventions drolatiques et dramatiques des autres personnages qu’il rencontre au gré de son errance : policiers, clochards, employés et bourgeois. Tous incarnés par la même personne, le Vieil Homme.Et puis apparaît une jeune Femme, mystérieuse et imposante, en qui il reconnaît «Ylajali», et qui personnifie pour lui une sorte d’amour idéal et de lumière lui redonnant vie.

Entre les trois figures se met en place un drame souterrain, une danse lancinante, tragi-comique, avec en arrière-fond, la Faim qui ronge et dévore le personnage principal.

Qu’est-ce qui fait marcher le Jeune Homme ? La Faim est-elle une allégorie de la Vie ou de la Mort ? Qui est Ylajali ?

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YLAJALI OU LES VARIATIONS HAMSUN PAR JON FOSSE

Texte contemporain et véritable objet poétique, fruit d’une rencontre entre les deux grands écrivains norvégiens Knut Hamsun et Jon Fosse, Ylajali est une oeuvre forte et originale.Faim est un roman très populaire et emblématique de Knut Hamsun da-tant de 1890, qui a marqué des gé-nérations entières. Il s’intéresse aux déboires d’un jeune homme luttant dans les rues de Christiania contre lafaim et les troubles intellectuels qui en résultent.Le lecteur est entraîné dans l’odys-sée intérieure d’un déraciné, en colère contre la misère et l’environ-nement urbain.

Le fait que Jon Fosse s’y intéresse n’est pas étonnant, quand on connaît son empathie pour les petites gens, la pauvreté et la révolte.L’adaptation qu’il nous en propose respecte dans les grandes lignes l’in-trigue du roman de Hamsun, mais on y retrouve aussi le style de Fosse, ses obsessions : les silences, les répéti-tions, l’indétermination des lieux et des personnages.Fosse extrait ainsi le noyau du roman pour en faire une pièce exception-nellement dense dans laquelle les ombres de Beckett, Bernhard, Kafka ou Dostoïevski (on pense aux Car-nets du sous-sol mais aussi aux Nuits Blanches) sont convoquées. Il efface tout ce qui pourrait s’apparen-

ter à un ancrage historique et ramène le roman de Hamsun à son essence même, dans une sorte de dépouille-ment extrême.

Les figures qui nous sont présentées campent plusieurs personnages, les espaces-temps se superposent : la narration est bouleversée par les in-terventions du Vieil Homme et de la Femme, avatars et projections pos-sibles du personnage principal.

Quelle est cette « Faim » qui accable le narrateur ? De quel mal s’agit-il ?C’est à la fois le besoin le plus pri-maire, le plus sauvage et en même temps une sorte de démon qui dé-traque ses sens, comme si « son cer-veau coulait doucement de sa tête et la laissait vide ».

La Faim est comme un personnage à part entière, une entité vitale qui fourmille, qui grouille, avec sa circu-lation sanguine, ses vaisseaux et ses artères. L’ambiguïté résidant dans le fait que le narrateur provoque et ché-rit la Faim, comme une muse qui le fait se sentir vivant.

En renommant le roman pour la scène Ylajali, Jon Fosse oriente le lecteur et le spectateur vers la partie incanta-toire de l’oeuvre.

«Ylajali» est un prénom inventé, une sorte d’idéal féminin, telle Diotima pour le poète Hölderlin, une formule magique, une certaine idée de la dignité aussi.

Fosse recentre la pièce sur la rela-tion amoureuse et accentue la course contre la montre, dramatique et fré-nétique de cet homme qui s’escrime à vivre, envers et contre tout.Confronté aux échecs, aux désillusions et à la réalité la plus crue, il est comme acculé à trouver en lui les ressources pour survivre.

Jon Fosse interroge l’humain à son point le plus extrême : que reste-til quand on n’a plus rien, quand exister devient uniquement lutter pour subvenir à ses besoins les plus essentiels, c’est-à-dire manger ? Comment conserver sa digni-té et a fortiori son humanité ?

Il s’agit ici de l’aventure d’un homme, victime de la faim, prisonnier de ses peurs, de sa fierté et d’un monde qui ne veut pas de lui.Et, malgré tout, il ne perd jamais espoir, la vie le fait avancer encore et toujours. La joie le reprend et l’envahit pour des petits riens qui le font se remettre de-bout et continuer de marcher.

Pièce tout à la fois tragi-comique, mé-taphysique et politique, Ylajali s’avère d’une intemporalité saisissante et d’une brûlante intensité.

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NOTES DE MISE EN SCÈNE

Ylajali est une pièce hors du temps, riche de l’écriture de Fosse et de l’univers imprévi-sible de Hamsun, emplie d’une «inquiétante étrangeté» pour reprendre le mot de Freud.

Aussi, il m’importe de travailler l’espace comme une sorte d’interzone entre la vie et la mort. Tous les détails pouvant sembler exotiques dans le livre, appartenant à une époque révolue sont ici effacés au profit d’un cadre intemporel, où seuls restent les éléments essentiels à l’intrigue (le Jeune Homme, le Vieil Homme, la Jeune Femme, le banc, la couverture…).

L’auteur bouscule la structure du roman et use de diffractions spatio-temporelles pour nous entrainer dans un présent perpé-tuel : on ne sait plus si le narrateur vit vraiment ce qui lui arrive, s’il s’en souvient ou si cela a trait à des hallucinations de son cerveau malade. Cette pièce troublante questionne le spectateur à travers la Faim, véritable entité narrative et personnage principal, la Faim à la fois redoutée et recherchée.

Il devient impossible d’anticiper les réactions des personnages : les répliques sont com-plètement inattendues. D’un bout à l’autre, on suit le parcours du narrateur avec un réel suspens, en ne sachant jamais vraiment ce qui va se passer.Fosse aiguise cet aspect en réduisant le temps qui passe entre les chapitres.Il y ajoute aussi toute une partition silen-cieuse, des didascalies extrêmement pré-cises qui viennent apporter au roman une dimension purement théâtrale ; il dresse des lignes entre les protagonistes, ce qui trans-forme l’espace de jeu en un vaste échiquier, où les combinaisons sont à recomposer par les acteurs autant que par les spec-tateurs.

La scénographie tendra donc vers l’épure, avec pour références, les toiles de Léon Spilliaert et d’Edward Munch, entre réa-lisme et étrangeté, tracé des lignes et flou des figures. Cet art délicat et flottant correspond bien à ce que je perçois de la pièce. Une toile de fond sera dressée, derrière laquelle se jouera tout un théâtre d’ombres : des formes urbaines qui appa-raîtront et disparaîtront au fil de l’errance du narrateur.

Nous rechercherons avec les acteurs à in-vestir l’espace par un jeu très physique : le langage du corps est décisif pour expri-mer toutes les hésitations, les contradic-tions et les empêchements de la parole.Par ailleurs, les trois figures qui nous sont présentées sont comme des animaux, des «athlètes affectifs» qui passent leur temps à se mesurer, se chercher l’un l’autre dans la jungle des villes.Jon Fosse est pour moi, dans son écriture, comme Paul Klee, un « peintre poète ». Je souhaite donc mettre en oeuvre tous les outils mis à ma disposition pour faire surgir les paysages que je vois dans ce texte et faire éclater la poésie précieuse de sa langue, de sa vision du monde.

Ylajali est une pièce extrêmement ten-due, imprévisible qui me paraît réclamer une radicalisation esthétique. Cet univers pictural et musical demande un traitement exigeant et inventif.J’ai demandé au musicien Antoine Bataille de créer pour ce projet une musique ori-ginale qui rythmera et accompagnera l’errance du Jeune Homme et ses délires hallucinatoires.Il me tient à coeur de bouleverser les per-ceptions du spectateur, lui faire douter de ce qu’il voit, le faire basculer d’un espace-

temps à un autre.

Après m’être penché sur les écritures de Thomas Bernhard, Nathalie Sarraute et Roland Schimmelpfennig, je poursuis avec ce projet mon travail sur les écri-tures contemporaines et l’exploration de la société, l’opacité des êtres qui la constituent.

Le théâtre de Jon Fosse, cette écriture de l’infime et de l’intime, ne se laisse pas définir facilement.En s’emparant de Faim, roman fondateur de la littérature contemporaine mondiale, Fosse déjoue l’image qu’on a de lui et nous offre une clef nouvelle pour accé-der à son univers, susceptible de tou-cher tous les publics.

En ces temps de crise d’un modèle écono-mique, crise du monde tel qu’on le connais-sait et surtout crise des consciences, Ylajali ne peut que résonner de façon pré-monitoire.Aujourd’hui, davantage que la crise de la société, c’est la crise de l’humain qui est préoccupante et qui m’interroge en tant que metteur en scène, le repli sur soi individualiste, la perte de repères et de valeurs telles que la solidarité, la compas-sion, l’empathie pour autrui…

Faim, renommée pour la scèneYlajali, rencontre électrisante entre l’univers im-prévisible de Hamsun et l’écriture musi-cale de Fosse, s’offre à nous comme un grand cri d’effroi et de révolte porté sur le monde.

GABRIEL DUFAY

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Après des études littéraires en hypokhâgne et khâgne, il poursuit des études de théâtre en tant que comédien à l’Ecole supérieure d’art dramatique de la Ville de Paris (ESAD) puis au Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD), promotion 2007.

Il joue notamment pour Jean-Paul Wenzel, Christophe Rauck, Wajdi Mouawad, Caroline Marcadé, Frédérick Salard, Jean-Baptiste Sastre, Michel Didym, Denis Podalydès…

Il travaille également pour la radio, la télévision, le cinéma et participe régulièrement à des lectures : à la Villa Médicis, à la Cinémathèque, au Musée de la Grande Armée, au Centre Culturel Français d’Héliopolis – Le Caire, au Musée d’Orsay, à la Société des Gens de Lettres, au Musée du Luxembourg, à la Librairie des Abbesses, au Théâtre du Rond Point…Il incarne en 2011 Louis XVI dans Louis XVI – L’homme qui ne voulait pas être roi, réalisé par Thierry Binisti, joue en 2012 dans Vous n’avez encore rien vu, réalisé par Alain Resnais (dans la partie captation réalisée par Bruno Podalydès) et interprète en 2013 le rôle titre de L’Homme qui se hait d’Emmanuel Bourdieu, mis en scène par Denis Podalydès (Théâtre de Chaillot, MCA Amiens, Vidy-Lausanne…).

En 2008, il a créé la Compagnie Incandescence, en vue de défendre et d’explorer un répertoire d’auteurs

BIOGRAPHIEGABRIEL DUFAY

contemporains qui méritent d’être découverts ou revisités aujourd’hui, ici et maintenant, et qui tous mettent en jeu, renouvellent les codes de l’écriture dramatique.

Gabriel Dufay a notamment mis en scène Simplement compliqué de Thomas Bernhard (CNSAD, février 2006), Le Silence et Le Mensonge de Nathalie Sarraute (CNSAD, septembre 2006).

Il effectue par la suite la mise en espace de Microfictions de Régis Jauffret (Mousson d’Hiver, Pont-à-Mousson, 2009) et de Probablement les Bahamas de Martin Crimp (TGP – Saint Denis, juin 2009), Contre le progrès d’Esteve Soler (Mousson d’été, Pont-à-Mousson, 2009) et dirige en compagnie d’Arlette Namiand un chantier de création autour de La Ville d’Evguéni Grichkovets (La Coupole, avril-mai 2009).

En novembre 2009, il met en scène Push Up de Roland Schimmelpfennig au Théâtre Vidy-Lausanne. Le spectacle tourne en 2010 au TNBA (Bordeaux), au Théâtre de l’Avant-Seine (Colombes), au Théâtre des Célestins (Lyon), au Théâtre National de la Criée (Marseille), à la Coursive (La Rochelle) et au Théâtre Dijon Bourgogne.

Il donne plusieurs stages en 2011 et 2012 autour de l’oeuvre de Nathalie Sarraute et de Jon Fosse au Théâtre de Carouge à Genève ainsi qu’à la Comédie Poitou-Charentes à Poitiers, et dirige avec Denis Podalydès en novembre 2011 un atelier d’interprétation au CNSAD autour de Dans la foule de Laurent Mauvignier.

Il crée ensuite Ylajali de Jon Fosse en 2013 au Théâtre de L’apostrophe puis au Théâtre des Célestins, spectacle qui tourne en 2013-2014. Il dirige la traduction de ce texte pour l’Arche Editeur, paru en fin 2012. Il a également cotraduit en 2009 Greifswalder Strasse de Roland Schimmelpfennig avec Brigitte Csocklich et dirigé en 2012 une nouvelle édition du Paradoxe sur le comédien de Denis Diderot (Les Belles Lettres/Archimbaud), agrémentée d’un entretien inédit avec Denis Podalydès, L’acteur et le paradoxe.

Il a travaillé en 2011-2012 sur une première version d’un spectacle à venir autour de l’œuvre de Robert Desnos, L’amour et moi l’aurons voulu ainsi, dont il a donné plusieurs présentations au Centre National du Livre et à la Halle Saint-Pierre dans le cadre du Festival « À vous de lire ».»

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BIOGRAPHIEJON FOSSE

BIOGRAPHIEKNUT HAMSUN

Jon Fosse est né en 1959 à Haugesund, près de Bergen, sur la côte ouest de la Norvège.

Il débute comme romancier et écrit une trentaine de romans, de récits, d’essais, de recueils de poèmes et de livres pour enfants. Puis, par pure nécessité économique, il écrit sa première pièce en 1994 Et jamais nous ne serons séparés à l’ins-tigation du jeune metteur en scène Kai Johnsen. Encouragé par son succès, il écrit en 1995 Le Nom.

En 1996, il écrit Quelqu’un va venir et le roman Mélancholia 1, deux oeuvres que Claude Régy mettra en scène et qui le révèleront par là même en France. Il obtient par ailleurs en 1996 le prix Ibsen. Depuis, avec une fascination pour l’écriture théâtrale, il a écrit plus d’une dizaine de pièces dont la plupart ont été traduites à L’Arche Editeur.

Outre Claude Régy, Jacques Lassalle, Christian Colin, Marie-Louise Bischofberger, Denis Marleau, Patrice Chéreau entre autres ont concouru à faire connaître L’Enfant, Le Fils, Et la nuit chante, Un jour en été, Dors mon petit enfant, Visites, Varia-tions sur la mort, Rêve d’automne, Je suis le vent…

Il reçoit également le prix Nestroy et le prix du théâtre du Conseil Nordique en 2000. Son oeuvre est parcourue par une réflexion sur l’écriture et le signifiant : le langage neutre, d’une banalité reven-diquée n’est pas en premier lieu concerné par la signification. Mais, c’est par la forme même que les personnages communiquent peu à peu une douleur au-delà de ces paroles économes. Et l’en-tente qui se fait alors au public et aux acteurs est d’ordre émotionnel, une entente qui ne s’explique pas intellectuellement.

Dans cette maladroite humanité apparaît tant le tragique que le comique. Il considère d’ailleurs ses pièces comme « des tragi-comédies typiques » et pense que « si une pièce qu’ [il a écrit] est réussie, les gens qui la regardent, ou au moins quelques uns, devraient à la fois rire et pleurer».

Le véritable nom de Knut Hamsun est Knut Peder-sen. Il est né en 1859 dans le centre de la Norvège, à Garmostraeet.Il écrit sa première fiction en 1877, avant de s’ins-taller à Christania (Oslo). Il s’exile en Amérique en 1882, revient au bout de deux années, pour s’exiler de nouveau en 1886, avant de se fixer à Copenhague.

Entre diverses professions qu’il exerce, il publie quelques articles et nouvelles lors de ses séjours en Scandinavie, mais sans grand succès.Autodidacte, il écrit alors son premier roman, Faim, qui dès sa parution en 1890 lui amène une très grande renommée.

Il continue alors d’écrire, particulièrement influen-cé par Nietzsche. Mystères parait en 1892, puis Pan, en 1894, écrit la première année de son pas-sage à Paris, ville où il rencontre Strindberg. Il se marie en 1898 à trente-neuf ans à Bergljot Bech, vingt-deux ans. Il écrit Victoria au début de ce mariage. Il habite successivement en Finlandepuis à Copenhague et divorce en 1906.Cette même année paraît le premier volet d’une trilogie : Sous l’étoile d’automne (suivi de Un vaga-bond joue en sourdine et La dernière joie).En 1911 il quitte la scène littéraire pour s’installer avec Marie Andersen, une actrice qu’il a épousé deux ans plus tôt, dans une ferme à Hamarøy dans le Nordland.

Considéré comme le père du roman moderne, Knut Hamsun obtient alors le prix Nobel de litté-rature en 1920.Atteint de problèmes psychologiques, il entre-prend de suivre une psychanalyse et publie une autre trilogie : Les Vagabonds, August le marin etMais la vie continue. A la fin de la guerre, à cause de ses positions pronazies, le gouvernement le considère comme sénile et tente de l’intégrer dans un hospice puis une clinique psychiatrique. Il publie alors en 1949 Sur les sentiers où l’herbe repousse où il raconte son procès après la guerre. Hamsun meurt le 19 février 1952 à Nörholm, près de Grimstad.

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BIOGRAPHIEMURANYI KOVACSJEAN-PAUL WENZEL

BIOGRAPHIEANTOINE BATAILLE

MURANYI KOVACS Après des études au Conservatoire National de Région de Marseille puis à la Rue Blanche (EN-SATT), Françoise Muranyi Kovacs a joué en Franceet à l’étranger avec différents metteurs en scène : Sylvain Creuzevault, Andonis Vouyoucas, Jacques Kraemer, Jean Bouchaud, Geneviève Rosset, André Steiger, Sebastien Lalanne et Stephan Meldegg. Elle a été nominée pour le Molière de la Révélation théâtrale en 1995 pour La Chambre d’amis de Loleh Bellon, où elle partage l’affiche avec la comédienne Suzanne Flon. Attachée au répertoire contemporain (Howard Barker, Mark Ravenhill, Dusan Kovasevic, Alexandre Vvedenski, Yves Lebeau) mais également familière du théâtre classique (Tchekhov, Molière, Ibsen, Caldéron ou Shakespeare…) Muranyi joue dans la plupart des spectacles de la metteuse en scène Agnès Bour-geois (Un Sapin chez les Ivanov, Seven Lears, Mariages, Pour trois soeurs, Le Conte d’hiver…).Elle tourne aussi régulièrement pour la télévision et le cinéma avec, entre autres, Marcel Bluwal, Patrick Bouchitey, Gerard Vergez…

JEAN-PAUL WENZEL Jean-Paul Wenzel a été formé au Théâtre National de Strasbourg de 1966 à 1969. Il joue au théâtre sous la direction de Robert Gironès, Peter Brook, Michel Raskine, Philippe Goyard, Michel Didym, et au cinéma sous la direction de René Allio, Gisèle Cavali, Aki Kaurismaki, Gérard Blain et Patricia Plattner. Jean-Paul Wenzel est l’auteur d’une quin-zaine de pièces, éditées et créées en France et à l’étranger. Il est aussi metteur en scène d’une quarantaine de spectacles, dont quinze de ses propres pièces, et reçoit le Prix de la Critique en 1976 pour Loin d’Hagondange, en 1984 pour Va-terland (Meilleure création française), et en 1993 pour Théâtre Ambulant Chopalovitch de Lioubomir Simovic (Meilleur spectacle de province).Co-directeur avec Olivier Perrier du CDN Les Fé-dérés à Montluçon de 1985 à 2002, et avec Jean-Louis Hourdin et Olivier Perrier, des Rencontres Théâtre à Hérisson de 1976 à 2003, Jean-Paul Wenzel est depuis 2003 directeur de DORÉNA-VANT Cie avec Arlette Namiand.

ANTOINE BATAILLEAuteur, compositeur et interprète, Antoine Bataille explore de nombreuses voies musicales, du clas-sique à l’expérimental en passant par la chanson hors format. Depuis 2006, plusieurs résidences (Théâtre des Déchargeurs, Théâtre de Nesle, Sen-tier des Halles) lui permettant de développer ses « Fugues bâtardes » en concert. Il collabore éga-lement avec de nombreux artistes d’horizons dif-férents (Félicité Delalande, Olivier de Sagazan…).Antoine Bataille travaille régulièrement avec Ga-briel Dufay depuis 2010, et signe notamment la musique accompagnant ses lectures autour de Robert Desnos : L’amour et moi l’aurons voulu ainsi en 2011 (CNL, Halle Saint Pierre), The Night of loveless nights en 2012 (Festival Rencontres Improbables). Egalement passionné de sculpture et de peinture, Antoine Bataille participe en 2007 à l’ouverture d’une première galerie MamMutti (es-pace réunissant oeuvres expressionnistes, livres et disques) à la Flotte en Ré, puis d’une deuxième à Bruxelles en 2011. Antoine Bataille sera le direc-teur artistique du Festival Rencontres Improbables (Bayonne-Anglet-Biarritz) en 2013.

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YLAJALI • ENTRETIEN AVEC JON FOSSE EXTRAITS

GABRIEL DUFAY • Comment et pourquoi avez-vous eu l’idée d’appeler cette pièce, adaptée de Faim de Knut Hamsun, du nom d’Ylajali, nom in-venté qui désigne a priori le personnage féminin dans le roman ? Pourquoi ne pas avoir conservé le titre original ? Qui est pour vous Ylajali ? Est-ce vraiment le personnage féminin ?

JON FOSSE • Il est vrai que le personnage de la Femme m’intrigue beaucoup…Mais c’était également pour créer une dis-tance avec le roman que j’ai utilisé un autre titre que Faim. Le Théâtre Royal de Copen-hague, qui m’a commandé cette pièce, voulait évidemment, pour des raisons commerciales, conserver le titre original. Le roman Faim est très connu, Ylajali non. Mais j’ai refusé. J’aime aussi tout simplement le mot, le son de ce mot : Ylajali. J’aime comment il résonne. Ce n’est pas un nom réel, un mot existant, mais bien une construction de l’esprit. On le relie juste au roman de Hamsun si on le connaît.

GD • Et tout le monde en Norvège connaît le roman Faim de Hamsun ?

JF • Oh non, pas tout le monde. Mais vous savez, Knut Hamsun est une figure très parti-culière ici, il est très controversé… notamment à cause des ses accointances à la fin de sa vie avec le régime nazi.Pourtant, c’est à mon sens un si grand écrivain. Knut Hamsun est simplement le plus grand romancier de Norvège. Il m’est impossible d’interpréter son œuvre à la lumière de son ex-périence nazie. Je n’y parviens pas. Pour moi, c’est au contraire une célébration constante de l’étrangeté, de la différence, de l’être humain.Hamsun écrit pour tout le monde… sur ce qui est étrange chez tout le monde.Sa parole est sincère, très poétique. Il sonde l’étrangeté de l’être humain…

GD • En lisant votre pièce Ylajali, on peut se

demander si le personnage de la Femme est vraiment Ylajali, car Ylajali est peut-être le nom de quelque chose d’autre, plus grand, plus indicible.

JF • C’est aussi la raison pour laquelle je ne voulais pas nommer la pièce Faim, parce que ce n’est pas une adaptation du roman. C’est plutôt une sorte de vision, de variation ; il s’agit d’une pièce qui m’appartient, tout autant qu’à Hamsun. Bien sûr qu’on relie la pièce au roman mais ce n’est pas seulement une adaptation. J’ai pris beaucoup de liberté avec les noms, avec les personnages : la Femme, le Jeune Homme et particulièrement le Vieil Homme - qui est un concentré de tous les personnages que le Jeune Homme rencontre dans le roman. Ce qui ajoute du mystère. Et puis je me concentre aussi sur ce qui se cache derrière les mots.

GD • Comment avez-vous travaillé à partir du texte de Hamsun ?

JF • J’avais besoin d’écrire quelque chose qui puisse fonctionner sur scène et pour parvenir à cela, je ne pouvais faire autrement que de me laisser écrire, écrire comme je le fais d’habi-tude, de la manière dont il est possible pour moi de le faire.C’est la même chose pour moi que pour vous… On se met sur les traces de l’auteur et on des-sine un chemin pour le spectateur… Ce que j’essaie de faire quand j’ « adapte », ce n’est pas d’être moi-même ou de m’imposer en donnant ma version de Hamsun, mais sim-plement d’écouter le plus possible, écouter sa voix et essayer de retranscrire pour le théâtre la force poétique qui en émane. (…)

GD • Quand j’ai lu Ylajali pour la première fois, je me souviens avoir pensé que je découvrais un texte contenant les traces du roman de Hamsun. Ce sont des traces que l’on décèle sur le papier, du fait de votre style, de votre

manière de structurer le texte, avec toutes ces didascalies qui sont comme un second texte. Mais aussi du fait de votre art de l’ellipse et de l’importance que vous donnez aux silences, à ce qui n’est pas dit, à tout ce que vous avez effacé mais qui se tient, invisible, entre les mots. Pour moi, c’est une histoire de traces… Il y a des in-dices pour le lecteur qui est invité à une enquête, tout autant théâtrale que littéraire. Nous sommes, dans la pièce, quelque part entre la vie et la mort, entre le 19e et le 21e siècle, entre Christiania et Oslo, mais nous ne pouvons pas, dans le spectacle, répondre trop clairement aux questions qui sont posées, sur le temps et l’es-pace où se situe l’action.

JF • Oui, c’est dans cette direction que je tra-vaille, que j’écris. Je n’aime pas donner trop de repères spatio-temporels.

GD • Chose intéressante, le narrateur du roman, dans votre pièce, n’est plus un écrivain, il est juste dénommé « le Jeune Homme ». Et à mon sens, cela contribue aussi à universaliser le pro-pos.

JF • Oui, déterminer ce Jeune Homme en tant qu‘écrivain sur scène aurait conféré un sens, une orientation trop appuyée à la pièce. Il existe un personnage d’écrivain dans ma pièce Night-songs, mais il n’est pas tout à fait écrivain, il es-saie d’écrire. C’est complètement différent. Il est en échec, et écrire s’apparente davantage à une sorte d’ambition. Dans Ylajali, faire du narrateur un écrivain était pour moi impossible.

GD • Cela aurait fait de lui un artiste. Et dans la pièce que vous avez écrite, ce qui est plus fort, c’est que ce Jeune Homme pourrait être vous, moi, ou n’importe qui.Je rebondis sur ce mot « échec » que vous venez de prononcer. Pour moi, l’échec en tant que tel est le thème de nombre de vos pièces. C’est quelque chose qui me touche particulièrement :

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votre façon d’interroger l’échec.

JF • L’échec est aussi lié au théâtre d’une cer-taine manière. Parce que le théâtre, c’est simple-ment des êtres humains, c’est juste un moment. Et sur scène, l’échec est toujours une possibi-lité. À tout moment, existe en nous la possibilité d’échouer. Et bien sûr, au théâtre, on peut oublier une phrase, avoir un trou, ou parfois rater une des représentations. Il y a tout ce trac, cette nervosi-té… Beaucoup d’acteurs sont des gens anxieux. C’est quelque chose de très humain : la possibi-lité de l’échec est toujours là, tout le temps. Vous essayez de faire du mieux que vous pouvez, mais vous pouvez échouer tout comme vous pouvez réussir… Au final, ce qui distingue un échec d’un succès est si ténu, si délicat. Parfois vous réussis-sez, parfois vous échouez…

GD • Ce sont les possibilités qui vous intéressent ?

JF • Oui, le danger aussi. Travailler dans le théâtre est une sorte de « sport extrême ». Et si vous ne pouvez pas vivre avec ce danger, alors vous ne pouvez pas vivre avec le théâtre. (…)

GD • Et pourquoi avez-vous choisi de condenser dans la figure du Vieil Homme tous les person-nages masculins que le Jeune Homme rencontre au fil de son errance ? Ce qui à mon sens est un coup de maître, car le Vieil Homme apparaît comme une projection troublante de l’imaginaire détraqué du Jeune Homme. Comme quand on marche dans la rue et qu’on a l’impression de croi-ser encore et toujours la même personne…

JF • Je ne me souviens pas exactement, mais quand j’écrivais la pièce, je sentais qu’il fallait que je me concentre sur trois personnages seulement. Une relation triangulaire. J’en ai eu l’intuition, je sentais que c’était juste.Mais vous savez, je n’écris pas de manière réaliste, je n’y arrive pas, j’ai une manière d’écrire plus poé-tique. Je n’écris pas, c’est plutôt qu’il y a quelque chose en moi que je laisse écrire. Pour moi, écrire c’est écouter. J’écoute des voix silencieuses. Je

ne vois rien quand j’écris. J’écoute… Je suis à l’écoute de forces obscures et floues, des forces intérieures, des sons émotionnels, en quelque sorte.

GD • Les personnages, dans cette pièce, sont des désaxés, des naufragés, très pauvres, mis à la marge de la société. Dans toutes vos autres pièces, on retrouve ces marginaux. Avez-vous à cœur de mettre sur le plateau des gens qui n’appartiennent pas à l’ordre établi ?

JF • Dans tout ce que j’écris et dans ce qu’écrit Hamsun, les personnages sont pauvres mais ne se voient pas, ne se ressentent pas comme pauvres. Ils ont une sorte de richesse intérieure. Ils se débrouillent avec ce qu’ils ont. En fait, dans ce que j’écris, je préfère ne pas penser à des personnages d’un point de vue social, sous l’angle des catégories. Mes per-sonnages sont des anonymes, des entités, comme je vous ai dit. Dans les tragédies grecques, on trouve des rois, des reines, des dieux, des sortes d’enti-tés mythiques qui transmettent quelque chose de l’être humain. Ces mythes me travaillent. Et dans l’univers de Hamsun, finalement c’est pareil : les personnages sont des figures, des caractères et il n’y a pas l’objectif de résoudre des problèmes sociaux. (…) Les personnages d’Hamsun se satisfont de leur situation, de leur pauvreté, à un endroit ils la revendiquent. Il y a dans son œuvre comme un bonheur de la pauvreté. L’énergie, la lumière de ces personnages fantastiques me touche. Toute cette vie !

GD • La volonté que possèdent tous les per-sonnages hamsuniens leur permet d’abattre des montagnes, de se battre pour protéger leur feu intérieur.

JF • La façon qu’ils ont de tout faire pour sur-vivre, envers et contre tout, me bouleverse. Quand Knut Hamsun écrit son dernier livre Sur les sentiers où l’herbe repousse, il a tout perdu

: sa maison, son argent, sa famille. Il ne lui reste rien, il n’est plus qu’un vieil homme enfermé dans une sorte d’institution, de clinique psy-chiatrique. Il n’est pas dans une prison, mais c’est tout comme. Et pourtant il se débrouille, pour donner du sens à sa vie, l’éclairer par son regard poétique. Il célèbre la vie, se pas-sionne pour les rues dans lesquelles il marche, les jours qui passent, un arbre, comment tout change selon les saisons…

GD • C’est comme le Jeune Homme dans Yla-jali qui a aussi tout perdu (argent, logement, tra-vail) mais s’escrime à vivre, à survivre, envers et contre tout. C’est peut-être cela que désigne aussi le mot « Ylajali » : même si l’on touche le fond, comme on dit, on peut remonter la pente grâce à des instants de beauté, trouver une forme de poésie à la vie, si tant est qu’on décale un peu son regard.

JF • Oui et c’est vrai que tout ce qui est ration-nel ne m’intéresse plus. Mes pièces s’apparen-tent davantage à des poèmes qu’à du théâtre proprement dit. Le monde de l’écriture et le monde dans le-quel je vis sont deux mondes séparés… Bien qu’ils puissent parfois se rejoindre… Quand j’écris, je n’intellectualise rien, je n’imagine rien. J’écoute, comme je vous l’ai dit. Bien sûr, des images m’apparaissent parfois mais je suis surtout à l’écoute de forces qui me dépassent et m’amènent à écrire. Le plus important est d’écouter. Ecouter plutôt que regarder. Com-prendre – tâcher de le faire – plutôt que d’expli-quer.

Entretien réalisé à Oslo en novembre 2012.

ENTRETIEN AVEC JON FOSSE EXTRAITS

Page 11: YLAJALI - Le Monfort théâtre

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