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Dossier La pratique professionnelle ÉTAT DES LIEUX Fabricants, scieurs : une évolution en parallèle > 15 LE POINT DE VUE DES FABRICANTS Faiblesses et atouts de l’offre > 18 Des défis à relever >22 Sommaire Sommaire
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Mar 19, 2022

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Dossier La pratique professionnelle

ÉTAT DES LIEUX

Fabricants, scieurs :

une évolution en parallèle > 15

LE POINT DE VUE DES FABRICANTS

Faiblesses et atouts de l’offre > 18

Des défis à relever >22

SommaireSommaire

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14 février 2009 - Le Bois International - 15

Dossier matériel de scierie La pratique professionnelle

Liés très étroitement à leur marché, c'est-à-dire auxscieries, les fabricants françaisont évolué en même tempsqu’elles. Ils ont souffert des mêmes problèmeséconomiques à l’occasion des mauvaises passesconjoncturelles entraînant la concentration de leur profession.

On les compte sur les doigtsde la main ces entreprisesfrançaises qui conçoivent,fabriquent et installent des

machines ou outils destinés à la pre-mière transformation du bois : du parcà grumes au hall de sciage, jusqu’au

parc à débits en passant par les outilslames de scie. Qu’elles soient fabri-cantes d’écorceuses, de postes dedécoupe, de scies à ruban, de canters,de déligneuses, de trimmers, de sys-tèmes de classement, de systèmes infor-matiques, d’outillage de coupe, cesPME de 15 à 200 salariés ont pour laplupart une histoire liée au bois et à satransformation. Une histoire qui puise

ses racines dans plusieurs décennies de métier.

Mutation du matériel de siage

La spécificité du matériel françaisdécoule d’une longue pratique de la scie à ruban, inventée il faut le rappeler par l’anglais Newberry il y adeux siècles et développée après les

ÉTAT DES LIEUX

Fabricants, scieurs : une évolution en parallèle

✔ ZOOMLes fabricants en Europe

Moins de 15 entreprises européennes,réalisant un chiffre d'affaires annuel allantde 4 M€ à 25 M€, d’origine familiale, et atomisées en Europe (France, Espagne,Italie), sont spécialisées essentiellementdans le ruban mais aussi dans la circulaire(déligneuse et ligne de profilage petitsbois). Elles répondent à des demandes de matériel sur-mesure, flexible, issuesdes petites et moyennes scieries. Ces entreprises développent peu à peu le partenariat mais avec des services R&Dpropres.Un grand groupe capitalistique, situé en Allemagne, approchant les 100 M€ de CA annuel propose “l’offre globale”d’une production à grande échelle. Une solution intégrant matériel (châssis, canter, ruban, circulaire),ingénierie, système de pilotage et degestion répondant au secteur des scieriesindustrielles au-dessus de 20.000 m3/an.

✔ ZOOMLa machine de scierie dans le contexte général de la machine outilSelon le Symop (1), les fabricants français de machines outils ont produit en 2007 pour 1,1 milliard d’euros, soit une baisse de 1%, après une hausse de 9% en 2006.C’est environ 10 fois moins que les producteurs allemands ou japonais, les deux leaders

du marché mondial. Il faut savoir qu’au lendemain de la guerre, l’Allemagne et la Franceétaient au même niveau et le Japon ne fabriquait pas de machines outils. Comme le souligne Jean-Paul Bugaud (2) “la France a été beaucoup plus lente à prendre le virage de la commande numérique, dans les années 1970”.L’analyse prend tout son sens lorsqu’elle est appliquée aux machines-outils liées àla transformation du bois. On connaît en scierie, sur les lignes de sciage de type canter,

l’écart technologique entre le matériel français et allemand. Un écart lié à l’expérienceaccumulée mais aussi et sans aucun doute lié à la puissance financière et à la stratégiede groupe capitalistique du fabricant outre-Rhin. Mais alors la fabrication française, mais aussi italienne, espagnole, de matériel de scierie et leur maillage de petites sociétés sont-ils condamnés à péricliter ? L’atomisation des entreprises ne joue-t-elle pas en leur défaveur face à une offre groupée ? Il n’est pas certain que l’offre françaisede matériel de scierie soit si faible que cela ! Comme le dit Jean-Paul Bugaud : “face aux géants de la machine-outil, japonais, allemands, américains, certains Français ontréussi à faire leur trou sur des “niches technologiques” en développant un savoir-faire particulier”. Ce savoir-faire particulier, les fabricants français le possèdent sur le segmentde marché de la scie à ruban. Il n’y a qu’à visiter les scieries de l’Hexagone, mais aussiespagnoles, pour trouver la scie à ruban en tête de la majorité des process feuillus mais également résineux. La visite de nombreuses scieries allemandes montre que des scies à ruban se sont installées ces dernières années pour apporter la flexibilité que les lignes canter trop rigides sont incapables de fournir. De plus, pour confirmer une histoire liée à cet outil complexe qui fait encore beaucoup appel à l’expertisehumaine, le leader européen de la lame de scie à ruban n’est-il pas français ? (3)

(1) Syndicat des entreprises de technologie de production.

(2) Dans un article paru le 2 avril 2008 dans Les Echos.

(3) 60% de son CA sont fait à l’export, ce qui montre aussi que le ruban n’est pas qu’un outil “franco-français”. Il suffit d’aller en Espagne et en Allemagne pour le voir présent dans des scieries de toutes tailles.

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du secteur. 74% du volume de sciagesont produits aujourd’hui par quelque18% des scieries. De ce fait, les fabri-cants vivent une mutation qui les poussedepuis 20 ans à développer toujours etencore leurs produits. Toujours plusd’automatisations, plus de systèmesexperts dans le positionnement du boisqui aident à la prise de décision del’opérateur, dans le but d’une augmen-tation de la performance volumétrique,sans diminution pour autant de la précision du sciage.

Process entiers

Cette mutation pousse les fabricants,sur le modèle allemand, à proposer desprocess entiers ne produisant plus seulement des volumes de 10.000 à60.000 m3 mais des volumes de150.000 à 500.000 m3 et plus. C’estcette évolution, bienvenue et incon-tournable au regard de la concurrenceeuropéenne, qui a conduit les fabri-cants français à proposer depuis moinsde dix ans, surtout dans le résineux, deslignes de sciage de type canter. Ce

années 1850 par le célèbre constructeurfrançais de machines à bois Périn,Panhard et cie, à qui l’on doit une multitude de brevets (guidage, tension-suspension, accessoires). EnFrance, grâce au ruban, la “culture del’économie matière” a trouvé dès lamoitié du XXe siècle toute son expres-sion. Ce ruban a chassé, en premierdébit, la scie circulaire, dévoreuse debois et de membres, et la battante, sciealternative, aussi lente que rigide. Alorsque les Nordiques et les Allemandsdéveloppaient, en parallèle du châssis,la circulaire pour en faire le célèbre ettrès productif canter dès les années1960-70, les constructeurs français ontpoursuivi le développement de la scie àruban. Scie à ruban qui a apporté unesolution technique à une multitude de scieries nationales mais aussi étrangères.Le matériel français a donc été adapté àla scierie petite et moyenne pendantdes générations. En fait, un matérielcollant à son marché. Mais, la concen-tration des scieries, l’augmentation duvolume ont conduit à l’industrialisation

champ d’activité, apanage des fabricantsnordiques et allemands, longuementobservé, analysé, a dû être investi etdéveloppé par la force des choses sousla pression des scieurs français.Le fabricant de matériel vit aujourd’huila double contrainte de :- répondre aux besoins des petites etmoyennes scieries, clientèle de toujours,à qui il faut donner une réponse pourun travail à la carte valorisant la flexibilité ;- répondre aux exigences économiquesimposant une montée en puissance desinstallations capables de rivaliser avecles plus gros groupes de sciage européenset à qui il faut donner une réponse pourun travail de série et de volume.Le fabricant français est aujourd’huidans la même configuration que cellede ses clients, c'est-à-dire des petitessociétés bien implantées sur le territoire,connues et reconnues pour le sérieux etla qualité de leurs prestations, mais quipeinent, faute de moyens financierssignificatifs, à passer dans la cour desindustriels.

De notre correspondantMaurice Chalayer

✔ ZOOMÉvolutions du système productif des scieries françaises entre 1980 et 2008

1980 : pr1980 : pr éocéoc cc upaupa tions*tions* 2008 : objec2008 : objec tifs atifs a tttt einein tsts 2008 : é2008 : é vv olutions non prolutions non pr éé vuesvues

Difficultés du sciage : précision cotes, sinuosité meilleure qualité de sciage grâce aux lames larges et épaisses

augmentation des durées de coupe avec le carbure /externalisation de l’affûtage / emploi de la circulaire dans le feuillu

Difficulté du sciage : volume, performance 10 Mm3 réalisés par 2.000 scieries au lieu de 9 Mm3

réalisés par 5.000 scieries et 13.000 salariés au lieu de 25.000 en 1980

plus de productivité par scierie soit 4.500 m3/an / quelque 800 m3/an par salarié

Choix du matériel investissement onéreux / matériel plus puissantet plus fiable / introduction de l’informatique / matérielmieux sécurisé (objectifs atteints partiellement :difficile d’acquérir du matériel neuf pour les petitesscieries qui recyclent plutôt le matériel)

problème de recrutement de salariés qualifiés / pression(normes, environnement, pollution sonore et poussière) /formation (renouvellement du savoir-faire) et absence de jeunes / matériel plus bruyant (plus d’outillage sur les machines mères et plus d’enlèvement de bois par déchiquetage que par sciage)

Valorisation matière première augmentation du rendement matière / économie matière(si l’on perd plus au trait on gagne en valorisation desproduits connexes du sciage plus valorisés par la filièrebois-énergie)

l’importance prise par les produits connexes de scierie(filière bois-énergie)

Perspectives d’avenir concernant le produit :- valeur ajoutée sur le produit- augmentation production bois sec

valeur ajoutée : traitement / rabotage(objectifs atteints partiellement : bois sec ?séché artificiellement en 2005 :13% des 1,8 Mm3 en feuillus 5,5% des 7,7 Mm3 en résineux)

- valorisation par reconstitution carrelet et panneau pour le secteur du feuillu /lamellé-collé dans le secteur du résineux / aboutage

baguette, lambris

le développement du bois massif reconstitué

- contrôle assidu et précis de la qualité et du rendement matière

marque de sciage à partir des années 1990pour le résineux et le feuillu / un rendement matière plus suivi

marquage CE, harmonisation européenne des produits à base de bois (panneaux, sciages…)

Perspectives d’avenir concernant le matériel :- introduction de l’informatique et de l’automatisme-optimisation des découpes (grumes et sciages)

informatisation et optimisation des cycles de sciage /gestion production assistée par ordinateur

système expert de visualisation des bois ronds ou débitéspour l’aide au placement et aux choix de débit / machinepour le classement des sciages résineux

* D’après une étude du CTB (devenu CTBA puis FCBA), “Les sciages de bois feuillus en France”, de l’époque.

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L’attractivité de l’offre dépendde multiples facteurs. Nombrede fabricants insistent, alorsque la complexité des matérielsva croissante, sur la nécessitéd’apporter – outreperformance, fiabilité,robustesse, etc. – du “service”et de “l’intelligence de projet”.

Interrogés, dans le cadre de la série d’entretiens réalisés parl’Observatoire du métier de la scierie, sur les atouts/faiblesses de

leur offre, les fabricants ont orientéleurs réponses vers un certain nombrede points cruciaux les concernant,englobant aussi bien les notions dequalité et de performance que d’écouteet de soutien. Le premier d’entre euxconcerne la réputation et les références.

Réputation et références

Les fabricants français mais aussi étran-gers ne sont plus des novices dans lesecteur. Ce sont plusieurs décenniesd’installations et donc de capitalisationd’expérience qui sont à mettre à leuractif. Une réputation s’est instaurée, etles fabricants n’hésitent pas à la mettreen avant. Citer “leurs références”, fairevisiter des entreprises, passer desvidéos sur les salons sont une entrée enmatière incontournable avant toutepoursuite de “négociation”. La référenceest donc la meilleure “carte de visite”.La réputation s’appuie le plus souventsur : la fiabilité, la robustesse, la perfor-mance, le développement. Mais ce quiressort souvent est la robustesse, car lapremière transformation du bois l’exigedu fait même des charges imposées auquotidien (cadence de production,

poids et conformité inégaux de lamatière transformée).

Flexibilité et performance

Les notions de flexibilité et de performancesont au cœur des préoccupations desfabricants. L’atout flexibilité-souplesseest la résultante d’un outil de productionconçu et fabriqué sur-mesure. Cet atoutest souvent mis en avant car il répondaux besoins des petites et moyennesstructures mais pas forcément à ceuxdes plus grosses entreprises qui atten-dent plus de standardisation du faitmême du type de leur production, leplus souvent axé sur un seul produitgénérique : charpente, palette, plot…Certains fabricants se sont donc plusdéveloppés dans ce sens-là et propo-

sent du matériel spécialisé fabriqué ensérie, ce qui par ailleurs en réduit lescoûts de fabrication.La performance est la préoccupation detous les fabricants. Elle est liée à l’expé-rience, à l’évolution des techniques etdes technologies mais aussi à dessavoir-faire propres à la marque.La performance, entendons vitesse desciage, de placement des produits,volumes de sciage, ne doit pas se faireau détriment de la qualité de coupe.C’est toujours un équilibre fragile àtrouver entre le choix de l’outil ruban,circulaire ou châssis.La recherche-développement, R&D, estle moteur d’innovation de tous lesfabricants mais avec des inégalités liéesà la taille de l’entreprise. Plus l’entre-prise est importante, plus son service

LE POINT DE VUE DES FABRICANTS

Faiblesses et atouts de l’offre

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La scie à ruban, l'outil phare de la scierie française.

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La prise en compte des contraintes estle facteur numéro un de l’écriture duprojet : l’environnement (achat desbois, clientèle, marché, produit,conjoncture, concurrence, banque,locaux), le matériel proprement dit(taille, caractéristiques, coût, rentabili-té, productivité, personnel disponibleet celui qu’il faudra recruter et former).Des questions clés sont à soulever pourvérifier la crédibilité du projet. Ilconvient de vérifier : les effets des goulots d’étranglement sur l’aval,l’adaptation du matériel à l’essence àtransformer et à sa région d’implanta-tion (problème montagne), l’adaptabili-té du personnel aux nouveaux postes,la conformité du produit fini par rap-port aux attentes du marché, l’influenceet l’incidence d’une crise conjoncturel-le. En résumé, vérifier la compatibilité

R&D sera conséquent et plus il aura deschances de faire évoluer son matériel et les services qui y sont liés.

Services-écoute-soutien-conseil

Sur le projet proprement dit, il va de soique le fabricant doit être à l’écoute desutilisateurs producteurs de sciages. Il n’est plus seulement celui qui propo-se une machine-outil bois, l’installe etpasse à un autre projet, sans véritablesouci du suivi après-vente. Cetteapproche a été possible dans les années1960-70 car le matériel était composéessentiellement de mécanique basiqueassociée à du pneumatique, de l’hy-draulique et de l’électrique. Un maté-riel à la maintenance peu compliquéeassurée par le mécanicien interne ouexterne ou le plus souvent par le ou lesdirigeants eux-mêmes. Il faut souligneraussi qu’à l’époque les fabricants crou-laient sous les demandes, le nombre descieries s’élevait à près de 6.000 unitésalors qu’à présent ce chiffre a été divisépar trois. Aujourd’hui tout a changé.L’ère de la productique et de l’informa-tique a rendu certes le matériel plus performant (volume, vitesse et qualitéde sciage) mais aussi plus complexe,surtout lorsqu’il faut le réparer ! Dans cette perspective, le clientconstruit un projet avec le fabricant-fournisseur. Les plus avertis saventqu’un “projet réussi” sera celui le mieux construit au départ, même s’ilsubit de nombreuses transformations et même s’il met “plusieurs années à sortir”.

entre les éléments du triptyque : envi-ronnement-matériel-personnel.Les scieurs maîtrisent bien leur métier,mais ils peuvent manquer de discerne-ment et surtout de connaissances pourassimiler les nouvelles technologies.De plus, les scieurs “ne se voient pas enindustriels”. De fait, ils ont beaucoupde mal à se projeter dans l’avenir,“fonctionnant” par rapport à des faits etdes aspirations personnelles et non parrapport à des logiques de productionindustrielle (calcul de coûts, optimisa-tion rendement matière, maintenancepréventive…).

Apporter de “l’intelligence de projet”

L’idée qu’”installer du matériel supprimedu personnel” est répandue. C’est vraidans le sens où un nouveau matérielpeut supprimer de l’emploi non quali-fié, mais le producteur oublie trop sou-vent qu’une nouvelle organisation doitredistribuer les postes et donc lesniveaux de compétences des salariés.Un élément crucial qui doit être pris encompte dès le lancement du projet afinde tenir au courant le personnel desfuturs changements. Ces changementsimpliqueront nécessairement une nou-velle adaptation aux postes, voire de laformation en interne ou externe. Làencore, la fonction managériale doittrouver tout son sens afin d’impliquer lepersonnel dans la démarche de pro-grès. Un projet non partagé est certai-nement contre-productif car il crée del’angoisse, de l’incertitude et plus graveencore un sentiment de “dépossession”du précieux savoir-faire. Au bout ducompte, dans l’écriture du projet, il

Dossier matériel de scierie La pratique professionnelle

La scie alternative encore et toujours présente en Allemagne.

L'empilage automatique de plus en plus systématique.

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fabricant d’outillage va même plus loindans l’accompagnement. Ce dernier acompris qu’avec la diversité des ser-vices (vente du matériel phare, entre-tien, formation et assistance télépho-nique) il satisfait à la fois son client “autemps t” et il le fidélise tout en le rassu-rant sur l’incertitude de l’avenir. Il faut souligner l’importance du “pas-sage représentant”, sans pouvoir vrai-ment la mesurer tant elle est implicite,mais les visites permettent au scieurd’avoir un regard nouveau par l’apportd’informations venant de l’extérieur(France mais aussi Europe). Cetteapproche renvoie au fait que les com-merciaux (véritables vecteurs d’innova-tion) doivent tout autant connaître leursproduits que la géo-politique et le com-merce du bois. Au bout du compte c’estun “échange d’expérience” profitabledans les deux sens, aussi bien pour lefabricant que pour le scieur.

“Offre globale”

Beaucoup de fabricants parlent “d’offreglobale” et non spécifique sur un pro-duit et/ou un ou plusieurs services. Ils’agit bien là d’un ensemble alliant lafourniture d’un ou plusieurs matérielset services qui vont du service après-vente pour la fourniture de pièces derechange, à la télémaintenance, la for-mation, les visites de courtoisie pourvérifier la satisfaction du client et l’ac-compagner dans ses nouveaux projets.En résumé, l’interlocuteur souhaite unfournisseur sérieux, fiable, et durable.Ces critères, malheureusement pas tou-jours tenus, font changer de direction etde marque des utilisateurs mécontents.Le sujet est complexe : on connaît l’im-portance des rapports humains. L’idée“d’offre globale” soulevée par plusieursfabricants est plus facile à proposer

s’agit pour le fabricant “d’apporter del’intelligence” avec un regard extérieuranalysant les données de l’entreprisepour que la meilleure proposition soitfaite (regarder : l’existant, le “futur” ;analyser le produit, le marché, la renta-bilité ; proposer la meilleure solutionde matériel et/ou de process).

Après la vente

L’intervention du fabricant fournisseurne s’arrête plus à la livraison et à l’installation du matériel de sciage oude l’outil. L’après-vente, le serviceaprès-vente, revêt une importancecapitale. L’accompagnement est pri-mordial, à plus forte raison si c’est unmatériel en phase de lancementcomme la technologie du canter, assezrécente pour les constructeurs français.La maintenance des appareils bénéfi-ciant des nouvelles technologies (infor-matique, automate) pose quelques pro-blèmes au personnel en place qui, s’ilsait très bien résoudre tout ce quitouche à la mécanique (changer unarbre, un roulement, souder, redresser,aménager…), est plus démuni face auxprocess innovants. Pour résoudre cettedifficulté, certains fabricants utilisent“la télémaintenance”, c'est-à-dire laliaison entre client et fabricant parmoyen vidéo et réseau de donnéesinformatiques reliées à Internet. A dis-tance, le fabricant peut diagnostiquer leproblème à l’aide du “listing recherche”et intervenir sur les éléments défectueux,ou faire intervenir un technicien surplace en l’aidant par des conseils télé-phoniques. Une technique trèsemployée dans la deuxième transfor-mation mais plus difficile à utiliser en1ère transformation car le matériel est leplus souvent fabriqué à l’unité selon lesbesoins spécifiques de la scierie. Un

pour un grand groupe : c’est un “par-cours du combattant” que de la propo-ser pour un petit ou moyen fabricant.La solution est alors de travailler en par-tenariat avec d’autres fabricants, et nonmoins concurrents, pour proposer cette“offre globale”. Ponctuellement, desprojets émergent associant plusieursmarques, certes sous la pression et lademande du scieur. “Mais c’est dom-mage” déplorent certains fabricants quipensent qu’en s’associant “on pourraitplus facilement aller sur des gros projets”. Il est regrettable, comme l’adit un fabricant, “que les regroupe-ments se produisent suite au dépôt debilan et non en période favorable où lesforces vives de l’entreprise existent etoù surtout les capitaux pourraient êtreadditionnés pour développer et doperla recherche-développement, nerf del’innovation”.

Production-productivité-moyenshumains-innovation

Le matériel apporte de plus en plus“d’aide à la décision” (optimisation,système de profilométrie) dans le butd’assurer une production toujoursaccrue, une rapidité d’exécution desmanœuvres et du sciage, unerecherche optimale de la qualité desciage. Que l’installation soit axée surune production de type série, favorisantla mono activité, ou sur-mesure, favori-sant le débit sur liste, il y a toujoursselon les fabricants la recherche de laproductivité maximale afin de répondreaux besoins du marché et de s’acquitterdes traites de remboursement du matériel,qui courent même si le matériel estinactif ou employé à mi-mesure ! Peude fabricants évoquent la “notion desavoir-faire” des opérateurs mais ils sont nombreux à convenir que“l’économie de matière en scierie estabsolument recherchée ainsi qu’unemeilleure gestion des produits connexesdans les flux de production”.En matière d’innovation et notammentdes possibilités offertes au niveau infor-matique, un prestataire de ce servicenote que “les scieurs ont du mal à analyser le produit proposé. Il leur faut passer par la phase expérimentation”.C'est-à-dire “essayer le produit”, voir s’il est adapté au besoin avant de l’adopter définitivement avecd’éventuelles modifications.

De notre correspondantMaurice Chalayer

Dossier matériel de scierieLa pratique professionnelle

Après le sciage, le collage de plus en plus pratiqué.

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Outre dans l’innovation, les fabricants de matériels’investissent toujours plus dans la relation avec leurs clients, les processus de transformation des outils de production étantmultidimensionnels, à l’image des évolutions du métier de scieur.

Concernant le matériel de scierie,les résultats des enquêtes réalisées auprès des scieurs etfabricants par l’Observatoire

du métier de la scierie laissent supposerqu’il ne devrait pas y avoir dans lesannées à venir de grandes évolutionsmais la confirmation du courantenclenché depuis une décennie. Ilconviendra “d’apporter de l’intelligence”par l’intermédiaire d’une aide encoreplus personnalisée et au plus près desattentes des utilisateurs. Les secteurs d’investigation devraient être :- la télémaintenance sur les systèmesproductiques complexes ;- l’externalisation des travaux de main-tenance des outils de coupe ;- l’intensification des lignes de sciage et deprofilage pour le résineux mais aussi pourles petits et moyens diamètres feuillus ;- la facilitation et l’accélération deschargements de bois rond ou équarri etdes manipulations ;- l’amortissement des chutes de produitsafin d’éviter des dommages sur le boiset le bruit engendré (confort et sécuritédes opérateurs) ;- l’accélération des vitesses de déplace-ment des convoyeurs ;- le maintien de la robustesse et de lafiabilité du matériel (surtout si lescadences sont encore augmentées) ;

- l’automatisation de la préparation desproduits avant le sciage (de moins enmoins d’intervention humaine) ;- l’amélioration de l’aval des grosses etmoyennes scieries pour éviter lesengorgements de produits (améliora-tion des flux) ;- la suppression de l’empilage manuelchaque fois que ce sera possible (chaînede tri, appareil de levage) ;- la facilitation des changements d’outils (rapidité et sécurité) ;- la proposition d’”offre globale” davantage que la vente d’une ou plusieursmachines par différents fabricants ;

- la recherche de gain d’énergie (en évitant la multiplication d’outillage) ;- la performance et la productivité ;- la simplification des process dans l’idéed’un allégement de charges (de maté-riel et de personnel) ;- la qualité de sciage en minimisant lespertes au trait (lame mince) et en opti-misant la rectitude des sciages.

Conditions de travail et automatisation des tâches

L’amélioration des conditions de travailet en particulier des postes de pilotage

LE POINT DE VUE DES FABRICANTS

Des défis à relever

Dossier matériel de scierieLa pratique professionnelle

1- la recherche, qui doit combiner deux paramètres : production à très grande vitesse (sciage et déplacement) et précision intrinsèque des produits afin de répondre aux cahiers des charges stricts des utilisateurs professionnels :charpentiers, fabricants de maison ossature bois, fabricants de palette et d’emballage, menuisiers mais aussi des distributeurs négociants et des particuliers ;2- l’innovation, qui doit répondre aux normes de sécurité et apporter des solutions aux problèmes de l’ergonomie et de la santé au travail des salariés de scierie ;3- l’élargissement de la gamme de produits vers la machine-outil circulaire et le profilage ;4- répondre à “l’offre globale” (process complet et non une partie seulement) en recherchant la complémentarité par le biais d’associations/coopérations avec d’autres fabricants français et/ou européens ;5- vers le développement de l’outil de coupe (durée de coupe, solidité, fiabilité, sécurité) et de la machine (système de positionnement, lecture de forme) afin d’apporter encore plus de longévité, fiabilité et la performance du couplemachine/outil, deux éléments indissociables ;6- vers une recherche toujours plus fine de l’optimisation matière (système d’optimisation, aide à la décision)pour la rentabilité du couple prix/produit ;7- vers une nouvelle approche de la maintenance par une spécialisation des interventions : télémaintenance (entretien à distance par le biais des moyens informatiques) et externalisation de certains travaux (affûtage entretien) ;8- vers un développement des économies d’énergie (moins d’outils installés sur la machine mère) ;9- vers une recherche accrue pour lutter contre les pollutions sonores et poussières (encapotage, diminution de la puissance installée, captation des poussières fines, outil adapté…) et éviter aux producteurs les pressions et la judiciarisation des problèmes (voisinage à cause du bruit, salariés pour préserver la santé au travail, inspecteur du travail à cause du non-respect du code du travail…) ;10- vers un développement du matériel et des process intégrant et associant davantage l’opérateur afin de valoriser son action et ses interventions ;11- vers une prise en compte d’une organisation flexible, type production sur-mesure, ou/et d’une organisation figée du type industriel ;12- vers une autre approche des problématiques de formation. Revoir les besoins et adapter des formationspeut-être inexistantes aujourd’hui… Plus de formation spécifique adaptée au poste de travail et à l’emploi des nouvelles technologies.

✔ ZOOMLes défis à relever pour les fabricants de matériel de scierie

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recherche sur l’ergonomie ne doit pasêtre évincée, fût-elle coûteuse en miseen œuvre. Un opérateur “soulagé danssa tâche” travaille davantage en sécuri-té et, par conséquent, sa santé au travailest mieux préservée.

Avenir, innovation, investissement

Selon les fabricants, les scieurs “sontdemandeurs de changements et d’inno-vation” mais ils doutent pour la plupartde l’avenir. Le fabricant, qui essaie tou-jours de les rassurer, est le “passeurd’idées”. Des idées qui sont le fruit dela R&D mais surtout de ses observa-tions, de ses échecs et de ses réussites,qu’il communique avant et pendant lesphases de construction du projet.D’après les fabricants, les évolutionsporteront sur les points suivants :- avoir des chefs d’entreprise mais aussides salariés plus au fait et si possibleformés aux nouvelles technologies(informatique, productique…) ;- développer encore le couple pro-duits/services pour répondre auxdemandes liées au classement du bois

est une préoccupation des dirigeants descierie et des fabricants. Evoluer versmoins de nuisances sonores et d’em-poussièrement est une priorité afin derendre le travail en scierie plus attractif.Dans la même idée, trieur à cases etempileur vont remplacer du personneldifficile à recruter sur ces postes sou-vent ingrats valorisant plus la force phy-sique que les aptitudes propres au clas-sement du bois. Il est certain que face àla pénurie de main d’œuvre, l’automa-tisation deviendra le passage obligéafin que les entreprises demeurent per-formantes et concurrentielles. Luttercontre le bruit et les poussières passepar une “isolation” plus pertinenteentre le couple machine-opérateur. Unfabricant pense même que “captationdes poussières et insonorisation sont àprévoir au moment de la conception dela machine et que des partenariats avecdes spécialistes devraient se mettre enplace pour répondre avec pertinenceaux problèmes posés”. Améliorer lesconditions de travail doit devenir unepriorité si les entrepreneurs veulent atti-rer et garder des salariés en scierie. La

et à sa caractérisation technique (testmécanique, marquage CE) ;- maintenir les axes de développementà l’encontre du tissu industriel, celuiqui pousse le plus à l’innovation sanspour autant écarter le tissu des petiteset moyennes entreprises ;- jouer “la carte du service personnalisé”et trouver des solutions au cas par cas ;- poursuivre la R&D pour adapter lesproduits aux besoins (productivité,sécurité, confort…) et aux attentesd’une production variée et de petitesérie, flexible, des scieries moyennes etartisanales ;- évolution et non révolution avec les automates programmables, les sys-tèmes d’optimisation et de positionnementet les divisions encore plus performantes ;- traçabilité des produits. Comme dansl’industrie, le produit sera tracé avecdes puces électroniques (projet euro-péen en cours suivi par plusieursscieurs de résineux et de feuillus) ;- avec la solution profilage “supprimerle déchet avant de le scier”. Une solu-tion à adopter même sur scie à ruban à grume. Le slabber a ouvert la voie ;

Dossier matériel de scierie La pratique professionnelle

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24 - Le Bois International - 14 février 2009

- évoluer vers la revalorisation optimaledes produits connexes (cherté du bois,crise énergétique) par la fabrication depellets, de briquettes et cogénération ;- valoriser encore et toujours le rende-ment matière. Optimiser le bois. Dansce but et avec l’aide de moyensmodernes comme les rayons X, on pourra, à court terme, connaîtrestructure et densité du bois comme enmécanique où cette technique estemployée pour identifier les piècesmécaniques ;- combiner plus facilement la flexibilitéassociée à la réactivité et à la producti-vité grâce à la puissance des calculsinformatiques, au progrès dans la maîtrise des commandes numériques,l’automatisation et l’élaboration de systèmes mécaniques complexes ;- tenir compte des contraintes environ-nementales et sociétales de plus enplus drastiques (lutte contre les pollutions sonores, visuelles, sols,poussières).

De notre correspondantMaurice Chalayer

Dossier matériel de scierieLa pratique professionnelle

Performance et productivité encore et toujours présentes.